Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-19
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 19 juillet 1903 19 juillet 1903
Description : 1903/07/19 (N12182). 1903/07/19 (N12182).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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No 12182. — Dimanchà S9 Juillet 1903
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parisiens qui s'en vont en province qu'ils ont,
en nous envoyant leur changement d adresse,
à nous faire parvenir autant de fois UN
CENTIME qu'ils seront de jours absents de
Paris, le port pour la province étant de
deux centimes.
NOS LEADERS
LlMifiœ
J'ai pour règle de conduite — mes
acteurs le savent — de ne jamais tenir
compte des lettres non signées. Ne
point dire son nom constitue, à mon
sens, de la part de celui qui écrit, un
acte de défiance auquel celui à qui est
adressée la missive doit répondre par
une preuve de mépris. J'exécute donc
régulièrement avec toute correspon-
dance anonyme le geste dont Silvio
Pellico a donné cette si curieuse des-
cription : « Je pliai la lettre entre le
pouce et l'index d'une main, le pouce
et l'index de l'autre, et, levant la main
gauche, j'abaissai rapidement la droite,
de façon que chacune des deux mains
demeura en possession d'une moitié
de la lettre. » (1)
Je ferai pourtant une exception pour
cette lettre que m'adresse « une pro-
testante », qui a signé de ses initiales,
en ajoutant le numéro de l'arrondisse-
ment de Paris où elle demeure. Je ne
pense pas qu'il faille en vouloir à cette
bonne dame de l'impolitesse dont elle
s'est rendue coupable à mon égard,
évidemment plus par naïveté que par,
autre chose. Elle aura été épouvantée
à l'idée de révéler son nom patronymi-
que à un journaliste. Pensez ! quelle
imprudence!. Ces choses-là me rap-
pellent toujours la réponse que faisait
Jules Vallès alors qu'il était pion, et
que des parents alarmés l'accusaient
de moucher trop fort leurs moutards :
« Voulez-vous arracher le nez d'Adol-
phe ? » lui demandaient ces parentsin-
dignés. Et il répondait, ingénuement :
«Non. Qu'en ferais-je ? » Que ferais-je,
îe vous le demande du nom de cette
Drave protestante que mon « filet » de
l'autre jour : « L'ennemi », a si fort
scandalisée ? Passons.
Puisque l'occasion m'est offerte de
revenir sur un sujet que j'ai trop briè-
vement traité, je ne veux point la lais-
ser échapper. Causons, madame la
protestante masquée.
***
Vous me reprochez de faire « cho-
rus avec les cléricaux », parce que
j'ai écrit que « si l'abaissement de la
religion catholique * devait profiter à
tout autre culte, nous estimerions n'a-
voir rien fait et croirions perdus le
temps et les efforts dépensés dans la
lutte contre le cléricalisme. » Là-des-
sus, vous vous livrez à un véritable
panégyrique du protestantisme.
Je serais tenté de vous demander i
duquel ? Car il y a certes aussi loin
de protestantisme libéral des Athanase
Coquerel, des Réville, des Fontanès,
au calvinisme, que de ce calvinisme
au catholicisme lui-même. Je passe en-
core.
Je voudrais, au lieu de me livrer à
des plaisanteries trop faciles, tâcher
d'élargir et d'élever le débat et de
montrer quel abîme sépare, selon moi,
les penseurs libres et ceux qui se re-
commandent d'une religion quelcon-
que.
Voyez-vous, Madame, il ne s'agit
point du tout de savoir si vous priez
Dieu dans une belle église ou dans un
temple plutôt vilain ; tout cela est tel-
lement secondaire qu'il n'y a pas à
s'en préoccuper. -
La question est celle-ci : Vous au-
tres,. les religieux, vous placez votre
Idéal hors des limites de notre action
et de notre entendement; nous le met-
tons, nous, à portée de notre intelli-
gence et de nos mains. Votre idéal est
3xtra-terrestre, extra-humain ; le nôtre
est terrestre et humain. Vous dites
qu'il faut faire le bien, remplir son
devoir pour assurer le salut de son
Ame et mériter les faveurs de Dieu ;
nous disons qu'il faut faire le bien et
remplir son devoir pour soi-même et
surtout pour les autres, et que le bien
fait aux autres et le devoir rempli en-
vers les autres renferment en eux,
absolument, la suprême récompense
au delà de laquelle il n'y a rien à am-
bitionner.
Votre morale est essentiellement
êgoïste, puisque cette idée du salut de
l'âme la domine ; la nôtre est essentiel-
lement altruiste, dominée par l'idée
du dévouement aux autres. Votre but
c'est de gagner le ciel; le nôtre c'est de
faire l'humanité heureuse. Vous prê-
chez aux souffrants, aux déshérités,
aux faibles, la résignation et leur faites
espérer d'hypothétiques félicités éter-
nellesen compensation de ce qu'ils en-
durent ici-bas ; nous ne voulons point
dé résignation, nous crions : « Ré-
(1) Le Mic Prigioni, Deuxième partie, CM-
}itre XV, - - -, - _.>.,--,
volte ! » au contraire, révolte contre
toutes les iniquités dont pâtissent les
hommes, et nous "voulons pour,- eux,
non pas le bonheur après la mort,
mais 4e bonheur pendant la vie, le
bonheur tout de suite.
Vous tendez vos mains suppliantes
vers le Dieu que vous imaginez être
le distributeur de la force et de la jus-
tice ; nous nous efforçons, nous, de
créer nous-mêmes cette force et cette
justice.
Et ici, je prévois une confusion au
devant de laquelle je vais. Ne nous
traitez pas d'athées, à cause de ce que
je viens de dire. Les penseurs libres
ne sont pas nécessairement athées.
Personnellement, je repousse l'athéis-
me, comme toute religion basée sur
une affirmation échappant forcément
au contrôle. Y a-t-il un Dieu ? Nul ne
le sait, pas plus ceux qui nient que
ceux qui croient. L'aveu d'ignorance
absolue est seul loyal en pareille ma-
tière. En tout cas, la conception —
sur laquelle toute religion est édifiée
— d'un Dieu s'occupant de nos affai-
res, favorisant tel ou tel, punissant ou
récompensent les créatures dont il est
supposé être le souverain maitre, cette
conception est si monstrueusement
absurde et grotesque que tous les es-
prits sains doivent la repousser avec
dédain.
***
Je reprends et je termine. — Ce n'est
pas la guerre à tel ou tel culte au pro-
fit de tel ou tel autre, que nous faisons,
nous, penseurs libres, c'est la guerre
à l'esprit religieux, parce que nous le
croyons profondément funeste et per-
nicieux; parce qu'il nous apparaît, cet
esprit religieux,comme inventé de tou-
tes pièces pour maintenir les peuples
dans la servitude et dans l'ignorance.
L'autre jour, j'entendais lire,au-des-
sus de la tombe de Fontanès, le Ser-
mon sur la montagne : « Bienheureux
les pauvres en esprit, car le royaume
des cieux est à eux.» Ah ! parole
exécrable, impie ! chaîne rivée depuis
tant de siècles au cou des déshérités !
Non ! non ! c'est un mensonge ! Les
pauvres en esprit ne sont pas des bien-
heureux ! Ce sont des infortunés; au
contraire, des esclaves qu'il faut
affranchir, qu'il faut faire grandir er;
science; c'est-à-dire en force et en
sagesse. Commencez-vous à compren-
dre, chère madame, la différence entre
vous et nous?.
Ah ! croyez-le, lorsque l'homme, H -
béré de toute erreur religieuse, biea
convaincu qu'il est le maître de sa des-
tinée, ne sera plus préoccupé que de
réaliser le bonheur des autres, le bon-
heur de tous, dont nécessairementféi'a
partie intégrante son bonheur à luirJ il
n'y aura plus guère, à parcourir, d'iroà-
gination, le ciel à la recherche d'an
Dieu, puisque chaque homme, résu-
mant en lui l'humanité tout entière,
sera, en vérité, lui-même. Dieu.
Lucien Victor-Meunier.
ET LOURDESt
Les journaux qui sont au mieux
avec M. Combes répètent à l'envi
qu'il n'a pas retiré sa circulaire
sur les chapelles non concorda-
taires, bien que toutefois il ait
fait annoncer, il y a plusieurs
jours, qu il était décide a ne plus 1 appli-
quer. Donc, M. Combes a donné des ordres
pour que de nouveau sa circulaire soit
obéie. Je me permets, une fois de plus, de
lui signaler' quelques chapelles d'impor-
tance. Faut-il craindre qu'elles n'échappent
encore à sa vigilante attention ?
Il y a d'abord Lourdes. Je pense que M.
Combes est mal renseigné sur Lourdes. Il
n'en a évidemment entendu parler que par
de vaillants républicains qui l'ont menacé
d'un soulèvement pyrénéen s'il s'avisait de
la fermer. M. Combes, qui est un homme
calme et tranquille, comme chacun sait, a
reculé épouvanté et il n'a pas fermé la cha-
pelle de Lourdes qui n'est pourtant pas
autorisée Or, avec ses pèlerinages, avec sa
vente d'eau miraculeuse, empruntée au Ga-
ve par de savantes canalisations, avec ses
prétendus miracles, avec l'admirable exploi-
tation qu'on y fait des gogos de tous les
pays, Lourdes rapporte à l'évêque de Tar-
bes 500.000 francs de rentes.
M. Combes trouvera peut-être que le mé-
tier d'évêque à Tarbes et à Lourdes est trop
largement rémunéré. Il n'est pas juste que
ce prélat, un républicain des Hautes-Pyré-
nées encore, touche vingt fois plus qu'un
de ses collègues. Je ne sais pas si cet argu-
ment est de natuie à émouvoir M. Combes.
Je.me contente de celui-là cependant, parce
que les autres —- et ils sont de poids,— ne
l'ont pas convaincu. Mais je redoute fort
que M. Combes ne se laisse pas persuader
de cette façon. Que voulez-vous que fassent
les principes, la justice, le vrai anticlérica-
lisme, sur l'esprit d'un homme qui sacrifie
tout à l'idée de ne pas perdre quatre voix
sur sa majorité, car ils sont quatre députés
dans les Hautes-Pyrénées ?
Il y a aussi la Salette,qui rapporte moins
d'argent. Lourdes l'a à peu près tuée. Il
paraît que les miracles de Lourdes sont
meilleurs que ceux de la Salette. Il y a
même Fourvières, dont l'ombre domine et
obscurcit la moitié de Lyon, Fourvières;
chapèlle riche et largement entretenue par
des milliers de pèlerins. Il y a enfin Sainte-
Anne d'Auray, dont les thaumaturgies ont
empêché la Bretagne de devenir républi-
caine,
J'ai eu toit d'employer le mot enfin. Il y
a d'autres chapelles intéressantes. Certains
départements tels que la Seine, le Lot-et-
Garonne, la Charente, l'Ardèche, le Gard
•;€t lç$ddcai t^nients de l'Est comptent UU
infinité de temples protestants et de syna-
gogues non autorisés. ;
Je les indi. ph ! modestement, car
il ne voudra point m'entendre — à l'anti-
cléricalisme de M. Combes. M. Combes,
n'est-ce pas? est bien anticlérical.Du moins,
tout le monde le croit. Or, un anticlérical
de principe déteste autant les cléricaux pro-
testants et israélites que les cléricaux catho-
liques et réciproquement. Ici, jç regrette
d'avoir à constater une lacune considérable
dans l'anticléricalisme de M. Combes.
Quand il ferme les chapelles catholiques, il
ne s'adresse qu'aux petites : il respecte les
grandes, celles qui enrichissent les évêques
et procurent des fonds à l'Eglise contre la
République, Et aussi, quand un de ses
préfets s'avise de prendre sa circulaire à la
lettre et de fermer un temple protestant ou
une synagogue, il le blâme, et le force à
rouvrir l'édifice ? Qu'est-ce qui se cache
derrière cet anticléricalisme si particulier ?
— Ch. B.
Voir à la 3« page
les Dernières Dépôohes
dLe la nuit
et la Revue des Journaux
du ina-tin
A PROPOS
D'UNE DÉCISION MINISTÉRIELLE
Aucune mesure, prise par le ministre de la
marine, n'a rencontré une plus générale appro-
bation que celle qui fait l'objet de la circulaire
du 12 février dernier et que l'on peut résumer
ainsi :
1° Augmentation sur les navires de guerre de la
durée des essais de grande vitesse portée de 3 heu-
res à 10 heures. -
2° Adoption d'appareils moteurs et évaporatoires
assez largement calculés pour produire la puissance
maxima à une combustion ne dépassant pas 110
kilos par mètre carré de grille.
3° Suppression complète des chaudières à petits
tubes introduites depuis quelque temps sur un cer-
tain nombre de grands navires.
L'avis de tous les officiers mécaniciens que
nous avons pu consulter a été unanime ; les
chaudières à petits tubes étanttrès encombran-
tres, ne peuvent avoir que des surfaces de
grille réduites ; elles marchent donc à des
chauffés intensives de 200 et 250 kilos par mè-
tre carré de grille qui fatiguent les appareils
et amènent rapidement des encrassements très
défavorables à une bonne utilisation du com-
bustible. Au contraire, les chaudières à gros
tubes permettent de grandes surfaces de grille
et les vitesses maxima sont obtenues à des al-
lures de combustion de 100 kilos, faciles à sou-
tenir non seulement pendant un court essai,
mais encore pendant plusieurs jours.
Les rapporteurs du budget de la marine au-
près des deux Chambres ont apprécié eux
aussi, en termes excellents, l'opportunité de la
mesure prise par M. Pelletan.
« Quant aux appareils évaporatoires, dit
« l'honorable M. Leygues, ils devraient avoir
« un supplément de puissance disponible per-
« mettant de faire face à tous les mécomptes:
« avarie d'une partie des chaudières, mauvaise
« qualité du charbon, etc. »
Et après avoir rappelé pour quelle raison
l'Amirauté anglaise avait adopté uniquement
les chaudières à gros tubes et condamné les
chaudières à petits tubes, il ajoute : « Ce qui
est indiscutable, c'est que ces dernières ne ré-
pondent pas, au moins dans leur état actuel,
aux nécessités inéluctables du genre de guerre
propre aux croiseurs. »
M. le sénateur Mérie est plus précis encore;
il expose les raisons qui doivent faire proscrire
les chauffes intensives, et par conséquent rem.
ploi des chaudières à petits tubes sur grands
navires ; puis il conclut, après avoir cité le
texte de la circulaire du 12 février : « On éta-
« blit ainsi une réserve de puissance ; on s'as-
« sure la ressource précieuse de pouvoir aug-
« menter cette puissance tout aussi bien avec
« une partie seulement des appareils qu'avec
« tout l'ensemble ; on assure, en un mot, l'élas-
« ticité fonctionnelle de ce que l'on peut appe-
« 1er les poumons du navire, afin de faire face
« à tous les hasards, à tous les besoins impré-
« vus et inopinés de la navigation ou du com-
« bat - ».
Au moment de la discussion du budget, les
deux amiraux sénateurs, qui ne sont cepen-
dant pas suspects de partialité vis-à-vis de M.
Pelletan, ont félicité ce dernier de la mesure
qu'il venait de prendre.
« Il y a une qualité des plus précieuses, a
« dit l'amiral de la Jaille, que M. Méric a
« pronée avec beaucoup de justesse et je m'at-
« tache plus particulièrement à la défense de
« ce point, c'est la robustesse de nos machines
« et de nos chaudières. »
M. de Cuverville a dit ensuite : « Sous ce
« rapport, je rends hommage à M. le ministre
« qui réalise une réforme que j'ai moi-même
« souvent préconisée, à savoir de rendre les
« essais plus pratiques et aussi plus sévères en
« les faisant dans des conditions telles que les
« bâtiments sortis de ces essais donnent la cer-
« titude qu'ils réaliseront en service courant
« la vitesse pour laquelle ils ont été construits
« en même temps que les consommations ré-
« duites de combustible sur lesquelles on doit
« compter.
1 Les grandes revues scientifiques étrangères,
l'Engineer du 20 février, l'Engineering du 13,
le Schiffbau du 23 mars, la Marine Rundschau
d'avril, la Revista Marittima de mai et tant
d'autres approuvent sans réserve la circulaire
ministérielle dont l'application ne fera d'ail-
leurs que placer nos navires dans les condi-
tions de fonctionnement adoptées depuis long-
temps dans les marines étrangères.
— i » ■ —
POUR LA PENSÉE LIBRE
Chaque année, la manifestation de la Libre-
Pensée en l'honneur d'Etienne Dolet est plus
brillante et plus imposante. Le dimanche 2
août prochain, c'est le Paris républicain tout
entier qui défilera, en un immense et émou-
vant cortège, devant la statue de la grande vic-
time du cléricalisme.
L'entente des groupes anticléricaux de Paris
se montre désireuse de rehausser l'éclat de la
prochaine manifestation en lui donnant toute
l'ampleur qu'elle doit avoir pour répondre aux
attaques continuelles exercées contre la Répu-
blique par les adversaires de la vérité et de la
justice. -
Il est du devoir de tous nos amis de ve-
nir ce jour-là apporter leur protestation contEe
le faux et le mensonge professés par les reli-
gions.
Les républicains désireux de prêter leur con-
cours à la commission nommée pour organiser
la manifestation, sont priés de vouloir bien
adresser leur obole au citoyen Gustave Gras,
27, rue Jean-de-Beauvais, Paris.
Nous sommes certains que tous les démocra-
tes voudront assurer le succès éclatant de la
: manifestation qui prouvera, le 2 août, que Pa-
ris n'a pas cessé, d'être la capitale de la Répu-
blique et de la libre-pensée.
LES GARDES
r., CHAMPETRES
Une classe de travailleurs intéressants.
— A propos du prochain congrès. —
Légitimes revendications. — Humi-
liation et inutilité. — L'embri-
gadement des gardes champê-
tres. — La médaille rurale. —
Autres désiderata. — Un ap-
pel au gouvernement.
Il s'est passé tout récemment, dans une lo-
calité voisine de Paris — appelons-la X.-sur-
Bièvre, — un incident qui, pour être comique,
n'en est pas moins scandaleux.
Voici les faits :
A la suite de fredaines nombreuses, un jeune
homme d'excellente famille, M. Z., avait dis-
sipé tout son patrimoine. M. Z. n'avait rien
fait qui entachât son honneur, mais il s'était
ruiné au jeu et. ailleurs. Bref, il chercha à
gagner sa vie. Bachelier, il quémanda un em-
ploi et, grâce à l'appui de personnages politi-
ques avec lesquels il avait été en relations au
temps de sa prospérité, il put se faire nom-
mer. garde-champêtre à X.-sur-Bièvre.M.
Z., qui a fréquenté jadis le monde des littéra-
teurs, des artistes, et des politiques distin-
gués, le Tout-Paris intellectuel, est devenu un.
brave paysan, qui plante ses choux et ses pom-
mes de terre lui-même, dans le petit jardin qui
entoure sa maisonnette. Il n'a plus qu'une am-
bition ; accomplir consciencieusement la mis-
sion qui lui incombe, arrêter les malfaiteurs
et dresser des procès-verbaux aux chasseurs
qjûa'ent paa de permis. Il s'en acquitte fort
bien, et l'Administration - avec un grand A
— n'a que des éloges à lui décerner.
Un noble délinquant
Il y a quelques mois, M. Z. eut à verbaliser
-contre un chasseur, un comte ou un duc de ***
quelconque, qui avait négligé de se munir du
permis réglementaire. Le procès-verbal, dû-
ment rédigé par notre brave garde-champêtre,
fut transmis à Mossieu le juge de paix du can-
ton qui, en raison de la personnalité misé en
cause, enquêta, et fit venir par devant lui M.
Z., bachelier ès-lettres et garde-champêtre à
X.-sur-Bièvre.
Voici à peu de chose près ce que fut l'entre-
tien de ce magistrat avec le fonctionnaire rural :
— Vous avez dressé un procès-verbal à Monsieur
le comte de ***, demanda le juge de paix ?
— Oui, répondit le garde champêtre.
— Affirmez-vous que le piocès-yerbal qui m'a
été transmis est exact ?
- Oui ! répondit M. Z. interloqué.
- Je vais vous le lire en ce cas, pour que vous
puissiez affirmer qu'il est exact,
— Mais, monsieur le juge de paix, c'est moi qui
l'ai rédigé. Il est donc superflu de m'en donner
lecture.
- C'est vous qui avez rédigé ce procès-verbal,
répliqua d'un air de doute le magistrat.
- Oui, monsieur.
- Vous savez donc écrire ?
- Un peu.., répondit M. Z. d'un ton légère-
ment narquois.¡" Paix, vous savez écrire.
- Ah! fit le juge de paix, vous savez écrire.
— Oui, je suis môme bachelier.
_: —Très bien, lit alors le jug-e de paix qui congé-
dia le garde-champêtre et oublia de donner suite
au procès-verbal dressé.
Cette anecdote, dont nous certifions l'authen
ticité, montre quelles sont les vexations, les
humiliations auxquelles sont exposés chaque
jour les gardes champêtres, et montre aussi
combien la routine est encore dominante dns
l'administration, cette administration que,
quoi qu'on en dise, l'Europe ne nous envie
nullement.
Formalité surannée
L'affirmation des procès-verbaux par les
gardes champêtres se comprenait à une épo-
que où le nombre des illettrés était innombra-
ble, et où les gardes faisaient rédiger leurs
procès-verbaux par des tiers. C'est une chose
inutile et humiliante pour celui qui y est sou-
mis aujourd'hui, à une époque où des bache-
liers sont conducteurs d'omnibus, garçons de
bureau ou. gardes champêtres!
Il est ainsi beaucoup de petits côtés de cer-
taines professions, qui sont ignorés du public
et qui demanderaient à être réformés.
Le congrès d'octobre 1903
En ce qui concerne les gardes champêtres,
ces petits côtés sont nombreux, et c'est précisé-
ment dans le but d'obtenir des réformes qu'un
congrès de gardes champêtres a été tenu en
octobre 1900, à Paris.
A ce congrès, bien des revendications ont été
présentées. Combien peu nombreuses sont les
modifications, les améliorations qui ont été ap-
portées au régime des gardes champêtres, ces
intéressants agents de la police rurale !
Mais les gardes champêtres sont gens qui ne
se découragent point. Ils savent qu'à force de
frapper sur un clou, il s'enfonce. Ils vont ten-
ter, le 25 octobre prochain, un nouvel effort,
essayer d'obtenir ce qui leur a été refusé en
1900. Réussiront-ils ? Nous le souhaitons bien
vivement 1
Dans tous les cas, il est intéressant de signa-
ler celles de leurs revendications qui nous pa-
raissent les plus intéressantes.
Le congrès d'octobre
, Au congrès qui s'ouvrira en octobre, un
grand nombre de questions seront discutées.
M. Rousseaux, qui s'occupe avec une activité
vraiment méritoire de l'organisation de ce
congrès, a déjà reçu un nombre considérable
de communications, émanant de gardes cham-
pêtres. Il a su obtenir l'appui d'hommes com-
me MM. Dron, Trigaut-Geneste, qui ont déjà
fait beaucoup pour améliorer le sort de ces
humbles serviteurs de la République, et qui
mettront encore leur éloquence et leur influence
à la disposition des gardes champêtres.
Le ministre de l'intérieur a autorisé le prin-
cipe de l'organisation du congrès ; le ministre
de l'instruction publique et le ministre de l'a-
griculture lui accordent leur appui moral.
Nous ne doutons pas que, sous de tels auspices,
le prochain congrès n'obtienne un grand suc-
cès, et ne fasse aboutir, sinon la totalité, tout
au moins une grande partie des revendications
présentées,
Ces revendications, nous le disons plus
haut, sont nombreuses. Elles sont toutes inté-
ressantes.
Gardes champêtres, gendarmes et
maires.
Dans beaucoup de départements, les magis-
trats des parquets, lorsqu'ils reçoivent un pro-
cès-verbal de garde champêtre, l'envoient im-
médiatement à la gendarmerie pour que
celle-ci contrôle les faits énoncés et refasse au
besoin le procès-verbal. Cela est humiliant
pour les gardes champêtres. Mais cela a aussi
de graves inconvénients.
Qu'il s'agisse d'un procès de chasse ! A qui
reviendra la prime allouée par la loi aux
agents verbalisateurs ?
Des difficultés fréquentes se sont produi.tes
entre gardes champêtres et gendarmes, en rai-
son de cette façon de procéder de certains par-
quets. é
Pas mal d'affaires de ce genre ont déjà été
portées à la connaissance des organisateurs du
congrès.
Un vœu
Pourquoi des instructions ne sont-elles pas
données par le garde des sceaux pour que les
procès-verbaux des gardes champêtres suivent
leur cours sans passer par la gendarmerie ?
Tel est l'un des vœux, et jaon des moindres,
qui sera émis au prochain congrès.
Dans beaucoupde communes,les maires char-
gent les gardes champêtres de porter aux inté-
'ressés les exploits que les huissiers déposent
'dans les mairies.
Ces officiers publics en usent ainsi à leur
aise, parce qu'ils savent que leurs papiers par-
viendront ainsi aux intéressés et ils se dispen-
sent de faire des courses qui retombent à la
'charge des gardes champêtres.
Pendant que les gardes champêtres portent
les papiers des huissiers, ils ne font pas leur
service.
Or, les maires n'ont pas à faire parvenir les
papiers ainsi déposés dans les mairies.
Ils n'ont qu'à en assurer la conservation.
Autres revendications
Pourquoi les gardes champêtre n'ont-ils pas
le droit de réquisitionner les citoyens pour leur
prêter main forte ? Pourquoi n'ont-ils pas droit
à la franchise postale pour l'envoi de leurs pro-
cès-verbaux ? Pourquoi n'ont-ils pas. comme
les instituteurs, des facilités de communica-
tion sur les réseaux de chemin de fer? Pour-
quoi. en dépit d'une circulaire du général An-
dré, sont-ils convoqués sous les drapeaux
pour accomplir des périodes d'instruction mi-
litaire (28 jours et 13 jours) ? Pourquoi, en
dépit d'une circulaire de M. Payelle, ont-ils de
continuels débats avec le fisc, pour le paiement
des taxes sur les bicyclettes ?
Ce sont là autant de questions que le pro-
chain congrès se propose d'étudier et de sou-
mettre au gouvernement, afin d'obtenir une
solution équitable.
Mais ce n'est pas tout. Le congrès se propose
d'intéresser les pouvoirs publics au sort de ces
modestes fonctionnaires, et d'obtenir une amé-
lioration de leurs traitements, la création d'une
caisse de retraites et la réorganisation de leur
corporation.
Plus d'arbitraire
Les gardes champêtres demandent à être em-
brigadés, militarisés. Soustraits à l'autorité,
quelquefois arbitraire, d'un maire ou d'un pré-
fet, ils auraient un officier par chef-lieu d'ar-
rondissement, et un brigadier par canton.
Il va de soi qu'ils seraientalors pourvus d'un
uniforme. Cette question de tenue paraît insi-
gnifiante. Quelle erreur ! Le respect qui s'atta-
che à l'uniforme, l'autorité qui s'y trouve inhé-
rente sont plus grands qu'on ne saurait le
croire. Qu'à Paris l'on ôte aux gardiens de la
paix leur uniforme, qu'on leur fasse accomplir
leur service en costume de ville et en chapeau
mou, on verra du même coup disparaître tota-
lement le peu d'autorité des agents, et accroî-
tre — si la chose est possible ! — le pullule-
ment des apaches. Ce qui se passe à Paris se
passe en province, et là aussi un uniforme in-
fluence toujours les esprits.
Au Congrès de 1900, les gardes champêtres
avaient demandé la création d'une médaille ru-
rale. Cette médaille a été créée par décret du
3 avril 1903. Elle porte le nom de médaille de
la police. Cependant les gardes champêtres
veulent encore présenter une requête au sujet
de cette médaille. En effet, la médaille de la
police a été créée pour récompenser les fonc-
tionnaires ayant 20 ans de services irrépro-
chables. Les gardes champêtres demandent que
cette clause soit changée, que les 20 ans de
services irréprochables ne soient pas indispen-
sables, et que la médaille soit accordée pour
actions d'éclat, tout comme la médaille mili-
taire aux soldats. Et, pour pousser plus loin
l'assimilation, ils demandent que cette mé-
daille comporte une allocation : 50 ou 100 fr.
Ne serait-ce pas juste en somme ?
Comme on peut s'en rendre compte par ce
rapide exposé, les revendications des gardes
champêtres,, pour être nombreuses — et nous
n'avons signalé que les plus importantes-
n'en sont pas moins légitimes. -
Nous souhaitons bien vivement qu'au con-
grès qui doit s'ouvrir à Paris, le 25 octobre
prochain, tous ces desiderata soient adoptés, et
approuvés parlegouyèrnement.
Puisse le sort des gardes champêtres, ces si
intéressants et si modestes travailleurs de la
classe ouvrière, être pris en considération et
améliorét — André Joubért.
L'ÉLECTION DE MONTREUIL-VINCENNES
Un siège à gagner pour le parti républicain.
Les nationalistes se désolent d'avance à l'idée
que le successeur de M. Pierre Richard pour-
rait être le républicain radical socialiste Charles
Deloncle.
Les réactionnaires essaient de conjurer le
malheur qui les menace en faisant au candidat
républicain la guerre la plus odieuse, en le
menaçant, en essayant de l'intimider, en s'ef-
forçant de le salir et de salir sa famille.
Ces procédés sont ordinaires chez nos enne-
mis, et nous n'aurons pas la naïveté de nous
étonner de les voir mis en œuvre.
Naturellement, le candidat nationaliste s'est
assuré une « artillerie » électorale d'impor-
tance ; je veux dire que les murs sont criblés
de ses affiches sans cesse renouvelées, et que la
presse cléricale exécute de véritables feux de
salve sur M. Charles Deloncle.
Celui-ci, pourtant, ne cède pas un pouce de
terrain, et nous sommes convaincus que de-
main, crânement, à la française, il délogera les
ennemis des positions, fortes seulement en ap-
parence, où ils se sont retranchés.
M. Hémard n'a pas à Montreuil-Vincennes
la situation personnelle dont bénéficiait M.
Pierre Richard. Et M. Pierre Richard avait au
moins pour lui une attitude ardemment anti-
cléricale qui contribuait à lui faire pardonner
ses regrettables tendances nationalistes.
M. Hémard, au contraire, a grandement be-
soin de faire ses preuves au point de vue anti-
clérical.
Il faut battre les nationalistes dans cette cir-
conscription de Montreuil-Vincennes, qu'ils
considéraient comme un de leurs fiefs.
Comme M. Fatoux, dont nous avons repro-
duit les protestations, nombre d'anciens na-
tionalistes ont rallié le drapeau républicain.
Les causes qui avaient déterminé l'élection
de M. Pierre Richard n'existant plus, M. Hé-
mard doit subir demain une défaite écrasante.
Les républicains n'ont qu'à courir sus à leurs
adversaires pour les mettre en fuite.
Nous comptons absolument sur l'élection du
citoyen Charles Deloncle.
—————————— q>
LES YANKEES TRANSFORMES EN PEAUX-ROUGES
(De notre correspondant particulier/
New-York, 17 juillet.
Le professeur Starr, de l'Université de Chi-
cago, connu par sos travaux sur l'anthopologie,
vient de publier un travail dans lequel il dé-
montre que la population blanche dos Etats-
Unis est sur la voie de se transformer peu à
peu en Peaux-Rouges.
Au cours de ses recherches, il a étudié les
descendants d'une colonie allemande établie
depuis un siècle dans la Pennsylvanie.
Il a constaté que dans la quatrième ou cin-
quième génération on trouve déjà certains
traits caractéristiques de la race indienne. Il
en est de même avec les autres habitants.
Le professeur Starr attribue ce phénomène
à l'influence du milieu et du sol.
D'ici un siècle, tous les Yankees auront donc
le physique des héros de Cooper
LES PREMIERS
CAFES DE PARIS
Découverte des propriétés stimulan-
tes du café. — Son usage en Orient,
en Italie, puis en France. — Le
premier café établi à Paris. -
La maison de café de l'Armé-
nien Pascal à là foire Saint-
Germain. — Les cafés Jo-
seph, Etienne, François
procope
OrigtÍiaidu royaume d'Yemen. dans '¡'Ara-
bie-Heureuse, le café a été, pour la première
fois, utilisé sous forme d'infusion par un
muphti d'Aden qui vivait au commencement-
du neuvième siècle de l'hégire. C'est du moins
ce que nous apprend Schehabeddin, auteur
arabe qui vivait au quinzième siècle, car, se-
lon la tradition, le premier qui aurait fait
usage de cette boisson hygiénique serait un re-
ligieux mahométan, du nom de Chadely. Ce-
lui-ci, ayant appris d'un pâtre que chaque fois
que ses chèvres avaient brouté les baies d'un
certain arbrisseau au feuillage toujours vert.
elles restaient éveillées et gambadaient toute la
nuit, voulut, expérimenter sur lui-même la
vertu extraordinaire de cette plante afin de
pouvoir lutter contre le sommeil qui le surpre-
nait au milieu de ses prières.
Les premiers cafés
Ayant reconnu les propriétés excitantes da
-café, Chadely fit part de sa découverte à sel
derviches qui, à leur tour, la propagèrent dans
tout l'Orient, où bientôt s'ouvrirent des maison.
où l'on se réunissait pour prendre du café,'
jouer au trictrac et parler politique. De l'O-
rient, l'usage de cette boisson savoureuse passa
en Italie vers 1615 et enfin en France en
1643.
Le premier café date de cette époque ; il fut
établi à Paris par un Levantin dont la boùti-'
que se trouvait sous le Petit-Châtelet. Toute-
fois, ce n'est qu'en 1669, et grâce à Soliman-
Aga, ambassadeur de la Porte près de Louis
XIV, que la coutume de prendre du café se ré-
pandit dans la capitale. « Selon l'habitude des
Turcs, dit un chroniqueur, Soliman en offrait
à toutes les personnes qui venaient le visiter.
De jeunes et beaux esclaves, dans leur magni-
fique costume oriental, présentaient aux dames
de petites serviettes damassées, garnies de
franges d'or, et leur servaient le café dans de
riches tasses en porcelaine du Japon. »
A la foire Saint-Germain
En 1672, l'Arménien Pascal ouvrit à la foire
Saint-Germain, alors le rendez-vous des élé-
gances mondaines, une Maison de café dont le
succès fut prodigieux et qu'il céda quelque
temps après à un nommé Grégoire qui trans-
féra son établissement rue Mazarine, non loin
de la Comédie-Française. Ce premier café ne
tarda pas à avoir des rivaux. Ce fut d'abord
celui d'un nommé Joseph, installé dans le-voi-
sinage du pont Notre-Dame, sur la rive droite
de la Seine, puis le café du Levantin d'Alep,
Etienne, établi à l'extrémité de la rue Saint-
André-des Arts, près le pont Saint-Michel. A
la même époque, un petit boiteux, associé de
Joseph et surnommé le Candiol, parcourait les
rues de Paris, un éventaire pendu au cou, et
débitait le café aux passants pour la modique
somme de deux sous la tasse, sucre compris.
Fondation du Procope !
En 1689, le Silicien François Procope ouvrit
à la foire Saint-Germain un café qui, par son
luxe et la supériorité de ses consommations, ss
fit rapidement une clientèle aussi nombreuse
que choisie. Le temps de la foire passée, Pro-
cope transféra son établissement-rue des Fossés-
Saint- Germain, en face la Comédie-Française.
Il devint peu à peu le rendez--vous des gens de
lettres, des auteurs dramatiques, des philoso-
phes et des politiciens, si bieir que l'opinion
publique ne fut bientôt plus que l'écho du café
Procope.
Depuis la fin du XVII" siècle, le nombre de
cafés n'a fait que s'accroître jusqu'à l'époque
de la Restauration. Après le café Procope, celut
de la Régence, situé sur la place du Palais-
Royal, obtint une grande célébrité, surtout à
cause des joueurs d'échecs qui le fréquentaient.
Sous le règne de Louis XV, dit Dulaure, on
comptait plus de six cents cafés à Paris ; leur
nombre s'abaissa à 304 en 1817 pour s'élevef
rapidement ensuite et dépasser 3.000 en 1828^
Aujourd'hui que ces établissements constituent
pour bien des gens la partie essentielle de
l'existence, leur nombre, tant à Paris qu'en pro-
vince, est devenu presque incalculable.
Alfred de Vaulabelle.
LES ANGLAIS AU SOI ALI LAND
Situation grave
(De noire correspondant particulier)
Aden, 17 juillet.
Tous les postes anglais se sont retirés an
delà de Damotte où l'on a laissé une forte gar-
nison. Celle-ci est destinée à arrêter pour quel-
que temps la marche en avant du Mad Mulbh.
La situation est excessivement grave. Dans
le camp des Anglais le manque de troupes
montées se fait de plus en plus sentir.
Toutes les forces, y compris les renforts in-
diens, seront concentrées à Bohotle et se tien-
dront sur la défensive.
UN HÉRITIER INATTENDU
(De noire correspondant particulieri
Rome, 17 juillet.
Un arrière-neveu du pape, M. Michel Pecci<
qui gagne sa vie péniblement comme peintre
en bâtiment et qu'on a toujours laissé dans la
misère, a l'intention de réclamer sa part à la
succession du pape.
Plusieurs avocats lui ont déjà offert leur as-
sistance.
AU VATtCAM
LE PAPE RESISTE TOUJOURS
(De notre correspondant particulier}
Rom% 17 juillet.
D'invraisemblables histoires circulent ici-
tant sur les faits et gestes de Léon XIII, que
sur ceux des médecins et de l'entourage.
On raconte, aujourd'hui, que le docteur
Mazzoni aurait exprimé au pape le désir de s'
faire « photographe». Le malade n'ayant ma-
nifesté aucune opposition, et pour cause, le
brave chirurgien a braqué un Kodak sur le
vicaire de Jésus-Christ dont il a tiré 12 clichés.
C'est moins dangereux que la thoracentèse;
sinon plus efficace.
Questionné aujourd'hui sur l'état de son ma-
lade, le docteur Mazzoni a répondu : « Rien de
changé, encore une journée de gagnée ; rien
ne dit qu'elle ne puisse on appeler d'autres. »
Bulletin de santé publié à 9 h. du matin.
Le pape a eu cette nuit quelques heures de repos
et de courtes périodes d'une légère agitatIon. La
niveau du liquide pleurétique se maintient dans
les limites déjà constatées sans amener de SM-
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dans tous les Bureaux de Poste
REDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du sotr à i heure du malin
No 12182. — Dimanchà S9 Juillet 1903
1" THERMIDOB AN 1*1
ADMINISTRATION ; 14, rne du Uall
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
On nous demande en ce moment de nom-
breux changements d'adresses. Nous rappe-
lons à nos abonnés qu'ils doivent joindre
0 fr. 60 à leur demande pour l'impression de
nouvelles bandes.
Nous rappelons également à nos abonnés
parisiens qui s'en vont en province qu'ils ont,
en nous envoyant leur changement d adresse,
à nous faire parvenir autant de fois UN
CENTIME qu'ils seront de jours absents de
Paris, le port pour la province étant de
deux centimes.
NOS LEADERS
LlMifiœ
J'ai pour règle de conduite — mes
acteurs le savent — de ne jamais tenir
compte des lettres non signées. Ne
point dire son nom constitue, à mon
sens, de la part de celui qui écrit, un
acte de défiance auquel celui à qui est
adressée la missive doit répondre par
une preuve de mépris. J'exécute donc
régulièrement avec toute correspon-
dance anonyme le geste dont Silvio
Pellico a donné cette si curieuse des-
cription : « Je pliai la lettre entre le
pouce et l'index d'une main, le pouce
et l'index de l'autre, et, levant la main
gauche, j'abaissai rapidement la droite,
de façon que chacune des deux mains
demeura en possession d'une moitié
de la lettre. » (1)
Je ferai pourtant une exception pour
cette lettre que m'adresse « une pro-
testante », qui a signé de ses initiales,
en ajoutant le numéro de l'arrondisse-
ment de Paris où elle demeure. Je ne
pense pas qu'il faille en vouloir à cette
bonne dame de l'impolitesse dont elle
s'est rendue coupable à mon égard,
évidemment plus par naïveté que par,
autre chose. Elle aura été épouvantée
à l'idée de révéler son nom patronymi-
que à un journaliste. Pensez ! quelle
imprudence!. Ces choses-là me rap-
pellent toujours la réponse que faisait
Jules Vallès alors qu'il était pion, et
que des parents alarmés l'accusaient
de moucher trop fort leurs moutards :
« Voulez-vous arracher le nez d'Adol-
phe ? » lui demandaient ces parentsin-
dignés. Et il répondait, ingénuement :
«Non. Qu'en ferais-je ? » Que ferais-je,
îe vous le demande du nom de cette
Drave protestante que mon « filet » de
l'autre jour : « L'ennemi », a si fort
scandalisée ? Passons.
Puisque l'occasion m'est offerte de
revenir sur un sujet que j'ai trop briè-
vement traité, je ne veux point la lais-
ser échapper. Causons, madame la
protestante masquée.
***
Vous me reprochez de faire « cho-
rus avec les cléricaux », parce que
j'ai écrit que « si l'abaissement de la
religion catholique * devait profiter à
tout autre culte, nous estimerions n'a-
voir rien fait et croirions perdus le
temps et les efforts dépensés dans la
lutte contre le cléricalisme. » Là-des-
sus, vous vous livrez à un véritable
panégyrique du protestantisme.
Je serais tenté de vous demander i
duquel ? Car il y a certes aussi loin
de protestantisme libéral des Athanase
Coquerel, des Réville, des Fontanès,
au calvinisme, que de ce calvinisme
au catholicisme lui-même. Je passe en-
core.
Je voudrais, au lieu de me livrer à
des plaisanteries trop faciles, tâcher
d'élargir et d'élever le débat et de
montrer quel abîme sépare, selon moi,
les penseurs libres et ceux qui se re-
commandent d'une religion quelcon-
que.
Voyez-vous, Madame, il ne s'agit
point du tout de savoir si vous priez
Dieu dans une belle église ou dans un
temple plutôt vilain ; tout cela est tel-
lement secondaire qu'il n'y a pas à
s'en préoccuper. -
La question est celle-ci : Vous au-
tres,. les religieux, vous placez votre
Idéal hors des limites de notre action
et de notre entendement; nous le met-
tons, nous, à portée de notre intelli-
gence et de nos mains. Votre idéal est
3xtra-terrestre, extra-humain ; le nôtre
est terrestre et humain. Vous dites
qu'il faut faire le bien, remplir son
devoir pour assurer le salut de son
Ame et mériter les faveurs de Dieu ;
nous disons qu'il faut faire le bien et
remplir son devoir pour soi-même et
surtout pour les autres, et que le bien
fait aux autres et le devoir rempli en-
vers les autres renferment en eux,
absolument, la suprême récompense
au delà de laquelle il n'y a rien à am-
bitionner.
Votre morale est essentiellement
êgoïste, puisque cette idée du salut de
l'âme la domine ; la nôtre est essentiel-
lement altruiste, dominée par l'idée
du dévouement aux autres. Votre but
c'est de gagner le ciel; le nôtre c'est de
faire l'humanité heureuse. Vous prê-
chez aux souffrants, aux déshérités,
aux faibles, la résignation et leur faites
espérer d'hypothétiques félicités éter-
nellesen compensation de ce qu'ils en-
durent ici-bas ; nous ne voulons point
dé résignation, nous crions : « Ré-
(1) Le Mic Prigioni, Deuxième partie, CM-
}itre XV, - - -, - _.>.,--,
volte ! » au contraire, révolte contre
toutes les iniquités dont pâtissent les
hommes, et nous "voulons pour,- eux,
non pas le bonheur après la mort,
mais 4e bonheur pendant la vie, le
bonheur tout de suite.
Vous tendez vos mains suppliantes
vers le Dieu que vous imaginez être
le distributeur de la force et de la jus-
tice ; nous nous efforçons, nous, de
créer nous-mêmes cette force et cette
justice.
Et ici, je prévois une confusion au
devant de laquelle je vais. Ne nous
traitez pas d'athées, à cause de ce que
je viens de dire. Les penseurs libres
ne sont pas nécessairement athées.
Personnellement, je repousse l'athéis-
me, comme toute religion basée sur
une affirmation échappant forcément
au contrôle. Y a-t-il un Dieu ? Nul ne
le sait, pas plus ceux qui nient que
ceux qui croient. L'aveu d'ignorance
absolue est seul loyal en pareille ma-
tière. En tout cas, la conception —
sur laquelle toute religion est édifiée
— d'un Dieu s'occupant de nos affai-
res, favorisant tel ou tel, punissant ou
récompensent les créatures dont il est
supposé être le souverain maitre, cette
conception est si monstrueusement
absurde et grotesque que tous les es-
prits sains doivent la repousser avec
dédain.
***
Je reprends et je termine. — Ce n'est
pas la guerre à tel ou tel culte au pro-
fit de tel ou tel autre, que nous faisons,
nous, penseurs libres, c'est la guerre
à l'esprit religieux, parce que nous le
croyons profondément funeste et per-
nicieux; parce qu'il nous apparaît, cet
esprit religieux,comme inventé de tou-
tes pièces pour maintenir les peuples
dans la servitude et dans l'ignorance.
L'autre jour, j'entendais lire,au-des-
sus de la tombe de Fontanès, le Ser-
mon sur la montagne : « Bienheureux
les pauvres en esprit, car le royaume
des cieux est à eux.» Ah ! parole
exécrable, impie ! chaîne rivée depuis
tant de siècles au cou des déshérités !
Non ! non ! c'est un mensonge ! Les
pauvres en esprit ne sont pas des bien-
heureux ! Ce sont des infortunés; au
contraire, des esclaves qu'il faut
affranchir, qu'il faut faire grandir er;
science; c'est-à-dire en force et en
sagesse. Commencez-vous à compren-
dre, chère madame, la différence entre
vous et nous?.
Ah ! croyez-le, lorsque l'homme, H -
béré de toute erreur religieuse, biea
convaincu qu'il est le maître de sa des-
tinée, ne sera plus préoccupé que de
réaliser le bonheur des autres, le bon-
heur de tous, dont nécessairementféi'a
partie intégrante son bonheur à luirJ il
n'y aura plus guère, à parcourir, d'iroà-
gination, le ciel à la recherche d'an
Dieu, puisque chaque homme, résu-
mant en lui l'humanité tout entière,
sera, en vérité, lui-même. Dieu.
Lucien Victor-Meunier.
ET LOURDESt
Les journaux qui sont au mieux
avec M. Combes répètent à l'envi
qu'il n'a pas retiré sa circulaire
sur les chapelles non concorda-
taires, bien que toutefois il ait
fait annoncer, il y a plusieurs
jours, qu il était décide a ne plus 1 appli-
quer. Donc, M. Combes a donné des ordres
pour que de nouveau sa circulaire soit
obéie. Je me permets, une fois de plus, de
lui signaler' quelques chapelles d'impor-
tance. Faut-il craindre qu'elles n'échappent
encore à sa vigilante attention ?
Il y a d'abord Lourdes. Je pense que M.
Combes est mal renseigné sur Lourdes. Il
n'en a évidemment entendu parler que par
de vaillants républicains qui l'ont menacé
d'un soulèvement pyrénéen s'il s'avisait de
la fermer. M. Combes, qui est un homme
calme et tranquille, comme chacun sait, a
reculé épouvanté et il n'a pas fermé la cha-
pelle de Lourdes qui n'est pourtant pas
autorisée Or, avec ses pèlerinages, avec sa
vente d'eau miraculeuse, empruntée au Ga-
ve par de savantes canalisations, avec ses
prétendus miracles, avec l'admirable exploi-
tation qu'on y fait des gogos de tous les
pays, Lourdes rapporte à l'évêque de Tar-
bes 500.000 francs de rentes.
M. Combes trouvera peut-être que le mé-
tier d'évêque à Tarbes et à Lourdes est trop
largement rémunéré. Il n'est pas juste que
ce prélat, un républicain des Hautes-Pyré-
nées encore, touche vingt fois plus qu'un
de ses collègues. Je ne sais pas si cet argu-
ment est de natuie à émouvoir M. Combes.
Je.me contente de celui-là cependant, parce
que les autres —- et ils sont de poids,— ne
l'ont pas convaincu. Mais je redoute fort
que M. Combes ne se laisse pas persuader
de cette façon. Que voulez-vous que fassent
les principes, la justice, le vrai anticlérica-
lisme, sur l'esprit d'un homme qui sacrifie
tout à l'idée de ne pas perdre quatre voix
sur sa majorité, car ils sont quatre députés
dans les Hautes-Pyrénées ?
Il y a aussi la Salette,qui rapporte moins
d'argent. Lourdes l'a à peu près tuée. Il
paraît que les miracles de Lourdes sont
meilleurs que ceux de la Salette. Il y a
même Fourvières, dont l'ombre domine et
obscurcit la moitié de Lyon, Fourvières;
chapèlle riche et largement entretenue par
des milliers de pèlerins. Il y a enfin Sainte-
Anne d'Auray, dont les thaumaturgies ont
empêché la Bretagne de devenir républi-
caine,
J'ai eu toit d'employer le mot enfin. Il y
a d'autres chapelles intéressantes. Certains
départements tels que la Seine, le Lot-et-
Garonne, la Charente, l'Ardèche, le Gard
•;€t lç$ddcai t^nients de l'Est comptent UU
infinité de temples protestants et de syna-
gogues non autorisés. ;
Je les indi. ph ! modestement, car
il ne voudra point m'entendre — à l'anti-
cléricalisme de M. Combes. M. Combes,
n'est-ce pas? est bien anticlérical.Du moins,
tout le monde le croit. Or, un anticlérical
de principe déteste autant les cléricaux pro-
testants et israélites que les cléricaux catho-
liques et réciproquement. Ici, jç regrette
d'avoir à constater une lacune considérable
dans l'anticléricalisme de M. Combes.
Quand il ferme les chapelles catholiques, il
ne s'adresse qu'aux petites : il respecte les
grandes, celles qui enrichissent les évêques
et procurent des fonds à l'Eglise contre la
République, Et aussi, quand un de ses
préfets s'avise de prendre sa circulaire à la
lettre et de fermer un temple protestant ou
une synagogue, il le blâme, et le force à
rouvrir l'édifice ? Qu'est-ce qui se cache
derrière cet anticléricalisme si particulier ?
— Ch. B.
Voir à la 3« page
les Dernières Dépôohes
dLe la nuit
et la Revue des Journaux
du ina-tin
A PROPOS
D'UNE DÉCISION MINISTÉRIELLE
Aucune mesure, prise par le ministre de la
marine, n'a rencontré une plus générale appro-
bation que celle qui fait l'objet de la circulaire
du 12 février dernier et que l'on peut résumer
ainsi :
1° Augmentation sur les navires de guerre de la
durée des essais de grande vitesse portée de 3 heu-
res à 10 heures. -
2° Adoption d'appareils moteurs et évaporatoires
assez largement calculés pour produire la puissance
maxima à une combustion ne dépassant pas 110
kilos par mètre carré de grille.
3° Suppression complète des chaudières à petits
tubes introduites depuis quelque temps sur un cer-
tain nombre de grands navires.
L'avis de tous les officiers mécaniciens que
nous avons pu consulter a été unanime ; les
chaudières à petits tubes étanttrès encombran-
tres, ne peuvent avoir que des surfaces de
grille réduites ; elles marchent donc à des
chauffés intensives de 200 et 250 kilos par mè-
tre carré de grille qui fatiguent les appareils
et amènent rapidement des encrassements très
défavorables à une bonne utilisation du com-
bustible. Au contraire, les chaudières à gros
tubes permettent de grandes surfaces de grille
et les vitesses maxima sont obtenues à des al-
lures de combustion de 100 kilos, faciles à sou-
tenir non seulement pendant un court essai,
mais encore pendant plusieurs jours.
Les rapporteurs du budget de la marine au-
près des deux Chambres ont apprécié eux
aussi, en termes excellents, l'opportunité de la
mesure prise par M. Pelletan.
« Quant aux appareils évaporatoires, dit
« l'honorable M. Leygues, ils devraient avoir
« un supplément de puissance disponible per-
« mettant de faire face à tous les mécomptes:
« avarie d'une partie des chaudières, mauvaise
« qualité du charbon, etc. »
Et après avoir rappelé pour quelle raison
l'Amirauté anglaise avait adopté uniquement
les chaudières à gros tubes et condamné les
chaudières à petits tubes, il ajoute : « Ce qui
est indiscutable, c'est que ces dernières ne ré-
pondent pas, au moins dans leur état actuel,
aux nécessités inéluctables du genre de guerre
propre aux croiseurs. »
M. le sénateur Mérie est plus précis encore;
il expose les raisons qui doivent faire proscrire
les chauffes intensives, et par conséquent rem.
ploi des chaudières à petits tubes sur grands
navires ; puis il conclut, après avoir cité le
texte de la circulaire du 12 février : « On éta-
« blit ainsi une réserve de puissance ; on s'as-
« sure la ressource précieuse de pouvoir aug-
« menter cette puissance tout aussi bien avec
« une partie seulement des appareils qu'avec
« tout l'ensemble ; on assure, en un mot, l'élas-
« ticité fonctionnelle de ce que l'on peut appe-
« 1er les poumons du navire, afin de faire face
« à tous les hasards, à tous les besoins impré-
« vus et inopinés de la navigation ou du com-
« bat - ».
Au moment de la discussion du budget, les
deux amiraux sénateurs, qui ne sont cepen-
dant pas suspects de partialité vis-à-vis de M.
Pelletan, ont félicité ce dernier de la mesure
qu'il venait de prendre.
« Il y a une qualité des plus précieuses, a
« dit l'amiral de la Jaille, que M. Méric a
« pronée avec beaucoup de justesse et je m'at-
« tache plus particulièrement à la défense de
« ce point, c'est la robustesse de nos machines
« et de nos chaudières. »
M. de Cuverville a dit ensuite : « Sous ce
« rapport, je rends hommage à M. le ministre
« qui réalise une réforme que j'ai moi-même
« souvent préconisée, à savoir de rendre les
« essais plus pratiques et aussi plus sévères en
« les faisant dans des conditions telles que les
« bâtiments sortis de ces essais donnent la cer-
« titude qu'ils réaliseront en service courant
« la vitesse pour laquelle ils ont été construits
« en même temps que les consommations ré-
« duites de combustible sur lesquelles on doit
« compter.
1 Les grandes revues scientifiques étrangères,
l'Engineer du 20 février, l'Engineering du 13,
le Schiffbau du 23 mars, la Marine Rundschau
d'avril, la Revista Marittima de mai et tant
d'autres approuvent sans réserve la circulaire
ministérielle dont l'application ne fera d'ail-
leurs que placer nos navires dans les condi-
tions de fonctionnement adoptées depuis long-
temps dans les marines étrangères.
— i » ■ —
POUR LA PENSÉE LIBRE
Chaque année, la manifestation de la Libre-
Pensée en l'honneur d'Etienne Dolet est plus
brillante et plus imposante. Le dimanche 2
août prochain, c'est le Paris républicain tout
entier qui défilera, en un immense et émou-
vant cortège, devant la statue de la grande vic-
time du cléricalisme.
L'entente des groupes anticléricaux de Paris
se montre désireuse de rehausser l'éclat de la
prochaine manifestation en lui donnant toute
l'ampleur qu'elle doit avoir pour répondre aux
attaques continuelles exercées contre la Répu-
blique par les adversaires de la vérité et de la
justice. -
Il est du devoir de tous nos amis de ve-
nir ce jour-là apporter leur protestation contEe
le faux et le mensonge professés par les reli-
gions.
Les républicains désireux de prêter leur con-
cours à la commission nommée pour organiser
la manifestation, sont priés de vouloir bien
adresser leur obole au citoyen Gustave Gras,
27, rue Jean-de-Beauvais, Paris.
Nous sommes certains que tous les démocra-
tes voudront assurer le succès éclatant de la
: manifestation qui prouvera, le 2 août, que Pa-
ris n'a pas cessé, d'être la capitale de la Répu-
blique et de la libre-pensée.
LES GARDES
r., CHAMPETRES
Une classe de travailleurs intéressants.
— A propos du prochain congrès. —
Légitimes revendications. — Humi-
liation et inutilité. — L'embri-
gadement des gardes champê-
tres. — La médaille rurale. —
Autres désiderata. — Un ap-
pel au gouvernement.
Il s'est passé tout récemment, dans une lo-
calité voisine de Paris — appelons-la X.-sur-
Bièvre, — un incident qui, pour être comique,
n'en est pas moins scandaleux.
Voici les faits :
A la suite de fredaines nombreuses, un jeune
homme d'excellente famille, M. Z., avait dis-
sipé tout son patrimoine. M. Z. n'avait rien
fait qui entachât son honneur, mais il s'était
ruiné au jeu et. ailleurs. Bref, il chercha à
gagner sa vie. Bachelier, il quémanda un em-
ploi et, grâce à l'appui de personnages politi-
ques avec lesquels il avait été en relations au
temps de sa prospérité, il put se faire nom-
mer. garde-champêtre à X.-sur-Bièvre.M.
Z., qui a fréquenté jadis le monde des littéra-
teurs, des artistes, et des politiques distin-
gués, le Tout-Paris intellectuel, est devenu un.
brave paysan, qui plante ses choux et ses pom-
mes de terre lui-même, dans le petit jardin qui
entoure sa maisonnette. Il n'a plus qu'une am-
bition ; accomplir consciencieusement la mis-
sion qui lui incombe, arrêter les malfaiteurs
et dresser des procès-verbaux aux chasseurs
qjûa'ent paa de permis. Il s'en acquitte fort
bien, et l'Administration - avec un grand A
— n'a que des éloges à lui décerner.
Un noble délinquant
Il y a quelques mois, M. Z. eut à verbaliser
-contre un chasseur, un comte ou un duc de ***
quelconque, qui avait négligé de se munir du
permis réglementaire. Le procès-verbal, dû-
ment rédigé par notre brave garde-champêtre,
fut transmis à Mossieu le juge de paix du can-
ton qui, en raison de la personnalité misé en
cause, enquêta, et fit venir par devant lui M.
Z., bachelier ès-lettres et garde-champêtre à
X.-sur-Bièvre.
Voici à peu de chose près ce que fut l'entre-
tien de ce magistrat avec le fonctionnaire rural :
— Vous avez dressé un procès-verbal à Monsieur
le comte de ***, demanda le juge de paix ?
— Oui, répondit le garde champêtre.
— Affirmez-vous que le piocès-yerbal qui m'a
été transmis est exact ?
- Oui ! répondit M. Z. interloqué.
- Je vais vous le lire en ce cas, pour que vous
puissiez affirmer qu'il est exact,
— Mais, monsieur le juge de paix, c'est moi qui
l'ai rédigé. Il est donc superflu de m'en donner
lecture.
- C'est vous qui avez rédigé ce procès-verbal,
répliqua d'un air de doute le magistrat.
- Oui, monsieur.
- Vous savez donc écrire ?
- Un peu.., répondit M. Z. d'un ton légère-
ment narquois.¡" Paix, vous savez écrire.
- Ah! fit le juge de paix, vous savez écrire.
— Oui, je suis môme bachelier.
_: —Très bien, lit alors le jug-e de paix qui congé-
dia le garde-champêtre et oublia de donner suite
au procès-verbal dressé.
Cette anecdote, dont nous certifions l'authen
ticité, montre quelles sont les vexations, les
humiliations auxquelles sont exposés chaque
jour les gardes champêtres, et montre aussi
combien la routine est encore dominante dns
l'administration, cette administration que,
quoi qu'on en dise, l'Europe ne nous envie
nullement.
Formalité surannée
L'affirmation des procès-verbaux par les
gardes champêtres se comprenait à une épo-
que où le nombre des illettrés était innombra-
ble, et où les gardes faisaient rédiger leurs
procès-verbaux par des tiers. C'est une chose
inutile et humiliante pour celui qui y est sou-
mis aujourd'hui, à une époque où des bache-
liers sont conducteurs d'omnibus, garçons de
bureau ou. gardes champêtres!
Il est ainsi beaucoup de petits côtés de cer-
taines professions, qui sont ignorés du public
et qui demanderaient à être réformés.
Le congrès d'octobre 1903
En ce qui concerne les gardes champêtres,
ces petits côtés sont nombreux, et c'est précisé-
ment dans le but d'obtenir des réformes qu'un
congrès de gardes champêtres a été tenu en
octobre 1900, à Paris.
A ce congrès, bien des revendications ont été
présentées. Combien peu nombreuses sont les
modifications, les améliorations qui ont été ap-
portées au régime des gardes champêtres, ces
intéressants agents de la police rurale !
Mais les gardes champêtres sont gens qui ne
se découragent point. Ils savent qu'à force de
frapper sur un clou, il s'enfonce. Ils vont ten-
ter, le 25 octobre prochain, un nouvel effort,
essayer d'obtenir ce qui leur a été refusé en
1900. Réussiront-ils ? Nous le souhaitons bien
vivement 1
Dans tous les cas, il est intéressant de signa-
ler celles de leurs revendications qui nous pa-
raissent les plus intéressantes.
Le congrès d'octobre
, Au congrès qui s'ouvrira en octobre, un
grand nombre de questions seront discutées.
M. Rousseaux, qui s'occupe avec une activité
vraiment méritoire de l'organisation de ce
congrès, a déjà reçu un nombre considérable
de communications, émanant de gardes cham-
pêtres. Il a su obtenir l'appui d'hommes com-
me MM. Dron, Trigaut-Geneste, qui ont déjà
fait beaucoup pour améliorer le sort de ces
humbles serviteurs de la République, et qui
mettront encore leur éloquence et leur influence
à la disposition des gardes champêtres.
Le ministre de l'intérieur a autorisé le prin-
cipe de l'organisation du congrès ; le ministre
de l'instruction publique et le ministre de l'a-
griculture lui accordent leur appui moral.
Nous ne doutons pas que, sous de tels auspices,
le prochain congrès n'obtienne un grand suc-
cès, et ne fasse aboutir, sinon la totalité, tout
au moins une grande partie des revendications
présentées,
Ces revendications, nous le disons plus
haut, sont nombreuses. Elles sont toutes inté-
ressantes.
Gardes champêtres, gendarmes et
maires.
Dans beaucoup de départements, les magis-
trats des parquets, lorsqu'ils reçoivent un pro-
cès-verbal de garde champêtre, l'envoient im-
médiatement à la gendarmerie pour que
celle-ci contrôle les faits énoncés et refasse au
besoin le procès-verbal. Cela est humiliant
pour les gardes champêtres. Mais cela a aussi
de graves inconvénients.
Qu'il s'agisse d'un procès de chasse ! A qui
reviendra la prime allouée par la loi aux
agents verbalisateurs ?
Des difficultés fréquentes se sont produi.tes
entre gardes champêtres et gendarmes, en rai-
son de cette façon de procéder de certains par-
quets. é
Pas mal d'affaires de ce genre ont déjà été
portées à la connaissance des organisateurs du
congrès.
Un vœu
Pourquoi des instructions ne sont-elles pas
données par le garde des sceaux pour que les
procès-verbaux des gardes champêtres suivent
leur cours sans passer par la gendarmerie ?
Tel est l'un des vœux, et jaon des moindres,
qui sera émis au prochain congrès.
Dans beaucoupde communes,les maires char-
gent les gardes champêtres de porter aux inté-
'ressés les exploits que les huissiers déposent
'dans les mairies.
Ces officiers publics en usent ainsi à leur
aise, parce qu'ils savent que leurs papiers par-
viendront ainsi aux intéressés et ils se dispen-
sent de faire des courses qui retombent à la
'charge des gardes champêtres.
Pendant que les gardes champêtres portent
les papiers des huissiers, ils ne font pas leur
service.
Or, les maires n'ont pas à faire parvenir les
papiers ainsi déposés dans les mairies.
Ils n'ont qu'à en assurer la conservation.
Autres revendications
Pourquoi les gardes champêtre n'ont-ils pas
le droit de réquisitionner les citoyens pour leur
prêter main forte ? Pourquoi n'ont-ils pas droit
à la franchise postale pour l'envoi de leurs pro-
cès-verbaux ? Pourquoi n'ont-ils pas. comme
les instituteurs, des facilités de communica-
tion sur les réseaux de chemin de fer? Pour-
quoi. en dépit d'une circulaire du général An-
dré, sont-ils convoqués sous les drapeaux
pour accomplir des périodes d'instruction mi-
litaire (28 jours et 13 jours) ? Pourquoi, en
dépit d'une circulaire de M. Payelle, ont-ils de
continuels débats avec le fisc, pour le paiement
des taxes sur les bicyclettes ?
Ce sont là autant de questions que le pro-
chain congrès se propose d'étudier et de sou-
mettre au gouvernement, afin d'obtenir une
solution équitable.
Mais ce n'est pas tout. Le congrès se propose
d'intéresser les pouvoirs publics au sort de ces
modestes fonctionnaires, et d'obtenir une amé-
lioration de leurs traitements, la création d'une
caisse de retraites et la réorganisation de leur
corporation.
Plus d'arbitraire
Les gardes champêtres demandent à être em-
brigadés, militarisés. Soustraits à l'autorité,
quelquefois arbitraire, d'un maire ou d'un pré-
fet, ils auraient un officier par chef-lieu d'ar-
rondissement, et un brigadier par canton.
Il va de soi qu'ils seraientalors pourvus d'un
uniforme. Cette question de tenue paraît insi-
gnifiante. Quelle erreur ! Le respect qui s'atta-
che à l'uniforme, l'autorité qui s'y trouve inhé-
rente sont plus grands qu'on ne saurait le
croire. Qu'à Paris l'on ôte aux gardiens de la
paix leur uniforme, qu'on leur fasse accomplir
leur service en costume de ville et en chapeau
mou, on verra du même coup disparaître tota-
lement le peu d'autorité des agents, et accroî-
tre — si la chose est possible ! — le pullule-
ment des apaches. Ce qui se passe à Paris se
passe en province, et là aussi un uniforme in-
fluence toujours les esprits.
Au Congrès de 1900, les gardes champêtres
avaient demandé la création d'une médaille ru-
rale. Cette médaille a été créée par décret du
3 avril 1903. Elle porte le nom de médaille de
la police. Cependant les gardes champêtres
veulent encore présenter une requête au sujet
de cette médaille. En effet, la médaille de la
police a été créée pour récompenser les fonc-
tionnaires ayant 20 ans de services irrépro-
chables. Les gardes champêtres demandent que
cette clause soit changée, que les 20 ans de
services irréprochables ne soient pas indispen-
sables, et que la médaille soit accordée pour
actions d'éclat, tout comme la médaille mili-
taire aux soldats. Et, pour pousser plus loin
l'assimilation, ils demandent que cette mé-
daille comporte une allocation : 50 ou 100 fr.
Ne serait-ce pas juste en somme ?
Comme on peut s'en rendre compte par ce
rapide exposé, les revendications des gardes
champêtres,, pour être nombreuses — et nous
n'avons signalé que les plus importantes-
n'en sont pas moins légitimes. -
Nous souhaitons bien vivement qu'au con-
grès qui doit s'ouvrir à Paris, le 25 octobre
prochain, tous ces desiderata soient adoptés, et
approuvés parlegouyèrnement.
Puisse le sort des gardes champêtres, ces si
intéressants et si modestes travailleurs de la
classe ouvrière, être pris en considération et
améliorét — André Joubért.
L'ÉLECTION DE MONTREUIL-VINCENNES
Un siège à gagner pour le parti républicain.
Les nationalistes se désolent d'avance à l'idée
que le successeur de M. Pierre Richard pour-
rait être le républicain radical socialiste Charles
Deloncle.
Les réactionnaires essaient de conjurer le
malheur qui les menace en faisant au candidat
républicain la guerre la plus odieuse, en le
menaçant, en essayant de l'intimider, en s'ef-
forçant de le salir et de salir sa famille.
Ces procédés sont ordinaires chez nos enne-
mis, et nous n'aurons pas la naïveté de nous
étonner de les voir mis en œuvre.
Naturellement, le candidat nationaliste s'est
assuré une « artillerie » électorale d'impor-
tance ; je veux dire que les murs sont criblés
de ses affiches sans cesse renouvelées, et que la
presse cléricale exécute de véritables feux de
salve sur M. Charles Deloncle.
Celui-ci, pourtant, ne cède pas un pouce de
terrain, et nous sommes convaincus que de-
main, crânement, à la française, il délogera les
ennemis des positions, fortes seulement en ap-
parence, où ils se sont retranchés.
M. Hémard n'a pas à Montreuil-Vincennes
la situation personnelle dont bénéficiait M.
Pierre Richard. Et M. Pierre Richard avait au
moins pour lui une attitude ardemment anti-
cléricale qui contribuait à lui faire pardonner
ses regrettables tendances nationalistes.
M. Hémard, au contraire, a grandement be-
soin de faire ses preuves au point de vue anti-
clérical.
Il faut battre les nationalistes dans cette cir-
conscription de Montreuil-Vincennes, qu'ils
considéraient comme un de leurs fiefs.
Comme M. Fatoux, dont nous avons repro-
duit les protestations, nombre d'anciens na-
tionalistes ont rallié le drapeau républicain.
Les causes qui avaient déterminé l'élection
de M. Pierre Richard n'existant plus, M. Hé-
mard doit subir demain une défaite écrasante.
Les républicains n'ont qu'à courir sus à leurs
adversaires pour les mettre en fuite.
Nous comptons absolument sur l'élection du
citoyen Charles Deloncle.
—————————— q>
LES YANKEES TRANSFORMES EN PEAUX-ROUGES
(De notre correspondant particulier/
New-York, 17 juillet.
Le professeur Starr, de l'Université de Chi-
cago, connu par sos travaux sur l'anthopologie,
vient de publier un travail dans lequel il dé-
montre que la population blanche dos Etats-
Unis est sur la voie de se transformer peu à
peu en Peaux-Rouges.
Au cours de ses recherches, il a étudié les
descendants d'une colonie allemande établie
depuis un siècle dans la Pennsylvanie.
Il a constaté que dans la quatrième ou cin-
quième génération on trouve déjà certains
traits caractéristiques de la race indienne. Il
en est de même avec les autres habitants.
Le professeur Starr attribue ce phénomène
à l'influence du milieu et du sol.
D'ici un siècle, tous les Yankees auront donc
le physique des héros de Cooper
LES PREMIERS
CAFES DE PARIS
Découverte des propriétés stimulan-
tes du café. — Son usage en Orient,
en Italie, puis en France. — Le
premier café établi à Paris. -
La maison de café de l'Armé-
nien Pascal à là foire Saint-
Germain. — Les cafés Jo-
seph, Etienne, François
procope
OrigtÍiaidu royaume d'Yemen. dans '¡'Ara-
bie-Heureuse, le café a été, pour la première
fois, utilisé sous forme d'infusion par un
muphti d'Aden qui vivait au commencement-
du neuvième siècle de l'hégire. C'est du moins
ce que nous apprend Schehabeddin, auteur
arabe qui vivait au quinzième siècle, car, se-
lon la tradition, le premier qui aurait fait
usage de cette boisson hygiénique serait un re-
ligieux mahométan, du nom de Chadely. Ce-
lui-ci, ayant appris d'un pâtre que chaque fois
que ses chèvres avaient brouté les baies d'un
certain arbrisseau au feuillage toujours vert.
elles restaient éveillées et gambadaient toute la
nuit, voulut, expérimenter sur lui-même la
vertu extraordinaire de cette plante afin de
pouvoir lutter contre le sommeil qui le surpre-
nait au milieu de ses prières.
Les premiers cafés
Ayant reconnu les propriétés excitantes da
-café, Chadely fit part de sa découverte à sel
derviches qui, à leur tour, la propagèrent dans
tout l'Orient, où bientôt s'ouvrirent des maison.
où l'on se réunissait pour prendre du café,'
jouer au trictrac et parler politique. De l'O-
rient, l'usage de cette boisson savoureuse passa
en Italie vers 1615 et enfin en France en
1643.
Le premier café date de cette époque ; il fut
établi à Paris par un Levantin dont la boùti-'
que se trouvait sous le Petit-Châtelet. Toute-
fois, ce n'est qu'en 1669, et grâce à Soliman-
Aga, ambassadeur de la Porte près de Louis
XIV, que la coutume de prendre du café se ré-
pandit dans la capitale. « Selon l'habitude des
Turcs, dit un chroniqueur, Soliman en offrait
à toutes les personnes qui venaient le visiter.
De jeunes et beaux esclaves, dans leur magni-
fique costume oriental, présentaient aux dames
de petites serviettes damassées, garnies de
franges d'or, et leur servaient le café dans de
riches tasses en porcelaine du Japon. »
A la foire Saint-Germain
En 1672, l'Arménien Pascal ouvrit à la foire
Saint-Germain, alors le rendez-vous des élé-
gances mondaines, une Maison de café dont le
succès fut prodigieux et qu'il céda quelque
temps après à un nommé Grégoire qui trans-
féra son établissement rue Mazarine, non loin
de la Comédie-Française. Ce premier café ne
tarda pas à avoir des rivaux. Ce fut d'abord
celui d'un nommé Joseph, installé dans le-voi-
sinage du pont Notre-Dame, sur la rive droite
de la Seine, puis le café du Levantin d'Alep,
Etienne, établi à l'extrémité de la rue Saint-
André-des Arts, près le pont Saint-Michel. A
la même époque, un petit boiteux, associé de
Joseph et surnommé le Candiol, parcourait les
rues de Paris, un éventaire pendu au cou, et
débitait le café aux passants pour la modique
somme de deux sous la tasse, sucre compris.
Fondation du Procope !
En 1689, le Silicien François Procope ouvrit
à la foire Saint-Germain un café qui, par son
luxe et la supériorité de ses consommations, ss
fit rapidement une clientèle aussi nombreuse
que choisie. Le temps de la foire passée, Pro-
cope transféra son établissement-rue des Fossés-
Saint- Germain, en face la Comédie-Française.
Il devint peu à peu le rendez--vous des gens de
lettres, des auteurs dramatiques, des philoso-
phes et des politiciens, si bieir que l'opinion
publique ne fut bientôt plus que l'écho du café
Procope.
Depuis la fin du XVII" siècle, le nombre de
cafés n'a fait que s'accroître jusqu'à l'époque
de la Restauration. Après le café Procope, celut
de la Régence, situé sur la place du Palais-
Royal, obtint une grande célébrité, surtout à
cause des joueurs d'échecs qui le fréquentaient.
Sous le règne de Louis XV, dit Dulaure, on
comptait plus de six cents cafés à Paris ; leur
nombre s'abaissa à 304 en 1817 pour s'élevef
rapidement ensuite et dépasser 3.000 en 1828^
Aujourd'hui que ces établissements constituent
pour bien des gens la partie essentielle de
l'existence, leur nombre, tant à Paris qu'en pro-
vince, est devenu presque incalculable.
Alfred de Vaulabelle.
LES ANGLAIS AU SOI ALI LAND
Situation grave
(De noire correspondant particulier)
Aden, 17 juillet.
Tous les postes anglais se sont retirés an
delà de Damotte où l'on a laissé une forte gar-
nison. Celle-ci est destinée à arrêter pour quel-
que temps la marche en avant du Mad Mulbh.
La situation est excessivement grave. Dans
le camp des Anglais le manque de troupes
montées se fait de plus en plus sentir.
Toutes les forces, y compris les renforts in-
diens, seront concentrées à Bohotle et se tien-
dront sur la défensive.
UN HÉRITIER INATTENDU
(De noire correspondant particulieri
Rome, 17 juillet.
Un arrière-neveu du pape, M. Michel Pecci<
qui gagne sa vie péniblement comme peintre
en bâtiment et qu'on a toujours laissé dans la
misère, a l'intention de réclamer sa part à la
succession du pape.
Plusieurs avocats lui ont déjà offert leur as-
sistance.
AU VATtCAM
LE PAPE RESISTE TOUJOURS
(De notre correspondant particulier}
Rom% 17 juillet.
D'invraisemblables histoires circulent ici-
tant sur les faits et gestes de Léon XIII, que
sur ceux des médecins et de l'entourage.
On raconte, aujourd'hui, que le docteur
Mazzoni aurait exprimé au pape le désir de s'
faire « photographe». Le malade n'ayant ma-
nifesté aucune opposition, et pour cause, le
brave chirurgien a braqué un Kodak sur le
vicaire de Jésus-Christ dont il a tiré 12 clichés.
C'est moins dangereux que la thoracentèse;
sinon plus efficace.
Questionné aujourd'hui sur l'état de son ma-
lade, le docteur Mazzoni a répondu : « Rien de
changé, encore une journée de gagnée ; rien
ne dit qu'elle ne puisse on appeler d'autres. »
Bulletin de santé publié à 9 h. du matin.
Le pape a eu cette nuit quelques heures de repos
et de courtes périodes d'une légère agitatIon. La
niveau du liquide pleurétique se maintient dans
les limites déjà constatées sans amener de SM-
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