Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 juillet 1903 17 juillet 1903
Description : 1903/07/17 (N12180). 1903/07/17 (N12180).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575441d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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CINQ OE3NTI3VIE13 le - - PATO & OÊPARÏfMiNTS -- Le 3\T\xmé2?o CINQ CENTIMES
LE m SIECLE
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NO 12180. — Vendredi 17 Juillet 1903
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NOS LEADERS
LE PAPE
On raconte qu'un de ces jours der-
niers, Léon XIII, à qui l'on venait de
lire un télégramme de sympathie
adressé par les francs-maçons d'An-
gleterre, aurait murmuré : « Tous les
hommes sont frères ».
Je prends, dans ma bibliothèque,
« Le Pape », de Victor-Hugo.
Ce livre, publié en i878, est d'une
saisissante actualité. C'est le propre
des chefs-d'œuvre, étant éternels, d'ê-
tre toujours actuels. Ils ne sont point
faits pour les besoins des événements;
ce sont, au contraire, les événements
qui, dans leur flux et leur reflux inces-
sants, passent et repassent devant eux.
Ils sont comme les montagnes qui, im-
muablement les mêmes, depuis le
commencement des siècles, regardent
ruisseler à leurs pieds la foule hu-
maine.
***
Rien de grand comme cette vision :
« le Pape ». — C'est la nuit, dans la
chambre du pape, au Vatican. Le pape,
dans son lit, laisse échapper ce soupir :
« Ah ! je m'endors !. Enfin !. » — Et
il ferme les yeux. Et tout de suite nous
entrons dans de la clarté. Le ciel, est
plein d'étoiles.
La pensée a grandi, car le rêve est venu.
Et c'est bien un rêve auquel nous
assistons, énorme, vertigineux.
D'abord les rois se présentent ; ils
sont orgueilleux de leur toute puis-
sance ; le pape ieur dit : Vous n'êtes
que des hommes. Ils se récrient : N'es-
tu pas roi toi-même ? dirent-ils au
pape. Il secoue la tête :
LE PAPB
Moi ! régner! non !
LES' ROIS
Alors, qu'est-ce quo tu fais ?
LE PAPE
J'aime.
Puis, sur le seuil du Vatican, le pape
parle au peuple, il annonce qu'il quitte
Rome, son palais, ses richesses, pour
« marcher parmi l'humanité profonde ».
Et, d'abord, il va au «synode d'Orient».
Le patriarche, les évêques chantent les
louanges du Dieu dont ils vivent ; le
pape les rappelle au devoir des prê-
tres, au devoir des hommes. Les pré-
lats ne comprennent pas, paraphrasent
les deux célèbres et infâmes paroles :
« Il faut une religion pour le peuple »,
et : « Rendez à César ce qui appartient
à César ». Quand le pape a parlé, tout
s'évanouit, tout s'efface. Rien ne de-
meure plus que l'idéal.
Et maintenant voici le pape dans un
grenier, apportant de l'argent et du
pain à une famille qui agonise de mi-
sère. Après, nous le voyons au milieu
des foules, appelant à lui tous les dam-
nés, tous les vaincus, tous les gueux,
tous les souffrants. Tout à l'heure, vous
l'entendrez rejeter aux orties le dogme
importun de l'infaillibilité. Puis, il
pleure en regardant passer des brebis
tondues que harcèle le vent glacé. Il
médite. Il s'arrête devant une église
que l'on est en train de bâtir : « Met-
tez-y des lits pour les pauvres », dit-il.
En passant, il bénit une nourrice; il
songe aux crimes que commet la jus-
tice.
Le voilà sur un champ de bataille —
et cette page donne à peu près la date'
ou fut composé le livre; 1866, sans,
doute ; car des deux armées en pré-
sence, l'une est Prussienne, l'autre Au-
trichienne — et il se dresse, au nom
de l'humanité, entre les combattants.
De même un peu plus loin, il se rue
contre la guerre civile, en criant : Fra-
ternité ! Il « parle devant lui dans
l'ombre »; il dit :
L'aube est blanche, et le bien n'est le bien —
[qu'innocent.
Il s'extasie devant un petit enfant.
Après quoi, il monte sur un échafaud
où l'on va tuer un homme et proteste
contre la peine de mort. Il est « pensif
dans la nuit » Il cherche.
Mais, ombre, qu'est-il donc de stable sous les eieux?
La justice, dit l'ombre.
Et le voilà à la fin de son pèlerinage ;
parti de Rome il arrive à Jérusalem. Et
il répète :
Peuples, aimez-vous. Paix à tous.
Et les hommes lui répondent :
Sois béni, père.
Et ce livre, grand parmi les plus
grands, se termine par une sorte d'i-
ronie âpre et désespérée. Nous revoici
tu Vatican, dans la chambre du pape;
c'est le matin ; le pape se réveille et
murmure, frissonnant :
Quel réve affreux je viens de faire.
¡
*** - -
Ce rêve de bonté et de béauté, ce
rêve « affreux », Léon XIII l'a-t-il fait
pendant une de ces heures où il sentait
que la vie se retirait de lui ? Le mot
qu'on lui prête : « Tous les hommes
sont frères), pourrait le donner à
penser ; à moins que ce mot ne soit —
c'est possible — qu'une suprême hy-
pocrisie; Il n'importe, après tout.
Ce qui est certain, c'est que de cette
rénovation, vue par le regard extra-
humain de Hugo, l'Eglise catholique
est incapable. Léon XIII ne fut rien
qu'un diplomate, peut-être malicieux;
son successeur, quel qu'il soit, Gotti,
Rampolla ou tout autre, ne sera rien,
ou s'efforcera de rien être autre chose
qu'un diplomate plus ou moins mali-
cieux.
Il y a loin de là au pasteur des peu-
ples dessiné à longs traits par le
poète.
Heureusement.
Car, je ne crains pas de le dire, si
le chef de l'Eglise avait assez d'intelli-
gence, de courage et de force pour se
mêler aux souffrants, aux humbles,
aux pauvres et se pencher, secourable,
vers les misères de l'humanité, il s'en-
suivrait une résurrection de l'esprit
religieux qui aurait pour conséquence
de replonger pour de longues années
encore, peut-être pour des siècles, le
monde dans la nuit.
Mais cela n'est pas à craindre. Les
prophètes qui parlent dans l'immen-
sité et font retentir leurs avertisse-
ments ne sont point écoutés. Nous
sommes tranquilles. ,-
Sous là direction du successeur de
Léon XIII, l'Eglise continuera de dé-
croître, de descendre ; son soleil s'é-
teint, les ténèbres montent autour
d'elle. L'avenir appartient à la pensée
libre, affranchie, à la foi altruiste qui
doit un jour remplacer dans toutes les
âmes les conceptions étroites, égoïs-
tes, des religions mortes.
Lucien Victor-Meunier.
LA MORT D'UN PAPE
Léon XIII s'éteint lentement
comme une lampe qui n'a plus
d'huile. Sa lésistance stupéfait-
tout le monde, même ses méde-
cins. Il est vrai que les Pecci
sont d'une race robuste. Son
père est mort très vieux. Ses frères, qui
ont presque le même âge que lui, vont et
viennent, s'occupent de leurs affaires comme
si un demi-siècle de moins pesait sur leurs
épaulés. ,
Il y a quinze jours, déjà, on disait que le
pape ne passerait pas la nuit. Toutes les
dévotes se sont mises aussitôt à prier. Evi-
demment, elles attribuent la survie de
Léon XIII à leurs prières. Cette survie s'ex-
plique beaucoup plus simplement. - Il sem-
ble, en effet, qu'il y a eu, dès le début,
deux sortes de diagnostic.
Un premier médecin est arrivé, Lapponi,
qui a jugé que le pape faisait de la conges-
tion pulmonaire. Or, à 94 ans, cette mala-
die, la vieille fluxion de poitrine, ne par-
donne pas. Lapponi a donc pu déclarer que
son client allait mourir.
Mais, le lendemain, un second médecin
survient, Mazzoni. Il examine le malade et
s'aperçoit de la faute de son confrère. Pecci
n'est pas atteint de congestion pulmonaire.
Il a tout simplement de la pleurésie, qui, à
tout âge, peut se guérir, mais qui, à 94 ans,
laisse derrière elle toutes sortes d'accidents,
comme une albuminurie intense qui, elle
aussi, ne pardonne pas.
De là, ponction faite par Mazzoni et sou-
lagement immédiat. Les ponctions sont fai-
tes tous les jouis, et tous les jours le pape
paraît aller mieux. C'est ce que les dévotes
appellent le miracle. Malheureusement, les
reins ne fonctionnent pas ou mal. La con-
séquence terrible de la pleurésie, l'albumi-
nurie, a fait tout de suite son apparition.
Après tout, Pecci était peut-être auparavant
albuminurique déjà. C'est pourquoi il s'é-
teint ; l'urémie, l'empoisonnement par l'urée
que les reins ne peuvent plus expulser, s'est
emparée de lui.
Donc, l'issue est fatale, à très bref'délai.
Mais avec Léon XIII, ce n'est pas un Pecci
seulement qui meurt, c'est un pape aussi
et un véritable pape. Rarement, le Vatican
avait connu un homme- aussi habile, aussi
latin, aussi froidement méthodique. Il a
ressuscité, au profit de l'Eglise, la formule
antique du ralliement au régime adopté
par tel ou tel pays catholique. Entre ses
mains l'Eglise s'est faite, au lieu de rester
dure comme du fer, souple et malléable
comme de la cire, sans perdre de sa force.
Léon XIII a, en effet, proclamé qu'elle
pouvait, puisqu'elle avait depuis longtemps;
l'habitude, quoique ne cessant pas d'être
elle-même, de s'adapter à la royauté et au
césarisme, s'adapter aussi bien à la Répu-
blique. Ce qui nous a valu la politique de
M Méline d'accord avec M. de Mun ; ce
qui, par contre-coup, a obligé Guillaume II
d'aller à Cabossa cosame un de ses an-
cêtres.
Habile homme, Léon XIII. Que fera son
successeur ? J'ai là-dessus un sentiment très
net. Que le pape nouveau s'appellera Gotti,
Rampolla ou Vànnutelli, il suivra l'exem-
plede Léon. XIII. Il cessera d'être cardinal
pour être pape et comprendre tout de suite
- car c'est là le fond de la politique de
Pecci - qu'il n'est plus possible de pren-
dre des mouches avec du vinaigre. Je pré-
férerais pourtant qu'il fût un lutteur et un
entêté à la façon de Pie IX. Parce que ses,
provocations et son intransigeance nous
permettraient de faire cette séparation des
Eglises et de l'Etat qu'un autre entêté, M.
Combes, se refuse même à envisager. —
a. B. _:,'. - - - --: .};
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LITTEMiBE
Le service des 'beaux-aJ'ts./de la Ville
de Paris. — Ce qu'il doit être. —
Refonte et centralisation. — Eu-,
gène Delacroix à la Cham-
., bre des députés.
M. Maurice Quentin-Bauchart,conseiller mu-
nicipal, rapporteur de la 4' commission, a dé-
posé un très intéressant travail sur la refonte
du service dmi beaux-arts de la Ville de Paris.
Il y a dix ans à peine, la cité du monde avait
peu de musées, guère de collections. Un con-
cours musical à organiser, quelques achats,
à cela se bornait le travail du bureau pompeu-
sement dénommé par le poète Armand Re-
naud « inspection des beaux-arts de la Ville de
Paris a. La décoration de l'édifice municipal
était entre les mains d'une commission, la coh-
servation des monuments édilitaires également,
le s beautés de la rue relevaient du service des
promenades, il y avait beaucoup de commis-
sions, à hue et à dia. Le musée Carnavalet, se
débarrassant d'un vaste bric à brac peu pari-
sien, prenait sa forme définitive. Cependant,
les beaux-arts ayant peu de chose à y voir, il
lut cunsidéré comme une annexe des archives
ou de la bibliothèque, on le rattacha au cabi-
net du préfet.
Hier et aujourd'hui
C'était alors acceptable, puisque la Ville se
montrait assez oublieuse de ses lauriers pour
dédaigner le domaine artistique offert de tou-
tes parts, et l'unique préoccupation des fonc-
tionnaires municipaux consistait à retaper
chaque année un catalogue et à noircir quel-
ques imprimés.
Mais ceci a changé. Malgré elle, malgré eux,
le patrimoine s'est constitué. Le don magnifi-
que de la duchesse de Galliera, celui de Cer-
nuschi, l'achat de l'hôtel Lauzun, le Petit Pa-
lais des Champs-Elysées, là maison de Victor
Hugo, la série est commencée. Elle continuera.
Mais, dès à présent, il importe de modifier un
état de choses intolérable, de fondre en un tout
harmonieux cette arlequinade dont il résultera
un ensemble glorieux, que l'amoureux d'art
viendra admirer des confins du monde. En
laissant à chaque création son caractère pro-
pre, le pouvoir central leur apportera plus
d'homogénéité et plus de discipline. Ce ne se-
ront plus de vagues collections, très mélangées,
où quelquefois présida un goût douteux, mais
un véritable jardin aux magiques parterres.La
Ville aura son chez elle d'art. Le préfet,M.de Sel-
ved, avait senti quel noble effort il y avait à
tenter. M. Maurice Quentin-Bauchart, à qui
désormais semble dévolu le rôle de surinten-
dant des Beaux-Arts de la Ville de Paris, roprit
les idées de M. de Selvos, y ajouta les siennes
et quelques autres, et le document qu'il vient'
de déposer à la 4e commission révèle à coup sûr
un historique savant et une conception heu-
reuse,
Les fonctionnaires
Tout d'abord, une direction unique. C'est es-
sentiel, et cela ne saurait soulever aucune ob-
jection. A cette direction s'adjoindra sans
'doute une commission omnipotente composée
d'hommes éclairés et d'artistes convaincus,
que MM. de Selves et Quentin-Bauchart cher-
cheront avec soin. Chaque conservateur d'une
collection ou d'un musée ne sera que le servi-
teur de ce laboratoire central, l'applicateur des
idées, l'exécuteur des ordres transmis. L'ins-
pecteur leur chef n'aura qu'une voix délibé-
rante, et ses employés un travail de comptabi-
lité dont il sera responsable.
Ceci posé, il importe peu de savoir quels se-
ront ceux-là, qu'ils se nomment X, Y ou Z,
qu'ils soient ignorants du beau pourvu qu'ils
se montrent des administrateurs aussi parfaits
que possible. Demain, d'autres les remplace-
ront qui manœuvreront sous le môme harnais.
Ils passeront, leur labeur restera. Un chef de
bureau n'a nul besoin d'être un aigle, pourvu
que ce soit un ponctuel employé, et le metteur
en œuvre de la mécanique qu'il surveille. C'est
aux chercheurs; aux créateurs, aux ingénieurs
qu'échoit l'élaboration de l'idée à manutention-
ner et à appliquer.
L'œuvre est énorme. A tous ces musées, dont
le nombre croîtra chaque jour, dès que la gé-
nérosité des collectionneurs aura constaté l'in-
telligence de ce service, il y aura lieu d'ajou-
ter, et M. Quentin-Bauchart y pensera sans
doute, tout ce qui augmente la valeur artisti-
que d'une cité, la grâce extérieure de la rue,
façades, enseignes, statues, squares, édicules,
décorations festivales. Il faut reprendre au
Service d'Architecture, toutes ces attributions,
dont il s'est peu à peif emparé parce qu'il n'y
avait pas de Service des Beaux-Arts capable
de les tenir. Du moment qu'il en existera un
vraiment digne de ce nom, c'est à lui de diriger
et d'administrer toutes les beautés de la ville,
avec fermeté, sans complaisance, inaccessible
aux faiblesses financières comme aux camara-
deries compromettantes.
Les Beaux-Arts et l'Ecole
Son action peut s'étendre plus loin encore ;
jusque dans l'école, où il faudra former le
goût de renfance. Les étrangers nous ont dis-
tancé. Et Paris rougirait de céder à Berlin.
« En. traversant l'Allemagne, dit M. E. Roy
dans le Manuel général de l'enseignement, un
voyageur attentif ne peut manquer de remar-
quer le grand effort qui s'est fait en ces derniè-
res années pour l'éducation artistique du peu-
ple. A Munich il y a une ligue pour « l'amé-
lioration de la demeure ». Cette préoccupation
rejaillit sur l'école, où l'on veut que tous les
objets, cartes ou tableaux, soient d'un aspect
élégant. Les salles et vestibules sont décorés
d'estampes et de moulages d'après les anti-
ques. »
Certes, il sera vaste, avec l'extension qu'il
comporte, cé Service des Beaux-Arts dé la Ville
de Paris ! Il se devra à son titre et à la gran-
diose cité qu'il régentera. Ce ne sera plus l'in-
colore officine dont l'utilité était tout au moins
problématique, et si les fonctionnaires aux-
quels il sera confié ont, à défaut d'autres ta-
lents, la largeur d'eàprit de comprendre et
d'admettre la critique sans en faire une offense
personnelle, M. Maurice Quentin-Bauchart
pourra espérer n'avoir pas travaillé en vain.
Etudes d'art ancien et moderne
M. Gustave Geffroy, avec cette précision qui
lui est si particulière, commente Eugène Deta-
croix à la Chambre des Députés. Le fougueux
coloriste a décoré la Bibliothèque du Palais Lé-
gislatif de vingt-deux peintures placées un peu
partout, mais surtout haut et mal.
Ce sont des pendentifs, à raison dè quatre
par coupole : l" Alexandre et les Poèmes d'lIo
mère, L'Education d'Achille, Ovide cites les
Barbares, Hésiode et ta Muse; 2° Adam el
Eve, La Captivité deBabylone, La Mort de Saint-
Jean-Baptiste, La Drachme du tribut ; 3° Numa
et EgéHe, Lycurgue consulte là Pythie, Démos-
thène harangue les flots de la mtr, Cicéron accuse
Verrès ; 4" Hérodote mterroge ïa lradîtîôlh Mages, Les Bergers chakléens inventeurs de l'as-
tronomie, Sénèque' se fait ouvrir les veines, So-
crate et son démon ; 5" La MON de Pline L'ancien,
Aristote décrit les àmmàvj; que lui envoie Ale-
xandre, Hippocrate refuge les présents du roi de
Perse, Archimède tué par le soldat.
Aux exrés de la salle, deux hémicycles
sphre développent deux fresques
Orphée vient policer les Grecs, encore sauvages,
et leur enseigner tes arts de la paix, et Attila,
suivids sp-x hordes, foule auxpieds l'Italie et les
arts. « L'artiste a ainsi rendu visible toute
l'histoire par une magnifique synthèso pictu-
rale: nous avons devant nous la Paix et la
Guerre ».
Et Geoffroy conseille de délivrer ces chefs-
d'œuvre, « faits pour la nation et non pour
quelques privilégiés » et aussi pour les préser-
ver -d'une destruction certaine. Souhaitons
qu'il soit entendu !
Dans Les Artistes de. tous les temps, H. Spiel-
mann étudie John Everett Millais, organisa-
teurda mouvement dit préraphaélite, un des
plus rares génies de l'Angleterre.
LÉON RIOTOR.
MEMENTO. — D'amusants romans, la Volupté de
vivre, légère aventure d'une jolie femme, momie
ressuscitée fort désirable, d'un jeune homme et
d'un, vieux savant, par Guy de,Téramond ; la CoM-
iesse Panier, -histoire d'amour sous le fiitur em-
pire, Adolphe Dnxel Jet ayant été nommé empe-
reur, parce qu'il était immensément riche et trè joli garçon, par le comte-de Commingea; Basine,
par Edouard Gardel, tort licencieuse suite de dé-
placements d'une Franquo au temps des Vandales;
Jiourses de voyages, selon lo faire habituel du
maître, par Jules Verne. Corleone est la conti-
nuation des pathétiques Brigands ~suiliens, de
Marion Crawford, trad. Ch. Bernard-Derosno.
L'Héliogabale, de M. Auguste Vilieroy est un
drame de grande allure, aux vers ardents et pom-
peux. C'est une belle reconstitution du César de la
Pierre Noire et du rite étyphallique.
Voir- à la 3e page
les" bernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
LE GÉNÉRAL PfRCIt,
Parmi les nominations dans l'Ordre de la Lé-
gion d'honneur failes à l'occasion du 14 juillet,
il n'en est pas qui soit et qui doive mieux être
aocueiflie dès républicains que celle du géuéral
Percin au grade de commandeur.
Le général Perciu est âgé de 57 ans ; c'est-
à-dire que c'est un des jeunes chefs de notre
armée ; c'est « un jeune » surtout, par, la vi-
gueur de son esprit très progressiste - dans
le' vrai sens du mot.
Le général Porcin a des étals do services ex-'
ceptionnollement brillants. .,
On les a rappelés ici même. Mais nous ne
résisterons pas au plaisir de reproduire quel-
ques dates et quelques faits, plus éloquents que
les louanges que nous pourrions tresser en
l'honneur du nouveau commandeur.
Capitaine en 1870, à 24 ans, Percin est à son
rang dans les batailles livrées par l'armée du
Rhin et par celle de la Loire. En 1870, il est
blessé deux fois par des éclats d'obus. A 25 ans,
il est chevalier de la Légion d'honneur. Croix
méritée s'il en fut.
Le général n'est officier de la Légion d'hon-
neur que depuis 1892. C'est dire qu'il n'est pas
de ceux qui poursuivent les distinctions hono-
rifiques. Elles n'ont de prix pour lui que si
elles viennent le chercher.
Le général Percin a rendu de considérables
services au ministère de la guerre depuis qu'il
dirige le cabinet militaire du général André.
Il travaille avec ardeur et avec discernement à
rendre l'armée plus forte et à l'animer do l'es-
prit démocratique.
Car le général Pércin est un officier sincère-
ment, foncièrement républicain. 11 n'est pas de
ceux qui « font de la politique ». Mais il a le
sentiment très net que l'armée d'une grande
nation libre ne doit pas s'isoler, s'immobiliser
dans les liens d'une tyrannique tradition et
refuser de se laisser pénétrer par lo peuple
dont elle est issue.
Avec des idées si sages et si modernes en
même temps, le général Percin ne peut qu'ac-
complir une œuvre excellente.
C'est ainsi qu'en jugent les jeunes officiers
qui comprennent que l'armée de la France doit
être l'armée de la République..
La cravate rouge accordée au général Percin
est un encouragement donné à l'armée démo-
cratique. Elle y est sensible et sa satisfaction
est partagée par le parti républicain.
—
CONCURRENCE DÉLOYALE
La Croix qui ne se vend que cinq cen-
times comme vous savez donne à ses lecteurs
une prime peu banale. Elle leur octroie trois
cents jours d'indulgence tout simplement. Du
reste qu'on en juge :
* CROIX •
Nos amis défunts
M. le Dr le Bêle, au Mans, 83 ans, chirurgien en
chef honoraire des hospices du Mans, chevalier de
la Légion d'honneur, fondateur de la Société médi-
cale de Saint-Come,Saint-Luo et Saint-Damien, an-
cien pèlerin de Terre-Sainte et président du comité
do la Croix du Maine; il assista plusieurs fois aux
réunions organisées en faveur de l'œuvre de la
Croix do Paris. - Le marquis de Chauvelin, à
Silly (Loiret).
pôtnc CŒUR DE MARIE, SOYEZ MON SALUT
(300 jours d'indulgence)
Ainsi les lecteurs de la Croix sont assurés
d'une avance de trois cents jours de paradis à
leur mort; trois cents jours de gagnés sur les
flammes du Purgatoire.
Comme nous sommes tous mortels, notre
pieux confrère va. certainement augmenter son
tirage de façon notable.
Mais nous, pauvres profanes, qui n'avons pas
c'indulgences à distribuer, que deviendrôns-
nous? Quelle lutte pouvons-nous soutenir con-
tre les dépositaires de-là grâce divine ?. - - -
Allons, convenez-en,confrère, vous nous fai-
tes-là une concurrence un peu déloyale ! -r*
R.N.
LA PAILLE ET LA POUTRE
Je note encore un excellent passage dans le
livre de M. Rabusson que je signalais l'autre
jour. L'auteur ràille spirituellement là dévotion
des petits cierges, des petites médailles et des
petites idées.
Cela leur va bien, aux prêtres catholiques,
de tourner en ridicule les grotesques pratiques
et les ridicules superstitions des sauvages sec-
taires de quelques religions lointaines. Qui voit,
la paille dans l'œil de son voisin ne voit pas la
poutre dans le sien. Y a t il un culte plus fU-'
chistè que le culte catholique ?
L'héroïne de Scrupule de Vierge, assistant à
un office, suit d'un œil involontairement iro-
nique les génuflexions, les signes cabalistiques.
et les extases voulues devant des cœurs en-'
flammés ou transpercés, de bois, dé fer-blanc
Ou de plâtre peint, devant dés vierges polychro-
mes roses, blanches et bleues, devant des Jé-
sus; des saint Joseph, des saint Antoine do
Padoue de marbre ou de stuc doré au milieu
d'une profusion de lumières, bougies de cire,
simili cierges en carton au bout desquels trem-
blent des veilleuses, d'une multitude de flours,
fleurs naturelles, fleufs en papier, fleurs en
étoffe déteinte au feuillage vert trop cru, fleurs
en métal argenté et criard, tout un luxe ae
mise en scène charlatanesque et faux, un vrai
tape à l'œil de music-hall, dans un atmosphère
impur où flottent. des vapeurs d'encens, des
odeurs de suif de mauvaise qualité et des pous-
sières microbiennes.
Et la jeune fille pense: « Ces cérémonies ido-
latriques paraissent toutes naturelles à des gens
qui se pâmeraient de rire en voyant un sauvage
se prosterner devant un fétiche. Cé prêtre a
sur le. dos une chasuble de trois mille francs.
dont j'ai fourni une petite part l'an dernier. Et
c'est le ministre de çeluï qui aHait^)i«#s-nu? par
les chemins prêchant et priant en plein air,
méprisant les vàinés ostentations du culte et le
faste des temples. Passe pour là refiglon du
Christ, mais qu'en a-t-on fait ?» -,
Tel qui s'esclaffe en voyant "un indien une
amulette au cou, porte précieusement sur sa
poitrine une médaille de la viergo ou un sca-
pulaire. Tel qui rit des fakirs, guérisseurs do
malades, s'en va, dans une boutique à mira-
des; se plonger dans une piscine sacro-sainte.
- - Tel qui *' ridiculise le nègre prosterné devant
le soleil bienfaisant qui mûrit les moissons va
s'agenoufltcf" devant un petit morceau de pain
azyme entouré d'une gloire resplendissante en
toc, où rougeoient de faux rubis, où verdissent
des morceaux de verro singeant les éme-
raudes. -
Les superstitions sont exclusives et les fana-
tismes sont ennemis. Chacun croit posséder la
vérité et méprise l'erreur du voisin. Mais, il
faut bien le dire; tes catholiques ont poussé
jusque dans leurs dernières limites le fétichis-
me, la mise en scène et le clinquant. - Char-
les Darey.
- I III^
Laïcisons!
Eh ! oui, laïcisons ! Je ne parle pas pour le
moment de ces galonnés ouvertement embri-
gadés contre le gouvernement qui tes fait gras-
sement vivre,, je ne m'occupe pas non plus,
aujourd'hui pour le moins, de ces juges intè-
gres, traîtres au peuple qui, bien qu'arrivés à
l'âge de la retraite n'en conservent pas moins
religieusement leurs fonctions pour rendre des
jugements iniques et parader 'fièrement à la
tête de - l'énergumène clcricaille ; l'enseigne-
ment une.fois'éhcore attire mon attention.
Oui, je, souffre de voir des écoles de la Répu-
blique rien moins que républicaines devenir
l'arme suprême des ennemis de la Révolution.
Aux murs, des croix, des vjerges,' des saints;
comme maîtresses,, des femmes en cornettes
souvent encore ou des laïques trop timorés —
mais ici ne généralisons pas; éomme livres
des ouvrages antirépublicains, antirévolution-
naires, déistes, revanchards et nationalistes.
: A l'entrée des classes des prières ; à la sortie;
des prières.
Je passe sous silence ces nombreux adjoints
ou adjointes obligés d'assister aux services re-
ligieux sous-peine des plaintes les plus graves.
Je tais tous ces maîtres qui sont le jouet du
plus idiot des hobereaux de village et ce au dé-
triment de l'école républicaine.
Ajouterai-jo que cet état d'esprit n'est trop
souvent que la funeste et pénible conséquence
dé l'apathie, sinon plus, de certains supé-
rieurs ?
- Quand donc se décidera-t-on, non plusaudé-
placement d'offico inopérant ou nuisible, mais
purement et simplement à la révocation des
traîtres, à quelque bronche, à quelque degré de
la hiérarchie qu'ils appartiennent.
Est-ce parce qu'un mauvais fonctionnaire a
infecté telle contrée, est-ce pour cela qu'on
l'envoie propager ses germes morbides dans
une autre ? Quaad donc la République sera-t-
elle franchement républicaine V Et quand l'en-
seignement du peuple ne sera-t-il plus un
moyen moderne, j'en conviens, mais non moins
coupable d'aveuglement et d'asservissement?
Il appartient aux électeurs de faire com-
prendre à leurs mandataires que nous -ne som-
mes qu'à peine encore au début de l'œuvre ré-
publicaine, que nous prétendons marcher de
l'avant et ne voulons plus do défaillances.
IL appartient au - gouvernement actuel de
profiter des vacances parlementaires pour mar-
cher à pas de géantsdans la -voie que les
Chambres et le pays tout entier lui ont tracée ;
il lui appartient -enfin - de pikmvor - que - nous
n'avons pas seulement le mot République,
mais que nous possédons sartout la chose et
que rien ne saurait nous arrêter dans notre
lutte pour l'affranchissement des individus, l'a-
mélioration du sort des travailleurs, la liberté
et la fraternité des nations.
Le programme est vaste, la tâche est ardue,
mais nous en sommes persuadés, nos gouver-
nants sauront remplir tout leur devoir. - Jac-
ques Ledroi t.
————————————— —————————————
Houveau complet militaire ea Serbie
(De notre correspondant particulier) -
Belgrade, iii juillet.
L'ère des pronunciamiento paraît être ouverte;
en Serbie.
On vient de découvrir un complot de douze
jeunes officiers qui avaient juré do venger par
un massacre l'assassinat du roi Alexandre.
Leur projet était d'exterminer tous ceux qui;
ont pris une part active aux événements tra-;
giques du KcnaL !
Le premier qui devait être exécuté par les
conjurés était le colonel Maschin.
Plusteurs officiers qui ont pris part au com-
plot ont été arrêtés et écroués dans la,forte:
resse de Belgrade. Les autres ont réussi à ga-
gner Zimony en traversant le Danube en canots.
— L ii ', ,
LE LIEUTENANT VANUTELLI
',-- (De nùiré correspondant patriculier) -,-
., Rome, lo juillet.
Un des papabiU, lé cardinal Vanutelli, a uh;
neveu qui est au service de l' .{( usurpateur des -
Etats de l'Eglise ». C'est M. Lamberto Vanu-
telli, lieutenant de vaisseau de la marine ita-
lienne. Le lieutenant Vaiiulelli se trouve à la
tête du bureau des renseignements de ta ma-
rine. En prenant cette fonction, il a posé comme
condition de ne janjais pénétrer les secrets de-
la marine du pape, ce qui lui fut accordé.
Le Saint-Siège venait .do vendre ! ses trois
vieilles galères qui pourrissaient à Civitta-
Vecchia.
Le. lieutenant Yanutelli a fait plusieurs
voyages d'exploration en Afrique et fut pen-
dant trois mois prisonnier d'une tribu abys-,
sine.
-
LÉS MYSTÈRES OEm SUCCESSION '; ,:
, - - - ,:. ;',; DU ROI OE SERBIE
ÎDe'ïiotre coTtespondant pariiciUier)
Belgrade, 1j juillet.
Au Konak de Belgrade, on a découvert dans
un placard, ignoré jusqu'ici, deux livrets- de
dépôt de ISO.OOfrfr. faits.par la reine Draga,
dans deux banques de Vienne.
On y a* retrouvé égalementle diadème que le
tzar Nicolas a donné à la reine comme cadeau
de noce. -
-La cachette était inconnue mémo des amies
intimes dé la reine et c'est grâce à cette cir-
constance que les livrets et le diadème n'ont
pas disparu çèmmç beaucoup d'autres o~6t3.
LENDEMAIN DE FÊTE
Après la Revue. - 'Fêtes' républicai- ,,
nes. = Les prix du 14 Juillet dans -
la banlieue. — Civisme et démo- -
cratie. — Le 14 Juillet en
province. — A Geriève: 1
e ministre'dé la guerre et Mme André ont ,
offert hier matin un déjeuner de 130 couverts ;
de corps du gouverne-
ment mMUairô de Paris ayant pris part à la
revue du.,14 juiMct. - ,
Etaient également invité## W déjeunor les
m. inistres devja marine et des colonies, Jo gé-,
néral Florentin, grand chancelier de la Légion
d honneur, le général Faure-Biguot, gouver-
neur militaire do Paris, les membres du con-
seil supérieur de la guerre, les présidents des
comitéstechniques elilcs directeur de l'admi-
nistration centrale du ministère do la guerre.
- La musique do la garde républicaine a Joué
pendant le déjeuner. ;
Les prix du 14 juillet
On a distribué pour la première fois, a
Champigny-sur-Marno, les prix du 14 juillet.
aux enfants des écoles communales qui avaient
obtenu les premières places dans un concours
de rédaction sur un sujet du programme der
l'enseignement primaire.
L'initiative de la création de ce prix est due
à la section de la Ligue des Droits de 1 HomcMt
de Champigny et particulièrement à M. Allir-
det qui ont su intéresser a ce projet la munici
palité, les membres du corps enseignant etta
diverses organisations républicaines de la com-
mune.
La distribution s'est faite dans la salle des
fêtes, sous la présidence do M. Blanchon. con-
seiller général entouré du conseil municipal et -
ayant à Ses côtés le maire, M. Hérault, et les
adjoints, MM. Lajotte et Wetzel. Après une-
aHcxmtion du président, une très belle conte- »
renée sur le 14 juillet a été faite par M. Albert
Thomas, professeur agrégé d'histoire, et les
travaux de la commission ont été exposés par
M. Brouillé, sécrétaire do-la section de la Ligue
des. Droits de l'Homme. Puis l'on a procédé à
la distribution des prix, qui consistaient en
de très belles médaillés de bronze à l'effigio
de la République frappées à la Monnaie, et en
de très beaux illustrés sur rbis-
toire de la Révolution.
Des diplômes d'une impression artistique
ont été donnés aux lauréats .et aux enfants qui
ont obtenu des accessits. Les prix ent été at-
tribués da la manière suivante :
Ecole de garçons (Centre). — Il, pris .: Drièot
Joseph, 2* , Brassier, Maxime ; i" accessit : Au-.
bard, Raymond, 2% Bavière, Henri, 3', Chancelet,
Jeail,
Ecole de filles (Centre). — 111, prix : Rrau, Louise,
2e, - Mou.-iot,. Germaine ; tu accessit : Andonnet,
Adrienne, 2e, Lefèvre, Adèle, 3*, Patrois, Henriette.
•Ecoîo de garçons (Plant-de Champigny). — 1"
prix4 Crépin, Audré, 211, Brgnon, Henri ; i" acces-
sit : Lafarge, Pierre, 2e, Sauder, Charles, 3', Brio!-'
let, Henri.
Ecole de filles (Plant-de-Champigny). — 1" prix :
Vorvin, Yvonne, 2e, Brémugat, Marthe ; t" acces-
sit : Gaulhier, Henriette, 2', Courtois, Georgottiîj
3e, Morlot, Suaaane. - -
Mlle Jade Egly avait bien voulu prêter le
concours de son talent à cette fête où elle a dit
une poésio de Victor Hugo, elle était accompa-
gnée atr piano par M. Leclerc, un compositeur
-do beaucoup d'avenir. -
La cérémonie s'est terminée par une distri-
bution do gâteaux et de médailles, commémo-
ratives de la fète nationale aux enfants des
écoles communales qui emplissaient la salle et
étaient venus applaudir aux succès de leurs
camarades. : -
, A Saint-Mandé
Sous la président de M. Dugeon, maire, a
eu. lieu la distribution des, récompenses aux
élèves de récole communale. Parmi les lau-
réats, citons : -
Filles. — Cours complémentaire: Mlles Lebain et
Baudot; l Tt classo : Mlles Bressin et Michaud ; 2*
classa : Mlles Lamy et Duclos.
Garçons. — Coups. complémentaire : M. Chàbie;
t" classe : al. (îuinwfo'n'; 2e classe ; MM. Bauly et'
Lelorrwn. ,
Puis, sur la place de la mairie, les sapeurs-,
pompiers ont été passées en revue, et les dis-
tinctiohs;sùivafttes;oat été remises. : une mé-
daille d'or au sous-lieutenant Biscomte ; des
médailles d'argent aux sapeurs Le Guérinet,
Simoneau et Huré.
Une fête civique
Dans le preau des écoles du Centre, au
Perreux, a eu lieu une fête civique organisée
par les six groupes républicains (progressiste,,
radical, radical-socialiste, socialiste indépen- ¡
dant et socialiste-révolutionnaire), de la com-
mune.
Plus de mille personnes, parmi lesquelles
300 enfants, avaient répondu à l'appel du co-
mité d'organisation.
Le citoyen Souchet présidait, assisté des ci-
toyens Blanchon, conseiller général du canton
deNogent, Lecoq, maire du Perreux ; Verlot,
président de la Jeunesse républicaine du 2e arr.
de Paris, etc.
Après une magnifique conférence du citoyen
Lucien Le Foyer, avocat à la cour d'appel, sur
le 14 Juillet, dans laquelle l'orateur fit l'apolo-
gie de la République, 11 Marseillaise fut chan-
tée d'une façon superbe par Mme Mathilde
Crépin-Verlot, des Concerts Colonne, 1" prix
de chant du Conservatoire. Gros succès pour
l'admirable conférencier,pour l'aimable et gra-
cieuse cantatrice, pour le parti républicain de
la commune. î
La cérémonie continua par une matinée mq-
sicale et littéraire organisée par la Société Le
« Myosotis » du Perreux et se termina par nno
distribétioa d^fo«ets'«t de gâteaux aux c-n-
fants, sans oublier la remise dé livrets de caisse
d'épargne.
En résumé, matinée fort belle, très bienorga-
niséeet qui produira certainement les meilleurs
fruits. ';
r Dans les départements
Nos correspondants continuent à nous en-
voyer des dépêches on des lettres relatives à
la-célébration do la ft^natioiNiie.^ÇHnme nous
l'avons dit, hier, tout s'est passé le mieux du ,
monde. Partout, les populations ont fêté avec
enthousiasme le 14 juillet. On nous écrit no-
tamment de Château-Chinon :
Les républicains, de Châleau-Chinon ont
brillamment fêté le 14 juillet. Un grand ban-
quet a eu lieu dans la salle de la mairie, sous
la présidonco de M. Massonn'eau. sous-préfet de
Château-Chinon, à qui le comité républicain
avait voulu donc cette marque de sympathie,
en présence des. injures - dont il est constam-
ment l'objet de là pari des journaux cléricaux
etnâtioïiàlistes. • r. (
M. Massonneau a porté un toast, au Prési-
dent de la République.
Ce grand citoyen, a-t-il dit, que la rontlanco
des républicains a placé à la téte de la ru-tion et
qui nous conduit vers une ère de paix définitive et
de travail, au président dû conseil et aux minis-
tres, que les calomnies les plus ahomiuaWes ne dé-
couragent jamais et n'arrêtent pas dans leur tâche
d'épuration socialé ; au préfet de la Nièvre, cet
e:xceH.el11'républieni,n,: cet administrateur émérite ; -
aux représentants républWains .du département, et
particulièrement au sénateur d'Atinay et au député
CtioimtlùUX. '-
Citoyens, a dit en terminant le scus-prtrfet, je
CINQ OE3NTI3VIE13 le - - PATO & OÊPARÏfMiNTS -- Le 3\T\xmé2?o CINQ CENTIMES
LE m SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX OU JOURNAlr
14, rue du Mail, Paris.
m chez MM. LAGRANGE, CERF et GF*
S, place de la Bourse, 9 -
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REDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du sotr à 1 heure du maltn
NO 12180. — Vendredi 17 Juillet 1903
29 MESSIDOR AR 111
- - AmiWIS'lItATIOl* ; M. «w du tîall
Adresser lettrés et mandats à l'Administrateur
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos lecteurs qui
s'absentent de chez eux pendant Tété
et qui craignent de ne pas trouver le jour-
nal dans les localités où ils vont, nous
établissons des abonnements de vacances
partant de n'importe quelle date, moyen-
nant 0 fr. 05 centimes par numéro pour la
France et 0 fr. 10 centimes pour l'étranger.
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Abonnement de 8 jours 0 fr. 40
— lO ";. 0 fr. 50
— 20 - 1 fr. »»
— 30 — - 1 fr. 50
NOS LEADERS
LE PAPE
On raconte qu'un de ces jours der-
niers, Léon XIII, à qui l'on venait de
lire un télégramme de sympathie
adressé par les francs-maçons d'An-
gleterre, aurait murmuré : « Tous les
hommes sont frères ».
Je prends, dans ma bibliothèque,
« Le Pape », de Victor-Hugo.
Ce livre, publié en i878, est d'une
saisissante actualité. C'est le propre
des chefs-d'œuvre, étant éternels, d'ê-
tre toujours actuels. Ils ne sont point
faits pour les besoins des événements;
ce sont, au contraire, les événements
qui, dans leur flux et leur reflux inces-
sants, passent et repassent devant eux.
Ils sont comme les montagnes qui, im-
muablement les mêmes, depuis le
commencement des siècles, regardent
ruisseler à leurs pieds la foule hu-
maine.
***
Rien de grand comme cette vision :
« le Pape ». — C'est la nuit, dans la
chambre du pape, au Vatican. Le pape,
dans son lit, laisse échapper ce soupir :
« Ah ! je m'endors !. Enfin !. » — Et
il ferme les yeux. Et tout de suite nous
entrons dans de la clarté. Le ciel, est
plein d'étoiles.
La pensée a grandi, car le rêve est venu.
Et c'est bien un rêve auquel nous
assistons, énorme, vertigineux.
D'abord les rois se présentent ; ils
sont orgueilleux de leur toute puis-
sance ; le pape ieur dit : Vous n'êtes
que des hommes. Ils se récrient : N'es-
tu pas roi toi-même ? dirent-ils au
pape. Il secoue la tête :
LE PAPB
Moi ! régner! non !
LES' ROIS
Alors, qu'est-ce quo tu fais ?
LE PAPE
J'aime.
Puis, sur le seuil du Vatican, le pape
parle au peuple, il annonce qu'il quitte
Rome, son palais, ses richesses, pour
« marcher parmi l'humanité profonde ».
Et, d'abord, il va au «synode d'Orient».
Le patriarche, les évêques chantent les
louanges du Dieu dont ils vivent ; le
pape les rappelle au devoir des prê-
tres, au devoir des hommes. Les pré-
lats ne comprennent pas, paraphrasent
les deux célèbres et infâmes paroles :
« Il faut une religion pour le peuple »,
et : « Rendez à César ce qui appartient
à César ». Quand le pape a parlé, tout
s'évanouit, tout s'efface. Rien ne de-
meure plus que l'idéal.
Et maintenant voici le pape dans un
grenier, apportant de l'argent et du
pain à une famille qui agonise de mi-
sère. Après, nous le voyons au milieu
des foules, appelant à lui tous les dam-
nés, tous les vaincus, tous les gueux,
tous les souffrants. Tout à l'heure, vous
l'entendrez rejeter aux orties le dogme
importun de l'infaillibilité. Puis, il
pleure en regardant passer des brebis
tondues que harcèle le vent glacé. Il
médite. Il s'arrête devant une église
que l'on est en train de bâtir : « Met-
tez-y des lits pour les pauvres », dit-il.
En passant, il bénit une nourrice; il
songe aux crimes que commet la jus-
tice.
Le voilà sur un champ de bataille —
et cette page donne à peu près la date'
ou fut composé le livre; 1866, sans,
doute ; car des deux armées en pré-
sence, l'une est Prussienne, l'autre Au-
trichienne — et il se dresse, au nom
de l'humanité, entre les combattants.
De même un peu plus loin, il se rue
contre la guerre civile, en criant : Fra-
ternité ! Il « parle devant lui dans
l'ombre »; il dit :
L'aube est blanche, et le bien n'est le bien —
[qu'innocent.
Il s'extasie devant un petit enfant.
Après quoi, il monte sur un échafaud
où l'on va tuer un homme et proteste
contre la peine de mort. Il est « pensif
dans la nuit » Il cherche.
Mais, ombre, qu'est-il donc de stable sous les eieux?
La justice, dit l'ombre.
Et le voilà à la fin de son pèlerinage ;
parti de Rome il arrive à Jérusalem. Et
il répète :
Peuples, aimez-vous. Paix à tous.
Et les hommes lui répondent :
Sois béni, père.
Et ce livre, grand parmi les plus
grands, se termine par une sorte d'i-
ronie âpre et désespérée. Nous revoici
tu Vatican, dans la chambre du pape;
c'est le matin ; le pape se réveille et
murmure, frissonnant :
Quel réve affreux je viens de faire.
¡
*** - -
Ce rêve de bonté et de béauté, ce
rêve « affreux », Léon XIII l'a-t-il fait
pendant une de ces heures où il sentait
que la vie se retirait de lui ? Le mot
qu'on lui prête : « Tous les hommes
sont frères), pourrait le donner à
penser ; à moins que ce mot ne soit —
c'est possible — qu'une suprême hy-
pocrisie; Il n'importe, après tout.
Ce qui est certain, c'est que de cette
rénovation, vue par le regard extra-
humain de Hugo, l'Eglise catholique
est incapable. Léon XIII ne fut rien
qu'un diplomate, peut-être malicieux;
son successeur, quel qu'il soit, Gotti,
Rampolla ou tout autre, ne sera rien,
ou s'efforcera de rien être autre chose
qu'un diplomate plus ou moins mali-
cieux.
Il y a loin de là au pasteur des peu-
ples dessiné à longs traits par le
poète.
Heureusement.
Car, je ne crains pas de le dire, si
le chef de l'Eglise avait assez d'intelli-
gence, de courage et de force pour se
mêler aux souffrants, aux humbles,
aux pauvres et se pencher, secourable,
vers les misères de l'humanité, il s'en-
suivrait une résurrection de l'esprit
religieux qui aurait pour conséquence
de replonger pour de longues années
encore, peut-être pour des siècles, le
monde dans la nuit.
Mais cela n'est pas à craindre. Les
prophètes qui parlent dans l'immen-
sité et font retentir leurs avertisse-
ments ne sont point écoutés. Nous
sommes tranquilles. ,-
Sous là direction du successeur de
Léon XIII, l'Eglise continuera de dé-
croître, de descendre ; son soleil s'é-
teint, les ténèbres montent autour
d'elle. L'avenir appartient à la pensée
libre, affranchie, à la foi altruiste qui
doit un jour remplacer dans toutes les
âmes les conceptions étroites, égoïs-
tes, des religions mortes.
Lucien Victor-Meunier.
LA MORT D'UN PAPE
Léon XIII s'éteint lentement
comme une lampe qui n'a plus
d'huile. Sa lésistance stupéfait-
tout le monde, même ses méde-
cins. Il est vrai que les Pecci
sont d'une race robuste. Son
père est mort très vieux. Ses frères, qui
ont presque le même âge que lui, vont et
viennent, s'occupent de leurs affaires comme
si un demi-siècle de moins pesait sur leurs
épaulés. ,
Il y a quinze jours, déjà, on disait que le
pape ne passerait pas la nuit. Toutes les
dévotes se sont mises aussitôt à prier. Evi-
demment, elles attribuent la survie de
Léon XIII à leurs prières. Cette survie s'ex-
plique beaucoup plus simplement. - Il sem-
ble, en effet, qu'il y a eu, dès le début,
deux sortes de diagnostic.
Un premier médecin est arrivé, Lapponi,
qui a jugé que le pape faisait de la conges-
tion pulmonaire. Or, à 94 ans, cette mala-
die, la vieille fluxion de poitrine, ne par-
donne pas. Lapponi a donc pu déclarer que
son client allait mourir.
Mais, le lendemain, un second médecin
survient, Mazzoni. Il examine le malade et
s'aperçoit de la faute de son confrère. Pecci
n'est pas atteint de congestion pulmonaire.
Il a tout simplement de la pleurésie, qui, à
tout âge, peut se guérir, mais qui, à 94 ans,
laisse derrière elle toutes sortes d'accidents,
comme une albuminurie intense qui, elle
aussi, ne pardonne pas.
De là, ponction faite par Mazzoni et sou-
lagement immédiat. Les ponctions sont fai-
tes tous les jouis, et tous les jours le pape
paraît aller mieux. C'est ce que les dévotes
appellent le miracle. Malheureusement, les
reins ne fonctionnent pas ou mal. La con-
séquence terrible de la pleurésie, l'albumi-
nurie, a fait tout de suite son apparition.
Après tout, Pecci était peut-être auparavant
albuminurique déjà. C'est pourquoi il s'é-
teint ; l'urémie, l'empoisonnement par l'urée
que les reins ne peuvent plus expulser, s'est
emparée de lui.
Donc, l'issue est fatale, à très bref'délai.
Mais avec Léon XIII, ce n'est pas un Pecci
seulement qui meurt, c'est un pape aussi
et un véritable pape. Rarement, le Vatican
avait connu un homme- aussi habile, aussi
latin, aussi froidement méthodique. Il a
ressuscité, au profit de l'Eglise, la formule
antique du ralliement au régime adopté
par tel ou tel pays catholique. Entre ses
mains l'Eglise s'est faite, au lieu de rester
dure comme du fer, souple et malléable
comme de la cire, sans perdre de sa force.
Léon XIII a, en effet, proclamé qu'elle
pouvait, puisqu'elle avait depuis longtemps;
l'habitude, quoique ne cessant pas d'être
elle-même, de s'adapter à la royauté et au
césarisme, s'adapter aussi bien à la Répu-
blique. Ce qui nous a valu la politique de
M Méline d'accord avec M. de Mun ; ce
qui, par contre-coup, a obligé Guillaume II
d'aller à Cabossa cosame un de ses an-
cêtres.
Habile homme, Léon XIII. Que fera son
successeur ? J'ai là-dessus un sentiment très
net. Que le pape nouveau s'appellera Gotti,
Rampolla ou Vànnutelli, il suivra l'exem-
plede Léon. XIII. Il cessera d'être cardinal
pour être pape et comprendre tout de suite
- car c'est là le fond de la politique de
Pecci - qu'il n'est plus possible de pren-
dre des mouches avec du vinaigre. Je pré-
férerais pourtant qu'il fût un lutteur et un
entêté à la façon de Pie IX. Parce que ses,
provocations et son intransigeance nous
permettraient de faire cette séparation des
Eglises et de l'Etat qu'un autre entêté, M.
Combes, se refuse même à envisager. —
a. B. _:,'. - - - --: .};
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LITTEMiBE
Le service des 'beaux-aJ'ts./de la Ville
de Paris. — Ce qu'il doit être. —
Refonte et centralisation. — Eu-,
gène Delacroix à la Cham-
., bre des députés.
M. Maurice Quentin-Bauchart,conseiller mu-
nicipal, rapporteur de la 4' commission, a dé-
posé un très intéressant travail sur la refonte
du service dmi beaux-arts de la Ville de Paris.
Il y a dix ans à peine, la cité du monde avait
peu de musées, guère de collections. Un con-
cours musical à organiser, quelques achats,
à cela se bornait le travail du bureau pompeu-
sement dénommé par le poète Armand Re-
naud « inspection des beaux-arts de la Ville de
Paris a. La décoration de l'édifice municipal
était entre les mains d'une commission, la coh-
servation des monuments édilitaires également,
le s beautés de la rue relevaient du service des
promenades, il y avait beaucoup de commis-
sions, à hue et à dia. Le musée Carnavalet, se
débarrassant d'un vaste bric à brac peu pari-
sien, prenait sa forme définitive. Cependant,
les beaux-arts ayant peu de chose à y voir, il
lut cunsidéré comme une annexe des archives
ou de la bibliothèque, on le rattacha au cabi-
net du préfet.
Hier et aujourd'hui
C'était alors acceptable, puisque la Ville se
montrait assez oublieuse de ses lauriers pour
dédaigner le domaine artistique offert de tou-
tes parts, et l'unique préoccupation des fonc-
tionnaires municipaux consistait à retaper
chaque année un catalogue et à noircir quel-
ques imprimés.
Mais ceci a changé. Malgré elle, malgré eux,
le patrimoine s'est constitué. Le don magnifi-
que de la duchesse de Galliera, celui de Cer-
nuschi, l'achat de l'hôtel Lauzun, le Petit Pa-
lais des Champs-Elysées, là maison de Victor
Hugo, la série est commencée. Elle continuera.
Mais, dès à présent, il importe de modifier un
état de choses intolérable, de fondre en un tout
harmonieux cette arlequinade dont il résultera
un ensemble glorieux, que l'amoureux d'art
viendra admirer des confins du monde. En
laissant à chaque création son caractère pro-
pre, le pouvoir central leur apportera plus
d'homogénéité et plus de discipline. Ce ne se-
ront plus de vagues collections, très mélangées,
où quelquefois présida un goût douteux, mais
un véritable jardin aux magiques parterres.La
Ville aura son chez elle d'art. Le préfet,M.de Sel-
ved, avait senti quel noble effort il y avait à
tenter. M. Maurice Quentin-Bauchart, à qui
désormais semble dévolu le rôle de surinten-
dant des Beaux-Arts de la Ville de Paris, roprit
les idées de M. de Selvos, y ajouta les siennes
et quelques autres, et le document qu'il vient'
de déposer à la 4e commission révèle à coup sûr
un historique savant et une conception heu-
reuse,
Les fonctionnaires
Tout d'abord, une direction unique. C'est es-
sentiel, et cela ne saurait soulever aucune ob-
jection. A cette direction s'adjoindra sans
'doute une commission omnipotente composée
d'hommes éclairés et d'artistes convaincus,
que MM. de Selves et Quentin-Bauchart cher-
cheront avec soin. Chaque conservateur d'une
collection ou d'un musée ne sera que le servi-
teur de ce laboratoire central, l'applicateur des
idées, l'exécuteur des ordres transmis. L'ins-
pecteur leur chef n'aura qu'une voix délibé-
rante, et ses employés un travail de comptabi-
lité dont il sera responsable.
Ceci posé, il importe peu de savoir quels se-
ront ceux-là, qu'ils se nomment X, Y ou Z,
qu'ils soient ignorants du beau pourvu qu'ils
se montrent des administrateurs aussi parfaits
que possible. Demain, d'autres les remplace-
ront qui manœuvreront sous le môme harnais.
Ils passeront, leur labeur restera. Un chef de
bureau n'a nul besoin d'être un aigle, pourvu
que ce soit un ponctuel employé, et le metteur
en œuvre de la mécanique qu'il surveille. C'est
aux chercheurs; aux créateurs, aux ingénieurs
qu'échoit l'élaboration de l'idée à manutention-
ner et à appliquer.
L'œuvre est énorme. A tous ces musées, dont
le nombre croîtra chaque jour, dès que la gé-
nérosité des collectionneurs aura constaté l'in-
telligence de ce service, il y aura lieu d'ajou-
ter, et M. Quentin-Bauchart y pensera sans
doute, tout ce qui augmente la valeur artisti-
que d'une cité, la grâce extérieure de la rue,
façades, enseignes, statues, squares, édicules,
décorations festivales. Il faut reprendre au
Service d'Architecture, toutes ces attributions,
dont il s'est peu à peif emparé parce qu'il n'y
avait pas de Service des Beaux-Arts capable
de les tenir. Du moment qu'il en existera un
vraiment digne de ce nom, c'est à lui de diriger
et d'administrer toutes les beautés de la ville,
avec fermeté, sans complaisance, inaccessible
aux faiblesses financières comme aux camara-
deries compromettantes.
Les Beaux-Arts et l'Ecole
Son action peut s'étendre plus loin encore ;
jusque dans l'école, où il faudra former le
goût de renfance. Les étrangers nous ont dis-
tancé. Et Paris rougirait de céder à Berlin.
« En. traversant l'Allemagne, dit M. E. Roy
dans le Manuel général de l'enseignement, un
voyageur attentif ne peut manquer de remar-
quer le grand effort qui s'est fait en ces derniè-
res années pour l'éducation artistique du peu-
ple. A Munich il y a une ligue pour « l'amé-
lioration de la demeure ». Cette préoccupation
rejaillit sur l'école, où l'on veut que tous les
objets, cartes ou tableaux, soient d'un aspect
élégant. Les salles et vestibules sont décorés
d'estampes et de moulages d'après les anti-
ques. »
Certes, il sera vaste, avec l'extension qu'il
comporte, cé Service des Beaux-Arts dé la Ville
de Paris ! Il se devra à son titre et à la gran-
diose cité qu'il régentera. Ce ne sera plus l'in-
colore officine dont l'utilité était tout au moins
problématique, et si les fonctionnaires aux-
quels il sera confié ont, à défaut d'autres ta-
lents, la largeur d'eàprit de comprendre et
d'admettre la critique sans en faire une offense
personnelle, M. Maurice Quentin-Bauchart
pourra espérer n'avoir pas travaillé en vain.
Etudes d'art ancien et moderne
M. Gustave Geffroy, avec cette précision qui
lui est si particulière, commente Eugène Deta-
croix à la Chambre des Députés. Le fougueux
coloriste a décoré la Bibliothèque du Palais Lé-
gislatif de vingt-deux peintures placées un peu
partout, mais surtout haut et mal.
Ce sont des pendentifs, à raison dè quatre
par coupole : l" Alexandre et les Poèmes d'lIo
mère, L'Education d'Achille, Ovide cites les
Barbares, Hésiode et ta Muse; 2° Adam el
Eve, La Captivité deBabylone, La Mort de Saint-
Jean-Baptiste, La Drachme du tribut ; 3° Numa
et EgéHe, Lycurgue consulte là Pythie, Démos-
thène harangue les flots de la mtr, Cicéron accuse
Verrès ; 4" Hérodote mterroge ïa lradîtîôlh
tronomie, Sénèque' se fait ouvrir les veines, So-
crate et son démon ; 5" La MON de Pline L'ancien,
Aristote décrit les àmmàvj; que lui envoie Ale-
xandre, Hippocrate refuge les présents du roi de
Perse, Archimède tué par le soldat.
Aux exrés de la salle, deux hémicycles
sphre développent deux fresques
Orphée vient policer les Grecs, encore sauvages,
et leur enseigner tes arts de la paix, et Attila,
suivids sp-x hordes, foule auxpieds l'Italie et les
arts. « L'artiste a ainsi rendu visible toute
l'histoire par une magnifique synthèso pictu-
rale: nous avons devant nous la Paix et la
Guerre ».
Et Geoffroy conseille de délivrer ces chefs-
d'œuvre, « faits pour la nation et non pour
quelques privilégiés » et aussi pour les préser-
ver -d'une destruction certaine. Souhaitons
qu'il soit entendu !
Dans Les Artistes de. tous les temps, H. Spiel-
mann étudie John Everett Millais, organisa-
teurda mouvement dit préraphaélite, un des
plus rares génies de l'Angleterre.
LÉON RIOTOR.
MEMENTO. — D'amusants romans, la Volupté de
vivre, légère aventure d'une jolie femme, momie
ressuscitée fort désirable, d'un jeune homme et
d'un, vieux savant, par Guy de,Téramond ; la CoM-
iesse Panier, -histoire d'amour sous le fiitur em-
pire, Adolphe Dnxel Jet ayant été nommé empe-
reur, parce qu'il était immensément riche et trè
par Edouard Gardel, tort licencieuse suite de dé-
placements d'une Franquo au temps des Vandales;
Jiourses de voyages, selon lo faire habituel du
maître, par Jules Verne. Corleone est la conti-
nuation des pathétiques Brigands ~suiliens, de
Marion Crawford, trad. Ch. Bernard-Derosno.
L'Héliogabale, de M. Auguste Vilieroy est un
drame de grande allure, aux vers ardents et pom-
peux. C'est une belle reconstitution du César de la
Pierre Noire et du rite étyphallique.
Voir- à la 3e page
les" bernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
LE GÉNÉRAL PfRCIt,
Parmi les nominations dans l'Ordre de la Lé-
gion d'honneur failes à l'occasion du 14 juillet,
il n'en est pas qui soit et qui doive mieux être
aocueiflie dès républicains que celle du géuéral
Percin au grade de commandeur.
Le général Perciu est âgé de 57 ans ; c'est-
à-dire que c'est un des jeunes chefs de notre
armée ; c'est « un jeune » surtout, par, la vi-
gueur de son esprit très progressiste - dans
le' vrai sens du mot.
Le général Porcin a des étals do services ex-'
ceptionnollement brillants. .,
On les a rappelés ici même. Mais nous ne
résisterons pas au plaisir de reproduire quel-
ques dates et quelques faits, plus éloquents que
les louanges que nous pourrions tresser en
l'honneur du nouveau commandeur.
Capitaine en 1870, à 24 ans, Percin est à son
rang dans les batailles livrées par l'armée du
Rhin et par celle de la Loire. En 1870, il est
blessé deux fois par des éclats d'obus. A 25 ans,
il est chevalier de la Légion d'honneur. Croix
méritée s'il en fut.
Le général n'est officier de la Légion d'hon-
neur que depuis 1892. C'est dire qu'il n'est pas
de ceux qui poursuivent les distinctions hono-
rifiques. Elles n'ont de prix pour lui que si
elles viennent le chercher.
Le général Percin a rendu de considérables
services au ministère de la guerre depuis qu'il
dirige le cabinet militaire du général André.
Il travaille avec ardeur et avec discernement à
rendre l'armée plus forte et à l'animer do l'es-
prit démocratique.
Car le général Pércin est un officier sincère-
ment, foncièrement républicain. 11 n'est pas de
ceux qui « font de la politique ». Mais il a le
sentiment très net que l'armée d'une grande
nation libre ne doit pas s'isoler, s'immobiliser
dans les liens d'une tyrannique tradition et
refuser de se laisser pénétrer par lo peuple
dont elle est issue.
Avec des idées si sages et si modernes en
même temps, le général Percin ne peut qu'ac-
complir une œuvre excellente.
C'est ainsi qu'en jugent les jeunes officiers
qui comprennent que l'armée de la France doit
être l'armée de la République..
La cravate rouge accordée au général Percin
est un encouragement donné à l'armée démo-
cratique. Elle y est sensible et sa satisfaction
est partagée par le parti républicain.
—
CONCURRENCE DÉLOYALE
La Croix qui ne se vend que cinq cen-
times comme vous savez donne à ses lecteurs
une prime peu banale. Elle leur octroie trois
cents jours d'indulgence tout simplement. Du
reste qu'on en juge :
* CROIX •
Nos amis défunts
M. le Dr le Bêle, au Mans, 83 ans, chirurgien en
chef honoraire des hospices du Mans, chevalier de
la Légion d'honneur, fondateur de la Société médi-
cale de Saint-Come,Saint-Luo et Saint-Damien, an-
cien pèlerin de Terre-Sainte et président du comité
do la Croix du Maine; il assista plusieurs fois aux
réunions organisées en faveur de l'œuvre de la
Croix do Paris. - Le marquis de Chauvelin, à
Silly (Loiret).
pôtnc CŒUR DE MARIE, SOYEZ MON SALUT
(300 jours d'indulgence)
Ainsi les lecteurs de la Croix sont assurés
d'une avance de trois cents jours de paradis à
leur mort; trois cents jours de gagnés sur les
flammes du Purgatoire.
Comme nous sommes tous mortels, notre
pieux confrère va. certainement augmenter son
tirage de façon notable.
Mais nous, pauvres profanes, qui n'avons pas
c'indulgences à distribuer, que deviendrôns-
nous? Quelle lutte pouvons-nous soutenir con-
tre les dépositaires de-là grâce divine ?. - - -
Allons, convenez-en,confrère, vous nous fai-
tes-là une concurrence un peu déloyale ! -r*
R.N.
LA PAILLE ET LA POUTRE
Je note encore un excellent passage dans le
livre de M. Rabusson que je signalais l'autre
jour. L'auteur ràille spirituellement là dévotion
des petits cierges, des petites médailles et des
petites idées.
Cela leur va bien, aux prêtres catholiques,
de tourner en ridicule les grotesques pratiques
et les ridicules superstitions des sauvages sec-
taires de quelques religions lointaines. Qui voit,
la paille dans l'œil de son voisin ne voit pas la
poutre dans le sien. Y a t il un culte plus fU-'
chistè que le culte catholique ?
L'héroïne de Scrupule de Vierge, assistant à
un office, suit d'un œil involontairement iro-
nique les génuflexions, les signes cabalistiques.
et les extases voulues devant des cœurs en-'
flammés ou transpercés, de bois, dé fer-blanc
Ou de plâtre peint, devant dés vierges polychro-
mes roses, blanches et bleues, devant des Jé-
sus; des saint Joseph, des saint Antoine do
Padoue de marbre ou de stuc doré au milieu
d'une profusion de lumières, bougies de cire,
simili cierges en carton au bout desquels trem-
blent des veilleuses, d'une multitude de flours,
fleurs naturelles, fleufs en papier, fleurs en
étoffe déteinte au feuillage vert trop cru, fleurs
en métal argenté et criard, tout un luxe ae
mise en scène charlatanesque et faux, un vrai
tape à l'œil de music-hall, dans un atmosphère
impur où flottent. des vapeurs d'encens, des
odeurs de suif de mauvaise qualité et des pous-
sières microbiennes.
Et la jeune fille pense: « Ces cérémonies ido-
latriques paraissent toutes naturelles à des gens
qui se pâmeraient de rire en voyant un sauvage
se prosterner devant un fétiche. Cé prêtre a
sur le. dos une chasuble de trois mille francs.
dont j'ai fourni une petite part l'an dernier. Et
c'est le ministre de çeluï qui aHait^)i«#s-nu? par
les chemins prêchant et priant en plein air,
méprisant les vàinés ostentations du culte et le
faste des temples. Passe pour là refiglon du
Christ, mais qu'en a-t-on fait ?» -,
Tel qui s'esclaffe en voyant "un indien une
amulette au cou, porte précieusement sur sa
poitrine une médaille de la viergo ou un sca-
pulaire. Tel qui rit des fakirs, guérisseurs do
malades, s'en va, dans une boutique à mira-
des; se plonger dans une piscine sacro-sainte.
- - Tel qui *' ridiculise le nègre prosterné devant
le soleil bienfaisant qui mûrit les moissons va
s'agenoufltcf" devant un petit morceau de pain
azyme entouré d'une gloire resplendissante en
toc, où rougeoient de faux rubis, où verdissent
des morceaux de verro singeant les éme-
raudes. -
Les superstitions sont exclusives et les fana-
tismes sont ennemis. Chacun croit posséder la
vérité et méprise l'erreur du voisin. Mais, il
faut bien le dire; tes catholiques ont poussé
jusque dans leurs dernières limites le fétichis-
me, la mise en scène et le clinquant. - Char-
les Darey.
- I III^
Laïcisons!
Eh ! oui, laïcisons ! Je ne parle pas pour le
moment de ces galonnés ouvertement embri-
gadés contre le gouvernement qui tes fait gras-
sement vivre,, je ne m'occupe pas non plus,
aujourd'hui pour le moins, de ces juges intè-
gres, traîtres au peuple qui, bien qu'arrivés à
l'âge de la retraite n'en conservent pas moins
religieusement leurs fonctions pour rendre des
jugements iniques et parader 'fièrement à la
tête de - l'énergumène clcricaille ; l'enseigne-
ment une.fois'éhcore attire mon attention.
Oui, je, souffre de voir des écoles de la Répu-
blique rien moins que républicaines devenir
l'arme suprême des ennemis de la Révolution.
Aux murs, des croix, des vjerges,' des saints;
comme maîtresses,, des femmes en cornettes
souvent encore ou des laïques trop timorés —
mais ici ne généralisons pas; éomme livres
des ouvrages antirépublicains, antirévolution-
naires, déistes, revanchards et nationalistes.
: A l'entrée des classes des prières ; à la sortie;
des prières.
Je passe sous silence ces nombreux adjoints
ou adjointes obligés d'assister aux services re-
ligieux sous-peine des plaintes les plus graves.
Je tais tous ces maîtres qui sont le jouet du
plus idiot des hobereaux de village et ce au dé-
triment de l'école républicaine.
Ajouterai-jo que cet état d'esprit n'est trop
souvent que la funeste et pénible conséquence
dé l'apathie, sinon plus, de certains supé-
rieurs ?
- Quand donc se décidera-t-on, non plusaudé-
placement d'offico inopérant ou nuisible, mais
purement et simplement à la révocation des
traîtres, à quelque bronche, à quelque degré de
la hiérarchie qu'ils appartiennent.
Est-ce parce qu'un mauvais fonctionnaire a
infecté telle contrée, est-ce pour cela qu'on
l'envoie propager ses germes morbides dans
une autre ? Quaad donc la République sera-t-
elle franchement républicaine V Et quand l'en-
seignement du peuple ne sera-t-il plus un
moyen moderne, j'en conviens, mais non moins
coupable d'aveuglement et d'asservissement?
Il appartient aux électeurs de faire com-
prendre à leurs mandataires que nous -ne som-
mes qu'à peine encore au début de l'œuvre ré-
publicaine, que nous prétendons marcher de
l'avant et ne voulons plus do défaillances.
IL appartient au - gouvernement actuel de
profiter des vacances parlementaires pour mar-
cher à pas de géantsdans la -voie que les
Chambres et le pays tout entier lui ont tracée ;
il lui appartient -enfin - de pikmvor - que - nous
n'avons pas seulement le mot République,
mais que nous possédons sartout la chose et
que rien ne saurait nous arrêter dans notre
lutte pour l'affranchissement des individus, l'a-
mélioration du sort des travailleurs, la liberté
et la fraternité des nations.
Le programme est vaste, la tâche est ardue,
mais nous en sommes persuadés, nos gouver-
nants sauront remplir tout leur devoir. - Jac-
ques Ledroi t.
————————————— —————————————
Houveau complet militaire ea Serbie
(De notre correspondant particulier) -
Belgrade, iii juillet.
L'ère des pronunciamiento paraît être ouverte;
en Serbie.
On vient de découvrir un complot de douze
jeunes officiers qui avaient juré do venger par
un massacre l'assassinat du roi Alexandre.
Leur projet était d'exterminer tous ceux qui;
ont pris une part active aux événements tra-;
giques du KcnaL !
Le premier qui devait être exécuté par les
conjurés était le colonel Maschin.
Plusteurs officiers qui ont pris part au com-
plot ont été arrêtés et écroués dans la,forte:
resse de Belgrade. Les autres ont réussi à ga-
gner Zimony en traversant le Danube en canots.
— L ii ', ,
LE LIEUTENANT VANUTELLI
',-- (De nùiré correspondant patriculier) -,-
., Rome, lo juillet.
Un des papabiU, lé cardinal Vanutelli, a uh;
neveu qui est au service de l' .{( usurpateur des -
Etats de l'Eglise ». C'est M. Lamberto Vanu-
telli, lieutenant de vaisseau de la marine ita-
lienne. Le lieutenant Vaiiulelli se trouve à la
tête du bureau des renseignements de ta ma-
rine. En prenant cette fonction, il a posé comme
condition de ne janjais pénétrer les secrets de-
la marine du pape, ce qui lui fut accordé.
Le Saint-Siège venait .do vendre ! ses trois
vieilles galères qui pourrissaient à Civitta-
Vecchia.
Le. lieutenant Yanutelli a fait plusieurs
voyages d'exploration en Afrique et fut pen-
dant trois mois prisonnier d'une tribu abys-,
sine.
-
LÉS MYSTÈRES OEm SUCCESSION '; ,:
, - - - ,:. ;',; DU ROI OE SERBIE
ÎDe'ïiotre coTtespondant pariiciUier)
Belgrade, 1j juillet.
Au Konak de Belgrade, on a découvert dans
un placard, ignoré jusqu'ici, deux livrets- de
dépôt de ISO.OOfrfr. faits.par la reine Draga,
dans deux banques de Vienne.
On y a* retrouvé égalementle diadème que le
tzar Nicolas a donné à la reine comme cadeau
de noce. -
-La cachette était inconnue mémo des amies
intimes dé la reine et c'est grâce à cette cir-
constance que les livrets et le diadème n'ont
pas disparu çèmmç beaucoup d'autres o~6t3.
LENDEMAIN DE FÊTE
Après la Revue. - 'Fêtes' républicai- ,,
nes. = Les prix du 14 Juillet dans -
la banlieue. — Civisme et démo- -
cratie. — Le 14 Juillet en
province. — A Geriève: 1
e ministre'dé la guerre et Mme André ont ,
offert hier matin un déjeuner de 130 couverts ;
de corps du gouverne-
ment mMUairô de Paris ayant pris part à la
revue du.,14 juiMct. - ,
Etaient également invité## W déjeunor les
m. inistres devja marine et des colonies, Jo gé-,
néral Florentin, grand chancelier de la Légion
d honneur, le général Faure-Biguot, gouver-
neur militaire do Paris, les membres du con-
seil supérieur de la guerre, les présidents des
comitéstechniques elilcs directeur de l'admi-
nistration centrale du ministère do la guerre.
- La musique do la garde républicaine a Joué
pendant le déjeuner. ;
Les prix du 14 juillet
On a distribué pour la première fois, a
Champigny-sur-Marno, les prix du 14 juillet.
aux enfants des écoles communales qui avaient
obtenu les premières places dans un concours
de rédaction sur un sujet du programme der
l'enseignement primaire.
L'initiative de la création de ce prix est due
à la section de la Ligue des Droits de 1 HomcMt
de Champigny et particulièrement à M. Allir-
det qui ont su intéresser a ce projet la munici
palité, les membres du corps enseignant etta
diverses organisations républicaines de la com-
mune.
La distribution s'est faite dans la salle des
fêtes, sous la présidence do M. Blanchon. con-
seiller général entouré du conseil municipal et -
ayant à Ses côtés le maire, M. Hérault, et les
adjoints, MM. Lajotte et Wetzel. Après une-
aHcxmtion du président, une très belle conte- »
renée sur le 14 juillet a été faite par M. Albert
Thomas, professeur agrégé d'histoire, et les
travaux de la commission ont été exposés par
M. Brouillé, sécrétaire do-la section de la Ligue
des. Droits de l'Homme. Puis l'on a procédé à
la distribution des prix, qui consistaient en
de très belles médaillés de bronze à l'effigio
de la République frappées à la Monnaie, et en
de très beaux illustrés sur rbis-
toire de la Révolution.
Des diplômes d'une impression artistique
ont été donnés aux lauréats .et aux enfants qui
ont obtenu des accessits. Les prix ent été at-
tribués da la manière suivante :
Ecole de garçons (Centre). — Il, pris .: Drièot
Joseph, 2* , Brassier, Maxime ; i" accessit : Au-.
bard, Raymond, 2% Bavière, Henri, 3', Chancelet,
Jeail,
Ecole de filles (Centre). — 111, prix : Rrau, Louise,
2e, - Mou.-iot,. Germaine ; tu accessit : Andonnet,
Adrienne, 2e, Lefèvre, Adèle, 3*, Patrois, Henriette.
•Ecoîo de garçons (Plant-de Champigny). — 1"
prix4 Crépin, Audré, 211, Brgnon, Henri ; i" acces-
sit : Lafarge, Pierre, 2e, Sauder, Charles, 3', Brio!-'
let, Henri.
Ecole de filles (Plant-de-Champigny). — 1" prix :
Vorvin, Yvonne, 2e, Brémugat, Marthe ; t" acces-
sit : Gaulhier, Henriette, 2', Courtois, Georgottiîj
3e, Morlot, Suaaane. - -
Mlle Jade Egly avait bien voulu prêter le
concours de son talent à cette fête où elle a dit
une poésio de Victor Hugo, elle était accompa-
gnée atr piano par M. Leclerc, un compositeur
-do beaucoup d'avenir. -
La cérémonie s'est terminée par une distri-
bution do gâteaux et de médailles, commémo-
ratives de la fète nationale aux enfants des
écoles communales qui emplissaient la salle et
étaient venus applaudir aux succès de leurs
camarades. : -
, A Saint-Mandé
Sous la président de M. Dugeon, maire, a
eu. lieu la distribution des, récompenses aux
élèves de récole communale. Parmi les lau-
réats, citons : -
Filles. — Cours complémentaire: Mlles Lebain et
Baudot; l Tt classo : Mlles Bressin et Michaud ; 2*
classa : Mlles Lamy et Duclos.
Garçons. — Coups. complémentaire : M. Chàbie;
t" classe : al. (îuinwfo'n'; 2e classe ; MM. Bauly et'
Lelorrwn. ,
Puis, sur la place de la mairie, les sapeurs-,
pompiers ont été passées en revue, et les dis-
tinctiohs;sùivafttes;oat été remises. : une mé-
daille d'or au sous-lieutenant Biscomte ; des
médailles d'argent aux sapeurs Le Guérinet,
Simoneau et Huré.
Une fête civique
Dans le preau des écoles du Centre, au
Perreux, a eu lieu une fête civique organisée
par les six groupes républicains (progressiste,,
radical, radical-socialiste, socialiste indépen- ¡
dant et socialiste-révolutionnaire), de la com-
mune.
Plus de mille personnes, parmi lesquelles
300 enfants, avaient répondu à l'appel du co-
mité d'organisation.
Le citoyen Souchet présidait, assisté des ci-
toyens Blanchon, conseiller général du canton
deNogent, Lecoq, maire du Perreux ; Verlot,
président de la Jeunesse républicaine du 2e arr.
de Paris, etc.
Après une magnifique conférence du citoyen
Lucien Le Foyer, avocat à la cour d'appel, sur
le 14 Juillet, dans laquelle l'orateur fit l'apolo-
gie de la République, 11 Marseillaise fut chan-
tée d'une façon superbe par Mme Mathilde
Crépin-Verlot, des Concerts Colonne, 1" prix
de chant du Conservatoire. Gros succès pour
l'admirable conférencier,pour l'aimable et gra-
cieuse cantatrice, pour le parti républicain de
la commune. î
La cérémonie continua par une matinée mq-
sicale et littéraire organisée par la Société Le
« Myosotis » du Perreux et se termina par nno
distribétioa d^fo«ets'«t de gâteaux aux c-n-
fants, sans oublier la remise dé livrets de caisse
d'épargne.
En résumé, matinée fort belle, très bienorga-
niséeet qui produira certainement les meilleurs
fruits. ';
r Dans les départements
Nos correspondants continuent à nous en-
voyer des dépêches on des lettres relatives à
la-célébration do la ft^natioiNiie.^ÇHnme nous
l'avons dit, hier, tout s'est passé le mieux du ,
monde. Partout, les populations ont fêté avec
enthousiasme le 14 juillet. On nous écrit no-
tamment de Château-Chinon :
Les républicains, de Châleau-Chinon ont
brillamment fêté le 14 juillet. Un grand ban-
quet a eu lieu dans la salle de la mairie, sous
la présidonco de M. Massonn'eau. sous-préfet de
Château-Chinon, à qui le comité républicain
avait voulu donc cette marque de sympathie,
en présence des. injures - dont il est constam-
ment l'objet de là pari des journaux cléricaux
etnâtioïiàlistes. • r. (
M. Massonneau a porté un toast, au Prési-
dent de la République.
Ce grand citoyen, a-t-il dit, que la rontlanco
des républicains a placé à la téte de la ru-tion et
qui nous conduit vers une ère de paix définitive et
de travail, au président dû conseil et aux minis-
tres, que les calomnies les plus ahomiuaWes ne dé-
couragent jamais et n'arrêtent pas dans leur tâche
d'épuration socialé ; au préfet de la Nièvre, cet
e:xceH.el11'républieni,n,: cet administrateur émérite ; -
aux représentants républWains .du département, et
particulièrement au sénateur d'Atinay et au député
CtioimtlùUX. '-
Citoyens, a dit en terminant le scus-prtrfet, je
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
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