Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-08
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 08 juillet 1903 08 juillet 1903
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7575432f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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1 11,
CINQ CENTIMES le Numéroi PARIS & DÉPARTEMENTS
Le NéroCINQ. CENTIMES
ANNONCE9
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Ne 12171, — Mercredi 8 Juillet 1903
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NOS LEADERS
o X P" .- -
T U iftn i ps f ) o CMïtpû
Lin Fi»
Le Rappel a raconté l'autre jour,
qu'un peintre, M. Luc-Olivier Mer son,
membre de l'Institut, ayant reçu de
l'Etat la commande de trente-six ta-
bleaux consacrés à l'Histoire de France,
et destinés aux écoles, avait eu l'heu-
reuse idée de s'adresser aux institu-
teurs, de leur demander quels sujets,
pour ces tableaux, leur paraîtraient les
plus favorables à finstruction de leurs
élèves.
Les instituteurs consultés se sont
unanimement prononcés pour des su-
jets pacifiques. « Pas de batailles ! pas
de massacres! », tel a été leur cri. Je
note le fait parce qu'il me parait indi-
quer un sérieux progrès des idées et
des mœurs.
Les hommes qui sont en ce moment
aux alentours de leur cinquantième an-
née d'existence, eussent été bien sur-
toris, si, quand ils usaient les bancs des
écoles, on s'était avisé de leur dire que
l'histoire de France peut être faite d'au-:
tre chose que de batailles et de mas-
sacres. Je me rappelle les livres d'his-'
toire que j'ai eus entre les mains
quand j'étais adolescent ; le récit des
guerres y prend toute la place presque;
à peine s'il y avait, à la 11n de chaque
« période »,quelques pages brièvement)
consacrées au progrès des lettres, des'
--- arts et des sciences.
Je ne sais guère si les méthodes ont
été beaucoup modifiées, mais il est'
certain que, de mon temps, on nous
condamnait en quelque sorte à l'admi-
ration des grands carnages qui ont-
désolé la France et le monde. On nous
faisait apprendre par cœur le nom des
« grands capitaines » et la date des
batailles ; on nous incitait à nous ex-
tasier sur les conquêtes ; si bien que,
remontant, par l'étude, le long des
temps vécus, nous pouvions avoir la<
sensation de marcher dans le sang.
Qui étaient pour nous les hommes
illustres, les « héros » de la France?
Les soldats.
Je n'ai pas rhonneur de connaître
M. Luc-Olivier Merson" mais je ne se-
rais pas le moins du monde surpris si,
quant il reçut la commande de ses
trente-six tableaux d'histoire de France,
sa première pensée n'avait pas été de
brosser trente-six descriptions de ba-
tailles, à l'instar de celles qui attris-
tent les yeux au musée de Versailles.
Félicitons-le du scrupule qui semble
lui être venu, qui lui a suggéré l'idée
de consulter les instituteurs.
Et voici que les instituteurs lui ré-
pondent : « Point de batailles. L'histoire
de France n'est pas là.» Pas plus qu'on
ae donnerait la sensation de la vie mo-
derne en colligeant les récits donnés
par les journaux d'attaques nocturnes
2t de rixes sanglantes, on ne peut, en
illustrant les guerres, raconter ce que
fut la vie passée. Des tableaux de ba-
taille, c'est l'équivalent de ces « mu-
sées du crime » que l'on rencontre dans
toute fète foraine, et où l'on voit la re-
constitution en grandeur naturelle de
la tragédie de Belgrade, voisiner avec
la reproduction en cire des têtes des
plus fameux guillotinés. Non ! non !
l'histoire de France n'est pas là. Ces
guerres, ces batailles, ces faits d'ar-
mes, ces actions dites glorieuses, sur
lesquels on a trop longtemps arrêté
l'admiration ignorante des jeunes gé.
nérations) ce ne sont que les laideurs,
lesdiflormités, les hontes de l'histoire,
Elle a, par bonheur, ses beautés qu'il
sied mieux de populariser par l'image,
ce puissant outil d'instruction. Ah!
monsieur le membre de l'Institut, au
lieu de nous montrer, de montrer à
nos enfants, le» hommes se ruant les'
uns contre les autres, s'entre-déchi-
rant comme des bêtes féroces, évoquez
(e souvenir de ceux qui, par leur
science, par leurs talents, par leurs
vertus, ont fait progresser l'humar
ni té.
.**
L'écho publié par le Rappel ajoutait
que M. Luc-Olivier Morson s'était mis
à la besogne sur ces données. A la
bonne heure! Voilà qui nous promet
une œuvre originale et intéressante.
S'il pouvait leur être donné de le con-
templer, MM. Horace Verne t, Y von, et
autres grands brosseurs de batailles
seraient sans doute considérablement
Monnés. Quoi donc? Plus de batail-
les?. Non, messieurs, on n'en veut
plus. Nous ne sommes plus des sauva-
ges, et l'odeur du sang nous répugne
mvinciblemcnt. «Mais alors,gémiraient-
ils, quoi peindre?. » Ah ! voilà.
Mais j'imagine que M. Merson n'é-
prouvera pas grandes difficultés à choi-
sir ses trente-six sujets. L'histoire de
France est riche, heureusement, en
« héros pacifiques ». Au surplus, je ne
manquerai pas de tact, qu'on en soit
bien certain, au point de donner à M.
Merson des conseils et des indications
dont, assurément, il n'a que faire.
J'ai dit que je voulais noter l'incident
à cause du progrès qu'il annonce dans
les mœurs. Si les instituteurs s'en
pÔlcMst ils ont, vous le voyez, -
flHU-û-iait l'ah' de vouloir s'en mêler —
et ils sont tout-à-fait dans leur rôle de
s'en mêler — il est probable que,, dans
un temps relativement court, on ne
verra plus les petits garçons français
jouer au soldat.
Ce sera, ne vous y trompez pas, un
très grand progrès.
Il y a quelque temps, j'ai assisté du
haut de - mon balcon, rue Condorcet, à
nne scène qui m'a fort intéressé. Sur
lé trottoir d'en face, des gosses jouaient;
et je fus quelque temps, je l'avoue, à
bien saisir le jeu. Enfin, je compris
qu'ils reproduisaient une scène de la
vie militaire. Quelle ? Celle-ci : Un
s'agenouilla le dos au mur, faisant face
à d'autres qui l'ajustaient au moyen de
bouts de bois représentant des fusils.
Un dernier qui, à quelques pas, bran-
dissait un autre échalas, baptisé : sa-
bre, abaissa ce sabre. J'entendis :
Poum! ce qui figurait la détonation ; et
celui qui s'était agenouillé, s'inclina.
sur le côté., demeura immobile, faisant
le mort.
Dites: n'est-ce pas exquis? Quelle
mentalité celarévèle, non chez ces mou-
tards, évidemment, mais chez ceux
dont lesdits moutards entendent les
conversations habituelles ! Car on peut
affirmer que les jeux des enfants ne
sont souvent que la traduction des
pensées paternelle,s.Qui a eu l'occasion
de faire sauter sur ses genoux la fil-
lette d'une dame de mœurs faciles,
sait à quoi s'en tenir là-dessus.
Pourquoi ne voit-on jamais, aux
Tuileries ni au Luxembourg, des en-
fants jouer à l'assassin ? Parce que
chez eux ils entendent flétrir l'ade
qualifié assassinat, et qu'on leur en a
inspiré l'horreur. Pourquoi les voit-on,
au contraire, jouer au soldat ? Parce
que, par les mêmes personnes, ils ont
entendu glorifier les hauts faits des
guerriers et qu'on leur a inspire l'ad-
miration de l'ensemble d'actes infâ-
mes, odieux, immoraux, que repré-
sente ce mot exécrable : la guerre. —
Je me rappelle un capitaine qui, à
force de nombrer les gens qu'il avait
tués au cours de sa carrière, avait fini
par inculquer à son fils, aimable bam-
bin, l'unique désir de tuer à son tour
beaucoup de monde, quand il serait
grand.
- Ces choses, plus tard, nous paraî-
tront singulièrement affligeantes, hon-
teuses. Les papas, alors, et les institu-
t.eurs diront aux petits à qui ils appren-
dront l'histoire de France : « Il y a eu
des guerres, des carnages, des massa-
cres, mais ce sont des souvenirs hon-
teux, passons; l'histoire de France
c'est rhistoire de l'esprit. humain en
marche sans cesse vers de plus en
plus de lumière, de justice, de bonté ;
l'histoire de France, comme l'histoire
de l'humanité tout entière, c'est le récit
des efforts faits par la raison et par l'a-
mour pour se délivrer des barbaries
ancestrales et s'affranchir des erreurs
originelles »
L'œuvre de M. Luc-Olivier Merson
paraît être un premier pas vers cette
voie féconde; c'est pourquoi fap-
plaudis.
Lucien Victor-Meunier.
,
M. LOUBET A LONDRES
n n'est pas possible de se
tromper au caractère de la ré-
ception qui est faite à M. Loubet
en Angleterre. A travers la cor-
rection naturelle et nécessaire
d'une telle réception, il apparaît
évident qu )1 y a, chez le peuple anglais et
chez les autorités qui le représentent, un
désir de se montrer particulièrement cor-
dial pour le Président de la République
française; et mille détails établissent que
nos voisins entendent faire acte de bons
voisins. A la Chambre des communes, il
s'est produit un incident qui indique que le
Parlement lui-même se fût officiellement
mis en avant par un acte solennel, si, com-
me le ministre l'a fait observer, il n'y eût eu
à cet acte certains inconvénients d'ordre
diplomatique. Quant à la nation elle-même,
elle s'est montrée, sur le passage de M.
Loubet, aussi énergiquement amicale et
chaleureuse qu'il était possible de l'espé-
rer.
En France, nous aurions mauvaise grâce
à ne point reconnaître la courtoisie de ces
procédas ; nous le ferons d'autant plus vo-
lontiers que nous y puisons la certitude
que le gouvernement @ et le peuple anglais
ont le désir de ne laisser entre nous au-
cune question à l'état irritant. Sous ce
rapport, un article imprimé pour la cir-
constance, en français, par la Saint-James-
Gazçtte, nous fait bien connaître l'ëtat
d'esprit qui regne à Londres ; l'article a
pour titre « Le bienvenu » et il dit :
« Quoique la visite du Président ne soit
que de courtoisie pure et simp'c, puisqu'il
n'existe entre la France et l'Angleterre ni
questions ni différends diplomatiques qu'il
faille arranger, la présence de M. Delcaseé
en Angleterre doit avoir des résultats avan-
tageux pour les deux pays». C'est ainsi,
en effet, que la situation, - nous - semble-t-iî,
doit être envisagée. ..,
N'ayons pas d'embanemenfutile, bien
entendu, mais reconnaissons que les pro-
cédés très, amicaux dont le représentant de
la France est l'objet dans son voyage à
Londres, sont l'indice d'une bonne volonté
.certaine à notre égard. Il n'existe pas entre
la France et l'Angleterre de « différends
diplomatiques qu'il faille arranger », c'est
vrai ; il existe seulement un certain nom-
bre de vues à échanger, dans un esprit,
amical; sur diverses matières intéressant
:l:; <;Qloiijcs de deux nations loyalement ri-
vales, Nous suppcsony bien que M, Del-
cassé saura tirer de son voyage à Londres
tous les « résultats avantageux » dont ce
voyage est susceptible « pour les deux
pays ». -- Ch. B.
40 -
UN SCANDALE
-
En rendant une fois de plus un jugement
contraire au bon sens et à l'équité, l'Institut
vient de porter un coup sérieux au concours de.
Rome, cette vieille institution que son grand,
àge rend caduque.
Deux des concurrents s'imposaient à l'atten-
tion par les grandes qualités musicales que
renfermaient leurs cantates : MM. Ducasse et
Ravel. Ce qui pouvait faire préférer le premier
au second, c'est l'architecture et l'excellente
tenue générale de son œuvre. Méconnaissant
ces qualités, les juges ont préféré envoyer à
Rome M. Laparrà dopt la partition aux idées
, mélodiques d'un charme un peu trop facile
était déparée par un trio aux sonorités désa-
gréables et une fin de très mauvais goût ; un
second prix l'eût convenablement récompensé.
Bien qu'immortels, MM. los membres de
l'Institut sont loin d'être infaillibles. Laissons.
le temps, grand redresseur de torts, rendre à
chacun la place qu'il mérite d'occuper.
Ce jugement ne peut d'ailleurs déplaire à-.
M. Lenepveu qui, grâce à cette combinaison,
voit deux concurrents redoutables laisser la
place à ses élèves. (M. Ducasse ayant atteint
la limite d'âge ne peut plus concourir.) - Un
musicien.
Voir eit t' page nos dépêches de llome sur
LA MALADIE DE LEON XIII et la BIOGRAPHIE DU
PAPE.
diBBnaaHBBmaHMaanaaangHnKrâîi
lit FAUTE D UN CATHOLIQUE -
Sous ce titre, la « Faute d'un, Protestant »,
M. Gaston Calmette fait, dans le Figaro, une
charge à fond de train contre M. Buisson qu'il
représente comme un protestant haineux et sec-'
taire qui essaie de détruire le catholicisme en
France au profit du protestantisme. -
Il parait que M. Buisson veut ressusciter en,
France les guerres civiles et les luttes reli-
gieuses, et qu'aida dé Pressensé et de Reveillaud,
deux protestants comme lui, il se prépare à
ériger le protestantisme en religion d'Etat. Ce
triumvirat dé parpaillots empêche M. Gaston
Calmctte de dormir.
Mais lorsqueM. Calmette ne dort pas, il rêve,
et les constructions de son imagination ne re-
posent que sur des bases de la plus haute fan-
taisie.
Nous sommes pourtant d'accord avec lui pour
reconnaître que le cléricalisme protestant est
aussi haineux, aussi dangereux, aussi exclusif
que le cléricalisme catholique, et ncus sommes
prêts à prendre le Figaro pour allié dans toute,
lutte contre le cléricalisme quelle que soitla secte
ou la confession que celui-ci prenne comme
étiquette.
Mais vraiment M. Calmette va un peu loin
en donnant l'épithète de cléricaux protestants à
Rc-veiliaud, à Buisson, à Pressensé. A-t-il perdu
la mémoire des incidents récents?
Ne se rappelle-t-il plus que Pressensé a dé-
posé sur le bureau de la Chambre le plus libé-
ral projet de séparation des Eglises et de l'Etat
qui ait jamais vu le jour dans une enceinte
parlementaire, projet où des avantages tels
sont accordés à la religion catholique que notre
ami Hubbard a dû immédiatement, au nom
des sociétés de « Libre-Pensée » de France, re-
mettre les choses au point, en déposant un
projet plus égalitaire.
Pressensé est-il un sectaire ?
Et Buisson est-il un sectaire lui aussi ? Il y
a quinze jours, il recevait los félicitations dit
Figaro lui-même pour avoir refusé de s'asso-
cier à la proposition Massé qu'il jugeait arbi-
traire, et pour avoir donné sa démission de
président de la commission des congrégations,
dont la majorité était favorable à cette propo-
sition.
Mais" où donc le Figaro puise-t-il ses rensei-
gnements, puisqu'il néglige de les chercher
dans ses propres colonnes-
11 y verrait non pas seulement Buisson hos-
tile à la mesure arbitraire préparée relative-
ment aux sécularisations, mais il y verrait
Buisson, hostile, hélas ! au monopole de l'en-
seignement, combattant par la parole et par la
plume en faveur de ce qu'il appelle la liberté
d'enseigner.
Que M. Gaston Calmette occupe quelques-
uns de ses loisirs à relire les discours et les ar-
ticles de Buisson. En sus des exemples de dia-
lectique forte et d'indépendance d'esprit qu'il y
découvrira, il y trouvera la preuve manifeste
qu'il a, hier,parlé un peu au hasard et raisonné
au petit bonheur. Puisse-t-il reconnaître ses
torts et essayer de réparer sa faute. C'est la
grâce que je lui souhaite. — L. Armbruster.
4»
UN SYNDICAT CONTRE LE SUFFRAGE UNIVERSEL
tDe notre correspondant particulier)
Leipzig, 6 juillet.
Un puissant syndicat des capitalistes s'est
constitué dans le but de combattre l'institution
du suffrage universel. -
Des sommes assez considérables ont été déjà
souscrites. A remarquer que parmi les gens qui
subventionnent la campagne contre le suffrage
populaire il y a plusieurs notables de la bour-
geoisie libérale.
Le syndicat commencera par la création
d'une Agence télégraphique pour le service des
journaux.
é ■■
BJOERNSON BJOERNSTERNE
DANS LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
{Dt noire correspondant particulier)
Christiania, 6 juillet.
Les élections générales pour le Storthing de-
vant avoir lieu sous peu, Bjosrnson Bjoerns-
terne annonce qu'il prendra une part active à
la campagne électorale. Il se propose do com-
battre une partie de ses anciens coreligionnai-
res politiques : les radicaux..
Bjoernson se montre disposé à faire des con-
cessions à la Suède pour la question des con-
sulats.
EN ALGÉRIE
Alger, 6 juillet.
Hier ont-eu lieu à St-Eugène, près d'Alger,
lis .élections municipales pour remplacer le
conseil municipal récemment dissous.
La liste républicaine est. élue à 70 voix de
majorité, battant la liste antijuive qui avait été
patronnée par l'ancien maire.
———————————— »
LA TURQUIE ET LA BULGARIE
Francfort, 6 juillet.
On télégraphie de Constantinoplo à la Gazelle
de Francfort :
« La Porte a fait savoir à plusieurs repré-
sentants diplomatiques qu'elle considérait com-
me une provocation l'envoi de réserves bulga-
res sur la frontière, et qu'elle allait y répondre
en augmentant considérablement ses forces mi.,
litaires. Les levées de troupes actuelles ont sim-
frtement pour but d'exercer une surveillance
rigoureuse pour empêcher toute incursion
djéléments révolutionnaires. Dans les milieux
diplomatiques, on redoute des complications
au cas où la Bulgarie enverrait à la frontière
de nouveaux corps de troupes.
« Le parti militaire à Yidiz-Kiosk déploie
une activité fébrile. Les ministres, qui ne con-
sidèrent pas comme profitable une campagne
même victorieuse, ont beaucoup de peine à lui
résister. Le sultan lui-même est opposé à la
guerre.
a Le comte Lansdorff, ministre des affaires
étrangères de Russie, a fait conseiller à Cons-
tantinople et à Sofia de maintenir l'ordre et le
calme.»
REVOLUTION DE PALAIS A CONSTANTINOPLE
(De notre correspondant particulier)
Salonique, 6 juillet.
Les journaux européens ont raconté, ces
jours derniers, qu'un chariot chargé de qua-
rante cadavres avait quitté mystérieusement le
Yildiz-Kliosk ; mais ils n'ont pu donner aucun
détail explicatif sur cette affaire. Or, il ne s'a-
gissait de rien moins que d'une révolution de
palais.
Sous l'impression des événements de Bel-
grade, un grand nombre de jeunes officiers et
d'élèves de VFcole militaire auraient décidé de
s'emparer do la personne du sultan Abdul-Ha-
mid, do le forcer à l'abdication et de le rem-
placer par son frère cadet, Djoubati Bey. Le
plan échoua, grâce à la vigilance d'Ali-Moha-
met. l'ancien portefaix devenu pacha, qui veille
sur le sommeil du sultan. La garde albanaise
entoura les conjurés et les tailla en pièces. Le
nombre des cadavres qu'on a enlevés clandesti-
nement du palais atteint le chiffre de trois
cents.
JLJE PAPE
[De notre corresponmnt particulier)
Rome, 6 juillet.
Le cardinal Matthieu a du interrompre son
diner et se rendre en hâte au Vatican. On croit
que la situation s'est encore aggravée.
Dans tous les cas, au palais Braschi (minis-
tère de l'intérieur), tout le monde se tient en
permanence en vue des événements du Vatican.
A en croire un bruit fort accrédité, entre le
saint-siège et le gouvernement italien il y a
un accord tacite tendant à tenir la nouvelle de
la mort du pape secrète pendant 12 heures.
Des cardinaux étrangers sont déjà arrivés à
Rome.
Dans le monde diplomatique, on raconte
que l'Autriche-Hongrie se prépare a user de
son droit au conclave et qu'elle a déjà donné
des instructions bien formelles à ce sujet.
ARRESTATION MYSTÉRIEUSE
A SAINT-PÉTERSBOURG
{De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 5 juillet.
Sur l'ordre de M. de Plehwe, ministre de
l'intérieur, on vient d'arrêter un personnage
du grand monde accusé d'avoir des relations
avec le parti révolutionnaire.
L'arrestation a eu lieu dans le plus grand
secret, et on fait le possible pour empêcher
toute divulgation du nom du prisonnier.
Le personnage en question aurait eu la mis-
sion de déposer sur le bureau du tzar des
avertissements du comité central révolution-
naire.
Voir à la 3° page
les Dernières Oépôclies
de la xiuit
et la Revue des J"ournaux
du matin -
LA RECLAMETCHÈQUE
*
L'Evénement du 29 juin a publié, sous le
titre : Aux amateurs des voyages, un article si-
gné « Frohtis », visiblement émané de Prague,
et qui constitue un audacieux coup de grosse
caisse au milieu de ce tam-tam tchèque dont,
depuis quelque temps, les oreilles françaises se
trouvent inexorablement rebattues.
1 On cherche, dans cet article à cymbales, à
| allécher vers la Bohême les touristes français
en souci de passer quelque part leurs vacan-
ces. On leur dépeint, sous un optimisme etavec
an fla-fla qui fait sourire tout étranger qui
connaît ce pays, les avantages et les beautés de
tout genre qu'on y doit rencontrer. On y vante.
l'aménité du Bohémien, on prise son «amour»,
de la France et on a soin d'ajouter — sans
doute pour ménager à la fois le chou nationa-
liste et la chèvre républicaine — quo les Tchè-
ques s'occupent peu de la politique intérieure
française « à cause de sa trop grande com-
plexité ».
C'est donc parce que les Tchèques ne pénè-
trent pas très bien ce qu'ils appellent la « com-
Slexité » de notre politique interne (pourtant
bien claire) qu'on peut cueillir dans les princi-
paux journaux de leur pays les épithètes les
plus inouïes à l'adresse au gouvernement fran-
çais et de la majorité de la nation ! Ainsi, la
presse tchèque, uni sono, apprend tous les
jours à ses lecteurs quelle mini stère républicain
est un ministère de traîtres -inlernationa,u.:v, une
tourbe internationaliste el, antipatriote ; que le
gouvernement a recours aux spadmsim de l'a-
narchie, que M. Combes est un père défroqué ;
que c'est le gouvernement qui, aujourd'hui, fa.-it
la Révolution ! Les Tchèques savent encore
par leurs organes que la présidence de la
Mpubliquc se distingue, par un. caractère
antipatriote et international, que le gouver-
nement-ne veut pas être envisagé comme un
gouvernement de patriotes, quo la Républi-
que est la malédiction dit peuple français I Ils
parlent, en outre, de l'ère d'internationalisme
antipatiiote ouverte par M. Waldeck-Rousseau,
des chargés d'affaires internationaux Combes el
0% de la décadence morale et matérielle de la
France, du délire mental des dreyfusards !.
etc., etc. ; j'en passe, et des meilleurs.
Corbleu 1 Pour prétendre, après ces compli-
ments, que les Tchèques portent de l'amitié au
peuple ae France, il faut vraiment que M.Froa- j
tis soit indulgent. aGardez-moi de mw amis, i
je me charge do mes ennemis », aurait .:
Fontaine.
En tout cas, Français, mes frores, et vous
tous, « amateurs des voyages », songez qu'a-
vant de vous aller fourvoyer en pays tcheque
(où l'on ne vous comprendra d'ailleurs pas), il
est chez nous de splendides régions, telles que
le Dauphiné, le Gévaudan et l'Auvergne, où
l'œil et l'esprit se peuvent tout aussi bien repo-
ser et où, pour son argent, on a du moins bon
manger el bon gîte. On n'en saurait dire autant
de la Bohême, où — n'en déplaise à quelques
ciceroni — la cherté de tout est véritablement
par trop peu en rapport avec l'incroyable pri-
mitif quo l'on y offre.
J'ai mangé, un jour, à Aïn-Sefra, une ex-
cellente omelette au naturel : je n'ai pu arri-
ver à m'en faire servir une en Bohême où j'ai
pourtant bien longtemps séjourné I Quant à
cette 9 jovialité » bohémienne dont on ne craint
point d'entretenir notre public, c'est — qu'on
me permette le mol — la « jovialité » du bon-
net de nuit ! — B,
H. LIB EN ANGLETERRE
DE PARIS A LONDRES
La première journée. — Départ de l'Elysée. — De la gare du
Nord à Boulogne. — Premiers discours. — ïfcemise de
décorations. — A bord du « Guichen ». — Dans les eaux
anglaises. - La revue navale. — A Douvres. -.
Souhaits de bienvenue. — L'arrivée à Londres.
- Réception enthousiaste. — Visites au roi
,., et à la famille royale. — A l'ambassade
de France.
(De notre emoyè spécial)
Le Président do la République est mainte-
nant l'hôte du roi Edouard Vil à qui il rend la
visite que le souverain anglais a faite en France
il y a deux mois.
C'est ainsi que nous l'avons dit, à 1 h. 17,
hier matin, que M. Loubet a pris le train à la
gare du Nord. Il avait quitté l'Elysée à 7 b.
moins un quart, sans escorte, dans un landau
découvert où avaient pris place le général Du-
bois, chef de sa maison militaire; M. Abel
Combaricu, secrétaire général de la présidence
— en uniforme — M. Henry Poulet, secrétaire
particulier du président.
Dans la seconde voiture étaient montés M.
Paul Louîîet et les commandants Chabaud et
Reibell, de la maison militaire.
A la gare du Nord
La façade de la gare était ornée de cartou-
ches au chiffre de la République et de faisceaux
de drapeaux.
Le Président de la République y a été reçu
par M. Combes, président du conseil, entouré
de tous les ministres; par les membres du con-
seil d'administration de la Compagnie du Nord:
, MM. Alphonse de RotlîschHd. président ; Griolet,
vice-président ; Vallon, administrateur ; les hauts
fonctionnaires de la Compagnie : MM. Sartiaux,
chef de l'exploitation ; Pierron, inspecteur en chef
des services actifs; Marie, Inspecteur des services
commerciaux ; par M. de Selves, préfet de la Seine;
Jo général Faure-Biguet, gouverneur militaire de
Paris ; les secrétaires de l'ambassade d'Angleterre
présents à Paris ; M. Cavard, directeur de la SI"-
reté-générale ;' Touny, directeur de la police muni-
cipiale, etc.
Avant de monter dans Je train présidentiel,,
M. Loubet serra la main des ministres, puis il
prit place dans le wagon salon en compagnie
de M. Delcassé. Le général Dubois, M. Comba-
rieu et les officiers de la maison militaire
prirent également place dans le wagon prési-
dentiel.
Sur le parcours
Boulogne sur-Mer, 6 juillet.
Il est exactement 10 h. lorsque le train pré-
sidentiel arrive à Boulogne. Les autorités
montent dans le wagon où ont lieu les présen-
tations.
Le convoi part aussitôt pour le bassin, de la
Marée. La foule est nombreuse. La réception
est enthousiaste; de nombreux cris de : « Vi-
ve Loubet ! Vive la République ! » sont pous-
sés.
Le Président se tient à la portière et salue la
foule pendant que les musiques jouent la Mar-
seillaise et que toutes les cloches de la ville son-
nent. Des salves d'artillerie parlent de tous les
points de la ville.
Toutes les maisons sont pavoises. x
Le chef de l'Etat est reçu par MM. Hugnet,
Ringot, Viseur et Bouilliez, sénateurs ; Achille
Adam, Mill; Valléo; Morel, Taillandier, Delelis,
députés; LeGall, trésorier-payeur général du
Pas-de-Calais ; Farjon, président de la chambre,
de commerce; l'amiral Touchard, préfet mari-
time de Cherbourg; les généraux Ryckebusch,
de Germiny et llibera.
1 Une délégation de lloulonna'.ses, vehies de
leur gracieux costume, vient offrir un bouquet
.au président do la BépulJlillue, M. Loubet ré-
pond aux souhaits du mairo de Boulogne, il
ajouté qu'en choisissant Boulogne comme port
d'embarquement el Calais comme port de dé-
barquement, il a voulu donner un gage d'har-
monie à ces deux grandes cités.
Le président de la Chambre de commerce
prononce ensuite une courte allocution à la-
quelle M. Loubet répond, puis le Président
procède ensuite, avec le cérémonial habituel, à
la fîose de la première pierre du futur bassin ;
il signe, avec M. Delcassé, le procès-verbal de
cotte cérémonie. Ce procès-verbal est scellé
dans la pierre avec une pièce en nickel. Une
médaillo commémorative en argent est remise
au Président do la République et au ministre
des affaires étrangères.
M. Loubet se rend alors à l'habitation de M.
Iluguet, qui est située à une très courte dis-
tance. Un lunch lui est offert par le sénateur
du Pas-de-Calais.
A 11 h. lli, le Président remonte dans le train
pour se rendre à la gare maritime ; il est salué
de nouveau par la population.
-' - L'embarquement
Avant do s'embarquer, le Président de la
République a remis la croix de chevalier de la
Légion d'honneur à M. Péron, maire de Bou-
logne; au chef de bataillon de l'arméo territo-
riale Qucttier et au lieutenant de réserve Chi-
mier et la médaille militaire au gendarme
Petit. -
Il a en oulro décerné les distinctions sui-
vantes : -
Olflcicr de l'instruction publique : M. Moret, di-
recteur de l'école de commerce.
Officiers d'académie • MU Pecleveck, secrétaire
de la chambre do commerce ; Delaohe, conducteur
des ponts et chaussées ; Malivat, vice-président du
conseil des prud'hommes ; Sollier, maire de Nenî-
châtel, et Binet, président de la délégation caato-
nalo.
QIfleier du mérite agricole ; M. Faure, ingénieur
de la Compagnie do.» eaux. -
Chevaliers du mérite agricole : MM. Girault,
professeur d'agriculture ; Sturbaut, maire de Con-
toville ; Lacroix, conducteur des ponts et chaus-
sées ; Lefebvre, conseiller d'arrondissement, et La-
noy, agriculteur.
L'ARRIVÉE EN ANGLETERRE
, Douvres, 6 juillet.
Le roi Edouard a tenu qu'avant de débarquer
sur la terre anglaise, M. Loubet passât en re-
vue quelques navires de la flotte anglaise. Dès
hier, ont pris position dans la rade de Douvres,
l'escadre do la Manche, une division de croi-
seurs et une flottille de 6 torpilleurs, au total
23 bâtiments. Les 17 gros navires s'étaient
rangés sur denx files entre lesquelles le Gui-
chtn, portant le Président de la République, a
passé avant de jeter l'ancre.
Les 17 gros navires sont alignés dans l'or-
dre suivant : à droite, Minerva, Dra/r"f', Raim-
bow, Brillian', Good-Hope, Anson, Sans-Pareil,
Rojial-Sovereing, Revenge ; la ligne sur la gau-
che du chemin que suivra le Guichen est for-
mé par : Dido, Venus, Mersej>, Hawke, Edgar,
Hood, Royal-Oak, Empress-of-ïndia.
C'est entre ces deux lignes imposantes que
le Guichen, qui a quitté Boulogne, escorté par
les deux contre-torpilleurs Harpon et Escopelle, Il
s'engage à midi 4ii. Le Guichen a été rejoint au
largo par la division anglaise des torpilleurs
et les six bâtiments encadrent le çroisçur pré-
[ sidentiel, dont l'apparition est saluée par une
salve de vingt et un coups de canon tirée pai
les navires anglais.
C'est une véritable revue navale que passe
M. Loubet. Les navires anglais ont arbore le
grand pavois. Au passage du Guichen, sur la
passerelle duquel se tient le président de la
Republique, l'équipage de chaque navire an-
glais, debout, pousse trois fois les cris régle- ,
mentaires : Hip f Hip 1 Hourra Ma compagnie
de débarquement présente les armes, les musi-
ques jouent la Marseillaise.
Le ciel est couvert; un vent violent souffle.
Quand le Guichen est sorti de la double ligne
formée par les bâtiments anglais, il jette l'an-
cre et salue la terre britannique d'une salv6
de vingt et un coups de canon. Cette salve est
rendue par la batterie installée au château de
Douvres, dans celte forteresse qui domine la
ville, surveille au loin la' mer et s'aperçoit à
une énorme distance, surplombant de sa masse
les falaises crayeuses taillées ù pic. Le soleil st;
montre entin.
lie débarquement
Le capitaine Ottley. attaché naval d'Angle-
terre à Paris, monte à bord du Guichen et pré-
sente à M. Loubet le vice-amiral sir Arthur
Wilson, commandant l'escadre de la Manche,
lequel présente à son tour les amiraux et les
commandants des navires sur rade.
Les présentations terminées, le président de
la République et les personnes de sa suite
quittent lé Guichen. Une nouvelle salve de
vingt et un coups de canon est tirée du châ-
teau de Douvres.
Lo débarquement se fait par un remorqueur
qui porte le pavillon présidentiel ; le bateau
conduit M. Loubet au pied de là «jetée du
prince de Galles B.
Un pavillon luxueux a été élevé sur la jetée.
La façade est ornée de trophées formés de dra-
peaux français et d'étendards royaux entourant
des écussons les uns aux armes royales, les
autres tricolores portant les initiales E. L. ou
R. F. Ce pavillon a été garni d'un mobilier
Louis XVI.
C'est le duc de Connaught, frère du roi, qui
reçoit M. Loubet quand le Président a mis la
pied sur la jetée et lui souhaite la bienvenue
au nom d'Edouard VII.
Le duc da Connaught avait quitté Londres à
dix heures avec M. Lambon, ambassadeur dct
France, M. Geoffray, ministre plénipotentiaire,
M. Daeschner, premier secrétaire, le comte de
Menneville, second secrétaire de l'ambassade,
le capitaine de vaisseau Schilling et le liènle-
naht-colonel d'Amade, attachés naval et mili-
taire il l'ambassade de France. Dans le même
train avaient pris place les personnalités qui
seront attachées à la personne de M. Loubet
pendant son séjour en Angleterre: le comte
Stanhope, le lord chambellan, le vice-amiral
sir Lewis Beaumont, le major générai Talbot,
le capitaine Fostescue, le colonel Worlley,atta-
ché militaire à Paris, et le capitaine dé vais-
seau Ottley, attaché naval.
Lia réception
Le maire de Douvres, précédé par des huis-
siers dontl'un porte une crosse d'or et l'autre
une sorte de trompe, s'avance tenant à 1*
main une longue verge blanche.
La garde d'honneur est formée sur la Jetée
par cent hommes d'un régiment ayant fait
toute la campagne de l'Afrique du Sud, por-
tant tous les médaillés de la reine et du roi,
vêtus d'une tunique rouge à revers jaunes,
avec la musique et les drapeaux déchiquetés.
Sur le parcours de la jetée à la gare, la foule
est énorme et l'enthousiasme immense.
A 1 h. 50, le duc de Connaught, en tenue de
feld-maréchal, accompagné do M. Cambon, re-
çoit le Président au basde l'escalier qui conduit
au pavillon.
Le Président est en habit, avec le grand-
cordon de la Légion d'honneur. M. Delcassé
porte le grand-cordon bleu de l'ordre Victoria
ainsi que M. Cambon. La musique joue la Mar-
seiilahe, le drapeau s'incline jusqu'à terre.
Après les présentations réciproques par le
duc de Connaught et le Président, le maire de
Douvres, entouré de son conseil municipal (la
corporation) remet à M. Loubet une adresse de
bienvenue écrite en anglais sur parchemin aux
armes de Douvres, avec le chiffre de la Répu-
blique française.
Voici le texte de la réponse de M. Loubet :
Monsieur le maire,
Je Tous remercie de vos compliments de bienve-
DUO.
Au moment où J'aborde sur le territoire de la
Grande-Bretagne, je tiens à vous dire avec quelle
satisfaction je suis venu, au nom de la France, ré-
pondre à la gracieusa invitation de S. M. le roi
Edouard VII et apporter à la grande nation voisine
un publie témoignage d'amitié.
La Grande-Bretagne et la France n'ont pas seu
lemént des raisons d'intérêt de se rapprocher et de
s'entendra ; elles ont, l'une comme l'autre, fondé
leur prospérité sur des institutions libérales; elles
ont roué un attachement pareil au maintien de la
psrix. Leur aeeord, utile et profitable à elles-mêmes,
no peut pas l'être moin3 au progrès de la civilisa-
tion et au bien de l'humauité.
M. Gauthier, consul de France à Douvres,
traduit la réponse présidentiel.
Le maire, vêtu du costume traditionnel, eu-
•lotte, bas de soie, habit, sur lequel est un large
manteau do fourrure ; au cou, un collier, coiffé
d'un bicorne ; le conseil municipal, dont les
membres sont vêtus d'une robe noire comme
celle des avocats, accompagnent M. Loubet.
Le maire lui remet un album sur les travaux
du port.
A la gare
Le trajet de la jetée à la gare se fait dans Ieu
carrosses royaux, simples landaux ordinaires,
écussonnés des armes royales.
La gare est décorée luxueusement, les quais
sont tendus d'étoffes rayées, blanc et rouge, sur
lesquelles court une frise bleu, ornées a'écus-
sons et de trophées de drapeaux multicolores ;
toujours tràs peu do drapeaux français.
Les troupes forment la haie de la jetée à la
gare.
L'escadre américaine est arrivée à onze hen.'
rea ; elle a salué la terre anglaise et le Guichen
Depuis la jetée, où le président a débarquét
Insqu'à la gare oit il monte, à deux heures et'.
demie, dans le train royal, qui doit le conduire:
à Londres, des mAts vénitiens sont planter
réunis par des guirlandes de fleurs artifiociel,
les ; des pavillons multicolores flottent.
Do place en plaoe, deU portiques supputer®
1 11,
CINQ CENTIMES le Numéroi PARIS & DÉPARTEMENTS
Le NéroCINQ. CENTIMES
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Ne 12171, — Mercredi 8 Juillet 1903
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NOS LEADERS
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T U iftn i ps f ) o CMïtpû
Lin Fi»
Le Rappel a raconté l'autre jour,
qu'un peintre, M. Luc-Olivier Mer son,
membre de l'Institut, ayant reçu de
l'Etat la commande de trente-six ta-
bleaux consacrés à l'Histoire de France,
et destinés aux écoles, avait eu l'heu-
reuse idée de s'adresser aux institu-
teurs, de leur demander quels sujets,
pour ces tableaux, leur paraîtraient les
plus favorables à finstruction de leurs
élèves.
Les instituteurs consultés se sont
unanimement prononcés pour des su-
jets pacifiques. « Pas de batailles ! pas
de massacres! », tel a été leur cri. Je
note le fait parce qu'il me parait indi-
quer un sérieux progrès des idées et
des mœurs.
Les hommes qui sont en ce moment
aux alentours de leur cinquantième an-
née d'existence, eussent été bien sur-
toris, si, quand ils usaient les bancs des
écoles, on s'était avisé de leur dire que
l'histoire de France peut être faite d'au-:
tre chose que de batailles et de mas-
sacres. Je me rappelle les livres d'his-'
toire que j'ai eus entre les mains
quand j'étais adolescent ; le récit des
guerres y prend toute la place presque;
à peine s'il y avait, à la 11n de chaque
« période »,quelques pages brièvement)
consacrées au progrès des lettres, des'
--- arts et des sciences.
Je ne sais guère si les méthodes ont
été beaucoup modifiées, mais il est'
certain que, de mon temps, on nous
condamnait en quelque sorte à l'admi-
ration des grands carnages qui ont-
désolé la France et le monde. On nous
faisait apprendre par cœur le nom des
« grands capitaines » et la date des
batailles ; on nous incitait à nous ex-
tasier sur les conquêtes ; si bien que,
remontant, par l'étude, le long des
temps vécus, nous pouvions avoir la<
sensation de marcher dans le sang.
Qui étaient pour nous les hommes
illustres, les « héros » de la France?
Les soldats.
Je n'ai pas rhonneur de connaître
M. Luc-Olivier Merson" mais je ne se-
rais pas le moins du monde surpris si,
quant il reçut la commande de ses
trente-six tableaux d'histoire de France,
sa première pensée n'avait pas été de
brosser trente-six descriptions de ba-
tailles, à l'instar de celles qui attris-
tent les yeux au musée de Versailles.
Félicitons-le du scrupule qui semble
lui être venu, qui lui a suggéré l'idée
de consulter les instituteurs.
Et voici que les instituteurs lui ré-
pondent : « Point de batailles. L'histoire
de France n'est pas là.» Pas plus qu'on
ae donnerait la sensation de la vie mo-
derne en colligeant les récits donnés
par les journaux d'attaques nocturnes
2t de rixes sanglantes, on ne peut, en
illustrant les guerres, raconter ce que
fut la vie passée. Des tableaux de ba-
taille, c'est l'équivalent de ces « mu-
sées du crime » que l'on rencontre dans
toute fète foraine, et où l'on voit la re-
constitution en grandeur naturelle de
la tragédie de Belgrade, voisiner avec
la reproduction en cire des têtes des
plus fameux guillotinés. Non ! non !
l'histoire de France n'est pas là. Ces
guerres, ces batailles, ces faits d'ar-
mes, ces actions dites glorieuses, sur
lesquels on a trop longtemps arrêté
l'admiration ignorante des jeunes gé.
nérations) ce ne sont que les laideurs,
lesdiflormités, les hontes de l'histoire,
Elle a, par bonheur, ses beautés qu'il
sied mieux de populariser par l'image,
ce puissant outil d'instruction. Ah!
monsieur le membre de l'Institut, au
lieu de nous montrer, de montrer à
nos enfants, le» hommes se ruant les'
uns contre les autres, s'entre-déchi-
rant comme des bêtes féroces, évoquez
(e souvenir de ceux qui, par leur
science, par leurs talents, par leurs
vertus, ont fait progresser l'humar
ni té.
.**
L'écho publié par le Rappel ajoutait
que M. Luc-Olivier Morson s'était mis
à la besogne sur ces données. A la
bonne heure! Voilà qui nous promet
une œuvre originale et intéressante.
S'il pouvait leur être donné de le con-
templer, MM. Horace Verne t, Y von, et
autres grands brosseurs de batailles
seraient sans doute considérablement
Monnés. Quoi donc? Plus de batail-
les?. Non, messieurs, on n'en veut
plus. Nous ne sommes plus des sauva-
ges, et l'odeur du sang nous répugne
mvinciblemcnt. «Mais alors,gémiraient-
ils, quoi peindre?. » Ah ! voilà.
Mais j'imagine que M. Merson n'é-
prouvera pas grandes difficultés à choi-
sir ses trente-six sujets. L'histoire de
France est riche, heureusement, en
« héros pacifiques ». Au surplus, je ne
manquerai pas de tact, qu'on en soit
bien certain, au point de donner à M.
Merson des conseils et des indications
dont, assurément, il n'a que faire.
J'ai dit que je voulais noter l'incident
à cause du progrès qu'il annonce dans
les mœurs. Si les instituteurs s'en
pÔlcMst ils ont, vous le voyez, -
flHU-û-iait l'ah' de vouloir s'en mêler —
et ils sont tout-à-fait dans leur rôle de
s'en mêler — il est probable que,, dans
un temps relativement court, on ne
verra plus les petits garçons français
jouer au soldat.
Ce sera, ne vous y trompez pas, un
très grand progrès.
Il y a quelque temps, j'ai assisté du
haut de - mon balcon, rue Condorcet, à
nne scène qui m'a fort intéressé. Sur
lé trottoir d'en face, des gosses jouaient;
et je fus quelque temps, je l'avoue, à
bien saisir le jeu. Enfin, je compris
qu'ils reproduisaient une scène de la
vie militaire. Quelle ? Celle-ci : Un
s'agenouilla le dos au mur, faisant face
à d'autres qui l'ajustaient au moyen de
bouts de bois représentant des fusils.
Un dernier qui, à quelques pas, bran-
dissait un autre échalas, baptisé : sa-
bre, abaissa ce sabre. J'entendis :
Poum! ce qui figurait la détonation ; et
celui qui s'était agenouillé, s'inclina.
sur le côté., demeura immobile, faisant
le mort.
Dites: n'est-ce pas exquis? Quelle
mentalité celarévèle, non chez ces mou-
tards, évidemment, mais chez ceux
dont lesdits moutards entendent les
conversations habituelles ! Car on peut
affirmer que les jeux des enfants ne
sont souvent que la traduction des
pensées paternelle,s.Qui a eu l'occasion
de faire sauter sur ses genoux la fil-
lette d'une dame de mœurs faciles,
sait à quoi s'en tenir là-dessus.
Pourquoi ne voit-on jamais, aux
Tuileries ni au Luxembourg, des en-
fants jouer à l'assassin ? Parce que
chez eux ils entendent flétrir l'ade
qualifié assassinat, et qu'on leur en a
inspiré l'horreur. Pourquoi les voit-on,
au contraire, jouer au soldat ? Parce
que, par les mêmes personnes, ils ont
entendu glorifier les hauts faits des
guerriers et qu'on leur a inspire l'ad-
miration de l'ensemble d'actes infâ-
mes, odieux, immoraux, que repré-
sente ce mot exécrable : la guerre. —
Je me rappelle un capitaine qui, à
force de nombrer les gens qu'il avait
tués au cours de sa carrière, avait fini
par inculquer à son fils, aimable bam-
bin, l'unique désir de tuer à son tour
beaucoup de monde, quand il serait
grand.
- Ces choses, plus tard, nous paraî-
tront singulièrement affligeantes, hon-
teuses. Les papas, alors, et les institu-
t.eurs diront aux petits à qui ils appren-
dront l'histoire de France : « Il y a eu
des guerres, des carnages, des massa-
cres, mais ce sont des souvenirs hon-
teux, passons; l'histoire de France
c'est rhistoire de l'esprit. humain en
marche sans cesse vers de plus en
plus de lumière, de justice, de bonté ;
l'histoire de France, comme l'histoire
de l'humanité tout entière, c'est le récit
des efforts faits par la raison et par l'a-
mour pour se délivrer des barbaries
ancestrales et s'affranchir des erreurs
originelles »
L'œuvre de M. Luc-Olivier Merson
paraît être un premier pas vers cette
voie féconde; c'est pourquoi fap-
plaudis.
Lucien Victor-Meunier.
,
M. LOUBET A LONDRES
n n'est pas possible de se
tromper au caractère de la ré-
ception qui est faite à M. Loubet
en Angleterre. A travers la cor-
rection naturelle et nécessaire
d'une telle réception, il apparaît
évident qu )1 y a, chez le peuple anglais et
chez les autorités qui le représentent, un
désir de se montrer particulièrement cor-
dial pour le Président de la République
française; et mille détails établissent que
nos voisins entendent faire acte de bons
voisins. A la Chambre des communes, il
s'est produit un incident qui indique que le
Parlement lui-même se fût officiellement
mis en avant par un acte solennel, si, com-
me le ministre l'a fait observer, il n'y eût eu
à cet acte certains inconvénients d'ordre
diplomatique. Quant à la nation elle-même,
elle s'est montrée, sur le passage de M.
Loubet, aussi énergiquement amicale et
chaleureuse qu'il était possible de l'espé-
rer.
En France, nous aurions mauvaise grâce
à ne point reconnaître la courtoisie de ces
procédas ; nous le ferons d'autant plus vo-
lontiers que nous y puisons la certitude
que le gouvernement @ et le peuple anglais
ont le désir de ne laisser entre nous au-
cune question à l'état irritant. Sous ce
rapport, un article imprimé pour la cir-
constance, en français, par la Saint-James-
Gazçtte, nous fait bien connaître l'ëtat
d'esprit qui regne à Londres ; l'article a
pour titre « Le bienvenu » et il dit :
« Quoique la visite du Président ne soit
que de courtoisie pure et simp'c, puisqu'il
n'existe entre la France et l'Angleterre ni
questions ni différends diplomatiques qu'il
faille arranger, la présence de M. Delcaseé
en Angleterre doit avoir des résultats avan-
tageux pour les deux pays». C'est ainsi,
en effet, que la situation, - nous - semble-t-iî,
doit être envisagée. ..,
N'ayons pas d'embanemenfutile, bien
entendu, mais reconnaissons que les pro-
cédés très, amicaux dont le représentant de
la France est l'objet dans son voyage à
Londres, sont l'indice d'une bonne volonté
.certaine à notre égard. Il n'existe pas entre
la France et l'Angleterre de « différends
diplomatiques qu'il faille arranger », c'est
vrai ; il existe seulement un certain nom-
bre de vues à échanger, dans un esprit,
amical; sur diverses matières intéressant
:l:; <;Qloiijcs de deux nations loyalement ri-
vales, Nous suppcsony bien que M, Del-
cassé saura tirer de son voyage à Londres
tous les « résultats avantageux » dont ce
voyage est susceptible « pour les deux
pays ». -- Ch. B.
40 -
UN SCANDALE
-
En rendant une fois de plus un jugement
contraire au bon sens et à l'équité, l'Institut
vient de porter un coup sérieux au concours de.
Rome, cette vieille institution que son grand,
àge rend caduque.
Deux des concurrents s'imposaient à l'atten-
tion par les grandes qualités musicales que
renfermaient leurs cantates : MM. Ducasse et
Ravel. Ce qui pouvait faire préférer le premier
au second, c'est l'architecture et l'excellente
tenue générale de son œuvre. Méconnaissant
ces qualités, les juges ont préféré envoyer à
Rome M. Laparrà dopt la partition aux idées
, mélodiques d'un charme un peu trop facile
était déparée par un trio aux sonorités désa-
gréables et une fin de très mauvais goût ; un
second prix l'eût convenablement récompensé.
Bien qu'immortels, MM. los membres de
l'Institut sont loin d'être infaillibles. Laissons.
le temps, grand redresseur de torts, rendre à
chacun la place qu'il mérite d'occuper.
Ce jugement ne peut d'ailleurs déplaire à-.
M. Lenepveu qui, grâce à cette combinaison,
voit deux concurrents redoutables laisser la
place à ses élèves. (M. Ducasse ayant atteint
la limite d'âge ne peut plus concourir.) - Un
musicien.
Voir eit t' page nos dépêches de llome sur
LA MALADIE DE LEON XIII et la BIOGRAPHIE DU
PAPE.
diBBnaaHBBmaHMaanaaangHnKrâîi
lit FAUTE D UN CATHOLIQUE -
Sous ce titre, la « Faute d'un, Protestant »,
M. Gaston Calmette fait, dans le Figaro, une
charge à fond de train contre M. Buisson qu'il
représente comme un protestant haineux et sec-'
taire qui essaie de détruire le catholicisme en
France au profit du protestantisme. -
Il parait que M. Buisson veut ressusciter en,
France les guerres civiles et les luttes reli-
gieuses, et qu'aida dé Pressensé et de Reveillaud,
deux protestants comme lui, il se prépare à
ériger le protestantisme en religion d'Etat. Ce
triumvirat dé parpaillots empêche M. Gaston
Calmctte de dormir.
Mais lorsqueM. Calmette ne dort pas, il rêve,
et les constructions de son imagination ne re-
posent que sur des bases de la plus haute fan-
taisie.
Nous sommes pourtant d'accord avec lui pour
reconnaître que le cléricalisme protestant est
aussi haineux, aussi dangereux, aussi exclusif
que le cléricalisme catholique, et ncus sommes
prêts à prendre le Figaro pour allié dans toute,
lutte contre le cléricalisme quelle que soitla secte
ou la confession que celui-ci prenne comme
étiquette.
Mais vraiment M. Calmette va un peu loin
en donnant l'épithète de cléricaux protestants à
Rc-veiliaud, à Buisson, à Pressensé. A-t-il perdu
la mémoire des incidents récents?
Ne se rappelle-t-il plus que Pressensé a dé-
posé sur le bureau de la Chambre le plus libé-
ral projet de séparation des Eglises et de l'Etat
qui ait jamais vu le jour dans une enceinte
parlementaire, projet où des avantages tels
sont accordés à la religion catholique que notre
ami Hubbard a dû immédiatement, au nom
des sociétés de « Libre-Pensée » de France, re-
mettre les choses au point, en déposant un
projet plus égalitaire.
Pressensé est-il un sectaire ?
Et Buisson est-il un sectaire lui aussi ? Il y
a quinze jours, il recevait los félicitations dit
Figaro lui-même pour avoir refusé de s'asso-
cier à la proposition Massé qu'il jugeait arbi-
traire, et pour avoir donné sa démission de
président de la commission des congrégations,
dont la majorité était favorable à cette propo-
sition.
Mais" où donc le Figaro puise-t-il ses rensei-
gnements, puisqu'il néglige de les chercher
dans ses propres colonnes-
11 y verrait non pas seulement Buisson hos-
tile à la mesure arbitraire préparée relative-
ment aux sécularisations, mais il y verrait
Buisson, hostile, hélas ! au monopole de l'en-
seignement, combattant par la parole et par la
plume en faveur de ce qu'il appelle la liberté
d'enseigner.
Que M. Gaston Calmette occupe quelques-
uns de ses loisirs à relire les discours et les ar-
ticles de Buisson. En sus des exemples de dia-
lectique forte et d'indépendance d'esprit qu'il y
découvrira, il y trouvera la preuve manifeste
qu'il a, hier,parlé un peu au hasard et raisonné
au petit bonheur. Puisse-t-il reconnaître ses
torts et essayer de réparer sa faute. C'est la
grâce que je lui souhaite. — L. Armbruster.
4»
UN SYNDICAT CONTRE LE SUFFRAGE UNIVERSEL
tDe notre correspondant particulier)
Leipzig, 6 juillet.
Un puissant syndicat des capitalistes s'est
constitué dans le but de combattre l'institution
du suffrage universel. -
Des sommes assez considérables ont été déjà
souscrites. A remarquer que parmi les gens qui
subventionnent la campagne contre le suffrage
populaire il y a plusieurs notables de la bour-
geoisie libérale.
Le syndicat commencera par la création
d'une Agence télégraphique pour le service des
journaux.
é ■■
BJOERNSON BJOERNSTERNE
DANS LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
{Dt noire correspondant particulier)
Christiania, 6 juillet.
Les élections générales pour le Storthing de-
vant avoir lieu sous peu, Bjosrnson Bjoerns-
terne annonce qu'il prendra une part active à
la campagne électorale. Il se propose do com-
battre une partie de ses anciens coreligionnai-
res politiques : les radicaux..
Bjoernson se montre disposé à faire des con-
cessions à la Suède pour la question des con-
sulats.
EN ALGÉRIE
Alger, 6 juillet.
Hier ont-eu lieu à St-Eugène, près d'Alger,
lis .élections municipales pour remplacer le
conseil municipal récemment dissous.
La liste républicaine est. élue à 70 voix de
majorité, battant la liste antijuive qui avait été
patronnée par l'ancien maire.
———————————— »
LA TURQUIE ET LA BULGARIE
Francfort, 6 juillet.
On télégraphie de Constantinoplo à la Gazelle
de Francfort :
« La Porte a fait savoir à plusieurs repré-
sentants diplomatiques qu'elle considérait com-
me une provocation l'envoi de réserves bulga-
res sur la frontière, et qu'elle allait y répondre
en augmentant considérablement ses forces mi.,
litaires. Les levées de troupes actuelles ont sim-
frtement pour but d'exercer une surveillance
rigoureuse pour empêcher toute incursion
djéléments révolutionnaires. Dans les milieux
diplomatiques, on redoute des complications
au cas où la Bulgarie enverrait à la frontière
de nouveaux corps de troupes.
« Le parti militaire à Yidiz-Kiosk déploie
une activité fébrile. Les ministres, qui ne con-
sidèrent pas comme profitable une campagne
même victorieuse, ont beaucoup de peine à lui
résister. Le sultan lui-même est opposé à la
guerre.
a Le comte Lansdorff, ministre des affaires
étrangères de Russie, a fait conseiller à Cons-
tantinople et à Sofia de maintenir l'ordre et le
calme.»
REVOLUTION DE PALAIS A CONSTANTINOPLE
(De notre correspondant particulier)
Salonique, 6 juillet.
Les journaux européens ont raconté, ces
jours derniers, qu'un chariot chargé de qua-
rante cadavres avait quitté mystérieusement le
Yildiz-Kliosk ; mais ils n'ont pu donner aucun
détail explicatif sur cette affaire. Or, il ne s'a-
gissait de rien moins que d'une révolution de
palais.
Sous l'impression des événements de Bel-
grade, un grand nombre de jeunes officiers et
d'élèves de VFcole militaire auraient décidé de
s'emparer do la personne du sultan Abdul-Ha-
mid, do le forcer à l'abdication et de le rem-
placer par son frère cadet, Djoubati Bey. Le
plan échoua, grâce à la vigilance d'Ali-Moha-
met. l'ancien portefaix devenu pacha, qui veille
sur le sommeil du sultan. La garde albanaise
entoura les conjurés et les tailla en pièces. Le
nombre des cadavres qu'on a enlevés clandesti-
nement du palais atteint le chiffre de trois
cents.
JLJE PAPE
[De notre corresponmnt particulier)
Rome, 6 juillet.
Le cardinal Matthieu a du interrompre son
diner et se rendre en hâte au Vatican. On croit
que la situation s'est encore aggravée.
Dans tous les cas, au palais Braschi (minis-
tère de l'intérieur), tout le monde se tient en
permanence en vue des événements du Vatican.
A en croire un bruit fort accrédité, entre le
saint-siège et le gouvernement italien il y a
un accord tacite tendant à tenir la nouvelle de
la mort du pape secrète pendant 12 heures.
Des cardinaux étrangers sont déjà arrivés à
Rome.
Dans le monde diplomatique, on raconte
que l'Autriche-Hongrie se prépare a user de
son droit au conclave et qu'elle a déjà donné
des instructions bien formelles à ce sujet.
ARRESTATION MYSTÉRIEUSE
A SAINT-PÉTERSBOURG
{De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 5 juillet.
Sur l'ordre de M. de Plehwe, ministre de
l'intérieur, on vient d'arrêter un personnage
du grand monde accusé d'avoir des relations
avec le parti révolutionnaire.
L'arrestation a eu lieu dans le plus grand
secret, et on fait le possible pour empêcher
toute divulgation du nom du prisonnier.
Le personnage en question aurait eu la mis-
sion de déposer sur le bureau du tzar des
avertissements du comité central révolution-
naire.
Voir à la 3° page
les Dernières Oépôclies
de la xiuit
et la Revue des J"ournaux
du matin -
LA RECLAMETCHÈQUE
*
L'Evénement du 29 juin a publié, sous le
titre : Aux amateurs des voyages, un article si-
gné « Frohtis », visiblement émané de Prague,
et qui constitue un audacieux coup de grosse
caisse au milieu de ce tam-tam tchèque dont,
depuis quelque temps, les oreilles françaises se
trouvent inexorablement rebattues.
1 On cherche, dans cet article à cymbales, à
| allécher vers la Bohême les touristes français
en souci de passer quelque part leurs vacan-
ces. On leur dépeint, sous un optimisme etavec
an fla-fla qui fait sourire tout étranger qui
connaît ce pays, les avantages et les beautés de
tout genre qu'on y doit rencontrer. On y vante.
l'aménité du Bohémien, on prise son «amour»,
de la France et on a soin d'ajouter — sans
doute pour ménager à la fois le chou nationa-
liste et la chèvre républicaine — quo les Tchè-
ques s'occupent peu de la politique intérieure
française « à cause de sa trop grande com-
plexité ».
C'est donc parce que les Tchèques ne pénè-
trent pas très bien ce qu'ils appellent la « com-
Slexité » de notre politique interne (pourtant
bien claire) qu'on peut cueillir dans les princi-
paux journaux de leur pays les épithètes les
plus inouïes à l'adresse au gouvernement fran-
çais et de la majorité de la nation ! Ainsi, la
presse tchèque, uni sono, apprend tous les
jours à ses lecteurs quelle mini stère républicain
est un ministère de traîtres -inlernationa,u.:v, une
tourbe internationaliste el, antipatriote ; que le
gouvernement a recours aux spadmsim de l'a-
narchie, que M. Combes est un père défroqué ;
que c'est le gouvernement qui, aujourd'hui, fa.-it
la Révolution ! Les Tchèques savent encore
par leurs organes que la présidence de la
Mpubliquc se distingue, par un. caractère
antipatriote et international, que le gouver-
nement-ne veut pas être envisagé comme un
gouvernement de patriotes, quo la Républi-
que est la malédiction dit peuple français I Ils
parlent, en outre, de l'ère d'internationalisme
antipatiiote ouverte par M. Waldeck-Rousseau,
des chargés d'affaires internationaux Combes el
0% de la décadence morale et matérielle de la
France, du délire mental des dreyfusards !.
etc., etc. ; j'en passe, et des meilleurs.
Corbleu 1 Pour prétendre, après ces compli-
ments, que les Tchèques portent de l'amitié au
peuple ae France, il faut vraiment que M.Froa- j
tis soit indulgent. aGardez-moi de mw amis, i
je me charge do mes ennemis », aurait .:
Fontaine.
En tout cas, Français, mes frores, et vous
tous, « amateurs des voyages », songez qu'a-
vant de vous aller fourvoyer en pays tcheque
(où l'on ne vous comprendra d'ailleurs pas), il
est chez nous de splendides régions, telles que
le Dauphiné, le Gévaudan et l'Auvergne, où
l'œil et l'esprit se peuvent tout aussi bien repo-
ser et où, pour son argent, on a du moins bon
manger el bon gîte. On n'en saurait dire autant
de la Bohême, où — n'en déplaise à quelques
ciceroni — la cherté de tout est véritablement
par trop peu en rapport avec l'incroyable pri-
mitif quo l'on y offre.
J'ai mangé, un jour, à Aïn-Sefra, une ex-
cellente omelette au naturel : je n'ai pu arri-
ver à m'en faire servir une en Bohême où j'ai
pourtant bien longtemps séjourné I Quant à
cette 9 jovialité » bohémienne dont on ne craint
point d'entretenir notre public, c'est — qu'on
me permette le mol — la « jovialité » du bon-
net de nuit ! — B,
H. LIB EN ANGLETERRE
DE PARIS A LONDRES
La première journée. — Départ de l'Elysée. — De la gare du
Nord à Boulogne. — Premiers discours. — ïfcemise de
décorations. — A bord du « Guichen ». — Dans les eaux
anglaises. - La revue navale. — A Douvres. -.
Souhaits de bienvenue. — L'arrivée à Londres.
- Réception enthousiaste. — Visites au roi
,., et à la famille royale. — A l'ambassade
de France.
(De notre emoyè spécial)
Le Président do la République est mainte-
nant l'hôte du roi Edouard Vil à qui il rend la
visite que le souverain anglais a faite en France
il y a deux mois.
C'est ainsi que nous l'avons dit, à 1 h. 17,
hier matin, que M. Loubet a pris le train à la
gare du Nord. Il avait quitté l'Elysée à 7 b.
moins un quart, sans escorte, dans un landau
découvert où avaient pris place le général Du-
bois, chef de sa maison militaire; M. Abel
Combaricu, secrétaire général de la présidence
— en uniforme — M. Henry Poulet, secrétaire
particulier du président.
Dans la seconde voiture étaient montés M.
Paul Louîîet et les commandants Chabaud et
Reibell, de la maison militaire.
A la gare du Nord
La façade de la gare était ornée de cartou-
ches au chiffre de la République et de faisceaux
de drapeaux.
Le Président de la République y a été reçu
par M. Combes, président du conseil, entouré
de tous les ministres; par les membres du con-
seil d'administration de la Compagnie du Nord:
, MM. Alphonse de RotlîschHd. président ; Griolet,
vice-président ; Vallon, administrateur ; les hauts
fonctionnaires de la Compagnie : MM. Sartiaux,
chef de l'exploitation ; Pierron, inspecteur en chef
des services actifs; Marie, Inspecteur des services
commerciaux ; par M. de Selves, préfet de la Seine;
Jo général Faure-Biguet, gouverneur militaire de
Paris ; les secrétaires de l'ambassade d'Angleterre
présents à Paris ; M. Cavard, directeur de la SI"-
reté-générale ;' Touny, directeur de la police muni-
cipiale, etc.
Avant de monter dans Je train présidentiel,,
M. Loubet serra la main des ministres, puis il
prit place dans le wagon salon en compagnie
de M. Delcassé. Le général Dubois, M. Comba-
rieu et les officiers de la maison militaire
prirent également place dans le wagon prési-
dentiel.
Sur le parcours
Boulogne sur-Mer, 6 juillet.
Il est exactement 10 h. lorsque le train pré-
sidentiel arrive à Boulogne. Les autorités
montent dans le wagon où ont lieu les présen-
tations.
Le convoi part aussitôt pour le bassin, de la
Marée. La foule est nombreuse. La réception
est enthousiaste; de nombreux cris de : « Vi-
ve Loubet ! Vive la République ! » sont pous-
sés.
Le Président se tient à la portière et salue la
foule pendant que les musiques jouent la Mar-
seillaise et que toutes les cloches de la ville son-
nent. Des salves d'artillerie parlent de tous les
points de la ville.
Toutes les maisons sont pavoises. x
Le chef de l'Etat est reçu par MM. Hugnet,
Ringot, Viseur et Bouilliez, sénateurs ; Achille
Adam, Mill; Valléo; Morel, Taillandier, Delelis,
députés; LeGall, trésorier-payeur général du
Pas-de-Calais ; Farjon, président de la chambre,
de commerce; l'amiral Touchard, préfet mari-
time de Cherbourg; les généraux Ryckebusch,
de Germiny et llibera.
1 Une délégation de lloulonna'.ses, vehies de
leur gracieux costume, vient offrir un bouquet
.au président do la BépulJlillue, M. Loubet ré-
pond aux souhaits du mairo de Boulogne, il
ajouté qu'en choisissant Boulogne comme port
d'embarquement el Calais comme port de dé-
barquement, il a voulu donner un gage d'har-
monie à ces deux grandes cités.
Le président de la Chambre de commerce
prononce ensuite une courte allocution à la-
quelle M. Loubet répond, puis le Président
procède ensuite, avec le cérémonial habituel, à
la fîose de la première pierre du futur bassin ;
il signe, avec M. Delcassé, le procès-verbal de
cotte cérémonie. Ce procès-verbal est scellé
dans la pierre avec une pièce en nickel. Une
médaillo commémorative en argent est remise
au Président do la République et au ministre
des affaires étrangères.
M. Loubet se rend alors à l'habitation de M.
Iluguet, qui est située à une très courte dis-
tance. Un lunch lui est offert par le sénateur
du Pas-de-Calais.
A 11 h. lli, le Président remonte dans le train
pour se rendre à la gare maritime ; il est salué
de nouveau par la population.
-' - L'embarquement
Avant do s'embarquer, le Président de la
République a remis la croix de chevalier de la
Légion d'honneur à M. Péron, maire de Bou-
logne; au chef de bataillon de l'arméo territo-
riale Qucttier et au lieutenant de réserve Chi-
mier et la médaille militaire au gendarme
Petit. -
Il a en oulro décerné les distinctions sui-
vantes : -
Olflcicr de l'instruction publique : M. Moret, di-
recteur de l'école de commerce.
Officiers d'académie • MU Pecleveck, secrétaire
de la chambre do commerce ; Delaohe, conducteur
des ponts et chaussées ; Malivat, vice-président du
conseil des prud'hommes ; Sollier, maire de Nenî-
châtel, et Binet, président de la délégation caato-
nalo.
QIfleier du mérite agricole ; M. Faure, ingénieur
de la Compagnie do.» eaux. -
Chevaliers du mérite agricole : MM. Girault,
professeur d'agriculture ; Sturbaut, maire de Con-
toville ; Lacroix, conducteur des ponts et chaus-
sées ; Lefebvre, conseiller d'arrondissement, et La-
noy, agriculteur.
L'ARRIVÉE EN ANGLETERRE
, Douvres, 6 juillet.
Le roi Edouard a tenu qu'avant de débarquer
sur la terre anglaise, M. Loubet passât en re-
vue quelques navires de la flotte anglaise. Dès
hier, ont pris position dans la rade de Douvres,
l'escadre do la Manche, une division de croi-
seurs et une flottille de 6 torpilleurs, au total
23 bâtiments. Les 17 gros navires s'étaient
rangés sur denx files entre lesquelles le Gui-
chtn, portant le Président de la République, a
passé avant de jeter l'ancre.
Les 17 gros navires sont alignés dans l'or-
dre suivant : à droite, Minerva, Dra/r"f', Raim-
bow, Brillian', Good-Hope, Anson, Sans-Pareil,
Rojial-Sovereing, Revenge ; la ligne sur la gau-
che du chemin que suivra le Guichen est for-
mé par : Dido, Venus, Mersej>, Hawke, Edgar,
Hood, Royal-Oak, Empress-of-ïndia.
C'est entre ces deux lignes imposantes que
le Guichen, qui a quitté Boulogne, escorté par
les deux contre-torpilleurs Harpon et Escopelle, Il
s'engage à midi 4ii. Le Guichen a été rejoint au
largo par la division anglaise des torpilleurs
et les six bâtiments encadrent le çroisçur pré-
[ sidentiel, dont l'apparition est saluée par une
salve de vingt et un coups de canon tirée pai
les navires anglais.
C'est une véritable revue navale que passe
M. Loubet. Les navires anglais ont arbore le
grand pavois. Au passage du Guichen, sur la
passerelle duquel se tient le président de la
Republique, l'équipage de chaque navire an-
glais, debout, pousse trois fois les cris régle- ,
mentaires : Hip f Hip 1 Hourra Ma compagnie
de débarquement présente les armes, les musi-
ques jouent la Marseillaise.
Le ciel est couvert; un vent violent souffle.
Quand le Guichen est sorti de la double ligne
formée par les bâtiments anglais, il jette l'an-
cre et salue la terre britannique d'une salv6
de vingt et un coups de canon. Cette salve est
rendue par la batterie installée au château de
Douvres, dans celte forteresse qui domine la
ville, surveille au loin la' mer et s'aperçoit à
une énorme distance, surplombant de sa masse
les falaises crayeuses taillées ù pic. Le soleil st;
montre entin.
lie débarquement
Le capitaine Ottley. attaché naval d'Angle-
terre à Paris, monte à bord du Guichen et pré-
sente à M. Loubet le vice-amiral sir Arthur
Wilson, commandant l'escadre de la Manche,
lequel présente à son tour les amiraux et les
commandants des navires sur rade.
Les présentations terminées, le président de
la République et les personnes de sa suite
quittent lé Guichen. Une nouvelle salve de
vingt et un coups de canon est tirée du châ-
teau de Douvres.
Lo débarquement se fait par un remorqueur
qui porte le pavillon présidentiel ; le bateau
conduit M. Loubet au pied de là «jetée du
prince de Galles B.
Un pavillon luxueux a été élevé sur la jetée.
La façade est ornée de trophées formés de dra-
peaux français et d'étendards royaux entourant
des écussons les uns aux armes royales, les
autres tricolores portant les initiales E. L. ou
R. F. Ce pavillon a été garni d'un mobilier
Louis XVI.
C'est le duc de Connaught, frère du roi, qui
reçoit M. Loubet quand le Président a mis la
pied sur la jetée et lui souhaite la bienvenue
au nom d'Edouard VII.
Le duc da Connaught avait quitté Londres à
dix heures avec M. Lambon, ambassadeur dct
France, M. Geoffray, ministre plénipotentiaire,
M. Daeschner, premier secrétaire, le comte de
Menneville, second secrétaire de l'ambassade,
le capitaine de vaisseau Schilling et le liènle-
naht-colonel d'Amade, attachés naval et mili-
taire il l'ambassade de France. Dans le même
train avaient pris place les personnalités qui
seront attachées à la personne de M. Loubet
pendant son séjour en Angleterre: le comte
Stanhope, le lord chambellan, le vice-amiral
sir Lewis Beaumont, le major générai Talbot,
le capitaine Fostescue, le colonel Worlley,atta-
ché militaire à Paris, et le capitaine dé vais-
seau Ottley, attaché naval.
Lia réception
Le maire de Douvres, précédé par des huis-
siers dontl'un porte une crosse d'or et l'autre
une sorte de trompe, s'avance tenant à 1*
main une longue verge blanche.
La garde d'honneur est formée sur la Jetée
par cent hommes d'un régiment ayant fait
toute la campagne de l'Afrique du Sud, por-
tant tous les médaillés de la reine et du roi,
vêtus d'une tunique rouge à revers jaunes,
avec la musique et les drapeaux déchiquetés.
Sur le parcours de la jetée à la gare, la foule
est énorme et l'enthousiasme immense.
A 1 h. 50, le duc de Connaught, en tenue de
feld-maréchal, accompagné do M. Cambon, re-
çoit le Président au basde l'escalier qui conduit
au pavillon.
Le Président est en habit, avec le grand-
cordon de la Légion d'honneur. M. Delcassé
porte le grand-cordon bleu de l'ordre Victoria
ainsi que M. Cambon. La musique joue la Mar-
seiilahe, le drapeau s'incline jusqu'à terre.
Après les présentations réciproques par le
duc de Connaught et le Président, le maire de
Douvres, entouré de son conseil municipal (la
corporation) remet à M. Loubet une adresse de
bienvenue écrite en anglais sur parchemin aux
armes de Douvres, avec le chiffre de la Répu-
blique française.
Voici le texte de la réponse de M. Loubet :
Monsieur le maire,
Je Tous remercie de vos compliments de bienve-
DUO.
Au moment où J'aborde sur le territoire de la
Grande-Bretagne, je tiens à vous dire avec quelle
satisfaction je suis venu, au nom de la France, ré-
pondre à la gracieusa invitation de S. M. le roi
Edouard VII et apporter à la grande nation voisine
un publie témoignage d'amitié.
La Grande-Bretagne et la France n'ont pas seu
lemént des raisons d'intérêt de se rapprocher et de
s'entendra ; elles ont, l'une comme l'autre, fondé
leur prospérité sur des institutions libérales; elles
ont roué un attachement pareil au maintien de la
psrix. Leur aeeord, utile et profitable à elles-mêmes,
no peut pas l'être moin3 au progrès de la civilisa-
tion et au bien de l'humauité.
M. Gauthier, consul de France à Douvres,
traduit la réponse présidentiel.
Le maire, vêtu du costume traditionnel, eu-
•lotte, bas de soie, habit, sur lequel est un large
manteau do fourrure ; au cou, un collier, coiffé
d'un bicorne ; le conseil municipal, dont les
membres sont vêtus d'une robe noire comme
celle des avocats, accompagnent M. Loubet.
Le maire lui remet un album sur les travaux
du port.
A la gare
Le trajet de la jetée à la gare se fait dans Ieu
carrosses royaux, simples landaux ordinaires,
écussonnés des armes royales.
La gare est décorée luxueusement, les quais
sont tendus d'étoffes rayées, blanc et rouge, sur
lesquelles court une frise bleu, ornées a'écus-
sons et de trophées de drapeaux multicolores ;
toujours tràs peu do drapeaux français.
Les troupes forment la haie de la jetée à la
gare.
L'escadre américaine est arrivée à onze hen.'
rea ; elle a salué la terre anglaise et le Guichen
Depuis la jetée, où le président a débarquét
Insqu'à la gare oit il monte, à deux heures et'.
demie, dans le train royal, qui doit le conduire:
à Londres, des mAts vénitiens sont planter
réunis par des guirlandes de fleurs artifiociel,
les ; des pavillons multicolores flottent.
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