Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 juillet 1903 03 juillet 1903
Description : 1903/07/03 (N12166). 1903/07/03 (N12166).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le jNHratté«Hj3
PARS A DÉPARTEMENTS
- Le Numéro CINQ CENTIMES ,
LE XIXE SIECLES
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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d chez MM. LAGRANGE, CERF fltO,
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Ne 12166. — Vendredi 3 Juillet 1903
18 MESSIDOR AN 111
ADMINISTRATION ; 14. rue du Hall
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
âgrieÉirejtBieairatie
L'histoire serait amusante, si elle
n'avait de si fâcheuses conséquences.'
Elle mérite, en tous cas, d'être rappe-
lée en détail, afin d'en tirer la moralité
qu'elle comporte.
Il s'agissait de renouveler le privi-
lège de la Banque de France. Les ré-
sistances étaient vives, l'opposition vi-
goureuse. La majorité oscillait des uns
aux autres sans parvenir à se fixer. On
s'efforça d'intéresser l'agriculture au
succès de la combinaison.
Il fut donc convenu et voté que la
Banque de France fournirait au Trésor
public pour toute la durée de son pri -
vilège cette avance, non productive:
d'intérêts, de 40 millions.
Il était, en outre, décidé par la
même loi (loi du 17 novembre 1897,
art. 5), que la Banque verserait an-
nuellement à l'Etat une redevance égale
au produit du huitième du taux de
l'escompte par le chiffre de la circula-
tion productive, sans que cette somme
pût, en aucun cas, être inférieure à
deux millions.
Cette avance de 40 millions et ces
redevances annuelles étaient destinées
à alimenter la création et le fonction-
nement des caisses régionales de cré-
dit agricole, constituées conformément,
à la loi.
Voilà, semble-t-il, nos agriculteurs
kien heureux. Le pactole va couler
ibondamment dans les campagnes et
verser des flots d'or dans nos villages,
ie crédit agricole sérieusement orga-
nisé et pratiqué, c'est le paysan com-
mençant d'être son maître, c'est le
travailleur des champs libéré, c'est la
prospérité générale, c'est la Républi-
que donnant une nouvefte preuve t,n-
gible et effective. de sa sollicitude vi-
gilante pour ces travailleurs agricoles
îjui attendent d'elle tant de choses et
qui, d'avance, lui ont tant donné !
Malheureusement, l'administration
de l'agriculture l'a tout autrement en-
tendu. Au lieu de favoriser ce mou-
vement, elle a isat lait gssr l'enrayer,
Des sociétés nombreuses se sont fon-
dées, composées de personnalités d'une
indiscutable honorabilité et d'une sol-
vabilité notoire. Elles ont rédigé leurs
statuts conformément à la loi; elles
les ont adressés au ministre de l'agri-
culture avec une demande de sub-
vention; elles attendent encore une
réponse.
Pourquoi cette lenteur à prendre un
parti ? Pourquoi ? Eh mon Dieu ! tout
simplement par ce que le haut person-
nel des bureaux est antirépublicain et
veut atténuer et, si possible, détruire
les effets d'une loi qui rattacherait plus
fermement encore nos paysans à la
République.
Certes, les ministres que nous avons
vus à l'œuvre, hier M. Jean Dupuy, au-
jourd'hui M. Mougeot, sont des répu-
blicains fermes, sincères et compé-
tents. Les collaborateurs qu'ils ont
appelés près d'eux, notre excellent et
distingué ami Deloncle, dont les élec-
teurs de Vincennes feront, nous l'es-
pérons bien, un député le 19 juillet
ceux que M. Mougeot a amenés avec'
lui sont des républicains indiscu-
tables, avec lesquels nous avons eu et
nous avons grand plaisir à traiter les
affaires de nos circonscriptions. Si
tout pouvait se faire par eux, nous,
n'aurions aucune plainte à formuler;
ieur amour de la République, leur in-i
lelligence, leur activité, leur zèle à!
remplir leurs fonctions et leur dévoue-
ment à l'agriculture nous offrent tou-
tes garanties. :
Mais la plupart des affaires se trai-
lent dans les bureaux. Les ministres
et le personnel de leur cabinet sont;
républicains. Mais les bureaux sont
réactionnaires, et les bureaux se con-
sidèrent comme l'élément permanent
et supérieur du département ministé-
riel, tandis qu'ils ne voient dans les
ministres qu'un élément inférieur et
éphémère.
Pour punir les campagnes de leur
invincible attachement à la Républi-
que il a donc été décidé en haut lieu,
que les demandes de subventions se-
raient examinées avec une telle len-
teur que les années s'écouleraient sans:
résultat. Nombreux sont les députés et
sénateurs républicains dont nous pour-
rions citer les noms et dont les dé-
marches pour des sociétés sérieuses et
fortement constituées sont demeu-
rées lettres mortes.
Les sociétés agricoles orft donc voulu,
toucher les sommes qui leur étaient
destinées. Elles y avaient un droit in-
contestable. Les bureaucrates supé-
rieurs qui entretiennent avec fidélité
et pureté; telle l'antique vestale, le feu
.E3(:l'é réactionnaire, s'y sont opposés.
les sommes sont restées en caisse.
| Là-dessus arrive le ministre des fi-
nances. Il a besoin d'argent. Il voit
.(ees fonds disponibles et s'écrie :
« Puisque l'agriculture ne les prend!
ipas, c'est qu'elle n'en a pas besoin.
:)Is lui sont inutiles et me seraient
,¿d'une ê18 ee-té, je prie donc
'qû me les donne, »
Les députés amis des campagnes ont
protesié dans leurs bureaux au mo-
ment de la nomination de la commis-
sion du budget, là commission de l'a-
griculture a protesté à son tour, le:
groupe des intérêts agricoles a for-
mulé également de véhémentes pro-
testations. Nous espérons bien que
l'agriculture aura gain de cause,* mais.
elle n'aurait point passé par une si
chaude alarme, si les bureaux minis-
tériels n'avaient pas eu l'attitude que
nous signalons plus haut.
Au surplus et si le ministre des fi-
nances veut de l'argent, nous lui indi-
querons.le moment venu,certaines éco-
nomies nécessaires. Non pas celles qui
portent sur les malheureux petits em-
ployés, mais celles portant sur les chefs
dont il faut réduire et le nombre et le
traitement. Quand un organe est nuisi-
ble, comme dans le cas qui nous oc-
cupe, il n'est pas très sage de le con-
server. On nous dira que la tâche est.
difficile. Peut-être. Mais nous estimons
que le rond de cuir n'a d'importance
qu'avec un parlement-croupion. Tel
n'est pas le cas du nôtre.
Louis Martin.
VACANCES LABORIEUSES
Décidément, Klotz renonce,
sur les instances de la délégation
des gauches, à demander des
explications sur le sort de; ce
projet Massé que M. Combes
déclarait nécessaire à la Cham-
bré et qu'il proclame inutile au Sénat:
-Klotz avait mille fois raison de déposer sa
motion; il n'a peut-être pas tort de la re-
tirer.
Les députés sont iatigués : ils ont siégé
quatre fois par semaine pendant près de
deux mois. Commele remarquait spirituel-'
lement Marcel Sembat; dans une récente
allocution, il convient de ne pas retarder
ceux de nos collègues qui, déjà, viennent
.aux séances en tenue de villégiature.
Le ministère va donc avoir pleine liberté
de mouvements pendant quelques mois.
Espérons qu'il en profitera pour faire de
l'action républicaine. Car les vacances du
pouvoir législatif n'entraînent pas forcé-
ment l'inaction de l'exécutif. Si tant est que
nous fussions les gêneurs, comme on nous
le faisait dire avec amabilité, nous ne gêne-
rons point le gouvernement pendant un
bon bout de temps.
M. Combes sera délivré de toute autre
préoccupation que celle d'appliquer la loi
aux congrégations. Aujourd'hui, il se dit
convenablement armé ; je n'insisterai pas
sur ce fait qu'il affirmait le contraire la se-
maine dernière. Acceptons que le second
mouvement soit le bon.
Il est entendu que la loi, de 1901 se, suffit
à elle-même et satisfait aussi bien aux
vœux de M. Combes.
Le président du conseil compte sur les
tribunaux pour ramener dans le droit che-
min les congréganistes qui se laissent en-
traîner à battre la campagne. J'espère qu'il
ne connaîtra aucun déboire.
Magistrature debout, magistrature assise
rivaliseront de zèle pour le triomphe, de la,
République ?
Je voudrais en être sûr.Ces magistrats se
croyaient à la veille d'être dessaisis des
procès engagés devant eux. Ils étaient sur
le point d'être délivrés du duel engagé en-
tre leur loyalisme démocratique et leurs
sympathies réactionnaires. Soudain, ils
sont conviés-à reprendre une tâche qui sç,
leur a jamais beaucoup plu.
Je ne puis m'empêcher d'appréhender
quelque flottement chez nos juges. Et je ne
croirai qu'après épreuves décisives à l'iné-
branlable solidité de nos parquets. — Ch. B.
LA BULGARIE ET LA PORTE
Francfort, fr juillet.
On télégraphie de Sofia à la Gazette de Franc-
fort :
La note du gouvernement bulgare à la Porto
est conçue en termes énergiques. Elle rappelle
les mesures prises par le gouvernement bul-
gare pour étouffer le mouvement révolution-
naire en Macédoine, ainsi que la demande for-
mulée au sujet de réformes à introduire. Au
lieu de réaliser ces réformes, la Turquie sem-
ble poursuivre un but qui entraînerait une
catastrophe désastreuse pour les deux pays.
La situation est plus.grave qu'elle n'a jamais
été. En présence de la concentration de trou-
pes turques, la Bulgarie est obligée de prendre
des mesures pour se protéger contre une atta-
, que éventuelle de la Turquie. La note invite en
terminant le représèntant bulgare à demander
l'intervention des puissances, et décline pour
la Bulgarie toute responsabilité au sujet des
événements qui pourront se produire dans la
suite.. > •
— ; —
Arrestation d'un journaliste russe
; {De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 1" juillet.
M. Grigori Schreider, un des journalistes les'
plus connus de !a presse russe, a été arrêté en
pleine rue. M. Schreider fut, pendant des an-
nées, rédacteur à la Petersbourgskya Viedo-
mosti, organe du prince Uktomski, ami in-
time du tzar Nicolas. M. Schreider s'étant
brouillé avec le prince, quitta le journal. On
croit qu'il n'a été arrêté que pour avoir fait
des révélations sur l'attitude des autorités dans
Jes massacres de Kischineff.
INDEMNITÉ AUX DÉPUTÉS DU REICHSTAG
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 1" juillet.
On sait que les dépulés au Reichstag ne tou,
ïclient pas d'indemnité. Le gouvernement fort
impressionné par les victoires électorales du
:parti socialiste s'est enfla décidé à changer cet
état de choses et à présenter une loi qui ac-
corde une indemnité aux membres du Roicbs-
wg, Il craint qu'en agissant autrement le Par-
lement soit tout à fait dominé par les socia-
listes qui, grâce aux subsides fournis par leurs
électeurs, sont très assidus, tandis que les -au-
tres partis s'abseotenUa misse*
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LITTERAIRE
Le musée Rodin à Meudon. — Plâtres
et marbres. — Souvenirs du « Bal-
zac». — Un pèlerinage d'art.
Le voyageur qui passe à Billancourt aper-j
çoit le musée Rodin sur la hauteur. Une échan'
crure dans les collines de Meudon couvertes,
de villes et de forêts,: c'est le Val des B cillants,
qu'escalade le chemin de fer électrique de l'es-
planade des Invalides. Sur la crête gauche un
ensemble de constructions blanches et rouges,
un temple grec et un pavillon Henri II. C'est
là que le maître a pu réaliser son rêve, d'as-
sembler en un lieu vaste et clair les fruits d'un
demi-siècle de labeur et dé pensée.
Un musée dans le ciel
J'ai revu, non sans émoi, ce petit palais de
la place de l'Aima.
Durant toute l'année 1900 les peuples les
plus divers y défilèrent. Il y eut des Kams-
tchadales et des Hurons, des gens de Copenha-
gue et de Cincinnati. Rodin fut une commu-
nion internationale, et ses richesses furent
sollicitées pour les musées du monde. A côté
d'une stupide kermesse et des ignominies de la
Rue de Paris, c'était une heure de jouissance
recueillie, l'oasis de l'art et de la beauté.
Maintenant il se dresse triomphal, au som-"
met des monts pelés qui dominent le Val des:
:Brillants. Sur les champignonnières boursou-
flées, où l'herbe est rare où la craie sale gri-
sonne autour des blanchisseries, côte à côte
avec la maison rouge du bon sculpteur et le.i
ateliers où prennent corps ses pensées, à l'orée
des druidiques forêts de Meudon, il érige sa
majesté fraîche dans le ciel, son péristyle peu-
plé de colonnes, de stèles, d'ébauches d'un ef-
fort colossal.
Je grimpai le long des sentiers arides, les
yeux fixés sur le féerique jardin, les pieds fous,
soutenu par l'espoir, comme l'adolescent de la
Vision antique, de -Puvis de Chavannes. Le
verger ravagé a refleuri, l'herbe drue fait des
grâces sous la brise, les arbustes chantent l'é-
ternelle cantilène, enveloppant d'une splendeur
d'aurorele sourire de ces plâtres innocents dans
':.a. verdure. Quelle joie sereine pour l'amou-
reux d'art, retrouver dans cette nature frémis-
sante plus de vie et plus de nature encore 1
- La forêt merveilleuse
Le vaste hall s'emplit de ces groupes en ar-
deur, de ces baisers souples, de cette chair
mouvante, tandis qu'au dehors voltigent les
oiseaux, et que les formes changeantes de la :
nue s'essaient à plus de beauté. Dès l'entrée,
Balzac, ombre et lumière,spbynx de puissance,
dresse son mystère. C'est une pierre votive,
et la pierre, on n'en veut pas, l'esprit humain
a besoin qu'on l'habitue.Tout contre une main,
dont les doigts sont tordus en branches d'ar-
bre, une main énorme, la main de Dieu, pleine
d'argile encore, où naît le couple qui va lui-
même enfanter, une main qui crée la passion,
celle de Rodin lui-même.
Ici, une femme du monument de Victor
Hugo, la Voix intime, accroupie au sommet
d'une colonne d'où elle va s'élancer; là un En-
thousiasme, en un raccourci prodigieux dont
un aNongement qu'on devine prochain précé-
dera l'envolée, la Béltone de bronze vert, cas-
quée, au masque tragique, au regard impla-
cable. C'est Mme Rodin qui posa cette guer-
rière physionomie, mais de quelle glace incon-
nue ne sût-il pas revêtir son modèle 1 Plus
loin, un Enfant prodigue clame au ciel sa dé-
sespérance, implore son père, et Dieu 1 Enfin
l'Adam courant la tête, vu à la Centennale de'
1900, cet Aaam musculeux anéanti sous la pen-
sée de la responsabilité humaine, que le Maître
i'a permis, pour la plus grande joie de mes
visiteurs, de dresser en mon Tusculum de
Jouy-sur-Orge.
Partout Tenvol superbe de l'existence saisie
en ses manifestations. C'est une forêt où l'es-
prit rêvera, d'arbre en arbre, et de beautés en
tbeautés, c'est un ensemble gracieux et fort.
Des torses puissants voisinent avec des mar-
bres où lentement, sous le ciseau de l'ouvrier,
se dessinent des chairs adorables. Dans les;
tvitrines, je retrouve tout ce qui fit mes joies;
[et mes terreurs,des champs de bataille de bras,
ije jambes, de têtes, un ossuaire parfait oii
•puisera le génie pour refaire des êtres, des al-
bums, ces dessins non pareils déjà reproduits
P;I.eqr,mànzi, - et ceux avec lesquels le graveur
iLéon Perrichon prépare des bois merveilleux.
Mille choses, des muscles ondoyants, noueux,'
'durs, des membres arrachés, des débris d'un
tout qui se révèle encore 1
La statue « refusée »
; Tandis que je regarde cette minuscule tête de
ibronze, déjà souvent contemplée chez Gustave
Geffroy, celle du Balzac aux yeux profonds, à
lia bouche volontaire, pour la centième fois
me revient l'histoire fantastique de cette fi-
gure dominatrice.
Demandée à je ne sais plus qui, mort sans
l'avoir ébauchée, confiée à Rodin sur les ins-i
tances de Zola, de Daudet, de Goncourt, quoi-
que le statuaire favori de la Société des gens
de lettres fût Marquet de Vasselot, la production
:de Balzac était environnée d'hostilités avant
.de prendre forme. Rodin les sentait, et cela le
troublait un peu. Il hésitait autour de cette
œuvre refusée d'avance. On racontait que pour
son « nu » il faisait poser une femme enceinte!
Et bien d'autres choses encore. Aussi, à l'issue
'désastreuse, mais.prévue, de cette longue lutte,
ce fut plutôt un soulagement. Falguière eut la
commande, et Marquet de Vasselot fut chargé
cette fois.commc dédommagement,de trois bas-
reliefs où il camperait les cent quatre person-
;nahes de la Comédie humaine.
C'eùt été une satisfaction tout au moins sijla
statue terminée, Mme Falguière n'eût op-
posé un veto formel à une adjonction étran-
gère. L'artiste pour qui toute celle histoire
Ise machina n'est définitivement associé en rien
iau monument, tandis qu'en ces lieux, énorme
et tourmenté, un Balzac immortel appelle
'désormais les quatre coins du monde.
Un pèlerinage de beauté
« Préservez-moi de jamais voir la maison
:sans enfants n murmure le Victor-Hugo, les
yeux vers l'horizon. A ses pieds, issue du jar-
din voisin, une * fillette gazouille comme un
foiseau. C'est la petite Rosette, jolie comme son
mOlli la filleule de Rodin. Ses regards candi-
des se lèvent vers moi, et vont du monument
;à mes sourires —: « Vous l'avez connu, Victor
'Hugo, vous?» interroget-ene.- « Non.»-
« Moi- je rai connu », dit-elle. Puis, au bout
1, d'un instant : « Il était en plâtre. »
Sa voix est une chanson. — « Attends »,
ajoute-t-elle. Un paquet de photographies est.
:'I.à : le voyage à Prague, des populations mas-
sées aux gares pour acclamer le triomphateur,
fie rude constructeur de la Porte de l'Enfer, de
belles* dames l'attendant, les mains pleines de
bouquets. Et lui, un peu ému, presque timide,
'le chapeau bas pour remercier.
- « Tiens, un Rodin! Tiens, deux Rodin !.
'Non, non,, c'est parrain! » clame la fillette -en-
ihousiasmée, Et son frêle doigt se pose, plus
'hardi, pour m'indiquer celui qu'elle révère.
Mais il .me faut quitter cette salle, et cet en-
1 clos mêlé à la nue. Des Américains, des gens
i venus d'outre-mer l'envahissent. C^est là désor-
mais uu véritable pèlerinage, le Lourdes de la
plastique vivante, où les écailles de l'erreur
poncive tomberont des yeux des sincères, celui
pour lequel on franchit l'Océan, celui où nous,
accourrons V Nous escaladerons avec une fer-
veur renouvelée cet Hymette tourmenté par
la misère humaine, pour nous initier aux mys-i
tères de l'amour et de la force, pour nous y ré-:
chauffer au bon soleil de l'art.
Léon RIOTOR.
, MEMENTO. — J'ai reçu. bien tard un livre, l'A-
Ibtiné de Raymond Maygrier. J'aurais voulu dire,
iplus à l'aise, tout le bien que je pense de ce fi-,
'dèle ami, mieux encore que pour son récit, où je
[retrouve avec le style clair et simple qui fait son.
charme, une version émue d'épisodes de 1870. Les
.aventures de son héros, jeune avocat conduit par,
Se patriotisme, qui échoue plus tard >en des com-
binaisons interlopes, l'idylle du Bourget sont d'in-
1 téressantes pages.
Raymond Maygrier, que j'ai déjà cité au cou-
rant desirfs et des lettres, est un esprit avisé au-
[quel il ne manqua qu'une tribune pour se révélé.'
tout à fait. Ses précédents livres, ses études dj
îjournaux et de revues ont laissé des traces. Je
souhaite vivement qu'il lui soit permis de se me,
nifester définitivement.
- Les- Aileg brisées, par Jacques Fréhel, raconta
sous forme do journal intime les impressions de
ideux jeunes gens qui s'aiment, jusqu'à la ruptiue
'inévitable. Œuvre délicate et passionnée. — Avm
Expiation, de Mme la comtesse de Tramar, nous
; sommes en plein drame d'aventures touffues, et .','i-
'magination en est bien conduite.
HYGIENE PUBLIQUE
Le 19 février dernier, la loi sur la santé pu-
.blique est devenue exécutoire. Plusieurs rc/gle-
ments d'administration publique lui ont suc-
cédé, énumérant les maladies à déclaration et
à désinfection obligatoire, et les maladies à
déclaration facultative, ou déterminant le fonc-
tionnement du comité consultatif d'hygiène
publique. ,
Voici maintenant -que vont intervenir les
municipalités, les préfets, les conseil;; d'hy-
;giène et les commissions sanitaires. J'ajoute
qu'il n'est pas besoin d'être préfet, maire ou
adjoint pour s'intéresser à une question aussi
.capitale que celle de la santé publique, et que
: tous ceux qui s'occupent de bienfaisance doi-
vent s'efforcer d'apporter leur concours indivi-
duel à la bonne exécution de la loi.
Le médecin est l'auxiliaire naturel et tout
!trouvé de l'administration. Il est en contact
javec les familles pauvres, il pénètre dans les
jplus humbles logis. Il peut pe rendre compté
rpar lui-même des conditions défectueuses de
certains logements, de l'insalubrité des demeu-
res où les malheureux sont entassés les uns
sur les autres, où, par conséquent, la contagion
est le plus à craindre.
Ces logis misérables sont des foyers d'infec-
tion,de véritables parcs à microbes malfaisants,
:c'est sur eux que doit se porter la sollicitude la
plus attentive et la plus vigilante.
Il y a quelques années, le directeur de l'as-
sistanca publique avait,par une circulaire, in-
vité les administrateurs et les commissaires
des bureaux de bienfaisance à lui signaler les
logements insalubres. Cette circulaire est restée
lettre morte. N'y aurait il pas lieu de la renou-
veler et de remettre en vigueur ses prescripr
tions.
Les services d'assistance et d'hygiène sont
étroitement liés l'un à l'autre. Ils peuvent, ils
doivent se rendre de mutuels sorvices, et coor-
donner leurs efforts vers le même but: la lutte
triomphante contre la maladie et la misère.
A côté du médecin et des commissaires du
bureau de bienfaisance, professionnellement
appelés à jouer un rôle dans l'œuvre, de la sa-
lubrité nationale, il y a une foule de person-
,nes charitables, de visiteurs des pauvres, qui
ne marchanderaient point leur concours à
l'administration, si elle y faisait appel, et qui
ne demanderaient pas mieux que de seconder
les bureaux d'hygiène.
Un service de renseignements ainsi organisé,
outre qu'il serait facile à créer et ne coûterait
;rieu' au budget, rendrait la tâche de l'Etat
moins lourde ; et son action préservatrice plus
efficace. — L. A.
lA GUERRE AU BLANC DE CÉRUSE
Une rectification
M. Expert-Besançon avait semblé, dans sa dépo-
sition devant la commission do la Chambre, mettre
en doute l'honorabilité du citoyen Abel Craissae,
délégué général du Syndicat des peintres de Paris,
dont on connaît la belle campagne contre le blano
;de cérnse.
M. Expert-Besançon avait rapporté à ce sujet une
parole prononcée, disait-il, par M. Fontaine, direc-
teur du travail au ministère du commerce.
M. Fontaine proteste aujourd'hui par la lettre
qu'on va lire, et qui donne entière satisfaction au
citoyen Abel Craissac :
Paris, 19 juin 1903.
A monsieur le Président de la Commis-
sion, chargée d'examiner le projet
de loi sur l'emploi des composés du
plomb dans les travaux de la pein-
ture en bâtiments.
Monsieur le Président,
L'annexe n, XI du rapport de M. J.-L. Breton,
rendant compte de la déposition de M. Expert-
Besançon devant votre commission, contient,
page 237,le passage suivant :
« M. Fontaine m'a dit : Craissac ne m'ins-
pire pas grande confiance ».
La mémoire do l'honorable déposant l'a cer-
tainement mal servi en la circonstance. Il n'est
absblumènt rien à ma connaissance que soit do
nature à me faire douter de la sincérité et du
:désintéressement de l'honorable M. Craissac et
à me faire tenir un tel langage.
Je vous serais, obligé de vouloir bien donner
lecture de ma lettre à la commission.
Veuillez' agréer, etc.
Arthur FONTAINE,
Directeur du travail.
■„
LE ROI D'ITALIE EN FRANCE
Le train royal
: Roine, lsr juillet.
Selon le Journal des Travaux publics, la
.,.çompagnie italienne de la Méditerrannée et la
compagnie française du P.-L.-M. ont pris tou-
'tes leurs dispositions pour le passage du train
royal que prendra le roi Victor-Emmanuel
pour se rendre à Paris.
Ce train partira vers 9 h. du soir de Racco-
nigi. A Modanodeux machines françaises rem-
,placeront les machines italiennes et la surveil-
lance du train sera assurée par un directeur
de service de la Compagnie P.-L.-M.
L'éléphant, daas l'Afrique italienne
(De notre correspondant particulierl
Rome, 1" juillet.
Le gouverneur de l'Erythréa a interdit la
chasse à l'éléphant dans toute la colonie pour se
conformer à la convention de Londres relative
à la protection des animaux en Afrique.
La mesure a été également dictée en vue de
la sécurité des sujets italiens qui s'exposent
à de grands dangers en chassant ces pachy-
dermes.
AU CONSERVATOIRE
DES ARTS ET METIERS
L'inauguration des nouveaux
laboratoires.
L'arrivée du Président de la Répu-
, blique. — Les discours. — Une créa-
tion de la Révolution. — Réponse
de M. Loubet. — La visite des
nouveaux laboratoires.
M. Loubet, Président de la République, a
présidé, hier matin, au Conservatoire des arts
et métiers, la cérémonie inaugurative de l'Of-
fice national de la propriété industrielle et des
laboratoires d'essais mécaniques dont nous
avons donné, il y a quelques jours, une des-
cription complète.
A sa descente de voiture, M. Loubet, qui
était accompagné du général Dubois, du com-
mandant Reibell, de sa maison militaire, et de
M. Poulet, chef de son secrétariat particulier,
a été reçu par MM. Millerand, président du
conseil d'administration du laboratoire; Trouil-
lot, ministre du commerce ; Chandèze, direc-
teur du Conservatoire; Eloi, directeur des
collections; Drouvillé, agent comptable; Pcrot,
directeur du laboratoire ; Derode, président de
la chambre de commerce ; Reymond, Poirrier,
etc., sénateurs; Puech, Astier, etc., députés; de
Selves, préfet de la Seine; Lépine, préfet de'
police ; Poiry, conseiller municipal, etc.
M. Loubet a été conduit aussitôt dans la
salle du. laboratoire coquettement décorée de
plantes et de tentures en velours rouges à cré-î
pines d'or. Il prend place avec les personnages
officiels sur une estrade dressée en son hon-
neur. M. Millerand lui souhaite la bienvenue.
Nous vous sommes, dit-il, profondément recon-
naissants d'avoir su trouver une heure, au milieu
de tant d-obligations et de soucis; pour la donner
5 l'inauguration de l'œuvre que nous avons la fierté,
de vous présenter. Elle mérite, nous ne craignons
pas de le proclamer, la grand honneur que vous
lui faites. Par son caractère d'abord: c'est une de
ces œuvres de concorda et de paix qui vous sont,
je le sais, particulièrement chères, parce qu'elles
permettent à tous les Français d'oublier un mo-
ment ce qui les divise pour se réunir et pour com-
,munier dans do hautes et nobles préoccupations.
Par sa valeur ensuite et par son incontestable
utilité. La Révolution française a donné ses titres
au Conservatoire des arts et métiers ; dès sa nais-
sance il portait en soi les germes à l'éclosion des-
quéls vous assistez aujourd'hui.
Il a fallu l'aide indispensable du temps pour que,
le besoin créant l'organe, à côté des collections
qui sont la parure et l'honneur de notre maison,
surgissent cet office national de la propriété indus-
trielle, ce laboratoiro d'essais, que vous inau-
gurez.
Votre visite, monsieur Je Président delà Républi-
que, est pour nous la plus haute des récom-
penses et Je plus précieux des encouragements.
Discours de M. Derode
M. Derode, président de la chambre de com-
merce, prond ensuite la parole. Il rappelle les
circonstances dans lesquelles la chambre de.
commerce a pu participer à l'œuvre qu'on
inaugure. Il l'end, à ce sujet, hommage à son
prédécesseur. M, Fumante, et rappelle que.
bien des fois, ils ont exprimé tous deux le
vœu de mettre los moyens de contrôle ù la por-
tée de tous les industriels. Un rapport de. M.
Garnior, en 1897, avait indiqué une solution
qui n'était autre quo la transformation du la-
boratoire des ponts et chaussées. Mais pour
réaliser les réformes nécessaires, il fallait en-
gager un capital de 1.100.000 fr.
On recule devant la dépense
Malgré notre ardent désir, continue M. De-
rode, de voir s'ouvrir le nouveau laboratoire,
nous n'avions pas le droit d'engager une aussi
forte somme. Enfin M. Millerand obtint du
Parlement, sur le rapport de M. Astier, lecom-
plément de crédit nécessaire pour la publica-
tion intégrale des brevets — ce qui consti-
tuait, ajoute l'orateur, uh des buts principaux
que nous avions en vue. Le président de la
chambre de commerce rend hommage à M..
Chandèze qui, dans ce3 circonstances, a mérité
la reconnaissance du commerce.
M. Derodc est heureux de constater que les
résultats obienus justifient dès aujourd'hui
tous les sacrifices consentis. Mais il ne consi-
dère pas la tâche comme achevée. Les membres
de la chambre de commerce appartenant au
conseil d'administration du Conservatoire
s'efforceront d'être les interprètes des désirs et
des besoins toujours nouveaux de l'industrie.
Discours du Président de la République
M. Loubet répond qu'il ne mérite pas les re-
merciements qui lui ont été adressés par MM.
Millerand et Derode. Il éprouve une grande
joie à se retrouver dans cette maison où il est
déjà venu, il y a environ deux ans.
Il sufflt, ajoute M. Loubet, de jeter lss yeux
sur le tableau de vos cours et sur la liste de
vos professeurs pour se vendre compte de la;
valeur de vôtre œuvre et de l'importance que:
la Société française doit y attacher.
Le président félicite la chambre de commerce
du concours éclairé et permanent qu'elle a ap.,
porté à cette œuvre. Il est convaincu qu'après;
avoir aidé l'enfant à naître elle l'aidera à vivre;
et à grandir. La chambre de commerce a ad-*
mirablement compris sa tâche et on ne saurait,
mieux qu'elle ne l'a fait, veiller aux graves in-
térêts dont elle a la charge.
En terminant, M. Loubet adresse ses félici-
tations au corps enseignant du Conservatoire;
et à tout lo personnel et il déclare que le con-
cours dos pouvoirs publics ne fera jamais dé-
faut à l'institution qu'il vient d'inaugurer. -
Le Président de la République, conduit par
'M. Millerand et le ministre du commerce, vi-
site ensuite les locaux où sont installés les ser-
vices différents du laboratoire, qui sont au
nombre de cinq.
La section des métaux s'occupe de tout ce
qui à trait à l'industrie métallurgique. De
puissantes machines, dont l'une est d'une puis-
sance de 300 tonnes et a coûté 100.000 francs,
permettent d'effectuer tous les essais de résis-
tance relatifs aux métaux.
La section des matériaux de construction
s'occupe autant de chimie que de mécanique.
, Elle est pourvue de fours de cuisson pour les:
matériaux céramiques, de bacs d'essai pour
les ciments, d'appareils destinés à déterminer
le gonflement des chaux et des ciments..
On y effectue devant le Président une expé-
rience de section de pierre dure, à l'aide d'une
.'nouvelle scie à diamant.
, La section des machines est pourvue de toute
,l'installation désirable.
Le Président de la République a paru vi-
vement intéressé par les expériences effectuées;
devant lui et a félicité les divers chefs de
service.
Il a été ensuite conduit dans une sorte de
i préau où un lunch été servi.
Lunch et récompenses
Prenant la parole, le ministre du commerce
rappelle-quel fut le point de départ fort mo-
deste de cette institution si précieuse. Elle ne'
fut, à l'origine, en 1794, qu'un « dépôt de ma-
chines, modèles et outils », auquel étaient ad-
joints trois démonstrateurs et un dessinateur.
Vingt-cinq années après, en 1819, on com-
mençait à élargir l'institution en y créant des
cours de sciences appliquées à l'industrie. Trois
cours étaient fondés : ceux de mécanique, de
chimie et d'économie industrielle. Aujourd'hui
'.le Conservatoire compte 20 chaires qui réunis-
sent tous les soirs plus de 600 auditeurs.
Le ministre termine en portant la santé du
président do la République, dont la présence
.donne une si haute consécration à l'œuvre en-
treprise et do tous ceux dont l'initiative et le
■travail en assurent la prospérité.
Le ministre du commerce a remis les palmes'
académiques à MM. Dhommée, Dujour, Fran-
côux, Vigiollas, Leduc, Uarnier, Antoine, Ga-
•daud, Perchais, Joleilhayoup, Brévi et à Mlle
îMorlot ; la croix de chevalier de Mérite agri-
cole à MM. Boyer, Guillon et Raveau des mé-
dailles du travail à MM. Ansiiager, Bagary, *
Bézières, Guérin et Rousseau.
'-—
UN MARIAGE TRÈS. AMÉRICAIN
,. (De notre correspondant particulierf
New-York, 1" juillet.
Le grand-duc Boris de Russie qui est venu
en Amérique pour étudier los institutions des
Etats-Unis, est actuellement l'hôte d'un des
princes de la finance à Newport. On dit qu'il
est question d'une alliance entre le descendant
des Romanoffs et une 111le de son amphytrion.
Les fiançailles seront célébrées vers le mois.
de septembre.
FOLIE CONTAGIEUSE
IDe notre correspondant particulier/
New-York, ln iuillet;
M. Frederick Schoanmacker a conçu au Co-
lorado le vaste projet de créer une nouvelle
planète qui constituera, suivant lui, pour l'in-
dustrie terrestre une source inépuisable d6,
forces motrices électriques.
Voici comment ce novateur hardi, mais peu
équilibré,pense exécuter son projet.
D'un canon à calibre de 13 pouces, il pro-
jettera vers le ciel un grand projectile sphéri-
que en fer aimanté. Le projectile en partant
déroulera une bobine de fils, d'une longueul"-
de 30 kilomètres.
Le projectile entrant dans la sphère électri-
que qui entoure la terre commencera à gravi-
ter autour de notre planète. Par les fils, on
espère conduire vers la terre l'énergie électri-
que que le nouveau satellite accumulera dans
sa route. C'est par ce moyen que Jesavantveut
révolutionner l'industrie. Le projet est, paralt-
il, prig au sérieux, une vaste compagnie se
serait constituée pour l'exploiter.
------ .——————————«
TERRIBLE EXPLOSION DANS UNE MINE
175 morts
Hanna (Etats-Unis), 1" juillet.
Une terrible explosion, qui a fait près de 20G
victimes, s'est produite, hier, dans les mines
do charbon de l'Union pacifie, à Hanna (Wyo,
ming). On dit que le nombre des tués s'élève
à 175.
25 cadavres mutilés ont déjà été ramenés à
la surface. Une épaisse fumée paralyse les sau-
veteurs et les empêche de parvenir jusqu'aux
victimes.
Voir à la 3" page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
Les Coulisses des Chambres
M. Klotz à la délégation des gauches
M. Klotrs'est rendu hier à la réunion de la
délégation des gauches où il a fait connaître le?
motifs pour lesquels il comptait demander au-
jourd'hui l'ajournement de la discussion des
quatre contributions directes.
Il a rappelé le précédent de 1900 où la der-
nière Chambre avait,par 378 voix contre 130.
pris une décision analogue sans que le gouver-
nement d'alors ait cru devoir poser la question
de confiance.
Il estime que la Chambre ne devrait pas se
séparer avant qu'un vote du Sénat soit inter-
venu non seulement sur la loi protectrice de
l'élevage national adoptée hier par 400 voix,
mais encore sur la loi relative à Ja sécularisa-
tion. Le gouvernement, malgré les hésitations
des uns, les légitimes scrupules des autres, les
critiques autorisées du plus grand nombre, a
réclamé à la Chambre le vote de la proposition
Massé. Il a déclaré qu'elle lui était indispensa-
ble. Or, si la Chambre vote aujourd'hui les
quatre contributions directes, le décret de clô-
ture sera lu samedi, avant que le Sénat ait pu
se prononcer sur le texte Massé. Si cette loi
était essentielle il y a huit jours, elle doit l'être
encore aujourd'hui.
Mais si le gouvernement n'en avait pas un
-réel besoin, pourquoi a-t-il imposé à une par-
tie de la majorité républicaine un vote auquel
,elle ne s'est tardivement résignée que par un
étroit sentiment de discipline ?
Ou la loi Massé est indispensable au gou-
vernement, et alors il devrait accepter avec
satisfaction nia demande d'ajournement, ou elle
ne lui est pas indispensable et le président du
conseil a eu le grave tort d'engager le parti
républicain dans une pareille voie.
M. Klotz voudrait savoir, si, au cours des
vacances, le gouvernement peut, contrairement
à ce qu'il affirmait il y a huit jours, se passer
'de la loi Massé. Mais si la délégation des qua-
tre groupes de gauche, après avoir examiné la
situation, demande à M. Klotz de ne pas main-
tenir sa motion, il consentira, par discipline, èL
la retirer.
Conformément à la demande des membres
de la délégation, M. Klotz a renoncé à sa
tnotion.
A la commission de l'armée
La commission de l'armée a nommé M. Ber-
teaux rapporteur de la loi sur le service de
deux ans.
Elle a discuté ensuite l'amendement de M.
Maujan relatif à l'organisation des services
auxiliaires. La commission a émis une déci-
sion de principe d'après laquelle tous les
hommes aptes à combattre seraient incorporés
dans les effectifs pour recevoir l'instruction
militaire exclusivement, sans être détournés
de leur tâche.
Elle a admis que les hommes qui, suivant
les définitions de M. Dubois sont atteints d'une
infirmité relative, saus que leur constitution
générale soit douteuse, seraient appelés dans
les services auxiliaires pour y accomplir une
tâche en rapport avec leurs moyens physi
ques.
La sous commission recherchera la nature
et l'étendue de cos services.
Au groupe de la Libre-Pensée
Le groupe parlementaire do la Libre-Pensée
s'est réuni hier sous la présidence de G. Hub-
bard.
M, Magniaudé a attiré l'attention du groupe
sur le cas d'un professeur de l'Université dé- -
placé ; le groupe décide en principe qu'il no
saurait intervenir en tant que groupe que dans
le cas où le déplacement d'un professeur st
rattacherait aux questions intércs saut direct
tement la Libre-Penséfl.
PARS A DÉPARTEMENTS
- Le Numéro CINQ CENTIMES ,
LE XIXE SIECLES
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
lé, rue do Mail, Paris.
d chez MM. LAGRANGE, CERF fltO,
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dans tous les Boréaux de Poste
RÉDACTION: 14J rue du MaU, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Ne 12166. — Vendredi 3 Juillet 1903
18 MESSIDOR AN 111
ADMINISTRATION ; 14. rue du Hall
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
âgrieÉirejtBieairatie
L'histoire serait amusante, si elle
n'avait de si fâcheuses conséquences.'
Elle mérite, en tous cas, d'être rappe-
lée en détail, afin d'en tirer la moralité
qu'elle comporte.
Il s'agissait de renouveler le privi-
lège de la Banque de France. Les ré-
sistances étaient vives, l'opposition vi-
goureuse. La majorité oscillait des uns
aux autres sans parvenir à se fixer. On
s'efforça d'intéresser l'agriculture au
succès de la combinaison.
Il fut donc convenu et voté que la
Banque de France fournirait au Trésor
public pour toute la durée de son pri -
vilège cette avance, non productive:
d'intérêts, de 40 millions.
Il était, en outre, décidé par la
même loi (loi du 17 novembre 1897,
art. 5), que la Banque verserait an-
nuellement à l'Etat une redevance égale
au produit du huitième du taux de
l'escompte par le chiffre de la circula-
tion productive, sans que cette somme
pût, en aucun cas, être inférieure à
deux millions.
Cette avance de 40 millions et ces
redevances annuelles étaient destinées
à alimenter la création et le fonction-
nement des caisses régionales de cré-
dit agricole, constituées conformément,
à la loi.
Voilà, semble-t-il, nos agriculteurs
kien heureux. Le pactole va couler
ibondamment dans les campagnes et
verser des flots d'or dans nos villages,
ie crédit agricole sérieusement orga-
nisé et pratiqué, c'est le paysan com-
mençant d'être son maître, c'est le
travailleur des champs libéré, c'est la
prospérité générale, c'est la Républi-
que donnant une nouvefte preuve t,n-
gible et effective. de sa sollicitude vi-
gilante pour ces travailleurs agricoles
îjui attendent d'elle tant de choses et
qui, d'avance, lui ont tant donné !
Malheureusement, l'administration
de l'agriculture l'a tout autrement en-
tendu. Au lieu de favoriser ce mou-
vement, elle a isat lait gssr l'enrayer,
Des sociétés nombreuses se sont fon-
dées, composées de personnalités d'une
indiscutable honorabilité et d'une sol-
vabilité notoire. Elles ont rédigé leurs
statuts conformément à la loi; elles
les ont adressés au ministre de l'agri-
culture avec une demande de sub-
vention; elles attendent encore une
réponse.
Pourquoi cette lenteur à prendre un
parti ? Pourquoi ? Eh mon Dieu ! tout
simplement par ce que le haut person-
nel des bureaux est antirépublicain et
veut atténuer et, si possible, détruire
les effets d'une loi qui rattacherait plus
fermement encore nos paysans à la
République.
Certes, les ministres que nous avons
vus à l'œuvre, hier M. Jean Dupuy, au-
jourd'hui M. Mougeot, sont des répu-
blicains fermes, sincères et compé-
tents. Les collaborateurs qu'ils ont
appelés près d'eux, notre excellent et
distingué ami Deloncle, dont les élec-
teurs de Vincennes feront, nous l'es-
pérons bien, un député le 19 juillet
ceux que M. Mougeot a amenés avec'
lui sont des républicains indiscu-
tables, avec lesquels nous avons eu et
nous avons grand plaisir à traiter les
affaires de nos circonscriptions. Si
tout pouvait se faire par eux, nous,
n'aurions aucune plainte à formuler;
ieur amour de la République, leur in-i
lelligence, leur activité, leur zèle à!
remplir leurs fonctions et leur dévoue-
ment à l'agriculture nous offrent tou-
tes garanties. :
Mais la plupart des affaires se trai-
lent dans les bureaux. Les ministres
et le personnel de leur cabinet sont;
républicains. Mais les bureaux sont
réactionnaires, et les bureaux se con-
sidèrent comme l'élément permanent
et supérieur du département ministé-
riel, tandis qu'ils ne voient dans les
ministres qu'un élément inférieur et
éphémère.
Pour punir les campagnes de leur
invincible attachement à la Républi-
que il a donc été décidé en haut lieu,
que les demandes de subventions se-
raient examinées avec une telle len-
teur que les années s'écouleraient sans:
résultat. Nombreux sont les députés et
sénateurs républicains dont nous pour-
rions citer les noms et dont les dé-
marches pour des sociétés sérieuses et
fortement constituées sont demeu-
rées lettres mortes.
Les sociétés agricoles orft donc voulu,
toucher les sommes qui leur étaient
destinées. Elles y avaient un droit in-
contestable. Les bureaucrates supé-
rieurs qui entretiennent avec fidélité
et pureté; telle l'antique vestale, le feu
.E3(:l'é réactionnaire, s'y sont opposés.
les sommes sont restées en caisse.
| Là-dessus arrive le ministre des fi-
nances. Il a besoin d'argent. Il voit
.(ees fonds disponibles et s'écrie :
« Puisque l'agriculture ne les prend!
ipas, c'est qu'elle n'en a pas besoin.
:)Is lui sont inutiles et me seraient
,¿d'une ê18 ee-té, je prie donc
'qû me les donne, »
Les députés amis des campagnes ont
protesié dans leurs bureaux au mo-
ment de la nomination de la commis-
sion du budget, là commission de l'a-
griculture a protesté à son tour, le:
groupe des intérêts agricoles a for-
mulé également de véhémentes pro-
testations. Nous espérons bien que
l'agriculture aura gain de cause,* mais.
elle n'aurait point passé par une si
chaude alarme, si les bureaux minis-
tériels n'avaient pas eu l'attitude que
nous signalons plus haut.
Au surplus et si le ministre des fi-
nances veut de l'argent, nous lui indi-
querons.le moment venu,certaines éco-
nomies nécessaires. Non pas celles qui
portent sur les malheureux petits em-
ployés, mais celles portant sur les chefs
dont il faut réduire et le nombre et le
traitement. Quand un organe est nuisi-
ble, comme dans le cas qui nous oc-
cupe, il n'est pas très sage de le con-
server. On nous dira que la tâche est.
difficile. Peut-être. Mais nous estimons
que le rond de cuir n'a d'importance
qu'avec un parlement-croupion. Tel
n'est pas le cas du nôtre.
Louis Martin.
VACANCES LABORIEUSES
Décidément, Klotz renonce,
sur les instances de la délégation
des gauches, à demander des
explications sur le sort de; ce
projet Massé que M. Combes
déclarait nécessaire à la Cham-
bré et qu'il proclame inutile au Sénat:
-Klotz avait mille fois raison de déposer sa
motion; il n'a peut-être pas tort de la re-
tirer.
Les députés sont iatigués : ils ont siégé
quatre fois par semaine pendant près de
deux mois. Commele remarquait spirituel-'
lement Marcel Sembat; dans une récente
allocution, il convient de ne pas retarder
ceux de nos collègues qui, déjà, viennent
.aux séances en tenue de villégiature.
Le ministère va donc avoir pleine liberté
de mouvements pendant quelques mois.
Espérons qu'il en profitera pour faire de
l'action républicaine. Car les vacances du
pouvoir législatif n'entraînent pas forcé-
ment l'inaction de l'exécutif. Si tant est que
nous fussions les gêneurs, comme on nous
le faisait dire avec amabilité, nous ne gêne-
rons point le gouvernement pendant un
bon bout de temps.
M. Combes sera délivré de toute autre
préoccupation que celle d'appliquer la loi
aux congrégations. Aujourd'hui, il se dit
convenablement armé ; je n'insisterai pas
sur ce fait qu'il affirmait le contraire la se-
maine dernière. Acceptons que le second
mouvement soit le bon.
Il est entendu que la loi, de 1901 se, suffit
à elle-même et satisfait aussi bien aux
vœux de M. Combes.
Le président du conseil compte sur les
tribunaux pour ramener dans le droit che-
min les congréganistes qui se laissent en-
traîner à battre la campagne. J'espère qu'il
ne connaîtra aucun déboire.
Magistrature debout, magistrature assise
rivaliseront de zèle pour le triomphe, de la,
République ?
Je voudrais en être sûr.Ces magistrats se
croyaient à la veille d'être dessaisis des
procès engagés devant eux. Ils étaient sur
le point d'être délivrés du duel engagé en-
tre leur loyalisme démocratique et leurs
sympathies réactionnaires. Soudain, ils
sont conviés-à reprendre une tâche qui sç,
leur a jamais beaucoup plu.
Je ne puis m'empêcher d'appréhender
quelque flottement chez nos juges. Et je ne
croirai qu'après épreuves décisives à l'iné-
branlable solidité de nos parquets. — Ch. B.
LA BULGARIE ET LA PORTE
Francfort, fr juillet.
On télégraphie de Sofia à la Gazette de Franc-
fort :
La note du gouvernement bulgare à la Porto
est conçue en termes énergiques. Elle rappelle
les mesures prises par le gouvernement bul-
gare pour étouffer le mouvement révolution-
naire en Macédoine, ainsi que la demande for-
mulée au sujet de réformes à introduire. Au
lieu de réaliser ces réformes, la Turquie sem-
ble poursuivre un but qui entraînerait une
catastrophe désastreuse pour les deux pays.
La situation est plus.grave qu'elle n'a jamais
été. En présence de la concentration de trou-
pes turques, la Bulgarie est obligée de prendre
des mesures pour se protéger contre une atta-
, que éventuelle de la Turquie. La note invite en
terminant le représèntant bulgare à demander
l'intervention des puissances, et décline pour
la Bulgarie toute responsabilité au sujet des
événements qui pourront se produire dans la
suite.. > •
— ; —
Arrestation d'un journaliste russe
; {De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 1" juillet.
M. Grigori Schreider, un des journalistes les'
plus connus de !a presse russe, a été arrêté en
pleine rue. M. Schreider fut, pendant des an-
nées, rédacteur à la Petersbourgskya Viedo-
mosti, organe du prince Uktomski, ami in-
time du tzar Nicolas. M. Schreider s'étant
brouillé avec le prince, quitta le journal. On
croit qu'il n'a été arrêté que pour avoir fait
des révélations sur l'attitude des autorités dans
Jes massacres de Kischineff.
INDEMNITÉ AUX DÉPUTÉS DU REICHSTAG
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 1" juillet.
On sait que les dépulés au Reichstag ne tou,
ïclient pas d'indemnité. Le gouvernement fort
impressionné par les victoires électorales du
:parti socialiste s'est enfla décidé à changer cet
état de choses et à présenter une loi qui ac-
corde une indemnité aux membres du Roicbs-
wg, Il craint qu'en agissant autrement le Par-
lement soit tout à fait dominé par les socia-
listes qui, grâce aux subsides fournis par leurs
électeurs, sont très assidus, tandis que les -au-
tres partis s'abseotenUa misse*
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LITTERAIRE
Le musée Rodin à Meudon. — Plâtres
et marbres. — Souvenirs du « Bal-
zac». — Un pèlerinage d'art.
Le voyageur qui passe à Billancourt aper-j
çoit le musée Rodin sur la hauteur. Une échan'
crure dans les collines de Meudon couvertes,
de villes et de forêts,: c'est le Val des B cillants,
qu'escalade le chemin de fer électrique de l'es-
planade des Invalides. Sur la crête gauche un
ensemble de constructions blanches et rouges,
un temple grec et un pavillon Henri II. C'est
là que le maître a pu réaliser son rêve, d'as-
sembler en un lieu vaste et clair les fruits d'un
demi-siècle de labeur et dé pensée.
Un musée dans le ciel
J'ai revu, non sans émoi, ce petit palais de
la place de l'Aima.
Durant toute l'année 1900 les peuples les
plus divers y défilèrent. Il y eut des Kams-
tchadales et des Hurons, des gens de Copenha-
gue et de Cincinnati. Rodin fut une commu-
nion internationale, et ses richesses furent
sollicitées pour les musées du monde. A côté
d'une stupide kermesse et des ignominies de la
Rue de Paris, c'était une heure de jouissance
recueillie, l'oasis de l'art et de la beauté.
Maintenant il se dresse triomphal, au som-"
met des monts pelés qui dominent le Val des:
:Brillants. Sur les champignonnières boursou-
flées, où l'herbe est rare où la craie sale gri-
sonne autour des blanchisseries, côte à côte
avec la maison rouge du bon sculpteur et le.i
ateliers où prennent corps ses pensées, à l'orée
des druidiques forêts de Meudon, il érige sa
majesté fraîche dans le ciel, son péristyle peu-
plé de colonnes, de stèles, d'ébauches d'un ef-
fort colossal.
Je grimpai le long des sentiers arides, les
yeux fixés sur le féerique jardin, les pieds fous,
soutenu par l'espoir, comme l'adolescent de la
Vision antique, de -Puvis de Chavannes. Le
verger ravagé a refleuri, l'herbe drue fait des
grâces sous la brise, les arbustes chantent l'é-
ternelle cantilène, enveloppant d'une splendeur
d'aurorele sourire de ces plâtres innocents dans
':.a. verdure. Quelle joie sereine pour l'amou-
reux d'art, retrouver dans cette nature frémis-
sante plus de vie et plus de nature encore 1
- La forêt merveilleuse
Le vaste hall s'emplit de ces groupes en ar-
deur, de ces baisers souples, de cette chair
mouvante, tandis qu'au dehors voltigent les
oiseaux, et que les formes changeantes de la :
nue s'essaient à plus de beauté. Dès l'entrée,
Balzac, ombre et lumière,spbynx de puissance,
dresse son mystère. C'est une pierre votive,
et la pierre, on n'en veut pas, l'esprit humain
a besoin qu'on l'habitue.Tout contre une main,
dont les doigts sont tordus en branches d'ar-
bre, une main énorme, la main de Dieu, pleine
d'argile encore, où naît le couple qui va lui-
même enfanter, une main qui crée la passion,
celle de Rodin lui-même.
Ici, une femme du monument de Victor
Hugo, la Voix intime, accroupie au sommet
d'une colonne d'où elle va s'élancer; là un En-
thousiasme, en un raccourci prodigieux dont
un aNongement qu'on devine prochain précé-
dera l'envolée, la Béltone de bronze vert, cas-
quée, au masque tragique, au regard impla-
cable. C'est Mme Rodin qui posa cette guer-
rière physionomie, mais de quelle glace incon-
nue ne sût-il pas revêtir son modèle 1 Plus
loin, un Enfant prodigue clame au ciel sa dé-
sespérance, implore son père, et Dieu 1 Enfin
l'Adam courant la tête, vu à la Centennale de'
1900, cet Aaam musculeux anéanti sous la pen-
sée de la responsabilité humaine, que le Maître
i'a permis, pour la plus grande joie de mes
visiteurs, de dresser en mon Tusculum de
Jouy-sur-Orge.
Partout Tenvol superbe de l'existence saisie
en ses manifestations. C'est une forêt où l'es-
prit rêvera, d'arbre en arbre, et de beautés en
tbeautés, c'est un ensemble gracieux et fort.
Des torses puissants voisinent avec des mar-
bres où lentement, sous le ciseau de l'ouvrier,
se dessinent des chairs adorables. Dans les;
tvitrines, je retrouve tout ce qui fit mes joies;
[et mes terreurs,des champs de bataille de bras,
ije jambes, de têtes, un ossuaire parfait oii
•puisera le génie pour refaire des êtres, des al-
bums, ces dessins non pareils déjà reproduits
P;I.eqr,mànzi, - et ceux avec lesquels le graveur
iLéon Perrichon prépare des bois merveilleux.
Mille choses, des muscles ondoyants, noueux,'
'durs, des membres arrachés, des débris d'un
tout qui se révèle encore 1
La statue « refusée »
; Tandis que je regarde cette minuscule tête de
ibronze, déjà souvent contemplée chez Gustave
Geffroy, celle du Balzac aux yeux profonds, à
lia bouche volontaire, pour la centième fois
me revient l'histoire fantastique de cette fi-
gure dominatrice.
Demandée à je ne sais plus qui, mort sans
l'avoir ébauchée, confiée à Rodin sur les ins-i
tances de Zola, de Daudet, de Goncourt, quoi-
que le statuaire favori de la Société des gens
de lettres fût Marquet de Vasselot, la production
:de Balzac était environnée d'hostilités avant
.de prendre forme. Rodin les sentait, et cela le
troublait un peu. Il hésitait autour de cette
œuvre refusée d'avance. On racontait que pour
son « nu » il faisait poser une femme enceinte!
Et bien d'autres choses encore. Aussi, à l'issue
'désastreuse, mais.prévue, de cette longue lutte,
ce fut plutôt un soulagement. Falguière eut la
commande, et Marquet de Vasselot fut chargé
cette fois.commc dédommagement,de trois bas-
reliefs où il camperait les cent quatre person-
;nahes de la Comédie humaine.
C'eùt été une satisfaction tout au moins sijla
statue terminée, Mme Falguière n'eût op-
posé un veto formel à une adjonction étran-
gère. L'artiste pour qui toute celle histoire
Ise machina n'est définitivement associé en rien
iau monument, tandis qu'en ces lieux, énorme
et tourmenté, un Balzac immortel appelle
'désormais les quatre coins du monde.
Un pèlerinage de beauté
« Préservez-moi de jamais voir la maison
:sans enfants n murmure le Victor-Hugo, les
yeux vers l'horizon. A ses pieds, issue du jar-
din voisin, une * fillette gazouille comme un
foiseau. C'est la petite Rosette, jolie comme son
mOlli la filleule de Rodin. Ses regards candi-
des se lèvent vers moi, et vont du monument
;à mes sourires —: « Vous l'avez connu, Victor
'Hugo, vous?» interroget-ene.- « Non.»-
« Moi- je rai connu », dit-elle. Puis, au bout
1, d'un instant : « Il était en plâtre. »
Sa voix est une chanson. — « Attends »,
ajoute-t-elle. Un paquet de photographies est.
:'I.à : le voyage à Prague, des populations mas-
sées aux gares pour acclamer le triomphateur,
fie rude constructeur de la Porte de l'Enfer, de
belles* dames l'attendant, les mains pleines de
bouquets. Et lui, un peu ému, presque timide,
'le chapeau bas pour remercier.
- « Tiens, un Rodin! Tiens, deux Rodin !.
'Non, non,, c'est parrain! » clame la fillette -en-
ihousiasmée, Et son frêle doigt se pose, plus
'hardi, pour m'indiquer celui qu'elle révère.
Mais il .me faut quitter cette salle, et cet en-
1 clos mêlé à la nue. Des Américains, des gens
i venus d'outre-mer l'envahissent. C^est là désor-
mais uu véritable pèlerinage, le Lourdes de la
plastique vivante, où les écailles de l'erreur
poncive tomberont des yeux des sincères, celui
pour lequel on franchit l'Océan, celui où nous,
accourrons V Nous escaladerons avec une fer-
veur renouvelée cet Hymette tourmenté par
la misère humaine, pour nous initier aux mys-i
tères de l'amour et de la force, pour nous y ré-:
chauffer au bon soleil de l'art.
Léon RIOTOR.
, MEMENTO. — J'ai reçu. bien tard un livre, l'A-
Ibtiné de Raymond Maygrier. J'aurais voulu dire,
iplus à l'aise, tout le bien que je pense de ce fi-,
'dèle ami, mieux encore que pour son récit, où je
[retrouve avec le style clair et simple qui fait son.
charme, une version émue d'épisodes de 1870. Les
.aventures de son héros, jeune avocat conduit par,
Se patriotisme, qui échoue plus tard >en des com-
binaisons interlopes, l'idylle du Bourget sont d'in-
1 téressantes pages.
Raymond Maygrier, que j'ai déjà cité au cou-
rant desirfs et des lettres, est un esprit avisé au-
[quel il ne manqua qu'une tribune pour se révélé.'
tout à fait. Ses précédents livres, ses études dj
îjournaux et de revues ont laissé des traces. Je
souhaite vivement qu'il lui soit permis de se me,
nifester définitivement.
- Les- Aileg brisées, par Jacques Fréhel, raconta
sous forme do journal intime les impressions de
ideux jeunes gens qui s'aiment, jusqu'à la ruptiue
'inévitable. Œuvre délicate et passionnée. — Avm
Expiation, de Mme la comtesse de Tramar, nous
; sommes en plein drame d'aventures touffues, et .','i-
'magination en est bien conduite.
HYGIENE PUBLIQUE
Le 19 février dernier, la loi sur la santé pu-
.blique est devenue exécutoire. Plusieurs rc/gle-
ments d'administration publique lui ont suc-
cédé, énumérant les maladies à déclaration et
à désinfection obligatoire, et les maladies à
déclaration facultative, ou déterminant le fonc-
tionnement du comité consultatif d'hygiène
publique. ,
Voici maintenant -que vont intervenir les
municipalités, les préfets, les conseil;; d'hy-
;giène et les commissions sanitaires. J'ajoute
qu'il n'est pas besoin d'être préfet, maire ou
adjoint pour s'intéresser à une question aussi
.capitale que celle de la santé publique, et que
: tous ceux qui s'occupent de bienfaisance doi-
vent s'efforcer d'apporter leur concours indivi-
duel à la bonne exécution de la loi.
Le médecin est l'auxiliaire naturel et tout
!trouvé de l'administration. Il est en contact
javec les familles pauvres, il pénètre dans les
jplus humbles logis. Il peut pe rendre compté
rpar lui-même des conditions défectueuses de
certains logements, de l'insalubrité des demeu-
res où les malheureux sont entassés les uns
sur les autres, où, par conséquent, la contagion
est le plus à craindre.
Ces logis misérables sont des foyers d'infec-
tion,de véritables parcs à microbes malfaisants,
:c'est sur eux que doit se porter la sollicitude la
plus attentive et la plus vigilante.
Il y a quelques années, le directeur de l'as-
sistanca publique avait,par une circulaire, in-
vité les administrateurs et les commissaires
des bureaux de bienfaisance à lui signaler les
logements insalubres. Cette circulaire est restée
lettre morte. N'y aurait il pas lieu de la renou-
veler et de remettre en vigueur ses prescripr
tions.
Les services d'assistance et d'hygiène sont
étroitement liés l'un à l'autre. Ils peuvent, ils
doivent se rendre de mutuels sorvices, et coor-
donner leurs efforts vers le même but: la lutte
triomphante contre la maladie et la misère.
A côté du médecin et des commissaires du
bureau de bienfaisance, professionnellement
appelés à jouer un rôle dans l'œuvre, de la sa-
lubrité nationale, il y a une foule de person-
,nes charitables, de visiteurs des pauvres, qui
ne marchanderaient point leur concours à
l'administration, si elle y faisait appel, et qui
ne demanderaient pas mieux que de seconder
les bureaux d'hygiène.
Un service de renseignements ainsi organisé,
outre qu'il serait facile à créer et ne coûterait
;rieu' au budget, rendrait la tâche de l'Etat
moins lourde ; et son action préservatrice plus
efficace. — L. A.
lA GUERRE AU BLANC DE CÉRUSE
Une rectification
M. Expert-Besançon avait semblé, dans sa dépo-
sition devant la commission do la Chambre, mettre
en doute l'honorabilité du citoyen Abel Craissae,
délégué général du Syndicat des peintres de Paris,
dont on connaît la belle campagne contre le blano
;de cérnse.
M. Expert-Besançon avait rapporté à ce sujet une
parole prononcée, disait-il, par M. Fontaine, direc-
teur du travail au ministère du commerce.
M. Fontaine proteste aujourd'hui par la lettre
qu'on va lire, et qui donne entière satisfaction au
citoyen Abel Craissac :
Paris, 19 juin 1903.
A monsieur le Président de la Commis-
sion, chargée d'examiner le projet
de loi sur l'emploi des composés du
plomb dans les travaux de la pein-
ture en bâtiments.
Monsieur le Président,
L'annexe n, XI du rapport de M. J.-L. Breton,
rendant compte de la déposition de M. Expert-
Besançon devant votre commission, contient,
page 237,le passage suivant :
« M. Fontaine m'a dit : Craissac ne m'ins-
pire pas grande confiance ».
La mémoire do l'honorable déposant l'a cer-
tainement mal servi en la circonstance. Il n'est
absblumènt rien à ma connaissance que soit do
nature à me faire douter de la sincérité et du
:désintéressement de l'honorable M. Craissac et
à me faire tenir un tel langage.
Je vous serais, obligé de vouloir bien donner
lecture de ma lettre à la commission.
Veuillez' agréer, etc.
Arthur FONTAINE,
Directeur du travail.
■„
LE ROI D'ITALIE EN FRANCE
Le train royal
: Roine, lsr juillet.
Selon le Journal des Travaux publics, la
.,.çompagnie italienne de la Méditerrannée et la
compagnie française du P.-L.-M. ont pris tou-
'tes leurs dispositions pour le passage du train
royal que prendra le roi Victor-Emmanuel
pour se rendre à Paris.
Ce train partira vers 9 h. du soir de Racco-
nigi. A Modanodeux machines françaises rem-
,placeront les machines italiennes et la surveil-
lance du train sera assurée par un directeur
de service de la Compagnie P.-L.-M.
L'éléphant, daas l'Afrique italienne
(De notre correspondant particulierl
Rome, 1" juillet.
Le gouverneur de l'Erythréa a interdit la
chasse à l'éléphant dans toute la colonie pour se
conformer à la convention de Londres relative
à la protection des animaux en Afrique.
La mesure a été également dictée en vue de
la sécurité des sujets italiens qui s'exposent
à de grands dangers en chassant ces pachy-
dermes.
AU CONSERVATOIRE
DES ARTS ET METIERS
L'inauguration des nouveaux
laboratoires.
L'arrivée du Président de la Répu-
, blique. — Les discours. — Une créa-
tion de la Révolution. — Réponse
de M. Loubet. — La visite des
nouveaux laboratoires.
M. Loubet, Président de la République, a
présidé, hier matin, au Conservatoire des arts
et métiers, la cérémonie inaugurative de l'Of-
fice national de la propriété industrielle et des
laboratoires d'essais mécaniques dont nous
avons donné, il y a quelques jours, une des-
cription complète.
A sa descente de voiture, M. Loubet, qui
était accompagné du général Dubois, du com-
mandant Reibell, de sa maison militaire, et de
M. Poulet, chef de son secrétariat particulier,
a été reçu par MM. Millerand, président du
conseil d'administration du laboratoire; Trouil-
lot, ministre du commerce ; Chandèze, direc-
teur du Conservatoire; Eloi, directeur des
collections; Drouvillé, agent comptable; Pcrot,
directeur du laboratoire ; Derode, président de
la chambre de commerce ; Reymond, Poirrier,
etc., sénateurs; Puech, Astier, etc., députés; de
Selves, préfet de la Seine; Lépine, préfet de'
police ; Poiry, conseiller municipal, etc.
M. Loubet a été conduit aussitôt dans la
salle du. laboratoire coquettement décorée de
plantes et de tentures en velours rouges à cré-î
pines d'or. Il prend place avec les personnages
officiels sur une estrade dressée en son hon-
neur. M. Millerand lui souhaite la bienvenue.
Nous vous sommes, dit-il, profondément recon-
naissants d'avoir su trouver une heure, au milieu
de tant d-obligations et de soucis; pour la donner
5 l'inauguration de l'œuvre que nous avons la fierté,
de vous présenter. Elle mérite, nous ne craignons
pas de le proclamer, la grand honneur que vous
lui faites. Par son caractère d'abord: c'est une de
ces œuvres de concorda et de paix qui vous sont,
je le sais, particulièrement chères, parce qu'elles
permettent à tous les Français d'oublier un mo-
ment ce qui les divise pour se réunir et pour com-
,munier dans do hautes et nobles préoccupations.
Par sa valeur ensuite et par son incontestable
utilité. La Révolution française a donné ses titres
au Conservatoire des arts et métiers ; dès sa nais-
sance il portait en soi les germes à l'éclosion des-
quéls vous assistez aujourd'hui.
Il a fallu l'aide indispensable du temps pour que,
le besoin créant l'organe, à côté des collections
qui sont la parure et l'honneur de notre maison,
surgissent cet office national de la propriété indus-
trielle, ce laboratoiro d'essais, que vous inau-
gurez.
Votre visite, monsieur Je Président delà Républi-
que, est pour nous la plus haute des récom-
penses et Je plus précieux des encouragements.
Discours de M. Derode
M. Derode, président de la chambre de com-
merce, prond ensuite la parole. Il rappelle les
circonstances dans lesquelles la chambre de.
commerce a pu participer à l'œuvre qu'on
inaugure. Il l'end, à ce sujet, hommage à son
prédécesseur. M, Fumante, et rappelle que.
bien des fois, ils ont exprimé tous deux le
vœu de mettre los moyens de contrôle ù la por-
tée de tous les industriels. Un rapport de. M.
Garnior, en 1897, avait indiqué une solution
qui n'était autre quo la transformation du la-
boratoire des ponts et chaussées. Mais pour
réaliser les réformes nécessaires, il fallait en-
gager un capital de 1.100.000 fr.
On recule devant la dépense
Malgré notre ardent désir, continue M. De-
rode, de voir s'ouvrir le nouveau laboratoire,
nous n'avions pas le droit d'engager une aussi
forte somme. Enfin M. Millerand obtint du
Parlement, sur le rapport de M. Astier, lecom-
plément de crédit nécessaire pour la publica-
tion intégrale des brevets — ce qui consti-
tuait, ajoute l'orateur, uh des buts principaux
que nous avions en vue. Le président de la
chambre de commerce rend hommage à M..
Chandèze qui, dans ce3 circonstances, a mérité
la reconnaissance du commerce.
M. Derodc est heureux de constater que les
résultats obienus justifient dès aujourd'hui
tous les sacrifices consentis. Mais il ne consi-
dère pas la tâche comme achevée. Les membres
de la chambre de commerce appartenant au
conseil d'administration du Conservatoire
s'efforceront d'être les interprètes des désirs et
des besoins toujours nouveaux de l'industrie.
Discours du Président de la République
M. Loubet répond qu'il ne mérite pas les re-
merciements qui lui ont été adressés par MM.
Millerand et Derode. Il éprouve une grande
joie à se retrouver dans cette maison où il est
déjà venu, il y a environ deux ans.
Il sufflt, ajoute M. Loubet, de jeter lss yeux
sur le tableau de vos cours et sur la liste de
vos professeurs pour se vendre compte de la;
valeur de vôtre œuvre et de l'importance que:
la Société française doit y attacher.
Le président félicite la chambre de commerce
du concours éclairé et permanent qu'elle a ap.,
porté à cette œuvre. Il est convaincu qu'après;
avoir aidé l'enfant à naître elle l'aidera à vivre;
et à grandir. La chambre de commerce a ad-*
mirablement compris sa tâche et on ne saurait,
mieux qu'elle ne l'a fait, veiller aux graves in-
térêts dont elle a la charge.
En terminant, M. Loubet adresse ses félici-
tations au corps enseignant du Conservatoire;
et à tout lo personnel et il déclare que le con-
cours dos pouvoirs publics ne fera jamais dé-
faut à l'institution qu'il vient d'inaugurer. -
Le Président de la République, conduit par
'M. Millerand et le ministre du commerce, vi-
site ensuite les locaux où sont installés les ser-
vices différents du laboratoire, qui sont au
nombre de cinq.
La section des métaux s'occupe de tout ce
qui à trait à l'industrie métallurgique. De
puissantes machines, dont l'une est d'une puis-
sance de 300 tonnes et a coûté 100.000 francs,
permettent d'effectuer tous les essais de résis-
tance relatifs aux métaux.
La section des matériaux de construction
s'occupe autant de chimie que de mécanique.
, Elle est pourvue de fours de cuisson pour les:
matériaux céramiques, de bacs d'essai pour
les ciments, d'appareils destinés à déterminer
le gonflement des chaux et des ciments..
On y effectue devant le Président une expé-
rience de section de pierre dure, à l'aide d'une
.'nouvelle scie à diamant.
, La section des machines est pourvue de toute
,l'installation désirable.
Le Président de la République a paru vi-
vement intéressé par les expériences effectuées;
devant lui et a félicité les divers chefs de
service.
Il a été ensuite conduit dans une sorte de
i préau où un lunch été servi.
Lunch et récompenses
Prenant la parole, le ministre du commerce
rappelle-quel fut le point de départ fort mo-
deste de cette institution si précieuse. Elle ne'
fut, à l'origine, en 1794, qu'un « dépôt de ma-
chines, modèles et outils », auquel étaient ad-
joints trois démonstrateurs et un dessinateur.
Vingt-cinq années après, en 1819, on com-
mençait à élargir l'institution en y créant des
cours de sciences appliquées à l'industrie. Trois
cours étaient fondés : ceux de mécanique, de
chimie et d'économie industrielle. Aujourd'hui
'.le Conservatoire compte 20 chaires qui réunis-
sent tous les soirs plus de 600 auditeurs.
Le ministre termine en portant la santé du
président do la République, dont la présence
.donne une si haute consécration à l'œuvre en-
treprise et do tous ceux dont l'initiative et le
■travail en assurent la prospérité.
Le ministre du commerce a remis les palmes'
académiques à MM. Dhommée, Dujour, Fran-
côux, Vigiollas, Leduc, Uarnier, Antoine, Ga-
•daud, Perchais, Joleilhayoup, Brévi et à Mlle
îMorlot ; la croix de chevalier de Mérite agri-
cole à MM. Boyer, Guillon et Raveau des mé-
dailles du travail à MM. Ansiiager, Bagary, *
Bézières, Guérin et Rousseau.
'-—
UN MARIAGE TRÈS. AMÉRICAIN
,. (De notre correspondant particulierf
New-York, 1" juillet.
Le grand-duc Boris de Russie qui est venu
en Amérique pour étudier los institutions des
Etats-Unis, est actuellement l'hôte d'un des
princes de la finance à Newport. On dit qu'il
est question d'une alliance entre le descendant
des Romanoffs et une 111le de son amphytrion.
Les fiançailles seront célébrées vers le mois.
de septembre.
FOLIE CONTAGIEUSE
IDe notre correspondant particulier/
New-York, ln iuillet;
M. Frederick Schoanmacker a conçu au Co-
lorado le vaste projet de créer une nouvelle
planète qui constituera, suivant lui, pour l'in-
dustrie terrestre une source inépuisable d6,
forces motrices électriques.
Voici comment ce novateur hardi, mais peu
équilibré,pense exécuter son projet.
D'un canon à calibre de 13 pouces, il pro-
jettera vers le ciel un grand projectile sphéri-
que en fer aimanté. Le projectile en partant
déroulera une bobine de fils, d'une longueul"-
de 30 kilomètres.
Le projectile entrant dans la sphère électri-
que qui entoure la terre commencera à gravi-
ter autour de notre planète. Par les fils, on
espère conduire vers la terre l'énergie électri-
que que le nouveau satellite accumulera dans
sa route. C'est par ce moyen que Jesavantveut
révolutionner l'industrie. Le projet est, paralt-
il, prig au sérieux, une vaste compagnie se
serait constituée pour l'exploiter.
------ .——————————«
TERRIBLE EXPLOSION DANS UNE MINE
175 morts
Hanna (Etats-Unis), 1" juillet.
Une terrible explosion, qui a fait près de 20G
victimes, s'est produite, hier, dans les mines
do charbon de l'Union pacifie, à Hanna (Wyo,
ming). On dit que le nombre des tués s'élève
à 175.
25 cadavres mutilés ont déjà été ramenés à
la surface. Une épaisse fumée paralyse les sau-
veteurs et les empêche de parvenir jusqu'aux
victimes.
Voir à la 3" page
les Dernières Dépêches
de la nuit
et la Revue des Journaux
du matin
Les Coulisses des Chambres
M. Klotz à la délégation des gauches
M. Klotrs'est rendu hier à la réunion de la
délégation des gauches où il a fait connaître le?
motifs pour lesquels il comptait demander au-
jourd'hui l'ajournement de la discussion des
quatre contributions directes.
Il a rappelé le précédent de 1900 où la der-
nière Chambre avait,par 378 voix contre 130.
pris une décision analogue sans que le gouver-
nement d'alors ait cru devoir poser la question
de confiance.
Il estime que la Chambre ne devrait pas se
séparer avant qu'un vote du Sénat soit inter-
venu non seulement sur la loi protectrice de
l'élevage national adoptée hier par 400 voix,
mais encore sur la loi relative à Ja sécularisa-
tion. Le gouvernement, malgré les hésitations
des uns, les légitimes scrupules des autres, les
critiques autorisées du plus grand nombre, a
réclamé à la Chambre le vote de la proposition
Massé. Il a déclaré qu'elle lui était indispensa-
ble. Or, si la Chambre vote aujourd'hui les
quatre contributions directes, le décret de clô-
ture sera lu samedi, avant que le Sénat ait pu
se prononcer sur le texte Massé. Si cette loi
était essentielle il y a huit jours, elle doit l'être
encore aujourd'hui.
Mais si le gouvernement n'en avait pas un
-réel besoin, pourquoi a-t-il imposé à une par-
tie de la majorité républicaine un vote auquel
,elle ne s'est tardivement résignée que par un
étroit sentiment de discipline ?
Ou la loi Massé est indispensable au gou-
vernement, et alors il devrait accepter avec
satisfaction nia demande d'ajournement, ou elle
ne lui est pas indispensable et le président du
conseil a eu le grave tort d'engager le parti
républicain dans une pareille voie.
M. Klotz voudrait savoir, si, au cours des
vacances, le gouvernement peut, contrairement
à ce qu'il affirmait il y a huit jours, se passer
'de la loi Massé. Mais si la délégation des qua-
tre groupes de gauche, après avoir examiné la
situation, demande à M. Klotz de ne pas main-
tenir sa motion, il consentira, par discipline, èL
la retirer.
Conformément à la demande des membres
de la délégation, M. Klotz a renoncé à sa
tnotion.
A la commission de l'armée
La commission de l'armée a nommé M. Ber-
teaux rapporteur de la loi sur le service de
deux ans.
Elle a discuté ensuite l'amendement de M.
Maujan relatif à l'organisation des services
auxiliaires. La commission a émis une déci-
sion de principe d'après laquelle tous les
hommes aptes à combattre seraient incorporés
dans les effectifs pour recevoir l'instruction
militaire exclusivement, sans être détournés
de leur tâche.
Elle a admis que les hommes qui, suivant
les définitions de M. Dubois sont atteints d'une
infirmité relative, saus que leur constitution
générale soit douteuse, seraient appelés dans
les services auxiliaires pour y accomplir une
tâche en rapport avec leurs moyens physi
ques.
La sous commission recherchera la nature
et l'étendue de cos services.
Au groupe de la Libre-Pensée
Le groupe parlementaire do la Libre-Pensée
s'est réuni hier sous la présidence de G. Hub-
bard.
M, Magniaudé a attiré l'attention du groupe
sur le cas d'un professeur de l'Université dé- -
placé ; le groupe décide en principe qu'il no
saurait intervenir en tant que groupe que dans
le cas où le déplacement d'un professeur st
rattacherait aux questions intércs saut direct
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