Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1903 01 juillet 1903
Description : 1903/07/01 (N12164). 1903/07/01 (N12164).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75754259
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINO CENTIMES le Numéro; PARIS â DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINQ CENTIMES
:',¡.
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N. 12164. - Mercredi la Juille 1903
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et qui craignent de ne pas trouver le jour-
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- 20 — .,.. 1 fr. »»
— 30 — 1 fr. 50
NOS LEADERS
LlKfPlE
J'achevais la lecture du « Journal de
jeunesse de Francisque Sarcey ». M.
Adolphe Brisson a eu l'idée excellente
de réunir à la fin du volume quelques
chroniques de Sarcey : Grains de bon
sens, Fagots, Notes de la semaine. Dans
l'une, Sarcey parle des lettres qu'il
recevait de ses lecteurs. — Je cite :
— Tenez, me dit Brisson en me passant une
lettre, lisez cela :
« Ces Notes de la semaine, disait le signataire,
qui était un receveur municipal, ont cela de
particulier, et c'est une qualité rare, d'être com-
prises par tous. Ma mère qui est une pay-
sanne, dont la vie s'est passée à lire le grand
livre de la nature plutôt que les bouquins sa-
vants de nos meilleuis écrivains, les lit chaque
(Semaine et y trouve un charme extrême. Je
suis le fils de ma mère. »
Je n'en fais pas le fier ; à la lecture de ces
Hgnes, des larmes me montèrent aux yeux, et
jeserrai silencieusement la main de Brisson. Je
n'avais jamais de ma vie reçu un éloge qui me
fût si sensible.
Et, plus tard, quand je me présenterai de-
vant le souverain juge, s'il est vrai qu'il y ait
un jugement dernier, je lui dirai : « Mon
Dieu, j'ai fait bien des sottises en ma vie, et
sll ne m'est jamais échappé une méchanceté
de la plume, il est vrai que j'ai écrit bien des
inutilités ; mais regarde cette paysanne : j'ai
éveillé la réflexion chez elle, je lui ai ouvert
le monde de la philosophie, j'ai fourni à sa
aensée incertaine des aliments substantiels ;
slle a eu, en me lisant, quelques heures de
„ ioie, et elle est sortie de cette lecture meilleure
et plus contente d'elle. Cela vaut bien que tu
;.ne pardonnes tout le reste.»
***
II y a sans doute bien de la présomp-
tion à moi à écrire mon nom tout à
côté de celui de ce maître journaliste
que fut Francisque Sarcey, mais il faut
bien que je dise que si l'anecdote que
je viens de reproduire m'a vivement"
frappé, c'est qu'au moment où je l'ai
lue, je venais de recevoir aussi une
'ettre,..
Oh ! ce n'est pas la première, cer-
tes! Voilà plus de dix-sept ans que je
suis en relations quotidiennes avec
les lecteurs du Rappel ; ils m'ont pro-
digué leurs témoignages de sympathie,
de confiance, d'estime, dont je suis
bien fier.
Le plus souvent, ces lettres, je les ai
gardées pour moi seul, précieusement.
Mais il m'a été impossible de ne pas
parler de quelques-unes. On se sou-
vient peut-être de la lettre de ce brave
homme qui me remerciait de lui avoir,
lors de l'affaire Dreyfus, ouvert les
yeux, de ravoir, lui lecteur habituel
Je la Patrie, conquis à la vérité, à la
justice. Et, tout dernièrement encore,
on peut se rappeler la lettre de cet en-
fant qui me demandait de faire un ar-
ticle dont la lecture pût empêcher sa
mère de se tuer.
Mais rarement j'ai ressenti une émo-
tion comparable à celle que j/ai éprou-
vée en lisant cette lettre vieille seule-
ment de quelques jours :
Monsieur,
Permettez à une jeune fille (de 17 ans) de
vous adresser une lettre de remerciement.
Je vais vous en expliquer la cause, simple-
ment, comme si j'étais en face de vous.
Mon père reçoit le Rappel tous les jours; il
l'apprécie beaucoup. Et moi, depuis plus de
jleux ans, je suis exactement tous vos articles.
le les trouve intéressants; de tous, se dégage
une grande bonté ; et puis vous combattez avec
jirdeur l'égoïsme.
J'en viens à la cause pour laquelle je vous
:lois un profond : « Merci ! a
Il y aura bientôt deux ans, mon père, ma
mère et moi, nous allâmes admirer les magni-
fiques Alpes françaises. Pendant ce voyage,
quelque chose me révéla que je ne devais plus
ître lille unique. Je ne puis vous dire ce qui
?e passa en moi. Je médisais : « Quoi ! au lieu
le mon frère chéri qui nous fut ravi à tous si
sruellement par la mort, je vais voir un tout
délit enfant que je devrai appeler : mon frère,
Du: ma sœur I. » Je m'écriais en moi-
même : « Non, je ne l'aimerai jamais ! Je ne
veut pas que ma dot soit partagée mainte-
Àant ! »
J'avais une foule de pensées comme celles là
îl les magnifiques paysages que j'avais devant
'es yeux ne parvenaient pas à m'en distraire,
'infin un jour, c'était près & Grenoble, je pus
réfléchir et je constatai que j'étais en proie à
l'égoïsme. Une lutte intérieure s'engagea en
moi et dura plus d'nn mois. Et c'est en me sou-
venant des articles par lesquels vous avez com-
battu l'égoïsme, que je me dis résolument :.
,on ! Je ne veux pas être une égoïstes ! »;
Oui, c'est dans vos articles que j'ai puisé
Je courage dont j'avais besoin. Je suis donc
sortie, forte, du combat.
Et le bébé attendu est venu ; et aujourd'hui,.
e l'aime bien; j'ai près de moi une petite
ioetir, une blondinette au visage candide.
C'est donc vous, Monsieur, qui m'avez rap-.
pelée à mon devoir. Sans vous j'eusse écouté-
mon sot égoïsme. Més parents, j'en suis bien
sûre, se seraiedt fâchés ; et alors quelle vie
l'eusse menée !.
C'est pourquoi, Monsieur, Je vous envoie de
loutes mes forces mes sincères remerciements
jour le bien que vous m'avez fait.
Depuis ! ïîiCiS, j'ai l'idée de vous
j^îire, mais ie n'osais nas. Parctûfliiez-lQ moi »
Maintenant * n osais nas.
Aujourd'hui, je veux avoir la conscience
tranquille et il me semble (cela est juste, évi-
demment) que ie manquerais 'IkAugiqu' Chffl,
si Je ne Voas disais pas f Merci.
Puisse cette lettre être une faible récompense
de votre labeur, en vous assurant que vous ne
parlez pas en vain.
***
C'est d'une main que l'émotion fait
un peu trembler que je mets cette let-
tre — dont je n'ai supprimé que la
signature — avec les autres.Ma fille les
trouvera quand je serai mort; je ne
lui laisserai guère d'autre héritage ; si
elle a, dans son âme, quelques parcel-
les - de mon âme, elle en sera bien
heureuse, et un peu fière; et ne de-
mandera rien de plus.
Et je dirai, un peu comme Sarcey,
mais allant, et pour cause, bien plus
loin que lui : « J'ai souvent, dans le
cours de ma vie, erré; je me suis
trompé ; j'ai mal agi ; il y a dans mon
passé des souvenirs dont je saigne —
et c'est à moi que je pense en écrivant
ceci, ô chère petite morte de l'hôpital
Beaujon ! — assurément je ne prétends
pas me faire pardonner par moi-même,
mais peut-être arriverai-je à racheter
un peu de mes fautes, en faisant le plus
de bien possible autour de moi, en
propageant leaidées que je crois justes
et vraies, en vivant pour les autres,
en étant bon.., »
Quoi ! j'ai pu sauver de l'égoisnle,
cette mort morale, une âme de jeune
fille!. Oh! la joie profonde, glorieuse.
de sentir qu'on n'est pas tout à fait
inutile! Travaillons.
Lucien Victor-Meunier.
Voir à la 3e page
les Dernières Dépêches
ALORS, PLUS D'ARBITRAIRE.
M. Waldeck-Rousseau n'a pas
une bonne presse. Les réaction-
naires et les cléricaux l'injurient,
ce que je comprends à merveille,
car il leur a fait une rude guerre.
Certains - jouinaux avancés, de
leur côté, disent de lui pis que pendre, ce
que je comprends moins, car il y a à peu
près un an, ils faisaient son éloge dithy-
rambique. Les premiers ont absolument
raison d'en vouloir à M. Waldeck-Rous-
seau. Les autres, qui recherchent vaine-
ment de si vains motifs de querelle,ne sont
excusables, aux yeux de quelques républi-
cains, que parce qu'ils croient avoir trouvé
un dérivatif aux causes mêmcs de la situa-
tion politique actuelle. ",
Ce n'est pas la procédure suivie par la
commission des associations et des congré-
gations qui a créé le conflit. C'est le fait,
ainsi que je l'ai expliqué bien des fois, que
M. Combes a voulu demander à la loi des
associations plus qu'elle ne pouvait donner.
Alors que beaucoup d'entre nous préten-
daient qu'il fallait refaire la loi sur l'ensei-
gnement,- M. Combes s'obstinait à voir
dans la loi du contrat d'association une loi
sur l'enseignement.De là, toutes les erreurs
commises. De là, la fameuse proposition
sur les sécularisations des congréganistes.
Oh nous parle discours Waldeck pour
nous faire oublier la sécularisation. Diver-
sion, vous dis-je? Oui ou non, nous a-t-on
dit à la Chambre que la proposition Massé
était utile, indispensable pour que la loi de
1901 fût applicable ? Sans cette proposi-
tion, la loi restait lettre morte. Et on nous
a forcés à la voter. Après quelles négocia-
tions ? Après quels efforts?
Le gouvernement l'a portée ensuite au
Sénat. Et le Sénat n'a pas voulu de ce texte
bâtard, insolite, antijuridique, inefficace,
inopérant. Clemenceau, tout de suite, en a
suggéré un atftre. Aussitôt, voici le minis-
tère bien ennuyé. Son texte était intangi-
ble. Pourquoi lui en substituer un ? Fina-
lement, il accepte. Mais, lorsqu'il a accepté,
le Sénat manifeste qu'il n'y a pas besoin de
loi nouvelle, que la loi de 1901 suffit.
Devant cette quasi-mise en demeure,
M. Combes n'a pas bronché. Il a demandé
à la commission du Sénat de ne rien rap-
porter du tout. Le texte, donné comme ur-
gent à la Chambre, et faute duquel le mi-
nistère ne pouvait plus exécuter la loi de
1901, dont il avait un besoin urgent, sinon
il s'en allait, ledit texte, du coup, était de-
venu inutile-ce que j'avais dit à la Cham-
bre — le ministère pouvait s'en passer ; il
appliquerait quand même la loi des asso-
ciations.
Bien. Pour ma part, je ne reproche pas
au ministère de vouloir rester, puisque
personne,dans le Parlement, personne n'en-
tend provoquer une crise à la veille du dé-
part du Président de la République à Lon-
dres et de l'arrivée du roi d'Italie à Paris.
Mais il est permis de constater que le mi-
nistère a fait voter, malgré elle et sur un
texte dont elle ne voulait pas, une Chambre
qui pourtant était disposée à lui donner
toutes les armes possibles et imaginables
contre la réaction. Et lui-même n'avait pas
tant besoin de,ce texte, puisqu'aujourd'hui
il déclare pouvoir s'en passer.
Que vont devenir les procès engagés? J'i-
magine que M. Vallé, garde des sçeaux,
saura s'arranger avec ses parquets et ses
juges d'instruction. ,
Qu'on ne nous parle plus de la procédure
sur les autorisations des congrégations. Je
iépète que c'est une dérision. Ce n"est pas
elle qui a créé des difficultés: au gouverne-
ment parce que c'est le gouvernement qui
l'a inspirée. Le gâchis inexprimable dans
lequel nous sommes provient de ce tait
qu'il a mis un entêtement ridicule à faire
voter par la Chambre, à propos des
sécularisations, une proposition arbitraire
et véritablement exceptionnelle; que, de-
puis le vote de la Chambre, il apporte le
même entêtement à prier le Sénat de ne
pas en délibérer avant les vacances. Alors,
c'est bien dit ? Le gouvernement ne veut
plus d'arbitraire ? Que ne l'a-t-il fait savoir
auparavant ? Pour ma part, je prétends que
c'est là lP .: _Lc1A - - ;e n'en sortirai pas.
- çh. P..
LA STÉNOGRAPHIE
DANS LA PRESSE
Coup d'œil rétrospectif. — Le service
sténographique du « Moniteur Uni-
versel ». — Reporters sténogra-
phes. — En Amérique. —
L'Association sténogra-
phique unitaire
Autrefois, l'homme n'accordait son admira-
tion qu'aux choses fastidieuses et ruineuses
tandis que de nos jours son admiration se
porte de préférence sur les choses "utiles ; sur
les arts et les sciences Et pourtant l'art d'é-
crire sous la parole n'a guère rencontré dans
la presse moderne qu'une indifférence inexpli-
cable, car c'est précisément dans la presse que
l'expérience a le mieux sanctionné l'utilité de
cet actif auxiliaire de l'homme qui écrit.
Cette constatation, teintée de pessimisme,
m'a été suggérée par l'intéressant article de M.
Fabrice Durand dans le Rappel et le XIX' Siècle
du 27 février 1903 et par celui, non moins in-
téressant, de M. Armand Depper dans le Rap
pel et le XIXe Siècle du 23 juin 1903 ; cela ne
fait que mieux ressortir le souci et la bien-
veillance de la rédaction de ces importants or-
ganes quotidiens pour tout ce qui touche aux
connaissances utiles.
Comme je l'établirai prochainement dans la
Chronique de la Sténographie (organe bi-men-
suel de praticiens sténographes) par la publi-
cation de curieux documents historiques que
je me suis procuré, M. Breton, premier prati-
cien du système Bertin, assistait déjà comme
journaliste-sténographe à la séance du 10 août
1792, journée mémorable où « la force passa
des mains d'un seul homme dans les mains
d'une assemblée ».
Premières organisations
Le Moniteur (plus tard le Moniteur Universel,
puis le Journal Officiel), le Journal des Débats,
le Messager des Chambres, le Temps, le Journal
des Débats, le Constitutionnel et quelques autres
grands journaux de l'époque eurent des sténo-
graphes attitrés. Le Moniteur, lui, compta deux,
trois, puis quatre sténographes jusqu'èn 1830 ;
car, à la Chambre des Pairs, les séances n'é-
tant pas publiques les comptes rendus se fai-
saient analytiquement. La Révolution de Juil-
let ayant fait ouvrir les portes de la noble as-
semblée et le silence ayant cessé d'être une loi,
le Moniteur dût, pour suffire au service des
deux Chambres de la nouvelle constitution,aug-
menter à nouveau le nombre de ses sténogra-
phes, qui s'accrut encore par la suite, tant et
si bien qu'en 1846 les sténographes de ce jour-
nal, investis déjà d'un caractère officiel, de-
vinrent des fontionnaires publics et constituè-
rent notre premier service sténographique par-
lementaire officiel.
Un sénatus-consulte de février 1861 vint ré-
glementer un décret de novembre 1860 impo-
sant à la presse un compte rendu analytique
unique et réservant au Moniteur Universel la
reproduction in-extenso des débats des deux
Chambres au moyen de la sténographie. Depuis
cette époque les sténographes ont disparu peu
à peu de la rédaction de nos grandes feuilles
politiques.
Si la presse actuelle peut, j'en conviens, se
passer de sténographes grâce aux comptes ren-
dus sténographiques ofticiels, je soutiens néan-
moins que, même pour les analyses, l'artabré-
viatif est d'un utile secours; un reporter or-
dinaire aura toujours un travail de reconstitu-
tion de notes plus pénible et qui lie conduira
pas à des résultats aussi certains que celui
d'un de ses collègues sténographe. Aussi les
sténographes employés dans les journaux amé-
ricains et anglais jouissent-ils d'une estime
très méritée.
Au delà de l'Atlantique
Pour donner une idée de l'immense vulgari-
sation de l'écriture sténographique au delà de
l'Atlantique, rappelons qu'un personnage bien
connu du journalisme politique en Amérique,
l'honorable M. Murat-Halstead, de Cincinnati,
disait dans un discours au congrès sténogra-
phique tenu dans cette ville en août 1882 :
« Dans l'office (bureaux de rédaction et d'im-
pression d'un journal) auquel je suis attaché,
cinq compositeurs peuvent composer d'après
les notes sténographiques du célèbre Victor
Smith, reporter de la Convention constitution-
nelle de l'Ohio. »
Il est d'ailleurs, en fait d'instruction, de ces'
vérités aussi simples qu'utiles que personne ne
nie, mais qu'on perd trop facilement de vue.
En serait il autrement lorsqu'on voit dans nos
collèges des fils d'agriculteurs ou d'artisans
pâlir sur des textes grecs et latins, qu'ils ne
comprennent qu'à demi, au détriment de l'ac-
quisition des sciences physiques ou naturelles
et de l'instruction commerciale ou profession-
nelle qui, seules, procurent réellement l'amour
du travail et l'aisance dans la vie.
La sténographie instrument d'évolu-
tion,
Aujourd'hui, la sténographie est appelée à
faire des progrès sensibles et rapides parce
qu'indépendamment des professionnels qu'elle
forme, elle aide la mémoire tout en facilitant
le travail. Elle est indispensable à tout homme
qui parle, pense ou écrit; aux administrations,
au , commerce et à l'industrie, à la législation,
à l'armée, à la littérature, etc. Elle a donc par-
ticulièrement droit à la sollicitude de la presse,
ce sublime instrument d'évolution décentrali-
satrice, de vulgarisation intellectuelle.
Ceux de nos lecteurs que la question intéresse
et qui seraient désireux de recevoir les pre-
miers éléments d'un système sténographiqué
dont les succès professionnels ont consacré la
réputation - je veux parler du système Prévost-
Delaunay, — peuvent s'adresser à l'Association
sténographique unitaire, 14, rue de Chabrol
(10'), ou à moi-rnême; il leur sera Jemls ou en-
voyé gratuitement une petite brochure conte-
nant notamment le tableau des signes Prévost-
Delaunay et une liste des nombreux cours gra-
tuits professés sous les auspices de cette impor-
tante société, reconnue comme établissement,
d'utilité publique. olivier 1,0 -YEU,
Olivier J.JOYEn,
Directeur do la
Chronique de la SténogmpMe.
» —^
A PROPOS DU CONTINGENT AUSTRO-HONGROIS
[De notre correspondant particulier
Vienne, 29 juin.
11 y a quelque temps, l'empereur, par 1 entre-
mise du ministère de la guerre, a fait savoir
qu'il désirait une augmentation du contingent-
annuel fourni par la population, environ 20.000
hommes de plus. La Chambre autrichienne
s'est empressée, suivant son habitude, d'obtem-
pérer au désir de ce qu on nomme la couronne.
La Hongrie, elle, a dit qu'elle ne voyait aucu-
nement la nécessité de cette augmentation. Le
président du conseil, M. de Szell, a défendu le'
désir de l'empereur et il s'est formé une ligue,
dite de l'indépendance, conduite par Kossutb,
fils du fameux révolutionnaire de 1848, la-
quelle a refusé le contingent additionnel. M..
de Szell a disparu et l'empereur, conseillé par;
ses ministres autrichiens, a chargé un homme
il poig«n. e, genre Pielj ri do NaDo1^ do
(réer un ministère. Ce rebiffement s'a pas plu
aux Hongrois qui ont l'habitude de comman-
der chez eux et l'homme à poigne en question,
le comte Tisza, a fait un four ; personne n'a
voulu entrer avec lui dans une combinaison
ministérielle. En fin de compte l'empereur
s'est adressé au comte Khuen-Hedervary, ban
de Croatie, qui vient d'accorder tout ce que
veulent les députés indépendants et va créer
un ministère. Ce voyant, le ministre de la
guerre hongrois vient de donner sa démission,
car le contingent demandé est resté lettre
morte et il en est furieux. Le parti Kossuth a
vaincu la résistance alimentée par la volonté:
impériale et, une fois de plus, en Autriche on
fait le chien couchant devant les lubies d'en
haut tandis qu'en Hongrie on force les hautes
sphères à obéir à la nation. Peut-être, pour
avoir cédé, le comte Khuen a-t-il une idée de
derrière la tête, on s'y attend et on est sur ses
gardes pour le voir venir. — E. D. G.
LE PAPE ET LA PUCELLE
Jeanne sera béatifiée à Rome : ce n'est qu'une
affaire de deux ou trois ans, puisque bientôt
sera close la première partie du procès, car il
est dit que la pauvre Jeanne aura toujours des
procès. On l'appellera donc la Bienheureuse,
quand les quatre miracles requis seront prou-
vés, ce qui n'est pas difficile, les miracles se
prouvant toujours, surtout ceux qui sont trop
anciens pour être infirmés par quelque témoi-
gnage que ce soit.
Le Vatican est transformé.depuis longtemps,
en cour des miracles. Le pape délivre des in-
dulgences et des titres ; il délivre aussi le droit
de posséder son nom dans le calendrier, ce
dIottin de l'année. * , ','
Cependant, je crois qu'il a tort de créer des
sain î» nouveaux. Ils sont déjà trop nombreux,
puisque souvent on ne ait auquel se vouer ; et
d'être si nombreux, ils ressemblent à des pau-
vres d'église, à des suiveurs célestes, sortes de
mauvais courtisans auxquels on ne peut ac
corder grande attention. A peine se souvient-
on d'eux une fois l'an, et quelques fidèles, por-
teurs de leurs noms, mettent-ils, en leur hon-
neur, des fleurs sur l'autel, car l'autel, de même
que les troncs, est fait pour que les fidèles y
laissent leur témoignage de piété.
Comme je ne pense pas que ce soit « l'héré-
tique relapse » que l'on veuille ici célébrer, en
la béatifiant, l'Eglise prouve, encore une fois,
l'amour qu'elle eut toujours pour la guerre.
Nous aurons sainte d'Arc, en attendant que
nous ayons saint Napoléon et saint Mercier.
Et c'est au nom de celui qui disait : « Tu ne
tueras point », que le pape canonise celle qui
en fin de compte a surtout guerroyé.
Mais Christ, naturellement, ne protestera
pas, le pauvre homme ! — René Wisner.
L'ARTICLE 913
En attendant que soit définitivement réalisée
la grande rupture entre la France et Rome, il
serait bon de faire dans nos mœurs et dans nos
codes la séparation de l'Eglise et de l'Etat, de
la morale religieuse et de la morale scientifique,
du droit divin et du droit naturel.
Il faudrait d'abord que l'on retranchât de
nos lois toutes les dispositions visiblement ins-
pirées par l'Eglise et qui y ont subsisté malgré
des changements considérables apportés dans
l'esprit et dans la lettre du Code par Je progrès
des idées républicaines.
Le christianisme a recueilli des anciennes
religions païennes et a pieusement conservé
l'héritage de l'organisation familiale avec l'é-
goïste prédominance du mari sur la femme
et des parents sur les enfants. Il a imposé ses
vues au législateur.
Maintenant que le joug est secoué, il y au-
rait lieu de faire disparaître de nos codes tous
les articles qui ne sont plus en parfait accord
avec notre civilisation, avec nos doctrines phi-
losophiques et sociales, tels par exemple que
ceux qui ont trait it la punition de l'adultère
de la femme et aux droits absolus du père de
famille.
Les républicains, absorbés par les luttes
journalières, oublient un peu toutes les ques-
tions qui sont pourtant bien dignes d'intérêt.
Il faut rendre cette justice aux réactionnaires,
qu'ils ne manifestent à ce sujet ni la même
indifférence, ni la même paresse d'esprit.
On se rappelle la campagne récemment en-
treprise et vigoureusement m-anée pour la mo-
dification de l'article 913 du code civil.
Cet article 913 a restreint la capacité deffis-
poser des parents. Il porte que les libéralités
testamentaires ou entre vifs ne peuvent excé-
der la moitié des biens s'il n'y a qu'un enfant
légitime, le tiers s'il y a deux enfants, le quart
s'il y on a trois ou plus.
Voici les arguments invoqués contre cet ar-
ticle :
I. Il établit, dit on.une restriction si étendue
qu'elle équivaut à une véritable interdiction-
Il donne aux enfants la suprématie sur les par
rents. Il affaiblit l'autorité paternelle. Quelle
i nfluence en effet, peut avoir sur un enfant dé-
cidé à désobéir la perspective de voir sa part
héréditaire diminuée du quart? Est-ce la
crainte de voir une portion aussi minime de
son patrimoine passer dans des mains étrangè-
res qui pourra le retenir dans le devoir ?
II. En n'ayant le droit de disposer que d'une
faible partie de leur fortuna les parents n'ont
pas assez la facilité de faire une part plus grande
aux plus méritants et de punir les mauvais, de ré-
compenser les enfants soumis et respectueux et
d'enlever aux enfants rebelles à toute autorité
et asservis par leurs mauvais instincts la certi-
tude de recueillir un jour leur héritage, quelle
qu'ait été leur inconduite.
En conséquence, on propose d'écarter du
calcul prévu par l'article 913 les enfants qui au
décès du disposant auront atteint 25 ans. C'est
dire qu'un père de famille mourant à soixante
ans et ayant un ou plusieurs enfants de plus
de 25 ans aura la libre disposition desa fortune
et pourra dépouiller entièrement ses descen-
dants.
Vous voyez d'ici cette malice cousue de fil
blanc.
Il s'agit d'abord de rétablir l'autorité absolue
et despotique du père de famille sur les ma-
jeurs de 25 ans, autorité fondée non pas sur
l'expérience, sur le respect, sur l'affection,
mais sur la fortune, sur la cupidité, sur l'in-
térêt.
Il s'agit ensuite de permettre aux parents
d'avantager un enfant au détriment des autres,
de favoriser un préféré et de dépouiller com-
plètement ses frères, de rétablir ainsi indirecte-
ment une sorte de droit qui ne serait plus basé
sur l'aînesse, mais sur le choix libre des ascen-
dants, et grâce auquel les grosses fortunes évi-
teraient d'être partagées, se transmettraient
tout entières d'une génération à une autre.
Egoïste domination du père de famille, trans-
mission inégale des biens, ce sont là des privi-
lèges d'ancien régime depuis longtemps abo-
lis. Les réactionnaires auront bearç les dégui-
ser et les maquiller pour nous empêcher de les
reconnaître, ils ne nous duperont pas. — L.
Armbruster,
w ■■ — mu—w—^
ENCORE UN AERONEF OU COMTE ZEPPELIN
We notre correspondant particulierl
Stuttgard, 29 juin.
On se ues malheureu-
ses que le comte Zeppelin il y a quelques an-
nées avec un ballon dirigeable de son inven-
tion, au dessus du lac de Constance. Le comte
y avait englouti presque tèute sa fortune.
Néanmoins, il garde une foi inébranlable. Il
vient d'adresser un appel aux amateurs alle-
mands d'aérostation, leur demandant 500,000
francs pour la construction d'un autre aéronef.
Il a abandonné son ancien système, et adopté
celui de la machine à voler, du plus lourd que
l'air. Il est convaincu qu'une nouvelle tenta-
tive de sa part serait couronnée de succès.
OU MARIAGE DES INSTITUTEURS
ET DES INSTITUTRICES
-
M. Chaumié, dans sa récente réponse à M.
Arbouin, semble croire que tout est pour le
mieux dans le monde de l'enseignement. L'o-
rage de protestations que nous a values la der-
nière lettre de M. le ministre de l'instruction
publique nous prouve, hélas! le contraire.
Eh bien ! non, les mariages entre instituteurs
et institutrices ne sont pas chose aussi facile
qu'on nous le dit ; trop souvent, l'administra-
tion non seulement ne les favorise ni ne les
souhaite — et c'est son droit — mais elle y met
quantité d'obstacles — et elle a tort.
Je sais des écoles normales de garçons où
l'on montre ces mariages sous le plus mauvais
jour. Je connais des départements où des su-
périeurs hiérarchiques s immis cent dans ces
hyménées et ne reculent devant aucun moyen
pour les faire échouer. Je pourrais citer des
instituteurs qui ont été traqués impitoyable-
ment et dont la situation est à jamais.brisée
pour avoir eu de ces prétentions.
Enfin, je pourrais nommer des communes
prMAtaDt simultané d'un instituteur et d'une institutrice.
Croyez-vous que l'on en ait profité pour y
mettre un ménage ? Soit par la volonté d'un
chef, soit plutôt de par les exigences d'un dé-
puté plus ou moins influent, on a mis là une
créature qui, peut-être, n'a eu d'autre mérite
que de savoir tendre la main ou plier les ge-
noux au moment psychologique.
Que la République s'estime heureuse encore
lorsque ces favorisés sont de vrais pionniers
de l'idée laïque et comme je voudrais espérer
qu'il en est souvent ainsi 1
Ménages enseignants, que ce soit là pour
vous une petite consolation et dites-vous bien
que ma réclamation n'apportera très probable-
ment pas grand chose à l'amélioration de votre
sort. Néanmoins luttons, puisqu'en travaillant
pour tous les instituteurs, nous bataillons
pour la République. — Jacques Ledroit.
UNE COMMUNE DANS LA PUREE
fDe notre correspondant JJarUculilr,
Rome, 29 juin.
iLa commune d'Alliste se trouve depuis quel-
que temps littéralement sans le sou. Les deux
caissiers n'ont pas satisfait à leurs obligations.
Les contribuables ne paient pas, les employés
ne touchent pas leurs appointements. Sur les
conseils du préfet, le maire a fait à ses frais le
voyage de Lecee pour vendre les derniers titres
restants des obligations municipales.
RENTREE D'UN HOMME D'ÉTAT HONGROIS
(De notre corresponaant particulier)
Budapest, 29 juin.
Le baron Banffy, ancien président du con-
seil, qui, depuis sa démission, se tenait à l'écart
de toute politique, a fait une rentrée sensation-
nelle, en fondant un nouveau groupe, dans le
but de combattre le nouveau cabinet. Il a
adopté comme programme la séparation doua-
nière de la Hongrie et de l'Autriche.
■ 1 ■
UN ANGLAIS PRISONNIER AU MAROC
- Tanger, 29 juin.
On a reçu dans la soirée la réponse relative
à la mise en liberté du correspondant du Times,
mais on n'a pas divulgué les Conditions posées
par les ravisseurs.
ACADÉMIE DES SCIENCES
L'électro typographia et la, télé-typo-
graphie
On sait que depuis déjà plusieurs années,
des inventeurs ingénieux sont arrivés à com-
biner des machines à composer à l'aide des-
quelles l'ouvrier typographe au lieu de devoir
prendre successivement dans la casse les multi-
ples caractères d'imprimerie agit simplement
sur un clavier analogue à celui d'une machine
à écrire et fabrique ainsi une composition qui
est fondue au fur et à mesure et disposée en
lignes justifiées exactement de façon à pouvoir
prendre immédiatement place dans les for-
mes.
A la séance d'hier, M. d'Arsonval a donné à
ses collègues des indications détaillées sur un
nouveau système de typographie de ce genre,
système imaginé par M. Rozar et qui présente
cette particularité de fonctionner électrique-
ment. L'électro - typographe, tel est le nom
donné au dispositif, permet, naturellement, de
composer un texte d'imprimerie incomparable-
ment plus vite que par les anciens procécés ; il
se combine par surcroît, et ceci est particu-
lièrement original, d'un dispositif spécial, le
télé typographe qui permet de répéter à toutes
les distances le travail de l'électro-typographe
et par suite de composer à distance et au be-
soin dans plusieurs villes différentes à la fois,
un même texte.
Questions diverses
A mentionner encore parmi les communica-
tions présentées hier : par M. le professeur
d'Arsonval, une note curieuse sur un appareil
à inhalation d'oxygène réalisé par M. le Dr
Cuglielmineti, appareil appelé à rendre des
services en thérapeutique, et une autre note de
M. Moutier sur le traitement de l'hypertension
astérielle par les courants de haute fréquence
de M. d'Arsouval.Avec ce traitement on obtient
des abaissements de la pression artérielle va-
riant entre un et deux centimètres de mercure.
Aussi, ce traitement est-il des plus favorables
dans les cas d'artério-sclérose et dans ceux
d'affections, intéressant les organes circulaloi-
toires, le foie, le rein, etc.
M. de Lapparent a présenté enfin une note
de M. de Montessus,sur la localisation des épi-
centres dans les mouvements sismiques, note
de laquelle il résulte, d'après des observations
portant sur 156,000 tremblements de terre pe-
tits ou grands, que ceux-ci obéissent à certai-
nes lois bien déterminées de distribution.
Elections
En cours de séance, l'Académie a procédé à
la désignation de deux candidats à présenter
au choix du ministre pour la chaire de zoolo-
gie (annélides, mollusques, zoophytes),vacante
au Muséum d'histoire naturelle, par suite de
la nomination de M. Edmond Perrier, directeur
du Muséum, à la chaire d'anatomie com-
parée.
Au premier tour de scrutin, M. Joubin,
candidat présenté en seconde ligne par la sec-
tion compétente a été désigné par 32 voix
contre 15 à M. Fischer et 8 à M. Gravier, pour
être présenté en première ligne.
Au second tour de vote, M. Fischer a été dé-
signé par 34 suffrages comme le candidat pré-
senté en seconde ligne, — G. y,§
A LA CHAMBRE
LES DROITS SUR LES BESTIAUX
La Chambre a eu hier à se prononcer sur.
la proposition de loi de M. Debussy, ayant
pour objet de modifier le tarif général des.
douanes en ce qui concerne les droits £¥en-:
trée sur les bestiaux et sur les viandes
abattbes. -.
M. Castillard s'exprime comme suit au ..il'
snffefc de la prc^wsitioh Debussy ; H'
M. Castillard. — Il y a, dans beaucoup do
villes et notamment à Paris, une différence trop
grande entre le prix de la viande abattue payée,
au boucher par le consommateur et le prix de
la viande sur prix payée à l'éleveur. (Très bien fc
: très bien I)
La France suffit donc à sa propre consom-
mation ; l'fmportation étrangère réduirait à
:néant le bénéfiée, si modeste déjà, du produc-
Iteur ; or, voici qu'il e6t précisément question
de la réouverture de nos frontières au bétail
étranger.
M. Georges Berry. — C'est une bonne
mesure.
M. Castillard. — On remarque que l'état
sanitaire s'améliore partout et que certaines
nations avec lesquelles nous sommes liés par
des traités de commerce pourront bientôt nous
'dire : «Vous avez interdit l'entrée de notre bé-
tail en France parce que l'existence de certaineg
maladies contagieuses avait été constatée chez I
nous ; mais aujourd'hui ces maladies ont dis-
paru il faut rétablir la libre pratique en vertif
des traités existants et nous rouvrir vos fron- t
tières. » ;
Il n'y aura rien à répondre à cela. Le marché;
français sera envahi par le bétail étranger, au
détriment de la valeur de notre propre bétail,
si l'on maintient le tarif de 1892 qui a été éta-I
bli de. façon à permettre l'importation en
France, parce qu'à cette époque, ne l'oubliez
pas, notre élevage ne suffisait pas à notre con- !,
sommation. (Applaudissements.)
En conséquence, M; Castillard espère que
la Chambre « n'hésitera pas à voter la pro-
position qui lui est soumise ».
Telle est aussi l'opinion de M; Maudo.
M. Mando. — Plusieurs grands pays,
comme l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, pré-
parent des taxes douanières plus élevées. Noua
avons le devoir de nous défendre aussi par les
mêmes procédés et nous n'avons pas à redou-
ter la hausse des cours à cause de l'abondance
du bétail en France.et en Algérie.
Le tassement des cours semble même devoir
se faire en ce moment. Nos expéditions à l'é-
tranger, d'ailleurs, restent presque nulles, car;
l'Angleterre et la Belgique continuent à ne past
vouloir recevoir notre bétail vivant, bien qu'iF
soit débarrassé de la fièvre aphteuse et qu'il so:t
dans de meilleures conditions sanitaires qi -
celui de l'étranger.
J'espère que, le projet une fois voté, M. kt
ministre de l'agriculture voudra bien s'em-
ployer activement à nous rouvrir des déboucbés;
qui nous sont arbitrairement fermés. (Très
bien ! Très bien !3
M. Thierry fait entendre au contraire la
notre libre-échangiste.
M. Thierry. — Il ne faut pas méconnaître
que, si nous invoquons la question sanitaire.
c'est au détriment du consommateur. (Très;
bien! très bien ! au centre). Ce prétexte, dont
nous ne faisons usage que parce que les autres
gouvernements s'en servent, n'est ni louable,
ni acceptable. ,',
La politique des consommateurs est une po- ;
Utique beaucoup trop oubliée ici. (Très bien l'
très bien ! à gauche.)
Legouvernement serait encore excusable s'il;
ne s'était jamais servi de ce prétexte que dans
le sens des consommateurs, mais ceux qui
connaissent la question, surtout apfès l'enquête
faite par M. Meslier, vous diront le rôle que,
les producteurs de ttestiaux français jouent
dans la propagation de la tuberculose. (Inter-
ruptions sur divers bancs. )
M Debussy, rapporteur. — Il résulte de
mes informations qu'il existe moins de cas de
tuberculose dans le troupeau français que dan
le troupeau italien. (Bruit à gauche.)
M. J. Thiery., - Je ne conteste pas quel
dans certains cas, on peut user de la protection
sanitaire, mais quand vous faites de la protec-
tion sanitaire je me demande si vous la faites
réellement dans l'intérêt des consommateurs
dont le rôle est au moins aussi important que
celui de l'éleveur. (Applaudissements sur di-
vers bancs.)
M. Plichon revient à la charge, au nom
des protectionnistes.
M. Plichon. — Si la Chambre refusait
;de suivre la commission des douanes, elle as-
sumerait une grande responsabilité, car voua
verriez au cours des vacances, qui seront lon-
gues, dit-on, des troupeaux de bœufs italiens,
belges et suisses amenés à notre marché de la
ViJlette, où ils feraient concurrence à notre..
production nationale.
M. Charles Bos. — Comment ! ils achè- 1
tent chez nous.
M. Plichon. — Le 18 mai dernier, M. Luz-
zatti, dans le Corriere délia sera, annonçait que
les barrières sanitaires aux gares françaises al-
laient être levées et que les marchés de Franco
allaient revoir ces belles génisses blanches
au large poitrail que le doux Virgile aimait
tant.
Je demande à M. le ministre des autres
,étrangères ce qu'il y a de vrai dans cette affir-
mation.
M. J. Thierry. — J'ai demandé instam-
ment à la commission de ne porter la queslio8
-à la Chambre qu'après avoir entendu M. le mi-
nistre des affaires étrangères. Il est un peu
'tard maintenant pour l'interroger.
M. Plichon. — Je regrette que M. le mi..
nistre des affaires étrangères soit souffrant,
mais en son absence j'espère qu'un de ses col-
lègues voudra bien répondre à ma question.
Si le fait était exact, je m'élèverais avec
énergie contre un engagement pris par le gou-*
vernement sans le concours du Parlement.
(Très bien ! très bien !)
M. Raiberti soutient la thèse contraire.
M. Raiberti. — Si vous relevez les droits
:de douane sur le bétail, vous allez causer un
renchérissement nouveau du prix de la vie.
'01', vous ne pouvez faire cela que si vou.5 pro-
tégez en même temps toutes les industrie*.
afin d'amener un nouveau rehaussement des
salaires.
En d'autres termes, je ne pense pas que vous
puissiez, en dehors de l'initiative gouverne-
mentale, grever d'un droit considérable de
consommation la partie de la population qui
supporte les charges les plus lourde,0.(Applau-
dissements sur divers bancs.)
L'intérêt social est donc d'accord avec l'inté-
rêt diplomatique, et c'est.pourquoi je demande
le renvoi du projeta la commission. (Nouveaux
applaudissements.)
MM. Meslier, Colliard, Feron et le rap.
porteur prononcent des discours fort do*
cumentés.
Charles Bos, h m tour, vient à la tri-
Le Numéro CINQ CENTIMES
:',¡.
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
A -r ?r 1- îSSiil, Paris.
Et 4 J*. "* » iiGRA WGB, CERF et -'tt;, jrittuj ut iu Bourse. ,
AxbflCM Télégraphique : XIX4 SIÈCLB-PAHït
ABONNEMENTS
Palis. lof.
Départemental - - 1 f. fi f. - 24 f.
Union Postale - 9 g, — 16 f. - al."
lm Aboiaoaisti sont reçu une Irait
4im tous 1m Banftu de Poitt
RÉDACTION : 14, rue do Mail, Paris
De 4 & 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N. 12164. - Mercredi la Juille 1903
13 MESSIDOR AN lit -
ADMINISTRATION î 14, me du Hall
Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos leurs' qui
s'absentent de chez eux pendant l'été
et qui craignent de ne pas trouver le jour-
nal dans les localités où ils vont, nous
établissons des abonnements de vacances
partant de n'importe quelle date, moyen-
nant 0 fr. 05 centimes par numéro pour la
France et Ofr. W centimes pour l'étranger.
Exemple :
Abonnement de 8 jours. 0 fr. <40
- 10 — , 0 fr. 50
- 20 — .,.. 1 fr. »»
— 30 — 1 fr. 50
NOS LEADERS
LlKfPlE
J'achevais la lecture du « Journal de
jeunesse de Francisque Sarcey ». M.
Adolphe Brisson a eu l'idée excellente
de réunir à la fin du volume quelques
chroniques de Sarcey : Grains de bon
sens, Fagots, Notes de la semaine. Dans
l'une, Sarcey parle des lettres qu'il
recevait de ses lecteurs. — Je cite :
— Tenez, me dit Brisson en me passant une
lettre, lisez cela :
« Ces Notes de la semaine, disait le signataire,
qui était un receveur municipal, ont cela de
particulier, et c'est une qualité rare, d'être com-
prises par tous. Ma mère qui est une pay-
sanne, dont la vie s'est passée à lire le grand
livre de la nature plutôt que les bouquins sa-
vants de nos meilleuis écrivains, les lit chaque
(Semaine et y trouve un charme extrême. Je
suis le fils de ma mère. »
Je n'en fais pas le fier ; à la lecture de ces
Hgnes, des larmes me montèrent aux yeux, et
jeserrai silencieusement la main de Brisson. Je
n'avais jamais de ma vie reçu un éloge qui me
fût si sensible.
Et, plus tard, quand je me présenterai de-
vant le souverain juge, s'il est vrai qu'il y ait
un jugement dernier, je lui dirai : « Mon
Dieu, j'ai fait bien des sottises en ma vie, et
sll ne m'est jamais échappé une méchanceté
de la plume, il est vrai que j'ai écrit bien des
inutilités ; mais regarde cette paysanne : j'ai
éveillé la réflexion chez elle, je lui ai ouvert
le monde de la philosophie, j'ai fourni à sa
aensée incertaine des aliments substantiels ;
slle a eu, en me lisant, quelques heures de
„ ioie, et elle est sortie de cette lecture meilleure
et plus contente d'elle. Cela vaut bien que tu
;.ne pardonnes tout le reste.»
***
II y a sans doute bien de la présomp-
tion à moi à écrire mon nom tout à
côté de celui de ce maître journaliste
que fut Francisque Sarcey, mais il faut
bien que je dise que si l'anecdote que
je viens de reproduire m'a vivement"
frappé, c'est qu'au moment où je l'ai
lue, je venais de recevoir aussi une
'ettre,..
Oh ! ce n'est pas la première, cer-
tes! Voilà plus de dix-sept ans que je
suis en relations quotidiennes avec
les lecteurs du Rappel ; ils m'ont pro-
digué leurs témoignages de sympathie,
de confiance, d'estime, dont je suis
bien fier.
Le plus souvent, ces lettres, je les ai
gardées pour moi seul, précieusement.
Mais il m'a été impossible de ne pas
parler de quelques-unes. On se sou-
vient peut-être de la lettre de ce brave
homme qui me remerciait de lui avoir,
lors de l'affaire Dreyfus, ouvert les
yeux, de ravoir, lui lecteur habituel
Je la Patrie, conquis à la vérité, à la
justice. Et, tout dernièrement encore,
on peut se rappeler la lettre de cet en-
fant qui me demandait de faire un ar-
ticle dont la lecture pût empêcher sa
mère de se tuer.
Mais rarement j'ai ressenti une émo-
tion comparable à celle que j/ai éprou-
vée en lisant cette lettre vieille seule-
ment de quelques jours :
Monsieur,
Permettez à une jeune fille (de 17 ans) de
vous adresser une lettre de remerciement.
Je vais vous en expliquer la cause, simple-
ment, comme si j'étais en face de vous.
Mon père reçoit le Rappel tous les jours; il
l'apprécie beaucoup. Et moi, depuis plus de
jleux ans, je suis exactement tous vos articles.
le les trouve intéressants; de tous, se dégage
une grande bonté ; et puis vous combattez avec
jirdeur l'égoïsme.
J'en viens à la cause pour laquelle je vous
:lois un profond : « Merci ! a
Il y aura bientôt deux ans, mon père, ma
mère et moi, nous allâmes admirer les magni-
fiques Alpes françaises. Pendant ce voyage,
quelque chose me révéla que je ne devais plus
ître lille unique. Je ne puis vous dire ce qui
?e passa en moi. Je médisais : « Quoi ! au lieu
le mon frère chéri qui nous fut ravi à tous si
sruellement par la mort, je vais voir un tout
délit enfant que je devrai appeler : mon frère,
Du: ma sœur I. » Je m'écriais en moi-
même : « Non, je ne l'aimerai jamais ! Je ne
veut pas que ma dot soit partagée mainte-
Àant ! »
J'avais une foule de pensées comme celles là
îl les magnifiques paysages que j'avais devant
'es yeux ne parvenaient pas à m'en distraire,
'infin un jour, c'était près & Grenoble, je pus
réfléchir et je constatai que j'étais en proie à
l'égoïsme. Une lutte intérieure s'engagea en
moi et dura plus d'nn mois. Et c'est en me sou-
venant des articles par lesquels vous avez com-
battu l'égoïsme, que je me dis résolument :.
,on ! Je ne veux pas être une égoïstes ! »;
Oui, c'est dans vos articles que j'ai puisé
Je courage dont j'avais besoin. Je suis donc
sortie, forte, du combat.
Et le bébé attendu est venu ; et aujourd'hui,.
e l'aime bien; j'ai près de moi une petite
ioetir, une blondinette au visage candide.
C'est donc vous, Monsieur, qui m'avez rap-.
pelée à mon devoir. Sans vous j'eusse écouté-
mon sot égoïsme. Més parents, j'en suis bien
sûre, se seraiedt fâchés ; et alors quelle vie
l'eusse menée !.
C'est pourquoi, Monsieur, Je vous envoie de
loutes mes forces mes sincères remerciements
jour le bien que vous m'avez fait.
Depuis ! ïîiCiS, j'ai l'idée de vous
j^îire, mais ie n'osais nas. Parctûfliiez-lQ moi »
Maintenant * n osais nas.
Aujourd'hui, je veux avoir la conscience
tranquille et il me semble (cela est juste, évi-
demment) que ie manquerais 'IkAugiqu' Chffl,
si Je ne Voas disais pas f Merci.
Puisse cette lettre être une faible récompense
de votre labeur, en vous assurant que vous ne
parlez pas en vain.
***
C'est d'une main que l'émotion fait
un peu trembler que je mets cette let-
tre — dont je n'ai supprimé que la
signature — avec les autres.Ma fille les
trouvera quand je serai mort; je ne
lui laisserai guère d'autre héritage ; si
elle a, dans son âme, quelques parcel-
les - de mon âme, elle en sera bien
heureuse, et un peu fière; et ne de-
mandera rien de plus.
Et je dirai, un peu comme Sarcey,
mais allant, et pour cause, bien plus
loin que lui : « J'ai souvent, dans le
cours de ma vie, erré; je me suis
trompé ; j'ai mal agi ; il y a dans mon
passé des souvenirs dont je saigne —
et c'est à moi que je pense en écrivant
ceci, ô chère petite morte de l'hôpital
Beaujon ! — assurément je ne prétends
pas me faire pardonner par moi-même,
mais peut-être arriverai-je à racheter
un peu de mes fautes, en faisant le plus
de bien possible autour de moi, en
propageant leaidées que je crois justes
et vraies, en vivant pour les autres,
en étant bon.., »
Quoi ! j'ai pu sauver de l'égoisnle,
cette mort morale, une âme de jeune
fille!. Oh! la joie profonde, glorieuse.
de sentir qu'on n'est pas tout à fait
inutile! Travaillons.
Lucien Victor-Meunier.
Voir à la 3e page
les Dernières Dépêches
ALORS, PLUS D'ARBITRAIRE.
M. Waldeck-Rousseau n'a pas
une bonne presse. Les réaction-
naires et les cléricaux l'injurient,
ce que je comprends à merveille,
car il leur a fait une rude guerre.
Certains - jouinaux avancés, de
leur côté, disent de lui pis que pendre, ce
que je comprends moins, car il y a à peu
près un an, ils faisaient son éloge dithy-
rambique. Les premiers ont absolument
raison d'en vouloir à M. Waldeck-Rous-
seau. Les autres, qui recherchent vaine-
ment de si vains motifs de querelle,ne sont
excusables, aux yeux de quelques républi-
cains, que parce qu'ils croient avoir trouvé
un dérivatif aux causes mêmcs de la situa-
tion politique actuelle. ",
Ce n'est pas la procédure suivie par la
commission des associations et des congré-
gations qui a créé le conflit. C'est le fait,
ainsi que je l'ai expliqué bien des fois, que
M. Combes a voulu demander à la loi des
associations plus qu'elle ne pouvait donner.
Alors que beaucoup d'entre nous préten-
daient qu'il fallait refaire la loi sur l'ensei-
gnement,- M. Combes s'obstinait à voir
dans la loi du contrat d'association une loi
sur l'enseignement.De là, toutes les erreurs
commises. De là, la fameuse proposition
sur les sécularisations des congréganistes.
Oh nous parle discours Waldeck pour
nous faire oublier la sécularisation. Diver-
sion, vous dis-je? Oui ou non, nous a-t-on
dit à la Chambre que la proposition Massé
était utile, indispensable pour que la loi de
1901 fût applicable ? Sans cette proposi-
tion, la loi restait lettre morte. Et on nous
a forcés à la voter. Après quelles négocia-
tions ? Après quels efforts?
Le gouvernement l'a portée ensuite au
Sénat. Et le Sénat n'a pas voulu de ce texte
bâtard, insolite, antijuridique, inefficace,
inopérant. Clemenceau, tout de suite, en a
suggéré un atftre. Aussitôt, voici le minis-
tère bien ennuyé. Son texte était intangi-
ble. Pourquoi lui en substituer un ? Fina-
lement, il accepte. Mais, lorsqu'il a accepté,
le Sénat manifeste qu'il n'y a pas besoin de
loi nouvelle, que la loi de 1901 suffit.
Devant cette quasi-mise en demeure,
M. Combes n'a pas bronché. Il a demandé
à la commission du Sénat de ne rien rap-
porter du tout. Le texte, donné comme ur-
gent à la Chambre, et faute duquel le mi-
nistère ne pouvait plus exécuter la loi de
1901, dont il avait un besoin urgent, sinon
il s'en allait, ledit texte, du coup, était de-
venu inutile-ce que j'avais dit à la Cham-
bre — le ministère pouvait s'en passer ; il
appliquerait quand même la loi des asso-
ciations.
Bien. Pour ma part, je ne reproche pas
au ministère de vouloir rester, puisque
personne,dans le Parlement, personne n'en-
tend provoquer une crise à la veille du dé-
part du Président de la République à Lon-
dres et de l'arrivée du roi d'Italie à Paris.
Mais il est permis de constater que le mi-
nistère a fait voter, malgré elle et sur un
texte dont elle ne voulait pas, une Chambre
qui pourtant était disposée à lui donner
toutes les armes possibles et imaginables
contre la réaction. Et lui-même n'avait pas
tant besoin de,ce texte, puisqu'aujourd'hui
il déclare pouvoir s'en passer.
Que vont devenir les procès engagés? J'i-
magine que M. Vallé, garde des sçeaux,
saura s'arranger avec ses parquets et ses
juges d'instruction. ,
Qu'on ne nous parle plus de la procédure
sur les autorisations des congrégations. Je
iépète que c'est une dérision. Ce n"est pas
elle qui a créé des difficultés: au gouverne-
ment parce que c'est le gouvernement qui
l'a inspirée. Le gâchis inexprimable dans
lequel nous sommes provient de ce tait
qu'il a mis un entêtement ridicule à faire
voter par la Chambre, à propos des
sécularisations, une proposition arbitraire
et véritablement exceptionnelle; que, de-
puis le vote de la Chambre, il apporte le
même entêtement à prier le Sénat de ne
pas en délibérer avant les vacances. Alors,
c'est bien dit ? Le gouvernement ne veut
plus d'arbitraire ? Que ne l'a-t-il fait savoir
auparavant ? Pour ma part, je prétends que
c'est là lP .: _Lc1A - - ;e n'en sortirai pas.
- çh. P..
LA STÉNOGRAPHIE
DANS LA PRESSE
Coup d'œil rétrospectif. — Le service
sténographique du « Moniteur Uni-
versel ». — Reporters sténogra-
phes. — En Amérique. —
L'Association sténogra-
phique unitaire
Autrefois, l'homme n'accordait son admira-
tion qu'aux choses fastidieuses et ruineuses
tandis que de nos jours son admiration se
porte de préférence sur les choses "utiles ; sur
les arts et les sciences Et pourtant l'art d'é-
crire sous la parole n'a guère rencontré dans
la presse moderne qu'une indifférence inexpli-
cable, car c'est précisément dans la presse que
l'expérience a le mieux sanctionné l'utilité de
cet actif auxiliaire de l'homme qui écrit.
Cette constatation, teintée de pessimisme,
m'a été suggérée par l'intéressant article de M.
Fabrice Durand dans le Rappel et le XIX' Siècle
du 27 février 1903 et par celui, non moins in-
téressant, de M. Armand Depper dans le Rap
pel et le XIXe Siècle du 23 juin 1903 ; cela ne
fait que mieux ressortir le souci et la bien-
veillance de la rédaction de ces importants or-
ganes quotidiens pour tout ce qui touche aux
connaissances utiles.
Comme je l'établirai prochainement dans la
Chronique de la Sténographie (organe bi-men-
suel de praticiens sténographes) par la publi-
cation de curieux documents historiques que
je me suis procuré, M. Breton, premier prati-
cien du système Bertin, assistait déjà comme
journaliste-sténographe à la séance du 10 août
1792, journée mémorable où « la force passa
des mains d'un seul homme dans les mains
d'une assemblée ».
Premières organisations
Le Moniteur (plus tard le Moniteur Universel,
puis le Journal Officiel), le Journal des Débats,
le Messager des Chambres, le Temps, le Journal
des Débats, le Constitutionnel et quelques autres
grands journaux de l'époque eurent des sténo-
graphes attitrés. Le Moniteur, lui, compta deux,
trois, puis quatre sténographes jusqu'èn 1830 ;
car, à la Chambre des Pairs, les séances n'é-
tant pas publiques les comptes rendus se fai-
saient analytiquement. La Révolution de Juil-
let ayant fait ouvrir les portes de la noble as-
semblée et le silence ayant cessé d'être une loi,
le Moniteur dût, pour suffire au service des
deux Chambres de la nouvelle constitution,aug-
menter à nouveau le nombre de ses sténogra-
phes, qui s'accrut encore par la suite, tant et
si bien qu'en 1846 les sténographes de ce jour-
nal, investis déjà d'un caractère officiel, de-
vinrent des fontionnaires publics et constituè-
rent notre premier service sténographique par-
lementaire officiel.
Un sénatus-consulte de février 1861 vint ré-
glementer un décret de novembre 1860 impo-
sant à la presse un compte rendu analytique
unique et réservant au Moniteur Universel la
reproduction in-extenso des débats des deux
Chambres au moyen de la sténographie. Depuis
cette époque les sténographes ont disparu peu
à peu de la rédaction de nos grandes feuilles
politiques.
Si la presse actuelle peut, j'en conviens, se
passer de sténographes grâce aux comptes ren-
dus sténographiques ofticiels, je soutiens néan-
moins que, même pour les analyses, l'artabré-
viatif est d'un utile secours; un reporter or-
dinaire aura toujours un travail de reconstitu-
tion de notes plus pénible et qui lie conduira
pas à des résultats aussi certains que celui
d'un de ses collègues sténographe. Aussi les
sténographes employés dans les journaux amé-
ricains et anglais jouissent-ils d'une estime
très méritée.
Au delà de l'Atlantique
Pour donner une idée de l'immense vulgari-
sation de l'écriture sténographique au delà de
l'Atlantique, rappelons qu'un personnage bien
connu du journalisme politique en Amérique,
l'honorable M. Murat-Halstead, de Cincinnati,
disait dans un discours au congrès sténogra-
phique tenu dans cette ville en août 1882 :
« Dans l'office (bureaux de rédaction et d'im-
pression d'un journal) auquel je suis attaché,
cinq compositeurs peuvent composer d'après
les notes sténographiques du célèbre Victor
Smith, reporter de la Convention constitution-
nelle de l'Ohio. »
Il est d'ailleurs, en fait d'instruction, de ces'
vérités aussi simples qu'utiles que personne ne
nie, mais qu'on perd trop facilement de vue.
En serait il autrement lorsqu'on voit dans nos
collèges des fils d'agriculteurs ou d'artisans
pâlir sur des textes grecs et latins, qu'ils ne
comprennent qu'à demi, au détriment de l'ac-
quisition des sciences physiques ou naturelles
et de l'instruction commerciale ou profession-
nelle qui, seules, procurent réellement l'amour
du travail et l'aisance dans la vie.
La sténographie instrument d'évolu-
tion,
Aujourd'hui, la sténographie est appelée à
faire des progrès sensibles et rapides parce
qu'indépendamment des professionnels qu'elle
forme, elle aide la mémoire tout en facilitant
le travail. Elle est indispensable à tout homme
qui parle, pense ou écrit; aux administrations,
au , commerce et à l'industrie, à la législation,
à l'armée, à la littérature, etc. Elle a donc par-
ticulièrement droit à la sollicitude de la presse,
ce sublime instrument d'évolution décentrali-
satrice, de vulgarisation intellectuelle.
Ceux de nos lecteurs que la question intéresse
et qui seraient désireux de recevoir les pre-
miers éléments d'un système sténographiqué
dont les succès professionnels ont consacré la
réputation - je veux parler du système Prévost-
Delaunay, — peuvent s'adresser à l'Association
sténographique unitaire, 14, rue de Chabrol
(10'), ou à moi-rnême; il leur sera Jemls ou en-
voyé gratuitement une petite brochure conte-
nant notamment le tableau des signes Prévost-
Delaunay et une liste des nombreux cours gra-
tuits professés sous les auspices de cette impor-
tante société, reconnue comme établissement,
d'utilité publique. olivier 1,0 -YEU,
Olivier J.JOYEn,
Directeur do la
Chronique de la SténogmpMe.
» —^
A PROPOS DU CONTINGENT AUSTRO-HONGROIS
[De notre correspondant particulier
Vienne, 29 juin.
11 y a quelque temps, l'empereur, par 1 entre-
mise du ministère de la guerre, a fait savoir
qu'il désirait une augmentation du contingent-
annuel fourni par la population, environ 20.000
hommes de plus. La Chambre autrichienne
s'est empressée, suivant son habitude, d'obtem-
pérer au désir de ce qu on nomme la couronne.
La Hongrie, elle, a dit qu'elle ne voyait aucu-
nement la nécessité de cette augmentation. Le
président du conseil, M. de Szell, a défendu le'
désir de l'empereur et il s'est formé une ligue,
dite de l'indépendance, conduite par Kossutb,
fils du fameux révolutionnaire de 1848, la-
quelle a refusé le contingent additionnel. M..
de Szell a disparu et l'empereur, conseillé par;
ses ministres autrichiens, a chargé un homme
il poig«n. e, genre Pielj ri do NaDo1^ do
(réer un ministère. Ce rebiffement s'a pas plu
aux Hongrois qui ont l'habitude de comman-
der chez eux et l'homme à poigne en question,
le comte Tisza, a fait un four ; personne n'a
voulu entrer avec lui dans une combinaison
ministérielle. En fin de compte l'empereur
s'est adressé au comte Khuen-Hedervary, ban
de Croatie, qui vient d'accorder tout ce que
veulent les députés indépendants et va créer
un ministère. Ce voyant, le ministre de la
guerre hongrois vient de donner sa démission,
car le contingent demandé est resté lettre
morte et il en est furieux. Le parti Kossuth a
vaincu la résistance alimentée par la volonté:
impériale et, une fois de plus, en Autriche on
fait le chien couchant devant les lubies d'en
haut tandis qu'en Hongrie on force les hautes
sphères à obéir à la nation. Peut-être, pour
avoir cédé, le comte Khuen a-t-il une idée de
derrière la tête, on s'y attend et on est sur ses
gardes pour le voir venir. — E. D. G.
LE PAPE ET LA PUCELLE
Jeanne sera béatifiée à Rome : ce n'est qu'une
affaire de deux ou trois ans, puisque bientôt
sera close la première partie du procès, car il
est dit que la pauvre Jeanne aura toujours des
procès. On l'appellera donc la Bienheureuse,
quand les quatre miracles requis seront prou-
vés, ce qui n'est pas difficile, les miracles se
prouvant toujours, surtout ceux qui sont trop
anciens pour être infirmés par quelque témoi-
gnage que ce soit.
Le Vatican est transformé.depuis longtemps,
en cour des miracles. Le pape délivre des in-
dulgences et des titres ; il délivre aussi le droit
de posséder son nom dans le calendrier, ce
dIottin de l'année. * , ','
Cependant, je crois qu'il a tort de créer des
sain î» nouveaux. Ils sont déjà trop nombreux,
puisque souvent on ne ait auquel se vouer ; et
d'être si nombreux, ils ressemblent à des pau-
vres d'église, à des suiveurs célestes, sortes de
mauvais courtisans auxquels on ne peut ac
corder grande attention. A peine se souvient-
on d'eux une fois l'an, et quelques fidèles, por-
teurs de leurs noms, mettent-ils, en leur hon-
neur, des fleurs sur l'autel, car l'autel, de même
que les troncs, est fait pour que les fidèles y
laissent leur témoignage de piété.
Comme je ne pense pas que ce soit « l'héré-
tique relapse » que l'on veuille ici célébrer, en
la béatifiant, l'Eglise prouve, encore une fois,
l'amour qu'elle eut toujours pour la guerre.
Nous aurons sainte d'Arc, en attendant que
nous ayons saint Napoléon et saint Mercier.
Et c'est au nom de celui qui disait : « Tu ne
tueras point », que le pape canonise celle qui
en fin de compte a surtout guerroyé.
Mais Christ, naturellement, ne protestera
pas, le pauvre homme ! — René Wisner.
L'ARTICLE 913
En attendant que soit définitivement réalisée
la grande rupture entre la France et Rome, il
serait bon de faire dans nos mœurs et dans nos
codes la séparation de l'Eglise et de l'Etat, de
la morale religieuse et de la morale scientifique,
du droit divin et du droit naturel.
Il faudrait d'abord que l'on retranchât de
nos lois toutes les dispositions visiblement ins-
pirées par l'Eglise et qui y ont subsisté malgré
des changements considérables apportés dans
l'esprit et dans la lettre du Code par Je progrès
des idées républicaines.
Le christianisme a recueilli des anciennes
religions païennes et a pieusement conservé
l'héritage de l'organisation familiale avec l'é-
goïste prédominance du mari sur la femme
et des parents sur les enfants. Il a imposé ses
vues au législateur.
Maintenant que le joug est secoué, il y au-
rait lieu de faire disparaître de nos codes tous
les articles qui ne sont plus en parfait accord
avec notre civilisation, avec nos doctrines phi-
losophiques et sociales, tels par exemple que
ceux qui ont trait it la punition de l'adultère
de la femme et aux droits absolus du père de
famille.
Les républicains, absorbés par les luttes
journalières, oublient un peu toutes les ques-
tions qui sont pourtant bien dignes d'intérêt.
Il faut rendre cette justice aux réactionnaires,
qu'ils ne manifestent à ce sujet ni la même
indifférence, ni la même paresse d'esprit.
On se rappelle la campagne récemment en-
treprise et vigoureusement m-anée pour la mo-
dification de l'article 913 du code civil.
Cet article 913 a restreint la capacité deffis-
poser des parents. Il porte que les libéralités
testamentaires ou entre vifs ne peuvent excé-
der la moitié des biens s'il n'y a qu'un enfant
légitime, le tiers s'il y a deux enfants, le quart
s'il y on a trois ou plus.
Voici les arguments invoqués contre cet ar-
ticle :
I. Il établit, dit on.une restriction si étendue
qu'elle équivaut à une véritable interdiction-
Il donne aux enfants la suprématie sur les par
rents. Il affaiblit l'autorité paternelle. Quelle
i nfluence en effet, peut avoir sur un enfant dé-
cidé à désobéir la perspective de voir sa part
héréditaire diminuée du quart? Est-ce la
crainte de voir une portion aussi minime de
son patrimoine passer dans des mains étrangè-
res qui pourra le retenir dans le devoir ?
II. En n'ayant le droit de disposer que d'une
faible partie de leur fortuna les parents n'ont
pas assez la facilité de faire une part plus grande
aux plus méritants et de punir les mauvais, de ré-
compenser les enfants soumis et respectueux et
d'enlever aux enfants rebelles à toute autorité
et asservis par leurs mauvais instincts la certi-
tude de recueillir un jour leur héritage, quelle
qu'ait été leur inconduite.
En conséquence, on propose d'écarter du
calcul prévu par l'article 913 les enfants qui au
décès du disposant auront atteint 25 ans. C'est
dire qu'un père de famille mourant à soixante
ans et ayant un ou plusieurs enfants de plus
de 25 ans aura la libre disposition desa fortune
et pourra dépouiller entièrement ses descen-
dants.
Vous voyez d'ici cette malice cousue de fil
blanc.
Il s'agit d'abord de rétablir l'autorité absolue
et despotique du père de famille sur les ma-
jeurs de 25 ans, autorité fondée non pas sur
l'expérience, sur le respect, sur l'affection,
mais sur la fortune, sur la cupidité, sur l'in-
térêt.
Il s'agit ensuite de permettre aux parents
d'avantager un enfant au détriment des autres,
de favoriser un préféré et de dépouiller com-
plètement ses frères, de rétablir ainsi indirecte-
ment une sorte de droit qui ne serait plus basé
sur l'aînesse, mais sur le choix libre des ascen-
dants, et grâce auquel les grosses fortunes évi-
teraient d'être partagées, se transmettraient
tout entières d'une génération à une autre.
Egoïste domination du père de famille, trans-
mission inégale des biens, ce sont là des privi-
lèges d'ancien régime depuis longtemps abo-
lis. Les réactionnaires auront bearç les dégui-
ser et les maquiller pour nous empêcher de les
reconnaître, ils ne nous duperont pas. — L.
Armbruster,
w ■■ — mu—w—^
ENCORE UN AERONEF OU COMTE ZEPPELIN
We notre correspondant particulierl
Stuttgard, 29 juin.
On se ues malheureu-
ses que le comte Zeppelin il y a quelques an-
nées avec un ballon dirigeable de son inven-
tion, au dessus du lac de Constance. Le comte
y avait englouti presque tèute sa fortune.
Néanmoins, il garde une foi inébranlable. Il
vient d'adresser un appel aux amateurs alle-
mands d'aérostation, leur demandant 500,000
francs pour la construction d'un autre aéronef.
Il a abandonné son ancien système, et adopté
celui de la machine à voler, du plus lourd que
l'air. Il est convaincu qu'une nouvelle tenta-
tive de sa part serait couronnée de succès.
OU MARIAGE DES INSTITUTEURS
ET DES INSTITUTRICES
-
M. Chaumié, dans sa récente réponse à M.
Arbouin, semble croire que tout est pour le
mieux dans le monde de l'enseignement. L'o-
rage de protestations que nous a values la der-
nière lettre de M. le ministre de l'instruction
publique nous prouve, hélas! le contraire.
Eh bien ! non, les mariages entre instituteurs
et institutrices ne sont pas chose aussi facile
qu'on nous le dit ; trop souvent, l'administra-
tion non seulement ne les favorise ni ne les
souhaite — et c'est son droit — mais elle y met
quantité d'obstacles — et elle a tort.
Je sais des écoles normales de garçons où
l'on montre ces mariages sous le plus mauvais
jour. Je connais des départements où des su-
périeurs hiérarchiques s immis cent dans ces
hyménées et ne reculent devant aucun moyen
pour les faire échouer. Je pourrais citer des
instituteurs qui ont été traqués impitoyable-
ment et dont la situation est à jamais.brisée
pour avoir eu de ces prétentions.
Enfin, je pourrais nommer des communes
prMAtaDt
Croyez-vous que l'on en ait profité pour y
mettre un ménage ? Soit par la volonté d'un
chef, soit plutôt de par les exigences d'un dé-
puté plus ou moins influent, on a mis là une
créature qui, peut-être, n'a eu d'autre mérite
que de savoir tendre la main ou plier les ge-
noux au moment psychologique.
Que la République s'estime heureuse encore
lorsque ces favorisés sont de vrais pionniers
de l'idée laïque et comme je voudrais espérer
qu'il en est souvent ainsi 1
Ménages enseignants, que ce soit là pour
vous une petite consolation et dites-vous bien
que ma réclamation n'apportera très probable-
ment pas grand chose à l'amélioration de votre
sort. Néanmoins luttons, puisqu'en travaillant
pour tous les instituteurs, nous bataillons
pour la République. — Jacques Ledroit.
UNE COMMUNE DANS LA PUREE
fDe notre correspondant JJarUculilr,
Rome, 29 juin.
iLa commune d'Alliste se trouve depuis quel-
que temps littéralement sans le sou. Les deux
caissiers n'ont pas satisfait à leurs obligations.
Les contribuables ne paient pas, les employés
ne touchent pas leurs appointements. Sur les
conseils du préfet, le maire a fait à ses frais le
voyage de Lecee pour vendre les derniers titres
restants des obligations municipales.
RENTREE D'UN HOMME D'ÉTAT HONGROIS
(De notre corresponaant particulier)
Budapest, 29 juin.
Le baron Banffy, ancien président du con-
seil, qui, depuis sa démission, se tenait à l'écart
de toute politique, a fait une rentrée sensation-
nelle, en fondant un nouveau groupe, dans le
but de combattre le nouveau cabinet. Il a
adopté comme programme la séparation doua-
nière de la Hongrie et de l'Autriche.
■ 1 ■
UN ANGLAIS PRISONNIER AU MAROC
- Tanger, 29 juin.
On a reçu dans la soirée la réponse relative
à la mise en liberté du correspondant du Times,
mais on n'a pas divulgué les Conditions posées
par les ravisseurs.
ACADÉMIE DES SCIENCES
L'électro typographia et la, télé-typo-
graphie
On sait que depuis déjà plusieurs années,
des inventeurs ingénieux sont arrivés à com-
biner des machines à composer à l'aide des-
quelles l'ouvrier typographe au lieu de devoir
prendre successivement dans la casse les multi-
ples caractères d'imprimerie agit simplement
sur un clavier analogue à celui d'une machine
à écrire et fabrique ainsi une composition qui
est fondue au fur et à mesure et disposée en
lignes justifiées exactement de façon à pouvoir
prendre immédiatement place dans les for-
mes.
A la séance d'hier, M. d'Arsonval a donné à
ses collègues des indications détaillées sur un
nouveau système de typographie de ce genre,
système imaginé par M. Rozar et qui présente
cette particularité de fonctionner électrique-
ment. L'électro - typographe, tel est le nom
donné au dispositif, permet, naturellement, de
composer un texte d'imprimerie incomparable-
ment plus vite que par les anciens procécés ; il
se combine par surcroît, et ceci est particu-
lièrement original, d'un dispositif spécial, le
télé typographe qui permet de répéter à toutes
les distances le travail de l'électro-typographe
et par suite de composer à distance et au be-
soin dans plusieurs villes différentes à la fois,
un même texte.
Questions diverses
A mentionner encore parmi les communica-
tions présentées hier : par M. le professeur
d'Arsonval, une note curieuse sur un appareil
à inhalation d'oxygène réalisé par M. le Dr
Cuglielmineti, appareil appelé à rendre des
services en thérapeutique, et une autre note de
M. Moutier sur le traitement de l'hypertension
astérielle par les courants de haute fréquence
de M. d'Arsouval.Avec ce traitement on obtient
des abaissements de la pression artérielle va-
riant entre un et deux centimètres de mercure.
Aussi, ce traitement est-il des plus favorables
dans les cas d'artério-sclérose et dans ceux
d'affections, intéressant les organes circulaloi-
toires, le foie, le rein, etc.
M. de Lapparent a présenté enfin une note
de M. de Montessus,sur la localisation des épi-
centres dans les mouvements sismiques, note
de laquelle il résulte, d'après des observations
portant sur 156,000 tremblements de terre pe-
tits ou grands, que ceux-ci obéissent à certai-
nes lois bien déterminées de distribution.
Elections
En cours de séance, l'Académie a procédé à
la désignation de deux candidats à présenter
au choix du ministre pour la chaire de zoolo-
gie (annélides, mollusques, zoophytes),vacante
au Muséum d'histoire naturelle, par suite de
la nomination de M. Edmond Perrier, directeur
du Muséum, à la chaire d'anatomie com-
parée.
Au premier tour de scrutin, M. Joubin,
candidat présenté en seconde ligne par la sec-
tion compétente a été désigné par 32 voix
contre 15 à M. Fischer et 8 à M. Gravier, pour
être présenté en première ligne.
Au second tour de vote, M. Fischer a été dé-
signé par 34 suffrages comme le candidat pré-
senté en seconde ligne, — G. y,§
A LA CHAMBRE
LES DROITS SUR LES BESTIAUX
La Chambre a eu hier à se prononcer sur.
la proposition de loi de M. Debussy, ayant
pour objet de modifier le tarif général des.
douanes en ce qui concerne les droits £¥en-:
trée sur les bestiaux et sur les viandes
abattbes. -.
M. Castillard s'exprime comme suit au ..il'
snffefc de la prc^wsitioh Debussy ; H'
M. Castillard. — Il y a, dans beaucoup do
villes et notamment à Paris, une différence trop
grande entre le prix de la viande abattue payée,
au boucher par le consommateur et le prix de
la viande sur prix payée à l'éleveur. (Très bien fc
: très bien I)
La France suffit donc à sa propre consom-
mation ; l'fmportation étrangère réduirait à
:néant le bénéfiée, si modeste déjà, du produc-
Iteur ; or, voici qu'il e6t précisément question
de la réouverture de nos frontières au bétail
étranger.
M. Georges Berry. — C'est une bonne
mesure.
M. Castillard. — On remarque que l'état
sanitaire s'améliore partout et que certaines
nations avec lesquelles nous sommes liés par
des traités de commerce pourront bientôt nous
'dire : «Vous avez interdit l'entrée de notre bé-
tail en France parce que l'existence de certaineg
maladies contagieuses avait été constatée chez I
nous ; mais aujourd'hui ces maladies ont dis-
paru il faut rétablir la libre pratique en vertif
des traités existants et nous rouvrir vos fron- t
tières. » ;
Il n'y aura rien à répondre à cela. Le marché;
français sera envahi par le bétail étranger, au
détriment de la valeur de notre propre bétail,
si l'on maintient le tarif de 1892 qui a été éta-I
bli de. façon à permettre l'importation en
France, parce qu'à cette époque, ne l'oubliez
pas, notre élevage ne suffisait pas à notre con- !,
sommation. (Applaudissements.)
En conséquence, M; Castillard espère que
la Chambre « n'hésitera pas à voter la pro-
position qui lui est soumise ».
Telle est aussi l'opinion de M; Maudo.
M. Mando. — Plusieurs grands pays,
comme l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, pré-
parent des taxes douanières plus élevées. Noua
avons le devoir de nous défendre aussi par les
mêmes procédés et nous n'avons pas à redou-
ter la hausse des cours à cause de l'abondance
du bétail en France.et en Algérie.
Le tassement des cours semble même devoir
se faire en ce moment. Nos expéditions à l'é-
tranger, d'ailleurs, restent presque nulles, car;
l'Angleterre et la Belgique continuent à ne past
vouloir recevoir notre bétail vivant, bien qu'iF
soit débarrassé de la fièvre aphteuse et qu'il so:t
dans de meilleures conditions sanitaires qi -
celui de l'étranger.
J'espère que, le projet une fois voté, M. kt
ministre de l'agriculture voudra bien s'em-
ployer activement à nous rouvrir des déboucbés;
qui nous sont arbitrairement fermés. (Très
bien ! Très bien !3
M. Thierry fait entendre au contraire la
notre libre-échangiste.
M. Thierry. — Il ne faut pas méconnaître
que, si nous invoquons la question sanitaire.
c'est au détriment du consommateur. (Très;
bien! très bien ! au centre). Ce prétexte, dont
nous ne faisons usage que parce que les autres
gouvernements s'en servent, n'est ni louable,
ni acceptable. ,',
La politique des consommateurs est une po- ;
Utique beaucoup trop oubliée ici. (Très bien l'
très bien ! à gauche.)
Legouvernement serait encore excusable s'il;
ne s'était jamais servi de ce prétexte que dans
le sens des consommateurs, mais ceux qui
connaissent la question, surtout apfès l'enquête
faite par M. Meslier, vous diront le rôle que,
les producteurs de ttestiaux français jouent
dans la propagation de la tuberculose. (Inter-
ruptions sur divers bancs. )
M Debussy, rapporteur. — Il résulte de
mes informations qu'il existe moins de cas de
tuberculose dans le troupeau français que dan
le troupeau italien. (Bruit à gauche.)
M. J. Thiery., - Je ne conteste pas quel
dans certains cas, on peut user de la protection
sanitaire, mais quand vous faites de la protec-
tion sanitaire je me demande si vous la faites
réellement dans l'intérêt des consommateurs
dont le rôle est au moins aussi important que
celui de l'éleveur. (Applaudissements sur di-
vers bancs.)
M. Plichon revient à la charge, au nom
des protectionnistes.
M. Plichon. — Si la Chambre refusait
;de suivre la commission des douanes, elle as-
sumerait une grande responsabilité, car voua
verriez au cours des vacances, qui seront lon-
gues, dit-on, des troupeaux de bœufs italiens,
belges et suisses amenés à notre marché de la
ViJlette, où ils feraient concurrence à notre..
production nationale.
M. Charles Bos. — Comment ! ils achè- 1
tent chez nous.
M. Plichon. — Le 18 mai dernier, M. Luz-
zatti, dans le Corriere délia sera, annonçait que
les barrières sanitaires aux gares françaises al-
laient être levées et que les marchés de Franco
allaient revoir ces belles génisses blanches
au large poitrail que le doux Virgile aimait
tant.
Je demande à M. le ministre des autres
,étrangères ce qu'il y a de vrai dans cette affir-
mation.
M. J. Thierry. — J'ai demandé instam-
ment à la commission de ne porter la queslio8
-à la Chambre qu'après avoir entendu M. le mi-
nistre des affaires étrangères. Il est un peu
'tard maintenant pour l'interroger.
M. Plichon. — Je regrette que M. le mi..
nistre des affaires étrangères soit souffrant,
mais en son absence j'espère qu'un de ses col-
lègues voudra bien répondre à ma question.
Si le fait était exact, je m'élèverais avec
énergie contre un engagement pris par le gou-*
vernement sans le concours du Parlement.
(Très bien ! très bien !)
M. Raiberti soutient la thèse contraire.
M. Raiberti. — Si vous relevez les droits
:de douane sur le bétail, vous allez causer un
renchérissement nouveau du prix de la vie.
'01', vous ne pouvez faire cela que si vou.5 pro-
tégez en même temps toutes les industrie*.
afin d'amener un nouveau rehaussement des
salaires.
En d'autres termes, je ne pense pas que vous
puissiez, en dehors de l'initiative gouverne-
mentale, grever d'un droit considérable de
consommation la partie de la population qui
supporte les charges les plus lourde,0.(Applau-
dissements sur divers bancs.)
L'intérêt social est donc d'accord avec l'inté-
rêt diplomatique, et c'est.pourquoi je demande
le renvoi du projeta la commission. (Nouveaux
applaudissements.)
MM. Meslier, Colliard, Feron et le rap.
porteur prononcent des discours fort do*
cumentés.
Charles Bos, h m tour, vient à la tri-
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