Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-06-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 juin 1921 11 juin 1921
Description : 1921/06/11 (N18445). 1921/06/11 (N18445).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7574403d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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!2 PRAIRIAL, AN 129. — No 18.445. TE auméro : ÛUlNZS CÊNïtMES ..umM il JUIN 19". - il- 48 44§,
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LE XIX" STBr.T.E
Fondateur: Edmond ABOUT
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TRIBUNE LIBRB
v
Les grands blessés des Invalides
—-————————— > <■—*— ■■ -
Au pied du dôme doré
des Invalides, dans le Bi-
lence provincial d'une mi-
nuscule cité de gloire et de
souffrance, errent, d'arbre
en arbre et d'ombre en om-
bre, des grands blessés de
guerre. Au hasard de leurs petites voi-
tures, que dirigent à grand'peine leurs
pauvres mains parfois paralysées, hé-
miplégiques et paraplégiques, malades
de la moelle épinière, regardent couler
lu vie sans grande atteinte d'un sort
meilleur, avec cette philosophie doulou-
reusement sceptique de ceux qui savent
bien qu'ils n'ont plus grand'chose à at-
tendre des jours.
Tous, ils sont jeunes ; tous, ils
étaient, il y a sept ains, vibrants d'es-
poirs et de sève généreuse. La guerre
en 11t des invalides, plus même, des
malades à perpétuité. Car leur sort est,
certes, pire encore que celui des muti-
lés ; ceux-là ont, qui un bras de moins,
qui une jambe coupée ; ils sont para-
lytiques, mais ils ne souffrent plus :
ils sont « définitifs ». Les pensionnai-
res des Invalides restent des malades,
aux écoutes, sans trêve, de la douleiii
prochaine, ayant besoin de soins quoti-
diens,. d'une aide sans distraction,;
d'une surveillance médicale continue.
On leur a donné des médailles, on
leur a' donné un asile. La reconnais-
- sance de la France les a chantés com-
me des héros qu'ils sont. Ce qu'ils veu-
lent aujourd'hui, c'est tout simple-
ment un peu d'intérêt, non point de
cette sympathie officielle et frigide qui
est dans des. discours, dans des hon-
neurs, dans des saluts, mais de cette
affection qui vient du cœur, qui sait
parfois se taire, mais dont les silences
sont plus éloquents que les mots les
plus enflammés. 1
Ùt., il ne semble pas que les décrets
de M. Maginot aient toujours été ins-
pirés de cette flamme de justice, de re-
connaissance et de pitié que les grands
blessés des Invalides méritent plus que
tous les autres.
Il y a quelques mois à peine, en dépit
de la loi, on rognait mesquinement sur
leur allocation. Est-ce "là un geste digne
de la France ?
La plupart des grands blessés ont la
pension maximum, équivalents aux 100%
d'invalidité. De plus, leur état nécessi-
tant une constante observation, les fait
rester aux Invalides où ils doivent être
soignés gratuitement. L'article 64 de la
loi du 31 mars 1919 spécifie, en effet,
4i que l'Etat doit à tous les militaires et
marins bénéficiaires de la présente loi,
leur vie durant, les soins médicaux, chi-
rurgicaux et pharmaceutiques nécessi-
tés par la blessure ou la maladie con-
tractée ou aggravée en service, qui a
motivé leur réforme, et que si l'hospi-
talisation est reconnue nécessaire, les
malades seront admis, à leur choix,
I dans les salles militaires ou id'ans les
salles civiles de l'hôpital de leur ré-
gion ».
Il ressort donc qu'un grand blessé
Sont la santé exige des soins quotidiens,
qui continue à être un malade, a droit
à l'hospitalisation gratuite avec soilis
gratuits, i
Or, malgré la loi formelle, deux dé-
crets ont été rendus qui la contredisent
absolument. Le décret du 12 janvier
1921 fixait que les grands blessés de-
vaient abandonner les deux tiers de
,leur pension pour se faire soigner. Le
décret du 13 avril 1921, rapportant le
premier, arrêtait à i,O0Q francs par an
pour les hommes, 1,200 francs pour les
officiers subalternes, 1,500 francs pour
les officiers supérieurs le paiement à
faire par les hospitalisés.
Alitât retirait d'une main ce qu'il
avait accordé de l'autre. Avouons que
le geste manque d'élégance lorsqu'il
s'agit d'hommes çfui, eux, ont tout
donné. , -
Certes, M. Maginot nous répondra
finances, budget, économies, déficit.
Nous avons toujours, dans ce journal,
demandé des compressions de dépenses.
Mais encore faut-il savoir choisir. Il est
des cas où l'économie devient mesquine
lésinerie.
Dans le cadre forcément étroit de leur
vie, les grands blessés méditent triste-
ment sur cette singulière reconnais-
sance officielle,. Récemment, ils virent
disparaître ks soins'médicaux gratuits
accordés à leurs frères mutilés ; et ils
se demandent, à leur tour, si on ne
cherche pas simplement à supprimer
leur hospitalisation.
Qa les a assimilés aux vieux invali-
des, pour lesquels l'asile est une mai-
son de retraitee Leur jeunesse qui dé-
sespérément s'accroche à la vie ne
,,'eut pas d'une retraite : ils sont ':dies
malades, des malades à vie put-être(;
iJ8 ne veulent jpas être dés retraités. i
Et non ptus ils ne veulent pas êtpl
i
des parias. Est-il possible que le géné-
ral Malleterre, directeur d'e l'Institution
nationale des Invalides, un mutilé ce-
pendant, ait fait à certains d'entre eux
cette effarante déclaration : « Vous de-
vinez que vous êtes pour la population
parisienne un spectacle déprimant.. Plu-
sieurs lois déjà, elle s'est plainte de
votre présence à Paris dont vous em-
barrassez les rues avec vos petites voi-
tures. >■> Nous osons à peine le croire.
Ce jour-là, les malheureux sentirent à
leurs joues monter le rouge d'une honte
magnifique, celle de leur malheur, de
leur héroïsme et de leur gloire.
La population parisienne n'a jamais,
avec l'horreur qui lui est prêtée, dé-
tourné les yeux de nos héros de guerre ;
elle les regarde deux fois, au contraire,
comme soldats et comme victimes. Pas
plus que l'Inconnu, leur frère, qui dort
sous, l'arche triomphale, ils ne sont
pour elle spectacle démoralisant. Chez
eux. elle puise les leçons du souvenir ;
en eux, les étrangers voient la marque
du courage malheureux et des épreuves
de la France.
Et l'on ne peut songer sans émotion
qu'un général français ait osé pronon-
cer de telles paroles. Nous serions heu-
reux d'un démenti.
Il fallait voir comment l'un de ce's
blessés me disait, il y a quelques jours :
« Nous ne serons pas si longtemps à
charge ! » Il était jeune : ses eux bril-
laient d'ardeur ; ses membres étaient
morts. -
Pour nous tous, ils payèrent leur écot
douloureux ; à nous tous de payer le
nôtre aujourd'hui.
Raymond LANC:E.
,.
EDITORIAL
--
Pas de loi de suspects!
Ecoutez ces cris : « Dé-
fendons-nous ! Défendons-
nous ! )>
- Quellei est cette cla-
meur ?
— C'est M. Latapie qui
chante pouilles dans la Liberté.
Me défendre, je veux bien. Mais con-
tre qui, contre quoi ? Je ne me savais
pas menacé. Quel péril effroyable et
mystérieux est suspendu sur ma pauvre
tête ?
Mon très distingué confrère me le ré-
vèle sans ménagements.
Il vient de se produire des accidents
de chemin de 1er qui semblant dus à la
malveillance.
Avant qu'aucune enquête, judiciaire
soit parvenue à préciser les faits el à
établir les responsabilités', les tricotaurs
des procès de tendances élèvent la vpix.
— Attentats révolutionnaires., sa-
botage bolcheiriste., action directe
communiste., organisation du pillâge
et de l'assassinat.., association de ban-
dits et de scélérats J.
Doucement, s'il vous plaît.
Déjà, lors d'un récent déraillement
sur le Nord, on avait donné à entendre
qu.il s'agissait d'un attentat révolution-
naire. « L'homme ait couteau entre les
dents » avait, sans doute, soulevé les
rails avec sa lame. Or, la Compagnie du
Jtlord s'en vint déclarer elle-même « que
l'accident résultait æurne erreur d'ai-
guillage ».
Ainsi, les jugements précipités, qui
sont toujours tâcheux deviennent abo-
minables lorsqu'ils' tendent à exciter
l'opinion contre des citoyens innocents.
Qui donc oserait soutenir que, le sa-
botage d'une ligne de chemin de fer, de
nature à provoquer une catastrophe, ne
soit un crime ignoble, passible de toute
la rigueur du Code pénaJ ?
Mais encore faut-il en administrer la
preuve et ne pas se risquer à juger les
faits divers avec un esprit de clarse.
Des catastrophes de chemin de fer
terribles se sont succédé, au 'cours des
dernières années, qui ont fait des cen-
taines de victimes.
Elles résultaient de la routine, Tde Vin-
curie de certaines compagnies qui s'obs-
tinaient à exposer un personnel insuf-
fisant et surmené, dans un matériel usé,
sur des voies où le système de signali-
sation était yiotoiremerit défectueux.
Pourtant, je n'ai jamais Entendu dire
qu'une enquête judiciaire — les res-
ponsabilités établies — dit abouti à
l'inculpation d'un ingénieur en chef,
d'un directeur, d'un administrateur de
compagniê. >
Allons ! ne laissons pas les diversions
sociales glisser sur des rails dangereux.
Pas de procès de 'tendance, vas de « loi
de suspects » contre les cheminots !
EDMOND OU NEIN,a:.
!
On dit.
LES POMMES DU UOISIN
Compétence
M. Lefebvre du Prey, ministre de Vagri-
culture, se rendit dernièrement à Béthune
à l'occasion d'une fête agricole.
Au cours de sa visite, il s'arrêta près
d'un superbe bovidé que tenait un paysan.
- Que voilà une belle ¡vache, mon ami,
dit-il, en caressant le dos de la bête. Tou-
tes mes félicitations.
Mais le paysan lui répondu :
-Ch'est nirt eu.n' vaq, ch'est un taur\-
M. Lefebvre du Prey regarda de -plus
près et il put constater que le paysan civait
raison. (Le Cri de Paris.)
Jugement de collègues
Lorsque M. Vilgrain entra dans. le gou.
vernement de M. Clemenceau, y avait-il
des membres de ce cabinet qui connais-
saient les accusations portées contre l'an-
cien sous-secr"'étaire d'Etat ?
Il y en avait au moins deux.
M. Jeanneney avait, en effet, demandé
quelque temps auparavant, au cours d'un
rapport sévère et documenté, que M. Vil-
grain jett poursuivi. ,
Pourtant, il accepta sans protester d'en-
trer dans une combinaison, dont faisait
partie M. Vilgrain.
D'autre part, M: Tardieu était au cou
rant
Le chef direct de M. Vilgrain, alors
qu'il était mobilisé avait, en effet, écrit une
lettre où il parlait de M. Vilgrain en ter-
mes peu flatteurs, et il ajoutait :
, u J'ai parlé de cela à far dieu, »
(Aux Ecoutes.)
QP ,
Premiers résultats
La venue à Paris et ta réception offi-
cielle du prince impérial du Japon auront
certainement les plus heureux effets sur
notre politique non seulement en Extrême-
Orient, mais aussi à l'intérieur.
Déjà la Chambre a, par un vote de con-
De~
fiance, proclamé la probité de M. Lou-
cheur. Voici, d'autre part, que le prix du
blé augmente de façon Réjouissante ; .l'a.f-
faire Landru est remise à une date ulté-
rieure ; l'ouverture de la pêche, fixée au
18 juin. Et la foire. de Neuilly s'annonce
extrêmement brillante.
Ces premiers résultats obtenus en huit
fours à peine sont un précieux encourage-
ment.
Le Japon à tout ce qu'il faut, y compris
une marine de guerre, pour devenir bientôt
une grande nation européenne. Faisons
confiance à l'avenir. -
- (1-e Canard Enchaîné.)
oP, ,
Les trois Bérard -
On sait que notre monde politique comp-
te trois Bérard : Victor, Alexandre et Léon
et cette homonymie n'est pas sans occa-
sionner quelquefois d'amusantes, confu-
sions.
C'est ainsi qu-un 'de ces derniers après-
midi, une. élégante jeune femme se pré-
senta au Sénat et demanda M. Bérard.
— Mais, lequel, Madame ? interrogea
l'huissier.
- Celui qui est dans la politique.
On ne put tirer aucun -autre renseigne-
ment de la visiteuse. Finalement, l'huis-
sier, qui avait remarqué que la dame était
des plus tardes, pensa que ce devait être
une- femme de théâtre et il alla l'annoncer
à M. Léon Bérard.. ,
Naturellement, celui-ci dut l'envoyer à,
Alexandre qui, à son toui-, la renvoya, à
Victor, lequel était le bon. C'est pourquoi
Calino disait que comme celui qu'on chcroo
che, se trouve toujours à la fin, c'est par le
dernier qu'on devrait commencer. Le tout
est de savoir, d'avance, reconnaître le der-
nier. (Les On dit.)
jS~
Outrecuidance
Nous savions déjà qu'on a la plaisan-
terie lourde à Berlin. Et cependant, c'est
très sérieusement qu'un austère proces-
seur à lunettes de l'Université d'Iéna, dont
le nom, Franz Jerusalem, a une singulière
odeur de ghetto,' réclame dans le Borsen
Kurier, une indemnité aux Alliés et aux
Polonais, pour les dommages causés par
les troubles de Haute-Silésie.
L'insurrection, déclare cet humoriste, a
été fomentée par les Polonais ; les Alliés
n'ont pu l'empêcher. Le bien allemand a
pu souffrir : on nous doit une réparation.
Il serait trop simple de demander à ce
savant, qui se révèle homme d'affaires, de
faire un tour en France et en Belgique.
Mais ne vaut-il pas mieux enepre de
rire et de ne pas répondre I
LA BANDE NOIRE
Notre directeur a. reçu de notre vaillant
collaborateur et ami, Emile Desvaux, con-
seiller municipal de Paris (dont on sait les
courageuses campagnes à l'assemblée mu-
nicipale, et dans le Sauvage), ce billet, que
nous nous faisons un plaisir de publier :
CONSEIL MUNICIPAL
DE PARTS
- Paris, 10 juin 1921-
Tous mes remerciements. mon cher di-
recteur et ami. En etffet, dès 1919 — voira
même avant — j'avais dénoncé les agisse-
ments de la bande noire, dont Vilgrain
fut. et demeure le chef impavide.
Mais mon bon et courageux Rappel, évo-
quant mes prédictions, trop faciles pour qui
savait voir ! oublie r- et c'est à son hon-
neur — ce détail qui a bien sa valeur.
Avant de dénoncer les scandales du ravi-
taillement à la tribune municipale, j avais
trouvé une libre tribune pour dire toutes
ces hontes et clouer au pilori tous ces ban-
dits.
Et, cette libre tribune, c'est précisément
le Rappel qui me l'avait courageusement
offerte. Très affectueusement vôtre,
Emile DESVAUX.
CONSEIL DE CABINET
LA REFORME ADMINISTRATIVE
Les ioip..istrs et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis, en conseil de cabinet au
ministre des affairas .é.trangères\ sous la
présidence de M. Aristide Briand.
Le président du conseil a mis ses collè-
gues au courant de la situation extérieue.
Le conseil a examiné ensuite plusieurs
projets qui figurent à l'ordre du jour du
Sénat et de la Chambre.
Il n décidé d'examiner, dans sa plus pro-
chaine séance,. les projets de réforme ad-
mu*trati' ve. dont l'élaboration a été con.
fiéel M. Colrat, sous-secrétaire d'Etat à
l'antérieur.
LA PRETENDUE CESSION
DU C AlVlER OUM A L'ALLEMAGNE
Un démenti officiel
A l'issue du conseil de cabinet, M. Sar-
raut, ministre des colonies, a. déclaré sans
fondement le bruit dont s'était fait leclio
un journal de Paris, et suivant lequel la
France céderait à l'Allemagne le mandat
qu'elle a obtenu sur le Cameroun.
A aucun moment, ni le ministre des co-
lonies, ni le ministre des affaires étran-
gères n'ont été saisis de pareille sollici-
tation, et n'ont eu, par conséquent, à envi'
sager de tels projets.
, j UN CRIME POLITIQUE
L'assassinat d'an député bavarois
IL AVAIT PROTESTÉ CONTRE LE MAINTIEN DES GARDES CIVIQUES
Munich, 10 juin. — Quatre coups de re-
volver ont été tirés, hier soir, par un in-
connu sur l'un des principaux membres du
parti socialiste indépendant de la Chambre
bavaroise, M. Gareis, tandis qu'il rentrait
chez lui, après une conférence où il avait
parlé contre l'école confessionnelle, il suc-
comba presque aussitôt à ses blessures.
On n'a aucun indice permettant de re-
trouver le meurtrier..
Les circonstances du crime
Berlin, 10 juin. — C'est au moment où 11
rentrait à son domicile, vers 11 heures, et
prenait congé d'un ami qui l'avait accom-
pagné que le député bavarois Gareis a été
tué de quatre, coups de revolver tirés par
un inconnu. M. Gareis, qui était âgé de
32 ans, avait été professeur de lycée et avait
fttê élu député en 19S0.
Le compagnon de la victime n'a pas aper-
çu l'auteur de l'attentat. Une bornée, qui
marcihait ,danS' la rite à quelques pas en
arrière des deux hcmmes, a déclare avoir
vu un individu qui, venant derrière eUe et
allongeant le pas, la dépassa et gagna le
trottoir opposé. Quand le premier' coup de
feu se fit entei.dre, allé tourna la tête et vit
l'inconnu qui continuait à tirer et qui prit
la Mte..
Une dame, entendant les détonations, se
mit à la fenêtre. Elle dit avotir vu deias
hommes qui s'enfuyaient. ■
M.. Gareis était à la tête du parti socialiste
indépendant bavarois, s
Le gouvernement bavarois a publié aus-
sitôt une déclaration réprouvant le meurtre,
'tt la Chambre bavaroise s'est jointe à cetlt
manifestation. Une récompense de 1(MXK)
marks est promise à qui fera arrêter le
meurtrier.
Ce que dit la presse" -
Berlin, 10 juin. — La presse de gauche
s'élève énergiquement, â, propos de >e
meurtre, contre l'état de choses actuel en
Bavière. Elle rappelle que le socialiste ma-
joritaire Sanger, député à la Chambre ba-
varoise, a été également victime de graves
voies de fait.
Il y a quelques jours que le,. Journaux
réactionnaires excitent au meurtre et que
ïe préfft de police Focblter favorise on
vertement les réactionnaires. On considère
que M. Gareis a été victime de ses attaques
contre les gardes civiques. Quelque temps
auparavant, il avait été l'objet de mena
ces pour avoir dénoncé une bande réac
tiennaire qui procédait à des mesures po-
litiques.
La presse démocrate exprime aussi, quoi-
que en termes moins violents, un vif mé.
contentement contre le régime bavarois.
La presse de droite s'abstient de tout.
commentaire.
L'agence Est-Europe reçoit, de son côté,
la dépèche suivante :
Il n'y a aucun doute sur le caractère po-
litique de l'assassinat. Karl Gareia est UM
nouvelle victime des attentats commis de-
puris un an en Bavière pair les fanatiques
des partis de droite. Il est difficile d'en, pré-
voir dès maintenant les- conséquences. Tou-
tefois, il faut se rappeler que l'assassinat
de Kurt Eisrer a été immédiatement suivi
de l'établissement de la République com-
muniste.
Si l'état de choses est aujourd'hui tel qu'il
semble qu'on n'ait rien A craindra d'uia
effort des communistes, on peut s'attendre
à de que !,c' meurtre de Gareis .apparaS!slc
à la population ouvrière de Municlh tout en-
tière comme une prpvocation, et cela d'au-
tant plus que, ces temps derniers, Gareis
a combattu vigoureusement les gardes d'ha-
bitants. Son assassinat clrinne l'impression
d'une tentative de terrorisme des groupei
de droite, en, opposi-tion avec les ordres du
gouvernement du Reich sur le désarmement.
Il faut ajouter que Gareis s'était déjà atti-
reir la haine, des milieux de droite pour avoir
pris la défense de Dobner, un ancien soldat
de la Reichswehr, dont la mort avait été
oecidee à la suite de l'offre qu'il avait faite
à l'Entente de désigner des déipôts d'armes
clandestins.
Grève de protestation
Munich, 10 juin, — Les trois partis socia-
listes font des préparatifs pour line grève
générale d'un jour en protestation contre
l'assassinat de KariKGareisu
Lês représentants des partis socialistes rt
des syndicats délibérer,! actuellement sur
les ni--eunèx à prc-ndrt,. Sans attendre lenr
décision, les ouvriers des usinas métaIlDr.
rækruœ Msffçi prçt quitté le tnavfiil,
L'ACTUALITÉ
*
La politique anglaise en Orient
conduit aux pires conflits
UN TORPILLEUR GREC BOMBARDE HÉRACLÉE
Des navires de guerre hellènès ont quitté Constantinople
avec le projet de faire le blocus des côtes de la mer Noire
Un torpilleur grec a bom-
bardé le port d'Héraclée.
Cet acte d'hostilité déclarée
pourrait bien ne pas soule-
ver que les protestations du
gouvernement du sultan,
mais aussi des nütres. Les
Français ont, ce semble,
d'importants intérêts, en effet, dans le bas-
sin minier d'Héracléc.
D'autres unités de la flotte de guerre hel.
lénique auraient commencé le blocus des
cotes de la mer Noire.
En même temps qu'elles paraissent con-
firmer l'ouverture imminente de la gran-
de offensive si souvent annoncée, ces ope-
rations ont pour but de priver les kémalis-
tes de tout secours de la part des bolche-
viks. Les communications par la voie de
terre se heurtent, en effet, à de grandes
difficultés dues à la nature dit terrain
comme à l'absence de chemins de fer.
Enfin, il n'est pas exclu que les cui-
rassés britanniques ne prêtent un certain
concours plus ou moins actif à l'encercle-
ment des forces nationalistes sur les hauts
plateaux d'Anatolie.
Devant ces préparatifs, il est devenu
parfaitement vraisemblable que l'activité
militaire se réveille sur le front de Smyrne
et que Constantin, en personne, se mette à
la tête de ses tronpes.
L'attitude de l'Angleterre ne fait pas de
doute. On sent qu'elle est derrière l'entre-
prise grecque; et si M.Lloyd George n'a pas
réussi à intéresser le gouvernement {l'an..
cais à cette entreprise, au moins a-t-il ob-
tenu que M. Franklin-Bouillon ne pousse
pas jusqu'à Angora et soit même en quel-
que sorte désavoué.
Malheur à nous si nos gouvernants ont
encore gardé quelques illusiong à l'égard
de la Grèce !
Il suffit de parcourir les journaux grecs
pour être renseignés.
De quels méfaits les Français ne sont-ils
pas inculpés !
M. le député Godart est accuse d'avoir
organisé des incidents gréco-albanais à Ko-
ritza ; et dans les incidents gréco-bulgares,
créés de toutes pièces par la propagande
hellénique, voilà que le Kathimérini, or-
gane officieux. prétend reconnaître une
u participation française ».
C'est-la même feuille qui écrivait : « Ce
n'est pas aujourd'hui qu'on fondera à l'U..
niversité d'Athènes une chaire de français,
car aujourd'hui, les étudiants grecs com-
battent les ennemis" que leur a jetés sur le
clos l'innommable. traité franco-turc. »
La France, cédant à un intérêt britan-
nique, va-t-elle donner, malgré tout cela,
un exemple de versatilité et faire encore
une fois le feu de Constantin ?
Louis BRESSE.
■* mmm *
L'OFFENSIVE GRECQUE
Constant in op le, 9 juin. - A la suite du
bombardement du port d'Héraclée. tar un
torpilleur grec, la Sublime-Porte a adressé
aux hauts-commissaires alliés une protes-
tation contre la violation de la neutralité
proclamée par les alliés. 1
Les navires de guerre grecs ont quitté le
port de Constantinople pour la mer Noire,
probablement dans l'intention de bloquer
la côte d'Anatolie et empêcher le ravitail-
lement, par les Soviets, de l'armée kéma-
liste en armes et en munitions.
Le ministre de la défense nationale d'An-
gora a donné des instructions pour rènfor-
cer les mesures de défense du littoral de la
mer Noire.
Le roi Constantin au front
Athènes, 9 juin. — Le départ du roi CQ..i-
tantin pour Smyrne est déîinitivement
fixé à samedi après-midi. Le roi, accompa-
gné du prince héritier et des princes Nico-
las et André, du premier ministre, M. Gou-
naris, des ministres de la guerre et de la
marine, ainsi que du chef d'état-major gé-
néral, s'embarquera à bord 'du cuirassé
« Lemnos », qui sera escorté par le croi-
seur « Helli » et les contre-torpilleurs
« Aétos » et a Dapbni ». Le roi passera en
revue la flotte hellénique en rade de
Smyrne.
L'attitude d'Angora
Constantinople, 9 juin. -- Les articles pu-
bliés par la presse française et par la presse
anglaise sur la situation créée par l'intran-
sigeance de'rassemblée nationale d'Angora,
ont provoqué dans les milieux turcs de
Constantinople une grande inquiétude, et
l'on craint que des mesures de coe~cition ne
soient prises par les Alliés contre la Tur-
■quia
Le nouveau commissaire des affaires
étrangères d'Angora, Yousouf Kemal bey,
dans une déclaration au Yeni-Ghun, a con-
fi'rmé que le gouvernement d'Angora n'est
pais ,£>p,po,sé à la paix. La Turquie admettrait
bien volontiers tourte intervention utile et
raisonnable. Le gouvernement dar-gora ne
voudrait pas prolonger la guerre, même un
jour de plus qu'il ne le faudrait.
Départ d'une mission turque
pour l'Amérique
Constantinople, 10 juin. — Le journal
Peyam-Sabah apprend d'Asie Mineure
qu'une nouvelle mission d'Angora, sous la
.présidence de Hq-ireh bey, député de Trér
hizbnde, ancien délégué à la conférence de
Londres, serait parti pour l'Amérique où il
expliquerait son point de vue- au président
Harding et au gagyememe-nt américain.
Venizelos et l'Angleterre
Londres, 10 juin. — On communique de
source autorisée que le projet présenté par'
M. Venizeloa à M. Lloyd George iprévoynil
l'institution ; Athènes d'un gouvernement
sous m propre direction. Le roi Constantin.
Oevhfct garder & trôna, mais sans, prendre
J
aucune part à la direction des affaires bu
de l'arméei. Ce plan a été repoussé par I&
gouvernement britannique qui craint que,
s'il était adopté, des désordres ne se pro-
duisent en Grèce entre le venizélistes et les
oonstantiniens. Le Foreign Office rechercha
en ce moment une autre oombinaiSOL poli-
tique qui permettrait à l'Angleterre de se-
courir la Grèce sans avoir à compter avec,
l'influence de Constantin. -- (Agence Ra-
pide )
Démission de M. Votiras
Constantinople, 10 j-iiin. — D'après le jour-
nal grec Patris, M. Votiras, président du
comité de la défense nationale grecque A
Constantinople, a démissionné.
La cause de cette démission est due à une
lettre envoyée par M. Venizelos aux Grecs
de Constantinople, leur corbseillant iobéd3-
sance parfaite au gouvernement d'Athènes.
Mais M, Votiras a déclaré que certains
membres du comité ont l'idée de oh&f&er
Constantin de fa. Grèce et, pour cela, il esti-
me nécessaire la défaite de l'armée grecqiït;
Les projets de l'Angleterre
Londres, 10 juin. - Le Daily Chronicie
dit qu'wle conférence des ministrfes a eu
lieu chez M. Lloyd George, aux Chequers,
sur la situation dans le proche Orient.
Il est probable, ajoute ce journal, qu'au-
cune politique entraînant la Grande-Bre-
tagne dans ce qui prendrait la forme d'une
campagne de terre ne sera acceptée. Mais
les événement? pourraient rendre néces.
saire une aide indirecte aux Grecs.
C'est pas suite d'une erreur de co *ipo-
sition que le compte rendu, que nous avont
donné hier, de la cérémonie anniversaire)
de la mort de, Camille Pelletan, a été si* né
de notre éminent collaborateur, ei ami M.
Ferdinand Buisson.
LA CHAMBRE
LE PROGRAMME NAVAL
EST ADOPTÉ -
Où l'on voit que le traité de Versailles
permet à l'Allemagne
de reconstruire une Roffe de guerre
La Chambre a achevé,
hier, sous la présidence de
M. Raoul Péret, la discus-
sion du programme naval.
Dès le début de la séan-
ce, M. Bouisson; repreaani
son exposé, iappelle ce
qu'il a dit la veille au sujet
des croiseurs prévus fm.
programme ,
Pourauoi a-t-on rori/1 ces
croiseurs de 5.200 à 8.00U tonnes ? M- CJ.àr..
les Dumont l'a indiqué hier dans une.inErof
ventiion qui a vivement émiu la Chambre :
t'est parce que l'Allemagne (pourra, en fatf,
construire des croiseurs de 10.000 toriumî4
bien que le traité ne parie que de cuirankéol,
M. Charles Dumont a ajouté que le tre,
par son article 190, nous « condamnait » à
construire des unités nouvelles, rAUemagnta
dherchant à avoir des navires rapides dana
la Méditerranée. (Mouv. div.)
M. Bouisson constate que la déclaration
du rapporteur général du budget est unei
des plus graves qu'on ait pu faine sor l<$
traité de Versailles, Ainsi l'article 190 va. -
coûter deS centaines de millions au pays I
Comment le pays comprendra-t-il une pa-
reille politique t
L'orateur demande: jwirquoi la France
n'a pas exigé dé l'Allemagne des croÈseuivi
supérieurs à 5.200 tonanes.
« Parce que, dit M. Denise, rapporteur,
l'Allemagne n'en avait pas, à l'exception dos
• croiseprs-cuirassés.
M. Bouisson dit que ce n'est .pas là la
véritable raison ; eJle résidait dans ce I"
qu-é l'Angleterre a pris pour elle les bonnes
unités de la flotte allemande. La Franoa"
est .aujourd hui la dupe des artidæ. du traité
Que d'autres ont rédigés. (Mouv. dCv4 -
Les sous-marins,
Passant à la question des so,us-marîn&.
l'orateur dit que les 12 sQus-marins, dont
au demande à la Chambre d'autoriser- 'la
mise en chantier, ne représentent que Je
tiers du programme. -
Or, l'Allemagne doit livrer à la France
Si sous-marins — qui orvt suffisamment fait
leurs preuves.
Le ffi'[.hlJOrtoor répond qu'ils sont livrés^
mais M. Boussenot fait observer que nouy
ne sommes autorisés à en conserver que la.
et la discussion devient grave.
M. Bouisson. - Le traité de paix n'a jamais
dit que la France devait démolir les autres.
QueUes sont donc ces conventions passées avec
1 Angleteh-e, et dont la Chambre n'a pas eu &
connaître, qui nous obligent à démolir 24 sous-
manns ? (Mouv. div.)
Ainsi on demande au Parlement 4 ou 500 mU"
lions pour construire 36 sous-marins alors qui
l'Allemagne doit en livrer 34 que l'on pouvai-
conserver d'après le traité, mais que l'on der
démolir,par une convention que vous ne con-
naissez pas ! -
Que dira le pays (Vifs appi- à rem. e- «
sur div. b. à g.)
On répond qu'ils aont déjà démolis. Si cela,
est vrai., les responsables se nommeront
M. Narcisse Boulanger. - C'est impossible !
M. de Chappedelaine. - je suis d'accord aveo
M. Bouisson pour regretter cette obligation de
démolir des sous-marine allemands livms.
Mais le protocole du conseil supr#m<; du lar
novembre l'i a tru*ckii celte question : deux
protocoles ultérieurs l'ont CQiifinjié.
11 me pnrntt urdln tfr f!;~.-. -: -. - .- ,J..-"
!2 PRAIRIAL, AN 129. — No 18.445. TE auméro : ÛUlNZS CÊNïtMES ..umM il JUIN 19". - il- 48 44§,
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Fondateur: Edmond ABOUT
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TRIBUNE LIBRB
v
Les grands blessés des Invalides
—-————————— > <■—*— ■■ -
Au pied du dôme doré
des Invalides, dans le Bi-
lence provincial d'une mi-
nuscule cité de gloire et de
souffrance, errent, d'arbre
en arbre et d'ombre en om-
bre, des grands blessés de
guerre. Au hasard de leurs petites voi-
tures, que dirigent à grand'peine leurs
pauvres mains parfois paralysées, hé-
miplégiques et paraplégiques, malades
de la moelle épinière, regardent couler
lu vie sans grande atteinte d'un sort
meilleur, avec cette philosophie doulou-
reusement sceptique de ceux qui savent
bien qu'ils n'ont plus grand'chose à at-
tendre des jours.
Tous, ils sont jeunes ; tous, ils
étaient, il y a sept ains, vibrants d'es-
poirs et de sève généreuse. La guerre
en 11t des invalides, plus même, des
malades à perpétuité. Car leur sort est,
certes, pire encore que celui des muti-
lés ; ceux-là ont, qui un bras de moins,
qui une jambe coupée ; ils sont para-
lytiques, mais ils ne souffrent plus :
ils sont « définitifs ». Les pensionnai-
res des Invalides restent des malades,
aux écoutes, sans trêve, de la douleiii
prochaine, ayant besoin de soins quoti-
diens,. d'une aide sans distraction,;
d'une surveillance médicale continue.
On leur a donné des médailles, on
leur a' donné un asile. La reconnais-
- sance de la France les a chantés com-
me des héros qu'ils sont. Ce qu'ils veu-
lent aujourd'hui, c'est tout simple-
ment un peu d'intérêt, non point de
cette sympathie officielle et frigide qui
est dans des. discours, dans des hon-
neurs, dans des saluts, mais de cette
affection qui vient du cœur, qui sait
parfois se taire, mais dont les silences
sont plus éloquents que les mots les
plus enflammés. 1
Ùt., il ne semble pas que les décrets
de M. Maginot aient toujours été ins-
pirés de cette flamme de justice, de re-
connaissance et de pitié que les grands
blessés des Invalides méritent plus que
tous les autres.
Il y a quelques mois à peine, en dépit
de la loi, on rognait mesquinement sur
leur allocation. Est-ce "là un geste digne
de la France ?
La plupart des grands blessés ont la
pension maximum, équivalents aux 100%
d'invalidité. De plus, leur état nécessi-
tant une constante observation, les fait
rester aux Invalides où ils doivent être
soignés gratuitement. L'article 64 de la
loi du 31 mars 1919 spécifie, en effet,
4i que l'Etat doit à tous les militaires et
marins bénéficiaires de la présente loi,
leur vie durant, les soins médicaux, chi-
rurgicaux et pharmaceutiques nécessi-
tés par la blessure ou la maladie con-
tractée ou aggravée en service, qui a
motivé leur réforme, et que si l'hospi-
talisation est reconnue nécessaire, les
malades seront admis, à leur choix,
I dans les salles militaires ou id'ans les
salles civiles de l'hôpital de leur ré-
gion ».
Il ressort donc qu'un grand blessé
Sont la santé exige des soins quotidiens,
qui continue à être un malade, a droit
à l'hospitalisation gratuite avec soilis
gratuits, i
Or, malgré la loi formelle, deux dé-
crets ont été rendus qui la contredisent
absolument. Le décret du 12 janvier
1921 fixait que les grands blessés de-
vaient abandonner les deux tiers de
,leur pension pour se faire soigner. Le
décret du 13 avril 1921, rapportant le
premier, arrêtait à i,O0Q francs par an
pour les hommes, 1,200 francs pour les
officiers subalternes, 1,500 francs pour
les officiers supérieurs le paiement à
faire par les hospitalisés.
Alitât retirait d'une main ce qu'il
avait accordé de l'autre. Avouons que
le geste manque d'élégance lorsqu'il
s'agit d'hommes çfui, eux, ont tout
donné. , -
Certes, M. Maginot nous répondra
finances, budget, économies, déficit.
Nous avons toujours, dans ce journal,
demandé des compressions de dépenses.
Mais encore faut-il savoir choisir. Il est
des cas où l'économie devient mesquine
lésinerie.
Dans le cadre forcément étroit de leur
vie, les grands blessés méditent triste-
ment sur cette singulière reconnais-
sance officielle,. Récemment, ils virent
disparaître ks soins'médicaux gratuits
accordés à leurs frères mutilés ; et ils
se demandent, à leur tour, si on ne
cherche pas simplement à supprimer
leur hospitalisation.
Qa les a assimilés aux vieux invali-
des, pour lesquels l'asile est une mai-
son de retraitee Leur jeunesse qui dé-
sespérément s'accroche à la vie ne
,,'eut pas d'une retraite : ils sont ':dies
malades, des malades à vie put-être(;
iJ8 ne veulent jpas être dés retraités. i
Et non ptus ils ne veulent pas êtpl
i
des parias. Est-il possible que le géné-
ral Malleterre, directeur d'e l'Institution
nationale des Invalides, un mutilé ce-
pendant, ait fait à certains d'entre eux
cette effarante déclaration : « Vous de-
vinez que vous êtes pour la population
parisienne un spectacle déprimant.. Plu-
sieurs lois déjà, elle s'est plainte de
votre présence à Paris dont vous em-
barrassez les rues avec vos petites voi-
tures. >■> Nous osons à peine le croire.
Ce jour-là, les malheureux sentirent à
leurs joues monter le rouge d'une honte
magnifique, celle de leur malheur, de
leur héroïsme et de leur gloire.
La population parisienne n'a jamais,
avec l'horreur qui lui est prêtée, dé-
tourné les yeux de nos héros de guerre ;
elle les regarde deux fois, au contraire,
comme soldats et comme victimes. Pas
plus que l'Inconnu, leur frère, qui dort
sous, l'arche triomphale, ils ne sont
pour elle spectacle démoralisant. Chez
eux. elle puise les leçons du souvenir ;
en eux, les étrangers voient la marque
du courage malheureux et des épreuves
de la France.
Et l'on ne peut songer sans émotion
qu'un général français ait osé pronon-
cer de telles paroles. Nous serions heu-
reux d'un démenti.
Il fallait voir comment l'un de ce's
blessés me disait, il y a quelques jours :
« Nous ne serons pas si longtemps à
charge ! » Il était jeune : ses eux bril-
laient d'ardeur ; ses membres étaient
morts. -
Pour nous tous, ils payèrent leur écot
douloureux ; à nous tous de payer le
nôtre aujourd'hui.
Raymond LANC:E.
,.
EDITORIAL
--
Pas de loi de suspects!
Ecoutez ces cris : « Dé-
fendons-nous ! Défendons-
nous ! )>
- Quellei est cette cla-
meur ?
— C'est M. Latapie qui
chante pouilles dans la Liberté.
Me défendre, je veux bien. Mais con-
tre qui, contre quoi ? Je ne me savais
pas menacé. Quel péril effroyable et
mystérieux est suspendu sur ma pauvre
tête ?
Mon très distingué confrère me le ré-
vèle sans ménagements.
Il vient de se produire des accidents
de chemin de 1er qui semblant dus à la
malveillance.
Avant qu'aucune enquête, judiciaire
soit parvenue à préciser les faits el à
établir les responsabilités', les tricotaurs
des procès de tendances élèvent la vpix.
— Attentats révolutionnaires., sa-
botage bolcheiriste., action directe
communiste., organisation du pillâge
et de l'assassinat.., association de ban-
dits et de scélérats J.
Doucement, s'il vous plaît.
Déjà, lors d'un récent déraillement
sur le Nord, on avait donné à entendre
qu.il s'agissait d'un attentat révolution-
naire. « L'homme ait couteau entre les
dents » avait, sans doute, soulevé les
rails avec sa lame. Or, la Compagnie du
Jtlord s'en vint déclarer elle-même « que
l'accident résultait æurne erreur d'ai-
guillage ».
Ainsi, les jugements précipités, qui
sont toujours tâcheux deviennent abo-
minables lorsqu'ils' tendent à exciter
l'opinion contre des citoyens innocents.
Qui donc oserait soutenir que, le sa-
botage d'une ligne de chemin de fer, de
nature à provoquer une catastrophe, ne
soit un crime ignoble, passible de toute
la rigueur du Code pénaJ ?
Mais encore faut-il en administrer la
preuve et ne pas se risquer à juger les
faits divers avec un esprit de clarse.
Des catastrophes de chemin de fer
terribles se sont succédé, au 'cours des
dernières années, qui ont fait des cen-
taines de victimes.
Elles résultaient de la routine, Tde Vin-
curie de certaines compagnies qui s'obs-
tinaient à exposer un personnel insuf-
fisant et surmené, dans un matériel usé,
sur des voies où le système de signali-
sation était yiotoiremerit défectueux.
Pourtant, je n'ai jamais Entendu dire
qu'une enquête judiciaire — les res-
ponsabilités établies — dit abouti à
l'inculpation d'un ingénieur en chef,
d'un directeur, d'un administrateur de
compagniê. >
Allons ! ne laissons pas les diversions
sociales glisser sur des rails dangereux.
Pas de procès de 'tendance, vas de « loi
de suspects » contre les cheminots !
EDMOND OU NEIN,a:.
!
On dit.
LES POMMES DU UOISIN
Compétence
M. Lefebvre du Prey, ministre de Vagri-
culture, se rendit dernièrement à Béthune
à l'occasion d'une fête agricole.
Au cours de sa visite, il s'arrêta près
d'un superbe bovidé que tenait un paysan.
- Que voilà une belle ¡vache, mon ami,
dit-il, en caressant le dos de la bête. Tou-
tes mes félicitations.
Mais le paysan lui répondu :
-Ch'est nirt eu.n' vaq, ch'est un taur\-
M. Lefebvre du Prey regarda de -plus
près et il put constater que le paysan civait
raison. (Le Cri de Paris.)
Jugement de collègues
Lorsque M. Vilgrain entra dans. le gou.
vernement de M. Clemenceau, y avait-il
des membres de ce cabinet qui connais-
saient les accusations portées contre l'an-
cien sous-secr"'étaire d'Etat ?
Il y en avait au moins deux.
M. Jeanneney avait, en effet, demandé
quelque temps auparavant, au cours d'un
rapport sévère et documenté, que M. Vil-
grain jett poursuivi. ,
Pourtant, il accepta sans protester d'en-
trer dans une combinaison, dont faisait
partie M. Vilgrain.
D'autre part, M: Tardieu était au cou
rant
Le chef direct de M. Vilgrain, alors
qu'il était mobilisé avait, en effet, écrit une
lettre où il parlait de M. Vilgrain en ter-
mes peu flatteurs, et il ajoutait :
, u J'ai parlé de cela à far dieu, »
(Aux Ecoutes.)
QP ,
Premiers résultats
La venue à Paris et ta réception offi-
cielle du prince impérial du Japon auront
certainement les plus heureux effets sur
notre politique non seulement en Extrême-
Orient, mais aussi à l'intérieur.
Déjà la Chambre a, par un vote de con-
De~
fiance, proclamé la probité de M. Lou-
cheur. Voici, d'autre part, que le prix du
blé augmente de façon Réjouissante ; .l'a.f-
faire Landru est remise à une date ulté-
rieure ; l'ouverture de la pêche, fixée au
18 juin. Et la foire. de Neuilly s'annonce
extrêmement brillante.
Ces premiers résultats obtenus en huit
fours à peine sont un précieux encourage-
ment.
Le Japon à tout ce qu'il faut, y compris
une marine de guerre, pour devenir bientôt
une grande nation européenne. Faisons
confiance à l'avenir. -
- (1-e Canard Enchaîné.)
oP, ,
Les trois Bérard -
On sait que notre monde politique comp-
te trois Bérard : Victor, Alexandre et Léon
et cette homonymie n'est pas sans occa-
sionner quelquefois d'amusantes, confu-
sions.
C'est ainsi qu-un 'de ces derniers après-
midi, une. élégante jeune femme se pré-
senta au Sénat et demanda M. Bérard.
— Mais, lequel, Madame ? interrogea
l'huissier.
- Celui qui est dans la politique.
On ne put tirer aucun -autre renseigne-
ment de la visiteuse. Finalement, l'huis-
sier, qui avait remarqué que la dame était
des plus tardes, pensa que ce devait être
une- femme de théâtre et il alla l'annoncer
à M. Léon Bérard.. ,
Naturellement, celui-ci dut l'envoyer à,
Alexandre qui, à son toui-, la renvoya, à
Victor, lequel était le bon. C'est pourquoi
Calino disait que comme celui qu'on chcroo
che, se trouve toujours à la fin, c'est par le
dernier qu'on devrait commencer. Le tout
est de savoir, d'avance, reconnaître le der-
nier. (Les On dit.)
jS~
Outrecuidance
Nous savions déjà qu'on a la plaisan-
terie lourde à Berlin. Et cependant, c'est
très sérieusement qu'un austère proces-
seur à lunettes de l'Université d'Iéna, dont
le nom, Franz Jerusalem, a une singulière
odeur de ghetto,' réclame dans le Borsen
Kurier, une indemnité aux Alliés et aux
Polonais, pour les dommages causés par
les troubles de Haute-Silésie.
L'insurrection, déclare cet humoriste, a
été fomentée par les Polonais ; les Alliés
n'ont pu l'empêcher. Le bien allemand a
pu souffrir : on nous doit une réparation.
Il serait trop simple de demander à ce
savant, qui se révèle homme d'affaires, de
faire un tour en France et en Belgique.
Mais ne vaut-il pas mieux enepre de
rire et de ne pas répondre I
LA BANDE NOIRE
Notre directeur a. reçu de notre vaillant
collaborateur et ami, Emile Desvaux, con-
seiller municipal de Paris (dont on sait les
courageuses campagnes à l'assemblée mu-
nicipale, et dans le Sauvage), ce billet, que
nous nous faisons un plaisir de publier :
CONSEIL MUNICIPAL
DE PARTS
- Paris, 10 juin 1921-
Tous mes remerciements. mon cher di-
recteur et ami. En etffet, dès 1919 — voira
même avant — j'avais dénoncé les agisse-
ments de la bande noire, dont Vilgrain
fut. et demeure le chef impavide.
Mais mon bon et courageux Rappel, évo-
quant mes prédictions, trop faciles pour qui
savait voir ! oublie r- et c'est à son hon-
neur — ce détail qui a bien sa valeur.
Avant de dénoncer les scandales du ravi-
taillement à la tribune municipale, j avais
trouvé une libre tribune pour dire toutes
ces hontes et clouer au pilori tous ces ban-
dits.
Et, cette libre tribune, c'est précisément
le Rappel qui me l'avait courageusement
offerte. Très affectueusement vôtre,
Emile DESVAUX.
CONSEIL DE CABINET
LA REFORME ADMINISTRATIVE
Les ioip..istrs et sous-secrétaires d'Etat
se sont réunis, en conseil de cabinet au
ministre des affairas .é.trangères\ sous la
présidence de M. Aristide Briand.
Le président du conseil a mis ses collè-
gues au courant de la situation extérieue.
Le conseil a examiné ensuite plusieurs
projets qui figurent à l'ordre du jour du
Sénat et de la Chambre.
Il n décidé d'examiner, dans sa plus pro-
chaine séance,. les projets de réforme ad-
mu*trati' ve. dont l'élaboration a été con.
fiéel M. Colrat, sous-secrétaire d'Etat à
l'antérieur.
LA PRETENDUE CESSION
DU C AlVlER OUM A L'ALLEMAGNE
Un démenti officiel
A l'issue du conseil de cabinet, M. Sar-
raut, ministre des colonies, a. déclaré sans
fondement le bruit dont s'était fait leclio
un journal de Paris, et suivant lequel la
France céderait à l'Allemagne le mandat
qu'elle a obtenu sur le Cameroun.
A aucun moment, ni le ministre des co-
lonies, ni le ministre des affaires étran-
gères n'ont été saisis de pareille sollici-
tation, et n'ont eu, par conséquent, à envi'
sager de tels projets.
, j UN CRIME POLITIQUE
L'assassinat d'an député bavarois
IL AVAIT PROTESTÉ CONTRE LE MAINTIEN DES GARDES CIVIQUES
Munich, 10 juin. — Quatre coups de re-
volver ont été tirés, hier soir, par un in-
connu sur l'un des principaux membres du
parti socialiste indépendant de la Chambre
bavaroise, M. Gareis, tandis qu'il rentrait
chez lui, après une conférence où il avait
parlé contre l'école confessionnelle, il suc-
comba presque aussitôt à ses blessures.
On n'a aucun indice permettant de re-
trouver le meurtrier..
Les circonstances du crime
Berlin, 10 juin. — C'est au moment où 11
rentrait à son domicile, vers 11 heures, et
prenait congé d'un ami qui l'avait accom-
pagné que le député bavarois Gareis a été
tué de quatre, coups de revolver tirés par
un inconnu. M. Gareis, qui était âgé de
32 ans, avait été professeur de lycée et avait
fttê élu député en 19S0.
Le compagnon de la victime n'a pas aper-
çu l'auteur de l'attentat. Une bornée, qui
marcihait ,danS' la rite à quelques pas en
arrière des deux hcmmes, a déclare avoir
vu un individu qui, venant derrière eUe et
allongeant le pas, la dépassa et gagna le
trottoir opposé. Quand le premier' coup de
feu se fit entei.dre, allé tourna la tête et vit
l'inconnu qui continuait à tirer et qui prit
la Mte..
Une dame, entendant les détonations, se
mit à la fenêtre. Elle dit avotir vu deias
hommes qui s'enfuyaient. ■
M.. Gareis était à la tête du parti socialiste
indépendant bavarois, s
Le gouvernement bavarois a publié aus-
sitôt une déclaration réprouvant le meurtre,
'tt la Chambre bavaroise s'est jointe à cetlt
manifestation. Une récompense de 1(MXK)
marks est promise à qui fera arrêter le
meurtrier.
Ce que dit la presse" -
Berlin, 10 juin. — La presse de gauche
s'élève énergiquement, â, propos de >e
meurtre, contre l'état de choses actuel en
Bavière. Elle rappelle que le socialiste ma-
joritaire Sanger, député à la Chambre ba-
varoise, a été également victime de graves
voies de fait.
Il y a quelques jours que le,. Journaux
réactionnaires excitent au meurtre et que
ïe préfft de police Focblter favorise on
vertement les réactionnaires. On considère
que M. Gareis a été victime de ses attaques
contre les gardes civiques. Quelque temps
auparavant, il avait été l'objet de mena
ces pour avoir dénoncé une bande réac
tiennaire qui procédait à des mesures po-
litiques.
La presse démocrate exprime aussi, quoi-
que en termes moins violents, un vif mé.
contentement contre le régime bavarois.
La presse de droite s'abstient de tout.
commentaire.
L'agence Est-Europe reçoit, de son côté,
la dépèche suivante :
Il n'y a aucun doute sur le caractère po-
litique de l'assassinat. Karl Gareia est UM
nouvelle victime des attentats commis de-
puris un an en Bavière pair les fanatiques
des partis de droite. Il est difficile d'en, pré-
voir dès maintenant les- conséquences. Tou-
tefois, il faut se rappeler que l'assassinat
de Kurt Eisrer a été immédiatement suivi
de l'établissement de la République com-
muniste.
Si l'état de choses est aujourd'hui tel qu'il
semble qu'on n'ait rien A craindra d'uia
effort des communistes, on peut s'attendre
à de que !,c' meurtre de Gareis .apparaS!slc
à la population ouvrière de Municlh tout en-
tière comme une prpvocation, et cela d'au-
tant plus que, ces temps derniers, Gareis
a combattu vigoureusement les gardes d'ha-
bitants. Son assassinat clrinne l'impression
d'une tentative de terrorisme des groupei
de droite, en, opposi-tion avec les ordres du
gouvernement du Reich sur le désarmement.
Il faut ajouter que Gareis s'était déjà atti-
reir la haine, des milieux de droite pour avoir
pris la défense de Dobner, un ancien soldat
de la Reichswehr, dont la mort avait été
oecidee à la suite de l'offre qu'il avait faite
à l'Entente de désigner des déipôts d'armes
clandestins.
Grève de protestation
Munich, 10 juin, — Les trois partis socia-
listes font des préparatifs pour line grève
générale d'un jour en protestation contre
l'assassinat de KariKGareisu
Lês représentants des partis socialistes rt
des syndicats délibérer,! actuellement sur
les ni--eunèx à prc-ndrt,. Sans attendre lenr
décision, les ouvriers des usinas métaIlDr.
rækruœ Msffçi prçt quitté le tnavfiil,
L'ACTUALITÉ
*
La politique anglaise en Orient
conduit aux pires conflits
UN TORPILLEUR GREC BOMBARDE HÉRACLÉE
Des navires de guerre hellènès ont quitté Constantinople
avec le projet de faire le blocus des côtes de la mer Noire
Un torpilleur grec a bom-
bardé le port d'Héraclée.
Cet acte d'hostilité déclarée
pourrait bien ne pas soule-
ver que les protestations du
gouvernement du sultan,
mais aussi des nütres. Les
Français ont, ce semble,
d'importants intérêts, en effet, dans le bas-
sin minier d'Héracléc.
D'autres unités de la flotte de guerre hel.
lénique auraient commencé le blocus des
cotes de la mer Noire.
En même temps qu'elles paraissent con-
firmer l'ouverture imminente de la gran-
de offensive si souvent annoncée, ces ope-
rations ont pour but de priver les kémalis-
tes de tout secours de la part des bolche-
viks. Les communications par la voie de
terre se heurtent, en effet, à de grandes
difficultés dues à la nature dit terrain
comme à l'absence de chemins de fer.
Enfin, il n'est pas exclu que les cui-
rassés britanniques ne prêtent un certain
concours plus ou moins actif à l'encercle-
ment des forces nationalistes sur les hauts
plateaux d'Anatolie.
Devant ces préparatifs, il est devenu
parfaitement vraisemblable que l'activité
militaire se réveille sur le front de Smyrne
et que Constantin, en personne, se mette à
la tête de ses tronpes.
L'attitude de l'Angleterre ne fait pas de
doute. On sent qu'elle est derrière l'entre-
prise grecque; et si M.Lloyd George n'a pas
réussi à intéresser le gouvernement {l'an..
cais à cette entreprise, au moins a-t-il ob-
tenu que M. Franklin-Bouillon ne pousse
pas jusqu'à Angora et soit même en quel-
que sorte désavoué.
Malheur à nous si nos gouvernants ont
encore gardé quelques illusiong à l'égard
de la Grèce !
Il suffit de parcourir les journaux grecs
pour être renseignés.
De quels méfaits les Français ne sont-ils
pas inculpés !
M. le député Godart est accuse d'avoir
organisé des incidents gréco-albanais à Ko-
ritza ; et dans les incidents gréco-bulgares,
créés de toutes pièces par la propagande
hellénique, voilà que le Kathimérini, or-
gane officieux. prétend reconnaître une
u participation française ».
C'est-la même feuille qui écrivait : « Ce
n'est pas aujourd'hui qu'on fondera à l'U..
niversité d'Athènes une chaire de français,
car aujourd'hui, les étudiants grecs com-
battent les ennemis" que leur a jetés sur le
clos l'innommable. traité franco-turc. »
La France, cédant à un intérêt britan-
nique, va-t-elle donner, malgré tout cela,
un exemple de versatilité et faire encore
une fois le feu de Constantin ?
Louis BRESSE.
■* mmm *
L'OFFENSIVE GRECQUE
Constant in op le, 9 juin. - A la suite du
bombardement du port d'Héraclée. tar un
torpilleur grec, la Sublime-Porte a adressé
aux hauts-commissaires alliés une protes-
tation contre la violation de la neutralité
proclamée par les alliés. 1
Les navires de guerre grecs ont quitté le
port de Constantinople pour la mer Noire,
probablement dans l'intention de bloquer
la côte d'Anatolie et empêcher le ravitail-
lement, par les Soviets, de l'armée kéma-
liste en armes et en munitions.
Le ministre de la défense nationale d'An-
gora a donné des instructions pour rènfor-
cer les mesures de défense du littoral de la
mer Noire.
Le roi Constantin au front
Athènes, 9 juin. — Le départ du roi CQ..i-
tantin pour Smyrne est déîinitivement
fixé à samedi après-midi. Le roi, accompa-
gné du prince héritier et des princes Nico-
las et André, du premier ministre, M. Gou-
naris, des ministres de la guerre et de la
marine, ainsi que du chef d'état-major gé-
néral, s'embarquera à bord 'du cuirassé
« Lemnos », qui sera escorté par le croi-
seur « Helli » et les contre-torpilleurs
« Aétos » et a Dapbni ». Le roi passera en
revue la flotte hellénique en rade de
Smyrne.
L'attitude d'Angora
Constantinople, 9 juin. -- Les articles pu-
bliés par la presse française et par la presse
anglaise sur la situation créée par l'intran-
sigeance de'rassemblée nationale d'Angora,
ont provoqué dans les milieux turcs de
Constantinople une grande inquiétude, et
l'on craint que des mesures de coe~cition ne
soient prises par les Alliés contre la Tur-
■quia
Le nouveau commissaire des affaires
étrangères d'Angora, Yousouf Kemal bey,
dans une déclaration au Yeni-Ghun, a con-
fi'rmé que le gouvernement d'Angora n'est
pais ,£>p,po,sé à la paix. La Turquie admettrait
bien volontiers tourte intervention utile et
raisonnable. Le gouvernement dar-gora ne
voudrait pas prolonger la guerre, même un
jour de plus qu'il ne le faudrait.
Départ d'une mission turque
pour l'Amérique
Constantinople, 10 juin. — Le journal
Peyam-Sabah apprend d'Asie Mineure
qu'une nouvelle mission d'Angora, sous la
.présidence de Hq-ireh bey, député de Trér
hizbnde, ancien délégué à la conférence de
Londres, serait parti pour l'Amérique où il
expliquerait son point de vue- au président
Harding et au gagyememe-nt américain.
Venizelos et l'Angleterre
Londres, 10 juin. — On communique de
source autorisée que le projet présenté par'
M. Venizeloa à M. Lloyd George iprévoynil
l'institution ; Athènes d'un gouvernement
sous m propre direction. Le roi Constantin.
Oevhfct garder & trôna, mais sans, prendre
J
aucune part à la direction des affaires bu
de l'arméei. Ce plan a été repoussé par I&
gouvernement britannique qui craint que,
s'il était adopté, des désordres ne se pro-
duisent en Grèce entre le venizélistes et les
oonstantiniens. Le Foreign Office rechercha
en ce moment une autre oombinaiSOL poli-
tique qui permettrait à l'Angleterre de se-
courir la Grèce sans avoir à compter avec,
l'influence de Constantin. -- (Agence Ra-
pide )
Démission de M. Votiras
Constantinople, 10 j-iiin. — D'après le jour-
nal grec Patris, M. Votiras, président du
comité de la défense nationale grecque A
Constantinople, a démissionné.
La cause de cette démission est due à une
lettre envoyée par M. Venizelos aux Grecs
de Constantinople, leur corbseillant iobéd3-
sance parfaite au gouvernement d'Athènes.
Mais M, Votiras a déclaré que certains
membres du comité ont l'idée de oh&f&er
Constantin de fa. Grèce et, pour cela, il esti-
me nécessaire la défaite de l'armée grecqiït;
Les projets de l'Angleterre
Londres, 10 juin. - Le Daily Chronicie
dit qu'wle conférence des ministrfes a eu
lieu chez M. Lloyd George, aux Chequers,
sur la situation dans le proche Orient.
Il est probable, ajoute ce journal, qu'au-
cune politique entraînant la Grande-Bre-
tagne dans ce qui prendrait la forme d'une
campagne de terre ne sera acceptée. Mais
les événement? pourraient rendre néces.
saire une aide indirecte aux Grecs.
C'est pas suite d'une erreur de co *ipo-
sition que le compte rendu, que nous avont
donné hier, de la cérémonie anniversaire)
de la mort de, Camille Pelletan, a été si* né
de notre éminent collaborateur, ei ami M.
Ferdinand Buisson.
LA CHAMBRE
LE PROGRAMME NAVAL
EST ADOPTÉ -
Où l'on voit que le traité de Versailles
permet à l'Allemagne
de reconstruire une Roffe de guerre
La Chambre a achevé,
hier, sous la présidence de
M. Raoul Péret, la discus-
sion du programme naval.
Dès le début de la séan-
ce, M. Bouisson; repreaani
son exposé, iappelle ce
qu'il a dit la veille au sujet
des croiseurs prévus fm.
programme ,
Pourauoi a-t-on rori/1 ces
croiseurs de 5.200 à 8.00U tonnes ? M- CJ.àr..
les Dumont l'a indiqué hier dans une.inErof
ventiion qui a vivement émiu la Chambre :
t'est parce que l'Allemagne (pourra, en fatf,
construire des croiseurs de 10.000 toriumî4
bien que le traité ne parie que de cuirankéol,
M. Charles Dumont a ajouté que le tre,
par son article 190, nous « condamnait » à
construire des unités nouvelles, rAUemagnta
dherchant à avoir des navires rapides dana
la Méditerranée. (Mouv. div.)
M. Bouisson constate que la déclaration
du rapporteur général du budget est unei
des plus graves qu'on ait pu faine sor l<$
traité de Versailles, Ainsi l'article 190 va. -
coûter deS centaines de millions au pays I
Comment le pays comprendra-t-il une pa-
reille politique t
L'orateur demande: jwirquoi la France
n'a pas exigé dé l'Allemagne des croÈseuivi
supérieurs à 5.200 tonanes.
« Parce que, dit M. Denise, rapporteur,
l'Allemagne n'en avait pas, à l'exception dos
• croiseprs-cuirassés.
M. Bouisson dit que ce n'est .pas là la
véritable raison ; eJle résidait dans ce I"
qu-é l'Angleterre a pris pour elle les bonnes
unités de la flotte allemande. La Franoa"
est .aujourd hui la dupe des artidæ. du traité
Que d'autres ont rédigés. (Mouv. dCv4 -
Les sous-marins,
Passant à la question des so,us-marîn&.
l'orateur dit que les 12 sQus-marins, dont
au demande à la Chambre d'autoriser- 'la
mise en chantier, ne représentent que Je
tiers du programme. -
Or, l'Allemagne doit livrer à la France
Si sous-marins — qui orvt suffisamment fait
leurs preuves.
Le ffi'[.hlJOrtoor répond qu'ils sont livrés^
mais M. Boussenot fait observer que nouy
ne sommes autorisés à en conserver que la.
et la discussion devient grave.
M. Bouisson. - Le traité de paix n'a jamais
dit que la France devait démolir les autres.
QueUes sont donc ces conventions passées avec
1 Angleteh-e, et dont la Chambre n'a pas eu &
connaître, qui nous obligent à démolir 24 sous-
manns ? (Mouv. div.)
Ainsi on demande au Parlement 4 ou 500 mU"
lions pour construire 36 sous-marins alors qui
l'Allemagne doit en livrer 34 que l'on pouvai-
conserver d'après le traité, mais que l'on der
démolir,par une convention que vous ne con-
naissez pas ! -
Que dira le pays (Vifs appi- à rem. e- «
sur div. b. à g.)
On répond qu'ils aont déjà démolis. Si cela,
est vrai., les responsables se nommeront
M. Narcisse Boulanger. - C'est impossible !
M. de Chappedelaine. - je suis d'accord aveo
M. Bouisson pour regretter cette obligation de
démolir des sous-marine allemands livms.
Mais le protocole du conseil supr#m<; du lar
novembre l'i a tru*ckii celte question : deux
protocoles ultérieurs l'ont CQiifinjié.
11 me pnrntt urdln tfr f!;~.-. -: -. - .- ,J..-"
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