Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-11-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 novembre 1910 21 novembre 1910
Description : 1910/11/21 (N14864). 1910/11/21 (N14864).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7573206n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N* 14864. — f FRIMAIRE, AN 119. CINQ CENTIMES LENUMERO
L1.
UINDI 21 NOVEMBRE 1911. - filloo 881..
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-TRIBUNE LIBRE
-::+.'-:.
Les Mots et les -Actesi
» 1
Nous assistons, depuis
quelque temps, à un phéno-
mène des plus curieux et qui
donne une bien singulière
idée de la valeur des mots.
Jamais il n'y a eu tant de ba-
tailles violentes que depuis qu'on parle
d'apaisement, et véritablement il est
permis de se demander si l'idéal de la
pacification générale n'a pas surexcité,
avant de les vaincre, les passions et les
haines. >
Peut-être, d'ailleurs, n 'est-il pas sans
intérêt de constater que l'attaque vient,
le. plus souvent, des apôtres mêmes de
ces sentiments généreux. Abandonnant
leur résignation passive, ils entrent
aujourd'hui en lice avec une ardeur
inattendue et chaque jour apporte une
preuve nouvelle de leur volonté de re-
courir à la manière forte.
Le Gouvernement n'a pas manqué de
sacrifier à cet esprit combatif. Après les
promesses du mois de juin, après tes
discours où s'affirmait sa résolution de
ne connaître, dans le parti républicain,
ni amis, ni adversaires, le voici qui
s'exerce aux mesquines représailles.
Pelletan, dans un spirituel article,
disait, il y a quelques jours, que va sé-
vir le boycottage des députés antimi-
nistériels. Il racontait cette entrevue
du président du Conseil et des Préfets
où ceux-ci ont été invités à réserver fa-
veurs et sourires aux seuls membres de
la majorité. Ce qu'il n'a pas dit, c'est
que d'autres manœuvres sont em-
ployées contre les républicains coupa-
bles -de ne pas partager une confiance
qu'ils jugent dangereuse pour l'avenir
même de leur parti. Promesses aux
uns, menaces à d'autres, enquêtes plus
ou moins discrètes sur tous, voilà com-
ment on leur apporte la pacification.
Sans doute, ce n'est pas chose nou-
velle. Les débats, engagés devant la
Commission d'enquête sur l'affaire Ro-
cheuse, ont été à ce sujet particulière-
ment instructifs. Ses membres ont en-
tendu tantôt M. le Préfet de police leur
affirmer qu'il possède des indicateurs
dans tous les mondes et dans tous les
milieux, tantôt M. Clemenceau leur
parler des notes policières anonymes
communiquées chaque jour au ministè-
re de l'Intérieur sur les sujets et les
individus les plus divers. Nous avons pu
constater que l'habitude n'en fest pas
perdue. Mais quelles singulières métho-
des d'apaisement !
Il n'est pas jusqu'au ministère lui-
même où ne se glissent d discorde, et tel ministre, que je pour-
rais citer, entretient avec son sous-se-
crétaire d'Etat des rapports dont le ca-
ractère affectueux n'apparaît guère
dans leurs discussions publiques à la
Chambre.
Quant au pays, il n'a jamais connu
de crises aussi violentes que celles qui
Font bouleversé depuis deux ans. Sur le
terrain social, sur le terrain philoso-
phique et religieux personne n'a désar-
mé, bien au contraire ; entre les adver-
saires le fossé s'est creusé, plus pro-
fond encore, et ce n'est pas la gêne ter-
rible -et l'incertitude lamentable où ils
se débattent qui permettra de le com-
bler. Les mots sont et seront toujours
trop faibles pour exercer, si éloquents
soient-ils, l'œuvre pacificatrice à la-
quelle aboutira seule l'évolution pro-
gressive des esprits.
Là a été l'erreur singulièrement gra-
ve de M. Briand. Touché par le désir
dé calme qui émanait du pays tout en-
tier, il s'est cru appelé à le réaliser,
brusqu'ement, sans préparation préala-
ble. Dans une politique nouvelle et vouée
à l'insuccès par sa nouveauté même, il
a mêlé et confondu les partis, entraî-
nant derrière lui une fraction de l'ar-
mée républicaine séduite au début par
te but à atteindre, et brisant, du même
coup, l'unité qui faisait la force de : o-
tre régime. Des inquiétudes sont nées,
se sont manifestées timidement, ruis
avec plus de véhémence et la lutte était
(lès lors déchaînée au sein, cette fo's,
<3e nos propres troupes.
Ce n'est pas la tactique actuelle du
Gouvernemeat qui peut les rallier. Du
ranger récemment couru, des craintes
demeurent pour l'avenir, et l'attitude
hostilité que prend aujourd'hui le
président du Conseil sera loin ae les
rassurer.
J que la valeur d'une preuve morale, des
mesures prises contre les députés anti-
ministériels. Ce n'est ni le refus systé-
matique opposé à leurs demandes, ni
l'abstention du Préfet à une cérémonie
à laquelle ils assisteront qui les empê-
chera de continuer à servir, comme le
leur dicte leur conscience, les intérêts
supérieurs de la République. Mais il est
une chose plus grave : la menace de
disparition de certains des avantages
conquis par la Démocratie et dont M.
mbot ï'ui-même proclamaif, dans un
récent discours, la nécessité indéniable.
Cette menace constitue l'obstacle in-
franchissable qui se dresse devant l'a-
paisement, sur le terrain social. Sa réa-
lisation constituerait demain une décla-
ration de guerre dont les conséquences
seraient effroyables pour tous. Est-ce à
ce but qu'on nous conduit ? Il est im-
possible de le dire ; mais il n'est que
trop légitime de le craindre. En tous
cas, il eût été préférable de ne pas tant
célébrer par avance les bienfaits d'une
politique de. paix qui s'achève en mie
véritable préparation de guerre.
Ce que voulait le pays, ce qu'il veut
encore c'est que des discussions méta-
physiques, devenues sans but immédiat,
ne barrent plus obstinément la route
aux améliorations sociales, rendues né-
cessaires par la transformation des
conditions de vie. Mais qu'on prenne
bien garde de ne pas briser, en même
temps que son idéal du passé, sa foi
dans l'avenir.
Il n'accepterait pas, sans une lutte
farouche et dangereuse, la destruction
de son'rêvé.:
R. PERRISSOUD,
Député de Seine-et-Marne.
M—.—— —j——^
LA POLITIQUE
-:+-e-+-,
JULES FERRY
La statue de Jules Ferry, fon-
dateur' de l'Enseignement laî-
que et de l'Empire colonial de
la France, va se dresser aujour-
d'hui, comme un monument
expiatoire, à quelques pas de ce quai
d'Orsay, où le soir sinistre de Lang-Son
les fureurs cléricales et les haines dé-
magogiques clamaient la mort, contre le
grand « Tonkinois ».
Il est salutaire qu'en ces jours trou-
bles où tous les réacteurs montent à
l'assaut de l'école laïque, où l'admira-
tion dépravée des politiciens acclame la
palinodie et porte sur le pavois l'arri-
visme équivoque, la probe et hautaine
ligure du « Vosgien » apparaisse com-
me un rappel à la moralité politique et
aux saines traditions républicaines.Elle
montrera au peupe désabusé ce qu'est
un homme politique digne de ce nom,
invariablement fidèle à ses principes, et
dont la vie publique tout entière, com-
me la vie privée, a cette belle unité
morale qui seule 'donne l'autorité et
commande le respect.
Au pied du monument de Jules Ferry
se presseront non seulement la foule
émue et reconnaissante des républi-
cains laïques, mais aussi la troupe
« oblique et taciturne » des anciens ad-
versaires que la justice immanente
courbe sous le repentir. Du haut de ce
socle où la reconnaissance de ses con-
temporains va le dresser au rang des
plus grands serviteurs de la Patrie,
Jules Ferry pourra contempler, avec
l'expression de tristesse dédaigneuse
que prenait parfois son sourire, ceux
qui, après avoir injustement assombri
sa vie, ont attendu sa mort pour expri-
mer un hommage tardif.
M. Ribot sans doute sera là, qui, tan-
dis que M. Clemenceau prenait Jules
Ferry à la gorge, le poignardait sour-
noisement dans le dos ; et Jules Devellc
aussi avec-quelques autres braves qui,
avant même que s'engagedt la dernière
bataille, abandonnaient le chef et l'ami.
Peut-être même verrons-nous la si-
lhouette de M. Clemenceau se profiler
sur la blancheur du monument.
Et tandis que les clameurs reconnais-
santes de tous les républicains laïques
monteront en apothéose vers la grande
figure de Jules Ferry, qui sait si dans
sa conscience l'ancien "tc tombeur » ne
sentira pas le poids. oppressant d'un
remords ,
"■ —•— »
LES ON-DIT
Aujourd'hui 'dimanche 1
Lever du soleil, 7 h. 17 du matin. ,
Coucher du soleil, 4 h. 13 du soir..
Lever de la lune, 7 h. 19 du matin.. -
Coucher de la lune, 11 h- 34 du matin.. »,
Courses à Auteuil et à Bordeaux.
AUTREFOIS !
Le Rappel du 21 novembre 3 >
Explosion à Saint-Denis. Hier matin, vers
la pointe du jour, une effroyable détonation
mettait en émoi tous les habitants de Saint-
Denis. C'était la fabrique de produits chi-
miques de M. Poirier, sise rue des Poisson-
niers, à Saint-Denis, qui sautait par suite
de l'explosion de produits chimiques.
- Aujourd'hui, ont lieu les obsèques de
Mme Mélanie Dentu, mère de l'éditeur de ce
nom, connue dans le monde artistique par
d'intéressantes compositions musicales.
— Il existe actuellement en France 41959
écoles laïques, savoir : 19.044 écoles spécia-
les de garçons, 16.516 écoles mixtes et 6.399
écoles spéciales de filles. Elles renferment
2.340-344 enfants des deux sexes, sur les-
quels 704.028 ne payent pas de rétribution
scolaire.
Il existe 11-391 écoles dirigées par des
communautés religieuses, savoir : 1.970 éco-
les de garçons, 1.099 écoles mixtes et 8-322
écoles spéciales de filles. Elles reçoivent
1.137.198 élèves, dont. 662.332 gratuite-
ment.
— On assure que les députés alsaciens
préparent un amendement à la loi sur le
landsturm, tendant à ce que tous ceux qui
sont nés avant 1851 soient exempts de tout
service militaire et par conséquent aussi du
service dans le landsturm.:
!! J
L'hygiène en. 1649. t
Avant que de sortir de ta couche,
Tousse, crache et te m&uche. •'
Prends ta robe et pour être chaud
Du lit au feu ne fais qu'un saut ;
Te peigne, te brosse et te frotte ;
Des yeux, du nez, ôte la crotte ;
Frotte aussi tes lèvrçs, tes dents
Et par dehors par dedans. *
Après avoir purgé tes reins
Lave ta bouche avec tes mains,
Etant levé de bon malin
Prends un peu peu de pain et de vin
Si le temps rit, sors de bonne heure.
S'ïl pleure ou soupire, demeure.
En ton promenoir de grand jour
Préviens le froid par ton retour ;
Lorsque le feu est redoutable
Le dos au feu, le ventre à table,
Autant en hiver qu'en été,
De bons potages de santé :
Bœuf, veau, mouton; bonne volailler
Vieux lard salé pour la caudaillé.
Prends le vin frais, chaud le pptage î,
Ne mange guère de fromage,
Ni jamais rien sans appétit,
Dont tu doïs garder un petit.
Peu de boudin, moins de saucisse,
Peu de vinaigre et moins d'épices"
Et pour rendre ta vie heureuse,
Hante. la société joyeuse.
Après midi point de sommeil ;
Après minuit point de réveil.
Evite humidité, brouillard, -
Neige, vent et soleil de mars.
Quand tu doîs prendre ton repoSf "x
Ne te couche point sur le dos. )
Fuis querelle, procès et dresse
Peu de soin, et moins de tristesses
Loin de loi, pour vivre bien sam, J
Apothicaire' et médecin 1, ,.,,;1
AUJOURD'HUI.
Le prix des femmes
Un journal du féminisme intégral, publié
aux Etats-Unis, donne un aperçu de la va-
leur marchande que les peuples encore bar-
bares attribuent à la femme, ravalée à l'é-
tat de bête de somme.
Dans l'Ouganda, une femme se paie six
aiguilles et un paquet de cartouches, prix
courant.
Chez les Cafres, c'est plus cher ; on paie
par bœufs. Entre deux et dix, suivant la
force physique du sujet. Chez les Tartares
du Turkestan, la femme vaut son poids «m
beurre. Au Kamtshatka, elle est evaluée de
un à dix rennes.
Enfin, sur les côtes septentrionales de
l'Australie, on achète une femme en toute
propriété pour une boîte d'allumettes.
Record du bon marché !
La statue de Thiers à Saint-Cermain
Thirs. on le sait, mourut à Saint-Ger-,
inain-en-Laye. Tout le monde connaît la
statue qui lui fut élevée dans cette ville,
sur la place qui porte son nom, devant la
faça4e sud du château. Cette statue va être
déplacée.
Ainsi en a décidé, avant-hier soir, le con-
s-eil municipal de Saint-Germain. La sta-
tue de l'ancien chef d'Etat est devenue gê-
nante, la place Thiers, dont elle occupe
le centre, devenant le terminus de nouvel-
les lignes de tramways qui vont être cons-
truites à bref délai vers Meulan et Argen-
teuil. La statue sera transférée sur la pla-
ce des Combattants, dans une autre partie
de la ville.;
La H bougeotte »
Il y a, à l'heure Actuelle, en France,
53.669 automobiles.
Il y en avait 44.769 en 1909.
Les 53.669 automobiles représentent un
total de 697.367 chevaux-vapeur.
L'augmentation des automobiles a été de
8.900 en 1910.
.La Seine compte 10.045 voitures ; c'est
le plus gros effectif. Le plus petit est ob-
tenu par la Corse avec 16 véhicules auto-
mobiles en tout et poar tout.
Dans le chiffre 53.669 automobiles ne fi-
gurent que les véhicules soumis à l'impôt
direct.
Dans ce compte n'entrent ni les autos-
taxis ni les autobus, ni les camions auto-
mobiles qui relèvent des contributions in-
directes.
Que d'autos 1
t 11 ■ - ■
PPVijES MES !
Nous nous sommes bien gardés de juger
le décret (pontifical fixant à sept ans l'âge
de la première communion et nous n'aUons
pas commencer aujourd'hui à émettre des
appréciations sur une décision qui ne nous
intéresse en rien.
Ceci posé, relevons seulement un détail
intéressant dans la délibération prise à ce
sujet .par les èvêques de la région de Tou-
louse.
Parmi les conditions requises pour être
admis à faire la première communion figu-
re en tête « la (pureté de conscience ».
v N'est-ce pas qu'il faut avoir l'esprit tor-
tueux de ces messieurs pour poser en prin-
cipe qu'il y a des impuretés dans la cons-
cience d'un ,gosse de sept ans ?
Au surplus. c'est là une règle bien plato-
nique, attendu qu'un enfant de sept an3
assez dégourdi pour n'avoir pas la cons-
cience pure, serait vraisemblablement as-
sez malin pour que son curé ne s'en doute
pas.
Et, puisqu'il s'agit de consciences d'en-
fants, constatons que ces immorales chi-
noiseries sont tout juste faites pour les
fausser.
LE VKAI COUPABLE
_t J
N'inoriminons point tel ou tel système
d'éducation. Ce n'est pas l'absence de reli-
gion qui fait les criminels. L'alcool est le
vrai !;Q'u¡pable. Telle est la vieille thèse que
nous tentions récemment de rajeunir par
des exemples nouveaux.
L'ex-capitaine Meynier, qui peut se van-
ter d'occuper pour le moment l'opinion et
la poliœ de son pays, accomplit ses reten-
tissants expiloits au moment précis où nous
en avions besoin pour confirmer la théorie
■èmusj, et si noits ne l'en remercions pas,
c'est qu'il ne l'a pas fait exprès.
Mais il appartenait indiscutablement, à
une famille chrétienne. Sa mètre est orga-
niste à l'égîise de sa résidence et lui-même,
s'il faut en croire les gazettes bien infor-
mées, fréquentait assidûment les offices re-
ligieux.
Ses pieux sentiments ne l'arrêtèrent pas
dans la voie du péché. Il commit un cer-
tain nombre d'escroqueries. vécut pendant
quelques années sur les subsides que lui
valaient ses succès auprès du sexe faible,
et finalement assassina sa fiancée.
Nous aurions là un bel argument pour
défendre une fois de plus la thèse opposée
à celle des adversaires de la libre pensée,
mais nous croyons en* toute sincérité que
les orémus pour n'avoir pas rendu meilleur
l'ancien officier sont moins coupables, en
cette histoire, que les absinthes « bien tas-
sées » ingurgitées, dit-on, fréquemment par
le orIminel.
Las ! il avait beau les couper d'eau bé-
nite, Qa. ne l'a pas empêché de mal tour-
ner.
Hoijorariat? et C(jn)(jl§
Le bruit se confirme, — et nous le vou-
drions fondé, — de l'abandon par M; Jon-
nart du poste de gouverneur général de
l'Algérie qu'il détenait temporairement de-
puis un certain nombre d'années.
Est-ce possible ? Le vice-roi s'est-il enfin
aperçu de la difficulté qu'il pouvait y avoir
de mener de front le gouvernement cons-
ciencieux d'une province, l'administration
régulière de sociétés financières, la repré-
sentation suivie d'un arrondissement au
Parlement et la présidence effective d'un
conseil général ?
Doit-on le croire ? Alors, M. Jonnart au-
rait compris qu'il y avait quelque chose
d'anormal dans ce fait que, pour voir des
Touaregs, le gouverneur de l'Algérie avait
été. obligé de les convoquer dans un res-
taurant des Champs-Eîysées ?
C'est inouï 1
■fr
SmSIlMft HASARD
- M. Pelletan ayant écrit avant-hier que
M.Briand avait fait venir à Paris un certain
nombre de préfets chargés de rallier à sa
cause les députés récalcitrants 4e leur dé-
,parteoncnt,l, président du Conseil a déclaré
hier à -un de nos confrères : « Aucun d'eux
n'avait été convoqué par moi. »
Le hasard est un grand maître. Un beau
matin die l'avant-dernière semaine, vingt-
deux préfets se sont réveillés, dans vingt-
deux départements, en se disant : « Je pars
lK>ur Paras ». Puis ils ont pris vingt-deux
trains et les voilà au Palais-Bourbon. Ah !
oui. c'est un ginand maître, le hasard.
Au lst'\ M. Briand qui oit n'avoir con-
voqué personne n'ose pas déclarer qu'il ne
iés a pas reçus, parce que ce serait démenti
jjar une note officielle communiquée à la
presse quelques jours plus tôt. Comme l'in-
cident semble, d'ailleurs, lui causer plus
('/amertume que de cogère, nous voilà, du
coup, tranquillisés.
Car n'oubliez pas que le préfet de l'Aisne
a été mis en disponibilité pour être venu
à Paris sans permission.
Cette fois, vingt-deux d'uni coup ! Quelle
hécatombe, mon empereur I
L'ACTUALITE
L'Empiète sur l'jffalre RocHeue
i-
¡ La confrontation de M. Lépine avec M. Clemenceau aboutit à l'effon-
drement du Préfet de police. — « Ne jouez pas les martyrs »,
lui dit l'ancien président du Conseil en l'acculant à Faveu «
:' de son forfait judiciaire. — Dès maintenant, il est dé-
montré que la Préfecture de police a mis l'action
publique au service des vengeances privées
du sénateur Prevet. — Nouvelles con-
frontations.
RÉSUMÉ DE LA SÉANCE
Le meilleur résumé de celle séance mé-
morable qui se prolongea jusqu'à plus d'u-
ne heure de l'après-midi a été donné par
M. Lépine lui-même.
Comme il sortait la tête basse et l'air
désemparé de la salle où — à son tour —
il venait d'être copieusement « passsé à
tabac n, un de nos confrères lui dit :
« Eh bien, et celle confrontation ? »
— (c Vous appelez çà une confrontation,
bougonna le Préfet, dites plutôt une eng.
de et une exécution. »
-Ce fait est que jamais M.clemen!cearA,
ne fut mieux en forme. Sa verve sarcasti-
que s'exerça avec un incomparable brio, et
l'on peut dire qu'il saccagea toutes les pla-
tes bandes. Il rabroua tout d'abord les at-
titudes hypocritement doucereuses de M.
Lépine « Quand on a celle opinion d'être
victime du devoir, on se présente comme
martyr. » Puis, il donna une verte leçon
au Préfet de police : « Vous avez une doc-
trine que ma conscience ne me permet-
trait pas d'accepter. »
Après ces madrigaux, en guise de préam-
bule, M. Clemenceau lait le procès de l'an-
tagonisme entre la Préfecture et le Par-
quet, précise que dans sa conversation
auec M. Briand, qu'il appelle « le terrain
,réservé », M. Lépine a daubé sur le Pro-
cureur de la République ; il rappelle son
souci de n'agir jamais que conformément
aux lois, et ses sarcasmes se font si cin-
glants que M. Lépine se @ regimbe et ri-
poste : « Je crois que vous parlez sous
l'empire de vos souvenirs de journaliste
plutôt que de vos souvenirs de président
du Conseil n, et il ajoute cette impertinen-
ce : « Je crois que vos idées d'homme
d'opposition déteignent encore sur vous. »
Tant mieux, si M. Clemenceau, se sou-
venant de ses merveilleuses campagnes
pour la justice, a pu contribuer cette fois
encore à faire sortir la vérité du maquis
policier où M.. Lépine prétendait la iugu-
ler..
***
D'ores et déjà il résulte de la confronta-
tion du Préfet de police avec l'ancien mi-
nistre de VIntérieur :
Qu'une machination était préparée, de
longue date, contre M. Rochette et connue
de la préfecture de police.
Que M. le Préfet de police a donné au
président du Conseil des renseignements
inexacts.
Que M. le Préfet de police, interprétant
les paroles de M. Clemenceau « Voyez le
Parquet », s'est empressé d'envoyer son
chef de cabinet chez M. Prevet:
Que M. le Préfet de police a méconnu
ses fonctions en agissant en dehors du
Parquet de la Seine et en opposition avec
lui. ',-
Que M. le Préfet de police a mis les ser-
vices de la préfecture de police à la dévo-
tion de M. le sénateur Prevet, qui cher-
chait à assouvir contre M. Pochette une
vengeance personnelle.
Que M. le Préfet de police a accepté que
ses subordonnés soient soumis aux injonc-
tions du banquier Gaudrion.
Que M. le Préfet de police a, dans 'tou-
tes ces déclarations, violé la légalité et ma-
chiné une arrestation illégale
»**
Et, en présence de ces aveux, arrachés
à grand peine, M. le Préfet de police Lé-
pine dut reconnaître Vincorrection de sa
conduite, l'illégalité. de ses procédés. La-
mentable, pitoyable, il ne sut ptus trouver
qu'un mot : « Je plaide coupable. »
C'est qu'en effet M. Lépine tombe sous
le lourd fardeau des contmdictions.
Le 26 juillet, faisant allusion à M. Cle-
menceau, il déclarait : « Interpellé au Con-
seil municipal sur des actes de ma fonc-
tion, il aurait suffi, pour clore le débat, de
prononcer un mot. Ce mot n'est pas sorti
de ma bouche. »
Sommé de s'expliquer sur cet ordre mys-
térieux, M. Lépine doit avouer aujourd'hui
qu'il n'a jamais reçu d'ordre, qu'on lui a
seulement dit de voir le Parquet, qu'il ne
l'a pas fait.
Ce même jour, M. Lépine affirmait que
le Parquet temporisait, que des plaintes
avaient été déposées, aussi vite retirées que
déposées. Or, le 16 juillet, M. Monier, pro-
cureur de la République, déclarait que le
6 mars 1908 il avait adressé un rapport à
la Chancellerie, et il disait : « Je faisais ob-
« server que les réclamations provenaient
(c de dénonciateurs et non de véritables
« plaignants ; fe concluais qu'il n'y avait
« pas lieu d'ouvrir une information. »
Aujourd'hui, M. Lépine doit reconnaître
par deux fois les inexactitudes de ses af-
iirmalions précédentes.
Et quand on montre 4 M. Lépine com-
bien son action fut dangereuse pour l'épar-
gne française, dont jusqu'ici il se posait en
défenseur et pour la liberté individuelle.
alors qu'il mettait sa haute fonction au ser-
vice de M. Prevet, il répond • « M Pre-
vet est un galant homme. C'est pour cela
qu en présence des dangers que je courais,,
te préférai m en rapporter à sa loyauté. » i
Ainsi M. Lépine abdiqua un jour se
fonctions pour les remettre à M. Prevet,
qui, à sa connaissance, cherchait à tirer
une vengeance éclatante contre M. RO-i
chelle. 1
Et avec une inconscience inouie M. Lé-
pine, après avoir avoué sa faule et laissé
entendte qu'il encourait une « punition m,
a conclu : « Je suis content de nee
Il n'y a vraiment pas de quoi
T
M. Clemenceau et M. Lépine
Mf. Clemenceau et. Lépine sont intro<
duits à dix heures devant la Commission.,
M. Jaurès. — Il a paru à la Commission'
qu'elle avait besoin de quelques éclaircis-
sements complémentaires. Une des choses
qui la préoccupent est ce fait que pendant
que la Préfecture de police n'avait pas,
bougé le l' £ peut-être le 20 mars, M. Pre-:
vet esjt averti qu'il existe UM plainte toute,
prête, et c'est vingt-quarfre heures après
que toute la machine se déclanohe. Ou c'est
une coïncidence, où il y a eu une filtrait
quelconque.
M. Clemenceau. — Je demande à recti-r
fier ce point du procès-verbal que la pladn'"l
te avait été déposée le 19 mars.
M. Jaurès. - Il y a eu omission. J'ai dit
que la plainte avait été portée chez M.,
Prevet le 19.
M. Clemenceau. — Lorsque le Préfet de,
police a donné à M. Yves Durand l'ordre,
de se rendre nu Parquet, M. Yves Durand
répondit : « Je n'ai pas besoin d'aller ati
Parquet. J'ai vu M. Monier il y a huit
jours. 11 m'a dit de m'adresser à M. Pre-
vet. » -
La conscience de M. Lépine
M. Lépine. — Quand j'ai dit à M. Yve
Durand : « C'est vous qui allez marcher et;
aller au. Parquet », il m'a dit : « Ce n 'es
pas la peine que j'aille au Parquet ; il y a
eu une conversation au Parquet en ma pré.,
sence ; on me disait dans cette conversa-
tion que M. Prevet était au courant de
l'affaire Rochette. » C'est pour cela qu'il
est allé chez M. Prevet.
D. — M. Prevet avait déposé contre X.,,1
une plainte au sujet d'une circulaire en-
voyée aux actionnaires du Petit JournalLç
C'était une affaire tout à fait différente des
affairæ Roohette. M. Prevet était en con-
flit avec M. Rochette au sujet des affaire
du Petit Journal. Comment se fait-il que,
c'est quelques heures après que M. Prevet
est saisi de la plainte Gaudrion, que la ma-
chine se met en branle ?
M. Clemenceau. — C'est qu'elle était
montée depuis Jongtemps. J'ai dit que Cet
qui m'avait déterminé à agir, ce sont lesi
propos tenus par les journalistes dans moi*
cabinet le 19.
D. — II a paru à la Commission que M:,
Clemenceau et le Préfet de police n'inter-
prétaient pas de la même façon la conver-
sation qui avait eu lieu au ministère da
J'intérieur. La divergence la plus impor-
tante part de ce fait : de vos explications
il a paru résulter que vous vouliez adres-
ser le Préfet de police au Parquet pour l'a-
vertir qu'aucune influence gouvernemental
le ne se mettrait en travers de son action..
Non seulement vous n'avez pas dit au Pré-
fet de police de se mettre lui-même en quê-
te d'un plaignant, mais vous n'avez pu sup-
poser un instant qu'au sortir de cette en-
trevue il allait le faire. Il nous semble ce- "*
pendant que le Préfet de police, en cher-
chant un plaignant, croyait être en confor-
mité d'avis avec vous.
M. Clemenceau. — M. Lépine a dit : « Mas
conscience me dit que je n'ai pas d'autre
souvenir que ceux de mon chef. » C'est
une doctrine que ma conscience ne me per-
mettrait pas d'accepter.
Quand on a cette opinion d'être vidim,
du devoir, on se présente comme martyr.
Je n'ai pas besoin de la bienveillance de'
M. Lépine. J'ai pour lui la plus profonder
estime ; avant-hier, -j'ai dit que je le cou-
vrais. Cela voulait dire que M. Lépine
était un bon préfet de police et que je n'en-
tendais pas qu'on le rendit responsable
d'une faute de ses subordonnés. Je dis ltt,
M. Lépine qu'il n'a pas voulu produire con-
tre moi des insinuations redoutables.
S'il est entendu que M. Lépine, étant vtf*
nu ici dans l'intention de se taire, a fini
par trouver des souvenirs qui m'apparais-
L1.
UINDI 21 NOVEMBRE 1911. - filloo 881..
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-TRIBUNE LIBRE
-::+.'-:.
Les Mots et les -Actesi
» 1
Nous assistons, depuis
quelque temps, à un phéno-
mène des plus curieux et qui
donne une bien singulière
idée de la valeur des mots.
Jamais il n'y a eu tant de ba-
tailles violentes que depuis qu'on parle
d'apaisement, et véritablement il est
permis de se demander si l'idéal de la
pacification générale n'a pas surexcité,
avant de les vaincre, les passions et les
haines. >
Peut-être, d'ailleurs, n 'est-il pas sans
intérêt de constater que l'attaque vient,
le. plus souvent, des apôtres mêmes de
ces sentiments généreux. Abandonnant
leur résignation passive, ils entrent
aujourd'hui en lice avec une ardeur
inattendue et chaque jour apporte une
preuve nouvelle de leur volonté de re-
courir à la manière forte.
Le Gouvernement n'a pas manqué de
sacrifier à cet esprit combatif. Après les
promesses du mois de juin, après tes
discours où s'affirmait sa résolution de
ne connaître, dans le parti républicain,
ni amis, ni adversaires, le voici qui
s'exerce aux mesquines représailles.
Pelletan, dans un spirituel article,
disait, il y a quelques jours, que va sé-
vir le boycottage des députés antimi-
nistériels. Il racontait cette entrevue
du président du Conseil et des Préfets
où ceux-ci ont été invités à réserver fa-
veurs et sourires aux seuls membres de
la majorité. Ce qu'il n'a pas dit, c'est
que d'autres manœuvres sont em-
ployées contre les républicains coupa-
bles -de ne pas partager une confiance
qu'ils jugent dangereuse pour l'avenir
même de leur parti. Promesses aux
uns, menaces à d'autres, enquêtes plus
ou moins discrètes sur tous, voilà com-
ment on leur apporte la pacification.
Sans doute, ce n'est pas chose nou-
velle. Les débats, engagés devant la
Commission d'enquête sur l'affaire Ro-
cheuse, ont été à ce sujet particulière-
ment instructifs. Ses membres ont en-
tendu tantôt M. le Préfet de police leur
affirmer qu'il possède des indicateurs
dans tous les mondes et dans tous les
milieux, tantôt M. Clemenceau leur
parler des notes policières anonymes
communiquées chaque jour au ministè-
re de l'Intérieur sur les sujets et les
individus les plus divers. Nous avons pu
constater que l'habitude n'en fest pas
perdue. Mais quelles singulières métho-
des d'apaisement !
Il n'est pas jusqu'au ministère lui-
même où ne se glissent d
rais citer, entretient avec son sous-se-
crétaire d'Etat des rapports dont le ca-
ractère affectueux n'apparaît guère
dans leurs discussions publiques à la
Chambre.
Quant au pays, il n'a jamais connu
de crises aussi violentes que celles qui
Font bouleversé depuis deux ans. Sur le
terrain social, sur le terrain philoso-
phique et religieux personne n'a désar-
mé, bien au contraire ; entre les adver-
saires le fossé s'est creusé, plus pro-
fond encore, et ce n'est pas la gêne ter-
rible -et l'incertitude lamentable où ils
se débattent qui permettra de le com-
bler. Les mots sont et seront toujours
trop faibles pour exercer, si éloquents
soient-ils, l'œuvre pacificatrice à la-
quelle aboutira seule l'évolution pro-
gressive des esprits.
Là a été l'erreur singulièrement gra-
ve de M. Briand. Touché par le désir
dé calme qui émanait du pays tout en-
tier, il s'est cru appelé à le réaliser,
brusqu'ement, sans préparation préala-
ble. Dans une politique nouvelle et vouée
à l'insuccès par sa nouveauté même, il
a mêlé et confondu les partis, entraî-
nant derrière lui une fraction de l'ar-
mée républicaine séduite au début par
te but à atteindre, et brisant, du même
coup, l'unité qui faisait la force de : o-
tre régime. Des inquiétudes sont nées,
se sont manifestées timidement, ruis
avec plus de véhémence et la lutte était
(lès lors déchaînée au sein, cette fo's,
<3e nos propres troupes.
Ce n'est pas la tactique actuelle du
Gouvernemeat qui peut les rallier. Du
ranger récemment couru, des craintes
demeurent pour l'avenir, et l'attitude
hostilité que prend aujourd'hui le
président du Conseil sera loin ae les
rassurer.
J
mesures prises contre les députés anti-
ministériels. Ce n'est ni le refus systé-
matique opposé à leurs demandes, ni
l'abstention du Préfet à une cérémonie
à laquelle ils assisteront qui les empê-
chera de continuer à servir, comme le
leur dicte leur conscience, les intérêts
supérieurs de la République. Mais il est
une chose plus grave : la menace de
disparition de certains des avantages
conquis par la Démocratie et dont M.
mbot ï'ui-même proclamaif, dans un
récent discours, la nécessité indéniable.
Cette menace constitue l'obstacle in-
franchissable qui se dresse devant l'a-
paisement, sur le terrain social. Sa réa-
lisation constituerait demain une décla-
ration de guerre dont les conséquences
seraient effroyables pour tous. Est-ce à
ce but qu'on nous conduit ? Il est im-
possible de le dire ; mais il n'est que
trop légitime de le craindre. En tous
cas, il eût été préférable de ne pas tant
célébrer par avance les bienfaits d'une
politique de. paix qui s'achève en mie
véritable préparation de guerre.
Ce que voulait le pays, ce qu'il veut
encore c'est que des discussions méta-
physiques, devenues sans but immédiat,
ne barrent plus obstinément la route
aux améliorations sociales, rendues né-
cessaires par la transformation des
conditions de vie. Mais qu'on prenne
bien garde de ne pas briser, en même
temps que son idéal du passé, sa foi
dans l'avenir.
Il n'accepterait pas, sans une lutte
farouche et dangereuse, la destruction
de son'rêvé.:
R. PERRISSOUD,
Député de Seine-et-Marne.
M—.—— —j——^
LA POLITIQUE
-:+-e-+-,
JULES FERRY
La statue de Jules Ferry, fon-
dateur' de l'Enseignement laî-
que et de l'Empire colonial de
la France, va se dresser aujour-
d'hui, comme un monument
expiatoire, à quelques pas de ce quai
d'Orsay, où le soir sinistre de Lang-Son
les fureurs cléricales et les haines dé-
magogiques clamaient la mort, contre le
grand « Tonkinois ».
Il est salutaire qu'en ces jours trou-
bles où tous les réacteurs montent à
l'assaut de l'école laïque, où l'admira-
tion dépravée des politiciens acclame la
palinodie et porte sur le pavois l'arri-
visme équivoque, la probe et hautaine
ligure du « Vosgien » apparaisse com-
me un rappel à la moralité politique et
aux saines traditions républicaines.Elle
montrera au peupe désabusé ce qu'est
un homme politique digne de ce nom,
invariablement fidèle à ses principes, et
dont la vie publique tout entière, com-
me la vie privée, a cette belle unité
morale qui seule 'donne l'autorité et
commande le respect.
Au pied du monument de Jules Ferry
se presseront non seulement la foule
émue et reconnaissante des républi-
cains laïques, mais aussi la troupe
« oblique et taciturne » des anciens ad-
versaires que la justice immanente
courbe sous le repentir. Du haut de ce
socle où la reconnaissance de ses con-
temporains va le dresser au rang des
plus grands serviteurs de la Patrie,
Jules Ferry pourra contempler, avec
l'expression de tristesse dédaigneuse
que prenait parfois son sourire, ceux
qui, après avoir injustement assombri
sa vie, ont attendu sa mort pour expri-
mer un hommage tardif.
M. Ribot sans doute sera là, qui, tan-
dis que M. Clemenceau prenait Jules
Ferry à la gorge, le poignardait sour-
noisement dans le dos ; et Jules Devellc
aussi avec-quelques autres braves qui,
avant même que s'engagedt la dernière
bataille, abandonnaient le chef et l'ami.
Peut-être même verrons-nous la si-
lhouette de M. Clemenceau se profiler
sur la blancheur du monument.
Et tandis que les clameurs reconnais-
santes de tous les républicains laïques
monteront en apothéose vers la grande
figure de Jules Ferry, qui sait si dans
sa conscience l'ancien "tc tombeur » ne
sentira pas le poids. oppressant d'un
remords ,
"■ —•— »
LES ON-DIT
Aujourd'hui 'dimanche 1
Lever du soleil, 7 h. 17 du matin. ,
Coucher du soleil, 4 h. 13 du soir..
Lever de la lune, 7 h. 19 du matin.. -
Coucher de la lune, 11 h- 34 du matin.. »,
Courses à Auteuil et à Bordeaux.
AUTREFOIS !
Le Rappel du 21 novembre 3 >
Explosion à Saint-Denis. Hier matin, vers
la pointe du jour, une effroyable détonation
mettait en émoi tous les habitants de Saint-
Denis. C'était la fabrique de produits chi-
miques de M. Poirier, sise rue des Poisson-
niers, à Saint-Denis, qui sautait par suite
de l'explosion de produits chimiques.
- Aujourd'hui, ont lieu les obsèques de
Mme Mélanie Dentu, mère de l'éditeur de ce
nom, connue dans le monde artistique par
d'intéressantes compositions musicales.
— Il existe actuellement en France 41959
écoles laïques, savoir : 19.044 écoles spécia-
les de garçons, 16.516 écoles mixtes et 6.399
écoles spéciales de filles. Elles renferment
2.340-344 enfants des deux sexes, sur les-
quels 704.028 ne payent pas de rétribution
scolaire.
Il existe 11-391 écoles dirigées par des
communautés religieuses, savoir : 1.970 éco-
les de garçons, 1.099 écoles mixtes et 8-322
écoles spéciales de filles. Elles reçoivent
1.137.198 élèves, dont. 662.332 gratuite-
ment.
— On assure que les députés alsaciens
préparent un amendement à la loi sur le
landsturm, tendant à ce que tous ceux qui
sont nés avant 1851 soient exempts de tout
service militaire et par conséquent aussi du
service dans le landsturm.:
!! J
L'hygiène en. 1649. t
Avant que de sortir de ta couche,
Tousse, crache et te m&uche. •'
Prends ta robe et pour être chaud
Du lit au feu ne fais qu'un saut ;
Te peigne, te brosse et te frotte ;
Des yeux, du nez, ôte la crotte ;
Frotte aussi tes lèvrçs, tes dents
Et par dehors par dedans. *
Après avoir purgé tes reins
Lave ta bouche avec tes mains,
Etant levé de bon malin
Prends un peu peu de pain et de vin
Si le temps rit, sors de bonne heure.
S'ïl pleure ou soupire, demeure.
En ton promenoir de grand jour
Préviens le froid par ton retour ;
Lorsque le feu est redoutable
Le dos au feu, le ventre à table,
Autant en hiver qu'en été,
De bons potages de santé :
Bœuf, veau, mouton; bonne volailler
Vieux lard salé pour la caudaillé.
Prends le vin frais, chaud le pptage î,
Ne mange guère de fromage,
Ni jamais rien sans appétit,
Dont tu doïs garder un petit.
Peu de boudin, moins de saucisse,
Peu de vinaigre et moins d'épices"
Et pour rendre ta vie heureuse,
Hante. la société joyeuse.
Après midi point de sommeil ;
Après minuit point de réveil.
Evite humidité, brouillard, -
Neige, vent et soleil de mars.
Quand tu doîs prendre ton repoSf "x
Ne te couche point sur le dos. )
Fuis querelle, procès et dresse
Peu de soin, et moins de tristesses
Loin de loi, pour vivre bien sam, J
Apothicaire' et médecin 1, ,.,,;1
AUJOURD'HUI.
Le prix des femmes
Un journal du féminisme intégral, publié
aux Etats-Unis, donne un aperçu de la va-
leur marchande que les peuples encore bar-
bares attribuent à la femme, ravalée à l'é-
tat de bête de somme.
Dans l'Ouganda, une femme se paie six
aiguilles et un paquet de cartouches, prix
courant.
Chez les Cafres, c'est plus cher ; on paie
par bœufs. Entre deux et dix, suivant la
force physique du sujet. Chez les Tartares
du Turkestan, la femme vaut son poids «m
beurre. Au Kamtshatka, elle est evaluée de
un à dix rennes.
Enfin, sur les côtes septentrionales de
l'Australie, on achète une femme en toute
propriété pour une boîte d'allumettes.
Record du bon marché !
La statue de Thiers à Saint-Cermain
Thirs. on le sait, mourut à Saint-Ger-,
inain-en-Laye. Tout le monde connaît la
statue qui lui fut élevée dans cette ville,
sur la place qui porte son nom, devant la
faça4e sud du château. Cette statue va être
déplacée.
Ainsi en a décidé, avant-hier soir, le con-
s-eil municipal de Saint-Germain. La sta-
tue de l'ancien chef d'Etat est devenue gê-
nante, la place Thiers, dont elle occupe
le centre, devenant le terminus de nouvel-
les lignes de tramways qui vont être cons-
truites à bref délai vers Meulan et Argen-
teuil. La statue sera transférée sur la pla-
ce des Combattants, dans une autre partie
de la ville.;
La H bougeotte »
Il y a, à l'heure Actuelle, en France,
53.669 automobiles.
Il y en avait 44.769 en 1909.
Les 53.669 automobiles représentent un
total de 697.367 chevaux-vapeur.
L'augmentation des automobiles a été de
8.900 en 1910.
.La Seine compte 10.045 voitures ; c'est
le plus gros effectif. Le plus petit est ob-
tenu par la Corse avec 16 véhicules auto-
mobiles en tout et poar tout.
Dans le chiffre 53.669 automobiles ne fi-
gurent que les véhicules soumis à l'impôt
direct.
Dans ce compte n'entrent ni les autos-
taxis ni les autobus, ni les camions auto-
mobiles qui relèvent des contributions in-
directes.
Que d'autos 1
t 11 ■ - ■
PPVijES MES !
Nous nous sommes bien gardés de juger
le décret (pontifical fixant à sept ans l'âge
de la première communion et nous n'aUons
pas commencer aujourd'hui à émettre des
appréciations sur une décision qui ne nous
intéresse en rien.
Ceci posé, relevons seulement un détail
intéressant dans la délibération prise à ce
sujet .par les èvêques de la région de Tou-
louse.
Parmi les conditions requises pour être
admis à faire la première communion figu-
re en tête « la (pureté de conscience ».
v N'est-ce pas qu'il faut avoir l'esprit tor-
tueux de ces messieurs pour poser en prin-
cipe qu'il y a des impuretés dans la cons-
cience d'un ,gosse de sept ans ?
Au surplus. c'est là une règle bien plato-
nique, attendu qu'un enfant de sept an3
assez dégourdi pour n'avoir pas la cons-
cience pure, serait vraisemblablement as-
sez malin pour que son curé ne s'en doute
pas.
Et, puisqu'il s'agit de consciences d'en-
fants, constatons que ces immorales chi-
noiseries sont tout juste faites pour les
fausser.
LE VKAI COUPABLE
_t J
N'inoriminons point tel ou tel système
d'éducation. Ce n'est pas l'absence de reli-
gion qui fait les criminels. L'alcool est le
vrai !;Q'u¡pable. Telle est la vieille thèse que
nous tentions récemment de rajeunir par
des exemples nouveaux.
L'ex-capitaine Meynier, qui peut se van-
ter d'occuper pour le moment l'opinion et
la poliœ de son pays, accomplit ses reten-
tissants expiloits au moment précis où nous
en avions besoin pour confirmer la théorie
■èmusj, et si noits ne l'en remercions pas,
c'est qu'il ne l'a pas fait exprès.
Mais il appartenait indiscutablement, à
une famille chrétienne. Sa mètre est orga-
niste à l'égîise de sa résidence et lui-même,
s'il faut en croire les gazettes bien infor-
mées, fréquentait assidûment les offices re-
ligieux.
Ses pieux sentiments ne l'arrêtèrent pas
dans la voie du péché. Il commit un cer-
tain nombre d'escroqueries. vécut pendant
quelques années sur les subsides que lui
valaient ses succès auprès du sexe faible,
et finalement assassina sa fiancée.
Nous aurions là un bel argument pour
défendre une fois de plus la thèse opposée
à celle des adversaires de la libre pensée,
mais nous croyons en* toute sincérité que
les orémus pour n'avoir pas rendu meilleur
l'ancien officier sont moins coupables, en
cette histoire, que les absinthes « bien tas-
sées » ingurgitées, dit-on, fréquemment par
le orIminel.
Las ! il avait beau les couper d'eau bé-
nite, Qa. ne l'a pas empêché de mal tour-
ner.
Hoijorariat? et C(jn)(jl§
Le bruit se confirme, — et nous le vou-
drions fondé, — de l'abandon par M; Jon-
nart du poste de gouverneur général de
l'Algérie qu'il détenait temporairement de-
puis un certain nombre d'années.
Est-ce possible ? Le vice-roi s'est-il enfin
aperçu de la difficulté qu'il pouvait y avoir
de mener de front le gouvernement cons-
ciencieux d'une province, l'administration
régulière de sociétés financières, la repré-
sentation suivie d'un arrondissement au
Parlement et la présidence effective d'un
conseil général ?
Doit-on le croire ? Alors, M. Jonnart au-
rait compris qu'il y avait quelque chose
d'anormal dans ce fait que, pour voir des
Touaregs, le gouverneur de l'Algérie avait
été. obligé de les convoquer dans un res-
taurant des Champs-Eîysées ?
C'est inouï 1
■fr
SmSIlMft HASARD
- M. Pelletan ayant écrit avant-hier que
M.Briand avait fait venir à Paris un certain
nombre de préfets chargés de rallier à sa
cause les députés récalcitrants 4e leur dé-
,parteoncnt,l, président du Conseil a déclaré
hier à -un de nos confrères : « Aucun d'eux
n'avait été convoqué par moi. »
Le hasard est un grand maître. Un beau
matin die l'avant-dernière semaine, vingt-
deux préfets se sont réveillés, dans vingt-
deux départements, en se disant : « Je pars
lK>ur Paras ». Puis ils ont pris vingt-deux
trains et les voilà au Palais-Bourbon. Ah !
oui. c'est un ginand maître, le hasard.
Au lst'\ M. Briand qui oit n'avoir con-
voqué personne n'ose pas déclarer qu'il ne
iés a pas reçus, parce que ce serait démenti
jjar une note officielle communiquée à la
presse quelques jours plus tôt. Comme l'in-
cident semble, d'ailleurs, lui causer plus
('/amertume que de cogère, nous voilà, du
coup, tranquillisés.
Car n'oubliez pas que le préfet de l'Aisne
a été mis en disponibilité pour être venu
à Paris sans permission.
Cette fois, vingt-deux d'uni coup ! Quelle
hécatombe, mon empereur I
L'ACTUALITE
L'Empiète sur l'jffalre RocHeue
i-
¡ La confrontation de M. Lépine avec M. Clemenceau aboutit à l'effon-
drement du Préfet de police. — « Ne jouez pas les martyrs »,
lui dit l'ancien président du Conseil en l'acculant à Faveu «
:' de son forfait judiciaire. — Dès maintenant, il est dé-
montré que la Préfecture de police a mis l'action
publique au service des vengeances privées
du sénateur Prevet. — Nouvelles con-
frontations.
RÉSUMÉ DE LA SÉANCE
Le meilleur résumé de celle séance mé-
morable qui se prolongea jusqu'à plus d'u-
ne heure de l'après-midi a été donné par
M. Lépine lui-même.
Comme il sortait la tête basse et l'air
désemparé de la salle où — à son tour —
il venait d'être copieusement « passsé à
tabac n, un de nos confrères lui dit :
« Eh bien, et celle confrontation ? »
— (c Vous appelez çà une confrontation,
bougonna le Préfet, dites plutôt une eng.
de et une exécution. »
-Ce fait est que jamais M.clemen!cearA,
ne fut mieux en forme. Sa verve sarcasti-
que s'exerça avec un incomparable brio, et
l'on peut dire qu'il saccagea toutes les pla-
tes bandes. Il rabroua tout d'abord les at-
titudes hypocritement doucereuses de M.
Lépine « Quand on a celle opinion d'être
victime du devoir, on se présente comme
martyr. » Puis, il donna une verte leçon
au Préfet de police : « Vous avez une doc-
trine que ma conscience ne me permet-
trait pas d'accepter. »
Après ces madrigaux, en guise de préam-
bule, M. Clemenceau lait le procès de l'an-
tagonisme entre la Préfecture et le Par-
quet, précise que dans sa conversation
auec M. Briand, qu'il appelle « le terrain
,réservé », M. Lépine a daubé sur le Pro-
cureur de la République ; il rappelle son
souci de n'agir jamais que conformément
aux lois, et ses sarcasmes se font si cin-
glants que M. Lépine se @ regimbe et ri-
poste : « Je crois que vous parlez sous
l'empire de vos souvenirs de journaliste
plutôt que de vos souvenirs de président
du Conseil n, et il ajoute cette impertinen-
ce : « Je crois que vos idées d'homme
d'opposition déteignent encore sur vous. »
Tant mieux, si M. Clemenceau, se sou-
venant de ses merveilleuses campagnes
pour la justice, a pu contribuer cette fois
encore à faire sortir la vérité du maquis
policier où M.. Lépine prétendait la iugu-
ler..
***
D'ores et déjà il résulte de la confronta-
tion du Préfet de police avec l'ancien mi-
nistre de VIntérieur :
Qu'une machination était préparée, de
longue date, contre M. Rochette et connue
de la préfecture de police.
Que M. le Préfet de police a donné au
président du Conseil des renseignements
inexacts.
Que M. le Préfet de police, interprétant
les paroles de M. Clemenceau « Voyez le
Parquet », s'est empressé d'envoyer son
chef de cabinet chez M. Prevet:
Que M. le Préfet de police a méconnu
ses fonctions en agissant en dehors du
Parquet de la Seine et en opposition avec
lui. ',-
Que M. le Préfet de police a mis les ser-
vices de la préfecture de police à la dévo-
tion de M. le sénateur Prevet, qui cher-
chait à assouvir contre M. Pochette une
vengeance personnelle.
Que M. le Préfet de police a accepté que
ses subordonnés soient soumis aux injonc-
tions du banquier Gaudrion.
Que M. le Préfet de police a, dans 'tou-
tes ces déclarations, violé la légalité et ma-
chiné une arrestation illégale
»**
Et, en présence de ces aveux, arrachés
à grand peine, M. le Préfet de police Lé-
pine dut reconnaître Vincorrection de sa
conduite, l'illégalité. de ses procédés. La-
mentable, pitoyable, il ne sut ptus trouver
qu'un mot : « Je plaide coupable. »
C'est qu'en effet M. Lépine tombe sous
le lourd fardeau des contmdictions.
Le 26 juillet, faisant allusion à M. Cle-
menceau, il déclarait : « Interpellé au Con-
seil municipal sur des actes de ma fonc-
tion, il aurait suffi, pour clore le débat, de
prononcer un mot. Ce mot n'est pas sorti
de ma bouche. »
Sommé de s'expliquer sur cet ordre mys-
térieux, M. Lépine doit avouer aujourd'hui
qu'il n'a jamais reçu d'ordre, qu'on lui a
seulement dit de voir le Parquet, qu'il ne
l'a pas fait.
Ce même jour, M. Lépine affirmait que
le Parquet temporisait, que des plaintes
avaient été déposées, aussi vite retirées que
déposées. Or, le 16 juillet, M. Monier, pro-
cureur de la République, déclarait que le
6 mars 1908 il avait adressé un rapport à
la Chancellerie, et il disait : « Je faisais ob-
« server que les réclamations provenaient
(c de dénonciateurs et non de véritables
« plaignants ; fe concluais qu'il n'y avait
« pas lieu d'ouvrir une information. »
Aujourd'hui, M. Lépine doit reconnaître
par deux fois les inexactitudes de ses af-
iirmalions précédentes.
Et quand on montre 4 M. Lépine com-
bien son action fut dangereuse pour l'épar-
gne française, dont jusqu'ici il se posait en
défenseur et pour la liberté individuelle.
alors qu'il mettait sa haute fonction au ser-
vice de M. Prevet, il répond • « M Pre-
vet est un galant homme. C'est pour cela
qu en présence des dangers que je courais,,
te préférai m en rapporter à sa loyauté. » i
Ainsi M. Lépine abdiqua un jour se
fonctions pour les remettre à M. Prevet,
qui, à sa connaissance, cherchait à tirer
une vengeance éclatante contre M. RO-i
chelle. 1
Et avec une inconscience inouie M. Lé-
pine, après avoir avoué sa faule et laissé
entendte qu'il encourait une « punition m,
a conclu : « Je suis content de nee
Il n'y a vraiment pas de quoi
T
M. Clemenceau et M. Lépine
Mf. Clemenceau et. Lépine sont intro<
duits à dix heures devant la Commission.,
M. Jaurès. — Il a paru à la Commission'
qu'elle avait besoin de quelques éclaircis-
sements complémentaires. Une des choses
qui la préoccupent est ce fait que pendant
que la Préfecture de police n'avait pas,
bougé le l' £ peut-être le 20 mars, M. Pre-:
vet esjt averti qu'il existe UM plainte toute,
prête, et c'est vingt-quarfre heures après
que toute la machine se déclanohe. Ou c'est
une coïncidence, où il y a eu une filtrait
quelconque.
M. Clemenceau. — Je demande à recti-r
fier ce point du procès-verbal que la pladn'"l
te avait été déposée le 19 mars.
M. Jaurès. - Il y a eu omission. J'ai dit
que la plainte avait été portée chez M.,
Prevet le 19.
M. Clemenceau. — Lorsque le Préfet de,
police a donné à M. Yves Durand l'ordre,
de se rendre nu Parquet, M. Yves Durand
répondit : « Je n'ai pas besoin d'aller ati
Parquet. J'ai vu M. Monier il y a huit
jours. 11 m'a dit de m'adresser à M. Pre-
vet. » -
La conscience de M. Lépine
M. Lépine. — Quand j'ai dit à M. Yve
Durand : « C'est vous qui allez marcher et;
aller au. Parquet », il m'a dit : « Ce n 'es
pas la peine que j'aille au Parquet ; il y a
eu une conversation au Parquet en ma pré.,
sence ; on me disait dans cette conversa-
tion que M. Prevet était au courant de
l'affaire Rochette. » C'est pour cela qu'il
est allé chez M. Prevet.
D. — M. Prevet avait déposé contre X.,,1
une plainte au sujet d'une circulaire en-
voyée aux actionnaires du Petit JournalLç
C'était une affaire tout à fait différente des
affairæ Roohette. M. Prevet était en con-
flit avec M. Rochette au sujet des affaire
du Petit Journal. Comment se fait-il que,
c'est quelques heures après que M. Prevet
est saisi de la plainte Gaudrion, que la ma-
chine se met en branle ?
M. Clemenceau. — C'est qu'elle était
montée depuis Jongtemps. J'ai dit que Cet
qui m'avait déterminé à agir, ce sont lesi
propos tenus par les journalistes dans moi*
cabinet le 19.
D. — II a paru à la Commission que M:,
Clemenceau et le Préfet de police n'inter-
prétaient pas de la même façon la conver-
sation qui avait eu lieu au ministère da
J'intérieur. La divergence la plus impor-
tante part de ce fait : de vos explications
il a paru résulter que vous vouliez adres-
ser le Préfet de police au Parquet pour l'a-
vertir qu'aucune influence gouvernemental
le ne se mettrait en travers de son action..
Non seulement vous n'avez pas dit au Pré-
fet de police de se mettre lui-même en quê-
te d'un plaignant, mais vous n'avez pu sup-
poser un instant qu'au sortir de cette en-
trevue il allait le faire. Il nous semble ce- "*
pendant que le Préfet de police, en cher-
chant un plaignant, croyait être en confor-
mité d'avis avec vous.
M. Clemenceau. — M. Lépine a dit : « Mas
conscience me dit que je n'ai pas d'autre
souvenir que ceux de mon chef. » C'est
une doctrine que ma conscience ne me per-
mettrait pas d'accepter.
Quand on a cette opinion d'être vidim,
du devoir, on se présente comme martyr.
Je n'ai pas besoin de la bienveillance de'
M. Lépine. J'ai pour lui la plus profonder
estime ; avant-hier, -j'ai dit que je le cou-
vrais. Cela voulait dire que M. Lépine
était un bon préfet de police et que je n'en-
tendais pas qu'on le rendit responsable
d'une faute de ses subordonnés. Je dis ltt,
M. Lépine qu'il n'a pas voulu produire con-
tre moi des insinuations redoutables.
S'il est entendu que M. Lépine, étant vtf*
nu ici dans l'intention de se taire, a fini
par trouver des souvenirs qui m'apparais-
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