Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-11-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 novembre 1910 15 novembre 1910
Description : 1910/11/15 (N14858). 1910/11/15 (N14858).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75732005
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
25 BRUMAIRE. IN 119. CINQ CENTIMES LE NUMERO MARDI 15 NOVEMBRE 1910. fil, 14958.
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M -ne du Ch&teau-d'Eau - Parti.
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TRIBUNE LIBRE
4 -
..Hi..
C'est le nom que notre
ami Dalimier donne à ce len-
demain de vote qui va durer
autant que la discussion du
budget.
Ne le chicanons pas sur le
mot, qui n'est qu'à demi juste, comme
toutes les images guerrières appliquées
aux débats politiques.
Cette fois surtout il serait particu-
lièrement inexact de comparer les ré-
publicains qui ont voté pour le Cabinet
Briand et ceux qui ont voté contre à
deux troupes ennemies qui en viennent
aux mains. Parlons sans métaphores.
Dans les deux scrutins du 30 octobre
et du 9 novembre, le parti républicain
s'est profondément divisé. Pourquoi ?
C'est que les événements le mettaient
soudain aux prises avec le plus redou-
table des problèmes. Et la force des
choses le sommait de répondre sur
l'heure par oui ou par non à une ques-
tion, unique en apparence, mais qui en
enveloppait plusieurs différentes jus-
qu'à s'exclure- Il fallait trancher tout
ensemble un point de fait et un point
de droit, régler le passé, régler l'ave-
nir, se prononcer sur le devoir immé-
diat de défendre l'ordre et sur le devoir
plus lointain de ne blesser par contre-
coup aucune liberté légitime.
Devant ainsi tout confondre en un
seul vote, y faire entrer à la fois une
approbation globale pour des actes dé-
terminés et une approbation piut, glo-
bale encore pour un ensemble à venir
d'actes non déterminés, chacun a don-
né la préférence à celle des deux
préoccupations qui, tout compte fait,
à cette minute et dans ces circonstan-
ces, faisait pencher le plateau de la ba-
lance. Beaucoup ne se sont décidés qu'à
force-de peser de très près le pour et
le contre. Quelques-uns, et non des
moins attentifs à cette délicate opéra-
tion, ne pouvant se résigner à émettre
un jugement dépourvu de la contre-
partie nécessaire, ont préféré n'en por-
ter aucun. Mais, trait caractéristique,
as plus résolus à opiner dans un des
deux sens comprenaient, presque aussi
bien que leur vote, le vote inverse.
Voilà la vérité sur ces deux scrutins.
Ils maintiennent au pouvoir M. Briand.
La Chambre lui avait donné, à lui et à
ses collègues, un témoignage de con-
fiance qu'il n'a accepté que pour lui-
même ; il en a demandé et obtenu un
second pour de nouveaux collabora-
teurs. La question ministérielle est ré-
glée. Mais l'autre, la vraie, l'angois-
sante question ? Elle ne l'est pas. Et,
devant elle, notre parti reste aussi di-
visé, aussi perplexe, aussi anxieux
après qu'avant le vote.
Il faut plaindre ceux qui le lui re-
prochent. Ils n'ont pas vu ce qu'il y a
de noblesse et ce qu'il y a de sagesse
dans cette hésitation, qu'ils prennent
pour un aveu d'impuissance.
Car enfin de quoi s'agit-il sinon d'u-
ne question de vie ou de mort qui se
pose à la démocratie française aussi
bien qu'à celle du monde entier ? Si
l'on veut la prendre dans ses termes
généraux, elle se réduit, pour parier
comme les philosophes, à l'antinomie
suivante.
Dans un pays libre, la loi reconnaît
à tous les travailleurs salariés le droit
de s'organiser, de se syndiquer pour
défendre collectiveînent leurs intérêts,
notamment par la cessation concertée
du travail.
Mais aujourd'hui que, pour un nom-
bre croissant d'industries, surtout de
celles qui sont indispensables à la vie
du pays, le klvail est en fait monopo-
lisé aux mains soit de l'Etat, soit de
compagnies concessionnaires de l'Etat,
il n'est pas possible qu'il vienne à ces-
- ser brusquement et généralement sans
compromettre l'existence même , du
pays.
Il faudrait donc, au nom du droit de
l'ouvrier, lui laisser la faculté de se
mettre en grève, et il faudrait, au nom
de l'intérêt national, la lui retirer.
Que le parti républicain n'aborde
qu'en tremblant un pareil conflit de
principes et d'intérêts, qu'à ce problè.
me tragique il n'accepte pas d'emblée
les solutions trop simples que la peur
et l'intérêt dictent si bruyamment, c'est
û son honneur
L'heure est venue pourtant où il faut
qu'il trouve le mot de l'énigme, qu'il
organise non par des expédients, mais
par la loi, une équitable conciliation
des droits de la Nation et des droits de
l'homme.
Sur cette nécessité, nous sommes
tous d'accord malgré la diversité de
nos votes.
En fait, la question est "déjà venue
plusieurs fois devant le Parlement. La
dernière, ce fut sous le ministère Cle-
menceau- Si j'osais me permettre m
conseil à nos nouveaux collègues de la
Chambre, je les supplierais de lire à
l'Officiel le compte rendu de la séance
du 14 mai 1907. Ils ne regretteront pas
leur peine, et je leur laisse le soin de
conclure.
Àlors comme aujourd'hui — plus
même qu'aujourd'hui — l'opinion ré-
publicaine s'effrayait des conséquen-
ces possibles des lois de 1864 et de
1884, si on en laisse l'application s'é-
tendre aux services publics et aux ser-
vices concédés. La Délégation des Gau-
ches — elle existait encore, elle en est
morte — venait de tenir, coup sur coup,
trois importantes réunions où, à l'una-
nimité moins deux voix, elle avait adop-
té un ordre du jour invitant énergique-
ment le Gouvernement à faire rentrer
dans l'ordre la Confédération Générale
du Travail, véritable instigatrice de
grèves qu'on appelait déjà révolution-
naires. M. Clemenceau demanda à être
entendu par la Délégation. Il déclara
tout net qu'il refuserait cet ordre du
jour, et il dit pourquoi. Il raconta
qu'en effet, comme le bruit en avait
couru, il avait fait examiner la ques-
tion du remaniement de la loi de
1884, d'une interprétation restrictive
du droit jusqu'ici accordé aux unions
de syndicats, et de plusieurs autres me-
sures de répression soit législatives soit
administratives. Examen fait, il avait
reconnu qu'il ne pouvait rien entre-
prendre de pareil sans risquer de créer
un épouvantable malentendu entre la
Républe et la classe ouvrière- Et il
conclut : Jamais !
C'est ce qu'il redit l'après-midi à la
Chambre, dans une séance qui fut l'u-
ne des plus mouvementées de la derniè-
re législature. Jamais discours ne fut
plus mal accueilli, même, surtout peut-
être, par les fidèles du ministère. Et
,pourtant Clemenceau l'emporta. Le
chef s'était jeté à la tête de ses trou-
pes et il avait enrayé la panique. Grâ-
ce à lui, le parti républicain, se resai-
sissant, refusait d'esquisser le premier
geste de réaction que M. Ribot et les
progressistes lui demandaient impé-
rieusement. (Voir l'Officiel).
N'est-ce pas précisément ce geste
qu'il va consentir à faire aujourd'hui ?
Nous sommes plusieurs qui l'avons
craint l'autre jour. La Déclaration mi-
nistérielle indique précisément l'inten-
tion de « combler la lacune » tant de
fois signalée par M- Ribot et d'inaugu-
rer « une application stricte des dis-
positions en vigueur », réclamée sans
relâche par le Temps. En termes sibyl-
lins elle promet « d'édicter des disposi-
tions nécessaires pour assurer malgré
tout la marche des services », tout en
ajoutant que « les ouvriers et employés
trouveront leur protection tant dans les
lois générales qui seront élaborées par
tous les travailleurs, que dans les lois
spéciales ». (?)
A quoi bon batailler sur des mots et
sur leur interprétatiorr ? Nous verrons
bien ce qu'ils couvrent, quand on nous
apportera des projets rédigés. Atten-
dons-les.
Jusque-là, il n'y a rien de fait.
Ferdinand BUISSON,
Députe de la Setne.
— ————————————
Politique Etrangère
LA CRISE ANGLAISE
La crise constitutionnelle en
Angleterre était assoupie : elle
-se réveille. Les partis avaient
pensé, à la mort d'Edouard
Vil, qu'il convenait de faire
trêve momentanément. La trêve est
rompue et la conférence d'entente est
dissoute. Les unionistes et les libéraux,
par déférence pour le souverain nou-
veau,. George V, avaient mis bas les
armes pour lui permettre de se recon-
naître un peu au milieu des choses et
des gens. On imagine de l'autre côté
du canal que le roi est aujourd'hui au
courant des affaires et on veut lui don-
ner, l'occasion de s'exprimer nettement
sur les événements^ les choses et les
gens.
Déjà, pas plusieurs mois de règne,
George V a pu envisager dans l'ensem-
ble la situation qui est laite au pays à
l'intérieur comme à l'extérieur. Ce
n'est plus avec les simples yeux du
prince de Galles qu'il découvre l'hori-
zon et il se prononcera avec le senti-
ment des responsabilités personnelles
et directes du souverain.
M. Asquith, afin de l'amener à se dé-
cider, est allé lui porter, dit-on, la for-
mule d'une alternative catégorique.
Si le roi pense, qu'il y a lieu de céder
devant les manoeuvres d'OïrDQiitio»
combinées des unionistes et de la
Chambre des Lords hostiles également
au budget démocratique de M. Lloyd
Georges, le ministère libéral démission-
nera pour permettre au souverain d'ap-
peler de nouveaux conseillers et de nou-
veaux auxiliaires.
Si le roi imagine que le pays est avec
les libéraux et que les lords n'ont op-
posé au cabinet Asquith un veto finan-
cier que dans le but de gêner les partis
démocrates du Royaume-Uni, alors il
pourra user de sa prérogative poun
faire de la majorité résistante de la
Chambre Haute une minorité vaincue
par l'invasion de nouveaux lords pré-
sentés en « fournée ».
En adoptant cette seconde solution,
George V amènerait une réforme de la
Chambre des Lords par elle-même et
éviterait une rupture constitutionnelle
si l'on ose ainsi dire.
Que fera le roi ? Son heure est venue.
En répondant à- M. Asquith il décou-
rira sa vision personelle, sinon sa pré-
férence. Il semble que des hommes
comme M. Balfour et lord Lansdowne,
en rompant la conférence de la trêve
avec les libéraux aient voulu eux aussi
donner la parole à George V. Peut-être
est-ce sur ce point-là uniquement que
les leaders des deux partis sont tombés
d'accord durant leur rapprochement et
leurs négociations.
En tout état de cause, d'ailleurs, la
'dissolution prochaine de la Chambre
des Communes n'étonnerait personne.
M. Asquith, s'il reste, doit la faire pour
obtenir confirmation nationale de sa
politique et, s'il s'en va, son successeur
lui-même devra « tâter » le pays avant
d'agir.
Albert MILHAUD.
LES ON-DIT
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil, 7 b. 8 du matin. ,.:;..
Coucher du soleil, 4 h. 20 du soir.,
Lever de la lune, 3 h- 21 3u soir.
Coucher de la lune, 3 h. 17, du matins
Courses à Saint-Ouen.
AUTREFOIS
Le Rappel du 15 novembre 18740
Nous avons le profond chagrin d'annon-
cer la mort de Mme Paul Meurice, la fem-
me de notre cher collaborateur et frère.
— Deux personnages mexicains viennent
d'arriver à Paris ; c'est le général Uraga,
dit l'homme au mollet de bois (pantorilla de
matera), qui revient de Bruxelles, et Mme
Miramon, veuve du général Miramon, fu-
sillé avec l'empereur Maximilien.
— La première femme qui ait obtenu en
France le diplôme de bachelier ès lettres,.
Mlle Daubié, est morte récemment dans le
bourg où est né Gilbert, à Fontenay-le-Châ-
teau (Lorraine). Elle y achevait sa thèse
pour le doctorat.
— La réception de M. Mézières à l'Aca-
démie française aura lieu le jeudi 17 décem-
bre. C'est M. Camille Rousset qui répondra
au récipiendaire.
— Une dépêche télégraphique annonce
que M. d'Arnim a été arrêté hier de nou.
veau.
AUJOURD'HUI
Programme d'actualité.
On nous apprend qu'un directeur de
théâtre d'une ville de l'Ouest a fait placar-
der sur les murs de la cité les affiches
suivantes :
« M. X., directeur du théâtre munici-
pal de Z., voulant donner satisfaction à
sa nombreuse e'. fidèle clientèle et désirant
que les spectacles de la saison théâtrale se
succèdent non dans un quelconque désor-
dre, mais dans un enchaînement excluant
toute incohérence, est heureux d'informer
le public qu'il a élaboré le programme d'ac-
tualité suivant pour la saison :
« Première série d'abonnement : Le
Grand Soir, Demain.
« Deuxième série d'abonnement : le Che-
mtneau l'Aventurier, le Flibustier.
« Troisième série d'abonnement : (Si le
succès des pièces précédentes répond à
l'espoir que la direction croit pouvoir fon-
der sur un programme aussi brillant, la
troisième série comprendra) : Les Venîres
dorés, Si j'étais Roi ! Pour la Couronne.
t Enfin, par un accord spécial interve-
nu entre la direction et la Société des au-
teurs dramatiques, et pour clore la série
des représentations ci-dessus, Paillasse n.
- E. K.
eouptoiie fiçcale
Qui donc prétenûiait que la courtoisie
était, de nos jours, complètement bannie
des mœurs administratives ?
Qui donc osait se ptoindire récemment de
la disparition de toute formule de politesse
sutr les petifts papiers de couleurs variées
que les percepteurs font périodiquement
parvenir aux malheureux contribuables ?
Ce n'est pas, dans tous les cas, au per-
cepteur de Braisne (Aisne) qu'on pourrait
adresser ion tel reproche.
Si, comme sa profescion lui en fait un
devoir, il vidé votre bourse aussi conscien-
cjeusiement que n'importe lequel de ses col-
lègues, 11 y met au moins des formes.
Voici, en effet, comment sont libellées
les sommations dont il fait usage :
« Monsieur, j'ai l'honneur de vous saluer
et de vous prier de vouioir bien verser vos
impositions. »
Eh bien ! alotrs, qu'est ce qu'il vous fauit ?
go -
pour les iQoQdéS
On annonce que M. le sénateur-académi-
cien die Selves, se souvenant qu'il joignait
à tant de titres celui de préfet de la Seine,
va demander au conseil municipal des cré-
dits pour venir en aid¡ aux victimes de la
nouvelle inondation.
C'est un empressement dont il convient
de te louer.
Mais il ne fauctrait pais que, sous prétexte
de crue nouvelle, M. Je préfet-académicien-
sénateur considère comme exipirés les
droits des victimes de la cmiie ancienne, ab-
solument comme exphrent les pouvoirs de
t'ancienne Chambre à l'élection de la nou-
velle.
Or, il y a encore des sinistrés de janvier
qui réclament.
Pensez à ceux de demain, Monsieur de
Selves, mais n'oubliez pas ceux d'hier.
Républicain ?
u Qu'appelez-vous un républicain ? » de-
mandait M. Lwien Millevoye à M. Briarid,
tors des récentes interpellations sur la poli,
tique générale.
Et M. Emile Massard1, dans la Patrie, ré-
pondant à notre filet d'hier, nous demande
à son tour : « Que signifie le mot « réac-
tionnaire ? »
Il ajoute, d'ailleurs fort judicieusement :
Il On est toujours le réactionnaire de quel-
qu'un. »
Il est vrai qine les mots CI républicain n
et « réactionnaire » appliqués à tort et à
travers ne signifient pas «land'ohose, car
on peut vouloir recouvrir d'une étiquette
menteuse une marchandise politique fre-
latée.
Néanmoins, nous estimons que parmi
tous ceux giui du bout des lèvres se disent
républicains, il est relativement facile de
distinguer ceux que Danton appelait jadis
les k francs républicains n,
NO!lS considérons comme républicains de-
vant former à la Chambre la majorité répu-
blicaine, tous ceux qui ont voté ou qui ac-
ceptent les lois essentielles de la Républi-
que loi de laïcité, loi de séparation, im-
pôt sur le revenu.
Dissolution-Plébiscite
Le Courrier du Parlement publie les li-
gnes suivantes, sous la signature de son
directeur, M.: R. Le Couret :
« Il y a à peine huit jours, celui qui au-
rait prononcé le mot de dissolution aurait
été traité de fou ; aujourd'hui, on com-
mence à en parler, un peu partout.
« Les députés lancent ce grand mot sous
forme de ballon d'essai dans les milieux
politiques, afin de savoir ce qu'on en pen-
se. En résumé, ils tâtent l'opinion.
« Plus l'on va, plus cette idée prend ra-
cine ; elle se développe rapidement. Le
parlementaire, en général, a foi en elle,
car il ne sait comment sortir de cette si-
tuation politique complexe et embrouillée.
La dissolution, pour lui, c'est le salut.
« Le peuple y croit également ; il ne
voit dans la dissolution que le moyen de
se débarrasser d'un tas d'inutiles qu'il
nomma aux dernières élections sans les
connaître suffisamment. Aux yeux de tous,
cette dissolution est une nécessité.
« Elle changera les idées et, chose plus
i. mportante, elle amènera au Parlement des
hommes nouveaux, nouveaux par leurs
opinions et par leurs idées.
« Maintenant, M. Briand est-il l'homme
qu'il faut pour ce coup d'Etat ? A ceux
qui me poseraient cette question, je répon-
drais d'une façon très affirmative : Oui, M.<
Briand ayant la grande masse du peuple
-. de ce peuple qui veut la paix — avec
lui.
« En tout cas, Favenir nous le dira. )
Si un tel article n'a pas été inspiré par
M. Briand, il n'est certainement pas fait
pour lui être désagréable. -
On prépare l'opinion.
QUESTIONS EXTÉRIEURES
--=+-8
Lettre de Pologne
- ..Ut.. -
La France et ses alliances. - Trop confiante et mal informée,
Cet article n'est pas le cri d'alarme d'un pessimiste; il
exprime l'avis documenté d'un sincère ami.
Varsovie, 8 novembre 1910*
Quand on considère, en ce moment, le
damier politique du monde, la position oc-
cupée par les forces dont dispose la Fran-
ce vous rend perplexe.
Les belles figures qui constituent ces for-
ces sont encore là, mais elles semblent mas-
quées loin du centre autour duquel se li-
vre la bataille qui décidera du sort de la
partie engagée depuis quarante ans.
Qu'il nous suffise de constater certains
faits acquis à la connaissance de tout le
monde, qui prouvent que le gouvernement
français reste en arrière de l'opinion tra-
cée par la sagesse de la Nation, et que le
génie du pays tarde à inspirer ceux qui le
gouvernent.
La France, confiante dans son entente
avec la Russie et l'Angleterre, croit bien
servir ses alliées en soutenant leurs inté-
rêts et leurs causes suivant les program-
mes "indiqués -iar les hommes d'Etat qui
dirigent leurs politiques respectives.
C'est ainsi qu'elle ménage les intérêts de
la Grande-Bretagne en protégeant partout
son action coloniale, voire jusqu'à interdire
aux Egyptiens de se réunir en Congrès à
Paris.
C'est ainsi qu'elle approuve par son si-
lence la politique russe en Finlande et tn
Pologne.
C'est, certes, là une conduite de Bonne
foi et, à première vue, conforme à l'amitié
promise.
Est-edie pourtant entièrement sage et ré-
pond-elle, avant tout, aux intérêts directs
de la France elle-même ?
La partie qui se joue en ce moment sur
le damier européen est beaucoup trop forte
(et elle décidera de la direction que prendra
te progrès mondial pendant tout un siè-
cle) pour que l'intérêt des associés engagés
soit soumis à de simples manifestations
d'amitié et à des sentiments de condescen-
dance sans contrôle.
Le gouvernement du plus beau et du plus
riche pays du monde, qui, dans un pacte
intime, a engagé son avenir et sa fortune
d'une façon définitive, est tenu non seule-
ment à bien gérer ses propres affaires,
mais à voir si ceux pour lesquels id est ré-
pondant en font tout autant pour les leurs.
On pardonne les faiblesses de parents
pour leurs enfants, ou celles d'un mari
pour sa femme, mais on condamne un com-
merçant qui risque sa fortune dans une as-
sociation avec un prodigue ou un incons-
cient.
L'opinion française, toujours pleine d'une
intuition géniale, a parfaitement .compris
la situation telle qu'elle se dessine vis-à-vis
de son gouvernement.
Cette opinion est restée, hélas ! lettre
morte jusqu'à présent et c'est pour addi-
tionner les résultats négatifs de son retard
que a ouïs signalons où en sont les choses.
***
L'alliance franco-russe fut conclue ciu
temps où l'autocratie absolue servait de
base au gouvernement impérial. L'ingéren-
ce directe d'u peuple russe dans la politi-
que du pays, par là dans la constitution de
ses forces, était entièrement exclue et res-
tait imprévue par les. cflause® de l'accord
entre la France et la Russie. Ce n'est qu'a-
près la guerre du Japon que cette ingéren-
ce est entrée en qualité de facteur nouveau
dans la politique intérieure russe et qu'elle
a directement agi sur Les forces réelles de
l'alliance.
Jusque-là, la France avait compté les
forces russes d'après une évaluation spé-
ciale suffisante pour engager sa signature
aux promesses données et reçues.
Cette évaluation portait non seulement
sur le nombre des forces combatives rus-
ses, mais se basait également sur la sécu-
rité que présentait la Russie au point de
vue de sa paix intérieure.
Or, aussitôt que le peuple russe a été ap-
pelé à se prononcer sur toutes Les ques-
tions de la politique intérieure, son premier
mouvement a été de détruire tout ce qui
servait jusque là au maintien de cette
paix.
N'ayant pas réussi à introduire un régi-
me de communisme agraire, après toute-
fois avoir sapé l'idée de la propriété à sa
base dans l'opinion du peuple et avoir créé
ainsi des dangers pour l'avenir, les repré-
senitants russes ont versé dans une ornière
opposée, tout autant pernicieuse pour les
forces de l'Empire du Nord.
Saisis de tendances nationalistes, ils ont
déclaré, ni plus ni moins, la guerre à tou-
tes les nationalités soumises au sceptre
russe, soit à plus de la moitié de la popu-
lation des pays gui forment l'Empire.
"fI
Cette situation, "était absolument impré-
vue pour les auteurs de l'alliance et elle
mériterait, tout aussi bien que la question
du nombre des corps d'armées dans le
royaume de Pologne, ou celle des construc-
tions die voies stratégiques, de devenir un
objet de mutuelles études de la p$tft des
gouvernements alliés.,
Voilà ce qui est arrivé par suite de la
nonchalance avec laquelle fut traitée cette
question : L'opinion française, toujours
noble dans ses élans, s'émut des change-
ments survenus et des vexations propo-
sées. Une campagne sympathique fut en-
treprise par nombre de journaux, ainsi que
pai- des hommes éminents, qui forment
l'élite de l'intelligence française.
Lors du Congrès de Prague, en 1908, où
toutes les nationalités shtves se tendirent
la main, l'opinion française participa aux
effusions et aux promesses.
Toutefois, les nationalistes russes eurent
bien vite le dessus sur la propagande néo-
slaviste et les pires mesures d'exception
proposées par la Doutna datent du jour de
cette réunion fraternelle. 1
Le gouvernement français resta muef
aux injonctions de l'opinion du pays. Au
su et connu, de tout le monde, aucune dé-
marche d'amicale intervention n'a été fai-
te, pas une parole de conciliation n'a été
prononcée en faveur de l'entente entre
Slaves formant l'Empire russe. Interven-
tions et paroles conciliantes n'auraient pu
être mal acceptées, ou porter atteinte au
prestige de la souveraineté russe. L'Au-
tricîie-Hongrie a bien suivi cette voie en
intervenant tout dernièrement auprès jïe
son puissant allié en faveur des Polonais
de Posen. Aucun Allemand n'a trouvé
alors les démarches du comte d'Ahrenthal
déplacées ou blessantes, étant donné qu'el-
les étaient inspirées par le désir évides*
du bien commun.
::r- ","-.r.J.iI:!è:.; .;f" ;a;..:','" vv •: t- - .<.
En aMendanf, les effets de cette indiffé-
rence française se firent sentir immédiat-
ment et furent malheureusement d'une
double portée.
D'un côté, le parti nationaliste russe
s'est cm couvert du muluo consensu de.
puissant allit de la Russie ; d'un autre
côté, les Slaves non russes .et par excel-
lence les Polonais tournèrent leurs regards
vers le Grand Empire des Slaves latins,
soit vers la monarchie des Halsbourg.
Un parti poloneis. autrefois puissant, qui
aurait désiré voir la Russie sinon avoir le
dessus, du moins mériter les sympathies
que le peuple polonais nourrit pour l'Âutri-
cihe-Hongrie, Irousva, hélas ! tous ses efforts
annulés.
Le regret de ce parti n'eut d'égal que son
étonnement de voir le gouvernement fran-
çais ignorer la gravité de cette situation.
Une fatalité infuse dans le sang russe
le poison du nationalisme inventé pour le
malheur des peuples par Bismarck. Car il
est in/utile de se leurrer à l'heure qu'il est.,
L'attitude du gouvernement français a
produit, d'un côté le regain des sévérités
que la Douma voudrait imposer au gou-
vemament ; d'un autre côté cette attitude
met dans la balance de la Triplice les
sympathies des peuples qui habitent la
Russie jocidentale et qu'ont peut estimer;
au bas mot à une trentaine de millions.
L'avis de la France donné à temps au-
rait renforcé des bonnes résolutions du
gouvernement russe vis-à-vis des énergu-
mènes de la Douma. Cet avis a fait dé-
faut 1
.*..
Ainsi, l'indifférence au gouverrreiflTent
française, est également la conséquence
patronage russe vient d'avoir une réper-
cussion indirecte et absolument inattendue,
à Prague, où les préliminaires d'une en-
tente entre Tchèques et Allemands ont été
signés ces jours-ci.
La direction donnée à sa politique par
la Roumanie, qui doit pourtant son exis-
tence au patronage de la France pendant
le Congrès de Paris et dont les principaux
hommes d'Etat ont été élevés à l'école
française, est égaJement la conséquence
directe de l'affaiblissement du prestige de
ta puissance irançaise parmi les Slaves-
voisins des Roumains.
En mettant en compte les pertes que ce
prestige smbit, évidemment pour d'autrea
causes, en Hongrie et auprès des Jeunes-
Turcs, il est aisé de constater que jamais
depuis quarante ans que se joue la fameu-
se partie, elle n'a été plus compromise, ja-
mais ta victoire rendiue plus facile à l'ad-
versaire.
C'est un 8IIni de la France et un fervent
adepte de son alliance avec la Russie qui
ose signer ces lignes empreintes des mê-
mes sentiments pour tes deux puissances.
Il le fait avec autant de conviction bien éta-
blie que de sollicitude.
Certes, la France possède une armée au-
dessus de tous les éloges ; son génie et seg
inventions la font marcher à la tête du
Progrès ; le courage de ses enfants fait tou-
jours l'admiration du monde !
Mais Hercule lui-même a dû céder devant
une multitude. Or, la politique française!
semble avoir oublié cette leçon mythologi*
que et tout en soignant la valeur de ses,
propres forces, elle néglige celles de se
amis.,
Stanislas SKARZYNSltL;
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
M -ne du Ch&teau-d'Eau - Parti.
lit Chez MM. LAGRANGE, CERF etO*
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Adresser lettres et mandats à F A drtûnistrate m
ADMINISTRATION & RÉDACTION : 53, rue du Château-d'Eau : Téléphone 438-14. - De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre: Téléphone 143-93
TRIBUNE LIBRE
4 -
..Hi..
C'est le nom que notre
ami Dalimier donne à ce len-
demain de vote qui va durer
autant que la discussion du
budget.
Ne le chicanons pas sur le
mot, qui n'est qu'à demi juste, comme
toutes les images guerrières appliquées
aux débats politiques.
Cette fois surtout il serait particu-
lièrement inexact de comparer les ré-
publicains qui ont voté pour le Cabinet
Briand et ceux qui ont voté contre à
deux troupes ennemies qui en viennent
aux mains. Parlons sans métaphores.
Dans les deux scrutins du 30 octobre
et du 9 novembre, le parti républicain
s'est profondément divisé. Pourquoi ?
C'est que les événements le mettaient
soudain aux prises avec le plus redou-
table des problèmes. Et la force des
choses le sommait de répondre sur
l'heure par oui ou par non à une ques-
tion, unique en apparence, mais qui en
enveloppait plusieurs différentes jus-
qu'à s'exclure- Il fallait trancher tout
ensemble un point de fait et un point
de droit, régler le passé, régler l'ave-
nir, se prononcer sur le devoir immé-
diat de défendre l'ordre et sur le devoir
plus lointain de ne blesser par contre-
coup aucune liberté légitime.
Devant ainsi tout confondre en un
seul vote, y faire entrer à la fois une
approbation globale pour des actes dé-
terminés et une approbation piut, glo-
bale encore pour un ensemble à venir
d'actes non déterminés, chacun a don-
né la préférence à celle des deux
préoccupations qui, tout compte fait,
à cette minute et dans ces circonstan-
ces, faisait pencher le plateau de la ba-
lance. Beaucoup ne se sont décidés qu'à
force-de peser de très près le pour et
le contre. Quelques-uns, et non des
moins attentifs à cette délicate opéra-
tion, ne pouvant se résigner à émettre
un jugement dépourvu de la contre-
partie nécessaire, ont préféré n'en por-
ter aucun. Mais, trait caractéristique,
as plus résolus à opiner dans un des
deux sens comprenaient, presque aussi
bien que leur vote, le vote inverse.
Voilà la vérité sur ces deux scrutins.
Ils maintiennent au pouvoir M. Briand.
La Chambre lui avait donné, à lui et à
ses collègues, un témoignage de con-
fiance qu'il n'a accepté que pour lui-
même ; il en a demandé et obtenu un
second pour de nouveaux collabora-
teurs. La question ministérielle est ré-
glée. Mais l'autre, la vraie, l'angois-
sante question ? Elle ne l'est pas. Et,
devant elle, notre parti reste aussi di-
visé, aussi perplexe, aussi anxieux
après qu'avant le vote.
Il faut plaindre ceux qui le lui re-
prochent. Ils n'ont pas vu ce qu'il y a
de noblesse et ce qu'il y a de sagesse
dans cette hésitation, qu'ils prennent
pour un aveu d'impuissance.
Car enfin de quoi s'agit-il sinon d'u-
ne question de vie ou de mort qui se
pose à la démocratie française aussi
bien qu'à celle du monde entier ? Si
l'on veut la prendre dans ses termes
généraux, elle se réduit, pour parier
comme les philosophes, à l'antinomie
suivante.
Dans un pays libre, la loi reconnaît
à tous les travailleurs salariés le droit
de s'organiser, de se syndiquer pour
défendre collectiveînent leurs intérêts,
notamment par la cessation concertée
du travail.
Mais aujourd'hui que, pour un nom-
bre croissant d'industries, surtout de
celles qui sont indispensables à la vie
du pays, le klvail est en fait monopo-
lisé aux mains soit de l'Etat, soit de
compagnies concessionnaires de l'Etat,
il n'est pas possible qu'il vienne à ces-
- ser brusquement et généralement sans
compromettre l'existence même , du
pays.
Il faudrait donc, au nom du droit de
l'ouvrier, lui laisser la faculté de se
mettre en grève, et il faudrait, au nom
de l'intérêt national, la lui retirer.
Que le parti républicain n'aborde
qu'en tremblant un pareil conflit de
principes et d'intérêts, qu'à ce problè.
me tragique il n'accepte pas d'emblée
les solutions trop simples que la peur
et l'intérêt dictent si bruyamment, c'est
û son honneur
L'heure est venue pourtant où il faut
qu'il trouve le mot de l'énigme, qu'il
organise non par des expédients, mais
par la loi, une équitable conciliation
des droits de la Nation et des droits de
l'homme.
Sur cette nécessité, nous sommes
tous d'accord malgré la diversité de
nos votes.
En fait, la question est "déjà venue
plusieurs fois devant le Parlement. La
dernière, ce fut sous le ministère Cle-
menceau- Si j'osais me permettre m
conseil à nos nouveaux collègues de la
Chambre, je les supplierais de lire à
l'Officiel le compte rendu de la séance
du 14 mai 1907. Ils ne regretteront pas
leur peine, et je leur laisse le soin de
conclure.
Àlors comme aujourd'hui — plus
même qu'aujourd'hui — l'opinion ré-
publicaine s'effrayait des conséquen-
ces possibles des lois de 1864 et de
1884, si on en laisse l'application s'é-
tendre aux services publics et aux ser-
vices concédés. La Délégation des Gau-
ches — elle existait encore, elle en est
morte — venait de tenir, coup sur coup,
trois importantes réunions où, à l'una-
nimité moins deux voix, elle avait adop-
té un ordre du jour invitant énergique-
ment le Gouvernement à faire rentrer
dans l'ordre la Confédération Générale
du Travail, véritable instigatrice de
grèves qu'on appelait déjà révolution-
naires. M. Clemenceau demanda à être
entendu par la Délégation. Il déclara
tout net qu'il refuserait cet ordre du
jour, et il dit pourquoi. Il raconta
qu'en effet, comme le bruit en avait
couru, il avait fait examiner la ques-
tion du remaniement de la loi de
1884, d'une interprétation restrictive
du droit jusqu'ici accordé aux unions
de syndicats, et de plusieurs autres me-
sures de répression soit législatives soit
administratives. Examen fait, il avait
reconnu qu'il ne pouvait rien entre-
prendre de pareil sans risquer de créer
un épouvantable malentendu entre la
Républe et la classe ouvrière- Et il
conclut : Jamais !
C'est ce qu'il redit l'après-midi à la
Chambre, dans une séance qui fut l'u-
ne des plus mouvementées de la derniè-
re législature. Jamais discours ne fut
plus mal accueilli, même, surtout peut-
être, par les fidèles du ministère. Et
,pourtant Clemenceau l'emporta. Le
chef s'était jeté à la tête de ses trou-
pes et il avait enrayé la panique. Grâ-
ce à lui, le parti républicain, se resai-
sissant, refusait d'esquisser le premier
geste de réaction que M. Ribot et les
progressistes lui demandaient impé-
rieusement. (Voir l'Officiel).
N'est-ce pas précisément ce geste
qu'il va consentir à faire aujourd'hui ?
Nous sommes plusieurs qui l'avons
craint l'autre jour. La Déclaration mi-
nistérielle indique précisément l'inten-
tion de « combler la lacune » tant de
fois signalée par M- Ribot et d'inaugu-
rer « une application stricte des dis-
positions en vigueur », réclamée sans
relâche par le Temps. En termes sibyl-
lins elle promet « d'édicter des disposi-
tions nécessaires pour assurer malgré
tout la marche des services », tout en
ajoutant que « les ouvriers et employés
trouveront leur protection tant dans les
lois générales qui seront élaborées par
tous les travailleurs, que dans les lois
spéciales ». (?)
A quoi bon batailler sur des mots et
sur leur interprétatiorr ? Nous verrons
bien ce qu'ils couvrent, quand on nous
apportera des projets rédigés. Atten-
dons-les.
Jusque-là, il n'y a rien de fait.
Ferdinand BUISSON,
Députe de la Setne.
— ————————————
Politique Etrangère
LA CRISE ANGLAISE
La crise constitutionnelle en
Angleterre était assoupie : elle
-se réveille. Les partis avaient
pensé, à la mort d'Edouard
Vil, qu'il convenait de faire
trêve momentanément. La trêve est
rompue et la conférence d'entente est
dissoute. Les unionistes et les libéraux,
par déférence pour le souverain nou-
veau,. George V, avaient mis bas les
armes pour lui permettre de se recon-
naître un peu au milieu des choses et
des gens. On imagine de l'autre côté
du canal que le roi est aujourd'hui au
courant des affaires et on veut lui don-
ner, l'occasion de s'exprimer nettement
sur les événements^ les choses et les
gens.
Déjà, pas plusieurs mois de règne,
George V a pu envisager dans l'ensem-
ble la situation qui est laite au pays à
l'intérieur comme à l'extérieur. Ce
n'est plus avec les simples yeux du
prince de Galles qu'il découvre l'hori-
zon et il se prononcera avec le senti-
ment des responsabilités personnelles
et directes du souverain.
M. Asquith, afin de l'amener à se dé-
cider, est allé lui porter, dit-on, la for-
mule d'une alternative catégorique.
Si le roi pense, qu'il y a lieu de céder
devant les manoeuvres d'OïrDQiitio»
combinées des unionistes et de la
Chambre des Lords hostiles également
au budget démocratique de M. Lloyd
Georges, le ministère libéral démission-
nera pour permettre au souverain d'ap-
peler de nouveaux conseillers et de nou-
veaux auxiliaires.
Si le roi imagine que le pays est avec
les libéraux et que les lords n'ont op-
posé au cabinet Asquith un veto finan-
cier que dans le but de gêner les partis
démocrates du Royaume-Uni, alors il
pourra user de sa prérogative poun
faire de la majorité résistante de la
Chambre Haute une minorité vaincue
par l'invasion de nouveaux lords pré-
sentés en « fournée ».
En adoptant cette seconde solution,
George V amènerait une réforme de la
Chambre des Lords par elle-même et
éviterait une rupture constitutionnelle
si l'on ose ainsi dire.
Que fera le roi ? Son heure est venue.
En répondant à- M. Asquith il décou-
rira sa vision personelle, sinon sa pré-
férence. Il semble que des hommes
comme M. Balfour et lord Lansdowne,
en rompant la conférence de la trêve
avec les libéraux aient voulu eux aussi
donner la parole à George V. Peut-être
est-ce sur ce point-là uniquement que
les leaders des deux partis sont tombés
d'accord durant leur rapprochement et
leurs négociations.
En tout état de cause, d'ailleurs, la
'dissolution prochaine de la Chambre
des Communes n'étonnerait personne.
M. Asquith, s'il reste, doit la faire pour
obtenir confirmation nationale de sa
politique et, s'il s'en va, son successeur
lui-même devra « tâter » le pays avant
d'agir.
Albert MILHAUD.
LES ON-DIT
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil, 7 b. 8 du matin. ,.:;..
Coucher du soleil, 4 h. 20 du soir.,
Lever de la lune, 3 h- 21 3u soir.
Coucher de la lune, 3 h. 17, du matins
Courses à Saint-Ouen.
AUTREFOIS
Le Rappel du 15 novembre 18740
Nous avons le profond chagrin d'annon-
cer la mort de Mme Paul Meurice, la fem-
me de notre cher collaborateur et frère.
— Deux personnages mexicains viennent
d'arriver à Paris ; c'est le général Uraga,
dit l'homme au mollet de bois (pantorilla de
matera), qui revient de Bruxelles, et Mme
Miramon, veuve du général Miramon, fu-
sillé avec l'empereur Maximilien.
— La première femme qui ait obtenu en
France le diplôme de bachelier ès lettres,.
Mlle Daubié, est morte récemment dans le
bourg où est né Gilbert, à Fontenay-le-Châ-
teau (Lorraine). Elle y achevait sa thèse
pour le doctorat.
— La réception de M. Mézières à l'Aca-
démie française aura lieu le jeudi 17 décem-
bre. C'est M. Camille Rousset qui répondra
au récipiendaire.
— Une dépêche télégraphique annonce
que M. d'Arnim a été arrêté hier de nou.
veau.
AUJOURD'HUI
Programme d'actualité.
On nous apprend qu'un directeur de
théâtre d'une ville de l'Ouest a fait placar-
der sur les murs de la cité les affiches
suivantes :
« M. X., directeur du théâtre munici-
pal de Z., voulant donner satisfaction à
sa nombreuse e'. fidèle clientèle et désirant
que les spectacles de la saison théâtrale se
succèdent non dans un quelconque désor-
dre, mais dans un enchaînement excluant
toute incohérence, est heureux d'informer
le public qu'il a élaboré le programme d'ac-
tualité suivant pour la saison :
« Première série d'abonnement : Le
Grand Soir, Demain.
« Deuxième série d'abonnement : le Che-
mtneau l'Aventurier, le Flibustier.
« Troisième série d'abonnement : (Si le
succès des pièces précédentes répond à
l'espoir que la direction croit pouvoir fon-
der sur un programme aussi brillant, la
troisième série comprendra) : Les Venîres
dorés, Si j'étais Roi ! Pour la Couronne.
t Enfin, par un accord spécial interve-
nu entre la direction et la Société des au-
teurs dramatiques, et pour clore la série
des représentations ci-dessus, Paillasse n.
- E. K.
eouptoiie fiçcale
Qui donc prétenûiait que la courtoisie
était, de nos jours, complètement bannie
des mœurs administratives ?
Qui donc osait se ptoindire récemment de
la disparition de toute formule de politesse
sutr les petifts papiers de couleurs variées
que les percepteurs font périodiquement
parvenir aux malheureux contribuables ?
Ce n'est pas, dans tous les cas, au per-
cepteur de Braisne (Aisne) qu'on pourrait
adresser ion tel reproche.
Si, comme sa profescion lui en fait un
devoir, il vidé votre bourse aussi conscien-
cjeusiement que n'importe lequel de ses col-
lègues, 11 y met au moins des formes.
Voici, en effet, comment sont libellées
les sommations dont il fait usage :
« Monsieur, j'ai l'honneur de vous saluer
et de vous prier de vouioir bien verser vos
impositions. »
Eh bien ! alotrs, qu'est ce qu'il vous fauit ?
go -
pour les iQoQdéS
On annonce que M. le sénateur-académi-
cien die Selves, se souvenant qu'il joignait
à tant de titres celui de préfet de la Seine,
va demander au conseil municipal des cré-
dits pour venir en aid¡ aux victimes de la
nouvelle inondation.
C'est un empressement dont il convient
de te louer.
Mais il ne fauctrait pais que, sous prétexte
de crue nouvelle, M. Je préfet-académicien-
sénateur considère comme exipirés les
droits des victimes de la cmiie ancienne, ab-
solument comme exphrent les pouvoirs de
t'ancienne Chambre à l'élection de la nou-
velle.
Or, il y a encore des sinistrés de janvier
qui réclament.
Pensez à ceux de demain, Monsieur de
Selves, mais n'oubliez pas ceux d'hier.
Républicain ?
u Qu'appelez-vous un républicain ? » de-
mandait M. Lwien Millevoye à M. Briarid,
tors des récentes interpellations sur la poli,
tique générale.
Et M. Emile Massard1, dans la Patrie, ré-
pondant à notre filet d'hier, nous demande
à son tour : « Que signifie le mot « réac-
tionnaire ? »
Il ajoute, d'ailleurs fort judicieusement :
Il On est toujours le réactionnaire de quel-
qu'un. »
Il est vrai qine les mots CI républicain n
et « réactionnaire » appliqués à tort et à
travers ne signifient pas «land'ohose, car
on peut vouloir recouvrir d'une étiquette
menteuse une marchandise politique fre-
latée.
Néanmoins, nous estimons que parmi
tous ceux giui du bout des lèvres se disent
républicains, il est relativement facile de
distinguer ceux que Danton appelait jadis
les k francs républicains n,
NO!lS considérons comme républicains de-
vant former à la Chambre la majorité répu-
blicaine, tous ceux qui ont voté ou qui ac-
ceptent les lois essentielles de la Républi-
que loi de laïcité, loi de séparation, im-
pôt sur le revenu.
Dissolution-Plébiscite
Le Courrier du Parlement publie les li-
gnes suivantes, sous la signature de son
directeur, M.: R. Le Couret :
« Il y a à peine huit jours, celui qui au-
rait prononcé le mot de dissolution aurait
été traité de fou ; aujourd'hui, on com-
mence à en parler, un peu partout.
« Les députés lancent ce grand mot sous
forme de ballon d'essai dans les milieux
politiques, afin de savoir ce qu'on en pen-
se. En résumé, ils tâtent l'opinion.
« Plus l'on va, plus cette idée prend ra-
cine ; elle se développe rapidement. Le
parlementaire, en général, a foi en elle,
car il ne sait comment sortir de cette si-
tuation politique complexe et embrouillée.
La dissolution, pour lui, c'est le salut.
« Le peuple y croit également ; il ne
voit dans la dissolution que le moyen de
se débarrasser d'un tas d'inutiles qu'il
nomma aux dernières élections sans les
connaître suffisamment. Aux yeux de tous,
cette dissolution est une nécessité.
« Elle changera les idées et, chose plus
i. mportante, elle amènera au Parlement des
hommes nouveaux, nouveaux par leurs
opinions et par leurs idées.
« Maintenant, M. Briand est-il l'homme
qu'il faut pour ce coup d'Etat ? A ceux
qui me poseraient cette question, je répon-
drais d'une façon très affirmative : Oui, M.<
Briand ayant la grande masse du peuple
-. de ce peuple qui veut la paix — avec
lui.
« En tout cas, Favenir nous le dira. )
Si un tel article n'a pas été inspiré par
M. Briand, il n'est certainement pas fait
pour lui être désagréable. -
On prépare l'opinion.
QUESTIONS EXTÉRIEURES
--=+-8
Lettre de Pologne
- ..Ut.. -
La France et ses alliances. - Trop confiante et mal informée,
Cet article n'est pas le cri d'alarme d'un pessimiste; il
exprime l'avis documenté d'un sincère ami.
Varsovie, 8 novembre 1910*
Quand on considère, en ce moment, le
damier politique du monde, la position oc-
cupée par les forces dont dispose la Fran-
ce vous rend perplexe.
Les belles figures qui constituent ces for-
ces sont encore là, mais elles semblent mas-
quées loin du centre autour duquel se li-
vre la bataille qui décidera du sort de la
partie engagée depuis quarante ans.
Qu'il nous suffise de constater certains
faits acquis à la connaissance de tout le
monde, qui prouvent que le gouvernement
français reste en arrière de l'opinion tra-
cée par la sagesse de la Nation, et que le
génie du pays tarde à inspirer ceux qui le
gouvernent.
La France, confiante dans son entente
avec la Russie et l'Angleterre, croit bien
servir ses alliées en soutenant leurs inté-
rêts et leurs causes suivant les program-
mes "indiqués -iar les hommes d'Etat qui
dirigent leurs politiques respectives.
C'est ainsi qu'elle ménage les intérêts de
la Grande-Bretagne en protégeant partout
son action coloniale, voire jusqu'à interdire
aux Egyptiens de se réunir en Congrès à
Paris.
C'est ainsi qu'elle approuve par son si-
lence la politique russe en Finlande et tn
Pologne.
C'est, certes, là une conduite de Bonne
foi et, à première vue, conforme à l'amitié
promise.
Est-edie pourtant entièrement sage et ré-
pond-elle, avant tout, aux intérêts directs
de la France elle-même ?
La partie qui se joue en ce moment sur
le damier européen est beaucoup trop forte
(et elle décidera de la direction que prendra
te progrès mondial pendant tout un siè-
cle) pour que l'intérêt des associés engagés
soit soumis à de simples manifestations
d'amitié et à des sentiments de condescen-
dance sans contrôle.
Le gouvernement du plus beau et du plus
riche pays du monde, qui, dans un pacte
intime, a engagé son avenir et sa fortune
d'une façon définitive, est tenu non seule-
ment à bien gérer ses propres affaires,
mais à voir si ceux pour lesquels id est ré-
pondant en font tout autant pour les leurs.
On pardonne les faiblesses de parents
pour leurs enfants, ou celles d'un mari
pour sa femme, mais on condamne un com-
merçant qui risque sa fortune dans une as-
sociation avec un prodigue ou un incons-
cient.
L'opinion française, toujours pleine d'une
intuition géniale, a parfaitement .compris
la situation telle qu'elle se dessine vis-à-vis
de son gouvernement.
Cette opinion est restée, hélas ! lettre
morte jusqu'à présent et c'est pour addi-
tionner les résultats négatifs de son retard
que a ouïs signalons où en sont les choses.
***
L'alliance franco-russe fut conclue ciu
temps où l'autocratie absolue servait de
base au gouvernement impérial. L'ingéren-
ce directe d'u peuple russe dans la politi-
que du pays, par là dans la constitution de
ses forces, était entièrement exclue et res-
tait imprévue par les. cflause® de l'accord
entre la France et la Russie. Ce n'est qu'a-
près la guerre du Japon que cette ingéren-
ce est entrée en qualité de facteur nouveau
dans la politique intérieure russe et qu'elle
a directement agi sur Les forces réelles de
l'alliance.
Jusque-là, la France avait compté les
forces russes d'après une évaluation spé-
ciale suffisante pour engager sa signature
aux promesses données et reçues.
Cette évaluation portait non seulement
sur le nombre des forces combatives rus-
ses, mais se basait également sur la sécu-
rité que présentait la Russie au point de
vue de sa paix intérieure.
Or, aussitôt que le peuple russe a été ap-
pelé à se prononcer sur toutes Les ques-
tions de la politique intérieure, son premier
mouvement a été de détruire tout ce qui
servait jusque là au maintien de cette
paix.
N'ayant pas réussi à introduire un régi-
me de communisme agraire, après toute-
fois avoir sapé l'idée de la propriété à sa
base dans l'opinion du peuple et avoir créé
ainsi des dangers pour l'avenir, les repré-
senitants russes ont versé dans une ornière
opposée, tout autant pernicieuse pour les
forces de l'Empire du Nord.
Saisis de tendances nationalistes, ils ont
déclaré, ni plus ni moins, la guerre à tou-
tes les nationalités soumises au sceptre
russe, soit à plus de la moitié de la popu-
lation des pays gui forment l'Empire.
"fI
Cette situation, "était absolument impré-
vue pour les auteurs de l'alliance et elle
mériterait, tout aussi bien que la question
du nombre des corps d'armées dans le
royaume de Pologne, ou celle des construc-
tions die voies stratégiques, de devenir un
objet de mutuelles études de la p$tft des
gouvernements alliés.,
Voilà ce qui est arrivé par suite de la
nonchalance avec laquelle fut traitée cette
question : L'opinion française, toujours
noble dans ses élans, s'émut des change-
ments survenus et des vexations propo-
sées. Une campagne sympathique fut en-
treprise par nombre de journaux, ainsi que
pai- des hommes éminents, qui forment
l'élite de l'intelligence française.
Lors du Congrès de Prague, en 1908, où
toutes les nationalités shtves se tendirent
la main, l'opinion française participa aux
effusions et aux promesses.
Toutefois, les nationalistes russes eurent
bien vite le dessus sur la propagande néo-
slaviste et les pires mesures d'exception
proposées par la Doutna datent du jour de
cette réunion fraternelle. 1
Le gouvernement français resta muef
aux injonctions de l'opinion du pays. Au
su et connu, de tout le monde, aucune dé-
marche d'amicale intervention n'a été fai-
te, pas une parole de conciliation n'a été
prononcée en faveur de l'entente entre
Slaves formant l'Empire russe. Interven-
tions et paroles conciliantes n'auraient pu
être mal acceptées, ou porter atteinte au
prestige de la souveraineté russe. L'Au-
tricîie-Hongrie a bien suivi cette voie en
intervenant tout dernièrement auprès jïe
son puissant allié en faveur des Polonais
de Posen. Aucun Allemand n'a trouvé
alors les démarches du comte d'Ahrenthal
déplacées ou blessantes, étant donné qu'el-
les étaient inspirées par le désir évides*
du bien commun.
::r- ","-.r.J.iI:!è:.; .;f" ;a;..:','" vv •: t- - .<.
En aMendanf, les effets de cette indiffé-
rence française se firent sentir immédiat-
ment et furent malheureusement d'une
double portée.
D'un côté, le parti nationaliste russe
s'est cm couvert du muluo consensu de.
puissant allit de la Russie ; d'un autre
côté, les Slaves non russes .et par excel-
lence les Polonais tournèrent leurs regards
vers le Grand Empire des Slaves latins,
soit vers la monarchie des Halsbourg.
Un parti poloneis. autrefois puissant, qui
aurait désiré voir la Russie sinon avoir le
dessus, du moins mériter les sympathies
que le peuple polonais nourrit pour l'Âutri-
cihe-Hongrie, Irousva, hélas ! tous ses efforts
annulés.
Le regret de ce parti n'eut d'égal que son
étonnement de voir le gouvernement fran-
çais ignorer la gravité de cette situation.
Une fatalité infuse dans le sang russe
le poison du nationalisme inventé pour le
malheur des peuples par Bismarck. Car il
est in/utile de se leurrer à l'heure qu'il est.,
L'attitude du gouvernement français a
produit, d'un côté le regain des sévérités
que la Douma voudrait imposer au gou-
vemament ; d'un autre côté cette attitude
met dans la balance de la Triplice les
sympathies des peuples qui habitent la
Russie jocidentale et qu'ont peut estimer;
au bas mot à une trentaine de millions.
L'avis de la France donné à temps au-
rait renforcé des bonnes résolutions du
gouvernement russe vis-à-vis des énergu-
mènes de la Douma. Cet avis a fait dé-
faut 1
.*..
Ainsi, l'indifférence au gouverrreiflTent
française, est également la conséquence
patronage russe vient d'avoir une réper-
cussion indirecte et absolument inattendue,
à Prague, où les préliminaires d'une en-
tente entre Tchèques et Allemands ont été
signés ces jours-ci.
La direction donnée à sa politique par
la Roumanie, qui doit pourtant son exis-
tence au patronage de la France pendant
le Congrès de Paris et dont les principaux
hommes d'Etat ont été élevés à l'école
française, est égaJement la conséquence
directe de l'affaiblissement du prestige de
ta puissance irançaise parmi les Slaves-
voisins des Roumains.
En mettant en compte les pertes que ce
prestige smbit, évidemment pour d'autrea
causes, en Hongrie et auprès des Jeunes-
Turcs, il est aisé de constater que jamais
depuis quarante ans que se joue la fameu-
se partie, elle n'a été plus compromise, ja-
mais ta victoire rendiue plus facile à l'ad-
versaire.
C'est un 8IIni de la France et un fervent
adepte de son alliance avec la Russie qui
ose signer ces lignes empreintes des mê-
mes sentiments pour tes deux puissances.
Il le fait avec autant de conviction bien éta-
blie que de sollicitude.
Certes, la France possède une armée au-
dessus de tous les éloges ; son génie et seg
inventions la font marcher à la tête du
Progrès ; le courage de ses enfants fait tou-
jours l'admiration du monde !
Mais Hercule lui-même a dû céder devant
une multitude. Or, la politique française!
semble avoir oublié cette leçon mythologi*
que et tout en soignant la valeur de ses,
propres forces, elle néglige celles de se
amis.,
Stanislas SKARZYNSltL;
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