Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-12-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 décembre 1909 26 décembre 1909
Description : 1909/12/26 (N14534). 1909/12/26 (N14534).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
"o-. 1 NIVOSE, m lis.
CINQ CENTIMES LE - NUMERO
DIMANCHE 28 DECEMBRE 1909. — 1143SÇ
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aiwnoivces
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TRtBUNEUBRB -
m
REFORMISME CLERICAL
- ii S ■>>!■ > ■ ■ ■
Un vent d'altruisme social
souffle au camp clérico-con-
servateur. Les millions s'é-
meuvent. Les 40 HP. suspen-
dent leur course dératée,
pour ouîr les doléances de la
misère humaine. M. Amette est pris d'ir-
résistibles sympathies pour les garçons
boulangers. Et ne sommes-nous pas
itous frères en Jésus-Christ ? La mort
fait-elle la distinction des origines et
Ses privilèges ? N'a-t-elle pas vu des
prolétaires, au bazar de la Charité, sau-
ver au péril de leur vie des marquises
et des comtesses ? Et si leur bel exploit
ne les a pas empêchés de mourir de
faim par îsrsmre, la noblesse en est-
jelle diminuée du chef de cette mésaven-
ture ?
C'est de tous les côtés un concert de
lendresses et d'effusion populaire. Il
y a quelques semaines, au Sénat, M. rde
Lamarzelle, avec cet aplomb qui n'ap-
partient qu'aux gens de foi, dénonçait
l'impuissance radicale à réaliser les ré-
formes sociales. Il revendiquait l'hon-
neur pour son parti, de les avoir toutes
inscrites à son programme, d'être seul
en état d'en résoudre les difficultés.
Dans une anticipation éloquente, il
annonçait la venue du roi, seule auto-
rité capable de faire le bonheur de la
nation française, livrée à d'indignes ex-
ploiteurs. -
Ces énormités s'étalent sur tous les
murs avec leur codicille obligatoire, la
signature du Soulouque îles Trullières,
au bout d'une épître de félicitations re-
oonnaissantes, car la réaction fait, en
ce moment, une débauche étrange de
placards et d'affiches. On sent venir Jos
élections. Ir" ne faut pas se faire ou-
blier. Questions sociales, questions d'en-
seignement, sont traitées avec la hau-
teur de vues particulière à nos adver-
saires. Tantôt ce sont des discours en-
tiers, tantôt des citations heureusement
choisies où on voit J.-J. Rousseau, M.
Combes et Ravachol, un peu stupéfaits
(Je voisiner ainsi, confesser la gloiile
céleste et vitupérer les forfaits de l'E-
tole sans Dieu.
# Hier, en l'honneur des boulangers,
M Amette tenait un meeting filtré, bien
entendu et bien pensant, où la démo-
cratie chrétienne s'était donné rendez-
vous. t
On a déploré l'état d'esprit du peu-
ple ouvrier qui tient l'Eglise pour sa
pire ennemie. Sur quoi certain juris-
consulte, d'âme peu fruste, a pris la li-
berté de justifier le peuple de cette hos-
tilité. Il s'est tourné vers les députés
ide droite, nombreux à la séance. « Ce
n'est point la faute du prolétariat, leur
a-t-il dit. C'est la vôtre, Messieurs. Vous
avez laissé à la majorité blocarde le
soin de faire le bonheur des travail-
leurs. Vous n'avez pas su faire le sa-
crifice nécessaire de vos intérêts. Vous
avez voté contre toutes les lois ouvriè-
res, vous avez creusé le fossé, édifié la
barricade. »
Je ne sais quel accueil bos honora-
bles collègues de droite ont pu faire à
bette fougeuse et verte harangue. M.
o.e Mun, sans doute, a fait un signe
d'assentiment, mais M. de Lamarzelle
a sans doute trouvé la mercuriale inop-
portune.
Car si l'on y réfléehit, M. Jay, l'ora-
teur en question, a pu se mettre ensuite
sous la protection de la soutane archié-
piscopale. Mais en quelques mots, il a
fait, avec une rudesse subversive, tout
te procès de son parti.
Certes, nous ne nous faisons pas d'il-
lusion sur nous-mêmes. Si le peuple
t,st joyeusement venu à nous, républi-
cains, c'est qu'il savait, c'est qu'il sen-
tait bien que nous seuls avions et pou-
vions avoir le sens plébéien indispen-
sable aux réformes qu'il souhaitait. Et
s'il a délaissé l'Eglise, c'est qu'il a 'pu
constater par une expérience doulou-
reuse et constante, ce - que valaient ses
protestations de sympathie démocrati-
que. C'est qu'il l'a vu solidaire de tou-
tes les autorités abusive (je toutes les
'dictatures répressives, de tous les privi-
lèges oppressifs, lès lors qu'ils consen-
taient à rendre hommage au dogme et
it ses ministres.
11 sait qui a provoqué la; Révolution
dû 1836 ; il sait qui a étouffé traîtreuse-
ment la trop confiante République de
1848, qui; a béni l'Empire, après .nous
avoir infligé l'humiliation ce la loi Fal-
loux et de l'expédition de Rome ; il sait
qui a fait Mentana ; il sait qui hurhit
à la mort après la Commune ; il sait
que dans toutes les agitations, toutes les
conspirations qui ont secoué la troi-
sième République, le clergé catholique
s'est trouvé du côté du désordre ou de
l'imposture. Il sait aussi pourquoi et
pour qui l'armée des frocs s'était mobi-
lisée et que ce n'était pas pour faire
son bonheur et hâter la réforme socia-
le.
H est tout 3e même des leçons qui
ne se perdent point : au grand regret du
Rflint.-Pprp, nous pnspitrnnnc-l 'histoire.
L'enseignement porte ses fruits. Qu'un
philosophe, qu'un professeur comme M.
Jay s'étonne de constater certaines in-
compatibilités, que son idéalisme les
concilie dans les sphères supérieures de
la doctrine cela n'a rien que d'expli-
cable.
Mais il y a ïïans l'histoire 'des fata-
lités qu'on ne remonté pas. Pas plus
que le catholicisme romain ne peut re-
venir à la pureté du christianisme ori-
ginel, pas plus la démocratie, force
d'affranchissement et principe d'uni-
verselle liberté, ne peut se réconcilier
avec la foi traditionnelle e* ses préten-
tions tyranniquement dogmatiques.
H est beau, d'ailleurs, et chrétien de
faire le bien sans espoir de récompen-
se : c'est le sort qui attend l'action so-
ciale des conservateurs. Qu'ils soient
bien certains quë dans l'accomplisse-
ment de notre œuvre, nous ne rabroue-
rons pas leur zèle 3e néophytes, et -que
nous n'entendons pas plus détenir le
monopole 3e la solidarité humainé,
qu'imposer par la violence celui de no-
tre- penser.
T. STEEG.
Député de la Seine.
;
LES ON-DIT
» » <
NOTRE AGENDA
uiourd'hul samédi :
Lever du soleil à, 7 h. 55 du matin.
Coucher à 4 h. 5 du soir.
Courses à Vincennes (trot.)
AUTREFOIS
Le Rappel 'du 26 décembre 1873 :
Hier, le condamné Bazaine n'avait pas
encore quitté Trianon.
— Le guide Orteig, de Pau, réputé com-
me un marcheur hors ligne, a parié de se
rendre de Pau à Paris à pied, en huit iours.
Il est parti dimanche de la place Royale
de Pau, à deux heures, en présence d'une
foule considérable.
Une charrette, dans laquelle avait pfis
place une personne chargée de veiller à ce
que tes conditions du pari soient bien rem-
plies, est partie en même temps que lui.
— On mande 'de "New-York à la date du
23 décembre, qu'Ignace Gonzalès a été élu
président de la République de Saint-Do-
mingue.
— Le tribunal du cercle de Posen a con-
damné Varchevêque Ledochowski à 9.900
thalers d'amende, pour avoir procédé, illé-
galement, à la nomination de onze ecclé-
siastiques.
— M. Bécus, maire de Ginestas, a été
suspendu de ses fonctions pour avoir pris
part à une réunion publique.
- La réunion des députés de l'Appel au
Peuple a décidé qu'elle voterait contre la
proposition de M. Courcelles, relative à l'a-
îournemeni des élections partielles.
— Le ministre de la guerre engage lets
commandants de corps d'armée à recher-
cher ceux des anciens hôtels de généraux
qui pourraient être transformés en biblio-
thèque avec cercle.
— Le percement du col de Tende, qui
avançait rapidement à raison de 1 mètre
par jour sur le versant de Limonei vient de
rencontrer de ce côté un grave obstacle
causé par l'invasion des eaux.
— Par décret en date du 28 'décembre,
M■ de Chennevières, conservateur du mu-
sée du Luxembourg, est nommé directeur
des beaux-arts, en remplacement de 'M.
Charles Blanc.. 1(
Les Sanlho dé Noël. -.
Les Sapins dè Noël.
Une véritable forêt" une forêt dô sapins
verts aux aiguilles fraîches et lisses vient
de surgir, en une nuit, sur le terre-plein
du marche aux fleurs de la Madeleine.
Et c'est une impression très étrange (pue
l'on éprouve quand à l'extrémité du bou-
levard parisien, on voit soudain se dresser
cette vision de paysage montagnard.
C'est que parmi ces arbres destinés aux
fêtes de Nom. il en est de fort élevés, et
qui semblent vouloir rivaliser avec les ',,
tanes municipaux. Il faudra, pour hospi-
taliser ceux-là, des halls gigantesques, des
salles de spectacles aux vastes propor-
tions. Mais il en est aussi de minuscules,
de petits arbres nains qui seront comme
des jouets aux mains des tout-petits.
Arbres de Noël, sapins toujours verts,
image et symbole de notre éternel besoin
de rêve 1
Mitre et Mitrons.
Le oestume des boulangers devenue si
chers au tendre cœur de l'archevêque de
Paris, était, autrefois, réglementé. On le
décrit ainsi : chemise, caleçon sans haut-
de-c.lJ.:;u&se, bonnet blanc, de façon à être
toujours prêt au travail et dans l'empêche-
ment de sortir.
Certains prétendent que c'est à cette te-
nue de travail, qui les couvrait seulement
à mi-tronc, que les ouvriers boulangers
doivent le surnom de mitrons.
Mais cette étymologie est contestable, il
est plus logique de supposer que If mitron »
doit son origine à la coiffure primitive des
boulangers : un bonnet en forme de mitre.
Sa rue, son musée.
On nous réclame une rue d'Ennery. Mais
il en existait une, il y a vingt-cinq ans 1
On n'en a plus voulu.
Vers 1883, aux quatre angles de la rue
Crevaux, sur des plaques bleues, on pou-
vait lire le nom de d'Ennery, qui venait'
d'être donné, par ses constructeurs, à cette
voie nouvelle ; mais vers 1887, la rue ayant
été classée, le Conseil municipal d'alors
remplaça le nom du dramaturge, qui av
le tort de n'être pas encore mort, par celui
du docteur Crevaux, qui venait d'être as-
sassiné quelque part sur le Maranan par
des Indiens Tobas.
Adolphe d'Ennery habitait un hôtel en
bordure de l'avenue du Bois et de la rue
Crevaux. Il était l'un des gros propriétai-
res du quartier, d'où l'honneur qu'on lui
faisait. Aujourd'hui, son hôtel est devenu,
par sa volonté, un musée japonais qu'en-
combrent des bibelots généralement à
treize sous et où personne ne se risque.
Le musée, c'est déjà beaucoup : on en est
quitte, cependant, pour n'y pas aller. Mais
la rue, merci î Il y faudrait passer..,.
Courses turques.
Décidément, les Tures veulent tout avoir.
Ils se ruent sur les « bienfaits de notre
civilisations occidentale ». Heureux les peu-
ples candides.
Voilà qu'on annonce, à présent, l'institu-
tion d'un champ de courses à Constanti-
nople.
Le termin est choisi. Il s'appelle Kia-
thané. Il y aura bient'ôt piste, paddock, tri-
bunes, et, bien entendu, pari-mutuel, à
l'instar de Longchamp.
Et avant peu les rues de Péra seront
sillonnées, le soir, par des gaillards aler-
tes, qui crieront à tue-tête : « Péré-Sport ! »
Comme ici. ,,-
Recommandations imprudentes.
Ne faites pas de recommandations im-
prudentes ou inutiles à votre femme, ne
cesent de nous répéter nos poètes gau-
lois, d'antan.
Un jeune -homme, époux d'une Agnès,
Forcé d'aller aux champs, la pria d'être honnête.
— Si quelque autre que moi jouit de tes attraits,
Il me viendra, dit-il, des cornes à la tête.
- Des cornes ? Que dites-vous là
Revenez comme vous voilà
J'aime bien mieux être fidèle. »
Il part; à son retour, qu'elle trouva trop prompt,
Ne M voyant rien sur le front :
— Ah ! qu'il est menteur 1 lui dit-elle.
Confucius et les taxis.
Décidément, les Chinois oni tout inventé
avant nous ! Voilà qu'on nous retire la
gloire d'avoir découvert le taxi, la plus
noible conquête de l'homme après le che-
val. Dans une conférence récente, le pro-
fesseur Giles, de Cambridge, nous apprit
que le taxi était connu en Chine depuis
plus de deux siècles ! On ne peut affirmer
rigoureusement que Confucius ait connu
cet instrument de supplice, mais on trouve
une description très complète d'une voiture
à compteur dans l'histoire de la dynastie
des Chinois. Il &'agit, il est vrai, d'une
voiture publique. A l'achèvement de cha-
que li (c'est-à-dire environ tous les demi-
kilomètres), un petit bonhomme en bois,
assis sur le siège à côté du conducteur,
frappait un coup sur une grosse caisse,
tandis que tous lès dix li une homme placé
à l'impériale tapait' sur un gong.
On ne dit pas ,malheureusement, quel
était le tarif.
L'âne et le curé.
N'est-elle pas toujours amusante cette
épigramme de Saint-Gelais ?
Notre vicaire, un jour de fête.
Chantait. un agnus gringotté
Tant qu'il pouvait, à pleine tête,
Pensant d'Annoté être écouté.
Annette, de l'autre côté,
Pleurait attentive à son chant.
Donc le, vicaire, en s'approchant,
Lui dit : — Pourquoi pleurez-vous, pelle ?
— Ah ! messire Jean, ce dit-elle,
Je pleure un âne qui m'est mort
Qui avait la voix toute telle
Que vous quand vous criez si fort J
—
Souliers de Noël
■ Kl
Les hommes politiques, tout comme nos
enfants, nos sœurs et nos femmes — ont
leurs petits Noëls.
Et bien que la surprise soit la moitié
du cadeau, quelques-uns d'entre eux ne
nous en voudront pas de leur dire, vingt-
quatre heures d'avance, quel joujou ils
recueilleront :
S. S. Doumer recevra un grand Lama
empaillé par M. Méline ;
M. Leboucq aura un petit chemin de fer
00. laiane
M Etienne trouvera un omnibus pan-
sien transportant une cargaison de pfios-
phates algériens ;
A M. Thomson écherra un bateau explo-
sible et à renversement, chargé d'une
commande de chaudières ;
M. Rouvier acceptera la photographie du
baron Reinach, avec dédicace des-action-
naires de Panama;
M. Feron ouvrira un flacon de ko1a; As-
tier et M. Ceccaldi un paquet de camo-
mille ;
Quant à M. Ruau, il jouera « à dada »
avec un petit cheval'd'ébène I
Et M. Simyan sourira à un f.a.ntÓmté'
conduisant une 40 H-P, tandis que M. Mil-
liès-Lacroix se verra octroyer une bou-
teille d'eau thermale enveloppée dans une
pièce de cotonnade, portée par un petit
nègre monté sur des échasses landaises.
--- a -
eFO$$e er) l'Air
■ -
Pendant que la mitre de M. Amette se
plonge dans le pétrin parisien, la crosse
de M. Andrieu tourbillonne dans l'air bor-
delais.
« Je n'ai pas deùx paroles ? je m'en
tiens à celle que j'ai dite au juge d'ins-
truction lorsque je lui. ai déclaré que je
regardais la loi de séparation comme
inexistante et que je ne subirais les péna-
lités qu'elle édicté que si j'y étais con-
traint par la force. Je ne connais du res-
te à Bordeaux ou ailleurs aucun catho-
lique capable de se permettre une pareille
ingérence à propos d'une question qui in-
téresse au plus haut point l'honneur de
l'Eglise et la liberté de la parole évangé-
Mque. » -
A Ja veille de l'interpellation de M. Dee-
soye sur les mesures que le gouvernement
compte prendre pour défendre la société
laïque contre la faction romaine, il ne sau-
rait nous déplaire d'entendre de telles pa-
roles. ,
Les mitres épiscopales mêlées aux ca-
lottes des mitrons, et les crosses bran-
dies sont autant de manifestations dont
la démocratie doit se féliciter.
Plus « Ces Messieurs », perdant tonte
flamidienne pudeur, retrousseront leurs ju-
pes pour se jeter dans la bataille, et se
rebelleront contre les lois républicaines,
plus ils renforceront le mouvement Je dé-
fense laïque.
Allons, Mes Seigneurs, la crosse en
l'air !
- —^ ————
les Scandales Gin
m 1* £ -
La gabegie dans les hautes administra-
tions de chemins de fer coloniaux continue
et, une fois de plus, nous entendons parler
de M. Bidel, directeur du chemin de fer et
du port de la Réunion,. qui s'était déjà si-
gnalé à l'attention publique par la consti-
tution d'un ((syndicat jaune» et par l'expul-
sion méthodique des employés du chemin
de fer qui n'étaient pal patronnés par les
cléricaux de la colonie.
M. Bidel vient de rentrer en France et
la situation qu'il laisse derrière lui est si
lamentable que le ministère des colonies
n'a pas osé en présenter l'état aux Cham-
bres.
Il en est résulté une assez vive émotion
dans les milieux parlementaires.
M. Messimy, lui-même, comme rappor-
teur du budget des colonies, n'a pas cru
devoir cacher à ses collègues ses appréhen-
sions. Dans son rapport il s'exprime en
ces termes :
« Il n'a pas été possible à votre com-
mission, malgré trois demandes successi-
ves, d'obtenir des indications claâres et
précises sur la situation du budget annexe
du chemin de fer et du port -de la Réunion,
à la clôture de l'exercice 1908.
1( Des explications aussi laconiques que
confuses que lès services compétents ont
enfin consenti à fournir le 20 novembre, à
une date où il n'était plus possible de re-
tarder davantage l'impression de ce rap-
port, il semble ressortir que le budget an-
nexe, après avoir été en déficit en 1906
et 1907, aurait réalisé en 1908 un excédent
de recettes appréciable.
« Mais on évite de donner à cet égard
les chiffres du rapport présenté par le di-
recteur, alors qu'il eût été si simple, puis-
que le département est en possession du
compte de ce haut fonctionnaire, de four-
nir l'état récapitulati l qui doit y figurer,
comme dans tous les autres documents si-
milaires.
Il Le prétexte que les pièces réclamées
sont soumfses à l'examen d'une commis-
sion dite de surveillance ne saurait suffire
pour mettre le contrôle parlementaire, su-
périeur à tous autres, dans l'impossibilité
de s'exercer. »
C'est net.
Mais des sanctions s'imposent.
Le ministère des colonies osera-t-il ac-
corder une plus longue protection à son.
haut fonctionnaire ?
La parole est à M. Trouillot
♦
L'li)UÉile à l'agréable
■■ "1
Les Latins nous apprirent jM,isi qu'il cet
bon de joindre l'utile à l'agréable.
Nos Fonctionnaires modernes - qui ont
des lettres — renversant la maxime, préfè-
rent l'inutile.
C'est ainsi que nous payons quelques
braves gens, sans doute décorés comme il
convient, dont voici les fonctions, d'après
Ruy Blas :
Artiste titulaire (?) dû lîuréâu des
longitudes ; appointements fr. 4.000
Inspecteur des antiquités et objets
d'art- ; appointements. 4.000
Courrier -du sous-seorétariat' des e
beaux-arts ; appointements. 2.800
Essuyeur à T Administration des
journaux officiels ; appointements.. 2.500
Mécanicien en chef des étabJisse-'
ments de bienfaisance appointe-
ments 2.200
Inspecteur des chantiers ; appoin-
tements. ; 6.000]
Ruy Blfis nous assure que la liste pour-
rait être continuée. que no le fait-il ? Il
jetst vraiment dommage de ranrêter- en si
bon chemin.
Aussi, qu'il nous permette une simple
iquestion visant un seul fonctionnaire :
Combien touche le vérificateur des res-
sorts du canapé de M. Augagneur ?
QUESTIONS SOCIALES
, ,
Les Transports Bunommun de Paris
t PQ i i duoput n un uuMmimj ne rdt 10
$mmm t —
Historique de la QUetioQ.
La qu-estion des transports en commun
de Paris entre en ce moment devant le
conseil municipal, dans la période déci-
sive. Le moment est venu de suivre les
phases de la réorganisation des omnibus
et des tramways avec toute l'attention que
mérite un service public présentant un si
haut intérêt pour la population parisienne.
Il convient d'abord de présenter un bref
historique. La concession de la Compagnie
des Omnibus, donnée en 1860, expire le
31 mai 1910. Il est superflu de rappeler
comment cette Compagnie a compris
l'exercice de son privilège. Il n'est pas un
Parisien qui ne soit, là-dessus, pleinement
édifié. Pendant cinquante ans, on a vu les
mêmes v-oitwçs mitonner les rues de Pa-
ris ; et aJors que tout se modernisait dans
la capitale, c'étaient, à peu de chose près,
les mêmes pataches que sous le second
Empire, qui tranportaient lentement les
Parisiens d'un point à un autre. Le seul
changement apporté à ces véhicules fut un
agrandissement qui en fit des monstres
dangereux pour la circulation. Mais cette
modification, entraînant, - à nombre égal
de voyageurs, une économie de personnel
et d'animaux, était avantageuse pour la
Compagnie et non pour le public. Ajou-
tons que l'administration a également
transformé les casquettes des conducteurs.
Tel est le bilan des perfectionnements en-
registrés pendant ces cinquante ans de
concession.
Aussi savons-nous dans quel état de
guerre à peu près permanent vécut la
Compagnie des Omnibus avec le conseil
municipal die Pairis. A chaque instant, les
accusations les plus vives sont formulas
à la tribune de cette assemblée contre la
gestion du concessionnaire. On lui repro-
che de dissimuler ses bénéfices pour éviter
le partage avec la ville. On le représente
comme occupé surtout de spéculation sur
les terrains, sur les fourrages et sur la ca-
valerie, et non pas d'assurer les trans-
ports. Les choses en Tiennent au point
que, à deux reprises différentes, le con-
seil municipal prononce la déchéance de
la Compagnie. Celle-ci, d'ailleurs, n'en
prend pas souci, sûre de l'appui encore
inexpliqué, mais incontestable de. l'admi.
nistration. Elle continue imperturbable-
ment ses errements, jusqu'au jour où,
voyant approcher la fin de son monopole,
et comprenant enfin que ce n'est pas à ses!
vieilles diligences qu'on en accordera le
renouvellement, elle se décide à monter
ces diligences sur des châssis d'automobi-
les, et nous dote de ces extraordinaires
autobus qui font fuir les passants, ébran-
lent les maisons et enfoncent les maga-
sins.
# *
Mais si la Compagnie se montrait par-
faitement indifférente aùx réclam' ations de
la population parisienne, eJle" déployait
en revanche, dans la sauvegarde de ses
intérêts," l'activité la plus âpre. C'est ainsi
qu'elle s'opposa de tout son pouvoir, et
avec succès bêlas 1 au projet de métropo-"
litaén présenté en 1886. Eile trouva même'
à cette époque peu-r se défendre, les ar-
guments les plus inattendus. Il en est
qu'il faut citer, pour bien connaître la
Compagnie : c'est ainsi quelle présentait
à cette époque, dans un mémoire, des ob-
servations comme celle-ci : « Le métropo-
litain du gouvernement peut aspirer, dans:
un avenir éloigné, à un mouvement an-
nuel de 50 millions de voyageurs. » Or, en
1908, le métropolitain a transporté 230
millions de voyageurs. « On paraît croire,
disait encore ce mémoire, qu'il suffit de
aMvelOpPer les moyens de transport là où
ils sont déjà créés, pour qu'aussitôt de
nouveaux voyageurs sortent de terre. »
Mais certainement, on le croit, et l'on a
Jiien saison : la preuve, c'est que la ligne
ituméro 2 du métropolitain a quintuplé,
la recette effectuée par la Compagnie des
Omnibus sur lé même trajet. Quand on
lit de telles affirmations, on n'a le choix
qu'entre rincompétence et la mauvaise
loi.
Le projet de métropolitain de 1886 fut
repoussé sur la promesse faite par la
Compagni-e de créer un « métropolitain
tramway « et des services de gare à gare.
et, dès que cette concurrence eut été écar-
tée, la Compagnie oublia complètement
ses engagements, et ne réalisa ni les uns
ni les autres.
* *
C'est après cette désastreuse expérience
d'un demi-siècle que la Ville de Paris est
appelée à réorganiser ses transports en
commun. Dès le mois de juillet 1902, une
des assemblées délibénantes de Paris, at-
tirant sur ce point l'attention du préfet fie
la Seine, le 31 décembre 1808, sur le rap-
port de M. Duval Arnaud, le conseil mu-
ÓicipaI, en se refusant à formuler un avis
sollicité par la Compagnie des Omnibus
llu sujet de la réorganisation de son ré-
seau, exprimait ses vues sur le régime à
adopter après l'expiration des concessions..
C'élait s'y prendré en temps utile, pour
assigner normaiement un changement d'ex-
ploitation. Mais la tactique de la Compa-
gnie dies Omnibus a toujours été de ga-
gner du temps, et d'arriver à acculer les
pouvoirs publics à la nécessité de traiter.
le nouveau avec elle, faute des délais né-
Issaires pour qu'un nouveau concession-
naire puisse se mettre en. mesure de se
substituer à eMe. Toutes les tentatives fai-
tes pour aboutir en temps voulu se heur-
tèrent aux inerties de l'administration et
aux complications soulevées par elle. il
faudrait un volume pour reproduire les dé-
libérations, rapports, mémoires, lettres
ministérielles, etc., qui aboutirent enfin,
dans le courant de la présente année seu-
lement, à une mise au concours des ser-
vices de transport de la capitale. Nous
verrohs, dans un prochain article, quelle
mite fut donnée à ©e projet.
Un Contrôleur.
onJj$$e$ des efJambn,
- ■■ —
Le scrutin de liste
On mène grand bruit autour du projet
prêté à M. Hector Dép £ fSse,rde déposer une
proposition de loi ayant pour objet le ré-
tablissement du scrutin de liste.
Le député de Neuilly, interviewé, a dit :
« Je n'ai pas besoin de déposer un pro-
jet nouveau. Je n'ai qutà reprendre la pro-
position que j'ai déposée dès mon arrivée
à la Chambre, en 1906. Dès cette époque,
j'étais convaincu de la nécessité de reve-
nir au scrutin de liste, qui est -le mode de
scrutin républicain par excellence.
m En votant mon projet, la Chambre fe-
rait un acte raisonnable. Il y a une ma-
jorité contre le scrutin d'arrondissement. Il
est condamné, il est honni ; on peut dire
qu'il est mort virtuellement. Est-il possible
d'aller devant les électeurs avec une pa-
reille loque ? Je né le crois pas. Maie je
ne vais pas jusqu'à la représentation pro-
portionnelle, car ce système est nouveau.
Mais je n'en suis pas l'adversaire systé-
matique. Je ne suis pas hostile à une re-
présentation des minorités.
« Quoi qu'il en soit, le débat ne viendra
pas devant la Chambre avant le mois de
janvier..
« J'ajoute que le groupe de la in*f*■orme
électorale, que préside M. Ferdi.nand Buis-
son est d'accord avec le mien. Nous esti-
mons qu'il faut faire quelque chose, une
réforme électorale, dès 1910. r
La revision douanière
M. Ceccaldi a déposé un article addition-
nel au projet de revi-sion douanière.
Les produits d'origine ou de-provenance
_cors, sont admis en franchise sur le ter-
ritoire métropolitain.
Une cour supérieure coloniale
- M. F. Dekmcle et plusieurs de ses coî-
lègnes demandent qu'il soit créé un cour
Nunérieure coloniale..
: Leur proposition est ainsi rédigé :
« A partir du premier janvier 19'10, les
budgets locaux des colonies d'Indo-Chine,
Madagascar, Afrique occidentale française
et Con^?o sont imposées d'une contribution
spécisdé annuelle, de 215.000 franco inscrite
à la section dies dépenses obligatoires, en
vue de la constitution à Paris d'une cour
supérienre coloniale dont l'organisation et
Te fonctionnement seront-réglés par décret,
et.qui sera chargée de connaître des pou-
voirs formés tant en matière civile indi-
gène qu'en matière pénale indigène contre
les arrêts ou jugements rendus en dernier
ressort par les cours ou les tribunaux des
colonies et faisant application des lois,
coutumes et usages indigènes reconnus par
la République française.
« Les membres de cette cour seronTsou-
mis aux dispositions de la loi du 9 juin
1853 et du décret du 1- mars 1852.
Les contributions ci-dessus indiquées se-
ront réparties comme suit entre les bud-
gets locaux : Infio-Chine, 75.000 francs ;
Madagascar, 50.000 francs ; Afrique occi-
dentale française, 50,000 francs ; Congo,
40/000 francs.
Il Elles figureront en recettes au budget
de l'Etat, et la dépense correspondante se-
ra inscrite au chapitre 'spécial -du budget
du ministère des colonies.
—— i ■ il.
SANS LU MINITœaS
- ■
A l'Intérieur
M. Briand, président du conseil, a reçu
hier matin une délégation de l'Association
des Femmes de France qui l'a entretenu
de la question du droit électoral pour les
femmes et lui a laissé un cahier de reven-
dications.
M. Briand a promis d'examiner les desi-
derata de la délégation.
Le président du conseil a reçu également
l'amiral Boué de Lapeyrère, ministre de
la marine ; M. Barthou, ministre de la
justice, et M. Geoffroy, ministre de France
au Caire.
Aux Affaires étrangères
.M. Pichon, ministre des affaires étran-
gères, a reçu hier soir, à six heures et de-
mie, les ambassadeurs marocains qui doi-
vent on le sait, lui remettre une réponse
définitive sur .tous les poins énoncés dans
la note française.
Au TravaU
H. Peyronnct, chef de cabinet du. mi-
nistre du travail, est nommé directeur duc
cahine-t et du peroonnel, en remplacement
dè M. Metin, élu député.
M. Henri Rivet, chef du secrétariat par-
ticulier, est nommé chef du cabinet.
M. Edouard ValodleT. 'So-cbl"f du csir
binet, est nommé chef du secrétariat par-
ticulier.
1 Aux Colonies
M. Arnaud, inspecteur général des colô>
nies, directeur par intérim du contrôle aii
ministère des colonies,, est - de.
fonctions de contrôleur des dépenses cIt-
gagéesrdu ministère des colonies, pendant'
l'absénce 0e l'inspecteur général Picquié;
d^peTê 5 exercer temporairement les ronci.
tions de gouverneur général de l 'Indot'
Chine,
CINQ CENTIMES LE - NUMERO
DIMANCHE 28 DECEMBRE 1909. — 1143SÇ
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aiwnoivces
AUX BUREAUX DU JOURNAL
53, rae du Cbâteau-d'Eau — Paris.
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ADMINISTRATION & RÉDACTION: 53, rue du Château-d'Eau: Téléphone 438-14. — De 9 heures du soir à 2 heures du matin, 123, rue Montmartre : Téléphoné 143-93
TRtBUNEUBRB -
m
REFORMISME CLERICAL
- ii S ■>>!■ > ■ ■ ■
Un vent d'altruisme social
souffle au camp clérico-con-
servateur. Les millions s'é-
meuvent. Les 40 HP. suspen-
dent leur course dératée,
pour ouîr les doléances de la
misère humaine. M. Amette est pris d'ir-
résistibles sympathies pour les garçons
boulangers. Et ne sommes-nous pas
itous frères en Jésus-Christ ? La mort
fait-elle la distinction des origines et
Ses privilèges ? N'a-t-elle pas vu des
prolétaires, au bazar de la Charité, sau-
ver au péril de leur vie des marquises
et des comtesses ? Et si leur bel exploit
ne les a pas empêchés de mourir de
faim par îsrsmre, la noblesse en est-
jelle diminuée du chef de cette mésaven-
ture ?
C'est de tous les côtés un concert de
lendresses et d'effusion populaire. Il
y a quelques semaines, au Sénat, M. rde
Lamarzelle, avec cet aplomb qui n'ap-
partient qu'aux gens de foi, dénonçait
l'impuissance radicale à réaliser les ré-
formes sociales. Il revendiquait l'hon-
neur pour son parti, de les avoir toutes
inscrites à son programme, d'être seul
en état d'en résoudre les difficultés.
Dans une anticipation éloquente, il
annonçait la venue du roi, seule auto-
rité capable de faire le bonheur de la
nation française, livrée à d'indignes ex-
ploiteurs. -
Ces énormités s'étalent sur tous les
murs avec leur codicille obligatoire, la
signature du Soulouque îles Trullières,
au bout d'une épître de félicitations re-
oonnaissantes, car la réaction fait, en
ce moment, une débauche étrange de
placards et d'affiches. On sent venir Jos
élections. Ir" ne faut pas se faire ou-
blier. Questions sociales, questions d'en-
seignement, sont traitées avec la hau-
teur de vues particulière à nos adver-
saires. Tantôt ce sont des discours en-
tiers, tantôt des citations heureusement
choisies où on voit J.-J. Rousseau, M.
Combes et Ravachol, un peu stupéfaits
(Je voisiner ainsi, confesser la gloiile
céleste et vitupérer les forfaits de l'E-
tole sans Dieu.
# Hier, en l'honneur des boulangers,
M Amette tenait un meeting filtré, bien
entendu et bien pensant, où la démo-
cratie chrétienne s'était donné rendez-
vous. t
On a déploré l'état d'esprit du peu-
ple ouvrier qui tient l'Eglise pour sa
pire ennemie. Sur quoi certain juris-
consulte, d'âme peu fruste, a pris la li-
berté de justifier le peuple de cette hos-
tilité. Il s'est tourné vers les députés
ide droite, nombreux à la séance. « Ce
n'est point la faute du prolétariat, leur
a-t-il dit. C'est la vôtre, Messieurs. Vous
avez laissé à la majorité blocarde le
soin de faire le bonheur des travail-
leurs. Vous n'avez pas su faire le sa-
crifice nécessaire de vos intérêts. Vous
avez voté contre toutes les lois ouvriè-
res, vous avez creusé le fossé, édifié la
barricade. »
Je ne sais quel accueil bos honora-
bles collègues de droite ont pu faire à
bette fougeuse et verte harangue. M.
o.e Mun, sans doute, a fait un signe
d'assentiment, mais M. de Lamarzelle
a sans doute trouvé la mercuriale inop-
portune.
Car si l'on y réfléehit, M. Jay, l'ora-
teur en question, a pu se mettre ensuite
sous la protection de la soutane archié-
piscopale. Mais en quelques mots, il a
fait, avec une rudesse subversive, tout
te procès de son parti.
Certes, nous ne nous faisons pas d'il-
lusion sur nous-mêmes. Si le peuple
t,st joyeusement venu à nous, républi-
cains, c'est qu'il savait, c'est qu'il sen-
tait bien que nous seuls avions et pou-
vions avoir le sens plébéien indispen-
sable aux réformes qu'il souhaitait. Et
s'il a délaissé l'Eglise, c'est qu'il a 'pu
constater par une expérience doulou-
reuse et constante, ce - que valaient ses
protestations de sympathie démocrati-
que. C'est qu'il l'a vu solidaire de tou-
tes les autorités abusive (je toutes les
'dictatures répressives, de tous les privi-
lèges oppressifs, lès lors qu'ils consen-
taient à rendre hommage au dogme et
it ses ministres.
11 sait qui a provoqué la; Révolution
dû 1836 ; il sait qui a étouffé traîtreuse-
ment la trop confiante République de
1848, qui; a béni l'Empire, après .nous
avoir infligé l'humiliation ce la loi Fal-
loux et de l'expédition de Rome ; il sait
qui a fait Mentana ; il sait qui hurhit
à la mort après la Commune ; il sait
que dans toutes les agitations, toutes les
conspirations qui ont secoué la troi-
sième République, le clergé catholique
s'est trouvé du côté du désordre ou de
l'imposture. Il sait aussi pourquoi et
pour qui l'armée des frocs s'était mobi-
lisée et que ce n'était pas pour faire
son bonheur et hâter la réforme socia-
le.
H est tout 3e même des leçons qui
ne se perdent point : au grand regret du
Rflint.-Pprp, nous pnspitrnnnc-l 'histoire.
L'enseignement porte ses fruits. Qu'un
philosophe, qu'un professeur comme M.
Jay s'étonne de constater certaines in-
compatibilités, que son idéalisme les
concilie dans les sphères supérieures de
la doctrine cela n'a rien que d'expli-
cable.
Mais il y a ïïans l'histoire 'des fata-
lités qu'on ne remonté pas. Pas plus
que le catholicisme romain ne peut re-
venir à la pureté du christianisme ori-
ginel, pas plus la démocratie, force
d'affranchissement et principe d'uni-
verselle liberté, ne peut se réconcilier
avec la foi traditionnelle e* ses préten-
tions tyranniquement dogmatiques.
H est beau, d'ailleurs, et chrétien de
faire le bien sans espoir de récompen-
se : c'est le sort qui attend l'action so-
ciale des conservateurs. Qu'ils soient
bien certains quë dans l'accomplisse-
ment de notre œuvre, nous ne rabroue-
rons pas leur zèle 3e néophytes, et -que
nous n'entendons pas plus détenir le
monopole 3e la solidarité humainé,
qu'imposer par la violence celui de no-
tre- penser.
T. STEEG.
Député de la Seine.
;
LES ON-DIT
» » <
NOTRE AGENDA
uiourd'hul samédi :
Lever du soleil à, 7 h. 55 du matin.
Coucher à 4 h. 5 du soir.
Courses à Vincennes (trot.)
AUTREFOIS
Le Rappel 'du 26 décembre 1873 :
Hier, le condamné Bazaine n'avait pas
encore quitté Trianon.
— Le guide Orteig, de Pau, réputé com-
me un marcheur hors ligne, a parié de se
rendre de Pau à Paris à pied, en huit iours.
Il est parti dimanche de la place Royale
de Pau, à deux heures, en présence d'une
foule considérable.
Une charrette, dans laquelle avait pfis
place une personne chargée de veiller à ce
que tes conditions du pari soient bien rem-
plies, est partie en même temps que lui.
— On mande 'de "New-York à la date du
23 décembre, qu'Ignace Gonzalès a été élu
président de la République de Saint-Do-
mingue.
— Le tribunal du cercle de Posen a con-
damné Varchevêque Ledochowski à 9.900
thalers d'amende, pour avoir procédé, illé-
galement, à la nomination de onze ecclé-
siastiques.
— M. Bécus, maire de Ginestas, a été
suspendu de ses fonctions pour avoir pris
part à une réunion publique.
- La réunion des députés de l'Appel au
Peuple a décidé qu'elle voterait contre la
proposition de M. Courcelles, relative à l'a-
îournemeni des élections partielles.
— Le ministre de la guerre engage lets
commandants de corps d'armée à recher-
cher ceux des anciens hôtels de généraux
qui pourraient être transformés en biblio-
thèque avec cercle.
— Le percement du col de Tende, qui
avançait rapidement à raison de 1 mètre
par jour sur le versant de Limonei vient de
rencontrer de ce côté un grave obstacle
causé par l'invasion des eaux.
— Par décret en date du 28 'décembre,
M■ de Chennevières, conservateur du mu-
sée du Luxembourg, est nommé directeur
des beaux-arts, en remplacement de 'M.
Charles Blanc.. 1(
Les Sanlho dé Noël. -.
Les Sapins dè Noël.
Une véritable forêt" une forêt dô sapins
verts aux aiguilles fraîches et lisses vient
de surgir, en une nuit, sur le terre-plein
du marche aux fleurs de la Madeleine.
Et c'est une impression très étrange (pue
l'on éprouve quand à l'extrémité du bou-
levard parisien, on voit soudain se dresser
cette vision de paysage montagnard.
C'est que parmi ces arbres destinés aux
fêtes de Nom. il en est de fort élevés, et
qui semblent vouloir rivaliser avec les ',,
tanes municipaux. Il faudra, pour hospi-
taliser ceux-là, des halls gigantesques, des
salles de spectacles aux vastes propor-
tions. Mais il en est aussi de minuscules,
de petits arbres nains qui seront comme
des jouets aux mains des tout-petits.
Arbres de Noël, sapins toujours verts,
image et symbole de notre éternel besoin
de rêve 1
Mitre et Mitrons.
Le oestume des boulangers devenue si
chers au tendre cœur de l'archevêque de
Paris, était, autrefois, réglementé. On le
décrit ainsi : chemise, caleçon sans haut-
de-c.lJ.:;u&se, bonnet blanc, de façon à être
toujours prêt au travail et dans l'empêche-
ment de sortir.
Certains prétendent que c'est à cette te-
nue de travail, qui les couvrait seulement
à mi-tronc, que les ouvriers boulangers
doivent le surnom de mitrons.
Mais cette étymologie est contestable, il
est plus logique de supposer que If mitron »
doit son origine à la coiffure primitive des
boulangers : un bonnet en forme de mitre.
Sa rue, son musée.
On nous réclame une rue d'Ennery. Mais
il en existait une, il y a vingt-cinq ans 1
On n'en a plus voulu.
Vers 1883, aux quatre angles de la rue
Crevaux, sur des plaques bleues, on pou-
vait lire le nom de d'Ennery, qui venait'
d'être donné, par ses constructeurs, à cette
voie nouvelle ; mais vers 1887, la rue ayant
été classée, le Conseil municipal d'alors
remplaça le nom du dramaturge, qui av
le tort de n'être pas encore mort, par celui
du docteur Crevaux, qui venait d'être as-
sassiné quelque part sur le Maranan par
des Indiens Tobas.
Adolphe d'Ennery habitait un hôtel en
bordure de l'avenue du Bois et de la rue
Crevaux. Il était l'un des gros propriétai-
res du quartier, d'où l'honneur qu'on lui
faisait. Aujourd'hui, son hôtel est devenu,
par sa volonté, un musée japonais qu'en-
combrent des bibelots généralement à
treize sous et où personne ne se risque.
Le musée, c'est déjà beaucoup : on en est
quitte, cependant, pour n'y pas aller. Mais
la rue, merci î Il y faudrait passer..,.
Courses turques.
Décidément, les Tures veulent tout avoir.
Ils se ruent sur les « bienfaits de notre
civilisations occidentale ». Heureux les peu-
ples candides.
Voilà qu'on annonce, à présent, l'institu-
tion d'un champ de courses à Constanti-
nople.
Le termin est choisi. Il s'appelle Kia-
thané. Il y aura bient'ôt piste, paddock, tri-
bunes, et, bien entendu, pari-mutuel, à
l'instar de Longchamp.
Et avant peu les rues de Péra seront
sillonnées, le soir, par des gaillards aler-
tes, qui crieront à tue-tête : « Péré-Sport ! »
Comme ici. ,,-
Recommandations imprudentes.
Ne faites pas de recommandations im-
prudentes ou inutiles à votre femme, ne
cesent de nous répéter nos poètes gau-
lois, d'antan.
Un jeune -homme, époux d'une Agnès,
Forcé d'aller aux champs, la pria d'être honnête.
— Si quelque autre que moi jouit de tes attraits,
Il me viendra, dit-il, des cornes à la tête.
- Des cornes ? Que dites-vous là
Revenez comme vous voilà
J'aime bien mieux être fidèle. »
Il part; à son retour, qu'elle trouva trop prompt,
Ne M voyant rien sur le front :
— Ah ! qu'il est menteur 1 lui dit-elle.
Confucius et les taxis.
Décidément, les Chinois oni tout inventé
avant nous ! Voilà qu'on nous retire la
gloire d'avoir découvert le taxi, la plus
noible conquête de l'homme après le che-
val. Dans une conférence récente, le pro-
fesseur Giles, de Cambridge, nous apprit
que le taxi était connu en Chine depuis
plus de deux siècles ! On ne peut affirmer
rigoureusement que Confucius ait connu
cet instrument de supplice, mais on trouve
une description très complète d'une voiture
à compteur dans l'histoire de la dynastie
des Chinois. Il &'agit, il est vrai, d'une
voiture publique. A l'achèvement de cha-
que li (c'est-à-dire environ tous les demi-
kilomètres), un petit bonhomme en bois,
assis sur le siège à côté du conducteur,
frappait un coup sur une grosse caisse,
tandis que tous lès dix li une homme placé
à l'impériale tapait' sur un gong.
On ne dit pas ,malheureusement, quel
était le tarif.
L'âne et le curé.
N'est-elle pas toujours amusante cette
épigramme de Saint-Gelais ?
Notre vicaire, un jour de fête.
Chantait. un agnus gringotté
Tant qu'il pouvait, à pleine tête,
Pensant d'Annoté être écouté.
Annette, de l'autre côté,
Pleurait attentive à son chant.
Donc le, vicaire, en s'approchant,
Lui dit : — Pourquoi pleurez-vous, pelle ?
— Ah ! messire Jean, ce dit-elle,
Je pleure un âne qui m'est mort
Qui avait la voix toute telle
Que vous quand vous criez si fort J
—
Souliers de Noël
■ Kl
Les hommes politiques, tout comme nos
enfants, nos sœurs et nos femmes — ont
leurs petits Noëls.
Et bien que la surprise soit la moitié
du cadeau, quelques-uns d'entre eux ne
nous en voudront pas de leur dire, vingt-
quatre heures d'avance, quel joujou ils
recueilleront :
S. S. Doumer recevra un grand Lama
empaillé par M. Méline ;
M. Leboucq aura un petit chemin de fer
00. laiane
M Etienne trouvera un omnibus pan-
sien transportant une cargaison de pfios-
phates algériens ;
A M. Thomson écherra un bateau explo-
sible et à renversement, chargé d'une
commande de chaudières ;
M. Rouvier acceptera la photographie du
baron Reinach, avec dédicace des-action-
naires de Panama;
M. Feron ouvrira un flacon de ko1a; As-
tier et M. Ceccaldi un paquet de camo-
mille ;
Quant à M. Ruau, il jouera « à dada »
avec un petit cheval'd'ébène I
Et M. Simyan sourira à un f.a.ntÓmté'
conduisant une 40 H-P, tandis que M. Mil-
liès-Lacroix se verra octroyer une bou-
teille d'eau thermale enveloppée dans une
pièce de cotonnade, portée par un petit
nègre monté sur des échasses landaises.
--- a -
eFO$$e er) l'Air
■ -
Pendant que la mitre de M. Amette se
plonge dans le pétrin parisien, la crosse
de M. Andrieu tourbillonne dans l'air bor-
delais.
« Je n'ai pas deùx paroles ? je m'en
tiens à celle que j'ai dite au juge d'ins-
truction lorsque je lui. ai déclaré que je
regardais la loi de séparation comme
inexistante et que je ne subirais les péna-
lités qu'elle édicté que si j'y étais con-
traint par la force. Je ne connais du res-
te à Bordeaux ou ailleurs aucun catho-
lique capable de se permettre une pareille
ingérence à propos d'une question qui in-
téresse au plus haut point l'honneur de
l'Eglise et la liberté de la parole évangé-
Mque. » -
A Ja veille de l'interpellation de M. Dee-
soye sur les mesures que le gouvernement
compte prendre pour défendre la société
laïque contre la faction romaine, il ne sau-
rait nous déplaire d'entendre de telles pa-
roles. ,
Les mitres épiscopales mêlées aux ca-
lottes des mitrons, et les crosses bran-
dies sont autant de manifestations dont
la démocratie doit se féliciter.
Plus « Ces Messieurs », perdant tonte
flamidienne pudeur, retrousseront leurs ju-
pes pour se jeter dans la bataille, et se
rebelleront contre les lois républicaines,
plus ils renforceront le mouvement Je dé-
fense laïque.
Allons, Mes Seigneurs, la crosse en
l'air !
- —^ ————
les Scandales Gin
m 1* £ -
La gabegie dans les hautes administra-
tions de chemins de fer coloniaux continue
et, une fois de plus, nous entendons parler
de M. Bidel, directeur du chemin de fer et
du port de la Réunion,. qui s'était déjà si-
gnalé à l'attention publique par la consti-
tution d'un ((syndicat jaune» et par l'expul-
sion méthodique des employés du chemin
de fer qui n'étaient pal patronnés par les
cléricaux de la colonie.
M. Bidel vient de rentrer en France et
la situation qu'il laisse derrière lui est si
lamentable que le ministère des colonies
n'a pas osé en présenter l'état aux Cham-
bres.
Il en est résulté une assez vive émotion
dans les milieux parlementaires.
M. Messimy, lui-même, comme rappor-
teur du budget des colonies, n'a pas cru
devoir cacher à ses collègues ses appréhen-
sions. Dans son rapport il s'exprime en
ces termes :
« Il n'a pas été possible à votre com-
mission, malgré trois demandes successi-
ves, d'obtenir des indications claâres et
précises sur la situation du budget annexe
du chemin de fer et du port -de la Réunion,
à la clôture de l'exercice 1908.
1( Des explications aussi laconiques que
confuses que lès services compétents ont
enfin consenti à fournir le 20 novembre, à
une date où il n'était plus possible de re-
tarder davantage l'impression de ce rap-
port, il semble ressortir que le budget an-
nexe, après avoir été en déficit en 1906
et 1907, aurait réalisé en 1908 un excédent
de recettes appréciable.
« Mais on évite de donner à cet égard
les chiffres du rapport présenté par le di-
recteur, alors qu'il eût été si simple, puis-
que le département est en possession du
compte de ce haut fonctionnaire, de four-
nir l'état récapitulati l qui doit y figurer,
comme dans tous les autres documents si-
milaires.
Il Le prétexte que les pièces réclamées
sont soumfses à l'examen d'une commis-
sion dite de surveillance ne saurait suffire
pour mettre le contrôle parlementaire, su-
périeur à tous autres, dans l'impossibilité
de s'exercer. »
C'est net.
Mais des sanctions s'imposent.
Le ministère des colonies osera-t-il ac-
corder une plus longue protection à son.
haut fonctionnaire ?
La parole est à M. Trouillot
♦
L'li)UÉile à l'agréable
■■ "1
Les Latins nous apprirent jM,isi qu'il cet
bon de joindre l'utile à l'agréable.
Nos Fonctionnaires modernes - qui ont
des lettres — renversant la maxime, préfè-
rent l'inutile.
C'est ainsi que nous payons quelques
braves gens, sans doute décorés comme il
convient, dont voici les fonctions, d'après
Ruy Blas :
Artiste titulaire (?) dû lîuréâu des
longitudes ; appointements fr. 4.000
Inspecteur des antiquités et objets
d'art- ; appointements. 4.000
Courrier -du sous-seorétariat' des e
beaux-arts ; appointements. 2.800
Essuyeur à T Administration des
journaux officiels ; appointements.. 2.500
Mécanicien en chef des étabJisse-'
ments de bienfaisance appointe-
ments 2.200
Inspecteur des chantiers ; appoin-
tements. ; 6.000]
Ruy Blfis nous assure que la liste pour-
rait être continuée. que no le fait-il ? Il
jetst vraiment dommage de ranrêter- en si
bon chemin.
Aussi, qu'il nous permette une simple
iquestion visant un seul fonctionnaire :
Combien touche le vérificateur des res-
sorts du canapé de M. Augagneur ?
QUESTIONS SOCIALES
, ,
Les Transports Bunommun de Paris
t PQ i i duoput n un uuMmimj ne rdt 10
$mmm t —
Historique de la QUetioQ.
La qu-estion des transports en commun
de Paris entre en ce moment devant le
conseil municipal, dans la période déci-
sive. Le moment est venu de suivre les
phases de la réorganisation des omnibus
et des tramways avec toute l'attention que
mérite un service public présentant un si
haut intérêt pour la population parisienne.
Il convient d'abord de présenter un bref
historique. La concession de la Compagnie
des Omnibus, donnée en 1860, expire le
31 mai 1910. Il est superflu de rappeler
comment cette Compagnie a compris
l'exercice de son privilège. Il n'est pas un
Parisien qui ne soit, là-dessus, pleinement
édifié. Pendant cinquante ans, on a vu les
mêmes v-oitwçs mitonner les rues de Pa-
ris ; et aJors que tout se modernisait dans
la capitale, c'étaient, à peu de chose près,
les mêmes pataches que sous le second
Empire, qui tranportaient lentement les
Parisiens d'un point à un autre. Le seul
changement apporté à ces véhicules fut un
agrandissement qui en fit des monstres
dangereux pour la circulation. Mais cette
modification, entraînant, - à nombre égal
de voyageurs, une économie de personnel
et d'animaux, était avantageuse pour la
Compagnie et non pour le public. Ajou-
tons que l'administration a également
transformé les casquettes des conducteurs.
Tel est le bilan des perfectionnements en-
registrés pendant ces cinquante ans de
concession.
Aussi savons-nous dans quel état de
guerre à peu près permanent vécut la
Compagnie des Omnibus avec le conseil
municipal die Pairis. A chaque instant, les
accusations les plus vives sont formulas
à la tribune de cette assemblée contre la
gestion du concessionnaire. On lui repro-
che de dissimuler ses bénéfices pour éviter
le partage avec la ville. On le représente
comme occupé surtout de spéculation sur
les terrains, sur les fourrages et sur la ca-
valerie, et non pas d'assurer les trans-
ports. Les choses en Tiennent au point
que, à deux reprises différentes, le con-
seil municipal prononce la déchéance de
la Compagnie. Celle-ci, d'ailleurs, n'en
prend pas souci, sûre de l'appui encore
inexpliqué, mais incontestable de. l'admi.
nistration. Elle continue imperturbable-
ment ses errements, jusqu'au jour où,
voyant approcher la fin de son monopole,
et comprenant enfin que ce n'est pas à ses!
vieilles diligences qu'on en accordera le
renouvellement, elle se décide à monter
ces diligences sur des châssis d'automobi-
les, et nous dote de ces extraordinaires
autobus qui font fuir les passants, ébran-
lent les maisons et enfoncent les maga-
sins.
# *
Mais si la Compagnie se montrait par-
faitement indifférente aùx réclam' ations de
la population parisienne, eJle" déployait
en revanche, dans la sauvegarde de ses
intérêts," l'activité la plus âpre. C'est ainsi
qu'elle s'opposa de tout son pouvoir, et
avec succès bêlas 1 au projet de métropo-"
litaén présenté en 1886. Eile trouva même'
à cette époque peu-r se défendre, les ar-
guments les plus inattendus. Il en est
qu'il faut citer, pour bien connaître la
Compagnie : c'est ainsi quelle présentait
à cette époque, dans un mémoire, des ob-
servations comme celle-ci : « Le métropo-
litain du gouvernement peut aspirer, dans:
un avenir éloigné, à un mouvement an-
nuel de 50 millions de voyageurs. » Or, en
1908, le métropolitain a transporté 230
millions de voyageurs. « On paraît croire,
disait encore ce mémoire, qu'il suffit de
aMvelOpPer les moyens de transport là où
ils sont déjà créés, pour qu'aussitôt de
nouveaux voyageurs sortent de terre. »
Mais certainement, on le croit, et l'on a
Jiien saison : la preuve, c'est que la ligne
ituméro 2 du métropolitain a quintuplé,
la recette effectuée par la Compagnie des
Omnibus sur lé même trajet. Quand on
lit de telles affirmations, on n'a le choix
qu'entre rincompétence et la mauvaise
loi.
Le projet de métropolitain de 1886 fut
repoussé sur la promesse faite par la
Compagni-e de créer un « métropolitain
tramway « et des services de gare à gare.
et, dès que cette concurrence eut été écar-
tée, la Compagnie oublia complètement
ses engagements, et ne réalisa ni les uns
ni les autres.
* *
C'est après cette désastreuse expérience
d'un demi-siècle que la Ville de Paris est
appelée à réorganiser ses transports en
commun. Dès le mois de juillet 1902, une
des assemblées délibénantes de Paris, at-
tirant sur ce point l'attention du préfet fie
la Seine, le 31 décembre 1808, sur le rap-
port de M. Duval Arnaud, le conseil mu-
ÓicipaI, en se refusant à formuler un avis
sollicité par la Compagnie des Omnibus
llu sujet de la réorganisation de son ré-
seau, exprimait ses vues sur le régime à
adopter après l'expiration des concessions..
C'élait s'y prendré en temps utile, pour
assigner normaiement un changement d'ex-
ploitation. Mais la tactique de la Compa-
gnie dies Omnibus a toujours été de ga-
gner du temps, et d'arriver à acculer les
pouvoirs publics à la nécessité de traiter.
le nouveau avec elle, faute des délais né-
Issaires pour qu'un nouveau concession-
naire puisse se mettre en. mesure de se
substituer à eMe. Toutes les tentatives fai-
tes pour aboutir en temps voulu se heur-
tèrent aux inerties de l'administration et
aux complications soulevées par elle. il
faudrait un volume pour reproduire les dé-
libérations, rapports, mémoires, lettres
ministérielles, etc., qui aboutirent enfin,
dans le courant de la présente année seu-
lement, à une mise au concours des ser-
vices de transport de la capitale. Nous
verrohs, dans un prochain article, quelle
mite fut donnée à ©e projet.
Un Contrôleur.
onJj$$e$ des efJambn,
- ■■ —
Le scrutin de liste
On mène grand bruit autour du projet
prêté à M. Hector Dép £ fSse,rde déposer une
proposition de loi ayant pour objet le ré-
tablissement du scrutin de liste.
Le député de Neuilly, interviewé, a dit :
« Je n'ai pas besoin de déposer un pro-
jet nouveau. Je n'ai qutà reprendre la pro-
position que j'ai déposée dès mon arrivée
à la Chambre, en 1906. Dès cette époque,
j'étais convaincu de la nécessité de reve-
nir au scrutin de liste, qui est -le mode de
scrutin républicain par excellence.
m En votant mon projet, la Chambre fe-
rait un acte raisonnable. Il y a une ma-
jorité contre le scrutin d'arrondissement. Il
est condamné, il est honni ; on peut dire
qu'il est mort virtuellement. Est-il possible
d'aller devant les électeurs avec une pa-
reille loque ? Je né le crois pas. Maie je
ne vais pas jusqu'à la représentation pro-
portionnelle, car ce système est nouveau.
Mais je n'en suis pas l'adversaire systé-
matique. Je ne suis pas hostile à une re-
présentation des minorités.
« Quoi qu'il en soit, le débat ne viendra
pas devant la Chambre avant le mois de
janvier..
« J'ajoute que le groupe de la in*f*■orme
électorale, que préside M. Ferdi.nand Buis-
son est d'accord avec le mien. Nous esti-
mons qu'il faut faire quelque chose, une
réforme électorale, dès 1910. r
La revision douanière
M. Ceccaldi a déposé un article addition-
nel au projet de revi-sion douanière.
Les produits d'origine ou de-provenance
_cors, sont admis en franchise sur le ter-
ritoire métropolitain.
Une cour supérieure coloniale
- M. F. Dekmcle et plusieurs de ses coî-
lègnes demandent qu'il soit créé un cour
Nunérieure coloniale..
: Leur proposition est ainsi rédigé :
« A partir du premier janvier 19'10, les
budgets locaux des colonies d'Indo-Chine,
Madagascar, Afrique occidentale française
et Con^?o sont imposées d'une contribution
spécisdé annuelle, de 215.000 franco inscrite
à la section dies dépenses obligatoires, en
vue de la constitution à Paris d'une cour
supérienre coloniale dont l'organisation et
Te fonctionnement seront-réglés par décret,
et.qui sera chargée de connaître des pou-
voirs formés tant en matière civile indi-
gène qu'en matière pénale indigène contre
les arrêts ou jugements rendus en dernier
ressort par les cours ou les tribunaux des
colonies et faisant application des lois,
coutumes et usages indigènes reconnus par
la République française.
« Les membres de cette cour seronTsou-
mis aux dispositions de la loi du 9 juin
1853 et du décret du 1- mars 1852.
Les contributions ci-dessus indiquées se-
ront réparties comme suit entre les bud-
gets locaux : Infio-Chine, 75.000 francs ;
Madagascar, 50.000 francs ; Afrique occi-
dentale française, 50,000 francs ; Congo,
40/000 francs.
Il Elles figureront en recettes au budget
de l'Etat, et la dépense correspondante se-
ra inscrite au chapitre 'spécial -du budget
du ministère des colonies.
—— i ■ il.
SANS LU MINITœaS
- ■
A l'Intérieur
M. Briand, président du conseil, a reçu
hier matin une délégation de l'Association
des Femmes de France qui l'a entretenu
de la question du droit électoral pour les
femmes et lui a laissé un cahier de reven-
dications.
M. Briand a promis d'examiner les desi-
derata de la délégation.
Le président du conseil a reçu également
l'amiral Boué de Lapeyrère, ministre de
la marine ; M. Barthou, ministre de la
justice, et M. Geoffroy, ministre de France
au Caire.
Aux Affaires étrangères
.M. Pichon, ministre des affaires étran-
gères, a reçu hier soir, à six heures et de-
mie, les ambassadeurs marocains qui doi-
vent on le sait, lui remettre une réponse
définitive sur .tous les poins énoncés dans
la note française.
Au TravaU
H. Peyronnct, chef de cabinet du. mi-
nistre du travail, est nommé directeur duc
cahine-t et du peroonnel, en remplacement
dè M. Metin, élu député.
M. Henri Rivet, chef du secrétariat par-
ticulier, est nommé chef du cabinet.
M. Edouard ValodleT. 'So-cbl"f du csir
binet, est nommé chef du secrétariat par-
ticulier.
1 Aux Colonies
M. Arnaud, inspecteur général des colô>
nies, directeur par intérim du contrôle aii
ministère des colonies,, est - de.
fonctions de contrôleur des dépenses cIt-
gagéesrdu ministère des colonies, pendant'
l'absénce 0e l'inspecteur général Picquié;
d^peTê 5 exercer temporairement les ronci.
tions de gouverneur général de l 'Indot'
Chine,
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