Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-06-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 juin 1903 30 juin 1903
Description : 1903/06/30 (N12163). 1903/06/30 (N12163).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ X3ËNTIMES le Numéro! PARIS & DEPARTEMENTS
l" '41"<: U. -
Zld ISfturièro CINQ CENTIME^
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NOS LEADERS
Les pétits nuits
Les Félibres et les Cigaliers avaient
demandé à M. Berthelot de présider
leur fête annuelle. Le grand savant
avait accepté tout de suite. C'est qu'il
avait à faire une déclaration intéres-
sante, qui tient en ces quelques mots :
« Je n'ai point de petite patrie, » On
cite, à l'occasion- de la cérémonie
d'hier, ce distique de M. Paul Arène :
C'est pour ne pas perdre l'accent
Que nous fondâmes la Cigale.
Quelle singulière prétention de vou-
loir garder « l'accent ». L'accent, c'est
le souvenir le plus léger, le plus
fragile de la «petite patrie ». Et je me de-
mande quelle figure ont dû faire les
méridionaux qui tiennent à ne pas per-
dre l'accent, en face du septentrional
qui s'écriait : « Je n'ai point de petite
patrie, »
Je ne sais plus qui a dit un jour que
les Parisiens étaient des gens qui n'a-
vaient point de « pays ». C'est la même
idée sous une autre forme. Combien
de Parisiens pourraient invoquer de
très anciennes lettres de naturalisation?
Combien, surtout, seraient endroit de
s'affirmer autochtones?
En tout cas, s'il y a quelques Parisiens
de Paris, ils ne peuvent manquer de se
perdre bientôt dans les flots des Berri-
chons, des Languedociens, des Proven-
çaux, des Normands et des Savoyards
immigrés, qui composent la grande
majorité de la population de la capi-
tale.
Ces Berrichons, ces Normands et
ces Savoyards conservent sans doute
une mémoire attendrie des petites pa-
tries auxquelles ils furent infidèles.
Mais les enfants de ces provinciaux
devenus parisiens auront peine à com-
prendre un sentiment analogue. Ces
enfants vivant dans une ville que tra-
versent les courants les plus divers de
la nationalité française n'auront aucune
tendance particulariste. Leur tradition
3era celle de la France, et quand on
essaiera de les amener à croire que la
Bourgogne ou le Roussillon a besoin
d'affirmer son indépendance et sa per-
sonnalité vis-à-vis de la grande per-
sonne morale qui s'appelle la France,
ils riront ; c'est ce qu'ils auront de
mieux à faire.
Je ne crois pas qu'il s'écoule beau-
coup d'années avant que le sentiment
des petits parisiens soit aussi le senti-
ment des petits provinciaux. Il est clair
que le préjugé des petites patries est à
la veill. de s'éteindre. Les personnes
de bon sens en seront ravies. Car ce
préjugé moribond serait extrêmement
malfaisant s'il gardait la moindre vita-
lité.
Pour s'en rendre compte, il suffit de
relire la collection des articles consa-
crés par M. Maurice Barrès à la Lor-
raine. A en croire cet écrivain, à la
fois nationaliste et particulariste, les
Lorrains ne seraient français qu'en
vertu d'un contrat qu'ils auraient le
droit de déchirer. Par exemple, il y a
quelques milliers d'électeurs nationa-
listes et cléricaux, dans l'Est. La politi-
quedela République leur déplaisant, les
Lorrains auraient licence de reprendre
leur liberté en proclamant l'indépen-
dance de leur province.
La Lorraine n'a-t-elle pas constitué
un royaume autrefois? Pourquoi n'en
constituerait-elle pas urt aujourd'hui?
Sans doute, il faut avoir l'esprit bien
faux pour prendre au sérieux de telles
imaginations. Le fait seulement qu'el-
les aient pu hanter quelques cerveaux
montre pourtant la nécessité de se
préoccuper un peu moins des petites
patries, et un peu plus de la grande :
de la seule qui compte. ,,
Il y a tout cela dans le passage du
discours de M. Berthelot où il est ques-
tion « du savant qui se souvient fou-
jours que la science est le résultat du
travail collectif des hommes, et que le
devoir de chacun de nous est de tra-
vailler sans cesse à diminuer la somme
des maux matériels et moraux dans
humanité ».
Signe des temps : on s'était réuni
pour parler d'un petit coin de terre,
d'un vieux morceau de province : il a
été question d'humanité et de solida-
rité universelle.
Les gardiens des libertés provincia-
les travaillent en vain à rétablir des
barrières que l'évolution économique
a brisées. Les deux derniers siècles ont
comme caractéristique le développe-
ment continu des voies decommunica:,
tion. Sous Louis XIV, notre réseau de
grands chemins était insignifiant. A la
veille de la Révolution, des milliers de
kilomètres de routes s'ouvraient à la
circulation. Les chemins de fer ont en-
suite fait déserter les routes, et aujour-
d'hui, les tramways à moteurs et les
automobiles concurrencent les che-
mins de fer. Ajoutez-y le développe-
ment de notre système de canaux.
Comptez sur les progrès de-la naviga-
tion aérienne.
Vraiment les fidèles des « petites pa-
tries » en sont restés à l'époque où il
fallait dépenser vingt sous pour en-
voyer une lettre de Marseille à Paris.
Maintenant, il est aussi facile de quit-
ter Toulon pour Lille, que d'abandon-
ner la rue Quincampoix pour la rue
de la Grande-Truanderie.
La décentralisation peut être un ad-
mirable progrès à condition de ne pas
chercher ses lois dans la science étroite
et incomplète du Folk-Looe.
Hugues Destrem.
——————————— ——————————
LA CALOMNIE
La calomnie elle-même finit
par mourir, quoiqu'on en dise ;
voyez l'admirable manifestatioa
cM la démocratie lyonnaise, de-
vant le monument de Burdeau,
manifestation que racontent plus
loin nos dépêches.
La calomnie avait bien choisi sa vic-
time, parmi les plus sympathiques, les
plus intéressantes, les plus dévouées à la
République. Burdeau, petit canut lyonnais,
distingué sur son banc d'école par ceux qui
commençaient son éducation, envoyé au
collège, lauréat du concours général, puis
brillant élève de l'Ecole normale, voit la
guerre de 70 interrompre son essor. Il
s'engage, se bat, et retourne à l'école avec
la croix sur la poitrine.
Et puis il devient professeur, député,
président de la Chambre ; c'est là que la
calomnie se charge de l'atteindre, de le
tuer.
Il est mort, soit ; mais que devient la
vieille infâme calomnie ? elle devient l'un
des titres de Burdeau à la reconnaissance
de ses concitoyens. Ecoutez Etienne, écou-
tez Augagneur, écoutez Trouillot, Alape-
tite, Gasquet,Cazeneuve,Boucher,tous ceux
qui portent la parole devant le monument
de cette victime ; tous rappellent avec une
sorte de fierté que Burdeau eut à se dé-
battre entre les tentacules de la pieuvre
Glérioo-rêactionnaii-c^; Augagcet!^ -dit- su-
perbement :
« Burdeau fut calomnié, c'est qu'il voulut
s'affranchir moralement de toute doctrine,
grâce à ses grandes connaissances philoso-
phiques. Les adversaires des républicains
parlent avec mépris des médiocres: ils plai-
santent avec Homais, mais ils ne plaisan-
tent plus avec Voltaire. C'est pourquoi Bur-
deau, lutteur redoutable, fut vilipendé,
injurié, comme l'ont été tous les chefs du
parti républicain. »
La calomnie a beau tisser sa toile d'arai-
gnée ; son travail est vain. Le jour se lève,
et il lui faut rentrer dans sa cave - Ch. B.
L'EMPRUNT MUNICIPAL
Est promulguée la loi autorisant la Ville de
Paris à contracter un emprunt de 170 millions
pour la construction des travaux de construc-
tion du Métropolitain.
LES JUGES DE DUSSBOURG
(De notre correspondant particulier)
Amsterdam, 28 juin.
L'opinion publique est vivement irritée d'une
violation grave des convenances internationa-
les dont se sont rendues coupables les autorités
de Duisbourg dans la Prusse rhénane, M. H.,
aiguilleur des chemins de fer de l'Etat hollan-
dais et citoyen hollandais, qui avait passé sa
jeunesse à Duisbourg, a écrit au maire de cette
ville pour se faire envoyer une pièce. N'obte-
nant aucune réponse, il écrivit plusieurs fois,
mais toujours sans résultat. Enfin, sur le con-
seil de ses supérieurs hiérarchiques, il alla à
Duisbourg pour réclamer personnellement la
pièce à la mairie. Mal lui en prit. A peine ar-
rivé a u bureau, il fut empoigné et passé à
tabac. Il fut ensuite écroué pendant plusieurs
jours et traduit devant le tribunal des éche-
vins, où il a dû répondre du crime « d'avoir
trop importuné monsieur le maire ».
M. H., amené devant les juges, se plaignit
avec indignation du traitement qu'on lui avait
fait subir, mais le président l'interrompit en
lui disant ceci : « Vous n'êtes pas content ?
« Eh bien ! que votre malheureux petit pays,
« grand comme un mouchoir de poche, nous
« fasse la guerre 1 » Et les juges de rire
bruyamment à cette remarque spirituelle. Plu-
sieurs autres insultes furent adressées à la
Hollande, au peuple hollandais et à la reine
Wilhelmine.
Doux pays !
——————————.—
La liste civile austro-hongroise
Wenotre correspondant partfculier]
Budapest, 28 juin.
Le projet de loi réclamant une augmenta-
tion de la liste civile du roi a été retiré. Mais
on a trouvé un autre moyen de remédier aux
difficultés financières de la cour. Il est ques
tion de faire inscrire au budget de la guerre
les dépenses nécessités par l'entretien de la
garde noble hongroise du roi.
GRAVE TENSION
ENIRE LA SERBIE ET LA ROUMANIE
(De notre eorrespomanï particulieri
Bucarest, 28 juin.
Le dernier conseil des ministres réuni sous
la présidence du roi « Carol » s'est occupé de
la grave tension qui s'est produite, entre la
Serbie et la Roumanie. La légation de Rouma-
nie à Belgrade est gardée par des gendarmes,
afin de la protéger contre une attaque du peu-
ple. Il est d'ailleurs question de rappeler le
personnel et de confier la représentation des
intérêts de la Roumanie au ministre plénipo-
tentiaire d'Autriche-Hongrie.
Des concentrations des troupes ont ou lieu à
Ja frontière serbç.
CAUSE-Rif PEDAGOGIOUE
Les Surprises d'une séance
La discussion de la proposition Massé.
- Deux conséquences. — Le mono-
pole de l'enseignement. — Un,
diplôme désormais néces .,
saire. — Un complément
désirable. — La fer-
meture générale
des écoles con-
gréganistes
La séance de- la Chambre, mardi aernier,
consacrée à la discussion de la proposition
Massé, relative aux fausses sécularisations,
nous a ménagé deux bonnes surprises.
La proposition de M. Massé avait unique-
ment pour but, on s'en souvient, de combler
une lacune de la loi du 1" juillet 1901 sur les
associations ; elle a eu surtout pour consé-
.quence, en premier lieu, de faire voter à l'im-
proviste une heureuse modification de la loi du
30 octobre 1886 sur l'enseignement primaire,
et en second lieu d'amener la Chambre à invi-
ter le gouvernement à dissoudre les congréga-
tions autorisées qui favoriseraient la réouver-
ture des établissements congréganistes au
moyen de personnes interposées.
Ce double résultat est fait pour nous réjouir.
La proposition Massé, même après l'amende-
ment que M. Buisson lui a apporté, pour lui
enlever son caractère d'arbitraire est un com-
plément inutile à la loi Waldeck-Rousseau.
Ainsi que l'a déclaré notre ami et rédacteur en
chef Charles Bos, c'est un texte destiné à être
inopérant, inefficace.
Le problème de la fermeture des écoles con-
gréganistes ne peut être résolu franchement et
définitivement que par le monopole de l'ensei-
gnement. C'est une vérité dont la démonstra-
tion s'imposera tous les jours un peu plus.
Mais, en attendant, la gêne va être grande,
— excessivement grande— chez les cléricaux,
pour ouvrir de nouvelles écoles privées.
Le certificat d'aptitude pédagogique
En effet, grâce à l'intervention de M. Mo-
deste Leroy et de AI. Chaumet, la Chambre a
décidé que tout directeur d'école privée sera
tenu, à l'avenir, de produire le certificat d'ap-
titude pédagogique, exigé seulement des insti-
tuteurs publics jusqu'à ce jour.
Le vote de la Chambre ne peut manquer
d'être ratifié par le Sénat dans le plus bref
délai.
Or, le certificat d'aptitude pédagogique est
un examen qui a ses difficultés. Il a jusqu'ici
effrayé les ignorantins des deux sexes.
C'est un examen d'aptitude professionnelle,
comme son nom l'indique. Pour s'y présenter,
il faut avoir 21 ans et justifier qu'on a exercé
pendant deux ans les fonctions d'instituteur.
Les épreuves à subir sont de trois sortes. La
première est une épreuve écrite qui consiste en
une composition française sur un sujet d'édu-
cation. Elle doit être faite en trois heures. Elle
est éliminatoire. Les candidats la redoutent.
Elle. fait échouer à chaque session des stagiai-
aires pourvus du brevet supérieur.
La deuxième épreuve a un caractère essen-
tiellement pratique. Les aspirants sont appré-
ciés à l'œuvre chacun dans leur classe respec-
tive par une sous-commission de trois mem-
bres composée de l'inspecteur primaire et de
deux instituteurs ou institutrices.
Enfin, dans la troisième série des épreuves
dites orales, les candidats sont appelés ; 1° à
critiquer la tenue d'un cahier d'élève apparte-
nant à n'importe quelle école, et 2" à répondre
à des questions posées à propos des épreuves
déjà subies et portant sur des questions d'ordre
pédagogique. L'épreuve pratique est élimina-
toire comme l'épreuve écrite. Le candidat est en
outre ajourné après les épreuves orales s'il n'a
pas obtenu 30 points, chaque épreuve étant
cotée de 0 à 20.
Sécularisations malaisées
Le certificat d'aptitude pédagogique sera,
pour lés congréganistes,plus difficile à acquérir
qu'un habit laïque. Les sécularisations hypo-
crites vont devenir malaisées.
La médiocrité des bons frères et des bonnes
sœurs au double point de vue de l'instruction
et de la valeur professionnelle est si grande que
la plupart seront certainement incapables d'af-
fronter tout de suite cet examen avec des chan-
ces de succès. Leurs plus chauds défenseurs
ne l'ignorent pas.
Aussi, vous allez entendre leurs protestations 1
Ils vont crier à la tyrannie, alors que la me-
sure est inspirée par le plus parfait esprit de
justice.
La loi restera même encore, il faut le dire,
moins exigeante à l'égard de l'enseignement
privé que de l'enseignement public. Dans les
écoles publiques, le titulaire de chaque classe
est tenu d'être pourvu du certificat d'aptitude
pédagogique — le C. A. P comme on dit familiè-
rement.
Dans les écoles privées, ce titre ne sera de-
mandé qu'au directeur de l'établissement ; les
adjoints continueront à en être dispensés. Il
serait cependant raisonnable de mettre tout
éducateur en demeure de résigner ses fonc-
tions si, au bout d'un certain laps de temps,
cinq ou six ans, par exemple, il n'avait pu
obtenir le diplôme certifiant que ses capacités
sont suffisantes.
Il n'est pas probable que le Sénat, se ren-
dant à cette raison, établisse la - plus complète
égalité au point de vue des titres entre les
membres de l'enseignement public et les mem-
bres de l'enseignement privé. Mais s'il lefai-
sait,nous applaudirions de grand cœur, et vi-
goureusement.
Une réforme féconde
Ce serait une garantie de plus pour les fa-
milles dont les enfants fréquentent les écoles
primaires. Ce serait surtout un rude coup pour
l'enseignement congréganiste ; l'insuffisance de
tous ses maîtres, ignorée du public, éclaterait
à tous les yeux.
Sans doute, des études laborieuses imposées
parles supérieurs des congrégations et favori-
sées par le genre de vie des communautés reli-
gieuses finiraient par permettre aux ignoran-
tins de réussir au C. A. P. ; et ainsi la néces-
sité dans laquelle ils auraient été de se perfec-
tionner, aurait, en définitive,pour effet4'élever
le niveau de leur enseignement.
Mais il né faut pas perdre de vue que leur
embarras momentané contribuerait à la déca-
dence de leurs écoles.
Faute de maîtres pourvus du C. A. P., une
foule de leurs classes devraient être fermées,
ce qui préparerait la fermeture de toutes.
La mesure qui s'impose --
Cette fermeture générale s'impose. Il faudra
bien se résoudre à l'ordonner. Cela viendra;
Que nos amis prennent patience. Quand le sort
des congrégations non autorisées sera réglé, il
sera statué sur celui des congrégations dont
l'existence est régulière. Le gouvernement, avec
un décret, peut les disperser. La politique aeà,
tuelle doit logiquement conduire à ce résultat.
C'est vers lui que nous achemine la motion
Buisson, votée mardi dernier. On sait qu'elle
invite le gouvernement à dissoudre les congré-
gations autorisées qui, grâce à la complicité de
personnes interposées, rouvriraient des établis-
sements fermés. Cette motion est un point de
départ pour des mesures nouvelles. Elle a ime
extrême importance. Elle met le gouvernement
dans l'obligation de sévir contre les congréga-
tions qui feront acte d'hostilité. On visera en-
suite celles qui se feront toutes petites et bien
sages pour se faire épargner. C'est inévitable.
Il y va de l'avenir de la démocratie républi-
caine et de l'esprit laïque. ,
Nous ne saurions oublier que ces congréga-
tions autorisées font en ce moment l'éducation
d'un million d'enfants. C'est un million d'en-
fants élevés dans la haine des institutions ac-
tuelles et des principes de la Révolution. C'est
un million d'enfants qu'il fautaffranchir.
Le gouvernement est engagé dans la bonne
voie. Il y est vivement soutenu et. poussé par
la majorité. Il n'a aucune part aux mesures
votées mardi passé par la Chambre, puisque ni
le contre-projet Modeste Leroy ou Chaumet, ni
la motion Buisson, ni même la proposition
Massé n'émanent de son initiative.
Mais, s'il n'a pas l'intention de toutes les
choses qu'il fait, il accomplit sa besogne avec
courage et avec ardeur.
C'est beaucoup. Ses actes seront au besoin
conformes au vœu de M. Buisson et de la
Chambre. C'est le grand point.
ARMAND DEPPER.
A. M. C. à F. — Est-ce le moment d'aborder ce
sujet? Ne vaudrait-il pas mieux attendre la dis-
cussion du budget et la veille des promotions ?
A un instituteur rural Calvadosien. — Vos com-
munications m'intéressent toujours vivement, et
je les utilise parfois, vous le savez. Si l'actualité
le permet, j'aborderai la question qui vous préoc-
cupe. Ayez pleine confiance dans notre discrétion.
A. M. D., rue L. — Merci de vos bons offtces,au
nom du Rappel. En m'offrant un compte rendu
détaillé des fêtes de V ersaille, vous allez au-devant
de nos désirs, *
A M. H. de P., rue L. — Je recevrai avec plaisir
et j'utiliserai les documents que vous êtes en état
de m'adresser. Je reviendrai sur ce sujet à la pro-
chaine occasion. — A. D,
AU PILORI!
Le jugement du tribunal de Tours, dans
l'affaire du Bon Refuge, est à peine rendu, que
déjà la sinistre geôlièret condamnée par
tous.
Il est impossible de ne point frémir d'indi-
gnation et tressaillir de dégoût au récit des
atrocités auxquelles elle s'est complue. Comme
le disait naguère L. Victor-Meunier, les sévices
exercés sur les malheureuses filles enfermées
dans ce bagne congréganiste dépassent en igno-
minie tout ce qui avait été révélé jusqu'à ce
jour.
Les tortures raffinées inventées par la sœur
Marie-Rose défient la raison. Elles n'ont pu
germer que dans un cerveau satanique, dans
une imagination sadique. Oh! l'ignoble mé-
gère que cette nonne !
Faire coucher des jeunes filles, presque des
enfants.sur la paillasse des mortes, humide en-
core des déjections fraîches, imprégnée de l'o-
deur fétide de la chair en décomposition et du
relent malsain des cadavres ; leur faire avaler
des tartines de bouse de vache ; leur frotter la
figure avec des excréments ; leur égratigner les
joues avec des escargots écrasés et baveux;
leur faire tracer des croix avec leurs langues
sur le sol des cours, le plancher des cuisines, le
fumier des écuries, la paille mélangée de fiente
et de purin. le siège des cabinets.., peut-on
rêver des supplices aussi monstrueux, aussi dé-
goûtants, aussi inhumains?
Plusieurs des martyres de cette macabre en-
diablée ont regimbé. Et alors on a vu ce spec-
tacle : la sœur Sainte-Rose les agenouillant de
force, et paisible s'asseyant sur elles pour les
empêcher de se relever. Tortillait-elle un ro-
saire entre ses doigts en infligeant ces tortures,
etlorsque les malheureuses se relevaient la
figure souillée, la langue en sang, s'imagi-
nait-elle que leurs souffrances étaient agréa-
bles au Seigneur ? 1
La femme qui a conçu et perpétré toutes ces
horreurs n'appartient point à une peuplade
païenne, sauvage, et incivilisée de l'Afrique
centrale. Elle est française, elle est chrétienne,
elle est religieuse. Et froidement, elle a prémé-
dité et ordonné les châtiments les plus barba
res, les sévices les plus révoltants. - Charles
Darcy.
"Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
Poésies inédites de frédérie Le Grand
(De notre correspondant particulierl
Berlin, 28 juin.
M. Mangold a découvert, dans les archives
secrètes de l'Etat à Berlin, plusieurs poésies
inédites de Frédéric II. Elles sont écrites en
français,car l'illustre ancêtre de Guillaume Il
était brouillé avec la grammaire et la syntaxe
allemandes et aurait été incapable de rédiger
convenablement deux lignes de prose dans cette
langue.
Une de ces poésies est une «Epître sur l'huma-
nité». Les derniers vers de ce morceau contien-
nent une allusion aux mauvais traitements que
l'ami de Voltaire a dû subir de la part de son
propre père. Il y a une poésie à la louange du
printemps. L'auteur,dans ce beau morceau,fait
preuve d'un singulier lyrisme. Il reconnait le
réveil de la nature bien moins au chant des
alouettes, qu'à ce fait que les soldats commen-
cent à faire « l'école de compagnie ».
Pourvu que Guillaume II, qui aime tant à
imiter son Illustre prédécesseur, ne se mette
pas à écrire des vers français !
LE COUP D'ÉTAT DE BELGRADE
Dépêches du Tsar et de M. Loubet
Voici le texte des deux dépêches adressées au
roi Pierre I" par l'empereur de Russie et M.
Loubet :
Dépêche du Président de la République :
J'ai reçu le télégramme par lequel Votre Majesté
veut bien m'annoncer que lo vote unanime des
représentants du peuple Serbe l'a élu roi de Serbie.
EUe ajoute qu'ayant prêté le serment constitution-
nal devant la représentation nationale,Elle a pris le
pouvoir royal. Votre Majesté ne peut douter do nos
sympathies particulières pour sa personne et de
nos vœux sincères pour l'accomplissement de la
tâche qu'Elle vient d'assumer.
Je souhaite vivement que votre règne ouvre à la
Serbie une ère nouvelle d'ordre et de prospérité.
ÉMILE LOUBET.
Dépêche du tsar :
La notification de l'avènement au trône de Votre
Majesté était assurée d'avance d'un accueil des plus
sympathiques de ma part. Je suis persuadé qu'avec
l'aide de Dieu, Votre Majesté conduira d'une main
ferme les destinées de son peuple en consolidant
l'ordre et la tranquillité indispensables à sa prospé
rité intérieure, en même temps que des relations
constamment amicales avec nous et lés autres
Etats.
Je tiens à renouveler à Votre Majesté mes vœux
les plus sincères, et j'aime à considérer comme
inaltérables les liens traditionnels qui unissent la
Russie à la Serbie.
NICOLAS.
Un français maréchal de la cour
M. de Rose, colonel français en retraite,
vient d'être nommé par le roi Pierre 1er, maré-
chal de sa cour.
C'est un ami intime du nouveau roi dont , il
lut le camarade à Saint-Cyr.
UNE JOURNEE
PRESIDENTIELLE
Une journée bien rem li- M.Loubet
préside. —Delà Sorbonae à l'Elysée,
par les Tuileries. — Un Président
infatigable. — Les chauffeurs' mé-
mécaniciens, électriciens. -
Gymnastique et instruction
militaire. — Que de fêtes et
quelle chaleur! — Que de
lauréats ! — La « garden
party a de l'Elysée
Nul n'ignore que les plus belles médailles
ont leurs revers; c'est une vérité bien connue,
mais qu'on se plaît à oublier. Quel enfant n'a
pas souhaité devenir Président de la Républi
que ? C'est pourtant une magistrature qui a
ses charges à côté de ses plaisirs.
Prochainement, M. Loubet va affronter des
fatigues que ne pourra supprimer la chaleu-
reuse réception que l'Angleterre s'apprête à lui
faire.
En attendant, et pour s'entraîner, peut-être.
quoique sa vaillance n'ait pas besoin de cet
exercice, M. Loubet a battu hier un véritable
record. Il a commencé par présider,à la Sor-
bonne, la distribution des récompenses de l'As-
sociation des chauffeurs-mécaniciens. Ensuite,
le président s'est rendu aux Tuileries, où avait
lieu le concours national de l'Union des Socié-
tés d'instruction militaire. Ce n'est pas fini.
M. Loubet est rentré à l'Elysée, non pour se
reposer, mais pour faire les honneurs, avec
Mme Emile Loubet, aux invités de la garden-
party qui avait été organisée pour 4 h. de
l'après-midi.
Voici, d'après l'ordre chronologique, les
comptes rendus de ces fêtes.
A LA SORBONNE
La Fédération générale professionnelle des
mécaniciens, chauffeurs, électriciens des che-
mins de fer et de l'industrie, dont le président
d'honneur est M. Lockroy, vice-président de la
Chambre des députés, donnait sa fête annuelle,
hier, à 2 h., au grand amphithéâtre de la Sor-
bonne.
Le Président de la République avait tenu à
honorer de sa présence cette fête du travail. A
2 h., aux accents de la Marseillaise, jouée par
le 5e régiment de ligne, le Président entre dans
l'amphithéâtre et prend place au fauteuil gi £ si^
dentiel. A ses côtés, nous remarquons :
M. Fallières, président du Sénat ; M. Waldeck-
Rousseau, M. Abel Combarieu, secrétaire de la
présidence ; le général Dubois, le colonel Sevestre,
de la maison militaire du Président ; M. Lockroy,
M. Liard, vice-recteur de l'Académie ; M. Mcugeot,
ministre de l'agriculture; M. Autrand, secrétaire
général de la préfecture de la Seine ; M. Lépine,
préfet de police ; M. Bussat, vice-président du
Conseil municipal; M. Boreux, ingénieur en chef
de la Ville de Paris ; le président de la Fédération,
M. Guimbert, les membres du bureau, MM. Joly,
Laffargue, Mathieu, le trésorier Bailly, les admi-
nistrateurs, MM. Litou, Hochart, Rémy, Goury,
Catabin, Calais et tous les professeurs de Paris et de
province.
Le président de la fédération, quoique souf-
frant, avait voulu assister à la fête et c'est avec
peine qu'il a lu son discours que voici :
Monsieur le Président de la République,
Au nom des chauiïeurs-électriciens-mécaniciens
de France et d'Algérie,j'ai l'honneur de vous sou-
haiter la bienvenue parmi nous. Je vous remercie
d'avoir bien voulu, en acceptant la présidence de
notre fête du travail, montrer l'intérêt que vous
portez à la Fédération. Les chauffeurs-mécani-
ciens sont heureux de vous acclamer. Ils connais-
sent votre sympathie pour eux, ils savent que vous
ne manquez pas une occasion de vous intéresser
au sort des modestes ouvriers des chemins de fer
et de l'industrie..
«N'oubliez jamais, disiez-vous récemment au chef
de l'une de nos grandes compagnies,que vous avez
charge d'dmes, que vous auez une responsabilité
non seulement industrielle et économique, mais
sociale.
«Souvenez-vous que la bonté est l'an des facteurs
les plnspuissaniJ à l'heure actuelle, et que c'est
en témoignant une bienveillance constante à tous
que l'on obtient les résultats les plus complets, les
plus rassurants. »
De telles paroles, monsieur le Président, vont
droit au cœur,et les chauffeurs-mécaniciens en gar-
deront un inaltérable souvenir. -,
Vive Emile Loubet! Vive la République!
Les bravos éclatent dans l'assistance, puis le
plus grand silence se fait. Le Président Loubet
se lève ot répond à M. Guimbert.
Discours de M. Loubet
9 sieur le président de la Fédération, et
vous messieurs,
En rappelant les paroles que je prononçais au
chef d'une de nos grandes compagnies de chemin
de fer au cours de mon voyage en Algérie, vous
me forcez à accentuer le sens de mes paroles et à
leur donner une portée beaucoup plus considéra-
ble. Ces paroles ont été la constatation d'un fait
qui est le plus grand honneur de notre pays, le
développement do notrc industrie économique.
J'aime votre Fédération! J'encourage ses efforts
et les encouragerai en venant jusqu'à la fin de
mon mandat présider ses belles réunions comme
celle d'aujourd'hui.
J'assiste à une manifestation magnifique. Je vois
ce que peut faire l'entente, le bon esprit de ci-
toyens courageux et travailleurs et c'est pour le
chef de l'Etat un spectacle auquel il ne peut se
lasser d'assister.
Vous pratiquez la solidarité dans votre société et
vous en êtes récompensés, continuez à resserrer
les relations cordiales qui existent chez vous de-
puis l'homme d'équipe jusqu'au chef de service.
Je dis continuez et vous trouverez en vos chefs,
j'en suis persuadé, les secours elrteaces auxquels
vous devez avoir droit et vous arriverez à résou-
dre les problèmes sociaux — si difficiles pourtant
— par votre courage, votre travail.et votre téna-
cité.
Distinctions et récompenses
Le Président remet alors les distinctions ho-
norifiques suivantes :
Officiers de l'Instruction publique. — MM. Bos
deeher, Dehail, Pinaud, Dejust.
Officiers d'Académie.- — MM. Bouillot, Duhayon-
Lûinnet, Jeandon, Lombard.
Mérité agricole. — MM. Cramoizan, Carré,
Henry. général, 1%1. Laffargtie, parle du
Le secrétaire général, M. Laffargue, parle du
rôle que joue l'instruction professionnelle dans
une association comme la fédération des méea-
niciens-chauffeurs-électriciens. Il montre les
modifications que l'on a dû apporter aux
cours et aux examens. Partout, il y a progrès ;
le concours supérieur a été très brillant.
MM. Laffargue adresse tous les remercie-
ments de la Fédération à M. Lockroy, prési-
dent d'honneur, à M. Guimbert, président, et
aux chefs de section. Il remercie particulière-
ment les professeurs. En terminant, le secré-
taire général remercie également les membres
du conseil judiciaire du concours si empressé
qu'ils apportent volontiers à la Fédération.
Suit alors la lecture du palmarès.
COURS DE CHAUFFAGE ET DE MÉCANIQUE
Concours supérieur : Lechartier, Came, Laffolit,
Maillet, Mathieu, Larsonnier et Jourdan, Patureaux
et Guerder, Cortin, Datan, Lambert, Brunelet, Bou-
tillier, Plessie.
couus D'KLECTRJCITÉ
2P année, concours supérieur. Prix : MM. Har-
mand, Adam, Manceau, Hummel, Larsonnier.
1" année. Prix : MM. Emile Henry, Villers, Beau-
son, Debaire, Travet, Mazaud, Galas, Guay, Bailly,
Malcy, Prieur, Denecheau, Kamerer, Maurice, Bi-
dault, Baheux, Çhaulanges, Robert Marcel.
dault,
Le président de la République se hâte de
distribuer quelques médailles et quitte ta salle
i au milieu des applaudissements des « gueules
noires » comme on les appelle, qui, pour la
circonstance, sont redevenues pour un jour;
blanches. i
Rappelons que cette fédération, une des plus,
pUissantescompte aujourd'hui plus de 5 OOOj
membres, alors - qu'en 1885, 50 à peine étaient
réunis sous la bannière qui porte les noms dej
Denys, Papin Salomon de Caus, Stephensonl
Giffard, Bourdon, général Morin, Couronne e
de Jauze. -
Un grand banquet de 300 couverts a réuni ài
7 h. du soir au *S&lon des F«NMMes, avenue de/
Sa(l\k.MJlndé. les lauréats et les membres de la ;
FedëraHon. La fête - fortanimée, suivie de bal:
très brillant s'eslprolongée jusqu'à une Bfeure
fort avancée de la nuit. — Paul Goguet.
AUX TUILERIES
C'est par un temps splendide, mais quelle
chaleur ! qu a eu lieu dans le cadre charmant
des Tuileries, le 16" concours de « l'Union des
Sociétés d instruction militaire de France.»
Dès 6 h. ljâ, près de 90 sociétés étaient grou-
pées sur le terrain de concours ; elles sedivisenti
en 43 sociétés d instruction militaire, 15 socié-i
tés de gymnastique, 21 groupements de pupil-
les et quelques patronages d'écoles.
Le jury, de son côté, se réunit sous la pré-
sidence du commandant de l'école de JoinviJle,
M. blondin, il est composé en grande partiei
d'officiers et de sous-officiers ; des moniteursi
de l'école de Jomville-Ie-Pont, ainsi que de,
nombreux professeurs de gymnastique de la
ville de Paris. j
A 7 h. tout le monde est à sa place et les
concours se multiplient sans interruption jus-
qu a 11 h. 1[2.
Ici c'est l'instruction militaire; là, ce sont
les jeunes gymnastes q.ui montrent leur endu-
rance, plus loin, les jeunes pupilles qui rjv4r
hsentdenLram et de- bonne humeur, enfin les,
patronageslaïques. quoique peu nombreux, n sont pas moins remarqués, surtout le patro-
nage de la rue Barbanègre si souvenrcïtô*-
comme un des plus sérieux et des mieux en-
traînés.
Mais une sonnerie de « garde à vous a re*
tentit à travers le jardin. Les concours sont
finis et élèves soldats, gymnastes, pupilles, élèïr
ves des écoles se dirigent vers les restaurants,"
qui sont envahis, tandis que jurés et autoritésr
se rendent dans les salons du quai d'Orsay, où.,
un frugal déjeuner les attend.
Le banquet
Il est midi, le général Ménestrez, représen-
tant le ministre de la guerre, appelé à Belfort,
prend place à la table d'honneur. A ses côtés :
Le sympathique président de l'Union, M. Fia-
mery; M. Deville, président du conseil munieipal;'
puis le colonel Dérué, inspecteur principal
de 1 éducation physique à Paris ; commandant'
Blandin, Grébauval, conseiller municipal: Barra);"
ancien président de l'Union; Leroy, représentant;
1 Association de la Seine ; Kaminski, vice-président
de 1 Union ; Sommier, directeur du concours - Gi-
raud, secrétaire général ; commandant Lauta, du'
service des chemins de fer, etc.
Au Champagne, quelques discours sont pro-
noncés; c'est d'abord le président qui remercie
les nombreux collaborateurs de cette oeuvro.
essentiellement patriotique et républicaine;
puis, c'est le général Ménestrez, qui fait un
vœu pour que les sociétés se développent de
plus en plus dans tout notre pays. M. Leroy.
boit à l'union des associations sœurs. Enfin,
I. de Trieberg, président des secouristes, sei
félicite de 1 accord qui existe entre lés sociétés'
d instruction militaire et cette autre œuvre
qui complète la première : apprendre à la jeu-
nesse à secourir ses semblables.
La fête - ,
Dès 2 h., un nombreux public, évalué à près
de 10,000 personnes, se presse dans le jardin.'
Les tribunes sont bondées. A la tribune d'hon-
neur, prennenLpIace tous les personnages of - (,
fieiels de retour du banquet, ainsi qu'un grand
nombre de dames. Mais les musiques sonnent
« aux champs ». La Marseillaise envoie ses
échos à travers l'espace, c'est le président de
la République qui arrive,
L'arrivée du Président
Précédé du préfet de police, accompagné de
M. Touny, directeur de la police municipale,'
la voiture du Président de la République s'ar-
rête devant la tribune officielle; il est acoom-j
pagné du général Dubois, de M. Combarieu,^
de M. Mougeot, ministre de l'agriculture; à leur ,
suite M. Sarrion, chef de cabinet du ministre
de l'agriculture; M. Autrand, secrétaire géné-
ral de la préfecture de la Seine. :
Le Président de la République, très acclama
est reçu par le général Baillod et M. Flamery,
Le défilé commence.
Le défilé
C'est d'abord le groupe des drapeaux, qufr
s'inclinent en passant devant le Président et
qui sont salués par toute l'assistance. Puis, les*
Sokols de Paris, les patronages, les pupillesj
parmi lesquels on remarque ceux de MontreuiH
et les Amis de l'Enfance. Parmi les socIétés, :
nous remarquons particulièrement :
L'Espérance du 19% dans une tenue impeccable ;
la Régénératrice d'Asnières, la Citoyenne de Nou-
zon, l'Arme blanche de Charleville (Ardennes),
l'Avant-Garde de Calais, les Touristes lyonnais, les
Défenseurs de Paris, la Vigilante d'Aubervilliers,
la Renaissance du 11e, En avant de Fourmiea1
(Nord). i
Enfin, le clou de la fêle, l'Escadron de Saint-
Georges, élèves cavaliers, bien campés sut
leurs chevaux, ma foi, en bon état..
Le défilé est terminé par les Secouristes, très
remarqués.
Les discours
Le défilé terminé, le président de l'Union,
M. Flamery.se lèvé et s'adressànt au Président:
il le remercie et l'assure des sentiments dE)
profond attachement de l'Union aux institu- »
tions républicaines. :
De nombreux cris de : « Vive la Républi-
que ! Vive Loubet ! » retentissent.
Le Président de la République, avec sa" sim-
plicité coutumière, dit combien il est heureux
de se trouver annuellement parmi cette jeunesse
patriotique et désireux de prouver toute la sol-'
licitude du gouvernement à l'égard des œuvres
d'éducation militaire de la jeunesse.
Les décorations
Voici les distinctions qui ont été dSSèrnées ;;
Chevalier de la Légion d'honneur. — La capi-
taine Sommier.
Officiers de l'instruction publique. — MM. Ber.
nier, vice-président de l'Union; Millètre, instruc-
teur des Touristes de Puteaux,docteur BarDarm,da:
l'Espérance du XIXe arrondissement. !
Officiers d'académie. — Carnaud, de Paris ; Ga- i
tien, de Charleville; Toupet, de Calais; Charleville,
de Paris.
Le Président de la République se retire.tou-
jours en hâte, acclamé par des milliers d'as-
sistants aux cris de : « Vive Loubet ! Vive la
République ! J
Un incident
A ce moment un groupe de nationalards es-
saie une protestation et s'efforce de crier
« Vive l'armée f » Le doute n'est guère possible
- ils veulent faire une manifestation — genre.
Syveton — mais de courageux citoyens inter-t
viennent; quelques horions sont échangés.,
KFiûalem€ût énergowèow BaUouale."
l" '41"<: U. -
Zld ISfturièro CINQ CENTIME^
'!'¡ <" f'
ï LA I AYIÎÀ ¥E SwIïMïlfiîiïm.li!
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NOS LEADERS
Les pétits nuits
Les Félibres et les Cigaliers avaient
demandé à M. Berthelot de présider
leur fête annuelle. Le grand savant
avait accepté tout de suite. C'est qu'il
avait à faire une déclaration intéres-
sante, qui tient en ces quelques mots :
« Je n'ai point de petite patrie, » On
cite, à l'occasion- de la cérémonie
d'hier, ce distique de M. Paul Arène :
C'est pour ne pas perdre l'accent
Que nous fondâmes la Cigale.
Quelle singulière prétention de vou-
loir garder « l'accent ». L'accent, c'est
le souvenir le plus léger, le plus
fragile de la «petite patrie ». Et je me de-
mande quelle figure ont dû faire les
méridionaux qui tiennent à ne pas per-
dre l'accent, en face du septentrional
qui s'écriait : « Je n'ai point de petite
patrie, »
Je ne sais plus qui a dit un jour que
les Parisiens étaient des gens qui n'a-
vaient point de « pays ». C'est la même
idée sous une autre forme. Combien
de Parisiens pourraient invoquer de
très anciennes lettres de naturalisation?
Combien, surtout, seraient endroit de
s'affirmer autochtones?
En tout cas, s'il y a quelques Parisiens
de Paris, ils ne peuvent manquer de se
perdre bientôt dans les flots des Berri-
chons, des Languedociens, des Proven-
çaux, des Normands et des Savoyards
immigrés, qui composent la grande
majorité de la population de la capi-
tale.
Ces Berrichons, ces Normands et
ces Savoyards conservent sans doute
une mémoire attendrie des petites pa-
tries auxquelles ils furent infidèles.
Mais les enfants de ces provinciaux
devenus parisiens auront peine à com-
prendre un sentiment analogue. Ces
enfants vivant dans une ville que tra-
versent les courants les plus divers de
la nationalité française n'auront aucune
tendance particulariste. Leur tradition
3era celle de la France, et quand on
essaiera de les amener à croire que la
Bourgogne ou le Roussillon a besoin
d'affirmer son indépendance et sa per-
sonnalité vis-à-vis de la grande per-
sonne morale qui s'appelle la France,
ils riront ; c'est ce qu'ils auront de
mieux à faire.
Je ne crois pas qu'il s'écoule beau-
coup d'années avant que le sentiment
des petits parisiens soit aussi le senti-
ment des petits provinciaux. Il est clair
que le préjugé des petites patries est à
la veill. de s'éteindre. Les personnes
de bon sens en seront ravies. Car ce
préjugé moribond serait extrêmement
malfaisant s'il gardait la moindre vita-
lité.
Pour s'en rendre compte, il suffit de
relire la collection des articles consa-
crés par M. Maurice Barrès à la Lor-
raine. A en croire cet écrivain, à la
fois nationaliste et particulariste, les
Lorrains ne seraient français qu'en
vertu d'un contrat qu'ils auraient le
droit de déchirer. Par exemple, il y a
quelques milliers d'électeurs nationa-
listes et cléricaux, dans l'Est. La politi-
quedela République leur déplaisant, les
Lorrains auraient licence de reprendre
leur liberté en proclamant l'indépen-
dance de leur province.
La Lorraine n'a-t-elle pas constitué
un royaume autrefois? Pourquoi n'en
constituerait-elle pas urt aujourd'hui?
Sans doute, il faut avoir l'esprit bien
faux pour prendre au sérieux de telles
imaginations. Le fait seulement qu'el-
les aient pu hanter quelques cerveaux
montre pourtant la nécessité de se
préoccuper un peu moins des petites
patries, et un peu plus de la grande :
de la seule qui compte. ,,
Il y a tout cela dans le passage du
discours de M. Berthelot où il est ques-
tion « du savant qui se souvient fou-
jours que la science est le résultat du
travail collectif des hommes, et que le
devoir de chacun de nous est de tra-
vailler sans cesse à diminuer la somme
des maux matériels et moraux dans
humanité ».
Signe des temps : on s'était réuni
pour parler d'un petit coin de terre,
d'un vieux morceau de province : il a
été question d'humanité et de solida-
rité universelle.
Les gardiens des libertés provincia-
les travaillent en vain à rétablir des
barrières que l'évolution économique
a brisées. Les deux derniers siècles ont
comme caractéristique le développe-
ment continu des voies decommunica:,
tion. Sous Louis XIV, notre réseau de
grands chemins était insignifiant. A la
veille de la Révolution, des milliers de
kilomètres de routes s'ouvraient à la
circulation. Les chemins de fer ont en-
suite fait déserter les routes, et aujour-
d'hui, les tramways à moteurs et les
automobiles concurrencent les che-
mins de fer. Ajoutez-y le développe-
ment de notre système de canaux.
Comptez sur les progrès de-la naviga-
tion aérienne.
Vraiment les fidèles des « petites pa-
tries » en sont restés à l'époque où il
fallait dépenser vingt sous pour en-
voyer une lettre de Marseille à Paris.
Maintenant, il est aussi facile de quit-
ter Toulon pour Lille, que d'abandon-
ner la rue Quincampoix pour la rue
de la Grande-Truanderie.
La décentralisation peut être un ad-
mirable progrès à condition de ne pas
chercher ses lois dans la science étroite
et incomplète du Folk-Looe.
Hugues Destrem.
——————————— ——————————
LA CALOMNIE
La calomnie elle-même finit
par mourir, quoiqu'on en dise ;
voyez l'admirable manifestatioa
cM la démocratie lyonnaise, de-
vant le monument de Burdeau,
manifestation que racontent plus
loin nos dépêches.
La calomnie avait bien choisi sa vic-
time, parmi les plus sympathiques, les
plus intéressantes, les plus dévouées à la
République. Burdeau, petit canut lyonnais,
distingué sur son banc d'école par ceux qui
commençaient son éducation, envoyé au
collège, lauréat du concours général, puis
brillant élève de l'Ecole normale, voit la
guerre de 70 interrompre son essor. Il
s'engage, se bat, et retourne à l'école avec
la croix sur la poitrine.
Et puis il devient professeur, député,
président de la Chambre ; c'est là que la
calomnie se charge de l'atteindre, de le
tuer.
Il est mort, soit ; mais que devient la
vieille infâme calomnie ? elle devient l'un
des titres de Burdeau à la reconnaissance
de ses concitoyens. Ecoutez Etienne, écou-
tez Augagneur, écoutez Trouillot, Alape-
tite, Gasquet,Cazeneuve,Boucher,tous ceux
qui portent la parole devant le monument
de cette victime ; tous rappellent avec une
sorte de fierté que Burdeau eut à se dé-
battre entre les tentacules de la pieuvre
Glérioo-rêactionnaii-c^; Augagcet!^ -dit- su-
perbement :
« Burdeau fut calomnié, c'est qu'il voulut
s'affranchir moralement de toute doctrine,
grâce à ses grandes connaissances philoso-
phiques. Les adversaires des républicains
parlent avec mépris des médiocres: ils plai-
santent avec Homais, mais ils ne plaisan-
tent plus avec Voltaire. C'est pourquoi Bur-
deau, lutteur redoutable, fut vilipendé,
injurié, comme l'ont été tous les chefs du
parti républicain. »
La calomnie a beau tisser sa toile d'arai-
gnée ; son travail est vain. Le jour se lève,
et il lui faut rentrer dans sa cave - Ch. B.
L'EMPRUNT MUNICIPAL
Est promulguée la loi autorisant la Ville de
Paris à contracter un emprunt de 170 millions
pour la construction des travaux de construc-
tion du Métropolitain.
LES JUGES DE DUSSBOURG
(De notre correspondant particulier)
Amsterdam, 28 juin.
L'opinion publique est vivement irritée d'une
violation grave des convenances internationa-
les dont se sont rendues coupables les autorités
de Duisbourg dans la Prusse rhénane, M. H.,
aiguilleur des chemins de fer de l'Etat hollan-
dais et citoyen hollandais, qui avait passé sa
jeunesse à Duisbourg, a écrit au maire de cette
ville pour se faire envoyer une pièce. N'obte-
nant aucune réponse, il écrivit plusieurs fois,
mais toujours sans résultat. Enfin, sur le con-
seil de ses supérieurs hiérarchiques, il alla à
Duisbourg pour réclamer personnellement la
pièce à la mairie. Mal lui en prit. A peine ar-
rivé a u bureau, il fut empoigné et passé à
tabac. Il fut ensuite écroué pendant plusieurs
jours et traduit devant le tribunal des éche-
vins, où il a dû répondre du crime « d'avoir
trop importuné monsieur le maire ».
M. H., amené devant les juges, se plaignit
avec indignation du traitement qu'on lui avait
fait subir, mais le président l'interrompit en
lui disant ceci : « Vous n'êtes pas content ?
« Eh bien ! que votre malheureux petit pays,
« grand comme un mouchoir de poche, nous
« fasse la guerre 1 » Et les juges de rire
bruyamment à cette remarque spirituelle. Plu-
sieurs autres insultes furent adressées à la
Hollande, au peuple hollandais et à la reine
Wilhelmine.
Doux pays !
——————————.—
La liste civile austro-hongroise
Wenotre correspondant partfculier]
Budapest, 28 juin.
Le projet de loi réclamant une augmenta-
tion de la liste civile du roi a été retiré. Mais
on a trouvé un autre moyen de remédier aux
difficultés financières de la cour. Il est ques
tion de faire inscrire au budget de la guerre
les dépenses nécessités par l'entretien de la
garde noble hongroise du roi.
GRAVE TENSION
ENIRE LA SERBIE ET LA ROUMANIE
(De notre eorrespomanï particulieri
Bucarest, 28 juin.
Le dernier conseil des ministres réuni sous
la présidence du roi « Carol » s'est occupé de
la grave tension qui s'est produite, entre la
Serbie et la Roumanie. La légation de Rouma-
nie à Belgrade est gardée par des gendarmes,
afin de la protéger contre une attaque du peu-
ple. Il est d'ailleurs question de rappeler le
personnel et de confier la représentation des
intérêts de la Roumanie au ministre plénipo-
tentiaire d'Autriche-Hongrie.
Des concentrations des troupes ont ou lieu à
Ja frontière serbç.
CAUSE-Rif PEDAGOGIOUE
Les Surprises d'une séance
La discussion de la proposition Massé.
- Deux conséquences. — Le mono-
pole de l'enseignement. — Un,
diplôme désormais néces .,
saire. — Un complément
désirable. — La fer-
meture générale
des écoles con-
gréganistes
La séance de- la Chambre, mardi aernier,
consacrée à la discussion de la proposition
Massé, relative aux fausses sécularisations,
nous a ménagé deux bonnes surprises.
La proposition de M. Massé avait unique-
ment pour but, on s'en souvient, de combler
une lacune de la loi du 1" juillet 1901 sur les
associations ; elle a eu surtout pour consé-
.quence, en premier lieu, de faire voter à l'im-
proviste une heureuse modification de la loi du
30 octobre 1886 sur l'enseignement primaire,
et en second lieu d'amener la Chambre à invi-
ter le gouvernement à dissoudre les congréga-
tions autorisées qui favoriseraient la réouver-
ture des établissements congréganistes au
moyen de personnes interposées.
Ce double résultat est fait pour nous réjouir.
La proposition Massé, même après l'amende-
ment que M. Buisson lui a apporté, pour lui
enlever son caractère d'arbitraire est un com-
plément inutile à la loi Waldeck-Rousseau.
Ainsi que l'a déclaré notre ami et rédacteur en
chef Charles Bos, c'est un texte destiné à être
inopérant, inefficace.
Le problème de la fermeture des écoles con-
gréganistes ne peut être résolu franchement et
définitivement que par le monopole de l'ensei-
gnement. C'est une vérité dont la démonstra-
tion s'imposera tous les jours un peu plus.
Mais, en attendant, la gêne va être grande,
— excessivement grande— chez les cléricaux,
pour ouvrir de nouvelles écoles privées.
Le certificat d'aptitude pédagogique
En effet, grâce à l'intervention de M. Mo-
deste Leroy et de AI. Chaumet, la Chambre a
décidé que tout directeur d'école privée sera
tenu, à l'avenir, de produire le certificat d'ap-
titude pédagogique, exigé seulement des insti-
tuteurs publics jusqu'à ce jour.
Le vote de la Chambre ne peut manquer
d'être ratifié par le Sénat dans le plus bref
délai.
Or, le certificat d'aptitude pédagogique est
un examen qui a ses difficultés. Il a jusqu'ici
effrayé les ignorantins des deux sexes.
C'est un examen d'aptitude professionnelle,
comme son nom l'indique. Pour s'y présenter,
il faut avoir 21 ans et justifier qu'on a exercé
pendant deux ans les fonctions d'instituteur.
Les épreuves à subir sont de trois sortes. La
première est une épreuve écrite qui consiste en
une composition française sur un sujet d'édu-
cation. Elle doit être faite en trois heures. Elle
est éliminatoire. Les candidats la redoutent.
Elle. fait échouer à chaque session des stagiai-
aires pourvus du brevet supérieur.
La deuxième épreuve a un caractère essen-
tiellement pratique. Les aspirants sont appré-
ciés à l'œuvre chacun dans leur classe respec-
tive par une sous-commission de trois mem-
bres composée de l'inspecteur primaire et de
deux instituteurs ou institutrices.
Enfin, dans la troisième série des épreuves
dites orales, les candidats sont appelés ; 1° à
critiquer la tenue d'un cahier d'élève apparte-
nant à n'importe quelle école, et 2" à répondre
à des questions posées à propos des épreuves
déjà subies et portant sur des questions d'ordre
pédagogique. L'épreuve pratique est élimina-
toire comme l'épreuve écrite. Le candidat est en
outre ajourné après les épreuves orales s'il n'a
pas obtenu 30 points, chaque épreuve étant
cotée de 0 à 20.
Sécularisations malaisées
Le certificat d'aptitude pédagogique sera,
pour lés congréganistes,plus difficile à acquérir
qu'un habit laïque. Les sécularisations hypo-
crites vont devenir malaisées.
La médiocrité des bons frères et des bonnes
sœurs au double point de vue de l'instruction
et de la valeur professionnelle est si grande que
la plupart seront certainement incapables d'af-
fronter tout de suite cet examen avec des chan-
ces de succès. Leurs plus chauds défenseurs
ne l'ignorent pas.
Aussi, vous allez entendre leurs protestations 1
Ils vont crier à la tyrannie, alors que la me-
sure est inspirée par le plus parfait esprit de
justice.
La loi restera même encore, il faut le dire,
moins exigeante à l'égard de l'enseignement
privé que de l'enseignement public. Dans les
écoles publiques, le titulaire de chaque classe
est tenu d'être pourvu du certificat d'aptitude
pédagogique — le C. A. P comme on dit familiè-
rement.
Dans les écoles privées, ce titre ne sera de-
mandé qu'au directeur de l'établissement ; les
adjoints continueront à en être dispensés. Il
serait cependant raisonnable de mettre tout
éducateur en demeure de résigner ses fonc-
tions si, au bout d'un certain laps de temps,
cinq ou six ans, par exemple, il n'avait pu
obtenir le diplôme certifiant que ses capacités
sont suffisantes.
Il n'est pas probable que le Sénat, se ren-
dant à cette raison, établisse la - plus complète
égalité au point de vue des titres entre les
membres de l'enseignement public et les mem-
bres de l'enseignement privé. Mais s'il lefai-
sait,nous applaudirions de grand cœur, et vi-
goureusement.
Une réforme féconde
Ce serait une garantie de plus pour les fa-
milles dont les enfants fréquentent les écoles
primaires. Ce serait surtout un rude coup pour
l'enseignement congréganiste ; l'insuffisance de
tous ses maîtres, ignorée du public, éclaterait
à tous les yeux.
Sans doute, des études laborieuses imposées
parles supérieurs des congrégations et favori-
sées par le genre de vie des communautés reli-
gieuses finiraient par permettre aux ignoran-
tins de réussir au C. A. P. ; et ainsi la néces-
sité dans laquelle ils auraient été de se perfec-
tionner, aurait, en définitive,pour effet4'élever
le niveau de leur enseignement.
Mais il né faut pas perdre de vue que leur
embarras momentané contribuerait à la déca-
dence de leurs écoles.
Faute de maîtres pourvus du C. A. P., une
foule de leurs classes devraient être fermées,
ce qui préparerait la fermeture de toutes.
La mesure qui s'impose --
Cette fermeture générale s'impose. Il faudra
bien se résoudre à l'ordonner. Cela viendra;
Que nos amis prennent patience. Quand le sort
des congrégations non autorisées sera réglé, il
sera statué sur celui des congrégations dont
l'existence est régulière. Le gouvernement, avec
un décret, peut les disperser. La politique aeà,
tuelle doit logiquement conduire à ce résultat.
C'est vers lui que nous achemine la motion
Buisson, votée mardi dernier. On sait qu'elle
invite le gouvernement à dissoudre les congré-
gations autorisées qui, grâce à la complicité de
personnes interposées, rouvriraient des établis-
sements fermés. Cette motion est un point de
départ pour des mesures nouvelles. Elle a ime
extrême importance. Elle met le gouvernement
dans l'obligation de sévir contre les congréga-
tions qui feront acte d'hostilité. On visera en-
suite celles qui se feront toutes petites et bien
sages pour se faire épargner. C'est inévitable.
Il y va de l'avenir de la démocratie républi-
caine et de l'esprit laïque. ,
Nous ne saurions oublier que ces congréga-
tions autorisées font en ce moment l'éducation
d'un million d'enfants. C'est un million d'en-
fants élevés dans la haine des institutions ac-
tuelles et des principes de la Révolution. C'est
un million d'enfants qu'il fautaffranchir.
Le gouvernement est engagé dans la bonne
voie. Il y est vivement soutenu et. poussé par
la majorité. Il n'a aucune part aux mesures
votées mardi passé par la Chambre, puisque ni
le contre-projet Modeste Leroy ou Chaumet, ni
la motion Buisson, ni même la proposition
Massé n'émanent de son initiative.
Mais, s'il n'a pas l'intention de toutes les
choses qu'il fait, il accomplit sa besogne avec
courage et avec ardeur.
C'est beaucoup. Ses actes seront au besoin
conformes au vœu de M. Buisson et de la
Chambre. C'est le grand point.
ARMAND DEPPER.
A. M. C. à F. — Est-ce le moment d'aborder ce
sujet? Ne vaudrait-il pas mieux attendre la dis-
cussion du budget et la veille des promotions ?
A un instituteur rural Calvadosien. — Vos com-
munications m'intéressent toujours vivement, et
je les utilise parfois, vous le savez. Si l'actualité
le permet, j'aborderai la question qui vous préoc-
cupe. Ayez pleine confiance dans notre discrétion.
A. M. D., rue L. — Merci de vos bons offtces,au
nom du Rappel. En m'offrant un compte rendu
détaillé des fêtes de V ersaille, vous allez au-devant
de nos désirs, *
A M. H. de P., rue L. — Je recevrai avec plaisir
et j'utiliserai les documents que vous êtes en état
de m'adresser. Je reviendrai sur ce sujet à la pro-
chaine occasion. — A. D,
AU PILORI!
Le jugement du tribunal de Tours, dans
l'affaire du Bon Refuge, est à peine rendu, que
déjà la sinistre geôlièret condamnée par
tous.
Il est impossible de ne point frémir d'indi-
gnation et tressaillir de dégoût au récit des
atrocités auxquelles elle s'est complue. Comme
le disait naguère L. Victor-Meunier, les sévices
exercés sur les malheureuses filles enfermées
dans ce bagne congréganiste dépassent en igno-
minie tout ce qui avait été révélé jusqu'à ce
jour.
Les tortures raffinées inventées par la sœur
Marie-Rose défient la raison. Elles n'ont pu
germer que dans un cerveau satanique, dans
une imagination sadique. Oh! l'ignoble mé-
gère que cette nonne !
Faire coucher des jeunes filles, presque des
enfants.sur la paillasse des mortes, humide en-
core des déjections fraîches, imprégnée de l'o-
deur fétide de la chair en décomposition et du
relent malsain des cadavres ; leur faire avaler
des tartines de bouse de vache ; leur frotter la
figure avec des excréments ; leur égratigner les
joues avec des escargots écrasés et baveux;
leur faire tracer des croix avec leurs langues
sur le sol des cours, le plancher des cuisines, le
fumier des écuries, la paille mélangée de fiente
et de purin. le siège des cabinets.., peut-on
rêver des supplices aussi monstrueux, aussi dé-
goûtants, aussi inhumains?
Plusieurs des martyres de cette macabre en-
diablée ont regimbé. Et alors on a vu ce spec-
tacle : la sœur Sainte-Rose les agenouillant de
force, et paisible s'asseyant sur elles pour les
empêcher de se relever. Tortillait-elle un ro-
saire entre ses doigts en infligeant ces tortures,
etlorsque les malheureuses se relevaient la
figure souillée, la langue en sang, s'imagi-
nait-elle que leurs souffrances étaient agréa-
bles au Seigneur ? 1
La femme qui a conçu et perpétré toutes ces
horreurs n'appartient point à une peuplade
païenne, sauvage, et incivilisée de l'Afrique
centrale. Elle est française, elle est chrétienne,
elle est religieuse. Et froidement, elle a prémé-
dité et ordonné les châtiments les plus barba
res, les sévices les plus révoltants. - Charles
Darcy.
"Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
Poésies inédites de frédérie Le Grand
(De notre correspondant particulierl
Berlin, 28 juin.
M. Mangold a découvert, dans les archives
secrètes de l'Etat à Berlin, plusieurs poésies
inédites de Frédéric II. Elles sont écrites en
français,car l'illustre ancêtre de Guillaume Il
était brouillé avec la grammaire et la syntaxe
allemandes et aurait été incapable de rédiger
convenablement deux lignes de prose dans cette
langue.
Une de ces poésies est une «Epître sur l'huma-
nité». Les derniers vers de ce morceau contien-
nent une allusion aux mauvais traitements que
l'ami de Voltaire a dû subir de la part de son
propre père. Il y a une poésie à la louange du
printemps. L'auteur,dans ce beau morceau,fait
preuve d'un singulier lyrisme. Il reconnait le
réveil de la nature bien moins au chant des
alouettes, qu'à ce fait que les soldats commen-
cent à faire « l'école de compagnie ».
Pourvu que Guillaume II, qui aime tant à
imiter son Illustre prédécesseur, ne se mette
pas à écrire des vers français !
LE COUP D'ÉTAT DE BELGRADE
Dépêches du Tsar et de M. Loubet
Voici le texte des deux dépêches adressées au
roi Pierre I" par l'empereur de Russie et M.
Loubet :
Dépêche du Président de la République :
J'ai reçu le télégramme par lequel Votre Majesté
veut bien m'annoncer que lo vote unanime des
représentants du peuple Serbe l'a élu roi de Serbie.
EUe ajoute qu'ayant prêté le serment constitution-
nal devant la représentation nationale,Elle a pris le
pouvoir royal. Votre Majesté ne peut douter do nos
sympathies particulières pour sa personne et de
nos vœux sincères pour l'accomplissement de la
tâche qu'Elle vient d'assumer.
Je souhaite vivement que votre règne ouvre à la
Serbie une ère nouvelle d'ordre et de prospérité.
ÉMILE LOUBET.
Dépêche du tsar :
La notification de l'avènement au trône de Votre
Majesté était assurée d'avance d'un accueil des plus
sympathiques de ma part. Je suis persuadé qu'avec
l'aide de Dieu, Votre Majesté conduira d'une main
ferme les destinées de son peuple en consolidant
l'ordre et la tranquillité indispensables à sa prospé
rité intérieure, en même temps que des relations
constamment amicales avec nous et lés autres
Etats.
Je tiens à renouveler à Votre Majesté mes vœux
les plus sincères, et j'aime à considérer comme
inaltérables les liens traditionnels qui unissent la
Russie à la Serbie.
NICOLAS.
Un français maréchal de la cour
M. de Rose, colonel français en retraite,
vient d'être nommé par le roi Pierre 1er, maré-
chal de sa cour.
C'est un ami intime du nouveau roi dont , il
lut le camarade à Saint-Cyr.
UNE JOURNEE
PRESIDENTIELLE
Une journée bien rem li- M.Loubet
préside. —Delà Sorbonae à l'Elysée,
par les Tuileries. — Un Président
infatigable. — Les chauffeurs' mé-
mécaniciens, électriciens. -
Gymnastique et instruction
militaire. — Que de fêtes et
quelle chaleur! — Que de
lauréats ! — La « garden
party a de l'Elysée
Nul n'ignore que les plus belles médailles
ont leurs revers; c'est une vérité bien connue,
mais qu'on se plaît à oublier. Quel enfant n'a
pas souhaité devenir Président de la Républi
que ? C'est pourtant une magistrature qui a
ses charges à côté de ses plaisirs.
Prochainement, M. Loubet va affronter des
fatigues que ne pourra supprimer la chaleu-
reuse réception que l'Angleterre s'apprête à lui
faire.
En attendant, et pour s'entraîner, peut-être.
quoique sa vaillance n'ait pas besoin de cet
exercice, M. Loubet a battu hier un véritable
record. Il a commencé par présider,à la Sor-
bonne, la distribution des récompenses de l'As-
sociation des chauffeurs-mécaniciens. Ensuite,
le président s'est rendu aux Tuileries, où avait
lieu le concours national de l'Union des Socié-
tés d'instruction militaire. Ce n'est pas fini.
M. Loubet est rentré à l'Elysée, non pour se
reposer, mais pour faire les honneurs, avec
Mme Emile Loubet, aux invités de la garden-
party qui avait été organisée pour 4 h. de
l'après-midi.
Voici, d'après l'ordre chronologique, les
comptes rendus de ces fêtes.
A LA SORBONNE
La Fédération générale professionnelle des
mécaniciens, chauffeurs, électriciens des che-
mins de fer et de l'industrie, dont le président
d'honneur est M. Lockroy, vice-président de la
Chambre des députés, donnait sa fête annuelle,
hier, à 2 h., au grand amphithéâtre de la Sor-
bonne.
Le Président de la République avait tenu à
honorer de sa présence cette fête du travail. A
2 h., aux accents de la Marseillaise, jouée par
le 5e régiment de ligne, le Président entre dans
l'amphithéâtre et prend place au fauteuil gi £ si^
dentiel. A ses côtés, nous remarquons :
M. Fallières, président du Sénat ; M. Waldeck-
Rousseau, M. Abel Combarieu, secrétaire de la
présidence ; le général Dubois, le colonel Sevestre,
de la maison militaire du Président ; M. Lockroy,
M. Liard, vice-recteur de l'Académie ; M. Mcugeot,
ministre de l'agriculture; M. Autrand, secrétaire
général de la préfecture de la Seine ; M. Lépine,
préfet de police ; M. Bussat, vice-président du
Conseil municipal; M. Boreux, ingénieur en chef
de la Ville de Paris ; le président de la Fédération,
M. Guimbert, les membres du bureau, MM. Joly,
Laffargue, Mathieu, le trésorier Bailly, les admi-
nistrateurs, MM. Litou, Hochart, Rémy, Goury,
Catabin, Calais et tous les professeurs de Paris et de
province.
Le président de la fédération, quoique souf-
frant, avait voulu assister à la fête et c'est avec
peine qu'il a lu son discours que voici :
Monsieur le Président de la République,
Au nom des chauiïeurs-électriciens-mécaniciens
de France et d'Algérie,j'ai l'honneur de vous sou-
haiter la bienvenue parmi nous. Je vous remercie
d'avoir bien voulu, en acceptant la présidence de
notre fête du travail, montrer l'intérêt que vous
portez à la Fédération. Les chauffeurs-mécani-
ciens sont heureux de vous acclamer. Ils connais-
sent votre sympathie pour eux, ils savent que vous
ne manquez pas une occasion de vous intéresser
au sort des modestes ouvriers des chemins de fer
et de l'industrie..
«N'oubliez jamais, disiez-vous récemment au chef
de l'une de nos grandes compagnies,que vous avez
charge d'dmes, que vous auez une responsabilité
non seulement industrielle et économique, mais
sociale.
«Souvenez-vous que la bonté est l'an des facteurs
les plnspuissaniJ à l'heure actuelle, et que c'est
en témoignant une bienveillance constante à tous
que l'on obtient les résultats les plus complets, les
plus rassurants. »
De telles paroles, monsieur le Président, vont
droit au cœur,et les chauffeurs-mécaniciens en gar-
deront un inaltérable souvenir. -,
Vive Emile Loubet! Vive la République!
Les bravos éclatent dans l'assistance, puis le
plus grand silence se fait. Le Président Loubet
se lève ot répond à M. Guimbert.
Discours de M. Loubet
9 sieur le président de la Fédération, et
vous messieurs,
En rappelant les paroles que je prononçais au
chef d'une de nos grandes compagnies de chemin
de fer au cours de mon voyage en Algérie, vous
me forcez à accentuer le sens de mes paroles et à
leur donner une portée beaucoup plus considéra-
ble. Ces paroles ont été la constatation d'un fait
qui est le plus grand honneur de notre pays, le
développement do notrc industrie économique.
J'aime votre Fédération! J'encourage ses efforts
et les encouragerai en venant jusqu'à la fin de
mon mandat présider ses belles réunions comme
celle d'aujourd'hui.
J'assiste à une manifestation magnifique. Je vois
ce que peut faire l'entente, le bon esprit de ci-
toyens courageux et travailleurs et c'est pour le
chef de l'Etat un spectacle auquel il ne peut se
lasser d'assister.
Vous pratiquez la solidarité dans votre société et
vous en êtes récompensés, continuez à resserrer
les relations cordiales qui existent chez vous de-
puis l'homme d'équipe jusqu'au chef de service.
Je dis continuez et vous trouverez en vos chefs,
j'en suis persuadé, les secours elrteaces auxquels
vous devez avoir droit et vous arriverez à résou-
dre les problèmes sociaux — si difficiles pourtant
— par votre courage, votre travail.et votre téna-
cité.
Distinctions et récompenses
Le Président remet alors les distinctions ho-
norifiques suivantes :
Officiers de l'Instruction publique. — MM. Bos
deeher, Dehail, Pinaud, Dejust.
Officiers d'Académie.- — MM. Bouillot, Duhayon-
Lûinnet, Jeandon, Lombard.
Mérité agricole. — MM. Cramoizan, Carré,
Henry. général, 1%1. Laffargtie, parle du
Le secrétaire général, M. Laffargue, parle du
rôle que joue l'instruction professionnelle dans
une association comme la fédération des méea-
niciens-chauffeurs-électriciens. Il montre les
modifications que l'on a dû apporter aux
cours et aux examens. Partout, il y a progrès ;
le concours supérieur a été très brillant.
MM. Laffargue adresse tous les remercie-
ments de la Fédération à M. Lockroy, prési-
dent d'honneur, à M. Guimbert, président, et
aux chefs de section. Il remercie particulière-
ment les professeurs. En terminant, le secré-
taire général remercie également les membres
du conseil judiciaire du concours si empressé
qu'ils apportent volontiers à la Fédération.
Suit alors la lecture du palmarès.
COURS DE CHAUFFAGE ET DE MÉCANIQUE
Concours supérieur : Lechartier, Came, Laffolit,
Maillet, Mathieu, Larsonnier et Jourdan, Patureaux
et Guerder, Cortin, Datan, Lambert, Brunelet, Bou-
tillier, Plessie.
couus D'KLECTRJCITÉ
2P année, concours supérieur. Prix : MM. Har-
mand, Adam, Manceau, Hummel, Larsonnier.
1" année. Prix : MM. Emile Henry, Villers, Beau-
son, Debaire, Travet, Mazaud, Galas, Guay, Bailly,
Malcy, Prieur, Denecheau, Kamerer, Maurice, Bi-
dault, Baheux, Çhaulanges, Robert Marcel.
dault,
Le président de la République se hâte de
distribuer quelques médailles et quitte ta salle
i au milieu des applaudissements des « gueules
noires » comme on les appelle, qui, pour la
circonstance, sont redevenues pour un jour;
blanches. i
Rappelons que cette fédération, une des plus,
pUissantescompte aujourd'hui plus de 5 OOOj
membres, alors - qu'en 1885, 50 à peine étaient
réunis sous la bannière qui porte les noms dej
Denys, Papin Salomon de Caus, Stephensonl
Giffard, Bourdon, général Morin, Couronne e
de Jauze. -
Un grand banquet de 300 couverts a réuni ài
7 h. du soir au *S&lon des F«NMMes, avenue de/
Sa(l\k.MJlndé. les lauréats et les membres de la ;
FedëraHon. La fête - fortanimée, suivie de bal:
très brillant s'eslprolongée jusqu'à une Bfeure
fort avancée de la nuit. — Paul Goguet.
AUX TUILERIES
C'est par un temps splendide, mais quelle
chaleur ! qu a eu lieu dans le cadre charmant
des Tuileries, le 16" concours de « l'Union des
Sociétés d instruction militaire de France.»
Dès 6 h. ljâ, près de 90 sociétés étaient grou-
pées sur le terrain de concours ; elles sedivisenti
en 43 sociétés d instruction militaire, 15 socié-i
tés de gymnastique, 21 groupements de pupil-
les et quelques patronages d'écoles.
Le jury, de son côté, se réunit sous la pré-
sidence du commandant de l'école de JoinviJle,
M. blondin, il est composé en grande partiei
d'officiers et de sous-officiers ; des moniteursi
de l'école de Jomville-Ie-Pont, ainsi que de,
nombreux professeurs de gymnastique de la
ville de Paris. j
A 7 h. tout le monde est à sa place et les
concours se multiplient sans interruption jus-
qu a 11 h. 1[2.
Ici c'est l'instruction militaire; là, ce sont
les jeunes gymnastes q.ui montrent leur endu-
rance, plus loin, les jeunes pupilles qui rjv4r
hsentdenLram et de- bonne humeur, enfin les,
patronageslaïques. quoique peu nombreux, n
nage de la rue Barbanègre si souvenrcïtô*-
comme un des plus sérieux et des mieux en-
traînés.
Mais une sonnerie de « garde à vous a re*
tentit à travers le jardin. Les concours sont
finis et élèves soldats, gymnastes, pupilles, élèïr
ves des écoles se dirigent vers les restaurants,"
qui sont envahis, tandis que jurés et autoritésr
se rendent dans les salons du quai d'Orsay, où.,
un frugal déjeuner les attend.
Le banquet
Il est midi, le général Ménestrez, représen-
tant le ministre de la guerre, appelé à Belfort,
prend place à la table d'honneur. A ses côtés :
Le sympathique président de l'Union, M. Fia-
mery; M. Deville, président du conseil munieipal;'
puis le colonel Dérué, inspecteur principal
de 1 éducation physique à Paris ; commandant'
Blandin, Grébauval, conseiller municipal: Barra);"
ancien président de l'Union; Leroy, représentant;
1 Association de la Seine ; Kaminski, vice-président
de 1 Union ; Sommier, directeur du concours - Gi-
raud, secrétaire général ; commandant Lauta, du'
service des chemins de fer, etc.
Au Champagne, quelques discours sont pro-
noncés; c'est d'abord le président qui remercie
les nombreux collaborateurs de cette oeuvro.
essentiellement patriotique et républicaine;
puis, c'est le général Ménestrez, qui fait un
vœu pour que les sociétés se développent de
plus en plus dans tout notre pays. M. Leroy.
boit à l'union des associations sœurs. Enfin,
I. de Trieberg, président des secouristes, sei
félicite de 1 accord qui existe entre lés sociétés'
d instruction militaire et cette autre œuvre
qui complète la première : apprendre à la jeu-
nesse à secourir ses semblables.
La fête - ,
Dès 2 h., un nombreux public, évalué à près
de 10,000 personnes, se presse dans le jardin.'
Les tribunes sont bondées. A la tribune d'hon-
neur, prennenLpIace tous les personnages of - (,
fieiels de retour du banquet, ainsi qu'un grand
nombre de dames. Mais les musiques sonnent
« aux champs ». La Marseillaise envoie ses
échos à travers l'espace, c'est le président de
la République qui arrive,
L'arrivée du Président
Précédé du préfet de police, accompagné de
M. Touny, directeur de la police municipale,'
la voiture du Président de la République s'ar-
rête devant la tribune officielle; il est acoom-j
pagné du général Dubois, de M. Combarieu,^
de M. Mougeot, ministre de l'agriculture; à leur ,
suite M. Sarrion, chef de cabinet du ministre
de l'agriculture; M. Autrand, secrétaire géné-
ral de la préfecture de la Seine. :
Le Président de la République, très acclama
est reçu par le général Baillod et M. Flamery,
Le défilé commence.
Le défilé
C'est d'abord le groupe des drapeaux, qufr
s'inclinent en passant devant le Président et
qui sont salués par toute l'assistance. Puis, les*
Sokols de Paris, les patronages, les pupillesj
parmi lesquels on remarque ceux de MontreuiH
et les Amis de l'Enfance. Parmi les socIétés, :
nous remarquons particulièrement :
L'Espérance du 19% dans une tenue impeccable ;
la Régénératrice d'Asnières, la Citoyenne de Nou-
zon, l'Arme blanche de Charleville (Ardennes),
l'Avant-Garde de Calais, les Touristes lyonnais, les
Défenseurs de Paris, la Vigilante d'Aubervilliers,
la Renaissance du 11e, En avant de Fourmiea1
(Nord). i
Enfin, le clou de la fêle, l'Escadron de Saint-
Georges, élèves cavaliers, bien campés sut
leurs chevaux, ma foi, en bon état..
Le défilé est terminé par les Secouristes, très
remarqués.
Les discours
Le défilé terminé, le président de l'Union,
M. Flamery.se lèvé et s'adressànt au Président:
il le remercie et l'assure des sentiments dE)
profond attachement de l'Union aux institu- »
tions républicaines. :
De nombreux cris de : « Vive la Républi-
que ! Vive Loubet ! » retentissent.
Le Président de la République, avec sa" sim-
plicité coutumière, dit combien il est heureux
de se trouver annuellement parmi cette jeunesse
patriotique et désireux de prouver toute la sol-'
licitude du gouvernement à l'égard des œuvres
d'éducation militaire de la jeunesse.
Les décorations
Voici les distinctions qui ont été dSSèrnées ;;
Chevalier de la Légion d'honneur. — La capi-
taine Sommier.
Officiers de l'instruction publique. — MM. Ber.
nier, vice-président de l'Union; Millètre, instruc-
teur des Touristes de Puteaux,docteur BarDarm,da:
l'Espérance du XIXe arrondissement. !
Officiers d'académie. — Carnaud, de Paris ; Ga- i
tien, de Charleville; Toupet, de Calais; Charleville,
de Paris.
Le Président de la République se retire.tou-
jours en hâte, acclamé par des milliers d'as-
sistants aux cris de : « Vive Loubet ! Vive la
République ! J
Un incident
A ce moment un groupe de nationalards es-
saie une protestation et s'efforce de crier
« Vive l'armée f » Le doute n'est guère possible
- ils veulent faire une manifestation — genre.
Syveton — mais de courageux citoyens inter-t
viennent; quelques horions sont échangés.,
KFiûalem€ût énergowèow BaUouale."
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