Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-06-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 24 juin 1903 24 juin 1903
Description : 1903/06/24 (N12157). 1903/06/24 (N12157).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75725086
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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CINO, CENTIMES le Numéro. PARIS DÉPARTR-MENTS --
Le Nu:rné ÇÆQ r;kN'rIMES:
L4 - : i%z-rimies
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No 12157, — Mercredi 24 Juin JL903
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ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
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NOS LEJDElIS
L Bnt 19U4.
Le projet de budget de 1904 était at-
tendu avec une sorte d'anxiété. Qu'al- t
lait-il être ? Comment s'établirait l'é-;
quilibre? Cet équilibre ne serait-il pas!
purement fictif? Ce budget ne compor-
terait-il pas une nouvelle émission d'o-
bligations a court terme ? N'aurait-on'
pas retours à de nouvelles imposi-
tions ?
Malgré les difficultés considérables
que lui créait le déficit des derniers;
exercices, M. Rouvier vient de déposer a
sur le bureau de la Chambre un projet
auquel on ne saurait refuser une entière*
approbation. Il est bien tel qu'on pou-
vait l'attendre d'un homme qui possè-
de, en ces matières, une compétence.
tout à fait exceptionnelle. Il ne com-
porte aucune espèce d'emprunt. Il n'y;
a pas d'impôt nouveau dans le sens ri-
goureux du mot. Enfin l'équilibre y est
réel. Bien mieux, tout permet decroire
que lé budget de 1904 tel qu'il est éta-
bli, et si la Chambre n'y apporte pas
de modifications profondes, se soldera
en excédent.
La tâche n'était pas aiséeOn sait que
les prévisions en ce qui concerne les'
impôts indirects qui forment la subs-
tance même de nos ressources budgé-'
taires, sont établies, tous les ans, sur les
résultats de l'avant-dernière année.
Pour le budget de 1904, on devait
donc prendre les recettes effectives de
1902. Orl'année 1902 est une de celles
dont les résultats ont été les plus mé-
diocres. C'est l'année où le rendement
de nos impôts a subi le fléchissement
le plus sensible.
Les produits prévus, pour 1904, en
les calculant sur la base des résultats
de 1902 donnaient un chiffre de recet-
tes qui ne dépassait guère 3 milliards
cinq cent-vingt-huit millions soit à
peu près exactement le chiffre prévu
des recettes et des dépenses de l'exer-
cice en cours.
On se trouvait ainsi bien loin de
compte. Les dépenses prévues pour
1904 sont de beaucoup supérieures à
celles de 1903. Le développement nor-
mal des opérations postales, télégra-
phiques et téléphoniques exige une
augmentation de plus de cinq mil-
lions. faut dix millions dé plus pour
faire face à la construction de nouvel-
les écoles, ainsi qu'à l'amélioration des
traitements et de l'avancement des
instituteurs. L'intérêt des obligations à
court terme émises pour faire face au
déficit budgétaire des derniers exerci-
ces joint à l'augmentation annuelle
des pensions civiles et militaires s'é-
lève à plus de 10 millions. Il faut 26 mil-
lions représentant le dénli coupon du
nouveau 3 010 qu'on n'avait pas eu à
payer l'année dernière par suite d'un
changement de date et du jeu de la
conversion. Enfin le budget en cours,
celui de 1903, ne trouvait son équilibre
nue grâce à l'émission de quarante'
millions d'obligations à court terme
destinées à couvrir les garanties d'in-
térêt à payer aux compagnies de che-
mins de fer. Comme le ministre des
finances était bien résolu à boucler
son budget sans aucune espèce d'em-
prunt, il fallait trouver ailleurs ces
Quarante millions.
Tous comptes faits, l'insuffisance
s'élevait au chiffre énorme de quatre-
vingt neuf millions.
M. Rouvier a tout d'abord fait appel
à ses collègues. Il les a invités à com-
primer dans la mesure du possible
les dépenses de leur département. Il a
obtenu, de ce chef, dix-sept millions
d'économies. Le ministre des finances
propose ensuite l'abrogation de la con-
vention du 17 juillet 1900, aux termes
de laquelle on abaissait de 20 francs
par cent kilos les droits de douane sur
les cafés du Brésil. Cette diminution:
coûte au budget une sômmeannuclle de
dix sept millions. En 1900, on avait
fait ce sacrifice dans un but très loua-
ble. On croyait favoriser notre expor-
tation au Brésil. Le Brésil venait d'é-
tablir un tarif qui relevait considéra-
blement les droits d'entrée. En échange
de la diminution que nous" lui con-
sentions sur les cafés d'origine brési-
lienne, il proposait d'accorder à la
France le bénéfice de son tarif mini-
mum. Malheureusement, les résultats
de cette convention n'ont pas répondu
à nos espérances. Le chi ffre de nos ex-
porta lions au Brésil ne s'est pas Qlain-
tenu. Il s'est réduit au contraire d'an-
née en aînée et dans des proportions
tout à fait inattendues. Notre com-
merce n'a ainsi rien gagné au sacri-
fice qu'on imposait à nos finances.
D'autre part, le prix du café au dé-
tail n'a pas subi de diminution sensi-
ble. Le consommateur a toujours payé
- le même prix.
Le ministre des finances trouve en-
core une vingtaine de millions dans le
compte spécial (Favanees que les lois
de 97 et de 99 ont établi entre l'Etat et
la Banque de France, relativement à
l'organisation de caisses régionales
'âîï crédit agricole - sans porter la
moindre atteinte, est-il besoin de le
dire, au toncHon~nt d, cette inté-
ressante institution. Enfin la modifica-
tion des prescriptions du code civil ail- 1
sujet des successions en déshérence
procurera au Trésor une recette im-
médiate de 21 millions.
Telle est l'économie générale du
projet.
Ainsi se trouvent intégralement cou-,
vertes les dépenses de l'exercice 1904,
telles qu'elles peuvent être prévues dès
aujourd'hui, qui s'élèvent à la sonllne
globale de trois milliards cinq cent
soixante-douze millions neuf cent
viugt-deux mille huit cent trois francs.
Ce projet de budget n'est sans doute'
pas à l'abri de toute critique. Le mi-
nistre reconnaît lui-même qu'on y fait
état de ressources exceptionnelles
qu'il eût été plus régulier d'affecter à:
une opération d'amortissement. Mais
il est juste de reconnaître que M. Rou-
vier se trouvait en présence de diffi-
cultés qui autrement demeuraient
insurmontables.
Tel qu'il se présente,ce projet réalise
sur les deux budgets précédents des
progrès et des avantages considérables.
.11 n'y a pas trace du moindre emprunt
direct ou indirect. Les garanties d'inté-
rêt qui depuis plusieurs années étaient
payées au moyen d'une émission d'obli-
gations à court terme, c'est-à-dire
sur des fonds d'emprunt, rentrent effec-
tivement dans le budget et sont payées ;
sur les ressources générales.
Mais la caractéristique de ce projet
cest la sincérité absolue avec laquelle.
lès recettes y ont été prévues. La crise
économique et financière dont nous res-
sentons les effets depuis trois ans sem-
ble bien toucher à sa fin. Les plus-
; values constatées pendant les cinq pre-
miers mois de l'année courante sont
^relativement importantes. L'ensemble
'des recettes de 1904 sera certainement
beaucoup supérieur à celui de 1902.
Le ministre des finances aurait donc
pu être tenté de majorer les évalua-
tions. Il y avait des précédents. Or,
:M„ Rouvier est demeuré quand même
fidèle à la règle de la pénultième an-
née. C'est là, à mon sens, un des plus
grands mérites de son œuvre d'ailleurs
si remarquable par tant d'autres côtés.
Dans ces conditions, il ne parait pas
douteux que le budget de 1904 va fer-
mer l'ère des déficits.
Louis Puech.
, __—————.— —————— T
LA CAPITULATION
La bataille qui a commencé
hier s'engageait mal. Une sorte
de gêne pesait sur les meilleurs
amis du ministère. On n'enten-
dait que des récriminations.,
Chacun était mécontent d'avoir
à manifester publiquement à propos d un
texte de lQi odieux, parce que dirigé contre
.dçs individus, contre des personnes ; inu-
tile ensuite, parce qu'il ne faisait qu'affir-
mer les décisions de la Cour de cassation f'
inopérant encore parce qu'il permettait.une'
sorte de chassé-croisé dont les congréga-
nistes auraient fait leur profit. Il y avait
comme de la poudre dans l'air, de la pou-
• çjrc qui aurait été assez mouillée pour em-
.pécher des votes hostiles, mais qui ne l'au-
rait pas été trop pour provoquer de nom-
breuses abstentions.
En résumé, le ministère était à terre s'il
.avait maintenu ce texte de la commission-
'dont j'ai pu dire sans être discuté qu'il
constituait une loi d'exception, comme por-
îtant la congrégation forcée à temps et l'in-
: terdiction de séjour. Il était renversé par
une majorité d'une trentaine de voix. Après
] tout, il n'est pas admissible qu'un cabinet
; s'amuse à jouer tout le temps les difficultés
et à énerver sa majorité en lui demandant
des mesures exceptionnelles contre des
personnes. - - -
111 a si bien,compris qu'il a jeté du lest.
Quand je suis arrivé à la commission des
associations et des congrégations, j'ai ap-
pris que le cabinet avait abdiqué son intran-
sigeance des premiers jours. 11 avait capi-
tulé. De loi contre des personnes, il n'en
parlait plus. Il acceptait l'amendement-
Buisson, stipulant la réserve de la preuve:
contraire. La commission, qui n'a rien à lui
refuser, a accepté à son tour ledit amende-
ment. Je ne pouvais me montrer plus roya-
liste que le roi. L'amendement Buisson ac-
cepté par le gouvernement et la commis-
sion, c'est un second vote de l'article 14 de
la loi de 1901 qu'on nous demande. Comme
j'ai déjà voté, il y a deux ans, cet article, je
n'éprouve aucune difficulté à le voter une
seconde fois.
Texte inutile d'ailleurs. Aussi bien, ai-je
dû rengaîner le discours que j'avais pré-'
paré. Du moment qu'on retirait au texte de
loi en discussion le caractère arbitraire
qu'on lui avait donné, qu'il n'y avait plus
d'atteinte portée à la liberté individuelle,:
que le domicile forcé et la recongréganisa-
tion obligatoire avaient disparu, je devais
me bornera une simple déclaration. C'est
ce:que j'ei fait pour constater que je n'avais
pas besoin de combattre un texte inopé-
rant.
Hubbard et Lhopiteau auraient pu se,
borner à faire la même déclaration que;
moi. Ils ont préféré prononcer les, discours
qu'ils avaientpréparés en vue du texte pri-'
mitif du Gouvernement et delà commission.
L'un et l'autre ont été excellents. Je mé:
permets cependant de féliciter Hubbald.'
Parlant du délai de 3 ans de congréganisa-
tion forcée, il a trouvé ce joli mot : le pur-
gatoire de laïcisation,qui a été applaudi sur'
NIJ les bancs de la Chambre,
Malgré le gros changement de texte
adopté par la commission, l'urgence n'a été
votée que par une majorité de 46 voix que
seuls ont formée des députés hostiles au
fond de la proposition. De telle sorte qu'il.,
est difficile, à l'heure actuelle, de préjuger-
s'il y aura une majorité ou non, au vote dé-
finitif. Tant d'amendements çt de contre-
projets ont été déposai
Enfip, félicitons-nousdece qui est arrivé.
La campagne du Rappel n'aura pas été jaxf-
tile. Le ministère aura appris qu'il est im-
prudent de proposer à des républicains des
lois d'exception. Quand les enfants jouent
avec le feu, on leur tire les oreilles. Le ca-
binet fera bien de se souvenir de la leçon
d'hier. - Ch. B.
M. DELCASSÉ ET LES
ETABLISSEMENTS CONGRÉGSNISTES
Quelques pièces, dans le livre jaune distri-
bué hier, sont de nature à provoquer des r é -
flexions assez sérieuses.
Ainsi, nous trouvons à la page 20 de ce re-
cueil, la communication suivante faite par M.
Delcassé à M. Nisard, ambassadeur do la Ré-
publique près le Saint-Siège :
Paris, le 4 février 1902.
Le conseil des ministres a décidé que la loi de
juillet 1901 ne devait pas avoir d'effet rétroactif et.
ne s'appliquait pas aux établissements scolaires1
ouverts en vertu de la loi de 1886. Les conclusions:
du Conseil d'Etat visées dans votre dépêche du 29
janvier ne les touchent donc pas. C'est un point
qui préoccupait vivement le Nonce. Mgr Loreruelli
a paru très satisfait de la décision du Conseil que'
je lui ai immédiatement fait connaitrc,
DELCASSÉ.
-Or, de renseignements puisés à une source
que nous avons lieu de croire tout à fait auto-
risée, il résulte que le conseil des ministres, au-
,quel il est fait ici allusion, n'a nullement pris
! la décision que notifie M. Delcassé; il s'ensut
que le ministre des affaires étrangères assume.
tout entière, la responsabilité de l'information
qu'il a envoyée à l'ambassadeur, et qu'il a aus-
si, par suite, l'entière responsabilité des modi-
fications que cette nouvelle hardie a pu déter-
miner dans l'attitude du Saint-Siège.
Nous comprenons très bien que M. Combes
n'ait pas voulu dire cela à son collègue du ca-
binet, mais nous trouvons, nage 24 du même
livre Jaune, une lettre de lui à M. Delcassé,
lettre qui laisse entendre, avec une fermeté
dont il faut louer Je président du conseil, que le'
; ministre des affaires étrangères a été un peu
loin, et s'est trop avancé dans cette circons-
tance. La lettre de M. Combes, daléo du 24
juillet 1902, dit en effet : *
Vous avez bien voulu appeler mon attention sur
les protestations que vous a adressées le nonce,
apostolique au sujet tle la circulaire ordonnant la
fermeture de certains établissements scolaires con-
gréganistes ouverts antérieurement à la loi du 1"
juillet 1901.
Le représentant du Saint-Siège invoque que cet
:acte serait en contradiotiôn avec une décision prise:
en conseil des ministres, au mois de janvier der-
nier, et que vous avez vous-même notifiée. Il ré-j
sulterait de cette décision que l'avis du conseil
cPËtat déterminant le caractère des écoles dirigées-
par les -congrégations ne saurait avoir d'effet ré-'
troactîf et ne s'appliquerait pas, conséquemment,
,aux écoles ouvertes avant la promulgation de la loi'
précitée.
Vous estimez que votre déclaration, officielle-
ment répétée au gouvernement pontifical, engage-
■ encore aujourd'hui, la manière de voir du cabi-
net et vous me demandez de vous mettro en me-
'sure de confirmer cette déclaration. :
L'avm du Go&seil d'Etat ne peut en aucune façon
.nlOdifier le texte et l'esprit de la loi. La haute as-
semblée administrative n'a fait que préciser un
! point de fait à savoir qu'une école dirigée par des
congréganistes constitue bien au sens légal un
établissement religieux, et dès lors les dispositions
de la loi du 1" juillet 1901 s'appliquent à cet éta-
blissement comme a tous les autres, quelle que
soit leur nature.
Nous n'insisterons pas sur l'étrange impru-
dence avec laquelle M. Delcassé paraît avoir
agi ce cette circonstance; nous préférons si-
gnaler un autre passage très important de. la
lettre du président du conseil. Voici cette dé-
claration de M, Combes :
Si le Saint-Siège n'est pas en droit de protester'
sur le terrain concordataire, il n'en est pas de
même du gouvernement français, alors qu'un cer-
tain nombre d'évêques prennent à tâche d'empê-
cher les effets du pacte d'apaisement religieux ré-
digé et signé par les représentants des deux pou-
voirs, en jetant dans la publicité des lettres" où
l'insulte se joint à l'excitation à la révolte.
Ces inconvénients, en se multipliant, pourront
: donc donner lieu à des difficultés graves, puisque
l'examen des lettres des prélats pourrait donner
•lieu au fond, comme dans la forme, à des pour-
suites judiciaires. Or, des poursuites de cette na-
ture grefferaient une nouvelle crise religieuse sur
celle dans laquelle nous nous trouvons par suite
: des excitations imprudentes parties du Vatican, le
: jour de la réception des curés de Paris, où tout le
: clergé militant de France a cru entendre le mot
d'ordre qui l'a lancé dans la lutte électorale.
Si le Saint-Siège souhaite le maintien du Con-
.cordât, comme j'ose encore le croire, et comme j'en
lai à coup sûr le véritable désir, ce maintien
pourrait il se coriciUér avec une pareille situa-
tion ?
C'est sur ce point qu'il convient, Monsieur le
Ministre et cher collègue, d'appeler toute l'at-
tention du Nonce apostolique, et je ne saurois trop
: le signaler à votre liaute sollicitude.
E. COMBES.
Nous ne saurions dire si M. Delcassé a été
très enchanté de transmettre au Nonce celte
énergique représentation.
LE CAS DU LIEUTENANT PORTIER
Epilogue
Par décision ministérielle, le capitaine en
retraite Janin, rapporteur près le conseil de
guerre de Nantes, lors de l'affaire du lieutenant
iPortier, est rèlevé de son emploi et rendu à la
vie civile.
LES ANGLAIS AU SIAM
- Saigon, 22 juin.
Une dépêche de Bangkok confirme, contrai-
rement à ce qui a été dit, qu'une convention a
été passée par le résident anglais Graham, au
sujet de l'administration de la principauté de
;lielantan.
LORD KITCHENÈB ET LES GAITÉS DE SABRE
(De notre correspondant particulierf
Bonitay, U 3* u ln.
Lord Kitchener, généralissime-de l'abnée
anglo-indienne, a adressé un ordre du jour à
tous les chefs de troupes blàmant les nom-
breuses agressions armées dont les indigènes
.sont l'objet de la part des soldats des garni-
ssons indiennes. Il ordonné de donner lecture
de cet ordre du jour aux troupes une fois par
mois. Les soldats et les gradés doivent être sé-
'rieusement exhortés à s'abstenir de ces excès
s'ils ne veulent pas encourir des punitions très
graves.
Graves nouvelles du Somaliland
(De notre correspondant particulier/
Aden,22juin.
Lo bruit court que la place de Damot a été
prise d'assaut par les hommes du Mad-Moullali.
Le général Manning immobilisé lui-même n'a
pas pu venir au secours de la place assiégée.
Les troupes indiennes qui doivent arriver
d'un moment à l'autre auront pour chef le gé-
néral de brigade Sir G. Egerton qui s'est si-
gnalé en 18% dans la campagne contre les
W a xi ri s.
L'HONNEUR
ET L'ARGENT
Rien de Ponsard. — A propos de l'as-
sassinat de Belgrade. — L'amour
et le mépris du prochain. — Ré-
formes financières. — L'a-
venir de l'impôt sur le
revenu. ,1
Je ne viens pas exhumer la pièce qui porte ce.
titre. Elle ne fut certes pas l'œuvre d'un poète,
mais l'effort d'un versificateur consciencieux.
,Et, comparée aux produits soi-disant rimés de
la plupart des « poètes et poétesses à la mode »,
elle les domine, au moins par la correction du
langage et les lumières de la prosodie.
- Laissons-là Ponsard et les pygmées en vogue.
; Ce n'est point d'eux qu'il sera question dans
,cet article, mais de la lutte aux mille facettes
que l'honneur agonisant de la terre soutient
contre l'immoralité, le crime de l'argent.
L'argent est devenu tel qu'il jette sa boue
sur les plus honnêtes. Je n'en veux pour preuve
que ce fait tout récent arraché aux annales des
Deux-Sèvres : >
L'erreur judiciaire de Parthenay
Un négoeiant de Parthenay ayant été accusé
d'avoir payé à la Banque de France une traite de
cinq cents francs avec des pièces fausses, fit en-
tendre des protestations. Le directeur de la suc-
cursale de Niort prévint de son côté le parquet, et
;une descente de justice eut lieu pour opérer une
perquisition..
Au cours de cette perquisition, un bijoutier, qui
avait été appelé, déclara que toutes les pièces
étaient bonnes.
Interrogé, le négociant affirma avoir employé
une pommade contenant du mercure pour soi-
gner uno plaie au doigt. Des expériences ayant été
faites sur de bonnes pièces, on constata en les ma-
nipulant que celles-ci blanchissaient. Tout s'est
.alors expliqué, et après des excuses faites au négo-
ciant, les magistrats se sont retirés.
La fin justifie les moyens ? L'innocence est
toujours reconnue. le plus souvent après la
mort des innocents. Le ci-devant incriminé
:est réintégré dans son honorabilité antérieure,
les magistrats lui ont fait des excuses ? L'ex-
cuse n'efface pas l'accusation. Le négociant
doit avoir des ennemis, qui sans parler de
Tune rappeleront l'autre. Et aux yeux d'une
:10ule trop peu casuite, « accusé » est le syno-
nyme de « coupable ». Que de fois ai-je en-
tendu ce propos :
— X. est une canaille.
— Qu'en savez-vous ?
— Y. me l'a dit.
; Et voilà sur quoi l'on échafaude un déshon-
neur.
France et Serbie
Un de mes confrères, sans doute bien inten-
tionné, écrivait la semaine dernière à propos
ide l'assassinat de Belgrade : « Ce n'est pas ici
:« que se produirait pareil forfait. En France,
•;« on déshonore un homme, on ne le tue pas ».
Chose étrange, l'article était dépourvu d'ironie.
Hélas ! il n'est que trop vrai qu'un Français
— même étonnamment honnête — n'est plus
jabrité contre une certaine calomnie. Il se trouve
toujours sur IUt- pas l'anonyme haineux, ja-
loux, qui sans fournir de preuves, sans prétex-
ter d'apparence — on ne lui demande ni les
unes ni les autres - glisse la mauvaise pa-
role dans l'oreille, toujours tendue, de la foule
avide de scandales et de malpropretés. Les Ser-
bes jnordent, les Français, bavent: Ce sont tou-
jours des serpents.
C'est l'humanité entière qu'il faudrait arra-
cher aux maux qui la rongent : l'orgueil, l'é-
goïsme, l'argent. Si le « veau d'or » n'était tri-
butaire que du mérite, il aurait perdu un pou-
voir, il cesserait d'être un rouage redoutable,
La conscience et l'argent
Bah ! puisque l'honnête homme lui-même
est livré au mépris de ses semblables, qu'il;
garde la consolation intime et suprême d'une
conscience. indemme ! Qu'importe le mépris
qui n'a pas de cause ? Notre juge n'est pas
hors de nous, mais en nous. On peut tolérer
l'injure imméritée. L'éloge immérité doit être
intolérable.
Oh ! ces fortunes élevées sur les débris de la
conscience ! Ces monceaux d'or achetés par la
■ vente de soi-même, de son cœur, de son esprit,
de sa liberté ! Ces bouches qui ne s'ouvrent-
que pour renier et pour mentir !
Ces yeux ternes et fuyants qui n'osent fixer
la lumière du jour! Il faut observer les
« amants de l'or » dans leur intimité. Que de
:tristesses irrémédiables siègent à leurs foyers
vides d'affections et d'espérance !
Je voudrais que les pauvres pussent péné-
trer, demeurer dans les hôtels somptueux qu'ils
envient, parmi ces milliardaires qu'on leur
présente comme les rois du mondo et qui n'en
;sont que les esclaves.
Pauvres riches ! Le moindre de leurs actes,
de leurs gestes, de leurs propos, est épié, trahi.
A qui se fier ? A l'épouse qui n'aime que votre,
fortune ? Aux enfants qui la convoitent ? Aux
valets qui la volent? La conscience, elle même.;
comme l'or, se retourne contre son possesseur.
Et il faut porter beau, paraître, « jouer son
rôle »t le rire aux lèvres, le deuil au cœur !
Les milliardaires sont plus éloignés du bon-;
heur que les indigents. Oh! sans doute, on ne
;peut nier l'influence terrestre des richesses.
Mais ces richesses, pour être enviables, doivent
être limitées. Qu'elles soient le but largement
atteint par le travail, qu'elles soient la bienfai-
sante rémunération d'une vie d'honneur eL,
- d'activité, rien de mieux. Mais qu'elles consti-1
tuent une secte scandaleusement opulente dans
un Etat ridiculement besogneux ; qu'elles mo-,
1 ilisent tout un personnel au service, non pas,
oJun bienfaiteur nid'un génie, mais d'un bras-
.'Jilllr de criminelles affaires?
Voilà ce à quoi il faudrait mettre un terme.
Ht l'impôt sur le revenu, sans augmenter les
charges des fortunes moyennes, rendait impos-'
sille la création de nouveaux milliardaires ou
avt-hi-millionnaires, il n'y aurait qu'à lui dé-
coruer des éloges. L'avenir nous apprendra si,
là encore, les petits et les moyens ne paieront
pas pour les gros, et je crains bien que de ce
fait l'embonpoint de nos modernes Falstaffs ne
diminue guère.
Les capitalistes et l'Etat
Pilvs que les autres nations, la France souf-
fre die cette exploitation du capital par un pe-
tit nombre de mains. Il serait puéril de nier
;qtte :',on génie, sa prospérité, soient sortis du
Ipeupio Et le peuple est paralysé dans ses ten-
tative.; et ses aspirations. L'or afflue, considé-
rable; aux caisses de ceux qui n'en usent pas
ou qui lm, usent mal. Et, de nos jours, le gé-;
nie et 1, bienfait sans l'or sont condamnés à
marqua le pas. Que si, plus hardi que ses pa-
reils, un philanthrope entretient d'une mesure **
:Immani',',dre un capitaliste, celui-ci n'y voit
'qu'une affaire sans grands intérêts, et son or-
gueil se refuse à la mise en pratique d'une,
idée qui n'est pas la sienne.
On proposa naguère de ne laisser subsister,
l'héritage qu'entre époux, ascendants, descen-
dants et collatéraux privilégiés. Pourquoi ne
limiterait-on pas à quelques millions - vous:
voyez que je ne suis pas intolérant — la forlune
du ménage ou du foyer le plus favorisés? Les
millions supplémentaires reviendraient a l'Etat,
au plus tard à l'ouverture de la succession du
veuf ou do célibataire.
Ainsi les dangers de l'excessive richesse se-
raient en partie supprimés.
Mais il ne faudrait point substituer le cho-'
val aveugle au cheval borgne et charger de la
répartition des millions communs les adminis-
trateurs non encore millionnaires., Les fonc-
tionnaires sont admirables lorsqu'ils ne cèdent
point à la tentation. Mais l'Etat est bien naïf'
lorsqu'il la provoque 1
Fera and GENDRIER
Voir à la Sojoacye l.
les 3Der*xiièz*es Dépêches
de la nuit
et la Revue des Joui-ri aux
du xnatin !
SYVETONNADE
Avant-hier soir je me promenais tranquille-
ment sur les boulevards. La minute était char-
mante, les étoiles clignaient leurs yeux d'or
pour mieux se faire remarquer des flâneurs, les
ballons électriques mettaient, parmi les feuilles
des arbres, leurs bouquets de lilas, et aux
terrasses des tavernes, les « amis du di-
manche » humaient l'air de Paris el le café do
la digestion. , -
Subitement les boulevards furent envahis
par une nuée do jeunes gens, qui criaiènt :
« Liberté ! liberté ! » J'aime ce mot et y atta-
che grande importance ; c'est pourquoi je
m'approchai, non sans sympathie, de ce
groupe tapageur. A cet instant, un passant, qui
avait grommelé une phrase que je n'entendis
.point, fut entouré et assommé, aux cris répétés
de : « Liberté ! liberté ! » Je compris que cè„
'cit.oyen ne partageait pas l'opinion de ces libé-
raux, of que la seule liberté qu'ils consentaient
,à lui accorder, en l'occurrence, était celle de lui
laisser un soume de vie..
Ces jeunes gens sont, m'apprit on, d'excel-
lents républicains, qui ont le tort de ne pas
,mettre en pratique la vieille devise : Liberté,
égalitéj fraternité. Ils sont libéraux, et assom-
! ment leurs contradicteurs; ils aiment l'égalité,
et acclament les généraux et les archevêques ;
ils aiment, également, la fraternité, et hurlent
:sans cesse : Mort aux juifs! Ils avaient étends
en joié par l'élection de' M. Syvcwri; et tenaient-
à prouver la force de leur gosier, par JCUPS
cris, et la solidité de leurs convictions par la
brutalité de leur poigne.
, Aussi quand M. Syvcton parut, leurs cris
:redoubJèrenl. Ils l'accompagnèrent jusqu'à l'é-
tablissement que le nouveau député a l'habi-
tude de fréquenter : le café Bicne, et monté-
itèrent avec lui les premières marches de l'es;
;calier, ainsi que s'ils eussent été en compagnie
d'un ami. »
Mais M. Syveton eut honte de parader en ce
restaurant mondain, entouré d'un pareil état-
Imajor. En quelques mots, il fil comprendre à
ses suiveurs que, puisqu'ils l'avaient élu, et
que par là ils avaient atteint leur but com-
mun, il ne leur restait plus qu'à se séparer.
Ils s'en allèrent tête basse, comme des élec-
teurs qu'un Syveton aurait pris.
Sur ce, le petit Jules Lemaitre des rues
s'installa à tablé, commanda son menu; et
calme, souriant, heureux de lui, et même des
autres, il dit, d'un air vainqueur, au maître
d'hôtel : « Joseph, je vous amène beaucoup de
monde ce soir. » — « Monsieur le députéj lui
répondit Joseph avec déférence, le restaurant
est pleiu ; c'est absolument comme lorsque Mme
Oléro dîne ici. — René Wùncr.
LES FORTIFICATIONS MARITIMES EN ALLEMAGNE
(De notre correspondant particulieri
Kiel, 22 juin.
L'amirauté achète de vastes terrains à Flens-
burg pour agrandir la station navale. Les élè-
ves qui sont actuellement dans la forteresse de
Friedrichsort seront casés à Flensburg. Une,
partie des vaisseaux-écoles pour l'artillerie sera
transférée d'Eckernfoerde à Sonderburg.
CADEAU DE PRETENDANT
(De notre correspondant particuliert
- Naples, 22 juin.
Le comte de Caserte; autrement dit Alphonse
de Bourbon, prétendant au trône des Deux-
Siciles, a donné au musée San Martino de Na-
pies deux objets historiques : le fameux phaé-,
ton de Ferdinand Il et un grand portrait du
roi Charles III de Bourbon.
, Ce qui donne une importance particulière à
ce cadeau est le fait que le prétendant a adressé
l'offre à M. Nasi, ministre de l'instruction pu-
blique au service de 1' « usurpateur ».
.———————————— —————=——————.
ACADÉMIE DES SCIENCES
La liquéfaction de l'air
L'air liquide, comme personne ne l'ignore,
est un mélange d'oxygène et d'azote liqui-
fiés.
Ces deux gaz ayant des points d'ébullition;
différents, il s'ensuit fatalement que celui bouil-
lant à une température moins basse, l'azote,
s'évapore le premier, laissant ainsi l'autre gaz,,
l'oxygène, à état de pureté plus ou moins par-
faite.
Les choses étant ainsi, l'on pouvait penser,
que le phénomène inverse, celui de la conden-:
sation d'un mélange d'oxygène et d'azote devait
s'opérer exactement en sens contraire de l'éva-
poration, c'est-à-dire que l'oxygène doit se con-
denser d'abord, puis l'azote.
Or, jusqu'ici, les physiciens pensaient, cepen-:
dant, que les choses se passaient tout différem-
ment.
Dans la réalité, cependant, comme vient de
le montrer M. Georges Claude, c'est bien la ré-
versibilité du phénomène qui est exacte. Cette
découverte est d'une haute importance prati-
que. Elle va être en effet le point de départ
d'une fabrication industrielle économique de
IJoxyène,
La grotte préhistorique
M. Cartailliac a donné hier d'intéressanls
renseignements sur l'exploration qu'il vient de
faire en collaboration avec M. l'abbé Breiih de
la grotte d'Altunira, près de Santander. 1
Cette grotte qui fut découverte eji 1881 par
M. de Santicola est remarquable par les pein-
tures préhistoriques qu'elle renferme, peintures
figurant des bisons, des rennes, des cerfs, des
chevaux, des bouquetins et des représentations
d'êtres humains.
D'après M. Heinach, l'origine de ces peintu-
res doit être rapportée à des manifestations reli-
gieuses.
Affaires diverses
A mentionner une note de MM. Charrin et
Roché sur les poisons de l'organisme et la ges-
tation ; un mémoire de M. le professeur Finsen
sur les résuKats de la technique de la photothé-
rapie dans le lupiu et une communication de
M. Maurice Lvy sur la photographie de la'
lune.
En cours de séance, enfin, l'Académie a Ré-
signé MM. Troost et Rassot comme cÕmmis-,
saircs -P°\11' la vértftçaUon des comptos, -
u. K. --.
LA JOURNEE
: PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
: LES SECULARISATIONS .-' :.
Le gouvernement et la commission ont
fini, dans la matinée d'hier, par accepter
'l'amendement Buisson. Alors on se de-
mande à quoi rimait l'attitude intransi-
geante adoptée depuis quelques jours pal
,ces antiministériels à zèle excessif qui
n'admettent pas le principe nécessaire de
la liberté de discussion entre républicains;
L'amendement Buisson accorde au con";
gréganiste qui se dit sécularisé la faculté
,de prouver qu'il a effectivement rompu
avec l'association religieuse à laquelle i!
appartenait. Ainsi, les inquiétudes de nos
amis, qui protestaient au nom de la liberté
individuelle, sont calmées. Les principes
sont saufs.Mais si l'on sort du domaine des
théories pour se placer sur celui de la réa-
lité, on se rend compte que la loi reste
inefficace. Et nous nous refuserons à lancer
l'anathème contre les républicains qui ne
consentiraient pas à voter une loi dont
l'inutilité est désormais avouée.
Tout cela, Charles Bos l'a dit, dans une
courte déclaration par laquelle il déclarait
qu'il voterait la proposition — amendée
par le texte de M. F. Buisson — sans se
faire toutefois d'illusion sur un texte qui
reste bizarrement conçu et fâcheusement
;rédjgé. La déclaration de Charles Bos —
où il m'a semblé discerner un peu d'une
ironie assez mordante — a fait-impres-
sion,
G. Hubbard, à son tour, a lu son dis
cours. Lu ? Oui. G. Hubbard est cépendanî
un merveilleux improvisateur. Il lui a sem ,
blé que dans un tel débat, aucun mot nf
devait être laissé au hasard. C'est, toute
une politique - celle de la rupture avec
la tyrannie romaine, et de l'instauration-
de la liberté pour tous en France — que
: Hubbard a opposée à la politique concorda- -
taire à la fois faible et vexatoire, dont M.
:Combes a le tort de ne pas vouloir sortir.
, Que M. Massé ait trouvé peu d'argument
pour répondre aux observations de Bô's et
de Hubbard, il ne convient pas de le repris
cher au rapporteur de la commission. Per-
sonne n'aurait pu défendre sans gêne une
! thèse si difficile à soutenir.
Il faut noter le remarquable discours de
M. Lhôpiteau qui, avec beaucoup de crâne-
'rie et aussi pas mal d'esprit, a mis en lu-
mière certains côtés jusqu'à présent mal
'éclairés de la question.
Nous renverrons à la fin de ce compte
-rendu ce qui touche à une manifestation
enfantine de M. Syveton qui a voulu sié-
9er sans s'être conformé aux formalités ré-
;.glernent,aires.
On sait que la proposition rapportée pD."
, M. Massé tend à compléter l'article 14 de 1&
loi du 1er juillet 1901 par l'addition qut
voici :
Sera, pendant un délai de trois ans, à partir
de la fermeture d'un établissement congréga-
niste tombant sous l'application des paragra-,
phes précédents, sauf la preuve contraire, tout
établissement, de quelque nature qu'il soit.,
situé dans la même commune ou dans une
commune limitrophe, dans lequel les fonction*
de direction ou d'enseignement seraient exer-
cées par uh ou plusieurs anciens membres d<*
l'établissement fermé.
Les mots « sauf la preuve contraire m
constituent l'amendemant Buisson. i
M. Amédée Reille ouvre la série des dis-
cours. ;
M. Reille. — Dans son rapport, M. Massé
oppose son propre projet qui était plus draco-
nien à celui qu'il présente au nom de la com-
mission. Peu importe la durée de l'interdic
tion ; peu importe que la commission, prisé
de scrupule, ait commué la peine à perpétuité-
en une peine à temps ; c'est le principe de le
peine qui est odieux.
Sous couleur d'interpréter la loi de 1901, la
proposition la déforme ; d'un texte sur le&
congrégations, elle fait une loi de police eûl"
ire les individus.
M. Bagnol. — Tout cela nous est bien,
égal.
M. Amédée Reille. — Alors no discir
tons plus. Votez le projet tout de suite.
A ce moment, entrée tapageuse de M.
Syveton. Passons, pour le moment, sux
cet incident dont les suites n'ont pourtant
.pa$ duré moins d'une bonne heure.
M. Reille termine ensuite son discoui
en disant au président du conseil : l
— Votez votre loi, mais souvenez vouV
qu'un gouvernement se perd quelquefois
qu'il se déshonore toujours quand il se re.
tourne contre ses principes.
Discours de M. Paul Meunier
- M. Paul Meunier montre l'inanité des loir
de police utilisées contre un ennemi aussi
souple que l'est la congrégation.
M. Paul Meunier. — La commission
apporte à la Chambre un texte qui me parafi
n'être pas tout à fait complet et ne sera peut-
être pas très efficace. Les congrégations non
autorisées nese sont dissoutes qu'en apparence.
Leurs membres continuent à exercer leur mi-
nistère dans les mêmes villes. Des poursuites
ont été engagées, dont la plupart ont abouti
ià des acquittements en raison des lacunes de la.
loi. -
- M. Sibille. — On annonce un nouveau
texte de la commission. Nous ne le connaissons
pas.
M. Massé, rapporteur. — La commission
s'est bornée à décider qu'elle ne s'opposerait pa-
à ce que la Chambre accepte un amendement
:dc M. Buisson introduisant dans le texte lOf;
mots « sauf la preuve contraire »; autrement
dit, le sécularisé devra faire la preuve de la
sincérité de sa sécularisation.
, Voix à droite. — Mais nous ne connaissons
pas cet amendement.
M. Paul Meunier.—A Troyes. le nom-
bre des jésuites s'est accru depuis la loi de 1901.
Un de ces jésuites a été poursuivi; il s'est borné
à déclarer qu'il n'était lié à la congrégaiion par
aucun lien et il a été acquitté.
Ce jésuite avait joué sur les mots, puisque
la loi ne reconnait pas les vœux monastiques.
La congrégation, si elle avait été victorieuso,
,ne se serait pas laissé arrêter par des subtili-
tés théoriques. Le parti républicain aje devoir
de faise respeçter la loi et de jgour^nivre Mr-
tout le subterfuge et le mensonge. AppIa.u,
dissements.) 1
Déclaration de Charles Bos
Clwrlçp se présente « IJ Iribttûe, Un
CINO, CENTIMES le Numéro. PARIS DÉPARTR-MENTS --
Le Nu:rné ÇÆQ r;kN'rIMES:
L4 - : i%z-rimies
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Adresser lettres el mandats à l'Administrateur
NOS LEJDElIS
L Bnt 19U4.
Le projet de budget de 1904 était at-
tendu avec une sorte d'anxiété. Qu'al- t
lait-il être ? Comment s'établirait l'é-;
quilibre? Cet équilibre ne serait-il pas!
purement fictif? Ce budget ne compor-
terait-il pas une nouvelle émission d'o-
bligations a court terme ? N'aurait-on'
pas retours à de nouvelles imposi-
tions ?
Malgré les difficultés considérables
que lui créait le déficit des derniers;
exercices, M. Rouvier vient de déposer a
sur le bureau de la Chambre un projet
auquel on ne saurait refuser une entière*
approbation. Il est bien tel qu'on pou-
vait l'attendre d'un homme qui possè-
de, en ces matières, une compétence.
tout à fait exceptionnelle. Il ne com-
porte aucune espèce d'emprunt. Il n'y;
a pas d'impôt nouveau dans le sens ri-
goureux du mot. Enfin l'équilibre y est
réel. Bien mieux, tout permet decroire
que lé budget de 1904 tel qu'il est éta-
bli, et si la Chambre n'y apporte pas
de modifications profondes, se soldera
en excédent.
La tâche n'était pas aiséeOn sait que
les prévisions en ce qui concerne les'
impôts indirects qui forment la subs-
tance même de nos ressources budgé-'
taires, sont établies, tous les ans, sur les
résultats de l'avant-dernière année.
Pour le budget de 1904, on devait
donc prendre les recettes effectives de
1902. Orl'année 1902 est une de celles
dont les résultats ont été les plus mé-
diocres. C'est l'année où le rendement
de nos impôts a subi le fléchissement
le plus sensible.
Les produits prévus, pour 1904, en
les calculant sur la base des résultats
de 1902 donnaient un chiffre de recet-
tes qui ne dépassait guère 3 milliards
cinq cent-vingt-huit millions soit à
peu près exactement le chiffre prévu
des recettes et des dépenses de l'exer-
cice en cours.
On se trouvait ainsi bien loin de
compte. Les dépenses prévues pour
1904 sont de beaucoup supérieures à
celles de 1903. Le développement nor-
mal des opérations postales, télégra-
phiques et téléphoniques exige une
augmentation de plus de cinq mil-
lions. faut dix millions dé plus pour
faire face à la construction de nouvel-
les écoles, ainsi qu'à l'amélioration des
traitements et de l'avancement des
instituteurs. L'intérêt des obligations à
court terme émises pour faire face au
déficit budgétaire des derniers exerci-
ces joint à l'augmentation annuelle
des pensions civiles et militaires s'é-
lève à plus de 10 millions. Il faut 26 mil-
lions représentant le dénli coupon du
nouveau 3 010 qu'on n'avait pas eu à
payer l'année dernière par suite d'un
changement de date et du jeu de la
conversion. Enfin le budget en cours,
celui de 1903, ne trouvait son équilibre
nue grâce à l'émission de quarante'
millions d'obligations à court terme
destinées à couvrir les garanties d'in-
térêt à payer aux compagnies de che-
mins de fer. Comme le ministre des
finances était bien résolu à boucler
son budget sans aucune espèce d'em-
prunt, il fallait trouver ailleurs ces
Quarante millions.
Tous comptes faits, l'insuffisance
s'élevait au chiffre énorme de quatre-
vingt neuf millions.
M. Rouvier a tout d'abord fait appel
à ses collègues. Il les a invités à com-
primer dans la mesure du possible
les dépenses de leur département. Il a
obtenu, de ce chef, dix-sept millions
d'économies. Le ministre des finances
propose ensuite l'abrogation de la con-
vention du 17 juillet 1900, aux termes
de laquelle on abaissait de 20 francs
par cent kilos les droits de douane sur
les cafés du Brésil. Cette diminution:
coûte au budget une sômmeannuclle de
dix sept millions. En 1900, on avait
fait ce sacrifice dans un but très loua-
ble. On croyait favoriser notre expor-
tation au Brésil. Le Brésil venait d'é-
tablir un tarif qui relevait considéra-
blement les droits d'entrée. En échange
de la diminution que nous" lui con-
sentions sur les cafés d'origine brési-
lienne, il proposait d'accorder à la
France le bénéfice de son tarif mini-
mum. Malheureusement, les résultats
de cette convention n'ont pas répondu
à nos espérances. Le chi ffre de nos ex-
porta lions au Brésil ne s'est pas Qlain-
tenu. Il s'est réduit au contraire d'an-
née en aînée et dans des proportions
tout à fait inattendues. Notre com-
merce n'a ainsi rien gagné au sacri-
fice qu'on imposait à nos finances.
D'autre part, le prix du café au dé-
tail n'a pas subi de diminution sensi-
ble. Le consommateur a toujours payé
- le même prix.
Le ministre des finances trouve en-
core une vingtaine de millions dans le
compte spécial (Favanees que les lois
de 97 et de 99 ont établi entre l'Etat et
la Banque de France, relativement à
l'organisation de caisses régionales
'âîï crédit agricole - sans porter la
moindre atteinte, est-il besoin de le
dire, au toncHon~nt d, cette inté-
ressante institution. Enfin la modifica-
tion des prescriptions du code civil ail- 1
sujet des successions en déshérence
procurera au Trésor une recette im-
médiate de 21 millions.
Telle est l'économie générale du
projet.
Ainsi se trouvent intégralement cou-,
vertes les dépenses de l'exercice 1904,
telles qu'elles peuvent être prévues dès
aujourd'hui, qui s'élèvent à la sonllne
globale de trois milliards cinq cent
soixante-douze millions neuf cent
viugt-deux mille huit cent trois francs.
Ce projet de budget n'est sans doute'
pas à l'abri de toute critique. Le mi-
nistre reconnaît lui-même qu'on y fait
état de ressources exceptionnelles
qu'il eût été plus régulier d'affecter à:
une opération d'amortissement. Mais
il est juste de reconnaître que M. Rou-
vier se trouvait en présence de diffi-
cultés qui autrement demeuraient
insurmontables.
Tel qu'il se présente,ce projet réalise
sur les deux budgets précédents des
progrès et des avantages considérables.
.11 n'y a pas trace du moindre emprunt
direct ou indirect. Les garanties d'inté-
rêt qui depuis plusieurs années étaient
payées au moyen d'une émission d'obli-
gations à court terme, c'est-à-dire
sur des fonds d'emprunt, rentrent effec-
tivement dans le budget et sont payées ;
sur les ressources générales.
Mais la caractéristique de ce projet
cest la sincérité absolue avec laquelle.
lès recettes y ont été prévues. La crise
économique et financière dont nous res-
sentons les effets depuis trois ans sem-
ble bien toucher à sa fin. Les plus-
; values constatées pendant les cinq pre-
miers mois de l'année courante sont
^relativement importantes. L'ensemble
'des recettes de 1904 sera certainement
beaucoup supérieur à celui de 1902.
Le ministre des finances aurait donc
pu être tenté de majorer les évalua-
tions. Il y avait des précédents. Or,
:M„ Rouvier est demeuré quand même
fidèle à la règle de la pénultième an-
née. C'est là, à mon sens, un des plus
grands mérites de son œuvre d'ailleurs
si remarquable par tant d'autres côtés.
Dans ces conditions, il ne parait pas
douteux que le budget de 1904 va fer-
mer l'ère des déficits.
Louis Puech.
, __—————.— —————— T
LA CAPITULATION
La bataille qui a commencé
hier s'engageait mal. Une sorte
de gêne pesait sur les meilleurs
amis du ministère. On n'enten-
dait que des récriminations.,
Chacun était mécontent d'avoir
à manifester publiquement à propos d un
texte de lQi odieux, parce que dirigé contre
.dçs individus, contre des personnes ; inu-
tile ensuite, parce qu'il ne faisait qu'affir-
mer les décisions de la Cour de cassation f'
inopérant encore parce qu'il permettait.une'
sorte de chassé-croisé dont les congréga-
nistes auraient fait leur profit. Il y avait
comme de la poudre dans l'air, de la pou-
• çjrc qui aurait été assez mouillée pour em-
.pécher des votes hostiles, mais qui ne l'au-
rait pas été trop pour provoquer de nom-
breuses abstentions.
En résumé, le ministère était à terre s'il
.avait maintenu ce texte de la commission-
'dont j'ai pu dire sans être discuté qu'il
constituait une loi d'exception, comme por-
îtant la congrégation forcée à temps et l'in-
: terdiction de séjour. Il était renversé par
une majorité d'une trentaine de voix. Après
] tout, il n'est pas admissible qu'un cabinet
; s'amuse à jouer tout le temps les difficultés
et à énerver sa majorité en lui demandant
des mesures exceptionnelles contre des
personnes. - - -
111 a si bien,compris qu'il a jeté du lest.
Quand je suis arrivé à la commission des
associations et des congrégations, j'ai ap-
pris que le cabinet avait abdiqué son intran-
sigeance des premiers jours. 11 avait capi-
tulé. De loi contre des personnes, il n'en
parlait plus. Il acceptait l'amendement-
Buisson, stipulant la réserve de la preuve:
contraire. La commission, qui n'a rien à lui
refuser, a accepté à son tour ledit amende-
ment. Je ne pouvais me montrer plus roya-
liste que le roi. L'amendement Buisson ac-
cepté par le gouvernement et la commis-
sion, c'est un second vote de l'article 14 de
la loi de 1901 qu'on nous demande. Comme
j'ai déjà voté, il y a deux ans, cet article, je
n'éprouve aucune difficulté à le voter une
seconde fois.
Texte inutile d'ailleurs. Aussi bien, ai-je
dû rengaîner le discours que j'avais pré-'
paré. Du moment qu'on retirait au texte de
loi en discussion le caractère arbitraire
qu'on lui avait donné, qu'il n'y avait plus
d'atteinte portée à la liberté individuelle,:
que le domicile forcé et la recongréganisa-
tion obligatoire avaient disparu, je devais
me bornera une simple déclaration. C'est
ce:que j'ei fait pour constater que je n'avais
pas besoin de combattre un texte inopé-
rant.
Hubbard et Lhopiteau auraient pu se,
borner à faire la même déclaration que;
moi. Ils ont préféré prononcer les, discours
qu'ils avaientpréparés en vue du texte pri-'
mitif du Gouvernement et delà commission.
L'un et l'autre ont été excellents. Je mé:
permets cependant de féliciter Hubbald.'
Parlant du délai de 3 ans de congréganisa-
tion forcée, il a trouvé ce joli mot : le pur-
gatoire de laïcisation,qui a été applaudi sur'
NIJ les bancs de la Chambre,
Malgré le gros changement de texte
adopté par la commission, l'urgence n'a été
votée que par une majorité de 46 voix que
seuls ont formée des députés hostiles au
fond de la proposition. De telle sorte qu'il.,
est difficile, à l'heure actuelle, de préjuger-
s'il y aura une majorité ou non, au vote dé-
finitif. Tant d'amendements çt de contre-
projets ont été déposai
Enfip, félicitons-nousdece qui est arrivé.
La campagne du Rappel n'aura pas été jaxf-
tile. Le ministère aura appris qu'il est im-
prudent de proposer à des républicains des
lois d'exception. Quand les enfants jouent
avec le feu, on leur tire les oreilles. Le ca-
binet fera bien de se souvenir de la leçon
d'hier. - Ch. B.
M. DELCASSÉ ET LES
ETABLISSEMENTS CONGRÉGSNISTES
Quelques pièces, dans le livre jaune distri-
bué hier, sont de nature à provoquer des r é -
flexions assez sérieuses.
Ainsi, nous trouvons à la page 20 de ce re-
cueil, la communication suivante faite par M.
Delcassé à M. Nisard, ambassadeur do la Ré-
publique près le Saint-Siège :
Paris, le 4 février 1902.
Le conseil des ministres a décidé que la loi de
juillet 1901 ne devait pas avoir d'effet rétroactif et.
ne s'appliquait pas aux établissements scolaires1
ouverts en vertu de la loi de 1886. Les conclusions:
du Conseil d'Etat visées dans votre dépêche du 29
janvier ne les touchent donc pas. C'est un point
qui préoccupait vivement le Nonce. Mgr Loreruelli
a paru très satisfait de la décision du Conseil que'
je lui ai immédiatement fait connaitrc,
DELCASSÉ.
-Or, de renseignements puisés à une source
que nous avons lieu de croire tout à fait auto-
risée, il résulte que le conseil des ministres, au-
,quel il est fait ici allusion, n'a nullement pris
! la décision que notifie M. Delcassé; il s'ensut
que le ministre des affaires étrangères assume.
tout entière, la responsabilité de l'information
qu'il a envoyée à l'ambassadeur, et qu'il a aus-
si, par suite, l'entière responsabilité des modi-
fications que cette nouvelle hardie a pu déter-
miner dans l'attitude du Saint-Siège.
Nous comprenons très bien que M. Combes
n'ait pas voulu dire cela à son collègue du ca-
binet, mais nous trouvons, nage 24 du même
livre Jaune, une lettre de lui à M. Delcassé,
lettre qui laisse entendre, avec une fermeté
dont il faut louer Je président du conseil, que le'
; ministre des affaires étrangères a été un peu
loin, et s'est trop avancé dans cette circons-
tance. La lettre de M. Combes, daléo du 24
juillet 1902, dit en effet : *
Vous avez bien voulu appeler mon attention sur
les protestations que vous a adressées le nonce,
apostolique au sujet tle la circulaire ordonnant la
fermeture de certains établissements scolaires con-
gréganistes ouverts antérieurement à la loi du 1"
juillet 1901.
Le représentant du Saint-Siège invoque que cet
:acte serait en contradiotiôn avec une décision prise:
en conseil des ministres, au mois de janvier der-
nier, et que vous avez vous-même notifiée. Il ré-j
sulterait de cette décision que l'avis du conseil
cPËtat déterminant le caractère des écoles dirigées-
par les -congrégations ne saurait avoir d'effet ré-'
troactîf et ne s'appliquerait pas, conséquemment,
,aux écoles ouvertes avant la promulgation de la loi'
précitée.
Vous estimez que votre déclaration, officielle-
ment répétée au gouvernement pontifical, engage-
■ encore aujourd'hui, la manière de voir du cabi-
net et vous me demandez de vous mettro en me-
'sure de confirmer cette déclaration. :
L'avm du Go&seil d'Etat ne peut en aucune façon
.nlOdifier le texte et l'esprit de la loi. La haute as-
semblée administrative n'a fait que préciser un
! point de fait à savoir qu'une école dirigée par des
congréganistes constitue bien au sens légal un
établissement religieux, et dès lors les dispositions
de la loi du 1" juillet 1901 s'appliquent à cet éta-
blissement comme a tous les autres, quelle que
soit leur nature.
Nous n'insisterons pas sur l'étrange impru-
dence avec laquelle M. Delcassé paraît avoir
agi ce cette circonstance; nous préférons si-
gnaler un autre passage très important de. la
lettre du président du conseil. Voici cette dé-
claration de M, Combes :
Si le Saint-Siège n'est pas en droit de protester'
sur le terrain concordataire, il n'en est pas de
même du gouvernement français, alors qu'un cer-
tain nombre d'évêques prennent à tâche d'empê-
cher les effets du pacte d'apaisement religieux ré-
digé et signé par les représentants des deux pou-
voirs, en jetant dans la publicité des lettres" où
l'insulte se joint à l'excitation à la révolte.
Ces inconvénients, en se multipliant, pourront
: donc donner lieu à des difficultés graves, puisque
l'examen des lettres des prélats pourrait donner
•lieu au fond, comme dans la forme, à des pour-
suites judiciaires. Or, des poursuites de cette na-
ture grefferaient une nouvelle crise religieuse sur
celle dans laquelle nous nous trouvons par suite
: des excitations imprudentes parties du Vatican, le
: jour de la réception des curés de Paris, où tout le
: clergé militant de France a cru entendre le mot
d'ordre qui l'a lancé dans la lutte électorale.
Si le Saint-Siège souhaite le maintien du Con-
.cordât, comme j'ose encore le croire, et comme j'en
lai à coup sûr le véritable désir, ce maintien
pourrait il se coriciUér avec une pareille situa-
tion ?
C'est sur ce point qu'il convient, Monsieur le
Ministre et cher collègue, d'appeler toute l'at-
tention du Nonce apostolique, et je ne saurois trop
: le signaler à votre liaute sollicitude.
E. COMBES.
Nous ne saurions dire si M. Delcassé a été
très enchanté de transmettre au Nonce celte
énergique représentation.
LE CAS DU LIEUTENANT PORTIER
Epilogue
Par décision ministérielle, le capitaine en
retraite Janin, rapporteur près le conseil de
guerre de Nantes, lors de l'affaire du lieutenant
iPortier, est rèlevé de son emploi et rendu à la
vie civile.
LES ANGLAIS AU SIAM
- Saigon, 22 juin.
Une dépêche de Bangkok confirme, contrai-
rement à ce qui a été dit, qu'une convention a
été passée par le résident anglais Graham, au
sujet de l'administration de la principauté de
;lielantan.
LORD KITCHENÈB ET LES GAITÉS DE SABRE
(De notre correspondant particulierf
Bonitay, U 3* u ln.
Lord Kitchener, généralissime-de l'abnée
anglo-indienne, a adressé un ordre du jour à
tous les chefs de troupes blàmant les nom-
breuses agressions armées dont les indigènes
.sont l'objet de la part des soldats des garni-
ssons indiennes. Il ordonné de donner lecture
de cet ordre du jour aux troupes une fois par
mois. Les soldats et les gradés doivent être sé-
'rieusement exhortés à s'abstenir de ces excès
s'ils ne veulent pas encourir des punitions très
graves.
Graves nouvelles du Somaliland
(De notre correspondant particulier/
Aden,22juin.
Lo bruit court que la place de Damot a été
prise d'assaut par les hommes du Mad-Moullali.
Le général Manning immobilisé lui-même n'a
pas pu venir au secours de la place assiégée.
Les troupes indiennes qui doivent arriver
d'un moment à l'autre auront pour chef le gé-
néral de brigade Sir G. Egerton qui s'est si-
gnalé en 18% dans la campagne contre les
W a xi ri s.
L'HONNEUR
ET L'ARGENT
Rien de Ponsard. — A propos de l'as-
sassinat de Belgrade. — L'amour
et le mépris du prochain. — Ré-
formes financières. — L'a-
venir de l'impôt sur le
revenu. ,1
Je ne viens pas exhumer la pièce qui porte ce.
titre. Elle ne fut certes pas l'œuvre d'un poète,
mais l'effort d'un versificateur consciencieux.
,Et, comparée aux produits soi-disant rimés de
la plupart des « poètes et poétesses à la mode »,
elle les domine, au moins par la correction du
langage et les lumières de la prosodie.
- Laissons-là Ponsard et les pygmées en vogue.
; Ce n'est point d'eux qu'il sera question dans
,cet article, mais de la lutte aux mille facettes
que l'honneur agonisant de la terre soutient
contre l'immoralité, le crime de l'argent.
L'argent est devenu tel qu'il jette sa boue
sur les plus honnêtes. Je n'en veux pour preuve
que ce fait tout récent arraché aux annales des
Deux-Sèvres : >
L'erreur judiciaire de Parthenay
Un négoeiant de Parthenay ayant été accusé
d'avoir payé à la Banque de France une traite de
cinq cents francs avec des pièces fausses, fit en-
tendre des protestations. Le directeur de la suc-
cursale de Niort prévint de son côté le parquet, et
;une descente de justice eut lieu pour opérer une
perquisition..
Au cours de cette perquisition, un bijoutier, qui
avait été appelé, déclara que toutes les pièces
étaient bonnes.
Interrogé, le négociant affirma avoir employé
une pommade contenant du mercure pour soi-
gner uno plaie au doigt. Des expériences ayant été
faites sur de bonnes pièces, on constata en les ma-
nipulant que celles-ci blanchissaient. Tout s'est
.alors expliqué, et après des excuses faites au négo-
ciant, les magistrats se sont retirés.
La fin justifie les moyens ? L'innocence est
toujours reconnue. le plus souvent après la
mort des innocents. Le ci-devant incriminé
:est réintégré dans son honorabilité antérieure,
les magistrats lui ont fait des excuses ? L'ex-
cuse n'efface pas l'accusation. Le négociant
doit avoir des ennemis, qui sans parler de
Tune rappeleront l'autre. Et aux yeux d'une
:10ule trop peu casuite, « accusé » est le syno-
nyme de « coupable ». Que de fois ai-je en-
tendu ce propos :
— X. est une canaille.
— Qu'en savez-vous ?
— Y. me l'a dit.
; Et voilà sur quoi l'on échafaude un déshon-
neur.
France et Serbie
Un de mes confrères, sans doute bien inten-
tionné, écrivait la semaine dernière à propos
ide l'assassinat de Belgrade : « Ce n'est pas ici
:« que se produirait pareil forfait. En France,
•;« on déshonore un homme, on ne le tue pas ».
Chose étrange, l'article était dépourvu d'ironie.
Hélas ! il n'est que trop vrai qu'un Français
— même étonnamment honnête — n'est plus
jabrité contre une certaine calomnie. Il se trouve
toujours sur IUt- pas l'anonyme haineux, ja-
loux, qui sans fournir de preuves, sans prétex-
ter d'apparence — on ne lui demande ni les
unes ni les autres - glisse la mauvaise pa-
role dans l'oreille, toujours tendue, de la foule
avide de scandales et de malpropretés. Les Ser-
bes jnordent, les Français, bavent: Ce sont tou-
jours des serpents.
C'est l'humanité entière qu'il faudrait arra-
cher aux maux qui la rongent : l'orgueil, l'é-
goïsme, l'argent. Si le « veau d'or » n'était tri-
butaire que du mérite, il aurait perdu un pou-
voir, il cesserait d'être un rouage redoutable,
La conscience et l'argent
Bah ! puisque l'honnête homme lui-même
est livré au mépris de ses semblables, qu'il;
garde la consolation intime et suprême d'une
conscience. indemme ! Qu'importe le mépris
qui n'a pas de cause ? Notre juge n'est pas
hors de nous, mais en nous. On peut tolérer
l'injure imméritée. L'éloge immérité doit être
intolérable.
Oh ! ces fortunes élevées sur les débris de la
conscience ! Ces monceaux d'or achetés par la
■ vente de soi-même, de son cœur, de son esprit,
de sa liberté ! Ces bouches qui ne s'ouvrent-
que pour renier et pour mentir !
Ces yeux ternes et fuyants qui n'osent fixer
la lumière du jour! Il faut observer les
« amants de l'or » dans leur intimité. Que de
:tristesses irrémédiables siègent à leurs foyers
vides d'affections et d'espérance !
Je voudrais que les pauvres pussent péné-
trer, demeurer dans les hôtels somptueux qu'ils
envient, parmi ces milliardaires qu'on leur
présente comme les rois du mondo et qui n'en
;sont que les esclaves.
Pauvres riches ! Le moindre de leurs actes,
de leurs gestes, de leurs propos, est épié, trahi.
A qui se fier ? A l'épouse qui n'aime que votre,
fortune ? Aux enfants qui la convoitent ? Aux
valets qui la volent? La conscience, elle même.;
comme l'or, se retourne contre son possesseur.
Et il faut porter beau, paraître, « jouer son
rôle »t le rire aux lèvres, le deuil au cœur !
Les milliardaires sont plus éloignés du bon-;
heur que les indigents. Oh! sans doute, on ne
;peut nier l'influence terrestre des richesses.
Mais ces richesses, pour être enviables, doivent
être limitées. Qu'elles soient le but largement
atteint par le travail, qu'elles soient la bienfai-
sante rémunération d'une vie d'honneur eL,
- d'activité, rien de mieux. Mais qu'elles consti-1
tuent une secte scandaleusement opulente dans
un Etat ridiculement besogneux ; qu'elles mo-,
1 ilisent tout un personnel au service, non pas,
oJun bienfaiteur nid'un génie, mais d'un bras-
.'Jilllr de criminelles affaires?
Voilà ce à quoi il faudrait mettre un terme.
Ht l'impôt sur le revenu, sans augmenter les
charges des fortunes moyennes, rendait impos-'
sille la création de nouveaux milliardaires ou
avt-hi-millionnaires, il n'y aurait qu'à lui dé-
coruer des éloges. L'avenir nous apprendra si,
là encore, les petits et les moyens ne paieront
pas pour les gros, et je crains bien que de ce
fait l'embonpoint de nos modernes Falstaffs ne
diminue guère.
Les capitalistes et l'Etat
Pilvs que les autres nations, la France souf-
fre die cette exploitation du capital par un pe-
tit nombre de mains. Il serait puéril de nier
;qtte :',on génie, sa prospérité, soient sortis du
Ipeupio Et le peuple est paralysé dans ses ten-
tative.; et ses aspirations. L'or afflue, considé-
rable; aux caisses de ceux qui n'en usent pas
ou qui lm, usent mal. Et, de nos jours, le gé-;
nie et 1, bienfait sans l'or sont condamnés à
marqua le pas. Que si, plus hardi que ses pa-
reils, un philanthrope entretient d'une mesure **
:Immani',',dre un capitaliste, celui-ci n'y voit
'qu'une affaire sans grands intérêts, et son or-
gueil se refuse à la mise en pratique d'une,
idée qui n'est pas la sienne.
On proposa naguère de ne laisser subsister,
l'héritage qu'entre époux, ascendants, descen-
dants et collatéraux privilégiés. Pourquoi ne
limiterait-on pas à quelques millions - vous:
voyez que je ne suis pas intolérant — la forlune
du ménage ou du foyer le plus favorisés? Les
millions supplémentaires reviendraient a l'Etat,
au plus tard à l'ouverture de la succession du
veuf ou do célibataire.
Ainsi les dangers de l'excessive richesse se-
raient en partie supprimés.
Mais il ne faudrait point substituer le cho-'
val aveugle au cheval borgne et charger de la
répartition des millions communs les adminis-
trateurs non encore millionnaires., Les fonc-
tionnaires sont admirables lorsqu'ils ne cèdent
point à la tentation. Mais l'Etat est bien naïf'
lorsqu'il la provoque 1
Fera and GENDRIER
Voir à la Sojoacye l.
les 3Der*xiièz*es Dépêches
de la nuit
et la Revue des Joui-ri aux
du xnatin !
SYVETONNADE
Avant-hier soir je me promenais tranquille-
ment sur les boulevards. La minute était char-
mante, les étoiles clignaient leurs yeux d'or
pour mieux se faire remarquer des flâneurs, les
ballons électriques mettaient, parmi les feuilles
des arbres, leurs bouquets de lilas, et aux
terrasses des tavernes, les « amis du di-
manche » humaient l'air de Paris el le café do
la digestion. , -
Subitement les boulevards furent envahis
par une nuée do jeunes gens, qui criaiènt :
« Liberté ! liberté ! » J'aime ce mot et y atta-
che grande importance ; c'est pourquoi je
m'approchai, non sans sympathie, de ce
groupe tapageur. A cet instant, un passant, qui
avait grommelé une phrase que je n'entendis
.point, fut entouré et assommé, aux cris répétés
de : « Liberté ! liberté ! » Je compris que cè„
'cit.oyen ne partageait pas l'opinion de ces libé-
raux, of que la seule liberté qu'ils consentaient
,à lui accorder, en l'occurrence, était celle de lui
laisser un soume de vie..
Ces jeunes gens sont, m'apprit on, d'excel-
lents républicains, qui ont le tort de ne pas
,mettre en pratique la vieille devise : Liberté,
égalitéj fraternité. Ils sont libéraux, et assom-
! ment leurs contradicteurs; ils aiment l'égalité,
et acclament les généraux et les archevêques ;
ils aiment, également, la fraternité, et hurlent
:sans cesse : Mort aux juifs! Ils avaient étends
en joié par l'élection de' M. Syvcwri; et tenaient-
à prouver la force de leur gosier, par JCUPS
cris, et la solidité de leurs convictions par la
brutalité de leur poigne.
, Aussi quand M. Syvcton parut, leurs cris
:redoubJèrenl. Ils l'accompagnèrent jusqu'à l'é-
tablissement que le nouveau député a l'habi-
tude de fréquenter : le café Bicne, et monté-
itèrent avec lui les premières marches de l'es;
;calier, ainsi que s'ils eussent été en compagnie
d'un ami. »
Mais M. Syveton eut honte de parader en ce
restaurant mondain, entouré d'un pareil état-
Imajor. En quelques mots, il fil comprendre à
ses suiveurs que, puisqu'ils l'avaient élu, et
que par là ils avaient atteint leur but com-
mun, il ne leur restait plus qu'à se séparer.
Ils s'en allèrent tête basse, comme des élec-
teurs qu'un Syveton aurait pris.
Sur ce, le petit Jules Lemaitre des rues
s'installa à tablé, commanda son menu; et
calme, souriant, heureux de lui, et même des
autres, il dit, d'un air vainqueur, au maître
d'hôtel : « Joseph, je vous amène beaucoup de
monde ce soir. » — « Monsieur le députéj lui
répondit Joseph avec déférence, le restaurant
est pleiu ; c'est absolument comme lorsque Mme
Oléro dîne ici. — René Wùncr.
LES FORTIFICATIONS MARITIMES EN ALLEMAGNE
(De notre correspondant particulieri
Kiel, 22 juin.
L'amirauté achète de vastes terrains à Flens-
burg pour agrandir la station navale. Les élè-
ves qui sont actuellement dans la forteresse de
Friedrichsort seront casés à Flensburg. Une,
partie des vaisseaux-écoles pour l'artillerie sera
transférée d'Eckernfoerde à Sonderburg.
CADEAU DE PRETENDANT
(De notre correspondant particuliert
- Naples, 22 juin.
Le comte de Caserte; autrement dit Alphonse
de Bourbon, prétendant au trône des Deux-
Siciles, a donné au musée San Martino de Na-
pies deux objets historiques : le fameux phaé-,
ton de Ferdinand Il et un grand portrait du
roi Charles III de Bourbon.
, Ce qui donne une importance particulière à
ce cadeau est le fait que le prétendant a adressé
l'offre à M. Nasi, ministre de l'instruction pu-
blique au service de 1' « usurpateur ».
.———————————— —————=——————.
ACADÉMIE DES SCIENCES
La liquéfaction de l'air
L'air liquide, comme personne ne l'ignore,
est un mélange d'oxygène et d'azote liqui-
fiés.
Ces deux gaz ayant des points d'ébullition;
différents, il s'ensuit fatalement que celui bouil-
lant à une température moins basse, l'azote,
s'évapore le premier, laissant ainsi l'autre gaz,,
l'oxygène, à état de pureté plus ou moins par-
faite.
Les choses étant ainsi, l'on pouvait penser,
que le phénomène inverse, celui de la conden-:
sation d'un mélange d'oxygène et d'azote devait
s'opérer exactement en sens contraire de l'éva-
poration, c'est-à-dire que l'oxygène doit se con-
denser d'abord, puis l'azote.
Or, jusqu'ici, les physiciens pensaient, cepen-:
dant, que les choses se passaient tout différem-
ment.
Dans la réalité, cependant, comme vient de
le montrer M. Georges Claude, c'est bien la ré-
versibilité du phénomène qui est exacte. Cette
découverte est d'une haute importance prati-
que. Elle va être en effet le point de départ
d'une fabrication industrielle économique de
IJoxyène,
La grotte préhistorique
M. Cartailliac a donné hier d'intéressanls
renseignements sur l'exploration qu'il vient de
faire en collaboration avec M. l'abbé Breiih de
la grotte d'Altunira, près de Santander. 1
Cette grotte qui fut découverte eji 1881 par
M. de Santicola est remarquable par les pein-
tures préhistoriques qu'elle renferme, peintures
figurant des bisons, des rennes, des cerfs, des
chevaux, des bouquetins et des représentations
d'êtres humains.
D'après M. Heinach, l'origine de ces peintu-
res doit être rapportée à des manifestations reli-
gieuses.
Affaires diverses
A mentionner une note de MM. Charrin et
Roché sur les poisons de l'organisme et la ges-
tation ; un mémoire de M. le professeur Finsen
sur les résuKats de la technique de la photothé-
rapie dans le lupiu et une communication de
M. Maurice Lvy sur la photographie de la'
lune.
En cours de séance, enfin, l'Académie a Ré-
signé MM. Troost et Rassot comme cÕmmis-,
saircs -P°\11' la vértftçaUon des comptos, -
u. K. --.
LA JOURNEE
: PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
: LES SECULARISATIONS .-' :.
Le gouvernement et la commission ont
fini, dans la matinée d'hier, par accepter
'l'amendement Buisson. Alors on se de-
mande à quoi rimait l'attitude intransi-
geante adoptée depuis quelques jours pal
,ces antiministériels à zèle excessif qui
n'admettent pas le principe nécessaire de
la liberté de discussion entre républicains;
L'amendement Buisson accorde au con";
gréganiste qui se dit sécularisé la faculté
,de prouver qu'il a effectivement rompu
avec l'association religieuse à laquelle i!
appartenait. Ainsi, les inquiétudes de nos
amis, qui protestaient au nom de la liberté
individuelle, sont calmées. Les principes
sont saufs.Mais si l'on sort du domaine des
théories pour se placer sur celui de la réa-
lité, on se rend compte que la loi reste
inefficace. Et nous nous refuserons à lancer
l'anathème contre les républicains qui ne
consentiraient pas à voter une loi dont
l'inutilité est désormais avouée.
Tout cela, Charles Bos l'a dit, dans une
courte déclaration par laquelle il déclarait
qu'il voterait la proposition — amendée
par le texte de M. F. Buisson — sans se
faire toutefois d'illusion sur un texte qui
reste bizarrement conçu et fâcheusement
;rédjgé. La déclaration de Charles Bos —
où il m'a semblé discerner un peu d'une
ironie assez mordante — a fait-impres-
sion,
G. Hubbard, à son tour, a lu son dis
cours. Lu ? Oui. G. Hubbard est cépendanî
un merveilleux improvisateur. Il lui a sem ,
blé que dans un tel débat, aucun mot nf
devait être laissé au hasard. C'est, toute
une politique - celle de la rupture avec
la tyrannie romaine, et de l'instauration-
de la liberté pour tous en France — que
: Hubbard a opposée à la politique concorda- -
taire à la fois faible et vexatoire, dont M.
:Combes a le tort de ne pas vouloir sortir.
, Que M. Massé ait trouvé peu d'argument
pour répondre aux observations de Bô's et
de Hubbard, il ne convient pas de le repris
cher au rapporteur de la commission. Per-
sonne n'aurait pu défendre sans gêne une
! thèse si difficile à soutenir.
Il faut noter le remarquable discours de
M. Lhôpiteau qui, avec beaucoup de crâne-
'rie et aussi pas mal d'esprit, a mis en lu-
mière certains côtés jusqu'à présent mal
'éclairés de la question.
Nous renverrons à la fin de ce compte
-rendu ce qui touche à une manifestation
enfantine de M. Syveton qui a voulu sié-
9er sans s'être conformé aux formalités ré-
;.glernent,aires.
On sait que la proposition rapportée pD."
, M. Massé tend à compléter l'article 14 de 1&
loi du 1er juillet 1901 par l'addition qut
voici :
Sera, pendant un délai de trois ans, à partir
de la fermeture d'un établissement congréga-
niste tombant sous l'application des paragra-,
phes précédents, sauf la preuve contraire, tout
établissement, de quelque nature qu'il soit.,
situé dans la même commune ou dans une
commune limitrophe, dans lequel les fonction*
de direction ou d'enseignement seraient exer-
cées par uh ou plusieurs anciens membres d<*
l'établissement fermé.
Les mots « sauf la preuve contraire m
constituent l'amendemant Buisson. i
M. Amédée Reille ouvre la série des dis-
cours. ;
M. Reille. — Dans son rapport, M. Massé
oppose son propre projet qui était plus draco-
nien à celui qu'il présente au nom de la com-
mission. Peu importe la durée de l'interdic
tion ; peu importe que la commission, prisé
de scrupule, ait commué la peine à perpétuité-
en une peine à temps ; c'est le principe de le
peine qui est odieux.
Sous couleur d'interpréter la loi de 1901, la
proposition la déforme ; d'un texte sur le&
congrégations, elle fait une loi de police eûl"
ire les individus.
M. Bagnol. — Tout cela nous est bien,
égal.
M. Amédée Reille. — Alors no discir
tons plus. Votez le projet tout de suite.
A ce moment, entrée tapageuse de M.
Syveton. Passons, pour le moment, sux
cet incident dont les suites n'ont pourtant
.pa$ duré moins d'une bonne heure.
M. Reille termine ensuite son discoui
en disant au président du conseil : l
— Votez votre loi, mais souvenez vouV
qu'un gouvernement se perd quelquefois
qu'il se déshonore toujours quand il se re.
tourne contre ses principes.
Discours de M. Paul Meunier
- M. Paul Meunier montre l'inanité des loir
de police utilisées contre un ennemi aussi
souple que l'est la congrégation.
M. Paul Meunier. — La commission
apporte à la Chambre un texte qui me parafi
n'être pas tout à fait complet et ne sera peut-
être pas très efficace. Les congrégations non
autorisées nese sont dissoutes qu'en apparence.
Leurs membres continuent à exercer leur mi-
nistère dans les mêmes villes. Des poursuites
ont été engagées, dont la plupart ont abouti
ià des acquittements en raison des lacunes de la.
loi. -
- M. Sibille. — On annonce un nouveau
texte de la commission. Nous ne le connaissons
pas.
M. Massé, rapporteur. — La commission
s'est bornée à décider qu'elle ne s'opposerait pa-
à ce que la Chambre accepte un amendement
:dc M. Buisson introduisant dans le texte lOf;
mots « sauf la preuve contraire »; autrement
dit, le sécularisé devra faire la preuve de la
sincérité de sa sécularisation.
, Voix à droite. — Mais nous ne connaissons
pas cet amendement.
M. Paul Meunier.—A Troyes. le nom-
bre des jésuites s'est accru depuis la loi de 1901.
Un de ces jésuites a été poursuivi; il s'est borné
à déclarer qu'il n'était lié à la congrégaiion par
aucun lien et il a été acquitté.
Ce jésuite avait joué sur les mots, puisque
la loi ne reconnait pas les vœux monastiques.
La congrégation, si elle avait été victorieuso,
,ne se serait pas laissé arrêter par des subtili-
tés théoriques. Le parti républicain aje devoir
de faise respeçter la loi et de jgour^nivre Mr-
tout le subterfuge et le mensonge. AppIa.u,
dissements.) 1
Déclaration de Charles Bos
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