Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-06-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 juin 1903 14 juin 1903
Description : 1903/06/14 (N12147). 1903/06/14 (N12147).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ OENTIJMCES le Numéro.
PARfS & DÉPARTEMENTS
fi - )I
Le Num^iâM^lENTIMES
LAOME MBM XIXe Sm#IhShhC%niLnUIEMMÈ
ANNONCES
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No 12147. — Dimanche 14 Juin 1903
26 PRAIRIAL AN 111
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■ NOS LEADERS
UNE ITAPE
Hier, le Sénat a adopté, en seconde
lecture, l'ensemble de la loi sur le ser-
vice de deux ans. Ce vote marque la
fin de la première étape que la propo-
sition Rolland aura eu à parcourir.
Le dépouillement du scrutin a révélé
dans les urnes la présence de 220 bul-
letins blancs contre 45 bulletins bleus.
C'estune belle majorité qu'uneréforme,
non imprudente, comme certains l'ont
prétendu, hardie toutefois, aura trou-
vée dans une assemblée dont les sen-
timents républicains sont très sûrs,
mais dont le tempérament « révolu-
tionnaire » est un peu froid.
Nous accordons que les partisans de
la loi de 1889 ont opposé à la majorité
une résistance acharnée. Sans grand
espoir de vaincre, ils ont vingt fois li-
vré la bataille. Le succès de la propo-
sition Rolland était assuré après le
vote de l'ensemble, en première lec-
ture. Au cours de la seconde délibéra-
tion, les principes essentiels de la
nouvelle loi ont pourtant été mis en
cause par les réactionnaires. Le der-
nier cap dangereux a été franchi ; au
moment — que nous avons signalé —
où, pour la deuxième fois, le système
des deux années de service a été ac-
cepté par l'assemblée du Luxembourg.
***'
Pourtant, hier encore, la droite es-
sayait de sauver des bribes de la loi de
1889. M. Alfred Mézières ne deman-
dait-il pas qu'en cas d'insuffisance des
rengagements ou des engagements à
long terme, le ministre de la guerre
pût conserver sous les drapeaux pen-
dant leur troisième année tout ou par-
tie des classes incorporées ?
Vous voyez qu'une pareille disposi-
tion était le retour pur et simple du
service de trois ans, à la volonté d'un
ministre de la guerre rétrograde. Il se-
rait facile à ce ministre de proclamer
la disette des rengagements. Et d'abord,
il n'est pas impossible aux chefs de
corps de dégoûter les soldats et les sous-
"officiers du métier des armes. -
C'est une singulière constatation à
, faire que, dès maintenant, les « vo-
lontaires » de trois, quatre ou cinq
ans sont désignés presque partout aux
sévérités du commandement. -
Je lisais avec stupeur, il y a quel-
que temps, l'ordre du jour rédigé par
un colonel, exprès pour menacer les
engagés des pires dispositions régle-
mentaires, et pour leur rappeler qu'en
peu de mois six d'entre eux avaient
été dirigés sur l'Afrique.
On s'explique difficilement que les
engagés volontaires, futurs soldats de
carrière, soient partout si mal vus des
autorités militaires. Il y a là un étrange
phénomène de psychologie profession-
nelle.
N'oublions pas que si engagés et ren-
gagés ont peine à gagner l'affection de
leurs supérieurs, ils sont générale-
ment en butte à la vague hostilité de
leurs égaux.
— Tu n'as donc pas de pain chez toi ?
La huche à pain s'est donc effondrée ?
Telles sont les questions goguenardes
que les « anciens » posent aux « bleus »
qui sont venus à la caserne sans at-
tendre d'être désignés par la conscrip-
tion.
Le service de deux ans fera aux chefs
le corps un devoir de traiter avec une
faveur particulière les jeunes gens dis-
posés à donner plusieurs années de
'eur vie à l'instruction des recrues.
L'amendement de M.- Mézières ca-
chait un autre piège. Il donnait un
énorme argument financier aux parti-
sans du service à long terme. L'appli-
cation de la nouvelle loi pouvait être
entravée par un simple vote budgé-
taire de la Chambre refus uit les cré-
dits nécessaires aux rengagements.
Le général André a assez bien indi-
qué la situation que combinait l'amen-
dement Mézières.
— Il me faut, a-t-il dit, des sous-
officiers et vous m'offrez des soldats,
et quels soldats ? Des hommes qui res-
teront au régiment alors que leurs ca-
marades partiront, qui feront du « ra-
biot » commeron dit souvent.
L'amendement Mézières a été juste-
ment repoussé. Il méritait une mention
spéciale comme représentant la der-
nière tentative sérieuse de la droite
pour dénaturer le sens de la loi,
Car on ne saurait attribuer aucune
Importance aux récriminations des
quelques monarchistes et cléricaux,
qui ont tenu, en fin de séance, à expli-
quer leurs votes réactionnaires. C'est
encore M. Mézières qui a fait la décla-
ration la plus curieuse : il a commencé
par se présenter comme partisan du
service de deux ans ; ensuite, il a af-
firmé qu'il ne voterait pas l'ensemble
de la loi, notamment parce que cette
loi « supprime' une classe entière de
l'armée ». Comment M. Mézières con-
çoit-il une loi sur le service de deux
ans qui retiendratt les soldats à la ca-
serne pendant leur troisième année ?
Eafm, toutes ces discussions sont
périmées. Nous les retrouverons pour-
tant à la Chambre. Mais les députés,
qui se sentent toujours très près des
électeurs, ne seront guère disposés à
prêter l'oreille à des arguments dont le
Sénat a déjà condamné la faiblesse.
Hugues Destrem.
- 06
LA GRANDE SERBIE"
Il faut prendre garde aux suites
de cette effroyable tragédie de
Belgrade, qui laisse bien loin
derrière elle les drames de l'em-
pire romain décadent. Les an-
ciens Daces. ancêtres des Serbes
d'aujourd'hui, ont fait jadis des Césars. Ils
élisaient leur chef empereur et assassinaient
celui dont ils ne voulaient plus. Parfois,
quelques favoris du détrôné payaient bien
de leur vie la fortune qu'ils lui avaient due.
Mais les choses n'allaient pas plus loin.
Toute une famille ne disparaissait pas.
Constantin lui-même a laissé vivre les des-
cendants de son prédécesseur et tous les pe-
tits-fils de Justinien.
A Belgrade, au contraire, en pleine Eu-
rope, quinze cents ans après l'agonie de
Rome et de Byzance, toute une famille est
supprimée à coups de fusil, de baïonnette et
de hache. C'est d'abord Alexandre, seul
survivant légitime des Obrenovitch. C'est
ensuite sa femme Draga et tous ses frères
et sœurs, QU peu s'en faut. Au profit de qui?
Des Karageorgeyitch, la famille rivale.
Une pareille vendetta, qui dure depuis un
siècle et qui se termine par le massacre gé-
néral des Obrenovitch, a trouvé des com-
plices. Aucun d'eux n'osera avouer en face
de l'Europe qui rougit de honte. Mais on
peut les démasquer par des déductions. Les
Karageorgevitch sont apparentés aux Mon-
ténégrins. Faut-il ajouter que la conspira-
tion ne paraît plus aujourd'hui être simple-
ment prétorienne, qu'il s'y est mêlé un parti
politique, hostile à l'Autriche, favorable au
Monténégro ? Est-il besoin, d'autre part,
d'indiq uer par qui le Monténégro est sou-
tenu ?
Un Karageorgevitch à Belgrade avec
l'appui du Monténégro dans l'avenir !
Voilà qui est redoutable dans un moment
où les Balkans sont en révolution, où les
Albanais résistent aux Turcs, où la Macé-
doine essaye de conquérir son indépen-
dance, où les Bulgares , l'arme au pied, at-
tendent l'occasion propice d'une interven-
tion. Or, justement, on parle beaucoup de
la grande Serbie, c'est-à-dire, d'une guerre
qui permettrait à Karageorgevitch de se
rendre populaire, dans laquelle il serait
suivi par le Monténégro et qui aurait pour
but de constituer un plus vaste royaume
embrassant les Eta ts monténégrins et serbes,
plus quelques districts arrachés à la Bul-
garie et à la Turquie. Cette perspective est
terrifiante. C'est peut-être la guerre eu-
ropéenne.
Les puissances favoriseront-eltes cela >
La Russie elle-même l'osera-t-elle ? Pour-
ront-elles les unes et les autres reconnaî-
tre comme roi de Serbie un homme qui a
évidemment favorisé les massacres de Bel-
grade et qui a dû être tenu au courant de
tous les événements ? Il n'est pas possible
que l'Europe amnistie cette sanglante tra-
gédie et consente à tendre la main au com-
plice des assassins. Il faut qu'elle sache
exactement ce qui s'est passé sur les bords
du Danube, qu'elle réclame, le châtiment
des'méurtriers et qu'elle n'aille pas béné-
volement faciliter des ambitions qui met-
traient l'Orient eh feu. — Ch B.
————————————— ————————————„
LA CHARGE DU SOLDAT ITALIEN
IDe notre correspondant particulier}
Rome, 12 juin.
Au ministère de la guerre, on étudie les
moyens d'alléger la charge du fantassin par
une répartition plus rationnelle.
La gibecière de cartouches sera dorénavant
portée à la ceinture. Le sac sera modifié et on
en réduira le volume, Il sera fait dorénavant
en toile imperméable.
——————————— ---
Daager de guerre civile en Serbie
(De notre correspondant particulier)
Zimony (frontière hongroise), 12 juin.
On apprend maintenant que la révolte mili-
taire à Belgrade ne s'est pas accomplie sans
rencontrer quelque résistance.
Dans une caserne les officiers ont pris parti
contre les conjurés. On a échangé des coups
de fusil et il y a eu des morts et des blessés des
deux côtés. Ce combat est indépendant de celui
qui a été livré à la caserne de la gendarmerie.
La caserne a été prise d'assaut et les gendar-
mes ont été désarmés.
En province, on me signale des désordres.
Dans la région de Zaïtschar où les radicaux ont
de nombreux partisans, les paysans ne veu-
lent pas reconnaître le coup d'Etat de crainte
d'un régime militaire.
Le nouveau gouvernement provisoire sup-
prime les dépêches qui signalent des désordres
et des agitations en province. On dit que M.
Velimirovitsch et un neveu de Rajko Taisitsch
préparent un manifeste invitant le peuple à se
prononcer pour le régime républicain.
J'apprends en dernière heure que les trois
soeurs de la reine Draga sont saines et sauves
et qu'elles ont pu gagner en barque la rive
hongroise.
UNE FAUSSE LETTRE DE GUILLAUME Il
EN ALLEMAGNE
-
CD. noire correspondant particulierl
Cologne, 12 juin.
Un tailleur à Dortmund, le nommé Antoine
Voss, s'est fabriqué une lettre censée venue du
cabinet civil secret do l'empereur. La feuille
portait en tête l'inscription: Cabinet civil de Sa
Majesté l'Empereur. Il se présentait aux gens
qui parla voie du journal clierchaientdesplaçai
et leur disait avoir reçu mission d'enrôler 30
personnes pour la surveillance des anarchistes.
Il a trouvé des gens crédules qui déposaient
chez lui chacun un cautionnement de 50 fr.
La supercherie fut bientôt découverte et les
dupes ont déposé une plainte.
Voss vient d'être condamné à un an et demi
de prison. Au cours de l'audience le président
disait à un des témoins: - Comment,vous avez
cru à l'authenticité de la lettre impériale? Allez
en France, on vous y nommera député et vous
pourrez siéger à çôté de M. Millevoye.
QUESTIONS
D'ASSISTANCE
LA LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE
L'assistance et l'hygiène. — Poussières
dangereuses. — Le balayage hu-
mide. — De l'eau dans les ruis-
seaux. — L'entêtement au-
vergnat. — Comme au
Mont-Dore. — La tu-
berculose vaincue
par l'eau
L'assistance et l'hygiène sont si intimement liées
qu'il est impossible de s'occuper de l'une sans
qu'immédiatement l'autre vienne s'imposer à
l'attention.
C'est surtout quand il s'agit de l'assistance
aux maladess et des maladies contagieuses que
cette communion si étroite se fait sentir, et les
découvertes du grand Pastenr en faisant faire
un pas décisif à l'hygiène publique ont, du
même coup, aidé considérablement à dévelop-
per et à résoudre les questions d'assistance.
Le combat entrepris contre la propagation de
la tuberculose est un exemple frappant de l'u-
tilité de cette association de l'assistance et de
l'hygiène et l'on ne sera véritablement victo-
rieux de cette terrible maladie que le jour où
l'hygiène entrera définitivement dans la pra-
tique habituelle de la vie publique. Pour cela il
faut savoir ce qu'est cette hygiène, en quoi elle
consiste, ce qu'il y a danger de faire ou de
laisser faire. Ce n'est qu'à force de le répéter
souvent qu'on parviendra à le faire comprendre
et accepter par la foule dont l'ignorance n'est
souvent faite que d'insouciance.
Combattons la poussière
L'agent le plus terrible de la propagation de
la tuberculose, je dirais presque le seul fac-
teur vraiment dangereux, est la poussière que
l'on respire de toutes les façons dans les villes
et il est étonnant que l'on n'ait pas encore
pensé, sinon à détruire cette poussière, tout au
moins à en atténuer les mauvais effets.
J'ai lu cependant que des essais de balayage
humide avaient eu lieu ces temps derniers sur
la voie publique, puis le silence s'est fait et
l'on n'a rien su du résultat de ces essais. Il se-
rait pourtant intéressant de savoir ce que cela
a produit.
Le moyen le plus pratique, en même temps
que peu coûteux, pour empêcher la poussière,
est d'entretenir sur nos chaussées et nos trot-
toirs une humidité constante. Je dis humidité
et non mouillage, de façon à ce que la pous-
sière soit alourdie et non pas changée en
boue.
S'il y a-quelques inconvénients à cela — car
peut-être lesbicyclistes s'en plaindrontrils-ces
inconvénients sont quantité vraiment négligea-
ble à côté des inestimables bienfaits que cela
rendrait à la santé publique.
Il faudrait compléter cet arrosage permanent
par la défense de balayer à sec devant les mai-
sons. On obtiendrait facilement cela en intro-
duisant cette défense dans l'arrêté du préfet de
police qui interdit de battre ou secouer les tapis
par les fenêtres après une certaine heure, de
plus l'eau devrait couler sans arrêt dans tous
les ruisseaux, de façon à ce que les passants
puissent facilement y cracher, ce serait le véhi-
cule naturel des crachats à l'égout sans l'incon-
vénient et le coût de l'installation des crachoirs
que l'on préconisait il y a quelque temps. J'a-
jouterai que l'éducation du public serait bien
vite faite et que l'on trouverait bientôt aussi
peu de personnes crachant par terre que cra-
chant dans les voitures publiques.
Tous ces moyens seraient faciles, peu dispen-
dieux et atténueraient considérablement la
propagation de la tuberculose.
A l'instar de l'Auvergne
Il ne doit pas être beaucoup plus difficile de
faire comprendre aux Parisiens, au besoin à
l'aide d'un arrêté du préfet de police, ce que
quelques médecins dévoués à la chose publi-
que ont obtenu, sans moyens coërcitifs, de
montagnards auvergnats plutôt réfractaires
quand il s'agit d'hygiène et il sera peut-être
instructif de faire connaître ce qui s'est passé
au Mont-Dore, à ce sujet.
On sait que le Mont-Dore efct une station
thermale dont la population de malades est
surtout composée d'asthmatiques, d'emphisé-
mateux, de tuberculeux même. Ces affections
causent des expectorations abondantes qui
peuvent rendre plus nocives les poussières que
les courants d'air de la montagne font voler de
toutes parts.
Quelques médecins s'inquiétèrent d'une si-
tuation qui pouvait avoir une fâcheuse in-
fluence sur la santé des touristes bien portants
et sur celle des malades venus pour prendre
les eaux ou faire une cure d'air, ils obtinrent
de la municipalité à la tête de laquelle se trou-
vait alors le D1 Chabory, qu'une humidité
constante serait entretenue sur le sol au moyen
d'arrosages fréquents et que les ruisseaux cou-
leraient en permanence.
Cela n'était pas suffisant, les poussières des
maisons persistaient et neutralisaient en partie
les bons, effets de l'arrosage ; c'est alors que les
docteurs Schlemmer, Percepied, Joal, Chabory,
pour ne citer que les promoteurs du mouve-
ment, ont poursuivi depuis de longs mois une
campagne qui fut peu à peu couronnée de suc-
Gès, et qui, aujourd'hui, peut être considérée
comme ayant eu raison de l'entêtement aussi
légendaire qu'anti hygiénique des bons auver-
gnats.
gnats. Jamais de balayage à sec
Ils eurent d'ailleurs l'excellente fortune d'être
de suite compris et secondés par l'administra-
tion thermale, qui interdit formellement dès
lors le balayage à sec dans l'établissement et
imposa l'essuyage avec un linge humide toutes
les fois que le lavage à grande eau était impos-
sible.
Les grands hôtels, puis les moyens, les petits,
les maisons meublées, enfin la presque totalité
des habitations qui reçoivent touristes et ma-
lades suivirent l'exemple et se rendirent aux
sollicitations du corps médical, tant et si bien
qu'il est peu d'immeubles aujourd'hui où cette
excellente méthode no soit suivie. -
Ce que quelques hommes dévoués ont ob-
tenu par la persuasion.de montagnards le plus
souvent ignorants et auxquels les plus vul-
gaires habitudes de propreté étaient inconnues,
ne peut-on en espérer autant lorsque l'on s'a-
dressera aux populations intelligentes et poli-
cées de nos grandes villes, car ce n'est pas
pour Paris seulement qu'il faut désirer que
l'exemple donné par le Mont-Dore soit fruc-
tueux, mais pour toutes les agglomérations, et
surtout dans les centres ouvriers parmi les-
quels la tuberculose fait de si effrayants ra-
vages. Je ne veux pas dire que ce moyen vain-
cra le fléau, mais l'atténuation qui en résultera
sera assez considérable pour que l'on se félicite
de l'avoir essayé et réalisé.
EMILE MAHÊ
♦ —-
PAUVRES VICTIMES
Valentine et Adrien Bizet, les deux petits en-
fants asphyxiés à Asnières (Seine) par leur
mère dans les dramatiques circonstances que
nous avons racontées, ont été enterrés Civile-
ment, bier vendredi, à 2 jiçures,
« Une foule considérable se pressait devant la
maison dès la levée des corps et témoignait
par son silence imposant de la sympathie quelui
inspiraient les deux malheureuses petites vic-
times.
Dans une touchante intention, les enfants de
l'école maternelle du groupe Voltaire, où al-
lait régulièrement la petite Valentine, avaient
tressé une superbe couronne de roses de plus
d'un mètre de diamètre.
Une délégation d'une centaine de ces enfants
accompagnait le cortège sous la conduite de
Mme Dat, directrice de l'école, et de ses ad-
jointes.
On remarqua aussi les couronnes offertes
par la municipalité et les commerçants du
quartier.
M. Buchotte, commissaire de police, était
présent.
4>
MUTUALITÉ
Le 20 mai dernier, le président du conseil,
ministre de l'intérieur, convoquait par décret
les collèges électoraupour l'élection des re-
présentants des sociétés de secours mutuels au
conseil supérieur, le 5 juillet pour les sociétés
approuvées, et le 12 juillet pour les sociétés
libres.
Pour ces élections, les sociétés de secours
mutuels sont appelées à élire dans leur sein
les délégués chargés de les représenter au
vote.
La préfecture de la Seine n'a encore avisé
aucune société de Paris d'avoir à lui faire
connaître ses délégués, et la plupart de ces
sociétés avisées, tardivement, ne pourront réu-
nir en temps voulu leurs adhérents, elles se-
ront privées du droit de vote.
La mutualité a pris aujourd'hui un tel essor
qu'il importe qu'on la traite avec un peu moins
de sans-gêne.
Voir à la 3* page
les Dernières Dépêches
LES AGRANDISSEMENTS
DE LA BOURSE DU TRAVAIL
Lorsque fut décidé l'établissement de locaux
où les syndicats tiendraient leurs réunions, la
Ville prit à bail, 35, rue J.-J. Rousseau, un
immeuble dans ce but. Ce local fut bientôt jugé
insuffisant. Une Bourse du Travail fut édifiée,
3, rue du Château-d'Eau, et le local de la rue
J.-J. Rousseau devint l'Annexe de la Bourse.
Les syndicats de l'alimentation y tinrent seuls
leur permanence. Le bail de l'Annexe va pren-
dre fin l'an prochain. La commission adminis-
trative de la Bourse a fait auprès de l'adminis-
tration les démarches nécessaires pour que ce
bail ne soit pas renouvelé et qu'un nouvel em-
placement soit choisi pour servir d'annexe.
L'administration est disposée à accueillir favo-
rablement cette requête et propose la désaffec-
tation du marché Saint-Martin, sis rue du Châ-
teau-d'Eau. Les syndicats de l'alimentation,
plus spécialement intéressés, ont été avisés
d'avoir à donner leur avis sur ce transféreraient.
Inutile de dire que cet emplacement, s'il est
agréé, faciliterait la location d'un local voisin
déjà Bourse du Travail et dans lequel tout le
confort, au point de vue hygiénique, pourrait
être assuré. Il faut dire, en effet, que l'Annexe
est remarquablement insalubre et supérieure-
ment incommode. Nous espérons que l'admi-
nistration saura concilier les exigences budgé-
taires avec les droits de l'hygiène, et que la
nouvelle Annexe sera mieux agencée que sa
devancière.
TROUBLES GRAVES EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier/
Eydtkuhpen (frontière russo-allemande),
12 juin.
Des troubles graves ont. eu lieu aux chan-
tiers des constructions navales de Nicolaïeff
(Russie méridionale). A la suite d'une discus-
sion, le contre-maître Henkel a tiré sur un ou-
vrier qu'on venait de renvoyer. Tous les ou-
vriers ont quitté le travail et ont tenté de dé-
molir le pavillon où le contre-maître s'était
réfugié. Des Cosaques ont fait leur apparition
et ont dispersé la foule. Le lendemain 4,000 ou-
vriers ont quitté le travail et ont parcouru la
rue portant des drapeaux rouges.
Les ouvriers des arsenaux se sont ralliés au
mouvement.
Plusieurs rencontres ont eu lieu entre gré-
vistes et Cosaques.
-——————,————— < ———————————.
LA BELLE-MÈRE DU MAD-MOULLAH
(De notre correspondant particulier]
Aden, 12 juin.
Le bruit s'est répandu que la belle-mère du
Mad-Moullad a été faite prisonnière. Des ren-
seignements ultérieurs rectifient cette nouvelle
dans ce sens que la dame en question, accom-
pagnée de quelques guerriers Somalis,a eu une
rencontre avec quelques indigènes au service
des Anglais et les a mis en fuite.
——-———————-—- —.———————— : —
LA FIÈVRE TYPHOIDE A ROUEN
La situation
Rouen, 12 juin.
D'après M. Baudoin, médecin en chef de
l'hôpital militaire, le chiffre officiel des soldats
reconnus atteints de la fièvre typhoïde est de
83; 38 malades sont en outre en observation.
La seule entrée de ce matin est celle d'un sous-
officier du 119'
A l'Hôtel-Dieu, le chiffre constaté des typhi-
ques civils est de 38 et de 10 à l'hospice géné-
ral. Aucun décès n'est à signaler à l'hôpital
mixte de Rouen.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Ce soir samedi, à 8 h. 1|2, réunion de la
Jeunesse républicaine, radicale et radicale-
socialiste, 25, rue de Richelieu.
qe
LES LEGS
Le testament du Dr Favale. — Aux œu-
vres sociales et d'assistance.
Le D1 Eugène Favale, qui, décédé récem-
ment à Paris, on son domicile, 15 bis, rue
Rousselet, portait un vif intérêt aux œuvres so-
ciales et de bienfaisance, a laissé par testament
les donations suivantes :
40.000 fr. à Bastia, sa ville natale, pour la fonda-
tion d'une crèche, l'hospice civil, etc.
10.000 fr. a l'Institut Pasteur, à Paris.
10.000 fr. à la Société pour le patronage des jeu-
nes libérés de la Seine, rue de Mézières, 9.
10.000 fr. à la Société centrale de sauvetage des
naufragés, rue de Bourgogne, 1.
10.000 fr. à la Société de secours aux familles des
marins français naufragés
5.000 fr à l'œuvre de l'hospitalité de nuit, parti-
culièrement pour l'asile du boulevard de Vaugi-
rard.
5.000 fr. à la Caisse des victimes du devoir, rue
Lafayette, 61.
Tous ces legs sont francs et quittes de tous
| I frais et droit
LE COUP D'ETAT DE BELGRADE
Les détails de rattentat. - Cruels raffinements des conjurés. - Le
sentiment populaire. — La démagogie militariste. — Musique
et festins. — L'inhumation des corps royaux. — L'opi-
nion internationale.
Il est encore difficile de rapporter avec certitude
les diverses péripéties qui ont accompagné le coup
d'Etat de Belgrade. Sur les meurtres surtout, les
détails donnés par les dépêches présentent certaines
contradictions qui ne seront que plus tard atténuées
ou détruites. Bornons-nous donc, aujourd'hui en-
core, à enregistrer les faits tels que les dépêches
nous les transmettent.
LES ÉVÉNEMENTS
La mort d'Alexandre et de Draga
On va voir, ici surtout, combien les acteurs du
drame, les conjurés d'hier, les gouvernants d'au-
jourd'hui, laissent planer de doutes sur les inci-
dents qui se sont produits lors de leur entrée au
Konak royal. On est réduit à recoudre, comme on
peut, les récits parfois tout à fait opposés qui
nous parviennent de diverses sources :
Buda-Pesth, 12 juin.
Une compagnie de soldats a forcé l'entrée du
Konak ; elle a fait sortir les habitants du châ-
teau de leurs lits et les a mis à mort.
Les agresseurs semblent avoir rencontré une
grande résistance au seuil du balcon du pa-
lais ; les rideaux sont arrachés, les vitres des
fenêtres sont brisées. Probablement c'est par là
qu'ont voulu fuir ceux qu'on poursuivait.
Dans le petit jardin situé au-dessous des fenê-
tres du Konak, gisent à terre des casquettes de
militaires et des débris d'uniformes en lam-
beaux.
Devant le Konak on avait dressé des canons
qui y sont encore, Les troupes amenées devant
le palais avaient reçu d'abondantes rations de
vin tiré à même les tonneaux.
Le , coup de force a commencé à minuit et de-
mi; à une heure et demie du matin, l'attentat
était consommé.
Berlin, 12 juin.
Le couple royal, les sœurs de la reine, les
adjudants généraux Petrovitch et Naumovitch
étaient restés à souper jusqu'à minuit et demi.
Le roi et la reine s'étaient ensuite retirés dans
leur chambre à coucher.
Une heure plus tard, pénétraient les con-
jurés.
Le roi Alexandre reçut immédiatement le
coup mortel dans la gorge. Ses derniers mots
furent : « Soldats, vous m'avez trahi ! » Le
corps de la reine Draga est presque dépouillé
de sa chair.
Le maréchal de la cour Nicolaiévitch s'est
enfui à l'ambassade autrichienne.
Cent cinq officiers avaient été initiés au se-
cret de la conspiration.
Budapest, 12 juin.
Dans la nuit, entre 1 h. 112 et 2 heures, les
officiers se rendirent au Konak. Le général
Naumovitch ouvrit la porte d'entrée principale
des appartements du couple royal. Arrivé de-
vant la chambre à coucher du roi, Naumo-
vitch somma le roi de leur ouvrir. Le roi ré-
pondit rudement : sur quoi les officiers es-
sayèrent de faire sauter la porte au moyen de
leurs sabres, puis, n'y réussissant pas, em-
ployèrent la dynamite.
Une version fait mourir le général Naumo-
vitch par une explosion. Une autre fait de Nau-
movitch la victime de Lothaire Pétrovitch qui
l'aurait tué à coups de.feu.
Quand les officiers eurent pénétré dans la
chambre du roi, ils se précipitèrent vers lui et
lui tirèrent de nombreux coups de feu.
Les corps de la reine et du roi furent lancés
du balcon dans la cour. Dans sa chute, le roi,
qui n'était pas mort, se brisa la tempe. Il ne
mourut que quatre heures après.
Le frère de Draga
Bruxelles, 12 juin.
D'après le Patriote, une des victimes du
drame de Belgrade, frère de la reine Draga,
Nicolas Lunievitèh, sa femme, une française et
sa belle-mère, ont habité Ixelles, rue Forestier,
depuis juin 1902 jusqu'en mai dernier. Il était
sous lieutenant de l'armée serbe et menait à
Ixelles une vie très tranquille: Il a laissé ici
quelques malles et un superbe chien de chasse.
Il comptait rentrer à Bruxelles très prochaine-
ment.
Les autres morts
Budapest, 12 juin.
Le général Zinzar Marlmvitch; ex-président
du conseil, s'enfuit de sa maison dans une
ruelle où les soldats l'entourèrent, Le président
du conseil se défendit un instant avec son re-
volver, mais il ne tarda pas à tomber sous les
balles des soldats..
Le ministre de l'intérieur, M. Todorovitch,
se défendit également ac courage avant de
mourir.
Les autres ministres furent arrêtés, mais
ils furent remis en liberté dans l'après-
midi.
On raconte, d'autre part, que Zinzar Marko-
vitch n'a pas été atteint dans une ruelle, mais
a été tué par un soldat qui lui présentait un
message urgent. Le ministre de la guerre, gé-
néral Pavlovitch, s'était réfugié dans un pla-
card sur lequel vingt-cinq coups de feu ont été
tirés. On dit que le nombre des gardes du pa-
lais tués s'élève à une centaine.
La conjuration
Buda-Pesth, 12 juin.
On donne généralement comme cause immé-
diate de l'événement de Belgrade le projet ten-
dant à proclamer héritier du trône Nicodème
Liounevitsa, frère de la reine.
Le roi Alexandre avait fait, ces jours der-
niers, part de ce projet d'une façon confiden-
tielle à quelques officiers supérieurs. Il avait
ajouté que la proclamation allait avoir lieu, et
que toute la Serbie serait mise en état de siège.
Un officier supérieur serbe qui habile ici, et
qui a quitté l'armée serbe il y a peu de temps,
a déclaré qu'il avait donné sa démission paroo
qu'il prévoyait que le mécontentement des of-
ficiers serbes concernant la proclamation comme
héritier du trône du lieutenant Liounevitsa,
homme mal élevé, incapable, adonné à de vi-
les passions et détesté dans l'armée, finirait par
se manifester par un attentat. Ayant été un fi-
dèle partisan du roi Milan, l'officier supérieur
démissionnaire n'avait pas voulu prendre part
à une entreprise contre le fils de ce souverain,
mais comme il ne pouvait pas empêcher l'at-
tentat de se produire, il avait résolu de quitter
l'armée serbe.
Zimony, 12 juin.
Les conjurés avaient tenu mercredi soii-, dans
le jardin de Kalmagnan, une réunion délibéra-
tive. Parmi eux se trouvaient des officiers.
Un régiment commandé par le colonel Niko-
litch marchait déjà contre Belgrade pour cer-
ner les conjurés. A mi-chemin, deux officiers
lui intimèrent l'ordre de retourner en arrière,
car il était trop tard maintenant pour agir. Le
colonel Nikolitch tua alors d'un coup de revol-
ver l'un des deux officiers, un capitaine ; mais
le lieutenant-colonel l'accompagnant le tua
lui-même,
Le régiment resta inactif.
L'enterrement des victimes aura sans doute
lieu demain matin dans le plus grand calme.
Vienne, 12 juin.
Le correspondant à Belgrade gg Frmdçn-
blatt a eu une interview avec M. Avakoumo*
vitch, président du conseil, qui a dit :
« Nous n'avons pour le moment, a ajouté M.
Avakoiimovitch, aucune relation avec Kara.
georgevitch. Son élection au trône est vrai-
semblable. Comme on ne peut pas procéder
autrement, ce sera l'affaire de la Skouptchina
de le choisir ou non pour roi. Le gouverne-
ment ne le proposera pas à la Skoupehtina,
mais laissera ce soin aux députés. Nous démis-
sionnerons ensuite. Après l'élection du roi, un
nouveau cabinet gouvernera, sur les bases de.
la Constitution de i901.
Berlin, 12 juin.
La National -Zeitung publie une interview de
son correspondant de Belgrade avec le lieute-
nant-colonel Mischitch, qui a prononcé les
paroles suivantes : « Nous étions nombreux.
Sur la question de savoir si c'est moi ou un
autre qui a tiré le premier, nous ne pouvons, à
proprement parler, formuler que des hypo-
thèses. L'essentiel pour nous est que notre
œuvre ait été menée à bonne fin. »
Le capitaine Milan Nistitch, connu comme
excellent tireur, a tiré contre l'aide de camp
Lazar Pétrovitch le premier coup de feu et
le toucha au front ; l'aide de camp mourut
sur le coup.
Les nouveaux ministres
M. Georgevich, attaché à la légation de Serbie à
Paris a donné au Temps quelques renseignements
biographiques sur les nouveaux ministres :
Le président du conseil, M. Avakoumovitch,
originaire de Belgrade, est âgé d'une soixan-
taine d'années. Il fit ses études en Allemagne
et en France, puis retourna en Serbie où il sui-
vit la carrière du droit jusqu'à la Cour de cas-
sation. C'est un de nos meilleurs avocats cri-
minalistes. Il était chef du gouvernement en
avril 1893, au moment du coup d'Etat par le-
quelle roi Alexandre se proclama majeur .Alor:
il tomba du pouvoir.
M. Ljoubomir-Kallevitch, ministre des affaires
étrangères, a fait ses études en France et en
Allemagne. Il est âgé d'environ soixante-cino
ans. Il fut président du conseil en 1873.
M. Stojan Protitch, ministre de l'intérieur,
débuta dans l'Université comme professeur. A
l'occasion de l'insurrection de 1883 il se lança
dans la politique. A la suite du dernier attentat
contre le roi Milan, il y a quatre ans, il fut
condamné à vingt ans de travaux forcés ; mais
le roi lui accorda sa grâce lors de son mariage
avec la reine Draga. -
M. Georges Gentchitch, ministre du commerce,
était ministre au moment du mariage du roi,
mais tomba alors en disgrâce à cause de son
opposition à cette union.
Le général A thanaskovitch détenait le porte-
feuille des travaux publics en 1897, Tombé en
disgrâce à la suite du mariage du roi, il vécut
quelque temps dans la retraite, Il y a quel-
ques mois il avait repris son commandement.
M. Velkoviwh, ministre des flnances, après
avoir terminé à Paris ses études de droit, fut
nommé professeur de droit administratif à Bel-
grade. Le roi le prit plus tard auprès de lui
comme secrétaire particulier. Il est âgé de
37 ans.
Le colonel Maschin,ministre des travaux pu-
blics, est le frère du premier mari de la reine
Draga. Ancien attaché militaire a Vienne, an-
cien ministre de Serbie à Cettinjé, il était tom-
bé en disgrâce après le mariage du roi.
M. Ljoubomir Aioianovitch, ministre des
cultes, est un ancien professeur de philologie
slave à l'Université. Il fut- exilé, mais revint
lors du mariage du roi. Il siégeait à la Cham-
bre des députés. C'est un homme de quarante
ans. -
M. Ljoubomir Ghivkovitch, ministre de la
justice, a fait son droit à Paris. A la suite de
l'attentat contre le roi Milan, il fut condamné à
vingt ans de travaux forcés.
A Belgrade
Vienne, 12 juin.
On mande de Belgrade à la Nouvelle Presse
Lifyre :
Les monitors autrichiens du Danube Szamos
Leitha. Maros et Kœrœs ont jeté l'ancre hier
soir à Belgrade.
Le bruit court que la garnison de Nisch aurah
refusé l'obéissance au nouveau gouvernement.
Vienne, 12 juin. ,
On mande de Belgrade :
Pendant toute la journée, une foule immense
et des soldats ont stationné devant le Konak.
La musique militaire jouait des morceaux pa-
triotiques. Des distributions de vin et de bière
ont été faites aux soldats. Les magasins sont
fermés.
Buda-Pest, 12 juin.
Beaucoup d'habitants quittent la ville.
On a demandé de Semlin à Pesth, par télé-
graphe, un grand nombre de wagons pour
transporter les fugitifs.
Il est difficile d'atteindre Belgrade, même
avec un passe-port.
Un conseil a été tenu au Palais des ministres
pa? le nouveau gouvernement. Lorsque le lieu-
tenant-colonel Mischisch, qui était à la tête des
conjurés, est sorti du Palais, la foula l'a ac-
cueilli par des vivats et la musique militaire a
joué une fanfare en son honneur.
L'avocat Zsivkovitch se promena à travers
les rues de la ville dans une voiture de la Cour.
Il prononça plusieurs harangues.
La population ne manifeste aucune indigna
tion à l'égard de l'attentat. Même après sa fin
tragiquo la reine Draga n'est rappelée dans ses
souvenirs qu'avec un accompagnement de mots
injurieux.
La population se montre peu émue du destin
tragique des victimes.
Les morts ont été portés dans la chapelle du
Konak.
Belgrade, 12 juin.
Dès aujourd'hui, de nombreux exilés sont
revenus à Belgrade.
Tous les officiers ont enlevé hier les cocardes
au chiffre du roi Alexandre qu'ils portaient à
leurs casquettes.
La ville est pavoisée aux couleurs natio-
nales.
Les journaux accueillent bien l'évènement.
Les journaux radicaux injurient brutalement
le couple royal ; ils disent que le roi avait
traité avec mépris les officiers et qu'il voulait
transférer l'école de guerre à Schabat. La
cause principale de la conjuration serait, ce-
pendant, le scandale des dernières élections.
Quelques journaux parlent de République.
La plupart désirent cependant le retour de
Karageorgevitch.
LES OBRENOVITCH
Un fait qui facilite singulièrement la lâche
des nouveaux gouvernants, et beaucoup de jour-
naux étrangers en font la remarque, c'est que la
race des Obrenovitch étant éteinte, pour ce qui
concerne les membres ayant droit de revendiquer
la succession politique du roi Alexandre, aucun
gouvernement monarchique n'a plus à opposer à
la Serbie des réservés d'aucune espèce en faveur
d'un héritier de cette famille. Les ObrDQviwb
o'Wt pUfô 4e plaw que dans l'histoire.
PARfS & DÉPARTEMENTS
fi - )I
Le Num^iâM^lENTIMES
LAOME MBM XIXe Sm#IhShhC%niLnUIEMMÈ
ANNONCES
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12147. — Dimanche 14 Juin 1903
26 PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
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■ NOS LEADERS
UNE ITAPE
Hier, le Sénat a adopté, en seconde
lecture, l'ensemble de la loi sur le ser-
vice de deux ans. Ce vote marque la
fin de la première étape que la propo-
sition Rolland aura eu à parcourir.
Le dépouillement du scrutin a révélé
dans les urnes la présence de 220 bul-
letins blancs contre 45 bulletins bleus.
C'estune belle majorité qu'uneréforme,
non imprudente, comme certains l'ont
prétendu, hardie toutefois, aura trou-
vée dans une assemblée dont les sen-
timents républicains sont très sûrs,
mais dont le tempérament « révolu-
tionnaire » est un peu froid.
Nous accordons que les partisans de
la loi de 1889 ont opposé à la majorité
une résistance acharnée. Sans grand
espoir de vaincre, ils ont vingt fois li-
vré la bataille. Le succès de la propo-
sition Rolland était assuré après le
vote de l'ensemble, en première lec-
ture. Au cours de la seconde délibéra-
tion, les principes essentiels de la
nouvelle loi ont pourtant été mis en
cause par les réactionnaires. Le der-
nier cap dangereux a été franchi ; au
moment — que nous avons signalé —
où, pour la deuxième fois, le système
des deux années de service a été ac-
cepté par l'assemblée du Luxembourg.
***'
Pourtant, hier encore, la droite es-
sayait de sauver des bribes de la loi de
1889. M. Alfred Mézières ne deman-
dait-il pas qu'en cas d'insuffisance des
rengagements ou des engagements à
long terme, le ministre de la guerre
pût conserver sous les drapeaux pen-
dant leur troisième année tout ou par-
tie des classes incorporées ?
Vous voyez qu'une pareille disposi-
tion était le retour pur et simple du
service de trois ans, à la volonté d'un
ministre de la guerre rétrograde. Il se-
rait facile à ce ministre de proclamer
la disette des rengagements. Et d'abord,
il n'est pas impossible aux chefs de
corps de dégoûter les soldats et les sous-
"officiers du métier des armes. -
C'est une singulière constatation à
, faire que, dès maintenant, les « vo-
lontaires » de trois, quatre ou cinq
ans sont désignés presque partout aux
sévérités du commandement. -
Je lisais avec stupeur, il y a quel-
que temps, l'ordre du jour rédigé par
un colonel, exprès pour menacer les
engagés des pires dispositions régle-
mentaires, et pour leur rappeler qu'en
peu de mois six d'entre eux avaient
été dirigés sur l'Afrique.
On s'explique difficilement que les
engagés volontaires, futurs soldats de
carrière, soient partout si mal vus des
autorités militaires. Il y a là un étrange
phénomène de psychologie profession-
nelle.
N'oublions pas que si engagés et ren-
gagés ont peine à gagner l'affection de
leurs supérieurs, ils sont générale-
ment en butte à la vague hostilité de
leurs égaux.
— Tu n'as donc pas de pain chez toi ?
La huche à pain s'est donc effondrée ?
Telles sont les questions goguenardes
que les « anciens » posent aux « bleus »
qui sont venus à la caserne sans at-
tendre d'être désignés par la conscrip-
tion.
Le service de deux ans fera aux chefs
le corps un devoir de traiter avec une
faveur particulière les jeunes gens dis-
posés à donner plusieurs années de
'eur vie à l'instruction des recrues.
L'amendement de M.- Mézières ca-
chait un autre piège. Il donnait un
énorme argument financier aux parti-
sans du service à long terme. L'appli-
cation de la nouvelle loi pouvait être
entravée par un simple vote budgé-
taire de la Chambre refus uit les cré-
dits nécessaires aux rengagements.
Le général André a assez bien indi-
qué la situation que combinait l'amen-
dement Mézières.
— Il me faut, a-t-il dit, des sous-
officiers et vous m'offrez des soldats,
et quels soldats ? Des hommes qui res-
teront au régiment alors que leurs ca-
marades partiront, qui feront du « ra-
biot » commeron dit souvent.
L'amendement Mézières a été juste-
ment repoussé. Il méritait une mention
spéciale comme représentant la der-
nière tentative sérieuse de la droite
pour dénaturer le sens de la loi,
Car on ne saurait attribuer aucune
Importance aux récriminations des
quelques monarchistes et cléricaux,
qui ont tenu, en fin de séance, à expli-
quer leurs votes réactionnaires. C'est
encore M. Mézières qui a fait la décla-
ration la plus curieuse : il a commencé
par se présenter comme partisan du
service de deux ans ; ensuite, il a af-
firmé qu'il ne voterait pas l'ensemble
de la loi, notamment parce que cette
loi « supprime' une classe entière de
l'armée ». Comment M. Mézières con-
çoit-il une loi sur le service de deux
ans qui retiendratt les soldats à la ca-
serne pendant leur troisième année ?
Eafm, toutes ces discussions sont
périmées. Nous les retrouverons pour-
tant à la Chambre. Mais les députés,
qui se sentent toujours très près des
électeurs, ne seront guère disposés à
prêter l'oreille à des arguments dont le
Sénat a déjà condamné la faiblesse.
Hugues Destrem.
- 06
LA GRANDE SERBIE"
Il faut prendre garde aux suites
de cette effroyable tragédie de
Belgrade, qui laisse bien loin
derrière elle les drames de l'em-
pire romain décadent. Les an-
ciens Daces. ancêtres des Serbes
d'aujourd'hui, ont fait jadis des Césars. Ils
élisaient leur chef empereur et assassinaient
celui dont ils ne voulaient plus. Parfois,
quelques favoris du détrôné payaient bien
de leur vie la fortune qu'ils lui avaient due.
Mais les choses n'allaient pas plus loin.
Toute une famille ne disparaissait pas.
Constantin lui-même a laissé vivre les des-
cendants de son prédécesseur et tous les pe-
tits-fils de Justinien.
A Belgrade, au contraire, en pleine Eu-
rope, quinze cents ans après l'agonie de
Rome et de Byzance, toute une famille est
supprimée à coups de fusil, de baïonnette et
de hache. C'est d'abord Alexandre, seul
survivant légitime des Obrenovitch. C'est
ensuite sa femme Draga et tous ses frères
et sœurs, QU peu s'en faut. Au profit de qui?
Des Karageorgeyitch, la famille rivale.
Une pareille vendetta, qui dure depuis un
siècle et qui se termine par le massacre gé-
néral des Obrenovitch, a trouvé des com-
plices. Aucun d'eux n'osera avouer en face
de l'Europe qui rougit de honte. Mais on
peut les démasquer par des déductions. Les
Karageorgevitch sont apparentés aux Mon-
ténégrins. Faut-il ajouter que la conspira-
tion ne paraît plus aujourd'hui être simple-
ment prétorienne, qu'il s'y est mêlé un parti
politique, hostile à l'Autriche, favorable au
Monténégro ? Est-il besoin, d'autre part,
d'indiq uer par qui le Monténégro est sou-
tenu ?
Un Karageorgevitch à Belgrade avec
l'appui du Monténégro dans l'avenir !
Voilà qui est redoutable dans un moment
où les Balkans sont en révolution, où les
Albanais résistent aux Turcs, où la Macé-
doine essaye de conquérir son indépen-
dance, où les Bulgares , l'arme au pied, at-
tendent l'occasion propice d'une interven-
tion. Or, justement, on parle beaucoup de
la grande Serbie, c'est-à-dire, d'une guerre
qui permettrait à Karageorgevitch de se
rendre populaire, dans laquelle il serait
suivi par le Monténégro et qui aurait pour
but de constituer un plus vaste royaume
embrassant les Eta ts monténégrins et serbes,
plus quelques districts arrachés à la Bul-
garie et à la Turquie. Cette perspective est
terrifiante. C'est peut-être la guerre eu-
ropéenne.
Les puissances favoriseront-eltes cela >
La Russie elle-même l'osera-t-elle ? Pour-
ront-elles les unes et les autres reconnaî-
tre comme roi de Serbie un homme qui a
évidemment favorisé les massacres de Bel-
grade et qui a dû être tenu au courant de
tous les événements ? Il n'est pas possible
que l'Europe amnistie cette sanglante tra-
gédie et consente à tendre la main au com-
plice des assassins. Il faut qu'elle sache
exactement ce qui s'est passé sur les bords
du Danube, qu'elle réclame, le châtiment
des'méurtriers et qu'elle n'aille pas béné-
volement faciliter des ambitions qui met-
traient l'Orient eh feu. — Ch B.
————————————— ————————————„
LA CHARGE DU SOLDAT ITALIEN
IDe notre correspondant particulier}
Rome, 12 juin.
Au ministère de la guerre, on étudie les
moyens d'alléger la charge du fantassin par
une répartition plus rationnelle.
La gibecière de cartouches sera dorénavant
portée à la ceinture. Le sac sera modifié et on
en réduira le volume, Il sera fait dorénavant
en toile imperméable.
——————————— ---
Daager de guerre civile en Serbie
(De notre correspondant particulier)
Zimony (frontière hongroise), 12 juin.
On apprend maintenant que la révolte mili-
taire à Belgrade ne s'est pas accomplie sans
rencontrer quelque résistance.
Dans une caserne les officiers ont pris parti
contre les conjurés. On a échangé des coups
de fusil et il y a eu des morts et des blessés des
deux côtés. Ce combat est indépendant de celui
qui a été livré à la caserne de la gendarmerie.
La caserne a été prise d'assaut et les gendar-
mes ont été désarmés.
En province, on me signale des désordres.
Dans la région de Zaïtschar où les radicaux ont
de nombreux partisans, les paysans ne veu-
lent pas reconnaître le coup d'Etat de crainte
d'un régime militaire.
Le nouveau gouvernement provisoire sup-
prime les dépêches qui signalent des désordres
et des agitations en province. On dit que M.
Velimirovitsch et un neveu de Rajko Taisitsch
préparent un manifeste invitant le peuple à se
prononcer pour le régime républicain.
J'apprends en dernière heure que les trois
soeurs de la reine Draga sont saines et sauves
et qu'elles ont pu gagner en barque la rive
hongroise.
UNE FAUSSE LETTRE DE GUILLAUME Il
EN ALLEMAGNE
-
CD. noire correspondant particulierl
Cologne, 12 juin.
Un tailleur à Dortmund, le nommé Antoine
Voss, s'est fabriqué une lettre censée venue du
cabinet civil secret do l'empereur. La feuille
portait en tête l'inscription: Cabinet civil de Sa
Majesté l'Empereur. Il se présentait aux gens
qui parla voie du journal clierchaientdesplaçai
et leur disait avoir reçu mission d'enrôler 30
personnes pour la surveillance des anarchistes.
Il a trouvé des gens crédules qui déposaient
chez lui chacun un cautionnement de 50 fr.
La supercherie fut bientôt découverte et les
dupes ont déposé une plainte.
Voss vient d'être condamné à un an et demi
de prison. Au cours de l'audience le président
disait à un des témoins: - Comment,vous avez
cru à l'authenticité de la lettre impériale? Allez
en France, on vous y nommera député et vous
pourrez siéger à çôté de M. Millevoye.
QUESTIONS
D'ASSISTANCE
LA LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE
L'assistance et l'hygiène. — Poussières
dangereuses. — Le balayage hu-
mide. — De l'eau dans les ruis-
seaux. — L'entêtement au-
vergnat. — Comme au
Mont-Dore. — La tu-
berculose vaincue
par l'eau
L'assistance et l'hygiène sont si intimement liées
qu'il est impossible de s'occuper de l'une sans
qu'immédiatement l'autre vienne s'imposer à
l'attention.
C'est surtout quand il s'agit de l'assistance
aux maladess et des maladies contagieuses que
cette communion si étroite se fait sentir, et les
découvertes du grand Pastenr en faisant faire
un pas décisif à l'hygiène publique ont, du
même coup, aidé considérablement à dévelop-
per et à résoudre les questions d'assistance.
Le combat entrepris contre la propagation de
la tuberculose est un exemple frappant de l'u-
tilité de cette association de l'assistance et de
l'hygiène et l'on ne sera véritablement victo-
rieux de cette terrible maladie que le jour où
l'hygiène entrera définitivement dans la pra-
tique habituelle de la vie publique. Pour cela il
faut savoir ce qu'est cette hygiène, en quoi elle
consiste, ce qu'il y a danger de faire ou de
laisser faire. Ce n'est qu'à force de le répéter
souvent qu'on parviendra à le faire comprendre
et accepter par la foule dont l'ignorance n'est
souvent faite que d'insouciance.
Combattons la poussière
L'agent le plus terrible de la propagation de
la tuberculose, je dirais presque le seul fac-
teur vraiment dangereux, est la poussière que
l'on respire de toutes les façons dans les villes
et il est étonnant que l'on n'ait pas encore
pensé, sinon à détruire cette poussière, tout au
moins à en atténuer les mauvais effets.
J'ai lu cependant que des essais de balayage
humide avaient eu lieu ces temps derniers sur
la voie publique, puis le silence s'est fait et
l'on n'a rien su du résultat de ces essais. Il se-
rait pourtant intéressant de savoir ce que cela
a produit.
Le moyen le plus pratique, en même temps
que peu coûteux, pour empêcher la poussière,
est d'entretenir sur nos chaussées et nos trot-
toirs une humidité constante. Je dis humidité
et non mouillage, de façon à ce que la pous-
sière soit alourdie et non pas changée en
boue.
S'il y a-quelques inconvénients à cela — car
peut-être lesbicyclistes s'en plaindrontrils-ces
inconvénients sont quantité vraiment négligea-
ble à côté des inestimables bienfaits que cela
rendrait à la santé publique.
Il faudrait compléter cet arrosage permanent
par la défense de balayer à sec devant les mai-
sons. On obtiendrait facilement cela en intro-
duisant cette défense dans l'arrêté du préfet de
police qui interdit de battre ou secouer les tapis
par les fenêtres après une certaine heure, de
plus l'eau devrait couler sans arrêt dans tous
les ruisseaux, de façon à ce que les passants
puissent facilement y cracher, ce serait le véhi-
cule naturel des crachats à l'égout sans l'incon-
vénient et le coût de l'installation des crachoirs
que l'on préconisait il y a quelque temps. J'a-
jouterai que l'éducation du public serait bien
vite faite et que l'on trouverait bientôt aussi
peu de personnes crachant par terre que cra-
chant dans les voitures publiques.
Tous ces moyens seraient faciles, peu dispen-
dieux et atténueraient considérablement la
propagation de la tuberculose.
A l'instar de l'Auvergne
Il ne doit pas être beaucoup plus difficile de
faire comprendre aux Parisiens, au besoin à
l'aide d'un arrêté du préfet de police, ce que
quelques médecins dévoués à la chose publi-
que ont obtenu, sans moyens coërcitifs, de
montagnards auvergnats plutôt réfractaires
quand il s'agit d'hygiène et il sera peut-être
instructif de faire connaître ce qui s'est passé
au Mont-Dore, à ce sujet.
On sait que le Mont-Dore efct une station
thermale dont la population de malades est
surtout composée d'asthmatiques, d'emphisé-
mateux, de tuberculeux même. Ces affections
causent des expectorations abondantes qui
peuvent rendre plus nocives les poussières que
les courants d'air de la montagne font voler de
toutes parts.
Quelques médecins s'inquiétèrent d'une si-
tuation qui pouvait avoir une fâcheuse in-
fluence sur la santé des touristes bien portants
et sur celle des malades venus pour prendre
les eaux ou faire une cure d'air, ils obtinrent
de la municipalité à la tête de laquelle se trou-
vait alors le D1 Chabory, qu'une humidité
constante serait entretenue sur le sol au moyen
d'arrosages fréquents et que les ruisseaux cou-
leraient en permanence.
Cela n'était pas suffisant, les poussières des
maisons persistaient et neutralisaient en partie
les bons, effets de l'arrosage ; c'est alors que les
docteurs Schlemmer, Percepied, Joal, Chabory,
pour ne citer que les promoteurs du mouve-
ment, ont poursuivi depuis de longs mois une
campagne qui fut peu à peu couronnée de suc-
Gès, et qui, aujourd'hui, peut être considérée
comme ayant eu raison de l'entêtement aussi
légendaire qu'anti hygiénique des bons auver-
gnats.
gnats. Jamais de balayage à sec
Ils eurent d'ailleurs l'excellente fortune d'être
de suite compris et secondés par l'administra-
tion thermale, qui interdit formellement dès
lors le balayage à sec dans l'établissement et
imposa l'essuyage avec un linge humide toutes
les fois que le lavage à grande eau était impos-
sible.
Les grands hôtels, puis les moyens, les petits,
les maisons meublées, enfin la presque totalité
des habitations qui reçoivent touristes et ma-
lades suivirent l'exemple et se rendirent aux
sollicitations du corps médical, tant et si bien
qu'il est peu d'immeubles aujourd'hui où cette
excellente méthode no soit suivie. -
Ce que quelques hommes dévoués ont ob-
tenu par la persuasion.de montagnards le plus
souvent ignorants et auxquels les plus vul-
gaires habitudes de propreté étaient inconnues,
ne peut-on en espérer autant lorsque l'on s'a-
dressera aux populations intelligentes et poli-
cées de nos grandes villes, car ce n'est pas
pour Paris seulement qu'il faut désirer que
l'exemple donné par le Mont-Dore soit fruc-
tueux, mais pour toutes les agglomérations, et
surtout dans les centres ouvriers parmi les-
quels la tuberculose fait de si effrayants ra-
vages. Je ne veux pas dire que ce moyen vain-
cra le fléau, mais l'atténuation qui en résultera
sera assez considérable pour que l'on se félicite
de l'avoir essayé et réalisé.
EMILE MAHÊ
♦ —-
PAUVRES VICTIMES
Valentine et Adrien Bizet, les deux petits en-
fants asphyxiés à Asnières (Seine) par leur
mère dans les dramatiques circonstances que
nous avons racontées, ont été enterrés Civile-
ment, bier vendredi, à 2 jiçures,
« Une foule considérable se pressait devant la
maison dès la levée des corps et témoignait
par son silence imposant de la sympathie quelui
inspiraient les deux malheureuses petites vic-
times.
Dans une touchante intention, les enfants de
l'école maternelle du groupe Voltaire, où al-
lait régulièrement la petite Valentine, avaient
tressé une superbe couronne de roses de plus
d'un mètre de diamètre.
Une délégation d'une centaine de ces enfants
accompagnait le cortège sous la conduite de
Mme Dat, directrice de l'école, et de ses ad-
jointes.
On remarqua aussi les couronnes offertes
par la municipalité et les commerçants du
quartier.
M. Buchotte, commissaire de police, était
présent.
4>
MUTUALITÉ
Le 20 mai dernier, le président du conseil,
ministre de l'intérieur, convoquait par décret
les collèges électoraupour l'élection des re-
présentants des sociétés de secours mutuels au
conseil supérieur, le 5 juillet pour les sociétés
approuvées, et le 12 juillet pour les sociétés
libres.
Pour ces élections, les sociétés de secours
mutuels sont appelées à élire dans leur sein
les délégués chargés de les représenter au
vote.
La préfecture de la Seine n'a encore avisé
aucune société de Paris d'avoir à lui faire
connaître ses délégués, et la plupart de ces
sociétés avisées, tardivement, ne pourront réu-
nir en temps voulu leurs adhérents, elles se-
ront privées du droit de vote.
La mutualité a pris aujourd'hui un tel essor
qu'il importe qu'on la traite avec un peu moins
de sans-gêne.
Voir à la 3* page
les Dernières Dépêches
LES AGRANDISSEMENTS
DE LA BOURSE DU TRAVAIL
Lorsque fut décidé l'établissement de locaux
où les syndicats tiendraient leurs réunions, la
Ville prit à bail, 35, rue J.-J. Rousseau, un
immeuble dans ce but. Ce local fut bientôt jugé
insuffisant. Une Bourse du Travail fut édifiée,
3, rue du Château-d'Eau, et le local de la rue
J.-J. Rousseau devint l'Annexe de la Bourse.
Les syndicats de l'alimentation y tinrent seuls
leur permanence. Le bail de l'Annexe va pren-
dre fin l'an prochain. La commission adminis-
trative de la Bourse a fait auprès de l'adminis-
tration les démarches nécessaires pour que ce
bail ne soit pas renouvelé et qu'un nouvel em-
placement soit choisi pour servir d'annexe.
L'administration est disposée à accueillir favo-
rablement cette requête et propose la désaffec-
tation du marché Saint-Martin, sis rue du Châ-
teau-d'Eau. Les syndicats de l'alimentation,
plus spécialement intéressés, ont été avisés
d'avoir à donner leur avis sur ce transféreraient.
Inutile de dire que cet emplacement, s'il est
agréé, faciliterait la location d'un local voisin
déjà Bourse du Travail et dans lequel tout le
confort, au point de vue hygiénique, pourrait
être assuré. Il faut dire, en effet, que l'Annexe
est remarquablement insalubre et supérieure-
ment incommode. Nous espérons que l'admi-
nistration saura concilier les exigences budgé-
taires avec les droits de l'hygiène, et que la
nouvelle Annexe sera mieux agencée que sa
devancière.
TROUBLES GRAVES EN RUSSIE
(De notre correspondant particulier/
Eydtkuhpen (frontière russo-allemande),
12 juin.
Des troubles graves ont. eu lieu aux chan-
tiers des constructions navales de Nicolaïeff
(Russie méridionale). A la suite d'une discus-
sion, le contre-maître Henkel a tiré sur un ou-
vrier qu'on venait de renvoyer. Tous les ou-
vriers ont quitté le travail et ont tenté de dé-
molir le pavillon où le contre-maître s'était
réfugié. Des Cosaques ont fait leur apparition
et ont dispersé la foule. Le lendemain 4,000 ou-
vriers ont quitté le travail et ont parcouru la
rue portant des drapeaux rouges.
Les ouvriers des arsenaux se sont ralliés au
mouvement.
Plusieurs rencontres ont eu lieu entre gré-
vistes et Cosaques.
-——————,————— < ———————————.
LA BELLE-MÈRE DU MAD-MOULLAH
(De notre correspondant particulier]
Aden, 12 juin.
Le bruit s'est répandu que la belle-mère du
Mad-Moullad a été faite prisonnière. Des ren-
seignements ultérieurs rectifient cette nouvelle
dans ce sens que la dame en question, accom-
pagnée de quelques guerriers Somalis,a eu une
rencontre avec quelques indigènes au service
des Anglais et les a mis en fuite.
——-———————-—- —.———————— : —
LA FIÈVRE TYPHOIDE A ROUEN
La situation
Rouen, 12 juin.
D'après M. Baudoin, médecin en chef de
l'hôpital militaire, le chiffre officiel des soldats
reconnus atteints de la fièvre typhoïde est de
83; 38 malades sont en outre en observation.
La seule entrée de ce matin est celle d'un sous-
officier du 119'
A l'Hôtel-Dieu, le chiffre constaté des typhi-
ques civils est de 38 et de 10 à l'hospice géné-
ral. Aucun décès n'est à signaler à l'hôpital
mixte de Rouen.
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
Ce soir samedi, à 8 h. 1|2, réunion de la
Jeunesse républicaine, radicale et radicale-
socialiste, 25, rue de Richelieu.
qe
LES LEGS
Le testament du Dr Favale. — Aux œu-
vres sociales et d'assistance.
Le D1 Eugène Favale, qui, décédé récem-
ment à Paris, on son domicile, 15 bis, rue
Rousselet, portait un vif intérêt aux œuvres so-
ciales et de bienfaisance, a laissé par testament
les donations suivantes :
40.000 fr. à Bastia, sa ville natale, pour la fonda-
tion d'une crèche, l'hospice civil, etc.
10.000 fr. a l'Institut Pasteur, à Paris.
10.000 fr. à la Société pour le patronage des jeu-
nes libérés de la Seine, rue de Mézières, 9.
10.000 fr. à la Société centrale de sauvetage des
naufragés, rue de Bourgogne, 1.
10.000 fr. à la Société de secours aux familles des
marins français naufragés
5.000 fr à l'œuvre de l'hospitalité de nuit, parti-
culièrement pour l'asile du boulevard de Vaugi-
rard.
5.000 fr. à la Caisse des victimes du devoir, rue
Lafayette, 61.
Tous ces legs sont francs et quittes de tous
| I frais et droit
LE COUP D'ETAT DE BELGRADE
Les détails de rattentat. - Cruels raffinements des conjurés. - Le
sentiment populaire. — La démagogie militariste. — Musique
et festins. — L'inhumation des corps royaux. — L'opi-
nion internationale.
Il est encore difficile de rapporter avec certitude
les diverses péripéties qui ont accompagné le coup
d'Etat de Belgrade. Sur les meurtres surtout, les
détails donnés par les dépêches présentent certaines
contradictions qui ne seront que plus tard atténuées
ou détruites. Bornons-nous donc, aujourd'hui en-
core, à enregistrer les faits tels que les dépêches
nous les transmettent.
LES ÉVÉNEMENTS
La mort d'Alexandre et de Draga
On va voir, ici surtout, combien les acteurs du
drame, les conjurés d'hier, les gouvernants d'au-
jourd'hui, laissent planer de doutes sur les inci-
dents qui se sont produits lors de leur entrée au
Konak royal. On est réduit à recoudre, comme on
peut, les récits parfois tout à fait opposés qui
nous parviennent de diverses sources :
Buda-Pesth, 12 juin.
Une compagnie de soldats a forcé l'entrée du
Konak ; elle a fait sortir les habitants du châ-
teau de leurs lits et les a mis à mort.
Les agresseurs semblent avoir rencontré une
grande résistance au seuil du balcon du pa-
lais ; les rideaux sont arrachés, les vitres des
fenêtres sont brisées. Probablement c'est par là
qu'ont voulu fuir ceux qu'on poursuivait.
Dans le petit jardin situé au-dessous des fenê-
tres du Konak, gisent à terre des casquettes de
militaires et des débris d'uniformes en lam-
beaux.
Devant le Konak on avait dressé des canons
qui y sont encore, Les troupes amenées devant
le palais avaient reçu d'abondantes rations de
vin tiré à même les tonneaux.
Le , coup de force a commencé à minuit et de-
mi; à une heure et demie du matin, l'attentat
était consommé.
Berlin, 12 juin.
Le couple royal, les sœurs de la reine, les
adjudants généraux Petrovitch et Naumovitch
étaient restés à souper jusqu'à minuit et demi.
Le roi et la reine s'étaient ensuite retirés dans
leur chambre à coucher.
Une heure plus tard, pénétraient les con-
jurés.
Le roi Alexandre reçut immédiatement le
coup mortel dans la gorge. Ses derniers mots
furent : « Soldats, vous m'avez trahi ! » Le
corps de la reine Draga est presque dépouillé
de sa chair.
Le maréchal de la cour Nicolaiévitch s'est
enfui à l'ambassade autrichienne.
Cent cinq officiers avaient été initiés au se-
cret de la conspiration.
Budapest, 12 juin.
Dans la nuit, entre 1 h. 112 et 2 heures, les
officiers se rendirent au Konak. Le général
Naumovitch ouvrit la porte d'entrée principale
des appartements du couple royal. Arrivé de-
vant la chambre à coucher du roi, Naumo-
vitch somma le roi de leur ouvrir. Le roi ré-
pondit rudement : sur quoi les officiers es-
sayèrent de faire sauter la porte au moyen de
leurs sabres, puis, n'y réussissant pas, em-
ployèrent la dynamite.
Une version fait mourir le général Naumo-
vitch par une explosion. Une autre fait de Nau-
movitch la victime de Lothaire Pétrovitch qui
l'aurait tué à coups de.feu.
Quand les officiers eurent pénétré dans la
chambre du roi, ils se précipitèrent vers lui et
lui tirèrent de nombreux coups de feu.
Les corps de la reine et du roi furent lancés
du balcon dans la cour. Dans sa chute, le roi,
qui n'était pas mort, se brisa la tempe. Il ne
mourut que quatre heures après.
Le frère de Draga
Bruxelles, 12 juin.
D'après le Patriote, une des victimes du
drame de Belgrade, frère de la reine Draga,
Nicolas Lunievitèh, sa femme, une française et
sa belle-mère, ont habité Ixelles, rue Forestier,
depuis juin 1902 jusqu'en mai dernier. Il était
sous lieutenant de l'armée serbe et menait à
Ixelles une vie très tranquille: Il a laissé ici
quelques malles et un superbe chien de chasse.
Il comptait rentrer à Bruxelles très prochaine-
ment.
Les autres morts
Budapest, 12 juin.
Le général Zinzar Marlmvitch; ex-président
du conseil, s'enfuit de sa maison dans une
ruelle où les soldats l'entourèrent, Le président
du conseil se défendit un instant avec son re-
volver, mais il ne tarda pas à tomber sous les
balles des soldats..
Le ministre de l'intérieur, M. Todorovitch,
se défendit également ac courage avant de
mourir.
Les autres ministres furent arrêtés, mais
ils furent remis en liberté dans l'après-
midi.
On raconte, d'autre part, que Zinzar Marko-
vitch n'a pas été atteint dans une ruelle, mais
a été tué par un soldat qui lui présentait un
message urgent. Le ministre de la guerre, gé-
néral Pavlovitch, s'était réfugié dans un pla-
card sur lequel vingt-cinq coups de feu ont été
tirés. On dit que le nombre des gardes du pa-
lais tués s'élève à une centaine.
La conjuration
Buda-Pesth, 12 juin.
On donne généralement comme cause immé-
diate de l'événement de Belgrade le projet ten-
dant à proclamer héritier du trône Nicodème
Liounevitsa, frère de la reine.
Le roi Alexandre avait fait, ces jours der-
niers, part de ce projet d'une façon confiden-
tielle à quelques officiers supérieurs. Il avait
ajouté que la proclamation allait avoir lieu, et
que toute la Serbie serait mise en état de siège.
Un officier supérieur serbe qui habile ici, et
qui a quitté l'armée serbe il y a peu de temps,
a déclaré qu'il avait donné sa démission paroo
qu'il prévoyait que le mécontentement des of-
ficiers serbes concernant la proclamation comme
héritier du trône du lieutenant Liounevitsa,
homme mal élevé, incapable, adonné à de vi-
les passions et détesté dans l'armée, finirait par
se manifester par un attentat. Ayant été un fi-
dèle partisan du roi Milan, l'officier supérieur
démissionnaire n'avait pas voulu prendre part
à une entreprise contre le fils de ce souverain,
mais comme il ne pouvait pas empêcher l'at-
tentat de se produire, il avait résolu de quitter
l'armée serbe.
Zimony, 12 juin.
Les conjurés avaient tenu mercredi soii-, dans
le jardin de Kalmagnan, une réunion délibéra-
tive. Parmi eux se trouvaient des officiers.
Un régiment commandé par le colonel Niko-
litch marchait déjà contre Belgrade pour cer-
ner les conjurés. A mi-chemin, deux officiers
lui intimèrent l'ordre de retourner en arrière,
car il était trop tard maintenant pour agir. Le
colonel Nikolitch tua alors d'un coup de revol-
ver l'un des deux officiers, un capitaine ; mais
le lieutenant-colonel l'accompagnant le tua
lui-même,
Le régiment resta inactif.
L'enterrement des victimes aura sans doute
lieu demain matin dans le plus grand calme.
Vienne, 12 juin.
Le correspondant à Belgrade gg Frmdçn-
blatt a eu une interview avec M. Avakoumo*
vitch, président du conseil, qui a dit :
« Nous n'avons pour le moment, a ajouté M.
Avakoiimovitch, aucune relation avec Kara.
georgevitch. Son élection au trône est vrai-
semblable. Comme on ne peut pas procéder
autrement, ce sera l'affaire de la Skouptchina
de le choisir ou non pour roi. Le gouverne-
ment ne le proposera pas à la Skoupehtina,
mais laissera ce soin aux députés. Nous démis-
sionnerons ensuite. Après l'élection du roi, un
nouveau cabinet gouvernera, sur les bases de.
la Constitution de i901.
Berlin, 12 juin.
La National -Zeitung publie une interview de
son correspondant de Belgrade avec le lieute-
nant-colonel Mischitch, qui a prononcé les
paroles suivantes : « Nous étions nombreux.
Sur la question de savoir si c'est moi ou un
autre qui a tiré le premier, nous ne pouvons, à
proprement parler, formuler que des hypo-
thèses. L'essentiel pour nous est que notre
œuvre ait été menée à bonne fin. »
Le capitaine Milan Nistitch, connu comme
excellent tireur, a tiré contre l'aide de camp
Lazar Pétrovitch le premier coup de feu et
le toucha au front ; l'aide de camp mourut
sur le coup.
Les nouveaux ministres
M. Georgevich, attaché à la légation de Serbie à
Paris a donné au Temps quelques renseignements
biographiques sur les nouveaux ministres :
Le président du conseil, M. Avakoumovitch,
originaire de Belgrade, est âgé d'une soixan-
taine d'années. Il fit ses études en Allemagne
et en France, puis retourna en Serbie où il sui-
vit la carrière du droit jusqu'à la Cour de cas-
sation. C'est un de nos meilleurs avocats cri-
minalistes. Il était chef du gouvernement en
avril 1893, au moment du coup d'Etat par le-
quelle roi Alexandre se proclama majeur .Alor:
il tomba du pouvoir.
M. Ljoubomir-Kallevitch, ministre des affaires
étrangères, a fait ses études en France et en
Allemagne. Il est âgé d'environ soixante-cino
ans. Il fut président du conseil en 1873.
M. Stojan Protitch, ministre de l'intérieur,
débuta dans l'Université comme professeur. A
l'occasion de l'insurrection de 1883 il se lança
dans la politique. A la suite du dernier attentat
contre le roi Milan, il y a quatre ans, il fut
condamné à vingt ans de travaux forcés ; mais
le roi lui accorda sa grâce lors de son mariage
avec la reine Draga. -
M. Georges Gentchitch, ministre du commerce,
était ministre au moment du mariage du roi,
mais tomba alors en disgrâce à cause de son
opposition à cette union.
Le général A thanaskovitch détenait le porte-
feuille des travaux publics en 1897, Tombé en
disgrâce à la suite du mariage du roi, il vécut
quelque temps dans la retraite, Il y a quel-
ques mois il avait repris son commandement.
M. Velkoviwh, ministre des flnances, après
avoir terminé à Paris ses études de droit, fut
nommé professeur de droit administratif à Bel-
grade. Le roi le prit plus tard auprès de lui
comme secrétaire particulier. Il est âgé de
37 ans.
Le colonel Maschin,ministre des travaux pu-
blics, est le frère du premier mari de la reine
Draga. Ancien attaché militaire a Vienne, an-
cien ministre de Serbie à Cettinjé, il était tom-
bé en disgrâce après le mariage du roi.
M. Ljoubomir Aioianovitch, ministre des
cultes, est un ancien professeur de philologie
slave à l'Université. Il fut- exilé, mais revint
lors du mariage du roi. Il siégeait à la Cham-
bre des députés. C'est un homme de quarante
ans. -
M. Ljoubomir Ghivkovitch, ministre de la
justice, a fait son droit à Paris. A la suite de
l'attentat contre le roi Milan, il fut condamné à
vingt ans de travaux forcés.
A Belgrade
Vienne, 12 juin.
On mande de Belgrade à la Nouvelle Presse
Lifyre :
Les monitors autrichiens du Danube Szamos
Leitha. Maros et Kœrœs ont jeté l'ancre hier
soir à Belgrade.
Le bruit court que la garnison de Nisch aurah
refusé l'obéissance au nouveau gouvernement.
Vienne, 12 juin. ,
On mande de Belgrade :
Pendant toute la journée, une foule immense
et des soldats ont stationné devant le Konak.
La musique militaire jouait des morceaux pa-
triotiques. Des distributions de vin et de bière
ont été faites aux soldats. Les magasins sont
fermés.
Buda-Pest, 12 juin.
Beaucoup d'habitants quittent la ville.
On a demandé de Semlin à Pesth, par télé-
graphe, un grand nombre de wagons pour
transporter les fugitifs.
Il est difficile d'atteindre Belgrade, même
avec un passe-port.
Un conseil a été tenu au Palais des ministres
pa? le nouveau gouvernement. Lorsque le lieu-
tenant-colonel Mischisch, qui était à la tête des
conjurés, est sorti du Palais, la foula l'a ac-
cueilli par des vivats et la musique militaire a
joué une fanfare en son honneur.
L'avocat Zsivkovitch se promena à travers
les rues de la ville dans une voiture de la Cour.
Il prononça plusieurs harangues.
La population ne manifeste aucune indigna
tion à l'égard de l'attentat. Même après sa fin
tragiquo la reine Draga n'est rappelée dans ses
souvenirs qu'avec un accompagnement de mots
injurieux.
La population se montre peu émue du destin
tragique des victimes.
Les morts ont été portés dans la chapelle du
Konak.
Belgrade, 12 juin.
Dès aujourd'hui, de nombreux exilés sont
revenus à Belgrade.
Tous les officiers ont enlevé hier les cocardes
au chiffre du roi Alexandre qu'ils portaient à
leurs casquettes.
La ville est pavoisée aux couleurs natio-
nales.
Les journaux accueillent bien l'évènement.
Les journaux radicaux injurient brutalement
le couple royal ; ils disent que le roi avait
traité avec mépris les officiers et qu'il voulait
transférer l'école de guerre à Schabat. La
cause principale de la conjuration serait, ce-
pendant, le scandale des dernières élections.
Quelques journaux parlent de République.
La plupart désirent cependant le retour de
Karageorgevitch.
LES OBRENOVITCH
Un fait qui facilite singulièrement la lâche
des nouveaux gouvernants, et beaucoup de jour-
naux étrangers en font la remarque, c'est que la
race des Obrenovitch étant éteinte, pour ce qui
concerne les membres ayant droit de revendiquer
la succession politique du roi Alexandre, aucun
gouvernement monarchique n'a plus à opposer à
la Serbie des réservés d'aucune espèce en faveur
d'un héritier de cette famille. Les ObrDQviwb
o'Wt pUfô 4e plaw que dans l'histoire.
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