Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-06-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 juin 1903 09 juin 1903
Description : 1903/06/09 (N12142). 1903/06/09 (N12142).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ '; dÉN'ï'ÏMËÉ- le Numéro. : ^-«lÉ » «rMÉSTS
"JLe Numéro CINQ CENTIMES
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ABONNEMENTS
Paris Trois mois 6 t, six mois 11 f. UJ» «n 20 f„
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RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du malin
No 12142. — Mardi 9 Juin 1903
21 PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
L urin rInR
Après les moines, les sœurs. Le gou-
vernement vient, en effet, de déposer
81 projets de loi ayant pour but de sup-
primer autant de congrégations de fem-
mes. Ces congrégations, quoique non
autorisées, possèdent de nombreux éta-
blissements d'enseignement. Aucune
d'entre elles ne s'occupe d'assistance
ou d'hospitalisation. Chacune, au con-
traire, est le type parfait de l'ordre re.
ligieux créé pour prendre la femme
dès l'enfance, la façonner comme l'exige
l'Eglise, la rendre ensuite au monde
la tête farcie d'histoires ridicules, fana-
tique, pratiquante, hostile aux idées
nouvelles.
La commission des congrégations va
se réunir un de ces jours. Aucundoute
possi ble sur sa décision. El le présentera
à la Chambre un projet unique de re-
fus avec les mêmes conclusions que
pour les congrégations d'hommes,
c'est-à-dire qu'elle lui demandera de
ne pas passer à la discussion des arti-
cles. A peine deux ou trois de ses mem-
bres, et encore n'est-ce pas sûr, feront
valoir de timides réserves. Il paraît
certain, d'autre part, qu'une fois de
plus, la Chambre suivra sa commis-
sion. A ce point de vue particulier, la
dernière réunion des délégués des
gauches est significative.
On se rappelle que la semaine der-
nière, le gouvernement a conféré avec
eux sur la procédure à suivre pour
les congrégations de femmes. Je ne
chicanerai pas trop M. Combes sur ce
fait qu'il a consulté les délégués des
gauche avant de se renseigner sur les
intentions de la commission, organe
parlementaire institué spécialement
pour connaître des demandes des
congrégations. Il eût été sans doute
plus convenable de le faire.
Mais j'ajoute tout de suite que M
Combes sait depuis longtemps à quoi
s'en tenir sur les dispositions de la
commission, tandis qu'il ignorait celles
de l'Union démocratique, qui, pour le
moins, s'était singulièrement fait tirer
l'oreille.
Or, il se trouve que cette fois, l'U-
nion démocratique marche comme les
trois autres grou-pes républicains. Son
président, M. Etienne, l'a formelle-
ment déclaré au président du conseil
et à ses collègues de la délégation des
gauches. Il l'a fait avec d'autant plus
de netteté que ses amis, qui s'étaient
auparavant réunis, lui en avaient
donné le mandat formel. Nous aurons
donc une majorité. Mais il faudra que
le gouvernement parle avec fermeté.
L'opposition ne manquera pas, en
effet, de passionner le débat. Les con-
grégations de femmes sont, entre les
mains de la droite, un puissant moyen
de propagande tant par l'esprit de pro-
sélytisme qui les anime que par les
richesses qu'elles ont amassées et
qu'elles mettent à la disposition de
tous les partis hostiles à la République.
La religieuse est patiente et tenace.
Rien ne la rebute. Quel que soit le
milieu dans lequel elle vit, elle ne
perd pas un instant pour essayer de
s'emparer des âmes imbéciles, d'an-
nihiler les bonnes volontés, de créer
des divisions dont nos adversaires
profitent. Son action souterraine est
redoutable, plus redoutable encore
quand on lui livre l'enfance. Simple
jeu pour elle que celui qui consiste à
faire d'une jeune fille une femme qui
suivra aveuglément les instructions du
prêtre. -
On ne renonce pas à de pareils
avantages sans les défendre avec
acharnement. L'Eglise, privée de l'en-
seignement, perdra presqu'aussitôt la
plus grande partie de sa force. Ses
dogmes constituent de telles injures au
bon sens et à la raison qu'ils ne peuvent
être crus qu'à la condition d'avoir été
semés dans de jeunes cerveaux. L'en-
fant ne comprend pas toujours; dans
Jns les cas, il ne raisonne pas ce qu'il
ne peut pas comprendre. Il grandit
avec les idées qu'on lui a données ;
petit a petit, il en prend l'habitude, et
plus tard, quand if est à l'âged'homnie,.
il ne cherche même pas à les rempla-
cer par d'autres. La congrégation en a
fait un ennemi irréconciliable de. l'es-
prit moderne.
Vous me direz : « Il y a des excep-
tions Tel chrétien de ce temps
est devenu un anticlérical farouche ».
C'est vrai. Reste à savoir si ces excep-
tions sont bien nombreuses. Incontes-
tablement, elles le sont dans le monde
du travail. Et pourquoi ? parce que le
fils de l'ouvrier quitte en général l'école
à douze ou treize ans et que le frère
ignorantin n'a pas eu le temps de mar-
quer sur son cerveau une empreinte du-
rable. Mais dans la bourgeoisie, il est
loin d'en être de même.
Les hommes faits, de quarante à cin-
quante ans, qui ont été des premiers à
entrer dans les établissements congré-
ganistes, après le vote de la loi Falloux,
se sont peut-être libérés en partie. Mais
pourquoi encore?- parce que leurs fa-
milles étaient, comme la bourgeoisie
de la Restauratiou et de Louis-Philippe,
sceptiques,, incrédules, voltairiennes.
S'ils ont élevés par les jésuites, o'était,à
ce moment, affaire de mode, d'intérêt,
de relations, pour un riche mariage,
pour obtenir les faveurs du pouvoir.
Aujourd'hui, le mal congréganiste a
fait des ravages effrayants. La riche
bourgeoisie, presque toute entière,
éduquée par les moines, est devenue
cléricale, ultramontaine, royaliste ou
césarienne.
Aucun de ses fils ne peut sécouer,
ne cherche même pas à secouer le ba-
gage d'idées sottes et monstrueuses
qu'on lui a inculquées. Ainsi, comme
le disait M. Waldeck-Rousseau, deux
jeunesses se coudoient dans ce pays,
sans jamais se pénétrer, ennemies
l'une de l'autre, la jeunesse pétrie par
les jésuitières et la jeunesse instruite
par l'Université.
Si la République veut vivre, elle
doit enlever l'enseignement à l'Eglise.
En réalité, ce que l'on fait à l'heure ac-
tuelle est bien insuffisant. Il n'y a
qu'un moyen d'atteindre le but, c'est
de décider que seul l'Etat aura le droit
d'enseigner. Aucune solution ne sera
efficace tant que le monopole de l'en-
seignement n'aura pas été fait.
Charles Bos.
LES PLUS-VALUES
Mais que disait-on ? Les affaires ne vont pas?
La politique du gouvernement est fatale aux
finances du pays? Il faut déchanter. Les plus-
values constatées, ces derniers mois, sur le re-
couvrement des impôts, continuent à s'accen-
tuer de la manière la plus satisfaisante.
Les nationalistes restent le bec dans l'eau.
Trop parler nuit. La fameuse campagne sur le.
« refus de l'impôt » se termine en « os de bou-
din » comme dit Rochefort. La célèbre ligue du
même nom demeure impuissante et stérile.
Voici les nouvelles très rassurantes que com-
munique le ministère des finances : compara-
tivement aux évaluations budgétaires, il y a
une plus- value de 4.647.400 francs pour le mois
de mai, ce qui porte l'augmentation acquise
depuis le commencement de l'année à trente-
deux millions 196.600 fr.
Par rapport aux recouvrements opérés pen-
dant la période correspondante de l'année der-
nière la situation est encore meilleure. La
plus-value des recouvrements-effectués en 1903
s'éîeve pour le mois de mai à 14.671.600 fr. et,
pour les cinq premiers mois de l'année, à
59.648.200 francs.
Allohs ! tout est bien qui finit bien. Accueil-
lons avec quelque joie ces constatations. Elles
sont aux prédictions pessimistes des nationa-
listes un démenti formel et irrécusable. Et
puis. elles privent l'ineffable Syveton d'un
des meilleurs arguments de sa campagne élec-
torale. — L. Armbruster.
———————————
ÉLECTIONS LEGISLATIVES
CANTAL
Arrondissement d'Aurillac
M.Rigal, radical ministériel,élu avec environ
1.400 voix de majorité. Manque quelques com-
munes.
Il s'agissait do remplacer M. Adrien Bastid,
décédé.
ÏXWIIE
Saint-Etienne. - 4" circonscription
Inscrits : 2qk016. — Votants : 19.432
MM. Claudinon, progressiste. 10.245 ELU
Souhet, radical-socialiste.. 8.679
Michel, révolutionnaire. 413.
DEVANT LE FIGUIG
Sidi-bel-Abbès, 7 juin.
Le 1" bataillon du 1" étranger (600 hommes)
est parti ce matin pour Mecheria pour sur-
veiller Hamyans et Oulad-Sidi Cheik et pro-
téger les mouvements de la colonne opérant à
Figuig.
De l'Enseignement congréganiste
Absolument incompatible avec notre siècle,
plus incompatible encore avec la République et
le pays qui enfanta la liberté, nuisible toujours,
l'enseignement congréganiste est le dernier re-
fuge des injustices sociales et l'arme par excel-
lence qui soit laissée aux mains des ennemis
du progrès, aux adversaires de la République,
aux dignes fils des tyrans.
Il nie le suffrage universel ; il enseigne l'in-
tolérance, inspire le mépris des lois humaines
et subordonne tout aux décisions d'une église ;
il propage l'erreur et le mensonge et emppi-
sonne les âmes en leur donnant comme idéal
l'orgueil et la haine. C'est à lui que nous de-
vons le boulangisme, le nationalisme et toutes
les haines de religions et de races.
Cet enseignement, en un mot, est dirigé con-
tre la démocratie et vise son asservissement au
profit d'une caste ; il menace de ruiner l'œuvre
de nos pères et, sous un masque trompeur,
accomplit son oeuvre néfaste.
Que de fonctionnaires en sont imprégnés !
Que de lâches! Que de traîtres ! Ils mendient
l'argent du peuple et s'en servent contre lui-!.
Il appartient à la République de supprimer
la cause de tant de maux ; à elle de faire en-
seigner enfin la Vérité à laquelle tous ses en-
fants ont droit. Il faut que, dans l'intérêt de la
France et dû monde entier, la République garde
le flambeau qui guide l'humanité vers plus de
justice et de fraternité ; il faut que, par elle,
rayonne sur l'univers mie aurore nouvelle,
toute de joie et de paix, et, pour cela, ce n'est
pas assez que de fermer quelques écoles anti-
démocratiques, la République doit créer enfin
l'enseignement de la liberté.— Jacques Ledroit.
- ————————————"
LES SOUS-MARINS EN ANGLETERRE
(De noire correspondant partleulieri
Londres, 7 juin.
Aux chantiers de MM. Vickers et Maxim on
a commencé la construction d'une série de
sous-marins perfectionnés. Le modèle qui a
servi jusqu'ici a été considérablement modifié.
Une des innovations les plus importantes est
un appareil par lequel le sous-marin se trou-
vant submergé peut découvrir l'ennemi à une
grande distance.
Le nouveau bateau est en outre parfaitement
dirigeable et à même de faire les évolutions les
plus difficiles.
En somme, les ingénieurs se vantent que le
nouveau sous-marin est supérieur à tous ceux
connus.
L'amirauté en aurait commandé deux à titre
d'essai.
CAUSERIE PÉDAGOGIQUE
., • DOUBLE IMPRÉVOYANCE
Les congrégations de femmes. — De la
théorie à l'application. — Première
imprévoyance. — Auxiliaires insuf-
fisants. — Seconde imprévoyance.
1 — Le brevet élémentaire. — Un
., concours à instituer.
Les congrégations enseignantes de femmes
qui sollicitent l'aulorisation auront le même
sort que les congrégations d'hommes. Le Parle-
ment, sur la proposition du ministère, repous:-
sera leurs demandes. C'est ce qui a été convenu,
nos lecteurs s'en souviennent, entre M. Combes
et les délégués des groupes de la majorité dans
une conférence qui a eu lieu le 30 mai. II ne
nous restera donc bientôt plus à souhaiter que
dé voir retirer l'autorisation aux congrégations
qui en sont déjà pourvues.
Ainsi la campagne menée par la presse anti-
cléricale aura été un vrai triomphe.
La loi sur les associations qui risquait d'im-
planter solidement dans notre sol les moines et
les nonnes de toutes couleurs les en aura déra-
cinés.
Les congrégations qui ont pu espérer un
moment qu'elles allaient fortifier leur institu-
tion par la signature d'une espèce de concor-
dat ont été ou vont être dissoutes, anéanties.
Une défaillance des républicains pouvait tout.
perdre ; leur admirable esprit de suite a déjoué
tous les calculs.
Toutefois si la ligne de conduite adoptée
dans l'application de la loi a démontré l'exis
tence au Parlement d'une majorité compacte,
qui sait ce qu'elle veut et le veut bien, elle a
aussi fait éclater une double et fâcheuse im-
prévoyance due au ministère précédent.
Grave lacune
M. Waldeck-Rousseau a élaboré et fait voter
la loi, on sait avec quel talent et quel cou-
rage! Mais il s'est en quelque sorte désintéressé
de l'application qui devait en être faite. Préci-
sons, son collaborateur, M. Leygues, ne s'est
point soucié de préparer le remplacement des
congréganistes adonnés à l'enseignement pri-
maire par des instituteurs et des institutrices
laïques.
Il en résulte que pour accomplir aujour-
d'hui cette besogne, les administrations acadé-
miques départementales se trouvent dans
l'embarras.
Le ministère de l'instruction publique n'a
pas su leur procurer, à l'avance, un nombre
suffisant de maîtres et de maîtresses pour faire
face aux nécessités du service. Les postulants
qui se présentent se recommandent plus par
leur bonne volonté que par leur savoir et leur
habileté professionnelle. Leur nombre est res-
treint et leur valeur faible.
Pas assez de Normaliens
La première imprévoyance a été de ne pas
admettre assez d'élèves durant ces dernières
années dans les écoles normales de garçons et
de filles. Bien mieux, au lieu d'augmenter les
effectifs de ces écoles, le ministre les a dimi-
nués !
Les conseils départementaux de l'instruction
publique qui sont appelés à fixer re nombre
des admissions à prononcer dans les écoles
normales, 'ont vu tous les ans réduire le
chiffre de leurs propositions.
Les écoles normales ont été par suite dans
l'impossibilité d'assurer le recrutement des ins-
tituteurs et des institutrices. Les inspecteurs
d'Académie ont été contraints de faire appel au
concours des brevetés de toute provenance.
Dans les derniers mois surtout ils ont-dû ac-
cepter l'aide d'auxiliaires dont le seul mérite
était parfois d'avoir échoué à l'école normale !
M. Chaumié, par une circulaire du 8 avril der-
nier, a défendu formellement de recruter ainsi
dorénavant le personnel enseignant primaire.
Cete, défense, malheureusement, ne peut être
que temporaire.
En effet, la fermeture imminente de trois
mille écoles congréganistes va exiger la créa-
tion de deux mille emplois environ dans les
écoles publiques. Les écoles normales rie pour-
ront fournir en temps voulu le nombre de
maîtres et de maîtresses nécessaire. Il eût fallu
augmenter dans chaque département, il y a
trois ans, d'une vingtaine d'unités le chiffre des
promotions. Les événements actuels n'ont pas
été prévus. Il a bien été inscrit au budget de
1903 un crédit pour faire entrer en trois années
consécutives dans les écoles normales de filles
un supplément de 900 élèves. Mais il est aisé de
le comprendre, quand ces 900 élèves sortiront
de l'école, dans trois, quatre et cinq ans, JI y
aura beau temps que les emplois créés pour
elles et destinés à remplacer les écoles congré-
ganistes seront occupés par. les élèves de ces
dernières.
Les normaliennes continueront simplement à
combler les vides causés dans le personnel par
les décès et les mises à la retraite. Sans doute,
il reste encore une ressource à utiliser pour se
passer des auxiliaires. La nouvelle répartition
des emplois dans les écoles à plusieurs classes
entreprise conformément à la circulaire du 8
avril dernier permettra d'opérer des suppres-
sions de postés. Les inspecteurs d'Académie
auront, de cette manière, une certaine quantité
de maîtres et de maîtresses à leur disposition.
Seulement en auront-ils assez? Il est permis
d'en douter. - --
Il faudra encore avoir recours au dévouement,
si l'on peut parler ainsi, des auxiliaires..
Deuxième faute
Et c'est én : présence d'un tel état de choses
qu'on se prend à regretter une seoonde impré-
voyance de l'administration.
Puisque l'on ne pouvait faire autrement que
d'introduire des auxiliaires, peu ou prou, dans
nos écoles, il semble qu'il eût été bon de cher-
cher et de trouver un moyen pour découvrir
les meilleurs d'entre eux ou pour exiger de leur
part la production d'un diplôme plus sérieux
que le brevet élémentaire.
Le niveau du brevet élémentaire a sensible»-
ment baissé, en effet, depuis déjà longtemps.
Le jour où sa possession a été exigée des. aspi-
rants et aspirantes aux écoles normales pri-
maires, il a presque cessé d'être, aux yeux des
commissions d'examen, le parchemin investis-
sant du droit d'enseigner. Il n'a plus été con-
sidéré, pour ainsi dire, que comme un titre
permettant de prendre part au concours des
écoles normales. Il a. été délivré trop facile-
ment. Les examinateurs sont devenus bons en
fants. Quelques-uns mêmes ont eu en agissant
de la sorte un dessein machiavélique. Ils se
sont dits qu'en accordant très généreusement
le brevet aux candidats qui le recherchaient
pour ouvrir une école privée, ils affaiblissaient
l'enseignement libre en le dotant de médio-
crités.
Il n'en a rien été, il n'en pouvait rien être.
L'enseignement privé, surtout l'enseignement
congréganiste, vit de la crédulité des gens.
Médiocre, il était jugé excellent. Aurait-il été
abominablement mauvais, qu'il eût été trouvé
encore bon. Par contre la foule des brevetés as-
pirants à un emploi public a grossi tous les
ans et a assiégé l'administration académique.
Les quémandeurs et les quémandeuses, comme
nous l'avons expliqué plus haut,ont été placés
et c'est l'enseignement public -qui a souffert de
la complaisance des commissions d'examen.
Une erreur répandue :
Une erreur courante consiste à croire qu'il
ne suffit plus aujourd'hui d'avoir le brevet élé-
mentaire pour être instituteur ou institutrice.
Hélas 1 en dehors des normaliens et des nor-
maliennes, la plupart des recrues de l'ensei-
gnement primaire n'ont pas d'autre titre ! Sans
doute, pour sortir du stage et devenir titulaires
il leur faut obtenir le ceriificat d'aptitude pé-
dagogique. Mais ce certificat a une valeur pro-
fessionnelle avant tout. Il n'est pas une garan-
tie au point de vue des connaissances que doit
posséder un maître ou une maîtresse d'école.
, Ceux d'ailleurs qui ont péniblement « décro-
ché » le brevet ne parviennent à obtenir le
certificat d'aptitude qu'après de longs efforts,
des échecs répétés, pénibles, déprimants, dé-
sespérants. Ils sont les premiers à regretter de
s'être embarqués inconsidérément dans la ga-
lère de l'enseignement. L'administration n'ose
pas lès remercier et eux n'osent pas s'en aller;
il est parfois trop tard pour eux de prendre
une pareille détermination.
La réforme à faire
Le mieux serait donc d'instituer un concours
entre tous les postulants aux emplois de l'en-
seignement primaire. Les élus ne se recom-
manderaient que de leurs mérites ; leur choix
ne ressemblerait plus a une faveur ; les inspec-
teurs d'Académie cesseraient d'être affligés de
leur impuissance à discerner,au milieu de tou-
tes les demandes qui les assaillent, celles qu'il
serait juste d'accueillir.
Et, en attendant, il faudrait permettre aux
écoles normales de recevoir autant d'élèves que
l'exigent les prévisions des services départe-
mentaux de l'instruction primaire.
Le recrutement du personnel enseignant ne
saurait être livré au hasard ; il a besoin, au
contraire, d'être l'objet d'un soin tout spécial.
Les imprévoyances à ce sujet sont extrêmement
fâcheuses. Il importe de no pas renouveler cel-
les qui ont été commises.
,,'. ARMAND DEPPER.
LA MARINE RUSSE EN EXTRÊME-ORIENT
(De notre correspondant particulier!
Saiilt-Pétersbourg, 7 juin.
Plusieurs nouveaux docks seront construits
dans les ports de l'Extrême-Orient. Les travaux
de celui de Port-Arthur sont déjà commencés.
Un ingénieur de Cronstadt a été envoyé en
inspection dans les ports de l'océan Pacifique,
afin d'indiquer toutes les améliorations néces-
saires pour que ces ports puissent servir à une
escadre permanente.
-———————————— —
LA MAISON DU « COMPLOT DES POUDRES »
lDe noire correspondant particulier)
Londres, 7 juin.
La maison historique d'Ashby St-Ledgers, où
s'étaient réunis les conjurés du « complot des
poudres », ourdi contre le Parlement, vient
d'être achetée par le député Ivor Guost.
* ■ ■
M. L. BARTHOU AU MANS
Les républicains de la Sarthe. — L'ac-
tion démocratique et le bloc.,
Le Mans, 7 juin.
Le banquet de la Fédération des comités ré-
publicains de la Sarthe a eu lieu à midi. Il a
réuni 740 convives, dont la plupart sont mai-
res, adjoints ou conseillers municipaux.
M. Barthou, ancien ministre présidait, ayant
à ses côtés MM. Delanney, préfet; Cordelet et
Le Chevallier, sénateurs ; Caillaux, député de la
Sarthe.
Au dessert, M. Delanney a porté un toast ap-
plaudi à M. LoÙbef.
M. Ligneul, maire du Mans, a. souhaité la
bienvenue aux délégués..
M. Piogé, maire de Coulie, a préconisé la
République anticléricale et laïque.
M. Le Chevallier a remercié M. Barthou
d'apporter au Mans la bonne parole.
M. Caillaux rappelle la place que M. Barthou
a conquise dans le parti républicain en se fai-
sant le précieux auxiliaire de ceux qui veulent
conduire la République dans la voie démocra-
tique et vers le progrès social, (Applaudisse-
ments.)
M. Laroche, ancien résident à Madagascar,
a lu une dépêche de M.d'Estournelles de Cons-
tant, député, qui, retenu à Angoulême par une
conférence, n'a pas pu venir. Dans sa dépêche,
M. d'Estournelles invite les républicains du
Mans à flétrir le nationalisme comme il le flé-
trit lui-même à Angoulême.
M. Barthou prononce ensuite une allocution
qui est chaleureusement applaudie.
Un discours politique
M. Louis Barthou a prononcé dans l'après-
midi", devant un millier de personnes, un nou-
veau discours.
M. Louis Barthou commence par féliciter la
Fédération des comités républicains de la Sar-
the de l'union qu'elle a réalisée. Le souci du
péril commun a, d'un bout à l'autre du pays,
engagé dans une action commune toutes les
nuances, toutes les forces de la démocratie ré-
publicaine. L'honneur de cette entente revient,
pour la plus large part, à M. Waldeck-Rous-
seau dont l'œuvre, vue dé haut et dans l'en-
semble de ses résultats, mérite toute la vive
gratitude que lui a témoignée le pays oopubli-
cain. (Applaudissements, Cris : Vive Wal-
deck !).
M. Rarthou félicite M. Caillaux, député de la
Sarthe, d'avoir été le collaborateur distingué et
utile de cette politique. (Applaudissements et
cris de : Vive Caillaux !)
Il faut, aujourd'hui comme hier, en poursui-
vre la réalisation par l'union, toujours néces-
saire,de tous les républicains animés de l'esprit
laïque et démocratique. Ce serait trahir à la
fois la volonté et les intérêts du pays que d'es-
sayer d'en rompre le faisceau. Les succès obte
nus dans les élections partielles, quelque prix
et quelque signification qu'ils aient, ne doivent
pas faire illusion sur l'âpreté des luttes pro-
chaines.
Le nationalisme est une étiquette usée, mais
la coalition dont il a été l'expression n'est prête
ni à abdiquer ni à se dissoudre. Tant que cette
coalition n'aura pas désarmé, — et fût-elle ja-
mais, avec le concours d'un clergé follement
imprudent, plus active et plus menaçante ? —
une politique d'apaisement ressemblerait à de
la duperie, sinon même à une véritable com-
plicité. Quelques-uns de ceux qui la réclament,
et auxquels l'expérience semble n'avoir rien
appris, font tout, une fois de plus, pour la
rendre impossible.
Tandis que le parti républicain, trop enclin à
s'en remettre au gouvernement du soin de di-
riger ou d'organiser son action, paraît se repo-
ser dans une sécurité trop confiante, des asso-
ciations nouvelles derrière lesquelles se dissi-
mule l'éternelle coalition cléricale, poursuivent
dans tout le pays une propagande incessante,
habilement conduite et d'autant plus dange-
reuse qu'elle rencontre dans les presbytères ses
auxiliaires les plus actifs. Avec l'audace dont
il est coutumier, le cléricalisme se réclame du
principe de la liberté et revendique le droit
commun.
TERRIBLE COLLISION
EN MEDITERRANEE
UNE CENTAINE DE MORTS
Vapeur coulé. — Près de l'He des Deux
Frères. — Le Sauvetage. — L'émo-
tion à Marseille. — Détails terri-.
nants. — Scènes déchirantes. —
-.. Ceux qui sont sauvés.
Marseille, 7 juin. --
Le vapeur Insulaire, de la Compagnie Frais-
sinet, a abordé cette après-midi au large des
iles Madré, le vapeur Liban, de la même Com-
pagnie et l'a coulé. Voici dans quelles circons-
tances l'abordage s'est produit :
Le vapeur Bléchamp, du service de pilotage,
se trouvait à midi et demi à deux milles au
sud de Maire, lorsqu'il aperçut les vapeurs
Liban et Insulaire qui entraient en collision.
Aussitôt, le patron du Bléchamp mit le cap sur
celui dès navires qui lui paraissait le plus en
danger. C'était le Liban qui,envahi par les eaux
avait fait en avant]vers la terre pour s'échouer.
17 minutes après, le vapeur plongeait déjà
de tout son avant, et ne tardait pas à dispa-
raître.
Le Bléchamp commença aussitôt le sauvetage
aidé du bateau-pilote n* 10 et d'un canot d'un
vapeur autrichien qui se trouvait sur les
lieux. Le Bléchamp, après de grands efforts,
put recueillir une quarantaine de personnes,
mais il ramena 8 cadavres : 5 femmes, 2 hom-
mes et 1 enfant. Le Bléchamp mit aussitôt le
cap sur Marseille, pendant qu'à bord on don-
nait les soins les plus empressés aux person--
nes sauvées. C'est ainsi qu'on put arriver à
arracher plusieurs d'entre elles à une mort
certaine. A 2 h. Ii2, le Bléchamp s'amarrait au
vieux port, en face du poste de pilotage.
Le Balkan a recueilli également 21 morts.
La collision
Le Liban était parti de Marseille à 11 h. 112
pour Bastia et Livourne; c'est exactement à
midi 112 qu'il a été abordé par l'Insulaire qui
venait de Nice et de Toulon. L'abordage s'est
produit à l'est de l'île des Deux-Frères, près
de Maire. Vingt minutes après la collision, le
Liban disparaissait complètemsnt.
Le sinistre a été vu par les vapeurs Balkan et
Planter, de la Compagnie Fraissinet, le vapeur
autrichien Rakocsy et le Bléchamp. Le com-
mandant du Balkan, M. Carriès, fit mettre aus-
sitôt trois embarcaiions à la mer. La première
était montée par le capitaine en second, M.
Merlin Florent, et put sauver 20 passagers. La
seconde, commandée par le lieutenant Seuve,
ramena 17 personnes ; la 3e, montée par trois
hommes, dont le mécanicien Bouars, ramena
21 cadavres qu'avaient recueillis les deux pr e-
mières embarcations.
100 victimes
La liste des passagers du Liban n'a pas encore
été communiquée par la Compagnie, dont les
bureaux sont fermés aujourd'hui dimanche. Le
nombre des passagérs s'élevait, dit-on, à 240 ;
la moitié peuvent être considérés comme per-
dus.
Le Bléchamp est rentré dans le Vieux-Port
.avec les 40 passagers sauvés par lui et par le
canot du Rakocsy qui a continué sa route sur
Gênés.
Aussitôt que la nouvelle du sinistre est arri-
vée en ville, M. Chanot, maire de Marseille, a
fait prendre les dispositions que comportaient
les circonstances.
Les femmes ae Saint-Jean, accourues sur les
quais, prodiguent leurs soins aux naufragés
que l'on débarque sur le quai du Vieux-Port.
Les pompiers et des voitures d'ambulance
transportent les cadavres à la Morgue,, où ils
sont placés dans la salle d'autopsie et à l'Hôtel-
Dieu.
A 5 heures du soir, on a déjà recueilli 30 car
davres ; on n'a pu établir encore leur identité.
Aux quarante personnes sauvées par le Bal-
kan, il faut ajouter dix-sept matelots du bord.
Effroyable spectacle
Lorsque le Balkan a aperçu les navires en
collision, le Liban avait déjà son avant en-
foncé dans la mer; quand la première embar-
cation, commandée par le lieutenant Seuve,
arriva à une dizaine de mètres du Liban, ce.-
lui-ci s'inclina tout à coup, et ses màts vinrent
frapper l'eau, à 1 m. 50 du tanot sauveteur,
qui eut quelque peine à sortir du remous. Il
allait aborder à l'échelle où se tenaient cram-
ponnées de véritables grappes humaines, lors-
que le paquebot s'engloutit. Les machines fi-
rent explosion, produisant un bouillonnement
considérable qui dura plus de cinq minutes.
Aux cris déchirants succéda un silence de
mort. -
A Marseille
En ville, l'émotion est grande. Une foule
énorme se porte sur le port, où se trouvent les
autorités.
Avec le maire de Marseille, on remarque
MM. du Bois, secrétaire général de la mairie,
de Gendile, substitut du procureur de la Répu-
blique, Capeter, commandant des ports, Roc-
quet, chef du cabinet du préfet, Ronnaud, com-
missaire central, etc.
Sur le quai les femmes entourent les naufra-
gés, entre autres une petite fille de 10 ans. Ma-
rie Nicolini qui a été sauvée par l'équipage du
Bléchamp, c'est la fille d'un sous-brigadier de
police du 14e arrondissement de Paris, demeu-
rant 104, rue du Château. Elle est recueil-
lie par M. Mourut, chef du pitotage.
Sauvés !
Voici les noms des passagers sauvés ramenés
à Marseille par le Balkan :
Pietro Joseph, cordonnier; Fazzi Léon, cordon-
nier ; Colombani Mathieu, matelot ; Caitucoli
Paul ; Du Gardin Gaston, sous-inspecteur des
douanes à Bastia; Mattei Désiré, chauffeur et sa
sœur Jeanne ; Louis Sillon, chef de cuisine il bord
du Liban', Franceschetti, magistrat ; Valeri Do-
minique ; Fascioni Jean ; Dappilgo Alclo, ouvrier
italien ; André Mattei, employé ; Félix Sangui-
netti, étudiant; Zerbini Antoine, matelot du Liban;
Pierre Lorenzi, coiffeur; Pnui Amire Vincentelil,
cultivatmir ; Goneiio Antoine, adjudant au 145,
d'imanterie; Vidal Jules, soutier du Liban; Pie-
trucci, adjudant, dont la femme et ses deux en-
fants n'ont pas été retrouvés ; Mme Scotti ; Louis
Mori;
Lacotte, commandant du Liban et ses deux fils,
Jean et Joseph ; Pages, maître d'hôtel et sa femme,
femme de chambre à bord du Liban ; Galetti Aug.-
Pierre, caporal au Il i t; Bastelica Paul, matelot;
Pierre Thomas, garde général des eaux et forêts ;
Mme Delflni Maria ; André Gabriel ; Camili, 2*
maître d'hôtel ; Desruisseaux Louis ; Doux, 2e mé-
canicien ; Hedel, chef mécanicien ; Paoli François-
Antoine et son fils ; Meria Jean, chauffeurs ; Vani-
guiseppi.
Ainsi que nous l'avons dit, le Balkan ramène
en outre 21 cadavres dont 8 d'enfants. A bord
du Balkan, se trouvaient les artistes du concert
français d'Athènes qui ont prodigué leurs soins
les plus dévoués aux naufragés.
On signale comme admirable la conduite des
officiers Seuvre et Merlin Florent et des mate-
lots Semeriva et Shroot ati dévouement et au
courage desquels de nombreux passagers du
Liban doivent aujourd'hui la vie.
:Voir. la suite dans notre DEUXIEME EDITION
Anglais et Italiens au Soaaliland
(De notre correspondant particulieri
Rome, 7 juin.
Le ministre de la marine a reçu le comman-
dant Lovatelli, retour du Somaliland, où il a
suivi, les opérations anglaises.
Il rapporte que la saison des pluies ayant
commencé, les Anglais sont condamnés à
l'inaction. Le général Manning est confiné
dans le fort Galkaya, où se trouve aussi lo
capitaine italien M. Airoldi.
Les opérations ne pourront être reprises
qu'au mois d'octobre. Le commandant Lova-
telli a été mis à la disposition du ministère
des affaires étrangères. -
Il sera consulté sur l'opportunité d'une coo-
pération italienne.
: LE ROI D'ITALIE A PARIS
Pour le 16 juillet., — Deux voyages
- bien distincts.
Rome, 7 juin.
La visite du roi Victor-Emmanuel à Paris est
définitivement et officiellement annoncée pour
le 16 juillet prochain. Celle du roi à la cour
d'Anglèterre aura lieu plus tard, c'est-à-dire
en novembre.
Il s'agit donc de deux voyages bien distincts.
Le roi Victor-Emmanuel n'a pas voulu qu'on
dise qu'il n'est allé à Paris que parce qu'il so
trouvait sur le chemin de Londres.
Voir à la SB page
les Dernières Dépêches
LE GRAND-PRIX DE PARIS
Quo Vadis vainqueur. — Autour du
champ de courses. — Le paddock.
M. Loubet à Longchamp. — La
course. — Une statistique.
La journée du Grand-Prix de Paris est de-
venue presque une fête nationale. Ce jour-là,
les économies, les provisions sont précieuse-
ment gardées, car, par une belle journée, la
dépdrt de bonne heure, le frugal repas sous les
ombrages du Bois, la fuite devant la cohue,
sont des précautions que le roûblard parisien a
souvent mis à l'usage. Hier, comme toujours.
la marée houleuse a monté vigoureusement
vers Longchamp ; les trains, contournant Pa-
ris, de 10 minutes en 10 minutes, ramenaient
des renforts à cette armée toute animée de
plaisir: Les équipages, stationnant en foule,
suivaient de temps à autre la longue file au
pas. Du côté d'Auteuil,les cliquetis des fouets
venaient demander un nouvel effort aux vigou-
reux percherons, couplés par quatre et par
six.
La troupe, la police, la garde n'avaient d'au-
tres ennemis à combattre que la chaleur et la
poussière soulevée par ce petit vent du nord
qui a rendu la température des plus agréables.
Mais, au lieu de bavarder, je ferais mieux de
m'occuper de nos grands cracks, qui vont se
disputer entre eux la victoire; des étrangers,
pas l'ombre ; notre épreuve a perdu depuis
quelques années son caractère international et
l'on doit le regretter, car cette rencontre sen-
sationnelle des deux grands élevages, français
et anglais, donnait un intérêt passionnant à
cette réunion déjfi si sélecte : la raison, — il
leur est aussi difficile de nous vaincre ches
nous qu'il est téméraire à nous de les affronter
chez eux ; — la fatigue du voyage, les change-
ments d'habitudes deviennent de grosses diffi-
cultés à surmonter, lorsqu'on s'aborde à foroa
et à armes égales.
La visite au paddock est le lever de rideau
le plus intéressant que j'ai vu jouer : Quels
acteurs ! Comme l'éleveur peut être fier, en
voyant passer sous sa cuirasse de poils polis
et luisants, ce magnifique poulain, gonflant
ses muscles ; il le revoit dans sa mémoire
tout dégingandé, tout faible, accroché peureu-
sement à la mamelle de sa mère ; l'éleveur l'à'
vu s'accroître d'instant en instant; aujourd'hui,
tout fier, il ne peut le voir vaincu ; tous, dans
le fond de leur'coeur, sont certains do la vic-
toire ; — si les tipsters, ennemis du sr"rt,
m'entendaient, ils ne seraient certainement pas
contents ; non, les tuyaux n'existent pas, per-
sonne ne peut rien savoir, ce que le cheval
peut faire, il vous l'a montré ; jugez vous-
mAmA
L'arrivée du Président
Les tambours, les clairons battent et sonnent-
aux champs, les armes au clair brillent au
soleil, M. et Mme Loubet, accompagnés de la
maison' civile et militaire, arrivent à trois heu-
res dix minutes. Les acclamations de la foula
se joignent aux remerciements que les com-
missaires de la Société d'Encouragement adres-
sent au président de la République; M.
d'Harcourt remet à Mme Loubet une magnifi-
que gerbe de fleurs. Le drapeau couvre la tri-
bune présidentielle, la cloche retentit pour le
pesage ; à trois heures et demie les concur-
rents font leur entrée sur la piste ; après le dé-
filé les chevaux viennent se ranger devant J.-
rubans du starting-gate.
Les péripéties
Sur un excellent départ, Caïus s'est élancé
devant Gradignan, Vieux Paris et Alpha; Vini-
cius et Ex Voto au milieu du peloton, et Quo
Vadis en queue.
Au moulin, Quo Vadis améliorait sa posi-
tion.
En face, au commencement de la montée,
Gradignan disparaissait, Alpha se plaçait der-
rière Caïus et tous deux galopaient avec deux
bonnes longueurs d'avance sur Ex Voto et Ver- -
tumre.
Au tournant de Boulogne, Caïus était tou-
jours devant Alpha ; Vinicius se rapprochait et
- Quo Vadis gagnait toujours du terrain.
Dans la descente. Vinicius se plaçait à côté de
Caïus et tous deux entraient en tête dans la
ligne droite, Caïus à la corde, Vinicius à son
côté, serré de près par Alpha.
A la distance, Quo Vadis rejoignait les che-
vaux de tête attaquait caïus, le seul qui lui.
vaux de tête, battait finalement de trois' quarts
résistait etle 'battait finalement de trois'- quarts
de longueurs. Vinicius se plaçait troisième à
deux longueurs. Alpha, quatrième, précédait
Camisole et Sans Profit.
Durée de la course : 3 m. 15 s. 215.
Quo Vadis est entraîné par Denman.
Après la course, M. Loubet a très gracieuse-
ment félicité M. Ed. Blanc pour le succès de
son écurie.
A cinq heures moins dix, le cortège prési-
dentiel, au milieu des plus vives acclamations,
regagnait l'Elysée.
Quelques chiffres
Un peu de statistique — entrées 323.000
francs — affaires au mutuel dans le Grand
Prix 1.663.530 francs - affaires au mutue
dans la journée 3.974.945 francs.
Maravèdis.
ENCORE LES INTRIGUES CONTRE
LE BÉAU-FRÊRE DE GUILLAUME Il
(De notre correspondant particulierf
Berlin, 7 juin.
La paix paraît être enfin établie entre l'em-
pereur Guillaume et son beau-frère, le prrnco
héritier de Saxe-Meiningen.
Dlns tout ce conflit les femmes ont joué un
rôle plus important que la politique et la ques-
tion d'aptitude militaire, La femme du oriaot
"JLe Numéro CINQ CENTIMES
- - Bjw_B HE^B B9^ H
Bftjll M MB - - H-- K jfl El ^Êm B9
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No 12142. — Mardi 9 Juin 1903
21 PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
L urin rInR
Après les moines, les sœurs. Le gou-
vernement vient, en effet, de déposer
81 projets de loi ayant pour but de sup-
primer autant de congrégations de fem-
mes. Ces congrégations, quoique non
autorisées, possèdent de nombreux éta-
blissements d'enseignement. Aucune
d'entre elles ne s'occupe d'assistance
ou d'hospitalisation. Chacune, au con-
traire, est le type parfait de l'ordre re.
ligieux créé pour prendre la femme
dès l'enfance, la façonner comme l'exige
l'Eglise, la rendre ensuite au monde
la tête farcie d'histoires ridicules, fana-
tique, pratiquante, hostile aux idées
nouvelles.
La commission des congrégations va
se réunir un de ces jours. Aucundoute
possi ble sur sa décision. El le présentera
à la Chambre un projet unique de re-
fus avec les mêmes conclusions que
pour les congrégations d'hommes,
c'est-à-dire qu'elle lui demandera de
ne pas passer à la discussion des arti-
cles. A peine deux ou trois de ses mem-
bres, et encore n'est-ce pas sûr, feront
valoir de timides réserves. Il paraît
certain, d'autre part, qu'une fois de
plus, la Chambre suivra sa commis-
sion. A ce point de vue particulier, la
dernière réunion des délégués des
gauches est significative.
On se rappelle que la semaine der-
nière, le gouvernement a conféré avec
eux sur la procédure à suivre pour
les congrégations de femmes. Je ne
chicanerai pas trop M. Combes sur ce
fait qu'il a consulté les délégués des
gauche avant de se renseigner sur les
intentions de la commission, organe
parlementaire institué spécialement
pour connaître des demandes des
congrégations. Il eût été sans doute
plus convenable de le faire.
Mais j'ajoute tout de suite que M
Combes sait depuis longtemps à quoi
s'en tenir sur les dispositions de la
commission, tandis qu'il ignorait celles
de l'Union démocratique, qui, pour le
moins, s'était singulièrement fait tirer
l'oreille.
Or, il se trouve que cette fois, l'U-
nion démocratique marche comme les
trois autres grou-pes républicains. Son
président, M. Etienne, l'a formelle-
ment déclaré au président du conseil
et à ses collègues de la délégation des
gauches. Il l'a fait avec d'autant plus
de netteté que ses amis, qui s'étaient
auparavant réunis, lui en avaient
donné le mandat formel. Nous aurons
donc une majorité. Mais il faudra que
le gouvernement parle avec fermeté.
L'opposition ne manquera pas, en
effet, de passionner le débat. Les con-
grégations de femmes sont, entre les
mains de la droite, un puissant moyen
de propagande tant par l'esprit de pro-
sélytisme qui les anime que par les
richesses qu'elles ont amassées et
qu'elles mettent à la disposition de
tous les partis hostiles à la République.
La religieuse est patiente et tenace.
Rien ne la rebute. Quel que soit le
milieu dans lequel elle vit, elle ne
perd pas un instant pour essayer de
s'emparer des âmes imbéciles, d'an-
nihiler les bonnes volontés, de créer
des divisions dont nos adversaires
profitent. Son action souterraine est
redoutable, plus redoutable encore
quand on lui livre l'enfance. Simple
jeu pour elle que celui qui consiste à
faire d'une jeune fille une femme qui
suivra aveuglément les instructions du
prêtre. -
On ne renonce pas à de pareils
avantages sans les défendre avec
acharnement. L'Eglise, privée de l'en-
seignement, perdra presqu'aussitôt la
plus grande partie de sa force. Ses
dogmes constituent de telles injures au
bon sens et à la raison qu'ils ne peuvent
être crus qu'à la condition d'avoir été
semés dans de jeunes cerveaux. L'en-
fant ne comprend pas toujours; dans
Jns les cas, il ne raisonne pas ce qu'il
ne peut pas comprendre. Il grandit
avec les idées qu'on lui a données ;
petit a petit, il en prend l'habitude, et
plus tard, quand if est à l'âged'homnie,.
il ne cherche même pas à les rempla-
cer par d'autres. La congrégation en a
fait un ennemi irréconciliable de. l'es-
prit moderne.
Vous me direz : « Il y a des excep-
tions Tel chrétien de ce temps
est devenu un anticlérical farouche ».
C'est vrai. Reste à savoir si ces excep-
tions sont bien nombreuses. Incontes-
tablement, elles le sont dans le monde
du travail. Et pourquoi ? parce que le
fils de l'ouvrier quitte en général l'école
à douze ou treize ans et que le frère
ignorantin n'a pas eu le temps de mar-
quer sur son cerveau une empreinte du-
rable. Mais dans la bourgeoisie, il est
loin d'en être de même.
Les hommes faits, de quarante à cin-
quante ans, qui ont été des premiers à
entrer dans les établissements congré-
ganistes, après le vote de la loi Falloux,
se sont peut-être libérés en partie. Mais
pourquoi encore?- parce que leurs fa-
milles étaient, comme la bourgeoisie
de la Restauratiou et de Louis-Philippe,
sceptiques,, incrédules, voltairiennes.
S'ils ont élevés par les jésuites, o'était,à
ce moment, affaire de mode, d'intérêt,
de relations, pour un riche mariage,
pour obtenir les faveurs du pouvoir.
Aujourd'hui, le mal congréganiste a
fait des ravages effrayants. La riche
bourgeoisie, presque toute entière,
éduquée par les moines, est devenue
cléricale, ultramontaine, royaliste ou
césarienne.
Aucun de ses fils ne peut sécouer,
ne cherche même pas à secouer le ba-
gage d'idées sottes et monstrueuses
qu'on lui a inculquées. Ainsi, comme
le disait M. Waldeck-Rousseau, deux
jeunesses se coudoient dans ce pays,
sans jamais se pénétrer, ennemies
l'une de l'autre, la jeunesse pétrie par
les jésuitières et la jeunesse instruite
par l'Université.
Si la République veut vivre, elle
doit enlever l'enseignement à l'Eglise.
En réalité, ce que l'on fait à l'heure ac-
tuelle est bien insuffisant. Il n'y a
qu'un moyen d'atteindre le but, c'est
de décider que seul l'Etat aura le droit
d'enseigner. Aucune solution ne sera
efficace tant que le monopole de l'en-
seignement n'aura pas été fait.
Charles Bos.
LES PLUS-VALUES
Mais que disait-on ? Les affaires ne vont pas?
La politique du gouvernement est fatale aux
finances du pays? Il faut déchanter. Les plus-
values constatées, ces derniers mois, sur le re-
couvrement des impôts, continuent à s'accen-
tuer de la manière la plus satisfaisante.
Les nationalistes restent le bec dans l'eau.
Trop parler nuit. La fameuse campagne sur le.
« refus de l'impôt » se termine en « os de bou-
din » comme dit Rochefort. La célèbre ligue du
même nom demeure impuissante et stérile.
Voici les nouvelles très rassurantes que com-
munique le ministère des finances : compara-
tivement aux évaluations budgétaires, il y a
une plus- value de 4.647.400 francs pour le mois
de mai, ce qui porte l'augmentation acquise
depuis le commencement de l'année à trente-
deux millions 196.600 fr.
Par rapport aux recouvrements opérés pen-
dant la période correspondante de l'année der-
nière la situation est encore meilleure. La
plus-value des recouvrements-effectués en 1903
s'éîeve pour le mois de mai à 14.671.600 fr. et,
pour les cinq premiers mois de l'année, à
59.648.200 francs.
Allohs ! tout est bien qui finit bien. Accueil-
lons avec quelque joie ces constatations. Elles
sont aux prédictions pessimistes des nationa-
listes un démenti formel et irrécusable. Et
puis. elles privent l'ineffable Syveton d'un
des meilleurs arguments de sa campagne élec-
torale. — L. Armbruster.
———————————
ÉLECTIONS LEGISLATIVES
CANTAL
Arrondissement d'Aurillac
M.Rigal, radical ministériel,élu avec environ
1.400 voix de majorité. Manque quelques com-
munes.
Il s'agissait do remplacer M. Adrien Bastid,
décédé.
ÏXWIIE
Saint-Etienne. - 4" circonscription
Inscrits : 2qk016. — Votants : 19.432
MM. Claudinon, progressiste. 10.245 ELU
Souhet, radical-socialiste.. 8.679
Michel, révolutionnaire. 413.
DEVANT LE FIGUIG
Sidi-bel-Abbès, 7 juin.
Le 1" bataillon du 1" étranger (600 hommes)
est parti ce matin pour Mecheria pour sur-
veiller Hamyans et Oulad-Sidi Cheik et pro-
téger les mouvements de la colonne opérant à
Figuig.
De l'Enseignement congréganiste
Absolument incompatible avec notre siècle,
plus incompatible encore avec la République et
le pays qui enfanta la liberté, nuisible toujours,
l'enseignement congréganiste est le dernier re-
fuge des injustices sociales et l'arme par excel-
lence qui soit laissée aux mains des ennemis
du progrès, aux adversaires de la République,
aux dignes fils des tyrans.
Il nie le suffrage universel ; il enseigne l'in-
tolérance, inspire le mépris des lois humaines
et subordonne tout aux décisions d'une église ;
il propage l'erreur et le mensonge et emppi-
sonne les âmes en leur donnant comme idéal
l'orgueil et la haine. C'est à lui que nous de-
vons le boulangisme, le nationalisme et toutes
les haines de religions et de races.
Cet enseignement, en un mot, est dirigé con-
tre la démocratie et vise son asservissement au
profit d'une caste ; il menace de ruiner l'œuvre
de nos pères et, sous un masque trompeur,
accomplit son oeuvre néfaste.
Que de fonctionnaires en sont imprégnés !
Que de lâches! Que de traîtres ! Ils mendient
l'argent du peuple et s'en servent contre lui-!.
Il appartient à la République de supprimer
la cause de tant de maux ; à elle de faire en-
seigner enfin la Vérité à laquelle tous ses en-
fants ont droit. Il faut que, dans l'intérêt de la
France et dû monde entier, la République garde
le flambeau qui guide l'humanité vers plus de
justice et de fraternité ; il faut que, par elle,
rayonne sur l'univers mie aurore nouvelle,
toute de joie et de paix, et, pour cela, ce n'est
pas assez que de fermer quelques écoles anti-
démocratiques, la République doit créer enfin
l'enseignement de la liberté.— Jacques Ledroit.
- ————————————"
LES SOUS-MARINS EN ANGLETERRE
(De noire correspondant partleulieri
Londres, 7 juin.
Aux chantiers de MM. Vickers et Maxim on
a commencé la construction d'une série de
sous-marins perfectionnés. Le modèle qui a
servi jusqu'ici a été considérablement modifié.
Une des innovations les plus importantes est
un appareil par lequel le sous-marin se trou-
vant submergé peut découvrir l'ennemi à une
grande distance.
Le nouveau bateau est en outre parfaitement
dirigeable et à même de faire les évolutions les
plus difficiles.
En somme, les ingénieurs se vantent que le
nouveau sous-marin est supérieur à tous ceux
connus.
L'amirauté en aurait commandé deux à titre
d'essai.
CAUSERIE PÉDAGOGIQUE
., • DOUBLE IMPRÉVOYANCE
Les congrégations de femmes. — De la
théorie à l'application. — Première
imprévoyance. — Auxiliaires insuf-
fisants. — Seconde imprévoyance.
1 — Le brevet élémentaire. — Un
., concours à instituer.
Les congrégations enseignantes de femmes
qui sollicitent l'aulorisation auront le même
sort que les congrégations d'hommes. Le Parle-
ment, sur la proposition du ministère, repous:-
sera leurs demandes. C'est ce qui a été convenu,
nos lecteurs s'en souviennent, entre M. Combes
et les délégués des groupes de la majorité dans
une conférence qui a eu lieu le 30 mai. II ne
nous restera donc bientôt plus à souhaiter que
dé voir retirer l'autorisation aux congrégations
qui en sont déjà pourvues.
Ainsi la campagne menée par la presse anti-
cléricale aura été un vrai triomphe.
La loi sur les associations qui risquait d'im-
planter solidement dans notre sol les moines et
les nonnes de toutes couleurs les en aura déra-
cinés.
Les congrégations qui ont pu espérer un
moment qu'elles allaient fortifier leur institu-
tion par la signature d'une espèce de concor-
dat ont été ou vont être dissoutes, anéanties.
Une défaillance des républicains pouvait tout.
perdre ; leur admirable esprit de suite a déjoué
tous les calculs.
Toutefois si la ligne de conduite adoptée
dans l'application de la loi a démontré l'exis
tence au Parlement d'une majorité compacte,
qui sait ce qu'elle veut et le veut bien, elle a
aussi fait éclater une double et fâcheuse im-
prévoyance due au ministère précédent.
Grave lacune
M. Waldeck-Rousseau a élaboré et fait voter
la loi, on sait avec quel talent et quel cou-
rage! Mais il s'est en quelque sorte désintéressé
de l'application qui devait en être faite. Préci-
sons, son collaborateur, M. Leygues, ne s'est
point soucié de préparer le remplacement des
congréganistes adonnés à l'enseignement pri-
maire par des instituteurs et des institutrices
laïques.
Il en résulte que pour accomplir aujour-
d'hui cette besogne, les administrations acadé-
miques départementales se trouvent dans
l'embarras.
Le ministère de l'instruction publique n'a
pas su leur procurer, à l'avance, un nombre
suffisant de maîtres et de maîtresses pour faire
face aux nécessités du service. Les postulants
qui se présentent se recommandent plus par
leur bonne volonté que par leur savoir et leur
habileté professionnelle. Leur nombre est res-
treint et leur valeur faible.
Pas assez de Normaliens
La première imprévoyance a été de ne pas
admettre assez d'élèves durant ces dernières
années dans les écoles normales de garçons et
de filles. Bien mieux, au lieu d'augmenter les
effectifs de ces écoles, le ministre les a dimi-
nués !
Les conseils départementaux de l'instruction
publique qui sont appelés à fixer re nombre
des admissions à prononcer dans les écoles
normales, 'ont vu tous les ans réduire le
chiffre de leurs propositions.
Les écoles normales ont été par suite dans
l'impossibilité d'assurer le recrutement des ins-
tituteurs et des institutrices. Les inspecteurs
d'Académie ont été contraints de faire appel au
concours des brevetés de toute provenance.
Dans les derniers mois surtout ils ont-dû ac-
cepter l'aide d'auxiliaires dont le seul mérite
était parfois d'avoir échoué à l'école normale !
M. Chaumié, par une circulaire du 8 avril der-
nier, a défendu formellement de recruter ainsi
dorénavant le personnel enseignant primaire.
Cete, défense, malheureusement, ne peut être
que temporaire.
En effet, la fermeture imminente de trois
mille écoles congréganistes va exiger la créa-
tion de deux mille emplois environ dans les
écoles publiques. Les écoles normales rie pour-
ront fournir en temps voulu le nombre de
maîtres et de maîtresses nécessaire. Il eût fallu
augmenter dans chaque département, il y a
trois ans, d'une vingtaine d'unités le chiffre des
promotions. Les événements actuels n'ont pas
été prévus. Il a bien été inscrit au budget de
1903 un crédit pour faire entrer en trois années
consécutives dans les écoles normales de filles
un supplément de 900 élèves. Mais il est aisé de
le comprendre, quand ces 900 élèves sortiront
de l'école, dans trois, quatre et cinq ans, JI y
aura beau temps que les emplois créés pour
elles et destinés à remplacer les écoles congré-
ganistes seront occupés par. les élèves de ces
dernières.
Les normaliennes continueront simplement à
combler les vides causés dans le personnel par
les décès et les mises à la retraite. Sans doute,
il reste encore une ressource à utiliser pour se
passer des auxiliaires. La nouvelle répartition
des emplois dans les écoles à plusieurs classes
entreprise conformément à la circulaire du 8
avril dernier permettra d'opérer des suppres-
sions de postés. Les inspecteurs d'Académie
auront, de cette manière, une certaine quantité
de maîtres et de maîtresses à leur disposition.
Seulement en auront-ils assez? Il est permis
d'en douter. - --
Il faudra encore avoir recours au dévouement,
si l'on peut parler ainsi, des auxiliaires..
Deuxième faute
Et c'est én : présence d'un tel état de choses
qu'on se prend à regretter une seoonde impré-
voyance de l'administration.
Puisque l'on ne pouvait faire autrement que
d'introduire des auxiliaires, peu ou prou, dans
nos écoles, il semble qu'il eût été bon de cher-
cher et de trouver un moyen pour découvrir
les meilleurs d'entre eux ou pour exiger de leur
part la production d'un diplôme plus sérieux
que le brevet élémentaire.
Le niveau du brevet élémentaire a sensible»-
ment baissé, en effet, depuis déjà longtemps.
Le jour où sa possession a été exigée des. aspi-
rants et aspirantes aux écoles normales pri-
maires, il a presque cessé d'être, aux yeux des
commissions d'examen, le parchemin investis-
sant du droit d'enseigner. Il n'a plus été con-
sidéré, pour ainsi dire, que comme un titre
permettant de prendre part au concours des
écoles normales. Il a. été délivré trop facile-
ment. Les examinateurs sont devenus bons en
fants. Quelques-uns mêmes ont eu en agissant
de la sorte un dessein machiavélique. Ils se
sont dits qu'en accordant très généreusement
le brevet aux candidats qui le recherchaient
pour ouvrir une école privée, ils affaiblissaient
l'enseignement libre en le dotant de médio-
crités.
Il n'en a rien été, il n'en pouvait rien être.
L'enseignement privé, surtout l'enseignement
congréganiste, vit de la crédulité des gens.
Médiocre, il était jugé excellent. Aurait-il été
abominablement mauvais, qu'il eût été trouvé
encore bon. Par contre la foule des brevetés as-
pirants à un emploi public a grossi tous les
ans et a assiégé l'administration académique.
Les quémandeurs et les quémandeuses, comme
nous l'avons expliqué plus haut,ont été placés
et c'est l'enseignement public -qui a souffert de
la complaisance des commissions d'examen.
Une erreur répandue :
Une erreur courante consiste à croire qu'il
ne suffit plus aujourd'hui d'avoir le brevet élé-
mentaire pour être instituteur ou institutrice.
Hélas 1 en dehors des normaliens et des nor-
maliennes, la plupart des recrues de l'ensei-
gnement primaire n'ont pas d'autre titre ! Sans
doute, pour sortir du stage et devenir titulaires
il leur faut obtenir le ceriificat d'aptitude pé-
dagogique. Mais ce certificat a une valeur pro-
fessionnelle avant tout. Il n'est pas une garan-
tie au point de vue des connaissances que doit
posséder un maître ou une maîtresse d'école.
, Ceux d'ailleurs qui ont péniblement « décro-
ché » le brevet ne parviennent à obtenir le
certificat d'aptitude qu'après de longs efforts,
des échecs répétés, pénibles, déprimants, dé-
sespérants. Ils sont les premiers à regretter de
s'être embarqués inconsidérément dans la ga-
lère de l'enseignement. L'administration n'ose
pas lès remercier et eux n'osent pas s'en aller;
il est parfois trop tard pour eux de prendre
une pareille détermination.
La réforme à faire
Le mieux serait donc d'instituer un concours
entre tous les postulants aux emplois de l'en-
seignement primaire. Les élus ne se recom-
manderaient que de leurs mérites ; leur choix
ne ressemblerait plus a une faveur ; les inspec-
teurs d'Académie cesseraient d'être affligés de
leur impuissance à discerner,au milieu de tou-
tes les demandes qui les assaillent, celles qu'il
serait juste d'accueillir.
Et, en attendant, il faudrait permettre aux
écoles normales de recevoir autant d'élèves que
l'exigent les prévisions des services départe-
mentaux de l'instruction primaire.
Le recrutement du personnel enseignant ne
saurait être livré au hasard ; il a besoin, au
contraire, d'être l'objet d'un soin tout spécial.
Les imprévoyances à ce sujet sont extrêmement
fâcheuses. Il importe de no pas renouveler cel-
les qui ont été commises.
,,'. ARMAND DEPPER.
LA MARINE RUSSE EN EXTRÊME-ORIENT
(De notre correspondant particulier!
Saiilt-Pétersbourg, 7 juin.
Plusieurs nouveaux docks seront construits
dans les ports de l'Extrême-Orient. Les travaux
de celui de Port-Arthur sont déjà commencés.
Un ingénieur de Cronstadt a été envoyé en
inspection dans les ports de l'océan Pacifique,
afin d'indiquer toutes les améliorations néces-
saires pour que ces ports puissent servir à une
escadre permanente.
-———————————— —
LA MAISON DU « COMPLOT DES POUDRES »
lDe noire correspondant particulier)
Londres, 7 juin.
La maison historique d'Ashby St-Ledgers, où
s'étaient réunis les conjurés du « complot des
poudres », ourdi contre le Parlement, vient
d'être achetée par le député Ivor Guost.
* ■ ■
M. L. BARTHOU AU MANS
Les républicains de la Sarthe. — L'ac-
tion démocratique et le bloc.,
Le Mans, 7 juin.
Le banquet de la Fédération des comités ré-
publicains de la Sarthe a eu lieu à midi. Il a
réuni 740 convives, dont la plupart sont mai-
res, adjoints ou conseillers municipaux.
M. Barthou, ancien ministre présidait, ayant
à ses côtés MM. Delanney, préfet; Cordelet et
Le Chevallier, sénateurs ; Caillaux, député de la
Sarthe.
Au dessert, M. Delanney a porté un toast ap-
plaudi à M. LoÙbef.
M. Ligneul, maire du Mans, a. souhaité la
bienvenue aux délégués..
M. Piogé, maire de Coulie, a préconisé la
République anticléricale et laïque.
M. Le Chevallier a remercié M. Barthou
d'apporter au Mans la bonne parole.
M. Caillaux rappelle la place que M. Barthou
a conquise dans le parti républicain en se fai-
sant le précieux auxiliaire de ceux qui veulent
conduire la République dans la voie démocra-
tique et vers le progrès social, (Applaudisse-
ments.)
M. Laroche, ancien résident à Madagascar,
a lu une dépêche de M.d'Estournelles de Cons-
tant, député, qui, retenu à Angoulême par une
conférence, n'a pas pu venir. Dans sa dépêche,
M. d'Estournelles invite les républicains du
Mans à flétrir le nationalisme comme il le flé-
trit lui-même à Angoulême.
M. Barthou prononce ensuite une allocution
qui est chaleureusement applaudie.
Un discours politique
M. Louis Barthou a prononcé dans l'après-
midi", devant un millier de personnes, un nou-
veau discours.
M. Louis Barthou commence par féliciter la
Fédération des comités républicains de la Sar-
the de l'union qu'elle a réalisée. Le souci du
péril commun a, d'un bout à l'autre du pays,
engagé dans une action commune toutes les
nuances, toutes les forces de la démocratie ré-
publicaine. L'honneur de cette entente revient,
pour la plus large part, à M. Waldeck-Rous-
seau dont l'œuvre, vue dé haut et dans l'en-
semble de ses résultats, mérite toute la vive
gratitude que lui a témoignée le pays oopubli-
cain. (Applaudissements, Cris : Vive Wal-
deck !).
M. Rarthou félicite M. Caillaux, député de la
Sarthe, d'avoir été le collaborateur distingué et
utile de cette politique. (Applaudissements et
cris de : Vive Caillaux !)
Il faut, aujourd'hui comme hier, en poursui-
vre la réalisation par l'union, toujours néces-
saire,de tous les républicains animés de l'esprit
laïque et démocratique. Ce serait trahir à la
fois la volonté et les intérêts du pays que d'es-
sayer d'en rompre le faisceau. Les succès obte
nus dans les élections partielles, quelque prix
et quelque signification qu'ils aient, ne doivent
pas faire illusion sur l'âpreté des luttes pro-
chaines.
Le nationalisme est une étiquette usée, mais
la coalition dont il a été l'expression n'est prête
ni à abdiquer ni à se dissoudre. Tant que cette
coalition n'aura pas désarmé, — et fût-elle ja-
mais, avec le concours d'un clergé follement
imprudent, plus active et plus menaçante ? —
une politique d'apaisement ressemblerait à de
la duperie, sinon même à une véritable com-
plicité. Quelques-uns de ceux qui la réclament,
et auxquels l'expérience semble n'avoir rien
appris, font tout, une fois de plus, pour la
rendre impossible.
Tandis que le parti républicain, trop enclin à
s'en remettre au gouvernement du soin de di-
riger ou d'organiser son action, paraît se repo-
ser dans une sécurité trop confiante, des asso-
ciations nouvelles derrière lesquelles se dissi-
mule l'éternelle coalition cléricale, poursuivent
dans tout le pays une propagande incessante,
habilement conduite et d'autant plus dange-
reuse qu'elle rencontre dans les presbytères ses
auxiliaires les plus actifs. Avec l'audace dont
il est coutumier, le cléricalisme se réclame du
principe de la liberté et revendique le droit
commun.
TERRIBLE COLLISION
EN MEDITERRANEE
UNE CENTAINE DE MORTS
Vapeur coulé. — Près de l'He des Deux
Frères. — Le Sauvetage. — L'émo-
tion à Marseille. — Détails terri-.
nants. — Scènes déchirantes. —
-.. Ceux qui sont sauvés.
Marseille, 7 juin. --
Le vapeur Insulaire, de la Compagnie Frais-
sinet, a abordé cette après-midi au large des
iles Madré, le vapeur Liban, de la même Com-
pagnie et l'a coulé. Voici dans quelles circons-
tances l'abordage s'est produit :
Le vapeur Bléchamp, du service de pilotage,
se trouvait à midi et demi à deux milles au
sud de Maire, lorsqu'il aperçut les vapeurs
Liban et Insulaire qui entraient en collision.
Aussitôt, le patron du Bléchamp mit le cap sur
celui dès navires qui lui paraissait le plus en
danger. C'était le Liban qui,envahi par les eaux
avait fait en avant]vers la terre pour s'échouer.
17 minutes après, le vapeur plongeait déjà
de tout son avant, et ne tardait pas à dispa-
raître.
Le Bléchamp commença aussitôt le sauvetage
aidé du bateau-pilote n* 10 et d'un canot d'un
vapeur autrichien qui se trouvait sur les
lieux. Le Bléchamp, après de grands efforts,
put recueillir une quarantaine de personnes,
mais il ramena 8 cadavres : 5 femmes, 2 hom-
mes et 1 enfant. Le Bléchamp mit aussitôt le
cap sur Marseille, pendant qu'à bord on don-
nait les soins les plus empressés aux person--
nes sauvées. C'est ainsi qu'on put arriver à
arracher plusieurs d'entre elles à une mort
certaine. A 2 h. Ii2, le Bléchamp s'amarrait au
vieux port, en face du poste de pilotage.
Le Balkan a recueilli également 21 morts.
La collision
Le Liban était parti de Marseille à 11 h. 112
pour Bastia et Livourne; c'est exactement à
midi 112 qu'il a été abordé par l'Insulaire qui
venait de Nice et de Toulon. L'abordage s'est
produit à l'est de l'île des Deux-Frères, près
de Maire. Vingt minutes après la collision, le
Liban disparaissait complètemsnt.
Le sinistre a été vu par les vapeurs Balkan et
Planter, de la Compagnie Fraissinet, le vapeur
autrichien Rakocsy et le Bléchamp. Le com-
mandant du Balkan, M. Carriès, fit mettre aus-
sitôt trois embarcaiions à la mer. La première
était montée par le capitaine en second, M.
Merlin Florent, et put sauver 20 passagers. La
seconde, commandée par le lieutenant Seuve,
ramena 17 personnes ; la 3e, montée par trois
hommes, dont le mécanicien Bouars, ramena
21 cadavres qu'avaient recueillis les deux pr e-
mières embarcations.
100 victimes
La liste des passagers du Liban n'a pas encore
été communiquée par la Compagnie, dont les
bureaux sont fermés aujourd'hui dimanche. Le
nombre des passagérs s'élevait, dit-on, à 240 ;
la moitié peuvent être considérés comme per-
dus.
Le Bléchamp est rentré dans le Vieux-Port
.avec les 40 passagers sauvés par lui et par le
canot du Rakocsy qui a continué sa route sur
Gênés.
Aussitôt que la nouvelle du sinistre est arri-
vée en ville, M. Chanot, maire de Marseille, a
fait prendre les dispositions que comportaient
les circonstances.
Les femmes ae Saint-Jean, accourues sur les
quais, prodiguent leurs soins aux naufragés
que l'on débarque sur le quai du Vieux-Port.
Les pompiers et des voitures d'ambulance
transportent les cadavres à la Morgue,, où ils
sont placés dans la salle d'autopsie et à l'Hôtel-
Dieu.
A 5 heures du soir, on a déjà recueilli 30 car
davres ; on n'a pu établir encore leur identité.
Aux quarante personnes sauvées par le Bal-
kan, il faut ajouter dix-sept matelots du bord.
Effroyable spectacle
Lorsque le Balkan a aperçu les navires en
collision, le Liban avait déjà son avant en-
foncé dans la mer; quand la première embar-
cation, commandée par le lieutenant Seuve,
arriva à une dizaine de mètres du Liban, ce.-
lui-ci s'inclina tout à coup, et ses màts vinrent
frapper l'eau, à 1 m. 50 du tanot sauveteur,
qui eut quelque peine à sortir du remous. Il
allait aborder à l'échelle où se tenaient cram-
ponnées de véritables grappes humaines, lors-
que le paquebot s'engloutit. Les machines fi-
rent explosion, produisant un bouillonnement
considérable qui dura plus de cinq minutes.
Aux cris déchirants succéda un silence de
mort. -
A Marseille
En ville, l'émotion est grande. Une foule
énorme se porte sur le port, où se trouvent les
autorités.
Avec le maire de Marseille, on remarque
MM. du Bois, secrétaire général de la mairie,
de Gendile, substitut du procureur de la Répu-
blique, Capeter, commandant des ports, Roc-
quet, chef du cabinet du préfet, Ronnaud, com-
missaire central, etc.
Sur le quai les femmes entourent les naufra-
gés, entre autres une petite fille de 10 ans. Ma-
rie Nicolini qui a été sauvée par l'équipage du
Bléchamp, c'est la fille d'un sous-brigadier de
police du 14e arrondissement de Paris, demeu-
rant 104, rue du Château. Elle est recueil-
lie par M. Mourut, chef du pitotage.
Sauvés !
Voici les noms des passagers sauvés ramenés
à Marseille par le Balkan :
Pietro Joseph, cordonnier; Fazzi Léon, cordon-
nier ; Colombani Mathieu, matelot ; Caitucoli
Paul ; Du Gardin Gaston, sous-inspecteur des
douanes à Bastia; Mattei Désiré, chauffeur et sa
sœur Jeanne ; Louis Sillon, chef de cuisine il bord
du Liban', Franceschetti, magistrat ; Valeri Do-
minique ; Fascioni Jean ; Dappilgo Alclo, ouvrier
italien ; André Mattei, employé ; Félix Sangui-
netti, étudiant; Zerbini Antoine, matelot du Liban;
Pierre Lorenzi, coiffeur; Pnui Amire Vincentelil,
cultivatmir ; Goneiio Antoine, adjudant au 145,
d'imanterie; Vidal Jules, soutier du Liban; Pie-
trucci, adjudant, dont la femme et ses deux en-
fants n'ont pas été retrouvés ; Mme Scotti ; Louis
Mori;
Lacotte, commandant du Liban et ses deux fils,
Jean et Joseph ; Pages, maître d'hôtel et sa femme,
femme de chambre à bord du Liban ; Galetti Aug.-
Pierre, caporal au Il i t; Bastelica Paul, matelot;
Pierre Thomas, garde général des eaux et forêts ;
Mme Delflni Maria ; André Gabriel ; Camili, 2*
maître d'hôtel ; Desruisseaux Louis ; Doux, 2e mé-
canicien ; Hedel, chef mécanicien ; Paoli François-
Antoine et son fils ; Meria Jean, chauffeurs ; Vani-
guiseppi.
Ainsi que nous l'avons dit, le Balkan ramène
en outre 21 cadavres dont 8 d'enfants. A bord
du Balkan, se trouvaient les artistes du concert
français d'Athènes qui ont prodigué leurs soins
les plus dévoués aux naufragés.
On signale comme admirable la conduite des
officiers Seuvre et Merlin Florent et des mate-
lots Semeriva et Shroot ati dévouement et au
courage desquels de nombreux passagers du
Liban doivent aujourd'hui la vie.
:Voir. la suite dans notre DEUXIEME EDITION
Anglais et Italiens au Soaaliland
(De notre correspondant particulieri
Rome, 7 juin.
Le ministre de la marine a reçu le comman-
dant Lovatelli, retour du Somaliland, où il a
suivi, les opérations anglaises.
Il rapporte que la saison des pluies ayant
commencé, les Anglais sont condamnés à
l'inaction. Le général Manning est confiné
dans le fort Galkaya, où se trouve aussi lo
capitaine italien M. Airoldi.
Les opérations ne pourront être reprises
qu'au mois d'octobre. Le commandant Lova-
telli a été mis à la disposition du ministère
des affaires étrangères. -
Il sera consulté sur l'opportunité d'une coo-
pération italienne.
: LE ROI D'ITALIE A PARIS
Pour le 16 juillet., — Deux voyages
- bien distincts.
Rome, 7 juin.
La visite du roi Victor-Emmanuel à Paris est
définitivement et officiellement annoncée pour
le 16 juillet prochain. Celle du roi à la cour
d'Anglèterre aura lieu plus tard, c'est-à-dire
en novembre.
Il s'agit donc de deux voyages bien distincts.
Le roi Victor-Emmanuel n'a pas voulu qu'on
dise qu'il n'est allé à Paris que parce qu'il so
trouvait sur le chemin de Londres.
Voir à la SB page
les Dernières Dépêches
LE GRAND-PRIX DE PARIS
Quo Vadis vainqueur. — Autour du
champ de courses. — Le paddock.
M. Loubet à Longchamp. — La
course. — Une statistique.
La journée du Grand-Prix de Paris est de-
venue presque une fête nationale. Ce jour-là,
les économies, les provisions sont précieuse-
ment gardées, car, par une belle journée, la
dépdrt de bonne heure, le frugal repas sous les
ombrages du Bois, la fuite devant la cohue,
sont des précautions que le roûblard parisien a
souvent mis à l'usage. Hier, comme toujours.
la marée houleuse a monté vigoureusement
vers Longchamp ; les trains, contournant Pa-
ris, de 10 minutes en 10 minutes, ramenaient
des renforts à cette armée toute animée de
plaisir: Les équipages, stationnant en foule,
suivaient de temps à autre la longue file au
pas. Du côté d'Auteuil,les cliquetis des fouets
venaient demander un nouvel effort aux vigou-
reux percherons, couplés par quatre et par
six.
La troupe, la police, la garde n'avaient d'au-
tres ennemis à combattre que la chaleur et la
poussière soulevée par ce petit vent du nord
qui a rendu la température des plus agréables.
Mais, au lieu de bavarder, je ferais mieux de
m'occuper de nos grands cracks, qui vont se
disputer entre eux la victoire; des étrangers,
pas l'ombre ; notre épreuve a perdu depuis
quelques années son caractère international et
l'on doit le regretter, car cette rencontre sen-
sationnelle des deux grands élevages, français
et anglais, donnait un intérêt passionnant à
cette réunion déjfi si sélecte : la raison, — il
leur est aussi difficile de nous vaincre ches
nous qu'il est téméraire à nous de les affronter
chez eux ; — la fatigue du voyage, les change-
ments d'habitudes deviennent de grosses diffi-
cultés à surmonter, lorsqu'on s'aborde à foroa
et à armes égales.
La visite au paddock est le lever de rideau
le plus intéressant que j'ai vu jouer : Quels
acteurs ! Comme l'éleveur peut être fier, en
voyant passer sous sa cuirasse de poils polis
et luisants, ce magnifique poulain, gonflant
ses muscles ; il le revoit dans sa mémoire
tout dégingandé, tout faible, accroché peureu-
sement à la mamelle de sa mère ; l'éleveur l'à'
vu s'accroître d'instant en instant; aujourd'hui,
tout fier, il ne peut le voir vaincu ; tous, dans
le fond de leur'coeur, sont certains do la vic-
toire ; — si les tipsters, ennemis du sr"rt,
m'entendaient, ils ne seraient certainement pas
contents ; non, les tuyaux n'existent pas, per-
sonne ne peut rien savoir, ce que le cheval
peut faire, il vous l'a montré ; jugez vous-
mAmA
L'arrivée du Président
Les tambours, les clairons battent et sonnent-
aux champs, les armes au clair brillent au
soleil, M. et Mme Loubet, accompagnés de la
maison' civile et militaire, arrivent à trois heu-
res dix minutes. Les acclamations de la foula
se joignent aux remerciements que les com-
missaires de la Société d'Encouragement adres-
sent au président de la République; M.
d'Harcourt remet à Mme Loubet une magnifi-
que gerbe de fleurs. Le drapeau couvre la tri-
bune présidentielle, la cloche retentit pour le
pesage ; à trois heures et demie les concur-
rents font leur entrée sur la piste ; après le dé-
filé les chevaux viennent se ranger devant J.-
rubans du starting-gate.
Les péripéties
Sur un excellent départ, Caïus s'est élancé
devant Gradignan, Vieux Paris et Alpha; Vini-
cius et Ex Voto au milieu du peloton, et Quo
Vadis en queue.
Au moulin, Quo Vadis améliorait sa posi-
tion.
En face, au commencement de la montée,
Gradignan disparaissait, Alpha se plaçait der-
rière Caïus et tous deux galopaient avec deux
bonnes longueurs d'avance sur Ex Voto et Ver- -
tumre.
Au tournant de Boulogne, Caïus était tou-
jours devant Alpha ; Vinicius se rapprochait et
- Quo Vadis gagnait toujours du terrain.
Dans la descente. Vinicius se plaçait à côté de
Caïus et tous deux entraient en tête dans la
ligne droite, Caïus à la corde, Vinicius à son
côté, serré de près par Alpha.
A la distance, Quo Vadis rejoignait les che-
vaux de tête attaquait caïus, le seul qui lui.
vaux de tête, battait finalement de trois' quarts
résistait etle 'battait finalement de trois'- quarts
de longueurs. Vinicius se plaçait troisième à
deux longueurs. Alpha, quatrième, précédait
Camisole et Sans Profit.
Durée de la course : 3 m. 15 s. 215.
Quo Vadis est entraîné par Denman.
Après la course, M. Loubet a très gracieuse-
ment félicité M. Ed. Blanc pour le succès de
son écurie.
A cinq heures moins dix, le cortège prési-
dentiel, au milieu des plus vives acclamations,
regagnait l'Elysée.
Quelques chiffres
Un peu de statistique — entrées 323.000
francs — affaires au mutuel dans le Grand
Prix 1.663.530 francs - affaires au mutue
dans la journée 3.974.945 francs.
Maravèdis.
ENCORE LES INTRIGUES CONTRE
LE BÉAU-FRÊRE DE GUILLAUME Il
(De notre correspondant particulierf
Berlin, 7 juin.
La paix paraît être enfin établie entre l'em-
pereur Guillaume et son beau-frère, le prrnco
héritier de Saxe-Meiningen.
Dlns tout ce conflit les femmes ont joué un
rôle plus important que la politique et la ques-
tion d'aptitude militaire, La femme du oriaot
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