Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-06-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 juin 1903 07 juin 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Itfuxjaéx'o. PARIS S DÉPARTEMENTS ,"
; ; 1
'Le Numéro ClWo^ef^rJlrilVlEg ■
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du malin
No 12140. — Diznanche' 7 Juin 1903
19 PRAIRIAL AN 111
ADIIINISTRATION ; 14, rue du llail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
-
Pour fflwJtaMT
Le Rappel a déjà annoncé la cérémo-
nie qui aura lieu, dimanche, au Père-
Lachaise, à 3 heures ; cérémonie com-
niémorative de la mort d'Anatole de
La Forge, organisée par l'Union dé-
mocratique des anciens défenseurs de
la patrie.
Il y a des souvenirs bons à rappeler;
celui-ci en est un :
***
Le 8 octobre 1870, les Prussiens
se présentaient devant Saint-Quentin.
— A cette date : Paris était investi ;
Bazaine, enfermé dans Metz, négociait
sa trahison ; Strasbourg avait ouvert
ses portes ; Toul était rendu ; l'armée
de la Loire existait à peine, n'avait pas
encore combattu. — Les Prussiens
occupaient déjà Laon, et le préfet de
l'Aisne, nommé par le gouvernement
de la Défense nationale, avait dû trans-
porter le siège de la préfecture à Saint-
Quentin. En arrivant, il lança ce mot
d'ordre : Résistance.
La population était ptekie d'ardeur :
la garde nationale demandait à se
battre. Saint-Quentin est ville ouverte;
on fit sauter les ponts ; on dressa des
barricardes ; on attendit.
Le 8 octobre, à deux heures du ma-
tin, le tocsin sonne à toute volée, la
générale, teatt'ue par les rues, avertit
de l'appv he de l'ennemi. Favo-
risés par le brouillard qui cachait leur
marche silencieuse et sournoise à tra-
vers les bois, les Prussiens avaient
pu parvenir jusqu'aux faubourgs. On
court aux armes ; on se précipite. Des
coups de fusil retentissent ; la barri-
cade est attaquée, se défend. Le préfet
arrive, revolver dans une main, épée
dans l'autre, crie : — « Allons ! mes
enfants ! au devoir ! »
Un feu bien nourri, bien dirigé,
accueille les Prussiens qui reculent,
laissant des blessés et des morts der-
rière eux. Ils reviennent à la charge.
La barricade les reçoit par de nou-
velles décharges. Pendant quatre heu-
res on se fusille. Enfin, le clairon
allemand annonce la retraite. L'hon-
neur est sauf.
Le préfet, resté au premier rang des
combattants, payant de sa personne, a
été blessé à la jambe. Le lendemain,
il adressera aux défenseurs de la ville
la proclamation suivante :
Le préfet du département de l'Aisne, délé-
gué du gouvernement de la Défense nationale,
Félicite la garde nationale, les pompiers et
les francs-tireurs de Saint-Quentin de leur vi-
goureuse résistance. Jamais vieilles troupes
n'ont montré plus de sang-froid et de décision
que les vaillants défenseurs de la ville dans
la journée du samedi 8 octobre 1870.
Cette date prendra place dans l'histoire de la
cité, à côté de la glorieuse défense de 1557.
La France, si douloureusement éprouvée,
verra que les citoyens de Saint-Quentin, ville
ouverte, n'ont pas dégénéré, et qu'ils reçoi-
vent aujourd'hui l'invasion prussienne, comme
leurs pères ont reçu -jadis l'invasion espa-
gnole.
Honneur donc aux gardes nationaux, aux
pompiers, aux franc-tireurs; ils ont tous, ainsi
que la population de Saint-Quentin, bien mé-
rité de la patrie.
A Saint-Quentin, en l'hôtel de la Préfecture,
ie 9 octobre 1870.
Anatole de la Forge.
***
J'ai dit, tout à l'heure : « L'honneur
était sauf. » En effet, il ne s'agissait que
de cela : sauver l'honneur.
Saint-Quentin, dépourvu de tous
moyens de défense, sans approvision-
nements d'aucune sorte, sans garnison,
sans armes, ne pouvait soutenir un
siège, prolonger sa résistance de façon
eHicace. Le 21 octobre, les Prussiens
revenaient, en forces considérables,
exigeaient la capitulation immédiate et
le paiement d'une grosse indemnité.
Saint-Quentin avait fait tout ce qu'il
pouvait faire.
Mais n'est-ce donc rien que d'avoir
sauvé l'honneur ? — Songez à ce que
fut cette guerre si criminellement enga-
gée. Rappelez-vous toutes les hontes de
ces temps-là. Rappelez-vous l'armée de
Sedan menée au gouffre par son chef
imbécile ; rappelez-vous l'armée de
Metz vendue par son général traître ;
rappelez-vous Paris livré, malgré l'ab-
négation, malgré l'héroïsme de sa po-
pulation, par l'incapacité de cet ignoble
gouvernement, non de la Défense, mais
de la capitulation nationale. Evoquez
devant votre souvenir indigné ce tas
d'hommes sur la mémoire de qui pè-
sent de si lourdes responsabilités : les
Bazaine, les Trochu, les Ducrot, les de
Failly, les Mac-Mahon, faisant cortège
au Napoléon III couvert de fange. Dites:
0-ii en serions-nous, et que resterait-il
aujourd'hui de la France si, pour faire
équilibre à tant d'ignominie et à tant
de sottise, il n'y avait pas eu des bra-
ves gens pour sauver l'honneur ?
Oh ! vers tous ceux-là, depuis notre
grand Gambetta qui organisa si super-
bement la résistance jusqu'il ce garde
national dont le nom est inconnu qui,
le 8 octobre, sur la barricade de Saint-
Quentin, répondait à quelqu'un qui
parlait de se rendre : « Quoi donc ? on
commence à peine à s'échauffer! »
Vers tous, notre gratitude s'élève. Ce
sont eux : les trente sous de Buzenval;
a Mob" a de Êssrget; les soldats
de Faidherbe, qui, à Bapaume, repous-
sèrent l'ennemi ; les volontaires de
Garibaldi qui, devant Dijon, enlevè-
rent notre seul trophée de gloire de la
campagne, le drapeau du 11e poméra-
nien ; les francs-tireurs, qui s'enseve-
lirent sous les ruines de Châteaudun;
les défenseurs de Verdun, que saluait
le roi de Prusse lui-même; oui, ce sont
eux qui nous ont donné, vous enten-
dez bien, le droit de vivre encore après
la défaite.
S'il y a encore une France au monde,
c'est à eux que nous le devons. Ils ont
sauvé l'honneur ; et c'est de cet hon-
neur que nous existons à l'heure ac-
tuelle. Ne les oublions jamais.
Anatole de la Forge fut de ceux-là
qui contribuèrent à sauver l'honneur
de la patrie. C'était,ce fonctionnaire de
la veille, improvisé soldat, fait héros
par l'ardeur de son patriotisme, un
journaliste. Qu'il nous soit permis de
nous enorgueillir d'un tel confrère.
Pendant dix ans, il fit partie du comité
de l'Association des journalistes répu-
blicains, jusqu'à sa mort. Nous, les
jeunes, qui étions des enfants au mo
ment des batailles, nous le regardions
avec respect, parce qu'il symbolisait à
nos yeux la France dressée superbe-
ment contre l'invasion.
Je dis que l'on a raison de lui rendre
hommage, de ne pas vouloir que cette
grande et noble figure s'efface dans
l'oubli. Saluons.
Lucien Victor-Meunier.
■ —
LES 13 JOURS
Le général André a failli être
renversé hier à la Chambre.
Il s'en est fallu de fort peu. L'un
de nous aurait posé cette ques-
tion : « Le ministre s'engage-t-
> il à appuyei la proposition de
loi que va déposer la commission de J'ar-
mée et qui porte suppression des 13 jours?»
le ministre disait non. Et il était par
terre.
J'écris ceci pour répondre à certains qui
ont accusé des radicaux-socialistes dont je
suis de chercher à renverser le ministère.
Non. Nous savons quand il le faut avaler
des couleuvres. On nous fait voter en ce
moment contre nos principes et contre nos
programmes. Soit. Mais, ce n'est pas parce
que des socialistes ministériels font comme
nous que nous nous croyons à l'abri de ré-
clamations électorales. Nous avons voté
dans un intérêt supérieur, la droite ayant
fait de ce débat une discussion politique.
Car il s'agissait des 13 jours. La Cham-
bre a supprimé le crédit d'abord et ensuite
l'a diminué pour 1903. Le Sénat a voulu le
rétablir. On lui a fait observer qu'il violait
la Constitution. Le Sénat s'est incliné. Ce
qui n'a pas empêché le ministre de la
guerre de convoquer les territoriaux.
Mauvais procès qu'il a mal plaidé et qu'il
n'a gagné que parce que la majorité répu-
blicaine n'a pas voulu faire le jeu de la
réaction. Il ne faudrait pas recommencer
souvent de pareilles maladresses. — Ch. B.
UN NOUVEAU JOURNAL
-
On nous annonce la prochaine apparition
d'un nouveau journal socialiste, qui serait
placé sous la direction politique de MM. Jean
Jaurès, F. de Pressensé et Briand.
L'ÉLECTION OU 2c ARRONDISSEMENT
M. Syveton recommence à entonner les airs
de bravoure qui ont séduit au mois de mai l'o-
reille de son public. Malheureuseument pour
lui, les électeurs du 2e arrondissement ne sem-
blent pas goûter la seconde audition avec au-
tant de plaisir que la première.
L'élection législative du 4e arrondissement et
l'élection municipale des Batignolles semblent
avoir défrisé le panache de la « Patrie fran-
çaise ».
Les républicains manifestent une ardeur de
bon augure et brûlent de prendre la revanche
qui leur est due.
On sait que les groupes radicaux-socialistes
du 2' arrondissement ont adopté la candida-
ture du citoyen Lucien Le Foyer.
C'est un jeune et un énergique, qui soumet-
tra l'activité de M. Syveton à .une épreuve
sévère.
Le citoyen Le Foyer s'est fait connaître par
detifiombreuses campagnes de conférences, sous
les auspices des associations républicaines.
Toutes nos sympathies accompagnent le can-
didat radical-socialiste dans la lutte qu'il en-
treprend, pour la République, contre le cléri-
calisme et toutes les réactions.
UNE UNIVERSITE DE JÉSUITES
(De notre correspondant particulier}
Rome, ti juin.- ,
La Compagnie de Jésus s'occupe du projet de
fonder une Université catholique à Milan. Elle
est en pourparlers pour acquérir la vieille ca-
serne de Ponto Novoqui sera adaptée à sa nou-
velle destination.
■ — .,■■■ !. I I I ■■■ ■ I —
UNE LIGUE FRANCO-ALLEMANDE
M. d'Estournelles de Constant, par une lettre
au Temps, nous fait connaître l'existence d'une
« Ligue Franco-Allemande » qui vient de se
fonder à Munich, et qui,d'après ses statuts, se
place sur ce terrain :
J. Travailler par tous les moyens honorables à
rétablir la bonne entente entre la France et l'Alle-
magne, d'abord.
Il. En donnant à la question d'Alsace-Lorraine
une solution aussi rapide et aussi satisfaisante
que possible.
Il y aurait lieu d'envisager particulièrement les
solutions suivantes :
a) Reconnaissance du statu quo;
(Inadmissible pour la France).
0) Restitution a la France ;
(Inadmissible pour l'Allemagne).,
e) Neutralisation ;
(Perte pour l'Allemagne sans profit peut la
France}.
d) Partage suivant la frontière linguistique;
(C'est-à-dire le territoire de langue allemande à
l'Allemagne, le territoire de langue française à la
France.)
Compensation à l'Allemagne par la cession d'une
colonie française, îles ou groupes d'iles à l'Alle-
magne. ;
Nous signalons le fait, nous réservant de l'ap-
- précier.
AUTOUR DU GRAND PRIX
Le pays de l'illogisme et du sport, —
Propriétaires, jockeys et che-
vaux. -Les rapports du pari
mutuel. — Cent sous pour
cinq francs. — Qui faitle
moins gagne le plus.
Soyons flers. de
nos chevaux!
La France est un pays qui brille, non seu-
lement par les mérites de sa production et de
sbn climat, mais aussi par son originalité ex-
trême. « Ces Français sont étonnants ». Voilà
une phrase qui revient sans cesse dans la con-
versation des étrangers. Et, d'être étonnants,
nous ne saurions être surpris. Le « pays des
lettres et des arts » est celui qui nie et tue les
littérateurs et les artistes; il établit sur les tom-
bes la consécration de ses gloires
Le métier éprouve à son tour les anomalies
dont il semblait que l'art eût le monopole. Un
notaire parisien gagne de cent à cinq cent mille
francs par an à ne rien faire ; et son principal
clerc, beaucoup moins rouillé que lui, parvient
toutefois à « s'oxyder » à raison de 6 ou 8,000
francs pour 365 jours. La demoiselle de comp-
toir d'une « épicerie modèle » achète, au prix
ou au mépris de sa santé, la satisfaction de
passer pour sa patronne, cependant que celle-ci,
dans les casinos à la mode, joue les princesses
ou les milliardaires en rupture de maris. Il y a
mieux encore, et si les industriels de marque se
font un jeu de leur métier, il est une autre ca-
tégorie de citoyens qui se font un métier du jeu.
Vous avez deviné que j'entendais parler des
courses.
Paris républicain
Après les grandes journées de Chantilly et
d'Auteuil, avec celle de Longchamp, c'est le
moment de s'étendre sur « l'amélioration na-
tionale de la race chevaline ». Vous avez pu
récemmÜhV constater à quel point la France
est fière de ses hippodromes. Paris impérial
offrait jadis la Belle Hélène et la blonde Schnei-
ner à ses hôtes royaux. Paris républicain a
convié Edouard VII à célébrer au pied du
Mont Valérien 11 victoire de John Bull et du
Tsar. (On s'est même demandé si, par une at-
tention délicate et bien conforme aux habitu-
des jadis proverbiales de la politesse française,,
ces deux noms chers à l'Anglais et au monar-
que n'avaient pas été classés premiers tout ex-
près). Ah ! dame, il est permis aux lecteurs des
comptes rendus sportifs de se livrer à toutes
les conjectures, puisque MM. les propriétaires
d'écuries se traitent parfois de voleurs dans
l'enceinte du pesage et coram populo.
Les dits propriétaires fréquentent les jockeys,
et les jockeys n'ont rien de commun avec la
femme de César : on les met fréquemment à
pied et, de temps à autre, une réclamation
admise à l'issue d'une course nous apprend que
le jockey gagnant à suivi le chemin de la
gloire, et non les règles de l'équité. Quelque-
fois, d'ailleurs, le numéro 1 est victime des in-
sinuations du numéro 2. Mais si le numéro 1
devient numéro 2 par la suite, il emploiera le
procédé de la « réclamation » avec les mêmes
chances de succès. Le plus honnête dans tout
cela, c'est encore le cheval ; s'il pouvait parler,
il en dirait long sur la conscience des bipèdes
qui l'améliorent. Car tout est là, morbleu!
améliorer le cheval, en le rendant étique et en
le faisant monter par des êtres invraisembla-
bles de jeunesse, de maigreur et de rouerie.
L'argent n'a pas d'odeur
Le bon public siffle parfois et crie au nez -
sinon à la barbe à venir — du cavalier : « A
bas le voleur! » Mais il n'y a guère que le che-
val qui semble se soucier de cette exclamation.
Jockeys et propriétaires savent fort bien que
cela ne tire point à conséquence, et que de-
main cette même foule, qui les conspue au-
jourd'hui, les aclamera triomphalement.
Car le public, lui, se préoccupe évidemment,
comme toute la France et la majeure partie de
la Navarre « de l'amélioration nationale de la
race chevaline », mais non moins du pari mu-
tuel. En cas de gain, nulle course ne lui paraît
faussée:
De l'argent qu'on reçoit, d'abord, c'est toujours
[clair.
Ce qui est dur, par exemple, c'est, ayant pris
le cheval qui gagne la course, de toucher cent
sous pour cinq francs. Je ne plaisante pas :
pareil phénomène a surgi le mois dernier à
Chantilly. Et les joueurs de la pelouse ont été
d'autant plus indignés que ceux du pesage
avaient touché 10 fr. 50 pour 10 francs,
Ah ! se sont-ils écriés — avec raison il faut en
convenir — que n'établit-on un seul rendement
pour les mises du pesage et de la pelouse ? Ces cin-
quante centimes de gain pour dix francs, répartis
entre les joueurs des deux classes du turf, eussent
donné un résultat général ; on eût touché unifor-
mément dans toute baraque o fr. Vi — qui sait ?
5 fr. 10 peut-être — pour cent sous !
Et la pelouse de « réclamer » énergiquement
« l'amélioration. du pari mutuel ».
Ce qui n'est pas moins bizarre, c'est de tou-
cher vingt francs pour un cheval gagnant, et
cinquante francs pour le même placé. Cela se
présente lorsque, dans une course, figurent
deux sujets appartenant à la même écurie. Le
gagnant partage la gloire et l'argent de la pre-
mière place avec le camarade qui porte ses
couleurs, mais la deuxième ou troisième place
est sa propriété exclusive et sans partage. 0 lo-
gique !
Le cheval de courses et ses ancêtres
Tout cela, du reste, est de peu d'impor-
tance. L'essentiel est que le cheval français
soit amélioré sans relâche. Cette amélioration
est d'autant plus utile que les chevaux le sont
moins. Les tramways à vapeur ou électriques,
le Métropolitain, les automobiles, bicyclettes,
tricycles, etc. font une concurrence sérieuse
et victorieuse à la traction animale. Mais, me
direz-vous, un cheval de courses n'est plus un
cheval de trait ?
Evidemment, et c'est en quoi nous amélio-
rons la race chevaline. Jadis, au bon vieux
temps, le cheval tirait autant qu'il portait, et
un peu partout. Le cheval de courses opère en
champ clos et ne soulève sur son épine dor-
sale qu'un squelette qui le pique à chaque
bond. Le poids masculin ne porte pas toujours
sur la selle, mais sur l'encolure du coursier.
C'est le « dernier cri d'Amérique ».
Allons, « enfants de la patrie », le jour de
gloire est arrivé, le Grand Prix de Paris pro-
jette une fois de plus ses rayons ardents sur le
monde. Et la France peut être flère do ses.
chevaux.
Fernand GENDRIER
LES CATASTROPHES AMÉRICAINES
Les ravages du feu. — Les crues
baissent un peu.
New-York, 5 juin.
Les incendies de forêts causés par la séche-
resse, car il n'a presque pas plu depuis 47
jours, font rage dans le nord-est des Etats-
Unis et dans les provinces du littoral du Ca-
nada, la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Bruns-
wick et la province de Québec.
Toutes ces régions se trouvent sous un
nuage de fumée et de cendres si épais que
l'obscurité empêche la circulation. La fumée
a donné une teinte jaunâtre à l'atmosphère,
au milieu de laquelle le soleil ressemble à un
pain à cacheter rouge. Mais, où les incendies
de forêts prennent le plus de gravité, c'est
dans les montagnes Adirondack, de l'Etat de
New-York.
Au Canada, la ville de Musquash (New-
Brunswick) a été détruite par un incendie de
forêts. 200 personnes sont sans abri. Le feu
s'est abattu sur la ville comme un ouragan.
La circulation a dû être arrêtée sur une
section du Canadian-Pacific, par suite de la
destruction des ponts par les flammes qu'active
un vent violent.
La ville de Québec elle-même serait en dan-
ger. Tous les pompiers ont été appelés pour
combattre le feu dans les environs ; mais ils
ont dû se retirer en abandonnant leurs pom-
pes. Les habitants des faubourgs de Québec se
sont réunis sur les rives du Saint-Laurent et
même à bord de bateaux. On craint que le feu
ne gagne la ville elle-même. Montréal est éga-
lement cernée par le feu, mais il n'y a pas de
danger immédiat.
A Hull, 24 maisons en bois ont brûlé. A
Ottawa, une usine et une imprimerie dans le
centre.de la ville ont été détruites par le feu.
Les dégâts sont évalués à 2.500.000 francs.
Le Mississipi monte toujours, mais la ri-
vière Kansas a baissé d'un mètre et demi. Les
eaux du Missouri et du Kau sont également en
baisse.
Voit* à la 3° page
les Dernières Dépêches
LOTERIES ETRANGERES
La négligence coupable du parquet de Paris
vis-à-Fis de la loterie hongroise a permis à
des milliers de Français d'envoyer leur épar-
gne aux banquiers de Budapesth, désignés
pour recruter les enjeux. Tous les moyens
ont été mis en œuvre par ceux-ci pour tenter
et séduire les gogos.
M. W. Ittner, banquier à Budapesth Sas-
utcza, 23, s'est chargé de l'envoi des derniers
prospectus. La particularité de ces circulaires
était leur illustration. La « Semeuse » de
Roty, qui décore si artistiquement nos mon-
naies et nos timbres, fut reproduite en tète
des élucubrations de M. Ittner, jetant à plei-
nes mains l'or et l'argent.
Le public était prévenu, qu'à grand peine et
spécialement pour la clientèle française on avait
pu réserver une petite quantité de billets. Les
amateurs devaient se presser car en raison du
grand nombre de demandes déjà reçues, il était
à supposer que la provision faite, au prix de
quels sacrifices, serait incessamment épuisée.
Le parquet a fermé les yeux sur le nouveau
délit commis, qui lui fut certainement signalé.
Le tirage de la loterie hongroise a commencé.
Et beaucoup déjà de nos compatriotes regret-
tent leur argent. Au fond, ils ne sont pas trop
à plaindre, car les avertissements ne leur ont
pas manqué.
Il est à noter que ce qui est toléré à Paris, est
sévèrement réprimé à Lyon où des poursuites
ont été ordonnées contre les agents de la loterie
hongroise. L'impunité assurée à ceux qui ont
pris la capitale pour théâtre de leurs exploits
les engage à continuer. Et c'est ce qu'ils font.
On a à peine achevé de.drainer les capitaux
français au profit de la loterie hongroise que
l'on recommence à le faire au profit de la lote-
rie hambourgeoise.
M. J. C. Horn, Hambourg ganse mark 19, a
mission de répandre l'annonce de la nouvelle
d'un prochain tirage.
« Une occasion exceptionnellement favorable
se présente en ce moment pour se créer un ca-
pital moyennant une très modeste mise de
fonds par la participation à la grande loterie
d'argent, pratiquée depuis un siècle et demi par
la Ville libre de Hambourg, ville cosmopolite
par excellence, et reconnue comme telle dans lé
monde entier » (?)
Nous allons voir si les agents de cette nou-
velle entreprise contre la petite épargne fran-
çaise bénéficieront de la même tolérance que
leurs prédécesseurs. — A.
:—A ■
TROIS DAMES TRAVERSANT LA MANCHE
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 5 juin.
La princesse Obolenski, la princesse Loubo-
witzki et la baronne Isacescou se proposent de
traverser la Manche à la nage en partant de
Calais. Mme Isacescou a déjà fait une tentative
de ce genre il y a deux ans, mais, par suite
d'un accident, elle a dû être recueillie avant
d'arriver à Douvres.
TRANSACTION ENTRE LE VATICAN ET L'ITALIE
(De notre correspondant particulier}
Rome, 5 juin.
Le Vatican n'est pas aussi intransigeant
qu'il voudrait le faire croire à ses fidèles. Il
vient d'acheter à l'Etat italien le vieux bâti-
ment de la Monnaie (la Zecca} pour la somme
de 400,000 francs, payables en deux fois,
Le contrat vient d'être signé par le ministre
du trésor et par un délégué spécial du Saint-
Siège.
»
L'ÉTAT INTÉRESSANT DE LA REINE HÉLÈNE
(De notre correspondant particulieri
Rome, 5 juin.
Le bulletin de la cour annoncera sous peu
officiellement que la reine Hélène se trouve
dans un état intéressant. On attend l'heureux
événement pour le mois d'octobre.
La reine est en très bonne santé et fera cette
année aussi un séjour prolongé dans le château
de Racconigi.
NOUVEAUX DÉTAILS SUR LES DÉSORDRES
DE KISCHENÉFF
(De notre correspondant particulierl
Genève, 5 juin.
La colonie des réfugiés révolutionnaires rus-
ses a reçu des renseignements détaillés sur les
désordres de Rischeneff. Des nombreuses lettres
de témoins oculaires il résulte quo le peuplè
était absolument étranger aux événements. Des
gens appartenant aux classes aisées et déguisés
en ouvriers endimanchés ont commis tous les
excès. Des dames du monde conduisaient les
groupes et leur indiquaient les maisons à piller,
Parmi les sicaires on a reconnu M. le notaire
Pizarzewski, MM. les grands propriétaires
Schtcherban et Balinski, le fils du millionnaire
Sinadine et le juge d'instruction Davidovitsch.
Le coup a été préparé par la police, car tous les
gardiens de la paix avaient été retirés de leurs
postes quelques heures avant les massacres. Le
commissaire de police M. Dobroselski l'annon-
çait trois jours auparavant lorsque dans le
magasin d'un buraliste juif, il enleva do force
cinq roubles à la caisse. La police voulait or-
ganiser des scènes pareilles dans une série de
villes, entre autres à Kieff. Elle agissait par
ordre supérieur et dans le. but de créer un dé-
rivatif. A noter que le préfet d'Akermann a
profité de la circonstance pour exécuter un pe-
tit chantage. Il a extorqué aux juifs 1,000 rou-
bles sous menaces d'organiser des massacres.
Les comités révolutionnaires ont décidé d'or-
ganiser des gardes prolétariennes armées pour
réprimer la moindre tentative des antisémites.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
LES TREIZE JOURS
M. Bourgeois préside.
M. Colliard développe son interpellation
sur les appels des treize jours en 1903.
M. Colliard. — Lors de la discussion du
budget de la guerre la Chambre a adopté à
une forte majorité son amendement tendant à
réduire de un million le crédit affecté à l'armée
territoriale en vue de la suppression en 1903 de
l'appel des territoriaux. Le Sénat avait adopté
également cet amendement.
L'appel des territoriaux devait, par consé-
quent, être supprimé. Il n'en a rien été. Le mi-
nistre de la guerre a convoqué cette année,
comme précédemment, les territoriaux ; pour
subvenir aux frais de cet appel, il a dû faire
donner de nombreux congés à l'armée ac-
tive. La volonté de la Chambre a été mé-
connue.
M. Colliard signale le surmenage dont
sont victimes les territoriaux. Il compte
sur le ministre de la guerre pour tout re-
mettre en ordre.
Le général André monte à la tribune.
Le général André. — On ne pourra
examiner la suppression des appels territoriaux
qu'au moment de la discussion de la loi de
deux ans. Pour l'instant, j'ai le devoir de faire
respecter la loi organique qui a institué les
treize jours.
Nous n'avons pas agi en cachette cette an-
née. J'ai dit, en séance publique du Sénat,que,
malgré la suppression d'un million, je pour-
rais trouver les crédits nécessaires à la convo-
cation de deux-demi classes de territoriaux.
M. Colliard. — C'est possible ; mais, à
la Chambre, vous aviez tenu un langage diffé-
rent.
tjis général André. — J'ai dit au Sénat
que je trouverais les crédits sur les autres ar-
ticles du chapitre. Je me suis d'abord arrangé
pour que la période des treize jours commence
et finisse un dimanche ; cela fait toujours une
économie. J'ai ensuite donné beaucoup de per-
missions ; on me le reproche, mais c'est mon
droit absolu.
Je n'avais pas celui de violer la loi de 1889
sur les appels de territoriaux.
Une intervention des réactionnaires se
produit à ce moment. Tout va s'embrouil-
ler.
M. de Montebello. — La Chambre
peut voir les inconvénients qu'il y a à modi-
fier les lois organiques par de simples motions
budgétaires. J'applaudirais à la mesure prise
par le ministre pour tourner la difficulté si elle
n'avait pas eu pour conséquence de boulever-
ser les effectifs en donnant des permissions si
nombreuses.
Mais le ministre a violé deux fois la volonté
du Parlement : d'abord en ne supprimant pas
les treize jours ; ensuite en réduisant les effec-
tifs. Je dépose un ordre du jour pour le cons-
tater. (Vifs applaudissements au centre et à
droite.)
Le colonel Rousset adresse de nouvelles
critiques du général André.
Le général André. — Je répète que,
pour l'appel des territoriaux, je suis lié
par une loi organique. Je ne pouvais pas ne
pas l'observer sans une invitation formelle du
Parlement.
M. Berteaux. — Au moment de la dis-
cussion du budget, quand nous avons accepté
la diminution d'un million, je n'ai pas caché
que nous ne pouvions pas modifier par une loi
budgétaire une loi organique.
Je m'étonne des critiques acerbes de M. de
Montebello et de ses amis. Ce sont eux qui ré-
clament sans cesse contre les atteintes portées
aux lois organiques par voie budgétaire et. ce
sont eux qui, aujourd'hui, veulent blâmer le
ministère de n'avoir pas appliqué, disent-ils,
la motion budgétaire de suppression des treize
jours.
La vérité, c'est qu'on veut, ainsi, se livrer à
une manœuvre politique. (Applaudissements à
gauche. )
- Nous discuterons bientôt la loi de deux ans,
nous verrons alors si ceux qui blâment le mi-
nistre de la guerre ont souci de réduire les
charges militaires, de les répartir également
entre tous les citoyens, ou s'ils n'ont unique-
ment d'aittrelbut que de viser sans cesse l'exis-
tence du ministère.
M. de Montebello. — Je ne puis pas
accepter les paroles de M. Berteaux. Nous n'a-
vons jamais entendu modifier une loi organi-
que par voie budgétaire et nous n'avons pas
voté l'amendement Colliard.
Devant la situation faite aux républi-
cains, M. Guyot-Dessaigne réclame l'ordre
du jour pur et simple.
M. Jaurès demande la parole. Il s'adresse
à la droite.
M. Jaurès. — Vos interruptions suffisent
à montrer la portée politique du débat. Les
républicains ne seront pas dupes de votre ma-
nœuvre; je voterai l'ordre du jour pur et sim-
ple. Ce que nous voulons, et ce que vous ne
voulez pas, c'est la loi de deux ans. — (Ap-
plaudissements à gauche. — Bruit au centre
et à gauche.)
Tous les adversaires de la loi de deux ans
cherchent à créer l'équivoque. M. de Monte-
bello est un des adversaires les plus acharnés
de cette loi. Ses amis, au Sénat, ne cessent de
faire de l'obstruction ; sa manœuvre d'aujour-
d'hui est une nouvelle obstruction. (Bruit au
centre et à droite.)
J'adjure M. Colliard et tous mes amis répu-
blicains de ne pas se laisser prendre au piège
réactionnaire qui leur est tendu.
On veut, par diversion, donner un premier
coup à la loi de deux ans. Je les supplie de ne
pas se prêter à la coalition qu'on tente de
réunir contre elle. (Applaudissements à gau-
che.)
M. Colliard, pour éviter toute manœuvre
politique de la part des réactionnaires, re-
tire son ordre du jour.
M. Paul ïîeauregard. — La manœu-
vre de M. Jaurès est audacieuse. Il ne s'agit
pas de se prononcer sur la loi de deux ans ;
elle viendra à son heure. Il s'agit de dire qui
est partisan ou adversaire des treize jours. On
veut, à gauche, avoir l'air de les supprimer
par réclame électorale ; mais on les maintient
en fait.
L'ordre du jour pur et simple est adopté
par315 voix contre 248.M. Lasies dépose une
proposition de suppression des 13 jours en
faveur de laquelle il demande l'urgence et
la discussion immédiate.
M. Guyot-Dessaigne demande le renvoi
de la proposition à la commission de l'ar-
mée.
M. Lasies proteste.
M. Bouveri, socialiste révolutionnaire,
annonce que ses amis voteront la proposi-
tion de M. Lasies, parce qu'ils sont parti-
sans de la suppression des 28 et des 13
jours.
M. Masse. — Mes .amis et moi ne vote-
rons pas la proposition de M. Lasies qui serait
platonique, puisqu'un certain nombre de ter-
ritoriaux ont déjà accompli leur période.
Le renvoi de la proposition Lasies à la
commission est ordonné par 288 voix con- =
tre 255. *
Les autres interpellations sont, en l'ab-;
sence du ministre de la guerre, appelé au
Sénat, renvoyées à vendredi.
La Chambre s'ajourne à lundi. — H. D.
8
AU SÉNAT
Le cas de M. Dimiep
M. Fallières, qui préside, fait l'éloge fu-
nèbre de M. Clamageran dont il retrace le
noble caractère et la carrière toute de dé-
vouement à la République. M. Fallières se
fait, en termes émus, l'interprète des vifs
regrets du Sénat.
M. de Lamarzelle interpelle « sur l'arrêté
du ministre de l'instruction publique, en
date du 5 mai 1903, par lequel M. Dimier,
professeur de philosophie au lycée de Va-
lenciennes, a été suspendu de ses fonc-
tions ».
M. de Lamarzellé proteste très longue-
ment et avec beaucoup d'aigreur contre cet
arrêté. -
M. Chaumié rappelle que l'arrêté a été
pris par M. Trouillot, qui faisait l'intérim
du ministère de l'instruction publique. M.
Chaumié ne revendique pas moins toute la
responsabilité d'un acte dont on ne saurait
blâmer la juste sévérité.
M. Dimier a participé, à Valencîennes, à
une manifestation en faveur des PP. ma-
ristes.
M. Chaumié. — Les adversaires les plus
signalés du gouvernement étaient là. C'est
alors qu'on vit paraître, au milieu d'eux, M.
Dimier. Sa présence provoqua un sentiment de
profonde surprise, non seulement chez les ré-
publicains présents, mais même les militants
de l'opposition. Ce n'était point là, en effet, la
place d'un éducateur de la jeunesse. (Très
bien !)
Le rôle d'un professeur de l'Université n'est
pas de prendre part il des manifestations publi-
ques contre le gouvernement. (Applaudisse-
ments à gauche,)
M. Dimier pénétra dans le couvent avec les
manifestants, y demeura une heure un quart et
en ressortit avec eux. Appelé le lendemain chez
le proviseur, il répondit aux questions qui lui
étaient faites par cette lettre, qu'a citée M. de
Lamarzelle.
Il résulte clairement de cette lettre, que M.
Dimier a bien et incontestablement pris
part à un acte public de protestation contre
l'action légale du gouvernement du pays.
Dans ces conditions, il était impossible au
gouvernement d'assister, les yeux fermés, à
cette bravade, son devoir était de sévir. (Très
bien !) 11 a sévi avec bénignité, vous le savez
déjà, puisqu'il s'est borné à prononcer une
suspension insignifiante sans privation de trai-
tement.
M. Dimier n'a pas accepté la pénalité lé-
gère qu'il avait encourue. Il m'a adressé sa
démission, je l'ai acceptée, il a cessé de faira
partie de l'Université, je n'ai donc plus à
m'occuper de lui. (Très bien ! très bien 1) -
M. Delpech s'étonne du vent de clérica-
lisme et d'intolérance qui souffle dans une
partie de l'Université.
On adopte, par 192 voix contré 27, un
ordre du jour de M. Giraud ainsi conçu :
Le Sénat, confiant dans la fermeté du gou-
vernement pour exiger des fonctionnaires de la
République le respect des institutions et des
lois, passe à l'ordre du jour.
Le Sénat adopte en dernier lieu tes art,
39 à 53 de la loi de deux ans.
Séance mardi. — H. D.
,' 11 -iîu
Les Coulisses des Chambres
La commission des douanes
La commission des douanes, réunie sous la
présidence de M. Noël, a examiné les divers
amendements qui lui avaient été renvoyés au
cours de la discussion du budget sur le régime
des sucres.
A la commission da commerce
La commission du commerce et de l'indus-
trie, réunie sous la présidence de M. Astier, a
entendu M. Chapsal, directeur du cabinet du
ministre du commerce, au sujet du projet de
loi sur l'établissement des zoues franches dans
les ports maritimes.
Elle a entendu sur le même projet la délé-
gation de l'Association de l'industrie et de l'a-
griculture françaises, présentée par MM. Gus-
tave Denis et Fortier, sénateurs.
La commission a adopté le projet de loi re-
latif aux unités fondamentales du système mé-
trique et nommé M. Astier rapporteur.
M. Vigouroux, rapporteur de la proposition
de loi Engerand sur l'apprentissage de la den-
telle à la main, a fait adopter ses conclusions.
Son rapport sera déposé prochainement.
lies alcools industriels
La commission des alcools industriels et des
dénaturants a tenu sa première séance hier ma-
tin, au ministère des finances, sous la prési-
dence de M. Jean Dupuy, sénateur.
Elle a nommé vice-présidents M. Viger, sé-
nateur, et M. Klotz, député.
A la suite d'une discussion générale, la
commission a chargé plusieurs de ses mem-
bres, divisés en trois délégations, d'étudier
préalablement :
Ie Le prix de revient de l'alcool ;
2S Les dénaturants ;
3° Les transports et les facilités administrative.
Les mécaniciens
La commission sénatoriale des chauffeurs et
mécaniciens a commencé à examiner le contre-
projet de M. Waldeck-Rousseau. Elle a décide
d'entendre de nouveau tous les intéressés.
Les congrégations
La commission sénatoriale des congrégations,
sous la présidence de M. Clemenceau, s'est
occupée de la demande en autorisation des
frères Saint-Jean-de-Dieu, transmise avec avis
favorable par le gouvernement. Elle a entendu
le rapport, également favorable, rédigé par
M. Milliès-Lacroix.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin à
l'Elysée sous la présidence de M. Loubet.
Le président du conseil a soumis à la signa-
ture du Président de la République les 81 pro-
jets de loi relatifs aux demandes en autorisa-
tion formées par les congrégations enseigu--,
de femmes. -
; ; 1
'Le Numéro ClWo^ef^rJlrilVlEg ■
ABONNEMENTS
Paris. Trois mois 6 f. six mon 11 f. un a 20 f.
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RÉDACTION î 14, rue du MaiJ, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du malin
No 12140. — Diznanche' 7 Juin 1903
19 PRAIRIAL AN 111
ADIIINISTRATION ; 14, rue du llail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
-
Pour fflwJtaMT
Le Rappel a déjà annoncé la cérémo-
nie qui aura lieu, dimanche, au Père-
Lachaise, à 3 heures ; cérémonie com-
niémorative de la mort d'Anatole de
La Forge, organisée par l'Union dé-
mocratique des anciens défenseurs de
la patrie.
Il y a des souvenirs bons à rappeler;
celui-ci en est un :
***
Le 8 octobre 1870, les Prussiens
se présentaient devant Saint-Quentin.
— A cette date : Paris était investi ;
Bazaine, enfermé dans Metz, négociait
sa trahison ; Strasbourg avait ouvert
ses portes ; Toul était rendu ; l'armée
de la Loire existait à peine, n'avait pas
encore combattu. — Les Prussiens
occupaient déjà Laon, et le préfet de
l'Aisne, nommé par le gouvernement
de la Défense nationale, avait dû trans-
porter le siège de la préfecture à Saint-
Quentin. En arrivant, il lança ce mot
d'ordre : Résistance.
La population était ptekie d'ardeur :
la garde nationale demandait à se
battre. Saint-Quentin est ville ouverte;
on fit sauter les ponts ; on dressa des
barricardes ; on attendit.
Le 8 octobre, à deux heures du ma-
tin, le tocsin sonne à toute volée, la
générale, teatt'ue par les rues, avertit
de l'appv he de l'ennemi. Favo-
risés par le brouillard qui cachait leur
marche silencieuse et sournoise à tra-
vers les bois, les Prussiens avaient
pu parvenir jusqu'aux faubourgs. On
court aux armes ; on se précipite. Des
coups de fusil retentissent ; la barri-
cade est attaquée, se défend. Le préfet
arrive, revolver dans une main, épée
dans l'autre, crie : — « Allons ! mes
enfants ! au devoir ! »
Un feu bien nourri, bien dirigé,
accueille les Prussiens qui reculent,
laissant des blessés et des morts der-
rière eux. Ils reviennent à la charge.
La barricade les reçoit par de nou-
velles décharges. Pendant quatre heu-
res on se fusille. Enfin, le clairon
allemand annonce la retraite. L'hon-
neur est sauf.
Le préfet, resté au premier rang des
combattants, payant de sa personne, a
été blessé à la jambe. Le lendemain,
il adressera aux défenseurs de la ville
la proclamation suivante :
Le préfet du département de l'Aisne, délé-
gué du gouvernement de la Défense nationale,
Félicite la garde nationale, les pompiers et
les francs-tireurs de Saint-Quentin de leur vi-
goureuse résistance. Jamais vieilles troupes
n'ont montré plus de sang-froid et de décision
que les vaillants défenseurs de la ville dans
la journée du samedi 8 octobre 1870.
Cette date prendra place dans l'histoire de la
cité, à côté de la glorieuse défense de 1557.
La France, si douloureusement éprouvée,
verra que les citoyens de Saint-Quentin, ville
ouverte, n'ont pas dégénéré, et qu'ils reçoi-
vent aujourd'hui l'invasion prussienne, comme
leurs pères ont reçu -jadis l'invasion espa-
gnole.
Honneur donc aux gardes nationaux, aux
pompiers, aux franc-tireurs; ils ont tous, ainsi
que la population de Saint-Quentin, bien mé-
rité de la patrie.
A Saint-Quentin, en l'hôtel de la Préfecture,
ie 9 octobre 1870.
Anatole de la Forge.
***
J'ai dit, tout à l'heure : « L'honneur
était sauf. » En effet, il ne s'agissait que
de cela : sauver l'honneur.
Saint-Quentin, dépourvu de tous
moyens de défense, sans approvision-
nements d'aucune sorte, sans garnison,
sans armes, ne pouvait soutenir un
siège, prolonger sa résistance de façon
eHicace. Le 21 octobre, les Prussiens
revenaient, en forces considérables,
exigeaient la capitulation immédiate et
le paiement d'une grosse indemnité.
Saint-Quentin avait fait tout ce qu'il
pouvait faire.
Mais n'est-ce donc rien que d'avoir
sauvé l'honneur ? — Songez à ce que
fut cette guerre si criminellement enga-
gée. Rappelez-vous toutes les hontes de
ces temps-là. Rappelez-vous l'armée de
Sedan menée au gouffre par son chef
imbécile ; rappelez-vous l'armée de
Metz vendue par son général traître ;
rappelez-vous Paris livré, malgré l'ab-
négation, malgré l'héroïsme de sa po-
pulation, par l'incapacité de cet ignoble
gouvernement, non de la Défense, mais
de la capitulation nationale. Evoquez
devant votre souvenir indigné ce tas
d'hommes sur la mémoire de qui pè-
sent de si lourdes responsabilités : les
Bazaine, les Trochu, les Ducrot, les de
Failly, les Mac-Mahon, faisant cortège
au Napoléon III couvert de fange. Dites:
0-ii en serions-nous, et que resterait-il
aujourd'hui de la France si, pour faire
équilibre à tant d'ignominie et à tant
de sottise, il n'y avait pas eu des bra-
ves gens pour sauver l'honneur ?
Oh ! vers tous ceux-là, depuis notre
grand Gambetta qui organisa si super-
bement la résistance jusqu'il ce garde
national dont le nom est inconnu qui,
le 8 octobre, sur la barricade de Saint-
Quentin, répondait à quelqu'un qui
parlait de se rendre : « Quoi donc ? on
commence à peine à s'échauffer! »
Vers tous, notre gratitude s'élève. Ce
sont eux : les trente sous de Buzenval;
a Mob" a de Êssrget; les soldats
de Faidherbe, qui, à Bapaume, repous-
sèrent l'ennemi ; les volontaires de
Garibaldi qui, devant Dijon, enlevè-
rent notre seul trophée de gloire de la
campagne, le drapeau du 11e poméra-
nien ; les francs-tireurs, qui s'enseve-
lirent sous les ruines de Châteaudun;
les défenseurs de Verdun, que saluait
le roi de Prusse lui-même; oui, ce sont
eux qui nous ont donné, vous enten-
dez bien, le droit de vivre encore après
la défaite.
S'il y a encore une France au monde,
c'est à eux que nous le devons. Ils ont
sauvé l'honneur ; et c'est de cet hon-
neur que nous existons à l'heure ac-
tuelle. Ne les oublions jamais.
Anatole de la Forge fut de ceux-là
qui contribuèrent à sauver l'honneur
de la patrie. C'était,ce fonctionnaire de
la veille, improvisé soldat, fait héros
par l'ardeur de son patriotisme, un
journaliste. Qu'il nous soit permis de
nous enorgueillir d'un tel confrère.
Pendant dix ans, il fit partie du comité
de l'Association des journalistes répu-
blicains, jusqu'à sa mort. Nous, les
jeunes, qui étions des enfants au mo
ment des batailles, nous le regardions
avec respect, parce qu'il symbolisait à
nos yeux la France dressée superbe-
ment contre l'invasion.
Je dis que l'on a raison de lui rendre
hommage, de ne pas vouloir que cette
grande et noble figure s'efface dans
l'oubli. Saluons.
Lucien Victor-Meunier.
■ —
LES 13 JOURS
Le général André a failli être
renversé hier à la Chambre.
Il s'en est fallu de fort peu. L'un
de nous aurait posé cette ques-
tion : « Le ministre s'engage-t-
> il à appuyei la proposition de
loi que va déposer la commission de J'ar-
mée et qui porte suppression des 13 jours?»
le ministre disait non. Et il était par
terre.
J'écris ceci pour répondre à certains qui
ont accusé des radicaux-socialistes dont je
suis de chercher à renverser le ministère.
Non. Nous savons quand il le faut avaler
des couleuvres. On nous fait voter en ce
moment contre nos principes et contre nos
programmes. Soit. Mais, ce n'est pas parce
que des socialistes ministériels font comme
nous que nous nous croyons à l'abri de ré-
clamations électorales. Nous avons voté
dans un intérêt supérieur, la droite ayant
fait de ce débat une discussion politique.
Car il s'agissait des 13 jours. La Cham-
bre a supprimé le crédit d'abord et ensuite
l'a diminué pour 1903. Le Sénat a voulu le
rétablir. On lui a fait observer qu'il violait
la Constitution. Le Sénat s'est incliné. Ce
qui n'a pas empêché le ministre de la
guerre de convoquer les territoriaux.
Mauvais procès qu'il a mal plaidé et qu'il
n'a gagné que parce que la majorité répu-
blicaine n'a pas voulu faire le jeu de la
réaction. Il ne faudrait pas recommencer
souvent de pareilles maladresses. — Ch. B.
UN NOUVEAU JOURNAL
-
On nous annonce la prochaine apparition
d'un nouveau journal socialiste, qui serait
placé sous la direction politique de MM. Jean
Jaurès, F. de Pressensé et Briand.
L'ÉLECTION OU 2c ARRONDISSEMENT
M. Syveton recommence à entonner les airs
de bravoure qui ont séduit au mois de mai l'o-
reille de son public. Malheureuseument pour
lui, les électeurs du 2e arrondissement ne sem-
blent pas goûter la seconde audition avec au-
tant de plaisir que la première.
L'élection législative du 4e arrondissement et
l'élection municipale des Batignolles semblent
avoir défrisé le panache de la « Patrie fran-
çaise ».
Les républicains manifestent une ardeur de
bon augure et brûlent de prendre la revanche
qui leur est due.
On sait que les groupes radicaux-socialistes
du 2' arrondissement ont adopté la candida-
ture du citoyen Lucien Le Foyer.
C'est un jeune et un énergique, qui soumet-
tra l'activité de M. Syveton à .une épreuve
sévère.
Le citoyen Le Foyer s'est fait connaître par
detifiombreuses campagnes de conférences, sous
les auspices des associations républicaines.
Toutes nos sympathies accompagnent le can-
didat radical-socialiste dans la lutte qu'il en-
treprend, pour la République, contre le cléri-
calisme et toutes les réactions.
UNE UNIVERSITE DE JÉSUITES
(De notre correspondant particulier}
Rome, ti juin.- ,
La Compagnie de Jésus s'occupe du projet de
fonder une Université catholique à Milan. Elle
est en pourparlers pour acquérir la vieille ca-
serne de Ponto Novoqui sera adaptée à sa nou-
velle destination.
■ — .,■■■ !. I I I ■■■ ■ I —
UNE LIGUE FRANCO-ALLEMANDE
M. d'Estournelles de Constant, par une lettre
au Temps, nous fait connaître l'existence d'une
« Ligue Franco-Allemande » qui vient de se
fonder à Munich, et qui,d'après ses statuts, se
place sur ce terrain :
J. Travailler par tous les moyens honorables à
rétablir la bonne entente entre la France et l'Alle-
magne, d'abord.
Il. En donnant à la question d'Alsace-Lorraine
une solution aussi rapide et aussi satisfaisante
que possible.
Il y aurait lieu d'envisager particulièrement les
solutions suivantes :
a) Reconnaissance du statu quo;
(Inadmissible pour la France).
0) Restitution a la France ;
(Inadmissible pour l'Allemagne).,
e) Neutralisation ;
(Perte pour l'Allemagne sans profit peut la
France}.
d) Partage suivant la frontière linguistique;
(C'est-à-dire le territoire de langue allemande à
l'Allemagne, le territoire de langue française à la
France.)
Compensation à l'Allemagne par la cession d'une
colonie française, îles ou groupes d'iles à l'Alle-
magne. ;
Nous signalons le fait, nous réservant de l'ap-
- précier.
AUTOUR DU GRAND PRIX
Le pays de l'illogisme et du sport, —
Propriétaires, jockeys et che-
vaux. -Les rapports du pari
mutuel. — Cent sous pour
cinq francs. — Qui faitle
moins gagne le plus.
Soyons flers. de
nos chevaux!
La France est un pays qui brille, non seu-
lement par les mérites de sa production et de
sbn climat, mais aussi par son originalité ex-
trême. « Ces Français sont étonnants ». Voilà
une phrase qui revient sans cesse dans la con-
versation des étrangers. Et, d'être étonnants,
nous ne saurions être surpris. Le « pays des
lettres et des arts » est celui qui nie et tue les
littérateurs et les artistes; il établit sur les tom-
bes la consécration de ses gloires
Le métier éprouve à son tour les anomalies
dont il semblait que l'art eût le monopole. Un
notaire parisien gagne de cent à cinq cent mille
francs par an à ne rien faire ; et son principal
clerc, beaucoup moins rouillé que lui, parvient
toutefois à « s'oxyder » à raison de 6 ou 8,000
francs pour 365 jours. La demoiselle de comp-
toir d'une « épicerie modèle » achète, au prix
ou au mépris de sa santé, la satisfaction de
passer pour sa patronne, cependant que celle-ci,
dans les casinos à la mode, joue les princesses
ou les milliardaires en rupture de maris. Il y a
mieux encore, et si les industriels de marque se
font un jeu de leur métier, il est une autre ca-
tégorie de citoyens qui se font un métier du jeu.
Vous avez deviné que j'entendais parler des
courses.
Paris républicain
Après les grandes journées de Chantilly et
d'Auteuil, avec celle de Longchamp, c'est le
moment de s'étendre sur « l'amélioration na-
tionale de la race chevaline ». Vous avez pu
récemmÜhV constater à quel point la France
est fière de ses hippodromes. Paris impérial
offrait jadis la Belle Hélène et la blonde Schnei-
ner à ses hôtes royaux. Paris républicain a
convié Edouard VII à célébrer au pied du
Mont Valérien 11 victoire de John Bull et du
Tsar. (On s'est même demandé si, par une at-
tention délicate et bien conforme aux habitu-
des jadis proverbiales de la politesse française,,
ces deux noms chers à l'Anglais et au monar-
que n'avaient pas été classés premiers tout ex-
près). Ah ! dame, il est permis aux lecteurs des
comptes rendus sportifs de se livrer à toutes
les conjectures, puisque MM. les propriétaires
d'écuries se traitent parfois de voleurs dans
l'enceinte du pesage et coram populo.
Les dits propriétaires fréquentent les jockeys,
et les jockeys n'ont rien de commun avec la
femme de César : on les met fréquemment à
pied et, de temps à autre, une réclamation
admise à l'issue d'une course nous apprend que
le jockey gagnant à suivi le chemin de la
gloire, et non les règles de l'équité. Quelque-
fois, d'ailleurs, le numéro 1 est victime des in-
sinuations du numéro 2. Mais si le numéro 1
devient numéro 2 par la suite, il emploiera le
procédé de la « réclamation » avec les mêmes
chances de succès. Le plus honnête dans tout
cela, c'est encore le cheval ; s'il pouvait parler,
il en dirait long sur la conscience des bipèdes
qui l'améliorent. Car tout est là, morbleu!
améliorer le cheval, en le rendant étique et en
le faisant monter par des êtres invraisembla-
bles de jeunesse, de maigreur et de rouerie.
L'argent n'a pas d'odeur
Le bon public siffle parfois et crie au nez -
sinon à la barbe à venir — du cavalier : « A
bas le voleur! » Mais il n'y a guère que le che-
val qui semble se soucier de cette exclamation.
Jockeys et propriétaires savent fort bien que
cela ne tire point à conséquence, et que de-
main cette même foule, qui les conspue au-
jourd'hui, les aclamera triomphalement.
Car le public, lui, se préoccupe évidemment,
comme toute la France et la majeure partie de
la Navarre « de l'amélioration nationale de la
race chevaline », mais non moins du pari mu-
tuel. En cas de gain, nulle course ne lui paraît
faussée:
De l'argent qu'on reçoit, d'abord, c'est toujours
[clair.
Ce qui est dur, par exemple, c'est, ayant pris
le cheval qui gagne la course, de toucher cent
sous pour cinq francs. Je ne plaisante pas :
pareil phénomène a surgi le mois dernier à
Chantilly. Et les joueurs de la pelouse ont été
d'autant plus indignés que ceux du pesage
avaient touché 10 fr. 50 pour 10 francs,
Ah ! se sont-ils écriés — avec raison il faut en
convenir — que n'établit-on un seul rendement
pour les mises du pesage et de la pelouse ? Ces cin-
quante centimes de gain pour dix francs, répartis
entre les joueurs des deux classes du turf, eussent
donné un résultat général ; on eût touché unifor-
mément dans toute baraque o fr. Vi — qui sait ?
5 fr. 10 peut-être — pour cent sous !
Et la pelouse de « réclamer » énergiquement
« l'amélioration. du pari mutuel ».
Ce qui n'est pas moins bizarre, c'est de tou-
cher vingt francs pour un cheval gagnant, et
cinquante francs pour le même placé. Cela se
présente lorsque, dans une course, figurent
deux sujets appartenant à la même écurie. Le
gagnant partage la gloire et l'argent de la pre-
mière place avec le camarade qui porte ses
couleurs, mais la deuxième ou troisième place
est sa propriété exclusive et sans partage. 0 lo-
gique !
Le cheval de courses et ses ancêtres
Tout cela, du reste, est de peu d'impor-
tance. L'essentiel est que le cheval français
soit amélioré sans relâche. Cette amélioration
est d'autant plus utile que les chevaux le sont
moins. Les tramways à vapeur ou électriques,
le Métropolitain, les automobiles, bicyclettes,
tricycles, etc. font une concurrence sérieuse
et victorieuse à la traction animale. Mais, me
direz-vous, un cheval de courses n'est plus un
cheval de trait ?
Evidemment, et c'est en quoi nous amélio-
rons la race chevaline. Jadis, au bon vieux
temps, le cheval tirait autant qu'il portait, et
un peu partout. Le cheval de courses opère en
champ clos et ne soulève sur son épine dor-
sale qu'un squelette qui le pique à chaque
bond. Le poids masculin ne porte pas toujours
sur la selle, mais sur l'encolure du coursier.
C'est le « dernier cri d'Amérique ».
Allons, « enfants de la patrie », le jour de
gloire est arrivé, le Grand Prix de Paris pro-
jette une fois de plus ses rayons ardents sur le
monde. Et la France peut être flère do ses.
chevaux.
Fernand GENDRIER
LES CATASTROPHES AMÉRICAINES
Les ravages du feu. — Les crues
baissent un peu.
New-York, 5 juin.
Les incendies de forêts causés par la séche-
resse, car il n'a presque pas plu depuis 47
jours, font rage dans le nord-est des Etats-
Unis et dans les provinces du littoral du Ca-
nada, la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Bruns-
wick et la province de Québec.
Toutes ces régions se trouvent sous un
nuage de fumée et de cendres si épais que
l'obscurité empêche la circulation. La fumée
a donné une teinte jaunâtre à l'atmosphère,
au milieu de laquelle le soleil ressemble à un
pain à cacheter rouge. Mais, où les incendies
de forêts prennent le plus de gravité, c'est
dans les montagnes Adirondack, de l'Etat de
New-York.
Au Canada, la ville de Musquash (New-
Brunswick) a été détruite par un incendie de
forêts. 200 personnes sont sans abri. Le feu
s'est abattu sur la ville comme un ouragan.
La circulation a dû être arrêtée sur une
section du Canadian-Pacific, par suite de la
destruction des ponts par les flammes qu'active
un vent violent.
La ville de Québec elle-même serait en dan-
ger. Tous les pompiers ont été appelés pour
combattre le feu dans les environs ; mais ils
ont dû se retirer en abandonnant leurs pom-
pes. Les habitants des faubourgs de Québec se
sont réunis sur les rives du Saint-Laurent et
même à bord de bateaux. On craint que le feu
ne gagne la ville elle-même. Montréal est éga-
lement cernée par le feu, mais il n'y a pas de
danger immédiat.
A Hull, 24 maisons en bois ont brûlé. A
Ottawa, une usine et une imprimerie dans le
centre.de la ville ont été détruites par le feu.
Les dégâts sont évalués à 2.500.000 francs.
Le Mississipi monte toujours, mais la ri-
vière Kansas a baissé d'un mètre et demi. Les
eaux du Missouri et du Kau sont également en
baisse.
Voit* à la 3° page
les Dernières Dépêches
LOTERIES ETRANGERES
La négligence coupable du parquet de Paris
vis-à-Fis de la loterie hongroise a permis à
des milliers de Français d'envoyer leur épar-
gne aux banquiers de Budapesth, désignés
pour recruter les enjeux. Tous les moyens
ont été mis en œuvre par ceux-ci pour tenter
et séduire les gogos.
M. W. Ittner, banquier à Budapesth Sas-
utcza, 23, s'est chargé de l'envoi des derniers
prospectus. La particularité de ces circulaires
était leur illustration. La « Semeuse » de
Roty, qui décore si artistiquement nos mon-
naies et nos timbres, fut reproduite en tète
des élucubrations de M. Ittner, jetant à plei-
nes mains l'or et l'argent.
Le public était prévenu, qu'à grand peine et
spécialement pour la clientèle française on avait
pu réserver une petite quantité de billets. Les
amateurs devaient se presser car en raison du
grand nombre de demandes déjà reçues, il était
à supposer que la provision faite, au prix de
quels sacrifices, serait incessamment épuisée.
Le parquet a fermé les yeux sur le nouveau
délit commis, qui lui fut certainement signalé.
Le tirage de la loterie hongroise a commencé.
Et beaucoup déjà de nos compatriotes regret-
tent leur argent. Au fond, ils ne sont pas trop
à plaindre, car les avertissements ne leur ont
pas manqué.
Il est à noter que ce qui est toléré à Paris, est
sévèrement réprimé à Lyon où des poursuites
ont été ordonnées contre les agents de la loterie
hongroise. L'impunité assurée à ceux qui ont
pris la capitale pour théâtre de leurs exploits
les engage à continuer. Et c'est ce qu'ils font.
On a à peine achevé de.drainer les capitaux
français au profit de la loterie hongroise que
l'on recommence à le faire au profit de la lote-
rie hambourgeoise.
M. J. C. Horn, Hambourg ganse mark 19, a
mission de répandre l'annonce de la nouvelle
d'un prochain tirage.
« Une occasion exceptionnellement favorable
se présente en ce moment pour se créer un ca-
pital moyennant une très modeste mise de
fonds par la participation à la grande loterie
d'argent, pratiquée depuis un siècle et demi par
la Ville libre de Hambourg, ville cosmopolite
par excellence, et reconnue comme telle dans lé
monde entier » (?)
Nous allons voir si les agents de cette nou-
velle entreprise contre la petite épargne fran-
çaise bénéficieront de la même tolérance que
leurs prédécesseurs. — A.
:—A ■
TROIS DAMES TRAVERSANT LA MANCHE
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 5 juin.
La princesse Obolenski, la princesse Loubo-
witzki et la baronne Isacescou se proposent de
traverser la Manche à la nage en partant de
Calais. Mme Isacescou a déjà fait une tentative
de ce genre il y a deux ans, mais, par suite
d'un accident, elle a dû être recueillie avant
d'arriver à Douvres.
TRANSACTION ENTRE LE VATICAN ET L'ITALIE
(De notre correspondant particulier}
Rome, 5 juin.
Le Vatican n'est pas aussi intransigeant
qu'il voudrait le faire croire à ses fidèles. Il
vient d'acheter à l'Etat italien le vieux bâti-
ment de la Monnaie (la Zecca} pour la somme
de 400,000 francs, payables en deux fois,
Le contrat vient d'être signé par le ministre
du trésor et par un délégué spécial du Saint-
Siège.
»
L'ÉTAT INTÉRESSANT DE LA REINE HÉLÈNE
(De notre correspondant particulieri
Rome, 5 juin.
Le bulletin de la cour annoncera sous peu
officiellement que la reine Hélène se trouve
dans un état intéressant. On attend l'heureux
événement pour le mois d'octobre.
La reine est en très bonne santé et fera cette
année aussi un séjour prolongé dans le château
de Racconigi.
NOUVEAUX DÉTAILS SUR LES DÉSORDRES
DE KISCHENÉFF
(De notre correspondant particulierl
Genève, 5 juin.
La colonie des réfugiés révolutionnaires rus-
ses a reçu des renseignements détaillés sur les
désordres de Rischeneff. Des nombreuses lettres
de témoins oculaires il résulte quo le peuplè
était absolument étranger aux événements. Des
gens appartenant aux classes aisées et déguisés
en ouvriers endimanchés ont commis tous les
excès. Des dames du monde conduisaient les
groupes et leur indiquaient les maisons à piller,
Parmi les sicaires on a reconnu M. le notaire
Pizarzewski, MM. les grands propriétaires
Schtcherban et Balinski, le fils du millionnaire
Sinadine et le juge d'instruction Davidovitsch.
Le coup a été préparé par la police, car tous les
gardiens de la paix avaient été retirés de leurs
postes quelques heures avant les massacres. Le
commissaire de police M. Dobroselski l'annon-
çait trois jours auparavant lorsque dans le
magasin d'un buraliste juif, il enleva do force
cinq roubles à la caisse. La police voulait or-
ganiser des scènes pareilles dans une série de
villes, entre autres à Kieff. Elle agissait par
ordre supérieur et dans le. but de créer un dé-
rivatif. A noter que le préfet d'Akermann a
profité de la circonstance pour exécuter un pe-
tit chantage. Il a extorqué aux juifs 1,000 rou-
bles sous menaces d'organiser des massacres.
Les comités révolutionnaires ont décidé d'or-
ganiser des gardes prolétariennes armées pour
réprimer la moindre tentative des antisémites.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
LES TREIZE JOURS
M. Bourgeois préside.
M. Colliard développe son interpellation
sur les appels des treize jours en 1903.
M. Colliard. — Lors de la discussion du
budget de la guerre la Chambre a adopté à
une forte majorité son amendement tendant à
réduire de un million le crédit affecté à l'armée
territoriale en vue de la suppression en 1903 de
l'appel des territoriaux. Le Sénat avait adopté
également cet amendement.
L'appel des territoriaux devait, par consé-
quent, être supprimé. Il n'en a rien été. Le mi-
nistre de la guerre a convoqué cette année,
comme précédemment, les territoriaux ; pour
subvenir aux frais de cet appel, il a dû faire
donner de nombreux congés à l'armée ac-
tive. La volonté de la Chambre a été mé-
connue.
M. Colliard signale le surmenage dont
sont victimes les territoriaux. Il compte
sur le ministre de la guerre pour tout re-
mettre en ordre.
Le général André monte à la tribune.
Le général André. — On ne pourra
examiner la suppression des appels territoriaux
qu'au moment de la discussion de la loi de
deux ans. Pour l'instant, j'ai le devoir de faire
respecter la loi organique qui a institué les
treize jours.
Nous n'avons pas agi en cachette cette an-
née. J'ai dit, en séance publique du Sénat,que,
malgré la suppression d'un million, je pour-
rais trouver les crédits nécessaires à la convo-
cation de deux-demi classes de territoriaux.
M. Colliard. — C'est possible ; mais, à
la Chambre, vous aviez tenu un langage diffé-
rent.
tjis général André. — J'ai dit au Sénat
que je trouverais les crédits sur les autres ar-
ticles du chapitre. Je me suis d'abord arrangé
pour que la période des treize jours commence
et finisse un dimanche ; cela fait toujours une
économie. J'ai ensuite donné beaucoup de per-
missions ; on me le reproche, mais c'est mon
droit absolu.
Je n'avais pas celui de violer la loi de 1889
sur les appels de territoriaux.
Une intervention des réactionnaires se
produit à ce moment. Tout va s'embrouil-
ler.
M. de Montebello. — La Chambre
peut voir les inconvénients qu'il y a à modi-
fier les lois organiques par de simples motions
budgétaires. J'applaudirais à la mesure prise
par le ministre pour tourner la difficulté si elle
n'avait pas eu pour conséquence de boulever-
ser les effectifs en donnant des permissions si
nombreuses.
Mais le ministre a violé deux fois la volonté
du Parlement : d'abord en ne supprimant pas
les treize jours ; ensuite en réduisant les effec-
tifs. Je dépose un ordre du jour pour le cons-
tater. (Vifs applaudissements au centre et à
droite.)
Le colonel Rousset adresse de nouvelles
critiques du général André.
Le général André. — Je répète que,
pour l'appel des territoriaux, je suis lié
par une loi organique. Je ne pouvais pas ne
pas l'observer sans une invitation formelle du
Parlement.
M. Berteaux. — Au moment de la dis-
cussion du budget, quand nous avons accepté
la diminution d'un million, je n'ai pas caché
que nous ne pouvions pas modifier par une loi
budgétaire une loi organique.
Je m'étonne des critiques acerbes de M. de
Montebello et de ses amis. Ce sont eux qui ré-
clament sans cesse contre les atteintes portées
aux lois organiques par voie budgétaire et. ce
sont eux qui, aujourd'hui, veulent blâmer le
ministère de n'avoir pas appliqué, disent-ils,
la motion budgétaire de suppression des treize
jours.
La vérité, c'est qu'on veut, ainsi, se livrer à
une manœuvre politique. (Applaudissements à
gauche. )
- Nous discuterons bientôt la loi de deux ans,
nous verrons alors si ceux qui blâment le mi-
nistre de la guerre ont souci de réduire les
charges militaires, de les répartir également
entre tous les citoyens, ou s'ils n'ont unique-
ment d'aittrelbut que de viser sans cesse l'exis-
tence du ministère.
M. de Montebello. — Je ne puis pas
accepter les paroles de M. Berteaux. Nous n'a-
vons jamais entendu modifier une loi organi-
que par voie budgétaire et nous n'avons pas
voté l'amendement Colliard.
Devant la situation faite aux républi-
cains, M. Guyot-Dessaigne réclame l'ordre
du jour pur et simple.
M. Jaurès demande la parole. Il s'adresse
à la droite.
M. Jaurès. — Vos interruptions suffisent
à montrer la portée politique du débat. Les
républicains ne seront pas dupes de votre ma-
nœuvre; je voterai l'ordre du jour pur et sim-
ple. Ce que nous voulons, et ce que vous ne
voulez pas, c'est la loi de deux ans. — (Ap-
plaudissements à gauche. — Bruit au centre
et à gauche.)
Tous les adversaires de la loi de deux ans
cherchent à créer l'équivoque. M. de Monte-
bello est un des adversaires les plus acharnés
de cette loi. Ses amis, au Sénat, ne cessent de
faire de l'obstruction ; sa manœuvre d'aujour-
d'hui est une nouvelle obstruction. (Bruit au
centre et à droite.)
J'adjure M. Colliard et tous mes amis répu-
blicains de ne pas se laisser prendre au piège
réactionnaire qui leur est tendu.
On veut, par diversion, donner un premier
coup à la loi de deux ans. Je les supplie de ne
pas se prêter à la coalition qu'on tente de
réunir contre elle. (Applaudissements à gau-
che.)
M. Colliard, pour éviter toute manœuvre
politique de la part des réactionnaires, re-
tire son ordre du jour.
M. Paul ïîeauregard. — La manœu-
vre de M. Jaurès est audacieuse. Il ne s'agit
pas de se prononcer sur la loi de deux ans ;
elle viendra à son heure. Il s'agit de dire qui
est partisan ou adversaire des treize jours. On
veut, à gauche, avoir l'air de les supprimer
par réclame électorale ; mais on les maintient
en fait.
L'ordre du jour pur et simple est adopté
par315 voix contre 248.M. Lasies dépose une
proposition de suppression des 13 jours en
faveur de laquelle il demande l'urgence et
la discussion immédiate.
M. Guyot-Dessaigne demande le renvoi
de la proposition à la commission de l'ar-
mée.
M. Lasies proteste.
M. Bouveri, socialiste révolutionnaire,
annonce que ses amis voteront la proposi-
tion de M. Lasies, parce qu'ils sont parti-
sans de la suppression des 28 et des 13
jours.
M. Masse. — Mes .amis et moi ne vote-
rons pas la proposition de M. Lasies qui serait
platonique, puisqu'un certain nombre de ter-
ritoriaux ont déjà accompli leur période.
Le renvoi de la proposition Lasies à la
commission est ordonné par 288 voix con- =
tre 255. *
Les autres interpellations sont, en l'ab-;
sence du ministre de la guerre, appelé au
Sénat, renvoyées à vendredi.
La Chambre s'ajourne à lundi. — H. D.
8
AU SÉNAT
Le cas de M. Dimiep
M. Fallières, qui préside, fait l'éloge fu-
nèbre de M. Clamageran dont il retrace le
noble caractère et la carrière toute de dé-
vouement à la République. M. Fallières se
fait, en termes émus, l'interprète des vifs
regrets du Sénat.
M. de Lamarzelle interpelle « sur l'arrêté
du ministre de l'instruction publique, en
date du 5 mai 1903, par lequel M. Dimier,
professeur de philosophie au lycée de Va-
lenciennes, a été suspendu de ses fonc-
tions ».
M. de Lamarzellé proteste très longue-
ment et avec beaucoup d'aigreur contre cet
arrêté. -
M. Chaumié rappelle que l'arrêté a été
pris par M. Trouillot, qui faisait l'intérim
du ministère de l'instruction publique. M.
Chaumié ne revendique pas moins toute la
responsabilité d'un acte dont on ne saurait
blâmer la juste sévérité.
M. Dimier a participé, à Valencîennes, à
une manifestation en faveur des PP. ma-
ristes.
M. Chaumié. — Les adversaires les plus
signalés du gouvernement étaient là. C'est
alors qu'on vit paraître, au milieu d'eux, M.
Dimier. Sa présence provoqua un sentiment de
profonde surprise, non seulement chez les ré-
publicains présents, mais même les militants
de l'opposition. Ce n'était point là, en effet, la
place d'un éducateur de la jeunesse. (Très
bien !)
Le rôle d'un professeur de l'Université n'est
pas de prendre part il des manifestations publi-
ques contre le gouvernement. (Applaudisse-
ments à gauche,)
M. Dimier pénétra dans le couvent avec les
manifestants, y demeura une heure un quart et
en ressortit avec eux. Appelé le lendemain chez
le proviseur, il répondit aux questions qui lui
étaient faites par cette lettre, qu'a citée M. de
Lamarzelle.
Il résulte clairement de cette lettre, que M.
Dimier a bien et incontestablement pris
part à un acte public de protestation contre
l'action légale du gouvernement du pays.
Dans ces conditions, il était impossible au
gouvernement d'assister, les yeux fermés, à
cette bravade, son devoir était de sévir. (Très
bien !) 11 a sévi avec bénignité, vous le savez
déjà, puisqu'il s'est borné à prononcer une
suspension insignifiante sans privation de trai-
tement.
M. Dimier n'a pas accepté la pénalité lé-
gère qu'il avait encourue. Il m'a adressé sa
démission, je l'ai acceptée, il a cessé de faira
partie de l'Université, je n'ai donc plus à
m'occuper de lui. (Très bien ! très bien 1) -
M. Delpech s'étonne du vent de clérica-
lisme et d'intolérance qui souffle dans une
partie de l'Université.
On adopte, par 192 voix contré 27, un
ordre du jour de M. Giraud ainsi conçu :
Le Sénat, confiant dans la fermeté du gou-
vernement pour exiger des fonctionnaires de la
République le respect des institutions et des
lois, passe à l'ordre du jour.
Le Sénat adopte en dernier lieu tes art,
39 à 53 de la loi de deux ans.
Séance mardi. — H. D.
,' 11 -iîu
Les Coulisses des Chambres
La commission des douanes
La commission des douanes, réunie sous la
présidence de M. Noël, a examiné les divers
amendements qui lui avaient été renvoyés au
cours de la discussion du budget sur le régime
des sucres.
A la commission da commerce
La commission du commerce et de l'indus-
trie, réunie sous la présidence de M. Astier, a
entendu M. Chapsal, directeur du cabinet du
ministre du commerce, au sujet du projet de
loi sur l'établissement des zoues franches dans
les ports maritimes.
Elle a entendu sur le même projet la délé-
gation de l'Association de l'industrie et de l'a-
griculture françaises, présentée par MM. Gus-
tave Denis et Fortier, sénateurs.
La commission a adopté le projet de loi re-
latif aux unités fondamentales du système mé-
trique et nommé M. Astier rapporteur.
M. Vigouroux, rapporteur de la proposition
de loi Engerand sur l'apprentissage de la den-
telle à la main, a fait adopter ses conclusions.
Son rapport sera déposé prochainement.
lies alcools industriels
La commission des alcools industriels et des
dénaturants a tenu sa première séance hier ma-
tin, au ministère des finances, sous la prési-
dence de M. Jean Dupuy, sénateur.
Elle a nommé vice-présidents M. Viger, sé-
nateur, et M. Klotz, député.
A la suite d'une discussion générale, la
commission a chargé plusieurs de ses mem-
bres, divisés en trois délégations, d'étudier
préalablement :
Ie Le prix de revient de l'alcool ;
2S Les dénaturants ;
3° Les transports et les facilités administrative.
Les mécaniciens
La commission sénatoriale des chauffeurs et
mécaniciens a commencé à examiner le contre-
projet de M. Waldeck-Rousseau. Elle a décide
d'entendre de nouveau tous les intéressés.
Les congrégations
La commission sénatoriale des congrégations,
sous la présidence de M. Clemenceau, s'est
occupée de la demande en autorisation des
frères Saint-Jean-de-Dieu, transmise avec avis
favorable par le gouvernement. Elle a entendu
le rapport, également favorable, rédigé par
M. Milliès-Lacroix.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin à
l'Elysée sous la présidence de M. Loubet.
Le président du conseil a soumis à la signa-
ture du Président de la République les 81 pro-
jets de loi relatifs aux demandes en autorisa-
tion formées par les congrégations enseigu--,
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