Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-06-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 juin 1903 06 juin 1903
Description : 1903/06/06 (N12139). 1903/06/06 (N12139).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572490z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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CINQ CENTIMES - -z le Numéroï - -4 - PARIS & DÉPARTEMENTS
Le Numéro CINET-IMES
Î ii i£ ? i E 1 ^dlîFHiriilîiBfi
ABONNEMENTS
Paris Trois mois 6 f. six mois 11 I. un an 20f,
Départements — 71. — 121. — 24 f.
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AUX BUREAUX DU JOURNAl
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RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12139. — Samedi 6 ^uiu 1903
18 PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Ilail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
- NOS LEADERS
La Liberté dans le Bloc
Comme nous ne sommes pas rancu-
niers, nous avions à peu près oublié la
bizarre querelle que certains nous
cherchèrent, voici quelques jours. M.
Jaurès, lui, continuait d'y penser. Il
éprouvait un vif besoin de se répandre
en récriminations. Seulement, comme
il sentait qu'il arrivait un peu tard.au
bal, et qu'il eapprêtait-à danser une
fois les violons partis, il a tenu à rie pas
donner à Paris le spectacle de sa pyr-
rhique.
M. Jaurès a réservé la primeur de
'\On mécontentement à un journal de
toulouse. C'est oublier vraiment que
nous sommes à l'âge du télégraphe ;
les républicains du Sud- Ouest, de
même que ceux de Paris, doivent
avoir peu.de goût pour les polémiques
défraîchies, et leur impression a dû
être que l'écrivain collectiviste leur ser-
vait, comme on dit vulgairement, dela
moutarde après dîner.
M. Jaurès s'en prend à « un petit
clan d'intrigants qui,au groupe radical-
socialiste, s'étaient emparés de la di-
rection apparente ». Je ne sais quels
sont ceux de nos amis que le député de
Carmaux juge courtois de traiter d'in-
trigants. Mais quelles que soient les
personnalités visées par M. Jaurès,
celui-ci doit se rendre compte que son
insinuation atteint tout notre parti.
Voilà les radicaux-socialistes accusés à
tout le moins de ne pas savoir se con-
duire et d'être à la merci des premiers
ambitieux qui se posent en chefs de
groupe.
Le leader du ministérialisme Collec-
tiviste a rakson de juger sévèrement
les radicauxocialistes : il ne connait
d'eux que leurs bienfaits. Les radi-
caux-socialistes, en déclarant qu'ils ne
connaissaient pas d'ennemis à gauche,
ont préparé aux socialistes réformo-ré-
volutionnaires une place dans le grou-
pement des républicains ; les radicaux-
socialistes ontdéfendu M. Jaurès quand
celui-ci était en butte à mille atta-
ques, dont les plus sérieuses étaient
dirigées contre lui par les communis-
tes eux-mêmes ; M. Jaurès a-t-il ou-
blié comment les radicaux-socialistes
du Midi,prjrent à cœur le succès de sa
candidature, à Carmaux ?
***
Et surtout M. Jean Jaurès a la mé-
moire étrangement courte, quand il
Dublie que, s'il est vice-président de la
Chambre, il le doit aux suffrages des
« intrigants » du groupe radical-socia-
liste.
Il était entendu que les socialistes
auraient droit au premier siège de
vice-président vacant à là Chambre.Les
radicaux socialistes remplirent donc,
sans plus, leur devoir, en ne revendi-
quant pas pour un des leurs la succes-
sion de M. Maurice Faure, qui passait
au Sénat. Mais on se rappelle quelle
campagne nos amis durent mener pour
assurer l'élection de M. Jaurès. En face
du représentant des collectivistes, les
modérés osèrent affirmer leur politique
tant de fois répudiée et présentèrent un
candidat. Eh bien, ce dernier serra de
près le « crack » du collectivisme, qui
portait les couleurs du bloc. Si les ré-
publicains unis ne subirent pas, ce
jour-là, une défaite, ils le durent à l'ac-
tivité de nos compagnons de lutte, qui
apportèrent au représentant du groupe
socialiste le concours de leurs voix et
de leur influence.
Les moralistes de tous les siècles
nous ont enseigné ce précepte : si vous
voulez vous brouiller avec un homme,
infligez-lui le fardeau de la reconnais-
sance. M. Jaurès a trop de lettres et
d'érudition philosophique pour que je
me permette de lui citer des exem-
ples.
***
Pour en revenir au bloc, nous en
voulons le maintien, aussi bien que
notre contradicteur, et notre zèle, pour
se garder d'exagérations regrettables,
n'en est pas moins sincère. Mais les
démocrates, s'ils veulent l'union,
craindraient, non sans motif, une chao-
tique confusion. Dans un parti sérieux
la discipline intérieure ne saurait être
soumise à une autorité ..étrangère. Im-
possible d'entretenir des relations cor-
diales avec un voisin qui escalade les
clôtures pour entrer de force chez vous
et qui revendique la direction de votre
ménage.
M. Jaurès aurait déjà tort de nous
dénigrer chez lui — je veux dire dans
une feuille socialiste. — Il fait mieux :
il emprunte, pour nous objurguer, la
t ibune d'un journal radical-socialiste :
Ja Dépêche de Toulouse. 1
Nous n'avons aucunement l'intention
de mettre en cause nos amis do-,la
Dépêché. Libre à eux, dans une pensée
de bonne camaraderie, d'ouvrir les co-
ionnes de leur journal à des écrivains
collectivistes. Nous disons simplement
que M. Jaurès aurait dû sentir la ré-
serve imposée par l'hospitalité sans
limite qu'on lui accordait.
La raison psychologique de la faute
commise par M. Jaurès n'est pas
difficile à découvrir. L'évolution de sa
Mli tique l'a fait sortir insensiblement
dés bornes du parti îZe la Révolution.
Il cherche où planter sa tente et n'est
pas éloigné de trouver à son goût les
territoires que nous occupons.
D'ailleurs, il est le chef d'une armée
qui compte beaucoup de généraux
pour un petit nombre de soldats..
Il a été abandonné par les marxistes-
guesdistes et par les blanquistes ; puis
par les allemanistes, puis par les
groupes de libre-pensée, à la suite
d'incidents que nous nous défendons
de vouloir rappeler, puis par la Jeunesse
du Mouvement socialiste. Les bataillons
nombreux et ardents dont notre parti
a passé la revue à Paris et à Lyon sem-
blent à certains socialistes tout dési-
gnés pour encadrer M. Jaurès et son
étincelant état-major.
Je crois que l'heure n'est pas venue
de faire tomber la barrière que les
révolutionnaires ont pris soin d'élever
à notre gauche. En tout cas, c'est bien
mal préparer la suppression de cette
cloison, que d'essayer de troubler l'es-
prit d'entente et de cordialité qui règne
chez les radicaux-socialistes.
Notre parti ne s'est pas créé par ha-
sard; il représente les tendances de la
plus grande partie de la démocratie
-e-onseiente.: Cest un devoir pour nous
d'en défendre l'intégrité, l'indépendance
et la dignité.
Nous sommes dans le bloc ; nous
sommes libres dans le bloc.
Hugues Destrem.
ACTION LIMITÉE
Le président du Conseil a dit
hier, en peu de mots très nets et
tout à fait comme il convenait,
les intentions du gouvernement
à l'égard du Figuig. L'accepta-
tion unanime, par la Chambre, de
cette politique, montrera à l'étranger que
la France sait exactement ce qu'elle veut
faire dans cette région. Nous allons dans
le Figuig en vertu de la convention signée
par nous en 1.845 avec le Maroc; nous al-
lons y poursuivre les pillards qui sont
venus nous attaquer chez nous : nous al-
lons y exercer, selon notre droit garanti par
les traités, une action de police. Cette action
une fois accomplie, les agresseurs une fois
châtiés, réduits à l'impuissance, nous ren-
trons dans nos lignes.
Les gouvernements européens n'ont donc
pas il prendre ombrage d'une opération
aussi nettement limitée, aussi légitime
d'ailleurs ; il ne saurait entrer dans l'esprit
de personne en Europe, que nous devions
réclamer une permission pour défendre nos
possessions contre des voisins, d'ailleurs
eux-mêmes en état de révolte chez eux. La
loyauté des déclarations faites hier par le
cabinet français n'est, du reste, mise en
doute par aucun cabinet; et tout paraît ré-
glé, de la sorte, pour donner satisfaction à
la France d'une part, pour calmer toute
susceptibilité extérieure d'autre part.
Il nous reste à souhaiter que l'action an-
noncée soit prompte, vivement menée, cito
et jucunde ; c'est le meilleur procédé pour
qu'elle soit décisive, et peu coûteuse en ar-
gent et en hommes. Le gouvernement a,
derrière lui, sur cette question, l'assenti-
ment de la nation e ntière; qu'il en profite
pour agir vite et bien. — Ch. B.
LE FAIT NOUVEAU
Avez-vous dégusté l'affiche placardée avec
profusion sur les murs du 2e arrondissement
par les comités nationalistes qui soutiennent la
candidature de M. Syvelon ? Que ces comités
déclarent se retrouver tels qu'ils étaient en 1902,
« sans une défection », c'est au mieux; ne trou-
vez-vous pas qu'ils ont été singulièrement im-
prudents en affirmant dans ladite affiche que,
depuis les élections générales de l'an dernier,
a un fait nouveau » s'est produit?
J'entends bien que, par : « fait nouveau » ils
entendent l'invalidation do M. Syvelon; mais
on peut comprendre autre chose; tout le
monde, nous en sommes persuadés, saisira l'al-
lusion involontairement faite au recul des idées
nationalistes — si l'on peut appeler cela des
idées — à Paris.
L'élection de M. Soyer, républicain, dans le
quartier des Batignolles, en remplacement du
nationaliste clérical, M. Edmond Lepelletier,
voilà le fait nouveau.
L'élection de M. Gabriel Deville, républicain,
dans le 4* arrondissement, en remplaceront du
nationaliste clérical, M. Clouiier, voilà le fait
nouveau.
La terreur du suffrage universel dont MM.
Pugliesi-Conti et Maurice Sprônck témoignent
en se cramponnant avec l'énergie du désespoir,
malgré tous les usages, malgré, toutes les con-
venances, malgré les injonctions de la Cham-
bre, à leur double mandat, voilà le fait nou-
veau.
Oui, notre grand et cher Paris, sujet, comme
toutes les personnes nerveuses, à des accès de
fièvre, a été atteint de cette maladie spéciale
que l'on peut appeler : la nationalité, mais à
l'heure présente, il est guéri ; voilà le fait nou-
veau. -
Paris a vomi la nationalisme, voilà le fait
nouveau.
Dans quelques jours, les républicains du
quartier de la Porte Saint-Denis vont recon-
quérir le siège dont M. Tournade s'était em-
paré ; les républicains du 2' arrondissement
voudront-ils rester en arrière ? Quand tout Ça-
ris déteste l'erreur qui lui. a fait faire, tant
pour le Conseil municipal que pour la Cham-
bre, des choix si lamentablement saugrenus,
voudront-ils s'obstiner, s'entêter ?
Nous ne voulons pas le croire ; nous ne - le
croyons pas. Au surplus, les nouvelles qui nous
arrivent du 2" sont excellentes. C'est en vain
que les nationalistes plastronnent, se procla-
ment sûrs du succès. Ils ne font illusion à per-
sonne. C'est du « bluff », et voilà tout.
Certes, il faut lutter, énergiquement ; mais
la victoire est au bout. — I. Victor-Mmnkv.
T^r- » »
LE PAPE INDISPOSÉ
tDe noire conespcnaanl particulier! , -
- ', Home, 4 juin.
Au cours de 1 après-midi, on a appris que le
pape souffre depuis quelques jours d'une lé-
gère dyssenterie. ..-
Les médecins lui ont prescrit un repos ab-
soliij néamoins, il a accordé une audience à
plusieurs cardinaux.
La réunion du consistoire fixée pour lo 15
juin a Ói renvoyée au 22, - *
QUESTIONS
D'ASSISTANCE
ABANDONS -
Au Sénat depuis 1892. — Une délibé-
ration intéressante. — Un avis utile.
— Le secret pour l'abandon d'en-
fants. — Les maternités secrètes.
— Affichons partout ! — L'al-
cool et la mortalité infintile.
M. Plot sera content.
Ne s'est-on pas demandé souvent, en lisant
les comptes rendus des nombreux infanticides
relatés dans les journaux, s'il n'était pas pos-
sible d'empêcher ou de prévenir ces crimes qui,
avec lès avorlements plusr nombreux encore
sont une des causes de cette dépopulation que
l'on constate tous les jours sans pouvoir y por-
ter remède..
Le moyen existe cependant et il y a long-
temps qu'il a été indiqué par le conseil supé-
rieur de l'Assistance publique: c'est le secret
de l'accouchement et l'admission des enfants à
bureau ouvert.
Le bureau ouvert
Le « bureau ouvert » est inscrit dans le
projet de loi portant réorganisation du ser-
vice des enfants assistés, projet déposé au Sé-
nat depuis le 18 février 1892 ! L'exposé des
motifs concernant ce bureau d'admission déve-
loppe la thèse suivante : l'admission à bureau
ouvert ne protège pas seulement les enfants
dont la mère veut cacher la naissance, elle sau-
vegarde également ceux, bien plus nombreux,
que leur mère repousse par égoïsme.
Le conseil général de la Seine, toujours en
avance dès qu'il s'agit de faire le bien, avait
déjà, dans sa séance du 24 décembre 1886, pris
la délibération suivante : « M. le directeur de
l'Assistance est invité à recevoir à bureau ou-
vert à l'hospice dépositaire, sous la garantie du
secret et sans l'obligation du bulletin de nais-
sance, tous les enfants pour lesquels il en sera
fait la demande. »
En exécution de cette délibération, l'affiche
suivante a été placée dans la salle d'attente du
bureau des admissions à l'hospice des enfants
assistés de la rue Denfert-Rochereau :
Toute personne qui présentera un enfant en vue
de l'abandon est avertie que des questions vont lui
être posées dans l'intérêt de l'enfant, mais qu'il lui
est loisible de ne pas répondre ou da ne fournir
qu'une partie des renseignements demandés. — La
production du bulletin de naissance ne sera pas
non plus obligatoire.
L'on voit, par ce simple avis, combien il est
facile pour la femme qui veut abandon-
ner son enfant, de le faire sans risquer d'être
connue.
Pour le plus grand nombre des filles-mères,
qui viennent de la province cacher leur faute à
Paris, le secret del'accouchement est secondaire,
mais il n'en est pas de même de la garde de
l'enfant qui leur est souvent une source de mi-
sère et un empêchement de gagner leur vie.
C'est alors que leur ignorance de la facilité qui
leur est donnée de l'abandonner sans risques les
rend criminelles.
Sauvons les enfants
C'est à la publicité de cette ressource trop peu
connue qu'il faut recourir pour empêcher les
crimes trop fréquents, non seulement des filles
qui veulent faire disparaître les traces d'une
faute, mais encore des mères dénaturées qui
ne voient dans leurs enfants qu'un embarras
dans la vie et trouvent bon tout moyen de s'en
débarrasser ; ici, ce n'est plus le crime brutal,
impulsif, pourrait on dire, mais l'assassinat
hypocrite amené par le défaut de soins ou des
pratiques qui, pdUr être criminelles, ne sont
poirîï prévues par le. code : telles une nourri-
ture solide donnée dans les premiers jours,
cause d'entérite mortelle ; une exposition entre
deux courants d'air amenant une pneumonie
qui ne pardonne pas, etc. N'est-il pas alors plus
rationnel, d'aider cette mauvaise "femme — car
vraiment, je n'ose rappeler mère — à se débar-
rasser de son enfant avant qu'elle ne l'ait fait
mourir impunément? ,
Les secours temporaires
Pour la mère — fille mère "ou femme légi-
time — que la misère seule pousse à abandon-
ner son enfant, il existe partout maintenant,
un fonds de secours appelé « secours tempo-
raires » consistant en distribution de layettes
et mensualités en argent qui sont destinés à
prévenir cet abandon. Parmi les questions qui
seront posées à la mère on aura soin d'insister
sur ce point et l'on parviendra souvent, grâce
à ce secours, à empêcher un abandon ou un
infanticide.
Si la mère persiste à abandonner son enfant,
elle est prévenue qu'elle ignorera le lieu où il
sera élevé et elle ne pourra savoir, à des inter-
valles éloignés, que s'il est vivant ou mort.
Il lui sera pourtant loisible de le reprendre
le jour où les évétieinents le lui permettront,
mais l'administration n'agit pas en personne
imprévoyante, et c'est après une enquête très
approfondie surla moralité etles moyens d'exis-
tence de la mère ou des parents qui le récla-
ment, que cette demande sera accordée, évitant
ainsi une spéculation probable de l'enfant, qui
serait sans grand danger si c'est un garçon,
mais pourrait devenir désastreuse si c'est une
fille. :
Dans les maternités
Si aux admissions *à bureaux ouverts,, on
ajoutait les maternités secrètes qui sont de-
mandées depuis si longtemps, on aurait ainsi
les deux remèdes les plus efficaces aux maux
que nous déplorons.
Le secret de l'accouchement existe cependant
dans nos maternités, et à la malade qui le ré-
clame, il est absolument acquis, mais cette for-
malité est tout aussi inconnue que les admis-
sions à bureau ouvert dont nous parlons pius
haut, et l'ignorance des intéressées cause ces in-
nombrables avortements et ces trop nombreux
suicides dont les « faits divers » des journaux
sont remplis.
Cette ignorance provient surtout du défaut
de publicité donnée à des mesures si hautement
protectrices de la vie humaine.
Publicité nécessaire
En attendant que les préjugés si durs pour la
femme abandonnée avec son enfant et si bien-
veillants pour celui qui l'abandonne, soient dé-
truits, et qu'une notion plus juste et plus saine
de cette question, qui intéresse la société tout
entière, soit adoptée par tous, on doit s'attacher
à multiplier les moyens d'améliorer la situa-
tion si misérable de ces pauvres filles. Il en est
un qui, de nos jour^est bien facile à employer :
c'est l'affichage ; qUQ,ron multiplie les ans sur
tous les murs de toutes les rues ; que l'on fasse
connaître à toutes que l'on peut aller à l'hôpi-
tal accoucher sans être obligé de donner son
nom, et abandonner son enfant sans pour cela
se fairettr: cela n'empêchera pas tes
bonnes mères de garder les leurs et de les bien
élever, mais empêchera les mauvaises de les
faire mourir et les pauvres filles de les tuer ou
de se suicider.
Ce sera rendre ainsi un grand service à la
chose publique, qui est la République — Res
publiba — car s'il est bien de faire connaître,
comme on le fait, par les affiches, les méfaits
de l'alcool gui est un des facteurs de la dépo-
pulaiion, par suite des dégénérescences dont
il est la cause ; il sera mieux encore, en em-
ployant le même moyen, d'indiquer aux mau-
vaises mères et aux mères malheureuses le
moyen de se débarrasser de leurs petits sans
les tuer : la mortalité infantile est, elle aussi,
une des causes de là dépopulation, peut-être la
plus funeste, et il est du devoir de tous de tâ-
cher de l'enrayer.
Et M. Piot sera content !.
EMILE MAHt
< - Voir a la 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
LE DÉLIRË
Lemice Terrieux ou Couesdon ? Fumiste ou
voyante ? Quel peat bien être l'auteur de l'in-
formation absolument fantaisiste dont les jour-
naux nationalistes et cléricaux se sont fait com-
plaisamment l'écho, et qui semble, en vérité,
échappée à l'improvisation maladroite d'une
imagination en délire ?
Il -s'agit de la constitution prochaine d'une
haute cour de justice. On en fixe la date, on en
détermine le rôle, on signale les affaires dont
elle connaîtra, on précise même la durée des
audiences, et, ce qui est plus fort, on déclare
que la juridiction exceptionnelle prononcera
dix condamnations à l'exil dont une frappant
un évêqm.
ta haute cour jugerait les auteurs des trou-
bles qui ont marqué la dispersion des congré-
gations, les deux affaires de trahison Baliguet
et Dreyfus, les perturbateurs du crédit public
qui ont occasionné les retraits des caisses d'é-
pargne.
On joindrait à tout cela, quelle salade ?
l'affaire des troubles des églises et celle du
million des chartreux.
La bêtise humaine est incommensurable. Ce
qu'il y a d'étonnant, ce n'est point que de telles
folies aient pu germer dans le cerveau d'un
Français, c'est que des journaux aient pu re-
produire sérieusement d'aussi fantastiques
nouvelles.
C'est ainsi que, du côté des réactionnaires,
on se plaît à écrire l'histoire. En vérité, on ne
sait qui l'on doit plaindre le plus, de ceux qui
répandent sciemment de semblables bruits ou
de ceux qui les acceptent les yeux fermés. —
Charles Darcy.
A L'ACADÉMIE FRANÇAISE
L'immortel Edmond Rostand
Ce fut une journée très select que cette ré-
ception de M. Ed. Rostand. Les élites accoutu-
mées étaientrésentes, et Mme Loubet avait
tenu à occuper la loge présidentielle en com-
pagnie de Mmes de Saint-Prix, Dubois et H.
Poulet. Le récipiendaire a prononcé un dis-
cours laborieux et M. de Vogué lui a répondu
en une de ces allocutions où les mots plus
que nulle autre part, sont donnés à l'académi-
cien pour atténuer sa pensée. M. de Vogüé a
caractérisé la gloire du nouvel élu en consta-
tant qu'il ressemblait à tous les poètes passés
et qu'il n'avait rien révolutionné en art.
On se souvient que M. Ed. Rostand ayant,
dans sa prime jeunesse, écrépé quelques sym-
bolistes, plusieurs néo-chrétiens, certains « dix-
huitième siècle en dentelles » et nombre de
« légendaires de l'Aigle », réussit à commettre
en alexandrins rimés des actes nombreux où
triomphaient tous les cabotinismes bien fice-
lés. Les sommes raisonnables qui lui en ad-
vinrent ne furent peut-être pas suffisantes à
compenser les louanges éperdues que M. Ca-
tulle Mendès lui prodigua.
M. Ed. Rostand, qui ne suscita guère que
des admirations creuses, ne fut jamais assez
grand pour mériter de fortes haines. Il, erit pu
viser des buts plus hauts que ceux atteints par
sa gloriole, et les railleries doivent désarmer
en songeant que, de son œuvre vaine, la pos-
térité ne gardera sans doute qu'une petite pin-
cée de cendres — parcs qu'il ne fut pas un
Poète d'humanité, mais un versificateur des
Apparqnces.
CHAMBRE SYNDICALE ET ECOLE SUPÉRIEURE
DES MASSEURS DE FRANCE
Dans leur assemblée générale extraordinaire
de mercredi dernier 3 courant, les Masseurs de
France, dont le siège social est 151, rue Saint-
Denis, à Paris, ont élu à une forte majorité,
comme président de l'Action syndicale, le di-
recteur, professeur en chef de leur Ecole supé-
rieure de massothérapie, le spirituel et incisif
publiciste poète Léopold Tabary, Spécialiste
masso-thérapeutiste, ex-attaché au service chi-
rurgical des hôpitaux de Paris, demeurant 47,
rue de Miromesnil.
Nos sincères félicitations au jeune président
qui saura tenir haut et ferme le drapeau scien-
tifique, social et humanitaire qui lui eslcônfié.
-
LE TRUST DE L'AIR ATMOSPHERIQUE
(De notre correspondant particulier)
Lisbonne, 4 juin.
Le prince Henri de Hohenlohe a présenté au
gouvernement le projet d'une grande Compa-
gnie qui monopolisera l'exploitation des sana-
toria à Madère pour la cure des phtisiques.
Le nouveau trust promet de payer au fisc un
tiers de ses Recettes et de déposer une somme
de 500.000 frSncs.
e_
LA BOHÊME ET JEAN HUSS
Ainsi que nous l'a télégraphié notre corres-
pondant particulier de Vienne, certains Tchè-
ques, — élément notoirement réactionnaire, —
ont conçu le singulier projet de s'octroyer, aux
yeux de l'étranger, couleur de libéralisme.
Après avoir décoché, très cléricalement, les
traits les.plus injurieux au gouvernement fran-
çais, précisément à cause de sa politique fran-
chement laïque, les voilà en train de vouloir
battre le record de M. Combes, en organisànt
une fête en mémoire de Jean Huss, sorte de
Calvin avant la lettre, que les Germains (selon
M. Alfred Fouillée et entre parenthèses) pour-
raient du reste, avec plus de raison que les
Tchèques, revendiquer pour un des leurs.
Les politiciens bohèmes, en célébrant le 5
juillet prochain la victime du concile de Cons-
tance, vont payer d'audace. Asservis, à un
point à.peine imaginable, à l'Eglise Ultramon-
taine, ils vont se donner, un moment, l'allure
de frondeurs antiromains. L'ombre de Huss,
dans les bocages élyséens, ne pourra que tres-
sauter à l'annonce de ces ovations lui venant
de gens tous revêtus de charges pieusement
consacrées par l'ostensoir et par l'étole !.,.
Au surplus, comme il fallait s'y attendre, la
réclame est de la partie : les journaux bohê-
mes annoncent, entre autres, qu'uno brochure
en langue française, retraçant la biographio de
Huss et rédigée par un certain M. Hausich, de
Prague, a été envoyée aux rédactions des prin-
cipaux journaux parisiens qui, j'imagine, re
mcrcieront sans doute pour ce cours gratuit
d histoire religieuse.
L'édilité praguoise escompterait, dit-on, en
cette circonstance,la venue de nombreux repré-
sentants des divers rameaux slaves et atten-
drait en outre la visite de ses vieux amis, les
nationalistes parisiens. On enregistrera donc
derechef les susurrements panslaves et les
« fraternisations » tchéco-nationalistesl
Deux faits, en somme, ressortent de ceci.
1° On va encore envoyerjde l'eau à la meule
pangermaine, ainsi -que le démontrait fort judi-
cieusement, ces temps derniers, un collabora-
teur du Rappel ;
2° On va voir porter au pavois par les très
humbles serviteurs de l'Eglise romaine un
homme, brûlé par cette dernière, et qu'il appar-
tiendrait à la Libre-Pensée, seule, de glorifier.
Mais ceux à l'instigation de qui la bergère de
Domrémy à été livrée aux flammes ne sont-ils
pas les mêmes qui la voudraient aujourd'hui
canoniser !
Dans ces deux cas, se retrouve, aussi triste-
ment, la même ironie.
0-b
STATISTIOUE DES JÉSUITES
(De notre correspondant particulier)
Cologne. 4 juin.
La Gazette Populaire, organe catholique, pu-
blie la statistique de l'Ordre des Jésuites. La
Compagnie compte 15.231 membres dont 6.743
Pabres. 4.542 scholastiques (étudiants en théo-
logie et philosophie) et 3.946 frères lais.
Des jésuites allemands entretiennent des mis-
sions spéciales pour leurs nationaux, à Rome,
à Londres, à Paris et à Marseille.
L'AGRESSION DU FIGUIG
- L'attitude du cabinet français
Les journaux anglais annoncent que le gou-
vernement français a fait parvenir à Londres et
à Madrid, par la voie diplomatique, une note
identique concernant l'expédition projetée con-
tre Figuig. Dans cette note, ajoutent-ils, le
gouvernement français dit que l'objectif de
l'expédition est uniquement le rétablissement
de l'ordre dans la région, et que la France n'a
nullement l'intention d'acquérir de nouveaux
territoires.
Il n'y a pas eu, en réalité, de note identique,
par la raison que le gouvernement français
ayant la police de sa frontière et, en vertu du
traité de 1845, le droit de l'exercer même sur
le territoire marocain, n'avait pas à priori de
motif pour faire une communication aux puis-
sances.
Il s'est borné à munir ses représentants d'ins-
tructions les mettant en mesure de présenter les
Choses sous leur véritable-jour au cas où des
questions leur seraient posées à ce sujet par
les ministres des puissances auprès desquelles
ils sont accrédités.
Les renforts
Sidi-Bel-Abbès, 4 juin.
Ce soir, le 4* bataillon du 1" régiment étran-
ger a reçu l'ordre de se tenir prêt à partir par
voie rapide, avec un effectif de guerre, pour
aller renforcer les postes, de l'extrême sud-
oranais.
L'action militaire
Alger, 4 juin.
L'autorité militaire continue à tenir très se-
crètes les dispositions prises pour rétablir la
sécurité sur la frontière du Sud-Oranais. Néan-
moins, tout le monde s'attend à une action vi-
goureuse contre Zénaga, et on s'étonne de voir
quelques journaux envisager avec répugnance
cette opération et préconiser de préférence l'oc-
cupation de Figuig.
Ces journaux ne considèrent pas que Figuig
n'est aucunement disposée à nous ouvrir ses
portes; il faudrait donc la prendre d'assaut
avec des forces considérables d'infanterie, et
cette attaque nous coûterait peut être quelques
centaines d'hommes, sans compter les pertes
qu'éprouverait les Marocains. Une action
d'artillerie serait infiniment moins meurtrière
pour lés uns et les autres.
li est plus que probable d'ailleurs qu'on don-
nera un délai pour laisser sortir les femmes
les enfants, comme M. Jonnart avait recom-
mande de le faire pendant la campagne du gé-
néral Servi ères au Touat.
Afin de ne pas gêner l'autorité militaire dans
le mouvement des iroupes et des transports de
guerre sur la ligne du chemin de fer de l'Etat
algérien, ordre a été donné de suspendre tout
transport de personnes et de matériel privé à
partir d'Aïn-Sefra. Cet ordre formel est entré
immédiatement en vigueur.
Le télégraphe au delà d'Aïn-Sefra jusque Beni-
Ounif et Djenan Eddarest fermé à la télégraphie
privée dès demain.
L'autorité militaire tient absolument secrètes
les dispositions prises qui, d'ailleurs, ne sont
pas absolument arrêtées.
Dans l'action de l'artillerie, il s'agit avant
tout d'occuper les points les plus favorables, en
sacrifiant le moins de vies possibles.
On croit que les opérations ne commenceront
pas avant quelques jours. -
La veillée des armes
Beni-Ounif, 4 juin, 3 h. 20 soir.
La nuit d'hier s'est passée sans incidents. Un
bataillon du 2e étrangers avec drapeau, le colo-
nel et la musique est arrivé ce matin.
Une colonne partie pour Ben-Zireg en recon-
naissance, vient de rentrer après avoir par-
couru le pays jusque près de Bechar.
Deux mille hommes de troupes avec de l'ar-
tillerie. sont actuellement concentrés à Beni-
Ounif.
Les marocains de Zenaga continuent à se
montrer arrogants. Ils rapportent dans les
ksours qu'ils ont gagné la bataille et disent
qu'ils veulent combattre.
De notre côté, l'entrain des troupes est ma-
gnifique.
Oran, 4 juin.
On mande de Beni-Ounif à l'Echo d'Oran :
Un commerçant Israélite, nommé Yaya Cher-
bit, de Zenaga, qui a pu s'échapper par mira-
cle de Figuig, apporte la nouvelle que les Fi-
guiguiens font de grands préparatifs et atten-
dent d'importants contigents des tribus de
l'ouest.
Les ksouriens s'excitent mutuellement.
» 4»
SCANDALE FINANCIER EN ITALIE
(De notre, correspondant particulier)
Turin, 4 juin.
Ainsi qu'on a pu en juger par l'extrait de la
plaidoirie de l'avocat Nasi que je vous ai adres-
sé hiel',le défenseur de la Banco Sconto a cher-
ché à établir que l'origine de l'escroquerie était
une comédie montée à Paris.
Il a insisté sur les agisements de Modugno
et de Gilbert qui auraient abusé, des noms de
plusieurs hommes d'Etat français lesquels
auraient été, comme je vous l'ai télégraphié
hier, les victimes des personnages en question.
Ceci résulte aussi de la fin de la plaidoirie
que MI Nasi a prononcée aujourd'hui et dans
laquelle il a analysé les actes de Boffinet, Mo-
dugno et Jolivet.
M. Gobbi, qui occupe le ministère public, a
répondu à l'avocat.
Il a insisté sur le caractère délictueux des
opérations de Cattanco, Rava et Deslex.
Le procureur royal continuera demain son
réquisitoire. ,
LA - JOURNÉE
-' PARLEMENTAIRE -
A LA CHAMBRE
LZ SUD-ORANAIS
M. Léon Bourgeois; qui préside; annonce
au débutg la séance qu'il a reçu de M.
Firmin Faure une demande d'interpellation
sur les mesures que le gouvernement
compte prendre potirassurer la-sécurité da
nos frontières dans le Sud-Oranàis. -, :
M. Emile Combes, président du conseil,
prend la parole sur la fixation de la date
de la discussion.
M. Emile Combes. — Je prie M. Fir-
min Faure de ne pas insister pour la discussion
de son interpellation. Ce que je pourrais dire
n'ajouterait guère à ce que la Chambre con-
naît déjà, et ne serait pas sans inconvénient.
J'espère donc que la Chambre se contentera
d'une courte déclaration.
Depuis quelques mois, nos possessions du
Sud-Oranais ont été le théâtre de divers atten-
tats, soit contre les personnes, soit contre les
propriétés, attentats qui attestent l'audace de
leurs auteurs. Aux crimes isolés ont succédé
les attaques par bandes armées.
A la suite d'une dernière violation de terri-
toire, au cours de laquelle fut détruit un con-
voi destiné à nos postes d'extrême frontière, la
gouvernement résolut d'aller chercher les pil-
lards dans leurs repaires.
Le gouverneur général de l'Algérie, désireux
de se rendre compte des dangers de la situation
et aussi de réconforter les chefs indigènes et les
tribus soumises à notre autorité, a entrepris-
une tournée et s'est avancé du côté de Figuig,
pour entrer en pourparlers avec l'amel maro-
cain.
Assailli par plus de 500 bandits, il n'a
échappé que grâce à l'intelligence du général
commandant l'escorte et à la bravoure de nos
soldats.
Le devoir s'impose donc au Gouvernementde
venger les méfaits commis et d'en empêcher,
autant que possible, le retour par des rigueurs
exemplaires. En ce moment les ordres s'exécu-
tent, les troupes se hâtent vers leurs cantonne--
ments. Dès que la concentration sera terminée,
on mènera la campagne avec vigueur.
Rien ne peut nous arrêter. Le traité de 1845
conclu avec le Maroc nous reconnaît le droit de
suite en territoire marocain. Nous en userons
d'autant plus librement que nous entendons
conserver à cette expédition le caractère d'une
opération de police.
Chacun sait que le principe dirigeant de no-
tre politique dans ces régions est de respecter
l'intégrité de l'empire marocain. Nous nous
garderons donc de donner le moindre soupçon
sur nos intentions. Nous ne rêvons ni de con-
quêtes ni de prises de possession. Nous n'en-
tendons user que de représailles contre des
pillards et nous les exercerons dans les limites
du traité.
Aucun doute ne peut et ne doit exister dans
l'esprit du gouvernement marocain ni dans ce-
lui des puissances de l'Europe. Ainsi rassurés
sur nos sentiments, le gouvernement marocain
et les puissances approuveront tout acte de vi-
gueur qui nous vengera des méfaits commis
et ôtera à leurs auhmfs, sinon pour toujours,
au moins pour longtemps, toute envie de re-
commencer. (Applaudissements.)
Suc., ces explications, M. Firmin. Faure
retire sa demande d'interpellation.
L'assistance aux vieillards
On s'occupe ensuite du projet de loi sur
l'assistance aux vieillards.
M. Aynard a déposé un amendement
cluil eliange la composition de la commis-
sion compétente.
M. Aynard. — Le caractère général de
la loi que nous discutons est, câpres ia. com-
mission, de créer un doit au profit de ceux
qnt sont appelés à en bénéficier et d'accomplir
un devoir de solidarité nationale. Pour nous',*
qui sommes d'une école opposée, nous n'atta-
chons cependant pas aux mots, surtout par le
temps qui court, une importance exagérée, Il
est peut-être exceseif de parler de droit : le
droit ne se conçoit guère sans des sanctions;,
nous verrons celles qu'édicté la loi. Quant à la
solidarité sociale, nous l'acceptons tous ; elle
nous presse, elle nous étreint. Que l'on ins-
crive sur les monuments : liberté, égalité, fra-
ternité, solidarité, nous n'y voyons aucun in-
convénient. Le tout est de s'entendre.
Qand nous rencontrons un indigent notre
éœur s'émeut, notre humanité se met en éveil.
Nous ne nous occupons pas de solidarité, ni de'
savoir si nous avons un quasi-contrat avec cet
indigent. Nous ne sommes pas de l'école de la
solidarité nationale, mais de l'école du devoir
social. Nous considérons que l'assistance est
une obligation sociale. Nous sommes tous prêts
à voter cette assistance aux vieillards. Mais
nous voulons savoir si cette loi est búne, équi-
table envers tous. (Applaudissements au cen-
tre et à droite.)
M. Bienvenu-Martin, rapporteur, dit que
M. Aynard craint que la commission canto-'
nale ne se laisse dominer par des considé-
rations politiques. Mais pour l'assistance
'médicale, la commission est composée dff
la même façon et personne ne l'a- critiquée.
Depuis huit ans, la loi de 1893 est entrée
dans l'application et les commissions can-
tonales n'ont donné lieu à aucun reproche
de pnrtialité. Pourquoi en serait il autre-
ment pour la loi d'assistance aux vieillards?
M. Bienvenu-Maptin. — La commis-
sion a cru, cependant, utile de faire entrer
dans la commission cantonale deux délégué
des sociétés de secours mutuels. Elle a écarte
les délégués des œuvres privées et des syndi-
cats ouvriers, parce que la commission canto-
nale doit prendre des décisions ayant une ré-
percussion sur la bourse des contribuables.
M. Aynard réplique :
M. Arnapd. — L'exemple tiré de la loi do
1893 ne tient pas ; car, en matière d'assistance
médicale, la commission cantonale ne fonc-
tionne pas. Elle fonctionnera, au contraire,
quand il s'agira de décider si un homme a
droit,oui ou non, à une pension viagère.
Par 323 voix contre 238, l'amendement
de M. Aynard est repoussé.
M. de Gaiihard-Bancel propose d'ajouter
à la fin de l'art. 10 les mots :
« Et comprenant en outre un délégué des so-
ciétés de secours mutuels et un délégué des
syndicats professionnels, patronaux et ouvriers
existant dans le canton, et désignés dans une
réunion des présidents de ces sociétés et syndi-
cats s'il en existe plusieurs. »
M. de Gaiihard-Bancel. — On dit
que ces délégués ne votent pas l'impôt ; mais'
le juge de paix et les sous-préfets ne le votent
pas davantage.
L'amendement, repoussé par la commii-
sion, n'est pas adopté. t
L'abbé Lemire demande pourqdol li
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- NOS LEADERS
La Liberté dans le Bloc
Comme nous ne sommes pas rancu-
niers, nous avions à peu près oublié la
bizarre querelle que certains nous
cherchèrent, voici quelques jours. M.
Jaurès, lui, continuait d'y penser. Il
éprouvait un vif besoin de se répandre
en récriminations. Seulement, comme
il sentait qu'il arrivait un peu tard.au
bal, et qu'il eapprêtait-à danser une
fois les violons partis, il a tenu à rie pas
donner à Paris le spectacle de sa pyr-
rhique.
M. Jaurès a réservé la primeur de
'\On mécontentement à un journal de
toulouse. C'est oublier vraiment que
nous sommes à l'âge du télégraphe ;
les républicains du Sud- Ouest, de
même que ceux de Paris, doivent
avoir peu.de goût pour les polémiques
défraîchies, et leur impression a dû
être que l'écrivain collectiviste leur ser-
vait, comme on dit vulgairement, dela
moutarde après dîner.
M. Jaurès s'en prend à « un petit
clan d'intrigants qui,au groupe radical-
socialiste, s'étaient emparés de la di-
rection apparente ». Je ne sais quels
sont ceux de nos amis que le député de
Carmaux juge courtois de traiter d'in-
trigants. Mais quelles que soient les
personnalités visées par M. Jaurès,
celui-ci doit se rendre compte que son
insinuation atteint tout notre parti.
Voilà les radicaux-socialistes accusés à
tout le moins de ne pas savoir se con-
duire et d'être à la merci des premiers
ambitieux qui se posent en chefs de
groupe.
Le leader du ministérialisme Collec-
tiviste a rakson de juger sévèrement
les radicauxocialistes : il ne connait
d'eux que leurs bienfaits. Les radi-
caux-socialistes, en déclarant qu'ils ne
connaissaient pas d'ennemis à gauche,
ont préparé aux socialistes réformo-ré-
volutionnaires une place dans le grou-
pement des républicains ; les radicaux-
socialistes ontdéfendu M. Jaurès quand
celui-ci était en butte à mille atta-
ques, dont les plus sérieuses étaient
dirigées contre lui par les communis-
tes eux-mêmes ; M. Jaurès a-t-il ou-
blié comment les radicaux-socialistes
du Midi,prjrent à cœur le succès de sa
candidature, à Carmaux ?
***
Et surtout M. Jean Jaurès a la mé-
moire étrangement courte, quand il
Dublie que, s'il est vice-président de la
Chambre, il le doit aux suffrages des
« intrigants » du groupe radical-socia-
liste.
Il était entendu que les socialistes
auraient droit au premier siège de
vice-président vacant à là Chambre.Les
radicaux socialistes remplirent donc,
sans plus, leur devoir, en ne revendi-
quant pas pour un des leurs la succes-
sion de M. Maurice Faure, qui passait
au Sénat. Mais on se rappelle quelle
campagne nos amis durent mener pour
assurer l'élection de M. Jaurès. En face
du représentant des collectivistes, les
modérés osèrent affirmer leur politique
tant de fois répudiée et présentèrent un
candidat. Eh bien, ce dernier serra de
près le « crack » du collectivisme, qui
portait les couleurs du bloc. Si les ré-
publicains unis ne subirent pas, ce
jour-là, une défaite, ils le durent à l'ac-
tivité de nos compagnons de lutte, qui
apportèrent au représentant du groupe
socialiste le concours de leurs voix et
de leur influence.
Les moralistes de tous les siècles
nous ont enseigné ce précepte : si vous
voulez vous brouiller avec un homme,
infligez-lui le fardeau de la reconnais-
sance. M. Jaurès a trop de lettres et
d'érudition philosophique pour que je
me permette de lui citer des exem-
ples.
***
Pour en revenir au bloc, nous en
voulons le maintien, aussi bien que
notre contradicteur, et notre zèle, pour
se garder d'exagérations regrettables,
n'en est pas moins sincère. Mais les
démocrates, s'ils veulent l'union,
craindraient, non sans motif, une chao-
tique confusion. Dans un parti sérieux
la discipline intérieure ne saurait être
soumise à une autorité ..étrangère. Im-
possible d'entretenir des relations cor-
diales avec un voisin qui escalade les
clôtures pour entrer de force chez vous
et qui revendique la direction de votre
ménage.
M. Jaurès aurait déjà tort de nous
dénigrer chez lui — je veux dire dans
une feuille socialiste. — Il fait mieux :
il emprunte, pour nous objurguer, la
t ibune d'un journal radical-socialiste :
Ja Dépêche de Toulouse. 1
Nous n'avons aucunement l'intention
de mettre en cause nos amis do-,la
Dépêché. Libre à eux, dans une pensée
de bonne camaraderie, d'ouvrir les co-
ionnes de leur journal à des écrivains
collectivistes. Nous disons simplement
que M. Jaurès aurait dû sentir la ré-
serve imposée par l'hospitalité sans
limite qu'on lui accordait.
La raison psychologique de la faute
commise par M. Jaurès n'est pas
difficile à découvrir. L'évolution de sa
Mli tique l'a fait sortir insensiblement
dés bornes du parti îZe la Révolution.
Il cherche où planter sa tente et n'est
pas éloigné de trouver à son goût les
territoires que nous occupons.
D'ailleurs, il est le chef d'une armée
qui compte beaucoup de généraux
pour un petit nombre de soldats..
Il a été abandonné par les marxistes-
guesdistes et par les blanquistes ; puis
par les allemanistes, puis par les
groupes de libre-pensée, à la suite
d'incidents que nous nous défendons
de vouloir rappeler, puis par la Jeunesse
du Mouvement socialiste. Les bataillons
nombreux et ardents dont notre parti
a passé la revue à Paris et à Lyon sem-
blent à certains socialistes tout dési-
gnés pour encadrer M. Jaurès et son
étincelant état-major.
Je crois que l'heure n'est pas venue
de faire tomber la barrière que les
révolutionnaires ont pris soin d'élever
à notre gauche. En tout cas, c'est bien
mal préparer la suppression de cette
cloison, que d'essayer de troubler l'es-
prit d'entente et de cordialité qui règne
chez les radicaux-socialistes.
Notre parti ne s'est pas créé par ha-
sard; il représente les tendances de la
plus grande partie de la démocratie
-e-onseiente.: Cest un devoir pour nous
d'en défendre l'intégrité, l'indépendance
et la dignité.
Nous sommes dans le bloc ; nous
sommes libres dans le bloc.
Hugues Destrem.
ACTION LIMITÉE
Le président du Conseil a dit
hier, en peu de mots très nets et
tout à fait comme il convenait,
les intentions du gouvernement
à l'égard du Figuig. L'accepta-
tion unanime, par la Chambre, de
cette politique, montrera à l'étranger que
la France sait exactement ce qu'elle veut
faire dans cette région. Nous allons dans
le Figuig en vertu de la convention signée
par nous en 1.845 avec le Maroc; nous al-
lons y poursuivre les pillards qui sont
venus nous attaquer chez nous : nous al-
lons y exercer, selon notre droit garanti par
les traités, une action de police. Cette action
une fois accomplie, les agresseurs une fois
châtiés, réduits à l'impuissance, nous ren-
trons dans nos lignes.
Les gouvernements européens n'ont donc
pas il prendre ombrage d'une opération
aussi nettement limitée, aussi légitime
d'ailleurs ; il ne saurait entrer dans l'esprit
de personne en Europe, que nous devions
réclamer une permission pour défendre nos
possessions contre des voisins, d'ailleurs
eux-mêmes en état de révolte chez eux. La
loyauté des déclarations faites hier par le
cabinet français n'est, du reste, mise en
doute par aucun cabinet; et tout paraît ré-
glé, de la sorte, pour donner satisfaction à
la France d'une part, pour calmer toute
susceptibilité extérieure d'autre part.
Il nous reste à souhaiter que l'action an-
noncée soit prompte, vivement menée, cito
et jucunde ; c'est le meilleur procédé pour
qu'elle soit décisive, et peu coûteuse en ar-
gent et en hommes. Le gouvernement a,
derrière lui, sur cette question, l'assenti-
ment de la nation e ntière; qu'il en profite
pour agir vite et bien. — Ch. B.
LE FAIT NOUVEAU
Avez-vous dégusté l'affiche placardée avec
profusion sur les murs du 2e arrondissement
par les comités nationalistes qui soutiennent la
candidature de M. Syvelon ? Que ces comités
déclarent se retrouver tels qu'ils étaient en 1902,
« sans une défection », c'est au mieux; ne trou-
vez-vous pas qu'ils ont été singulièrement im-
prudents en affirmant dans ladite affiche que,
depuis les élections générales de l'an dernier,
a un fait nouveau » s'est produit?
J'entends bien que, par : « fait nouveau » ils
entendent l'invalidation do M. Syvelon; mais
on peut comprendre autre chose; tout le
monde, nous en sommes persuadés, saisira l'al-
lusion involontairement faite au recul des idées
nationalistes — si l'on peut appeler cela des
idées — à Paris.
L'élection de M. Soyer, républicain, dans le
quartier des Batignolles, en remplacement du
nationaliste clérical, M. Edmond Lepelletier,
voilà le fait nouveau.
L'élection de M. Gabriel Deville, républicain,
dans le 4* arrondissement, en remplaceront du
nationaliste clérical, M. Clouiier, voilà le fait
nouveau.
La terreur du suffrage universel dont MM.
Pugliesi-Conti et Maurice Sprônck témoignent
en se cramponnant avec l'énergie du désespoir,
malgré tous les usages, malgré, toutes les con-
venances, malgré les injonctions de la Cham-
bre, à leur double mandat, voilà le fait nou-
veau.
Oui, notre grand et cher Paris, sujet, comme
toutes les personnes nerveuses, à des accès de
fièvre, a été atteint de cette maladie spéciale
que l'on peut appeler : la nationalité, mais à
l'heure présente, il est guéri ; voilà le fait nou-
veau. -
Paris a vomi la nationalisme, voilà le fait
nouveau.
Dans quelques jours, les républicains du
quartier de la Porte Saint-Denis vont recon-
quérir le siège dont M. Tournade s'était em-
paré ; les républicains du 2' arrondissement
voudront-ils rester en arrière ? Quand tout Ça-
ris déteste l'erreur qui lui. a fait faire, tant
pour le Conseil municipal que pour la Cham-
bre, des choix si lamentablement saugrenus,
voudront-ils s'obstiner, s'entêter ?
Nous ne voulons pas le croire ; nous ne - le
croyons pas. Au surplus, les nouvelles qui nous
arrivent du 2" sont excellentes. C'est en vain
que les nationalistes plastronnent, se procla-
ment sûrs du succès. Ils ne font illusion à per-
sonne. C'est du « bluff », et voilà tout.
Certes, il faut lutter, énergiquement ; mais
la victoire est au bout. — I. Victor-Mmnkv.
T^r- » »
LE PAPE INDISPOSÉ
tDe noire conespcnaanl particulier! , -
- ', Home, 4 juin.
Au cours de 1 après-midi, on a appris que le
pape souffre depuis quelques jours d'une lé-
gère dyssenterie. ..-
Les médecins lui ont prescrit un repos ab-
soliij néamoins, il a accordé une audience à
plusieurs cardinaux.
La réunion du consistoire fixée pour lo 15
juin a Ói renvoyée au 22, - *
QUESTIONS
D'ASSISTANCE
ABANDONS -
Au Sénat depuis 1892. — Une délibé-
ration intéressante. — Un avis utile.
— Le secret pour l'abandon d'en-
fants. — Les maternités secrètes.
— Affichons partout ! — L'al-
cool et la mortalité infintile.
M. Plot sera content.
Ne s'est-on pas demandé souvent, en lisant
les comptes rendus des nombreux infanticides
relatés dans les journaux, s'il n'était pas pos-
sible d'empêcher ou de prévenir ces crimes qui,
avec lès avorlements plusr nombreux encore
sont une des causes de cette dépopulation que
l'on constate tous les jours sans pouvoir y por-
ter remède..
Le moyen existe cependant et il y a long-
temps qu'il a été indiqué par le conseil supé-
rieur de l'Assistance publique: c'est le secret
de l'accouchement et l'admission des enfants à
bureau ouvert.
Le bureau ouvert
Le « bureau ouvert » est inscrit dans le
projet de loi portant réorganisation du ser-
vice des enfants assistés, projet déposé au Sé-
nat depuis le 18 février 1892 ! L'exposé des
motifs concernant ce bureau d'admission déve-
loppe la thèse suivante : l'admission à bureau
ouvert ne protège pas seulement les enfants
dont la mère veut cacher la naissance, elle sau-
vegarde également ceux, bien plus nombreux,
que leur mère repousse par égoïsme.
Le conseil général de la Seine, toujours en
avance dès qu'il s'agit de faire le bien, avait
déjà, dans sa séance du 24 décembre 1886, pris
la délibération suivante : « M. le directeur de
l'Assistance est invité à recevoir à bureau ou-
vert à l'hospice dépositaire, sous la garantie du
secret et sans l'obligation du bulletin de nais-
sance, tous les enfants pour lesquels il en sera
fait la demande. »
En exécution de cette délibération, l'affiche
suivante a été placée dans la salle d'attente du
bureau des admissions à l'hospice des enfants
assistés de la rue Denfert-Rochereau :
Toute personne qui présentera un enfant en vue
de l'abandon est avertie que des questions vont lui
être posées dans l'intérêt de l'enfant, mais qu'il lui
est loisible de ne pas répondre ou da ne fournir
qu'une partie des renseignements demandés. — La
production du bulletin de naissance ne sera pas
non plus obligatoire.
L'on voit, par ce simple avis, combien il est
facile pour la femme qui veut abandon-
ner son enfant, de le faire sans risquer d'être
connue.
Pour le plus grand nombre des filles-mères,
qui viennent de la province cacher leur faute à
Paris, le secret del'accouchement est secondaire,
mais il n'en est pas de même de la garde de
l'enfant qui leur est souvent une source de mi-
sère et un empêchement de gagner leur vie.
C'est alors que leur ignorance de la facilité qui
leur est donnée de l'abandonner sans risques les
rend criminelles.
Sauvons les enfants
C'est à la publicité de cette ressource trop peu
connue qu'il faut recourir pour empêcher les
crimes trop fréquents, non seulement des filles
qui veulent faire disparaître les traces d'une
faute, mais encore des mères dénaturées qui
ne voient dans leurs enfants qu'un embarras
dans la vie et trouvent bon tout moyen de s'en
débarrasser ; ici, ce n'est plus le crime brutal,
impulsif, pourrait on dire, mais l'assassinat
hypocrite amené par le défaut de soins ou des
pratiques qui, pdUr être criminelles, ne sont
poirîï prévues par le. code : telles une nourri-
ture solide donnée dans les premiers jours,
cause d'entérite mortelle ; une exposition entre
deux courants d'air amenant une pneumonie
qui ne pardonne pas, etc. N'est-il pas alors plus
rationnel, d'aider cette mauvaise "femme — car
vraiment, je n'ose rappeler mère — à se débar-
rasser de son enfant avant qu'elle ne l'ait fait
mourir impunément? ,
Les secours temporaires
Pour la mère — fille mère "ou femme légi-
time — que la misère seule pousse à abandon-
ner son enfant, il existe partout maintenant,
un fonds de secours appelé « secours tempo-
raires » consistant en distribution de layettes
et mensualités en argent qui sont destinés à
prévenir cet abandon. Parmi les questions qui
seront posées à la mère on aura soin d'insister
sur ce point et l'on parviendra souvent, grâce
à ce secours, à empêcher un abandon ou un
infanticide.
Si la mère persiste à abandonner son enfant,
elle est prévenue qu'elle ignorera le lieu où il
sera élevé et elle ne pourra savoir, à des inter-
valles éloignés, que s'il est vivant ou mort.
Il lui sera pourtant loisible de le reprendre
le jour où les évétieinents le lui permettront,
mais l'administration n'agit pas en personne
imprévoyante, et c'est après une enquête très
approfondie surla moralité etles moyens d'exis-
tence de la mère ou des parents qui le récla-
ment, que cette demande sera accordée, évitant
ainsi une spéculation probable de l'enfant, qui
serait sans grand danger si c'est un garçon,
mais pourrait devenir désastreuse si c'est une
fille. :
Dans les maternités
Si aux admissions *à bureaux ouverts,, on
ajoutait les maternités secrètes qui sont de-
mandées depuis si longtemps, on aurait ainsi
les deux remèdes les plus efficaces aux maux
que nous déplorons.
Le secret de l'accouchement existe cependant
dans nos maternités, et à la malade qui le ré-
clame, il est absolument acquis, mais cette for-
malité est tout aussi inconnue que les admis-
sions à bureau ouvert dont nous parlons pius
haut, et l'ignorance des intéressées cause ces in-
nombrables avortements et ces trop nombreux
suicides dont les « faits divers » des journaux
sont remplis.
Cette ignorance provient surtout du défaut
de publicité donnée à des mesures si hautement
protectrices de la vie humaine.
Publicité nécessaire
En attendant que les préjugés si durs pour la
femme abandonnée avec son enfant et si bien-
veillants pour celui qui l'abandonne, soient dé-
truits, et qu'une notion plus juste et plus saine
de cette question, qui intéresse la société tout
entière, soit adoptée par tous, on doit s'attacher
à multiplier les moyens d'améliorer la situa-
tion si misérable de ces pauvres filles. Il en est
un qui, de nos jour^est bien facile à employer :
c'est l'affichage ; qUQ,ron multiplie les ans sur
tous les murs de toutes les rues ; que l'on fasse
connaître à toutes que l'on peut aller à l'hôpi-
tal accoucher sans être obligé de donner son
nom, et abandonner son enfant sans pour cela
se fairettr: cela n'empêchera pas tes
bonnes mères de garder les leurs et de les bien
élever, mais empêchera les mauvaises de les
faire mourir et les pauvres filles de les tuer ou
de se suicider.
Ce sera rendre ainsi un grand service à la
chose publique, qui est la République — Res
publiba — car s'il est bien de faire connaître,
comme on le fait, par les affiches, les méfaits
de l'alcool gui est un des facteurs de la dépo-
pulaiion, par suite des dégénérescences dont
il est la cause ; il sera mieux encore, en em-
ployant le même moyen, d'indiquer aux mau-
vaises mères et aux mères malheureuses le
moyen de se débarrasser de leurs petits sans
les tuer : la mortalité infantile est, elle aussi,
une des causes de là dépopulation, peut-être la
plus funeste, et il est du devoir de tous de tâ-
cher de l'enrayer.
Et M. Piot sera content !.
EMILE MAHt
< - Voir a la 3° page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
LE DÉLIRË
Lemice Terrieux ou Couesdon ? Fumiste ou
voyante ? Quel peat bien être l'auteur de l'in-
formation absolument fantaisiste dont les jour-
naux nationalistes et cléricaux se sont fait com-
plaisamment l'écho, et qui semble, en vérité,
échappée à l'improvisation maladroite d'une
imagination en délire ?
Il -s'agit de la constitution prochaine d'une
haute cour de justice. On en fixe la date, on en
détermine le rôle, on signale les affaires dont
elle connaîtra, on précise même la durée des
audiences, et, ce qui est plus fort, on déclare
que la juridiction exceptionnelle prononcera
dix condamnations à l'exil dont une frappant
un évêqm.
ta haute cour jugerait les auteurs des trou-
bles qui ont marqué la dispersion des congré-
gations, les deux affaires de trahison Baliguet
et Dreyfus, les perturbateurs du crédit public
qui ont occasionné les retraits des caisses d'é-
pargne.
On joindrait à tout cela, quelle salade ?
l'affaire des troubles des églises et celle du
million des chartreux.
La bêtise humaine est incommensurable. Ce
qu'il y a d'étonnant, ce n'est point que de telles
folies aient pu germer dans le cerveau d'un
Français, c'est que des journaux aient pu re-
produire sérieusement d'aussi fantastiques
nouvelles.
C'est ainsi que, du côté des réactionnaires,
on se plaît à écrire l'histoire. En vérité, on ne
sait qui l'on doit plaindre le plus, de ceux qui
répandent sciemment de semblables bruits ou
de ceux qui les acceptent les yeux fermés. —
Charles Darcy.
A L'ACADÉMIE FRANÇAISE
L'immortel Edmond Rostand
Ce fut une journée très select que cette ré-
ception de M. Ed. Rostand. Les élites accoutu-
mées étaientrésentes, et Mme Loubet avait
tenu à occuper la loge présidentielle en com-
pagnie de Mmes de Saint-Prix, Dubois et H.
Poulet. Le récipiendaire a prononcé un dis-
cours laborieux et M. de Vogué lui a répondu
en une de ces allocutions où les mots plus
que nulle autre part, sont donnés à l'académi-
cien pour atténuer sa pensée. M. de Vogüé a
caractérisé la gloire du nouvel élu en consta-
tant qu'il ressemblait à tous les poètes passés
et qu'il n'avait rien révolutionné en art.
On se souvient que M. Ed. Rostand ayant,
dans sa prime jeunesse, écrépé quelques sym-
bolistes, plusieurs néo-chrétiens, certains « dix-
huitième siècle en dentelles » et nombre de
« légendaires de l'Aigle », réussit à commettre
en alexandrins rimés des actes nombreux où
triomphaient tous les cabotinismes bien fice-
lés. Les sommes raisonnables qui lui en ad-
vinrent ne furent peut-être pas suffisantes à
compenser les louanges éperdues que M. Ca-
tulle Mendès lui prodigua.
M. Ed. Rostand, qui ne suscita guère que
des admirations creuses, ne fut jamais assez
grand pour mériter de fortes haines. Il, erit pu
viser des buts plus hauts que ceux atteints par
sa gloriole, et les railleries doivent désarmer
en songeant que, de son œuvre vaine, la pos-
térité ne gardera sans doute qu'une petite pin-
cée de cendres — parcs qu'il ne fut pas un
Poète d'humanité, mais un versificateur des
Apparqnces.
CHAMBRE SYNDICALE ET ECOLE SUPÉRIEURE
DES MASSEURS DE FRANCE
Dans leur assemblée générale extraordinaire
de mercredi dernier 3 courant, les Masseurs de
France, dont le siège social est 151, rue Saint-
Denis, à Paris, ont élu à une forte majorité,
comme président de l'Action syndicale, le di-
recteur, professeur en chef de leur Ecole supé-
rieure de massothérapie, le spirituel et incisif
publiciste poète Léopold Tabary, Spécialiste
masso-thérapeutiste, ex-attaché au service chi-
rurgical des hôpitaux de Paris, demeurant 47,
rue de Miromesnil.
Nos sincères félicitations au jeune président
qui saura tenir haut et ferme le drapeau scien-
tifique, social et humanitaire qui lui eslcônfié.
-
LE TRUST DE L'AIR ATMOSPHERIQUE
(De notre correspondant particulier)
Lisbonne, 4 juin.
Le prince Henri de Hohenlohe a présenté au
gouvernement le projet d'une grande Compa-
gnie qui monopolisera l'exploitation des sana-
toria à Madère pour la cure des phtisiques.
Le nouveau trust promet de payer au fisc un
tiers de ses Recettes et de déposer une somme
de 500.000 frSncs.
e_
LA BOHÊME ET JEAN HUSS
Ainsi que nous l'a télégraphié notre corres-
pondant particulier de Vienne, certains Tchè-
ques, — élément notoirement réactionnaire, —
ont conçu le singulier projet de s'octroyer, aux
yeux de l'étranger, couleur de libéralisme.
Après avoir décoché, très cléricalement, les
traits les.plus injurieux au gouvernement fran-
çais, précisément à cause de sa politique fran-
chement laïque, les voilà en train de vouloir
battre le record de M. Combes, en organisànt
une fête en mémoire de Jean Huss, sorte de
Calvin avant la lettre, que les Germains (selon
M. Alfred Fouillée et entre parenthèses) pour-
raient du reste, avec plus de raison que les
Tchèques, revendiquer pour un des leurs.
Les politiciens bohèmes, en célébrant le 5
juillet prochain la victime du concile de Cons-
tance, vont payer d'audace. Asservis, à un
point à.peine imaginable, à l'Eglise Ultramon-
taine, ils vont se donner, un moment, l'allure
de frondeurs antiromains. L'ombre de Huss,
dans les bocages élyséens, ne pourra que tres-
sauter à l'annonce de ces ovations lui venant
de gens tous revêtus de charges pieusement
consacrées par l'ostensoir et par l'étole !.,.
Au surplus, comme il fallait s'y attendre, la
réclame est de la partie : les journaux bohê-
mes annoncent, entre autres, qu'uno brochure
en langue française, retraçant la biographio de
Huss et rédigée par un certain M. Hausich, de
Prague, a été envoyée aux rédactions des prin-
cipaux journaux parisiens qui, j'imagine, re
mcrcieront sans doute pour ce cours gratuit
d histoire religieuse.
L'édilité praguoise escompterait, dit-on, en
cette circonstance,la venue de nombreux repré-
sentants des divers rameaux slaves et atten-
drait en outre la visite de ses vieux amis, les
nationalistes parisiens. On enregistrera donc
derechef les susurrements panslaves et les
« fraternisations » tchéco-nationalistesl
Deux faits, en somme, ressortent de ceci.
1° On va encore envoyerjde l'eau à la meule
pangermaine, ainsi -que le démontrait fort judi-
cieusement, ces temps derniers, un collabora-
teur du Rappel ;
2° On va voir porter au pavois par les très
humbles serviteurs de l'Eglise romaine un
homme, brûlé par cette dernière, et qu'il appar-
tiendrait à la Libre-Pensée, seule, de glorifier.
Mais ceux à l'instigation de qui la bergère de
Domrémy à été livrée aux flammes ne sont-ils
pas les mêmes qui la voudraient aujourd'hui
canoniser !
Dans ces deux cas, se retrouve, aussi triste-
ment, la même ironie.
0-b
STATISTIOUE DES JÉSUITES
(De notre correspondant particulier)
Cologne. 4 juin.
La Gazette Populaire, organe catholique, pu-
blie la statistique de l'Ordre des Jésuites. La
Compagnie compte 15.231 membres dont 6.743
Pabres. 4.542 scholastiques (étudiants en théo-
logie et philosophie) et 3.946 frères lais.
Des jésuites allemands entretiennent des mis-
sions spéciales pour leurs nationaux, à Rome,
à Londres, à Paris et à Marseille.
L'AGRESSION DU FIGUIG
- L'attitude du cabinet français
Les journaux anglais annoncent que le gou-
vernement français a fait parvenir à Londres et
à Madrid, par la voie diplomatique, une note
identique concernant l'expédition projetée con-
tre Figuig. Dans cette note, ajoutent-ils, le
gouvernement français dit que l'objectif de
l'expédition est uniquement le rétablissement
de l'ordre dans la région, et que la France n'a
nullement l'intention d'acquérir de nouveaux
territoires.
Il n'y a pas eu, en réalité, de note identique,
par la raison que le gouvernement français
ayant la police de sa frontière et, en vertu du
traité de 1845, le droit de l'exercer même sur
le territoire marocain, n'avait pas à priori de
motif pour faire une communication aux puis-
sances.
Il s'est borné à munir ses représentants d'ins-
tructions les mettant en mesure de présenter les
Choses sous leur véritable-jour au cas où des
questions leur seraient posées à ce sujet par
les ministres des puissances auprès desquelles
ils sont accrédités.
Les renforts
Sidi-Bel-Abbès, 4 juin.
Ce soir, le 4* bataillon du 1" régiment étran-
ger a reçu l'ordre de se tenir prêt à partir par
voie rapide, avec un effectif de guerre, pour
aller renforcer les postes, de l'extrême sud-
oranais.
L'action militaire
Alger, 4 juin.
L'autorité militaire continue à tenir très se-
crètes les dispositions prises pour rétablir la
sécurité sur la frontière du Sud-Oranais. Néan-
moins, tout le monde s'attend à une action vi-
goureuse contre Zénaga, et on s'étonne de voir
quelques journaux envisager avec répugnance
cette opération et préconiser de préférence l'oc-
cupation de Figuig.
Ces journaux ne considèrent pas que Figuig
n'est aucunement disposée à nous ouvrir ses
portes; il faudrait donc la prendre d'assaut
avec des forces considérables d'infanterie, et
cette attaque nous coûterait peut être quelques
centaines d'hommes, sans compter les pertes
qu'éprouverait les Marocains. Une action
d'artillerie serait infiniment moins meurtrière
pour lés uns et les autres.
li est plus que probable d'ailleurs qu'on don-
nera un délai pour laisser sortir les femmes
les enfants, comme M. Jonnart avait recom-
mande de le faire pendant la campagne du gé-
néral Servi ères au Touat.
Afin de ne pas gêner l'autorité militaire dans
le mouvement des iroupes et des transports de
guerre sur la ligne du chemin de fer de l'Etat
algérien, ordre a été donné de suspendre tout
transport de personnes et de matériel privé à
partir d'Aïn-Sefra. Cet ordre formel est entré
immédiatement en vigueur.
Le télégraphe au delà d'Aïn-Sefra jusque Beni-
Ounif et Djenan Eddarest fermé à la télégraphie
privée dès demain.
L'autorité militaire tient absolument secrètes
les dispositions prises qui, d'ailleurs, ne sont
pas absolument arrêtées.
Dans l'action de l'artillerie, il s'agit avant
tout d'occuper les points les plus favorables, en
sacrifiant le moins de vies possibles.
On croit que les opérations ne commenceront
pas avant quelques jours. -
La veillée des armes
Beni-Ounif, 4 juin, 3 h. 20 soir.
La nuit d'hier s'est passée sans incidents. Un
bataillon du 2e étrangers avec drapeau, le colo-
nel et la musique est arrivé ce matin.
Une colonne partie pour Ben-Zireg en recon-
naissance, vient de rentrer après avoir par-
couru le pays jusque près de Bechar.
Deux mille hommes de troupes avec de l'ar-
tillerie. sont actuellement concentrés à Beni-
Ounif.
Les marocains de Zenaga continuent à se
montrer arrogants. Ils rapportent dans les
ksours qu'ils ont gagné la bataille et disent
qu'ils veulent combattre.
De notre côté, l'entrain des troupes est ma-
gnifique.
Oran, 4 juin.
On mande de Beni-Ounif à l'Echo d'Oran :
Un commerçant Israélite, nommé Yaya Cher-
bit, de Zenaga, qui a pu s'échapper par mira-
cle de Figuig, apporte la nouvelle que les Fi-
guiguiens font de grands préparatifs et atten-
dent d'importants contigents des tribus de
l'ouest.
Les ksouriens s'excitent mutuellement.
» 4»
SCANDALE FINANCIER EN ITALIE
(De notre, correspondant particulier)
Turin, 4 juin.
Ainsi qu'on a pu en juger par l'extrait de la
plaidoirie de l'avocat Nasi que je vous ai adres-
sé hiel',le défenseur de la Banco Sconto a cher-
ché à établir que l'origine de l'escroquerie était
une comédie montée à Paris.
Il a insisté sur les agisements de Modugno
et de Gilbert qui auraient abusé, des noms de
plusieurs hommes d'Etat français lesquels
auraient été, comme je vous l'ai télégraphié
hier, les victimes des personnages en question.
Ceci résulte aussi de la fin de la plaidoirie
que MI Nasi a prononcée aujourd'hui et dans
laquelle il a analysé les actes de Boffinet, Mo-
dugno et Jolivet.
M. Gobbi, qui occupe le ministère public, a
répondu à l'avocat.
Il a insisté sur le caractère délictueux des
opérations de Cattanco, Rava et Deslex.
Le procureur royal continuera demain son
réquisitoire. ,
LA - JOURNÉE
-' PARLEMENTAIRE -
A LA CHAMBRE
LZ SUD-ORANAIS
M. Léon Bourgeois; qui préside; annonce
au débutg la séance qu'il a reçu de M.
Firmin Faure une demande d'interpellation
sur les mesures que le gouvernement
compte prendre potirassurer la-sécurité da
nos frontières dans le Sud-Oranàis. -, :
M. Emile Combes, président du conseil,
prend la parole sur la fixation de la date
de la discussion.
M. Emile Combes. — Je prie M. Fir-
min Faure de ne pas insister pour la discussion
de son interpellation. Ce que je pourrais dire
n'ajouterait guère à ce que la Chambre con-
naît déjà, et ne serait pas sans inconvénient.
J'espère donc que la Chambre se contentera
d'une courte déclaration.
Depuis quelques mois, nos possessions du
Sud-Oranais ont été le théâtre de divers atten-
tats, soit contre les personnes, soit contre les
propriétés, attentats qui attestent l'audace de
leurs auteurs. Aux crimes isolés ont succédé
les attaques par bandes armées.
A la suite d'une dernière violation de terri-
toire, au cours de laquelle fut détruit un con-
voi destiné à nos postes d'extrême frontière, la
gouvernement résolut d'aller chercher les pil-
lards dans leurs repaires.
Le gouverneur général de l'Algérie, désireux
de se rendre compte des dangers de la situation
et aussi de réconforter les chefs indigènes et les
tribus soumises à notre autorité, a entrepris-
une tournée et s'est avancé du côté de Figuig,
pour entrer en pourparlers avec l'amel maro-
cain.
Assailli par plus de 500 bandits, il n'a
échappé que grâce à l'intelligence du général
commandant l'escorte et à la bravoure de nos
soldats.
Le devoir s'impose donc au Gouvernementde
venger les méfaits commis et d'en empêcher,
autant que possible, le retour par des rigueurs
exemplaires. En ce moment les ordres s'exécu-
tent, les troupes se hâtent vers leurs cantonne--
ments. Dès que la concentration sera terminée,
on mènera la campagne avec vigueur.
Rien ne peut nous arrêter. Le traité de 1845
conclu avec le Maroc nous reconnaît le droit de
suite en territoire marocain. Nous en userons
d'autant plus librement que nous entendons
conserver à cette expédition le caractère d'une
opération de police.
Chacun sait que le principe dirigeant de no-
tre politique dans ces régions est de respecter
l'intégrité de l'empire marocain. Nous nous
garderons donc de donner le moindre soupçon
sur nos intentions. Nous ne rêvons ni de con-
quêtes ni de prises de possession. Nous n'en-
tendons user que de représailles contre des
pillards et nous les exercerons dans les limites
du traité.
Aucun doute ne peut et ne doit exister dans
l'esprit du gouvernement marocain ni dans ce-
lui des puissances de l'Europe. Ainsi rassurés
sur nos sentiments, le gouvernement marocain
et les puissances approuveront tout acte de vi-
gueur qui nous vengera des méfaits commis
et ôtera à leurs auhmfs, sinon pour toujours,
au moins pour longtemps, toute envie de re-
commencer. (Applaudissements.)
Suc., ces explications, M. Firmin. Faure
retire sa demande d'interpellation.
L'assistance aux vieillards
On s'occupe ensuite du projet de loi sur
l'assistance aux vieillards.
M. Aynard a déposé un amendement
cluil eliange la composition de la commis-
sion compétente.
M. Aynard. — Le caractère général de
la loi que nous discutons est, câpres ia. com-
mission, de créer un doit au profit de ceux
qnt sont appelés à en bénéficier et d'accomplir
un devoir de solidarité nationale. Pour nous',*
qui sommes d'une école opposée, nous n'atta-
chons cependant pas aux mots, surtout par le
temps qui court, une importance exagérée, Il
est peut-être exceseif de parler de droit : le
droit ne se conçoit guère sans des sanctions;,
nous verrons celles qu'édicté la loi. Quant à la
solidarité sociale, nous l'acceptons tous ; elle
nous presse, elle nous étreint. Que l'on ins-
crive sur les monuments : liberté, égalité, fra-
ternité, solidarité, nous n'y voyons aucun in-
convénient. Le tout est de s'entendre.
Qand nous rencontrons un indigent notre
éœur s'émeut, notre humanité se met en éveil.
Nous ne nous occupons pas de solidarité, ni de'
savoir si nous avons un quasi-contrat avec cet
indigent. Nous ne sommes pas de l'école de la
solidarité nationale, mais de l'école du devoir
social. Nous considérons que l'assistance est
une obligation sociale. Nous sommes tous prêts
à voter cette assistance aux vieillards. Mais
nous voulons savoir si cette loi est búne, équi-
table envers tous. (Applaudissements au cen-
tre et à droite.)
M. Bienvenu-Martin, rapporteur, dit que
M. Aynard craint que la commission canto-'
nale ne se laisse dominer par des considé-
rations politiques. Mais pour l'assistance
'médicale, la commission est composée dff
la même façon et personne ne l'a- critiquée.
Depuis huit ans, la loi de 1893 est entrée
dans l'application et les commissions can-
tonales n'ont donné lieu à aucun reproche
de pnrtialité. Pourquoi en serait il autre-
ment pour la loi d'assistance aux vieillards?
M. Bienvenu-Maptin. — La commis-
sion a cru, cependant, utile de faire entrer
dans la commission cantonale deux délégué
des sociétés de secours mutuels. Elle a écarte
les délégués des œuvres privées et des syndi-
cats ouvriers, parce que la commission canto-
nale doit prendre des décisions ayant une ré-
percussion sur la bourse des contribuables.
M. Aynard réplique :
M. Arnapd. — L'exemple tiré de la loi do
1893 ne tient pas ; car, en matière d'assistance
médicale, la commission cantonale ne fonc-
tionne pas. Elle fonctionnera, au contraire,
quand il s'agira de décider si un homme a
droit,oui ou non, à une pension viagère.
Par 323 voix contre 238, l'amendement
de M. Aynard est repoussé.
M. de Gaiihard-Bancel propose d'ajouter
à la fin de l'art. 10 les mots :
« Et comprenant en outre un délégué des so-
ciétés de secours mutuels et un délégué des
syndicats professionnels, patronaux et ouvriers
existant dans le canton, et désignés dans une
réunion des présidents de ces sociétés et syndi-
cats s'il en existe plusieurs. »
M. de Gaiihard-Bancel. — On dit
que ces délégués ne votent pas l'impôt ; mais'
le juge de paix et les sous-préfets ne le votent
pas davantage.
L'amendement, repoussé par la commii-
sion, n'est pas adopté. t
L'abbé Lemire demande pourqdol li
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