Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 mai 1903 30 mai 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINO CENTIMES le N\itti' £ r©3 PARIS & DÉPARTEMENTS Le Numéro'; CINQ CENTIMES
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No 12132. — Samedi 30 Mai 1903
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uP .ItJin)th!)tn)iirc iïjtCpMp!!nM~)~)~p
Je veux croire à quelque effroyable
méprise et j'espère que, malgré la fu-
nèbre nouvelle qui vient d'arriver à
Paris, il est encore vivant, notre cher
camarade Gaston Dubois-Desaulle.
Il nous avait quittés le25 janvier der-
nier, - partant comme correspondant
d'un grand journal illustré pour Dji-
bouli son intention était d'assister à
nnauguïatioji du chemin de fer de Har-
rar, cérémonie à laquelle devait assis-
ter Menelick.
Le Négus ne Tint pas, et Dubois-De-
saulle, trouvant sans doute son voyage
insuffisamment corsé en émotions, Du-
bois-Desaulle gagna par le chemin de
fer la station de Diré-Daouah.
Là, il rencontra les membres de la
mission Mac-Millen. Or, notre ami n'é-
tait pas homme à se contenter d'une
simple interview. Il estima qu'il avait
trouvé l'occasion de participer à une
expédition vraiment hardie et intéres-
sante. Il se joignit à la caravane et en-
treprit d'atteindre avec elle Addis-
Ababa.
C'est tout ce qu'on savait jusqu'à
présent sur le voyage du jeune et vail-
lant journaliste français.
Brusquement, le ministère des affai-
res étrangères nous fait savoir que Gas-
ton Dubois-Desaulle aurait été assassiné
par lesDanakils. Pas d'autre renseigne-
ment.
Sur la mission Mac-Millen, pas un
mot Disons tout de suite qu'il est à peu
près certain que la caravane est sauve.
Il s'agit, en effet, d'un .détachement
relativement considérable. M. Mac-Mil-
len est, nous dit-on, un richissime Amé-
ricain ; il se faisait accompagner par
une cinquantaine de soldats d'escorte.
Cent chameaux et vingt mulets por-
taient les bagages.
Bref, c'était déjà une unité militaire,
capable de répondre à la force par la
force, de se faire respecter, de résister,
en un mot, même à l'agression d'une
troupe considérable de barbares.
Nous ne voudrions pas remplacer les
renseignements qui nous manquent par
l'intuition et par l'imagination. Toute-
fois, ceux qui connaissaient Dubois-
Desaulle auront une tendance à croire
que si un accident s'est produit, ainsi
que l'affirme le ministère des affaires
étrangères, il a pu être la triste récom-
pense du courage illimité de notre
ami.
Aussi curieux qu'audacieux, se sera-
t-il avancé seul parmi une dangereuse
population que le Negus lui-même
maintient difficilement sous sa disci-
pline? Sachant son horreur pour toutes
les manières de verser le sang humain,
devons-nous supposer qu'il a voulu
négocier avec quelque chef indigène
pour obtenir, sans combat, le libre pas-
sage de la mission?
Ce sont des suppositions, des ques-
tions qui se pressent, et qui, je le ré-
pète, sont dénuées de fondement posi-
tif. Ce que nous savons, c'est que Gas-
ton Dubois-Desaulle était capable de
tous les dévouements, de toutes les au-
daces - disons le mot: de toutes les
héroïques imprudences.
Si vraiment il a été frappé, je ne
chercherai pas à consoler ceux qu'il
laisse et dont nous devinons la dou-
leur immense en l'estimant d'après no-
tre propre chagrin. Que la victime que
ce deuil atteint de la façon la plus ef-
froyable, Mme Dubois-Desaulle, nous
permette seulement de lui dire que ce-
lui pu'elle pleure laisse une œuvre. Une
œuvre littéraire, certes, car il avait un
- tempéramont de bel et vigoureux écri-
vain. Mais surtout, Gaston Dubois-De-
saulle avait préparé la solution d'un
émouvant problème social : celui des
compagnies de discipline et des bagnes
militaires. Il avait pris à cœur d'épar-
gner aux futurs conscrits les souffran-
ces qu'il avait lui-même endurées.
Républicain ardent et socialiste fou-
gueux, Dubois-Desaulle avait cru qu'il
était de son devoir, pendant qu'il ac-
complissait son service militaire, d'en-
seigner à ses camarades de chambrée
l'espoir dans un avenir meilleur. Pour
« propagande révolutionnaire » il fut
envoyé aux compagnies de discipline.
Là, il subit les pires sévices: sans
se plaindre. Il se contentait de regarder
et de prendre note.
Revenu en France, il eut la claire no-
tion d'un devoir à remplir. Il raconta,
par le menu,les innombrables atrocités
auxquelles il avait assisté, ou; dont
l'écho lui était parvenu. Il fit enquête
sur enquête, obtint le témoignage de
nombreux anciens disciplinaires. Il mul-
tiplia les conférences, se procura les
engins de torture utilisés par les gar-
des-chiourmes militaires — engins
qu'on, vendait, alors, cyniquement, en
plein Paris, et à n'importe qui.
A la suite de sa campagne, et no-
tamment de la publication de rensei-
gnements concernant le pénitencier de
! Ile de Ré, le ministre de la guerre
ordonna la suppression des engins de
tortures dans les bagnes de l'armée.
Il faudra bien achever la réforme
commencée ; nous n'oublierons jamais
que Dubois-Desaulle a çorté le premier
couo sensible à une féroce inslitutipik
La Libre-Peusée est en deuil. Au
point de vue anticlérical, Gaston Du-
bois-Desaulle s'était jeté en pleine ba-
taille et son dernier livre : Prêtres et
moines non conformistes en amour, est
un ouvrage d'histoire qu'il faut connaî-
tre avant de donner la liberté de l'en-
seignement aux insensés qui ont for-
mulé le vœu contre-nature de chasteté.
Nous reverrons souvent, par le sou-
venir, le jeune homme doux, intelligent,
fidèle à ses amitiés, énergique dans ses
aspirations vers la Justice humaine,
qu'était Gaston Dubois-Desaulle.
Hugues Destrem.
PROFESSEURS DE VERTU
Hier, scandaleuse séance à la
Chambre. L'opposition, sotte
et ridicule, qui aurait besoin
d'apprendre son métier, a jugé
à propos d'attaquer le ministère
en détail et de salir quelques-
uns de ses membres. Ce sont là
des opérations qui ne réussissent jamais,
surtout lorsqu'elles ne s'appuient sur rien.
Croirait-on que CamillePelletan lui-même
a été accusé d'être vendu aux Humbert ?
Les applaudissements de la Chambre l'ont
bien vengé ; je dis : la Chambre, parce que
tous les partis se sont associés pour rendre
hommage à sa probité proverbiale, à son
honnêteté politique et privée.
Après Pelletan, ç'a été le tour du prési-
dent du Conseil. On a le droit de critiquer
sa politique, mais il est incontestable que
M. Combes est un brave homme, dont
l'honnêteté personnelle ne peut être mise
en doute. On lui a reproché toutes sortes
de choses infâmes qui ne tiennent pas de-
bout. Et qui a fait cela ? Un professeur de
vertu.
J'ai fait bien souvent le portrait du pro-
fesseur de vertu. Pour remplir ce rôle, il
faudrait être impeccable et inhumain. Or,
il se trouve justement que les hommes im-
peccables sont de bonnes gens qui aiment
l'humanité et ne cherchent jamais noise à
personne. D'où il suit que le professeur de
vertu esttoujours un citoyen qui a une tare
et qui crie contre les honnêtes gens pour
faireoublier les griefs sévères qu'on pour-
rait articuler contre lui.
M. FIandin, député de l'Yonne, est pro-
fesseur de vertu par métier. Songez qu'il a
été procureur général. A la Chambre, il
procède comme devant un tribunal. Lors
de l'élection Fould, il a eu un accès indi-
gné de vertu et la Chambre, surprise par
ses accents qui paraissaient sincères, le
suivit dans un accès non moins indigné de
vertu. Aux yeux de M. Flandin, M. Fould
était devenu une sorte de criminel digne de
la peine de mort. Après M. Fould, M. Ré-
voil fut une da ses victimes. Complaisam-
ment, Ai. Flandin faisait d'ailleurs répé-
ter partout qu'il avait la promesse du gou-
vernément général de l'Algerie.
Or, hier, cet honnête homme a été flétri
par toute la Chambre. Il avait proféré une
calomnie ignoble. Quand on fait ce métier-
là, avant de dire un mot, il faut avoir dix
fois la preuve. Et M. Flandin n'avait rien.
Il a balbutié quelques paroles perfides. Le
bon apôtre croyait bien que les choses n'i-
raient pas plus loin. Les apostrophes de
tous les députés, véritablement écœurés,
l'ont cloué à son banc. Gérault-Richard,
qui. a parlé, a été plutôt dur et pourtant ses
paroles vengeresses ont paru douces.
Je défie M. Flandin d'exercer maintenant
une action quelconque sur cette Chambre.
Sa lâcheté éloignera de lui tous ses amis Je
me permets de trouver cela très bien. Je
n'aime pas les professeurs de vertu et je suis
de 'ceux qui ont eu toujours foi en la justice
immanente. Que la terrible exécution dont
M. Flandin a été la victime serve d'exem-
ple à ses pareils. C'est un souhait que je
forme. — Ch. B.
————-————— ., ———-————-
L'ÉLECTION DU Y ARRONDISSEMENT
Los électeurs du 2* arrondissement do Paris
sont convoqués pour le dimanche 21 juin, afin
de procéder au remplacement de M. SyvetoD,
député invalidé.
TEMPS PERDU
- 1
Les républicains ont, hier, gagné une ba-
taille, mais la Chambre a perdu une journée.
Etail-on las déjà d'avoir, pendant quelques
heures, travaillé sérieusement? L'assistance
aux vieillards n'élail-ello pas un sujet assez
attrayant pour retenir l'attention des députés
pendant plus d'uno séance?
On i'allrait dit presque, à voir l'empresse-
ment avec lequel certains se sont réjouis de
parler d'autre chose. Et ainsi la taclique do la
droite a une fois de plus réussi. Il imporle de
la préciser et do la flétrir.
Chaque fois que le Parlement discute un pro-
jet qui menace les intérêts de caste ou les inté-
rêts de fortune des réactionnaires, les mêmes
manœuvres se répètent. Ou bien on essaie de
retarder le vote par l'obslruction incessante :
dépôt d'innombrablos contreprojets et de mul-
tiples ameudemenls, longs et vains discours où
se manifeste parfois en dépit du talent des ora-
teurs la pensée secrète qui domine les cerveaux
des gens de la droite.
Ou bien on suscite des incidents absolument
étrangers au débat, on interpelle, on questionne,
ce pendant le temps passe, et les réformes s'en-
dorment dans la poussière dos cartons parle-
mentaires.
Ce qui est grave c'est que les républicains se
laissent presque toujours prendre à ce jeu, et
qu'ils en sont parfois les complices involon-
taires. Il en résulte que le travail se ralentit
et qu'on ne fait que de mauvaise besogne. Il
arrive que la loi, si impatiemment attendue
par le pays, ne voit pas le jour, ou que, si
par hasard elle est volée, elle est tellement dé-
figurée par les transformations de détail qu'elle
a dû subir qu'elle constitue un grimoire indé-
chiffrable, plus dangereux qu'uliîe.
Ce mal n'est point sans remède. Le remanie-
ment complet de la méthodo de travail do la
Chambro, lamodificalion profonde du règle-
ment suffiront à rendre fécondes'des discus-
sions où, il faut bien le reconnaître, ce no sont
pas le plus souvent les bonnes volontés qui
manquent.
Espérons que, bientôt las des atermoiements
et des retards de toute sorte, les députés com-
prendront que cette réforme s'impose autre
ment ils se condamneraient fatalement à ,ûe-
l meurer impuissante,ou à n'enfanter que deJ!s
dlflnram. 4--_1 -)-
LA GUERRE
AUX REPUBLICAINS
M. Pelletan calomnié. - Une lettre de
M. Parayre. — Démentis sur dé-
mentis..-- Ce que l'on dit au
palais de justice. — Com-
ment Parayre a été rer
laxé.
Le Figaro, revenant sur l'affaire de l'ordon-
nanco de non-lieu accordée à M. Parayre, a
publié hier matin une lettre qui, dit il, aurait
été adressée par l'ancien secrétaire de la fa-
mille Humbert à M. Camille Pelletan. Nous
ne reproduisons cette lettre qu'à titre de docu-
ment :
Paris, le 25 septembre 1902.
Monsieur le ministre,
J'ai adressé, à la date du 23 du courant, à M.
le ministre de la justice, une requête à l'effet de
réclamer la restitution d'une valeur dont je crois
avoir été indûment dépossédé et qui constituait
mon unique ressource contre la misère. Elle repré-
sente le fruit de 21 ans de travail.
Bien que ma réclamation par son bien fondé me
semble susceptible de recevoir un accueil favora-
ble, je suis néanmoins persuadé qu'une recomman-
dation verbale, de votre part à M. la garde des
sceaux aurait encore plus de chance de provoquer
une solution conforme à mon bon droit. Je viens
donc solliciter de votre haute générosité votre
puissant appui dans ce sens.
N'ayant pas l'honneur d'être connu de vous, je
ne puis invoquer d'autre titre à votre haute bien-
veillance que ma discrétion absolue sur la remise
à votre secrétaire, à l'hôtel Humbert, de la somme
considérable que j'étais chargé de laisser entre ses
mains pour votre intervention à la séance du 23
décembre 1889 contre l'élection de Selne-el-Marue :
le registre dont j'avais la garde et la tenue et où
est consignée à sa date cette remise avec chiffre et
nature, n'est jamais sorti de mes mains et n'a été
mis sous les yeux de personne. Seul, j'en connais
l'existence.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'assurance
de mon respect.
A. PARAYRE,
Ancien secrétaire de M. Humbert,
65, avenue de la Grande-Armée.
P.-S. — Afin que monsieur le ministre soit bien
convaincu, s'il veut bien me prêter son haut appui,
que c'est en faveur d'une cause juste, ci-joint, à
la deuxième feuille, la copie de la requête à M. lo
garde des sceaux.
An ministère de la marine, on nous a dé-
claré, hier matin, que la lettre signéa Parayre,
datée du 25 septembre 1902, et publiée par le
Figaro, n'est jamais parvenue entre les mains
do M. Camille Pelletan.
Au Palais de Justice
Nous avons voulu nous renseigner d'une fa-
çon précise sur les faits auxquels il est fait al-
lusion dans la lettre do M. Armand Parayre,
et savoir quelle suite y serait donnée. Nous
sommes allé trouver M. Poncet, substitut du
procureur de la République, qui, mieux que
personne, connaît l'affaire Humbert et le rôle
dé Parayre. M. Poncet nous a déclaré qu'il
n'avait pas connaissance de la lettre de M. Pa-
rayre à M. Camille Pelletan.
— Le procureur de la République est absent de-
puis hier, nous a-t-il déclaré ; le procureur géné-
ral que je viens de quitter ne m'a pas soufflé mot
de la clioso ; moi-même je l'ignorais.
— Mais, faisons-nous observer, si ce que dit M.
Parayre concernant co registre qui « n'a été mis
sons les yeux de personne », et dont seul il con-
naît l'existauce, est exact, il faut admettre que des
naît l'existence, été dérobes dans l'hôte! des Hum-
documents ont été dérobés dans l'hôtel des Hum-
bert. N'y a-t-il pas lieu, là, à l'ouverture d'une
enquête ?
— Le dossier de l'affaire Humbert est à la cham-
bre des mises en accusation. Seule,cette chambre a,
maintenant, le droit d'ordonner un complément
d'instruction.
- Alors ?.
- Alors! je ne sais rien, vous le comprenez, et
je ne peux rien dire. Ce n'est pas le secret profes-
sionnel qui m'en empêche, c'est l'ignorance où je
me trouve des faits que vous me racontez.
Dans les commentaires dont il agrémente la
lettre de M. Parayre, le Figaro dit :
La lettre du secrétaire de la famille Humbert a-
t elle amené une réponse ? Nous l'ignorons,
n'ayant pas les confidences de M. Parayre.
.A t-elle décidé M. Camille Pelletan à tenter
une démarche directe ou indirecte auprès du ma-
gistrat qui tenait dans ses mains le sort de Al. Pa-
rayre ?
Un peu plus loin, il ajoute :
Par contre, ce qui est certain, c'est que M. Pa-
rayre, après une longue détention, a été mis en
liberté, obtenant ce qu'il demandait à M. Pelletan.
Il y a donc là un mystère qu'il est nécessaire d'é-
claircir.
La mise en liberté de Parayre
Nous avons demandé à M. Poncet ce qu'il
pensait de ces commentaires. L'aimable subs-
titut s'est aussitôt écrié :
— C'est faux ! entièrement faux ! Mais il faut ré-
pondre à cette insinuation.
Et M. Poncet nous fait le récit détaillé des
circonstances qui ont amené d'abord l'arresta-
tion de Parayre, ensuite sa détention, puis sa
mise en liberté provisoire, enfin le non-lieu
dont il a bénéficié tout récemment.
Alors que la police du monde entier cher-
chait la famille Humbert, M. Leydet avait
déjà commencé son instruction, et avait ras-
semblé tous les documents susceptibles de pou-
voir être utiles à la marche de l'enquête. M.
Poncet, substitut du procureur de la Républi-
que, désigné pour faire le réquisitoire de l'af-
faire, suivait pas à pas l'instruction.
On sait que des télégrammes signés : « Mul-
ler » avaient été expédiés à la grande poste de
Paris. Le juge possédait les télégrammes. Il
eut l'idée de faire rechercher les originaux qui
avaient été déposés à la posle pour l'envoi de
ces télégrammes.
La poste ne conserve ces originaux que pen-
dant six mois. Aussi ne trouva-t-on que cinq
originaux des télégrammes signés Muller. Qua-
tre des textes de ces télégrammes étaient écrits
à la machine à écrire. Seule, la signature,
« Mullor » était de la grande écriture que nos
lecteurs connaissent !
Mais le cinquième original était tout entier
de cette écriture; il comportait six lignes do
texte et la signature. M. Poncet, qui avait ou
entre les mains un grand nombre de pièces de
l'écriture de Parayre, trouva une ressemblance
entro les deux écritures. Il en fit part à M.
Leydet, qui fit faire une expertise par M.Stoijn.
M. Sleiju conclulà la similitude des deux écri-
tures. j
Cependant, on n'arrêta pas Parayre.
Après l'arrestation dos Ilumbert à Madrid, le
juge décida de faire arrêter Parayre. Ces dé-
tails sont connus. Parayre arrêté à Rouen, ra-
mené à Paris, interrogé par le juge, proteste
de son innocence. Une contre-expertise ost con-
fiée à MM. Farge3 et Couderc, qui rendent des
conclusions semblables à celles de M. Steijn.
Parayre proteste toujours. On lui met les piè-
ces de comparaison sous les yeux. C'est alors
que la situation s'améliore pour Parayre, qui
fait remarquer aux magistrats instructeurs que
l'éerilurè du télégramme Müller ressemble à
l'écriture d'une pièce du dossier, dont l'auteur
n'est pas connu, mais que l'on sait ne pas être
Parayre. Nouvelle expertise, nouvelle contre-
expertise : les experts deviennent moins affir-
matifs. Il y a doute.
Sur ces cntrerllit, les Ilumbêrt sont rame-
nés à Paris. Frédéric, interrogé, déclare que
Parayre est innocent et finit par recannaitre
i qu'il est l'auteur du document dont l'écriture
.fml.. :Uj.:J$Wrg Muller* Le
doute s'accentue dans l'esprit des magistrats, et
M. Leydet signe la mise en liberté provisoire
de Parayre.
L'instruction terminée, aucune charge n'é-
tant relevée contre le secrétaire de Frédéric
Humbert, un non-lieu est rendu en sa faveur.
Tels sont les faits que nous raconte M. Pon-
cet, qui ajoute, en terminant :
— Jamais, au grand jamais, je n'ai reçu d'ordre
de mes chefs pour mettre Parayre en liberté ; ja-
mais, à ma connaissance, une démarche n'a été
tentée au parquet, par qui que ce soit, par M. Pel-
letan ou par une autre personne, en faveur de Pa-
rayre. Cela je l'affirme hautement. C'est ma cons-
cience seule qui a dirigé ma conduite, et c'est le
doute dont mon esprit était harcelé qui m'a décidé
à activer l'instruction pour la partie concernant
Parayre, et à faire signer sa mise en liberté provi-
soire, dès que la chose a été possible.
Voilà qui eslformc) et précis. — A. J,
BASILE ET SON" ARIA"
Je suis dans la rue, je me jette sur un pas-
sant quelconque, et je lui dis :
— Prouvez-moi quo vous n'êtes pas un filou.
Les gens s'attroupent ; je jette un regard cir-
culairo à la foule, et je m'écrie :
— Prouvez-moi que ce monsieur n'est pas
un filou.
Le passant qui, par hasard, n'a pas perdu
son sang-froid me présente cette observation :
— Voulez-vous bien m'expliquer do quoi il
s'agit ?
Alors je lui réplique d'en ton péremptoire :
— Si vous pensez que j'ai tort de vous tiai-
ter de filou, traînez-moi en cour d'assises.
Mais cet exercice m'amuse, et j'écris au pape.
Jo demande donc au pape pourquoi il a oublié
"de me rendre les vingt mille francs que je lui
alprêtés un jour qu'il était venu in-cognito à
Paris s'amuseravec des petites femmes, et qu'il
s'était trouvé sans argent. Autour de moi les
gens disent :
— N'êtes-vous pas un peu malade ?
Alors je réplique avec un accent de triom-
phe :
— Si le pape veut soutenir qu'il n'a pas reçu
mon argent, qu'il me traîne en cour d'as-
sisesi
On pourrait ainsi rire et se distraire en so-
ciété, à peu près indéfiniment : M. Combes et
notre ami Camille Pelletan ont eu affaire hier
à l'individu qui traite, au hasard de la four-
chette, les passants do filous, et qui écrit au
chette, C'est une pitié que l'on soit obligé, je ne
pape.
dirai pas de discuter, mais simplement do per-
dre un quart d'heure de séance à d'aussi stu-
pides incidents.
M. Combes s'est levé, et l'accent dont il a
parlé a suffi : 10 mensonge que l'on dressait
contre fui s'est effondré, ballon piqué d'une
épinglo.
jPûlletan s'est donné la peine d'être éloquent,
comme il sait l'être, pour réduire en loques la
calomnie imbécile. Il l'a prise par un bout, l'a
déchiquetée, et ne l'a lâchée que lorsqu'il n'en
est plus resté un centimètre carré qui eut une
apparence de forme.
t!Pour nous qui connaissons Pelletan depuis
trente-cinq ans., depuis qu'il venait ici, à cette
table où nous écrivons, écrire pour le Rappel
avec son esprit frondeur et espiègle, avec son
courage, avec sa conviction jamais abattue,
avec son cœur indomptable et bon ces admira-
bles comptes rendus des Chambres, ces super-
bes articles politiques, qui l'ont désigné tout
de suite à la confiance en même temps qu'à
l'attention du public, nous qui savons quel
homme est Pelletan, l'aventure d'hier nous a
fait sourire, et nous n'avions aucun besoin
d'entendre sa parole pour savoir que la calom-
nie était la calomnie; mais il est difficile tout
de même, de ne pas ressentir un peu de dégoût
quand on songe aux moyens que certaines gens
emploient aujourd'hui pour attaquer un en-
nemi politique.
CROMWELL ET LES COURSES DES CHEVAUX
(Da notre correspondant particulierl
Londres, 28 mai.
A propos du vif intérêt que lo roi Edouard
porte au Derby, un chroniqueur rappelle que
le premier chef d'Etat anglais qui s'occupa
du turf fut Olivier Cromwell. Le protecteur,
tout puritain qu'il était, avait même une écurie
et faisait courir. L'intérêt qu'il portait au dé-
veloppement de la race chevaline n'a rien d'é-
tonnant : il avait réorganisé la cavalerie an-
glaise et devait à cette arme la plupart do
ses succès militaires.
LE MOUVEMENT POLONAIS
iDe netre correspondant particulier)
Berlin, 28 mai.
Les Polonais, réunis en assembléo générale à
Posen, ont décidé que, dans les 15 circonscrip-
tions de la province de Posnanie, pas un mem-
bre du soi-disant parti de la cour ne serait
candidat au Reichslag. Il convient da (aire
remarquer que certains membres de l'aristo-
cratie polonaise de Prusse, tels que les Czarto-
risky, les Cegiolski, etc., entretenaient des re-
lations avec la cour et étaient pour une politi-
que do réconcitiation. On les a appelés le
parti de la cour. Les Polonais les ont évincés
et ne poseront que des candidatures Cpolonai-
ses franchement démocratiques.
Officiers révolutionnaires en Russie
(De nolre correspondant particulierl
Saint-Pétersbourg, 28 mai.
Le lieutenant Grigorieff et le capitaine Mo-
lostivoff, de l'artillerie de la garde, ont été
arrêtés. On avait découvert à leur domicile
une correspondance très compromettante. Lo
lieutenant Grigorieff a déclaré au juge d'ins-
truction qu'il avait l'intcnlion de tuer M. Po-
biédonossoff, procureur du Saint-Synode, mais
qu'il avait abandonné ce projet en voyant do
près ce vieillard caduc. Le capitaine Moloslivoff
s'était engagé à exécuter un haut fonctionnaire
dont on cache encore le nom.
COMPLICATIONS DANS LE SOMALtliND
»
(De noire correspondant particulier)
Aden, 28 mai.
Les tribus hostiles ont attaqué un convoi an-
glais, près de Dlhala, et ont enlevé les provi-
sions et les dépêches. Les fusiliers de Dublin,
appuyés par une batterie de montagne, ont
essayé de reprendre le butin enlevé. Les indi-
gènes ont ropoussé les fusiliers et ont continué
leur marche dans les montagnes.
LES TROUBLES EN CROATIE
Agram, 28 mai.
Enviro 200 étudiants croates et serbes, qui
viennent de consacrer solennellement leur ré-
conciliation, ont organisé hier un long cortège
de deuil, qui a parcouru dans le plus grand
silence learnes do la ville. Une nombreuse
foule s'était jointe à ce cortège. Aucun incident
ne s'est projuH,
Près de ZlaLar, on signale un conflit sanglant
entre la gendarmerie et les paysans armés de
knouts. La gendarmerie a tait Oj¡ et blessé
tliie\Jr. newoiim*; ',' -
Près de Fiume, un des principaux centres
d'agitation, à Grobnik et à Zengg, ont eu lieu
également de nouveaux excès et de nouvelles
arrosttiMM. -
.——————————— —
LES COLÈRES ITALIENNES
Un grand souffle de colère, venu du large,
venu do ces profondeurs mystérieuses où s'a-
moncellent les tempêtes qui, quelque jour,
peut-être, balayeront la surface do notre vieille
terre, passe sur l'Italie.
L'agitation soulevée par les incidents d'Ins-
prück, loin de s'apaiser, semble gagner do pro-
che en proche et grandir chaque jour. Les
dépêches que nous avons publiées hier racon-
taient les manifestations qui ont eu lieu simul-
tanément à Palerme, à Viccnce, à Rome même,
où le gouvernement s'est vu obligé de faire
protéger par de la troupe en armes l'ambassade
d'Autriche. Et ce qui est significatif surtout,
c'est la rapidité avec laquelle, à Palerme, la
villo s'est couverte de drapeaux italiens, après
que les étudiants eurent, devant le consulat
d'Autriche, brûlé l'étendard dos Habsbourg.
On lo voil : c'est l'Italio entière qui vibre,
tressaille, s'émeut.
Quoi?conlro l'Autriche? Oui. Mais l'Autri-
che n'est-elle pas liée par les traités avec l'Italie?
Ella Triplicef. Et cela veut dire, et jo le
disais ici même l'autre jour à propos du livre
remarquable de notre confrère d'Alri, que l'on
ne fait pas de traités contre l'âme des peuples.
Pendant un temps plus ou moins long, la
politique peut attacher l'une à l'autre des na-
tions dont les coeurs ne battent point à l'unis-
son. Mais ces liens sont fragiles. Au premier
incident, à la premièro poussée do sang, les
veines gonflées font éclater les chaînes qui
chargeaient les membres. -
Ou je me trompe fort, ou il doit y avoir en
ce moment en Italie une inleuse l sensation d9
soulagement. Voilà trop longtemps qu'on lui
imposait, à cette malheureuse et chère Italie, la
promiscuité avec l'Autriche. Est-ce que les
souvenirs sont morts? ces souvenirs du temps,
si près de nous encore, où l'Italie agonisait
sous le talon de l'Autriche.
Dans son livre, M. d'Atri a cité ces vers du
poëmo Andryane, publié l'an dernier par la
vairlanle revue d'avant-garde : les Annales de
la Jeunesse laïque. C'est Buonarotti qui est en
scène, le vieux proscrit ; et les carbonari de
Genève l'eutourent :
Il parle avec lenteur, d'une voix forte et grave..
Il dit le sort affreux de l'Italie esclave.
Râlant; foulée aux pieds par les Autrichiens;
Plus de lois; plus de droits; les meilleurs citoyens
En prison; un bâillon garrottant chaque bouche;
Le vil pullulement de la vermine louche;
Juges, prêtres, soldats, valets du bourreau-chef,
Le sinistre empereur et roi Francois-Joseph;
Les brillantes cités devenant nécropoles,
Les hideux aigles noirs à deux têtes, symBoîes
D'épouvante et de mort, ouvrant dans le ciel bl3U.
Dans ce ciel où riait le soleil, au milieu
Des hommes, au-dessus des hautes citadelles.
Les longs voiles de deuil que sont leurs sombres
[ailes,
Il dit la honte, il dit l'âcre vapeur de sang
Qu s'exhale du sol autrefois florissant j
Les villes sans travail, les plaines sans récoltes,
L'horrible écrasement des suprêmes révoltes,
Et les Italiens n'osant, la rage au cœur,
Que maudire tout bas l'exécrable empereur.
De sorte qu'un sanglot monte à sa bouche anière :
- Italie!.. Italie!.. Italie!.. 0 ma mère!..
Alors — en 1822 - quand l'ILalie était cru-
cifiée ainsi, seul, un Français, Alexandre An-
dryane, vint au secours de l'Italie, donna sa
liborté pour elle. De tels souvenirs ne s'effacent
point. Aujourd'hui,l'Italie frémissante repousse
de son poing crispé de colère l'Autricho et tend
son autre main, grande ouverte, à sa grande
sœur latine : la France. — L. Victor-Mcu-
nicr.
Voir à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du xxiatirx
UN PAQUEBOT EN RETARD
Vives inquiétudes
Cherbourg, 28 mai.
On est sans nouvelles du paquebot Ville-de-
Cherbourg qui devait rentrer dans notre port
mardi soir, venant du Havre. Aucun séma-
phoro no l'a signalé. Le préfet maritime a en-
voyé un torpilleur en reconnaissance. Le pa-
quebot Ville-de-Cherbourg a à bord. 11 hom-
mes d'équipage et 10 passagers.
On a au port do vives inquiétudes.
————————————— —————————————
DE L'OR CARTHAGINOIS
(De notre correspondant particulierl
Rome, 28 mai.
Le ministre de l'Instruction publique a été
avisé que, dans les fouilles qu'on vient de fairo
à Solinunte, on a trouvé-20 pièces d'or cartha-
ginoises très bien conservées et une grecque
très antique qui atteste l'existence du culte de
Jupiter.
LES FÊTES DE SAINT-PÉTERSBOURG
Compiègne, 28 mai.
M. Gournay, maire de Compiègne, est parti,
hier, pour assister aux fêles de Saint-Pétors-
bourg.
Avant son départ, le conseil municipal a
voté une somme de 2.000 francs pour les pau-
vres de Saint-Pétersbourg et le maire a attri-
bué aux pauvres do Compiègne une somme do
1.000 francs, votée par le conseil pour ses frais
de représentation.
EoNTflE LE BLANC DE CÉRUSE
La fédération nationale des peintres organise
pour demaio, à 8 h. 112 du soir, un grand mee-
ting de protestation coutro les retards appor-
tés à la suppression du blanc de céruse.
Tous les députés de la Seine ont été invités,
et la fédération s'est en même temps assuré le
concours des représentants de toutes les orga-
nisations ouvrières adhérentes à la confédéré-
tion générale du travail. -
AU MAROC
Tanger, 28 mai.
Les renforts destinés au Figuig sont partis
ce soir sur un vapeur français pour la fron-
tière algérienne. Un officier français les ac-
compagne.
On suppose que lo but do 1 expédition est de
prouver aux tribus de la frontière que le sul-
tan est décidé à mettre fin à leurs incursions et
qu'il agit de concert avec les Français dans ce
but.
Le représentant du sultan pour les affaires
étrangères vient d'adresser aux puissances une
circulaire annonçant que les troupes marocai-
nes resteront en permanence sur la roule do
Tanger à Arziba, afin de protéger lo transit des
marchandises et do puuir los rebelles.
Madrid, 28 mai.
Suivant une dépêche de Ceuta, l'insurrection
s'étend sur la côle occidentale du Maroc.
On n'a aucune ÇQuUïwaUou officielle de cette
nouvelle
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
Ecœurante journée, consacrée presque
tout entière aux racontars diffamatoires
colportés par la presse nationaliste et con-
cernant plusieurs républicains. Evidem-
ment, on aimerait mieux n'avoir pas à re-
muer ces choses là. Cependant, parfois, il
faut savoir pousser à coups de balai les
hontes malsaines qui s'amoncellent à
la porte du Palais-Bourbon. C'est à cette
œuvre de propreté que le gouvernement et
la majorité se sont adonnés hier.
La poUce desDlœurs
Auparavant, M. Paul Meunier avait
adressé an président du conseil une ques-
tion au sujet des abus commis par la po-
lice des mœurs, et notamment de l'arres-
tation de M. Forissier.
M. Paul Mennter. — Quelles mesures
le président du conseil entend-il prendre pour
prévenir le retour de pareils faits qui se renou-
vellent trop souvent?
On objecte qu'il faut, selon lo mot du préfet
de polie, que la rue soit propre et libre. Sans
doute. Mais les arrestations arbitraires opé-
rées par la police des mœurs sans contrôle,
sans jugement, restent comme un souvenir des
abus de l'ancien régime. Il faut que cela
cesse.
M. Combes répond en quelques mots :
M. Combes. — Les faits rappolés par
M. Meunier et dont se sont rendus coupables
certains agents ont été punis. Uno instruction
judiciaire est en outre ouverte. Si la police
des mœurs a des inconvénients, elle a des avan-
tages; les uns et les autres se compensent.
M. Julicn Goujon. — S'il y a simple
compensation, c'est peu pour une institution.
M. Combes. — Je vais, en tout cas,
constituer une commission extraparlementaire
pour examiner cette grave question de la police
des mœurs.
Même réponse à M. Le Hérissé qui s'oc-
cupe des incidents de Rennes.
Pendant la discussion, M. Chauvièrc se
« prend de bec » avec le lieutenant-colonel
Rousset.
L'amnistie
On arrive ainsi à la proposition de réso-
lution de M. Gauthier (de Clagny) invitant
le gouvernement à déposer un projet d'am-
nistie générale, c'est-à-dire, comprenant les
condamnés de la Haute-Cour.
M. Gauthier (de Clagny). — Le Pré-
sident de la République a récemment fait un
appel à l'union. Tout le moude a applaudi le
langage qu'il a tenu à Oran pour flétrir les
prescripteurs.
M. Thomson. — Il a voulu parler du
2 Décembre e' pas d'autre chose.
M. Gauthier (de Ciag-ny). — Il ne
s'agit pas que je sashe d'amnistier lo deux dé-
cembre
Un gouvernement ne peut pas toujours gou-
verner avec violcnce. Il doit user de générosité
et, comme le disait si bien M. Léon Bourgeois,
opposer à la politique du poing fermé la politi-
que de la main tendue.
il ne faut pas exaspérer ses adversaires par
d'inutiles rigueurs.
M. Trouin. - Dans son exposé des mo-
tifs, M. Gauthier (de Clagny) a rappelé le lan-
gage du président de la République à Oran.
Nous qui étions du voyage présidentiel et
qui connaissons les pensées intimes du Prési-
dent do la République (mouvement), nous pou-
vons dire que son discours ne visait que la po-
litique algérienne.
M. Combes. — Les commentaires dont
M. Gauthier (do Clagny) a accompagné sa pro-
position m'obligent à on repousocr l'urgence et
le fond.
H ne faut pas créer une nouvelle cause d'agi-
tation et je ne crois pas que rien, dans le lan-
gage ou dans l'attitude des hommes qui se-
raient les bénéficiaires de cette proposition, jus-
tifie la mesmequ'on nousdemande do prendre.
M. Paul Constans. -- La commission
d'amnistie est saisie do divers projets et son
rapport sera prochainement déposé. 11 faudra
le discuter rapidement.
Après une réplique de M. Gauthier (do
Clagny), l'urgence est repoussée par 338
voix contre 191.
La lettre de M. Parayre
M. Gougy pose une question à Camille
Pelleton au sujet de la lettre de M. Pa-
rayre, publiée par le Figaro et dont nous
donnons le texte d'autre part.
M. Gougy en donne lecture, et prie le
ministre de la marine de s'expliquer.
Camille Pelletan monte à la tribune.
Le tumulte
Pendant ce temps, M. Combes a quitté le
banc des ministres ; il s'est avancé jus-
qu'aux gradins supérieurs du centre. Il
parle à M. Flandin. M. Flandin répond. Et
M. Combes ne peut retenir un geste d'irri-
tation.
Que s'est-il passé ? Les journalistes, de
leur tribune, n'ont rien entendu.Nous sau-
rons, tout-à l'heure,que l'incident s'est pro-
duft à peu près de la manière suivante :
— Certains journaux, disait le président
du Conseil, vous nomment comme possé-
dant des renseignements sur de soi-disant
actes de corruption commis par l'adminis-
tration de mon ministère, à l'occasion de
l'agrandissement d'un cercle. Voulez-vous
me questionner à ce sujet.
Poursuivez-moi en cour d'assises,
aurait répondu ironiquement M. Flandin.
De là, la colère de M. Combes.
Cependant, une vive agitation se mani-
feste au centre et à droite. On reproche à
M. Combes, sénateur, de sortir de l'hémi-
cycle. Bourgeois explique que la Constitu-
M. Bourgeois explique que la Constitu-
tion donne à ce sujet aux ministres les mê-
mes droits généraux qu'aux députés.
Discours de M. Pelletan
M. Bourgeois parvient à rétablir le cal-
me, et M. Camille Pelletan entame son dis-
cours :
M. Pelletan. — J'ai hâte do répondre au
sujet de l'infâme calomnie dont je suis l'objet.
(Applaudissements à l'extrême gauche.)
Un journal a publié ttOO lettre do laquelle
résulterait contre mai une double accusation:
d'abord j'aurais attaqué ici uno élection moyen-
nant une rétribution considérable; ensuite Je.
me serais employé en faveur de celui qui:
m'aurait versé cette somme.
Jo n'ai qu'un mot à répondre. Jamais de ma;
vie, ni directement ni indirectement, je n'ai:
sollicite, accoplô reçu un MaUao QQUf utL
ANNONCES ; :
AUX BUREAUX DU JCéJRNAr.
14. rue du Mail. Paris.
B chez MM. LAGRANGE, CERF & G*
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RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12132. — Samedi 30 Mai 1903
11 PRAIRIAL AN 111 .1
: ADMINISpiATIO^ ; 14, ruc du Mail
- 14, eie du Slitil
^Àdœsser bures --(^mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
uP .ItJin)th!)tn)iirc iïjtCpMp!!nM~)~)~p
Je veux croire à quelque effroyable
méprise et j'espère que, malgré la fu-
nèbre nouvelle qui vient d'arriver à
Paris, il est encore vivant, notre cher
camarade Gaston Dubois-Desaulle.
Il nous avait quittés le25 janvier der-
nier, - partant comme correspondant
d'un grand journal illustré pour Dji-
bouli son intention était d'assister à
nnauguïatioji du chemin de fer de Har-
rar, cérémonie à laquelle devait assis-
ter Menelick.
Le Négus ne Tint pas, et Dubois-De-
saulle, trouvant sans doute son voyage
insuffisamment corsé en émotions, Du-
bois-Desaulle gagna par le chemin de
fer la station de Diré-Daouah.
Là, il rencontra les membres de la
mission Mac-Millen. Or, notre ami n'é-
tait pas homme à se contenter d'une
simple interview. Il estima qu'il avait
trouvé l'occasion de participer à une
expédition vraiment hardie et intéres-
sante. Il se joignit à la caravane et en-
treprit d'atteindre avec elle Addis-
Ababa.
C'est tout ce qu'on savait jusqu'à
présent sur le voyage du jeune et vail-
lant journaliste français.
Brusquement, le ministère des affai-
res étrangères nous fait savoir que Gas-
ton Dubois-Desaulle aurait été assassiné
par lesDanakils. Pas d'autre renseigne-
ment.
Sur la mission Mac-Millen, pas un
mot Disons tout de suite qu'il est à peu
près certain que la caravane est sauve.
Il s'agit, en effet, d'un .détachement
relativement considérable. M. Mac-Mil-
len est, nous dit-on, un richissime Amé-
ricain ; il se faisait accompagner par
une cinquantaine de soldats d'escorte.
Cent chameaux et vingt mulets por-
taient les bagages.
Bref, c'était déjà une unité militaire,
capable de répondre à la force par la
force, de se faire respecter, de résister,
en un mot, même à l'agression d'une
troupe considérable de barbares.
Nous ne voudrions pas remplacer les
renseignements qui nous manquent par
l'intuition et par l'imagination. Toute-
fois, ceux qui connaissaient Dubois-
Desaulle auront une tendance à croire
que si un accident s'est produit, ainsi
que l'affirme le ministère des affaires
étrangères, il a pu être la triste récom-
pense du courage illimité de notre
ami.
Aussi curieux qu'audacieux, se sera-
t-il avancé seul parmi une dangereuse
population que le Negus lui-même
maintient difficilement sous sa disci-
pline? Sachant son horreur pour toutes
les manières de verser le sang humain,
devons-nous supposer qu'il a voulu
négocier avec quelque chef indigène
pour obtenir, sans combat, le libre pas-
sage de la mission?
Ce sont des suppositions, des ques-
tions qui se pressent, et qui, je le ré-
pète, sont dénuées de fondement posi-
tif. Ce que nous savons, c'est que Gas-
ton Dubois-Desaulle était capable de
tous les dévouements, de toutes les au-
daces - disons le mot: de toutes les
héroïques imprudences.
Si vraiment il a été frappé, je ne
chercherai pas à consoler ceux qu'il
laisse et dont nous devinons la dou-
leur immense en l'estimant d'après no-
tre propre chagrin. Que la victime que
ce deuil atteint de la façon la plus ef-
froyable, Mme Dubois-Desaulle, nous
permette seulement de lui dire que ce-
lui pu'elle pleure laisse une œuvre. Une
œuvre littéraire, certes, car il avait un
- tempéramont de bel et vigoureux écri-
vain. Mais surtout, Gaston Dubois-De-
saulle avait préparé la solution d'un
émouvant problème social : celui des
compagnies de discipline et des bagnes
militaires. Il avait pris à cœur d'épar-
gner aux futurs conscrits les souffran-
ces qu'il avait lui-même endurées.
Républicain ardent et socialiste fou-
gueux, Dubois-Desaulle avait cru qu'il
était de son devoir, pendant qu'il ac-
complissait son service militaire, d'en-
seigner à ses camarades de chambrée
l'espoir dans un avenir meilleur. Pour
« propagande révolutionnaire » il fut
envoyé aux compagnies de discipline.
Là, il subit les pires sévices: sans
se plaindre. Il se contentait de regarder
et de prendre note.
Revenu en France, il eut la claire no-
tion d'un devoir à remplir. Il raconta,
par le menu,les innombrables atrocités
auxquelles il avait assisté, ou; dont
l'écho lui était parvenu. Il fit enquête
sur enquête, obtint le témoignage de
nombreux anciens disciplinaires. Il mul-
tiplia les conférences, se procura les
engins de torture utilisés par les gar-
des-chiourmes militaires — engins
qu'on, vendait, alors, cyniquement, en
plein Paris, et à n'importe qui.
A la suite de sa campagne, et no-
tamment de la publication de rensei-
gnements concernant le pénitencier de
! Ile de Ré, le ministre de la guerre
ordonna la suppression des engins de
tortures dans les bagnes de l'armée.
Il faudra bien achever la réforme
commencée ; nous n'oublierons jamais
que Dubois-Desaulle a çorté le premier
couo sensible à une féroce inslitutipik
La Libre-Peusée est en deuil. Au
point de vue anticlérical, Gaston Du-
bois-Desaulle s'était jeté en pleine ba-
taille et son dernier livre : Prêtres et
moines non conformistes en amour, est
un ouvrage d'histoire qu'il faut connaî-
tre avant de donner la liberté de l'en-
seignement aux insensés qui ont for-
mulé le vœu contre-nature de chasteté.
Nous reverrons souvent, par le sou-
venir, le jeune homme doux, intelligent,
fidèle à ses amitiés, énergique dans ses
aspirations vers la Justice humaine,
qu'était Gaston Dubois-Desaulle.
Hugues Destrem.
PROFESSEURS DE VERTU
Hier, scandaleuse séance à la
Chambre. L'opposition, sotte
et ridicule, qui aurait besoin
d'apprendre son métier, a jugé
à propos d'attaquer le ministère
en détail et de salir quelques-
uns de ses membres. Ce sont là
des opérations qui ne réussissent jamais,
surtout lorsqu'elles ne s'appuient sur rien.
Croirait-on que CamillePelletan lui-même
a été accusé d'être vendu aux Humbert ?
Les applaudissements de la Chambre l'ont
bien vengé ; je dis : la Chambre, parce que
tous les partis se sont associés pour rendre
hommage à sa probité proverbiale, à son
honnêteté politique et privée.
Après Pelletan, ç'a été le tour du prési-
dent du Conseil. On a le droit de critiquer
sa politique, mais il est incontestable que
M. Combes est un brave homme, dont
l'honnêteté personnelle ne peut être mise
en doute. On lui a reproché toutes sortes
de choses infâmes qui ne tiennent pas de-
bout. Et qui a fait cela ? Un professeur de
vertu.
J'ai fait bien souvent le portrait du pro-
fesseur de vertu. Pour remplir ce rôle, il
faudrait être impeccable et inhumain. Or,
il se trouve justement que les hommes im-
peccables sont de bonnes gens qui aiment
l'humanité et ne cherchent jamais noise à
personne. D'où il suit que le professeur de
vertu esttoujours un citoyen qui a une tare
et qui crie contre les honnêtes gens pour
faireoublier les griefs sévères qu'on pour-
rait articuler contre lui.
M. FIandin, député de l'Yonne, est pro-
fesseur de vertu par métier. Songez qu'il a
été procureur général. A la Chambre, il
procède comme devant un tribunal. Lors
de l'élection Fould, il a eu un accès indi-
gné de vertu et la Chambre, surprise par
ses accents qui paraissaient sincères, le
suivit dans un accès non moins indigné de
vertu. Aux yeux de M. Flandin, M. Fould
était devenu une sorte de criminel digne de
la peine de mort. Après M. Fould, M. Ré-
voil fut une da ses victimes. Complaisam-
ment, Ai. Flandin faisait d'ailleurs répé-
ter partout qu'il avait la promesse du gou-
vernément général de l'Algerie.
Or, hier, cet honnête homme a été flétri
par toute la Chambre. Il avait proféré une
calomnie ignoble. Quand on fait ce métier-
là, avant de dire un mot, il faut avoir dix
fois la preuve. Et M. Flandin n'avait rien.
Il a balbutié quelques paroles perfides. Le
bon apôtre croyait bien que les choses n'i-
raient pas plus loin. Les apostrophes de
tous les députés, véritablement écœurés,
l'ont cloué à son banc. Gérault-Richard,
qui. a parlé, a été plutôt dur et pourtant ses
paroles vengeresses ont paru douces.
Je défie M. Flandin d'exercer maintenant
une action quelconque sur cette Chambre.
Sa lâcheté éloignera de lui tous ses amis Je
me permets de trouver cela très bien. Je
n'aime pas les professeurs de vertu et je suis
de 'ceux qui ont eu toujours foi en la justice
immanente. Que la terrible exécution dont
M. Flandin a été la victime serve d'exem-
ple à ses pareils. C'est un souhait que je
forme. — Ch. B.
————-————— ., ———-————-
L'ÉLECTION DU Y ARRONDISSEMENT
Los électeurs du 2* arrondissement do Paris
sont convoqués pour le dimanche 21 juin, afin
de procéder au remplacement de M. SyvetoD,
député invalidé.
TEMPS PERDU
- 1
Les républicains ont, hier, gagné une ba-
taille, mais la Chambre a perdu une journée.
Etail-on las déjà d'avoir, pendant quelques
heures, travaillé sérieusement? L'assistance
aux vieillards n'élail-ello pas un sujet assez
attrayant pour retenir l'attention des députés
pendant plus d'uno séance?
On i'allrait dit presque, à voir l'empresse-
ment avec lequel certains se sont réjouis de
parler d'autre chose. Et ainsi la taclique do la
droite a une fois de plus réussi. Il imporle de
la préciser et do la flétrir.
Chaque fois que le Parlement discute un pro-
jet qui menace les intérêts de caste ou les inté-
rêts de fortune des réactionnaires, les mêmes
manœuvres se répètent. Ou bien on essaie de
retarder le vote par l'obslruction incessante :
dépôt d'innombrablos contreprojets et de mul-
tiples ameudemenls, longs et vains discours où
se manifeste parfois en dépit du talent des ora-
teurs la pensée secrète qui domine les cerveaux
des gens de la droite.
Ou bien on suscite des incidents absolument
étrangers au débat, on interpelle, on questionne,
ce pendant le temps passe, et les réformes s'en-
dorment dans la poussière dos cartons parle-
mentaires.
Ce qui est grave c'est que les républicains se
laissent presque toujours prendre à ce jeu, et
qu'ils en sont parfois les complices involon-
taires. Il en résulte que le travail se ralentit
et qu'on ne fait que de mauvaise besogne. Il
arrive que la loi, si impatiemment attendue
par le pays, ne voit pas le jour, ou que, si
par hasard elle est volée, elle est tellement dé-
figurée par les transformations de détail qu'elle
a dû subir qu'elle constitue un grimoire indé-
chiffrable, plus dangereux qu'uliîe.
Ce mal n'est point sans remède. Le remanie-
ment complet de la méthodo de travail do la
Chambro, lamodificalion profonde du règle-
ment suffiront à rendre fécondes'des discus-
sions où, il faut bien le reconnaître, ce no sont
pas le plus souvent les bonnes volontés qui
manquent.
Espérons que, bientôt las des atermoiements
et des retards de toute sorte, les députés com-
prendront que cette réforme s'impose autre
ment ils se condamneraient fatalement à ,ûe-
l meurer impuissante,ou à n'enfanter que deJ!s
dlflnram. 4--_1 -)-
LA GUERRE
AUX REPUBLICAINS
M. Pelletan calomnié. - Une lettre de
M. Parayre. — Démentis sur dé-
mentis..-- Ce que l'on dit au
palais de justice. — Com-
ment Parayre a été rer
laxé.
Le Figaro, revenant sur l'affaire de l'ordon-
nanco de non-lieu accordée à M. Parayre, a
publié hier matin une lettre qui, dit il, aurait
été adressée par l'ancien secrétaire de la fa-
mille Humbert à M. Camille Pelletan. Nous
ne reproduisons cette lettre qu'à titre de docu-
ment :
Paris, le 25 septembre 1902.
Monsieur le ministre,
J'ai adressé, à la date du 23 du courant, à M.
le ministre de la justice, une requête à l'effet de
réclamer la restitution d'une valeur dont je crois
avoir été indûment dépossédé et qui constituait
mon unique ressource contre la misère. Elle repré-
sente le fruit de 21 ans de travail.
Bien que ma réclamation par son bien fondé me
semble susceptible de recevoir un accueil favora-
ble, je suis néanmoins persuadé qu'une recomman-
dation verbale, de votre part à M. la garde des
sceaux aurait encore plus de chance de provoquer
une solution conforme à mon bon droit. Je viens
donc solliciter de votre haute générosité votre
puissant appui dans ce sens.
N'ayant pas l'honneur d'être connu de vous, je
ne puis invoquer d'autre titre à votre haute bien-
veillance que ma discrétion absolue sur la remise
à votre secrétaire, à l'hôtel Humbert, de la somme
considérable que j'étais chargé de laisser entre ses
mains pour votre intervention à la séance du 23
décembre 1889 contre l'élection de Selne-el-Marue :
le registre dont j'avais la garde et la tenue et où
est consignée à sa date cette remise avec chiffre et
nature, n'est jamais sorti de mes mains et n'a été
mis sous les yeux de personne. Seul, j'en connais
l'existence.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'assurance
de mon respect.
A. PARAYRE,
Ancien secrétaire de M. Humbert,
65, avenue de la Grande-Armée.
P.-S. — Afin que monsieur le ministre soit bien
convaincu, s'il veut bien me prêter son haut appui,
que c'est en faveur d'une cause juste, ci-joint, à
la deuxième feuille, la copie de la requête à M. lo
garde des sceaux.
An ministère de la marine, on nous a dé-
claré, hier matin, que la lettre signéa Parayre,
datée du 25 septembre 1902, et publiée par le
Figaro, n'est jamais parvenue entre les mains
do M. Camille Pelletan.
Au Palais de Justice
Nous avons voulu nous renseigner d'une fa-
çon précise sur les faits auxquels il est fait al-
lusion dans la lettre do M. Armand Parayre,
et savoir quelle suite y serait donnée. Nous
sommes allé trouver M. Poncet, substitut du
procureur de la République, qui, mieux que
personne, connaît l'affaire Humbert et le rôle
dé Parayre. M. Poncet nous a déclaré qu'il
n'avait pas connaissance de la lettre de M. Pa-
rayre à M. Camille Pelletan.
— Le procureur de la République est absent de-
puis hier, nous a-t-il déclaré ; le procureur géné-
ral que je viens de quitter ne m'a pas soufflé mot
de la clioso ; moi-même je l'ignorais.
— Mais, faisons-nous observer, si ce que dit M.
Parayre concernant co registre qui « n'a été mis
sons les yeux de personne », et dont seul il con-
naît l'existauce, est exact, il faut admettre que des
naît l'existence, été dérobes dans l'hôte! des Hum-
documents ont été dérobés dans l'hôtel des Hum-
bert. N'y a-t-il pas lieu, là, à l'ouverture d'une
enquête ?
— Le dossier de l'affaire Humbert est à la cham-
bre des mises en accusation. Seule,cette chambre a,
maintenant, le droit d'ordonner un complément
d'instruction.
- Alors ?.
- Alors! je ne sais rien, vous le comprenez, et
je ne peux rien dire. Ce n'est pas le secret profes-
sionnel qui m'en empêche, c'est l'ignorance où je
me trouve des faits que vous me racontez.
Dans les commentaires dont il agrémente la
lettre de M. Parayre, le Figaro dit :
La lettre du secrétaire de la famille Humbert a-
t elle amené une réponse ? Nous l'ignorons,
n'ayant pas les confidences de M. Parayre.
.A t-elle décidé M. Camille Pelletan à tenter
une démarche directe ou indirecte auprès du ma-
gistrat qui tenait dans ses mains le sort de Al. Pa-
rayre ?
Un peu plus loin, il ajoute :
Par contre, ce qui est certain, c'est que M. Pa-
rayre, après une longue détention, a été mis en
liberté, obtenant ce qu'il demandait à M. Pelletan.
Il y a donc là un mystère qu'il est nécessaire d'é-
claircir.
La mise en liberté de Parayre
Nous avons demandé à M. Poncet ce qu'il
pensait de ces commentaires. L'aimable subs-
titut s'est aussitôt écrié :
— C'est faux ! entièrement faux ! Mais il faut ré-
pondre à cette insinuation.
Et M. Poncet nous fait le récit détaillé des
circonstances qui ont amené d'abord l'arresta-
tion de Parayre, ensuite sa détention, puis sa
mise en liberté provisoire, enfin le non-lieu
dont il a bénéficié tout récemment.
Alors que la police du monde entier cher-
chait la famille Humbert, M. Leydet avait
déjà commencé son instruction, et avait ras-
semblé tous les documents susceptibles de pou-
voir être utiles à la marche de l'enquête. M.
Poncet, substitut du procureur de la Républi-
que, désigné pour faire le réquisitoire de l'af-
faire, suivait pas à pas l'instruction.
On sait que des télégrammes signés : « Mul-
ler » avaient été expédiés à la grande poste de
Paris. Le juge possédait les télégrammes. Il
eut l'idée de faire rechercher les originaux qui
avaient été déposés à la posle pour l'envoi de
ces télégrammes.
La poste ne conserve ces originaux que pen-
dant six mois. Aussi ne trouva-t-on que cinq
originaux des télégrammes signés Muller. Qua-
tre des textes de ces télégrammes étaient écrits
à la machine à écrire. Seule, la signature,
« Mullor » était de la grande écriture que nos
lecteurs connaissent !
Mais le cinquième original était tout entier
de cette écriture; il comportait six lignes do
texte et la signature. M. Poncet, qui avait ou
entre les mains un grand nombre de pièces de
l'écriture de Parayre, trouva une ressemblance
entro les deux écritures. Il en fit part à M.
Leydet, qui fit faire une expertise par M.Stoijn.
M. Sleiju conclulà la similitude des deux écri-
tures. j
Cependant, on n'arrêta pas Parayre.
Après l'arrestation dos Ilumbert à Madrid, le
juge décida de faire arrêter Parayre. Ces dé-
tails sont connus. Parayre arrêté à Rouen, ra-
mené à Paris, interrogé par le juge, proteste
de son innocence. Une contre-expertise ost con-
fiée à MM. Farge3 et Couderc, qui rendent des
conclusions semblables à celles de M. Steijn.
Parayre proteste toujours. On lui met les piè-
ces de comparaison sous les yeux. C'est alors
que la situation s'améliore pour Parayre, qui
fait remarquer aux magistrats instructeurs que
l'éerilurè du télégramme Müller ressemble à
l'écriture d'une pièce du dossier, dont l'auteur
n'est pas connu, mais que l'on sait ne pas être
Parayre. Nouvelle expertise, nouvelle contre-
expertise : les experts deviennent moins affir-
matifs. Il y a doute.
Sur ces cntrerllit, les Ilumbêrt sont rame-
nés à Paris. Frédéric, interrogé, déclare que
Parayre est innocent et finit par recannaitre
i qu'il est l'auteur du document dont l'écriture
.fml.. :Uj.:J$Wrg Muller* Le
doute s'accentue dans l'esprit des magistrats, et
M. Leydet signe la mise en liberté provisoire
de Parayre.
L'instruction terminée, aucune charge n'é-
tant relevée contre le secrétaire de Frédéric
Humbert, un non-lieu est rendu en sa faveur.
Tels sont les faits que nous raconte M. Pon-
cet, qui ajoute, en terminant :
— Jamais, au grand jamais, je n'ai reçu d'ordre
de mes chefs pour mettre Parayre en liberté ; ja-
mais, à ma connaissance, une démarche n'a été
tentée au parquet, par qui que ce soit, par M. Pel-
letan ou par une autre personne, en faveur de Pa-
rayre. Cela je l'affirme hautement. C'est ma cons-
cience seule qui a dirigé ma conduite, et c'est le
doute dont mon esprit était harcelé qui m'a décidé
à activer l'instruction pour la partie concernant
Parayre, et à faire signer sa mise en liberté provi-
soire, dès que la chose a été possible.
Voilà qui eslformc) et précis. — A. J,
BASILE ET SON" ARIA"
Je suis dans la rue, je me jette sur un pas-
sant quelconque, et je lui dis :
— Prouvez-moi quo vous n'êtes pas un filou.
Les gens s'attroupent ; je jette un regard cir-
culairo à la foule, et je m'écrie :
— Prouvez-moi que ce monsieur n'est pas
un filou.
Le passant qui, par hasard, n'a pas perdu
son sang-froid me présente cette observation :
— Voulez-vous bien m'expliquer do quoi il
s'agit ?
Alors je lui réplique d'en ton péremptoire :
— Si vous pensez que j'ai tort de vous tiai-
ter de filou, traînez-moi en cour d'assises.
Mais cet exercice m'amuse, et j'écris au pape.
Jo demande donc au pape pourquoi il a oublié
"de me rendre les vingt mille francs que je lui
alprêtés un jour qu'il était venu in-cognito à
Paris s'amuseravec des petites femmes, et qu'il
s'était trouvé sans argent. Autour de moi les
gens disent :
— N'êtes-vous pas un peu malade ?
Alors je réplique avec un accent de triom-
phe :
— Si le pape veut soutenir qu'il n'a pas reçu
mon argent, qu'il me traîne en cour d'as-
sisesi
On pourrait ainsi rire et se distraire en so-
ciété, à peu près indéfiniment : M. Combes et
notre ami Camille Pelletan ont eu affaire hier
à l'individu qui traite, au hasard de la four-
chette, les passants do filous, et qui écrit au
chette, C'est une pitié que l'on soit obligé, je ne
pape.
dirai pas de discuter, mais simplement do per-
dre un quart d'heure de séance à d'aussi stu-
pides incidents.
M. Combes s'est levé, et l'accent dont il a
parlé a suffi : 10 mensonge que l'on dressait
contre fui s'est effondré, ballon piqué d'une
épinglo.
jPûlletan s'est donné la peine d'être éloquent,
comme il sait l'être, pour réduire en loques la
calomnie imbécile. Il l'a prise par un bout, l'a
déchiquetée, et ne l'a lâchée que lorsqu'il n'en
est plus resté un centimètre carré qui eut une
apparence de forme.
t!Pour nous qui connaissons Pelletan depuis
trente-cinq ans., depuis qu'il venait ici, à cette
table où nous écrivons, écrire pour le Rappel
avec son esprit frondeur et espiègle, avec son
courage, avec sa conviction jamais abattue,
avec son cœur indomptable et bon ces admira-
bles comptes rendus des Chambres, ces super-
bes articles politiques, qui l'ont désigné tout
de suite à la confiance en même temps qu'à
l'attention du public, nous qui savons quel
homme est Pelletan, l'aventure d'hier nous a
fait sourire, et nous n'avions aucun besoin
d'entendre sa parole pour savoir que la calom-
nie était la calomnie; mais il est difficile tout
de même, de ne pas ressentir un peu de dégoût
quand on songe aux moyens que certaines gens
emploient aujourd'hui pour attaquer un en-
nemi politique.
CROMWELL ET LES COURSES DES CHEVAUX
(Da notre correspondant particulierl
Londres, 28 mai.
A propos du vif intérêt que lo roi Edouard
porte au Derby, un chroniqueur rappelle que
le premier chef d'Etat anglais qui s'occupa
du turf fut Olivier Cromwell. Le protecteur,
tout puritain qu'il était, avait même une écurie
et faisait courir. L'intérêt qu'il portait au dé-
veloppement de la race chevaline n'a rien d'é-
tonnant : il avait réorganisé la cavalerie an-
glaise et devait à cette arme la plupart do
ses succès militaires.
LE MOUVEMENT POLONAIS
iDe netre correspondant particulier)
Berlin, 28 mai.
Les Polonais, réunis en assembléo générale à
Posen, ont décidé que, dans les 15 circonscrip-
tions de la province de Posnanie, pas un mem-
bre du soi-disant parti de la cour ne serait
candidat au Reichslag. Il convient da (aire
remarquer que certains membres de l'aristo-
cratie polonaise de Prusse, tels que les Czarto-
risky, les Cegiolski, etc., entretenaient des re-
lations avec la cour et étaient pour une politi-
que do réconcitiation. On les a appelés le
parti de la cour. Les Polonais les ont évincés
et ne poseront que des candidatures Cpolonai-
ses franchement démocratiques.
Officiers révolutionnaires en Russie
(De nolre correspondant particulierl
Saint-Pétersbourg, 28 mai.
Le lieutenant Grigorieff et le capitaine Mo-
lostivoff, de l'artillerie de la garde, ont été
arrêtés. On avait découvert à leur domicile
une correspondance très compromettante. Lo
lieutenant Grigorieff a déclaré au juge d'ins-
truction qu'il avait l'intcnlion de tuer M. Po-
biédonossoff, procureur du Saint-Synode, mais
qu'il avait abandonné ce projet en voyant do
près ce vieillard caduc. Le capitaine Moloslivoff
s'était engagé à exécuter un haut fonctionnaire
dont on cache encore le nom.
COMPLICATIONS DANS LE SOMALtliND
»
(De noire correspondant particulier)
Aden, 28 mai.
Les tribus hostiles ont attaqué un convoi an-
glais, près de Dlhala, et ont enlevé les provi-
sions et les dépêches. Les fusiliers de Dublin,
appuyés par une batterie de montagne, ont
essayé de reprendre le butin enlevé. Les indi-
gènes ont ropoussé les fusiliers et ont continué
leur marche dans les montagnes.
LES TROUBLES EN CROATIE
Agram, 28 mai.
Enviro 200 étudiants croates et serbes, qui
viennent de consacrer solennellement leur ré-
conciliation, ont organisé hier un long cortège
de deuil, qui a parcouru dans le plus grand
silence learnes do la ville. Une nombreuse
foule s'était jointe à ce cortège. Aucun incident
ne s'est projuH,
Près de ZlaLar, on signale un conflit sanglant
entre la gendarmerie et les paysans armés de
knouts. La gendarmerie a tait Oj¡ et blessé
tliie\Jr. newoiim*; ',' -
Près de Fiume, un des principaux centres
d'agitation, à Grobnik et à Zengg, ont eu lieu
également de nouveaux excès et de nouvelles
arrosttiMM. -
.——————————— —
LES COLÈRES ITALIENNES
Un grand souffle de colère, venu du large,
venu do ces profondeurs mystérieuses où s'a-
moncellent les tempêtes qui, quelque jour,
peut-être, balayeront la surface do notre vieille
terre, passe sur l'Italie.
L'agitation soulevée par les incidents d'Ins-
prück, loin de s'apaiser, semble gagner do pro-
che en proche et grandir chaque jour. Les
dépêches que nous avons publiées hier racon-
taient les manifestations qui ont eu lieu simul-
tanément à Palerme, à Viccnce, à Rome même,
où le gouvernement s'est vu obligé de faire
protéger par de la troupe en armes l'ambassade
d'Autriche. Et ce qui est significatif surtout,
c'est la rapidité avec laquelle, à Palerme, la
villo s'est couverte de drapeaux italiens, après
que les étudiants eurent, devant le consulat
d'Autriche, brûlé l'étendard dos Habsbourg.
On lo voil : c'est l'Italio entière qui vibre,
tressaille, s'émeut.
Quoi?conlro l'Autriche? Oui. Mais l'Autri-
che n'est-elle pas liée par les traités avec l'Italie?
Ella Triplicef. Et cela veut dire, et jo le
disais ici même l'autre jour à propos du livre
remarquable de notre confrère d'Alri, que l'on
ne fait pas de traités contre l'âme des peuples.
Pendant un temps plus ou moins long, la
politique peut attacher l'une à l'autre des na-
tions dont les coeurs ne battent point à l'unis-
son. Mais ces liens sont fragiles. Au premier
incident, à la premièro poussée do sang, les
veines gonflées font éclater les chaînes qui
chargeaient les membres. -
Ou je me trompe fort, ou il doit y avoir en
ce moment en Italie une inleuse l sensation d9
soulagement. Voilà trop longtemps qu'on lui
imposait, à cette malheureuse et chère Italie, la
promiscuité avec l'Autriche. Est-ce que les
souvenirs sont morts? ces souvenirs du temps,
si près de nous encore, où l'Italie agonisait
sous le talon de l'Autriche.
Dans son livre, M. d'Atri a cité ces vers du
poëmo Andryane, publié l'an dernier par la
vairlanle revue d'avant-garde : les Annales de
la Jeunesse laïque. C'est Buonarotti qui est en
scène, le vieux proscrit ; et les carbonari de
Genève l'eutourent :
Il parle avec lenteur, d'une voix forte et grave..
Il dit le sort affreux de l'Italie esclave.
Râlant; foulée aux pieds par les Autrichiens;
Plus de lois; plus de droits; les meilleurs citoyens
En prison; un bâillon garrottant chaque bouche;
Le vil pullulement de la vermine louche;
Juges, prêtres, soldats, valets du bourreau-chef,
Le sinistre empereur et roi Francois-Joseph;
Les brillantes cités devenant nécropoles,
Les hideux aigles noirs à deux têtes, symBoîes
D'épouvante et de mort, ouvrant dans le ciel bl3U.
Dans ce ciel où riait le soleil, au milieu
Des hommes, au-dessus des hautes citadelles.
Les longs voiles de deuil que sont leurs sombres
[ailes,
Il dit la honte, il dit l'âcre vapeur de sang
Qu s'exhale du sol autrefois florissant j
Les villes sans travail, les plaines sans récoltes,
L'horrible écrasement des suprêmes révoltes,
Et les Italiens n'osant, la rage au cœur,
Que maudire tout bas l'exécrable empereur.
De sorte qu'un sanglot monte à sa bouche anière :
- Italie!.. Italie!.. Italie!.. 0 ma mère!..
Alors — en 1822 - quand l'ILalie était cru-
cifiée ainsi, seul, un Français, Alexandre An-
dryane, vint au secours de l'Italie, donna sa
liborté pour elle. De tels souvenirs ne s'effacent
point. Aujourd'hui,l'Italie frémissante repousse
de son poing crispé de colère l'Autricho et tend
son autre main, grande ouverte, à sa grande
sœur latine : la France. — L. Victor-Mcu-
nicr.
Voir à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du xxiatirx
UN PAQUEBOT EN RETARD
Vives inquiétudes
Cherbourg, 28 mai.
On est sans nouvelles du paquebot Ville-de-
Cherbourg qui devait rentrer dans notre port
mardi soir, venant du Havre. Aucun séma-
phoro no l'a signalé. Le préfet maritime a en-
voyé un torpilleur en reconnaissance. Le pa-
quebot Ville-de-Cherbourg a à bord. 11 hom-
mes d'équipage et 10 passagers.
On a au port do vives inquiétudes.
————————————— —————————————
DE L'OR CARTHAGINOIS
(De notre correspondant particulierl
Rome, 28 mai.
Le ministre de l'Instruction publique a été
avisé que, dans les fouilles qu'on vient de fairo
à Solinunte, on a trouvé-20 pièces d'or cartha-
ginoises très bien conservées et une grecque
très antique qui atteste l'existence du culte de
Jupiter.
LES FÊTES DE SAINT-PÉTERSBOURG
Compiègne, 28 mai.
M. Gournay, maire de Compiègne, est parti,
hier, pour assister aux fêles de Saint-Pétors-
bourg.
Avant son départ, le conseil municipal a
voté une somme de 2.000 francs pour les pau-
vres de Saint-Pétersbourg et le maire a attri-
bué aux pauvres do Compiègne une somme do
1.000 francs, votée par le conseil pour ses frais
de représentation.
EoNTflE LE BLANC DE CÉRUSE
La fédération nationale des peintres organise
pour demaio, à 8 h. 112 du soir, un grand mee-
ting de protestation coutro les retards appor-
tés à la suppression du blanc de céruse.
Tous les députés de la Seine ont été invités,
et la fédération s'est en même temps assuré le
concours des représentants de toutes les orga-
nisations ouvrières adhérentes à la confédéré-
tion générale du travail. -
AU MAROC
Tanger, 28 mai.
Les renforts destinés au Figuig sont partis
ce soir sur un vapeur français pour la fron-
tière algérienne. Un officier français les ac-
compagne.
On suppose que lo but do 1 expédition est de
prouver aux tribus de la frontière que le sul-
tan est décidé à mettre fin à leurs incursions et
qu'il agit de concert avec les Français dans ce
but.
Le représentant du sultan pour les affaires
étrangères vient d'adresser aux puissances une
circulaire annonçant que les troupes marocai-
nes resteront en permanence sur la roule do
Tanger à Arziba, afin de protéger lo transit des
marchandises et do puuir los rebelles.
Madrid, 28 mai.
Suivant une dépêche de Ceuta, l'insurrection
s'étend sur la côle occidentale du Maroc.
On n'a aucune ÇQuUïwaUou officielle de cette
nouvelle
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
Ecœurante journée, consacrée presque
tout entière aux racontars diffamatoires
colportés par la presse nationaliste et con-
cernant plusieurs républicains. Evidem-
ment, on aimerait mieux n'avoir pas à re-
muer ces choses là. Cependant, parfois, il
faut savoir pousser à coups de balai les
hontes malsaines qui s'amoncellent à
la porte du Palais-Bourbon. C'est à cette
œuvre de propreté que le gouvernement et
la majorité se sont adonnés hier.
La poUce desDlœurs
Auparavant, M. Paul Meunier avait
adressé an président du conseil une ques-
tion au sujet des abus commis par la po-
lice des mœurs, et notamment de l'arres-
tation de M. Forissier.
M. Paul Mennter. — Quelles mesures
le président du conseil entend-il prendre pour
prévenir le retour de pareils faits qui se renou-
vellent trop souvent?
On objecte qu'il faut, selon lo mot du préfet
de polie, que la rue soit propre et libre. Sans
doute. Mais les arrestations arbitraires opé-
rées par la police des mœurs sans contrôle,
sans jugement, restent comme un souvenir des
abus de l'ancien régime. Il faut que cela
cesse.
M. Combes répond en quelques mots :
M. Combes. — Les faits rappolés par
M. Meunier et dont se sont rendus coupables
certains agents ont été punis. Uno instruction
judiciaire est en outre ouverte. Si la police
des mœurs a des inconvénients, elle a des avan-
tages; les uns et les autres se compensent.
M. Julicn Goujon. — S'il y a simple
compensation, c'est peu pour une institution.
M. Combes. — Je vais, en tout cas,
constituer une commission extraparlementaire
pour examiner cette grave question de la police
des mœurs.
Même réponse à M. Le Hérissé qui s'oc-
cupe des incidents de Rennes.
Pendant la discussion, M. Chauvièrc se
« prend de bec » avec le lieutenant-colonel
Rousset.
L'amnistie
On arrive ainsi à la proposition de réso-
lution de M. Gauthier (de Clagny) invitant
le gouvernement à déposer un projet d'am-
nistie générale, c'est-à-dire, comprenant les
condamnés de la Haute-Cour.
M. Gauthier (de Clagny). — Le Pré-
sident de la République a récemment fait un
appel à l'union. Tout le moude a applaudi le
langage qu'il a tenu à Oran pour flétrir les
prescripteurs.
M. Thomson. — Il a voulu parler du
2 Décembre e' pas d'autre chose.
M. Gauthier (de Ciag-ny). — Il ne
s'agit pas que je sashe d'amnistier lo deux dé-
cembre
Un gouvernement ne peut pas toujours gou-
verner avec violcnce. Il doit user de générosité
et, comme le disait si bien M. Léon Bourgeois,
opposer à la politique du poing fermé la politi-
que de la main tendue.
il ne faut pas exaspérer ses adversaires par
d'inutiles rigueurs.
M. Trouin. - Dans son exposé des mo-
tifs, M. Gauthier (de Clagny) a rappelé le lan-
gage du président de la République à Oran.
Nous qui étions du voyage présidentiel et
qui connaissons les pensées intimes du Prési-
dent do la République (mouvement), nous pou-
vons dire que son discours ne visait que la po-
litique algérienne.
M. Combes. — Les commentaires dont
M. Gauthier (do Clagny) a accompagné sa pro-
position m'obligent à on repousocr l'urgence et
le fond.
H ne faut pas créer une nouvelle cause d'agi-
tation et je ne crois pas que rien, dans le lan-
gage ou dans l'attitude des hommes qui se-
raient les bénéficiaires de cette proposition, jus-
tifie la mesmequ'on nousdemande do prendre.
M. Paul Constans. -- La commission
d'amnistie est saisie do divers projets et son
rapport sera prochainement déposé. 11 faudra
le discuter rapidement.
Après une réplique de M. Gauthier (do
Clagny), l'urgence est repoussée par 338
voix contre 191.
La lettre de M. Parayre
M. Gougy pose une question à Camille
Pelleton au sujet de la lettre de M. Pa-
rayre, publiée par le Figaro et dont nous
donnons le texte d'autre part.
M. Gougy en donne lecture, et prie le
ministre de la marine de s'expliquer.
Camille Pelletan monte à la tribune.
Le tumulte
Pendant ce temps, M. Combes a quitté le
banc des ministres ; il s'est avancé jus-
qu'aux gradins supérieurs du centre. Il
parle à M. Flandin. M. Flandin répond. Et
M. Combes ne peut retenir un geste d'irri-
tation.
Que s'est-il passé ? Les journalistes, de
leur tribune, n'ont rien entendu.Nous sau-
rons, tout-à l'heure,que l'incident s'est pro-
duft à peu près de la manière suivante :
— Certains journaux, disait le président
du Conseil, vous nomment comme possé-
dant des renseignements sur de soi-disant
actes de corruption commis par l'adminis-
tration de mon ministère, à l'occasion de
l'agrandissement d'un cercle. Voulez-vous
me questionner à ce sujet.
Poursuivez-moi en cour d'assises,
aurait répondu ironiquement M. Flandin.
De là, la colère de M. Combes.
Cependant, une vive agitation se mani-
feste au centre et à droite. On reproche à
M. Combes, sénateur, de sortir de l'hémi-
cycle. Bourgeois explique que la Constitu-
M. Bourgeois explique que la Constitu-
tion donne à ce sujet aux ministres les mê-
mes droits généraux qu'aux députés.
Discours de M. Pelletan
M. Bourgeois parvient à rétablir le cal-
me, et M. Camille Pelletan entame son dis-
cours :
M. Pelletan. — J'ai hâte do répondre au
sujet de l'infâme calomnie dont je suis l'objet.
(Applaudissements à l'extrême gauche.)
Un journal a publié ttOO lettre do laquelle
résulterait contre mai une double accusation:
d'abord j'aurais attaqué ici uno élection moyen-
nant une rétribution considérable; ensuite Je.
me serais employé en faveur de celui qui:
m'aurait versé cette somme.
Jo n'ai qu'un mot à répondre. Jamais de ma;
vie, ni directement ni indirectement, je n'ai:
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