Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 mai 1903 28 mai 1903
Description : 1903/05/28 (N12130). 1903/05/28 (N12130).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numero: PARIS & DÉPARTEMENTS U© Nuznero; - CINO. CENTIMEEI:
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REDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 1 10 heures du soir à. 1 heure du matin
.No 12.130. — Jeudi 28 Mai 1903
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NOS LEADERS
L'îfteipjlts
Nous étions bien abusés. Nous nous
imaginions poursuivre la séparation des
églises et de l'Etat. Il n'en était rien, pa-
raît-il, et nous acheminions simple-
ment le pays à la seule séparation de
l'Etat d'avec l'église catholique. Ce sont
du moins les feuilles nationalistes qui
nous l'assurent sur la foi d'une parole
prononcée par le président du conseil,
mercredi dernier.
M. Combes, envisageant les différen-
tes éventualités que peut engendrer au,
point de vue religieux, la situation ac-
tuelle posait l'alternative suivante:
« Ou bien la séparation de l'Etat et de
l'église catholique ou une revision sé-
rieuse et efficace des règlements de po-
lice jugés nécessaires pour le maintien
do la tranquillité publique par l'auteur
même du Concordat. »
Il suffit de lire attentivement cette
phrase pour juger combien est erronée
J'interprétation qu'en ont fournie les
journaux de l'opposition. Le président
du conseil examinait l'attitude prise
par le clergé catholique et parce clergé
seul, comme seul intéressé à la question
des congrégations religieuses ; il s'est
donc préoccupé surtout de la situation
du gouvernement et de l'Etat qu'il re-
présente, à l'égard de ce clergé. Il a
proclamé que cette situation pouvait
recevoir deux solutions qu'il a indi-
quées. Mais il va de soi que la sépara-
tion que nous voulons, celle que nous
espérons réaliser à brève échéance, c'est
la séparation de toutes les Eglises, de
tous les cultes, d'avec la République
française.
Rassurons donc nos confrères. Il se-
rait d'abord singulièrement malaisé de
supprimer le budget des cultes à l'égard
du clergé catholique et de le laisser
subsister pour les autres clergés.
Mais la chose fût-elle facile, notre so-
lution serait la même. Nous estimons
que tout ce qui touche à la religion est
du domaine de la conscience intime de
l'homme et que l'Etat n'a point à s'im-
miscer dans ces questions d'une nature
si délicate, si particulière. Dans 'un pays,
agité par diverses croyances, toutes les
fois que l'Etat se substitue aux fidèles
pour alimenter le service des autels, il
commet une coupable usurpation. Il
s'engage dans une voie fâcheuse et porte
atteinte à la liberté de conscience des
citoyens, car il est impossible qu'il dose
exactement à chaque culte ce qu'il au-
rait reçu de ses adhérents et qu'il ne
fasse pas contribuer les disgidents à la
vie et au développement des confessions
religieuses dont ils sont exclus.
Alors même que tous les citoyens se
rattacheraient à la même doctrine, fe-
raient partie de la même paroisse, l'Etat
devrait soignement s'abstenir de tout
Concordat. Il n'est pas le régulateur des
consciences. Il existe pour assurer la sé-
curité des citoyens ; sa mission est par-
faitement définie et toute contingente,
elle suffit à son action ; il ne doit jamais
en sortir.
Lors donc que nous poursuivons avec
une inlassable ardeur la séparation
des Eglises et de l'Etat, nous cherchons
surtout à faire rentrer l'Etat dans sa
sphère et à confiner les Eglises dans la
leur. Nul désir n'est en nous d'assurer
la suprématie d'une confession reli-
gieuse sur une autre. Ce soin ne nous
regarde pas. L'Etat doit veiller soigneu-
sement à ce que les lois qu'il édicte ne
soient point violées au nom de la reli-
gion ; et, sous celte réserve, il lui est
interdit de se rendre appréciateur d'au-
cune doctrine religieuse. Il est laïque et
doit demeurer, exclusivement laïque.
Le clergé catholique fait, en bien des
endroits, cause commune avec les con-
grégations. Il combat la République de
son mieux. Ce spectacle peut confondre
les républicains concordataires et leur
faire toucher du doigt l'inanité de leur
conception. Il leur psouve combien il
est vain de prétendre que le Concordat
les couvre contre les usurpations du
clergé. Mais, à nos yeux, la question est
bien plus haute et bien différente, car
le clergé fût-il aussi soumis à l'Etat
qu'il est réfractaire à ses lois, fût-il
aussi vigoureusement républicain qu'il
est généralement hostile à la Républi-
que, nous n'en serions pas moins les
partisans très énergiques, très détermi-
nés de la séparation des Eglises et dé
l'Etat, parce que nous ne voyons nulle-
ment dans cette mesure la punition d'un
état d'esprit violent et accidentel, mais
l'éclatante affirmation du principe de
liberté de conscience. C'est pour la li-
berté de conscience, proscrite par les
diverses religions d'Etat, par le catho-
licisme en France, par le protestantisme
à Genève, par l'anglicanisme en Angle-
terre, par l'hébraïsme partout où l'he-
braïsme a dominé, c'est pour cette li-
berté, la plus précieuse de toutes, quo
nos pères ont combattu, nous la défen-
drons avec énergie, et, les électeurs ai-
dant, nous la réaliserons bientôt par la
séparation des Eglises, de toutes les
Eglises, d'avec l'Etat républicain.
Louis Martin.
<————————— ——————————.
ENTERRÉE ?
M. Marcel Sembat espère que
la question de la séparation des
églises et de l'Etat n'est pas
enterrée pour la législature.
M. Maurice Allard craint que
M. Marcel Sembat ne soit trop
optimiste. Et les deux députés
socialistes, dans des articles deTAction p
portent d'excellentes raisons à l'appui de
; leurs opinions diamétralement opposées.
Ils sont d'accord cependant, sur un point:
c'est qu'il était très facile d'éviter le trouble
qui agite aujourd'hui la conscience du pays
républicain. Il suffisait de faire voter la
motion Hubbard. Nous ne referons pas les
calculs qui démontrent que le principe de
la séparation, comme le dit M. Allard,
pouvait être adopté à environ 25 ou 30 voix
de majorité.
Nous ne voulons pas, d'ailleurs, adopter
la conclusion sévère du députe socia-
liste :
Pourquoi, s'écrie celui-ci, dans de telles
conditions, M. Combes s'est-il réfugié dans
une abstention plutôt hostile? Tout sim-
plement parce qu'il n'est pas et n'a jamais
été partisan de la séparation des Eglises et
de l'Etat.
Là-dessus, M. Allard nous rappelle le
trop fameux discours sur la philosophie
spiritualiste. -
M. Combes, « profondément religieux »,
s'en tiendrait donc à la lutte contre « quel-
ques » congrégations, et ne craindrait rien
tant que de pousser jusqu'au bout la politi-
que anticléricale de la démocratie mili-
tante.
M. Maurice Allard pousse peut-être trop
au noir le tableau de la situation actuelle.
Le président du Conseil a posé lui-même
au Sénat, comme je le rappelais hier, le
problème de la séparation.
Il doit être le premier, du reste, à se
rendre compte que la politique religieuse
du gouvernement a manqué d'unité jus-
qu'à présent, parce qu'elle a manqué d'une
idée directrice. Quand cette politique sera
orientée d'une façon définitive, vers la dé-
nonciation du Concordat, il y aura moins
d'à-coups, moins de surprises dans notre
marche. Pour une raison identique, l'ar-
rière-garde paraîtra moins paresseuse, et
l'avant-garde moins pressée. — Ch. B.
UN ARRÊT
La cour d'appel de Rennes vient d'acquitter
une dame que le tribunal de Brest avait con-
damnée à quatre mois de prison pour voies de
fait envers le sous-préfet, M. Verne.
C'est au cours de la manifestation du 18
août dernier, au courent do Saint-Méen, que
cette très noble et très royaliste châtelaine
avait commis le délit dont les premiers juges
l'avaient reconnue coupable.
Les conseillers de Rennes, dont maintes fois
le cléricalisme s'est affiché, ont infirmé la dé-
cision du tribunal correctionnel, et les atlen-
dus do leur arrêt méritent quoique attention.
Le choix des magistrats n'a pas été long à
faire entre les déclarations désintéressées et
formelles du sous préfet et les protestations de
la délinquante.
« Attendu, dit l'arrêt, que la déclaration de la
« prévenue, faite avec un accont do sincérité
« impressionnant (sic), est confirmée par la
« déposition de Gaston-Joseph Pollonnais, pu-
« blicistc, dont la conversion au catholicisme a
« suivi de près les affaires do Bretagne et qui
« parait s'être rendu, co jour, au couveot de
« Saint-Méen, non dans le dessein de noter les
« incidents extérieurs do la manifestation, mais
« bien pour se rendre compte de l'attitude et
« des sentiments des religieuses au moment où
« elles allaient être expulsées d'une maison où
« elles n'avaient fait que le bien ; que le témoin
« a affirmé s'être trouva; depuis le matin, près
« de Mmo B. et n'avoir pas quitté la pièce
« dans laquelle cetto dame est restée conlinuel-
« lement avec les religieuse.", etc. »
On ne s'attendait guère à voir intervenir en
cette affaire laj-écente conversion de M,Pollon-
nais, Cet événement solennel et mémorable
était, depuis quelque temps, oublié. Si le bap-
tême n'a pu avoir cet effet miraculeux d'aug-
menter le talent si original de notre confrère
du Gaulois, il aura pourtant eu une consé-
quence heureuse pour une de ses plus ferven-
tes tectrices. Ce c'est point là chose négli-
geable. -
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant
dans l'arrêt, c'est l'insistance particulière que
les magistrats ont mise à déclarer que les sœurs
de Saint-Méen n'avaient fait que du bien dans
leur couvent.
La cour n'avait pas à juger ce point.
Les religieuses se trouvaient en état de re-
bellion ouverte contre la loi, voilà ce qui de-
vait être constaté. Elles ont aggravé leur cas
en suscitant, dans 19 pays, des troubles, et en
étant, en définitive, la cause de violences et de
voies de faits exercées sur la personne du sous-
préfet, représentant de l'Etat.
Ainsi, non seulement dans le dispositif, mais
encore dans les considérants de leur arrêt, les
conseillers de Rennes ont laissé percer le bout
bout de leur oreille cléricale. Est-ce supporta-
ble ? Los républicains doivent ils se tenir pour
satisfaits parce que le garde des sceaux a
adressé aux parquets des circulaires platoni-
ques et parce que le président du conseil a
parlé incidemment, à la tribune de la Cham-
bre; des défaillances des juges ?
Je ne le crois pas. Il faut que bon gré mal
gré, la République se résigne à se séparer en
fait de quelques magistrats qui, depuis long-
temps déjà, so sont moralement séparés d'elle.
Il est inadmissiblequo l'on s'imagine être au-
dessus de la loi commune, et pouvoir trahir
impunément ses serments sous le seul pré-
texte que l'on siège à uu tribunal. La suspon-
sion momentanée de t'inamonbitité de la ma-
gistrature s'impose donc. Elle est imminente.
Que messieurs les juges se tiennent pour aver-
tis! — L. A nnb/'usler.
Le Radiotélégraphe militaire en Italie
IDe netre correspondant particulierI
Rome, 26 mai.
M. Marantonio, lieutenant-colonel du génie,
vient do faite un rapport sur les expériences
auxquelles il a procédé avec le radiotélégraphe
ambulant do Marconi. Les résultats ont été des
plus satisfaisants. On a pu envoyer des messa-
ges à des troupes éloignées de 70 kilométrés.
Lo nouvel appareil est d'uno valeur inapprécia-
ble, pour un chef qui doit transmettre des or-
dres à
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LI-TTERAIRE
Alexis-Mérodack-Jeaneau. — Une ex-
position artistique à Beauvais. —
Lectures variées. — Georges
Lecomte et le roman réa-
liste. — Diriks, peintre
norvégien.
L'année dernière, un correspondant appela
de nouveau mon attention sur Alexis Mérodack-
Jeaneau, et je retrouve la réponse que je fis à
l'époque, Ce peintre m'ayant adressé une lettre
à l'occasion de mon Essai sur Puvis de Cha-
vànnés, qu'il admirait passionnément, j'avais
parcouru son atelier. Ses tableaux, ses tenta-
tives, ses théories me séduisirent. En marge
de ma visite, déjà lointaine, j'indiquai à sui-
vre, au moins quelque temps. La continuation
n'ayant pas amoindri le début, j'en eusse vo-
lontiers témoigné mon opinion, si les hasards
n'en avaient décidé autrement. Et les toiles en-
voyées au dernier Salon des Artistes Indépen-
dants me semblèrent peu propres à rompre le
silence.
Ce qu'est Mérodack-Jeaneau
Cependant je me souviens parfaitement
d'Alexis MérodackJeaneau, jeune angevin, élève
de Gustave Moreau, un peu de Luc-Olivier Mer-
son, beaucoup de lui-même, et des études qui
ramenèrent en moi, tour à leur, Renouard,
Pis&aro, Monet, Brangwyn, Moreau sans
doute. Une sensation générale de tristesse s'en
dégageait, mais la vie ne nous fait-elle pas ché-
rir chaque jour notre propre douleur? 11 y avait
là des Voyages en la Belgique plate, Bruxel-
les animée à la pittoresque rue des Tanneurs,
Anvers, ville froide aux larges avenues et où la
Hanse dressa ses magasins fameux, un calvaire,
la Hollande grise, Amsterdam aux canaux,
Rotterdam, Dordrecht, Flessingue, muselière de
l'Escaut, et l'île de Walcheron, et là Tower
Bridg, de Londres, à cet endroit où le Bâtard
il y a dix siècles, fil planter sa maison.
Devant mes youx flottaient les brumes, halei-
nes lourdes et pensives des fleuves etdes mers.
Et ces cités ancrées comme des flottes de pier-
res s'empanachaient de ne sais quels rêves mé-
lancoliques.
Aussi le peintre me promena sur les Bords de
la Loire envahissante,le long des sables rocail-
leux et par des clairs de lune pleins de musi-
ques célestes. Il m'ouvrit ses cartons bourrés
de crayons, de gouaches, de dessins, où les ty-
pes de Londres se heurtaient aux coiffes ange-
vines. Ces têtes expressives, marbrées de rêve-
rie ou de douleur, me poursuivirent longtemps.
Je les ai encore présentes à la mémoire. Et je
conviens que ce furent do véritables évoca-
tions.
A mon sens, l'oeuvre de M. Mérodack-Jea-
neau n'est pas encore assez considérable pour
lui donner une place à part. - - >
Mais, je le répète, elle est de celles qu'il faut
suivre, et que pour ma part je .suivrai avec le
plaisir de l'explorateur aux terres nouvelles.
Le travail et le temps font bien les choses. Que
M. Mérodack-Jeaneau continue, et aie con-
fiance. Qu'il se souvienne de Puvis ds Chavan-
nés, puisque cette commune adoration nous
rapprocha jadis, de Puvis qui pendant trenle-
cinq ans ne put tirer un sou de sa peinture. Et
qu'il songe que rien ne doit détourner l'artiste
de la voie que lui trace le destin.
Les amis des arts de l'Oise
,Beauvais, glorieuse de ses tapisseries, de ses
industries, de ses vestiges du moyen âge, coins
pittoresques où fïollenl encore les poussières
des siècles passés ; do ses traditions locales si
chères aux amants de la terre picarde, est une
petite ville fort intéressante que les artistes et
les touristes connaissent bien.
Entre ses murs, les fêtes de Jeanne Hachette,
triomphante du Bourguignon téméraire,se dé-
roulent chaque année et le cortège de Sainte-
Angadresme, où les femmes devancent les hom-
mes, promène ses théories chatoyantes, qui ne
manquent pas d'un certain esprit philoso-
phique.
En 1897, il s'y fonda la Société des Amis des
Arts de l'Oise,' qui s'est manifestée avec suc-
cès, et dont la 5* exposition aura lieu prochai-
nement au foyer du théâlre. Elle réunira des
enfants de la région, valeureux, indépendants,
célèbrps ou nouveaux : Muenier, dont la père
fut directeur d'un journal de cru; Moteley,
Girardot, Diogène Maillart, auquel l'héroïsme
féminin doit plus d'une célébration; Guille-
met, toiles ardentes et vivantes; Deblois, Gré-
ber, dont le marbra gris aux Artistes Français,
les Funérailles du chef, m'a si fortement cap-
tivé ; Alfred Paris, Tattegrain, aux désolations
historiques ; Géo Roussel, F. Çormon, l'âge de
pierre et le naturalisme préhistorique, de qui
la Manufacture exécute en co moment un pan-
neau, Jeanne Hachette au siège de Beauvais ;
Van Hollebecke, Manceaux; Achille Cesbron,
encore un triomphateur des gammes sédui-
santes. Qu'il s'y mêle quelques paysagistes, et
cela présage un rassemblement que je serais
joyeux d'étudier plus en détail.
Les publications
On ne revient pas sur de tels sujets sans une
appréhension d'angoisse, sinon j'aurais voulu
analyser, commenter d'abondance, suivre page
à page ce long réquisitoire de Georges Clémen-
ceau qu'il a intitulé la Honte; c'est SaD septième
recueil d'articles sur ce cauchemar de quatre
années, l'affaire Dreyfus, la terrible et néfaste
Affaire, pourtant si nécessaire. Ne vous ai-je
pas tout dit ?
Les publications se continuent, multiples et
diverses; les poètes avec leurs séries où l'intérêt
trouve à glaner, La main qui file, par laquelle
Maurice Chevais tresse avec verve des ballades,
Gustave Hue, dont les Chrysalides enveloppent
de nobles enthousiasmes devant qui je m'in-
cline. Marcel Clavié, avec la Passante d'un soir
de neige, poème en prose à larges pans, dont
la draperie soyeuse enferme la passion et la
sagesse. Des romans, recherchés de litres, at-
tirent mon attention ; Sanglant problème, do
Frank Verax, illustré par Ém. Meyer ; Amours
d'Apaches, d'Alphonse Gallais. d'un moder-
nisme avivé par des dessins de Spahn, do Re-
don et de Couturier; le Roman d'une etifant
trouvée, simple, d'un style clair, par Félix
Chapiteau ; les Brigands siclliens, de Marion
Crawford, passionnants, où s'éclairent do cu-
rieux tableaux de la vie italienne.
La bonne humeur de M. Paul Bilhaud s'é-
panche dans Nous deux. 9 L'amour ?. C'est
sous deux ! » soupire Riquelle. C'est bien la
plus délicieuse petite femme qu'un lecteur
puisse rencontrer sur son chemin. Et l'auteur
a vite fait do vous présenter ses héros. « Vous
voulez les connaître? dit-il. Ecoutez-les ba-
varder, rire et s'embrasser ». Je crois que M.
Bilhaud s'est peut-être nourri de Paul de Kock,
d'Eugène Chavelle el de quelques autres, mais
je ne l'on blâmerai pas. Ces « auteurs gais »
valent bien ceux qui se battent les flancs au-
tour de nous, et l'intime harmoniste de Nous
deux a su joindre à leur style paisible un es-
prit particulier, et y enclore « beaucoup d'a-
mour », pas mal de poésie.
Le Veau d'or, par Georges Lecomte
Ici nous sommes on pleine vie. Un fervent
de vérité d'observation, de réalité, qui éludia
Y Art impressionniste el les Cartons verts en-
treprend de nous conduire, par dos induc-
tions tour à tour amusantes ou dramatiques,
lJliDB Jig PSM Imaginé, fljais
d'une exactitude parfaite, où nous assisterons
à de menus actes sociaux. Les faits parleront
pour lui, expliquant ses théories, y peignant
mieux que de longues dissertations l'état
d'âme des personnages et du milieu. Les su-
percheries du ménage Malfroy pour « paraître »,
pour éblouir autrui sont de tous les jours.
Donner l'illusion du luxe ! Celte préoccupation
ronge cinquante mille ménages parisiens. Dans
ces pages mordantes défilent des fantoches, des
héros, des types, jalonnant l'échelle des sen-
timents humains, depuis les Rochambeau, qui
s'adorent naturel] ement, dont les caresses dé-
coupent les heures, jusqu'à l'orgueilleuse ma-
dame Levain qui s'est mariée pour posséder des
bijoux, trôner dans un salon meublé de gens
connus, accumuler les bibelots et les antiquités
dont elle s'est toquée.
Lo monde officiel point par M. Georges Le-
• comte est celui des Beaux-Arts. Les plus avi-
sés fonctionnaires y achètent à prix d'or des
objets fabriqués à Montmartre et déterré s dans
un Orient mystérieux. Et cette incursion dans
le ridicule du Passé atteste les tendances mo-
dernes du critique, qui ne comprend la santé
de J'art que par un renouveau perpétuel.
Mais le Veau d'Or ! lo veau d'or qui fait
prosterner cette grouillante foule, D'a pas ce-
pendant desséché tous los coeurs. L'amour
joyeux des fiancés a triomphé quand même,
fleur délicate et tendre parmi des ronces do
haine, parfums délicieux des plus tristes jar-
dins 1
Un peintre norwégien : Diriks
Edouard Diriks naquit à Christiania et voya-
gea beaucoup. Sa première apparition en
France datode 1884. Il envoya au Salon « une
minute parisienne », la rue de Rome. L'Expo-
sition de Claude Monet, cette année-là, le sé-
duisit ; il se prit d'une louable admiration pour
te peintre dos Meules, et l'étude qu'il en pour-
suivit modifia sa facture.
Délaissant le collage rustique de Droebak,
près Christiania, et son petit atelier, tout en-
tier construit, meublé de ses mains, où sa com-
pagne a semé les douceurs féminines d'une
âme éprise d'art, vilranx, lapis, faïences créés
par elle, Edouard Diriks vient de se fixer en
France, voici quatre ans. Son envoi au Champ
de Mars de 1901, Maison champêtre en Norvège,
fut très remarqué. Depuis, vivant à l'écart,
tout à ses pensées, il a rassemblé les tableaux
qu'il nous conviait à visiter dans sa solitude
de Montrouge.
Des vues, cueillies en route, des carrefours
grouillants, d'une couleur vivante, dos paysa-
ges de Bretagne, où les arbres se couchent sous
le vent de la mer, parmi les rocs désolés. Mais
je préfère toutes les pages de son lointain pays,
savantes de précision, empreintes de brumes
poétiques, ses aspects du fjord do Christiania
en décembre, février,mars. Dans l'un, l'eau
bleue, noire,J.ranquillo, s'endort sous les gla-
ces, que brise un navire spécia!; dans le sui-
vant elle s'agile, hargneuse, secouée par le
souffle du large: le troisième nous la montre
riante ainsi qu'une jeune épousée attendant le
printemps. Au fond, un mont de sapins et do
neiges, le Gibraltar norvégien. Ce sont des
notations variées d'une même harmonie.
Brusquement tout change, los saisons vio-
lentes chassent les frimas, les verdures tendres
frissonnent, les jardins naissent au bord du
fjord, les maisons de bois bariolées de rouge
do Droebak jouent dans les ramures. Le fa-
rouche homme du Nord a senti battre son cœur
au renouveau. Et il s'empresse de célébrer
cette nature joyeuse qui le ranime et le console
de la nuit du Pôle.
LÉON RIOTOR.
Voii- à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
AU MAROC
Madrid, 26 mai.
Suivant une dépêche de Melilla des Maures,
arrivés de l'intérieur du pays, annoncent que
les troupes impériales sont entrées à Tazza.
Les rebelles ont envoyé à Zeluan des émis-
saires qui ont mission de faire connaître que
le prétendant doit conduire en personne ses
troupes sur Tazza; s'il ne le fait pas, il sera em-
prisonné et remis au sultan.
VOL DE DYNAMITE EN SIBÉRIE
(De noire correspondant particulierl
Saint-Pétersbourg, 26 mai.
A la gare de Baïkal, en Sibérie, on a volé 60
kilogrammes de dynamite. Deux individus
suspects d'avoir commis le vol ont été arrêtés,
mais on n'a pu jusqu'ici découvrir aucune
trace de l'explosif disparu. On craint que la
dynamite n'ait été partagée en plusieurs lots
et envoyée dans les principaux centres de Rus-
sie.
——————————
SCANDALE CLÉ'RICAL
Arrestation d'un curé
Orléans, 26 mai.
L'abbé Lefranc, ancien directeur du cercle
catholique, a été arrêté et incarcéré aujour-
d'hui.
On se rappelle qu'à la suite de révélations
sur des faits scandaleux qui s'étaient produits
au cercle, l'autorité militaire en avait consigné
l'entrée à la troupe.
, 1 —————»——»
UNE MACHINE INFERNALE
AU PALAIS IMPÉRIAL RUSSE ?
(De notre correspondant particulierf
Londres, 26 mai.
Dans le monde des réfugiés russes à Lon-
dres, on se raconte un curieux incident, qui se
serait passé à Saint-Pétersbourg, au pa!ais im-
périal. La gouvernante des enfants du tsar
était entrée, peu avant 9 h du matin, dans la
chambre dos petites princesses, pour leur don-
ner une leçon. Voyant que la pendule mar-
quait 9 h. moins 5, elle profita du court inter-
valle qqi lui restait et rentra dans sa chambre
pour prendre un livre. En revenant, elle vit que
la pendule marquait toujours 9 h. moins 5.
Après avoir attendu quelque temps, elle alla
chercher les enfants. En revenant, elle s'aper-
çut que l'aiguille n'avait pas bougé. Elle s'ap-
procha de la pendule et fut fort étonnée d'en-
tendre toujours le tic-tac du balancier. Elle
onna, fit appeler l'horloger de la cour et em-
porter la pendule. En l'examinant, on a décou-
vert dans l'intérieur de la boîte une cartouche
de dynamite et une machine infernale qui au
rait dû faire explosion à une heure déterminée.
Tel est la récit qui circule parmi les réfugiés et
qu'il est très difficile de contrôler.
-
LA RÉCONCILIATION DES GUELFES
ET DES HOHENZOLLERN
(De notre correspondant particulier)
Copenhague, 26 mai.
Le roi Christian de Danemark, dit-on, a l'in-
tention de se charger d'une mission spéciale,
lors de la prochaine visite qu'il fçra au duçde
Cumborland, à Gmunden. Il se propose d'ame-
ner une réconciliation entre les Guelfes et les
Hohenzollern. L'empereur Guillaume,. se trou-
vant, à Copenhague, l'avait prié de servir d'in-
termédiaire. Au cas où la mission du roi se-
rait couronnée de succès, il irait à Berlin en
rentrant de Gmunden.
- 4E CASINO DES ENFANTS
Aujourd'hui, à 2 heures, inauguration du
« Casino des Erifants » et de l'exposition par-
ticulière des œuvres do Mlle Marie Iluet, qui
point si admirablement les enfants. Cette in-
téressante exposition a été ognnisée. 72, ave-
nue des Champs-Elysées, par notre ami et col-
laborateur, le sculpteur Ernest Jetot.
: ÊTRE BONr
J -
Il sied, je pense, do ne pas laisser s'en aller,
sans lui adresser un salut de respectueuse
émotion, la femme dont te Rappel, hier, a briè-
vement annoncé la mort, Mlle Malwida de
Meysenbug, qui vient de s'éteindre, à Rome,
à l'âge de quatre-vingt-six ans.
Quiconque a lu ses mémoires, les Mémoires
d'une idéaliste, publiés en français, il y a
quelques années, par M. Gabriel Monod, a con-
çu pour cette noble femme une haute admira-
tion.
Née dans l'aristocratie allemande, Mlle de
Mcysenbug se sentit de bonne heure entraî-
née, malgré les objurgations, les reproches
amers do sa famille, vers les souffrants, vers
les humbles, vers les pauvres. Et ce qui décida
de sa vie, co fut l'amour, si chaste, si pur,
qu'elle rossenlit pour un jeune homme, Théo-
dore Atthaus, qui, avant les événements de
1848. était un des membres les plus en vue du
parti do la jeune Allemagne.
Ambitieux, grisé par do premiers succès,par
la popularité qui venait à lui, Althaus porta à
une autre l'amour en échange duquel Mlle de
Meysonbug avait, à jamais, donné son cœur.
Celle trahison fulle coup mortel pour Mlle de
Meysenbug, mais son âme n'en fut point obs-
curcie. Cette âme exquise était inaccessible à la
haine. Quelques années plus tard, quand Théo-
dore Althaus, à la suite de cruels déboires,
frappé prématurément par la maladie, agonisa,
cc fut elle qui vint, de tous les moyens qui
furent en son pouvoir, adoucir ses derniers
moments. Et, dans ses Mémoi1'es, après avoir
raconté sa dernière entrevue avec celui qu'elle
avait tant aimé, qui avait été ingrat, elle
ajoute :
- « Le lendemain, je partis avant le lover du
jour. Je me promenais sur le quai de la station
en attendant le départ du train. C'était un
temps d'hiver, d'un froid vif, mais calme ; au-
dessus de moi brillaient encore d'innombrables
étoiles, mais à l'Est une raie d'un rouge sombre
annonçait que lo soleil allait paraître pour
éclairer do nouveau co mondo où tout passe.
Mon cœur était si serré que je ne pouvais pleu-
rer. Jo regardais fixement cette raie de pourpre
à l'horizon, et une voix au fond do mon cœur
demanda avec désespoir : « Que reste-t il ? »
- « Etro bon », répondit également une voix
intérieure. Je me rattachai à cette idée, et pen-
dant que le train m'emportait, je regardais la
splendeur du soleil levant,ei je répétai, comme
un hymmo à ce spectacle glorieux: « Elre bon,
être bon. »
Dites, si cela n'est pas grand jusqu'au su-
blime ? Et toute la longue vie do Mlle de Mey-
senbug a été 'de dévouement, d'abnégation.
Exilée à cause de ses opinions politiques, elle a
été la flamme autour de laquelle tous les pros-
crits du monde venaient se réchauffer. Elle a
constamment parlé, écrit, agi, vécu pour tou-
tes les nables causes, pour ceux qui souffrent,
pour les autres.C'est cela que veulent dire ces
deux mots : Etre bon.
Vous entendez, vous tous pour qui la vie est
rude, vous qui avez été trahis, vous qui êtes
persécutés par les méchants : être bon. Je
m'incline devant le cadavre do la femme ad-
mirable qui a ainsi formulé le Credo de la foi
altruiste. Par la bonté, vous vaincrez. L'amour
est plus fort que la haine. — L. Victor-Meu-
nier.
UNE AFFAIRE DE CORRUPTION
Le gaz napolitain et le gaz de Paris.
— Poursuivis 1 — Les administra-
teurs du gaz parisien. — Ren-
dez les vingt millions.
Au moment où les chefs de& services admi-
nistratifs do la ville de Paris entraînent le pré-
fet de la Seine à combattre pour le salut de la
Compagnie Parisienne du Gaz ; à l'heure où
les Baziles de tout ordre susurrent leurs petites
calomnies ordinaires contre les défenseurs des
intérêts parisiens, se taire, ne pas dire la vé-
rité que l'on sait, serait un crime.
Oui, il y a ou corruption! Et un document
authentique, un document judiciaire en four-
nit la preuve.
Le parquet de Naples a ouvert une instruc-
tion contre le maire de Naples et diverses per-
sonnalités pour malversations et dilapidation
des deniers publics. Des faits graves de cor-
ruption ont été relevés contre les compagnies
do tramways et du gaz, à l'occasion de l'ob-
tention ou du renouvellement de leurs con-
trats avec la Ville.
MM. Kraft, administrateur, et J. Pérouse,
représentants do la Compagnie gazière, ont
été, en conséquence, impliqués dans ces pour-
suites.
L'affaire est à l'audience et tous les journaux
italiens reproduisent des extrails du long ré-
quisitoire du ministère public.
La Discussion et la Matin s'expriment ainsi :
Le ministère public dit encore que les traités du
gaz etdes tramways représentent une perte énorme
pour notre Naples et qu'ils sont désastreux. Il dé-
montre comment on aurait pu avoir, pour le traité
de l'éclairage, une sensible diminution des prix, si
on avait procédé par voie do concour,. Il réfute
les interrogatoires do Kraft et de Pérouse, et avec
les déclarations de plusieurs témoins, soutient que
la corruption fut exerbee sur une vaste échelle,
aussi bien par la société des tramways que par.
celle du gaz.
Il demande en conséquence que' le tribunal dé-
clare coupables et condamne Kraft (Victor), admi-
nistrateur de la Compagnie Ju gaz de Naples et
Pérouse (Jean), directeur, a trente mois de réclu-
sion, 1,000 lire d'amende et une année d'interdic-
tion.
Voici, à litre de document, la composition du
conseil d'administration du Gaz de Naples :
conseil
MM. D. PÉROUSE, président.
E. CAMUS, administrateur délégué de la Com-
pagnie parisienne.
A. PERNOLET, administrateur délégué de la
Compagnie parisienne.
DE GAykitER, administrateur de la Compagnie
parisienne.
R GUICHARD, administrateur de la Compagnie
Parisienne.
R. RAOUL-DUVAL, administrateur de la Com-
pagnie Parisienne.
V. KRAFT, ancien ingénieur de la Compagnie
parisienne, etc., etc.
M.-J. PÉROUSE, directeur.
Soit : cinq administrateurs de la Compagnie
parisienne et un ancien ingénieur de cette
Compagnie, avec laquelle, sous prétexte de ga-
rantie, les bureaux, les fameux bureaux veu-
lent contraindre le préfet, malgré la volonté
nettement exprimée par le Conseil municipal,
à livrer pour vingt nouvelles années les con-
tribuables parisiens aux associés des corrup-
teurs do Naples.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE,
A LÀ CHAMBRE
M. Guillain préside.
M. ïtoger Ballu n'est pas satisfait de la
façon dont sont distribués les bureaux do
tabac et les recettes buralistes. Il questionna
à ce sujet :
M. Roger Salin. — On a créé, dans ta
commune que je représente, un poste de rece-
veur buraliste, et on l'a donné à une flersonno:
de 40 ans, valide, qui a plus de 12.000 fr. do
rente, au lieu de l'attribuer à un sous-officioc
retraité ou à un malheureux.
J'ai reçu des protestations de tous les points'
de la France. Ces protestations sont justi-
fiées. car cette nomination n'est due qu'à la.
politique.
M. Combes n'a pas de peine à rcoondre :
M. Combes. — La recette buraliste do
Gournay doit rapporter 208 fr. Elle a été don-
née à un excellent républicain. ;
C'est, je le sais, un vice rédhibitoiro aux
yeux de M. Roger Callu, ce n'en est pas un
aux nôtres.
J'ai donné des ordres pour que les préfets
exigent des candidats un absolu dévouement
aux idées républicaines.
M. Roger Ballu. — La religion du mi-
nistre a été surprise.
M. Baudry cI Asson. — Il n'en a
pas.
Sur ce mot l'incident est clos.
La course Paris-Madrid
Voilà les bêtises qui recommandant. On
dira des bêtises tant qu'on parlera de la
question des automobiles sans l'avoir étu-
diée sérieusement, et j'ai honte de repro-
duire ici les échanges de badauderiesquiont
constitué le débat d hier.
M. Congy. — Je veux simplement de-
mander au président du conseil pour quelle
raison d'ordre supérieur il a cr;= devoir auto-
riser cette course, alors querr juin 1901 son
prédécesseul',M. Waldeck-Rousseau, répondant
à uno question de M. Gauthier de C'agny,
avait formellement déclaré qu'aucune autori-
sation nouvelle ne serait donnée.
La Chambre a ratifié par ses applnudisso-
menls les paroles de M. Waldeck-Roussenu,
Quo les conducteurs d'automobiles choissis-
sent dos roules spéciales en dehors des roules
ordinaires s'ils veuleut faire des expériences.
(Très bien! à droite.)
M. Combes. —- En autorisant la course
de vitesse Paris-Madrid, je n'ai cas voulu mar-
quer de déférence vis-à-vis de la Chambre. Jo
connaissais les engagements pris par mon pré-
décesseur. Mais, quand on a réglementé la cir-
culation des automobiles, on n'a pas supprimé
l'article qui permet d'autoriser les courses de
vitesse. La preuve en est qu'on en a autorisé
deux, l'une pour connaître lesqualités motrices
de l'alcool, et une autre, celle de Paris-Vienne.
J'ai pu m'appuyer sur ces précédents quand
j'ai autorisé la course Paris-Madrid.
J'ai hésité longtemps, mais on a fait valoir
à mes yeux l't intérêt considérable qu'il y avait
pour l'industrie de l'automobile, qui donne do
sérieux bénéfices au Trésor.
M. Gauthier (de Clagny). — Comme les
chartreux.
M. Combes. — J'ài donc autorisé la
course eu recommandant de prendre des mesu-
res de précaution exceptionnelles. »Les préfets
M. Bahaud-Lacroze. — Les préfets
n'en ont pris aucune.
M. Combes. — J'étais loin de m'atten-
dre, comme la plupart d'entre vous, à ce que
les coureurs atteignent des vitesses vertigi-
nouses,
Je puis dire qu'on a un peu exagéré les acci-
dents. C'est ainsi qu'on a dit qu'aux environs
d'Albis une femme avait été écrasée. Cette fem-
me se porto fort bien.
La plupart des accidents sont dus à des
défectuosités de la route ou à des impru-
donces des coureurs et non au manque de pré-
cautions.
C'est l'excès de vitesse qui est dangereux.
Le gouvernement n'est pas disposé à laisser
tenter une nouvelle expérience, mais il doit
prévenir la Chambre contre un sentiment exa-
géré qui pourrait la pousser, par dos mesures
trop sÓvèros, à ruiner une industrie prospère.
Le gouvernement et la Chambre ont le de-
voir de se préoccuper de protéger la vie hu-
maine et l'industrie de l'aulomobilo. Ces deux
intérêts pouvont se conciJier, il faut pour cela
y meltro de la bonne yolonlé. (Applaudisse-
ments.)
M. Binder est heureux que le gouverne-
ment se refuse à des mesures préjudicia-
bles à une industrie prospère.
M. de Dion affirme que les chevaux va-
peur, causent moins d'accidents que les
« moteurs à avoine ».
M. Boutard juge « qu'on ne peut pas ar-
river à la perfection sans qu'il y ait de la
casse ».
M. Congy constate que « les ministres ne
tiennent aucun compte des circulaires de
leurs prédécesseurs ».
M. de Dion propose — qui le croirait ?
— de féliciter le ministère, d'accord, en
cela, avec M. Gaston Mcnier. M. Bralon
dépose un ordre de jour de confiance.
M. Rabier fait remarquer que l'ordre dû
jour pur et simple semble s'imposer.
M. Combes déclare que telle est sa façon
de penser.
La Chambre se rallie à cette manière de
voir.
Les blés
M. Berry se préoccupe de la hausse du
pain et propose de remplacer le droit de
douane de 7 francs sur les blés par un
droit de 5 francs.
Il réclame l'urgence et le renvoi à la com-
mission des douanes.
M. Mougeot, ministre de l'agriculture,
demande la discussion immédiate.
M. Castillard ne croit pas à la persistance
de la hausse, qui est artificielle.
M. Beauregard ne veut pas engager un
grand débat sur la protection et le libre-
échange.
M. Beauregard. — Nous voulons seu-
lement appeler l'attention sur un fait qu'on
ne saurait nier : depuis quelques semaines,
la prix du pain a augmenté d'une façon inquié-
tante. ,
M. Beauregard. — S'il y a hausse c'est
qu'il y a rareté de blé.
M. Lasies. — Pas du tout. C'est la Bourse
du commerce qui fait de la spéculation.
M. Beauregard. — Et puisqu'il y a ra-
reté de blé il faut supprimer le droit qui frappe
les blés étrangers. (Interruptions.)
Vos interruptions prouvent que le débat est
gravo mais cites rendent ma tâche presque iqll
nossiblç
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AUX BUREAUX DU JOURNAL
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lit chez MM. LAGRANGE, CERF & clir
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De 4 à 8 heures du soir et de 1 10 heures du soir à. 1 heure du matin
.No 12.130. — Jeudi 28 Mai 1903
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dans tous tes bureaux de poste.
NOS LEADERS
L'îfteipjlts
Nous étions bien abusés. Nous nous
imaginions poursuivre la séparation des
églises et de l'Etat. Il n'en était rien, pa-
raît-il, et nous acheminions simple-
ment le pays à la seule séparation de
l'Etat d'avec l'église catholique. Ce sont
du moins les feuilles nationalistes qui
nous l'assurent sur la foi d'une parole
prononcée par le président du conseil,
mercredi dernier.
M. Combes, envisageant les différen-
tes éventualités que peut engendrer au,
point de vue religieux, la situation ac-
tuelle posait l'alternative suivante:
« Ou bien la séparation de l'Etat et de
l'église catholique ou une revision sé-
rieuse et efficace des règlements de po-
lice jugés nécessaires pour le maintien
do la tranquillité publique par l'auteur
même du Concordat. »
Il suffit de lire attentivement cette
phrase pour juger combien est erronée
J'interprétation qu'en ont fournie les
journaux de l'opposition. Le président
du conseil examinait l'attitude prise
par le clergé catholique et parce clergé
seul, comme seul intéressé à la question
des congrégations religieuses ; il s'est
donc préoccupé surtout de la situation
du gouvernement et de l'Etat qu'il re-
présente, à l'égard de ce clergé. Il a
proclamé que cette situation pouvait
recevoir deux solutions qu'il a indi-
quées. Mais il va de soi que la sépara-
tion que nous voulons, celle que nous
espérons réaliser à brève échéance, c'est
la séparation de toutes les Eglises, de
tous les cultes, d'avec la République
française.
Rassurons donc nos confrères. Il se-
rait d'abord singulièrement malaisé de
supprimer le budget des cultes à l'égard
du clergé catholique et de le laisser
subsister pour les autres clergés.
Mais la chose fût-elle facile, notre so-
lution serait la même. Nous estimons
que tout ce qui touche à la religion est
du domaine de la conscience intime de
l'homme et que l'Etat n'a point à s'im-
miscer dans ces questions d'une nature
si délicate, si particulière. Dans 'un pays,
agité par diverses croyances, toutes les
fois que l'Etat se substitue aux fidèles
pour alimenter le service des autels, il
commet une coupable usurpation. Il
s'engage dans une voie fâcheuse et porte
atteinte à la liberté de conscience des
citoyens, car il est impossible qu'il dose
exactement à chaque culte ce qu'il au-
rait reçu de ses adhérents et qu'il ne
fasse pas contribuer les disgidents à la
vie et au développement des confessions
religieuses dont ils sont exclus.
Alors même que tous les citoyens se
rattacheraient à la même doctrine, fe-
raient partie de la même paroisse, l'Etat
devrait soignement s'abstenir de tout
Concordat. Il n'est pas le régulateur des
consciences. Il existe pour assurer la sé-
curité des citoyens ; sa mission est par-
faitement définie et toute contingente,
elle suffit à son action ; il ne doit jamais
en sortir.
Lors donc que nous poursuivons avec
une inlassable ardeur la séparation
des Eglises et de l'Etat, nous cherchons
surtout à faire rentrer l'Etat dans sa
sphère et à confiner les Eglises dans la
leur. Nul désir n'est en nous d'assurer
la suprématie d'une confession reli-
gieuse sur une autre. Ce soin ne nous
regarde pas. L'Etat doit veiller soigneu-
sement à ce que les lois qu'il édicte ne
soient point violées au nom de la reli-
gion ; et, sous celte réserve, il lui est
interdit de se rendre appréciateur d'au-
cune doctrine religieuse. Il est laïque et
doit demeurer, exclusivement laïque.
Le clergé catholique fait, en bien des
endroits, cause commune avec les con-
grégations. Il combat la République de
son mieux. Ce spectacle peut confondre
les républicains concordataires et leur
faire toucher du doigt l'inanité de leur
conception. Il leur psouve combien il
est vain de prétendre que le Concordat
les couvre contre les usurpations du
clergé. Mais, à nos yeux, la question est
bien plus haute et bien différente, car
le clergé fût-il aussi soumis à l'Etat
qu'il est réfractaire à ses lois, fût-il
aussi vigoureusement républicain qu'il
est généralement hostile à la Républi-
que, nous n'en serions pas moins les
partisans très énergiques, très détermi-
nés de la séparation des Eglises et dé
l'Etat, parce que nous ne voyons nulle-
ment dans cette mesure la punition d'un
état d'esprit violent et accidentel, mais
l'éclatante affirmation du principe de
liberté de conscience. C'est pour la li-
berté de conscience, proscrite par les
diverses religions d'Etat, par le catho-
licisme en France, par le protestantisme
à Genève, par l'anglicanisme en Angle-
terre, par l'hébraïsme partout où l'he-
braïsme a dominé, c'est pour cette li-
berté, la plus précieuse de toutes, quo
nos pères ont combattu, nous la défen-
drons avec énergie, et, les électeurs ai-
dant, nous la réaliserons bientôt par la
séparation des Eglises, de toutes les
Eglises, d'avec l'Etat républicain.
Louis Martin.
<————————— ——————————.
ENTERRÉE ?
M. Marcel Sembat espère que
la question de la séparation des
églises et de l'Etat n'est pas
enterrée pour la législature.
M. Maurice Allard craint que
M. Marcel Sembat ne soit trop
optimiste. Et les deux députés
socialistes, dans des articles deTAction p
portent d'excellentes raisons à l'appui de
; leurs opinions diamétralement opposées.
Ils sont d'accord cependant, sur un point:
c'est qu'il était très facile d'éviter le trouble
qui agite aujourd'hui la conscience du pays
républicain. Il suffisait de faire voter la
motion Hubbard. Nous ne referons pas les
calculs qui démontrent que le principe de
la séparation, comme le dit M. Allard,
pouvait être adopté à environ 25 ou 30 voix
de majorité.
Nous ne voulons pas, d'ailleurs, adopter
la conclusion sévère du députe socia-
liste :
Pourquoi, s'écrie celui-ci, dans de telles
conditions, M. Combes s'est-il réfugié dans
une abstention plutôt hostile? Tout sim-
plement parce qu'il n'est pas et n'a jamais
été partisan de la séparation des Eglises et
de l'Etat.
Là-dessus, M. Allard nous rappelle le
trop fameux discours sur la philosophie
spiritualiste. -
M. Combes, « profondément religieux »,
s'en tiendrait donc à la lutte contre « quel-
ques » congrégations, et ne craindrait rien
tant que de pousser jusqu'au bout la politi-
que anticléricale de la démocratie mili-
tante.
M. Maurice Allard pousse peut-être trop
au noir le tableau de la situation actuelle.
Le président du Conseil a posé lui-même
au Sénat, comme je le rappelais hier, le
problème de la séparation.
Il doit être le premier, du reste, à se
rendre compte que la politique religieuse
du gouvernement a manqué d'unité jus-
qu'à présent, parce qu'elle a manqué d'une
idée directrice. Quand cette politique sera
orientée d'une façon définitive, vers la dé-
nonciation du Concordat, il y aura moins
d'à-coups, moins de surprises dans notre
marche. Pour une raison identique, l'ar-
rière-garde paraîtra moins paresseuse, et
l'avant-garde moins pressée. — Ch. B.
UN ARRÊT
La cour d'appel de Rennes vient d'acquitter
une dame que le tribunal de Brest avait con-
damnée à quatre mois de prison pour voies de
fait envers le sous-préfet, M. Verne.
C'est au cours de la manifestation du 18
août dernier, au courent do Saint-Méen, que
cette très noble et très royaliste châtelaine
avait commis le délit dont les premiers juges
l'avaient reconnue coupable.
Les conseillers de Rennes, dont maintes fois
le cléricalisme s'est affiché, ont infirmé la dé-
cision du tribunal correctionnel, et les atlen-
dus do leur arrêt méritent quoique attention.
Le choix des magistrats n'a pas été long à
faire entre les déclarations désintéressées et
formelles du sous préfet et les protestations de
la délinquante.
« Attendu, dit l'arrêt, que la déclaration de la
« prévenue, faite avec un accont do sincérité
« impressionnant (sic), est confirmée par la
« déposition de Gaston-Joseph Pollonnais, pu-
« blicistc, dont la conversion au catholicisme a
« suivi de près les affaires do Bretagne et qui
« parait s'être rendu, co jour, au couveot de
« Saint-Méen, non dans le dessein de noter les
« incidents extérieurs do la manifestation, mais
« bien pour se rendre compte de l'attitude et
« des sentiments des religieuses au moment où
« elles allaient être expulsées d'une maison où
« elles n'avaient fait que le bien ; que le témoin
« a affirmé s'être trouva; depuis le matin, près
« de Mmo B. et n'avoir pas quitté la pièce
« dans laquelle cetto dame est restée conlinuel-
« lement avec les religieuse.", etc. »
On ne s'attendait guère à voir intervenir en
cette affaire laj-écente conversion de M,Pollon-
nais, Cet événement solennel et mémorable
était, depuis quelque temps, oublié. Si le bap-
tême n'a pu avoir cet effet miraculeux d'aug-
menter le talent si original de notre confrère
du Gaulois, il aura pourtant eu une consé-
quence heureuse pour une de ses plus ferven-
tes tectrices. Ce c'est point là chose négli-
geable. -
Ce qu'il y a de particulièrement intéressant
dans l'arrêt, c'est l'insistance particulière que
les magistrats ont mise à déclarer que les sœurs
de Saint-Méen n'avaient fait que du bien dans
leur couvent.
La cour n'avait pas à juger ce point.
Les religieuses se trouvaient en état de re-
bellion ouverte contre la loi, voilà ce qui de-
vait être constaté. Elles ont aggravé leur cas
en suscitant, dans 19 pays, des troubles, et en
étant, en définitive, la cause de violences et de
voies de faits exercées sur la personne du sous-
préfet, représentant de l'Etat.
Ainsi, non seulement dans le dispositif, mais
encore dans les considérants de leur arrêt, les
conseillers de Rennes ont laissé percer le bout
bout de leur oreille cléricale. Est-ce supporta-
ble ? Los républicains doivent ils se tenir pour
satisfaits parce que le garde des sceaux a
adressé aux parquets des circulaires platoni-
ques et parce que le président du conseil a
parlé incidemment, à la tribune de la Cham-
bre; des défaillances des juges ?
Je ne le crois pas. Il faut que bon gré mal
gré, la République se résigne à se séparer en
fait de quelques magistrats qui, depuis long-
temps déjà, so sont moralement séparés d'elle.
Il est inadmissiblequo l'on s'imagine être au-
dessus de la loi commune, et pouvoir trahir
impunément ses serments sous le seul pré-
texte que l'on siège à uu tribunal. La suspon-
sion momentanée de t'inamonbitité de la ma-
gistrature s'impose donc. Elle est imminente.
Que messieurs les juges se tiennent pour aver-
tis! — L. A nnb/'usler.
Le Radiotélégraphe militaire en Italie
IDe netre correspondant particulierI
Rome, 26 mai.
M. Marantonio, lieutenant-colonel du génie,
vient do faite un rapport sur les expériences
auxquelles il a procédé avec le radiotélégraphe
ambulant do Marconi. Les résultats ont été des
plus satisfaisants. On a pu envoyer des messa-
ges à des troupes éloignées de 70 kilométrés.
Lo nouvel appareil est d'uno valeur inapprécia-
ble, pour un chef qui doit transmettre des or-
dres à
LE RAPPEL
ARTISTIQUE ET LI-TTERAIRE
Alexis-Mérodack-Jeaneau. — Une ex-
position artistique à Beauvais. —
Lectures variées. — Georges
Lecomte et le roman réa-
liste. — Diriks, peintre
norvégien.
L'année dernière, un correspondant appela
de nouveau mon attention sur Alexis Mérodack-
Jeaneau, et je retrouve la réponse que je fis à
l'époque, Ce peintre m'ayant adressé une lettre
à l'occasion de mon Essai sur Puvis de Cha-
vànnés, qu'il admirait passionnément, j'avais
parcouru son atelier. Ses tableaux, ses tenta-
tives, ses théories me séduisirent. En marge
de ma visite, déjà lointaine, j'indiquai à sui-
vre, au moins quelque temps. La continuation
n'ayant pas amoindri le début, j'en eusse vo-
lontiers témoigné mon opinion, si les hasards
n'en avaient décidé autrement. Et les toiles en-
voyées au dernier Salon des Artistes Indépen-
dants me semblèrent peu propres à rompre le
silence.
Ce qu'est Mérodack-Jeaneau
Cependant je me souviens parfaitement
d'Alexis MérodackJeaneau, jeune angevin, élève
de Gustave Moreau, un peu de Luc-Olivier Mer-
son, beaucoup de lui-même, et des études qui
ramenèrent en moi, tour à leur, Renouard,
Pis&aro, Monet, Brangwyn, Moreau sans
doute. Une sensation générale de tristesse s'en
dégageait, mais la vie ne nous fait-elle pas ché-
rir chaque jour notre propre douleur? 11 y avait
là des Voyages en la Belgique plate, Bruxel-
les animée à la pittoresque rue des Tanneurs,
Anvers, ville froide aux larges avenues et où la
Hanse dressa ses magasins fameux, un calvaire,
la Hollande grise, Amsterdam aux canaux,
Rotterdam, Dordrecht, Flessingue, muselière de
l'Escaut, et l'île de Walcheron, et là Tower
Bridg, de Londres, à cet endroit où le Bâtard
il y a dix siècles, fil planter sa maison.
Devant mes youx flottaient les brumes, halei-
nes lourdes et pensives des fleuves etdes mers.
Et ces cités ancrées comme des flottes de pier-
res s'empanachaient de ne sais quels rêves mé-
lancoliques.
Aussi le peintre me promena sur les Bords de
la Loire envahissante,le long des sables rocail-
leux et par des clairs de lune pleins de musi-
ques célestes. Il m'ouvrit ses cartons bourrés
de crayons, de gouaches, de dessins, où les ty-
pes de Londres se heurtaient aux coiffes ange-
vines. Ces têtes expressives, marbrées de rêve-
rie ou de douleur, me poursuivirent longtemps.
Je les ai encore présentes à la mémoire. Et je
conviens que ce furent do véritables évoca-
tions.
A mon sens, l'oeuvre de M. Mérodack-Jea-
neau n'est pas encore assez considérable pour
lui donner une place à part. - - >
Mais, je le répète, elle est de celles qu'il faut
suivre, et que pour ma part je .suivrai avec le
plaisir de l'explorateur aux terres nouvelles.
Le travail et le temps font bien les choses. Que
M. Mérodack-Jeaneau continue, et aie con-
fiance. Qu'il se souvienne de Puvis ds Chavan-
nés, puisque cette commune adoration nous
rapprocha jadis, de Puvis qui pendant trenle-
cinq ans ne put tirer un sou de sa peinture. Et
qu'il songe que rien ne doit détourner l'artiste
de la voie que lui trace le destin.
Les amis des arts de l'Oise
,Beauvais, glorieuse de ses tapisseries, de ses
industries, de ses vestiges du moyen âge, coins
pittoresques où fïollenl encore les poussières
des siècles passés ; do ses traditions locales si
chères aux amants de la terre picarde, est une
petite ville fort intéressante que les artistes et
les touristes connaissent bien.
Entre ses murs, les fêtes de Jeanne Hachette,
triomphante du Bourguignon téméraire,se dé-
roulent chaque année et le cortège de Sainte-
Angadresme, où les femmes devancent les hom-
mes, promène ses théories chatoyantes, qui ne
manquent pas d'un certain esprit philoso-
phique.
En 1897, il s'y fonda la Société des Amis des
Arts de l'Oise,' qui s'est manifestée avec suc-
cès, et dont la 5* exposition aura lieu prochai-
nement au foyer du théâlre. Elle réunira des
enfants de la région, valeureux, indépendants,
célèbrps ou nouveaux : Muenier, dont la père
fut directeur d'un journal de cru; Moteley,
Girardot, Diogène Maillart, auquel l'héroïsme
féminin doit plus d'une célébration; Guille-
met, toiles ardentes et vivantes; Deblois, Gré-
ber, dont le marbra gris aux Artistes Français,
les Funérailles du chef, m'a si fortement cap-
tivé ; Alfred Paris, Tattegrain, aux désolations
historiques ; Géo Roussel, F. Çormon, l'âge de
pierre et le naturalisme préhistorique, de qui
la Manufacture exécute en co moment un pan-
neau, Jeanne Hachette au siège de Beauvais ;
Van Hollebecke, Manceaux; Achille Cesbron,
encore un triomphateur des gammes sédui-
santes. Qu'il s'y mêle quelques paysagistes, et
cela présage un rassemblement que je serais
joyeux d'étudier plus en détail.
Les publications
On ne revient pas sur de tels sujets sans une
appréhension d'angoisse, sinon j'aurais voulu
analyser, commenter d'abondance, suivre page
à page ce long réquisitoire de Georges Clémen-
ceau qu'il a intitulé la Honte; c'est SaD septième
recueil d'articles sur ce cauchemar de quatre
années, l'affaire Dreyfus, la terrible et néfaste
Affaire, pourtant si nécessaire. Ne vous ai-je
pas tout dit ?
Les publications se continuent, multiples et
diverses; les poètes avec leurs séries où l'intérêt
trouve à glaner, La main qui file, par laquelle
Maurice Chevais tresse avec verve des ballades,
Gustave Hue, dont les Chrysalides enveloppent
de nobles enthousiasmes devant qui je m'in-
cline. Marcel Clavié, avec la Passante d'un soir
de neige, poème en prose à larges pans, dont
la draperie soyeuse enferme la passion et la
sagesse. Des romans, recherchés de litres, at-
tirent mon attention ; Sanglant problème, do
Frank Verax, illustré par Ém. Meyer ; Amours
d'Apaches, d'Alphonse Gallais. d'un moder-
nisme avivé par des dessins de Spahn, do Re-
don et de Couturier; le Roman d'une etifant
trouvée, simple, d'un style clair, par Félix
Chapiteau ; les Brigands siclliens, de Marion
Crawford, passionnants, où s'éclairent do cu-
rieux tableaux de la vie italienne.
La bonne humeur de M. Paul Bilhaud s'é-
panche dans Nous deux. 9 L'amour ?. C'est
sous deux ! » soupire Riquelle. C'est bien la
plus délicieuse petite femme qu'un lecteur
puisse rencontrer sur son chemin. Et l'auteur
a vite fait do vous présenter ses héros. « Vous
voulez les connaître? dit-il. Ecoutez-les ba-
varder, rire et s'embrasser ». Je crois que M.
Bilhaud s'est peut-être nourri de Paul de Kock,
d'Eugène Chavelle el de quelques autres, mais
je ne l'on blâmerai pas. Ces « auteurs gais »
valent bien ceux qui se battent les flancs au-
tour de nous, et l'intime harmoniste de Nous
deux a su joindre à leur style paisible un es-
prit particulier, et y enclore « beaucoup d'a-
mour », pas mal de poésie.
Le Veau d'or, par Georges Lecomte
Ici nous sommes on pleine vie. Un fervent
de vérité d'observation, de réalité, qui éludia
Y Art impressionniste el les Cartons verts en-
treprend de nous conduire, par dos induc-
tions tour à tour amusantes ou dramatiques,
lJliDB Jig PSM Imaginé, fljais
d'une exactitude parfaite, où nous assisterons
à de menus actes sociaux. Les faits parleront
pour lui, expliquant ses théories, y peignant
mieux que de longues dissertations l'état
d'âme des personnages et du milieu. Les su-
percheries du ménage Malfroy pour « paraître »,
pour éblouir autrui sont de tous les jours.
Donner l'illusion du luxe ! Celte préoccupation
ronge cinquante mille ménages parisiens. Dans
ces pages mordantes défilent des fantoches, des
héros, des types, jalonnant l'échelle des sen-
timents humains, depuis les Rochambeau, qui
s'adorent naturel] ement, dont les caresses dé-
coupent les heures, jusqu'à l'orgueilleuse ma-
dame Levain qui s'est mariée pour posséder des
bijoux, trôner dans un salon meublé de gens
connus, accumuler les bibelots et les antiquités
dont elle s'est toquée.
Lo monde officiel point par M. Georges Le-
• comte est celui des Beaux-Arts. Les plus avi-
sés fonctionnaires y achètent à prix d'or des
objets fabriqués à Montmartre et déterré s dans
un Orient mystérieux. Et cette incursion dans
le ridicule du Passé atteste les tendances mo-
dernes du critique, qui ne comprend la santé
de J'art que par un renouveau perpétuel.
Mais le Veau d'Or ! lo veau d'or qui fait
prosterner cette grouillante foule, D'a pas ce-
pendant desséché tous los coeurs. L'amour
joyeux des fiancés a triomphé quand même,
fleur délicate et tendre parmi des ronces do
haine, parfums délicieux des plus tristes jar-
dins 1
Un peintre norwégien : Diriks
Edouard Diriks naquit à Christiania et voya-
gea beaucoup. Sa première apparition en
France datode 1884. Il envoya au Salon « une
minute parisienne », la rue de Rome. L'Expo-
sition de Claude Monet, cette année-là, le sé-
duisit ; il se prit d'une louable admiration pour
te peintre dos Meules, et l'étude qu'il en pour-
suivit modifia sa facture.
Délaissant le collage rustique de Droebak,
près Christiania, et son petit atelier, tout en-
tier construit, meublé de ses mains, où sa com-
pagne a semé les douceurs féminines d'une
âme éprise d'art, vilranx, lapis, faïences créés
par elle, Edouard Diriks vient de se fixer en
France, voici quatre ans. Son envoi au Champ
de Mars de 1901, Maison champêtre en Norvège,
fut très remarqué. Depuis, vivant à l'écart,
tout à ses pensées, il a rassemblé les tableaux
qu'il nous conviait à visiter dans sa solitude
de Montrouge.
Des vues, cueillies en route, des carrefours
grouillants, d'une couleur vivante, dos paysa-
ges de Bretagne, où les arbres se couchent sous
le vent de la mer, parmi les rocs désolés. Mais
je préfère toutes les pages de son lointain pays,
savantes de précision, empreintes de brumes
poétiques, ses aspects du fjord do Christiania
en décembre, février,mars. Dans l'un, l'eau
bleue, noire,J.ranquillo, s'endort sous les gla-
ces, que brise un navire spécia!; dans le sui-
vant elle s'agile, hargneuse, secouée par le
souffle du large: le troisième nous la montre
riante ainsi qu'une jeune épousée attendant le
printemps. Au fond, un mont de sapins et do
neiges, le Gibraltar norvégien. Ce sont des
notations variées d'une même harmonie.
Brusquement tout change, los saisons vio-
lentes chassent les frimas, les verdures tendres
frissonnent, les jardins naissent au bord du
fjord, les maisons de bois bariolées de rouge
do Droebak jouent dans les ramures. Le fa-
rouche homme du Nord a senti battre son cœur
au renouveau. Et il s'empresse de célébrer
cette nature joyeuse qui le ranime et le console
de la nuit du Pôle.
LÉON RIOTOR.
Voii- à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
AU MAROC
Madrid, 26 mai.
Suivant une dépêche de Melilla des Maures,
arrivés de l'intérieur du pays, annoncent que
les troupes impériales sont entrées à Tazza.
Les rebelles ont envoyé à Zeluan des émis-
saires qui ont mission de faire connaître que
le prétendant doit conduire en personne ses
troupes sur Tazza; s'il ne le fait pas, il sera em-
prisonné et remis au sultan.
VOL DE DYNAMITE EN SIBÉRIE
(De noire correspondant particulierl
Saint-Pétersbourg, 26 mai.
A la gare de Baïkal, en Sibérie, on a volé 60
kilogrammes de dynamite. Deux individus
suspects d'avoir commis le vol ont été arrêtés,
mais on n'a pu jusqu'ici découvrir aucune
trace de l'explosif disparu. On craint que la
dynamite n'ait été partagée en plusieurs lots
et envoyée dans les principaux centres de Rus-
sie.
——————————
SCANDALE CLÉ'RICAL
Arrestation d'un curé
Orléans, 26 mai.
L'abbé Lefranc, ancien directeur du cercle
catholique, a été arrêté et incarcéré aujour-
d'hui.
On se rappelle qu'à la suite de révélations
sur des faits scandaleux qui s'étaient produits
au cercle, l'autorité militaire en avait consigné
l'entrée à la troupe.
, 1 —————»——»
UNE MACHINE INFERNALE
AU PALAIS IMPÉRIAL RUSSE ?
(De notre correspondant particulierf
Londres, 26 mai.
Dans le monde des réfugiés russes à Lon-
dres, on se raconte un curieux incident, qui se
serait passé à Saint-Pétersbourg, au pa!ais im-
périal. La gouvernante des enfants du tsar
était entrée, peu avant 9 h du matin, dans la
chambre dos petites princesses, pour leur don-
ner une leçon. Voyant que la pendule mar-
quait 9 h. moins 5, elle profita du court inter-
valle qqi lui restait et rentra dans sa chambre
pour prendre un livre. En revenant, elle vit que
la pendule marquait toujours 9 h. moins 5.
Après avoir attendu quelque temps, elle alla
chercher les enfants. En revenant, elle s'aper-
çut que l'aiguille n'avait pas bougé. Elle s'ap-
procha de la pendule et fut fort étonnée d'en-
tendre toujours le tic-tac du balancier. Elle
onna, fit appeler l'horloger de la cour et em-
porter la pendule. En l'examinant, on a décou-
vert dans l'intérieur de la boîte une cartouche
de dynamite et une machine infernale qui au
rait dû faire explosion à une heure déterminée.
Tel est la récit qui circule parmi les réfugiés et
qu'il est très difficile de contrôler.
-
LA RÉCONCILIATION DES GUELFES
ET DES HOHENZOLLERN
(De notre correspondant particulier)
Copenhague, 26 mai.
Le roi Christian de Danemark, dit-on, a l'in-
tention de se charger d'une mission spéciale,
lors de la prochaine visite qu'il fçra au duçde
Cumborland, à Gmunden. Il se propose d'ame-
ner une réconciliation entre les Guelfes et les
Hohenzollern. L'empereur Guillaume,. se trou-
vant, à Copenhague, l'avait prié de servir d'in-
termédiaire. Au cas où la mission du roi se-
rait couronnée de succès, il irait à Berlin en
rentrant de Gmunden.
- 4E CASINO DES ENFANTS
Aujourd'hui, à 2 heures, inauguration du
« Casino des Erifants » et de l'exposition par-
ticulière des œuvres do Mlle Marie Iluet, qui
point si admirablement les enfants. Cette in-
téressante exposition a été ognnisée. 72, ave-
nue des Champs-Elysées, par notre ami et col-
laborateur, le sculpteur Ernest Jetot.
: ÊTRE BONr
J -
Il sied, je pense, do ne pas laisser s'en aller,
sans lui adresser un salut de respectueuse
émotion, la femme dont te Rappel, hier, a briè-
vement annoncé la mort, Mlle Malwida de
Meysenbug, qui vient de s'éteindre, à Rome,
à l'âge de quatre-vingt-six ans.
Quiconque a lu ses mémoires, les Mémoires
d'une idéaliste, publiés en français, il y a
quelques années, par M. Gabriel Monod, a con-
çu pour cette noble femme une haute admira-
tion.
Née dans l'aristocratie allemande, Mlle de
Mcysenbug se sentit de bonne heure entraî-
née, malgré les objurgations, les reproches
amers do sa famille, vers les souffrants, vers
les humbles, vers les pauvres. Et ce qui décida
de sa vie, co fut l'amour, si chaste, si pur,
qu'elle rossenlit pour un jeune homme, Théo-
dore Atthaus, qui, avant les événements de
1848. était un des membres les plus en vue du
parti do la jeune Allemagne.
Ambitieux, grisé par do premiers succès,par
la popularité qui venait à lui, Althaus porta à
une autre l'amour en échange duquel Mlle de
Meysonbug avait, à jamais, donné son cœur.
Celle trahison fulle coup mortel pour Mlle de
Meysenbug, mais son âme n'en fut point obs-
curcie. Cette âme exquise était inaccessible à la
haine. Quelques années plus tard, quand Théo-
dore Althaus, à la suite de cruels déboires,
frappé prématurément par la maladie, agonisa,
cc fut elle qui vint, de tous les moyens qui
furent en son pouvoir, adoucir ses derniers
moments. Et, dans ses Mémoi1'es, après avoir
raconté sa dernière entrevue avec celui qu'elle
avait tant aimé, qui avait été ingrat, elle
ajoute :
- « Le lendemain, je partis avant le lover du
jour. Je me promenais sur le quai de la station
en attendant le départ du train. C'était un
temps d'hiver, d'un froid vif, mais calme ; au-
dessus de moi brillaient encore d'innombrables
étoiles, mais à l'Est une raie d'un rouge sombre
annonçait que lo soleil allait paraître pour
éclairer do nouveau co mondo où tout passe.
Mon cœur était si serré que je ne pouvais pleu-
rer. Jo regardais fixement cette raie de pourpre
à l'horizon, et une voix au fond do mon cœur
demanda avec désespoir : « Que reste-t il ? »
- « Etro bon », répondit également une voix
intérieure. Je me rattachai à cette idée, et pen-
dant que le train m'emportait, je regardais la
splendeur du soleil levant,ei je répétai, comme
un hymmo à ce spectacle glorieux: « Elre bon,
être bon. »
Dites, si cela n'est pas grand jusqu'au su-
blime ? Et toute la longue vie do Mlle de Mey-
senbug a été 'de dévouement, d'abnégation.
Exilée à cause de ses opinions politiques, elle a
été la flamme autour de laquelle tous les pros-
crits du monde venaient se réchauffer. Elle a
constamment parlé, écrit, agi, vécu pour tou-
tes les nables causes, pour ceux qui souffrent,
pour les autres.C'est cela que veulent dire ces
deux mots : Etre bon.
Vous entendez, vous tous pour qui la vie est
rude, vous qui avez été trahis, vous qui êtes
persécutés par les méchants : être bon. Je
m'incline devant le cadavre do la femme ad-
mirable qui a ainsi formulé le Credo de la foi
altruiste. Par la bonté, vous vaincrez. L'amour
est plus fort que la haine. — L. Victor-Meu-
nier.
UNE AFFAIRE DE CORRUPTION
Le gaz napolitain et le gaz de Paris.
— Poursuivis 1 — Les administra-
teurs du gaz parisien. — Ren-
dez les vingt millions.
Au moment où les chefs de& services admi-
nistratifs do la ville de Paris entraînent le pré-
fet de la Seine à combattre pour le salut de la
Compagnie Parisienne du Gaz ; à l'heure où
les Baziles de tout ordre susurrent leurs petites
calomnies ordinaires contre les défenseurs des
intérêts parisiens, se taire, ne pas dire la vé-
rité que l'on sait, serait un crime.
Oui, il y a ou corruption! Et un document
authentique, un document judiciaire en four-
nit la preuve.
Le parquet de Naples a ouvert une instruc-
tion contre le maire de Naples et diverses per-
sonnalités pour malversations et dilapidation
des deniers publics. Des faits graves de cor-
ruption ont été relevés contre les compagnies
do tramways et du gaz, à l'occasion de l'ob-
tention ou du renouvellement de leurs con-
trats avec la Ville.
MM. Kraft, administrateur, et J. Pérouse,
représentants do la Compagnie gazière, ont
été, en conséquence, impliqués dans ces pour-
suites.
L'affaire est à l'audience et tous les journaux
italiens reproduisent des extrails du long ré-
quisitoire du ministère public.
La Discussion et la Matin s'expriment ainsi :
Le ministère public dit encore que les traités du
gaz etdes tramways représentent une perte énorme
pour notre Naples et qu'ils sont désastreux. Il dé-
montre comment on aurait pu avoir, pour le traité
de l'éclairage, une sensible diminution des prix, si
on avait procédé par voie do concour,. Il réfute
les interrogatoires do Kraft et de Pérouse, et avec
les déclarations de plusieurs témoins, soutient que
la corruption fut exerbee sur une vaste échelle,
aussi bien par la société des tramways que par.
celle du gaz.
Il demande en conséquence que' le tribunal dé-
clare coupables et condamne Kraft (Victor), admi-
nistrateur de la Compagnie Ju gaz de Naples et
Pérouse (Jean), directeur, a trente mois de réclu-
sion, 1,000 lire d'amende et une année d'interdic-
tion.
Voici, à litre de document, la composition du
conseil d'administration du Gaz de Naples :
conseil
MM. D. PÉROUSE, président.
E. CAMUS, administrateur délégué de la Com-
pagnie parisienne.
A. PERNOLET, administrateur délégué de la
Compagnie parisienne.
DE GAykitER, administrateur de la Compagnie
parisienne.
R GUICHARD, administrateur de la Compagnie
Parisienne.
R. RAOUL-DUVAL, administrateur de la Com-
pagnie Parisienne.
V. KRAFT, ancien ingénieur de la Compagnie
parisienne, etc., etc.
M.-J. PÉROUSE, directeur.
Soit : cinq administrateurs de la Compagnie
parisienne et un ancien ingénieur de cette
Compagnie, avec laquelle, sous prétexte de ga-
rantie, les bureaux, les fameux bureaux veu-
lent contraindre le préfet, malgré la volonté
nettement exprimée par le Conseil municipal,
à livrer pour vingt nouvelles années les con-
tribuables parisiens aux associés des corrup-
teurs do Naples.
LA JOURNEE
PARLEMENTAIRE,
A LÀ CHAMBRE
M. Guillain préside.
M. ïtoger Ballu n'est pas satisfait de la
façon dont sont distribués les bureaux do
tabac et les recettes buralistes. Il questionna
à ce sujet :
M. Roger Salin. — On a créé, dans ta
commune que je représente, un poste de rece-
veur buraliste, et on l'a donné à une flersonno:
de 40 ans, valide, qui a plus de 12.000 fr. do
rente, au lieu de l'attribuer à un sous-officioc
retraité ou à un malheureux.
J'ai reçu des protestations de tous les points'
de la France. Ces protestations sont justi-
fiées. car cette nomination n'est due qu'à la.
politique.
M. Combes n'a pas de peine à rcoondre :
M. Combes. — La recette buraliste do
Gournay doit rapporter 208 fr. Elle a été don-
née à un excellent républicain. ;
C'est, je le sais, un vice rédhibitoiro aux
yeux de M. Roger Callu, ce n'en est pas un
aux nôtres.
J'ai donné des ordres pour que les préfets
exigent des candidats un absolu dévouement
aux idées républicaines.
M. Roger Ballu. — La religion du mi-
nistre a été surprise.
M. Baudry cI Asson. — Il n'en a
pas.
Sur ce mot l'incident est clos.
La course Paris-Madrid
Voilà les bêtises qui recommandant. On
dira des bêtises tant qu'on parlera de la
question des automobiles sans l'avoir étu-
diée sérieusement, et j'ai honte de repro-
duire ici les échanges de badauderiesquiont
constitué le débat d hier.
M. Congy. — Je veux simplement de-
mander au président du conseil pour quelle
raison d'ordre supérieur il a cr;= devoir auto-
riser cette course, alors querr juin 1901 son
prédécesseul',M. Waldeck-Rousseau, répondant
à uno question de M. Gauthier de C'agny,
avait formellement déclaré qu'aucune autori-
sation nouvelle ne serait donnée.
La Chambre a ratifié par ses applnudisso-
menls les paroles de M. Waldeck-Roussenu,
Quo les conducteurs d'automobiles choissis-
sent dos roules spéciales en dehors des roules
ordinaires s'ils veuleut faire des expériences.
(Très bien! à droite.)
M. Combes. —- En autorisant la course
de vitesse Paris-Madrid, je n'ai cas voulu mar-
quer de déférence vis-à-vis de la Chambre. Jo
connaissais les engagements pris par mon pré-
décesseur. Mais, quand on a réglementé la cir-
culation des automobiles, on n'a pas supprimé
l'article qui permet d'autoriser les courses de
vitesse. La preuve en est qu'on en a autorisé
deux, l'une pour connaître lesqualités motrices
de l'alcool, et une autre, celle de Paris-Vienne.
J'ai pu m'appuyer sur ces précédents quand
j'ai autorisé la course Paris-Madrid.
J'ai hésité longtemps, mais on a fait valoir
à mes yeux l't intérêt considérable qu'il y avait
pour l'industrie de l'automobile, qui donne do
sérieux bénéfices au Trésor.
M. Gauthier (de Clagny). — Comme les
chartreux.
M. Combes. — J'ài donc autorisé la
course eu recommandant de prendre des mesu-
res de précaution exceptionnelles. »Les préfets
M. Bahaud-Lacroze. — Les préfets
n'en ont pris aucune.
M. Combes. — J'étais loin de m'atten-
dre, comme la plupart d'entre vous, à ce que
les coureurs atteignent des vitesses vertigi-
nouses,
Je puis dire qu'on a un peu exagéré les acci-
dents. C'est ainsi qu'on a dit qu'aux environs
d'Albis une femme avait été écrasée. Cette fem-
me se porto fort bien.
La plupart des accidents sont dus à des
défectuosités de la route ou à des impru-
donces des coureurs et non au manque de pré-
cautions.
C'est l'excès de vitesse qui est dangereux.
Le gouvernement n'est pas disposé à laisser
tenter une nouvelle expérience, mais il doit
prévenir la Chambre contre un sentiment exa-
géré qui pourrait la pousser, par dos mesures
trop sÓvèros, à ruiner une industrie prospère.
Le gouvernement et la Chambre ont le de-
voir de se préoccuper de protéger la vie hu-
maine et l'industrie de l'aulomobilo. Ces deux
intérêts pouvont se conciJier, il faut pour cela
y meltro de la bonne yolonlé. (Applaudisse-
ments.)
M. Binder est heureux que le gouverne-
ment se refuse à des mesures préjudicia-
bles à une industrie prospère.
M. de Dion affirme que les chevaux va-
peur, causent moins d'accidents que les
« moteurs à avoine ».
M. Boutard juge « qu'on ne peut pas ar-
river à la perfection sans qu'il y ait de la
casse ».
M. Congy constate que « les ministres ne
tiennent aucun compte des circulaires de
leurs prédécesseurs ».
M. de Dion propose — qui le croirait ?
— de féliciter le ministère, d'accord, en
cela, avec M. Gaston Mcnier. M. Bralon
dépose un ordre de jour de confiance.
M. Rabier fait remarquer que l'ordre dû
jour pur et simple semble s'imposer.
M. Combes déclare que telle est sa façon
de penser.
La Chambre se rallie à cette manière de
voir.
Les blés
M. Berry se préoccupe de la hausse du
pain et propose de remplacer le droit de
douane de 7 francs sur les blés par un
droit de 5 francs.
Il réclame l'urgence et le renvoi à la com-
mission des douanes.
M. Mougeot, ministre de l'agriculture,
demande la discussion immédiate.
M. Castillard ne croit pas à la persistance
de la hausse, qui est artificielle.
M. Beauregard ne veut pas engager un
grand débat sur la protection et le libre-
échange.
M. Beauregard. — Nous voulons seu-
lement appeler l'attention sur un fait qu'on
ne saurait nier : depuis quelques semaines,
la prix du pain a augmenté d'une façon inquié-
tante. ,
M. Beauregard. — S'il y a hausse c'est
qu'il y a rareté de blé.
M. Lasies. — Pas du tout. C'est la Bourse
du commerce qui fait de la spéculation.
M. Beauregard. — Et puisqu'il y a ra-
reté de blé il faut supprimer le droit qui frappe
les blés étrangers. (Interruptions.)
Vos interruptions prouvent que le débat est
gravo mais cites rendent ma tâche presque iqll
nossiblç
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