Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mai 1903 27 mai 1903
Description : 1903/05/27 (N12129). 1903/05/27 (N12129).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572480k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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NOS LEADERS
ENFIN!
Que le travail législatif soit lent,
c'est malheureusement une vérité ba-
nale Ce phénomène s'explique d'ail-
leurs par l'antagonisme des intérêts, la
contradiction des doctrines, la direc-
tion naturellement différente des meil-
leures volontés. Mais il est un repro-
che plus grave à l'adresse des gouver-
nemeuts et des assemblées : ils ne se
meuvent et n'agissent guère que sous
la pression des circonstances. Théori-
quement on n'y parle que de droit, de
vérité, de progrès, d'humanité, de jus-
tice. En pratique, c'est bien différent.
On n'y cède qu'aux forces individuelles
ou sociales qui s'imposent directement
par leur puissance ou par leur audace.
Là; comme ailleurs, malheur aux fai-
bles: leurs plaintes les plus légitimes
s'y heurtent à la plus désespérante im-
passibilité.
S'il est au monde un principe de jus-
tice à l'abri de toutecontestation sérieuse,
un principe d'humanité qui s'impose à
toutes les consciences droites et_géné-
renses, c'est bien celui de l'assistance
obligatoire, légale, en faveur de tous les
membres du corps social, qui, par suite
de l'âge ou par suite d'infirmités, se
trouvent dans l'impossibilité matérielle
de subvenir à leurs besoins matériels.
Que ce principe ait été méconnu aux
époques heureusement lointaines où le
droit humain gisait encore ensevel i dans
la gangue des prétentions aristocrati-
ques, ou se débattait dans les liens d'une
théocratie sans cœur et sans entrailles,
rien de plus naturel. Mais du jour où la
raison humaine s'est affranchie, le prin-
cipe de la solidarité sociale s'est dégagé
de toutes les controverses avec l'auto-
rité sÓuverainecdùnevÓrité d'étidence.
- La Convention nationale, le 19 mars
1793, dans sa revision de la Déclara-
tion des droits de l'homme proclamait
u que tout être humain a droit à sa
subsistance pal' le travail s'il est va-
lide, par des secours gratuits s'il est
hors d'état de travailler; et que le soin
de pourvoir à la nourriture des pauvres
est une dette nationale ».
Ce même principe était inscrit dans
la déclaration préliminaire de la nou-
velle constitution du 24 juin 1793. L'ar-
ticle 21 s'exprimait en termes formels :
« Les secours publics sont une dette sa-
crée. La société doit la subsistance aux
citoyens malheureux, soit en leur pro-
curant du travail, soit en assurant les
moyens de subsistance à ceux qui sont
hors d'état de travailler. » Quelques
jours après, d'ailleurs, la Convention
nationale, dans un décret célèbre, orga-
nisait les secours à accorder annuelle-
ment aux enfants, aux vieillards et aux
indigents. —
Hélas ! où sont les neiges d'antan?
Déclarations, lois et décrets furent en-
traînes par la réaction de thermidor,
dans un même naufrage. Ils suivirent le
sorltîe tant d'admirables projets par les-
quels l'immortelle assemblée se propo-
sait de donner une sanction pratique
aux principes d'humanité et de justice
socialo qu'elle avait si hardiment pro-
clamés. Plus d'un siècle s'est écoulé de-
puis. La situation n'a paë changé. Que
dlî?-je ? elle s'est aggravée. Par une de
ces contradictions économiques qui dé-
routent la conscience humaine, le ma-
chinisme et la division du travail, en
développant la production dansdes pro-
portions fantastiques, n'ont pas dimi-
nué la misère. Ils l'ont au contraire in-
tensifiée. C'est précisément dans les en-
droits où se réalisent le mieux les condi-
tions auxquelles tend toujours le pro-
grès matériel, dans les endroits où la
population est la plus dense, la richesse
la plus grande, les moyens de produc-
tion et d'échange les plus parfaits, que
se rencontrent invariablement, à l'om-
bre et à côté de fortunes rapidement
élevées et démesurément accrues, la
pauvreté la plus profonde, le chômage
le plus étendu, la lutte pour la vie sous
sa forme la plus dure et la plus meur-
trière.
Comment concevoir ainsi que l'obli-
gation sociale de l'assistance, ce prin-
cipe de justice si simple, si élémen-
taire, si bien reconnu de tous, soit de-
meuré jusqu'à ce jour lettre morte ?
Comment s'expliquer que, dans ce beau
pays do France où la production pour-
tant est si facile et la richesse si abon-
dante, il y ait des millions de citoyens
dont l'existenceest toutededévouement,
d'honneur et de travail et qui demeu-
rent exposés, pour le jour où leurs bras
épuisés se refuseront à la tâche'quoti-
dienne, à ne trouver devant eux qu'une
mort précoce, le vagabondage ou la
mendicité? Ne faut-il pas, en vérité,que
la nature humaine soit ainsi faite qu'elle
se familiarise avec les plus criantes ini-
quités, avec les plus monstrueux abus
et qu'elle finÍt par les considérer en
quelque sorte comme une chose natu-
relle et normale, pour qu'un siècle
après la Déclaration dus Droits de
l'Homme et du Citoyen, on en soit en-
core à chercher un remède à cette ré-
voltante situation?
Heureusement l'an - de grâce 1903 pa-
raît vouloir nous réserver d'agréables
surprises. Il somble qu'on veut se met-
tre résolument à l'œuvre. Au cours de
a dernière législature la commission
d'assurance et de prévoyance sociales
avait élaboré un projet qui consacrait
et organisait 1q droit d'assistance so-
ciale pour le vieillard et l'invalide. Ce
projet avait même été mis à l'ordre du
jour. Mais il s'agissait des faibles, des
malheureux, de ceux qui n'ont plus de
volonté pu qui tout au moins sont
désormais dans l'impuissance d'impo-
ser aux pouvoirs publics la reconnais-
sance de leurs droits. Il surgit d'autres
projets mieux soutenus. Le projet d'as-
sistànee obligatoire toujours primé, tou-
jours remis, se trouva périmé avec les
pouvoirs de la Chambre elle-même en
1902, sans avoir eu les honneurs de
la tribune. La nouvelle commission
d'assurance et. de prévoyance sociales
l'a repris, s'y est spécialement atta-
chée, l'a remis en état, l'a fait repla-
cer à l'ordre du jour et c'est aujour-
d'hui même qu'en doit commencer la
discussion.
Enfin 1
La Chambre n'hésitera pas à consa-
crer par un vote unanime les disposi-
tions bienfaisantes que sa commission
lui propose. Quel est donc celui d'entre
nous qui oserait les combattre ou qui
refuserait de s'y associera Des milliers
d'infirmes, d'invalides et de vieillards,
après avoir, au cours d'une longue car-
rière, largement contribué à la créa-
tion et au développement de la richesse
nationale, se voient, au mépris de toute
justice, odieusement méconnus par la
grande famille qu'ils ont si longtemps
et si loyalement servie. Une pareille
situation jure avec l'idée rayonnante de
République. A tout prix, il faut abou-
tir.
Louis Puech.
— :— ♦ —
- COURSE INTERDITE
Voici le bilan de la première
étape de la course d'automobi-
les Paris-Madrid : sept morts,
dix blessés. Et parmi les victi-
mes il n'y a pas que des cou-
reurs. Il y a une femme, un
enfant, un cycliste, deux soldats.
Il ne pouvait en être autrement, car il est
impôssibleidans un pays commele:nôtre,ou.
la circulation est si active, de surveiller
une route de 550 kilomètres, de prévenir
partout la population, de lui interdire,
d'une façon absolue, ne fût-ce que pendant
quelques heures, l'usage d'une partie du
domaine publie.
Dès que ces épouvantables accidents sont
parvenus à sa connaissance, M. Combes a
interdit la continuation de la course et le
gouvernement espagnol a pris, pour ce qui
concerne son territoire, une mesure analo-
gue. M. Combes a bien fait. Tout le monde
s'accordera à le reconnaître. L'opinion,
effrayée par les infernales vitesses que font
sur les routes des fous montés sur des au-
tomobiles et qui massacrent tout ce qu'ils
rencontrent, l'aurait à coup sûr félicite da-
vantage s'il avait refusé d'autoriser la
course. Voici deux ans, en effet, que la
Chambre a nettement indiqué le sentiment
du pays sur cette question des courses
d'automobiles.
Alors que l'on a sagement exigé dès
chemins de fer qu'ils aient leurs routes spé-
ciales, que ces voies fussent leur propriété,
qu'elles fussent clôtures, et que l'accès en
fût interdit en partie; alors que les courses
de chevaux ont lieu dans des hippodromes
et que personne n'a jamais songé qu'elles
puissent être faites sur les routes nationa-
les et départementales ou à les autoriser
sur ces mêmes routes, on permet à des
constructeurs de lancer sur les chemins
fes plus fréquentés des voitures qui vont
phisvitc que les trains les plus vites. Gare
au malheureux qui traverse, a u char de
paysan qui s'aventure sur la chaussée, aux
animaux qu'on n'a pas eu le temps d'enfer-
mer. Dès qu'elle est aperçue, l'automobile
est sur eux et avec elle, le sang, l'infirmité
irrémédiable, très souvent la mort.
Je parle des constructeurs ; j'ai tort. A
cette heure iis sont presque tous contre les
courses. L'automobilisme français est si
florissant que ce qu'il se borne à solliciter
des pouvoirs publics, ce sont des con-
cours fréquents de freinage, de résis-
tance, de consommation, à une vitesse mo-
dérée qui permet d'arrêter net l'automobile.
Et puis les courses mettent sens dessus
dessous les usines. Dépenses d'argent con-
sidérables encore et en pure perte Qu'est-ce
que cela prouve qu'une automobile ait pu
faire 120 kilomètres à l'heure? Tout le
monde sait qu'un moteur d'une force X
avec une multiplication donnée et ayant à
actionner une voiture d'un poids connu doit
donner exactement la vitesse prévue.
Mais il y a,autour des constructeurs,des
gens qui veulent des courses, des cercles
qui en vivent et ce sont eux qui demandent
les autorisations et qui encaissent les béné-
fices des courses. Cela augmente d'autant
la cagnotte. Est-il besoin d'ajouter que ce
monde est parfaitement réactionnaire et
siffle à Longchamp le président du Conseil
tout comme s'il s'appelait M. Loubet?
Il faut supprimer définitivement les cour-
ses d'automobiles. Ce ne sera pas la mort
de l'automobilisme qui est entre victorieu-
sement dans nos mœurs, qui rend, quand
il est bien compris, de grands services, qui,
de plus en plus, en rendra d'inappréciables.
Assez de ces courses à la mort pour les
coureurs, les badauds et les gens non pré-
venus qui circulent sur les routes. Nous
aimons à croire que M. Combes, qui doit
être interpellé aujourd'hui, fera cette ré-
ponse avec une netteté absolue. - Ch. B.
L'AMNI.STII; AU CAP
(De nolre correspondant particulier)
Amsterdam, 23 mai.
Le général Botha a télégraphié qu'une am..
nislie vient d'être accordée à tous les Hollan-
dais du Cap qui avaient porté les armes con-
tre les Anglais pendant la dernière guerre.
Goux qui sa sont réfugiés en Hollande pcU"-
vent rentrer au Cap sans crainte - d'être in-
quiéiés.
LE PROBLÈME LUTIN
MM. Lôod Bazalgette et Maurfee Le-
blond. - La « supériorité Saxonnes.
- Une révolution antilaUne.
Gaulois et Grecs—La civili-
sation méditerranéenne.
- La France de de-
main.
II est bien d'actuatité,le nouveau livre de M,
c Léon Bazalgette, Le Problème Lutin, e- après lé
triomphal voyage du ministre Chaumié en terre
latine où, à nouveau, sous des cieux de beauté,
en face dés ruines glorieuses et fécondes sur
lesquelles est fondée, sùprématiale, ia civilisa-
tion méditerranéenne, fut affirmée la constante
unité de la race et la vivante activité de l'âme
: classique. Les membres da Congrès internatio-
nal greco-latin qui, lo mois dernior, au CaPi,
1 tôle, en présence de MM. Nasi et Chaumié, cé-
lébraient «dans leur berceau original le grand
esprit qui devint le (lambeau de la civilisa-
tion M, et vantaient la fraternité dos peuples
méridionaux, ne se doutent pas qu'on France
un parti d'angles-saxons renie la glorieuse
pensée qui - féconda l'Hellade, Romo et les let-
tres italiennes et françaises. M. Bazalgette vient
d'ailleurs après M. Démolies, qui le premier
parla —sans rire — de la Supériorité des
anglo-saxons. Et après M. Bazalgette, M. Mau-
rice Leblond propose à son tour do supprimer
l'Ecole française de Rome, cette condition sine
qua non-de la continuation de la tradition, en
peinture, du seuUdu grand art, l'art italien.
Car les commentaires qui ont suivi le livre
de M. Bazalgette sont aussi intéressants que
le livre lui-même, étant plus francs et de ten-
dances plus catégoriques, M. Maurice Leblond,
esprit distingué et que je crois érudit, écrivait
récemment que les Latins représentaient en
France l'élément réactionnaire. Cet aphorisme
ne laisse pas de surprendre, si J'on considère
que depuis quelques années les gouvernants
républicains de ce pays sont d'orgino directe-
ment latine, venus la plupart des provinces
méridionales. Et puis, traiter de chauvins les
Latins qui ne cessent de parler du panla-
tinisme comme de la grande vérité actuelle,
et, les premiers,combaltirent ceux dont c'est le
métier d'être patriotes et qui le sont si je puis
dire oratoirement plus que de cœur et d'héré-
dité, c'est peut-être moins qu'un paradoxe.
Quant à l'accusation portée contre eux de
cléricalisme, les latins n'auraient pas de peine
à,s'y soustraire en appelant la bonne foi de M.
Leblond sur ce fait que, de toute l'Europe ac-
tuelle, les peuples de pure race latine, laFrance
et l'Italie, sont, au point de. vue religieux, les
plus incrédules, comme les plus dégagés des
préjugés de naissance, do foi et de fortune.
-- Les barbares
Et certes la partie estpoureux trop belle pour
qu'ils ne retournent point, contre leur détrac-
teur, les armes porfides dont il s'est servi con-
tre eux; c'est presque une aberration de la
part d'un socialiste de prendre dos. modèles de
gouvernement, d'esprit et de règle de vie chez
les nations du Nord,ploogÓes' dans la plus com-
plète des barbaries,puisque leur société est édi-
fiée sur ces trois puissances que M. Leblond
méprise et dénonce, n'est-ce pas ? l'autocratie,
le temple et la caserne. Et c'est pour un socia-
liste abdiquer tout son programme que de se
modeler un idéal sur l'égoïsmo social, le farou-
che patriotisme anglais, la naïve stupidité du
peuple rpsse entretenue par le règne du knout
et des icônes, l'épaisse brutalité du peuple al-
lemand qui marche au pas militaire, tour à
tour commandé par l'officier aux moustaches
kaiserriennes, le pasteur rigoriste et l'universi-
taire pédant. J'avoue que mon idéal républi-
cain est tout autre.
Toutes les grandes idées sociales sont d'ori-
gine latine. Notre République n'est en somme
que la reproduction do la République antique
plus morale et plus fraternelle. La Révolution,
qui donna dans le monde la force impulsive
aux mouvements humanitaires, est française;
et, du fond de leurs brumes, fes nations du
Nord attendent encore une aurore comparable
à celle ci. Le socialisme, ce n'est pas Karl
Marx qui l'a inventé, mais Proudhon, et,entre
le socialisme allemand, soctaire déterministe,
pessimiste et le socialisme français intelligent,
idéaliste et clair, j'opte pour le second. Ce n'est
pas avec des formules mathématiques qu'on
crée des mondes, mais avec des sentiments hé-
roïques.
Il serait trop long, trop cruel à l'égard des
septentrionaux, ignorants de la Beauté, de
montrer à nouveau que dans la littérature et
les arts les Latins sont les initiateurs de toute
culture. Ceux que l'on appelle les génies du
Nord ne résisteraient pas à l'analyse du criti-
que averti qui énumérerait les classiques grecs,
italiens, français, espagnols dont ils procèdent;
ainsi Tolstoï, issu do Rousseau et de V. Hugo.
Chez tout grand écrivain latin du XIX' siècle,
le poids mort est cette partie de son œuvre où
il s'inspira des littératures étrangères. D'un
autre côté, tout écrivain du Nord dépasse la
médiocrité ambiante dès qu'il se soumet à l'in-
fluence latine : Goethe, Schopenhauer, Heine,
Nietzsche, ces « génies » de l'Allemagne, se
sont signalés surtout par un mépris profond de
leur race.
Pour la philosophie et la science, je préfère
renvoyer M. Leblond à cette si édifiante En-
quête sur l'influence allemande, que vient de
publier au Mercure de France, M. Jacques
Morland. Sans distinction d'écoles ni de par-
tis, l'avis dos personnalités interrogées est pres-
que unanime. Les Septentrionaux sont les ho,
pliles do la philosophie et de la science ; ce ne
sont pas des créateurs. Il y a parmi eux des
érudits remarquables, des savants conscien-
cieux, il n'y a jamais eu de ces grands som-
mets de la conscience humaine qui illuminent
les âges. Et, au XIX. siècle comme dans les
siècles passés, la France est restée le centre
littéraire. sc?%Wiquo et philosophique du
monde. Les écrivains étrangers ont été lus à
l'étranger dans les traductions françaises.Cette
constatation peut paraître déplaisante aux
snobs entichés d'anglo-saxonnisme, elle est
exacte. M. Leblond voit donc que « je ne
m'apitoie pas sur la destinée des tribus lati-
nes », car elle ne m'inquiète pas du tout. Nous,
Latins, en dehors ou au-dessus de tous les
dogmes, libres et fiers de notre civilisation
millénaire, nous envions peu une suprématie
de marchands ou de bookmakers. Nous gar-
dons notre suprématie intellectuelle; qui est la
supérieure et la plus durable car elle est à
l'abri des coups de bourse ou dos fluctuations
de la fortune militaire.
L'origine gauloise
« La Gaule fut rapidement colonisée par Rome
déjà décadente et passa presque instantanément do
l'état de barbarie à un stade de civilisation déjà
faisandée. Ce fut le premier accident par quoi se
trouve dénaturé le caractère de notre race.Quand
la Rome papale se substitua à la Rome impériale,
la Gaule fut une des premières provinces à subir la
christiauisation. L'Eglise continue, sur notre terri-
toire, à exercer la dictature latine ».
Me souvenant de l'histoire très primaire ap-
prise jadis, je me suis convaincu combien ces
paroles de M. Maurice Leblond constituaient
de défis à ladite histoire. Appeler faisandées
les premières manifestations de notre esprit na-
tional, la geste en actes et en paroles, la che-
valerie, et en allant plus avant dans ce que M.
Leblond appelle la décadence et qui est peut-
être le contraire de la décadence, la Renais» !
sance et le Classicisme, c'est nouvoau 1 Mais
passons, passons-sur cetic dictature latine qui,.
'-
s'il se pouvait encore qu'elle oxistât, serait bien
mal exercée par l'être falot et tombé en enfance
qui- trône au Vatican. La dictature religieuse
est exercée, je vois, en Russie par le tsar, en
Allemagne par le kaiser, en Angleterre par le
gouvernement. Mais,en France et en Italie,nous
nous contentons de sourire sceptiquement
quand on nous en parle.
Il y a longtemps que nous avons jeté bas le
capuchon de la morale religieuse et.sans même
qu'ils le veuillent, c'est nous qui apprenons aux
: Wikings à. s'en défaire, La Ci Rome agonisant
sous des institutions étrangères au géniejde sa
'rac{) D. c'est une assertion bien étrange aux
yeux de quiconque a étudié les origines ethni-
ques de ce pays. Les Gaulois, dans la grande
famille aryenne, sont les plus proches parents
des Grecs, leurs frères par leur tempérament
pacifique et rêveur, 'leur idéai et leur type de
beauté, la similitude des rites religieux. Je
sais bien que la Gaule s'est accrue d'un faible
étément franCt cette et germain, mais cet élé-
ment guerrier, combatif et brûlai, a été ab-
sorbé parle sang gaulois et nous ne cessons de
le répudier, en toute justice. -
bnfin, que les tirecs, séparés a l'origine des
Gaulois, quand ils descendirent comme eux de
TArie; les, aient finalement rejoints, que leur
génie se soit fondu au leur, unis par le ciment
romain, pour fermer le cercle glorieux de la
civilisation méditerranéenne,et constituor l'u-
nité de la race, c'est un mystère sociologique,
je veux dire une source de vérité, un de ces
grands événements, d'où jaillit la lumière et
où éclate l'action puissante d'un juste détermi-
nisme. C'est nous qui continuâmes le Lampada
tradunt, en accueillant et enrichissant de nos
neuves énergies le flot de la civilisation qui
nous venait d'Egypte par l'Hellade et Rome Il
est désastreux que la courte vue de M. Homais
ne voie en tout cela et partout que la puissance
de l'Eglise ,dont je n'ai même pas parlé, tant je
m'en soucie peu, ses destinées n'étant pas liées
à celles du latiniKne, qui existait avant qu'elle
existât. Mais,si ¡çr. Homais avait la prétention
de chasser Vinci et Raphaël du Louvre, les
grands classiques des bibliothèques, sous le
prétexte mesquin qu'ils « officient », et les
remplacer par des Homais au grand ou au pe-
tit pied, nous nous rebellerions, certes, comme
si l'architecte qui bâtit l'idéale Maison de De-
main, cette maison ssciale qui devra être œu-
vre d'art, voulait en supprimer telle ou telle
des fenêtres qui sont des issuos vers la grande
lumière et les remplacer par je ne sais
quels becs électriques ou de fabrication com-
merciale.
Le problème actuel
AhJil cesse d'être un artiste, M. Maurice
Leblond, lorsqu'il s'écrie: « Il faut. refaire
une nation forte, rebelle, réaliste. Il nous
- faut des hommes d'action, taillés pour la
grande lutte moderne, moins de rhéteurs et
d'idéologues. » Moins d'idéologues! notre —
hélas ! - notre Napoléon disait cela aussi!
Mais là, j'appelle à mon secours M. Anatole
France et son Bergeret: « Les rêves des philo-
sophes ont dè tous temps suscité des hommes
d'action qui se sont mis à l'œuvre pour les réa-
liser. Notre pensée crée l'avenir. Les hommes
d'Etat travaillent sur les plans que nous lais-
sons après notre mort. Ce sont nos maçons et
nos goujats. Non. je ne bâtis pas en utopie.,.
Mon songe est véritable et prophétique. Et
puis, ne sont ce pas les Méridionaux, actifs,
gais, ardents, qui conquièrent le monde ?»
En vérité, si nous renions notre hérédité et
les vingt siècles qui sont la gloire de notre race
et du monde, si nous postulons le rare hon-
neur d'avoir pour aïeux intellectuels les Wisi-
goths, les Huns ou les Lapons — car il n'y a
pas de degrés dans le néant — nous ne serions
plus qo ceux qui tournent casaque selon que
souffle It ent, des dégénérés inconscients de
la force sj eraine de leurs idées, de leur
beauté et qu'effraient les canons des barbares,
un misérable peuple de « chiens couchants aux
airs de loup o
CH. ARMERET.
Voir a la 3e page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
TRANSACTIONS MALHOMÊTES
Aux termos de l'article 21 do la loi du 9
avril 1898 relative à la responsabilité des acci-
dents dont les ouvriers sont victimes dans leur
travail, les rentes viagères allouées aux victi-
mes ou à leurs héritiers ne sauraient être rem-
placées par le paiement d'un capital.
Il s'ensuit qu'est nulle toute convention ayant
pour objet la transformation de la pension en
une somme une fois versée.. On a voulu, en
quelque sorte, garantir l'ouvrier contre lui-
même. Si à la suite d'un accident beaucoup
d'argent lui était remis,il pourrait le gaspiller à
tort et à travers, faire de mauvais placements,
tout perdre, et finir ses jours dans la misère la
plus complète.
Cet écueil est évité avec le système de la
rente viagère. Malheureusement, certains
agents d'assurance peu scrupuleux ne se font
pas faute, malgré les prescriptions de la loi,
de transiger avec les victimes des accidents,
et cela est tout à l'avantage de la compagnie
qu'ils représentent.
Ils ont transporté, dans l'assurance sur les
accidents, les pratiques dont ils se servaient
dans l'assurance sur la vie. Ils arrivent chez
l'ouvrier blessé, ou chez sa veuve, les mains
pleines de pièces d'or ou de billets, ils étalent
leurs richesses. Les pauvres diables sont éblouis.
ils n'ont jamais tant vu d'argent à la fois.
Laur convoitise est allumée. Ils finissent par
accepter, pour toute indemnité, une sommé
égale à peine à cinq ou six fois h rente an-
nuelle à laquelle ils auraient droit,
Il y a là un véritable abusd., confiance.
Souvent déjà les tribunaux ont eu à annuler
des transactions semblables, aussi les agents
d'assurances ont-ils dû rceourir à Un procédé
qui leur permet de tourner la loi, surtout au
cas de pensions peu. élevées.
Les pensions annuelles inférieures à deux
cents francs sont en etIet très nombreuses; in-
dividuellement elles semblent peu importantes,
mais totalisées elles grèvent lourdement les
compagnies. Voici le stratagème auquel elles
ont recours pour se libérer de cette charge.
L'article 21, que j'ai cité tout à l'heure, porte
que les parties peuvent toujours, après la dé-
termination du chiffre de l'indemnité, Jécider
que le service de la pension sera suspendu et
romplacé, tant quo l'accord subsistera, par tout
autre mode de réparation. Il ajoute qu'un ca-
pital peut être substitué aux rentes inférieures
à cent francs.
Supposons que le tribunal ait condamné la
Compagnie à payer au blessé une rente de 160
francs. Une convention intervient entre la
compagnie et ia victime, d'un commun accord
la rente de 160 francs se trouve diminuée de
moitié, l'ouvrier aura droit à 80 francs de
pension.
La pension transformée étant inférieure à
100 francs devient, aux termes de l'article 21,
rachetable et la Compagnie se libère définiti-
vement en versant une somme de 500 francs au
lieu de la rente viagère de 160 francs qu'elle
était.condamnée à servir.
Ce n'est pas plus malin que cela. Le tour est
joué, la loi est violée dans son esprit, quoique
respectée dans sou texte. N'y aurait-il pas lieu
de mettre fin à cet état de choses,qui est exces-
sivement préjudiciable aux ouvriers?. — L.
Armbruster.
LE CAPITAINE POIRIER
Le Gaulois annonce que le capitaine Poirier
va poursuivre le ministre de la guerre qui
aurait prolongé illégalemeut sa punition d'ar-
rêts de forteresse.
Rappelons que cet officier a été mis en ré-
forme pour avoir adressé à ses soldats, pendant
le repos d'une marche militaire, une allocu-
tion contenant les passages ciaprès :
Je vous demande un peu, pourquoi je me sou-
aux lois faites'paroles Jeans-Foulres qui
Mous gouvernent. Pourquoi je paierais les impôts,
et pourquoi je serais prêt adonner mon sang
pour mon pays, sur un vote de politiciens que je
jinépriëe,- ,.s. je 1J¿ croyais que l'autorité vient de
lXieu, avec tout le reste.
i Parmi vous dont je suis le ohef, en est il deux
qui soient égaux ? — évidemment non. En est-il
autrement dans ta vie ci vUe'?' — pas davantage.
El vous n'ignorez pas qu'en présence dé la justice
républicaine elle-même, un coup de canne sur le
chapeau du Président de la République se paie
■bien plus clier qu'un coup de poing sur la figure:
de l'un de vous.
Nous ne faisons quo rappeler les paroles du
capitaine Poirier. A nos lecteurs de les com-
menter.
PAS D'HOMME NÉCESSAIRE
Combien de fois nos devanciers dans la presse
républicaine ont-ils dû inscrire ce titre en tête
de leurs articles ! Sans cesse, nous nous heur-
tocs à ce préjugé qui remplace le souci des
idéos et la curiosité des faits par le culte d'un
seul citoyen.
Nous sommes étonnés de voir un député ra-
dical-socialiste de la Seine développer la thèse
que les démocrates ont le devoir de combattre
sans relâche.
Pour ce député rpdical-socialiste, la «politi-
que du bloc est incarnée dans M, Combes», M.
Combes « personnifie la politique d'action dé-
mocratique», M. Combes n'est plus tenu à ré-
pondre de ses actes devant le Parlement : a Il
fera exactement ce qu'il voudra », car a un
cabinet plus avancé sans M. Combes ne trouve-
rait pas de politique stable ».
On pourrait croire que nous plaisantons, et
nous devons spécifier que nous citons textuel-
lement les termes employés par un élu de l'ex-
irême-gauche.
C'est à croire que les amis trop zélés du pré-
sident du conseil ont juré de lui créer des dif-
ficultés insurmontables. Voyons : M. Combes
a ses qualités, que personne ne conteste ; il a
?os défauts,. comme lOJt un chacun ; il est, en
un mot, un homme, et rien qu'un homme.
L'élever sur un piédestal, le mettre dans une
niche, c'est assurément le placer dans une si-
tuation gênante.
; Il y a des hommes utiles, il n'v a pas d'hom-
mes nécessaires: quels ont été, depuis la Révo-
lution, les hommes «nécessaires ?» Mirabeau,
Danton, Robespierre, Bonaparte, le général
Cavaignac, M. Thiers, Gambelta, Jules Ferry.
Ils sont tous morts, et la République, tout en
pleurant la disparition de certains d'entre eux,
sait cependant vivre et se faire respecter.
Souhaitons longue vie, santé inébranlable et
bonheur ininterrompu à M. Combes. Mais ne
le plaçons pas au rang des immortels. La
France sera bien malade le jour où elle sera
embarrassée pour trouver un chef de gouver-
nement. - H. D.
M. WALDECK-ROUSSEAU
ET LE YACHT-CLUB
M: Waldeck Rousseau, qui avait eu la fan-
taisie de se présenter au Yacht-Club, n'a pas
été admis. 11 a obtenu, il est vrai, 12 voix con-
tre 7, mais chaque non annule, parait-il, en
cette société, trois oui.
Uu petit groupe de réactionnaires s'est
amusé à se venger de M. Waldeck-Rousseau,
homme d'Etat, en lui déniant les qualités d'un
homme de mer. Nos gentilshommes ne se sont
pas aperçus qu'ils violaient t'article 34 des
statuts du Yacht-Club, qui interdit, dans ce
cercle maritime, les discussions politiques.
En revanche, diverses personnalités n'ont
pas voulu endosser la responsabilité du procédé
bizarre dont il a été usé vis-à-vis de l'ancien
président du conseil.
MM. Gaston Menier, Fernand Crouan, qui
patronaient la candidature de M. Waldeck-
Rousseau, MM. Albert Glandaz et Henri Me-
nier, vice-présidents, Martin Zédé et Edouard
Bourdon, membres ducomité, ont démissionné,
D'autres départs sont probables,
Ajoutons què, pour des raisons personnelles,
le vice-auJiral Charles Duperré avait donné sa
démission il y a un mois.
A quoi sert-il d'introduire la politique
— et quelle politique 1 - là où elle n'a que
faire ?
LES MILLIONS DES CHARTREUX
La clôture de deux instructions
Nous avons tenu nos lectours au courant des
différentes phases de l'affaire dite des Millions
des chartreux. On sait qu'à la demande de M.
Edgar Combes, une instruction avait été ou-
verte par M. de Valles, juge d'instruction, con-
tre X., pour tentative d'escroquerie. Une se-
conde affaire, greffée sur la première, ne tar-
dait pas à se produire : c'était la plainte en
diffamation de M. Vervoort contre M. Besson.
Enfin une troisième instruction était ouverte,
relative aux incidents Audier, Guerre et Va-
rigny.
Dans la première affaire, instruction contre
X., pour tentative d'escroquerie, M. de Vallès
vient de prendre ses conclusions : il n'y a pas
lieu à poursuites contre qui que ce soit.
En ce qui concerne la plainte Vervoort, M.
do Valles conclut, dans la dossier qu'il a trans-
mis, hier, au parquet du procureur de la Ré-
pubiique, qu'il y a lieu de renvoyer M. Besson,
rédacteur en chef du Petit Dauphinois, devant
la 9' chambre correctionnelle.
Quant à l'affaire Guerro, Audier et Varigny,
relative aux prétendues négociations engagées
avec les chartreux, l'instruction va se pour-
suivre.
»,
LE PLAN DE CAMPAGNE DE LA TURQUIE
EN MACÉDOINE
-
(De noteg correspondant particulier)
Salonique, 25 mai.
On croit toujours à la probabilité d'une
guerre contre la Bulgarie. En tout cas, la
Turquie a tout préparé pour cette éventualité.
Le commandement en chef serait confié à Ed.-
hem-Pacha, qui a dirigé les opérations contre
la Grèce en 1897. Le plan de campagne serait
le suivant : L'armée de l'ouest forcerait la
frontière bulgare, sur la ligne Kustendjie-Pcr-j
nik-Sofia. En même temps, l'armée do l'est
forcerait la frontière, sur la ligne Andrinople-
Philippoli, divisant ainsi les forces bulgares.
L'armée du centre, composée de troupes lé-
gères, pénétrerait à Dzoumaya directement,
vers Douphica-Samakof. avec l'intcntion de
coupcr la voie ferrée SoHa-rhilïnpnpcU.
PARIS-MADRID
La eourse interdite en Espagne. — I&
Le Provost de Launay interpellera
- Les concurrents. — L'étatdea
blessés. - L'automobile in- -
cendié. — A Bordeaux et
en Espagne. — Autres *
accidents.
L'agence Bavas nous communique la dépêch.
suivantes - -
Madrid, 25 mal.
Legouvernement espagnol a transmis des
ordrq à la frontière pour empêcher sur soo -
territoire. la course Paris-Madrid.
Les automobilistes pourront toutefois fran-
chir la frontière ; mais ils seront considérés
comme de simples excursionnistes. -
Au Séna t *
M. Le Provost de Launajr a l'intention 2a
déposer à la séance d'aujourd'hui Une demande
d'interpellation au ministre dé l'intérieur sur
la non-exécution des réglementa et arrêtés
relatifs à la vitesse des voitures automo-
Jjilesw:; :- :,'
Les engagés et les partants
Le nombre des voitures engagées D'était pas
inférieur à 314; elles ne sont pas toutes parties;
le nombre exact des départs a été de 228, ainsi
décomposé : 139 voitures et voitures légèrest
36 voiturettes, 53 motocyclettes. On sait que la
premier arrivé effectivement à Bordeaux est
Louis Renault, sur voiturette, et le premier de
la course, par classement, est Gabriel, sur
grosse voiture.
A l'Automobile-Club
A l'Automobile.Clnb, on a communiqué hier
matin les renseignements suivants :
MM. de Knyff et Henri Farman, qui ont eu
des accidents de machine, sont rentrès dès di-
manche soir à Paris, Maurice Farman, voyant
Marcel Renault blessé sur la route, s'est arrêté,
sacrifiant sa chance pour s'occuper de son con-
current blessé.
La Mercédès de M. Terry a brûlé à Coi.
gnières. M. Terry et son mécanicien sont sor-
tis indemnes de leur accident.
-.. Marcel Renault
Contrairement à ce qui a été annoncé,Marcel
Renault, le vainqueur de Paris-Vienne, n'est
pas mort; ce qui avait fait naître ce bruit, c'est
que le malheureux est resté 7 heures sans con-
naissance à l'hôpital de Poitiers.
H résulte en effet d'une dépôche envoyée hier
matin, à l'Auiomobile-CIub de France, par
Louis Renault, frère du blessé, qui était arrivé
premier à Bordeaux, que ce dernier était en-
core vivant.
Un autre télégramme, plus-récent, envoyé
par un ami personnel de Marcel Renault, ao-
nonce que l'état dé celui-ci, quoique toujoucs.
très grave, est resté stationnairo.
Enfin le docteur Soupault, beau-frère de MIO:
Fernand Renault, a quitté Paris, dimanche soir,
et est arrivé à Poitiers hier matin, il s'est im-
médiatement occupé de retenir un wagon spé-
cial pour se rendre auprès de Marcel Renault.
On ne connaît pas encore exactement les
causes réelles de l'accident dont il est la vic-
time ; d'après les uns, il aurait voulu éviter un
chien et, lancé à toute vilesse,son automobile,
dérapant, l'aurait lancé sur la route; d'après
les autres, il aurait heurté une autre voiture,
A Angoulême
Angoulême, 25 mai.
Georges Richard, victime de l'accident de la
côte Cbauveau, près d'Angoulême, et son mé
canicien, ont été transportés hier soir à l'hôtel
des Postes, où ils sont soignés. Richard a la
poitrine défoncée et plusieurs côtes brisées,
mais sa vie ne semble pas en danger : son mé-
canicien a l'épaule gauche fracturée.
En ce qui concerne l'accident de la voiture
23, survenu à la sortie d'Angoulême et où il
yeu' trois morts et deux blessés, l'un de ceux-
ci, le jeune Gaston Raffet, âgé de 17 ans. ori-
ginaire d'Angoulême, a été transporté à l'asile
d'aliénés de Breuty, près du lieu de l'accident.
Il y a passé la nuit ; ses blessures sont très
graves,' il a la jambe gauche et le bras droiC
broyés, une fracture du crâne et de nom-
breuses blessures sur le reste du corps ; ce
n'est que ce matin, è 4 heures, qu'il a repris
connaissance. Touraud, le conducteur de la
voiture, ce fut que peu grièvement conta,
sionné. Il est à l'hôpital.
Enfin, le cadavre du mécanicien Normand,
ainsi que ceux du soldat Dupuy et du cycliste
Caillon, écrasés par la voiture, sont actuelle-
ment à la Morgue, où M. Bascou, préfet de la
Charente et M. Mulac, maire d'Angoulême, se
sont rendus hier.
M. Georges Richard se trouvait à 11 heu resp,
ce matin, dans un état moins inquiétant.
Quant à son mécanicien, Henri Jeannot, il a
eu le biceps du bras gauche traversé et déchiré
et l'épaule droite brisée.
Néanmoins, ce dernier a voulu se lever qua nd
même ce malin et son pansement a été fait de-
bout.
Nixon et Porter
Ce n'est pas M. Porter qui a été victime de l'ac-
cident de Bonneval, mais son mécanicien, nom-
mé Nixon, ainsi qu'il résulte de la dépêche sui-
vante ;
Chartres, 25 mai.
L'accident d'automobile de Bonneval est ar.
rivé à 11 heures 55. La voiture u' 243 était
conduite par MM. Porter et Nixon, tous deux
de Belfast (Irlande).
A 11 heures, la personne chargée de signaler
avec le drapeau jaune le passage à niveau,
avait reçu des instructions pour quiller son
poste.
A 11 h. 55, la voiture arrivait à toute allure.
Au lieu de tourner à sa gauche, elle alla butter
contre la maisonnette 86, habitée par legarde-
barrière Chaligny.
M. Porter, qui conduisait, fut projeté à quel-
ques mètres en avant, et la voiture, faisant
explosion, prit feu.
M. Chaligny se porta rapidement vers 1*
voiture, sur laquelle il jeta de l'eau. Il parvint
à éteindre le feu. qui menaçait de se propager
à la. maisonnette et à ses dépendances. Dès que
le fou fut éteint, M. Chaligny s'occupa des
victimes. M. Nixon, le mécanicien, fut trouvé
sous la voilure. Il était carbonisé.
M. Porter gisait à quelques mètres do là. Il
semblait avoir perdu toute notion de ce qui
se passait. Il fut transporté à l'hôpital de Bon-
neval. Il revint à lui vers 2 heures de l'après-
midi.
D'après l'examen médical, M. Nixon a dd
être tué sur le coup. Son corps fut également
transporté à l'hôpital. La voiture fut conduite
à la mairie.
M. Porter put prendre le train à 4 heures
pour Paris.
Les autres blessés
L'accident dont Stead a été victime s'est pro-
duit à Monguyon. C'est en voulant dépasser
son concurrent Sallèron que Stead a fait une
embardée et a été projeté "dans un fossé. On
nous prio de démentir la nouvelle de sa mort,
qui a été donnée.
Lesna. vainqueur de Paris-noubaix (1901 et
1002), de Bordeaux-Paris (1902), de Paris-Brest
(1902), voit malheureusement sa carrière do
bicycliste à jamais brisée. Dans la chute qu'il
a faite peu avant Bordeaux, il s'est brisé la
l'clore.
Suivant des iiouvcIS-33 rcQ'-ics Je Libourno,
I H HiH I H Bill I H
■■HHH^l H^HHMH H^^HH H|HH H^HIIIHIB^I II^IH^I\tilHIM^I/c
r, ar a
-' : ANNOTES t:;. l'■*
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No 12129. - - Merc1ed.i 27 « Mai 1903
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NOS LEADERS
ENFIN!
Que le travail législatif soit lent,
c'est malheureusement une vérité ba-
nale Ce phénomène s'explique d'ail-
leurs par l'antagonisme des intérêts, la
contradiction des doctrines, la direc-
tion naturellement différente des meil-
leures volontés. Mais il est un repro-
che plus grave à l'adresse des gouver-
nemeuts et des assemblées : ils ne se
meuvent et n'agissent guère que sous
la pression des circonstances. Théori-
quement on n'y parle que de droit, de
vérité, de progrès, d'humanité, de jus-
tice. En pratique, c'est bien différent.
On n'y cède qu'aux forces individuelles
ou sociales qui s'imposent directement
par leur puissance ou par leur audace.
Là; comme ailleurs, malheur aux fai-
bles: leurs plaintes les plus légitimes
s'y heurtent à la plus désespérante im-
passibilité.
S'il est au monde un principe de jus-
tice à l'abri de toutecontestation sérieuse,
un principe d'humanité qui s'impose à
toutes les consciences droites et_géné-
renses, c'est bien celui de l'assistance
obligatoire, légale, en faveur de tous les
membres du corps social, qui, par suite
de l'âge ou par suite d'infirmités, se
trouvent dans l'impossibilité matérielle
de subvenir à leurs besoins matériels.
Que ce principe ait été méconnu aux
époques heureusement lointaines où le
droit humain gisait encore ensevel i dans
la gangue des prétentions aristocrati-
ques, ou se débattait dans les liens d'une
théocratie sans cœur et sans entrailles,
rien de plus naturel. Mais du jour où la
raison humaine s'est affranchie, le prin-
cipe de la solidarité sociale s'est dégagé
de toutes les controverses avec l'auto-
rité sÓuverainecdùnevÓrité d'étidence.
- La Convention nationale, le 19 mars
1793, dans sa revision de la Déclara-
tion des droits de l'homme proclamait
u que tout être humain a droit à sa
subsistance pal' le travail s'il est va-
lide, par des secours gratuits s'il est
hors d'état de travailler; et que le soin
de pourvoir à la nourriture des pauvres
est une dette nationale ».
Ce même principe était inscrit dans
la déclaration préliminaire de la nou-
velle constitution du 24 juin 1793. L'ar-
ticle 21 s'exprimait en termes formels :
« Les secours publics sont une dette sa-
crée. La société doit la subsistance aux
citoyens malheureux, soit en leur pro-
curant du travail, soit en assurant les
moyens de subsistance à ceux qui sont
hors d'état de travailler. » Quelques
jours après, d'ailleurs, la Convention
nationale, dans un décret célèbre, orga-
nisait les secours à accorder annuelle-
ment aux enfants, aux vieillards et aux
indigents. —
Hélas ! où sont les neiges d'antan?
Déclarations, lois et décrets furent en-
traînes par la réaction de thermidor,
dans un même naufrage. Ils suivirent le
sorltîe tant d'admirables projets par les-
quels l'immortelle assemblée se propo-
sait de donner une sanction pratique
aux principes d'humanité et de justice
socialo qu'elle avait si hardiment pro-
clamés. Plus d'un siècle s'est écoulé de-
puis. La situation n'a paë changé. Que
dlî?-je ? elle s'est aggravée. Par une de
ces contradictions économiques qui dé-
routent la conscience humaine, le ma-
chinisme et la division du travail, en
développant la production dansdes pro-
portions fantastiques, n'ont pas dimi-
nué la misère. Ils l'ont au contraire in-
tensifiée. C'est précisément dans les en-
droits où se réalisent le mieux les condi-
tions auxquelles tend toujours le pro-
grès matériel, dans les endroits où la
population est la plus dense, la richesse
la plus grande, les moyens de produc-
tion et d'échange les plus parfaits, que
se rencontrent invariablement, à l'om-
bre et à côté de fortunes rapidement
élevées et démesurément accrues, la
pauvreté la plus profonde, le chômage
le plus étendu, la lutte pour la vie sous
sa forme la plus dure et la plus meur-
trière.
Comment concevoir ainsi que l'obli-
gation sociale de l'assistance, ce prin-
cipe de justice si simple, si élémen-
taire, si bien reconnu de tous, soit de-
meuré jusqu'à ce jour lettre morte ?
Comment s'expliquer que, dans ce beau
pays do France où la production pour-
tant est si facile et la richesse si abon-
dante, il y ait des millions de citoyens
dont l'existenceest toutededévouement,
d'honneur et de travail et qui demeu-
rent exposés, pour le jour où leurs bras
épuisés se refuseront à la tâche'quoti-
dienne, à ne trouver devant eux qu'une
mort précoce, le vagabondage ou la
mendicité? Ne faut-il pas, en vérité,que
la nature humaine soit ainsi faite qu'elle
se familiarise avec les plus criantes ini-
quités, avec les plus monstrueux abus
et qu'elle finÍt par les considérer en
quelque sorte comme une chose natu-
relle et normale, pour qu'un siècle
après la Déclaration dus Droits de
l'Homme et du Citoyen, on en soit en-
core à chercher un remède à cette ré-
voltante situation?
Heureusement l'an - de grâce 1903 pa-
raît vouloir nous réserver d'agréables
surprises. Il somble qu'on veut se met-
tre résolument à l'œuvre. Au cours de
a dernière législature la commission
d'assurance et de prévoyance sociales
avait élaboré un projet qui consacrait
et organisait 1q droit d'assistance so-
ciale pour le vieillard et l'invalide. Ce
projet avait même été mis à l'ordre du
jour. Mais il s'agissait des faibles, des
malheureux, de ceux qui n'ont plus de
volonté pu qui tout au moins sont
désormais dans l'impuissance d'impo-
ser aux pouvoirs publics la reconnais-
sance de leurs droits. Il surgit d'autres
projets mieux soutenus. Le projet d'as-
sistànee obligatoire toujours primé, tou-
jours remis, se trouva périmé avec les
pouvoirs de la Chambre elle-même en
1902, sans avoir eu les honneurs de
la tribune. La nouvelle commission
d'assurance et. de prévoyance sociales
l'a repris, s'y est spécialement atta-
chée, l'a remis en état, l'a fait repla-
cer à l'ordre du jour et c'est aujour-
d'hui même qu'en doit commencer la
discussion.
Enfin 1
La Chambre n'hésitera pas à consa-
crer par un vote unanime les disposi-
tions bienfaisantes que sa commission
lui propose. Quel est donc celui d'entre
nous qui oserait les combattre ou qui
refuserait de s'y associera Des milliers
d'infirmes, d'invalides et de vieillards,
après avoir, au cours d'une longue car-
rière, largement contribué à la créa-
tion et au développement de la richesse
nationale, se voient, au mépris de toute
justice, odieusement méconnus par la
grande famille qu'ils ont si longtemps
et si loyalement servie. Une pareille
situation jure avec l'idée rayonnante de
République. A tout prix, il faut abou-
tir.
Louis Puech.
— :— ♦ —
- COURSE INTERDITE
Voici le bilan de la première
étape de la course d'automobi-
les Paris-Madrid : sept morts,
dix blessés. Et parmi les victi-
mes il n'y a pas que des cou-
reurs. Il y a une femme, un
enfant, un cycliste, deux soldats.
Il ne pouvait en être autrement, car il est
impôssibleidans un pays commele:nôtre,ou.
la circulation est si active, de surveiller
une route de 550 kilomètres, de prévenir
partout la population, de lui interdire,
d'une façon absolue, ne fût-ce que pendant
quelques heures, l'usage d'une partie du
domaine publie.
Dès que ces épouvantables accidents sont
parvenus à sa connaissance, M. Combes a
interdit la continuation de la course et le
gouvernement espagnol a pris, pour ce qui
concerne son territoire, une mesure analo-
gue. M. Combes a bien fait. Tout le monde
s'accordera à le reconnaître. L'opinion,
effrayée par les infernales vitesses que font
sur les routes des fous montés sur des au-
tomobiles et qui massacrent tout ce qu'ils
rencontrent, l'aurait à coup sûr félicite da-
vantage s'il avait refusé d'autoriser la
course. Voici deux ans, en effet, que la
Chambre a nettement indiqué le sentiment
du pays sur cette question des courses
d'automobiles.
Alors que l'on a sagement exigé dès
chemins de fer qu'ils aient leurs routes spé-
ciales, que ces voies fussent leur propriété,
qu'elles fussent clôtures, et que l'accès en
fût interdit en partie; alors que les courses
de chevaux ont lieu dans des hippodromes
et que personne n'a jamais songé qu'elles
puissent être faites sur les routes nationa-
les et départementales ou à les autoriser
sur ces mêmes routes, on permet à des
constructeurs de lancer sur les chemins
fes plus fréquentés des voitures qui vont
phisvitc que les trains les plus vites. Gare
au malheureux qui traverse, a u char de
paysan qui s'aventure sur la chaussée, aux
animaux qu'on n'a pas eu le temps d'enfer-
mer. Dès qu'elle est aperçue, l'automobile
est sur eux et avec elle, le sang, l'infirmité
irrémédiable, très souvent la mort.
Je parle des constructeurs ; j'ai tort. A
cette heure iis sont presque tous contre les
courses. L'automobilisme français est si
florissant que ce qu'il se borne à solliciter
des pouvoirs publics, ce sont des con-
cours fréquents de freinage, de résis-
tance, de consommation, à une vitesse mo-
dérée qui permet d'arrêter net l'automobile.
Et puis les courses mettent sens dessus
dessous les usines. Dépenses d'argent con-
sidérables encore et en pure perte Qu'est-ce
que cela prouve qu'une automobile ait pu
faire 120 kilomètres à l'heure? Tout le
monde sait qu'un moteur d'une force X
avec une multiplication donnée et ayant à
actionner une voiture d'un poids connu doit
donner exactement la vitesse prévue.
Mais il y a,autour des constructeurs,des
gens qui veulent des courses, des cercles
qui en vivent et ce sont eux qui demandent
les autorisations et qui encaissent les béné-
fices des courses. Cela augmente d'autant
la cagnotte. Est-il besoin d'ajouter que ce
monde est parfaitement réactionnaire et
siffle à Longchamp le président du Conseil
tout comme s'il s'appelait M. Loubet?
Il faut supprimer définitivement les cour-
ses d'automobiles. Ce ne sera pas la mort
de l'automobilisme qui est entre victorieu-
sement dans nos mœurs, qui rend, quand
il est bien compris, de grands services, qui,
de plus en plus, en rendra d'inappréciables.
Assez de ces courses à la mort pour les
coureurs, les badauds et les gens non pré-
venus qui circulent sur les routes. Nous
aimons à croire que M. Combes, qui doit
être interpellé aujourd'hui, fera cette ré-
ponse avec une netteté absolue. - Ch. B.
L'AMNI.STII; AU CAP
(De nolre correspondant particulier)
Amsterdam, 23 mai.
Le général Botha a télégraphié qu'une am..
nislie vient d'être accordée à tous les Hollan-
dais du Cap qui avaient porté les armes con-
tre les Anglais pendant la dernière guerre.
Goux qui sa sont réfugiés en Hollande pcU"-
vent rentrer au Cap sans crainte - d'être in-
quiéiés.
LE PROBLÈME LUTIN
MM. Lôod Bazalgette et Maurfee Le-
blond. - La « supériorité Saxonnes.
- Une révolution antilaUne.
Gaulois et Grecs—La civili-
sation méditerranéenne.
- La France de de-
main.
II est bien d'actuatité,le nouveau livre de M,
c Léon Bazalgette, Le Problème Lutin, e- après lé
triomphal voyage du ministre Chaumié en terre
latine où, à nouveau, sous des cieux de beauté,
en face dés ruines glorieuses et fécondes sur
lesquelles est fondée, sùprématiale, ia civilisa-
tion méditerranéenne, fut affirmée la constante
unité de la race et la vivante activité de l'âme
: classique. Les membres da Congrès internatio-
nal greco-latin qui, lo mois dernior, au CaPi,
1 tôle, en présence de MM. Nasi et Chaumié, cé-
lébraient «dans leur berceau original le grand
esprit qui devint le (lambeau de la civilisa-
tion M, et vantaient la fraternité dos peuples
méridionaux, ne se doutent pas qu'on France
un parti d'angles-saxons renie la glorieuse
pensée qui - féconda l'Hellade, Romo et les let-
tres italiennes et françaises. M. Bazalgette vient
d'ailleurs après M. Démolies, qui le premier
parla —sans rire — de la Supériorité des
anglo-saxons. Et après M. Bazalgette, M. Mau-
rice Leblond propose à son tour do supprimer
l'Ecole française de Rome, cette condition sine
qua non-de la continuation de la tradition, en
peinture, du seuUdu grand art, l'art italien.
Car les commentaires qui ont suivi le livre
de M. Bazalgette sont aussi intéressants que
le livre lui-même, étant plus francs et de ten-
dances plus catégoriques, M. Maurice Leblond,
esprit distingué et que je crois érudit, écrivait
récemment que les Latins représentaient en
France l'élément réactionnaire. Cet aphorisme
ne laisse pas de surprendre, si J'on considère
que depuis quelques années les gouvernants
républicains de ce pays sont d'orgino directe-
ment latine, venus la plupart des provinces
méridionales. Et puis, traiter de chauvins les
Latins qui ne cessent de parler du panla-
tinisme comme de la grande vérité actuelle,
et, les premiers,combaltirent ceux dont c'est le
métier d'être patriotes et qui le sont si je puis
dire oratoirement plus que de cœur et d'héré-
dité, c'est peut-être moins qu'un paradoxe.
Quant à l'accusation portée contre eux de
cléricalisme, les latins n'auraient pas de peine
à,s'y soustraire en appelant la bonne foi de M.
Leblond sur ce fait que, de toute l'Europe ac-
tuelle, les peuples de pure race latine, laFrance
et l'Italie, sont, au point de. vue religieux, les
plus incrédules, comme les plus dégagés des
préjugés de naissance, do foi et de fortune.
-- Les barbares
Et certes la partie estpoureux trop belle pour
qu'ils ne retournent point, contre leur détrac-
teur, les armes porfides dont il s'est servi con-
tre eux; c'est presque une aberration de la
part d'un socialiste de prendre dos. modèles de
gouvernement, d'esprit et de règle de vie chez
les nations du Nord,ploogÓes' dans la plus com-
plète des barbaries,puisque leur société est édi-
fiée sur ces trois puissances que M. Leblond
méprise et dénonce, n'est-ce pas ? l'autocratie,
le temple et la caserne. Et c'est pour un socia-
liste abdiquer tout son programme que de se
modeler un idéal sur l'égoïsmo social, le farou-
che patriotisme anglais, la naïve stupidité du
peuple rpsse entretenue par le règne du knout
et des icônes, l'épaisse brutalité du peuple al-
lemand qui marche au pas militaire, tour à
tour commandé par l'officier aux moustaches
kaiserriennes, le pasteur rigoriste et l'universi-
taire pédant. J'avoue que mon idéal républi-
cain est tout autre.
Toutes les grandes idées sociales sont d'ori-
gine latine. Notre République n'est en somme
que la reproduction do la République antique
plus morale et plus fraternelle. La Révolution,
qui donna dans le monde la force impulsive
aux mouvements humanitaires, est française;
et, du fond de leurs brumes, fes nations du
Nord attendent encore une aurore comparable
à celle ci. Le socialisme, ce n'est pas Karl
Marx qui l'a inventé, mais Proudhon, et,entre
le socialisme allemand, soctaire déterministe,
pessimiste et le socialisme français intelligent,
idéaliste et clair, j'opte pour le second. Ce n'est
pas avec des formules mathématiques qu'on
crée des mondes, mais avec des sentiments hé-
roïques.
Il serait trop long, trop cruel à l'égard des
septentrionaux, ignorants de la Beauté, de
montrer à nouveau que dans la littérature et
les arts les Latins sont les initiateurs de toute
culture. Ceux que l'on appelle les génies du
Nord ne résisteraient pas à l'analyse du criti-
que averti qui énumérerait les classiques grecs,
italiens, français, espagnols dont ils procèdent;
ainsi Tolstoï, issu do Rousseau et de V. Hugo.
Chez tout grand écrivain latin du XIX' siècle,
le poids mort est cette partie de son œuvre où
il s'inspira des littératures étrangères. D'un
autre côté, tout écrivain du Nord dépasse la
médiocrité ambiante dès qu'il se soumet à l'in-
fluence latine : Goethe, Schopenhauer, Heine,
Nietzsche, ces « génies » de l'Allemagne, se
sont signalés surtout par un mépris profond de
leur race.
Pour la philosophie et la science, je préfère
renvoyer M. Leblond à cette si édifiante En-
quête sur l'influence allemande, que vient de
publier au Mercure de France, M. Jacques
Morland. Sans distinction d'écoles ni de par-
tis, l'avis dos personnalités interrogées est pres-
que unanime. Les Septentrionaux sont les ho,
pliles do la philosophie et de la science ; ce ne
sont pas des créateurs. Il y a parmi eux des
érudits remarquables, des savants conscien-
cieux, il n'y a jamais eu de ces grands som-
mets de la conscience humaine qui illuminent
les âges. Et, au XIX. siècle comme dans les
siècles passés, la France est restée le centre
littéraire. sc?%Wiquo et philosophique du
monde. Les écrivains étrangers ont été lus à
l'étranger dans les traductions françaises.Cette
constatation peut paraître déplaisante aux
snobs entichés d'anglo-saxonnisme, elle est
exacte. M. Leblond voit donc que « je ne
m'apitoie pas sur la destinée des tribus lati-
nes », car elle ne m'inquiète pas du tout. Nous,
Latins, en dehors ou au-dessus de tous les
dogmes, libres et fiers de notre civilisation
millénaire, nous envions peu une suprématie
de marchands ou de bookmakers. Nous gar-
dons notre suprématie intellectuelle; qui est la
supérieure et la plus durable car elle est à
l'abri des coups de bourse ou dos fluctuations
de la fortune militaire.
L'origine gauloise
« La Gaule fut rapidement colonisée par Rome
déjà décadente et passa presque instantanément do
l'état de barbarie à un stade de civilisation déjà
faisandée. Ce fut le premier accident par quoi se
trouve dénaturé le caractère de notre race.Quand
la Rome papale se substitua à la Rome impériale,
la Gaule fut une des premières provinces à subir la
christiauisation. L'Eglise continue, sur notre terri-
toire, à exercer la dictature latine ».
Me souvenant de l'histoire très primaire ap-
prise jadis, je me suis convaincu combien ces
paroles de M. Maurice Leblond constituaient
de défis à ladite histoire. Appeler faisandées
les premières manifestations de notre esprit na-
tional, la geste en actes et en paroles, la che-
valerie, et en allant plus avant dans ce que M.
Leblond appelle la décadence et qui est peut-
être le contraire de la décadence, la Renais» !
sance et le Classicisme, c'est nouvoau 1 Mais
passons, passons-sur cetic dictature latine qui,.
'-
s'il se pouvait encore qu'elle oxistât, serait bien
mal exercée par l'être falot et tombé en enfance
qui- trône au Vatican. La dictature religieuse
est exercée, je vois, en Russie par le tsar, en
Allemagne par le kaiser, en Angleterre par le
gouvernement. Mais,en France et en Italie,nous
nous contentons de sourire sceptiquement
quand on nous en parle.
Il y a longtemps que nous avons jeté bas le
capuchon de la morale religieuse et.sans même
qu'ils le veuillent, c'est nous qui apprenons aux
: Wikings à. s'en défaire, La Ci Rome agonisant
sous des institutions étrangères au géniejde sa
'rac{) D. c'est une assertion bien étrange aux
yeux de quiconque a étudié les origines ethni-
ques de ce pays. Les Gaulois, dans la grande
famille aryenne, sont les plus proches parents
des Grecs, leurs frères par leur tempérament
pacifique et rêveur, 'leur idéai et leur type de
beauté, la similitude des rites religieux. Je
sais bien que la Gaule s'est accrue d'un faible
étément franCt cette et germain, mais cet élé-
ment guerrier, combatif et brûlai, a été ab-
sorbé parle sang gaulois et nous ne cessons de
le répudier, en toute justice. -
bnfin, que les tirecs, séparés a l'origine des
Gaulois, quand ils descendirent comme eux de
TArie; les, aient finalement rejoints, que leur
génie se soit fondu au leur, unis par le ciment
romain, pour fermer le cercle glorieux de la
civilisation méditerranéenne,et constituor l'u-
nité de la race, c'est un mystère sociologique,
je veux dire une source de vérité, un de ces
grands événements, d'où jaillit la lumière et
où éclate l'action puissante d'un juste détermi-
nisme. C'est nous qui continuâmes le Lampada
tradunt, en accueillant et enrichissant de nos
neuves énergies le flot de la civilisation qui
nous venait d'Egypte par l'Hellade et Rome Il
est désastreux que la courte vue de M. Homais
ne voie en tout cela et partout que la puissance
de l'Eglise ,dont je n'ai même pas parlé, tant je
m'en soucie peu, ses destinées n'étant pas liées
à celles du latiniKne, qui existait avant qu'elle
existât. Mais,si ¡çr. Homais avait la prétention
de chasser Vinci et Raphaël du Louvre, les
grands classiques des bibliothèques, sous le
prétexte mesquin qu'ils « officient », et les
remplacer par des Homais au grand ou au pe-
tit pied, nous nous rebellerions, certes, comme
si l'architecte qui bâtit l'idéale Maison de De-
main, cette maison ssciale qui devra être œu-
vre d'art, voulait en supprimer telle ou telle
des fenêtres qui sont des issuos vers la grande
lumière et les remplacer par je ne sais
quels becs électriques ou de fabrication com-
merciale.
Le problème actuel
AhJil cesse d'être un artiste, M. Maurice
Leblond, lorsqu'il s'écrie: « Il faut. refaire
une nation forte, rebelle, réaliste. Il nous
- faut des hommes d'action, taillés pour la
grande lutte moderne, moins de rhéteurs et
d'idéologues. » Moins d'idéologues! notre —
hélas ! - notre Napoléon disait cela aussi!
Mais là, j'appelle à mon secours M. Anatole
France et son Bergeret: « Les rêves des philo-
sophes ont dè tous temps suscité des hommes
d'action qui se sont mis à l'œuvre pour les réa-
liser. Notre pensée crée l'avenir. Les hommes
d'Etat travaillent sur les plans que nous lais-
sons après notre mort. Ce sont nos maçons et
nos goujats. Non. je ne bâtis pas en utopie.,.
Mon songe est véritable et prophétique. Et
puis, ne sont ce pas les Méridionaux, actifs,
gais, ardents, qui conquièrent le monde ?»
En vérité, si nous renions notre hérédité et
les vingt siècles qui sont la gloire de notre race
et du monde, si nous postulons le rare hon-
neur d'avoir pour aïeux intellectuels les Wisi-
goths, les Huns ou les Lapons — car il n'y a
pas de degrés dans le néant — nous ne serions
plus qo ceux qui tournent casaque selon que
souffle It ent, des dégénérés inconscients de
la force sj eraine de leurs idées, de leur
beauté et qu'effraient les canons des barbares,
un misérable peuple de « chiens couchants aux
airs de loup o
CH. ARMERET.
Voir a la 3e page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
TRANSACTIONS MALHOMÊTES
Aux termos de l'article 21 do la loi du 9
avril 1898 relative à la responsabilité des acci-
dents dont les ouvriers sont victimes dans leur
travail, les rentes viagères allouées aux victi-
mes ou à leurs héritiers ne sauraient être rem-
placées par le paiement d'un capital.
Il s'ensuit qu'est nulle toute convention ayant
pour objet la transformation de la pension en
une somme une fois versée.. On a voulu, en
quelque sorte, garantir l'ouvrier contre lui-
même. Si à la suite d'un accident beaucoup
d'argent lui était remis,il pourrait le gaspiller à
tort et à travers, faire de mauvais placements,
tout perdre, et finir ses jours dans la misère la
plus complète.
Cet écueil est évité avec le système de la
rente viagère. Malheureusement, certains
agents d'assurance peu scrupuleux ne se font
pas faute, malgré les prescriptions de la loi,
de transiger avec les victimes des accidents,
et cela est tout à l'avantage de la compagnie
qu'ils représentent.
Ils ont transporté, dans l'assurance sur les
accidents, les pratiques dont ils se servaient
dans l'assurance sur la vie. Ils arrivent chez
l'ouvrier blessé, ou chez sa veuve, les mains
pleines de pièces d'or ou de billets, ils étalent
leurs richesses. Les pauvres diables sont éblouis.
ils n'ont jamais tant vu d'argent à la fois.
Laur convoitise est allumée. Ils finissent par
accepter, pour toute indemnité, une sommé
égale à peine à cinq ou six fois h rente an-
nuelle à laquelle ils auraient droit,
Il y a là un véritable abusd., confiance.
Souvent déjà les tribunaux ont eu à annuler
des transactions semblables, aussi les agents
d'assurances ont-ils dû rceourir à Un procédé
qui leur permet de tourner la loi, surtout au
cas de pensions peu. élevées.
Les pensions annuelles inférieures à deux
cents francs sont en etIet très nombreuses; in-
dividuellement elles semblent peu importantes,
mais totalisées elles grèvent lourdement les
compagnies. Voici le stratagème auquel elles
ont recours pour se libérer de cette charge.
L'article 21, que j'ai cité tout à l'heure, porte
que les parties peuvent toujours, après la dé-
termination du chiffre de l'indemnité, Jécider
que le service de la pension sera suspendu et
romplacé, tant quo l'accord subsistera, par tout
autre mode de réparation. Il ajoute qu'un ca-
pital peut être substitué aux rentes inférieures
à cent francs.
Supposons que le tribunal ait condamné la
Compagnie à payer au blessé une rente de 160
francs. Une convention intervient entre la
compagnie et ia victime, d'un commun accord
la rente de 160 francs se trouve diminuée de
moitié, l'ouvrier aura droit à 80 francs de
pension.
La pension transformée étant inférieure à
100 francs devient, aux termes de l'article 21,
rachetable et la Compagnie se libère définiti-
vement en versant une somme de 500 francs au
lieu de la rente viagère de 160 francs qu'elle
était.condamnée à servir.
Ce n'est pas plus malin que cela. Le tour est
joué, la loi est violée dans son esprit, quoique
respectée dans sou texte. N'y aurait-il pas lieu
de mettre fin à cet état de choses,qui est exces-
sivement préjudiciable aux ouvriers?. — L.
Armbruster.
LE CAPITAINE POIRIER
Le Gaulois annonce que le capitaine Poirier
va poursuivre le ministre de la guerre qui
aurait prolongé illégalemeut sa punition d'ar-
rêts de forteresse.
Rappelons que cet officier a été mis en ré-
forme pour avoir adressé à ses soldats, pendant
le repos d'une marche militaire, une allocu-
tion contenant les passages ciaprès :
Je vous demande un peu, pourquoi je me sou-
aux lois faites'paroles Jeans-Foulres qui
Mous gouvernent. Pourquoi je paierais les impôts,
et pourquoi je serais prêt adonner mon sang
pour mon pays, sur un vote de politiciens que je
jinépriëe,- ,.s. je 1J¿ croyais que l'autorité vient de
lXieu, avec tout le reste.
i Parmi vous dont je suis le ohef, en est il deux
qui soient égaux ? — évidemment non. En est-il
autrement dans ta vie ci vUe'?' — pas davantage.
El vous n'ignorez pas qu'en présence dé la justice
républicaine elle-même, un coup de canne sur le
chapeau du Président de la République se paie
■bien plus clier qu'un coup de poing sur la figure:
de l'un de vous.
Nous ne faisons quo rappeler les paroles du
capitaine Poirier. A nos lecteurs de les com-
menter.
PAS D'HOMME NÉCESSAIRE
Combien de fois nos devanciers dans la presse
républicaine ont-ils dû inscrire ce titre en tête
de leurs articles ! Sans cesse, nous nous heur-
tocs à ce préjugé qui remplace le souci des
idéos et la curiosité des faits par le culte d'un
seul citoyen.
Nous sommes étonnés de voir un député ra-
dical-socialiste de la Seine développer la thèse
que les démocrates ont le devoir de combattre
sans relâche.
Pour ce député rpdical-socialiste, la «politi-
que du bloc est incarnée dans M, Combes», M.
Combes « personnifie la politique d'action dé-
mocratique», M. Combes n'est plus tenu à ré-
pondre de ses actes devant le Parlement : a Il
fera exactement ce qu'il voudra », car a un
cabinet plus avancé sans M. Combes ne trouve-
rait pas de politique stable ».
On pourrait croire que nous plaisantons, et
nous devons spécifier que nous citons textuel-
lement les termes employés par un élu de l'ex-
irême-gauche.
C'est à croire que les amis trop zélés du pré-
sident du conseil ont juré de lui créer des dif-
ficultés insurmontables. Voyons : M. Combes
a ses qualités, que personne ne conteste ; il a
?os défauts,. comme lOJt un chacun ; il est, en
un mot, un homme, et rien qu'un homme.
L'élever sur un piédestal, le mettre dans une
niche, c'est assurément le placer dans une si-
tuation gênante.
; Il y a des hommes utiles, il n'v a pas d'hom-
mes nécessaires: quels ont été, depuis la Révo-
lution, les hommes «nécessaires ?» Mirabeau,
Danton, Robespierre, Bonaparte, le général
Cavaignac, M. Thiers, Gambelta, Jules Ferry.
Ils sont tous morts, et la République, tout en
pleurant la disparition de certains d'entre eux,
sait cependant vivre et se faire respecter.
Souhaitons longue vie, santé inébranlable et
bonheur ininterrompu à M. Combes. Mais ne
le plaçons pas au rang des immortels. La
France sera bien malade le jour où elle sera
embarrassée pour trouver un chef de gouver-
nement. - H. D.
M. WALDECK-ROUSSEAU
ET LE YACHT-CLUB
M: Waldeck Rousseau, qui avait eu la fan-
taisie de se présenter au Yacht-Club, n'a pas
été admis. 11 a obtenu, il est vrai, 12 voix con-
tre 7, mais chaque non annule, parait-il, en
cette société, trois oui.
Uu petit groupe de réactionnaires s'est
amusé à se venger de M. Waldeck-Rousseau,
homme d'Etat, en lui déniant les qualités d'un
homme de mer. Nos gentilshommes ne se sont
pas aperçus qu'ils violaient t'article 34 des
statuts du Yacht-Club, qui interdit, dans ce
cercle maritime, les discussions politiques.
En revanche, diverses personnalités n'ont
pas voulu endosser la responsabilité du procédé
bizarre dont il a été usé vis-à-vis de l'ancien
président du conseil.
MM. Gaston Menier, Fernand Crouan, qui
patronaient la candidature de M. Waldeck-
Rousseau, MM. Albert Glandaz et Henri Me-
nier, vice-présidents, Martin Zédé et Edouard
Bourdon, membres ducomité, ont démissionné,
D'autres départs sont probables,
Ajoutons què, pour des raisons personnelles,
le vice-auJiral Charles Duperré avait donné sa
démission il y a un mois.
A quoi sert-il d'introduire la politique
— et quelle politique 1 - là où elle n'a que
faire ?
LES MILLIONS DES CHARTREUX
La clôture de deux instructions
Nous avons tenu nos lectours au courant des
différentes phases de l'affaire dite des Millions
des chartreux. On sait qu'à la demande de M.
Edgar Combes, une instruction avait été ou-
verte par M. de Valles, juge d'instruction, con-
tre X., pour tentative d'escroquerie. Une se-
conde affaire, greffée sur la première, ne tar-
dait pas à se produire : c'était la plainte en
diffamation de M. Vervoort contre M. Besson.
Enfin une troisième instruction était ouverte,
relative aux incidents Audier, Guerre et Va-
rigny.
Dans la première affaire, instruction contre
X., pour tentative d'escroquerie, M. de Vallès
vient de prendre ses conclusions : il n'y a pas
lieu à poursuites contre qui que ce soit.
En ce qui concerne la plainte Vervoort, M.
do Valles conclut, dans la dossier qu'il a trans-
mis, hier, au parquet du procureur de la Ré-
pubiique, qu'il y a lieu de renvoyer M. Besson,
rédacteur en chef du Petit Dauphinois, devant
la 9' chambre correctionnelle.
Quant à l'affaire Guerro, Audier et Varigny,
relative aux prétendues négociations engagées
avec les chartreux, l'instruction va se pour-
suivre.
»,
LE PLAN DE CAMPAGNE DE LA TURQUIE
EN MACÉDOINE
-
(De noteg correspondant particulier)
Salonique, 25 mai.
On croit toujours à la probabilité d'une
guerre contre la Bulgarie. En tout cas, la
Turquie a tout préparé pour cette éventualité.
Le commandement en chef serait confié à Ed.-
hem-Pacha, qui a dirigé les opérations contre
la Grèce en 1897. Le plan de campagne serait
le suivant : L'armée de l'ouest forcerait la
frontière bulgare, sur la ligne Kustendjie-Pcr-j
nik-Sofia. En même temps, l'armée do l'est
forcerait la frontière, sur la ligne Andrinople-
Philippoli, divisant ainsi les forces bulgares.
L'armée du centre, composée de troupes lé-
gères, pénétrerait à Dzoumaya directement,
vers Douphica-Samakof. avec l'intcntion de
coupcr la voie ferrée SoHa-rhilïnpnpcU.
PARIS-MADRID
La eourse interdite en Espagne. — I&
Le Provost de Launay interpellera
- Les concurrents. — L'étatdea
blessés. - L'automobile in- -
cendié. — A Bordeaux et
en Espagne. — Autres *
accidents.
L'agence Bavas nous communique la dépêch.
suivantes - -
Madrid, 25 mal.
Legouvernement espagnol a transmis des
ordrq à la frontière pour empêcher sur soo -
territoire. la course Paris-Madrid.
Les automobilistes pourront toutefois fran-
chir la frontière ; mais ils seront considérés
comme de simples excursionnistes. -
Au Séna t *
M. Le Provost de Launajr a l'intention 2a
déposer à la séance d'aujourd'hui Une demande
d'interpellation au ministre dé l'intérieur sur
la non-exécution des réglementa et arrêtés
relatifs à la vitesse des voitures automo-
Jjilesw:; :- :,'
Les engagés et les partants
Le nombre des voitures engagées D'était pas
inférieur à 314; elles ne sont pas toutes parties;
le nombre exact des départs a été de 228, ainsi
décomposé : 139 voitures et voitures légèrest
36 voiturettes, 53 motocyclettes. On sait que la
premier arrivé effectivement à Bordeaux est
Louis Renault, sur voiturette, et le premier de
la course, par classement, est Gabriel, sur
grosse voiture.
A l'Automobile-Club
A l'Automobile.Clnb, on a communiqué hier
matin les renseignements suivants :
MM. de Knyff et Henri Farman, qui ont eu
des accidents de machine, sont rentrès dès di-
manche soir à Paris, Maurice Farman, voyant
Marcel Renault blessé sur la route, s'est arrêté,
sacrifiant sa chance pour s'occuper de son con-
current blessé.
La Mercédès de M. Terry a brûlé à Coi.
gnières. M. Terry et son mécanicien sont sor-
tis indemnes de leur accident.
-.. Marcel Renault
Contrairement à ce qui a été annoncé,Marcel
Renault, le vainqueur de Paris-Vienne, n'est
pas mort; ce qui avait fait naître ce bruit, c'est
que le malheureux est resté 7 heures sans con-
naissance à l'hôpital de Poitiers.
H résulte en effet d'une dépôche envoyée hier
matin, à l'Auiomobile-CIub de France, par
Louis Renault, frère du blessé, qui était arrivé
premier à Bordeaux, que ce dernier était en-
core vivant.
Un autre télégramme, plus-récent, envoyé
par un ami personnel de Marcel Renault, ao-
nonce que l'état dé celui-ci, quoique toujoucs.
très grave, est resté stationnairo.
Enfin le docteur Soupault, beau-frère de MIO:
Fernand Renault, a quitté Paris, dimanche soir,
et est arrivé à Poitiers hier matin, il s'est im-
médiatement occupé de retenir un wagon spé-
cial pour se rendre auprès de Marcel Renault.
On ne connaît pas encore exactement les
causes réelles de l'accident dont il est la vic-
time ; d'après les uns, il aurait voulu éviter un
chien et, lancé à toute vilesse,son automobile,
dérapant, l'aurait lancé sur la route; d'après
les autres, il aurait heurté une autre voiture,
A Angoulême
Angoulême, 25 mai.
Georges Richard, victime de l'accident de la
côte Cbauveau, près d'Angoulême, et son mé
canicien, ont été transportés hier soir à l'hôtel
des Postes, où ils sont soignés. Richard a la
poitrine défoncée et plusieurs côtes brisées,
mais sa vie ne semble pas en danger : son mé-
canicien a l'épaule gauche fracturée.
En ce qui concerne l'accident de la voiture
23, survenu à la sortie d'Angoulême et où il
yeu' trois morts et deux blessés, l'un de ceux-
ci, le jeune Gaston Raffet, âgé de 17 ans. ori-
ginaire d'Angoulême, a été transporté à l'asile
d'aliénés de Breuty, près du lieu de l'accident.
Il y a passé la nuit ; ses blessures sont très
graves,' il a la jambe gauche et le bras droiC
broyés, une fracture du crâne et de nom-
breuses blessures sur le reste du corps ; ce
n'est que ce matin, è 4 heures, qu'il a repris
connaissance. Touraud, le conducteur de la
voiture, ce fut que peu grièvement conta,
sionné. Il est à l'hôpital.
Enfin, le cadavre du mécanicien Normand,
ainsi que ceux du soldat Dupuy et du cycliste
Caillon, écrasés par la voiture, sont actuelle-
ment à la Morgue, où M. Bascou, préfet de la
Charente et M. Mulac, maire d'Angoulême, se
sont rendus hier.
M. Georges Richard se trouvait à 11 heu resp,
ce matin, dans un état moins inquiétant.
Quant à son mécanicien, Henri Jeannot, il a
eu le biceps du bras gauche traversé et déchiré
et l'épaule droite brisée.
Néanmoins, ce dernier a voulu se lever qua nd
même ce malin et son pansement a été fait de-
bout.
Nixon et Porter
Ce n'est pas M. Porter qui a été victime de l'ac-
cident de Bonneval, mais son mécanicien, nom-
mé Nixon, ainsi qu'il résulte de la dépêche sui-
vante ;
Chartres, 25 mai.
L'accident d'automobile de Bonneval est ar.
rivé à 11 heures 55. La voiture u' 243 était
conduite par MM. Porter et Nixon, tous deux
de Belfast (Irlande).
A 11 heures, la personne chargée de signaler
avec le drapeau jaune le passage à niveau,
avait reçu des instructions pour quiller son
poste.
A 11 h. 55, la voiture arrivait à toute allure.
Au lieu de tourner à sa gauche, elle alla butter
contre la maisonnette 86, habitée par legarde-
barrière Chaligny.
M. Porter, qui conduisait, fut projeté à quel-
ques mètres en avant, et la voiture, faisant
explosion, prit feu.
M. Chaligny se porta rapidement vers 1*
voiture, sur laquelle il jeta de l'eau. Il parvint
à éteindre le feu. qui menaçait de se propager
à la. maisonnette et à ses dépendances. Dès que
le fou fut éteint, M. Chaligny s'occupa des
victimes. M. Nixon, le mécanicien, fut trouvé
sous la voilure. Il était carbonisé.
M. Porter gisait à quelques mètres do là. Il
semblait avoir perdu toute notion de ce qui
se passait. Il fut transporté à l'hôpital de Bon-
neval. Il revint à lui vers 2 heures de l'après-
midi.
D'après l'examen médical, M. Nixon a dd
être tué sur le coup. Son corps fut également
transporté à l'hôpital. La voiture fut conduite
à la mairie.
M. Porter put prendre le train à 4 heures
pour Paris.
Les autres blessés
L'accident dont Stead a été victime s'est pro-
duit à Monguyon. C'est en voulant dépasser
son concurrent Sallèron que Stead a fait une
embardée et a été projeté "dans un fossé. On
nous prio de démentir la nouvelle de sa mort,
qui a été donnée.
Lesna. vainqueur de Paris-noubaix (1901 et
1002), de Bordeaux-Paris (1902), de Paris-Brest
(1902), voit malheureusement sa carrière do
bicycliste à jamais brisée. Dans la chute qu'il
a faite peu avant Bordeaux, il s'est brisé la
l'clore.
Suivant des iiouvcIS-33 rcQ'-ics Je Libourno,
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