Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 mai 1903 26 mai 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CJUNTQ CENTIME© Ici Niiia^x'oT PARIS & DÉPARTEMENTS .-. Le Numéro, CINQ CENTIMES
ANNO,%
ANNONCES ;
AUX BUREAUX DU JCûRNAL
H. nie du Mail. Paris.
et chez MM. LAGRANGE, CERF & G1*
6, place de la Bourse, (.
tossa Télégraphique : Xue SIÈCLE - PARIS
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Paris Troiiœsii 6f. SicBtis 11 f. Un n 20 tt
Départements — 7*f.— 12 f. — 24 IL
p 16 f. — 32 &
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a u 4fa^e tniif» leiflSoreaax de Posté
RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heareç du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12128. - Mardi 26 Mai 1903
7 PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Irail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
ÍVOliscommençons aujourd'hui en feuilleton
de la 2® page :
, Les Femmes de demain
t
OR AND ROM-AN INÉDIT
par CÉCILE CAS SOT
Nos lecteurs ont déjà.e-u la primeur de
plusieurs des œuvres de décile Cmsot, ils
saven t combien cet auteur excelle à combiner
à travers de nombreuses péripéties une ac-
\tion rapide, dramatique et touchant. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée.
- LES FEMMES DE DEMAIN
auront .un très gros succès d'émotion et
d'iiUèrêtr.. - j
,i
1 NOS LEA DERS
La ïïayiil
La Chambre a repris ses séances. Les
journées de mardi et de mercredi ont
été mouvementées, et il n'a pas dépendu
des nationalistes et des cléricaux
qu'elles ne le fussent davantage. On
serait navré dans ce qui reste des partis
vaincus si on laissait échapper une oc-
casion de déconsidérer le régime parle-
mentaire. La séance de mercredi mar-
quera parmi celles qui ont laissé la
plus forte impression d'écœuremeut et
do dégoût.
Ce n'était cependant qu'une simplé
escarmouche. Certains hommes politi-
ques, doués assurément d'une bonne
dose de naïveté, s'imaginaient que la
Chambre ne se réunirait mardi que pour
régler son ordre du jour et se séparer
ensuite jusqu'à vendredi ou lundi. C'est
bien mal connaître les partis. Le bloc
républicain etl'autre ne pouvaient guère,
après deux mois de vacances, se ren-
contre* pour se mesurer simplement du
regard. Catholiques et libres-penseurs,
républicains et cléricaux monarchistes
ou autres brûlaient du désir d'en venir
, aux mains. On sentait mardi, en en-
trant dans la salle des séances, qu'il y
avait - qu'on nous pardonne cette ex-
pression vulgaire — de la poudre dans
l'air. Le gouvernement lui-même avait
hâte de s'expliquer sur ses actes pen-
dant l'absence des Chambres.
Il était aisé d'ailleurs de prévoir dans
quelles conditions la bataille s'engage-
rait. Des nombreuses demandes d'inter-
- pellations, adressées an président du
Conseil dans ces deux derniers mois,
la plupart visaient ce que quelques-uns
des interpellateurs avaient appelé « sa
politique religieuse ». Et pour quicon-
que avait suivi avec quelque attention
les événements auxquels on faisait al -
lusion, aucun doute n'était possible. Les
esprits étaient de part et d'autre à la fois
trop préoccupés et trop montés pom
qu'on ne fût pas bien aise d'en finir sur
le champ. Des explications étaient de-
venues nécessaires, indispensables pour
tous. -:
Ont-elles été aussi précises et aussi
complètes qu'on avait lieu de le sou-
haiter ? Et le débat qui s'est terminé
mercredi, à 11 heures du soir, par l'or-
dre du jour que l'on connaît, a-t-il
beaucoup éclairé la situation? On ne
me croirait pas si je répondais nette-
ment oui. Nous en avons fini avec les
interpellations annoncées à grand fracas
par les feuilles de la sainte coalition. Et
comme il fallait s'y attendre, le minis-
tère est sorti victorieux de l'assaut fu-
rieux qu'on lui livrait. La majorité ré-
publicaine ne pouvait pas l'abandonner.
Le terrain du combat, si l'on n'envi-
sageait que la question ministérielle,
était trop nettement circonscrit et dé-
limité pour qu'on eût à redouter un
nombre considérable de défections. Elles
ne se sont pas produites et par 305 voix
contre 231 la Chambre a approuvé les
actes du Gouvernement.
A-t-on approuvé de même ses décla-
rations? Il y a ici bien des restrictions
à faire. Je ne me dissimule pas la diffi-
culté de la situation en face de laquelle
se trouve M. le président du Conseil, et
le devoir du parti républicain n'est assu-
rément pas d'augmenter encore les
obstacles semés sur sa route et qui ren-
dent sa marche singulièrement malai-
sée. Peut-être cependant eût-il été de
sage politique de soulever, un peu plus
qu'il ne l'a fait, le voile qui enveloppe
l'avenir. Nous voudrions nous tromper,
mais il nous semble qu'il avait été plus
catégorique et plus affirmalif, eu répon-
dant a M. Clémenceau au Sénat qu'il ne
l'a été mercredi à la Chambre des dé-
putés.
Des événements graves se sont ce-
pendant passés dans l'intervalle des
deux discours. Je ne parle pas seule-
ment des incidents d'Aubervilliers, de
Belleville, de Plaisance et de Reims. Ce
sont peut-être ceux qui ont le plus
frappé l'opinion publique : grossis à
plaisir par les journaux intéressés, ils
ne pouvaient pas ne pas émouvoir.
L'attention du philosophe, du penseur,
de l'homme politique, pour peu qu'ils
soient observateurs, doit être, à mon
sens, retenue davantage par des faits
moins graves en apparence, plus si-
gnificatifs en réalité, si ou les envisage
au point de vue religieux, politique,
social, et pour tout dire d'un mot:
historique. Je veux parler des deux
circulaires adressées par M. le ministre
des cultes aux archevêques et aux évê-
ques, et du cas qu'en ont fait ces hauts
dignitaires de l'Eglise.
L'une de ces circulaires rappelait
qu'il est interdit aux membres des con-
grégations dissoutes de prêcher dans les
églises paroissiales, l'autre était relative
à la fermeture de certaines chapelles
qui font à ces églises une véritable et
désastreuse concurrence. Evêques et ar-
chevêques n'ont pas seulement consi-
déré ces circulaires comme lettre-
morte, ils ont jeté un véritable défi au
pouvoir civil.' En appelant à monter
dans les chaires les plus renommées
les moines les plus compromis et les
plus violents, ils n'ont pas seulement
désobéi à des circulaires ministérielles
auxquelles leur qualité de fonction-
naires les obligeait à se soumettre, ils
ont délibérément montré le ferme des-
sein et le parti-pris de se soustraire aux
obligations de la loi civile et laïque,
chaque fois qu'ils croiront ou qu'ils
feindront de croire que cetta loi est nui-
sible à leurs intérêts ou simplement en
opposition avec la loi théocratique et
religieuse de laquelle seule ils enten-
dent relever.
Là est le côté véritablement grave de
là situation présente. Et, si l'on songe
qu'il y a dans l'armée des officiers qui,
surpris que le général André ose leur
demander de « servir la Constitution
et la Loi », lui jettent leur démission
à la face, qu'il y a dans la magistra-
ture des juges assez révolutionnaires
pour condamner, sans application de
la loi de sursis « des moines révoltés »
à quinze, vingt et même vingt-cinq
francs d'amende, on n'envisagera pas
l'avenir sans quelque inquiétude. Quant
à la « déclaration d'abus » et à la (rsus-
pension de traitement » par lesquelles
on essaye d'atteindre les (f séculiers »
qui se solidarisent avec les & réguliers »,
ce sont là, comme disait un jour Pelle-
tan, des « flèches de papier » dont le
caràctère inoffensif, quelquefois même
lucratif, n'a pas échappé à M. le prési-
dent du conseil.
Est-ce là une situation momentanée,
passagère, et y a-t-il lieu de croire
qu'elle cessera bientôt ? on voudrait
l'espérer. Mais il faut avoir la foi bien
robuste ou être étrangement aveugle
pour ne pas voir qu'une telle espérance
est une pure illusion, qu'elle est dénuée
de fondement et contredite même par
les faits.
Je ne veux pas rechercher si le Con-
cordat est ou n'est pas, dans l'accep-
tion juridique du mot, un contrat sy-
nallagmatique. Mais il n'est pas dou-
teux qu'il comporte pour les deux par-
tis contractantes des obligations et des
engagements. L'Etat a toujours tenu les
siens. Qu'a fait l'Eglise? Tant qu'elle a
dominé les chefs d'Etat, rois, empereurs,
présidents de "République, elle a laissé
aller les choses.Elle s'est sentie atteinte
du jour que la République française,
par des lois sages et démocratiques,
telles que la loi scolaire et la la loi mili-
taire, a commencé à témoigner sa ferme
volonté de se soustraire à une tutelle
peu en rapport avec ses désirs et ses as-
pirations. La loi sur les Associations du
1er. juillet 1901 a continué l'œuvre d'af-
franchissement. Pour l'arrêter, l'Eglise
a lancé ses milices régulières et séculiè-
res. Au 24 et au 16 mai, puis sous le
boulangisme, et hier encore sous le na-
tionalisme, elle s'est alliée aux pires
ennemis de la démocratie et de la Répu-
blique.
En vain des esprits clairvoyants, ca-
tholiques convaincus, tels que Piou et
Lemire., lui ont crié et lui crient encore :
« casse-cou ». Leur voix reste sans
écho. Gallicans égarés dans un siècle
où le gallicanisme n'est plus de saison,
ils sont trouvés timides par les ultra-
montains et presque traités en suspects.
Leurs avertissements et leurs cris d'a-
larme n'arrêteront pas l'Eglise sur la
pente fatale où elle est engagée. Malgré
ses prétentions d'origine divine, elle
n'échappe, pas plus que les autres ins-
titutions humaines, pas plus que les
autres religions qui ont précédé sur la
terre la religion catholique, aux lois de
l'évolution.
- la proclamation du dogme de
l'inOfra, illibilité papale a changé complè-
tement les conditions de la chrétienté,
C'est le dernier mot de cette centrali-
sation outrancière à laquelle devait fa-
talement aboutir l'organisation de l'E-
glise, calquée d'ailleurs sur l'organisa-
tion dcl'empire romain. Faute immense,
dont Dupanloup et d'autres entre-
voyaient les conséquences. Si le pape
est infaillible, plus de concile œcu-
ménique possible. C'est la souveraineté
de tous passant aux main? d'un seul.
M is combien il est plus facile de domi-
ner un seul homme qu'une assemblée
entière. Ainsi s'explique l'importance
prise, auprès du Saint-Siège,par les con-
grégations religieuses, surtout par les
plus habiles, les plus militantes, les
plas riches. Et que peut le clergé sécu-
lier en face de ces milices puissantes
que constituent les jésuiLes, les domi-
nicains, les rédemptoristes? Un clergé
national n'est plus possible en France,
en Italie, en Espagne : il n'y a et il ne
peut y avoir, dans ces divers pays,qu'un
clergé romain.
Et qu'on ne nous parle pas de l'Al-
lemagne et de l'Angleterre. Edouard VII
et Guillaume fi peuvent être en coquet-
terie avec Léon XIII, la question reli-
gieuse ne se oose pas pour les nations
sur lesquelles ils régnent : elle s'y est
posée, et l'histoire est là pour dire
comment elle y a été résolue. Depuis
longtemps, elles ont secoué le joug de
la papauté. Mais il a fallu pour cela
qu'elles devinssent protestantes.
Les idées se sont modifiées depuis le
temps de Luther et de Calvin. Et la
France ne songe pas à se faire protes-
tante. Nombreux sont ceux qui pensent
aujourd'hui que toutes les religions se
valent, puisqu'elles sont toutes, s'il faut
les croire, de source divine, et que
chacune d'elles émet la prétention d'ê-
tre seule en possession de la vérité. Si
la France rompt avec le Saint-Siège,
ce sera pour établir chez elle le régime
de la pensée libre. Aux yeux de l'Etat
laïque, catholiques, protestants, israé-
lites, mahométans, sont et doivent être
égaux. Point de privilège pour per-
sonne. L'Etat ne doit connaître aucune
religion. Il ne lui appartient pas d'a-
voir en matière religieuse, pas plus
d'ailleurs qu'en matière philosophique,
des doctrines préférées. Toutes ces théo-
ries, produit de l'imagination humaine,
se heurtent, se choquent, se contredi-
sent : l'Etat laïque n'a pas à choisir en-
tre elles. Son devoir se borne à empê-
cher l'une d'elles, quelle qu'elle soit,
si elle sort de son domaine spéculatif,
d'opprimer, d'accabler les autres.
La liberté pour toutes les religions,
mais l'Etat souverain en dehors et au-
dessus d'elles, réglant leurs rapports,
les traitant toutes sur le pied d'égalité,
mais ne leur permettant pas de faire
prévaloir leurs affirmations aussi vio-
lentes qu'incertaines par des agitations
et des troubles qui touchent à l'émeute
et qui risqueraient de dégénérer en
guerre civile.
Ce n'est pas la peine, comme disait
Montaigir: « d'en faire cuire un homme
tout vif a. 1
Mais la souveraineté de l'Etat ne sera
définitivement établie en face des Egli-
ses que le jour qu'il n'en connaîtra plus
aucune. La séparation peut donc être
différée ; elle n'est que remise. Nous
n'avons eu qu'une escarmouche. A
quand la vraie bataille?
Henri Michel.
TROP DE ZÈLE
Les radicaux-socialistes n'ont
pas le droit de défendre leur
programme. C'est la Petite Ré-
publique qui nous le signifie.
Pour avoir voulu que les répu-
blicains décidés à faire la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat
pussent se compter sur une motion, Hub-
bard se voit traité d'imprudent et de méri-
dional fougueux qui ne réfléchit pas.Quant
à nous tous, nour sommes des impatients,
des gens pressés. D'où il résulte qu'à
l'heure actuelle, personne n'est imprudent
ni trop pressé à la Petite République. L'op-
portunisme y aurait-il remplacé la Révolu-
tion?
Ce n'est pourtant pas notre parti qui a:
au cours de cette législature, posé la ques-
tion du divorce de l'Etat d'avec l'Eglise.
Si M. Combes n'avait déclaré, au Sénat,
alors que personne ne le lui demandait,
que ce divorce était prochain ; si M. de
Ptessensé n'avait lui même déposé une
proposition de loi tendant à la séparation,
il est bien certain que personne, à gauche,
n'aurait parlé, à propos des interpellations
sur la politique religieuse du gouverne-
ment, de la nécessité de faire cette réforme.
La question a donc été posée en dehors
de nous. Mais comme nous ne sommes pas
de ceux qui mettent leur drapeau dans la
poche, nous n'avons pas hésité à voter.
Est-cela qui fâche la Petite République, car
au fond des critiques qu'elle nous adresse,
il n'y a guère autre chose. Nous négli-
geons volontiers le reste. Hugues Destrem
y a d'ailleurs, hier matin, répondu à l'a-
vance.
Vraiment, si radicaux et radicaux-socia-
listes ne peuvent plus rien dire, qu'on nous
explique tout au moins pourquoi. Sur
quoi encore est basé ce reproche qu'on
adresse aux radicaux-socialistes de cher-
cher à rompre le bloc ? Ils ont été les pre-
miers à le demander et à le faire. Est ce
que leurs votes manquent au ministère ?
Mais c'est justement parce que le ministère
a promis d'appliquer les idées radicales et
radicales-socialistes que nous nous per-
mettons, chaque fois qu'il nous arrive
de constater qu'il n'en fait rien, de le rap-
peler à ses promesses et de lui indiquer les
exigences légitimes des républicains.
On peut dire ces choses sans avoir 1 in-
tention de diviser la majorité républicaine.
Dans cette majorité, nous ne connaissons
pas d'ennemis ; nous n'en connaissons pas
surtout à notre aile gauche. Nous l'avons
assez répété et assez prouvé pour qu'on soit
embarrassé de soutenir le contraire. Dès
lors, à quoi riment ces sottes accusations
lancées contre tout un parti, d'autant
qu'aucun de nous n'a jamais songé à pro-
céder de cette façon à l'égard de la tactique
des socialistes? Nous aurions eu beau jeu
peut être. Nous aurions pu, parfois aussi,
relever des défaillances. Nous avons préféré
nous taire, car nous ne pensons pas avoir
le droit de censurer des alliés avec qui
nous avons mené et mènerons toujours le
même combat pour la République.-Ch. B.
Dislocations du Miaistèrs Prussien
(De noWe correspondant particulier)
Borlin, 24 mai.
Dans le monde politique, on parlo d'un re-
maniement prochain et complet du ministère
prussien. M. von Podbiolsky, ministre de
l'agriculture, a dit lui même à des amis.
« Âpres la récolte des foin?, je vais me subti-
liser (verdufte ich). Le ministre du commerce,
M. Mceller, s'en ira aussi. Il y a encore deux
membres du cabinet, M. Scbœnsledt et M.
Studt, auxquels on cherche à persuader qu'ils,
sont fatigués, et Qu'ils OIiJ besoin. r/ym* .J
CAUSERIE PËDBGOGIQUE
Le Parlement et les instituteurs
Les traitements et l'avancement du
personnel enseignant. — Une com-
mission perplexe. — Les insti-
tuteurs et l'armée. — Pro-
messes flatteuses et réa-
lisation difficile. -
Généreux inspec-
teur.
Où en est. me demande t-ou, le projet de loi
qui doit, selon une promesse déjà vieille, amé-
liorer les traitements et l'avancoment- du per-
sonnel enseignant primaire? — Toujours à
l'étude, chers lecteurs. La commission du bud-
get qui sur ce sujet devait avoir terminé soty
travail à la fin mars, n'a pas encore pria une
résolution définitive. Elle est, on qo peut plus,
perplexe.
D'une part le ministre des finances déclare
qu'il ne peut souscrire au vote d'une loi aug-
mentant sensiblement les charges du budget et
le ministre de l'instruction publique se croit
obligé, par esprit de solidarité ministérielle,de
tenir le même langage ; d'autre part, le péril
primaire qu'il faut conjurer à tout prix oxige
un sacrifice d'argent énorme, tel qu'on a l'ha-
bitude d'en consentir seulement pour l'armée.
Pris entre la double nécessité et peut-être la
double intention de ne pas accroître outra me-
sure les dépenses de l'Etat et d'augmonter ce-
pendant d'une façon raisonnable les trop fai-
bles émoluments du personnel enseignant pri-
maire, la commission ne sait quelle décision
adopter. Ses hésitations, ses tergiversations
vont lui rare émettre probablement des propo-
sitions dérisoires, qui ne contenteront per-
sonne.
Sous prétexte d'être sage, elle se montre ti-
mide à l'excès et par moments presque hostile
vis-à-vis du corps enseignant primaire.
Autour du projet Chaumet
Elle ne veut pas du projet Chaumet parce
que ce projet est simplement l'adaptation de
celui que les instituteurs ont eux-mêmes éla-
boré dans leurs sociétés amicales.
Nous avons déjà exposé les grandes lignes
de ce projet. L'échelle des traitements, égaux
pour les instituteurs et les institutrices, part
de 1.200 (r.et s'élève jusqu'à 2.400.Le personnel
est réparti d'après ses années de service encinq
classes (les stagiaires rangés à part).
Les promotions ont lieu tous les cinq ans.Les
indemnités de logement et de résidence sont
les mêmes pour tous les titulaires.
Ce projet adopté, les injustices des classements
antérieurs seraient réparées en grande partie;
il y aurait à l'avenir plus de justice dans la ré-
trïbutiou des services rendus. Le relèvement
de la condition matérielle des maîtres et uial-
tressôs serait suftlaant; en tous cas il répondrait
anx desiderata, de ces derniers. Ce serait pour
le mieux.
S'il s'agissait des officiors, le Parlement ne
ferait POMlt de résistance. Il voterait tout ce
qu'on voudrait. Il nous a habitués à ce spec-
tacle depuis plus de 30 ans. Mais il n'est ques-
tion que des modestes fonctionnaires chargés
de faire l'éducation du peuple. Il n'y a pas à
se gêner ni à se presser avec eux t Voilà deux
JOQgues années que la question est posée, dis-
cutée, et au lieu de lélargir oa la restreint
chaque jour davantage.
Le Parlement ne veut pas que Marianne
délie trop facilement les cordons de sa bourse
pour les instituteurs.
Pourquoi ? Voici ce qui se dit. Certains dé-
putés affectent de voir, dans le projet des Ami-
cales d'instituteurs,qua tout le monde approuve
à cause de sa modération, une sorte d'ultima-
tum, irrecevable comme tel. Le mot a été dit
ot colporté.
Ainsi, le personnel enseignant primaire s'en-
tend accuser d'avoir eu l'impertinence d'indi-
quer le remède aux souffrances qui le font dé-
périr. Tout d'abord, ses déclarations ont été
accueillies très aimablement. On a même vanté
à ce propos son esprit pondéré. C'était l'épo-
que des flatteuses promesses! Le moment venu
de leur réalisation, on se prend à penser que
ce que l'on louait méritait d'être blAmé, que
ce qu'on trouvait bien était mauvais, que ce
qui était considéré comme ayant été fourni Ii
point pour éclairer nos législateurs était tout
à fait déplacé.
Franchement, un tel revirement d'opinion
n'est capable que de faire plaindre ceux chez
lesquels il se produit. Passons t
Un projet minimum
Pour certains autres, te projet des Amicales
est Un maximum, un idéal absolu, irréalisable
en ce moment.
Et les Amicales sont invitées à on présenter
un autre, qui serait le projet minimum, ap-
plicable tout de suite.
Naturellement, si les Amicales produisaient
un deuxième projet, on ne manquerait pas de
leur dire : « Mais vous n'y êtes point ! Vous
êtes encore trop exigeantes. Vous vous abusez
sur les ressources de l'Etat. Baissez, baissez de
nouveau vos prix.Abandonnez encore quelques-
unes de vos réclamations. »
Et sans doute ces remontrances nouvelles ne
manqueraient pas de justesse.
Comment voulez-vous, on effet, que les ins-
tituteurs puissent savoir exactement jusqu'à
quel point l'Etat peut consentir des sacrifices
pour eux sans décréter ni emprunts, ni aug-
mentations d'impôts?
Les députés ne le savent pas eux-mêmes,
j'entends les plus compétents et les mieux ren-
seignés 1 Faut-il donc désormais que ce soient
les intéressés qui donnent des « tuyaux » aux
législateurs ? Dans la circonstance, c'est ce
qu'on demande 1
Pas de transactions !
Mais admettons un instant que le marchan-
dage ait abouti et que par hasard les réduc-
tions proposées par les Amicales dans leur
second projet soit acceptées. Voyez ce que les
Amicales perdraient dans cette transaction :
elles seraient amenées à renoncer aux princi-
pes qui honorent et soutiennent comme une
force invincible leurs revendications.
Par exemple, l'admirable pétition qui a cir-
culé l'année passée dans le personnel ensei-
gnant et s'est couverte de signatures pour ré-
clamer l'égalité des traitements des instituteurs
et des institutrices de mêmes classes resterait
sans effet.
C'est cette réforme qu'on parle d'ajourner
tout d'abord. Les institutrices.qui ont le tort
de ne pas être électrices, continueraient à re-
cevoir des salaires inférieurs à ceux des insti-
tuteurs pour un travail identique comportant
les mêmes responsabilités.
Ce renoncement des Amicales à ce qu'il y a
de plus généreux et de plus juste dans leurs
revendicationsaffaiblirait considérablement leur
autorité morale.
Puis, l'abandon des principes ouvrirait la
porto aux idées les plus étranges, pour ne pas
dire les plus saugrenues. Il y en déjà une qui
mérite ce qualificatif parmi celles qui se sont
produites, en dehors des Amicales.
Un inspecteur primaire a exprimé l'avis quel-
que part d'enlever aux instituteurs et institu-
trices mariés ensemble le quart de leurs traite-
ments !
Les instituteurs en l'apprenant sont entrés
dans une sainte colère- Ceux de Paris, réunis
le 7 mai en vue de fonder une nouvelle société
« l'Emancipation », ont blâmê la proposition
At «nn ontAiir La oroDosi Hon est si baroaue
que je me demande si elle a été faite sérieuse-
ment. Elle émane plutôt, semble-t-il, d'un
joyeux pince-sans-rire, Il aa faut pas s'ea
émouvotr.
Pourtant si députés ot sénateurs attaient,eux
aussi, et de la même manière, se montror
pince sans-rirel Vraiment oseraient-ils? II y
a des amis de l'enseignement laïque qui le
craignent.
Veillons !
Armand DEPPER.
: .———— »
NOUVEL INCIDENT A NANTES
On nous assure qu'un incident semblable à
celui qui a valu au lieutenant de Leslapis 60
jours d'arrêts do forteresse, s'est produit à
Nantes quelques jours après, entre un autre of-
ficier do dragons, le lieutenant de Burgat, et
un commissaire de police auquel l'officier au-
rait refusé de prêter son concoure. Lo général
Grisot aurait puni te, lieutenant de Burgat do
30 jours d'arrêts de forteresse et le capitaine
de Villepin de 15 jours d'arrêts.
PAROLES DE SAGESSE
Aux Mille-Colonnes, devant un auditoire
exclusivement clérical, nos amis Victor Char-
bonnel et Henry Bérenger ont prononcé do
hautes et sages paroles.
Us ont expliqué le son& de la manifestation
d'Aubervilliers.
« Nous avons voulu, a dit Charbonnel, sou-
ligner d'un geste l'impuissance gouvernemen-
tale, nous avons voulu créer uo mouvement
qui calraiue la séparation des Eglhsos et de
l'Etat. »
Il n'a donc jamais été question d'organiser
le tumulte et de préparer des bagarres dans
les temples et dans les rues. Il était bon quo
les réactionnaires entendissent de leurs propres
oreilles ces affirmations que tours journaux ne
leur auraient pas rapportées.
Nous souhaitons que los paroles de Victor
Charbonnel soient méditées aussi parles libre..-
penseurs. Le plan des cléricaux est de faire
prendre les citoyens qui réclament l'exécution
des lois et qui prennent acte de l'inaction gou-
vernementale, pour des bandes brutales do
braillards et déporté-gourdins.
Delà, les provocations lancées, les violences
exercées-depuift quelques jours par les agents
du parti catholique.
, On essaie de faire retomber sur les républi-
cains le sang versé par les décerveleu rade l'an-
tisémitisme. -
Le bon sens de nos amis est trop sur pour
que nous ayons à les mettre en garde "contre
un piège si grossièrement dissimulé. Laissons
les démagogues de la contre-révolution allu-
mer des fusées, brandir des torches do résinei
tirer des coups de revolver et projeter des dé-
bris de ferraille. Il suffira d'une brigado de
gardiens de la paix ot d'une équipe de balayeurs
pour remettre tout en ordre.
Les libres-penseurs se réserveront pour l'ac-
tion méthodique, la seule utile parce qu'elle est
la seule vraiment énergique.
Voir à la 30 pagre
les Dernières Dépêches
cLo la nuii oi
la Revue des Journaux
du matin
LES ÉLECTIONS
Election sénatoriale de la Haute-
- Saône
Inscrits : - 866. — Volants : 864
MM, Signard, anc. sén-, rad 466 Elu.
Faohard, anc. député, oaLioo. 39a
Il s'agissait de remplacer M. Bontemps, sé-
nateur radical, décédé.
Election législative db Doubs
- - - - Arrondissement de Montbèliard
MM. Marc RÓvillc, radical 9.138 Elu.
Gaston Jappy, progressiste.. 6.349
(Manquent 14 communes).-
Election au conseil général
Ardennes — Canton de Voueiws
M. Martin, radical, est élu contre' M. de
Beaufort, nationalisle.
Autant d'élections, autant de victoires pour
lo bloc républicain.
LES NATION A LIS LE S TCHÈQUES
Dans notre numéro du 20 mai, oous avons
publié, avec los restrictions qui convenaient,
une dépêche de l'Agence Havas annonçant que
le préfet de la Seine, par une décision en date
du 3 mars dernier, avait fait don à la viile do
Prague de la collection complète des publica-
tions historiques de la Ville de Paris. Les jour
naux tchèques ajoutaient quo M. Deville avait
arrondi ce don de celui d'un exemplaire de
l'Atlas des vieux plans de Paris. Bien entendu
les feuilles bohèmes qui ont reproduit cette in-
formation n'ont pas manqué do relever que
c'est là une nouvelle preuve des « sympathies »
qui uniraient Paris et Prague.
Ce don serait sans autre importance s'il n'é-
tait fait que par les édiles nationalistes à leurs
confrères praguois. Ce serait même dans l'or-
dre. On connaît, en effet, — le Rappel l'a fort
heureusement montré cès derniers temps — le
lien qui n'a cessé de relier nos nationalistes
aux réactionnaires bohêmesçton n'ignore plus,
er. France, les odieuses invectives dont, pour
obliger leurs amis, les politiciens (chèques ot
leurs journaux ont assailli nos institutions et
nos ministres républicains. -- -
On peut s étonner, dans ces conditions, que
la préfecture de la Seine ait prêlé son autorité
à une démarche qui équivaut, on peut le dire,
à encourager les Tchèques dans l'inconvenante
campagne par eux monée contre notre gouver-
nement et par laquelle ils ont estimé devoir
documenter leurs prétendues « sympathies ».
Avant de-se risquer à octroyer aux Bohêmos
comme une sorte de satisfecit pour leur in-
croyable altitude envers nos pouvoirs publics
il eût été sage que la préfecture (jonl la
bonne foi ne saurait être suspectée), se ronsci-
gnât auprès do qui de droit, c'est-à-dire au-
près de M. Delcassé, sur l'opporturtilé du ca-
deau dont il s'agit. Il y a lieu de supposer,
en effet, qu'on doit être au courant, au quai
d'Orsay, des inqualifiables attaques dont l'opi -
nion tchèque a retenti contre MM. Combes et
Watdeck Rousseau et que, dès lors, on y eût
déconseillé une démarche que rien absolument
ne justifie.
i ■ ii
L'EX-FIANCÉE" DE MARCONI
(De notre correspondant Darticulierl
Budapest, 24 mai.
L'ex-fiancée de Marconi, qui était devenue
depuis comtesse de Bors3, a demandé le divorce.
Elle se prépare à quitter Budapest et à rentrer
en Amérique, où elle reprendra son nom de
jenne fille, Miss Holmann. On dit qu'elle re-
grette beaucoup d'avoir rompu ses fiançailles
avec Marconi et qu'elle espôre ÔKo unie un
tour à inventeur»
LES CONGREGATIONS
Les opérations du Crédit Foncier. -
Contre les cléricaux. - La mani-
festation du « Sillon M — Regard
en arrière. — Les bagarres.
- A Belleville. — En
province.
L'Agence Havas nous communique la note lui.
vante :
On fait circuler, depuis, quelques jours, dos
informations tout à fait erronées concernant
les opérations hypothécaires du Crédit Foncier
avec les congrégations. Le Crédit Foncier n'a
prêté qu'à des congrégations autorisées, mu-
nies d'un decrot spécial du Consei: d'Etat ap-,
prouvant le dit prêt.
Quant aux t-rêls faits aux sociétés civiles, ils
n'Dnt été faits qu'à des sociétés régulièrement
constituées avec toutes les garanties détermi-
ries par la loi et aucun de ces prêts n'a été
effectué non seulement depuis la promulgation
de la loi do 1901, mais même depuis la mise à
l'ordre du jour dû la discussion du rapport de
cette loi. Ajoutons enfin que ia légitimité
d'aucun de ces prêts n'est contestée.
LE MOUVEMENT ANTICLÉRICAL'
La soirée du a Sillon »
Nous avons rendu compte, hier, du raeoling
organisé aux Mille-Colonnes par le a Sillon »
et dos différents incidents qui se sont produit?,
avant, pendant et après la réunion.
Toutefois, il n'est pas inutile de revenir sur
certains points, notamment sur les bagarre"
qui ont éclaté un peu partout dans le 13* at
rondissement, et autour du siège du « Sillon r
A la sortie du meeting des Mille-Colonnes, les
cléricaux et les anticléricaux se sont rencontrés
à l'angle du boulevard Edgar Quinet, el se sont
précipités les uns sur les autres. Le spectacle
est affreux à voir :
Des hommes roulent à terre assommés 4
coups de canne. Les agents chargent. Qualra
d'entre eux tombent et sont transportés à rhô.
pital Broussais. La mêlée est sauvage. M. Bou-
vier, commissaire divisionnaire, fnppé à la
têle, tombe. Ses agents le reconduisent à son
domicile, en voiture. MM. Guillaume et Mar-
tin, officiers do paix, font le coup de poing
avec les manifestants. Ils sont à leur tour griè-
vement blessés.
Finalement, les belligérants se retiroot. Le
lioù du combat est jonché de cannes et de
chapeaux et oa y découvre des traces de sang.
La lutte n'est pourtant pas terminée.
Les anticléricaux se rendent, ainsi que nous
l'arons dit hier, boulevard aaspait' à t'angto
do ta rue do Sèvres. Ils attendent l'arrivée des
farouches défenseurs du cléricalisme et des
amis de M. Marc Sangnier, Bientôt le combat
recommence, acharné, sans merci. On se dis-
pute le terrain vague. Des catholiques, qui ar-
rivent en voiture, brandissent des revolvers.
Plusieurs coups de feu sont tirés.
Voici, réduit à ses proportions exactes, Tm-
cident des coups de' revolver. Un ancien offi-
cier de cavalerie, M. Olivier d'Etchegoyen.
passait en voiture à l'angle de la rue Cboinei
et du boulevard Raspail, en compagnie de trois
de ses amis, MM. Monlazel, de Boisé et Max
Régis, pour se rendre à la réunion du SiUon.
Quand la voiture passa au milieu des anticléri-
caux. dos cris retentirent. M. d'Elchegoyen
prit pour et tira deux coups de revolver. D'ail-
leurs, voici dans quels termes l'auteur de l'in-
cident le raconte lui-même :
— Au moment où les deux flacres, dans lesquels
nous avions pris place avec quelques amis, arri-
vaient à quelques mètres de l'immeuble du Sillon,
nous fûmes assartlis par une cinquantaine d'éner-
gumènes. M. Montazel était particulièrem nacé et, à un certain momeut, je vis noltcment
plusieurs iadividus essayer do le frapper à coups
de couteau et do canne à épée. C'est à ce moment
que, croyaut la vie de mon ami en danger et me
voyant moi-même attaqué do toutes parts, je fis
usago do mon revolver — un revolver d'ordon-
nance — ot tirai en l'air doux coups de mon
arme.
M. (retchegoyon a été remis en liberté
hier malin. Il sera probablement poursuivr.
Un journaliste blessé
Après l'incident des coups de revolver.
l'émotion fut à son comble dans los deux
camps. Les anticléricaux se massèrent à l'an-
gle de la rue d'OJessa et du boulovard Raspail
et organisèrent un véritable barrage. Le Jour-
nal des Débats raconte l'incident suivant,
qui, selon lui, se serait produit à cot en-
droit :
C'est.. ce barrage qu'un de nos collaborateurs,
que nous avions envoyé à la réunion du « Sillon »,
a été appréhendé. Assailli d'abord par -quelques
voyous, il parvint à les calmisr. Puis, ainsi qu'au-
rait fait un véritable service d'ordre organisé pat-
la police elle-même, ou exigea qu'il montr' des
pièces justifiant de sa qualité de journaliste et
qu'il était bien là par devoir professionnel, 4insi
qu'il le disait.
Notre collaborateur so prêta à toutes les exigen-
ces et sortit son coupe-file.
— C'est le Journal des Débats, cria très l aut
un homme d'une quarantaine d'années.
— Los Débats, répondit une autre voix, Charbon-
nel a dit quo c'était de la calotte ; n'en faut pas.
Ce fut comme un signal.
Un coup do canne, puis deux, puis trois, vinrent
s'abattre sur la tête do notre collaborateur, faisant
jaillir lo sang jusque sur son coupe-flle qu'il te-
nait à la main.
Quelques coups de piei lui furent lancés .dans
l'abdomeu ; heureusement, ils portèrent à fau.N'o-
tre collaborateur se dégagea péniblement et put se
sauver chez un marchand de vin qui fait l'angle
de la rue d'Odessa et du boulevard Edgnr-Quiuat.
Mais là il trouvait un accueil pou hospitalier. La ;
lenancièro do rétablissement ordonna à son gar-
çon do salle do le faire sorli, Notre collaborateur,
rnisselant do sang, dut so défendre , afin de no pas
tombor entre los mains do la bande -qui le pour-
suivait. il fut enfin protégé par uu étudiant en
pharmacie, M. Louis Loidrcau, qui, quelques ins-
tants après, parvenait à le conduire à la phar-
macie Bouilly, place do Rennes.
Le bilan
Voici exactement les noms dos officiers. d3
police et agents qui ont été atteints, avec L'a
nature de leurs blessures :
MM. Bouvier, commissaire divisionnaire : coup-
de-poing americaiu derrière la tôte, alité; Guil-
laume, oftlcier de paix de la 4' réserve : blessé à la
tate par des boulons do fonte, contusions multi-
ples, alité ; Martin, inspecteur principal de la 4f ri>
serve : contusions multiples, alite ; Charles Beau-
douin : blessure par boutons de foute, coup de
poing sur la figure ; Bebon : coup de qaune plom-
bée à la têto, contusions, très grièvement blessé,
porté, comme nous l'avons dit plus haut, il l'hôpi-
tal Broussais; llurabert Brun : coutusions, plaies
sur lo corps ; Dcvfes, sous-brigadier; Niooi, Frus-
tiu, Gormot, W/lltop, Gilbert Guillaumin, blessés
plus ou moins grièvement.
A Saint-Jean-Baptiste de BalleviHo
En prévision do la manifestation qui avait
lieuau Pèrc-Lachaise ot à la suite de la nota
tendancieuse parue samedi soir, dans la Pressa,
Ln service d'ordre avait été organisé — très
discrètement — par les soins do l'olficicr de
paix du 19', M. Gaulior.
La journéo a été très calme, pas un mot, pas
un cri, il est vrai d'ajouter, que, dans un es-
prit do conciliation, le curé de Belleville, l'abbé
Sara, avait décidé de terminer les ofliccs dès
midi l'église fut donc fermée à cette heure et
la journée s'est lormiuéo sans amoner aucun
incident.
EN NORMANDIE
(De notre correspondant tpéeiali
Evreux, 24 mai.
Coo contérence a été faite à Caudebec-les- ,
ANNO,%
ANNONCES ;
AUX BUREAUX DU JCûRNAL
H. nie du Mail. Paris.
et chez MM. LAGRANGE, CERF & G1*
6, place de la Bourse, (.
tossa Télégraphique : Xue SIÈCLE - PARIS
.: r
ABONNEMENTS
Paris Troiiœsii 6f. SicBtis 11 f. Un n 20 tt
Départements — 7*f.— 12 f. — 24 IL
p 16 f. — 32 &
JLÎm~!" Dr. - lof. - aagr
fcM Abooflbmenjfe sont reçus sans fraii
a u 4fa^e tniif» leiflSoreaax de Posté
RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heareç du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12128. - Mardi 26 Mai 1903
7 PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Irail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
ÍVOliscommençons aujourd'hui en feuilleton
de la 2® page :
, Les Femmes de demain
t
OR AND ROM-AN INÉDIT
par CÉCILE CAS SOT
Nos lecteurs ont déjà.e-u la primeur de
plusieurs des œuvres de décile Cmsot, ils
saven t combien cet auteur excelle à combiner
à travers de nombreuses péripéties une ac-
\tion rapide, dramatique et touchant. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée.
- LES FEMMES DE DEMAIN
auront .un très gros succès d'émotion et
d'iiUèrêtr.. - j
,i
1 NOS LEA DERS
La ïïayiil
La Chambre a repris ses séances. Les
journées de mardi et de mercredi ont
été mouvementées, et il n'a pas dépendu
des nationalistes et des cléricaux
qu'elles ne le fussent davantage. On
serait navré dans ce qui reste des partis
vaincus si on laissait échapper une oc-
casion de déconsidérer le régime parle-
mentaire. La séance de mercredi mar-
quera parmi celles qui ont laissé la
plus forte impression d'écœuremeut et
do dégoût.
Ce n'était cependant qu'une simplé
escarmouche. Certains hommes politi-
ques, doués assurément d'une bonne
dose de naïveté, s'imaginaient que la
Chambre ne se réunirait mardi que pour
régler son ordre du jour et se séparer
ensuite jusqu'à vendredi ou lundi. C'est
bien mal connaître les partis. Le bloc
républicain etl'autre ne pouvaient guère,
après deux mois de vacances, se ren-
contre* pour se mesurer simplement du
regard. Catholiques et libres-penseurs,
républicains et cléricaux monarchistes
ou autres brûlaient du désir d'en venir
, aux mains. On sentait mardi, en en-
trant dans la salle des séances, qu'il y
avait - qu'on nous pardonne cette ex-
pression vulgaire — de la poudre dans
l'air. Le gouvernement lui-même avait
hâte de s'expliquer sur ses actes pen-
dant l'absence des Chambres.
Il était aisé d'ailleurs de prévoir dans
quelles conditions la bataille s'engage-
rait. Des nombreuses demandes d'inter-
- pellations, adressées an président du
Conseil dans ces deux derniers mois,
la plupart visaient ce que quelques-uns
des interpellateurs avaient appelé « sa
politique religieuse ». Et pour quicon-
que avait suivi avec quelque attention
les événements auxquels on faisait al -
lusion, aucun doute n'était possible. Les
esprits étaient de part et d'autre à la fois
trop préoccupés et trop montés pom
qu'on ne fût pas bien aise d'en finir sur
le champ. Des explications étaient de-
venues nécessaires, indispensables pour
tous. -:
Ont-elles été aussi précises et aussi
complètes qu'on avait lieu de le sou-
haiter ? Et le débat qui s'est terminé
mercredi, à 11 heures du soir, par l'or-
dre du jour que l'on connaît, a-t-il
beaucoup éclairé la situation? On ne
me croirait pas si je répondais nette-
ment oui. Nous en avons fini avec les
interpellations annoncées à grand fracas
par les feuilles de la sainte coalition. Et
comme il fallait s'y attendre, le minis-
tère est sorti victorieux de l'assaut fu-
rieux qu'on lui livrait. La majorité ré-
publicaine ne pouvait pas l'abandonner.
Le terrain du combat, si l'on n'envi-
sageait que la question ministérielle,
était trop nettement circonscrit et dé-
limité pour qu'on eût à redouter un
nombre considérable de défections. Elles
ne se sont pas produites et par 305 voix
contre 231 la Chambre a approuvé les
actes du Gouvernement.
A-t-on approuvé de même ses décla-
rations? Il y a ici bien des restrictions
à faire. Je ne me dissimule pas la diffi-
culté de la situation en face de laquelle
se trouve M. le président du Conseil, et
le devoir du parti républicain n'est assu-
rément pas d'augmenter encore les
obstacles semés sur sa route et qui ren-
dent sa marche singulièrement malai-
sée. Peut-être cependant eût-il été de
sage politique de soulever, un peu plus
qu'il ne l'a fait, le voile qui enveloppe
l'avenir. Nous voudrions nous tromper,
mais il nous semble qu'il avait été plus
catégorique et plus affirmalif, eu répon-
dant a M. Clémenceau au Sénat qu'il ne
l'a été mercredi à la Chambre des dé-
putés.
Des événements graves se sont ce-
pendant passés dans l'intervalle des
deux discours. Je ne parle pas seule-
ment des incidents d'Aubervilliers, de
Belleville, de Plaisance et de Reims. Ce
sont peut-être ceux qui ont le plus
frappé l'opinion publique : grossis à
plaisir par les journaux intéressés, ils
ne pouvaient pas ne pas émouvoir.
L'attention du philosophe, du penseur,
de l'homme politique, pour peu qu'ils
soient observateurs, doit être, à mon
sens, retenue davantage par des faits
moins graves en apparence, plus si-
gnificatifs en réalité, si ou les envisage
au point de vue religieux, politique,
social, et pour tout dire d'un mot:
historique. Je veux parler des deux
circulaires adressées par M. le ministre
des cultes aux archevêques et aux évê-
ques, et du cas qu'en ont fait ces hauts
dignitaires de l'Eglise.
L'une de ces circulaires rappelait
qu'il est interdit aux membres des con-
grégations dissoutes de prêcher dans les
églises paroissiales, l'autre était relative
à la fermeture de certaines chapelles
qui font à ces églises une véritable et
désastreuse concurrence. Evêques et ar-
chevêques n'ont pas seulement consi-
déré ces circulaires comme lettre-
morte, ils ont jeté un véritable défi au
pouvoir civil.' En appelant à monter
dans les chaires les plus renommées
les moines les plus compromis et les
plus violents, ils n'ont pas seulement
désobéi à des circulaires ministérielles
auxquelles leur qualité de fonction-
naires les obligeait à se soumettre, ils
ont délibérément montré le ferme des-
sein et le parti-pris de se soustraire aux
obligations de la loi civile et laïque,
chaque fois qu'ils croiront ou qu'ils
feindront de croire que cetta loi est nui-
sible à leurs intérêts ou simplement en
opposition avec la loi théocratique et
religieuse de laquelle seule ils enten-
dent relever.
Là est le côté véritablement grave de
là situation présente. Et, si l'on songe
qu'il y a dans l'armée des officiers qui,
surpris que le général André ose leur
demander de « servir la Constitution
et la Loi », lui jettent leur démission
à la face, qu'il y a dans la magistra-
ture des juges assez révolutionnaires
pour condamner, sans application de
la loi de sursis « des moines révoltés »
à quinze, vingt et même vingt-cinq
francs d'amende, on n'envisagera pas
l'avenir sans quelque inquiétude. Quant
à la « déclaration d'abus » et à la (rsus-
pension de traitement » par lesquelles
on essaye d'atteindre les (f séculiers »
qui se solidarisent avec les & réguliers »,
ce sont là, comme disait un jour Pelle-
tan, des « flèches de papier » dont le
caràctère inoffensif, quelquefois même
lucratif, n'a pas échappé à M. le prési-
dent du conseil.
Est-ce là une situation momentanée,
passagère, et y a-t-il lieu de croire
qu'elle cessera bientôt ? on voudrait
l'espérer. Mais il faut avoir la foi bien
robuste ou être étrangement aveugle
pour ne pas voir qu'une telle espérance
est une pure illusion, qu'elle est dénuée
de fondement et contredite même par
les faits.
Je ne veux pas rechercher si le Con-
cordat est ou n'est pas, dans l'accep-
tion juridique du mot, un contrat sy-
nallagmatique. Mais il n'est pas dou-
teux qu'il comporte pour les deux par-
tis contractantes des obligations et des
engagements. L'Etat a toujours tenu les
siens. Qu'a fait l'Eglise? Tant qu'elle a
dominé les chefs d'Etat, rois, empereurs,
présidents de "République, elle a laissé
aller les choses.Elle s'est sentie atteinte
du jour que la République française,
par des lois sages et démocratiques,
telles que la loi scolaire et la la loi mili-
taire, a commencé à témoigner sa ferme
volonté de se soustraire à une tutelle
peu en rapport avec ses désirs et ses as-
pirations. La loi sur les Associations du
1er. juillet 1901 a continué l'œuvre d'af-
franchissement. Pour l'arrêter, l'Eglise
a lancé ses milices régulières et séculiè-
res. Au 24 et au 16 mai, puis sous le
boulangisme, et hier encore sous le na-
tionalisme, elle s'est alliée aux pires
ennemis de la démocratie et de la Répu-
blique.
En vain des esprits clairvoyants, ca-
tholiques convaincus, tels que Piou et
Lemire., lui ont crié et lui crient encore :
« casse-cou ». Leur voix reste sans
écho. Gallicans égarés dans un siècle
où le gallicanisme n'est plus de saison,
ils sont trouvés timides par les ultra-
montains et presque traités en suspects.
Leurs avertissements et leurs cris d'a-
larme n'arrêteront pas l'Eglise sur la
pente fatale où elle est engagée. Malgré
ses prétentions d'origine divine, elle
n'échappe, pas plus que les autres ins-
titutions humaines, pas plus que les
autres religions qui ont précédé sur la
terre la religion catholique, aux lois de
l'évolution.
- la proclamation du dogme de
l'inOfra, illibilité papale a changé complè-
tement les conditions de la chrétienté,
C'est le dernier mot de cette centrali-
sation outrancière à laquelle devait fa-
talement aboutir l'organisation de l'E-
glise, calquée d'ailleurs sur l'organisa-
tion dcl'empire romain. Faute immense,
dont Dupanloup et d'autres entre-
voyaient les conséquences. Si le pape
est infaillible, plus de concile œcu-
ménique possible. C'est la souveraineté
de tous passant aux main? d'un seul.
M is combien il est plus facile de domi-
ner un seul homme qu'une assemblée
entière. Ainsi s'explique l'importance
prise, auprès du Saint-Siège,par les con-
grégations religieuses, surtout par les
plus habiles, les plus militantes, les
plas riches. Et que peut le clergé sécu-
lier en face de ces milices puissantes
que constituent les jésuiLes, les domi-
nicains, les rédemptoristes? Un clergé
national n'est plus possible en France,
en Italie, en Espagne : il n'y a et il ne
peut y avoir, dans ces divers pays,qu'un
clergé romain.
Et qu'on ne nous parle pas de l'Al-
lemagne et de l'Angleterre. Edouard VII
et Guillaume fi peuvent être en coquet-
terie avec Léon XIII, la question reli-
gieuse ne se oose pas pour les nations
sur lesquelles ils régnent : elle s'y est
posée, et l'histoire est là pour dire
comment elle y a été résolue. Depuis
longtemps, elles ont secoué le joug de
la papauté. Mais il a fallu pour cela
qu'elles devinssent protestantes.
Les idées se sont modifiées depuis le
temps de Luther et de Calvin. Et la
France ne songe pas à se faire protes-
tante. Nombreux sont ceux qui pensent
aujourd'hui que toutes les religions se
valent, puisqu'elles sont toutes, s'il faut
les croire, de source divine, et que
chacune d'elles émet la prétention d'ê-
tre seule en possession de la vérité. Si
la France rompt avec le Saint-Siège,
ce sera pour établir chez elle le régime
de la pensée libre. Aux yeux de l'Etat
laïque, catholiques, protestants, israé-
lites, mahométans, sont et doivent être
égaux. Point de privilège pour per-
sonne. L'Etat ne doit connaître aucune
religion. Il ne lui appartient pas d'a-
voir en matière religieuse, pas plus
d'ailleurs qu'en matière philosophique,
des doctrines préférées. Toutes ces théo-
ries, produit de l'imagination humaine,
se heurtent, se choquent, se contredi-
sent : l'Etat laïque n'a pas à choisir en-
tre elles. Son devoir se borne à empê-
cher l'une d'elles, quelle qu'elle soit,
si elle sort de son domaine spéculatif,
d'opprimer, d'accabler les autres.
La liberté pour toutes les religions,
mais l'Etat souverain en dehors et au-
dessus d'elles, réglant leurs rapports,
les traitant toutes sur le pied d'égalité,
mais ne leur permettant pas de faire
prévaloir leurs affirmations aussi vio-
lentes qu'incertaines par des agitations
et des troubles qui touchent à l'émeute
et qui risqueraient de dégénérer en
guerre civile.
Ce n'est pas la peine, comme disait
Montaigir: « d'en faire cuire un homme
tout vif a. 1
Mais la souveraineté de l'Etat ne sera
définitivement établie en face des Egli-
ses que le jour qu'il n'en connaîtra plus
aucune. La séparation peut donc être
différée ; elle n'est que remise. Nous
n'avons eu qu'une escarmouche. A
quand la vraie bataille?
Henri Michel.
TROP DE ZÈLE
Les radicaux-socialistes n'ont
pas le droit de défendre leur
programme. C'est la Petite Ré-
publique qui nous le signifie.
Pour avoir voulu que les répu-
blicains décidés à faire la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat
pussent se compter sur une motion, Hub-
bard se voit traité d'imprudent et de méri-
dional fougueux qui ne réfléchit pas.Quant
à nous tous, nour sommes des impatients,
des gens pressés. D'où il résulte qu'à
l'heure actuelle, personne n'est imprudent
ni trop pressé à la Petite République. L'op-
portunisme y aurait-il remplacé la Révolu-
tion?
Ce n'est pourtant pas notre parti qui a:
au cours de cette législature, posé la ques-
tion du divorce de l'Etat d'avec l'Eglise.
Si M. Combes n'avait déclaré, au Sénat,
alors que personne ne le lui demandait,
que ce divorce était prochain ; si M. de
Ptessensé n'avait lui même déposé une
proposition de loi tendant à la séparation,
il est bien certain que personne, à gauche,
n'aurait parlé, à propos des interpellations
sur la politique religieuse du gouverne-
ment, de la nécessité de faire cette réforme.
La question a donc été posée en dehors
de nous. Mais comme nous ne sommes pas
de ceux qui mettent leur drapeau dans la
poche, nous n'avons pas hésité à voter.
Est-cela qui fâche la Petite République, car
au fond des critiques qu'elle nous adresse,
il n'y a guère autre chose. Nous négli-
geons volontiers le reste. Hugues Destrem
y a d'ailleurs, hier matin, répondu à l'a-
vance.
Vraiment, si radicaux et radicaux-socia-
listes ne peuvent plus rien dire, qu'on nous
explique tout au moins pourquoi. Sur
quoi encore est basé ce reproche qu'on
adresse aux radicaux-socialistes de cher-
cher à rompre le bloc ? Ils ont été les pre-
miers à le demander et à le faire. Est ce
que leurs votes manquent au ministère ?
Mais c'est justement parce que le ministère
a promis d'appliquer les idées radicales et
radicales-socialistes que nous nous per-
mettons, chaque fois qu'il nous arrive
de constater qu'il n'en fait rien, de le rap-
peler à ses promesses et de lui indiquer les
exigences légitimes des républicains.
On peut dire ces choses sans avoir 1 in-
tention de diviser la majorité républicaine.
Dans cette majorité, nous ne connaissons
pas d'ennemis ; nous n'en connaissons pas
surtout à notre aile gauche. Nous l'avons
assez répété et assez prouvé pour qu'on soit
embarrassé de soutenir le contraire. Dès
lors, à quoi riment ces sottes accusations
lancées contre tout un parti, d'autant
qu'aucun de nous n'a jamais songé à pro-
céder de cette façon à l'égard de la tactique
des socialistes? Nous aurions eu beau jeu
peut être. Nous aurions pu, parfois aussi,
relever des défaillances. Nous avons préféré
nous taire, car nous ne pensons pas avoir
le droit de censurer des alliés avec qui
nous avons mené et mènerons toujours le
même combat pour la République.-Ch. B.
Dislocations du Miaistèrs Prussien
(De noWe correspondant particulier)
Borlin, 24 mai.
Dans le monde politique, on parlo d'un re-
maniement prochain et complet du ministère
prussien. M. von Podbiolsky, ministre de
l'agriculture, a dit lui même à des amis.
« Âpres la récolte des foin?, je vais me subti-
liser (verdufte ich). Le ministre du commerce,
M. Mceller, s'en ira aussi. Il y a encore deux
membres du cabinet, M. Scbœnsledt et M.
Studt, auxquels on cherche à persuader qu'ils,
sont fatigués, et Qu'ils OIiJ besoin. r/ym* .J
CAUSERIE PËDBGOGIQUE
Le Parlement et les instituteurs
Les traitements et l'avancement du
personnel enseignant. — Une com-
mission perplexe. — Les insti-
tuteurs et l'armée. — Pro-
messes flatteuses et réa-
lisation difficile. -
Généreux inspec-
teur.
Où en est. me demande t-ou, le projet de loi
qui doit, selon une promesse déjà vieille, amé-
liorer les traitements et l'avancoment- du per-
sonnel enseignant primaire? — Toujours à
l'étude, chers lecteurs. La commission du bud-
get qui sur ce sujet devait avoir terminé soty
travail à la fin mars, n'a pas encore pria une
résolution définitive. Elle est, on qo peut plus,
perplexe.
D'une part le ministre des finances déclare
qu'il ne peut souscrire au vote d'une loi aug-
mentant sensiblement les charges du budget et
le ministre de l'instruction publique se croit
obligé, par esprit de solidarité ministérielle,de
tenir le même langage ; d'autre part, le péril
primaire qu'il faut conjurer à tout prix oxige
un sacrifice d'argent énorme, tel qu'on a l'ha-
bitude d'en consentir seulement pour l'armée.
Pris entre la double nécessité et peut-être la
double intention de ne pas accroître outra me-
sure les dépenses de l'Etat et d'augmonter ce-
pendant d'une façon raisonnable les trop fai-
bles émoluments du personnel enseignant pri-
maire, la commission ne sait quelle décision
adopter. Ses hésitations, ses tergiversations
vont lui rare émettre probablement des propo-
sitions dérisoires, qui ne contenteront per-
sonne.
Sous prétexte d'être sage, elle se montre ti-
mide à l'excès et par moments presque hostile
vis-à-vis du corps enseignant primaire.
Autour du projet Chaumet
Elle ne veut pas du projet Chaumet parce
que ce projet est simplement l'adaptation de
celui que les instituteurs ont eux-mêmes éla-
boré dans leurs sociétés amicales.
Nous avons déjà exposé les grandes lignes
de ce projet. L'échelle des traitements, égaux
pour les instituteurs et les institutrices, part
de 1.200 (r.et s'élève jusqu'à 2.400.Le personnel
est réparti d'après ses années de service encinq
classes (les stagiaires rangés à part).
Les promotions ont lieu tous les cinq ans.Les
indemnités de logement et de résidence sont
les mêmes pour tous les titulaires.
Ce projet adopté, les injustices des classements
antérieurs seraient réparées en grande partie;
il y aurait à l'avenir plus de justice dans la ré-
trïbutiou des services rendus. Le relèvement
de la condition matérielle des maîtres et uial-
tressôs serait suftlaant; en tous cas il répondrait
anx desiderata, de ces derniers. Ce serait pour
le mieux.
S'il s'agissait des officiors, le Parlement ne
ferait POMlt de résistance. Il voterait tout ce
qu'on voudrait. Il nous a habitués à ce spec-
tacle depuis plus de 30 ans. Mais il n'est ques-
tion que des modestes fonctionnaires chargés
de faire l'éducation du peuple. Il n'y a pas à
se gêner ni à se presser avec eux t Voilà deux
JOQgues années que la question est posée, dis-
cutée, et au lieu de lélargir oa la restreint
chaque jour davantage.
Le Parlement ne veut pas que Marianne
délie trop facilement les cordons de sa bourse
pour les instituteurs.
Pourquoi ? Voici ce qui se dit. Certains dé-
putés affectent de voir, dans le projet des Ami-
cales d'instituteurs,qua tout le monde approuve
à cause de sa modération, une sorte d'ultima-
tum, irrecevable comme tel. Le mot a été dit
ot colporté.
Ainsi, le personnel enseignant primaire s'en-
tend accuser d'avoir eu l'impertinence d'indi-
quer le remède aux souffrances qui le font dé-
périr. Tout d'abord, ses déclarations ont été
accueillies très aimablement. On a même vanté
à ce propos son esprit pondéré. C'était l'épo-
que des flatteuses promesses! Le moment venu
de leur réalisation, on se prend à penser que
ce que l'on louait méritait d'être blAmé, que
ce qu'on trouvait bien était mauvais, que ce
qui était considéré comme ayant été fourni Ii
point pour éclairer nos législateurs était tout
à fait déplacé.
Franchement, un tel revirement d'opinion
n'est capable que de faire plaindre ceux chez
lesquels il se produit. Passons t
Un projet minimum
Pour certains autres, te projet des Amicales
est Un maximum, un idéal absolu, irréalisable
en ce moment.
Et les Amicales sont invitées à on présenter
un autre, qui serait le projet minimum, ap-
plicable tout de suite.
Naturellement, si les Amicales produisaient
un deuxième projet, on ne manquerait pas de
leur dire : « Mais vous n'y êtes point ! Vous
êtes encore trop exigeantes. Vous vous abusez
sur les ressources de l'Etat. Baissez, baissez de
nouveau vos prix.Abandonnez encore quelques-
unes de vos réclamations. »
Et sans doute ces remontrances nouvelles ne
manqueraient pas de justesse.
Comment voulez-vous, on effet, que les ins-
tituteurs puissent savoir exactement jusqu'à
quel point l'Etat peut consentir des sacrifices
pour eux sans décréter ni emprunts, ni aug-
mentations d'impôts?
Les députés ne le savent pas eux-mêmes,
j'entends les plus compétents et les mieux ren-
seignés 1 Faut-il donc désormais que ce soient
les intéressés qui donnent des « tuyaux » aux
législateurs ? Dans la circonstance, c'est ce
qu'on demande 1
Pas de transactions !
Mais admettons un instant que le marchan-
dage ait abouti et que par hasard les réduc-
tions proposées par les Amicales dans leur
second projet soit acceptées. Voyez ce que les
Amicales perdraient dans cette transaction :
elles seraient amenées à renoncer aux princi-
pes qui honorent et soutiennent comme une
force invincible leurs revendications.
Par exemple, l'admirable pétition qui a cir-
culé l'année passée dans le personnel ensei-
gnant et s'est couverte de signatures pour ré-
clamer l'égalité des traitements des instituteurs
et des institutrices de mêmes classes resterait
sans effet.
C'est cette réforme qu'on parle d'ajourner
tout d'abord. Les institutrices.qui ont le tort
de ne pas être électrices, continueraient à re-
cevoir des salaires inférieurs à ceux des insti-
tuteurs pour un travail identique comportant
les mêmes responsabilités.
Ce renoncement des Amicales à ce qu'il y a
de plus généreux et de plus juste dans leurs
revendicationsaffaiblirait considérablement leur
autorité morale.
Puis, l'abandon des principes ouvrirait la
porto aux idées les plus étranges, pour ne pas
dire les plus saugrenues. Il y en déjà une qui
mérite ce qualificatif parmi celles qui se sont
produites, en dehors des Amicales.
Un inspecteur primaire a exprimé l'avis quel-
que part d'enlever aux instituteurs et institu-
trices mariés ensemble le quart de leurs traite-
ments !
Les instituteurs en l'apprenant sont entrés
dans une sainte colère- Ceux de Paris, réunis
le 7 mai en vue de fonder une nouvelle société
« l'Emancipation », ont blâmê la proposition
At «nn ontAiir La oroDosi Hon est si baroaue
que je me demande si elle a été faite sérieuse-
ment. Elle émane plutôt, semble-t-il, d'un
joyeux pince-sans-rire, Il aa faut pas s'ea
émouvotr.
Pourtant si députés ot sénateurs attaient,eux
aussi, et de la même manière, se montror
pince sans-rirel Vraiment oseraient-ils? II y
a des amis de l'enseignement laïque qui le
craignent.
Veillons !
Armand DEPPER.
: .———— »
NOUVEL INCIDENT A NANTES
On nous assure qu'un incident semblable à
celui qui a valu au lieutenant de Leslapis 60
jours d'arrêts do forteresse, s'est produit à
Nantes quelques jours après, entre un autre of-
ficier do dragons, le lieutenant de Burgat, et
un commissaire de police auquel l'officier au-
rait refusé de prêter son concoure. Lo général
Grisot aurait puni te, lieutenant de Burgat do
30 jours d'arrêts de forteresse et le capitaine
de Villepin de 15 jours d'arrêts.
PAROLES DE SAGESSE
Aux Mille-Colonnes, devant un auditoire
exclusivement clérical, nos amis Victor Char-
bonnel et Henry Bérenger ont prononcé do
hautes et sages paroles.
Us ont expliqué le son& de la manifestation
d'Aubervilliers.
« Nous avons voulu, a dit Charbonnel, sou-
ligner d'un geste l'impuissance gouvernemen-
tale, nous avons voulu créer uo mouvement
qui calraiue la séparation des Eglhsos et de
l'Etat. »
Il n'a donc jamais été question d'organiser
le tumulte et de préparer des bagarres dans
les temples et dans les rues. Il était bon quo
les réactionnaires entendissent de leurs propres
oreilles ces affirmations que tours journaux ne
leur auraient pas rapportées.
Nous souhaitons que los paroles de Victor
Charbonnel soient méditées aussi parles libre..-
penseurs. Le plan des cléricaux est de faire
prendre les citoyens qui réclament l'exécution
des lois et qui prennent acte de l'inaction gou-
vernementale, pour des bandes brutales do
braillards et déporté-gourdins.
Delà, les provocations lancées, les violences
exercées-depuift quelques jours par les agents
du parti catholique.
, On essaie de faire retomber sur les républi-
cains le sang versé par les décerveleu rade l'an-
tisémitisme. -
Le bon sens de nos amis est trop sur pour
que nous ayons à les mettre en garde "contre
un piège si grossièrement dissimulé. Laissons
les démagogues de la contre-révolution allu-
mer des fusées, brandir des torches do résinei
tirer des coups de revolver et projeter des dé-
bris de ferraille. Il suffira d'une brigado de
gardiens de la paix ot d'une équipe de balayeurs
pour remettre tout en ordre.
Les libres-penseurs se réserveront pour l'ac-
tion méthodique, la seule utile parce qu'elle est
la seule vraiment énergique.
Voir à la 30 pagre
les Dernières Dépêches
cLo la nuii oi
la Revue des Journaux
du matin
LES ÉLECTIONS
Election sénatoriale de la Haute-
- Saône
Inscrits : - 866. — Volants : 864
MM, Signard, anc. sén-, rad 466 Elu.
Faohard, anc. député, oaLioo. 39a
Il s'agissait de remplacer M. Bontemps, sé-
nateur radical, décédé.
Election législative db Doubs
- - - - Arrondissement de Montbèliard
MM. Marc RÓvillc, radical 9.138 Elu.
Gaston Jappy, progressiste.. 6.349
(Manquent 14 communes).-
Election au conseil général
Ardennes — Canton de Voueiws
M. Martin, radical, est élu contre' M. de
Beaufort, nationalisle.
Autant d'élections, autant de victoires pour
lo bloc républicain.
LES NATION A LIS LE S TCHÈQUES
Dans notre numéro du 20 mai, oous avons
publié, avec los restrictions qui convenaient,
une dépêche de l'Agence Havas annonçant que
le préfet de la Seine, par une décision en date
du 3 mars dernier, avait fait don à la viile do
Prague de la collection complète des publica-
tions historiques de la Ville de Paris. Les jour
naux tchèques ajoutaient quo M. Deville avait
arrondi ce don de celui d'un exemplaire de
l'Atlas des vieux plans de Paris. Bien entendu
les feuilles bohèmes qui ont reproduit cette in-
formation n'ont pas manqué do relever que
c'est là une nouvelle preuve des « sympathies »
qui uniraient Paris et Prague.
Ce don serait sans autre importance s'il n'é-
tait fait que par les édiles nationalistes à leurs
confrères praguois. Ce serait même dans l'or-
dre. On connaît, en effet, — le Rappel l'a fort
heureusement montré cès derniers temps — le
lien qui n'a cessé de relier nos nationalistes
aux réactionnaires bohêmesçton n'ignore plus,
er. France, les odieuses invectives dont, pour
obliger leurs amis, les politiciens (chèques ot
leurs journaux ont assailli nos institutions et
nos ministres républicains. -- -
On peut s étonner, dans ces conditions, que
la préfecture de la Seine ait prêlé son autorité
à une démarche qui équivaut, on peut le dire,
à encourager les Tchèques dans l'inconvenante
campagne par eux monée contre notre gouver-
nement et par laquelle ils ont estimé devoir
documenter leurs prétendues « sympathies ».
Avant de-se risquer à octroyer aux Bohêmos
comme une sorte de satisfecit pour leur in-
croyable altitude envers nos pouvoirs publics
il eût été sage que la préfecture (jonl la
bonne foi ne saurait être suspectée), se ronsci-
gnât auprès do qui de droit, c'est-à-dire au-
près de M. Delcassé, sur l'opporturtilé du ca-
deau dont il s'agit. Il y a lieu de supposer,
en effet, qu'on doit être au courant, au quai
d'Orsay, des inqualifiables attaques dont l'opi -
nion tchèque a retenti contre MM. Combes et
Watdeck Rousseau et que, dès lors, on y eût
déconseillé une démarche que rien absolument
ne justifie.
i ■ ii
L'EX-FIANCÉE" DE MARCONI
(De notre correspondant Darticulierl
Budapest, 24 mai.
L'ex-fiancée de Marconi, qui était devenue
depuis comtesse de Bors3, a demandé le divorce.
Elle se prépare à quitter Budapest et à rentrer
en Amérique, où elle reprendra son nom de
jenne fille, Miss Holmann. On dit qu'elle re-
grette beaucoup d'avoir rompu ses fiançailles
avec Marconi et qu'elle espôre ÔKo unie un
tour à inventeur»
LES CONGREGATIONS
Les opérations du Crédit Foncier. -
Contre les cléricaux. - La mani-
festation du « Sillon M — Regard
en arrière. — Les bagarres.
- A Belleville. — En
province.
L'Agence Havas nous communique la note lui.
vante :
On fait circuler, depuis, quelques jours, dos
informations tout à fait erronées concernant
les opérations hypothécaires du Crédit Foncier
avec les congrégations. Le Crédit Foncier n'a
prêté qu'à des congrégations autorisées, mu-
nies d'un decrot spécial du Consei: d'Etat ap-,
prouvant le dit prêt.
Quant aux t-rêls faits aux sociétés civiles, ils
n'Dnt été faits qu'à des sociétés régulièrement
constituées avec toutes les garanties détermi-
ries par la loi et aucun de ces prêts n'a été
effectué non seulement depuis la promulgation
de la loi do 1901, mais même depuis la mise à
l'ordre du jour dû la discussion du rapport de
cette loi. Ajoutons enfin que ia légitimité
d'aucun de ces prêts n'est contestée.
LE MOUVEMENT ANTICLÉRICAL'
La soirée du a Sillon »
Nous avons rendu compte, hier, du raeoling
organisé aux Mille-Colonnes par le a Sillon »
et dos différents incidents qui se sont produit?,
avant, pendant et après la réunion.
Toutefois, il n'est pas inutile de revenir sur
certains points, notamment sur les bagarre"
qui ont éclaté un peu partout dans le 13* at
rondissement, et autour du siège du « Sillon r
A la sortie du meeting des Mille-Colonnes, les
cléricaux et les anticléricaux se sont rencontrés
à l'angle du boulevard Edgar Quinet, el se sont
précipités les uns sur les autres. Le spectacle
est affreux à voir :
Des hommes roulent à terre assommés 4
coups de canne. Les agents chargent. Qualra
d'entre eux tombent et sont transportés à rhô.
pital Broussais. La mêlée est sauvage. M. Bou-
vier, commissaire divisionnaire, fnppé à la
têle, tombe. Ses agents le reconduisent à son
domicile, en voiture. MM. Guillaume et Mar-
tin, officiers do paix, font le coup de poing
avec les manifestants. Ils sont à leur tour griè-
vement blessés.
Finalement, les belligérants se retiroot. Le
lioù du combat est jonché de cannes et de
chapeaux et oa y découvre des traces de sang.
La lutte n'est pourtant pas terminée.
Les anticléricaux se rendent, ainsi que nous
l'arons dit hier, boulevard aaspait' à t'angto
do ta rue do Sèvres. Ils attendent l'arrivée des
farouches défenseurs du cléricalisme et des
amis de M. Marc Sangnier, Bientôt le combat
recommence, acharné, sans merci. On se dis-
pute le terrain vague. Des catholiques, qui ar-
rivent en voiture, brandissent des revolvers.
Plusieurs coups de feu sont tirés.
Voici, réduit à ses proportions exactes, Tm-
cident des coups de' revolver. Un ancien offi-
cier de cavalerie, M. Olivier d'Etchegoyen.
passait en voiture à l'angle de la rue Cboinei
et du boulevard Raspail, en compagnie de trois
de ses amis, MM. Monlazel, de Boisé et Max
Régis, pour se rendre à la réunion du SiUon.
Quand la voiture passa au milieu des anticléri-
caux. dos cris retentirent. M. d'Elchegoyen
prit pour et tira deux coups de revolver. D'ail-
leurs, voici dans quels termes l'auteur de l'in-
cident le raconte lui-même :
— Au moment où les deux flacres, dans lesquels
nous avions pris place avec quelques amis, arri-
vaient à quelques mètres de l'immeuble du Sillon,
nous fûmes assartlis par une cinquantaine d'éner-
gumènes. M. Montazel était particulièrem
plusieurs iadividus essayer do le frapper à coups
de couteau et do canne à épée. C'est à ce moment
que, croyaut la vie de mon ami en danger et me
voyant moi-même attaqué do toutes parts, je fis
usago do mon revolver — un revolver d'ordon-
nance — ot tirai en l'air doux coups de mon
arme.
M. (retchegoyon a été remis en liberté
hier malin. Il sera probablement poursuivr.
Un journaliste blessé
Après l'incident des coups de revolver.
l'émotion fut à son comble dans los deux
camps. Les anticléricaux se massèrent à l'an-
gle de la rue d'OJessa et du boulovard Raspail
et organisèrent un véritable barrage. Le Jour-
nal des Débats raconte l'incident suivant,
qui, selon lui, se serait produit à cot en-
droit :
C'est.. ce barrage qu'un de nos collaborateurs,
que nous avions envoyé à la réunion du « Sillon »,
a été appréhendé. Assailli d'abord par -quelques
voyous, il parvint à les calmisr. Puis, ainsi qu'au-
rait fait un véritable service d'ordre organisé pat-
la police elle-même, ou exigea qu'il montr' des
pièces justifiant de sa qualité de journaliste et
qu'il était bien là par devoir professionnel, 4insi
qu'il le disait.
Notre collaborateur so prêta à toutes les exigen-
ces et sortit son coupe-file.
— C'est le Journal des Débats, cria très l aut
un homme d'une quarantaine d'années.
— Los Débats, répondit une autre voix, Charbon-
nel a dit quo c'était de la calotte ; n'en faut pas.
Ce fut comme un signal.
Un coup do canne, puis deux, puis trois, vinrent
s'abattre sur la tête do notre collaborateur, faisant
jaillir lo sang jusque sur son coupe-flle qu'il te-
nait à la main.
Quelques coups de piei lui furent lancés .dans
l'abdomeu ; heureusement, ils portèrent à fau.N'o-
tre collaborateur se dégagea péniblement et put se
sauver chez un marchand de vin qui fait l'angle
de la rue d'Odessa et du boulevard Edgnr-Quiuat.
Mais là il trouvait un accueil pou hospitalier. La ;
lenancièro do rétablissement ordonna à son gar-
çon do salle do le faire sorli, Notre collaborateur,
rnisselant do sang, dut so défendre , afin de no pas
tombor entre los mains do la bande -qui le pour-
suivait. il fut enfin protégé par uu étudiant en
pharmacie, M. Louis Loidrcau, qui, quelques ins-
tants après, parvenait à le conduire à la phar-
macie Bouilly, place do Rennes.
Le bilan
Voici exactement les noms dos officiers. d3
police et agents qui ont été atteints, avec L'a
nature de leurs blessures :
MM. Bouvier, commissaire divisionnaire : coup-
de-poing americaiu derrière la tôte, alité; Guil-
laume, oftlcier de paix de la 4' réserve : blessé à la
tate par des boulons do fonte, contusions multi-
ples, alité ; Martin, inspecteur principal de la 4f ri>
serve : contusions multiples, alite ; Charles Beau-
douin : blessure par boutons de foute, coup de
poing sur la figure ; Bebon : coup de qaune plom-
bée à la têto, contusions, très grièvement blessé,
porté, comme nous l'avons dit plus haut, il l'hôpi-
tal Broussais; llurabert Brun : coutusions, plaies
sur lo corps ; Dcvfes, sous-brigadier; Niooi, Frus-
tiu, Gormot, W/lltop, Gilbert Guillaumin, blessés
plus ou moins grièvement.
A Saint-Jean-Baptiste de BalleviHo
En prévision do la manifestation qui avait
lieuau Pèrc-Lachaise ot à la suite de la nota
tendancieuse parue samedi soir, dans la Pressa,
Ln service d'ordre avait été organisé — très
discrètement — par les soins do l'olficicr de
paix du 19', M. Gaulior.
La journéo a été très calme, pas un mot, pas
un cri, il est vrai d'ajouter, que, dans un es-
prit do conciliation, le curé de Belleville, l'abbé
Sara, avait décidé de terminer les ofliccs dès
midi l'église fut donc fermée à cette heure et
la journée s'est lormiuéo sans amoner aucun
incident.
EN NORMANDIE
(De notre correspondant tpéeiali
Evreux, 24 mai.
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