Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 25 mai 1903 25 mai 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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'CINO-:'C.EN'T.IMES le Numéro; PARIS & DÉPARTEMENTS Numéro; 'CINQ ÇENTIME8
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N° 12127. — Lundi 25 Mai 1903
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Nous commencerons demain en feuilleton
de la 5e page :
Les Femmes de demain
CRAND BOMAN INÉDIT
par CÉCILE CASSOT
Nos lecteurs ont déjà eu la primeur de
.plusieurs des œuvres de Cécile Cassot, ils
savent combien cet auteur excelle à combiner
à travers de nombreuses péripéties une ac-
tion rapide, dramatique et touchante. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée,
LES FEMMES DE DEMAIN
auront un très gros succès d'émotion et
d'intérêt.
NOS LEADERS
Lt i înjïïîii
Le Temps nous reproche notre appé-
tit — ou « nos appétits.) — avec une
mauvaise humeur intransigeante de
buveur d'eau et de rongeur de racines.
Il gémit de voir les radicaux et les radi-
caux-socialistes <. se marcher sur les
pieds, se bousculer et se renverser pour
arriver plus vite au gâteau». Le « gâ-
teau » : c'est à dire le pouvoir. Entre
parenthèses, si le pouvoir est un gâ-
teau, les ascètes du Temps doivent bien
se reprocher d'avoir, pendant vingt-
cinq années non interrompues, monté
la garde autour du plat. En poursui-
vant la métaphore désobligeante de
notre confrère modéré, nous serions en
droit de dire que notre gourmandise
est de date plus récente que la sienne.
On a assez reproché au parti radical-
socialiste son goût pour l'opposition.
Il est encore trop tôt pour le repren-
dre d'accepter le gouvernement.
: Le Temps reproduit mon filet d'hier,
intitulé : Inégalité de traitement. Il m'a
l'air d'en interpréter le sens d'une façon
* Un peu singulière. Un grand journal
doctrinaire devrait être moins facile-
ment désemparé par le feu de la discus-
sion ; il ne devrait aussi s'effarer — ou
faire semblant de s'effarer — qu'à bon
escient.
J'ai parlé des démarches des députés
dans les ministères ; le Temps semble
surpris, et je m'étonne de son étonne-
ment. Ignore-t-il que les députés ont
charge de sauvegarder les intérêts de
leurs électeurs ? Ignore-t-il que les élus
sont astreints à apostiller des lettres, à
signer des recommandations ? Ignore-
t-il que l'intervention du député seule
peut atténuer les perpétuels froisse-
ments entre l'administration et les ad-
ministrés ?
En tout cas, cette ignorance n'est
partagée par personne à la Chambre,
et il n'est pas d'honorable, fût-il de
l'opposition la plus ardente, qui n'ait à
stationner, un jour ou l'autre, dans
les couloirs des ministères.
Or, pour en revenir à ce que j'écri-
vais hier, des députés radicaux-socia-
listes se sont aperçus que leurs élec-
teurs souffraient indirectement de la
négligence affectée par certains mem-
bres du gouvernement à l'égard des
éléments les plus fidèles et les plus so-
lides de la majorité républicaine. Voyez-
vous la situation d'un député radical,
sollicité d'aposliller une demande pré-
sentée par un de ses amis, et qui est
forcé do dire à cet électeur : « Tâchez
donc d'obtenir la signature d'un mem-
bre du groupe collectiviste, car son pa-
raphe vous sera plus utile que le mien » 1
Franchement, nous ne saurions con-
seiller à noscompagnons delutte d'adop-
ter une attitude si humiliée.
Maintenant, pourquoi le gouverne-
ment réserve-t-il tous ses sourires pour
les collectivistes? C'est que leur appui
n'est pas assuré au gouvernement d'une
façon aussi ferme que celui des radi-
caux. Quand un ministre monte à la
tribune:
— Oh ! se dit-il, l'important est que
je fasse plaisir à Jaurès ; les radicaux
me soutiendront toujours.
En somme, il n'a pas tort, cet homme !
Par des motifs analogues, on nous a
promis la séparation des Eglises et de
l'Etat, et on ne nous la donne pas.
Alors, le Temps découvre que les
radicaux-socialistes no sont pas con-
tents. Belle découverte, qui demandait
du flair et de l'ingéniosité. Eh bien,
non, les radicaux- socialistes ne sont
pas contents. Après ?
Après? Le torchon brûle ! s'écrie le
journal méliniste et il s'enivre de ce
parfum de linge roussi. Evidemment, il
se figure que les scènes de ménage vont
se multiplier, que les coups de manche
à balai vont pleuvoir, que nous allons
donne? un spectacle scandaleux et pré-
parer involontairement l'arrivée au
pouvoir d'un cabinet centre-gaucher.
- Va-t-en voir s'ils viennent, Jean ! Le
bloc est encore sans fissure. Nous disons
franchement, comme nous l'avons tou-
jours fait, notre façon de penser aux
collectivistes. Mais nous n'avons jamais
prétendu les exclure do la majorité.
Combien de fois faudra-t-il répéter que
nous n'avons pas d'ennemis à gauche ?
Pourquoi repousserions-nous le con-
cours des socialistes ? Il font la même
politique que nous et, peu à" peu, leur
doctrine, leur méthode prennent la
même physionomie aue les nôtres.
Libre aux modérés d'ergoter sur dix
lignes tracées, sans pensée de derrière
la tête, par l'un d'entre nous. Seule-
ment — avant de notis présenter comme
des énergumènes prêts à bouleverser la
discipline du parti républicain — qu'ils
daignent consulter la collection du
Journal officiel.
Quand les voix de nos amis du Par-
lement ont-elles fait défaut au minis-
tère ? Quand son existence a-t-elle été
mise en danger par les radicaux?
Avons-nous jamais failli aux principes
démocratiques pour jouer un bon tour
au gouvernement?
Les radicaux-socialistes parlent avec
loyauté et votent avec loyalisme. On
s'en rendra compte quand viendront en
discussion les projets sur les congréga-
tions de femmes; on s'en rendra compte
le jour où M. Combes, se refusant à
renouveler son erreur de mercredi
dernier, posera devant la Chambre la
pressante question de la dénonciation
du Concordat.
D'ailleurs, que les modérés préfèrent
croire que nous pelons des pêches sur
le chemin de M. Combes, peu nous
chaut. Nous les prévenons, sans plus,
qu'à s'entêter ils dépensent inutilement
leur Temps.
Hugues Destreln.
ALLIANCE IMPROBABLE
Le prince Henri de Prusse
va être l'hôte du roi d'Espagne ;
il sera logé au palais royal de
Madrid ; le prince Henri est,
comme on sait, amiral, et il
amène à Vigo une escadre alle-
mande.
A cette occasion, un correspondant du
journal El Globo dit que le prince invitera
lé roi d'Espagne à visitér les cuirassés al-
lemands. Cette invitation n'a rien qui nous
surprenne ; mais le même correspondant
nous paraît aller un peu vite quand il émet
l'opinion « qu'il serait question d'établir
une alliance hispano-allemande. »
On ne voit pas très bien quels intérêts
pousseraient l'Espagne à se donner l'Alle-
magne pour tutrice; l'Espagne ne pourrait
gagner au marché que la satisfaction de
dresser une armée pour le service de la
presque défunte triplé alliance; et dans
quel but ? Sur quel terrain l'Espagne trou-
verait-elle une compensation à des dépen-
ses dont l'Italie, pour ne citer qu'un exem-
pie, sait le poids ?
Ce ballon d'essai nous parait donc facile
à Clever; c'est une simple bulle de savon.
Le prince de Prusse ne pêchera pas plus
à Vigo l'alliance espagnole, que d'autres
navigateurs n'y ont péché les célèbres ga-
lions qui s'honorent d'être, eux aussi, de
Vigo, mais qui savent très poliment se dé-
rober auy sollicitations de leurs visiteurs.
C'est, du reste, ce que laisse entendre
une dépêche espagnole qui dit : « Dans les
cercles officieux, on dément que le roi doive
aller à Vigo. )) Il ira d'autant moins qu'il
n'éprouvera pas le besoin de donner con-
sistance à des bruits de la nature de celui
qu'enregistre le correspondant d'El Globo.
- Ch. B.
LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE
M. Charles Bos a reçu l'intéressante lettre sui-
vante
18 mai 1903.
Cher citoyen, les insurgés do la Commune,
comme les insurgés du Deux-Décembre, vou-
lurent défendre la République menacée. A
ceux ci, aux condamnés ayant atteint un âge
avancé, une ponsion de retraite, en vertu d'une
loi, fut allouée.
Pourquoi les républicains ne voteraient-ils
pas une autre loi faisant bénéficier ceux-là do
la même équité? Pour certains, cette loi, ce
serait la conquête de la possibilité de vivre, eux
et leur famille.
Qu'en pensez-vous? J'envoie le même billet
à plusieurs députés et conseillers municipaux.
Poignée de main cordiale.
Henri BRISSAC.
UNE REVANCHE
Les électeurs sénatoriaux républicains de la
Hauto-Saône ont une revanche à prendre, et
tout fait présager qu'ils la prendront.
Le nationalisme a causé dans ce département,
il y a quatre ans, des ravages qui, heureuse-
ment, ne sont pas irréparables. Une première
fois, lors des élections législatives, les républi-
cains ont repris le dessus. Ils ont envoyé à la
Chambre René Renoult, Jeanneney et Peureux,
et l'on peut supposer que, lors des prochaines
élections sénatoriales, ils renverront à ses
chères éludes lo candidat de toutes les réac-
tions.
Par suite du décès du docteur Bontemps, un
siège sénatorial est en effet vacant. Deux can-
didats sont en présence: M. Pachard, ancien
député nationaliste et M. Signard, maire de
Gray, ancien sénateur, président du conseil
général.
- Tous nos vœux accompagnent, dans sa cam-
pagno, M. Signard. C'est un républicain de la
première heure, ferme dans ses convictions, et
résolu daus. ses actes. Il a succombé, la der-
nière fois, sous la coalition des bonapartistes,
des royalistes et des cléricaux. Aujourd'hui
que les mensonges accumulés par des adver-
saires implacables et prêts à tout se sont dissi-
pés comme une vaine fumée, et que les calom-
nies entassées s'effondrent sous le mépris des
honnêtes gens, M. Signard n'aura pas de peino
à triompher.
Les électeurs sénatoriaux de la Haute-Saône
convoqués pour aujourd'hui sauront faire leur
devoir. Ils rendront à notre ami, M. Signard,
le siègo qui ne lui a été enlevé que par les au-
dacieuses manoeuvres d'ennemis déloyaux. —
I. Armbruster.
"■ »
LES CARLISTES
(De noire correspondant particulier)
Madrid, 23 mai. 1
La nuit passée, un pétard a éclaté devant la
porte du cercle carliste, à Pampelune, On croit
que cette manifestation est l'oeuvre d'un ngent
provocateur ,les soi-disanttraditionnisteséprou-
vant le bosoin do se rendre intéressants. Ils
ont tout récemment essuyé un échoc formida-
ble au conseil municipal, où ils* ont combattu
en vain lo projet de donner à plusieurs rues
les noms des pçrsooijes fusillées par les car-
listes, - -..J:"
EN BOHEME,
LE TRUQUAGE TCHEQUE
Nationalistes français et politiciens de
Bohême. — Les « Droits histori-
ques ». — Le mouvement panger-
maniste en Autriche.— Le se-
cret d'une évolution. — Les
fraternisations franco bo-
hèmes, —La France et
les revendications tchè-
ques.
(De notre envoyé spécial en Autriche).
Vienne, 22 mai.
Après conclusion du Cartel d'intérêt entre
nos nationalistes et les politiciens de Bohême,
dont il a été parlé au Rappel du 22 avril der-
niers, les Tchèques (tout en calomniant le
gouvernement républicain), se sont laborieuse-
ment appliqués à duper notre opinion en s'es-
sayant à lui démontrer que l'intérêt primor-
dial de la Franco exige que celle-ci soutienne,
moralement sinon positivement, les « revendi-
cations » qu'ils opposent au gouvernement
austro-hongrois centralisaleur. La reconnais-
sance de ces C( l'cvùndications », qui consistent
notamment dans la réintégration de la Bo-
hême actuelle dans ce que les Tchèques dénom-
ment les « Droits historiques » de l'ancien
royaume de Saint-Venceslas (autonomie à
l'égard de Vienne, reconstitution d'une grande
Bohême par absorption de la Moravie et de la
Silésie, octroi du caractère légal à l'idiome
tchèque), cette reconnaissance, dis-je, consti-
tuerait, du moment où le gouvernement vien-
nois aurait capitulé devant ceux qui la recher-
chent, un proftti(w fwts vers la « fédéralisation »
de l'Autriche.
Or -- et c'est ce quo nos tchécophiles se re-
fusent à reconnaître — ce premier pas aurait
pour corollaire assuré do jeter dans les bras
de Guillaume II environ 1 millions d'Alle-
mands autrichiens (pangermanistes, populis-
tes, libéraux, voire chrétiens-sociaux) qui ai-
meront mieux se fondre dans l'empire alle-
mand que se résoudre à un rôle effacé dans
une Autriche fédérale où les Slaves tout-
puissants domineraient. C'est co que semblent
ne pas discerner les nationalistes de France
qui se sont, jusqu'à ce jour, et avec une com-
plaisance particulière, occupés, au profit des
Tchèques, des querelles do race on Autriche-
Hongrio. Ils ont affecté de ne percevoir dans lo
mouvement pangermaniste en Autriche qu'uno
causé : la tendance de certains mégalomanes
germaniques à rallier autour de l'aigle du
Hohenzollern tout ce qui, à quelquo titre, se
réclame de la race ou de l'esprit teutons. Il
s'en faut que cette inlerprétaliou s'applique
adéquatement à la Cisleithanie. En Cisleilha-
nie, le pangermanisme n'est pas, à lui-même,
sa propre cause. Il est, au contraire, une résul-
tante: la résultante des efforts faits par l'élé-
ment slave autrichien pour slaviser, à la faveur
du fameux « principe fédéraliste », fa monar-
chia purement germanique des Habzbourg.
La propagande pangermaine
Il ressort do ce fait, évident même pour
l'observateur lo plus superficiel, que, seconder
le mouvement slave en Autriche équivaut, pour
nous, à encourager dans ce pays, et par rico-
chet, la propagande pangermaine; il on res-
sort encore que les Allemands autrichiens,
jusqu'à ce jour loyalistes, se laissent d'autant
plus aller sur la penle qui mène à Berlin, que
los Tchèques leur clament plus fort qu'ils ont
la Franco derrière eux et qu'elle les aidera à
conquérir, au détriment do l'élément germain,
l'autonomie qu'ils convoitent.
On saisit par là — sans s'égarer en de pro-
fonds distinguo — combien » fausse, et pour
ainsi dire à contre-vapeur, serait la politique
que les nationalistes voudraient voir suivre à
la Franco dans ce qu'ils appellent la « question
tchèque» ! Plus nous nous donnorerons chez
nous, même la simple apparence, d'appuyer
les espoirs, plus ou moins juslifiés, des Slaves
cisleithans, plus nous enverrons d'eau au mou-
lin de MM. Hasse et Schonerer. C'est un choc
on retour inévitable : il faudrait être frappé
de cécité pour ne le point voir.
Raisonnement logique
— «Les Tchèques, raisonnent les Allemands
d'Autriche, vont, pour faire triompher leur « cau-
se », quérir du secours en France ; pourquoi n'en
ferions-nous pas autant chez nos cousins de l'Em-
pire ? Les Slaves, nos inférieurs au point do vue
cultural, entendent nous dépouiller des avantages
dont le facteur germanique a de tout temps béné-
ficié dans la monarchie autrichienne ; pour ce, ils
déploient le spectre d'une France amie. Eh bien !
Pour sauver la situation, menaçante pour nous,
nous deviendrons, s'il lo faut, pangermanistes.
Similia similibus ! a -
Voilà le secret de l'évolution qui s'accomplit
peu à peu chez les Allemands loyalistes d'Au-
triche et qui les mène insensiblement à l'idée
pangermaine. La propagande des pangerma-
nistes s'est développée ici précisément à dater
du jour où les politiciens tchèques ont mis
flamberge3 au vent et sonné la fanfare des
« fraternisations » franco-bohêmes. C'est une
trop éloquente coïncidence 1
Aussi, sans cesser d'obserrer très exactement
et très fermement ce qui se passe dans ce pays,
conviendrait-il à nos « patriotes » de témoigner
d'un peu do bon sens et de ne point fournir,
par d'intempestives « manifestations da sym-
pathie » envers les Slaves bohémiens, un ali-
ment à la campagne anti-autrichienne des
agents pangermains, dont on avance ainsi les
affaires. C'est, en effet, donner maladroitement
à cette campagne un prétexte do légitime dé-
fense, c'est lui assurer gratuitement une excuse
d'équilibre nécessaire à maintenir, que de pous-
ser à la roue des « revendications » tchèques,
lesquelles, au point de vue d'une politique
vraiment réaliste, ne devraient pas plus nous
préoccuper que ne nous préoccupent, par exem-
ple, les desiderata plus ou moins fondés du
catalanisme.
La « question tchèque », comme la catalane,
est d'ordre interne aux Etats autrichien et es-
pagnol. Elles ne regardent aucunement leurs
voisins médiats ou immédiats.
Le rôle de la France
La Franco veut vivre en paix avec la cour
de Vienne. Il ne convient pas, dès lors, qu'elle
se mêle d'une querelle de ménage et que, pre-
nant parti inconsidérément pour l'un des liti-
gants contre son adversaire, elle risque de
précipiter la dangereuse intervention du Ho-
henzollern, qu'il importe justement de tenir
écarté. La Franco, en tant quo personne inter-
nationale, no connait que l'Austro-Hongrie ;
peu lui importe, en fait, la Bohême et ses « re-
vendications ». L'Irlande et tant d'autres ont
également les leurs. Voit-on certains organes
de la presse parisienne en faire si grand
état?.
Et-pourtant nos nationalistes s'emploient
avec chaleur à convaincre l'opinion française
que notre pays aurait tout à gagner à soute-
nir le « droit d'Etat » de la Bohême : tout à
gagner, en effet, y compris la brouille avec le
cabinet de Vienne et les scabreuses interven-
tions du pangermauisme 1 Les Tchèques, je l'ai
déjà dit, ne négligent rieu, do leur côté, pour
faire accroire quo le sort de la France est in-
dissolublement lié à celui do leur pays et quo
l'Allemagno serait, eo facto, jugulée,le jour où,
par nos bons offices, resplendirait, revornio,
l'antique autonomie bohème ! Prochainement,
je m'efforcerai do montrer comment les Tchè-
Jjues s'y soflt J?r]si!pr jra voilier.» surce^oinU
l'esprit do notre public; pour lui faire admet-
tre, comme un dogme, que la « cause » du
slavisme, eu Autriche, serait sœur de la
nôtre.
Un fuit, en tout cas, est d'ores et déjà paIent,
c'est que la France n'a quo faire de s'ériger en
chevalier servant d'un couple de politiciens
thèques. On voudrait arrêter l'Allemagne en
des projets plus ou moins précis d'expansion ?
Très bien. Mais sous prétexte d'entraver le
choval, il ne faudrait pas l'emballer ! Sous pré-
texte de sauvegarder l'intégrité de l'Autriche,
il ne faudrait pas ouvrir la lice au danger qui
la guette! — M. 0.
Voir à la 3e page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du -- matin -
LA PRESSE ÉTRANGÈRE
On mo permettra, je l'espère, de revenir en
quelques mots sur le bref compte rendu quo le
Jtappel a donné, hier, du banquet du Syndicat
de la Presse étrangère.
Jo tins à dire, d'abord, que si le grand
honneur m'est échu do représenter à ce ban-
quet le comité général des Associations de la
Presse française, cola est venu uniquement du
deuil cruel qui a frappé tout récemment l'ho-
noré président du comité général, M. Jean
Dupuy.
M. Jean Dupuy avait accepté l'invitation du
Syndicat de la Presse étrangère ; il avait for-
mellement promis d'assister en personne au
banquet: il n'a fallu rien moins que le dou-
loureux événement auquel je viens de faire
allusion pour l'empêcher de tenir sa pro-
messe.
Il eût vivement désiré, je puis le dire, appor-
ter lui-même aux journalistes étrangers rési-
dant à Paris et réunis en Syndicat, le salut
cordial et fraternel des Associations de la
Presse française.
Au surplus, ce qu'il eût dit s'il avait pu
assister au banquet a été dit, en excellents ter-
mob, non par moi, certes! mais par M. d'Es-
tournelles de Constant, député do la Sartho,
qui avait répondu à l'invitation du Syndicat
do la presse étrangère.
Répondant au salut que lui avait adressé
notre confrère italien, M. Caponi, président du
Syndicat, M. d'Estournelles do Constant a dé-
veloppé en deux ou trois phrases nettes et pré-
cises l'idée do cette féconde politique de la paix,
qui doit être de plus en plus la politique des
nations, et que, de plus on plus, le vœu una-
nime des peuples impose à la volonté des chefs
d'Etat. Il a salué dans les journalistes les
agents les plus actifs, les plus utiles de ces
réconciliations internationales d'où doit sortir,
un jour, la fraternité universelle.
La parole autorisée et éloquente do M. d'Es-
tournelles de Constant a été couverte d'unani-
mes applaudissements. Nul doute que M. Dard,
attaché au cabinet du ministre des affaires
étrangères, par qui M. Delcassé avait bien
voulu so faire représenter à ce banquet, n'ait
été frappé de cette entente cordiale d'hommes
do nationalités si diverses et que tant de sou-
venirs pourraient séparer encore. Mais les sou-
venirs s'effacent ; ils appartiennent au passé ;
c'est-à-dire à la mort. La vie nous réclamo,
nous veut tout entiers; et c'est à peine si, dans
notre marcho vers l'avenir, nous pouvons
encore, pieusement émus, tourner nos regards
en arrière,vers les mornes champs do bataille
que la haine a dévastés hier. Hier appartenait
à la haine ; demain, s'appello : amour, -
L. Victor-Meunier.
LE PRÉSIDENT STEIJNPRÉTERAIT SERMENT ?
LE PRÉSIDENT STEIJN PRÊTERAIT SERMENT ?
(De notre correspondant particulier
La Haye, 23 mai.
Le bruit court que M. Steijn, l'ancien prési-
dent de l'Etat libre d'Orange, a l'intention de
prêter le serment de fidélité à l'Angleterre et
de rentrer dans l'Elat d'Orange.
UNE VIRAGO ANTISÉMITE
IDe noire correspondant particulier
Bucarest, 23 mai.
Dans le département do Putna, Mlle Titza
Pnveloscu, ancienne couturière, devenue rédac-
trice d'un journal antisémite, prêche la croi-
sade contre les juifs, en se transportant d'une
commune à l'autre. Une vive agitation règne
parmi les paysans et l'on croit que des mas-
sacres semblables à ceux de Kischincff sont im-
minents. Le préfet a télégraphié au gouverne-
ment pour lui signaler la gravité de la situa-
tion.
LA CHARRUE ET L'AUTOMOBILE
fDe notre correspondant particulierl
New-York, 23 mai.
* Un incendie de prairie s'étant déclaré à East
Aschlabula, dans l'Ohio, les propriétaires ont
voulu sauver leurs prés en y faisant passer le
soc do la charrue, de façon à arrêter la pro-
pagation du feu. Ils étaient vivement embar-
rassés par l'absence des chovaux nécessaires.
Heureusement, un invité était venu avec son
automobile.On y attacha l'instrument aratoire.
En quelques minutes, plusieurs longs sillons
furent creusés, le feu ne put so propager et les
prés furent sauvés.
- , ————————————
LES BANDITS DE PARIS
Cambrioleurs surpris. — A coups de
revolver. — La foule se fâche.
Trois garnements d'une vingtaine d'années
entraient dans l'établissement de M. Justin
Lalo, charbonnier-restaurateur, 50, rue Boinod,
à Montmartre, et se faisaient servir un copieux
déjeuner. Demeurés un instant seuls, M. Lalo
s'étant absenté pour une livraison dans le voi-
sinage et sa fommo étant descendue à la cave,
les clients en profitaient pour fracturer le ti-
roir-caisse et s'emparer de la recette.
Mise on éveil par leurs allures suspectes, Mme
Lalo remontait, à point nommé pour remar-
quer leur manège. Les bandits prirent la fuite,
pourchassés par une foulo do plus en plus nom
breuse. A l'angle des rues Flocon et Ramey,
se sentant serrés de près, les fuyards se retour-
nèrent et firent feu à 18 reprises sur ceux qui
les poursuivaient; ils blessèrent ainsi trois
personnes : M. Thiébault, 31 ans, brasseur, de-
meurant 141, rue Ordener, atteint au bras gau-
che ; un enfant do 10 ans, atteint à la cuisse
gauche par une seconde balle, et un marchand
de journaux, M. Paul Mangé, 36 ans, qui se
fracturait le crâne contre lo trolloir, en tom-
bant à la renverse.
Pendant que l'on s'occupait des blessés, les
bandils reprenaient leur course, frappant à
coups de crosse do revolver les personnes qui
tentaient do s'opposer à leur passage. La foule
cependant, de plus en plus houleuse et mena-
çante, se rua à l'envi sur eux, le3 frappa, les
traîna à terre. Ils eussent été littéralement
écharpés, sans l'intervention d'agents qui s'em-
parèrent d'eux et les traînèrent, pantelants,
meurtris, au commissariat de Clignancourt.
Après un interrogatoire, au cours duquel ils
ont donné un état-civil des plus fantaisistes,
Jt&US trois ont été ensovés au Dçi$t. ';,",>
A LA CAMPAGNE
Le maïs fourrage
Une loi de solidarité. — La production
fourragère. — Une plante précieuse.
- Nécessité d'une forte fumure.
- La préparation du sol. — Quand
faut-il semer? — Soins à don-
ner à la culture du maïs.
Tels fourrages, tels bestiaux, telles récoltes,
dit-on. Ceci est, en quelquo sorte, la loi de
solidarité qui doit être la règle do toute ex-
ploitation agricole bien tenue.
Une abondante production fourragère est le
point de départ de la prospérité d'une ferme ;
elle est la base indispensable à toute culture
intensive.
Dans notre pays, avec un climat dans lequel
la chaleur et l'humidité se tempèrent l'une par
l'autre, il est assez facile d'établir des assole-
ments avec production régulière de fourrage,
sauf cependant pour la région méridionale.
Partout ailleurs, nous sommes à peu près
assurés do pouvoir entretenir un nombre dé-
terminé de têtes de gros bétail, ce qui nous
permet de produire une quantité de fumier qui
varie peu d'une année à l'autre.
Il est donc possible, dans ces conditions,
d'établir, sans grandes diffilullés, une culture
avancée, avec ses hautes récoltes do fourrages
verts, de fourrages-racines et de prairies arti-
ficielles.
Parmi les plantes destinées à produire des
fourrages vorts, le maïs est une do celles qui
peut donner les meilleurs résultats pendant
le période estivale ; il vient d'ailleurs aussi
bien dans le Midi quo dans le Nord.
La culture du maïs-fourrage
Le maïs-fourrage est une des plantes les
plus précieuses ; c'est le géant des plantes four-
ragères, mais, comme tout géant qui se res-
pecte, il veut une table bien servie. En d'au-
tres termes, le maïs est une plante exigeante
qui ne donne de bons résultats qu'en terrain
très fertile et fortement fumé.
C'est surtout comme plante sarclée en lignes
que le maïs-fourrage so recommande à la cul-
ture, mais ce n'est pas la seule façon de la
cultiver et, dans la plupart des pays où on
i'utilise comme plante fourragère, les semis à
la voléo sont beaucoup plus répandus que les
semis en lignes.
Le maïs possèda de vigoureuses racines. Sa
production atteint son maximum dans les ter-
res fraîches, profondes, assez légères et bien
fumées ; il vient mal dans les sols pierreux ou
rocheux. Dans toute exploitation, il est abso-
lument indispensable do lui réserver les meil-
leurs terrains.
Le maïs peut donner les produits les plus
élevés sans êtro exposé à la verse.
Les engrais à lente décomposition, tels que
les fumiers.ne lui conviennent pas. Il est bon
que ces engrais soient secondés par des en-
grais actifs rapidement assimilables.
Voici, d'ailleurs, quelle est la composition
chimique du maïs en vert, ce qui donnera tout
de suite une ideo assez exacte des exigences de
cette plante en éléments fertilisants,
Eau. 8Glfn pour 1000
AzÓte. , 3.30 -
Acide phosphorique., - 0.70 —-
Potasse, , , 290 —
Chaux 1.20 —
Une récolte de GO.000 kilos de maïs (récolte
moyenne) enlève dans le sol environ : 200 kil.
d'azote, 40 à 50 kilos d'acide phosphorique, 175
kilos do potasse et 70 à 75 kil. de chaux.
Des chiffres qui précèdent, il ressort que le
maïs est un grand cousommatour d'azote et de
potasse.
L'addition d'un engrais contenant de l'azote
et de la potasse est donc fortement à conseil-
ler. On pourra, avec avantage, employer 150 à
200 kilos de nitrate de soude et 200 à 300 ki-
los de sulfate de potasse par hectare. Ces quan-
tités doivent venir s'ajouter à une très forte
fumure au fumier de ferme et ne sauraient
être considérées que comme engrais complé-
mentaires de la fumure.
Pour obtenir une récolte maximum, le maïs-
fourrage doit être cultivé en récolle principale,
sur une terre profondément labourée avant
l'hiver et ayant reçu, au moment du premier
labour, une forto dose de fumier de ferme.
On peut, aussi, cultiver le maïs en culture
dérobée, après un seigle-fourrage ou un lrètle
incarnat. Dans ce cas, comme il n'est possible
de donner à la terre qu'une partie des façons
culluralos que réclame cette cullure. le rende-
ment en fourrago s'en ressent toujours. D'une
façon comme de l'autre, il est nécessaire que le
sol soit bien meuble, au moment de l'ensemen-
cement.
Quand le maïs est cultivé en culture déro-
bée, on herse la terre en mars, dès qu'elle est
bien ressuyée. Cela fait, on lui donne un
deuxième labourct on attend ensuite le moment
do l'ensemencement pour labourer de nou-
veau.
Si le maïs doit êlre cultivé après une culture
fourragère d'hiver, on préparera le sol par
deux labours successifs, complétés par des
hersages et des roulages très énergiques.
Les semailles
On doit semer cette plante des que les ge-
lées ne sont plus à craindro, car le maïs craint
beaucoup la froid, pendant les premières pha-
ses de sa végétation. Uno terre placée sous l'in-
fluence d'une douce chaleur humide serait
l'idéal pour cette culture. Il vaut mieux semer
un peu tard, si la terre a été abondamment
arrosée par les pluies.
En général, on no sème guère avant lo 15
mai. 1J est bon d'espacer los divers semis d'une
quinzaine de jours, do façon à échelonner la
production fourragère.
L'ensemencement se fait, soit à la main et à
la volée, soit au semoir mécanique, en lignes
espacées do 0B35 à 0"40. La première méthode
est de beaucoup la plus répandue.
Lorsqu'on sème à la volée, on emploie de 100
à 120 kilos à l'hectare; avec les semis en lignes,
la quantité de semence employée est un peu
moindre de 80 à 100 kilogrammes. Générale-
ment, là levée du maïs se fait irrégulièrement,
Il est nécessaire de la provoquer de façon à
arriver à faire sortir d'un seul coup toutes les
tiges. Pour cela, on recommando de tremper
les grains pendant quelques heures, soit dans
l'eau pure, soit dans du purin très élendu
d'eau. Le mouillage, quand le temps et la terre
ne sont pas trop secs, réussit très bien. Il faut
s'en défier quand le soleil est trop vif, car il
livre les jeunes liges à l'action destructive d'un
coup de chaleur.
Les travaux d'entretien
Lorsque lo maïs est semé à la volée, il ne
nécessite aucun soin d'ontrelien ; il faut néan-
moins enlever à la main les grandes herbes
qui menacent de l'envahir.
Quand les semailles ont été faites en lignes,
il convient do le biner, c'est-à-dire de détruire
les mauvaises herbes qui poussent dans cette
culture et de briser la croûte qui se forme à la
surface du sol. En terrain bien préparé, pro-
pre, un binage suffit ; dans los terrains ordi-
nales. il est nécessaire de recommencer cette
opération uno ou deux fols. Quand les pieds
do maïs ont 0 m. 30 de hauteur, on peut, avec
avantage, compléter les binages par un bullago.
Cello opération apporte do la terre au pied du
maïs, le consolida et fait dcvcloppor des raci-
nes adventices ; elle met le maïs en état de ré-
sister aux coups de vent.
La récolte du maïs doit commencer à s'effec-
tuer dès que les épis mâles commencent à appa-
raitre. A ce point do vue, il importe de se pé-
nétrer de cette idée que l'augmentation du poids
de la récolté, -par suite d'une coupe tardive, &
comme conséquence l'accroissement do la cel-
lulose brulo dans la maïs. H y a, de ce fait, "-
une diminution très notable de la valeur ali-
mentaire du fourrage, ce qui est des plus un-
portants à considérer. — A. lJonlouX.
— j, ;
Uï PBOGffAMME IMMEDIAT '",-
Le mot République est insuffisant, c'est la
chose qu'il nous faut. Je m'explique. Pour
marcher hardiment et sûrement vers ool'r(J
idéal démocratique, nous devons, au préalable,
renverser les obstacles qui nous arrêtent.
Grâce aux révoltes dos '- officiers, des moines,
des évéques et des juges, la situation seprécise,
l'équivoque n'est plus possible et la masse po-
pulaire a compris ; tous les jours plus impé-
rieusement, elle manifeste sa volonté.
Ce que veut le peuple
C'est le prêtre hors de tout. excepté de son
église, le prêtre ignoré de l'Etat et n'émar-
geant plus au budget, le prêtre enfin jouissant
de la liberté, mais dépourvu de cette autorité
abusive, perturbatrice, subversive et coupable
qui hante depuis des siècles la dangereuse in-
ternationale noire ;
C'est pour l'enfance le droit à !a vérité, c'est
la ruine, c'est l'interdiction do cet enseigne-
ment clérical, immoral et antiscientifiquo dont
les résultats se manifestent de plus en plus dé-
sastreux par les ridicules mais monstrueuses
tentatives contre la liberté dos citoyens ;
C'est une armée nationale entièrement sou-
mise au pouvoir civil, c'est-à-dire à la nation
qui la paye et de qui elle émane ;
C'est une magistraturo s'inspirant des aspi-
rations du suffrage universel, respectueuse des
lois républicaines, une magistrature responsa-
ble de ses sanctions devant une assemblée
éluo.
Dénonciation du Concordat et police des
cultes;
Abrogation de la loi Falloux;
Suppression des conseils de guerre, réforme
du codo militaire, etc.;
Abolition de l'inamovibilité des juges.
Voilà ce que veut le peuple, voilà ce à quoi
nous prétendons arriver, ce pour quoi nous
bataillons et bataillerons sans répit tant que
nous aurons satisfaction. C'est par là et par là
seulement que nous assurerons le triomphe do
la Raison sur la Foi aveugle, do la Vérité sur
le Mensonge.de l'Egalité sur les privilèges, du
Droit sur la Force, de l'Humanité et de la So-
lidarité sur la haine irréfléchie, ignorante et
dépravatrice.
Après la réalisation de ce programme, mais
après seulement, nous pourrons travailler effi-
cacement à l'amélioration nécessaire du sort
des travailleurs, à la paix des peuples, à l'har-
monie de demain.
Le champ est vaste ; il sollicite toutes los
intelligences et toutes les énergies.
Mandataires du pays. à l'œuvre sans relard
et pas do traîtres 1 — Jacques Ledroit.
Ob
LA MURAILLE ROMAINE DE LONDRES
(De notre correspondant particulier
Londres, 23 mai.
Les ouvriers qui travaillent à la démolition
des maisons d'Old Bailey ont découvert uno
partie de l'antique muraillo romrilfio de Lon-
dres. On en peut encore très bien distinguer la
structure et les matériaux. La muraille avait
été construite par l'empereur Constantin en
305.
L'HISTOIRE OFFICIELLE
DE Lft GUERRE DU TRANSVAAL
(De notre, correspondant particulier)
Londres, 23 mai.
Le premier volume de lHistoire officielle de
la guerre du Transcaal dont la publication est
préparée par l'état-major anglais, ne paraîtra
pas avant la fin du mois de décembre. Le co-
lonel Iler.derson, qui est chargé do recueillir
el de olasser les documents, a demandé qu'on
augmentât le nombre de ses collaborateurs.
———————————— ————————————<
La suppression des souteneurs, s. v. p.
Tous les gens de bonne foi, tous ceux qui
connaissent la vie, savent que la meilleur
moyen — le seul, pourrait-on dire — de répri-
mer la prostitution serait de supprimer les
souteneurs.
Il n'y a quo les agents des mœurs qui na
soient pas — et pour causo — de cet avis.
Gageons qu'ils trouveront encore le moyen
d'expliquer à leur avantage — el à leur pro-
fit — le fait-divers que nous avons raconté,
hier, sou-s lo titre: « Tentative de meurtre »—
fait sur lequel il n'est pas sans intérêt, comme
on va le voir, de revenir brièvement.
D'après notre excellent confrère lo Journal,
Euphrasio Chapé, surnommée « La Chatte do
Grenelle n, n'a été victime do la tentative do
meurtre que nous avons relatée que parce
qu'elle no voulait pas avoir de souteneur.
Peu à peu, dit le Journal, les femmes galantes
en étaient arrivées à la haïr. Pourquoi ? Tout sim-
plement parc que, contrairement aux usages do
la « corporation », la jeune femme ne remettait
point chaque soir le produit de sa débauche à un
souteneur avéré. C'était d'un mauvais exemple.
D'autres femmes pouvaient se conformer aux ha-
bitudes de « La Chatte » et alors, les « Alphonses »
do tout acabit en seraient réduits à vivre d'autres
subsides que ceux provenant do la prostitution do
leurs amies.
Euphrasie Chape, prise dans une rane, était
sortie de prison depuis 48 heures, quand la
nouvelle de sa libération fut connue dans les
établissements du la5 arrondissement. Il fut
alors décidé dans un certain monde qu'on obli-
gerait « la Chatte » à prendre un amant — en-
tendez un souteneur — ou qu'on lui ferait son
affaire, Un certain Jean Nicot, 25 ans, se char-
gea de la besogne. Il alla trouver la Chatto et
lui dit, après un bref préambule :
- C'est un véritable scandale de vivre ainsi sans
ami ; tu donnes le mauvais exemple : je serai dé-
sormais l'homme qu'il te faut.
, On sait le reste : Euphrasie Chapé s'écriant
que jamais elle ne prendrait do souteneur,
Jean Nicot poignarda « la Chatte ».
Il fallait absolument que la « Chatte de Gre-
ïielle », cette « uiijaur飻, donnât le bon exem-
ple aux autres femmes !. Voyez-vous pas? Si
toutes faisaient comme Euphrasie, les « Al-
phonses » n'auraient plus qu'à se « serrer la
ceinture » 1
EN ALGÉRIE
Alger, 23 mai.
Des dépèches ont annoncé que le conseil des
ministres avait approuvé hier les propositions
présentées par lo gouverneur géqéral de l'Al-
gérie, d'accord avec lo général commandant en
chef lol9: corps d'armée, en vue d'assurer la
sécurité dans le Sud-Oranais. ».
Ces mesures consislent principalement dans
l'utilisalion des forces iodigèues do Harkas, dP
'CINO-:'C.EN'T.IMES le Numéro; PARIS & DÉPARTEMENTS Numéro; 'CINQ ÇENTIME8
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N° 12127. — Lundi 25 Mai 1903
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AI>.ifl!VISTllATIO!V ; 14, rue du Mail
$dresser lettres et mandats à l'Administrateur
-
Nous commencerons demain en feuilleton
de la 5e page :
Les Femmes de demain
CRAND BOMAN INÉDIT
par CÉCILE CASSOT
Nos lecteurs ont déjà eu la primeur de
.plusieurs des œuvres de Cécile Cassot, ils
savent combien cet auteur excelle à combiner
à travers de nombreuses péripéties une ac-
tion rapide, dramatique et touchante. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée,
LES FEMMES DE DEMAIN
auront un très gros succès d'émotion et
d'intérêt.
NOS LEADERS
Lt i înjïïîii
Le Temps nous reproche notre appé-
tit — ou « nos appétits.) — avec une
mauvaise humeur intransigeante de
buveur d'eau et de rongeur de racines.
Il gémit de voir les radicaux et les radi-
caux-socialistes <. se marcher sur les
pieds, se bousculer et se renverser pour
arriver plus vite au gâteau». Le « gâ-
teau » : c'est à dire le pouvoir. Entre
parenthèses, si le pouvoir est un gâ-
teau, les ascètes du Temps doivent bien
se reprocher d'avoir, pendant vingt-
cinq années non interrompues, monté
la garde autour du plat. En poursui-
vant la métaphore désobligeante de
notre confrère modéré, nous serions en
droit de dire que notre gourmandise
est de date plus récente que la sienne.
On a assez reproché au parti radical-
socialiste son goût pour l'opposition.
Il est encore trop tôt pour le repren-
dre d'accepter le gouvernement.
: Le Temps reproduit mon filet d'hier,
intitulé : Inégalité de traitement. Il m'a
l'air d'en interpréter le sens d'une façon
* Un peu singulière. Un grand journal
doctrinaire devrait être moins facile-
ment désemparé par le feu de la discus-
sion ; il ne devrait aussi s'effarer — ou
faire semblant de s'effarer — qu'à bon
escient.
J'ai parlé des démarches des députés
dans les ministères ; le Temps semble
surpris, et je m'étonne de son étonne-
ment. Ignore-t-il que les députés ont
charge de sauvegarder les intérêts de
leurs électeurs ? Ignore-t-il que les élus
sont astreints à apostiller des lettres, à
signer des recommandations ? Ignore-
t-il que l'intervention du député seule
peut atténuer les perpétuels froisse-
ments entre l'administration et les ad-
ministrés ?
En tout cas, cette ignorance n'est
partagée par personne à la Chambre,
et il n'est pas d'honorable, fût-il de
l'opposition la plus ardente, qui n'ait à
stationner, un jour ou l'autre, dans
les couloirs des ministères.
Or, pour en revenir à ce que j'écri-
vais hier, des députés radicaux-socia-
listes se sont aperçus que leurs élec-
teurs souffraient indirectement de la
négligence affectée par certains mem-
bres du gouvernement à l'égard des
éléments les plus fidèles et les plus so-
lides de la majorité républicaine. Voyez-
vous la situation d'un député radical,
sollicité d'aposliller une demande pré-
sentée par un de ses amis, et qui est
forcé do dire à cet électeur : « Tâchez
donc d'obtenir la signature d'un mem-
bre du groupe collectiviste, car son pa-
raphe vous sera plus utile que le mien » 1
Franchement, nous ne saurions con-
seiller à noscompagnons delutte d'adop-
ter une attitude si humiliée.
Maintenant, pourquoi le gouverne-
ment réserve-t-il tous ses sourires pour
les collectivistes? C'est que leur appui
n'est pas assuré au gouvernement d'une
façon aussi ferme que celui des radi-
caux. Quand un ministre monte à la
tribune:
— Oh ! se dit-il, l'important est que
je fasse plaisir à Jaurès ; les radicaux
me soutiendront toujours.
En somme, il n'a pas tort, cet homme !
Par des motifs analogues, on nous a
promis la séparation des Eglises et de
l'Etat, et on ne nous la donne pas.
Alors, le Temps découvre que les
radicaux-socialistes no sont pas con-
tents. Belle découverte, qui demandait
du flair et de l'ingéniosité. Eh bien,
non, les radicaux- socialistes ne sont
pas contents. Après ?
Après? Le torchon brûle ! s'écrie le
journal méliniste et il s'enivre de ce
parfum de linge roussi. Evidemment, il
se figure que les scènes de ménage vont
se multiplier, que les coups de manche
à balai vont pleuvoir, que nous allons
donne? un spectacle scandaleux et pré-
parer involontairement l'arrivée au
pouvoir d'un cabinet centre-gaucher.
- Va-t-en voir s'ils viennent, Jean ! Le
bloc est encore sans fissure. Nous disons
franchement, comme nous l'avons tou-
jours fait, notre façon de penser aux
collectivistes. Mais nous n'avons jamais
prétendu les exclure do la majorité.
Combien de fois faudra-t-il répéter que
nous n'avons pas d'ennemis à gauche ?
Pourquoi repousserions-nous le con-
cours des socialistes ? Il font la même
politique que nous et, peu à" peu, leur
doctrine, leur méthode prennent la
même physionomie aue les nôtres.
Libre aux modérés d'ergoter sur dix
lignes tracées, sans pensée de derrière
la tête, par l'un d'entre nous. Seule-
ment — avant de notis présenter comme
des énergumènes prêts à bouleverser la
discipline du parti républicain — qu'ils
daignent consulter la collection du
Journal officiel.
Quand les voix de nos amis du Par-
lement ont-elles fait défaut au minis-
tère ? Quand son existence a-t-elle été
mise en danger par les radicaux?
Avons-nous jamais failli aux principes
démocratiques pour jouer un bon tour
au gouvernement?
Les radicaux-socialistes parlent avec
loyauté et votent avec loyalisme. On
s'en rendra compte quand viendront en
discussion les projets sur les congréga-
tions de femmes; on s'en rendra compte
le jour où M. Combes, se refusant à
renouveler son erreur de mercredi
dernier, posera devant la Chambre la
pressante question de la dénonciation
du Concordat.
D'ailleurs, que les modérés préfèrent
croire que nous pelons des pêches sur
le chemin de M. Combes, peu nous
chaut. Nous les prévenons, sans plus,
qu'à s'entêter ils dépensent inutilement
leur Temps.
Hugues Destreln.
ALLIANCE IMPROBABLE
Le prince Henri de Prusse
va être l'hôte du roi d'Espagne ;
il sera logé au palais royal de
Madrid ; le prince Henri est,
comme on sait, amiral, et il
amène à Vigo une escadre alle-
mande.
A cette occasion, un correspondant du
journal El Globo dit que le prince invitera
lé roi d'Espagne à visitér les cuirassés al-
lemands. Cette invitation n'a rien qui nous
surprenne ; mais le même correspondant
nous paraît aller un peu vite quand il émet
l'opinion « qu'il serait question d'établir
une alliance hispano-allemande. »
On ne voit pas très bien quels intérêts
pousseraient l'Espagne à se donner l'Alle-
magne pour tutrice; l'Espagne ne pourrait
gagner au marché que la satisfaction de
dresser une armée pour le service de la
presque défunte triplé alliance; et dans
quel but ? Sur quel terrain l'Espagne trou-
verait-elle une compensation à des dépen-
ses dont l'Italie, pour ne citer qu'un exem-
pie, sait le poids ?
Ce ballon d'essai nous parait donc facile
à Clever; c'est une simple bulle de savon.
Le prince de Prusse ne pêchera pas plus
à Vigo l'alliance espagnole, que d'autres
navigateurs n'y ont péché les célèbres ga-
lions qui s'honorent d'être, eux aussi, de
Vigo, mais qui savent très poliment se dé-
rober auy sollicitations de leurs visiteurs.
C'est, du reste, ce que laisse entendre
une dépêche espagnole qui dit : « Dans les
cercles officieux, on dément que le roi doive
aller à Vigo. )) Il ira d'autant moins qu'il
n'éprouvera pas le besoin de donner con-
sistance à des bruits de la nature de celui
qu'enregistre le correspondant d'El Globo.
- Ch. B.
LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE
M. Charles Bos a reçu l'intéressante lettre sui-
vante
18 mai 1903.
Cher citoyen, les insurgés do la Commune,
comme les insurgés du Deux-Décembre, vou-
lurent défendre la République menacée. A
ceux ci, aux condamnés ayant atteint un âge
avancé, une ponsion de retraite, en vertu d'une
loi, fut allouée.
Pourquoi les républicains ne voteraient-ils
pas une autre loi faisant bénéficier ceux-là do
la même équité? Pour certains, cette loi, ce
serait la conquête de la possibilité de vivre, eux
et leur famille.
Qu'en pensez-vous? J'envoie le même billet
à plusieurs députés et conseillers municipaux.
Poignée de main cordiale.
Henri BRISSAC.
UNE REVANCHE
Les électeurs sénatoriaux républicains de la
Hauto-Saône ont une revanche à prendre, et
tout fait présager qu'ils la prendront.
Le nationalisme a causé dans ce département,
il y a quatre ans, des ravages qui, heureuse-
ment, ne sont pas irréparables. Une première
fois, lors des élections législatives, les républi-
cains ont repris le dessus. Ils ont envoyé à la
Chambre René Renoult, Jeanneney et Peureux,
et l'on peut supposer que, lors des prochaines
élections sénatoriales, ils renverront à ses
chères éludes lo candidat de toutes les réac-
tions.
Par suite du décès du docteur Bontemps, un
siège sénatorial est en effet vacant. Deux can-
didats sont en présence: M. Pachard, ancien
député nationaliste et M. Signard, maire de
Gray, ancien sénateur, président du conseil
général.
- Tous nos vœux accompagnent, dans sa cam-
pagno, M. Signard. C'est un républicain de la
première heure, ferme dans ses convictions, et
résolu daus. ses actes. Il a succombé, la der-
nière fois, sous la coalition des bonapartistes,
des royalistes et des cléricaux. Aujourd'hui
que les mensonges accumulés par des adver-
saires implacables et prêts à tout se sont dissi-
pés comme une vaine fumée, et que les calom-
nies entassées s'effondrent sous le mépris des
honnêtes gens, M. Signard n'aura pas de peino
à triompher.
Les électeurs sénatoriaux de la Haute-Saône
convoqués pour aujourd'hui sauront faire leur
devoir. Ils rendront à notre ami, M. Signard,
le siègo qui ne lui a été enlevé que par les au-
dacieuses manoeuvres d'ennemis déloyaux. —
I. Armbruster.
"■ »
LES CARLISTES
(De noire correspondant particulier)
Madrid, 23 mai. 1
La nuit passée, un pétard a éclaté devant la
porte du cercle carliste, à Pampelune, On croit
que cette manifestation est l'oeuvre d'un ngent
provocateur ,les soi-disanttraditionnisteséprou-
vant le bosoin do se rendre intéressants. Ils
ont tout récemment essuyé un échoc formida-
ble au conseil municipal, où ils* ont combattu
en vain lo projet de donner à plusieurs rues
les noms des pçrsooijes fusillées par les car-
listes, - -..J:"
EN BOHEME,
LE TRUQUAGE TCHEQUE
Nationalistes français et politiciens de
Bohême. — Les « Droits histori-
ques ». — Le mouvement panger-
maniste en Autriche.— Le se-
cret d'une évolution. — Les
fraternisations franco bo-
hèmes, —La France et
les revendications tchè-
ques.
(De notre envoyé spécial en Autriche).
Vienne, 22 mai.
Après conclusion du Cartel d'intérêt entre
nos nationalistes et les politiciens de Bohême,
dont il a été parlé au Rappel du 22 avril der-
niers, les Tchèques (tout en calomniant le
gouvernement républicain), se sont laborieuse-
ment appliqués à duper notre opinion en s'es-
sayant à lui démontrer que l'intérêt primor-
dial de la Franco exige que celle-ci soutienne,
moralement sinon positivement, les « revendi-
cations » qu'ils opposent au gouvernement
austro-hongrois centralisaleur. La reconnais-
sance de ces C( l'cvùndications », qui consistent
notamment dans la réintégration de la Bo-
hême actuelle dans ce que les Tchèques dénom-
ment les « Droits historiques » de l'ancien
royaume de Saint-Venceslas (autonomie à
l'égard de Vienne, reconstitution d'une grande
Bohême par absorption de la Moravie et de la
Silésie, octroi du caractère légal à l'idiome
tchèque), cette reconnaissance, dis-je, consti-
tuerait, du moment où le gouvernement vien-
nois aurait capitulé devant ceux qui la recher-
chent, un proftti(w fwts vers la « fédéralisation »
de l'Autriche.
Or -- et c'est ce quo nos tchécophiles se re-
fusent à reconnaître — ce premier pas aurait
pour corollaire assuré do jeter dans les bras
de Guillaume II environ 1 millions d'Alle-
mands autrichiens (pangermanistes, populis-
tes, libéraux, voire chrétiens-sociaux) qui ai-
meront mieux se fondre dans l'empire alle-
mand que se résoudre à un rôle effacé dans
une Autriche fédérale où les Slaves tout-
puissants domineraient. C'est co que semblent
ne pas discerner les nationalistes de France
qui se sont, jusqu'à ce jour, et avec une com-
plaisance particulière, occupés, au profit des
Tchèques, des querelles do race on Autriche-
Hongrio. Ils ont affecté de ne percevoir dans lo
mouvement pangermaniste en Autriche qu'uno
causé : la tendance de certains mégalomanes
germaniques à rallier autour de l'aigle du
Hohenzollern tout ce qui, à quelquo titre, se
réclame de la race ou de l'esprit teutons. Il
s'en faut que cette inlerprétaliou s'applique
adéquatement à la Cisleithanie. En Cisleilha-
nie, le pangermanisme n'est pas, à lui-même,
sa propre cause. Il est, au contraire, une résul-
tante: la résultante des efforts faits par l'élé-
ment slave autrichien pour slaviser, à la faveur
du fameux « principe fédéraliste », fa monar-
chia purement germanique des Habzbourg.
La propagande pangermaine
Il ressort do ce fait, évident même pour
l'observateur lo plus superficiel, que, seconder
le mouvement slave en Autriche équivaut, pour
nous, à encourager dans ce pays, et par rico-
chet, la propagande pangermaine; il on res-
sort encore que les Allemands autrichiens,
jusqu'à ce jour loyalistes, se laissent d'autant
plus aller sur la penle qui mène à Berlin, que
los Tchèques leur clament plus fort qu'ils ont
la Franco derrière eux et qu'elle les aidera à
conquérir, au détriment do l'élément germain,
l'autonomie qu'ils convoitent.
On saisit par là — sans s'égarer en de pro-
fonds distinguo — combien » fausse, et pour
ainsi dire à contre-vapeur, serait la politique
que les nationalistes voudraient voir suivre à
la Franco dans ce qu'ils appellent la « question
tchèque» ! Plus nous nous donnorerons chez
nous, même la simple apparence, d'appuyer
les espoirs, plus ou moins juslifiés, des Slaves
cisleithans, plus nous enverrons d'eau au mou-
lin de MM. Hasse et Schonerer. C'est un choc
on retour inévitable : il faudrait être frappé
de cécité pour ne le point voir.
Raisonnement logique
— «Les Tchèques, raisonnent les Allemands
d'Autriche, vont, pour faire triompher leur « cau-
se », quérir du secours en France ; pourquoi n'en
ferions-nous pas autant chez nos cousins de l'Em-
pire ? Les Slaves, nos inférieurs au point do vue
cultural, entendent nous dépouiller des avantages
dont le facteur germanique a de tout temps béné-
ficié dans la monarchie autrichienne ; pour ce, ils
déploient le spectre d'une France amie. Eh bien !
Pour sauver la situation, menaçante pour nous,
nous deviendrons, s'il lo faut, pangermanistes.
Similia similibus ! a -
Voilà le secret de l'évolution qui s'accomplit
peu à peu chez les Allemands loyalistes d'Au-
triche et qui les mène insensiblement à l'idée
pangermaine. La propagande des pangerma-
nistes s'est développée ici précisément à dater
du jour où les politiciens tchèques ont mis
flamberge3 au vent et sonné la fanfare des
« fraternisations » franco-bohêmes. C'est une
trop éloquente coïncidence 1
Aussi, sans cesser d'obserrer très exactement
et très fermement ce qui se passe dans ce pays,
conviendrait-il à nos « patriotes » de témoigner
d'un peu do bon sens et de ne point fournir,
par d'intempestives « manifestations da sym-
pathie » envers les Slaves bohémiens, un ali-
ment à la campagne anti-autrichienne des
agents pangermains, dont on avance ainsi les
affaires. C'est, en effet, donner maladroitement
à cette campagne un prétexte do légitime dé-
fense, c'est lui assurer gratuitement une excuse
d'équilibre nécessaire à maintenir, que de pous-
ser à la roue des « revendications » tchèques,
lesquelles, au point de vue d'une politique
vraiment réaliste, ne devraient pas plus nous
préoccuper que ne nous préoccupent, par exem-
ple, les desiderata plus ou moins fondés du
catalanisme.
La « question tchèque », comme la catalane,
est d'ordre interne aux Etats autrichien et es-
pagnol. Elles ne regardent aucunement leurs
voisins médiats ou immédiats.
Le rôle de la France
La Franco veut vivre en paix avec la cour
de Vienne. Il ne convient pas, dès lors, qu'elle
se mêle d'une querelle de ménage et que, pre-
nant parti inconsidérément pour l'un des liti-
gants contre son adversaire, elle risque de
précipiter la dangereuse intervention du Ho-
henzollern, qu'il importe justement de tenir
écarté. La Franco, en tant quo personne inter-
nationale, no connait que l'Austro-Hongrie ;
peu lui importe, en fait, la Bohême et ses « re-
vendications ». L'Irlande et tant d'autres ont
également les leurs. Voit-on certains organes
de la presse parisienne en faire si grand
état?.
Et-pourtant nos nationalistes s'emploient
avec chaleur à convaincre l'opinion française
que notre pays aurait tout à gagner à soute-
nir le « droit d'Etat » de la Bohême : tout à
gagner, en effet, y compris la brouille avec le
cabinet de Vienne et les scabreuses interven-
tions du pangermauisme 1 Les Tchèques, je l'ai
déjà dit, ne négligent rieu, do leur côté, pour
faire accroire quo le sort de la France est in-
dissolublement lié à celui do leur pays et quo
l'Allemagno serait, eo facto, jugulée,le jour où,
par nos bons offices, resplendirait, revornio,
l'antique autonomie bohème ! Prochainement,
je m'efforcerai do montrer comment les Tchè-
Jjues s'y soflt J?r]si!pr jra voilier.» surce^oinU
l'esprit do notre public; pour lui faire admet-
tre, comme un dogme, que la « cause » du
slavisme, eu Autriche, serait sœur de la
nôtre.
Un fuit, en tout cas, est d'ores et déjà paIent,
c'est que la France n'a quo faire de s'ériger en
chevalier servant d'un couple de politiciens
thèques. On voudrait arrêter l'Allemagne en
des projets plus ou moins précis d'expansion ?
Très bien. Mais sous prétexte d'entraver le
choval, il ne faudrait pas l'emballer ! Sous pré-
texte de sauvegarder l'intégrité de l'Autriche,
il ne faudrait pas ouvrir la lice au danger qui
la guette! — M. 0.
Voir à la 3e page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du -- matin -
LA PRESSE ÉTRANGÈRE
On mo permettra, je l'espère, de revenir en
quelques mots sur le bref compte rendu quo le
Jtappel a donné, hier, du banquet du Syndicat
de la Presse étrangère.
Jo tins à dire, d'abord, que si le grand
honneur m'est échu do représenter à ce ban-
quet le comité général des Associations de la
Presse française, cola est venu uniquement du
deuil cruel qui a frappé tout récemment l'ho-
noré président du comité général, M. Jean
Dupuy.
M. Jean Dupuy avait accepté l'invitation du
Syndicat de la Presse étrangère ; il avait for-
mellement promis d'assister en personne au
banquet: il n'a fallu rien moins que le dou-
loureux événement auquel je viens de faire
allusion pour l'empêcher de tenir sa pro-
messe.
Il eût vivement désiré, je puis le dire, appor-
ter lui-même aux journalistes étrangers rési-
dant à Paris et réunis en Syndicat, le salut
cordial et fraternel des Associations de la
Presse française.
Au surplus, ce qu'il eût dit s'il avait pu
assister au banquet a été dit, en excellents ter-
mob, non par moi, certes! mais par M. d'Es-
tournelles de Constant, député do la Sartho,
qui avait répondu à l'invitation du Syndicat
do la presse étrangère.
Répondant au salut que lui avait adressé
notre confrère italien, M. Caponi, président du
Syndicat, M. d'Estournelles do Constant a dé-
veloppé en deux ou trois phrases nettes et pré-
cises l'idée do cette féconde politique de la paix,
qui doit être de plus en plus la politique des
nations, et que, de plus on plus, le vœu una-
nime des peuples impose à la volonté des chefs
d'Etat. Il a salué dans les journalistes les
agents les plus actifs, les plus utiles de ces
réconciliations internationales d'où doit sortir,
un jour, la fraternité universelle.
La parole autorisée et éloquente do M. d'Es-
tournelles de Constant a été couverte d'unani-
mes applaudissements. Nul doute que M. Dard,
attaché au cabinet du ministre des affaires
étrangères, par qui M. Delcassé avait bien
voulu so faire représenter à ce banquet, n'ait
été frappé de cette entente cordiale d'hommes
do nationalités si diverses et que tant de sou-
venirs pourraient séparer encore. Mais les sou-
venirs s'effacent ; ils appartiennent au passé ;
c'est-à-dire à la mort. La vie nous réclamo,
nous veut tout entiers; et c'est à peine si, dans
notre marcho vers l'avenir, nous pouvons
encore, pieusement émus, tourner nos regards
en arrière,vers les mornes champs do bataille
que la haine a dévastés hier. Hier appartenait
à la haine ; demain, s'appello : amour, -
L. Victor-Meunier.
LE PRÉSIDENT STEIJNPRÉTERAIT SERMENT ?
LE PRÉSIDENT STEIJN PRÊTERAIT SERMENT ?
(De notre correspondant particulier
La Haye, 23 mai.
Le bruit court que M. Steijn, l'ancien prési-
dent de l'Etat libre d'Orange, a l'intention de
prêter le serment de fidélité à l'Angleterre et
de rentrer dans l'Elat d'Orange.
UNE VIRAGO ANTISÉMITE
IDe noire correspondant particulier
Bucarest, 23 mai.
Dans le département do Putna, Mlle Titza
Pnveloscu, ancienne couturière, devenue rédac-
trice d'un journal antisémite, prêche la croi-
sade contre les juifs, en se transportant d'une
commune à l'autre. Une vive agitation règne
parmi les paysans et l'on croit que des mas-
sacres semblables à ceux de Kischincff sont im-
minents. Le préfet a télégraphié au gouverne-
ment pour lui signaler la gravité de la situa-
tion.
LA CHARRUE ET L'AUTOMOBILE
fDe notre correspondant particulierl
New-York, 23 mai.
* Un incendie de prairie s'étant déclaré à East
Aschlabula, dans l'Ohio, les propriétaires ont
voulu sauver leurs prés en y faisant passer le
soc do la charrue, de façon à arrêter la pro-
pagation du feu. Ils étaient vivement embar-
rassés par l'absence des chovaux nécessaires.
Heureusement, un invité était venu avec son
automobile.On y attacha l'instrument aratoire.
En quelques minutes, plusieurs longs sillons
furent creusés, le feu ne put so propager et les
prés furent sauvés.
- , ————————————
LES BANDITS DE PARIS
Cambrioleurs surpris. — A coups de
revolver. — La foule se fâche.
Trois garnements d'une vingtaine d'années
entraient dans l'établissement de M. Justin
Lalo, charbonnier-restaurateur, 50, rue Boinod,
à Montmartre, et se faisaient servir un copieux
déjeuner. Demeurés un instant seuls, M. Lalo
s'étant absenté pour une livraison dans le voi-
sinage et sa fommo étant descendue à la cave,
les clients en profitaient pour fracturer le ti-
roir-caisse et s'emparer de la recette.
Mise on éveil par leurs allures suspectes, Mme
Lalo remontait, à point nommé pour remar-
quer leur manège. Les bandits prirent la fuite,
pourchassés par une foulo do plus en plus nom
breuse. A l'angle des rues Flocon et Ramey,
se sentant serrés de près, les fuyards se retour-
nèrent et firent feu à 18 reprises sur ceux qui
les poursuivaient; ils blessèrent ainsi trois
personnes : M. Thiébault, 31 ans, brasseur, de-
meurant 141, rue Ordener, atteint au bras gau-
che ; un enfant do 10 ans, atteint à la cuisse
gauche par une seconde balle, et un marchand
de journaux, M. Paul Mangé, 36 ans, qui se
fracturait le crâne contre lo trolloir, en tom-
bant à la renverse.
Pendant que l'on s'occupait des blessés, les
bandils reprenaient leur course, frappant à
coups de crosse do revolver les personnes qui
tentaient do s'opposer à leur passage. La foule
cependant, de plus en plus houleuse et mena-
çante, se rua à l'envi sur eux, le3 frappa, les
traîna à terre. Ils eussent été littéralement
écharpés, sans l'intervention d'agents qui s'em-
parèrent d'eux et les traînèrent, pantelants,
meurtris, au commissariat de Clignancourt.
Après un interrogatoire, au cours duquel ils
ont donné un état-civil des plus fantaisistes,
Jt&US trois ont été ensovés au Dçi$t. ';,",>
A LA CAMPAGNE
Le maïs fourrage
Une loi de solidarité. — La production
fourragère. — Une plante précieuse.
- Nécessité d'une forte fumure.
- La préparation du sol. — Quand
faut-il semer? — Soins à don-
ner à la culture du maïs.
Tels fourrages, tels bestiaux, telles récoltes,
dit-on. Ceci est, en quelquo sorte, la loi de
solidarité qui doit être la règle do toute ex-
ploitation agricole bien tenue.
Une abondante production fourragère est le
point de départ de la prospérité d'une ferme ;
elle est la base indispensable à toute culture
intensive.
Dans notre pays, avec un climat dans lequel
la chaleur et l'humidité se tempèrent l'une par
l'autre, il est assez facile d'établir des assole-
ments avec production régulière de fourrage,
sauf cependant pour la région méridionale.
Partout ailleurs, nous sommes à peu près
assurés do pouvoir entretenir un nombre dé-
terminé de têtes de gros bétail, ce qui nous
permet de produire une quantité de fumier qui
varie peu d'une année à l'autre.
Il est donc possible, dans ces conditions,
d'établir, sans grandes diffilullés, une culture
avancée, avec ses hautes récoltes do fourrages
verts, de fourrages-racines et de prairies arti-
ficielles.
Parmi les plantes destinées à produire des
fourrages vorts, le maïs est une do celles qui
peut donner les meilleurs résultats pendant
le période estivale ; il vient d'ailleurs aussi
bien dans le Midi quo dans le Nord.
La culture du maïs-fourrage
Le maïs-fourrage est une des plantes les
plus précieuses ; c'est le géant des plantes four-
ragères, mais, comme tout géant qui se res-
pecte, il veut une table bien servie. En d'au-
tres termes, le maïs est une plante exigeante
qui ne donne de bons résultats qu'en terrain
très fertile et fortement fumé.
C'est surtout comme plante sarclée en lignes
que le maïs-fourrage so recommande à la cul-
ture, mais ce n'est pas la seule façon de la
cultiver et, dans la plupart des pays où on
i'utilise comme plante fourragère, les semis à
la voléo sont beaucoup plus répandus que les
semis en lignes.
Le maïs possèda de vigoureuses racines. Sa
production atteint son maximum dans les ter-
res fraîches, profondes, assez légères et bien
fumées ; il vient mal dans les sols pierreux ou
rocheux. Dans toute exploitation, il est abso-
lument indispensable do lui réserver les meil-
leurs terrains.
Le maïs peut donner les produits les plus
élevés sans êtro exposé à la verse.
Les engrais à lente décomposition, tels que
les fumiers.ne lui conviennent pas. Il est bon
que ces engrais soient secondés par des en-
grais actifs rapidement assimilables.
Voici, d'ailleurs, quelle est la composition
chimique du maïs en vert, ce qui donnera tout
de suite une ideo assez exacte des exigences de
cette plante en éléments fertilisants,
Eau. 8Glfn pour 1000
AzÓte. , 3.30 -
Acide phosphorique., - 0.70 —-
Potasse, , , 290 —
Chaux 1.20 —
Une récolte de GO.000 kilos de maïs (récolte
moyenne) enlève dans le sol environ : 200 kil.
d'azote, 40 à 50 kilos d'acide phosphorique, 175
kilos do potasse et 70 à 75 kil. de chaux.
Des chiffres qui précèdent, il ressort que le
maïs est un grand cousommatour d'azote et de
potasse.
L'addition d'un engrais contenant de l'azote
et de la potasse est donc fortement à conseil-
ler. On pourra, avec avantage, employer 150 à
200 kilos de nitrate de soude et 200 à 300 ki-
los de sulfate de potasse par hectare. Ces quan-
tités doivent venir s'ajouter à une très forte
fumure au fumier de ferme et ne sauraient
être considérées que comme engrais complé-
mentaires de la fumure.
Pour obtenir une récolte maximum, le maïs-
fourrage doit être cultivé en récolle principale,
sur une terre profondément labourée avant
l'hiver et ayant reçu, au moment du premier
labour, une forto dose de fumier de ferme.
On peut, aussi, cultiver le maïs en culture
dérobée, après un seigle-fourrage ou un lrètle
incarnat. Dans ce cas, comme il n'est possible
de donner à la terre qu'une partie des façons
culluralos que réclame cette cullure. le rende-
ment en fourrago s'en ressent toujours. D'une
façon comme de l'autre, il est nécessaire que le
sol soit bien meuble, au moment de l'ensemen-
cement.
Quand le maïs est cultivé en culture déro-
bée, on herse la terre en mars, dès qu'elle est
bien ressuyée. Cela fait, on lui donne un
deuxième labourct on attend ensuite le moment
do l'ensemencement pour labourer de nou-
veau.
Si le maïs doit êlre cultivé après une culture
fourragère d'hiver, on préparera le sol par
deux labours successifs, complétés par des
hersages et des roulages très énergiques.
Les semailles
On doit semer cette plante des que les ge-
lées ne sont plus à craindro, car le maïs craint
beaucoup la froid, pendant les premières pha-
ses de sa végétation. Uno terre placée sous l'in-
fluence d'une douce chaleur humide serait
l'idéal pour cette culture. Il vaut mieux semer
un peu tard, si la terre a été abondamment
arrosée par les pluies.
En général, on no sème guère avant lo 15
mai. 1J est bon d'espacer los divers semis d'une
quinzaine de jours, do façon à échelonner la
production fourragère.
L'ensemencement se fait, soit à la main et à
la volée, soit au semoir mécanique, en lignes
espacées do 0B35 à 0"40. La première méthode
est de beaucoup la plus répandue.
Lorsqu'on sème à la volée, on emploie de 100
à 120 kilos à l'hectare; avec les semis en lignes,
la quantité de semence employée est un peu
moindre de 80 à 100 kilogrammes. Générale-
ment, là levée du maïs se fait irrégulièrement,
Il est nécessaire de la provoquer de façon à
arriver à faire sortir d'un seul coup toutes les
tiges. Pour cela, on recommando de tremper
les grains pendant quelques heures, soit dans
l'eau pure, soit dans du purin très élendu
d'eau. Le mouillage, quand le temps et la terre
ne sont pas trop secs, réussit très bien. Il faut
s'en défier quand le soleil est trop vif, car il
livre les jeunes liges à l'action destructive d'un
coup de chaleur.
Les travaux d'entretien
Lorsque lo maïs est semé à la volée, il ne
nécessite aucun soin d'ontrelien ; il faut néan-
moins enlever à la main les grandes herbes
qui menacent de l'envahir.
Quand les semailles ont été faites en lignes,
il convient do le biner, c'est-à-dire de détruire
les mauvaises herbes qui poussent dans cette
culture et de briser la croûte qui se forme à la
surface du sol. En terrain bien préparé, pro-
pre, un binage suffit ; dans los terrains ordi-
nales. il est nécessaire de recommencer cette
opération uno ou deux fols. Quand les pieds
do maïs ont 0 m. 30 de hauteur, on peut, avec
avantage, compléter les binages par un bullago.
Cello opération apporte do la terre au pied du
maïs, le consolida et fait dcvcloppor des raci-
nes adventices ; elle met le maïs en état de ré-
sister aux coups de vent.
La récolte du maïs doit commencer à s'effec-
tuer dès que les épis mâles commencent à appa-
raitre. A ce point do vue, il importe de se pé-
nétrer de cette idée que l'augmentation du poids
de la récolté, -par suite d'une coupe tardive, &
comme conséquence l'accroissement do la cel-
lulose brulo dans la maïs. H y a, de ce fait, "-
une diminution très notable de la valeur ali-
mentaire du fourrage, ce qui est des plus un-
portants à considérer. — A. lJonlouX.
— j, ;
Uï PBOGffAMME IMMEDIAT '",-
Le mot République est insuffisant, c'est la
chose qu'il nous faut. Je m'explique. Pour
marcher hardiment et sûrement vers ool'r(J
idéal démocratique, nous devons, au préalable,
renverser les obstacles qui nous arrêtent.
Grâce aux révoltes dos '- officiers, des moines,
des évéques et des juges, la situation seprécise,
l'équivoque n'est plus possible et la masse po-
pulaire a compris ; tous les jours plus impé-
rieusement, elle manifeste sa volonté.
Ce que veut le peuple
C'est le prêtre hors de tout. excepté de son
église, le prêtre ignoré de l'Etat et n'émar-
geant plus au budget, le prêtre enfin jouissant
de la liberté, mais dépourvu de cette autorité
abusive, perturbatrice, subversive et coupable
qui hante depuis des siècles la dangereuse in-
ternationale noire ;
C'est pour l'enfance le droit à !a vérité, c'est
la ruine, c'est l'interdiction do cet enseigne-
ment clérical, immoral et antiscientifiquo dont
les résultats se manifestent de plus en plus dé-
sastreux par les ridicules mais monstrueuses
tentatives contre la liberté dos citoyens ;
C'est une armée nationale entièrement sou-
mise au pouvoir civil, c'est-à-dire à la nation
qui la paye et de qui elle émane ;
C'est une magistraturo s'inspirant des aspi-
rations du suffrage universel, respectueuse des
lois républicaines, une magistrature responsa-
ble de ses sanctions devant une assemblée
éluo.
Dénonciation du Concordat et police des
cultes;
Abrogation de la loi Falloux;
Suppression des conseils de guerre, réforme
du codo militaire, etc.;
Abolition de l'inamovibilité des juges.
Voilà ce que veut le peuple, voilà ce à quoi
nous prétendons arriver, ce pour quoi nous
bataillons et bataillerons sans répit tant que
nous aurons satisfaction. C'est par là et par là
seulement que nous assurerons le triomphe do
la Raison sur la Foi aveugle, do la Vérité sur
le Mensonge.de l'Egalité sur les privilèges, du
Droit sur la Force, de l'Humanité et de la So-
lidarité sur la haine irréfléchie, ignorante et
dépravatrice.
Après la réalisation de ce programme, mais
après seulement, nous pourrons travailler effi-
cacement à l'amélioration nécessaire du sort
des travailleurs, à la paix des peuples, à l'har-
monie de demain.
Le champ est vaste ; il sollicite toutes los
intelligences et toutes les énergies.
Mandataires du pays. à l'œuvre sans relard
et pas do traîtres 1 — Jacques Ledroit.
Ob
LA MURAILLE ROMAINE DE LONDRES
(De notre correspondant particulier
Londres, 23 mai.
Les ouvriers qui travaillent à la démolition
des maisons d'Old Bailey ont découvert uno
partie de l'antique muraillo romrilfio de Lon-
dres. On en peut encore très bien distinguer la
structure et les matériaux. La muraille avait
été construite par l'empereur Constantin en
305.
L'HISTOIRE OFFICIELLE
DE Lft GUERRE DU TRANSVAAL
(De notre, correspondant particulier)
Londres, 23 mai.
Le premier volume de lHistoire officielle de
la guerre du Transcaal dont la publication est
préparée par l'état-major anglais, ne paraîtra
pas avant la fin du mois de décembre. Le co-
lonel Iler.derson, qui est chargé do recueillir
el de olasser les documents, a demandé qu'on
augmentât le nombre de ses collaborateurs.
———————————— ————————————<
La suppression des souteneurs, s. v. p.
Tous les gens de bonne foi, tous ceux qui
connaissent la vie, savent que la meilleur
moyen — le seul, pourrait-on dire — de répri-
mer la prostitution serait de supprimer les
souteneurs.
Il n'y a quo les agents des mœurs qui na
soient pas — et pour causo — de cet avis.
Gageons qu'ils trouveront encore le moyen
d'expliquer à leur avantage — el à leur pro-
fit — le fait-divers que nous avons raconté,
hier, sou-s lo titre: « Tentative de meurtre »—
fait sur lequel il n'est pas sans intérêt, comme
on va le voir, de revenir brièvement.
D'après notre excellent confrère lo Journal,
Euphrasio Chapé, surnommée « La Chatte do
Grenelle n, n'a été victime do la tentative do
meurtre que nous avons relatée que parce
qu'elle no voulait pas avoir de souteneur.
Peu à peu, dit le Journal, les femmes galantes
en étaient arrivées à la haïr. Pourquoi ? Tout sim-
plement parc que, contrairement aux usages do
la « corporation », la jeune femme ne remettait
point chaque soir le produit de sa débauche à un
souteneur avéré. C'était d'un mauvais exemple.
D'autres femmes pouvaient se conformer aux ha-
bitudes de « La Chatte » et alors, les « Alphonses »
do tout acabit en seraient réduits à vivre d'autres
subsides que ceux provenant do la prostitution do
leurs amies.
Euphrasie Chape, prise dans une rane, était
sortie de prison depuis 48 heures, quand la
nouvelle de sa libération fut connue dans les
établissements du la5 arrondissement. Il fut
alors décidé dans un certain monde qu'on obli-
gerait « la Chatte » à prendre un amant — en-
tendez un souteneur — ou qu'on lui ferait son
affaire, Un certain Jean Nicot, 25 ans, se char-
gea de la besogne. Il alla trouver la Chatto et
lui dit, après un bref préambule :
- C'est un véritable scandale de vivre ainsi sans
ami ; tu donnes le mauvais exemple : je serai dé-
sormais l'homme qu'il te faut.
, On sait le reste : Euphrasie Chapé s'écriant
que jamais elle ne prendrait do souteneur,
Jean Nicot poignarda « la Chatte ».
Il fallait absolument que la « Chatte de Gre-
ïielle », cette « uiijaur飻, donnât le bon exem-
ple aux autres femmes !. Voyez-vous pas? Si
toutes faisaient comme Euphrasie, les « Al-
phonses » n'auraient plus qu'à se « serrer la
ceinture » 1
EN ALGÉRIE
Alger, 23 mai.
Des dépèches ont annoncé que le conseil des
ministres avait approuvé hier les propositions
présentées par lo gouverneur géqéral de l'Al-
gérie, d'accord avec lo général commandant en
chef lol9: corps d'armée, en vue d'assurer la
sécurité dans le Sud-Oranais. ».
Ces mesures consislent principalement dans
l'utilisalion des forces iodigèues do Harkas, dP
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