Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 mai 1903 24 mai 1903
Description : 1903/05/24 (N12126). 1903/05/24 (N12126).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75724773
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
• CINQ CENTIME© - le NumSro7
PARIS & DÉPARTEMENTS
E'é Numere;:- INO CENTIMES
'- ^aNSONCES ; : ,! -':.
AUX BUREAUX DU JCOTNAL
14, rue du Mail. Paris. :
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RÉDACTION : 14t rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No 12126. — Dimanohe 24 Mai 1903
S PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
Nous commencerons après-demain en feuil-
leton de la 5e page :
les Femmes de demain
CRAND ROMAN INÉDIT
par CÉCILE CASSOT
dé
4, ; Nos- lecteurs o-ntdéjà eu la primeur de
plusieurs des œuvres de Cécile Cassot, ils
savent combien cet auteur excelle à combiner
'à travers de nombreuses péripéties une ac-
tion rapide, dramatique et touchante. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée.
LES FEMMES BEBEMAM
auront un très gros SUcèè, d'émotion et
d'intérêt.
NOS LEADERS
Itali fil
J:ai là, sur ma table, les bonnes
feuilles d'un livre qui va paraître :
Giuseppe Zanardelli et VItalie moderne,
oeuvre fortement pensée et remarqua-
blement écrite — « en français » —
par un Italien qui, fixé depuis de lon-
gues années en France, chérit d'amour
filial l'Italie sa mère, et, d'affection sin-
cère, aime comme une seconde patrie
presque, la France. C'est notre distingué
confrère et ami, A. d'Atri, le directeur
du journal l'Italie illustrée.
Les temps sont loin, oublias, où l'I-
talie, victime de la politique crispi-
nienne, engageait contre la France
cette absurde et fratricide guerre de ta-
rifs qui a d'ailleurs été si grandement
^préjudiciable aux intérêts italiens. A
l'heure actuelle, on peut, je crois, dire
sans forcer la vérité que, si la signa-
turede l'Italie est encore au bas du traité
de Triple-Alliance, son cœur est avec
ja France vers laquelle l'entraînent tant
de souvenirs et d'affinités profondes, la
France, sa sœur, latine.
Les manifestations si spontanées
auxquelles vient de donner lieu le
voyage du ministre de l'instruction pu-
blique en Italie, ne peuvent laisser au-
cun doute sur les dispositions et les
sentiments du peuple italien. Lorsque
le roi Victor-Emmanuel nous apportera
le salut cordial de l'Italie, il aura au-
tour de lui l'applaudissement de la
France, de la France qui veut la paix
féconde et ne saurait se rappeler sans
émotion les pages glorieuses de son his-
toire où le nom de l'Italie se trouve
tjcritàcôté du sien.
C'est sur de superbes champs de ba-
taille que l'échange du sang, cet
échange du sang après lequel les peu-
ples naïfs et sincères se croient amis à
jamais, a été fait entre la France et l'I-
talie. Les souvenirs de Solférino, de
Magenta, planent au-dessus de nos dra-
peaux. En 1871, alors que la France
vaincue luttait encore, pour sauver du
moins son honneur, le grand italien,
Garibaldi, vint mettre son épée au ser-
vice de la France. En 1822, lorsque l'Ita-
lie opprimée, esclave, râlait sous le ta-
lon de fer de l'Autriche, le Français
Alexandre Andryane vint donner sa
liberté pour la liberté de l'Italie.
***
Le livre de M. d'Atri est avant toutes
choses une biographie du chef actuel
du ministère italien. Il montre Giuseppe
Zanardelli né à Brescia, en 1826, c'est-
à-dire au moment où le joug de l'Autri-
che pesait lourdement sur l'Italie — à
ce moment, les prisons étaient pleines;
16 comte Confalonieri, Silvio Pellico,
Andryane, tant d'autres, agonisaient
au Spielberg ; la terreur écrasait l'Ita-
fie - grandissant au milieu des souf-
frances de la patrie garrottée, enten-
dant autour de lui parler, à voix.basse,
de délivrance.
Le beau livre de M. d'Atri dit ce que
furent à cette époque les femmes ,
les mères italiennes ; vraiment subli-
mes, elles élevaient leurs enfants pour
la bataille suprême qui devait rendre à
l'Italie son indépendance, Je cite : —
« Et, le soir, les mères fermaient la
porte de leur maison surveillée par la
police autrichienne, et disaient aux en-
fants impatients de combattre: Jure!
jure que tu mourras pour l'Italie ! -
Et les fils répondaient : Je le jure ! -
Et, sous la couverture, frémissants d'in-
dignation, l'oreille tendue vers la rue,
ils attendaient le lendemain pour se
déclarer prêts à la lutte. »
A vingt-deux ans, en 1848, Zanar-
delli prit une part active à la révolte
des Brescians.ll commençait sa vie po-
litique, le fusil à la main. Mais on n'i-
gnore pas que cette glorieuse tentative
dos Italiens pour reconquérir leur li-
berté fut noyée dans le sang. Et alors,
M. d'Atri nous montre Zanardelli se
consacrant « à l'éducation de ses con-
temporains avec toute la ferveur de la
jeunesse et sa foi dans l'avenir de son
pays », s'attelant à cette besogne :
« Faire des Italiens. » Il parlait, écri-
vait.
Il fallut dix ans, on le sait, ds 1849 à
4859, de Custoza à Solférino. Zanar-
delli, ayant été «n des ouvriers de la
première heure, put être un des plus
utiles serviteurs de l'Italie délivrée. II
entra bientôt au Parlement italien. De-
puis deux ans, ilt- président du con-
seil des ministres, avec un programmer
de réformes libérales qu'il s'efforce
loyalementde réaliser.
.*.
Mais il y a plus et mieux dans le li-
vre de M. d'Atri qu'une simple biogra-
phie : s'élevant parfois à un très grande
hauteur de vues philosophiques, notre
éminent confrère italien a voulu jus-
tifier la seconde partie' du titre de son
ouvrage l'a Italie moderne », en disant
à larges phrases comment il voit, à
travers les brumes de l'avenir, les des-
tinées promises à sa patrie.
Je ne.puis le suivre sur ce terrain ; on
appréciera, je l'espère, ma modestie ;
ce que je veux seulement faire ressor-
tir c'est que les rêves de M. d'Astri le
conduisent toujours à la conception
d'une amitié de plus en plus étroite,
de plus en plus solide entre la France
et l'Italie. plus solide entre la France
Cette amitié, nous la voulons comme
lui : comme lui nous sommes décidés à
y travailler de toutes nos forces et de
tout notre cœur.
Sans doute, il y a encore entre les
deux nations si bien faites pour se com-
prendre et pour s'aimer, des malenten-
dus, des préjugés, des erreurs; mais ce
doit être notre tâche de faire cesser ces
malentendus, de dissiper ces préjugés,
de détruire ces erreurs. J'emprunte
cette comparaison vraiment exquise à
M. d'Atri :
— « Je ris, écrit-il, lorsqu'une de mes
fillettes, née en France, apostrophe la
deuxième, née à Naples, par ces mots :
Sale niacaroni. Je veille sur toutes
deux ; elles sont mon unique raison d'ê-
tre, les seules étoiles qui éclairent ma
pensée en réchauffant mon âme. J'as-
siste avec un immense plaisir à leurs
querelles enfantines qui ressemblent
assez aux taquineries qu'échangent en-
tre elles la France et l'Italie. — J'ai à
peine besoin d'ajouter que ces petites
bouderies de mes fillettes se terminent
toujours par un sourireet un baiser. »
Puissent, pour le plus grand bien des
hommes, la France et l'Italie s'unir dé-
finitivement par un sourire de paix, par
un baiser fraternel.
Lucien Victor-Meunier.
EST-CE LA REVANCHE?
M. de Pressensé va, dit-on,
demander à la Chambre de
nommer, conformément à sa
décision du 20 octobre dernier,
une commission de 33 membres
à laquelle seraient renvoyés tous
les projets - relatifs - à la - sépara-
tion des Eglises et de l'Etat. Ou je com-
prends mal le sens de la proposition de
M. de Pressensé, ou la Chambre va être
mise en demeure soit de confirmer, soit
d'annuler le vote émis l'autre jour sur la
motion Hubbard.
Je m'exprime à dessein en termes géné-
raux. Mais il est certain qu'on ne saurait,
en droit, opposer aux républicains le prin-
cipe de la chose jugée.
De ce que la Chambre a refusé, à quel-
ques voix de majorité, d'accorder l'urgence
aux propositions qui prévoient Ja dénon-
ciation du Concordat, il ne résulte pas que
l'élection d'une commission créée théori-
quement depuis plusieurs mois, puisse être
différée; il ne résulte point non plus du
scrutin de mercredi que les propositions
de séparation des Eglises et de l'Etat soient
condamnées à la nuit, soient dorénavant
privées de l'examen de la commission com-
pétente
Ce que je veux dire, c'est que la motion
de M. de Pressensé offrira peut-être aux
gauches l'occasion d'effacer la mauvaise
impression produite par le vote de mer-
credi,
Je dis: peut-être. La portée réelle. de la
motion dépendra de la façon dont elle sera
présentée, et du sens que l'on s'accordera
à lui attribuer. Nommer une commission,
ce n'est rien. Il faut qu'il soit bien entendu
que cette commission travaillera, agira,
fera œuvre utile et nous conduira à la dé-
nonciation du Concordat, de la même
façon que la commission des associations
nous a menés à l'application formelle de la
loi de juillet 1901.
D'une façon ou d'une autre, le parti dé-
mocratique est en droit d'exiger la revan-
che de la journée si pénible et si embrouil-
lée de mercredi.
Et qu'on ne nous dise pas que nous
sommes trop pressés. Nous prions le gou-
vernement de remplir ses promesses.
Avions-nous demandé à M. Combes de
prononcer le discours du Sénat où, à pro-
pos du nobis nominavit, il faisait prévoir
comme prochaine la séparation des églises
et de l'Etat ? Le pays, comme le Parle-
ment, a applaudi aux paroles du président
du conseil. Mais, plusieurs mois après
cette déclaration de guerre à Rome, les
républicains s'étonnent justement que la
campagne ne soit point encore commencée.
— Ch. B. 1
a - - 1
Un agent provocateur de Bismarck
(De notre correspondant particulierl
Borne, 22 mai.
En 1889, la police suisse arrêtait à Rhein-
felden le commissaire de police Wohlge-
mulb, de Mulhouse, qui était venu plusieurs
fois sur le territoire suisse dans le but d'exci-
ter les anarchistes allemands réfugiée en Suisse
à commettre des attentats et à provoquer des
troubles. Cette arrestation provoqua un inci-
dent diplomatique des plus graves. M. de
BismarcU entra dans une rage terrible, il cassa
dâaie une chaise en discutant avec le colonel
Rolh, ministre plénipotentiaire de Suisse, qui,
entre parenthèses soit dit, s'occupait plutôt de
ses affaires (il était maquignon), que de la di- ;
gnité de la Suisse. Le gouvernement fédéral
relâcha finalement l'agent provocateur, mais
l'expulsa. Or, Wohlgemuth, se trouvant ma-
lade, a prié ces jours ci le gouvernement fédé-
ral. do rapporter. l'arrêt d'expulsion, disant
qu'il voudrait se - rendre dans thermale Misse. Sa iaeiDâniil'^eût d'élu=e*
exaucée. -r.
LES MURMURES
DE LA FORÊT
Le dédoublement de la ligne du Bour-
bonnais. — Deux tracés. — Melun
et Fontainebleau contre la Com-
pagnie de Lyon. — Le pres-
tige de la forêt.
Nul n'ignore que, de toutes les grandes com-
pagnies de chemins de fer, celle de Paris à
Lyon et à la Méditerranée comporte, non seu-
lement les p!us longs parcours, mais le plus
grand luxe et les plus rapides progrè3. (Cette
opinion est désintéressée, puisque je n'ai en
portefeuille aucune valeur de ladite compagnie.)
Il est, du reste, facile au lecteur de contrôler
mon dire : il n'a qu'à se rappbler que le sud-
est — varions la dénomination de notre grand
réseau — fit le premier circuler les wagons-
.couloirs adoptés depuis par les compagnies
rivales et à constater le dédoublement récent
du chemin de Bourgogne par l'addition de la
vià Corbeil à la viâ Melun avec, pour but
unique, Montereau. Mais — tels deux enfants
gâtés — le Bourbonnais réclama aussitôt les
mêmes avantages qu'avait obtenus la Bourgo-
gne. Les Chambres concédèrent une ligne di-
recte de Melun à Bourron, seconde et plus ra-
pide édition de la ligne existante (Meluu-Mo-
ret Marlolle-Bourron).
Jusque-là, tout allait au mieux. Mais voici,
maintenant, que la Compagnie de Lyon met à
l'enquête d'utilité publique un tracé, le même
en apparence, tout différent en réalité. Nomi-
nalement c'est toujours Melun-Bourron ; effec-
tivement, ce n'est plus ni Bourron, ni Melun,
car le tracé part plutôt de Cesson que de Me-
lun pour aboutir à Ury ou à Nemours plutôt
qu'à Bourron. De là, récriminations des habi-
tants de Melun et de Fontainebleau, qui es-
comptaient déjà la plus-value d'un nouvel em-
branchement ou la création d'une nouvelle
gare.
L'argument de la Compagnie
Quel motif donna la Compagnie pour mé-
contenter à la fois une préfecture et une sous-
préfecture ? Le suivant :
Le tracé primitif a soulevé de très vives protes-
tations de la part des personnes qui s'intéressent
à la conservation des parties pittoresques de la
forêt. La Compagnie a songé alors à passer à
l'ouest de cette forêt. Seulement, pour éviter, au
départ de Melun, do traverser des propriétés d'a-
grément et des coteaux aqnifères, il a été néces-
saire de reporter un peu au nord de Melun le
point de raccordement de la nouvelle ligne avec la
ligne actuelle. y
Le tracé nouveau part donc ; d'un point situé un
peu au nord de Melun, traverse la Seine un peu
en aval de la station de Vosves (Corbeil-Monte-
reau), puis court à travers la grande plaine de
ChaiUy-en-Bière, laissant bien loin à sa gauche les
sites de Barbizon et de Franchard.
- Il ne reste dans la périmètre proprement dit de
la forêt que pendant cinq kilomètres huit, dans
une partie sans grand intérêt, atteint le faite
d'Ury, puis descend à travers le plateau d'Ury par
un souterrain de deux kilomètres (qu'on pourra
peut-être remplacer en partie par une tranchée) et
vient se raccorder à la ligne du Bourbonnais un
peu au delà do Bourron.
Avant de me prononcer sur le différend dont
s'agit, je reconnais que les Melunois et les
Bellifontains apportent un puissant argument
à l'appui do leur cause : « Le tracé primitif
obtint seul l'approbation des Chambres, i!
faut s'y tanir 1), J'ajouterai que la Compagnie
de Lyon doit poursuivre un intérêt pécuniaire
plutôt qu'artistique dans la substitution du
tracé n° 2 au tracé n° 1. Cela dit, je souhaite
ardemment qu'elle obtienne gain de cause, et
cela « pour la conservation des parties pitto-
resques do la forêt. »
La forêt d'art
C'est que je la connais, l'admire et l'aime,
cette sublime forêt qui n'a d'autre défaut que
d'être trop proche de Paris, que d'être en
France. Ah! si Fontainebleau occupait l'em-
placement de Spa, les mondains y courraient
en masse. Mais il n'est guère « select » de tra-
verser les ravins où, pour moins d'un louis,
l'ouvrier parisien — s'il préfère la nature à
l'absinthe — peut descendre le dimanche.
Que de régals artistiques de premier ordre
dans ses majestueuses futaies à qui la nature a
départi tous les dons, qui comprennent toutes
les essences d'arbres, groupées sur un sol
montueux et pittoresque, contiennent des ro.
chers fantastiques et recèlent même — en quan-
tité minuscule, j'en conviens — l'eau des
lacs enchantés. Cette forêt, je l'ai parcourue en
tous sens; j'ai i compté parmi ses assidus et
fervents adorateurs ; j'ai frémi sous l'orage, au
souftledu vent qui brisait ses cimes; j'ai con-
templé l'or de ses automues, ses fantastiques
couchers de soleil; j'y ai suivi, aux premiers
jours d'hiver, le passage de ses hôtes redou-
tables, les loups et les sangliers Forêt ! page
de la nature, qui frappe peut-être moins que
la montagne, mais où l'âme artiste se plaît
continuellement et en toute saison ! Celle de
Fontainebleau est le résumé de toutes les autres.
J'y retrouve les futaies d'Allemagne et des
Pyrénées.
La vallée Jauberton
Et, de tous ses coins, c'est le côté ouest, celui
de Melun à Bourron, qui est le plus sauvage
et le plus beau. Grâce pour lui 1 Epargnez-lui
la voie ferrée qui saccagerait son majestueux
isolement ! Il me semble, si je retrouvais éven-
trée par la pioche des ingénieurs la divine val-
lée Jauberton, que je crierais au sacrilège.
Les murmures de la forêt
J'ai, pour ce gouffre peuplé de hêtres et de
chênes séculaires,où j'écrivis ma première œu-
vre de longue haleine, la reconnaissance du
peintre pour le site qui l'a révélé. Je me vois
encore, l'encrier perdu sous las hautes herbes
où la plume devait à chaque minute se frayer
passage, demander au bruissement des feuilles,
au bourdonnement des insectes, au chant des
oiseaux, ces première rimes, ces premiers ac-
cents d'une lyre encore obscure mais certaine.
Je me rappelle mon tressaillement à la vue des
géants sylvestres, amateurs insoupçonnés de
littérature. Car, mon premier ouvrage «
Je l'incrustai — qui le croirait?
Parmi la frondaison jaunie,
Des grands arbres de la forêt.
Parfois je relevais la tête,
Un moment je demeurai coi :
Regardant ryer le poète,
Un grand cerf était devant moi.
Tous ces souvenïrs,presque.iovraise.robIablés
et si profondément, si délicieusement vrais, jç
les évoque dix ans après les avoir rceueillis,
avec la même et inaltérable reconnaissance
Tout comme 1 G Siegfried de Wagner,-j'ai puist
dans les murmures do la forêt Se courage de
braver le monstre do la perversité. Avant même
de donner le coup mortel au Fafuer moderno,
je ne saurais oublier l'aide de ces timides agents
de l'Inspiration. Et ces murmures de la forêt,
porteurs ingénus de rimes let d'images, je de-
mande qu'on los aime et qu'on les respecte au
même titre que les êtres charitables et que les
nobles pensées 1
FERNAND GENDRIER.
MOUVEMENTS SISMIQUES
Rome, 22 mai.
Une forte socousse de tremblement de terre
a été signalée à Benevont à 10 h. 43 ; en cinq
endroits de la province de légères secousses
ont été également ressenties, ainsi qu'on 6 Cg-
droits dans la province d'Avellino. Les instru-
ments sismiques de Naples ont enregistré à
10 h. 40 deux légères secousses, qui n'ont
causé aucun dommage.
Salerne, 22 mai.
Ce matin, à 10 b. 45, une secousse de trem-
blement de terre a été ressentie ; elle a duré
trois secondes, mais n'a causé aucun dom-
mage.
Avellino, 22 mai.
Deux fortes secousses de tremblement de
terre ont été ressenties ce matin vers 10 h 47.
INEGALITE DE TRAITEMENT
On sait que les délégués du groupe radical-
socialiste ont eu, lundi, une entrevue avec la
président du conseil, le Siècle a donné de cette
entrevue un compte rendu dont nous retenons
ce passage :
Passant en revue les diverses questions sur les.
quelles la Chambre aura à se prononcer avant la
fin de la session, ils ont déclaré que le groupe
qu'ils représentent comptait, pour faire triompher
les solutions qu'il n'a cessé de préconiser, sur
l'aide du cabinet auquel il n'a, d'ailleurs, cessé de
prêter son concours le plus désintéressé.
Ils ont ajouté que le groupe radical-socialiste, le
plus important de la majorité au point de vue nu-
mérique, avait le désir de rester en communauté
d'idées avec le gouvernement. Mais pour qu'il en
soit ainsi, il est nécessaire que le cabinet sache
exactement ce que ce groupe pense et ce qu'il
veut. Or, dans certaines circonstances, on a pu
croire que le gouvernement puisait surtout ses ins-
pirations auprès deî députés socialistes et qu'il se
préoccupait avant tout d'obtenir l'adhésion du
groupe socialiste.
Les délégués ont exprimé le souhait que, dans
l'intérêt général, il ne se produisit pas de nou-
veaux faits permettant & tort ou à raison d'inter-
préter de la sorte les sentiments du gouverne-
ment.
La note du Siècle est parfaitement exacte.
Nous pouvons ajouter quo certains délégués
ont protesté vivement contre l'habitude prise
danb certains ministères de ne donner aucune
suite aux démarches des députés radicaux-so-
cialistes, tout en prodiguant les faveurs à quel-
ques députés collectivistes.
Il est même arrivé que des demandes trans-
mises par des députés radicaux-socialistes n'ont
été prises en considération qu'après avoir été
appuyées par des élus collectivistes.
Les électeurs commencent à connaitre ces
procédés ; et ils en concluant que le gouver-
nement ne représente que les tendances et les
intérêts de certains collectivistes. Il est néces-
saire de faire comprendre au pays que le gou-
vernement entond appuyer sa majorité sur
une base plus large.
Voir* à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et - ,
la Revue des Journaux
du matin
LES RÉVOLUTIONNAIRES RUSSES
(De notre correspondant sarticulierl
Eydlkuhnen (frontière russo-allemande),
22 mai.
Le comité connu sous le nom de Boyevana
Organizatzia (organisation de combat), qui
veut continuer la tactique des terroristes d'il y
a 20 ans, a condamné à mort 1b ministre do
l'intérieur, M. von Plehwe, et le procureur du
synode, M. Pobiédonossoff. Il convient de faire
remarquer quo ce comité a refusé d'adhérer
au nouveau mouvement de concentration de
tous les groupes révolutionnaires dû à l'lni-
tiative du journal l'Yskra. La feuille révolu-
tionnaire a fondé un comité d'organisation qui
se propose de réunir dans une vaste fédération
tous les révolutionnaires russes. Il a obtenu
jusqu'ici l'adhésion du comité de Saint-Péters-
bourg, du Bound, ligue,des socialistes juifs, et
du parti révolutionnaire de la Russie méridio-
nale.
La succession au trône de Serbie
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 22 mai.
Le bruit court à Belgrade que le roi Alexan-
dre songerait à nommer héritier de la couronne
le fils naturel que le roi Milan a eu do Mme
Artemesia Ristitsch. Ce jeune homme vit ac-
tuellement avec sa mère à Constantinople et il
est question de le faire venir en Serbie.
LES « FILS D'ARCHEVÊQUE »
DANS L'ARMEE BAVAROISE
(De notre correspondant particulierl
Munich, 22 mai.
Le prince Rupprecht va être nommé général
de division à Munich, la princesse sa femme
ayant exprimé le désir d'être très près de ses
parents. Le prince Arnulphe, malgré son âge
encore peu avancé, doit être mis prochainement
à la tête d'une division. Le mouvement néces-
saire pour faire place aux daux princes vient
d'avoir lieu et n'a pas manqué de stimuler l'ar-
deur professionnelle de ceux qui n'ont pas
l'avantage d'être issus de la maison des Wit-
telsbacb.
LE VAISSEAU-AMIRAL DE NELSON
(DB notre correspondant particulierl
Londres, 22 mai.
Le Victory qui, il y a un siècle, a servi de
vaisseau-amiral à Nelson, vient d'être mis
hors cadres. Le navire se trouvait encore, il
n'y a pas longtemps, dans les chantiers de
Postsmoulh, et rien dans son aspect ne faisait
supposer son âge séculaire.
EN ALGÉRIE
Alger, 22 mai.
A la suite d'un rezzou exécuté par les Toua-
reg contre nos indigènes dans l'Oued el Botha,
le lioutenant Guillolohan, do la compagnie des
> oasis saharionnes duTidikelt, accompagné d'un
détachement de cette compagnie et dû cavaliers
du makhzen d'Insalah, s'est porté dans le Hog-
gar et a exécuté une reconnaissance particu-
lièrement pénible,, qui a produit les"meilleurs
résultats pour l'expansion de notre influence
Jans le Sud.
Par un ordre lu aujourd'hui aux troupes de
la garnison, le général Caze félicite le lieute-
nant Guilloloban, ainsi que les sous-officiers et
hommes de troupes qui l'accompagnaient.
Une mission marocaine
Nemours. 22 mai.
Une mission marocaine, composée de quae
notables et deJour suite comprenant onze per-
sonnes, est arrivée aujourd'hui par le vapeur
Emir, venant de IViôlilIa.
Cette mission est envoyée chez les tribus dis-
sidentes do la frontière qu'elle s'efforcera de
"ramener à tecauso du sultan. Elle apporte une
centaine de 01H10 francs en or qu'elle distri-
buera aux caïijs.
La missiÓo'$,e. rendra demain à La Marnia
où ello entamera des pourparlers avec les
rebelles. -- -.
LETTRE D'ANGLETERRE
Curés et clergymen. — Les méfaits
d'une a petite goutte ». — Conduite
peu édifiante. Malheurs con-
jugaux. - La robe aux or-
ties. - Une mode qui
passe.
(De noire correspondant spécial à Londres).
Londres, 20 mai.
Prêcher la sagesse et être sage soi-même,
sont deux choses toutes différentes; ne buvez
pas, dit tel curé en chaire qui s'enivre après
son prône; ne coavoitoz pas la femme do vo-
ire voisin,prêche cet autre qui court la prétan-
taine quand la nuit tombe. Péchés coutumiers
chez des gens qui, par suite de leur soi-disant
profession de directeurs de consciences, de-
vraient au moins donner le bon exemple.
Ouvrez un journal français, sur dix cas d'a-
bus sur des onfants, cinq auront pour héros
- abominables sires, je devrais dire — des
gens encalotlés ; ouvrez un journal anglais, le
champ de leurs saletés change aussitôt ; le prê-
tre anglais ayant la faculté de prendre femme,
le crime,le péché mignon de son collègue catho-
lique, devient donc moins fréquent mais, par
contre, l'ivrognerie, peu répandue parmi le
clergé français, fait florès chez les bons cler-
gymen ; de plus, chose curieuse: non contents
d'avoir une femme, d'être mariés, ces braves
messieurs courent les bonnes fortunes, et sain-
tement — il n'en peut être autrement quand il
s'agit d'un ministre do Dieu — s'approprient
les femmes de leurs voisins.
Je ne veux pas être taxi de conteur de sor-
nettes, je veux vous dire tout simplement ce
que j'ai lu dernièrement; un cas isolé dans un
journal est chose trop commune pour être
relevée, mais trois cas, deux d'ivrognerie et un
d'infidélité, sont dignes d'être signalés.
C'était, pour commencer, un nommé John
Hudson que la police avait ramassé ivre dans
un qurlier de Londres.
Le juge. — Etiez vous ivre ?
Hudson. — Je n'étais pas bien ; j'avais mal là
l'estomac, j'ai bu une petite goutta qui m'a com
plètement chaviré.
Le juge; - Vous devriez avoir honte de vous ;
vous déshonorez votre profession, vous liurcz cinq
shillings d'amende.
A noter l'hypocrisie du bon prêtre et la
clémence du juge — un confit en dévotion,
nul doute.
J'ai peut-être tort de taxer d'hypocrisie le
nommé Hudson, qui avoue n'avoir absorbé
qu'une petite goutte, car personne n'a encore
déterminé exactement le volume d'une petite
goutte; c'est une choso qui, varie] à "infini et
qui d'une quantité infinitésimale atteint dans
l'esprit de certaines gens des proportions gran-
dioses ; ainsi,dans l'esprit de ma pocharde de
propriétaire, une petite goutte est un verre
plein 1
Chagrins domestiques
Un autre :
Lo recérand William Lewis était conduit en
prison; ivre, à moitié déshabillé, et proférant
des inj ures, la police l'avait roncontré; il
chantait tout autre chose que les versets de la
Bible, et comme le juge lui faisait comprendre
à quel point était peu édifiante sa conduite, le
conducteur de conscience s'écria qu'il buvait
pour oublier des ennuis domestiques; sa tendre
épouse l'avait làché r
Il est assez curieux de voir qu'un homme
qui vous raconte que la prière est un secours,
un soulagement à nos peines, à nos ennuis,
aille s'enivrer et tombe,après 20 ans passés au
sein de l'église, dans une condition si vile, si
abjecte.
Dans quelques jours, quand la révérend re-
tournera dans son temple, complètement dé-
dégrisé, revenu à ses sens, il dira à ses ouail-
les attentives : « Priez mes frères, priez mes
sœurs, le jour où le malheur viendra frapper
à votre porte; et cette prière vous donnera
comme une force, comme une ardeur nou-
vellequi vous aidera à supporter V03 ennuis. »
-Quant à moi, pensora-t-il, j'ai mieux à mon
service : Je bois.
lEncore un autre
Ivrognerie, coups, infidélité, sont les raisons
invoquées par une dame Amy Robecca Rees
qui demande à être séparée de son digne époux
le Revevend Rees, mais cette fois-ci les détails
de cette triste histoire sont trop révoltants
pour être divulgués et puis, comme moi, vous
trouverez que la mesure est pleine: c'est écœu-
rant en fin do comptede trouver tant do vices,
tant de corruption chez dos êtres dont le mé-
tier est de faire du bien, dont la métier de pa-
resseux et d'oisif demande une grande dose
d'hypocrisie et des manières cauteliues, onc-
tueuses.
J'ai quelques amis que leurs parents desti-
naient à être prêtres et qui, fatigués de cette
existence toute en-dessous, ont jeté leurs fro-
quillons aux orties,quand,dégoû lés de cellevie,
ils ont compris qu'ils n'auraient jamais le
courage nécessaire pour acquérir la grande dose
d'hypocrisie qui anime la secte.
Un guide: (?) pour la conscience
Il est des gens à l'esprit assez faible, les fem-
mes principalement, qui croient que le prêtre
est indispensable; que, sans sa parole d'oracle,
les choses ne marcheraient pas aussi bien ; il
leur faut un guide pour leur conscience i illest
à croire que leurs facultés mentales sont bien
affaiblies, si d'elles-mêmes elles ne sont pas
capables de distinguer le bien du mal.
A Londres, bien des clergymen se rendent
compte que la mode passe d'aller leur deman-
der avis ou d'aller les écouter le dimanche ma-
tin , aussi, pour attirer le client dans son
« church Mie bon curé devient cabotin ; je con-
nais certaine église de la cité qui possèdo une
musique, quelques instruments de cuivre, et,
avant d'aller prier sur les bancs do bois polis
par des genoux pieux, lo clergyman, dans son
habit de pontife de dieu, suivi de la musique
qui joue à gros éclats, fait le tour du quartier
et, derrière, suivent les quelques portières et
portiers qui seuls, le dimanche, peuplent la
cité; sur leur passage, les chats offarouebéj se
sauvent; au coin des rues, rouies et immobiles
dans leur tunique bleu sombre, les policemen
snivont de J'œil cette procession grotesque. —
André Brodut.
AU MAROC
Tanger, 22 mai.
, On télégraphie de Fez, 11 mai, les détails
suivants sur la défection des Zemmours :
Hier le contingent des Zemmours a fait dé-
fection et a attaqué Fez sous les murs du pa-
lais. Les troupes du sultan ont fait une sortie
et ont repoussé les Zemmours vers Mequinez.
Pendant que ces derniers battaient en retraite,
leur route a été barrée ; ils ont été pris entre
deux feux. Ils ont perdu cent tués et de nom-
breux blessés.
La colonne commandée par El Menebbi, mi-
nistre de la guerre, a quitté Fez se rendant à
Taza.
, "r « »
'0.: LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin à
re[yoée, sous la présidence de M. Loubet.
Le conseil a consacré la plus grande partie
le sa séance à poursuivre l'oxamen du projet
la buget pour l'exercice 1904. Cet «laïqçii^era
lermiaé mardi procb4&*.
Lo président du conseil a fait connaître les
moyens proposés par ld gouverneur général de
l'Agérie pour assurer la sécurité de notre fron-
tière marocaine. Les mesures reconnues nâ-
cessaires ont été adoptées par le conseil.
FAIBLESSES
La cour d'appel de Rennes vient de coa*
damner le jésuite Lcmarescal, qui dans la ca-
thédrale de Tréguier avait critiqué les lois de
la République et les actes du gouvernement, à
200 francs d'amende sans sursis. La tribunal
de Château-Thierry a lui aussi fait l'applica-
tion.de l'arliclc 201 du Code pénal & un prôtre
poursuivi pour avoir dit qu'un maire s'était
fait l'agent d'un gouvernement détestable qui
a fait enlever le Christ de l'école. :'
Il n'y a pas là de quoi louer et la cour de
Rennes et le tribunal de Château-Thierrjr. Les
magistrats qui les composent ont simplement.
fait leur devoir. C'est une chose qui est toute
naturelle. On doit néanmoins la considérer
comme un peu extraordinaire à une époque où
les juges, asservis aux congrégations, violent
fréquemeut et avec plaisir 'la loi à leur proflt,.
Mais il y a lieu do demander aux parquets
pourquoi ils ont deux attitudes différentes sui-
vant qu'il sagit de prêtres modestes et de hauts
prélats. On peut dire dès à présent que la ma-
gistrature debout a manqué à son devoir en ne
poursuivant pas d'ornee les évêques factieux.
On peut ajouter que le garde dos sceaui a fait
preuve d'une inexplicaUe faiblesse en neluien-
joignant point d'ouvrir dos instructions et do
traduire les déliuquants devant les tribunaui
compétents.
Les évêques sont visés par la loi au mênie
titre que les autres ministres du culte.
Les articles 201 et 208 punissent : 1* Les
critiques, censures et provocations contre l au-
torité publique, dans un discours pastoral pro-
noncé publiquement ; 2' Les critiques, censu-
res et provocations contenues dans un écrit
pastoral.
Ces délits ont été commis. Il est superflu de
rappeler ici les sermons et les mandements et
les lettres pastorales dans lesquelles les évê.
ques ont bravé le gouvernement et les Cham-
bres.
Il faut que le dernier mot reste à la loi. Nous
avons, dit-on, un cabinet qui est !'éFOlu à
s'opposer à tous les empiètements de l'Eglise
et à persévérer dans une politiquo anticléricale.
laissera-t-il longtemps le glaive de lù justice
tomber de ses mains défaiHantes? - L. Arm-
bruster.
——————————— ♦ —_
LA FRANCE ET LA CHINE
- Pékin, 22 mai.
Lo représentant de la France a signalé hier
de nouveau au gouvernement chinois Id gra-
vité croissante du mouvement révolutionnaire
au Yun-Nan, et les inquiétudes qu'on en peut
concevoir pour la sécurité des étrangers.
Sur l'ordre du ministre des affaires étrangè-
res, M. Dubail a pressé vivement le gouverne-
ment impérial de prendre sans délai toutes les
mesures de protection que comporte la situa.
tion, et lui a dit que sa responsabilité était en-
gagée.
A la suite de cette démarche, un édit impé-
rial rendu cette nuit ordonne la protection des
étrangers, l'envoi on nombre suffisant de trou-
pas contre les rebelles, et la punition des
fonctionnaires qui auraient fait preuve de né-
gligence.
LA BAGARRE DE PAMPELUNE
Pampelune, 22 mai.
Au cours d'une manifestation organisée hier
par les libéraux, les carlistes protestèrent pat
des cris de : Vive la religion f pendant que les
libéraux criaient ; Vive la liberté 1 Vivo la Ré-
publique !
Une collision se produisit : des coups de bâ-
ton et des coups de poing furent échangés.
Quelques personnalités libérales intervinrent
et rJLablirent l'ordre. Quelques arrestations fuc
rent opérées.
———————————
AU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SEINE
La session du conseil général s'ouvrira le 1C
juin prochain. Au cours de la première séance.
il sera procédé au renouvellement du bureau
du conseil général.
Parmi les candidats à la présidence, citons
MM. Rinsoa et Chautard.
TROUBLES EN ITALIE
Manifestations irrédentistes. — Contre
tes Autrichiens. — Au Consulat. —
Le drapeau autrichien lacéré.
Rome, 22 mai.
Des manifestations irrédentistes ont eu lieu,
hier, à Parme, à Pise, à Vérone, à Padoue et
à Venise, lorsqu'on a appris les troubles qui
ont éclaté entre étudiants italiens et autrichiens
à l'université d'Innsbrûck, aux cris de : « Vivo
Trente ! Vivo Trieste ! » La question sera por-
tée à la Chambre et au Sénat.
Voici à ce sujet les détails donnés par les
journaux de Venise :
Tous les étudiants de Venise ont parcouru la
ville en criant : « Vive Trenter Vivo Trieste t
Vive l'Italie I » ; ils se sont rendus devant la
consulat autrichien, dont les abords étaient
gardés par la police, et. aux cris do : « Vive
le Roi 1 Vive l'Italie 1 » Ils ont lacéré un dra-
peau autrichien qu'ils avaient apporté avec
eux et ils en ont jeté les lambeaux dans 16
canal.
Les manifestants se sont ensuite rendus à la
préfecture, où ils ont crié : « Vive lo gouver-
nemont italien ! » Partout sur leur passago,
les étudiants étaient vivement acclamés par la
population.
Avant de se séparer, ils sont allés place
Saint-Marc, et aux sous de l'Hymne à Gari.
baldi, do la Marche royale, et aux cris do :
« Vivent Trente et Trieste! »,ils ont fait,au mi-
lieu de la place, un autodafé de journaux cJé-
ricaux et d'un chiffon représentant le drapeau
autrichien.
A Vérono, pendant une représentation su
théâtre Ristori, le public a fait une démons-
tration chaleureuse, criant : « Viv? Trente!
Vivo Trieste ! 1)
A Dologne, passant sous los fenêtros du con-
sulat autrichion, les manifestants ont sifflé et
crié : a A bas l'Autriche el ses ainis! »
A Pavie, les étudiants se sont réunis au mo-
nument de Garibaldi, où ils ont prononcé dos
discours do protestation contre los ctudiams
allemands, tout en criant : « A bas l'Aiiiri.
cbef » Un petit drapeau autrichien qu'un
des étudiants agitait, a été lacéré aux même;
cris.
Les réclamations de l'Italie
Le journal l'Italie est persuadé quo le gou-
vernement italien saura réclamer énergiquo-
ment du gouvernement autrichien la réparation
due et la garantio que de paroils faits, trop
fréquents, ne se renouvelleront plus. Le même
journal, répondant à un article de la Nouvelle
Presse Libre qui avait affirmé que le gouverne-
ment italien dépensait beaucoup d'argent pour
entretenir une agitation italienne en Albanie,
déclare qu'il suffit de mettre une seule fois le
pied à Sculari et à Durazzo pour se rendre
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No 12126. — Dimanohe 24 Mai 1903
S PRAIRIAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
Nous commencerons après-demain en feuil-
leton de la 5e page :
les Femmes de demain
CRAND ROMAN INÉDIT
par CÉCILE CASSOT
dé
4, ; Nos- lecteurs o-ntdéjà eu la primeur de
plusieurs des œuvres de Cécile Cassot, ils
savent combien cet auteur excelle à combiner
'à travers de nombreuses péripéties une ac-
tion rapide, dramatique et touchante. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée.
LES FEMMES BEBEMAM
auront un très gros SUcèè, d'émotion et
d'intérêt.
NOS LEADERS
Itali fil
J:ai là, sur ma table, les bonnes
feuilles d'un livre qui va paraître :
Giuseppe Zanardelli et VItalie moderne,
oeuvre fortement pensée et remarqua-
blement écrite — « en français » —
par un Italien qui, fixé depuis de lon-
gues années en France, chérit d'amour
filial l'Italie sa mère, et, d'affection sin-
cère, aime comme une seconde patrie
presque, la France. C'est notre distingué
confrère et ami, A. d'Atri, le directeur
du journal l'Italie illustrée.
Les temps sont loin, oublias, où l'I-
talie, victime de la politique crispi-
nienne, engageait contre la France
cette absurde et fratricide guerre de ta-
rifs qui a d'ailleurs été si grandement
^préjudiciable aux intérêts italiens. A
l'heure actuelle, on peut, je crois, dire
sans forcer la vérité que, si la signa-
turede l'Italie est encore au bas du traité
de Triple-Alliance, son cœur est avec
ja France vers laquelle l'entraînent tant
de souvenirs et d'affinités profondes, la
France, sa sœur, latine.
Les manifestations si spontanées
auxquelles vient de donner lieu le
voyage du ministre de l'instruction pu-
blique en Italie, ne peuvent laisser au-
cun doute sur les dispositions et les
sentiments du peuple italien. Lorsque
le roi Victor-Emmanuel nous apportera
le salut cordial de l'Italie, il aura au-
tour de lui l'applaudissement de la
France, de la France qui veut la paix
féconde et ne saurait se rappeler sans
émotion les pages glorieuses de son his-
toire où le nom de l'Italie se trouve
tjcritàcôté du sien.
C'est sur de superbes champs de ba-
taille que l'échange du sang, cet
échange du sang après lequel les peu-
ples naïfs et sincères se croient amis à
jamais, a été fait entre la France et l'I-
talie. Les souvenirs de Solférino, de
Magenta, planent au-dessus de nos dra-
peaux. En 1871, alors que la France
vaincue luttait encore, pour sauver du
moins son honneur, le grand italien,
Garibaldi, vint mettre son épée au ser-
vice de la France. En 1822, lorsque l'Ita-
lie opprimée, esclave, râlait sous le ta-
lon de fer de l'Autriche, le Français
Alexandre Andryane vint donner sa
liberté pour la liberté de l'Italie.
***
Le livre de M. d'Atri est avant toutes
choses une biographie du chef actuel
du ministère italien. Il montre Giuseppe
Zanardelli né à Brescia, en 1826, c'est-
à-dire au moment où le joug de l'Autri-
che pesait lourdement sur l'Italie — à
ce moment, les prisons étaient pleines;
16 comte Confalonieri, Silvio Pellico,
Andryane, tant d'autres, agonisaient
au Spielberg ; la terreur écrasait l'Ita-
fie - grandissant au milieu des souf-
frances de la patrie garrottée, enten-
dant autour de lui parler, à voix.basse,
de délivrance.
Le beau livre de M. d'Atri dit ce que
furent à cette époque les femmes ,
les mères italiennes ; vraiment subli-
mes, elles élevaient leurs enfants pour
la bataille suprême qui devait rendre à
l'Italie son indépendance, Je cite : —
« Et, le soir, les mères fermaient la
porte de leur maison surveillée par la
police autrichienne, et disaient aux en-
fants impatients de combattre: Jure!
jure que tu mourras pour l'Italie ! -
Et les fils répondaient : Je le jure ! -
Et, sous la couverture, frémissants d'in-
dignation, l'oreille tendue vers la rue,
ils attendaient le lendemain pour se
déclarer prêts à la lutte. »
A vingt-deux ans, en 1848, Zanar-
delli prit une part active à la révolte
des Brescians.ll commençait sa vie po-
litique, le fusil à la main. Mais on n'i-
gnore pas que cette glorieuse tentative
dos Italiens pour reconquérir leur li-
berté fut noyée dans le sang. Et alors,
M. d'Atri nous montre Zanardelli se
consacrant « à l'éducation de ses con-
temporains avec toute la ferveur de la
jeunesse et sa foi dans l'avenir de son
pays », s'attelant à cette besogne :
« Faire des Italiens. » Il parlait, écri-
vait.
Il fallut dix ans, on le sait, ds 1849 à
4859, de Custoza à Solférino. Zanar-
delli, ayant été «n des ouvriers de la
première heure, put être un des plus
utiles serviteurs de l'Italie délivrée. II
entra bientôt au Parlement italien. De-
puis deux ans, ilt- président du con-
seil des ministres, avec un programmer
de réformes libérales qu'il s'efforce
loyalementde réaliser.
.*.
Mais il y a plus et mieux dans le li-
vre de M. d'Atri qu'une simple biogra-
phie : s'élevant parfois à un très grande
hauteur de vues philosophiques, notre
éminent confrère italien a voulu jus-
tifier la seconde partie' du titre de son
ouvrage l'a Italie moderne », en disant
à larges phrases comment il voit, à
travers les brumes de l'avenir, les des-
tinées promises à sa patrie.
Je ne.puis le suivre sur ce terrain ; on
appréciera, je l'espère, ma modestie ;
ce que je veux seulement faire ressor-
tir c'est que les rêves de M. d'Astri le
conduisent toujours à la conception
d'une amitié de plus en plus étroite,
de plus en plus solide entre la France
et l'Italie. plus solide entre la France
Cette amitié, nous la voulons comme
lui : comme lui nous sommes décidés à
y travailler de toutes nos forces et de
tout notre cœur.
Sans doute, il y a encore entre les
deux nations si bien faites pour se com-
prendre et pour s'aimer, des malenten-
dus, des préjugés, des erreurs; mais ce
doit être notre tâche de faire cesser ces
malentendus, de dissiper ces préjugés,
de détruire ces erreurs. J'emprunte
cette comparaison vraiment exquise à
M. d'Atri :
— « Je ris, écrit-il, lorsqu'une de mes
fillettes, née en France, apostrophe la
deuxième, née à Naples, par ces mots :
Sale niacaroni. Je veille sur toutes
deux ; elles sont mon unique raison d'ê-
tre, les seules étoiles qui éclairent ma
pensée en réchauffant mon âme. J'as-
siste avec un immense plaisir à leurs
querelles enfantines qui ressemblent
assez aux taquineries qu'échangent en-
tre elles la France et l'Italie. — J'ai à
peine besoin d'ajouter que ces petites
bouderies de mes fillettes se terminent
toujours par un sourireet un baiser. »
Puissent, pour le plus grand bien des
hommes, la France et l'Italie s'unir dé-
finitivement par un sourire de paix, par
un baiser fraternel.
Lucien Victor-Meunier.
EST-CE LA REVANCHE?
M. de Pressensé va, dit-on,
demander à la Chambre de
nommer, conformément à sa
décision du 20 octobre dernier,
une commission de 33 membres
à laquelle seraient renvoyés tous
les projets - relatifs - à la - sépara-
tion des Eglises et de l'Etat. Ou je com-
prends mal le sens de la proposition de
M. de Pressensé, ou la Chambre va être
mise en demeure soit de confirmer, soit
d'annuler le vote émis l'autre jour sur la
motion Hubbard.
Je m'exprime à dessein en termes géné-
raux. Mais il est certain qu'on ne saurait,
en droit, opposer aux républicains le prin-
cipe de la chose jugée.
De ce que la Chambre a refusé, à quel-
ques voix de majorité, d'accorder l'urgence
aux propositions qui prévoient Ja dénon-
ciation du Concordat, il ne résulte pas que
l'élection d'une commission créée théori-
quement depuis plusieurs mois, puisse être
différée; il ne résulte point non plus du
scrutin de mercredi que les propositions
de séparation des Eglises et de l'Etat soient
condamnées à la nuit, soient dorénavant
privées de l'examen de la commission com-
pétente
Ce que je veux dire, c'est que la motion
de M. de Pressensé offrira peut-être aux
gauches l'occasion d'effacer la mauvaise
impression produite par le vote de mer-
credi,
Je dis: peut-être. La portée réelle. de la
motion dépendra de la façon dont elle sera
présentée, et du sens que l'on s'accordera
à lui attribuer. Nommer une commission,
ce n'est rien. Il faut qu'il soit bien entendu
que cette commission travaillera, agira,
fera œuvre utile et nous conduira à la dé-
nonciation du Concordat, de la même
façon que la commission des associations
nous a menés à l'application formelle de la
loi de juillet 1901.
D'une façon ou d'une autre, le parti dé-
mocratique est en droit d'exiger la revan-
che de la journée si pénible et si embrouil-
lée de mercredi.
Et qu'on ne nous dise pas que nous
sommes trop pressés. Nous prions le gou-
vernement de remplir ses promesses.
Avions-nous demandé à M. Combes de
prononcer le discours du Sénat où, à pro-
pos du nobis nominavit, il faisait prévoir
comme prochaine la séparation des églises
et de l'Etat ? Le pays, comme le Parle-
ment, a applaudi aux paroles du président
du conseil. Mais, plusieurs mois après
cette déclaration de guerre à Rome, les
républicains s'étonnent justement que la
campagne ne soit point encore commencée.
— Ch. B. 1
a - - 1
Un agent provocateur de Bismarck
(De notre correspondant particulierl
Borne, 22 mai.
En 1889, la police suisse arrêtait à Rhein-
felden le commissaire de police Wohlge-
mulb, de Mulhouse, qui était venu plusieurs
fois sur le territoire suisse dans le but d'exci-
ter les anarchistes allemands réfugiée en Suisse
à commettre des attentats et à provoquer des
troubles. Cette arrestation provoqua un inci-
dent diplomatique des plus graves. M. de
BismarcU entra dans une rage terrible, il cassa
dâaie une chaise en discutant avec le colonel
Rolh, ministre plénipotentiaire de Suisse, qui,
entre parenthèses soit dit, s'occupait plutôt de
ses affaires (il était maquignon), que de la di- ;
gnité de la Suisse. Le gouvernement fédéral
relâcha finalement l'agent provocateur, mais
l'expulsa. Or, Wohlgemuth, se trouvant ma-
lade, a prié ces jours ci le gouvernement fédé-
ral. do rapporter. l'arrêt d'expulsion, disant
qu'il voudrait se - rendre dans
exaucée. -r.
LES MURMURES
DE LA FORÊT
Le dédoublement de la ligne du Bour-
bonnais. — Deux tracés. — Melun
et Fontainebleau contre la Com-
pagnie de Lyon. — Le pres-
tige de la forêt.
Nul n'ignore que, de toutes les grandes com-
pagnies de chemins de fer, celle de Paris à
Lyon et à la Méditerranée comporte, non seu-
lement les p!us longs parcours, mais le plus
grand luxe et les plus rapides progrè3. (Cette
opinion est désintéressée, puisque je n'ai en
portefeuille aucune valeur de ladite compagnie.)
Il est, du reste, facile au lecteur de contrôler
mon dire : il n'a qu'à se rappbler que le sud-
est — varions la dénomination de notre grand
réseau — fit le premier circuler les wagons-
.couloirs adoptés depuis par les compagnies
rivales et à constater le dédoublement récent
du chemin de Bourgogne par l'addition de la
vià Corbeil à la viâ Melun avec, pour but
unique, Montereau. Mais — tels deux enfants
gâtés — le Bourbonnais réclama aussitôt les
mêmes avantages qu'avait obtenus la Bourgo-
gne. Les Chambres concédèrent une ligne di-
recte de Melun à Bourron, seconde et plus ra-
pide édition de la ligne existante (Meluu-Mo-
ret Marlolle-Bourron).
Jusque-là, tout allait au mieux. Mais voici,
maintenant, que la Compagnie de Lyon met à
l'enquête d'utilité publique un tracé, le même
en apparence, tout différent en réalité. Nomi-
nalement c'est toujours Melun-Bourron ; effec-
tivement, ce n'est plus ni Bourron, ni Melun,
car le tracé part plutôt de Cesson que de Me-
lun pour aboutir à Ury ou à Nemours plutôt
qu'à Bourron. De là, récriminations des habi-
tants de Melun et de Fontainebleau, qui es-
comptaient déjà la plus-value d'un nouvel em-
branchement ou la création d'une nouvelle
gare.
L'argument de la Compagnie
Quel motif donna la Compagnie pour mé-
contenter à la fois une préfecture et une sous-
préfecture ? Le suivant :
Le tracé primitif a soulevé de très vives protes-
tations de la part des personnes qui s'intéressent
à la conservation des parties pittoresques de la
forêt. La Compagnie a songé alors à passer à
l'ouest de cette forêt. Seulement, pour éviter, au
départ de Melun, do traverser des propriétés d'a-
grément et des coteaux aqnifères, il a été néces-
saire de reporter un peu au nord de Melun le
point de raccordement de la nouvelle ligne avec la
ligne actuelle. y
Le tracé nouveau part donc ; d'un point situé un
peu au nord de Melun, traverse la Seine un peu
en aval de la station de Vosves (Corbeil-Monte-
reau), puis court à travers la grande plaine de
ChaiUy-en-Bière, laissant bien loin à sa gauche les
sites de Barbizon et de Franchard.
- Il ne reste dans la périmètre proprement dit de
la forêt que pendant cinq kilomètres huit, dans
une partie sans grand intérêt, atteint le faite
d'Ury, puis descend à travers le plateau d'Ury par
un souterrain de deux kilomètres (qu'on pourra
peut-être remplacer en partie par une tranchée) et
vient se raccorder à la ligne du Bourbonnais un
peu au delà do Bourron.
Avant de me prononcer sur le différend dont
s'agit, je reconnais que les Melunois et les
Bellifontains apportent un puissant argument
à l'appui do leur cause : « Le tracé primitif
obtint seul l'approbation des Chambres, i!
faut s'y tanir 1), J'ajouterai que la Compagnie
de Lyon doit poursuivre un intérêt pécuniaire
plutôt qu'artistique dans la substitution du
tracé n° 2 au tracé n° 1. Cela dit, je souhaite
ardemment qu'elle obtienne gain de cause, et
cela « pour la conservation des parties pitto-
resques do la forêt. »
La forêt d'art
C'est que je la connais, l'admire et l'aime,
cette sublime forêt qui n'a d'autre défaut que
d'être trop proche de Paris, que d'être en
France. Ah! si Fontainebleau occupait l'em-
placement de Spa, les mondains y courraient
en masse. Mais il n'est guère « select » de tra-
verser les ravins où, pour moins d'un louis,
l'ouvrier parisien — s'il préfère la nature à
l'absinthe — peut descendre le dimanche.
Que de régals artistiques de premier ordre
dans ses majestueuses futaies à qui la nature a
départi tous les dons, qui comprennent toutes
les essences d'arbres, groupées sur un sol
montueux et pittoresque, contiennent des ro.
chers fantastiques et recèlent même — en quan-
tité minuscule, j'en conviens — l'eau des
lacs enchantés. Cette forêt, je l'ai parcourue en
tous sens; j'ai i compté parmi ses assidus et
fervents adorateurs ; j'ai frémi sous l'orage, au
souftledu vent qui brisait ses cimes; j'ai con-
templé l'or de ses automues, ses fantastiques
couchers de soleil; j'y ai suivi, aux premiers
jours d'hiver, le passage de ses hôtes redou-
tables, les loups et les sangliers Forêt ! page
de la nature, qui frappe peut-être moins que
la montagne, mais où l'âme artiste se plaît
continuellement et en toute saison ! Celle de
Fontainebleau est le résumé de toutes les autres.
J'y retrouve les futaies d'Allemagne et des
Pyrénées.
La vallée Jauberton
Et, de tous ses coins, c'est le côté ouest, celui
de Melun à Bourron, qui est le plus sauvage
et le plus beau. Grâce pour lui 1 Epargnez-lui
la voie ferrée qui saccagerait son majestueux
isolement ! Il me semble, si je retrouvais éven-
trée par la pioche des ingénieurs la divine val-
lée Jauberton, que je crierais au sacrilège.
Les murmures de la forêt
J'ai, pour ce gouffre peuplé de hêtres et de
chênes séculaires,où j'écrivis ma première œu-
vre de longue haleine, la reconnaissance du
peintre pour le site qui l'a révélé. Je me vois
encore, l'encrier perdu sous las hautes herbes
où la plume devait à chaque minute se frayer
passage, demander au bruissement des feuilles,
au bourdonnement des insectes, au chant des
oiseaux, ces première rimes, ces premiers ac-
cents d'une lyre encore obscure mais certaine.
Je me rappelle mon tressaillement à la vue des
géants sylvestres, amateurs insoupçonnés de
littérature. Car, mon premier ouvrage «
Je l'incrustai — qui le croirait?
Parmi la frondaison jaunie,
Des grands arbres de la forêt.
Parfois je relevais la tête,
Un moment je demeurai coi :
Regardant ryer le poète,
Un grand cerf était devant moi.
Tous ces souvenïrs,presque.iovraise.robIablés
et si profondément, si délicieusement vrais, jç
les évoque dix ans après les avoir rceueillis,
avec la même et inaltérable reconnaissance
Tout comme 1 G Siegfried de Wagner,-j'ai puist
dans les murmures do la forêt Se courage de
braver le monstre do la perversité. Avant même
de donner le coup mortel au Fafuer moderno,
je ne saurais oublier l'aide de ces timides agents
de l'Inspiration. Et ces murmures de la forêt,
porteurs ingénus de rimes let d'images, je de-
mande qu'on los aime et qu'on les respecte au
même titre que les êtres charitables et que les
nobles pensées 1
FERNAND GENDRIER.
MOUVEMENTS SISMIQUES
Rome, 22 mai.
Une forte socousse de tremblement de terre
a été signalée à Benevont à 10 h. 43 ; en cinq
endroits de la province de légères secousses
ont été également ressenties, ainsi qu'on 6 Cg-
droits dans la province d'Avellino. Les instru-
ments sismiques de Naples ont enregistré à
10 h. 40 deux légères secousses, qui n'ont
causé aucun dommage.
Salerne, 22 mai.
Ce matin, à 10 b. 45, une secousse de trem-
blement de terre a été ressentie ; elle a duré
trois secondes, mais n'a causé aucun dom-
mage.
Avellino, 22 mai.
Deux fortes secousses de tremblement de
terre ont été ressenties ce matin vers 10 h 47.
INEGALITE DE TRAITEMENT
On sait que les délégués du groupe radical-
socialiste ont eu, lundi, une entrevue avec la
président du conseil, le Siècle a donné de cette
entrevue un compte rendu dont nous retenons
ce passage :
Passant en revue les diverses questions sur les.
quelles la Chambre aura à se prononcer avant la
fin de la session, ils ont déclaré que le groupe
qu'ils représentent comptait, pour faire triompher
les solutions qu'il n'a cessé de préconiser, sur
l'aide du cabinet auquel il n'a, d'ailleurs, cessé de
prêter son concours le plus désintéressé.
Ils ont ajouté que le groupe radical-socialiste, le
plus important de la majorité au point de vue nu-
mérique, avait le désir de rester en communauté
d'idées avec le gouvernement. Mais pour qu'il en
soit ainsi, il est nécessaire que le cabinet sache
exactement ce que ce groupe pense et ce qu'il
veut. Or, dans certaines circonstances, on a pu
croire que le gouvernement puisait surtout ses ins-
pirations auprès deî députés socialistes et qu'il se
préoccupait avant tout d'obtenir l'adhésion du
groupe socialiste.
Les délégués ont exprimé le souhait que, dans
l'intérêt général, il ne se produisit pas de nou-
veaux faits permettant & tort ou à raison d'inter-
préter de la sorte les sentiments du gouverne-
ment.
La note du Siècle est parfaitement exacte.
Nous pouvons ajouter quo certains délégués
ont protesté vivement contre l'habitude prise
danb certains ministères de ne donner aucune
suite aux démarches des députés radicaux-so-
cialistes, tout en prodiguant les faveurs à quel-
ques députés collectivistes.
Il est même arrivé que des demandes trans-
mises par des députés radicaux-socialistes n'ont
été prises en considération qu'après avoir été
appuyées par des élus collectivistes.
Les électeurs commencent à connaitre ces
procédés ; et ils en concluant que le gouver-
nement ne représente que les tendances et les
intérêts de certains collectivistes. Il est néces-
saire de faire comprendre au pays que le gou-
vernement entond appuyer sa majorité sur
une base plus large.
Voir* à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et - ,
la Revue des Journaux
du matin
LES RÉVOLUTIONNAIRES RUSSES
(De notre correspondant sarticulierl
Eydlkuhnen (frontière russo-allemande),
22 mai.
Le comité connu sous le nom de Boyevana
Organizatzia (organisation de combat), qui
veut continuer la tactique des terroristes d'il y
a 20 ans, a condamné à mort 1b ministre do
l'intérieur, M. von Plehwe, et le procureur du
synode, M. Pobiédonossoff. Il convient de faire
remarquer quo ce comité a refusé d'adhérer
au nouveau mouvement de concentration de
tous les groupes révolutionnaires dû à l'lni-
tiative du journal l'Yskra. La feuille révolu-
tionnaire a fondé un comité d'organisation qui
se propose de réunir dans une vaste fédération
tous les révolutionnaires russes. Il a obtenu
jusqu'ici l'adhésion du comité de Saint-Péters-
bourg, du Bound, ligue,des socialistes juifs, et
du parti révolutionnaire de la Russie méridio-
nale.
La succession au trône de Serbie
(De notre correspondant particulier)
Belgrade, 22 mai.
Le bruit court à Belgrade que le roi Alexan-
dre songerait à nommer héritier de la couronne
le fils naturel que le roi Milan a eu do Mme
Artemesia Ristitsch. Ce jeune homme vit ac-
tuellement avec sa mère à Constantinople et il
est question de le faire venir en Serbie.
LES « FILS D'ARCHEVÊQUE »
DANS L'ARMEE BAVAROISE
(De notre correspondant particulierl
Munich, 22 mai.
Le prince Rupprecht va être nommé général
de division à Munich, la princesse sa femme
ayant exprimé le désir d'être très près de ses
parents. Le prince Arnulphe, malgré son âge
encore peu avancé, doit être mis prochainement
à la tête d'une division. Le mouvement néces-
saire pour faire place aux daux princes vient
d'avoir lieu et n'a pas manqué de stimuler l'ar-
deur professionnelle de ceux qui n'ont pas
l'avantage d'être issus de la maison des Wit-
telsbacb.
LE VAISSEAU-AMIRAL DE NELSON
(DB notre correspondant particulierl
Londres, 22 mai.
Le Victory qui, il y a un siècle, a servi de
vaisseau-amiral à Nelson, vient d'être mis
hors cadres. Le navire se trouvait encore, il
n'y a pas longtemps, dans les chantiers de
Postsmoulh, et rien dans son aspect ne faisait
supposer son âge séculaire.
EN ALGÉRIE
Alger, 22 mai.
A la suite d'un rezzou exécuté par les Toua-
reg contre nos indigènes dans l'Oued el Botha,
le lioutenant Guillolohan, do la compagnie des
> oasis saharionnes duTidikelt, accompagné d'un
détachement de cette compagnie et dû cavaliers
du makhzen d'Insalah, s'est porté dans le Hog-
gar et a exécuté une reconnaissance particu-
lièrement pénible,, qui a produit les"meilleurs
résultats pour l'expansion de notre influence
Jans le Sud.
Par un ordre lu aujourd'hui aux troupes de
la garnison, le général Caze félicite le lieute-
nant Guilloloban, ainsi que les sous-officiers et
hommes de troupes qui l'accompagnaient.
Une mission marocaine
Nemours. 22 mai.
Une mission marocaine, composée de quae
notables et deJour suite comprenant onze per-
sonnes, est arrivée aujourd'hui par le vapeur
Emir, venant de IViôlilIa.
Cette mission est envoyée chez les tribus dis-
sidentes do la frontière qu'elle s'efforcera de
"ramener à tecauso du sultan. Elle apporte une
centaine de 01H10 francs en or qu'elle distri-
buera aux caïijs.
La missiÓo'$,e. rendra demain à La Marnia
où ello entamera des pourparlers avec les
rebelles. -- -.
LETTRE D'ANGLETERRE
Curés et clergymen. — Les méfaits
d'une a petite goutte ». — Conduite
peu édifiante. Malheurs con-
jugaux. - La robe aux or-
ties. - Une mode qui
passe.
(De noire correspondant spécial à Londres).
Londres, 20 mai.
Prêcher la sagesse et être sage soi-même,
sont deux choses toutes différentes; ne buvez
pas, dit tel curé en chaire qui s'enivre après
son prône; ne coavoitoz pas la femme do vo-
ire voisin,prêche cet autre qui court la prétan-
taine quand la nuit tombe. Péchés coutumiers
chez des gens qui, par suite de leur soi-disant
profession de directeurs de consciences, de-
vraient au moins donner le bon exemple.
Ouvrez un journal français, sur dix cas d'a-
bus sur des onfants, cinq auront pour héros
- abominables sires, je devrais dire — des
gens encalotlés ; ouvrez un journal anglais, le
champ de leurs saletés change aussitôt ; le prê-
tre anglais ayant la faculté de prendre femme,
le crime,le péché mignon de son collègue catho-
lique, devient donc moins fréquent mais, par
contre, l'ivrognerie, peu répandue parmi le
clergé français, fait florès chez les bons cler-
gymen ; de plus, chose curieuse: non contents
d'avoir une femme, d'être mariés, ces braves
messieurs courent les bonnes fortunes, et sain-
tement — il n'en peut être autrement quand il
s'agit d'un ministre do Dieu — s'approprient
les femmes de leurs voisins.
Je ne veux pas être taxi de conteur de sor-
nettes, je veux vous dire tout simplement ce
que j'ai lu dernièrement; un cas isolé dans un
journal est chose trop commune pour être
relevée, mais trois cas, deux d'ivrognerie et un
d'infidélité, sont dignes d'être signalés.
C'était, pour commencer, un nommé John
Hudson que la police avait ramassé ivre dans
un qurlier de Londres.
Le juge. — Etiez vous ivre ?
Hudson. — Je n'étais pas bien ; j'avais mal là
l'estomac, j'ai bu une petite goutta qui m'a com
plètement chaviré.
Le juge; - Vous devriez avoir honte de vous ;
vous déshonorez votre profession, vous liurcz cinq
shillings d'amende.
A noter l'hypocrisie du bon prêtre et la
clémence du juge — un confit en dévotion,
nul doute.
J'ai peut-être tort de taxer d'hypocrisie le
nommé Hudson, qui avoue n'avoir absorbé
qu'une petite goutte, car personne n'a encore
déterminé exactement le volume d'une petite
goutte; c'est une choso qui, varie] à "infini et
qui d'une quantité infinitésimale atteint dans
l'esprit de certaines gens des proportions gran-
dioses ; ainsi,dans l'esprit de ma pocharde de
propriétaire, une petite goutte est un verre
plein 1
Chagrins domestiques
Un autre :
Lo recérand William Lewis était conduit en
prison; ivre, à moitié déshabillé, et proférant
des inj ures, la police l'avait roncontré; il
chantait tout autre chose que les versets de la
Bible, et comme le juge lui faisait comprendre
à quel point était peu édifiante sa conduite, le
conducteur de conscience s'écria qu'il buvait
pour oublier des ennuis domestiques; sa tendre
épouse l'avait làché r
Il est assez curieux de voir qu'un homme
qui vous raconte que la prière est un secours,
un soulagement à nos peines, à nos ennuis,
aille s'enivrer et tombe,après 20 ans passés au
sein de l'église, dans une condition si vile, si
abjecte.
Dans quelques jours, quand la révérend re-
tournera dans son temple, complètement dé-
dégrisé, revenu à ses sens, il dira à ses ouail-
les attentives : « Priez mes frères, priez mes
sœurs, le jour où le malheur viendra frapper
à votre porte; et cette prière vous donnera
comme une force, comme une ardeur nou-
vellequi vous aidera à supporter V03 ennuis. »
-Quant à moi, pensora-t-il, j'ai mieux à mon
service : Je bois.
lEncore un autre
Ivrognerie, coups, infidélité, sont les raisons
invoquées par une dame Amy Robecca Rees
qui demande à être séparée de son digne époux
le Revevend Rees, mais cette fois-ci les détails
de cette triste histoire sont trop révoltants
pour être divulgués et puis, comme moi, vous
trouverez que la mesure est pleine: c'est écœu-
rant en fin do comptede trouver tant do vices,
tant de corruption chez dos êtres dont le mé-
tier est de faire du bien, dont la métier de pa-
resseux et d'oisif demande une grande dose
d'hypocrisie et des manières cauteliues, onc-
tueuses.
J'ai quelques amis que leurs parents desti-
naient à être prêtres et qui, fatigués de cette
existence toute en-dessous, ont jeté leurs fro-
quillons aux orties,quand,dégoû lés de cellevie,
ils ont compris qu'ils n'auraient jamais le
courage nécessaire pour acquérir la grande dose
d'hypocrisie qui anime la secte.
Un guide: (?) pour la conscience
Il est des gens à l'esprit assez faible, les fem-
mes principalement, qui croient que le prêtre
est indispensable; que, sans sa parole d'oracle,
les choses ne marcheraient pas aussi bien ; il
leur faut un guide pour leur conscience i illest
à croire que leurs facultés mentales sont bien
affaiblies, si d'elles-mêmes elles ne sont pas
capables de distinguer le bien du mal.
A Londres, bien des clergymen se rendent
compte que la mode passe d'aller leur deman-
der avis ou d'aller les écouter le dimanche ma-
tin , aussi, pour attirer le client dans son
« church Mie bon curé devient cabotin ; je con-
nais certaine église de la cité qui possèdo une
musique, quelques instruments de cuivre, et,
avant d'aller prier sur les bancs do bois polis
par des genoux pieux, lo clergyman, dans son
habit de pontife de dieu, suivi de la musique
qui joue à gros éclats, fait le tour du quartier
et, derrière, suivent les quelques portières et
portiers qui seuls, le dimanche, peuplent la
cité; sur leur passage, les chats offarouebéj se
sauvent; au coin des rues, rouies et immobiles
dans leur tunique bleu sombre, les policemen
snivont de J'œil cette procession grotesque. —
André Brodut.
AU MAROC
Tanger, 22 mai.
, On télégraphie de Fez, 11 mai, les détails
suivants sur la défection des Zemmours :
Hier le contingent des Zemmours a fait dé-
fection et a attaqué Fez sous les murs du pa-
lais. Les troupes du sultan ont fait une sortie
et ont repoussé les Zemmours vers Mequinez.
Pendant que ces derniers battaient en retraite,
leur route a été barrée ; ils ont été pris entre
deux feux. Ils ont perdu cent tués et de nom-
breux blessés.
La colonne commandée par El Menebbi, mi-
nistre de la guerre, a quitté Fez se rendant à
Taza.
, "r « »
'0.: LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin à
re[yoée, sous la présidence de M. Loubet.
Le conseil a consacré la plus grande partie
le sa séance à poursuivre l'oxamen du projet
la buget pour l'exercice 1904. Cet «laïqçii^era
lermiaé mardi procb4&*.
Lo président du conseil a fait connaître les
moyens proposés par ld gouverneur général de
l'Agérie pour assurer la sécurité de notre fron-
tière marocaine. Les mesures reconnues nâ-
cessaires ont été adoptées par le conseil.
FAIBLESSES
La cour d'appel de Rennes vient de coa*
damner le jésuite Lcmarescal, qui dans la ca-
thédrale de Tréguier avait critiqué les lois de
la République et les actes du gouvernement, à
200 francs d'amende sans sursis. La tribunal
de Château-Thierry a lui aussi fait l'applica-
tion.de l'arliclc 201 du Code pénal & un prôtre
poursuivi pour avoir dit qu'un maire s'était
fait l'agent d'un gouvernement détestable qui
a fait enlever le Christ de l'école. :'
Il n'y a pas là de quoi louer et la cour de
Rennes et le tribunal de Château-Thierrjr. Les
magistrats qui les composent ont simplement.
fait leur devoir. C'est une chose qui est toute
naturelle. On doit néanmoins la considérer
comme un peu extraordinaire à une époque où
les juges, asservis aux congrégations, violent
fréquemeut et avec plaisir 'la loi à leur proflt,.
Mais il y a lieu do demander aux parquets
pourquoi ils ont deux attitudes différentes sui-
vant qu'il sagit de prêtres modestes et de hauts
prélats. On peut dire dès à présent que la ma-
gistrature debout a manqué à son devoir en ne
poursuivant pas d'ornee les évêques factieux.
On peut ajouter que le garde dos sceaui a fait
preuve d'une inexplicaUe faiblesse en neluien-
joignant point d'ouvrir dos instructions et do
traduire les déliuquants devant les tribunaui
compétents.
Les évêques sont visés par la loi au mênie
titre que les autres ministres du culte.
Les articles 201 et 208 punissent : 1* Les
critiques, censures et provocations contre l au-
torité publique, dans un discours pastoral pro-
noncé publiquement ; 2' Les critiques, censu-
res et provocations contenues dans un écrit
pastoral.
Ces délits ont été commis. Il est superflu de
rappeler ici les sermons et les mandements et
les lettres pastorales dans lesquelles les évê.
ques ont bravé le gouvernement et les Cham-
bres.
Il faut que le dernier mot reste à la loi. Nous
avons, dit-on, un cabinet qui est !'éFOlu à
s'opposer à tous les empiètements de l'Eglise
et à persévérer dans une politiquo anticléricale.
laissera-t-il longtemps le glaive de lù justice
tomber de ses mains défaiHantes? - L. Arm-
bruster.
——————————— ♦ —_
LA FRANCE ET LA CHINE
- Pékin, 22 mai.
Lo représentant de la France a signalé hier
de nouveau au gouvernement chinois Id gra-
vité croissante du mouvement révolutionnaire
au Yun-Nan, et les inquiétudes qu'on en peut
concevoir pour la sécurité des étrangers.
Sur l'ordre du ministre des affaires étrangè-
res, M. Dubail a pressé vivement le gouverne-
ment impérial de prendre sans délai toutes les
mesures de protection que comporte la situa.
tion, et lui a dit que sa responsabilité était en-
gagée.
A la suite de cette démarche, un édit impé-
rial rendu cette nuit ordonne la protection des
étrangers, l'envoi on nombre suffisant de trou-
pas contre les rebelles, et la punition des
fonctionnaires qui auraient fait preuve de né-
gligence.
LA BAGARRE DE PAMPELUNE
Pampelune, 22 mai.
Au cours d'une manifestation organisée hier
par les libéraux, les carlistes protestèrent pat
des cris de : Vive la religion f pendant que les
libéraux criaient ; Vive la liberté 1 Vivo la Ré-
publique !
Une collision se produisit : des coups de bâ-
ton et des coups de poing furent échangés.
Quelques personnalités libérales intervinrent
et rJLablirent l'ordre. Quelques arrestations fuc
rent opérées.
———————————
AU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SEINE
La session du conseil général s'ouvrira le 1C
juin prochain. Au cours de la première séance.
il sera procédé au renouvellement du bureau
du conseil général.
Parmi les candidats à la présidence, citons
MM. Rinsoa et Chautard.
TROUBLES EN ITALIE
Manifestations irrédentistes. — Contre
tes Autrichiens. — Au Consulat. —
Le drapeau autrichien lacéré.
Rome, 22 mai.
Des manifestations irrédentistes ont eu lieu,
hier, à Parme, à Pise, à Vérone, à Padoue et
à Venise, lorsqu'on a appris les troubles qui
ont éclaté entre étudiants italiens et autrichiens
à l'université d'Innsbrûck, aux cris de : « Vivo
Trente ! Vivo Trieste ! » La question sera por-
tée à la Chambre et au Sénat.
Voici à ce sujet les détails donnés par les
journaux de Venise :
Tous les étudiants de Venise ont parcouru la
ville en criant : « Vive Trenter Vivo Trieste t
Vive l'Italie I » ; ils se sont rendus devant la
consulat autrichien, dont les abords étaient
gardés par la police, et. aux cris do : « Vive
le Roi 1 Vive l'Italie 1 » Ils ont lacéré un dra-
peau autrichien qu'ils avaient apporté avec
eux et ils en ont jeté les lambeaux dans 16
canal.
Les manifestants se sont ensuite rendus à la
préfecture, où ils ont crié : « Vive lo gouver-
nemont italien ! » Partout sur leur passago,
les étudiants étaient vivement acclamés par la
population.
Avant de se séparer, ils sont allés place
Saint-Marc, et aux sous de l'Hymne à Gari.
baldi, do la Marche royale, et aux cris do :
« Vivent Trente et Trieste! »,ils ont fait,au mi-
lieu de la place, un autodafé de journaux cJé-
ricaux et d'un chiffon représentant le drapeau
autrichien.
A Vérono, pendant une représentation su
théâtre Ristori, le public a fait une démons-
tration chaleureuse, criant : « Viv? Trente!
Vivo Trieste ! 1)
A Dologne, passant sous los fenêtros du con-
sulat autrichion, les manifestants ont sifflé et
crié : a A bas l'Autriche el ses ainis! »
A Pavie, les étudiants se sont réunis au mo-
nument de Garibaldi, où ils ont prononcé dos
discours do protestation contre los ctudiams
allemands, tout en criant : « A bas l'Aiiiri.
cbef » Un petit drapeau autrichien qu'un
des étudiants agitait, a été lacéré aux même;
cris.
Les réclamations de l'Italie
Le journal l'Italie est persuadé quo le gou-
vernement italien saura réclamer énergiquo-
ment du gouvernement autrichien la réparation
due et la garantio que de paroils faits, trop
fréquents, ne se renouvelleront plus. Le même
journal, répondant à un article de la Nouvelle
Presse Libre qui avait affirmé que le gouverne-
ment italien dépensait beaucoup d'argent pour
entretenir une agitation italienne en Albanie,
déclare qu'il suffit de mettre une seule fois le
pied à Sculari et à Durazzo pour se rendre
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