Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 mai 1903 23 mai 1903
Description : 1903/05/23 (N12125). 1903/05/23 (N12125).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572476p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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PARIS a DÉPARTEMENTS
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Le Numéro ,CINQ CENTIMES
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AUX BUREAUX DU JCURNAÏ.
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ton de la 26 page :
Les Femmes de demain
tnAND BOMAN INiDIT
par CÉCILE CASSOT
'," Nos lecteurs ont déjà eu la primeur de
plusieurs des œuvres de Cécile Cassot, ils
savent combien cet auteur excelle à combiner
à travers de nombreuses péripéties une ac-
lion rapide, dramatique et touchante. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée.
LES FEtIMES: DE DEMAIN
auront un très gros succès d'émotion et
d'intérêt.
NOS LEADERS
La iiliifliÙ
Eh bien, les réactionnaires ne sont
donc pas pressés de voir se réaliser la
séparation de l'Eglise et de l'Etat? Tou-
tes les fois que la question est posée,
les hommes de la droite crient aux ré-
publicains : « La séparation ? Nous la
voulons. Voilà notre affaire. Les prê-
tres n'aspirent qu'à la liberté. » C'est
seulement à l'heure du vote que les clé-
ricaux retrouvent leurs scrupules.
Et, en effet, comment les ralliés, par
exemple, peuvent-ils prétendre que leur
doctrine est celle de « l'Eglise libre dans
l'Etat souverain » ? Leur politique, la
politique de Léon XIII, n'a-t-elle pas
consisté à accepter la République, à
condition que la République fût subor-
donnée au parti catholique ? Dès lors,
comment MM. de Mun, Piou et consorts
pourraient-ils accepter la dénonciation
du Concordat ? A leurs paroles, il n'y a
qu'à opposer les vot-es de la droite et
du centre pour comprendre que modérés
et réactionnaires ne craignent rien tant
que la mesure préconisée par tous les
démocrates.
Le plus curieux, c'est que les mêmes
réactionnaires qui avaient repoussé
mercredi la motion Hubbard se répan-
daient ensuite dans les couloirs en affir-
mant qu'ils avaient mêlé leurs suffra-
ges à ceux de nos amis.
Dans le salon de la Paix, on com-
mentait naturellement, avec chaleur, le
résultat du scrutin.
— Quoi, disait-on, le gouvernement
n'a pas appuyé la motion Hubbard, et
elle réunit 240 voix contre 265 ! Ainsi,
il suffirait d'un déplacement de sept à
huit voix pour que le problème de la
séparation soit en voie de solution. Mais,
comme l'influence du ministère est cer-
tainement suffisante pour opérer un tel
déplacement, M. Combes a reçu, en
réalité, carte blanclfe pour dénoncer le
Concordat s'il le juge à propos!
Alors, les nationalistes essayaient de
diminuer l'importance du vote :
— Vous ignorez donc, disaient-ils,
que beaucoup de nos amis ont voté- la
motion Hubbard ?
J'étais perplexe, et j'attendais avec
impatience le numéro de l'Officiel qui
ferait connaître de quel côté avaient
penché les bulletins nationalistes.
J'ai lu l'Officiel, et on en trouvera
l'extrait essentiel un peu plus loin. Je
constate que les nationalistes ont voté
suivant leur habitude contre le principe
de la laïcité de l'Etat. Pour couvrir la
façade, deux nationalistes seulement ont
voté avec la gauche : ce sont MM.Lasies
et Le Hérissé.
Il est vraisemblable que MM. Lasies
et Le Hérissé ne suivront pas jusqu'au
bout les républicains dans leur lutte
contre l'Eglise. Faisons notre deuil de
ces deux voix-là. Mais nous ne serons
pas embarrassés pour les remplacer.
Nous relovons, dans la liste des absten-
tionnistes, le nom de M. Léon Bour-
geois.
On sait quo M. Léon Bourgeois est
partisan de la séparation ; seulement,
tomme président, il a l'habitude de ne
pas prendre part aux scrutins; il déro-
gera sans doute à cette coutume —
-qu'aucun texte ne lui impose — le jour
d'un vote définitif. Parmi les absten-
tionnistes, les sept ministres-députés,
qui auraient tous voté la motion Hub-
bard si M. Combes l'avait appuyée. -
Et puis, une trentaine do républi-
cains « absents par congé », qui vou-
dront bien ne pas prendre de vacances
quand l'affaire, en langage judiciaire,
viendra au fond.
En résumé, les adversaires de la sé-
paration ont donné en masse, et les
-hésitations, qui n'auraient pas résisté à
une sollicitation pressante de la part
.du président du Conseil, se sont mani-
festées do notre côté. La preuve en est
que sur 46 abstentionnistes, deux seu-
lement font partie de l'opposition.
Allons, messieurs les libéraux, vous
-ferez bien de ne pas trop insister sur le
résultat du débat. Il est, somme toute,
absolument contraire à vos tendances,
à vos idées, à vos doctrines.
De son côté, le président du Conseil
fera bien de réfléchir. Il doit penser au-
jourd'hui qti il est toujours mauvais de
-5ctenir sur la défensive. Il n'avait qu'à
marcher droit a l'ennemi, la droite était,
écrasée et serait forcée aujourd'hui
d'avouer sa défaite.
Au lieu de cela, nos confrères modé-
rés et cléricaux chicanent aujourd'hui,.
ils torturent le texte de l'ordre du jour
Etienne, Sarrien, Dubief. Ils essaient
de dénaturer les votes, en les analy-
sant à leur façon. Ils accusent M.
Combes d'avoir cherché à se concilier
deux majorités, parce qu'il n'apereevait
pas le moyen d'en constituer une. La
vérité démontrée, est qu'une majorité
était formée d'avance pour approuvér
le principe de la séparation.
Le gouvernement n'avait qu'à s'ap-
puyer sur la gauche pour transformer
le succès qu'on conteste en un vérita-
ble triomphe.
«M. Combes, dit sérieusement le Jour-
nal des Débats, a reçu une leçon. » Cette
leçon me paraît être qu'il ne faudrait
pas avoir trop peur d'être trop pressé.
Hugues Destrem.
PAROLES DE LOYAUTÉ
Lorsque le ministre de l'a-
griculture a passé hier à Vou-
ziers, le colonel du 36 cuiras-
siers a prononcé des paroles
qui ont indiqué éloquemment
que cet officier supérieur a le
réel sentiment de ses devoirs :
« Nous sentons,a t-ii dit,tout le prix que la
France s'impose pour son armée. C'est
vous dire que nous sommes prêts à donner
notre vie pour la défense de nos frontières,
c'est vous dire aussi que le gouvernement
de la République peut compter sur notre
concours sans réserve pour imposer à tous,
s'il en était besoin, le respect de la Consti-
lution et des lois. »
Il semble qu'il y ait quelque ridicule à
louer un officier de parler avec loyalisme
de la République qui est la nation même,
des sacrifices que' la République consent,
depuis trente quatre ans qu'elle existe, afin
d'assurer la défense du territoire ; il semble
qu'il devrait être au moins oiseux de le
féliciter de promettre tout son concours
pour la défense des lois. Et, en effet, tout
cela, c'est son devoir, purement et simple-
ment son devoir.
Pourquoi faut-il que de récents inci-
dents obligent les républicains à noter le
loyalisme des paroles de tels et tels offi-
ciers? Le noble langage du colonel com-
mandant le 3e cuirassiers ne devrait-il pas
être le langage de tous les officiers sans
aucune exception ? De quel droit une mi-
norite — infime il est vrai, — de ces offi-
ciers a-t-elle cru pouvoir manifester des
sentiments différents de ceux qui viennent
d'être exprimés si simplement à Vouziers ?
Est-ce que cette minorité d'officiers hosti-
les à nos institutions tient sa délégation,
ses pouvoirs, ses grades, d'une autre per-
sonne que la République? Est ce que cette
minorité, — infime, répétons-le — a des
devoirs à remplir envers d'autres que la
République? A-t-on exigé autre chose de
cetteminorité infime que ceci : prêter son
concours à l'exécution des lois votées et
promulguées par les pouvoirs réguliers de
la République?
L'exemple de Vouziers nous montre quel
langage doivent tenir les hommes à qui la
République a^onfié la superbe mission de
préserver la frontière et de donner main-
forte à l'exécution de la Constitution et des
lois. — Ch. B. -
LE SERVICE DE DEUX ANS
J'ai trouvé dans un journal, ces jours der-
niers, une information aux termes de laquelle
on s'apercevrait en ce moment en Allemagne
de l'influence moralisatrice du service de deux
ans. Depuis que le service de deux ans fonc-
tionne, la proportion de la criminalité dans
l'armée allemande aurait baissé considérable-
ment. Le nombre des détenus dans les prisons
militaires aurait diminué d'un tiers ; l'effectif
de la compagnie do discipline du fort de
Ilahneberg serait tombé de 90 hommes à 50.
Cela n'a rien qui puisse nous étonner, au con-
traire. N'a-t on pas déjà remarqué, en Franco
même, que les délits sous les drapeaux sont,
la plupart du temps, commis par des hommes
qui accomplissent leur dernière année de ser-
vice ? Rien de plus logique, si on prend la
peine d'y réfléchir un peu.
Pendant les premiers mois qui suivent son
incorporation, le soldat est extremement occupé.
Son instruction est activement menéo; on le
pousse, il n'a pas, à proprement parler, une
minute à lui. Plus tard, les choses changent.
D'abord, il sait tout ce qu'on peut lui appren-
dre; et puis, d'autres sont arrivés, qui récla-
ment toute l'attention des chefs. De sorte qu'il
se trouve avoir, comme on dit, « du temps do
reste ». Qu'en peut il faire ?
Oh ! certes, nous n'en sommes plus au temps
du service de 7 ans, de 5 ans, alors que les
« anciens » vivaient jours après jours dans la
plus complète inaction, dans une fainéantise
absolue ; mais il n'en est pas moins vrai qu'ac-
tuellement, pendant leur troisième année de
service, les soldats n'ont pas grand chose à faire.
Or, l'oisivelé est toujours et partout mauvaise
conseillère. C'est elle, le plus souvent, qui en-
gendre ces « bêtises » qui fréquemment con-
duisent à des fautes graves, à pis encore. La
vérité est qu'il faudrait que les soldats fussent,
tout le temps de leur présence au corps, tenus
en baleine. Les laisser inoccupés, c'est les livrer
à des tentations contre lesquelles ils ne peu-
vent guère se défendre. Il faut de toute néces-
sité, ou les faire travailler, ou los renvoyer
chez eux.
C'est cette dernière solution, la meilloure,
qu'établit le service de deux ans. Il enlève
à une dangereuse suggestion de la paresse mi-
litaire les jeunes hommes et les restitue au
labeur utile du citoyen, Qu'il s'ensuive un ac-
croissement do moralité publique, c'est dans
l'ordre. Voici, en tout cas,un nouvel argument
pour le service de deux ans. Quand l'aurons-
nous en France? — L. V.-M.
POURQUOI PAS ?
Nous recevons la communication suivante :
En présence de la grande publicité qui a été
faite aux actes de certains officiers réactionnai-
res, nous avons pensé qu'il serait bon de
donner une leçon de morale à ceux qui pour-
raient être tentés de les imiter et d'encourager
en même temps les éléments républicains de
l'armée.
Dans cet ordre d'idées il y aurait lieu, croyons-
nous, d'accorder un jour de repos aux troupes
le 24 juin, jour anniversaire de la naissance
de Hoche, pacificateur de la Vendée et vain-
queur des éfnigtés, le plus pur et les plus admi-
rable des héros républicaine.
Mais, oui ; pourquoi Ks ? En tout cas le géné-
ral André pcmiont wdir si «éUe kiés est réalisables»
;" ?"- - -',.011 &::..:;., ")-
LES MARECHAUX-
FERRANTS
L'article 3. -La" castration. — Le
statu quo. - L'intérêt des agricul-
teurs. - Honoraires trop élevés.
— Maladies contagieuses et ma-
ladies superficielles. — L'opi-
nion des vétérinaires.
Dans des articles précédents (1) j'ai éouméré
les diverses anomalies plus ou moins fantair
sistes de la loi réglementant la médecine vété-
rinaire. Je rie dois pourtant pas passer sous si-
lence une abracadabrante disposition de l'ar-
ticle 3. D'après la 2' alinéa do cet article, les
opérations de castration, qui sont, selon nous,
du domaine exclusivement vétérinaire, non
seulement au point je vue de l'exécution ma-
térielle de la pratique, mais encore et surtout
en vue des complications qui peuvent être le
résultat de cet acte, ne sont pas considérées
comme appartenant exclusivement au domaine
de la médecine vétérinaire ! Cela est dit sans
complémentçt sans déterminer en aucune fa-
çon ou s'arrêteront les soins du hongreur, lors-
que celui ci se trouvera en présence de com-
plications telles que : péritonite, tétanos, cham-
pignon, etc.
Alors qu'un maréchal ne pourra pas, par des
soins continus, soigner les décollements ou la
fourbure, le hongreur pourra tout à son aise
pratiquer une redoutable opération chirurgi-
cale : la castration.
Il faut bien l'avouer: s'il a été reconnu,
comme le disent los promoteurs de la loi, qu'il
y a urgence à sauvegarder les intérêts du
cheptel national et surtout ceux de nos agri-
culteurs, il est illogique que la loi présente de
pareilles lacunes et no soit pas radicalement
opposée à tout empiètement des sans diplômes
dans le domaine de la médecine et de la chi-
rurgie vétérinaires.
Puisque, dans certains cas et certaines con-
ditions de distance, les maréchaux et les empi-
riques pourront librement traiter les animaux,
et puisque la loi elle-même proclame solen-
nellement le droit pour quiconque de pratiquer
la castration, c'est qu'il n'y a pas de danger à
laisser les choses en l'état, en conservant le
statu quo.
Quant à nous, nous croyons même qu'il y a
un intérêt supérieur pour tes agriculteurs et
tous ceux qui possèdent des animaux à ne pas
être livrés pieds et poings liés à l'autorité du
monopole exclusif.
Le rôle des maréchaux
Chacun sait dans quelles conditions les ma-
réchaux donnent leurs soins aux animaux ma-
lades ; combien ces braves gens sont servia-
bles et dévoués, aussi bien la nuit que le jour,
et, n'ayons pas peur de le dire, la plupart du
temps pour rien ou presque rien.
Les agriculteurs trouvent donc leur compte
à co modus vitendi.
Aussi, bien souvent, le propriétaire peu for-
tuné d'un cheval valant 200 à 300 francs, voire
d'un âne coûtant 50 francs, n'ira pas trouver
le vétérinaire, laissera mourir sa bête, do peur
que les honoraires ne dépassent la valeur de
l'animal.
Il faut bien le répéter, en effet: le vétérinaire
ne vil pas de peu et fait payer à sa clientèle
l'entretien de son luxe et le prestige do sa si-
tuation.
Ce que j'avance n'est pas du tout hypothé-
tique, et est confirmé, au contraire, par anti-
cipation, bien avant l'application de la loi.
En ce moment même, une affaire portée de-
vant le tribunal do commerce de la Seine nous
apprend qu'un vétérinaire réclame 315 francs
pour soins donnés à un cheval qui en vaut à
ppine 100.
Ce fait est assez caractéristique pour nous
faire entrevoir la situation qui serait faite aux
agriculteurs, au lendemain de l'application de
cette loi — alors que la pénurio de vétérinaires
ne permettrait pas de tempérer par la concur-
rence les désastreux effets de cette Ici.
Les partisans do la loi déclarent tous, avec
ensemble et componction, qu'ils n'ont jamais
pensé porter atteinte nnx prérogatives des ma-
réchaux-ferrants : hé 1 bien, pour le prouver,
ils n'auraient qu'à demander que, par une dis-
position particulière, la loi ne s'appliquât pas
aux maréchaux.
Nous soutenons énergiquement, nous, que
toutes les dispositions contenues dans la pro-
position de loi votée par le Sénat et paraissant
favorables aux maréchaux nesont qu'aléatoires
du moment qu'elles sont soumises à des condi-
tions de temps et de distance n'offrant aucune
suite de continuité et pouvant,au gré des diplô-
més, être ou non réelles.
Diagnostics et maladies contagieuses
Je me garderai bien d'émettre la prétention
que les maréchaux peuvent comme un vétéri-
naire faire des diagnostics et traiter les mala-
dies contagieuses : sur ce point, l'expérience
démontre quo les maréchaux n'ont jamais voulu
assumer la responsabilité do donnor des
soins. Ils ont toujours fait appel au vétéri-
naire do façon à éviter la propagation de la
maladie. Mais, ce que je soutiens, c'est
quo, par devoir, par tradition et par amour-
propre, le maréchal doit connaître l'anatomie
du choval et par conséquent toutes les maladies
superficielles dont cet animal peut être atteint.
A plus forte raison, le maréchal doit con-
naître le pied du cheval et les maladies qui peu-
vent l'atteindre; il doit donc — le simple bon
sens l'indique - pouvoir immédiatement ap-
pliquer des remèdes et donner les petits soins
que réclament les accidents fortuits.
Une opinion autorisée
Il est vrai do dire, malgré la campagne achar-
née entreprise par certains vétérinaires, que
plusieurs d'entre eux, plus scrupuleux, recon-
naissent le mal fondé de cette loi et n'hésitent
pas à démasquer le but inavoué poursuivi avec
tant d'ardeur par leurs collègues.
Voici ce que M. J.-B. Dolpérier, vétérinaire,
écrivait dans le n* du 10 janvier dernier de La
Maréchalerie française :
La loi Darbotestsi attentatoireaux droite naturels
du propriétaire d'animaux,. aux droits professions
nels du maréchal, à l'humanité envers l'homme et
les animaux ; elle est si cruelle envers les animaux
malades et elle porterait un si grand préjudice à
notre économie sociale, qu'il me semble tout à fait
impossible qu'elle soit approuvée ou votée par fa
Chambre des députés.
Et plus loin il ajoutait :
Ajoutons qu'elle est inique, puisqu'elle n'a pour
but que d'améliorer le sort d'une etasse récemment
créée et composée de 3.000 professionnels environ,
par la ruine d'une autre elasso très ancienne et
composée de cent millç familles.
El encore :
Si le vétérinaire a la confiance du propriétaire,
ce vétérinaire n'a pas besoin de la loi. Si, au con-
traire, il n'a pas cette confiance, presque toujours
le propriétaire, quand il ne pourra recourir clan-
destinement au maréchal, laissera son cheval sans
traitement et dans ce cas,vous voyez que la loi Dar-
bot sera encore peu profitable au vétérinaire, mais
extrêmement délétère pour les animaux et perni-
cieuse au maréchal.
Voici encore un très sérieux argument :
Une loi qui produit un tel résultat: la décadence
de l'art de ferrer, pour surélever l'art vétérinaire,
n'est pas admissible; car tout le monde est con-
vaincu que l'art du maréchal a une importance
pratique bien supérieure à celle de l'art vétéri-
(I) Voir les numéros des 10, 21 avril et B mal.
naire. Pendant des siècles, nos animaux ont fait
leur service sans le secours des vétérinaires, encore
inconnus, mais non sans celui du maréchal.
,'- Les omnipotents seigneurs de la vétérinaire
'[raUon t, il est vrai, comme il convient, les
hommes qui, comme M. Delpérier, émettent
sans ambages leur franche opinion sur la loi
qui nous occupe.
M.Barrier -',
Vont-ils, avec Barrier en tête, nous opposer
leur omniscience ? Dans co cas, nous consta-
tons quo cette omniscience est très contestable
et très contestée.
Pour s'en rendre compte, il suffit de s'en rap-
porter à l'ouvrage de M. P. -L. Courier fils ;
l'Extérieure de l'Errevisse. M. Barrier, qui a
l'habitude do regarder un peu trop du haut de
sa grandeur y est mis en fâcheuse posture.
Remarquez, lecteur, que je ne me prononce
pas ; je veux ignorer lequel des deux a raison ;
mais la contestation possible des connaissances
scientifiques de M. Barrier me suffit pour que
je puisse, avec tous les maréchaux, contester
les prétendus arguments qu'il croit fournir à
l'appui de la loi Darbot, dans une brochure
que, tout récemment, il a fait distribuer à
tous les députés.
M. Barrier a, le premier, jeté l'effroi parmi
les vétérinaires et son principal épouvantail à
moineaux a été l'école de maréchalerie de la
rue Saint Jacques. Il conteste donc le droit aux
maréchaux de s'instruire, et cela faisant, il
prouve que la loi Darbot, dont il est un des
principaux artisans, est bel et bien une loi des-
tinée à entraver l'exercice de la maréchalerie au
profit des vétérinaires.
Ce grand pontife qualifie de « collaboration
de troisième ordre » le concours que d'émi-
nents vétérinaires donnent à l'école de maré-
chalerio et conteste aux maréchaux le droit
d'apprendre l'anatomie chevaline, chose qu'on
enseigne au régiment, aux cavaliers de 2'
classe.
La 0 Presse vétérinaire »
Je crois devoir, pour bien montrer l'état
l'esprit des meneurs, m'abriler à nouveau
derrière una sommité vétérinaire.
Voici ce que je lis dans la Presse Vétérinaire
du 31 mars dernier, sous la signature de M. L.
Garnier, page 131 :
L'enseignement de la maréchalerie a, je ne sais
pourquoi,le don d'épouvanter quelques vétérinaires.
Dans une longue enfance, on l'eût laissé vieillir.
Comme dit Agrippine,en parlant de Britannicus,
qu'elle a évincé du trône pour y mettre Néron. De
môme, certains vétérinaires voudraient maintenir
:es maréchaux dans une ignorance crasse pour
mieux les dominer, et, apparemment aussi, pour
mieux leur faire concurrence.
Citant Chateaubriand, il ajoute : « Quand on
veut faire tourner la meule à un cheval, on
commence par lui bander les yeux. »
Donc, de l'aveu d'hommes qu'on no peut
laxer d'être intéressés, la loi est préjudiciable
aux agriculteurs et aux propriétaires d'ani-
maux, et elle est nuisible aux maréchaux aux-
quels « on veut faire tourner la meule ». Que
ces derniers voient s'ils veulent jouer co rôlo
social ; que les agriculteurs voient s'ils veulent
laisser porter atteinte à leurs intérêts, en lais-
sant voter par les députés une loi si peu oppor-
tune.
FRANÇOIS FOURRIER,
Député du Gard.
Voijc* à la 30 page
les Dernières Dépêclies
de la nuit et
la Revue des Journaux
du xxxatin.
MORALITÉ
Il serait inexact de dire qu'il ne se dégage
aucune moralité du débat qui vient de se dé-
rouler avec quelque confusion devant la Cham-
bre : 240 députés se sont prononcés formelle-
ment en faveur de la séparation de l'Eglise et
do l'Etat ; ce sont des républicains loyaux et
sincères qui n'ont eu dans l'espèce que le tort
do n'être pas assez nombreux.
Minorité hier, ils seront, par la force des
choses, majorité demain.
Ils s'augmenteront de beaucoup de ces ti-
mides qui n'ont pas osé encore prendre devant
le pays la responsabilité de la dénonciation du
Concordat, mais qui, dans quelques semaines,
expliqueront à grand peine à leurs électeurs
impatients leurs hésitations ou leurs défail-
lances.
Ils se donnont en ce moment l'illusion d'une
excuse : « Nous n'avons voté la séparation,
disent- ils,parce que nous pensons que l'Eglise,
échappée à la tutelle de l'Etat, sera plus forte
et plus dangereuse. 0 Les malheureux ! ils ne
comprennent point qu'ils font le jeu des enne-
mis de la République. Bientôt ils s'en rendront
compte. Le mouvement d'opinion qui so des-
sine dans tous les milieux politiques les en-
traînera à leur tour. Ils reviendront — et ce
sera là leur seul châtiment — partisans aussi
résolus quo tardifs du divorce définitif.
Un autre enseignement est par nous tiré
de la discussion et du scrutin de mercredi.
Qui donc dirait que les cléricaux souhaitaient
ardemment la séparation ? Ils ont tous voté
contre, et avec quel ensemble.
Parmi les députés qui ont mis leur bulletin
dans l'urne avec MM.Baudry-d'Asson etEnge-
rand, je vois des réactionnaires qui, en main-
tes circonstances, ont déclaré ou écrit qu'ils ne
redoutaient point, qu'ils désiraient même avec
ardeur, dans l'intérêt de l'Eglise catholique, la
dénonciation du Concordat. C'était donc du
bluff !
Ils n'induiront personne en erreur désor-
mais. Il est démontré que leur préférence
avouée et criée sur les toits pour le régime de
séparation n'est qu'une apparence et une fa-
çade. Ils prétendent vouloir : l'Eglise libre
dans l'Etat neutre ; ce qu'ils souhaitent en
réalité, c'est l'Eglise maîtresse dans "Elat
asservi.
Les républicains qui ont voté contre la mo-
tion Hubbard se sont fait inconsciemment
leurs complices. On a vingt-quatre heures
pour maudire ses juges, je leur donne deux
mois pour reuier leurs dangereux alliés. — L.
Avmbrusler.
COLOGNE DÉCLASSÉE
(De notre correspondant particulier)
Cologne, 21 mai.
La ville de Cologne sera prochainement dé-
classée. Les terrains militaires seront sous peu
mis en vente.
— ■» ————————————
EMBONPOINT SÉDITIEUX
(De noire correspondant particulierf
Saint-Pétersbourg, 21 mai.
A la Perspective Newsky, une des plu gran-
des et des plus élégantes avenues de la capi-
tale, une dame sa faisait remarquer par son
embonpoint extraordinaire. Des agents de po-
lice, fort iutrigués, l'emmonèrent au poste, où
on la fllfouillcr. On constata que l'embonpoint
deJa femme en question était artificier et créé
par des drapeaux rouges munis d'inscriptions
séditieuses. Les drapeaux auraient servi à une
manifestation que les révolutionnaires prépa-
awVpou:- lebi centenaire de Sainl-fclcrsbottrg. :
LES CONGREGATIONS
LE MOUVEMENT ANTICLÉRICAL
La fête de l'Ascension. — Dans les
églises de Paris. — Les services d'or-
dre. — Pas d'incidents graves. —
Un discours de M. Coppée. — A
Plaisance. — Les officiers in-
disciplinés. — Un ordre du
jour. — En province et a
l'Etranger
La fête religieuse de l'Ascension'a été célé-
brée hier dans les églises de Paris, sans que
les manifestations de dimanche se soient re-
produites.
Il est vrai que des précautions minutieuses
avaient été prises par la police pour éviter
les collisions entre républicains et cléricaux.
M. Lépine, préfet de police et M. Touny,
directeur de la polico municipale, sont venus
eux-mêmes près des églises, afin de s'assurer
que leurs prescriptions étaient bien exécutées.
Mais, ainsi que nous l'avons dit, la journée
a été calme et la police n'a pas eu à intervenir.
A Saint-Jean Baptiste de Bellevillo
Une grande effervescence n'a cessé de régner
toute la journée, hier, sur la place de l'église
do Belleville.
Dès 7 h. du matin, un sarvice d'ordre des
plus sérieux avait été organisé par les soins de
M. Gautier, officier de paix, sous les ordres de
M. Grillière, inspecteur divisionnaire; une cen-
taine d'agents, un détachement de gardes répu-
blicains massés dans l'école de la rue Fessait,
étaient prêts à marcher à la première alerte,
Sur la place;calmo relatif, beaucoup de curieux.
peu de manifestants.
Arrivent successivement M.Touny, directeur
de la police municipale, et M. Lépine, préfet de
police Les messes se succèdent sans incident;
il est probable que la manifestation annoncée
n'aura pas lieu.
Cependant un mouvement d'attention se pro-
duit; une bande de jeunes gens armés de can-
nes — de gourdins plutôt — fait irruption sur
la place sous la direction de M. Max Régis.
Que vient-il faire ici, disent les nombreux ba-
dauds?
Mais,la tête haute, avec une sorte de défi, le
promoteur des troubles d'Alger est rentré dans
l'église. Nous le suivons, lui et ses acolytes se
massent sous la chaire. Le père Oriol, malgré
les incidents de dimanche, va-t-il prêcher?.
La grand'messe est commencée, un prêtre
monte en chaire, c'est un abbé, l'abbé Dallaud,
vicaire à l'église de Belleville, qui tout de suite
développe son sujet : Vado vobis parare lo-
cum (Je vais vocs préparer une place. dans
le ciel ?). Ce sermon,écouté à peine par quel-
ques fidèles,se passe sans incident. Le pauvre
Max Régis, antisémite, en est pour ses frais.
Aucun mot, aucun bruit : la sortie est effec-
tuée, et dpjà les fidèles sont loin que ce pauvre
Régis est encore sur la place.
L'après midi fut plus animée. Il y aura-t-il
un nouveau prêche? Les socialistes sont-ils
décidés à se venger ?
Non. Les vêpres ont lieu sans un mot, et
les forces policières sont licenciées ; ainsi se
termine cette manifestation annoncée avec
grand fracas par les feuilles réactionnaires.
Un incident
Vers 5 heures de l'après-midi,un incident re-
grettable se produit. Un prêtre — celui qui, le
malin, avait fait le sermon, rentrait chez lui,
lorsqu'il fut reconnu par la foule qui lo hous-
pilla sérieusement et s'en prit à son père qui
t'accompagnait. Obligés de se réfugier dans
une maison en construction, ils n'en purent
sortir que par l'intervention de la police, qui
les fit reconduire chez eux. — A. D.
Le révolutionnaire François Coppée
L'œuvre de la « Charitable Providence de
Ménilmontant » dirigée par les Pères Rédemp-
toristes, a donné, hier après-midi, dans son
local du boulevard Ménilmontant, une impor-
tante réunion privée. Des membres notables du
parti clérical y ont pris la pafQre. Parmi eux,
il faut citer MM. de Cuverville, Costa de Beau-
regard, de La Règle et François Coppée.
Tous les orateurs ont été d'une extrême vio-
lence; M. Coppée particulièrement a fait
preuve d'une énergie dont, en raison de son
âge, on ne le croyait plus capable.
Parlant de ses hôtes, les rédemptoristes, il
s'est écrié :
Vous savez que ces hommes vaillants sont déci-
dés à résister jusqu'au bout et à ne quitter cette
maison que contraints par la force. Ils vont
donner l'exemple de la résistance contre le gou-
vernement et contre hi loi. Il y a trop longtemps
que nous sommes dupes de ces mots de respect du
gouvernement et de respect de la légalité.
Pour ne laisser aucun doute sur sa pensée,
il a cru devoir ajouter :
Nous lutterons par la plume, par la parole et s'il
le faut, avec des armes plus énergiques. Nous
combattrons même avec le bâton.
Cet appel a été parfaitement entendu par les
assistants : aussi est-ce au milieu d'applaudis-
sements vigoureux et de cris ncurris de : Ré-
volution 1 Révolution ! ! que M. de La Règle a
terminé en ces termes sa harangue: «Ou les ca-
tholiques ne feront rien dans ce pays, — ou ils
deviendront des révolutionnaires. »
Nous étions persuadés que les cléricaux ne se
soumettraient pas à la loi républicaine; nous
en sommes maintenant certains. Leur aveu est
à retenir..
A Notre-Dame de Plaisance
A Plaisance, où l'on s'attendait à des mani-
festations plus sérieuses, le service d'ordre
était très important ; mais là non plus, il n'a
pas eu à intervenir.
A la sortie des offices, les cléricaux, qui
descendaient en groupes dans le quartier, ont
été dispersés par la police.
DANS LES DÉPARTEMEN TS
Le lieutenant Portier
Nantes, 21 mai.
Nous avons dit que le lieutenant Portier, du
93' de ligne, qui a refusé de conduire sa com-
pagnie aux Sablés-d'OIonne, lors des manifes-
tations religieuses du mois dernier, comparaî-
tra prochainement devant le conseil de guerre
de Nantes.
Voici quelle sera probablement la comppsi-
tion du conseil :
Le lieutenant-colonel Kerzerho, du 65* d'infan-
terie, président ; le chef d'escadron Lamare,
commandant le II* escadron du train des équi-
pages; le capitaine Bourquin, du H* escadron
du train; la capitaine Caron, du 65* d'infan-
terie ; le lieutenant Chevallier, du 65* d'infan-
terie.
Il restera à désigner, en remplacement du
sous-lieutenant etdé l'adjudant, juges titulaires
actuels, un capitaine et un lieutenant.
Le lieutenant Lestapis
Nantes, 21 mal.
On sait quo le lieutenant de Lestapis du 3'
dragons, lors de la pose des scellés au couvent
des Prémontrés, refusa d'obéir à un commis-
saire de police qui lui proscrivait verbaloment
de se rendre dans une rua voisine. Il alla im-
médiatement en rendre compte à son capitaine
M. de Villepin, qui l'adressa au colonel. Celui-
ci, M. de Séroux, l'aurait, dit-on, renvoyé,
chez lui. 0'1
Le ministftf de la guerre vient de mettre
en oou activité par retrait d'emploi le
«
nel de Séroux, d'infliger 30 jours d'arrêts de
rigueur au capitaine de Villepin et do faire con-
duire le lieutenant de Lestapis aux arrêts de'
forteresse. e :
Au corps d'armée, on reste muet sur P,4*
différentes mesures.
Un ordre du général Hartscfimidt
Reims, 21 mai
Au cours des événements qui ont ea lieu.
dimanche dernier, à l'église Saint-Jacques, do
Reims, le général Hartschmidt, commandant
d'armes dans cette place, a mis, au rapport da
la garnison, l'ordre ci-après:
Il a été rendu compte que dimanche dernier, -
l'issue de la conférence du cirque, il s'était produit
en ville des scènes regrettables, auxquelles des
militaires en uniformes avaient assisté en spécial
leurs ou en curieux.
Alors qu'on parle tant sans cesse d'éducaUoÍA}.
morale, on devrait commencer par inculquer aux
militaires le sentiment de la dignité, ainsi que du'
respect qu'Us doivent à leur uniforme, sentiment,
qui veut qu'ils évitent de se montrer là où sa
commettent des malpropretés du genre de oellea
qui se sont étalées au grand jour dimanche der-
nier.
Les militaires en question devaient se retirer
immédiatement, au lieu de repattre leurs yeux
d'actes de lâcheté qui sont la négation de leurs
devoirs professionnels.
Il sera fait à ce sujet de sérieuses recommanda-
tions dans les corps de troupe. -
A l'étranger -,
Bruxelles, 21 mai.
Le Petit Bleu annonce qu'une communauté
de chartreux français vient d'acheter, pour la
somme de 3 millions, le château et le parc su-
perbes du comte du Val de Beaulieu, à Cam-
bron-Casteau, village situé à 3 lieues et demie
au nord de Mons.
Ce domaine, traversé par la Dendre, M
trouve sur l'emplacement qu'occupait jadis la
puissante abbaye de l'ordre de Citeaux, fondée
vers 1148 par Anselme de Trazegnies, cha-
noine de Soignies, abbaye qui fut supprimée
en 1796 et dont il reste encore quelques ves-
tiges.
Le château de Cambron est, en Belgique, aa
des plus beaux spécimens de l'architecture de
style Louis XVI Il se compose d'un vaste bâ-
timent à deux étages, avec avant-corps central
supporté par six colonnes d'ordre corintbien
qui lui donnent un rare. caractère d'ampleur
et de richesse. ,'.
Voir- eu :;:' paye .:
L'ANALYSE DU TRAITÉ DU GAZ
UN PROGRAMME
Merci aux chefs militaires, juges, moines
et soeurs révoltés ! Merci à tous ceux qui, bri-
sant enfin leur masque, nous ont montré leur
visage, merci à eux parce que — oh 1 bien
inconsciemment 1 - ils augmentent nos rangs,
nous font bien augurer de l'avenir et nous
assurent pour demain la vicloire définitive.
Oui, la situation se précise; l'équivoque
n'est plus permise. La lutte que nous devons
livrer courageusement et acharnement à la
réaction éperdue et rageuse, — cela plus de
100 ans après la Révolution — prouve qu'il
existe un foyer gangréneux, d'où sortent toutes
ces âmes aveugles ou empoisonnées, avides
des libertés d'autrui.
Sans doute, notre politique actuelle de dé-
fense est chose utile et absolument nécessaire
dans l'inlérêt immédiat de la 'collectivité ; mais
songeons à l'avenir. D'après quelle logique
nous contenterions nous d'àtlénucr pour un
temps les funestes conséquences d'un exécrable
principe sans supprimer ce principe ? Et,
puisqu'il est des choses qu'il faut ressasser pour
qu'enfin on les comprenne ou les entende,
pourquoi n'interdirions-nous pas immédiate-
ment et d'une façon absolue tout enseigne-
ment confessionnel dans son programme ou
dans son esprit, de là venant tout le mal.
Abrogeons la loi Falloux! Et qu'on ne nous
objecte plus le péril primaire ! Ce péril peut
être conjuré tout de suite. Evêques et curés
nous y invitent à qui mieux mieux ; dénonçons
le Concordat : Bénéfice 60,000,000 au moins
pour le livre.
L'Etat peut très facilement marcher à pas
rapides vers notre idéal d'union, de paix, do
justice et de solidarité. Le peuple a soif d'une
transformation sociale. La République peut
ne pas marchander le pain à ses fonctionnai-
res et conséquemmpnt être plus difficile dans
le choix de ces derniers, tout en amortissant la
dette publique. Elle le peut, si elle le veut;
mais il faut pour cela se jeter hardiment dans
la vole des réformes : aujourd'hui, création
de monopoles, demain, désarmement partiel et
simultané des puissances européennes, diminua
tion des crédits pour la guerre et la marine,
etc. d'où création de la caisse des retraites
pour la vieillesse,pour les invalides du travail,'
nationalisation de l'Assistance publique, etc.
La politique des demi mesures a de quoi
nous rendre quelque peu sceptique. Pourtant,
espérons quand même et luttons! — Jacquet
Ledroit.
UNE HISTOIRE NAVRANTE
Du danger d'être libre-penseur. — Pas
de permissions, — Renvoyé
de l'hôpital.
Nous recevons de malheureux parents une
lettre très touchante, qui montre bien le rôle
des aumôniers dans les hôpitaux militaires.
Le fils de nos correspondants, entrant à l'hô-
pital militaire, répondit au caporal qui l'inter-
rogeait sur sa religion, qu'il était libre-pen-
seur. Quelle imprudence! Il eut dès lors maille
à partir avec l'aumônier, qui voulait à toute
force le faire communier. Le prêtre tenta de le
prendre par la douceur, de le séduire en lui
promettant des extrias, etl l'emmenant boire un
verre de vin chez lui, etc. Puis, il voulut lui
apprendre le catéchisme.
A la fin, le catéchumène malgré lui répondit
catégoriquement à l'aumônier que celui-ci per-
dait son temps. Quelle autre imprudence 1 A
partir de ce moment, toute permission fut refu-
sée au malheureux malade ; le major déclara
quïl.n'avait rien du tout et n'était qu'on tireur
au flanc.
Et voilà un homme qui, renvoyé malade de
l'hôpital au régiment, est une proie afferls à
toutes les maladies pernicieuses et court le ris-
que, en même temps que de succomber, de con-
taminer ses camarades de chambrée 1
Ces faits se sont passés dans une vitie voisine
de Paris ; on comprendra que nous ne pouvons
la désigner plus clairoment, pas plus que nous
ne pouvons nommer la victime, ni indiquer
son régiment ; toutefois nous possédons, est-il
besoin de le dire? tous ces renseignements, que
nous tenons à la disposition des enquêteurs, aa
cas où, comme nous voulons l'espérer, une en-
quête serait faite sur les agissements intolésa-
bles que nous signalons.
UNE NOUVELLE VENDÉE
-
(De notre correspondant pàrticulierl
Budapest, 21 mai. 1
Les fails prouvant que le soulèvement des
paysans en Croatie est l'ouvre des agents de
la cour et du clergé, s'accumulent de plus fil
plus. On a arrêté à Groubisnapolye le curé ca-
tholique, ^•i^BeriOhitscli, et sca vicuirc 18*
PARIS a DÉPARTEMENTS
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Le Numéro ,CINQ CENTIMES
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- RÍ<:nACTION : t4, rue dit Mail, Paris ,..,
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 4 heure du malin
ÎSTo J 2125. — Samedi 2^3 Mai 1903
4 PRAIRIAL. AN 111
AI>SIII\fSTIt/VriO]M ; i l. rue dn Mail
Adresser hllres et mandats à l'Administrateur
Nous publierons prochainement en feuille-
ton de la 26 page :
Les Femmes de demain
tnAND BOMAN INiDIT
par CÉCILE CASSOT
'," Nos lecteurs ont déjà eu la primeur de
plusieurs des œuvres de Cécile Cassot, ils
savent combien cet auteur excelle à combiner
à travers de nombreuses péripéties une ac-
lion rapide, dramatique et touchante. Cette
fois l'excellente romancière s'est surpassée.
LES FEtIMES: DE DEMAIN
auront un très gros succès d'émotion et
d'intérêt.
NOS LEADERS
La iiliifliÙ
Eh bien, les réactionnaires ne sont
donc pas pressés de voir se réaliser la
séparation de l'Eglise et de l'Etat? Tou-
tes les fois que la question est posée,
les hommes de la droite crient aux ré-
publicains : « La séparation ? Nous la
voulons. Voilà notre affaire. Les prê-
tres n'aspirent qu'à la liberté. » C'est
seulement à l'heure du vote que les clé-
ricaux retrouvent leurs scrupules.
Et, en effet, comment les ralliés, par
exemple, peuvent-ils prétendre que leur
doctrine est celle de « l'Eglise libre dans
l'Etat souverain » ? Leur politique, la
politique de Léon XIII, n'a-t-elle pas
consisté à accepter la République, à
condition que la République fût subor-
donnée au parti catholique ? Dès lors,
comment MM. de Mun, Piou et consorts
pourraient-ils accepter la dénonciation
du Concordat ? A leurs paroles, il n'y a
qu'à opposer les vot-es de la droite et
du centre pour comprendre que modérés
et réactionnaires ne craignent rien tant
que la mesure préconisée par tous les
démocrates.
Le plus curieux, c'est que les mêmes
réactionnaires qui avaient repoussé
mercredi la motion Hubbard se répan-
daient ensuite dans les couloirs en affir-
mant qu'ils avaient mêlé leurs suffra-
ges à ceux de nos amis.
Dans le salon de la Paix, on com-
mentait naturellement, avec chaleur, le
résultat du scrutin.
— Quoi, disait-on, le gouvernement
n'a pas appuyé la motion Hubbard, et
elle réunit 240 voix contre 265 ! Ainsi,
il suffirait d'un déplacement de sept à
huit voix pour que le problème de la
séparation soit en voie de solution. Mais,
comme l'influence du ministère est cer-
tainement suffisante pour opérer un tel
déplacement, M. Combes a reçu, en
réalité, carte blanclfe pour dénoncer le
Concordat s'il le juge à propos!
Alors, les nationalistes essayaient de
diminuer l'importance du vote :
— Vous ignorez donc, disaient-ils,
que beaucoup de nos amis ont voté- la
motion Hubbard ?
J'étais perplexe, et j'attendais avec
impatience le numéro de l'Officiel qui
ferait connaître de quel côté avaient
penché les bulletins nationalistes.
J'ai lu l'Officiel, et on en trouvera
l'extrait essentiel un peu plus loin. Je
constate que les nationalistes ont voté
suivant leur habitude contre le principe
de la laïcité de l'Etat. Pour couvrir la
façade, deux nationalistes seulement ont
voté avec la gauche : ce sont MM.Lasies
et Le Hérissé.
Il est vraisemblable que MM. Lasies
et Le Hérissé ne suivront pas jusqu'au
bout les républicains dans leur lutte
contre l'Eglise. Faisons notre deuil de
ces deux voix-là. Mais nous ne serons
pas embarrassés pour les remplacer.
Nous relovons, dans la liste des absten-
tionnistes, le nom de M. Léon Bour-
geois.
On sait quo M. Léon Bourgeois est
partisan de la séparation ; seulement,
tomme président, il a l'habitude de ne
pas prendre part aux scrutins; il déro-
gera sans doute à cette coutume —
-qu'aucun texte ne lui impose — le jour
d'un vote définitif. Parmi les absten-
tionnistes, les sept ministres-députés,
qui auraient tous voté la motion Hub-
bard si M. Combes l'avait appuyée. -
Et puis, une trentaine do républi-
cains « absents par congé », qui vou-
dront bien ne pas prendre de vacances
quand l'affaire, en langage judiciaire,
viendra au fond.
En résumé, les adversaires de la sé-
paration ont donné en masse, et les
-hésitations, qui n'auraient pas résisté à
une sollicitation pressante de la part
.du président du Conseil, se sont mani-
festées do notre côté. La preuve en est
que sur 46 abstentionnistes, deux seu-
lement font partie de l'opposition.
Allons, messieurs les libéraux, vous
-ferez bien de ne pas trop insister sur le
résultat du débat. Il est, somme toute,
absolument contraire à vos tendances,
à vos idées, à vos doctrines.
De son côté, le président du Conseil
fera bien de réfléchir. Il doit penser au-
jourd'hui qti il est toujours mauvais de
-5ctenir sur la défensive. Il n'avait qu'à
marcher droit a l'ennemi, la droite était,
écrasée et serait forcée aujourd'hui
d'avouer sa défaite.
Au lieu de cela, nos confrères modé-
rés et cléricaux chicanent aujourd'hui,.
ils torturent le texte de l'ordre du jour
Etienne, Sarrien, Dubief. Ils essaient
de dénaturer les votes, en les analy-
sant à leur façon. Ils accusent M.
Combes d'avoir cherché à se concilier
deux majorités, parce qu'il n'apereevait
pas le moyen d'en constituer une. La
vérité démontrée, est qu'une majorité
était formée d'avance pour approuvér
le principe de la séparation.
Le gouvernement n'avait qu'à s'ap-
puyer sur la gauche pour transformer
le succès qu'on conteste en un vérita-
ble triomphe.
«M. Combes, dit sérieusement le Jour-
nal des Débats, a reçu une leçon. » Cette
leçon me paraît être qu'il ne faudrait
pas avoir trop peur d'être trop pressé.
Hugues Destrem.
PAROLES DE LOYAUTÉ
Lorsque le ministre de l'a-
griculture a passé hier à Vou-
ziers, le colonel du 36 cuiras-
siers a prononcé des paroles
qui ont indiqué éloquemment
que cet officier supérieur a le
réel sentiment de ses devoirs :
« Nous sentons,a t-ii dit,tout le prix que la
France s'impose pour son armée. C'est
vous dire que nous sommes prêts à donner
notre vie pour la défense de nos frontières,
c'est vous dire aussi que le gouvernement
de la République peut compter sur notre
concours sans réserve pour imposer à tous,
s'il en était besoin, le respect de la Consti-
lution et des lois. »
Il semble qu'il y ait quelque ridicule à
louer un officier de parler avec loyalisme
de la République qui est la nation même,
des sacrifices que' la République consent,
depuis trente quatre ans qu'elle existe, afin
d'assurer la défense du territoire ; il semble
qu'il devrait être au moins oiseux de le
féliciter de promettre tout son concours
pour la défense des lois. Et, en effet, tout
cela, c'est son devoir, purement et simple-
ment son devoir.
Pourquoi faut-il que de récents inci-
dents obligent les républicains à noter le
loyalisme des paroles de tels et tels offi-
ciers? Le noble langage du colonel com-
mandant le 3e cuirassiers ne devrait-il pas
être le langage de tous les officiers sans
aucune exception ? De quel droit une mi-
norite — infime il est vrai, — de ces offi-
ciers a-t-elle cru pouvoir manifester des
sentiments différents de ceux qui viennent
d'être exprimés si simplement à Vouziers ?
Est-ce que cette minorité d'officiers hosti-
les à nos institutions tient sa délégation,
ses pouvoirs, ses grades, d'une autre per-
sonne que la République? Est ce que cette
minorité, — infime, répétons-le — a des
devoirs à remplir envers d'autres que la
République? A-t-on exigé autre chose de
cetteminorité infime que ceci : prêter son
concours à l'exécution des lois votées et
promulguées par les pouvoirs réguliers de
la République?
L'exemple de Vouziers nous montre quel
langage doivent tenir les hommes à qui la
République a^onfié la superbe mission de
préserver la frontière et de donner main-
forte à l'exécution de la Constitution et des
lois. — Ch. B. -
LE SERVICE DE DEUX ANS
J'ai trouvé dans un journal, ces jours der-
niers, une information aux termes de laquelle
on s'apercevrait en ce moment en Allemagne
de l'influence moralisatrice du service de deux
ans. Depuis que le service de deux ans fonc-
tionne, la proportion de la criminalité dans
l'armée allemande aurait baissé considérable-
ment. Le nombre des détenus dans les prisons
militaires aurait diminué d'un tiers ; l'effectif
de la compagnie do discipline du fort de
Ilahneberg serait tombé de 90 hommes à 50.
Cela n'a rien qui puisse nous étonner, au con-
traire. N'a-t on pas déjà remarqué, en Franco
même, que les délits sous les drapeaux sont,
la plupart du temps, commis par des hommes
qui accomplissent leur dernière année de ser-
vice ? Rien de plus logique, si on prend la
peine d'y réfléchir un peu.
Pendant les premiers mois qui suivent son
incorporation, le soldat est extremement occupé.
Son instruction est activement menéo; on le
pousse, il n'a pas, à proprement parler, une
minute à lui. Plus tard, les choses changent.
D'abord, il sait tout ce qu'on peut lui appren-
dre; et puis, d'autres sont arrivés, qui récla-
ment toute l'attention des chefs. De sorte qu'il
se trouve avoir, comme on dit, « du temps do
reste ». Qu'en peut il faire ?
Oh ! certes, nous n'en sommes plus au temps
du service de 7 ans, de 5 ans, alors que les
« anciens » vivaient jours après jours dans la
plus complète inaction, dans une fainéantise
absolue ; mais il n'en est pas moins vrai qu'ac-
tuellement, pendant leur troisième année de
service, les soldats n'ont pas grand chose à faire.
Or, l'oisivelé est toujours et partout mauvaise
conseillère. C'est elle, le plus souvent, qui en-
gendre ces « bêtises » qui fréquemment con-
duisent à des fautes graves, à pis encore. La
vérité est qu'il faudrait que les soldats fussent,
tout le temps de leur présence au corps, tenus
en baleine. Les laisser inoccupés, c'est les livrer
à des tentations contre lesquelles ils ne peu-
vent guère se défendre. Il faut de toute néces-
sité, ou les faire travailler, ou los renvoyer
chez eux.
C'est cette dernière solution, la meilloure,
qu'établit le service de deux ans. Il enlève
à une dangereuse suggestion de la paresse mi-
litaire les jeunes hommes et les restitue au
labeur utile du citoyen, Qu'il s'ensuive un ac-
croissement do moralité publique, c'est dans
l'ordre. Voici, en tout cas,un nouvel argument
pour le service de deux ans. Quand l'aurons-
nous en France? — L. V.-M.
POURQUOI PAS ?
Nous recevons la communication suivante :
En présence de la grande publicité qui a été
faite aux actes de certains officiers réactionnai-
res, nous avons pensé qu'il serait bon de
donner une leçon de morale à ceux qui pour-
raient être tentés de les imiter et d'encourager
en même temps les éléments républicains de
l'armée.
Dans cet ordre d'idées il y aurait lieu, croyons-
nous, d'accorder un jour de repos aux troupes
le 24 juin, jour anniversaire de la naissance
de Hoche, pacificateur de la Vendée et vain-
queur des éfnigtés, le plus pur et les plus admi-
rable des héros républicaine.
Mais, oui ; pourquoi Ks ? En tout cas le géné-
ral André pcmiont wdir si «éUe kiés est réalisables»
;" ?"- - -',.011 &::..:;., ")-
LES MARECHAUX-
FERRANTS
L'article 3. -La" castration. — Le
statu quo. - L'intérêt des agricul-
teurs. - Honoraires trop élevés.
— Maladies contagieuses et ma-
ladies superficielles. — L'opi-
nion des vétérinaires.
Dans des articles précédents (1) j'ai éouméré
les diverses anomalies plus ou moins fantair
sistes de la loi réglementant la médecine vété-
rinaire. Je rie dois pourtant pas passer sous si-
lence une abracadabrante disposition de l'ar-
ticle 3. D'après la 2' alinéa do cet article, les
opérations de castration, qui sont, selon nous,
du domaine exclusivement vétérinaire, non
seulement au point je vue de l'exécution ma-
térielle de la pratique, mais encore et surtout
en vue des complications qui peuvent être le
résultat de cet acte, ne sont pas considérées
comme appartenant exclusivement au domaine
de la médecine vétérinaire ! Cela est dit sans
complémentçt sans déterminer en aucune fa-
çon ou s'arrêteront les soins du hongreur, lors-
que celui ci se trouvera en présence de com-
plications telles que : péritonite, tétanos, cham-
pignon, etc.
Alors qu'un maréchal ne pourra pas, par des
soins continus, soigner les décollements ou la
fourbure, le hongreur pourra tout à son aise
pratiquer une redoutable opération chirurgi-
cale : la castration.
Il faut bien l'avouer: s'il a été reconnu,
comme le disent los promoteurs de la loi, qu'il
y a urgence à sauvegarder les intérêts du
cheptel national et surtout ceux de nos agri-
culteurs, il est illogique que la loi présente de
pareilles lacunes et no soit pas radicalement
opposée à tout empiètement des sans diplômes
dans le domaine de la médecine et de la chi-
rurgie vétérinaires.
Puisque, dans certains cas et certaines con-
ditions de distance, les maréchaux et les empi-
riques pourront librement traiter les animaux,
et puisque la loi elle-même proclame solen-
nellement le droit pour quiconque de pratiquer
la castration, c'est qu'il n'y a pas de danger à
laisser les choses en l'état, en conservant le
statu quo.
Quant à nous, nous croyons même qu'il y a
un intérêt supérieur pour tes agriculteurs et
tous ceux qui possèdent des animaux à ne pas
être livrés pieds et poings liés à l'autorité du
monopole exclusif.
Le rôle des maréchaux
Chacun sait dans quelles conditions les ma-
réchaux donnent leurs soins aux animaux ma-
lades ; combien ces braves gens sont servia-
bles et dévoués, aussi bien la nuit que le jour,
et, n'ayons pas peur de le dire, la plupart du
temps pour rien ou presque rien.
Les agriculteurs trouvent donc leur compte
à co modus vitendi.
Aussi, bien souvent, le propriétaire peu for-
tuné d'un cheval valant 200 à 300 francs, voire
d'un âne coûtant 50 francs, n'ira pas trouver
le vétérinaire, laissera mourir sa bête, do peur
que les honoraires ne dépassent la valeur de
l'animal.
Il faut bien le répéter, en effet: le vétérinaire
ne vil pas de peu et fait payer à sa clientèle
l'entretien de son luxe et le prestige do sa si-
tuation.
Ce que j'avance n'est pas du tout hypothé-
tique, et est confirmé, au contraire, par anti-
cipation, bien avant l'application de la loi.
En ce moment même, une affaire portée de-
vant le tribunal do commerce de la Seine nous
apprend qu'un vétérinaire réclame 315 francs
pour soins donnés à un cheval qui en vaut à
ppine 100.
Ce fait est assez caractéristique pour nous
faire entrevoir la situation qui serait faite aux
agriculteurs, au lendemain de l'application de
cette loi — alors que la pénurio de vétérinaires
ne permettrait pas de tempérer par la concur-
rence les désastreux effets de cette Ici.
Les partisans do la loi déclarent tous, avec
ensemble et componction, qu'ils n'ont jamais
pensé porter atteinte nnx prérogatives des ma-
réchaux-ferrants : hé 1 bien, pour le prouver,
ils n'auraient qu'à demander que, par une dis-
position particulière, la loi ne s'appliquât pas
aux maréchaux.
Nous soutenons énergiquement, nous, que
toutes les dispositions contenues dans la pro-
position de loi votée par le Sénat et paraissant
favorables aux maréchaux nesont qu'aléatoires
du moment qu'elles sont soumises à des condi-
tions de temps et de distance n'offrant aucune
suite de continuité et pouvant,au gré des diplô-
més, être ou non réelles.
Diagnostics et maladies contagieuses
Je me garderai bien d'émettre la prétention
que les maréchaux peuvent comme un vétéri-
naire faire des diagnostics et traiter les mala-
dies contagieuses : sur ce point, l'expérience
démontre quo les maréchaux n'ont jamais voulu
assumer la responsabilité do donnor des
soins. Ils ont toujours fait appel au vétéri-
naire do façon à éviter la propagation de la
maladie. Mais, ce que je soutiens, c'est
quo, par devoir, par tradition et par amour-
propre, le maréchal doit connaître l'anatomie
du choval et par conséquent toutes les maladies
superficielles dont cet animal peut être atteint.
A plus forte raison, le maréchal doit con-
naître le pied du cheval et les maladies qui peu-
vent l'atteindre; il doit donc — le simple bon
sens l'indique - pouvoir immédiatement ap-
pliquer des remèdes et donner les petits soins
que réclament les accidents fortuits.
Une opinion autorisée
Il est vrai do dire, malgré la campagne achar-
née entreprise par certains vétérinaires, que
plusieurs d'entre eux, plus scrupuleux, recon-
naissent le mal fondé de cette loi et n'hésitent
pas à démasquer le but inavoué poursuivi avec
tant d'ardeur par leurs collègues.
Voici ce que M. J.-B. Dolpérier, vétérinaire,
écrivait dans le n* du 10 janvier dernier de La
Maréchalerie française :
La loi Darbotestsi attentatoireaux droite naturels
du propriétaire d'animaux,. aux droits professions
nels du maréchal, à l'humanité envers l'homme et
les animaux ; elle est si cruelle envers les animaux
malades et elle porterait un si grand préjudice à
notre économie sociale, qu'il me semble tout à fait
impossible qu'elle soit approuvée ou votée par fa
Chambre des députés.
Et plus loin il ajoutait :
Ajoutons qu'elle est inique, puisqu'elle n'a pour
but que d'améliorer le sort d'une etasse récemment
créée et composée de 3.000 professionnels environ,
par la ruine d'une autre elasso très ancienne et
composée de cent millç familles.
El encore :
Si le vétérinaire a la confiance du propriétaire,
ce vétérinaire n'a pas besoin de la loi. Si, au con-
traire, il n'a pas cette confiance, presque toujours
le propriétaire, quand il ne pourra recourir clan-
destinement au maréchal, laissera son cheval sans
traitement et dans ce cas,vous voyez que la loi Dar-
bot sera encore peu profitable au vétérinaire, mais
extrêmement délétère pour les animaux et perni-
cieuse au maréchal.
Voici encore un très sérieux argument :
Une loi qui produit un tel résultat: la décadence
de l'art de ferrer, pour surélever l'art vétérinaire,
n'est pas admissible; car tout le monde est con-
vaincu que l'art du maréchal a une importance
pratique bien supérieure à celle de l'art vétéri-
(I) Voir les numéros des 10, 21 avril et B mal.
naire. Pendant des siècles, nos animaux ont fait
leur service sans le secours des vétérinaires, encore
inconnus, mais non sans celui du maréchal.
,'- Les omnipotents seigneurs de la vétérinaire
'[raUon t, il est vrai, comme il convient, les
hommes qui, comme M. Delpérier, émettent
sans ambages leur franche opinion sur la loi
qui nous occupe.
M.Barrier -',
Vont-ils, avec Barrier en tête, nous opposer
leur omniscience ? Dans co cas, nous consta-
tons quo cette omniscience est très contestable
et très contestée.
Pour s'en rendre compte, il suffit de s'en rap-
porter à l'ouvrage de M. P. -L. Courier fils ;
l'Extérieure de l'Errevisse. M. Barrier, qui a
l'habitude do regarder un peu trop du haut de
sa grandeur y est mis en fâcheuse posture.
Remarquez, lecteur, que je ne me prononce
pas ; je veux ignorer lequel des deux a raison ;
mais la contestation possible des connaissances
scientifiques de M. Barrier me suffit pour que
je puisse, avec tous les maréchaux, contester
les prétendus arguments qu'il croit fournir à
l'appui de la loi Darbot, dans une brochure
que, tout récemment, il a fait distribuer à
tous les députés.
M. Barrier a, le premier, jeté l'effroi parmi
les vétérinaires et son principal épouvantail à
moineaux a été l'école de maréchalerie de la
rue Saint Jacques. Il conteste donc le droit aux
maréchaux de s'instruire, et cela faisant, il
prouve que la loi Darbot, dont il est un des
principaux artisans, est bel et bien une loi des-
tinée à entraver l'exercice de la maréchalerie au
profit des vétérinaires.
Ce grand pontife qualifie de « collaboration
de troisième ordre » le concours que d'émi-
nents vétérinaires donnent à l'école de maré-
chalerio et conteste aux maréchaux le droit
d'apprendre l'anatomie chevaline, chose qu'on
enseigne au régiment, aux cavaliers de 2'
classe.
La 0 Presse vétérinaire »
Je crois devoir, pour bien montrer l'état
l'esprit des meneurs, m'abriler à nouveau
derrière una sommité vétérinaire.
Voici ce que je lis dans la Presse Vétérinaire
du 31 mars dernier, sous la signature de M. L.
Garnier, page 131 :
L'enseignement de la maréchalerie a, je ne sais
pourquoi,le don d'épouvanter quelques vétérinaires.
Dans une longue enfance, on l'eût laissé vieillir.
Comme dit Agrippine,en parlant de Britannicus,
qu'elle a évincé du trône pour y mettre Néron. De
môme, certains vétérinaires voudraient maintenir
:es maréchaux dans une ignorance crasse pour
mieux les dominer, et, apparemment aussi, pour
mieux leur faire concurrence.
Citant Chateaubriand, il ajoute : « Quand on
veut faire tourner la meule à un cheval, on
commence par lui bander les yeux. »
Donc, de l'aveu d'hommes qu'on no peut
laxer d'être intéressés, la loi est préjudiciable
aux agriculteurs et aux propriétaires d'ani-
maux, et elle est nuisible aux maréchaux aux-
quels « on veut faire tourner la meule ». Que
ces derniers voient s'ils veulent jouer co rôlo
social ; que les agriculteurs voient s'ils veulent
laisser porter atteinte à leurs intérêts, en lais-
sant voter par les députés une loi si peu oppor-
tune.
FRANÇOIS FOURRIER,
Député du Gard.
Voijc* à la 30 page
les Dernières Dépêclies
de la nuit et
la Revue des Journaux
du xxxatin.
MORALITÉ
Il serait inexact de dire qu'il ne se dégage
aucune moralité du débat qui vient de se dé-
rouler avec quelque confusion devant la Cham-
bre : 240 députés se sont prononcés formelle-
ment en faveur de la séparation de l'Eglise et
do l'Etat ; ce sont des républicains loyaux et
sincères qui n'ont eu dans l'espèce que le tort
do n'être pas assez nombreux.
Minorité hier, ils seront, par la force des
choses, majorité demain.
Ils s'augmenteront de beaucoup de ces ti-
mides qui n'ont pas osé encore prendre devant
le pays la responsabilité de la dénonciation du
Concordat, mais qui, dans quelques semaines,
expliqueront à grand peine à leurs électeurs
impatients leurs hésitations ou leurs défail-
lances.
Ils se donnont en ce moment l'illusion d'une
excuse : « Nous n'avons voté la séparation,
disent- ils,parce que nous pensons que l'Eglise,
échappée à la tutelle de l'Etat, sera plus forte
et plus dangereuse. 0 Les malheureux ! ils ne
comprennent point qu'ils font le jeu des enne-
mis de la République. Bientôt ils s'en rendront
compte. Le mouvement d'opinion qui so des-
sine dans tous les milieux politiques les en-
traînera à leur tour. Ils reviendront — et ce
sera là leur seul châtiment — partisans aussi
résolus quo tardifs du divorce définitif.
Un autre enseignement est par nous tiré
de la discussion et du scrutin de mercredi.
Qui donc dirait que les cléricaux souhaitaient
ardemment la séparation ? Ils ont tous voté
contre, et avec quel ensemble.
Parmi les députés qui ont mis leur bulletin
dans l'urne avec MM.Baudry-d'Asson etEnge-
rand, je vois des réactionnaires qui, en main-
tes circonstances, ont déclaré ou écrit qu'ils ne
redoutaient point, qu'ils désiraient même avec
ardeur, dans l'intérêt de l'Eglise catholique, la
dénonciation du Concordat. C'était donc du
bluff !
Ils n'induiront personne en erreur désor-
mais. Il est démontré que leur préférence
avouée et criée sur les toits pour le régime de
séparation n'est qu'une apparence et une fa-
çade. Ils prétendent vouloir : l'Eglise libre
dans l'Etat neutre ; ce qu'ils souhaitent en
réalité, c'est l'Eglise maîtresse dans "Elat
asservi.
Les républicains qui ont voté contre la mo-
tion Hubbard se sont fait inconsciemment
leurs complices. On a vingt-quatre heures
pour maudire ses juges, je leur donne deux
mois pour reuier leurs dangereux alliés. — L.
Avmbrusler.
COLOGNE DÉCLASSÉE
(De notre correspondant particulier)
Cologne, 21 mai.
La ville de Cologne sera prochainement dé-
classée. Les terrains militaires seront sous peu
mis en vente.
— ■» ————————————
EMBONPOINT SÉDITIEUX
(De noire correspondant particulierf
Saint-Pétersbourg, 21 mai.
A la Perspective Newsky, une des plu gran-
des et des plus élégantes avenues de la capi-
tale, une dame sa faisait remarquer par son
embonpoint extraordinaire. Des agents de po-
lice, fort iutrigués, l'emmonèrent au poste, où
on la fllfouillcr. On constata que l'embonpoint
deJa femme en question était artificier et créé
par des drapeaux rouges munis d'inscriptions
séditieuses. Les drapeaux auraient servi à une
manifestation que les révolutionnaires prépa-
awVpou:- lebi centenaire de Sainl-fclcrsbottrg. :
LES CONGREGATIONS
LE MOUVEMENT ANTICLÉRICAL
La fête de l'Ascension. — Dans les
églises de Paris. — Les services d'or-
dre. — Pas d'incidents graves. —
Un discours de M. Coppée. — A
Plaisance. — Les officiers in-
disciplinés. — Un ordre du
jour. — En province et a
l'Etranger
La fête religieuse de l'Ascension'a été célé-
brée hier dans les églises de Paris, sans que
les manifestations de dimanche se soient re-
produites.
Il est vrai que des précautions minutieuses
avaient été prises par la police pour éviter
les collisions entre républicains et cléricaux.
M. Lépine, préfet de police et M. Touny,
directeur de la polico municipale, sont venus
eux-mêmes près des églises, afin de s'assurer
que leurs prescriptions étaient bien exécutées.
Mais, ainsi que nous l'avons dit, la journée
a été calme et la police n'a pas eu à intervenir.
A Saint-Jean Baptiste de Bellevillo
Une grande effervescence n'a cessé de régner
toute la journée, hier, sur la place de l'église
do Belleville.
Dès 7 h. du matin, un sarvice d'ordre des
plus sérieux avait été organisé par les soins de
M. Gautier, officier de paix, sous les ordres de
M. Grillière, inspecteur divisionnaire; une cen-
taine d'agents, un détachement de gardes répu-
blicains massés dans l'école de la rue Fessait,
étaient prêts à marcher à la première alerte,
Sur la place;calmo relatif, beaucoup de curieux.
peu de manifestants.
Arrivent successivement M.Touny, directeur
de la police municipale, et M. Lépine, préfet de
police Les messes se succèdent sans incident;
il est probable que la manifestation annoncée
n'aura pas lieu.
Cependant un mouvement d'attention se pro-
duit; une bande de jeunes gens armés de can-
nes — de gourdins plutôt — fait irruption sur
la place sous la direction de M. Max Régis.
Que vient-il faire ici, disent les nombreux ba-
dauds?
Mais,la tête haute, avec une sorte de défi, le
promoteur des troubles d'Alger est rentré dans
l'église. Nous le suivons, lui et ses acolytes se
massent sous la chaire. Le père Oriol, malgré
les incidents de dimanche, va-t-il prêcher?.
La grand'messe est commencée, un prêtre
monte en chaire, c'est un abbé, l'abbé Dallaud,
vicaire à l'église de Belleville, qui tout de suite
développe son sujet : Vado vobis parare lo-
cum (Je vais vocs préparer une place. dans
le ciel ?). Ce sermon,écouté à peine par quel-
ques fidèles,se passe sans incident. Le pauvre
Max Régis, antisémite, en est pour ses frais.
Aucun mot, aucun bruit : la sortie est effec-
tuée, et dpjà les fidèles sont loin que ce pauvre
Régis est encore sur la place.
L'après midi fut plus animée. Il y aura-t-il
un nouveau prêche? Les socialistes sont-ils
décidés à se venger ?
Non. Les vêpres ont lieu sans un mot, et
les forces policières sont licenciées ; ainsi se
termine cette manifestation annoncée avec
grand fracas par les feuilles réactionnaires.
Un incident
Vers 5 heures de l'après-midi,un incident re-
grettable se produit. Un prêtre — celui qui, le
malin, avait fait le sermon, rentrait chez lui,
lorsqu'il fut reconnu par la foule qui lo hous-
pilla sérieusement et s'en prit à son père qui
t'accompagnait. Obligés de se réfugier dans
une maison en construction, ils n'en purent
sortir que par l'intervention de la police, qui
les fit reconduire chez eux. — A. D.
Le révolutionnaire François Coppée
L'œuvre de la « Charitable Providence de
Ménilmontant » dirigée par les Pères Rédemp-
toristes, a donné, hier après-midi, dans son
local du boulevard Ménilmontant, une impor-
tante réunion privée. Des membres notables du
parti clérical y ont pris la pafQre. Parmi eux,
il faut citer MM. de Cuverville, Costa de Beau-
regard, de La Règle et François Coppée.
Tous les orateurs ont été d'une extrême vio-
lence; M. Coppée particulièrement a fait
preuve d'une énergie dont, en raison de son
âge, on ne le croyait plus capable.
Parlant de ses hôtes, les rédemptoristes, il
s'est écrié :
Vous savez que ces hommes vaillants sont déci-
dés à résister jusqu'au bout et à ne quitter cette
maison que contraints par la force. Ils vont
donner l'exemple de la résistance contre le gou-
vernement et contre hi loi. Il y a trop longtemps
que nous sommes dupes de ces mots de respect du
gouvernement et de respect de la légalité.
Pour ne laisser aucun doute sur sa pensée,
il a cru devoir ajouter :
Nous lutterons par la plume, par la parole et s'il
le faut, avec des armes plus énergiques. Nous
combattrons même avec le bâton.
Cet appel a été parfaitement entendu par les
assistants : aussi est-ce au milieu d'applaudis-
sements vigoureux et de cris ncurris de : Ré-
volution 1 Révolution ! ! que M. de La Règle a
terminé en ces termes sa harangue: «Ou les ca-
tholiques ne feront rien dans ce pays, — ou ils
deviendront des révolutionnaires. »
Nous étions persuadés que les cléricaux ne se
soumettraient pas à la loi républicaine; nous
en sommes maintenant certains. Leur aveu est
à retenir..
A Notre-Dame de Plaisance
A Plaisance, où l'on s'attendait à des mani-
festations plus sérieuses, le service d'ordre
était très important ; mais là non plus, il n'a
pas eu à intervenir.
A la sortie des offices, les cléricaux, qui
descendaient en groupes dans le quartier, ont
été dispersés par la police.
DANS LES DÉPARTEMEN TS
Le lieutenant Portier
Nantes, 21 mai.
Nous avons dit que le lieutenant Portier, du
93' de ligne, qui a refusé de conduire sa com-
pagnie aux Sablés-d'OIonne, lors des manifes-
tations religieuses du mois dernier, comparaî-
tra prochainement devant le conseil de guerre
de Nantes.
Voici quelle sera probablement la comppsi-
tion du conseil :
Le lieutenant-colonel Kerzerho, du 65* d'infan-
terie, président ; le chef d'escadron Lamare,
commandant le II* escadron du train des équi-
pages; le capitaine Bourquin, du H* escadron
du train; la capitaine Caron, du 65* d'infan-
terie ; le lieutenant Chevallier, du 65* d'infan-
terie.
Il restera à désigner, en remplacement du
sous-lieutenant etdé l'adjudant, juges titulaires
actuels, un capitaine et un lieutenant.
Le lieutenant Lestapis
Nantes, 21 mal.
On sait quo le lieutenant de Lestapis du 3'
dragons, lors de la pose des scellés au couvent
des Prémontrés, refusa d'obéir à un commis-
saire de police qui lui proscrivait verbaloment
de se rendre dans une rua voisine. Il alla im-
médiatement en rendre compte à son capitaine
M. de Villepin, qui l'adressa au colonel. Celui-
ci, M. de Séroux, l'aurait, dit-on, renvoyé,
chez lui. 0'1
Le ministftf de la guerre vient de mettre
en oou activité par retrait d'emploi le
«
nel de Séroux, d'infliger 30 jours d'arrêts de
rigueur au capitaine de Villepin et do faire con-
duire le lieutenant de Lestapis aux arrêts de'
forteresse. e :
Au corps d'armée, on reste muet sur P,4*
différentes mesures.
Un ordre du général Hartscfimidt
Reims, 21 mai
Au cours des événements qui ont ea lieu.
dimanche dernier, à l'église Saint-Jacques, do
Reims, le général Hartschmidt, commandant
d'armes dans cette place, a mis, au rapport da
la garnison, l'ordre ci-après:
Il a été rendu compte que dimanche dernier, -
l'issue de la conférence du cirque, il s'était produit
en ville des scènes regrettables, auxquelles des
militaires en uniformes avaient assisté en spécial
leurs ou en curieux.
Alors qu'on parle tant sans cesse d'éducaUoÍA}.
morale, on devrait commencer par inculquer aux
militaires le sentiment de la dignité, ainsi que du'
respect qu'Us doivent à leur uniforme, sentiment,
qui veut qu'ils évitent de se montrer là où sa
commettent des malpropretés du genre de oellea
qui se sont étalées au grand jour dimanche der-
nier.
Les militaires en question devaient se retirer
immédiatement, au lieu de repattre leurs yeux
d'actes de lâcheté qui sont la négation de leurs
devoirs professionnels.
Il sera fait à ce sujet de sérieuses recommanda-
tions dans les corps de troupe. -
A l'étranger -,
Bruxelles, 21 mai.
Le Petit Bleu annonce qu'une communauté
de chartreux français vient d'acheter, pour la
somme de 3 millions, le château et le parc su-
perbes du comte du Val de Beaulieu, à Cam-
bron-Casteau, village situé à 3 lieues et demie
au nord de Mons.
Ce domaine, traversé par la Dendre, M
trouve sur l'emplacement qu'occupait jadis la
puissante abbaye de l'ordre de Citeaux, fondée
vers 1148 par Anselme de Trazegnies, cha-
noine de Soignies, abbaye qui fut supprimée
en 1796 et dont il reste encore quelques ves-
tiges.
Le château de Cambron est, en Belgique, aa
des plus beaux spécimens de l'architecture de
style Louis XVI Il se compose d'un vaste bâ-
timent à deux étages, avec avant-corps central
supporté par six colonnes d'ordre corintbien
qui lui donnent un rare. caractère d'ampleur
et de richesse. ,'.
Voir- eu :;:' paye .:
L'ANALYSE DU TRAITÉ DU GAZ
UN PROGRAMME
Merci aux chefs militaires, juges, moines
et soeurs révoltés ! Merci à tous ceux qui, bri-
sant enfin leur masque, nous ont montré leur
visage, merci à eux parce que — oh 1 bien
inconsciemment 1 - ils augmentent nos rangs,
nous font bien augurer de l'avenir et nous
assurent pour demain la vicloire définitive.
Oui, la situation se précise; l'équivoque
n'est plus permise. La lutte que nous devons
livrer courageusement et acharnement à la
réaction éperdue et rageuse, — cela plus de
100 ans après la Révolution — prouve qu'il
existe un foyer gangréneux, d'où sortent toutes
ces âmes aveugles ou empoisonnées, avides
des libertés d'autrui.
Sans doute, notre politique actuelle de dé-
fense est chose utile et absolument nécessaire
dans l'inlérêt immédiat de la 'collectivité ; mais
songeons à l'avenir. D'après quelle logique
nous contenterions nous d'àtlénucr pour un
temps les funestes conséquences d'un exécrable
principe sans supprimer ce principe ? Et,
puisqu'il est des choses qu'il faut ressasser pour
qu'enfin on les comprenne ou les entende,
pourquoi n'interdirions-nous pas immédiate-
ment et d'une façon absolue tout enseigne-
ment confessionnel dans son programme ou
dans son esprit, de là venant tout le mal.
Abrogeons la loi Falloux! Et qu'on ne nous
objecte plus le péril primaire ! Ce péril peut
être conjuré tout de suite. Evêques et curés
nous y invitent à qui mieux mieux ; dénonçons
le Concordat : Bénéfice 60,000,000 au moins
pour le livre.
L'Etat peut très facilement marcher à pas
rapides vers notre idéal d'union, de paix, do
justice et de solidarité. Le peuple a soif d'une
transformation sociale. La République peut
ne pas marchander le pain à ses fonctionnai-
res et conséquemmpnt être plus difficile dans
le choix de ces derniers, tout en amortissant la
dette publique. Elle le peut, si elle le veut;
mais il faut pour cela se jeter hardiment dans
la vole des réformes : aujourd'hui, création
de monopoles, demain, désarmement partiel et
simultané des puissances européennes, diminua
tion des crédits pour la guerre et la marine,
etc. d'où création de la caisse des retraites
pour la vieillesse,pour les invalides du travail,'
nationalisation de l'Assistance publique, etc.
La politique des demi mesures a de quoi
nous rendre quelque peu sceptique. Pourtant,
espérons quand même et luttons! — Jacquet
Ledroit.
UNE HISTOIRE NAVRANTE
Du danger d'être libre-penseur. — Pas
de permissions, — Renvoyé
de l'hôpital.
Nous recevons de malheureux parents une
lettre très touchante, qui montre bien le rôle
des aumôniers dans les hôpitaux militaires.
Le fils de nos correspondants, entrant à l'hô-
pital militaire, répondit au caporal qui l'inter-
rogeait sur sa religion, qu'il était libre-pen-
seur. Quelle imprudence! Il eut dès lors maille
à partir avec l'aumônier, qui voulait à toute
force le faire communier. Le prêtre tenta de le
prendre par la douceur, de le séduire en lui
promettant des extrias, etl l'emmenant boire un
verre de vin chez lui, etc. Puis, il voulut lui
apprendre le catéchisme.
A la fin, le catéchumène malgré lui répondit
catégoriquement à l'aumônier que celui-ci per-
dait son temps. Quelle autre imprudence 1 A
partir de ce moment, toute permission fut refu-
sée au malheureux malade ; le major déclara
quïl.n'avait rien du tout et n'était qu'on tireur
au flanc.
Et voilà un homme qui, renvoyé malade de
l'hôpital au régiment, est une proie afferls à
toutes les maladies pernicieuses et court le ris-
que, en même temps que de succomber, de con-
taminer ses camarades de chambrée 1
Ces faits se sont passés dans une vitie voisine
de Paris ; on comprendra que nous ne pouvons
la désigner plus clairoment, pas plus que nous
ne pouvons nommer la victime, ni indiquer
son régiment ; toutefois nous possédons, est-il
besoin de le dire? tous ces renseignements, que
nous tenons à la disposition des enquêteurs, aa
cas où, comme nous voulons l'espérer, une en-
quête serait faite sur les agissements intolésa-
bles que nous signalons.
UNE NOUVELLE VENDÉE
-
(De notre correspondant pàrticulierl
Budapest, 21 mai. 1
Les fails prouvant que le soulèvement des
paysans en Croatie est l'ouvre des agents de
la cour et du clergé, s'accumulent de plus fil
plus. On a arrêté à Groubisnapolye le curé ca-
tholique, ^•i^BeriOhitscli, et sca vicuirc 18*
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