Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 mai 1903 22 mai 1903
Description : 1903/05/22 (N12124). 1903/05/22 (N12124).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
- CINQ - le Numéro:
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PARIS & DÉPARTEMENTS
Le KTtimér'or: CINQ - CENTIMES
————. —————.—.—. —. .—.— «
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No 12124. — Vendredi 22 Mai 1903
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1
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
iMUL)iR L UN ARTITE
Mon illustre ami, le grand tragédien
railladea laissé un fils qui est compor
sitcur de musique, qui a peut-être du
génie et que tout le monde ignore.
, Je dis : peut être du génie; parce que
jja suis trop incompétent en musique
pour oser un jugement. Ce que j'ai pu
entendre de. Henri Taillade m'a paru
remarquable, point ordinaire.
L'homme, lui-même, est bizarre ; il
n'est plus jeune ; il ressemble beaucoup
à son père; de longues et âpres souf-
frances ont creusé profondément son
maigre visage; dans la conversation,
il échappe, difficile à fixer sur une idée,
pensant trop vite; des lueurs décon-
certantes sautillent dans ses prunelles.
Longtemps il a vécu, en banlieue, avec
sa mère ; depuis que celle-ci est morte,
il doit être tout seul ; seul — écoutez
ceci — avec la conviction qu'il est un
homme de valeur, avec la colère dou-
loureuse de se dire que cette valeur est
inconnue du public.
Je l'ai vu, quelquefois, avoir, dans
la rue, en marchant, de brusques re-
dressements de torse, qui trahissaient
ses préoccupations intimes. Il existe, à
peu près, de quelques leçons qu'il
donne, c'est-à-dire qu'il ne doit pas
vendre bien cher; lui-même pro-
clame [hautement sa pauvreté; il
fait, sans doute, très peu attention à ce
qu'il mange, et l'état de vétusté de ses
vêtements ne lui importe guère; je le
crois profondément naïf, et c'est pour-
quoi je professe pour lui une haute es-
Ume.
En tous cas, il est intéressant. Il n'est
pas de ces rêveurs qui se fluidifient en
paroles; c'est un laborieux; il produit;
il couvre de petits signes noirs, infa-
tigablement, du papier réglé. Que vaut
cette musique? Je répète que je n'en
sais rien. Et personne n'en sait rien. Et
c'est contre cette ignorance que Henri
Taillade s'insurge.
Il s'adresse au public : « A tous ceux
qui ont souci de la justice et de l'é-
quité en art. Aux ennemis du privi-
lège, du bon plaisir et de la prévention.
Aux esprits libres, nouveaux, à la jeu-
nesse qu'attend l'avenir, avec toutes
ses déceptions, si elle ne sait préparer
et assurer les réformes nécessaires qui
donneront au premier venu la possibi-
lité de prouver sa valeur s'il en a et
d'occuper le rang qu'il mérite.»
C'est dans ces termes que Henri Tail-
lade annonçait, au début d'une sorte de
manifeste, une audition de ses œuvres
qu'il devait donner l'autre jeudi à la
Bodinière. Je dis qu'il -devait, car à
mon grand regret, je n'ai pu m'y ren-
dre, et je ne sais si la « séance musi-
cale populaire » a eu lieu. Et tenez,
voici, exprimées dans la phrase qu'on
vient de lire, les misères de notre vie.
Je garde à la mémoire de Taillade un
souvenir ému; j'aime son fils ; je vou-
drais de tout cœur l'aider dans la rude
tâche qu'il entreprend, et je n'ai pu,
étant moi-même surchargé de besogne,
trouver le temps d'aller l'entendre.C'est
triste.
***
Oui, rude tâche, car Henri Taillade
veut, lui, pauvre, sans protection, sans
aucuns moyens d'action, arrivera se
faire connaître. Il a frappé à bien des
parles; elles ne se sont pas ouvertes;
alors, dans le manifeste que j'ai là, il
déclare qu'il « trouve injuste qu'un
homme, quel qu'il soit, directeur de
théâtre, chef d'orchestre ou autre, à
qui vous présentez une œuvre musicale,
ait le droit, la possibilité, le pouvoir,
par son seul jugement porté sur elle,
do briser, si cela lui plaît, la carrière
d'un musicien qui peut être de haute
valeur ».
Impossible, assurément, de lire cela
sans sourire, mais tant pis pour vous
si ce sourire ne s'achève pas en une
larme scintillant au bord des cils ! Ah !
pauvre artiste ignoré, méconnu, qui te
crois grand, qui l'est peut-être ; je te
serre, d'émotion profonde, les deux
mains. Vois-tu, ce manifeste où tu dé-
clares en appeler au public, vouloir te
passer de tous intermédiaires: direc-
teurs de théâtres, chefs d'orchestre, ou
« autres », demander au public seul la
reconnaissance de ton talent « si j'en
ai», ajoutes-tu avec une modestie char-
mante, ce manifeste est aussi beau que
le cri éternel d'Ajax lutlant contre la
tempête : « J'échapperai malgré les
dieux ! » Ne devrais-tu jamais être que
l'auteur de cela, tu es un homme, et je
te salue.
Le public a-t-il entendu ton qppel ?
est-il venu du monde à la séance mu-
sicale de jeudi dernier ? La recette t'a-
t-elle donné les moyens de poursuivre
la lutte que tu annonces l'intention de
poursuivre « jusqu'au bout » ? Ah ! je le
souhaite de toute mon âme. Et tu vois :
je t'aide comme je le peux, j'écris ici
ton nom, je le crie de toutes mes for-
ces, pour que la foule l'apprenne, pour
qu'elle sache qu'il y a par le monde un
compositeur maigre, râpé, besogneux,
qui s'appelle Henri Taillade et qui, peut-
être, porte en lui des œuvres géniales
dont on s'émerveillerait si on les con-
naissait.
èAu surplus, je dois bien cela à la mé:
moire de mon grand ami Taillade. Il
s'en faut que lui, qui avait certes du
génie, ait occupé la place à laquelle il
aurait eu droit. Il avait de lourdes char-
ges et dut faire plus de métier que
d'art.Quelle tristesse ç'a été de le voir,
encore dans la force do l'âge, prosti-
tuer son talent superbe en des Enfants
du Capitaine Grant, des Voyages à tra-
vers l'impossible, en toutes ces balijuJes-
vernes dont le souvenir provoque la
nausée.
Vieux, il ne connut point le repos ;
il allait jouer au Château-d'Eau le Ma-
rêchal-Ferrant d'Henri Demesse ; il
montait jusqu'à Belleville' créer mon
P'lit Père Nicoud. Ainsi que le dit élo-
quemment son fils ; il est mort, à Bru-
xelles, « comme il devait mourir, de-
bout, pauvre et travaillant ».
Il avait eu de belles soirées dans sa
vie ! Que de fois il a été acclamé par
des salles pleines, dressées d'enthou-
siasme î. Tout à la fin de sa vie, il
était plein de sérénité, souriant à la
fortune adverse, point rendu amer par
les injustices subies. Exemple bon à
'suivre, à méditer.
A tout prendre, le sort de ceux qui ne
réussissent pas est peut-être plus en-
viable que celui des autres. Par ces
temps d'arrivisme à outrance, où l'on
voit parvenir souvent les plus sots, les
plus plats, il peut être beau d'être un
vieux raté. Qui sait si ces trois mots ne
composeront pas l'épitaphe de Taillade
fils ? Qui sait si on ne les jettera pas,
pelletée de cendres, sur mon cadavre?.
Mais mon cadavre, sachant ce qu'ils
voudront dire, en tressaillera d'orgueil.
Lucien Victor-Meunier.
NETTETÉ INSUFFISANTE
Il me semble bien que le pré-
sident du conseil, en refusant
de s'associera la motion Hub-
bard, a manqué, au cours de la
séance d'hier, l'occasion de
nous faire faire un grand pas
vers la solution vraie de la
question religieuse. La motion impliquant
adhésion au principe de la séparation des
églises et de l'Etat a réuni, malgré le man-
que d'appui du ministère, une minorité
que le déplacement d'une quinzaine de voix
suffisait à changer en majorité. Il est bien
certain qu'une parole de M. Combes eût
obtenu ce résultat, à plus forte raison le
vote eût-il été acquis s'il avait posé la ques-
tion de confiance en faveur de la mo-
tion.
Du coup nous faisions l'économie d'une
fin de séance assez désordonnée, coupée de
suspensions, troublée par l'obstruction des
droitiers, rendue interminable par les scru-
tins publics à la tribune et par l'éclosion
de trop nombreux ordres du jour. Ceci, si
vous le voulez, est peu de chose; mais le
vote de la motion Hubbard coupait net les
moyens de défense de la droite, posait la
question religieuse sur un terrain solide,
préparait la solution normale, et par suite
procurait l'apaisement entre Français
croyants et incroyants.
Je suis d'autant plus à l'aise pour expri-
mer ces réserves, que M. Combes, au
cours même de la séance d'hier, s'était ex-
primé en des termes qui indiquaient fort
clairement qu'il n'était pas éloigné d'ac-
cepter la solution franche de la séparation
des Eglises et de l'Etat.
Alors, pourquoi n'en pas finir il Nous le
pouvions hier ; la question va se poser en-
core plus d'une fois avant la fin de cette
législature; elle aboutira, je n'en doute
guère. C'était si simple de nous épargner
ce recommencement. — Ch. B.
Voir à la 36 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
LE DROIT COMMUN
M. Lépine vient de faire, devant la 2e com-
mission du Conseil municipal, des déclarations
qu'il importe de retenir. Si je m'en réfère au
texte donné par les journaux, il aurait dit :
— « En matière de prostitution, il n'y a que
l'arbitraire. Si l'on appliquait le droit commun,
les tribunaux acquitteraient toujours. »
Je suis heureux de trouver dans -ces paroles
du préfet de police la confirmation de ce que
j'ai écrit l'autre jour ici même : à savoir que
la prostitution n'est pas un délit.
Pourquoi les tribunaux acquitteraient-ils
toujours, sinon parce que le délit ne leur pa-
raîtrait pas suffisamment établi ? S'il n'est pas
accompagné d'infractions accessoires, telles
qu'ivresso, tapage, outrage aux mœurs, etc.,
le fait pour une femme d'offrir à prix d'ar-
gent ses faveurs n'est pas, ne saurait être un
délit. Voilà donc qui est bien entendu.
Personne, donc, ne pourra plus nier le ca-
ractère arbitraire de l'institution connue sous
le nom de police des mœurs. Et l'on se de-
mandera comment, cette constatation étant
faite, il se puisse que la police des mœurs sub-
siste.
La prostitution n'étant pas un délit, il s'en-
suit rigoureusement que toutes les arrestations
opérées par les agents des mœurs — non pas
les arrestations d'honnêtes femmes — mais les
arrestations de prostituées, sont toutes com-
mises en violation des lois, sont illégales, de-
vraient exposer leurs auteurs à des poursuites
judiciaires.
Je voudrais qu'une fois une insoumise ap-
préhendée pour racolage adressât une plaiole
au procureur de la République, revendiquât
hautement son droit de disposer d'elle-même.
Je serais curieux de savoir quelle réponse
pourrait lui être faite.
On a demandé une fois à un préfet de police
— qui n'était pas M. Lépine, je me hâte de le
dire — sur quoi il basait les prétendus règle-
monts en vortu desquols travaillent les agents
des mœurs. Il a répondu ; — Sur les capitu-
lai res de Charlemagne. — Croyez que jamais
une réponse plus sérieuse n'a été faite.
La perspective de nombreux acquittements
que nous fait entrevoir M. Lépine n'est point
pour nous effrayer. Nous trouvons tout naturel
qu'il y ait acquittement, quand il n'y a point
délit. — Nous demandons le droit commua.
Et nous sommes bien certain que l§ moraljté
pufeliAue v ~?nQM~ .-.,~. r.-A~ '~—
LES CONGREGATIONS
Un décret de dissolution. — Contre les
cléricaux. - A Paiis et dans le dé-
partement de la Seine. — Les inci-
dents en province.
La Journal Officiel a publie hier un rapport
au Président de la République, suivi d'un dé-
cret prononçant la dissolution de congréga-
tions et la fermeture d'établissements congré-
ganistes dans les départements de la Savoie et
de la Haute-Savoie.
Voici le texte du décret :
Le Président de la République française.
Sur le rapport du président du conseil, ministre
de l'intérieur et des cultes,
Vu l'articlo -13, paragraphe 3- do la loi du 1"
juillet 1901 sur le contrat d'association ;
Vu l'avis du Conseil d'Etat du 14 février f90
portant « qua tes établissements religieux de la Sa-
voie et de l'ancien comté de Nice ne sauraient in-
voquer utilement les lettres patentas qui ont pu
leur être accordées par les rois do Sardaigne
comme constituant à leur profit un titre de recon-
naissance légale ;
« Qu'eu ellet, il est de principe que la législation
française dans son ensemble est applicable à tou-
tes les parties du territoire français, et que lors de
la session de la Savoie et du comté de Nice, nulle
exception n'a été faite en ce qui touche le régime
légal des congrégations religieuses » ;
Considérant qu'à la suite de cet avis, et confor-
mément à l'article 1S, paragraphe 1" de la loi du
1" juillet tHOt des demandes d'autorisation légale
ont été formées par les établissements congréga-
nistes ci-après désignés; que ces demandes sou-
mises à la Chambre des députés ont été repoussées
par cette assemblée dans ses séances des 18 et 2ti
mars 11)03;
Que, malgré la notification qui leur a été faite
de ces décisions, les établissements congréganistes
dont il s'agit refusent de se dissoudre en préten-
dant qu'ils ont été légalement autorisés par les let-
tres patentes des rois de Sardaigno ;
Qu'il importe, dans l'intérêt de l'ordre public, de
ne pas laisser se prolonger un état de choses qui
no tend à rien moins qu'à mettre en échec le vote
de la Chambre des députés et le principe même de
J'application de la législation française à des ter-
ritoires français;
Le conseil des ministres entendu;
Décrète :
Art. 1". Sont prononcées la dissolution des con-
grégations et la fermeturo des établissements con-
gréganistes ci-après désignés, savoir
SAVOIE
Capucins. — Albertville (Conflans), Chambéry,
Yminc,
Frères de la Sainte-Famille de Belley. — Entre-
moll t-Ie- Vieox, les Echelles, Pônt-de-Beauvoisin,
nllfftcux, Saint Picrrc-d'Aibigny (deux établisse-
ments),Saint- Pierre-d'Eu tremont.
HAUTE-SAVOIE
Capucins. - Annecy, la Roche-sur-Foron, Tho-
non. -
ueaelflptorlstes. - uontamine-stir-ArVe.
Frères de Saint-Francois de Sales. — Evian-les-
Bains, Mélau, Aliinges.
Frères de la Sainte-Famille de Belley. — Cru-
zeilles, Douvaine, Saint-Cergues, Saint Jeoirs, Viuz-
cn-Sallaz.
Le mouvement anticlérical
A la suite des incidents survenus dans di-
verses églises de Paris, une information judi-
ciaire a été commencée. Mais il paraît que des
divergences d'appréciation se sont manifestées
au parquet sur les chefs d'inculpation qui
pourraient être relevés dans l'espèce.
Notre correspondant d'Evreux nous télégraphie :
Il n'est pas que les grandes villes qui approu-
vent, tous les jours, la politique anticléricale
du gouvernement. Les petites villes et les com-
munes rurales donnent, à chaque instant, des
marques de confiance au ministère Combes et
le félicitent de l'énergie qu'il met à exécuter la
loi des congrégations. Les populations urbai-
nes ou rurales sont d'accord sur ce point et en-
gagent le gouvernement à ne pas faiblir et à
tenir tête à la tempête cléricale.
Dans une réunion tenue, ces jours derniers,
à Pacy-sur-Eure, l'ordre du jour suivant a été
voté à l'unanimité:
Les citoyennes et citoyens réunis au nombre de
400 dans la salle du théâtre de Pacy-sur-Eure, après
avoir entendu la conférence du citoyen Fleurot, M.
Abel Lofcvre, et divers orateurs du cercle catholi-
que d'Evreux, invitent le gouvernement à appli-
quer énergiquement la lo; sur les congrégations,
et la majorité républicaine du Parlement, â rom-
pre définitivement avec Rome en votant sans délai
la séparation des Eglises et de l'Etat. — W. D.
A l'instruction
M. André, juge d'inslruclion, a inculpé d'in-
fraction à la loi sur les associations, 4 pères
maristes de la congrégation installée 104, rue
de Vaugirard et leur a fait subir, hier. un in-
terrogatoire d'identité.
A Paris et dans la banlieue
Des commissaires de police se sont présen-
tés, aux établissements religieux suivants, pour
constater si les religieux s'étaient dispersés :
Chez les frères de la Doctrine chrétienne de
Nancy, 55, rue DerHert-Rochereu. à Noisy-Ie-
Sec; les frères do l'Instruction chrétienne de
Saint-Gabriel, aux Lilss; les frères de l'Ins-
truction chrélienn de Ploerme), 85, rue de la
Verrerie ; les clercs du Saint-Viateur de Vour-
les, à Saint-Mandé; les frères de la Sainte-
Famille de Belley, 3, rue de la Trinité, 31, rue
de la Barre el 6, rue Notre-Dame dos-Victoi-
res, et les frères de la Société de Marie, dits
Marianistes, à Antony. Il a été constaté que
tous ces établissements sont vides : les reli-
gieux sont tous partis.
A l'établissement des clercs de Saint-Viateur
de Vourles, 199, avenue du Maine, deux reli-
gieux étaient présents ; ils ont déclaré au com-
missaire de police qu'ils étaient sécularisés.
La même réponse a été faite par - quatre reli-
gieux qui occupent l établissement des frères
du Sacré-Cœur du Paradis, 3, rue du Bac, à
Aanières.
Dans les départements
Tarn. — Les marianistes, qui tiennent un
établissement d'instruction à Réalmorit,out re-
fusé de se disperser. Ils se sont barricadés avec
des amis à l'intérieur de l'établissement, autour
duquel des groupes armés de fourches montent
la garde.
Morbihan. — Le P. Le Doré, supérieur gé-
néral des eudistes, a présidé une cérémonie au
couvent des eudistes do Kerlois (Morbihan).
C'était l'adieu des religieux qui vont être ex-
pulsés. Le P. Le Doré a protesté.
Meurthe-et-Moselle. — M. Jeandel, mairo de
Diarville, a été entendu par le juge d'instruc-
tion qui instruit l'affaire des manifestations du
couvent de Siou, à la suite desquelles MM.
Vuilliaume frères, commerçants à Diarville,
ont été incarcérés.
Ille-et-Vilaine. — M. Castay, liquidateur de
la congrégation des missionnaires diocésains,
s'étant présenté au noviciat de Bellevue pour
y procéder à l'inventaire, l'archevêque de Ren-
nes a revendiqué ces différents biens comme
faisant partie de la mense archiépiscopale.
Le président du tribunal civil de Rennes, ap-
pelé à statuer on référé, a décidé que l'arche
vêque do Rennes, justifiant du droit de pro-
priété de la mense archiépiscopale sur les im-
meubles, ceux-ci ne seraient pasdécrils.
Quant aux autres effets mobiliers, la juge
des référés eu a ordonné l'inventaire, saut re-
vendication devant lo tribunal par les mission-
naires.
Dimanche, dans la chapelle de la maison-
mère des petites sœurs des pauvres, à la Tour-
Sajat;jQ8CPb. près SaiPl-Pecn (me-ehVilaiae)»
46 jeunes filles ont pris l'habit religieux des
filles de l'abbé Le Pailleur.
.—.————————- -.—-——.—————.
LA QUESTION DU GAZ
Le projet de traité devant la commis-
sion. — Une séance orageuse. — On
demande le préfet.
La commission du gaz, composée on le sait
de plus de la moitié du Conseil municipal, a
-tenu hier une séance, à l'effet d'examiner le
projet de traité et le cahier des charges éla-
borés par la commission des rapporteurs.
; Cette séance a été quelque peu orageuse.
Tout d'abord, on a appris que M. Denayrouse
avait remis au préfet une lettre cachetée dans
laquelle il indiquait un nouveau procédé. A
la demande de M. Derouin, M. Denayrouse
avait consenti à ce que cette lettre fût ou-
verte. On a donc pu en connaître le contenu.
MI Denayrouse demande l'autorisation de faire
.des expériences sur un gaz dont il est l'inven-
teur et l'insertion au cahier des charges de la
faculté pour la Ville d'utiliser son procédé.
Intermède sans importance : les rapporteurs
qui ont fait consciencieusement leur travail,
ont réservé ce droit pour la Ville.
Le président a donné ensuite lecture d'une
pétition du syndicat des Mines et do la Métal-
lurgio demandant que lo nouveau matériel soit
exclusivement français ainsi que le charbon.
Boum! Ça y est ! Le charbon tricolore 1 Le
charbon « Ligue des Patriotes » s. g. d. g. 1 La
L. D. P. en Geuil I Quoi !
Tout le monde sait que les mélanges du char-
bon sont nécessaires; que, par exemple le
charbon d'Ecosse, très gras, est de beaucoup le
meilleur pour la fabrication du gaz. Enfin, les
mines françaises pouvant seulos fournir du
charbon pour le gaz, nous ne tarderions pas
à voir augmenter lo prix du charbon. Que dia-
ble! il y a des gens qui ont besoin de charbon,
et il n'y a pas que des consommateurs de gaz
à Paris; il ne faut pas l'oublier.
La proposition des miniers a été mise de
côté.
Tout est prêt
M. Chautard. rapporteur, a déclaré que tout
était prêt; qu'il proposait à la commission d'a-
dopter le cahier des chargas et le projet 'de
traité qui lui est soumis et d'inviter le préfet
à signer, sur ces bases, un contrat avec M M.
Dévaluez el Duchanoy pour l'exploitation fu-
ture du gaz.
Mais le préfet a d'autres rêves. On a appris
hier que le préfet avait déclaré à M. Chautard
qu'il avait dos réserves à faire sur le projet,
mais qu'il ne pouvait dire sa pensée et qu'il
ferait une déclaration au conseil municipal;
qu'au reste, il pensait que cette affaire ne pou-
vait être terminée que par la prolongation du
monopole de la compagnie actuelle.
Pas de ccmédie 1
Cette communication a mis la commission
en fureur.
— Pas de comédie ! s'est-on écrié. Ce n'est
pas la peine de faire des effets de tribune !
Que le préfet nous dise de suite ce qu'il veull
Nous n'avons pas besoin de travailler pour
rien I
EL sur la proposition de M. Caplain, la com-
mission, à l'unanimité, met le préfet en de-
meure de venir immédiatement s'expliquer et
proposer un autre projet s'il en a un.
On suspend la séance, et le président s'en va
quérir le préfet. On ne le trouve pas. On re-
prend la séance, et l'on décide d'examiner le
traité.
M. Sauton s'amuse à couper le fil en quatre.
On n'écoule pas et on rit.
Malgré une opposition systématique, on va
jusqu'à l'article six on et s'ajourne à demain.
Nous publierons demain le projet de traité.
GROUPEMENTS PROFESSIONNELS
De même que les ouvriers ont le droit de se
grouper dans des syndicats pour proléger leurs
intérêts et faire aboutir leurs revendications,
les employés des administrations do l'Etat peu-
vent et doivent se grouper en associations pro-
fessionnelles.
Les travailleurs de la pensée et de la plume,
comme les travailleurs des bras, ont tout à
gngnor à la constitution d'unions et de fédéra-
tions. Individuellement, ils sont absolument
désarmés devant leurs chefs; s'ils ont des ré-
clamations à présenter, on les rebute, et sou-
vent, on les frappe. Au contraire, lorsque le
groupement est formé et demande pour la gé-
néralité de ses membres une augmentation de
traitement, ou un sort meilleur, on prêlo l'o-
reille. Il est rare que l'association profession-
nelle ue trouve point de sùrs appuis dans la
presse ou au Parlement, et lorsqu'elle envoie
au ministre une délégation accompagnée de
députés et de sénateurs tout acquis à sa cause,
le ministre ouvre sa porte, écoute avec bien-
veillance, promet. et tient parfois ce qu'il a
promis.
Certains prétendent que les associations de
fonctionnaires doivent strictement garder le
caractère de mutualités ou d'amicales, et
qu'elles doivent s'abstenir de tous rapports
avec les pouvoirs publics. C'est là une idée
fausse. Comment obtenir une réforme si on ne
la demande pas avec insistance à ceux qui ont
compétence pour la réaliser? L'Etat est en som-
me un patron comme un autre. C'est la nation
toule entière syndiquée pour s'administrer et se
défendre. Pourquoi ses employés n'auraient-ils
pas, eux aussi, la droit de se grouper, de faire
entendre leurs plaintes légitimes, de réclamer
respectueusement les améliorations qu'ils ju-
gent nécessaires?
Nous avons parlé, récemment dela fondation
de l'Union générale des agents des contribu-
tions indirectes. Cette association, après avoir
répudié dos concours compromettants, est ra-
pidement devenue prospère. La besoguo ne lui
manquera point.
Les employés de la régie ont des fonctions
délicates et difficiles: croirait-on que la plu-
part d'entre eux ont, ce qui est dérisoire, des
appointements de début de 87 fr. 50 par mois
et arrivent avec peine à la fin de leur carrière
au tralLement annnei ae i.,jju ir.
C'est dire que l'administration des finance",
qui dote les fonctionnaires supérieurs tels que
trésoriers généraux et percepteurs do royales
prébendes, se montre bien chiche vis-à-vis do
travailleurs plus humbles et peut-être plus la-
borieux.
L'Union,à laquelle nous avons souhaité lon-
gue vio et prospérité, devra donc no rien né-
gliger pour obtenir pour ses membres une
condition plus favorable. Elle sera certaine-
ment aidée par le très sympathique directeur
général des contributions indirectes, qu'elle
gagnera facilement à sa cause. Nous espérons
avoir bientôt à enregistrer le succès qui cou-
ronnera ses efforts. — L. Arinbruster.
LE VIN TAXÉ EN ALLEMAGNE
(De notre correspondant particulierl
Stuttgart, 20 mai.
Dans les corcles politiques du Wurtemberg,
on se raconte que le gouvernement allemand a
sondé ceux de Munich et de Carlsruho, pour
savoir comment on accueillerait le projet d'un
impôt sur le via au profit du trésor ira-
«SL'iÇfc, ; - : ;'
A LA CHAMBRE
LA POLITIQUE REUGIEUSE
La Chambre a pu hier en finir avec le
débat sur la politique religieuse. Ce n'a pas
été sans peine. Dans le vague espoir de
susciter un incident, les droitiers et les na-
tionalistes ont développé un gros effort
d'obstruction. Au fond, c'est le renvoi de
la discussion à vendredi, ou même à lundi,
que les réactionnaires auraient voulu. Ainsi
un joueur à'écarté qui se sent battu jette
ses cartes et tente d'en obtenir de nou-
velles.
Naturellement, M. Combes ne voyait au-
cun intérêt à favoriser cette manœuvre. La
rage des cléricaux a été crescendo. Deux
fois, à force de cris, ils ont obtenu la sus-
pension de la séance. Le second scru-
tin a donné lieu à pointage et c'est à peine
à 10 heures si l'on était fixé sur le résultat.
Dès le début de la séance, on apprend
que M. Ferri de Ludre a déposé une inter-
pellation sur les incidents survenus le 4 mai
à Saxon-Sion (Meurthe-et Moselle) et rela-
tifs à l'exécution de la loi sur les associa-
tions.
La jonction aux interpellations en dis-
cussion est ordonnée.
En. attendant, voici M. Engerand très
pressé de parler sur les incidents des égli-
ses d'Aubervilliers, de Belleville et de Plai-
sance.
M. Engcrand. — D03 incidents analo-
gues sn sont produits en province, à Reims par
exomplo.
M. Combes, président du conseil. —
C'est inexact.
M. Eugerand. — Co démenti est un peu
tardif.
M. le président du conseil. — Le
fait a été inventé de toutes pièces par un jour-
nal. (Bruit à droite )
M. Baudry d'Asson. — N'insultez pas
la preaso olle vaut mieux que vous. (Exclama-
tions à gauche.) — Vous ne m'empèclierez pas
do parler. - (Bruit.)
M. Bertenux, - Ce sont los divagations
d'un irresponsablo,
M. Baudry d'Asson. — Le premier
fou c'est vous.
Il faut que les huissiers arrêtent M. de
Baudry d'Asson, qui se précipite sur M.
Berteaux. Du reste, M. de Baudry d'Asson
est très animé aujourd'hui. C'est peut-être
qu'il se dispose à prononcer un discours.
Heureusement, M. Boutard se constitue le
gendarme de M. de Baudry d'Asson. Il se
place derrière le banc du député monar-
chiste, et chaque fois que celui-ci se dresse
menaçant, les mains de M. Boutard s'ap-
puient sur les épaules de M. de Baudry
d'Asson et le forcent à se rasseoir.
A la fin, M. de Baudry d'Asson se fâche ;
M. Boutard de son côté est sur le point de
prendre la mouche.
M. de Dion les réconcilie.
Tout est bien oui finit de cette ma-
mère.
M. Eug-erand. — Certains de nos col-
lègues qui font partie de la majorité peuvent
voir où ils sont entraînés. Ils me rappellent,
eux et M. Combes, cette image et cette lé-
gende de Chariot, c'est Napoléon entouré de
grognards : « Ils grognent, dit Napoléon, mais
ils me suivent ».
Je demande bien pardon à Napoléon do lui
comparer M. Combes, mais certains des parti-
sans du président du conseil grognent dans les
couloirs sauf à lo suivre en séance.
M. Lasies, — Ce sont des grognards
qui n'ont pas le même bonnet.
M. Eog-erand. — Prenez garde à de-
main. Un grand écrivain a dit : « On ne re-
mue pas impunément le fond d'un peuple. Le
gouvernement a déchaîné les pires passions.
Il sera obligé demain de défendre l'ordre so-
cial contre les détestables enlrepri&es de ses
propres partisans. (Applaudissementsâ droite.)
M. de^Srandmaison interpelle « sur les
délégations de pouvoirs illégalement don-
nées à des députés et à des sénateurs, no-
tamment dans les Hautes-Pyrénées et dans
le Doubs en ce qui concerne les chapelles
non autorisées ».
M. de Grandmaison vise les promesses
qu'aurait faites le président du conseil à
propos de Lourdes, et la circulaire ,. du doc-
teur Borrte à ses électeurs. -
M. Grousseau reproche au gouvernement
ses négociations avec le Saint-Siège pour
arriver à une entente sur la formule des
bulles et la nomination des évêques.
Les incidents de Belleville
L'interpellation de M. Dejeante a trait
« au guet-à-pens de Belleville et au droit de
manifester dans les églises ».
M. Dejeante accuse les cléricaux d'avoir
organisé un véritable guet-apens dans l'é-
glise de Belleville.
M. Dejeante. — Il y a en, à l'église de
Belleville, des incidents qui ont été provoqués
et orgauisés par le curé. (Exclamations et rires
à droite).
C'est le récit du journal la Croix qui le dé-
montre. (Interruptions.) Le prédicateur n'avait
été l'objet d'aucune insulte et d'aucune provo-
cation. (Bruit.)
M. de Ramèl. — On n'a pas le droit de
parler dans uno église.
M. Dejeante. — C'est inenact.
M. de Dion. — Allez donc parler dans
les loges.
Le président. — Je vais vous rappeler à
l'ordre.
M. de Dion. — Rappelez donc la Cham-
brp au désordre.
Le président. — Je vous rappelle à l'or-
,1,-.
M. de Dion, — Envoyez-moi au petit lo-
cal, si vous voulez.
M. Chauvière.II ne pourrait pas vous
contenir.
Le président. - De tels incidents sont
indignes de la Chambre.
M. Biuder. — Oh! ne parlez pas de la
dignité de la Chambre. (Bruit.)
Le président. — Je vous rappelle à l'or-
dre.
M. Contant. — En somme, ces gens-là
ne peuvent pas discuter d'une façon sérieuse,
M. de Dion. — C'est Dejeante qui n'est
pas sérieux en nous racontant que c'est le la-
pin qui a commencé ; sa plaisanterie a assez
duré.
M. Jules Coûtant. — Vous feriez mieux
d'aller en automobile.
M. de Dion. - Venez" Je vous y em-
mène.
M. Dejeante, — Je voudrais bien pou-
voir par!er. Je disais qu'il eut été plus simple
et plus courtois que le curé de Belleville ré-
pondît à la question posée dans l'église. (Bruit
à droite). Or, le questionneur a été assommé
Dit qJlO baudç organise et aposUç par le curé.
.., m
Les bouchers de la Villette, venus là, n'étaient
ni dans leur paroisse, ni dans leur quartier. Oo
les avait appelés tout exprès, ii y a-eu ^m
ritable guei apens.
M. l'abbé Gayraud. — On les avait
appelés pour remettre l'ordre dans l'église.
M. Dejeante accuse la police de compta
cité avec les agresseurs des républicains.
M. Dejeante. — Contrairement à ce quW
prétendent nos collègues de droite, on a pris
l'habitude de parier, de beaucoup parler dans
les églises. Les curés n'hésitent pas à y donner
la parole même à des laïques. Et je ne vois
aucun inconvénient, en co qui me concerne, à4
cette manière de procéder. Les curés diroat
s'ils le veulent, leur sentiment sur-les lois dm
gouvernement de la République. Mais alors,'
qu'on ne nous contesto pas le droit de réponse.
Sur la terrain religieux, nous ne nous aven..
lurons pas. Sar le terrain politique, nous sui-
vrons les curés où ils voudront. )
M. de Baudry-d'Asson à la tribune
M. de Baudry-d'Asson grimpe à la tri-
bune et parle, parle, parle sans fin. La voix
est forte, d abord, quoique sans nuances et
correcte. C'est un fracas de mots qu'on sai-
sit difficilement, plutôtqu'un discours.
Puis l'organe de M. de Baudry-d'Asson,
forcé, s étouffe, devient rauque, discordant,
et l'on ne saisit plus une syllabe. -
Si M. de Baudry dAsson était plus
jeune, nous lui conseillerions de fréquenter
une école de diction.
M. de Baudry-d'Asson s'allaque au pré-
sident du conseil.
M. de Baudry-d'Asson. — Vous ête;
le prisonnier des socialistos, perturbateurs de
l'ordre et vous mettez vos apaches à leur ser-
vice pour envahir les églises et brutaliser les
catholiques.
A Nancy, ces attentats ont eu un caractère
odieux.
M. le comte d'Alsace. — Vous faites
erreur A Nancy il n'y a rien eu et personne
ne s'esl plaint.
M. de Baudry-d'Asson. — Vous mo
permettrez d'avoir plus de confiance dans le
journal qui a raconté et contrôlé les faits qua
dans votre assertion. (Mouvements divers. -
Exclamations.)
Mais il y a quelqu'un de plus coupable en-
core que M. Combes : c'est M. Woldeck-Rous-
seau, qui n'a pas eu le courage d'appliquer la
loi qu'il avait faite.
Désormais, quand nous irons à l'église, nous
irons armés et nous nous défendrons. (Mou-
vements divers.)
Les incidents de Reims
M. de Montebello prétend que des faitsf
abominables se sont passés à Reims. Des
républicains conduits par M. Henry Béren-
ger auraient jeté la panique dans une
église et des petites communiantes auraient
été bousculées.
Ces faits ne se sont pas produits.
M. Mirman le prouve sans peine.
M. Mirman. — Les républicains se ren*
daiont à la sous-préfecture. L'église Saint-
Jacques est sur lo chemiu. Des membres des
jeunesses catholiques se tenaient devant le por-
che. Ils se sont effrayés en voyant venir tes
Républicains. Ils ont crié : « Ils arrivent ! Ils
arrivent ! » et ce sont les catholiques qui ont
ainsi jelé la panique dans l'église. Les Républi-
cains ne sont pas entrés dans le monument.
Quant aux petites communiantes qui au-
raient « reçu des crachats sur leurs robes j','
c'est la calomnie du parti clérical qui lento
de salir le parti républicain.
Discours de M. Combes
La droite accueille par des hurlements
l'apparition du président du conseil à la
tribune :
M. Combes, président du conseil. — No-
tre politique religieuse est basée sur l'observa»
lion sincère et loyale du Concordat.
Nous avons toujours conformé nos actes à
nos paroles, et je défie que l'on puisse citer un
acle qui soit en contradiction avec les princi-
pes dirigeants de notre politique religieuse.
Dans les mesures prises dans nos circulaires,
nous n'avons, en rien, dépassé nos droits.
Il s'agit de savoir si le Concordat ne crée des
obligations qu'à l'Etat.
Selon l'interprétation qu'on lui donnera,nou9
verrons se poursuivre les rapports entre les
deux pouvoirs ou nous arriverons à la rupture
du contrat qui les lie.
Dans ce dernier cas, il est bien entendu que
toute la responsabilité restera à celui qui a
violé constamment le Concordat. (Bruit à
droite.)
Voix à droite. — C'est vous. *
Le président du. conseil. — L'épisco*
pat a dénoncé à l'indignatioi. des catholiques
d3S prescriptions tirée:) du Concordat lui même
et des lois existantes. (Rumeurs à droite.)
Mais la question est dominée par des princi-
pes supérieurs. L'Etat et l'hglise out des devoir!
réciproques. L'Etat qui n'a jamais manqué aux
siens a le droit d'exiger que l'Eglise fasso de
même. C'est ce qu'affirme ma circulaire et je
l'appliquerai, strictement, partout,..
Voix à droifb. — A Lourdes! à Lourdes!
Le président du conseil- -- - ..Par-
tout où les églises paroissiales suffisent aux
besoins du culte.
Tout le monde sait, et je me garderai bien
de dissimuler la vérité sur ce point. (Excla-
mations à droite ) Tout le monde sait que la
gouvernement u'a pas d'armes suffisantes.
L'appel comme d'abus n'est qu'une arme
pour rire, dont ou ne se sert que pour sauve-
garder le principe.
La suppression des traitements est, pour le
haut clergé, une faveur plutôt qu'une peine, en
raison des avantage pécuniaires qu'il en re-
tire. (Vifs applaudissements et rires à gauche.,
- Protestations à droite).
Resle le code pénal qui édicte des peines sé-
vères dont la légalité n'est pas douteuse, main
on peut se demander s'il serait saga d'en faire
une application constante.
Nos devanciers ont eu celle impression;
quant à nous, nous estimons qu'il faut actuel-
lement faire l'opinion publique jogede laques-
tion. -
Les rapports cie l'Eglise et de l'Etat sont en-
trés, ces derniers temps, dans une phase nou-
velle. On a pu croire, pendant les trois premiers
quarts du dernier siècle, que le Concordat avait
tous les avantages dont ses auteurs ont voulu
le doter ; mais, depuis 20 ans, depuis que la
République, devenue maîtresse d'elle-même,
s'est appliquéb à développer les principes de li-
berté, (applaudissements à gauche. Rumeurs
à droite), depuis que la République a marqué
sa ferme volonté d'assurer la suprématie du
pouvoir civil, le clergé s'est insurgé contre les
lois et s'esl allié aux partis monarchiques pour,
les combattre. (Vifs applaudissements à gau-
che). ;
Lo pouvoir ecclésiastique a pu installer, à
la tête des diocèses do Franco, ses-candidals ea ;
repoussant les candidats de la République. :
Les évêques se sont livrés à des manifesta»;
lions violentes, isolées ou collectives contre les,
lois de la République. (Applaudissements.
gauche. Interruptions à droite.)
Lo clergé inférieur* subissant leur ma~°M
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Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
iMUL)iR L UN ARTITE
Mon illustre ami, le grand tragédien
railladea laissé un fils qui est compor
sitcur de musique, qui a peut-être du
génie et que tout le monde ignore.
, Je dis : peut être du génie; parce que
jja suis trop incompétent en musique
pour oser un jugement. Ce que j'ai pu
entendre de. Henri Taillade m'a paru
remarquable, point ordinaire.
L'homme, lui-même, est bizarre ; il
n'est plus jeune ; il ressemble beaucoup
à son père; de longues et âpres souf-
frances ont creusé profondément son
maigre visage; dans la conversation,
il échappe, difficile à fixer sur une idée,
pensant trop vite; des lueurs décon-
certantes sautillent dans ses prunelles.
Longtemps il a vécu, en banlieue, avec
sa mère ; depuis que celle-ci est morte,
il doit être tout seul ; seul — écoutez
ceci — avec la conviction qu'il est un
homme de valeur, avec la colère dou-
loureuse de se dire que cette valeur est
inconnue du public.
Je l'ai vu, quelquefois, avoir, dans
la rue, en marchant, de brusques re-
dressements de torse, qui trahissaient
ses préoccupations intimes. Il existe, à
peu près, de quelques leçons qu'il
donne, c'est-à-dire qu'il ne doit pas
vendre bien cher; lui-même pro-
clame [hautement sa pauvreté; il
fait, sans doute, très peu attention à ce
qu'il mange, et l'état de vétusté de ses
vêtements ne lui importe guère; je le
crois profondément naïf, et c'est pour-
quoi je professe pour lui une haute es-
Ume.
En tous cas, il est intéressant. Il n'est
pas de ces rêveurs qui se fluidifient en
paroles; c'est un laborieux; il produit;
il couvre de petits signes noirs, infa-
tigablement, du papier réglé. Que vaut
cette musique? Je répète que je n'en
sais rien. Et personne n'en sait rien. Et
c'est contre cette ignorance que Henri
Taillade s'insurge.
Il s'adresse au public : « A tous ceux
qui ont souci de la justice et de l'é-
quité en art. Aux ennemis du privi-
lège, du bon plaisir et de la prévention.
Aux esprits libres, nouveaux, à la jeu-
nesse qu'attend l'avenir, avec toutes
ses déceptions, si elle ne sait préparer
et assurer les réformes nécessaires qui
donneront au premier venu la possibi-
lité de prouver sa valeur s'il en a et
d'occuper le rang qu'il mérite.»
C'est dans ces termes que Henri Tail-
lade annonçait, au début d'une sorte de
manifeste, une audition de ses œuvres
qu'il devait donner l'autre jeudi à la
Bodinière. Je dis qu'il -devait, car à
mon grand regret, je n'ai pu m'y ren-
dre, et je ne sais si la « séance musi-
cale populaire » a eu lieu. Et tenez,
voici, exprimées dans la phrase qu'on
vient de lire, les misères de notre vie.
Je garde à la mémoire de Taillade un
souvenir ému; j'aime son fils ; je vou-
drais de tout cœur l'aider dans la rude
tâche qu'il entreprend, et je n'ai pu,
étant moi-même surchargé de besogne,
trouver le temps d'aller l'entendre.C'est
triste.
***
Oui, rude tâche, car Henri Taillade
veut, lui, pauvre, sans protection, sans
aucuns moyens d'action, arrivera se
faire connaître. Il a frappé à bien des
parles; elles ne se sont pas ouvertes;
alors, dans le manifeste que j'ai là, il
déclare qu'il « trouve injuste qu'un
homme, quel qu'il soit, directeur de
théâtre, chef d'orchestre ou autre, à
qui vous présentez une œuvre musicale,
ait le droit, la possibilité, le pouvoir,
par son seul jugement porté sur elle,
do briser, si cela lui plaît, la carrière
d'un musicien qui peut être de haute
valeur ».
Impossible, assurément, de lire cela
sans sourire, mais tant pis pour vous
si ce sourire ne s'achève pas en une
larme scintillant au bord des cils ! Ah !
pauvre artiste ignoré, méconnu, qui te
crois grand, qui l'est peut-être ; je te
serre, d'émotion profonde, les deux
mains. Vois-tu, ce manifeste où tu dé-
clares en appeler au public, vouloir te
passer de tous intermédiaires: direc-
teurs de théâtres, chefs d'orchestre, ou
« autres », demander au public seul la
reconnaissance de ton talent « si j'en
ai», ajoutes-tu avec une modestie char-
mante, ce manifeste est aussi beau que
le cri éternel d'Ajax lutlant contre la
tempête : « J'échapperai malgré les
dieux ! » Ne devrais-tu jamais être que
l'auteur de cela, tu es un homme, et je
te salue.
Le public a-t-il entendu ton qppel ?
est-il venu du monde à la séance mu-
sicale de jeudi dernier ? La recette t'a-
t-elle donné les moyens de poursuivre
la lutte que tu annonces l'intention de
poursuivre « jusqu'au bout » ? Ah ! je le
souhaite de toute mon âme. Et tu vois :
je t'aide comme je le peux, j'écris ici
ton nom, je le crie de toutes mes for-
ces, pour que la foule l'apprenne, pour
qu'elle sache qu'il y a par le monde un
compositeur maigre, râpé, besogneux,
qui s'appelle Henri Taillade et qui, peut-
être, porte en lui des œuvres géniales
dont on s'émerveillerait si on les con-
naissait.
èAu surplus, je dois bien cela à la mé:
moire de mon grand ami Taillade. Il
s'en faut que lui, qui avait certes du
génie, ait occupé la place à laquelle il
aurait eu droit. Il avait de lourdes char-
ges et dut faire plus de métier que
d'art.Quelle tristesse ç'a été de le voir,
encore dans la force do l'âge, prosti-
tuer son talent superbe en des Enfants
du Capitaine Grant, des Voyages à tra-
vers l'impossible, en toutes ces balijuJes-
vernes dont le souvenir provoque la
nausée.
Vieux, il ne connut point le repos ;
il allait jouer au Château-d'Eau le Ma-
rêchal-Ferrant d'Henri Demesse ; il
montait jusqu'à Belleville' créer mon
P'lit Père Nicoud. Ainsi que le dit élo-
quemment son fils ; il est mort, à Bru-
xelles, « comme il devait mourir, de-
bout, pauvre et travaillant ».
Il avait eu de belles soirées dans sa
vie ! Que de fois il a été acclamé par
des salles pleines, dressées d'enthou-
siasme î. Tout à la fin de sa vie, il
était plein de sérénité, souriant à la
fortune adverse, point rendu amer par
les injustices subies. Exemple bon à
'suivre, à méditer.
A tout prendre, le sort de ceux qui ne
réussissent pas est peut-être plus en-
viable que celui des autres. Par ces
temps d'arrivisme à outrance, où l'on
voit parvenir souvent les plus sots, les
plus plats, il peut être beau d'être un
vieux raté. Qui sait si ces trois mots ne
composeront pas l'épitaphe de Taillade
fils ? Qui sait si on ne les jettera pas,
pelletée de cendres, sur mon cadavre?.
Mais mon cadavre, sachant ce qu'ils
voudront dire, en tressaillera d'orgueil.
Lucien Victor-Meunier.
NETTETÉ INSUFFISANTE
Il me semble bien que le pré-
sident du conseil, en refusant
de s'associera la motion Hub-
bard, a manqué, au cours de la
séance d'hier, l'occasion de
nous faire faire un grand pas
vers la solution vraie de la
question religieuse. La motion impliquant
adhésion au principe de la séparation des
églises et de l'Etat a réuni, malgré le man-
que d'appui du ministère, une minorité
que le déplacement d'une quinzaine de voix
suffisait à changer en majorité. Il est bien
certain qu'une parole de M. Combes eût
obtenu ce résultat, à plus forte raison le
vote eût-il été acquis s'il avait posé la ques-
tion de confiance en faveur de la mo-
tion.
Du coup nous faisions l'économie d'une
fin de séance assez désordonnée, coupée de
suspensions, troublée par l'obstruction des
droitiers, rendue interminable par les scru-
tins publics à la tribune et par l'éclosion
de trop nombreux ordres du jour. Ceci, si
vous le voulez, est peu de chose; mais le
vote de la motion Hubbard coupait net les
moyens de défense de la droite, posait la
question religieuse sur un terrain solide,
préparait la solution normale, et par suite
procurait l'apaisement entre Français
croyants et incroyants.
Je suis d'autant plus à l'aise pour expri-
mer ces réserves, que M. Combes, au
cours même de la séance d'hier, s'était ex-
primé en des termes qui indiquaient fort
clairement qu'il n'était pas éloigné d'ac-
cepter la solution franche de la séparation
des Eglises et de l'Etat.
Alors, pourquoi n'en pas finir il Nous le
pouvions hier ; la question va se poser en-
core plus d'une fois avant la fin de cette
législature; elle aboutira, je n'en doute
guère. C'était si simple de nous épargner
ce recommencement. — Ch. B.
Voir à la 36 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
LE DROIT COMMUN
M. Lépine vient de faire, devant la 2e com-
mission du Conseil municipal, des déclarations
qu'il importe de retenir. Si je m'en réfère au
texte donné par les journaux, il aurait dit :
— « En matière de prostitution, il n'y a que
l'arbitraire. Si l'on appliquait le droit commun,
les tribunaux acquitteraient toujours. »
Je suis heureux de trouver dans -ces paroles
du préfet de police la confirmation de ce que
j'ai écrit l'autre jour ici même : à savoir que
la prostitution n'est pas un délit.
Pourquoi les tribunaux acquitteraient-ils
toujours, sinon parce que le délit ne leur pa-
raîtrait pas suffisamment établi ? S'il n'est pas
accompagné d'infractions accessoires, telles
qu'ivresso, tapage, outrage aux mœurs, etc.,
le fait pour une femme d'offrir à prix d'ar-
gent ses faveurs n'est pas, ne saurait être un
délit. Voilà donc qui est bien entendu.
Personne, donc, ne pourra plus nier le ca-
ractère arbitraire de l'institution connue sous
le nom de police des mœurs. Et l'on se de-
mandera comment, cette constatation étant
faite, il se puisse que la police des mœurs sub-
siste.
La prostitution n'étant pas un délit, il s'en-
suit rigoureusement que toutes les arrestations
opérées par les agents des mœurs — non pas
les arrestations d'honnêtes femmes — mais les
arrestations de prostituées, sont toutes com-
mises en violation des lois, sont illégales, de-
vraient exposer leurs auteurs à des poursuites
judiciaires.
Je voudrais qu'une fois une insoumise ap-
préhendée pour racolage adressât une plaiole
au procureur de la République, revendiquât
hautement son droit de disposer d'elle-même.
Je serais curieux de savoir quelle réponse
pourrait lui être faite.
On a demandé une fois à un préfet de police
— qui n'était pas M. Lépine, je me hâte de le
dire — sur quoi il basait les prétendus règle-
monts en vortu desquols travaillent les agents
des mœurs. Il a répondu ; — Sur les capitu-
lai res de Charlemagne. — Croyez que jamais
une réponse plus sérieuse n'a été faite.
La perspective de nombreux acquittements
que nous fait entrevoir M. Lépine n'est point
pour nous effrayer. Nous trouvons tout naturel
qu'il y ait acquittement, quand il n'y a point
délit. — Nous demandons le droit commua.
Et nous sommes bien certain que l§ moraljté
pufeliAue v ~?nQM~ .-.,~. r.-A~ '~—
LES CONGREGATIONS
Un décret de dissolution. — Contre les
cléricaux. - A Paiis et dans le dé-
partement de la Seine. — Les inci-
dents en province.
La Journal Officiel a publie hier un rapport
au Président de la République, suivi d'un dé-
cret prononçant la dissolution de congréga-
tions et la fermeture d'établissements congré-
ganistes dans les départements de la Savoie et
de la Haute-Savoie.
Voici le texte du décret :
Le Président de la République française.
Sur le rapport du président du conseil, ministre
de l'intérieur et des cultes,
Vu l'articlo -13, paragraphe 3- do la loi du 1"
juillet 1901 sur le contrat d'association ;
Vu l'avis du Conseil d'Etat du 14 février f90
portant « qua tes établissements religieux de la Sa-
voie et de l'ancien comté de Nice ne sauraient in-
voquer utilement les lettres patentas qui ont pu
leur être accordées par les rois do Sardaigne
comme constituant à leur profit un titre de recon-
naissance légale ;
« Qu'eu ellet, il est de principe que la législation
française dans son ensemble est applicable à tou-
tes les parties du territoire français, et que lors de
la session de la Savoie et du comté de Nice, nulle
exception n'a été faite en ce qui touche le régime
légal des congrégations religieuses » ;
Considérant qu'à la suite de cet avis, et confor-
mément à l'article 1S, paragraphe 1" de la loi du
1" juillet tHOt des demandes d'autorisation légale
ont été formées par les établissements congréga-
nistes ci-après désignés; que ces demandes sou-
mises à la Chambre des députés ont été repoussées
par cette assemblée dans ses séances des 18 et 2ti
mars 11)03;
Que, malgré la notification qui leur a été faite
de ces décisions, les établissements congréganistes
dont il s'agit refusent de se dissoudre en préten-
dant qu'ils ont été légalement autorisés par les let-
tres patentes des rois de Sardaigno ;
Qu'il importe, dans l'intérêt de l'ordre public, de
ne pas laisser se prolonger un état de choses qui
no tend à rien moins qu'à mettre en échec le vote
de la Chambre des députés et le principe même de
J'application de la législation française à des ter-
ritoires français;
Le conseil des ministres entendu;
Décrète :
Art. 1". Sont prononcées la dissolution des con-
grégations et la fermeturo des établissements con-
gréganistes ci-après désignés, savoir
SAVOIE
Capucins. — Albertville (Conflans), Chambéry,
Yminc,
Frères de la Sainte-Famille de Belley. — Entre-
moll t-Ie- Vieox, les Echelles, Pônt-de-Beauvoisin,
nllfftcux, Saint Picrrc-d'Aibigny (deux établisse-
ments),Saint- Pierre-d'Eu tremont.
HAUTE-SAVOIE
Capucins. - Annecy, la Roche-sur-Foron, Tho-
non. -
ueaelflptorlstes. - uontamine-stir-ArVe.
Frères de Saint-Francois de Sales. — Evian-les-
Bains, Mélau, Aliinges.
Frères de la Sainte-Famille de Belley. — Cru-
zeilles, Douvaine, Saint-Cergues, Saint Jeoirs, Viuz-
cn-Sallaz.
Le mouvement anticlérical
A la suite des incidents survenus dans di-
verses églises de Paris, une information judi-
ciaire a été commencée. Mais il paraît que des
divergences d'appréciation se sont manifestées
au parquet sur les chefs d'inculpation qui
pourraient être relevés dans l'espèce.
Notre correspondant d'Evreux nous télégraphie :
Il n'est pas que les grandes villes qui approu-
vent, tous les jours, la politique anticléricale
du gouvernement. Les petites villes et les com-
munes rurales donnent, à chaque instant, des
marques de confiance au ministère Combes et
le félicitent de l'énergie qu'il met à exécuter la
loi des congrégations. Les populations urbai-
nes ou rurales sont d'accord sur ce point et en-
gagent le gouvernement à ne pas faiblir et à
tenir tête à la tempête cléricale.
Dans une réunion tenue, ces jours derniers,
à Pacy-sur-Eure, l'ordre du jour suivant a été
voté à l'unanimité:
Les citoyennes et citoyens réunis au nombre de
400 dans la salle du théâtre de Pacy-sur-Eure, après
avoir entendu la conférence du citoyen Fleurot, M.
Abel Lofcvre, et divers orateurs du cercle catholi-
que d'Evreux, invitent le gouvernement à appli-
quer énergiquement la lo; sur les congrégations,
et la majorité républicaine du Parlement, â rom-
pre définitivement avec Rome en votant sans délai
la séparation des Eglises et de l'Etat. — W. D.
A l'instruction
M. André, juge d'inslruclion, a inculpé d'in-
fraction à la loi sur les associations, 4 pères
maristes de la congrégation installée 104, rue
de Vaugirard et leur a fait subir, hier. un in-
terrogatoire d'identité.
A Paris et dans la banlieue
Des commissaires de police se sont présen-
tés, aux établissements religieux suivants, pour
constater si les religieux s'étaient dispersés :
Chez les frères de la Doctrine chrétienne de
Nancy, 55, rue DerHert-Rochereu. à Noisy-Ie-
Sec; les frères do l'Instruction chrétienne de
Saint-Gabriel, aux Lilss; les frères de l'Ins-
truction chrélienn de Ploerme), 85, rue de la
Verrerie ; les clercs du Saint-Viateur de Vour-
les, à Saint-Mandé; les frères de la Sainte-
Famille de Belley, 3, rue de la Trinité, 31, rue
de la Barre el 6, rue Notre-Dame dos-Victoi-
res, et les frères de la Société de Marie, dits
Marianistes, à Antony. Il a été constaté que
tous ces établissements sont vides : les reli-
gieux sont tous partis.
A l'établissement des clercs de Saint-Viateur
de Vourles, 199, avenue du Maine, deux reli-
gieux étaient présents ; ils ont déclaré au com-
missaire de police qu'ils étaient sécularisés.
La même réponse a été faite par - quatre reli-
gieux qui occupent l établissement des frères
du Sacré-Cœur du Paradis, 3, rue du Bac, à
Aanières.
Dans les départements
Tarn. — Les marianistes, qui tiennent un
établissement d'instruction à Réalmorit,out re-
fusé de se disperser. Ils se sont barricadés avec
des amis à l'intérieur de l'établissement, autour
duquel des groupes armés de fourches montent
la garde.
Morbihan. — Le P. Le Doré, supérieur gé-
néral des eudistes, a présidé une cérémonie au
couvent des eudistes do Kerlois (Morbihan).
C'était l'adieu des religieux qui vont être ex-
pulsés. Le P. Le Doré a protesté.
Meurthe-et-Moselle. — M. Jeandel, mairo de
Diarville, a été entendu par le juge d'instruc-
tion qui instruit l'affaire des manifestations du
couvent de Siou, à la suite desquelles MM.
Vuilliaume frères, commerçants à Diarville,
ont été incarcérés.
Ille-et-Vilaine. — M. Castay, liquidateur de
la congrégation des missionnaires diocésains,
s'étant présenté au noviciat de Bellevue pour
y procéder à l'inventaire, l'archevêque de Ren-
nes a revendiqué ces différents biens comme
faisant partie de la mense archiépiscopale.
Le président du tribunal civil de Rennes, ap-
pelé à statuer on référé, a décidé que l'arche
vêque do Rennes, justifiant du droit de pro-
priété de la mense archiépiscopale sur les im-
meubles, ceux-ci ne seraient pasdécrils.
Quant aux autres effets mobiliers, la juge
des référés eu a ordonné l'inventaire, saut re-
vendication devant lo tribunal par les mission-
naires.
Dimanche, dans la chapelle de la maison-
mère des petites sœurs des pauvres, à la Tour-
Sajat;jQ8CPb. près SaiPl-Pecn (me-ehVilaiae)»
46 jeunes filles ont pris l'habit religieux des
filles de l'abbé Le Pailleur.
.—.————————- -.—-——.—————.
LA QUESTION DU GAZ
Le projet de traité devant la commis-
sion. — Une séance orageuse. — On
demande le préfet.
La commission du gaz, composée on le sait
de plus de la moitié du Conseil municipal, a
-tenu hier une séance, à l'effet d'examiner le
projet de traité et le cahier des charges éla-
borés par la commission des rapporteurs.
; Cette séance a été quelque peu orageuse.
Tout d'abord, on a appris que M. Denayrouse
avait remis au préfet une lettre cachetée dans
laquelle il indiquait un nouveau procédé. A
la demande de M. Derouin, M. Denayrouse
avait consenti à ce que cette lettre fût ou-
verte. On a donc pu en connaître le contenu.
MI Denayrouse demande l'autorisation de faire
.des expériences sur un gaz dont il est l'inven-
teur et l'insertion au cahier des charges de la
faculté pour la Ville d'utiliser son procédé.
Intermède sans importance : les rapporteurs
qui ont fait consciencieusement leur travail,
ont réservé ce droit pour la Ville.
Le président a donné ensuite lecture d'une
pétition du syndicat des Mines et do la Métal-
lurgio demandant que lo nouveau matériel soit
exclusivement français ainsi que le charbon.
Boum! Ça y est ! Le charbon tricolore 1 Le
charbon « Ligue des Patriotes » s. g. d. g. 1 La
L. D. P. en Geuil I Quoi !
Tout le monde sait que les mélanges du char-
bon sont nécessaires; que, par exemple le
charbon d'Ecosse, très gras, est de beaucoup le
meilleur pour la fabrication du gaz. Enfin, les
mines françaises pouvant seulos fournir du
charbon pour le gaz, nous ne tarderions pas
à voir augmenter lo prix du charbon. Que dia-
ble! il y a des gens qui ont besoin de charbon,
et il n'y a pas que des consommateurs de gaz
à Paris; il ne faut pas l'oublier.
La proposition des miniers a été mise de
côté.
Tout est prêt
M. Chautard. rapporteur, a déclaré que tout
était prêt; qu'il proposait à la commission d'a-
dopter le cahier des chargas et le projet 'de
traité qui lui est soumis et d'inviter le préfet
à signer, sur ces bases, un contrat avec M M.
Dévaluez el Duchanoy pour l'exploitation fu-
ture du gaz.
Mais le préfet a d'autres rêves. On a appris
hier que le préfet avait déclaré à M. Chautard
qu'il avait dos réserves à faire sur le projet,
mais qu'il ne pouvait dire sa pensée et qu'il
ferait une déclaration au conseil municipal;
qu'au reste, il pensait que cette affaire ne pou-
vait être terminée que par la prolongation du
monopole de la compagnie actuelle.
Pas de ccmédie 1
Cette communication a mis la commission
en fureur.
— Pas de comédie ! s'est-on écrié. Ce n'est
pas la peine de faire des effets de tribune !
Que le préfet nous dise de suite ce qu'il veull
Nous n'avons pas besoin de travailler pour
rien I
EL sur la proposition de M. Caplain, la com-
mission, à l'unanimité, met le préfet en de-
meure de venir immédiatement s'expliquer et
proposer un autre projet s'il en a un.
On suspend la séance, et le président s'en va
quérir le préfet. On ne le trouve pas. On re-
prend la séance, et l'on décide d'examiner le
traité.
M. Sauton s'amuse à couper le fil en quatre.
On n'écoule pas et on rit.
Malgré une opposition systématique, on va
jusqu'à l'article six on et s'ajourne à demain.
Nous publierons demain le projet de traité.
GROUPEMENTS PROFESSIONNELS
De même que les ouvriers ont le droit de se
grouper dans des syndicats pour proléger leurs
intérêts et faire aboutir leurs revendications,
les employés des administrations do l'Etat peu-
vent et doivent se grouper en associations pro-
fessionnelles.
Les travailleurs de la pensée et de la plume,
comme les travailleurs des bras, ont tout à
gngnor à la constitution d'unions et de fédéra-
tions. Individuellement, ils sont absolument
désarmés devant leurs chefs; s'ils ont des ré-
clamations à présenter, on les rebute, et sou-
vent, on les frappe. Au contraire, lorsque le
groupement est formé et demande pour la gé-
néralité de ses membres une augmentation de
traitement, ou un sort meilleur, on prêlo l'o-
reille. Il est rare que l'association profession-
nelle ue trouve point de sùrs appuis dans la
presse ou au Parlement, et lorsqu'elle envoie
au ministre une délégation accompagnée de
députés et de sénateurs tout acquis à sa cause,
le ministre ouvre sa porte, écoute avec bien-
veillance, promet. et tient parfois ce qu'il a
promis.
Certains prétendent que les associations de
fonctionnaires doivent strictement garder le
caractère de mutualités ou d'amicales, et
qu'elles doivent s'abstenir de tous rapports
avec les pouvoirs publics. C'est là une idée
fausse. Comment obtenir une réforme si on ne
la demande pas avec insistance à ceux qui ont
compétence pour la réaliser? L'Etat est en som-
me un patron comme un autre. C'est la nation
toule entière syndiquée pour s'administrer et se
défendre. Pourquoi ses employés n'auraient-ils
pas, eux aussi, la droit de se grouper, de faire
entendre leurs plaintes légitimes, de réclamer
respectueusement les améliorations qu'ils ju-
gent nécessaires?
Nous avons parlé, récemment dela fondation
de l'Union générale des agents des contribu-
tions indirectes. Cette association, après avoir
répudié dos concours compromettants, est ra-
pidement devenue prospère. La besoguo ne lui
manquera point.
Les employés de la régie ont des fonctions
délicates et difficiles: croirait-on que la plu-
part d'entre eux ont, ce qui est dérisoire, des
appointements de début de 87 fr. 50 par mois
et arrivent avec peine à la fin de leur carrière
au tralLement annnei ae i.,jju ir.
C'est dire que l'administration des finance",
qui dote les fonctionnaires supérieurs tels que
trésoriers généraux et percepteurs do royales
prébendes, se montre bien chiche vis-à-vis do
travailleurs plus humbles et peut-être plus la-
borieux.
L'Union,à laquelle nous avons souhaité lon-
gue vio et prospérité, devra donc no rien né-
gliger pour obtenir pour ses membres une
condition plus favorable. Elle sera certaine-
ment aidée par le très sympathique directeur
général des contributions indirectes, qu'elle
gagnera facilement à sa cause. Nous espérons
avoir bientôt à enregistrer le succès qui cou-
ronnera ses efforts. — L. Arinbruster.
LE VIN TAXÉ EN ALLEMAGNE
(De notre correspondant particulierl
Stuttgart, 20 mai.
Dans les corcles politiques du Wurtemberg,
on se raconte que le gouvernement allemand a
sondé ceux de Munich et de Carlsruho, pour
savoir comment on accueillerait le projet d'un
impôt sur le via au profit du trésor ira-
«SL'iÇfc, ; - : ;'
A LA CHAMBRE
LA POLITIQUE REUGIEUSE
La Chambre a pu hier en finir avec le
débat sur la politique religieuse. Ce n'a pas
été sans peine. Dans le vague espoir de
susciter un incident, les droitiers et les na-
tionalistes ont développé un gros effort
d'obstruction. Au fond, c'est le renvoi de
la discussion à vendredi, ou même à lundi,
que les réactionnaires auraient voulu. Ainsi
un joueur à'écarté qui se sent battu jette
ses cartes et tente d'en obtenir de nou-
velles.
Naturellement, M. Combes ne voyait au-
cun intérêt à favoriser cette manœuvre. La
rage des cléricaux a été crescendo. Deux
fois, à force de cris, ils ont obtenu la sus-
pension de la séance. Le second scru-
tin a donné lieu à pointage et c'est à peine
à 10 heures si l'on était fixé sur le résultat.
Dès le début de la séance, on apprend
que M. Ferri de Ludre a déposé une inter-
pellation sur les incidents survenus le 4 mai
à Saxon-Sion (Meurthe-et Moselle) et rela-
tifs à l'exécution de la loi sur les associa-
tions.
La jonction aux interpellations en dis-
cussion est ordonnée.
En. attendant, voici M. Engerand très
pressé de parler sur les incidents des égli-
ses d'Aubervilliers, de Belleville et de Plai-
sance.
M. Engcrand. — D03 incidents analo-
gues sn sont produits en province, à Reims par
exomplo.
M. Combes, président du conseil. —
C'est inexact.
M. Eugerand. — Co démenti est un peu
tardif.
M. le président du conseil. — Le
fait a été inventé de toutes pièces par un jour-
nal. (Bruit à droite )
M. Baudry d'Asson. — N'insultez pas
la preaso olle vaut mieux que vous. (Exclama-
tions à gauche.) — Vous ne m'empèclierez pas
do parler. - (Bruit.)
M. Bertenux, - Ce sont los divagations
d'un irresponsablo,
M. Baudry d'Asson. — Le premier
fou c'est vous.
Il faut que les huissiers arrêtent M. de
Baudry d'Asson, qui se précipite sur M.
Berteaux. Du reste, M. de Baudry d'Asson
est très animé aujourd'hui. C'est peut-être
qu'il se dispose à prononcer un discours.
Heureusement, M. Boutard se constitue le
gendarme de M. de Baudry d'Asson. Il se
place derrière le banc du député monar-
chiste, et chaque fois que celui-ci se dresse
menaçant, les mains de M. Boutard s'ap-
puient sur les épaules de M. de Baudry
d'Asson et le forcent à se rasseoir.
A la fin, M. de Baudry d'Asson se fâche ;
M. Boutard de son côté est sur le point de
prendre la mouche.
M. de Dion les réconcilie.
Tout est bien oui finit de cette ma-
mère.
M. Eug-erand. — Certains de nos col-
lègues qui font partie de la majorité peuvent
voir où ils sont entraînés. Ils me rappellent,
eux et M. Combes, cette image et cette lé-
gende de Chariot, c'est Napoléon entouré de
grognards : « Ils grognent, dit Napoléon, mais
ils me suivent ».
Je demande bien pardon à Napoléon do lui
comparer M. Combes, mais certains des parti-
sans du président du conseil grognent dans les
couloirs sauf à lo suivre en séance.
M. Lasies, — Ce sont des grognards
qui n'ont pas le même bonnet.
M. Eog-erand. — Prenez garde à de-
main. Un grand écrivain a dit : « On ne re-
mue pas impunément le fond d'un peuple. Le
gouvernement a déchaîné les pires passions.
Il sera obligé demain de défendre l'ordre so-
cial contre les détestables enlrepri&es de ses
propres partisans. (Applaudissementsâ droite.)
M. de^Srandmaison interpelle « sur les
délégations de pouvoirs illégalement don-
nées à des députés et à des sénateurs, no-
tamment dans les Hautes-Pyrénées et dans
le Doubs en ce qui concerne les chapelles
non autorisées ».
M. de Grandmaison vise les promesses
qu'aurait faites le président du conseil à
propos de Lourdes, et la circulaire ,. du doc-
teur Borrte à ses électeurs. -
M. Grousseau reproche au gouvernement
ses négociations avec le Saint-Siège pour
arriver à une entente sur la formule des
bulles et la nomination des évêques.
Les incidents de Belleville
L'interpellation de M. Dejeante a trait
« au guet-à-pens de Belleville et au droit de
manifester dans les églises ».
M. Dejeante accuse les cléricaux d'avoir
organisé un véritable guet-apens dans l'é-
glise de Belleville.
M. Dejeante. — Il y a en, à l'église de
Belleville, des incidents qui ont été provoqués
et orgauisés par le curé. (Exclamations et rires
à droite).
C'est le récit du journal la Croix qui le dé-
montre. (Interruptions.) Le prédicateur n'avait
été l'objet d'aucune insulte et d'aucune provo-
cation. (Bruit.)
M. de Ramèl. — On n'a pas le droit de
parler dans uno église.
M. Dejeante. — C'est inenact.
M. de Dion. — Allez donc parler dans
les loges.
Le président. — Je vais vous rappeler à
l'ordre.
M. de Dion. — Rappelez donc la Cham-
brp au désordre.
Le président. — Je vous rappelle à l'or-
,1,-.
M. de Dion, — Envoyez-moi au petit lo-
cal, si vous voulez.
M. Chauvière.II ne pourrait pas vous
contenir.
Le président. - De tels incidents sont
indignes de la Chambre.
M. Biuder. — Oh! ne parlez pas de la
dignité de la Chambre. (Bruit.)
Le président. — Je vous rappelle à l'or-
dre.
M. Contant. — En somme, ces gens-là
ne peuvent pas discuter d'une façon sérieuse,
M. de Dion. — C'est Dejeante qui n'est
pas sérieux en nous racontant que c'est le la-
pin qui a commencé ; sa plaisanterie a assez
duré.
M. Jules Coûtant. — Vous feriez mieux
d'aller en automobile.
M. de Dion. - Venez" Je vous y em-
mène.
M. Dejeante, — Je voudrais bien pou-
voir par!er. Je disais qu'il eut été plus simple
et plus courtois que le curé de Belleville ré-
pondît à la question posée dans l'église. (Bruit
à droite). Or, le questionneur a été assommé
Dit qJlO baudç organise et aposUç par le curé.
.., m
Les bouchers de la Villette, venus là, n'étaient
ni dans leur paroisse, ni dans leur quartier. Oo
les avait appelés tout exprès, ii y a-eu ^m
ritable guei apens.
M. l'abbé Gayraud. — On les avait
appelés pour remettre l'ordre dans l'église.
M. Dejeante accuse la police de compta
cité avec les agresseurs des républicains.
M. Dejeante. — Contrairement à ce quW
prétendent nos collègues de droite, on a pris
l'habitude de parier, de beaucoup parler dans
les églises. Les curés n'hésitent pas à y donner
la parole même à des laïques. Et je ne vois
aucun inconvénient, en co qui me concerne, à4
cette manière de procéder. Les curés diroat
s'ils le veulent, leur sentiment sur-les lois dm
gouvernement de la République. Mais alors,'
qu'on ne nous contesto pas le droit de réponse.
Sur la terrain religieux, nous ne nous aven..
lurons pas. Sar le terrain politique, nous sui-
vrons les curés où ils voudront. )
M. de Baudry-d'Asson à la tribune
M. de Baudry-d'Asson grimpe à la tri-
bune et parle, parle, parle sans fin. La voix
est forte, d abord, quoique sans nuances et
correcte. C'est un fracas de mots qu'on sai-
sit difficilement, plutôtqu'un discours.
Puis l'organe de M. de Baudry-d'Asson,
forcé, s étouffe, devient rauque, discordant,
et l'on ne saisit plus une syllabe. -
Si M. de Baudry dAsson était plus
jeune, nous lui conseillerions de fréquenter
une école de diction.
M. de Baudry-d'Asson s'allaque au pré-
sident du conseil.
M. de Baudry-d'Asson. — Vous ête;
le prisonnier des socialistos, perturbateurs de
l'ordre et vous mettez vos apaches à leur ser-
vice pour envahir les églises et brutaliser les
catholiques.
A Nancy, ces attentats ont eu un caractère
odieux.
M. le comte d'Alsace. — Vous faites
erreur A Nancy il n'y a rien eu et personne
ne s'esl plaint.
M. de Baudry-d'Asson. — Vous mo
permettrez d'avoir plus de confiance dans le
journal qui a raconté et contrôlé les faits qua
dans votre assertion. (Mouvements divers. -
Exclamations.)
Mais il y a quelqu'un de plus coupable en-
core que M. Combes : c'est M. Woldeck-Rous-
seau, qui n'a pas eu le courage d'appliquer la
loi qu'il avait faite.
Désormais, quand nous irons à l'église, nous
irons armés et nous nous défendrons. (Mou-
vements divers.)
Les incidents de Reims
M. de Montebello prétend que des faitsf
abominables se sont passés à Reims. Des
républicains conduits par M. Henry Béren-
ger auraient jeté la panique dans une
église et des petites communiantes auraient
été bousculées.
Ces faits ne se sont pas produits.
M. Mirman le prouve sans peine.
M. Mirman. — Les républicains se ren*
daiont à la sous-préfecture. L'église Saint-
Jacques est sur lo chemiu. Des membres des
jeunesses catholiques se tenaient devant le por-
che. Ils se sont effrayés en voyant venir tes
Républicains. Ils ont crié : « Ils arrivent ! Ils
arrivent ! » et ce sont les catholiques qui ont
ainsi jelé la panique dans l'église. Les Républi-
cains ne sont pas entrés dans le monument.
Quant aux petites communiantes qui au-
raient « reçu des crachats sur leurs robes j','
c'est la calomnie du parti clérical qui lento
de salir le parti républicain.
Discours de M. Combes
La droite accueille par des hurlements
l'apparition du président du conseil à la
tribune :
M. Combes, président du conseil. — No-
tre politique religieuse est basée sur l'observa»
lion sincère et loyale du Concordat.
Nous avons toujours conformé nos actes à
nos paroles, et je défie que l'on puisse citer un
acle qui soit en contradiction avec les princi-
pes dirigeants de notre politique religieuse.
Dans les mesures prises dans nos circulaires,
nous n'avons, en rien, dépassé nos droits.
Il s'agit de savoir si le Concordat ne crée des
obligations qu'à l'Etat.
Selon l'interprétation qu'on lui donnera,nou9
verrons se poursuivre les rapports entre les
deux pouvoirs ou nous arriverons à la rupture
du contrat qui les lie.
Dans ce dernier cas, il est bien entendu que
toute la responsabilité restera à celui qui a
violé constamment le Concordat. (Bruit à
droite.)
Voix à droite. — C'est vous. *
Le président du. conseil. — L'épisco*
pat a dénoncé à l'indignatioi. des catholiques
d3S prescriptions tirée:) du Concordat lui même
et des lois existantes. (Rumeurs à droite.)
Mais la question est dominée par des princi-
pes supérieurs. L'Etat et l'hglise out des devoir!
réciproques. L'Etat qui n'a jamais manqué aux
siens a le droit d'exiger que l'Eglise fasso de
même. C'est ce qu'affirme ma circulaire et je
l'appliquerai, strictement, partout,..
Voix à droifb. — A Lourdes! à Lourdes!
Le président du conseil- -- - ..Par-
tout où les églises paroissiales suffisent aux
besoins du culte.
Tout le monde sait, et je me garderai bien
de dissimuler la vérité sur ce point. (Excla-
mations à droite ) Tout le monde sait que la
gouvernement u'a pas d'armes suffisantes.
L'appel comme d'abus n'est qu'une arme
pour rire, dont ou ne se sert que pour sauve-
garder le principe.
La suppression des traitements est, pour le
haut clergé, une faveur plutôt qu'une peine, en
raison des avantage pécuniaires qu'il en re-
tire. (Vifs applaudissements et rires à gauche.,
- Protestations à droite).
Resle le code pénal qui édicte des peines sé-
vères dont la légalité n'est pas douteuse, main
on peut se demander s'il serait saga d'en faire
une application constante.
Nos devanciers ont eu celle impression;
quant à nous, nous estimons qu'il faut actuel-
lement faire l'opinion publique jogede laques-
tion. -
Les rapports cie l'Eglise et de l'Etat sont en-
trés, ces derniers temps, dans une phase nou-
velle. On a pu croire, pendant les trois premiers
quarts du dernier siècle, que le Concordat avait
tous les avantages dont ses auteurs ont voulu
le doter ; mais, depuis 20 ans, depuis que la
République, devenue maîtresse d'elle-même,
s'est appliquéb à développer les principes de li-
berté, (applaudissements à gauche. Rumeurs
à droite), depuis que la République a marqué
sa ferme volonté d'assurer la suprématie du
pouvoir civil, le clergé s'est insurgé contre les
lois et s'esl allié aux partis monarchiques pour,
les combattre. (Vifs applaudissements à gau-
che). ;
Lo pouvoir ecclésiastique a pu installer, à
la tête des diocèses do Franco, ses-candidals ea ;
repoussant les candidats de la République. :
Les évêques se sont livrés à des manifesta»;
lions violentes, isolées ou collectives contre les,
lois de la République. (Applaudissements.
gauche. Interruptions à droite.)
Lo clergé inférieur* subissant leur ma~°M
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