Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-05-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mai 1903 18 mai 1903
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572471m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
-CSI WQ OBNTIMES le Numéro: "PARIS & DÉPARTEMENTS te Numlro, CINQ CENTIMES
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RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du malin
No 12120. - Lundi 18 Mai 1903
29 FLORÉAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Ilail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
L'Exposition de aintLonis
M. Michel Lagrave, le sympathique et
distingué commissaire général du gou-
vernement français aux États-Unis
pour l'Exposition de Saint-Louis, est en
ce moment en cette ville. L'exposition,
on le sait, n'ouvrira qu'en 1904, mais
une sorte d' « avant-première » a eu
lieu le mois dernier en présence du pré-
sident Roosevelt, et le représentant de
la France a tenu, avec raison, à être là.
M. Lagrave se consacre tout entier,
avec une activité passionnée, à la mis-
sion qui lui a été confiée, et ce ne sera
pas sa faute, certes, si la participation
fie la France à l'exposition de Saint-
Louis n'est pas particulièrement bril-
lante.
Elle le sera. Que les Français mettent
Hine sorte de coquetterie à vouloir figu-
rer avec honneur à l'exposition de
Saint-Louis, cela se conçoit.
M. Lagrave, au cours d'une confé-
r.ence très documentée et très intéres-
sante, qu'il a faite à la Société d'éco-
nomie industrielle et commerciale,
s'exprimait ainsi : — « C'est un grand
acte de leur histoire que les Etats-Unis
entendent célébrer en 1904; c'est l'acte
par lequel la France leur a cédé, il y a
aujourd'hui cent ans, un territoire qui
représente actuellement plus du tiers de
leur pays. »
Précisément, je lisais le livre cemar-
quablo qu'Urbain Gohier, à la suite de
son voyage en Amérique, vient de pu-
blier chez Fasquelle : Le Peuple du
XXe siècle ; j'y trouvais ces lignes : —
« La cession de la Louisiane française
aux Etats-Unis. le 30. avril 1803, est
regardée à bon droit, de l'autre côté
de l'Océan, comme l'un des événements
lés plus considérables du XIXesiècle; à
dater de ce jour, les destinées des Etats-
Unis furent fixées. La France abandon-
nant ce qui pouvait être l'instrument
de sa grandeur, les Etats-Unis deve-
naient maîtres du continent améri-
cain. »
C'est pour 75 millions que Napoléon
— « le sinistre Corse » selon l'ex-
pression si juste de Gohier — vendit la
Louisiane aux Etats-Unis. Qu'est-ce que
la Louisiane ? J'emprunte encore ces
renseignements au livre intitulé : le
Peuple du XXe siècle : — « Ce territoire
forme à peu près le tiers de l'Union ; il
est six fois - grand comme la France
métropolitaine ; il a constitué quinze
grands Etats ou territoires. Les pro-
priétés imposables qu'il renferme sont
évaluées actuellement à 33 milliards de
Ifrancs ; il est habité par 17 ou 18 mil-
Ilions d'hommes ; il en pourrait nourrir
1200 millions aux mêmes conditions que
l'Europe occidentale. On y récolte déjà
300 millions de bushels de blé, 1,000
millions de bushels de maïs ; on en tire
annuellement 25 millions de tonnes de
charbon et 9 millions de tonnes demi-
nerai de fer. »
Les Etats-Unis ont acquis cette ri-
chesse pour 75 millions une fois payés.
Franchement ce n'est pas cher. Mais
quoi! Napoléon avait besoin d'argent
pour ses guerres. La Louisiane a fait
partie de ce qu'on a applé la rançon
de la gloire impériale, rançon que nous
n'avons pas encore achevé de payer. On
comprend que, comme Gohier l'affirme,
les Américains gardent à la mémoire
de Bonaparte un souvenir attendri et
reconnaissant. Nous, c'est autre chose.
Qu'il y ait quelque peu d'amertume en
nous, cela est concevable.
***
Mais cela ne veut pas dire, assuré-
ment, que nous désapprouvions la par-
ticipation de la France à l'exposition de
Saint-Louis. Loin de là. Amertume ne
veut pas dire mauvaise humeur. Il serait
injuste et ridicule à nous d'en vouloir
aux Américains d'avoir profité, il y a
un siècle, de ce que la France s'était
livrée pieds et points liés à un coune-
jarret. - - -
Je parlais de coquetterie tout à l'heure.
Précisément, il s'agit pour les Français
de montrer à l'Amérique que les empe-
reurs qui nous ont volés, torturés, as-
sassinés aux trois quarts, ne nous ont
pas tués tout à fait ; et qu'après avoir
subi deux Napoléons successifs, nous
valons encore quelque chose.
Et puis, il y a là des intérêts com-
merciaux et industriels qui ne doivent
pas être négligés. Si, au point de vue
du chiffre des exportations aux Etats-
Unis, la France, dépassée par l'Angle-
terre et l'Allemagne, n'occupe que le
troisième rang, nos rapports commer-
ciaux avec l'Amérique vont s'amélio-
rant d'année en année.
J'emprunte ces renseignements à la
conférence de M. Lagrave, à laquelle
j'ai déjà fait allusion. En 1894, au len-
demain de l'Exposition de Chicago,
nous faisions 512 millions d'affaires
avec les Etats-Unis; en 1900, nous en
faisions pour 765 millions. Assurément
les importations des Etats-Unis aug-
mentent comme nos exportations ; mais
cela ne doit pas nous effrayer. En effet,
sur les 510 millions de francs de pro-
duits que les Etats-Unis nous envoient
tous les ans, il y a 400 millions de ma-
tières premières que nous transformons
et que nous renvoyons sous forme
d'objets fabriqués dians les autres pays
du monde et notamment aux Etats-
Unis.
Je donnerai, si on me le permet,
quelques chiffres. En 1894, nous expor-
tions aux Etats-Unis pour 6 millions de
tissus de'coton; en 1901, nous en
avons exporté pour 23 millions. Pour
les soiès et bourres de soie, l'exporta-
tion a passé de 700.000 fr., en 1894, à
7 millions et demi; pour les peaux et
pelleteries brutes, elle a passé de 4 mil-
lions et demi à 24 millions.
Ces renseignements démontrent l'im-
portance capitale, au point de vue des
relationscommerciales entre les peuples,
de ces grandes expositions internatioi-
nales que seuls dénigrent ceux qui n'en
peuvent ëomprendre ni l'intérêt ni le
but. C'est au lendemain de l'exposition
de Chicago que les rapports industriels
de la France et des Etats-Unis se sont,
comme on vient de le voir, très sensi-
blement améliorés. Nous ne saurions
donc trop engager nos concitoyens à
contribuer de tous leurs efforts à la
participation de la France à l'exposition
de Saint-Louis.
Il est très fâcheux que les pouvoirs
publics, qui avaient consacré 4 millions
et demi de francs à la participation de
la France à l'exposition de Chicago,
n'aient point cru pouvoir allouer plus de
1,250,000 fr. à l'exposition de Saint-
Louis. Les temps sont durs ; il faut al-
ler à l'économie. C'est à l'initiative pri-
vée de suppléer à l'insuffisance des
moyens d'action dont dispose le
commissariat général. Déjà, la Cham-
bre de commerce de Paris a voté une
subvention de 25,000 fr. On peut espé-
rer que cet exemple sera suivi, et que
les commerçants et industriels français
n'épargneront rien pour figurer avec
honneur sur cette terre de Louisiane
qui a été française, qui serait encore
française si l'infâme Napoléon ne l'a-
vait pas vendue, et qu'il s'agit, en lutr
tant contre la concurrence anglaise et
allemande, de reconquérir, si l'on peut
ainsi dire, à la France.
Lucien Victor-Meunier.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
--- du matin
PELLETAN A BREST
-
Il faut retenir les belles et
fortes paroles que Camille Pel-
letan a prononcées à Brest à
propos du clergé séculier et
des congrégations. C'est la
vraie doctrine républicaine,
celle notamment nue beau-
coup de républicains modérés dévelop-
paient jadis mais qu'ils combattent aujour-
d'hui au nom de la liberté. La liberté con-
siste maintenant: paraît-il, à permettre à
tout un corps de fonctionnaires et aux con-
gréganistes d'insulter la République, son
gouvernement et ses représentants, de se
moquer de la justice, de s'insurger contre
la loi, de faire de la religion une arme de
combat contre le progrès.
S'adressant à l'archiprêtre de Brest. Pel-
letan lui a dit qu'il était très heureux de le
voir, parce qu'aucun républicain digne de
ce nom n'était l'ennemi de la liberté et avait
toujours plaisir à fréquenter des personnes
dont les croyances sont sincères. Pour qui
connaît Pelletan, il est bien évident qu'en
tenant ce langage, il était sincère. Il est
certain encore que les républicains ne pen-
sent pas autrement. Les réactionnaires plai-
santent cependant à ce sujet le ministre de
la marine. On a l'air de croire qu'il a dit
une énormité. Mais il est de mode chez les
cléricaux de blaguer Camille Pelletan; ça
n'est pas toujours spirituel.
Le même jour, Pelletan a prononcé un
grand discours au Casino. Après avoir ré-
pété que les républicains ne sont hostiles
ni à la religion ni aux catholiques, il s'est
étendu sur le sens qu'il faut donner à la
lutte que la République a entreprise contre
les congrégations. Le morceau vaut la
peine d'être cité dans son entier :
C'est pourquoi je veux donner à l'Eglise ca-
tholique toutes les libertés possibles, sauf une
seule, celle à laquelle elle paraît le plus tenir :
je ne veux pas lui donner la liberté de suppri-
mer la liberté des autres.
Sans vouloir insister sur ce point, permet-
tez-moi d'ajouter qu'on fera difficilement croire
que, d'un côté se trouvant des jésuites, de l'au-
tre des fils de 1789, que ce sont les jésuites qui
représentent la liberté. Qu'ils fassent comme
autrefois, ces jésuites, qu'ils nous persécutent,
qu'ils nous massacrent, mais qu'ils n'essayent
pas de nous arracher des mains le drapeau de
la liberté, car c'est un mensonge infâme que
nous ne souffrirons pas. Tel est le sens de la
lutte que nous soutenons à l'heure actuelle.
Nous combattons ces congrégations qui ont !
étouffé la civilisation dans le sang, à l'époque
de l'inquisition dominicaine ; ce que nous com-
battons, c'est le pouvoir politique au nom du
dogme, et c'est pour cela que nous avons sup-
primé ces congrégations que Napoléon lui-même
excluait du Concordat. C'est aussi pourquoi le
président du conseil laissait entrevoir un di-
vorce complet entre l'Eglise et l'Etat. Quoi
qu'il en soit, je suis ici sut un terrain brûlant
et je ne suis sur ce point chargé d'aucune mis-
sion i c'est le vieux député qui parle, plutôt
que le ministre.
Ce que nous ne laisserons pas, c'est se réta-
blir la puissance cléricale qui arriverait à un
coup d'Etat.
C'est tout à fait cela ; c'est ce que nous
avons toujours dit. Bêtement, le clergé re-
fuse de nous croire et se solidarise avec les
congrégations. Tant pis pour lui. Par ses
résistances que rien ne justifie, il a donné
l'idée de la séparation à beaucoup de répu-
blicains qui ne pensaient pas à là faire de
sitôt. Chaque mandement insultant d'éve-
que, chaque lettre pastorale injurieuse,
chaque discours de congréganiste dans une
église paroissiale nous apporte de nouveaux
concours. Qu'il continue donc, le clergé
séculier. Aussi bien, le conflit actuel oe
peut se terminer que par la séparation des
Eglises et de l'Etat. — Ch, B., ,-
A LA CAMPAGNE
Averses et giboulées. — fees pronosti-
queurs en défaut. — Un oiseau mi-
grateur. — Pour ne pas faire de
nid.- Courage et prévoyance.
-Pourquoi le coucou ne
couve pas. — Un oi-
seàu à protéger.
En avons-nous décidément fini avec cet as-
saut de giboulées et d'averses? Vraiment, c'est
un temps désolant, et si cela continue, je ne
sais ce que nous, cullivateurs) nous allons de-
venir.
Et pourtant, d'après cb que j'entends dire,
les météorologistes nous annoncent encore dé
nouvelles épreuves ! Devons-nous y croire ?
Comme j'ai remarqué que les pronosti-
queurs se trompaient assez souvent, j'aime
mieux, pour cette fois, croire qu'ils auront
encore commis une nouvelle erreur; ce ne sera
pas la dernière, selon toute vraisemblance.
Ce n'est d'ailleurs pas l'heure de s'arrêter,
comme on dit, aux bagatelles de la porte,
c'est plutôt le moment de nous approprier le
cri de ralliement du pionnier américain, ail
right 1 En Avant l
Il nous reste encore beaucoup de travail à
faire, mais si le temps veut bien nous sourire,
nous en viendrons à bout.
Je n'ai d'ailleurs point l'intention de parler
d agriculture aujourd'hui. Il m'est arrivé, ce
malin, d'entendre le coucou, aussi me suis-je
promis de le présenter, de le faire connaître à
mes lecteurs.
Le coucou
Cet oiseau n'est pas le premier venu ; il a
de tout temps exercé la sagacité des natura-
listes, en raison des mœurs dont il est doué. -
Il est peu d'endroits en Europe, en Asie et
en Afrique, où le coucou soit inconnu. Ceux
qui viennent en France émigrent chaque an-
née à l'automne et s'en vont dans le sud-ouest
de l'Afrique, pour y passer la mauvaise sai-
son.
C'est donc, comme la caille et l'hirondelle,
un oiseau migrateur. Il nous arrive vers la fin
d'avril et disparaît au commencement de sep-
tembre. C'ast l'un des oiseaux les plus vifs qui
existent; constamment en mouvement, il chasse
avec ardeur et détruit des quantités considéra-
bles d'insectes et de chenilles.
Parmi les instincts manifestés par certains,
animaux, il n'en est guère de plus curieux que
celui qui pousse le coucou à déposer ses œufs
dans les nids d'autres oiseaux. Du temps d'A-
rislote —* ce n'est pas d'aujourd'hui, puisqu'il
vivait trois siècles avant notre ère - on savait
déjà que cet, oiseau ne faisait pas de nid et
qu'il déposait ses œufs dans les nids d'oiseaux
insectivores.
Il est de fait que personne n'a jamais vu de
nichée de coucou, car cet oiseau ne prépare
point de berceau pour sa jeune famille, En vé-
ritable bandit, il va chercher le nid de quelque
oiseau plus petit, mange une partie des œufs et
dépose le sien en place. Parfois la femelle re-
vient pondre deux fois au même nid, mais cela
est une exception.
Les propriétaires du nid couvent l'œuf étran-
ger, et, le jeune coucou venant à éclore, ils
prennent soin do le nourrir comme s'il était
leur véritable petit.
Ce fait, quelque peu anormal, a donné nais-
sance à de nombreuses controverses. Les uns
disent que les parents nourriciers, subjugués
par ta mine avenante du jeune coucou, rejet-
tent leurs propres enfants hors du nid pour
faire place à l'étranger. Certaines gens vont
plus loin et assurent que la mère devient si
fière de ce gros nourrisson, qu'elle prend les
autres en haine et les tue pour lui on faire un
repas. Il en est d'autres qui prétendent que
c'est la femelle du coucou, la véritable mère,
qui vient faire son exécution et qui dévore les
jeunes oiseaux dont l'intrus partage le nid. En-
fin, suivant une opinion assez répandue, ce se-
rait le jeune coucou qui, tout seul, procéderait
à la destruction de ses frères, nourriciers: il les
ferait mourir de faim en s'emparant de toutes
les provisions qui sont apportées au nid par
les parents et les jetterait ensuite par dessus
bord.
Parents peu courageux, mais pré-
voyants
Quoi qu'il en soit, on ne peut s'empêcher de
reconnaître, dans le coucou, un merveilleux
sentiment de prévoyance, puisque, se connais-
sant incapable de protéger sas petits, il predd
les moyens do les faire protéger par d'autres ;
il n'a pas, en effet, assez de courage pour les
défendre tui-même et il fuit devant les oiseaux
d'une taille bien inférieure à la sienne.
Les oiseaux auxquels le coucou confie le soin
de sa progéniture n'appartiennent pas à une
seule et même espèce.
On a observé qu'en Europe, ce sont les nids
de fauvettes, ordinaire, babillarde, à tôle noire,
de la lavandière, du bruant,du rouge-gorge,du
troglodyte, de la grive, du geai, du merle,
que les coucous choisissent pour y déposer
leurs œufs.
Cette préférence paraît en quelque sorte rai-
sonnée. En effet, il est d'abord nécessaire que
l'éducation du petit coucou soit confiée à des
oiseaux dont la nourriture habituelle puisse
lui conveniret qui,par conséquont,scient com-
me lui insectivores.
D'autre part, il serait dangereux pour le
jeune oiseau de n'attendre sa subsistance que
d'individus dont la force et les habitudes ba-
tailleuses pourraient mettre sa vie en péril.
La cause d'une habitude si extraordinaire de
la part du coucou.de confier le soin de couver,
de faire éclore et de nourrir des petits,a exercé,
fort souvent, la sagacité do bien des gens.
Hypothèses
Des nombreuses hypothèses émises pour ex-
pliquer les raisons qui empêchent le coucou
de couver, je n'en veux retenir que quelques-
unes, les plus répandues seulement.
D'après Levaillant, les coucous mâles et fe-
melles montreraient une ardeur immodérée
pour se reproduire et, de ce fait, ne pourraient
se livrer à l'incubation, car la chaleur trop
forte de leur corps pourrait brûler la couvée,
Bien avant Levaillant, l'écrivain grec Elien,
qui vivait au troisième siècle de notre ère,
avait adopté une opinion diamétralement op-
posée. Selon, lui, le coucou, étant d'un tem-
pérament froid ne pourrait arriver à échauffer
ses œufs au point nécessaire pour les faire
éclore.
Ces suppositions ne peuvent arrêter bien sé-
rieusement des gens sensés ; elles sont ingé-
nieuses, mais manquent totalement de solidité.
Une troisième explication a été proposée pat
un collaborateur de Buffon, Guéneau de Mont-
beillard, Celui-ci suppose que la femelle va
cacher ses œufs dans des nids étrangers, éloi-
gnés des endroits où elle se lient, afin de les
soustraire à la voracité du mâle.
Celte explication ne vaut guère mieux que
les précédentes, car il n'a jamais été démontré
que le coucou fût un mangeur d'œufs.
Enfin, il reste une autre manière d'envisa-
ger la question et celle-ci semble rallier la
plupart des suffrages.
Dans l'espèce coucou, le nombre des mâlos
dépasse de beaucoup celui des femelles, quatre
fois plus environ. Au moment de leur arrivée
dans notre pays — les coucous sont, je l'ai dit,
des oiseaux migrateurs — les coucous mâles
s'itablissent dans la campagne, chacun se
fixant dans un canton et y restant jusqu'au dé-
part.
Les femelles vont alors d'un canton à l'autre
et, dans l'espace d'une sàison, changent — ô
les volages — trois ou quatre fois de mari.
Les enfants de ces différentes uuions ne
pourraient être élevés par la vraie mère, aussi
s'aSiure-t-elle à l'avance, pour chacun d'eux,
d'une bonne nourrice et elle y réussit avec un
plein succès.
succès. Ingratitude
L'œuf de coucou n"est pas très sensiblement
plus gros que ceux des oiseaux dans les nids
desquels il va pondre. A ce moment de sa
naissance, le petit coucou est un peu plus gros
que ses frères; en outre il naît avec de grandes
dispositions à s'accroître et avec un appétit in-
comparable.
Plus il mange et plus il grandit ; plus il
grandit et plus oussi II a besoin de manger.
Ses pauvres petits frères ne peuvent presque
rien attraper à la becquée: tout est pour lui.
Au bout de peu de temps, les autres oisillons
succombent et il les fait sauter au dehors du
nid les uns après les autres.
Enfin, seul! se dit-il et, désormais, fort à
l'aise, bien soigné, abondamment nourri, il
grossit à vue d'œil et a bientôt pris assez de
force pour quilter le nid et s'en aller vivre
seul, abandonnant les nourriciers qui l'ont
élevé.
Il n'est guère possible d'être plus ingrat 1
L'utilité du coucou
Quoique ingrat, le coucou est un oiseau utile
que nous avons intérêt à protéger.
Le coucou se nourrit, en effet, d'insecles de
toutes sortes et il s'attaque à des espèces dont
aucun autre oiseau ne fait sa nourriture.
Les chenilles du pin (Liparis monacha) les
chenilles processionnaires du chêne, n'ont pas
d'ennemi plus acharné que le coucou. Il en
est 4e même pour les différentes espèces de
chenilles qui attaquent les divers arbres frui-
tiers qui peuplent nos jardins.
Il y a deux ans, j'ai pu me rendre compte
de la façon dont opéraient ces oiseaux et je ne
crois pas qu'il existe de meilleurs destructeurs
de chenilles que les coucous.
J'avais, sur la ferme que j'exploite, une haie
complètement garnie de colonies de chenilles.
Tous les jours je remarquais que de nombreux
coucous venaient leur faire visite et j'admirai
l'aisance avec laquelle ils s'emparaient des
proies vivantes qui se trouvaient à leur portée.
En une quinzaine de jours, toutes les che-
nilles disparurent, ce dont je fus des plus heu-
reux. J'estime que chaque coucou avalait bien
cinq à six chenilles par minute, pendant le
temps qu'il était au travail.
Voyez d'ici la belle hécatombe que cas oi-
seaux sont capables de faire chaque jour et
pendant chaque saison.
C'est un ami, protégeons-le.
A. Montoux.
won
H RENTREE DES CHAMBRES
Après 40 jours d? vacance, le Parlement va
reprendre mardi prochain ses travaux.
L'ordre du jour de la première séance porte
uniquement: Tirage au sort des bureaux. Règle-
ment do l'ordre du jour,
On s'a Ltend cependant à un débat surVs inter-
pellations relatives aux congrégations. Ce sont
celles de MM. Rabier et Massé sur les mesures
que compte prendre le gouvernement pour com-
battre 1 opposition systématique de , certains
évêques àJ'apptication de la loi des associations;
de l'abbé Gayraud, sur la politique religieuse
du gouvernement ; de MM. Gorvaize et Cor-
rard des Essarts sur les faits qui se sont pas-
sés à Saint-Nicolas près de Nancy ; de M. En-
gerrand sur les incidents de l'Eglise d'Auber-
villiers.
Indépendamment des interpellations relatives
aux congrégations, la Chambre aura à discuter
24 autres interpellations sur les sujets les plus
divers.
La commission du règlement doit demander
à la Chambre de mettre en tête de son ordre
du jour les propositions de modification du rè-
glement sur l'urgence, les ordres du jour mo-
tivés, etc. Viendront ensuite les propositions
relatives à la réforme des justices de paix, à la
suppression de la publicité des exécutions ca-
pitales.
M. Bienvenu Martin réclamera, de son côté,
la mise à l'ordre du jour de son rapport sur la
surveillance des établissements de bienfaisance
privée.
Comme on le voit, ce n'est guère que dans
la première quinzaine de juin que la Chambre
sera saisie du projet de budget de 1904.
MONOPOLE
Il ne faut pass'imaginer que le parti républi-
cain aura achevé son œuvre de défense sociale
lorsque les congrégations auront disparu du
sol de la France.
Les associations religieuses peuvent se dis-
soudre, leur esprit demeurera. — Il subsistera
sous une autre forme. 'Déjà, pour plusieurs
des établissements supprimés parce qu'ils
étaient deâ succursales de congrégations non
autorisées, des déclarations d'ouverture d'école
ont été faites, soit par des laïcs étroitement dé-
pendants des sacristies, soit par des prêtres,
soit par des moines sécularisés.
Comment combattre avec quelque succès
cette dangereuse persistance de l'enseignement
congréganiste?
Il n'y a qu'un moyen efficace et infaillible
d'y réussir : attribuer à l'Etat le monopole de
l'enseignement.
L'enseignement est un service public au
même titre que la défense nationale, la justice,
les finances.
Si l'on considère que l'Etat doit réserver à lui
seul la tâche de défendre le sol contre l'enva-
hisseur, n'a-t-il pas aussi le droit de défendre
le patrimoine moral de la France en proté-
geant les jeunes intelligences contre les idées
étroites d'intolérance, d'asservissement à un
dogme et à ses représentants qui les appau-
vrissent et les rendent esclaves.
Supporterions-nous que des associations dé
laïcs prétendissent recruter leurs juges et for-
mer leur pelite armée personnelle? Non certes.
Alors pourquoi souffrir que l'Etat accorde la
liberté d'enseignement à des groupes laïques
même animés de l'esprit républicain?
Ce n'est pas là concentrer entre les mains de
l'Etat seul tout le pouvoir d'instruire. L'Etat
peut déléguer son droit tout en gardant la fa-
culté de retirer sa délégation si bon lui sem-
ble et de surveiller ses délégués. Une concur-
rence suffisante pourra se produire entre les
établissements que l'Etat dirigerait lui-même et
ceux abandonnés à des éducateurs choisis et
mandatés par lui.
Toute autre solution serait bâtarde et péril-
leuse. — Charles Darcy.
THÉATRE CHRÉTIEN
(De notre correspondant varliculierl
New-York, 16 mai.
M. Herbert Booth, fils du maréchal Booth,
et qui, récemment, a quitté l'Armée du Salut,
annonce au public son intention de fonder un
grand théâtre pour la propagation des senti-
ments chrétiens. Il n'y aura que des artistes
chréliens et des auteurs religieux seront invi-
tés Maire des pièces dont le sujet sera tiré de
l'Ecriture sainte. M. Booth fera aussi repro-
duire les scènes par ciaématomolMS el ces
reproductions seront envoyées dans tous les
pays afin d'évangéliser le monde.
♦
MISE AU POINT
Nous recevons et nous insérons volontiers la note
suivante :
L'arrondissement de Monlbéliard est en
pleine période électorale législative pour la
succession de M. le docteur Borne, sénateur.
On se souvient de la violence si intense de la
lutte dernière. Le parti clérical a essayé de la
renouveler en excilant les passions religieusès
par l'application spontanée de la circulaire mi-
nistérielle sur là fermeture des chapelles.
Sans ordre administratif, on annonça par-
tout en chaire l'exécution brutale de la me-
sure.
L'agitation recommençait et menaçait d être
plus vive que jamais.
M. le docteur Borne, comme maire de Saint-
Hippolyte et conseiller général du canton, prér
vint cette manœuvre deloyale par une circu-
laire remettant les choses au peint, -Cette cir-*
culaire est donc un acte purement local et mu-
nicipal nécessité par les circonstancos et affir-
mant le maintien du statu quo en ce qui con-
cerne doux petites chapelles dites du Mont de
Saint-Hippolyte et de Montjoie.
Ces deux petits immeubles,datant des 12' et
14e siècles, ne servent qu'à quelques pratiques
religieuses à de rares intervalles et à dates
très irrégulières. Ce sont donc des chapelles
intermittentes que ne peut viser la circulaire
ministérielle, mais la législation pure et sim-
ple du code pénal, art. 294, ainsi conçu :
« Tout individu qui, sans la permission de
l'autorité municipale, aura accordé ou con-
senti l'usage de sa maison ou de son apparte-
ment, en tout ou en partie, pour la réunion
des membres d'une association, même autori-
sée, ou pour l'exercice d'un culte, sera puni
d'une amende de seize à deux cents francs. »
C'est à la suite do renseignements précis
provenant de source autorisée confirmant celle
manière de voir et cette procédure, que M.
Borne a pris l'initiative de publier une circu-
laire qui, du reste, a rendu le plus grand ser-
vice en coupant court à toutes les intrigues
électorales et en ramenant un calme relatif
dans les esprits.
Le comité républicain démocratique
du canton de Sàint-Bippolyte.
——————————— .———————————-
RÉFORME IMPORTANTE (?) DE GUILLAUME Il
(De notre correspondant particulieri
Berlin, 16 mai.
Sur le désir de l'empereur Guillaume, les
officiers des régiments en garnison à Berlin et
à Postdam remplaceront leurs gants blancs par
des gants do peau en couleur. Il est fort pro-
bable que cette, réforme s'étendra à tous les
corps d armée prussiens, et que, dorénavant,
seuls les sous-officiers porteront des gants
blancs.
—————;————— ———:———————
UN ANCIEN ATTACHE MILITAIRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 16 mai.
Le général de division von Vuillaume, di-
recteur du département central au ministère
de la guerre, a été mis en disponibilité.
M. von Vuillaume a été pendant des années
attaché militaire à l'ambassade d'Allemagne à
Paris. On lui a souvent reproché un certain
excès do zèle et c'est à ce propos qu'il a intenté
un jour un procès en diffamation au
Novoie Vremia,b. Saiht-Pétersbourg, où il avait
été envoyé après avoir quitté son poste de
Paris.
Les Coulisses des Chambres
La question du pain
M. Mougeot, ministre de l'agriculture, a
reçu hier matin plusieurs députés, qui lui ont
demandé si, en présence des cours actuels du
blé et du prix du pain, il ne 'comptait pas
prendre certaines mesures et quelles seraient
ces mesures.
Le ministre a répondu que les cours du blé
ne lui paraissaient pas de nature à justifier une
mesure apportant modificalion à l'état de cho-
ses actuel.
Les cours da marché de Paris étaient au 15
mai, sur mai do 25 à 25 25 et sur les 4 derniers
de 22 fr. 50 à 22 fr. 75.
Les allumettiers
La commission du budget a reu. hier une
délégation dos ouvriers allumetliers, qui lui a
été présentée par MM. Veber et Walter. Cette
délégation comprenait un délégué par section
et trois délégués du comité fédéral.
Elle s'e3t élevée contre le licenciement pro-
jeté et motivé par l'inlroduclion des machines
dans les ateliers.
Les délégués ont demandé que la réduction
du personnel se fît par voie d'élimination na-
turelle.
La commission s'est déclarée disposée à in-
tervenir auprès du ministre des finances pour
que satisfaction fût donnée aux demandes des
ouvriers allumettiers.
A titre officieux et purement amical, MM.
Doumer, président ; Berteaux, rapporteur gé-
néral, et Thomson, rapporteur du budget des
finances, se rendront auprès de M. Rouvier
pour recommander à sa bienveillance les ou-
vriers allumettiers.
Lès chalutiers
M. Benezech, député, a reçu à la Chambre
une délégation des pêcheurs de Celle, de Mar-
seille et de la Corse, qui l'ont prié d'intervenir
auprès du ministre de la marine, afin d'obtenir
la réglementation sévèra de la pêche au chalut,
par bateaux à vapeur ou à voiles.
Les traitements des instituteurs
La commission du budget, réunie sous la
présidence de M. Doumer, a discuté les propo-
sitions relatives aux traitements des institu-
teurs auxquels le projet do loi du gouverne-
ment a servi de base.
La commission a décidé d'adopter les propo-
sitions, faites par le gouvernement sur l'assi-
milation partielle du traitement des institu-
teurs et des institutrices. Elle a également
adopté l'échelle des traitements inscrits dans le
projet du gouvernement et qui est celle de la
loi de 1889, modifiée par la loi de finances de
1903.
En ce qui concerne les délais d'avancement,
la commission a ajourné sa décision jusqu'à
plus amples renseignements sur les dépenses
qui résulteraient de la substitution d'un délai
de six ans au délai de huit ans du projet do
loi.
Les lois sur les sociétés
La commission du ministère do la justice.
présidée par M. Lyon-Caen, professeur à la
Faculté de droit, qui a déjà préparé un projet
de loi sur les sociétés par actions, a voté hier
un projet sur les obligations émises par les
sociétés et sur les parts do fondateur.
Une question
M. Perroche, député de la Marne, a prévenu
te ministre des finances de son intention do le
questionner sur certains points de l'applica-
tion de la réglementation du privilège des
bouilleurs de cru.
LES CONGREGATIONS
Prières publiques. — M. de Beaure.
gàrd. — A la Santé. » Riffliutions
et appels des Comités républi-
cains. — Les incidents en
province. — Fermeture
d'une chapelle mili-
taire.
L'archevêque d'Auch, les évêques de Nevers,
Saint-Bricuc, Arras, Cabon, les vicaires capi-
tulaires du diocèse d'Annecy dont la siège
êpiscopal est vacant, ordonnent, à i'exemple du
cardinal Richard, des prières publiques pour la
24 mai. -
L'évêque de Mande écrit aux frères du Sacré-
Cœur que les cosgréganistes frappés peuvent
chercher un salut ailleurs que dans l'exil. Qu'ils
retournent à la vie séculière, qu'ils se fassent
instituteurs laïques.
Le briseurs de scefléé
M. Léon Costa de Beauregard et sa femme,
née Ravenaz, ayant brisé les scellés apposés st
l'école libre qu'ils avaient créée dans leur pro-
priélé de la Rivoire-en-Savoie, avaient été ac-
quittés par le tribunal et la cour d'appel de
Chambéry. Déférés, par la cour de cassation,
à la cour de Grenoble, ils ont été condamnés,
l'un à cinq jours de prison, l'autre à cinq cents
francs d'amende
M. Léon Costa de Beauregard, qui est le ne-
veu de l'académicien, purge en ce moment sa
peine à la prison de la Santé.
Le mouvement anticlérical
On nous communique l'ordre du jour sui-
vant :
Les membres de la Ligue anticléricale réunis la
jeudi 16 mai, après avoir entendu les explications
de divers camarades sur les menées des congréga-
tions, demandent que le gouvernement persévéra
dans, l'énergie qu'il a montrée en dénonçant: 1* le
Concordat; 21 En supprimant le budget des cultes
qui sous un régime de soi-disant liberté, oblige les
individus ne pratiquant aucune religion de payer
les dits ministres propagateurs du mensonge.
La section du 14" arrondissement de la' Ligue
internationale pour la défense du soldat nous
communique l'appel suivant :
Aux républicains, aux socialistes,
aux libres-penseurs,
Malgré les protestations de courageux citoyens &
Notre-Dame-de-Lorette et à 4uberviliiers, les clé-
ricaux veulent porter un nouveau défi aux répu-
blicains, en faisant parler le jésuite Albert dans
l'église Notre-Dame-de-Plaisance. Il serait intolé-
rable de laisser plus longtemps las partisans de
l'obscurantisme narguer impunément les lois de la
République.
Nous serons nombreux co soir à 8 h. 112 rue
Vercingétorix en dépit des menaces des Cassagnac.
des Drumont et des Goutange-Hodin.
A bas les jésuites ! - Les groupes républicains
du XIVe.
D'autre part le P.O.S.R., la Ligue pour la
défense du soldat ot les groupes libres-penseurs
prient tous les socialistes et libres-penseurs
de se trouver ce soir à 7 h. 1|2, 130, rue du
Château.
A la Ligue des Droits de l'Homme
La section de Clermont-Ferrand de la Ligue
des Droits de l'Homma et du Citoyen a adopté
les résolutions suivantes :
Considérant que les mesures de répression prises
jusqu'à ce jour contre les officiers qui, continuel-
lement et sur tous les points du territoire français
se livrent à des manifestations cléricales et réac-
tionnaires, sont totalement et même dérisoiroment
insuffisantes ;
Considérant que souvent même ces soi disantes
mesures do rigueur constituent pour les officiers
frappés plutôt une récompense qu'une punition,
tels sont notamment les déplacements avanta-
geux:
Attendu que pour replacer des émigrés dans les
cadres la Restauration n'a pas hésité à mettre
14,000 officiers on demi-solde, ces officiers ayant
gagné leurs grades sur les champs de bataille :
Attendu que la commission de revision des gra-
des, nommée par l'assemblée nationale, a rendu il
la vie civile ou remis sous officiers des officiers ai-
gnalés comme républicains qui avaient gagné leurs
grades en combattant pour la France.
Emet le veau :
1° Que les officiers se livrant à des menées clé.
ricales et réactionnaires ou signalés comme mani-
festant des sentiments d'hostilité pour les institu-
tions démocratiques du pays, soient mif d'office
en retraite ou envoyés en non activité par retrait
d'omploi, suivant qu'ils se trouvent avoir 30 ans
ou moins de 30 ans de services ;
2' Que les cadres d'officiers réduits au strict né-
cessaire de l'instruction ou temps de paix, les offi-
ciers signalés comme hostiles à nos institutions
soient mis en retraite avec pension entière ou
pension proportionnelle, suivant leur ancienneté
de service.
En ce qui concerne spécialement les inci-
dents survonus dans la région clermontoise,
la section a émis les vœux suivants :
to Que le lieutenant Véron soit rayé do la liste
des admis à l'Ecole de guerre ;
2' Quo les officiers supérieurs, que les fonction-
naires du ministère de la guerre, qui, à un litro
quelconque, soit par les notes qu'ils ont données à
cet officier indiscipliné, soit eu dissimulant l'acte
d'insubordination commis, ont contribue à entto
scandaleuse provocation, soient rigoureusement et
sévérement frappés.
D'autre part, considérant que los officiers
des deux régiments d'artillerie sont, en majo-
rité, cléricaux et réactionnaires et affectent au-
tant d'insolence pour le parti républicain quo
de mépris pour la République.
Considérant que ces deux régiments sont
commandés par des chefs compromis par leurs
menées cléricales -
Le colonel du 16e, de Ligondès, dans la ma-
nifestation antirépublicaine du cercle mili-
taire;
Le colonel du 36', de la Guillounière ; dans
les menées cléricales de Poitiers ;
Considérant qu'il résulte défaits prouvés, do
témoignagos certains, que les officiers do ces
deux régiments se sont entendus pour mettre
on quarantaine les officiers attaqués par la
presse cléricale ;
Considérant que le maintien de ces deux rfc
giments constitue un danger pour lo bon ordre
puble, la section émet le vœu :
t. Que les deux régiments d'artillerie (16. et 36*)
soient déplacés ;
S* Que les officiers compromis à un titre quel-
conque dans ces divers incidents soient sévèrement
frappés, mis d'office en rotraite ou envoyés eu nos
activité.
Dans les départements
Hautes-Pyrénées. — Le liquidateur des biens
des Pères de l'Immaculée Conception, accom-
pagné du juSe de paix de Lourdes, s'est pré-
senté au domicile des Pères de la grotte, tout
voisin de la basilique, pour procéder à l'appo-
sition des scellés. Ils furent reçus par le direc-
teur des « Chapelains du sanctuaire » — c'est
le nom que se sont donné les successeurs des
Pères — qui exhiba dés titres de propriétés,
desquels il résulterait que l'immeuble habité
par les Pères ne leur appartenait pas, qu'il fait
partie de la Mouse épiscopale el ne peut con-
séquemment être visé par la loi du 1er juillet
1901. Les Pères, a-t-il ajouté, n'ont voulu d'ail-
leurs ni éluder ni tourner la loi, car ils se sont
séparés bien avant l'expiration du délai qui
était imparti. Une instance ea référé a été aus-
sitôt introduite.
Meurthe-et-Moselle. — M. Locomte, juge
d'instruction de Nancy, a lancé seize mandats
d'amener contre les principaux manifestants
qui frappèrent les gendarmes de l'escorte do
procureur de la République quand ce deruiQI
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du malin
No 12120. - Lundi 18 Mai 1903
29 FLORÉAL AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Ilail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
L'Exposition de aintLonis
M. Michel Lagrave, le sympathique et
distingué commissaire général du gou-
vernement français aux États-Unis
pour l'Exposition de Saint-Louis, est en
ce moment en cette ville. L'exposition,
on le sait, n'ouvrira qu'en 1904, mais
une sorte d' « avant-première » a eu
lieu le mois dernier en présence du pré-
sident Roosevelt, et le représentant de
la France a tenu, avec raison, à être là.
M. Lagrave se consacre tout entier,
avec une activité passionnée, à la mis-
sion qui lui a été confiée, et ce ne sera
pas sa faute, certes, si la participation
fie la France à l'exposition de Saint-
Louis n'est pas particulièrement bril-
lante.
Elle le sera. Que les Français mettent
Hine sorte de coquetterie à vouloir figu-
rer avec honneur à l'exposition de
Saint-Louis, cela se conçoit.
M. Lagrave, au cours d'une confé-
r.ence très documentée et très intéres-
sante, qu'il a faite à la Société d'éco-
nomie industrielle et commerciale,
s'exprimait ainsi : — « C'est un grand
acte de leur histoire que les Etats-Unis
entendent célébrer en 1904; c'est l'acte
par lequel la France leur a cédé, il y a
aujourd'hui cent ans, un territoire qui
représente actuellement plus du tiers de
leur pays. »
Précisément, je lisais le livre cemar-
quablo qu'Urbain Gohier, à la suite de
son voyage en Amérique, vient de pu-
blier chez Fasquelle : Le Peuple du
XXe siècle ; j'y trouvais ces lignes : —
« La cession de la Louisiane française
aux Etats-Unis. le 30. avril 1803, est
regardée à bon droit, de l'autre côté
de l'Océan, comme l'un des événements
lés plus considérables du XIXesiècle; à
dater de ce jour, les destinées des Etats-
Unis furent fixées. La France abandon-
nant ce qui pouvait être l'instrument
de sa grandeur, les Etats-Unis deve-
naient maîtres du continent améri-
cain. »
C'est pour 75 millions que Napoléon
— « le sinistre Corse » selon l'ex-
pression si juste de Gohier — vendit la
Louisiane aux Etats-Unis. Qu'est-ce que
la Louisiane ? J'emprunte encore ces
renseignements au livre intitulé : le
Peuple du XXe siècle : — « Ce territoire
forme à peu près le tiers de l'Union ; il
est six fois - grand comme la France
métropolitaine ; il a constitué quinze
grands Etats ou territoires. Les pro-
priétés imposables qu'il renferme sont
évaluées actuellement à 33 milliards de
Ifrancs ; il est habité par 17 ou 18 mil-
Ilions d'hommes ; il en pourrait nourrir
1200 millions aux mêmes conditions que
l'Europe occidentale. On y récolte déjà
300 millions de bushels de blé, 1,000
millions de bushels de maïs ; on en tire
annuellement 25 millions de tonnes de
charbon et 9 millions de tonnes demi-
nerai de fer. »
Les Etats-Unis ont acquis cette ri-
chesse pour 75 millions une fois payés.
Franchement ce n'est pas cher. Mais
quoi! Napoléon avait besoin d'argent
pour ses guerres. La Louisiane a fait
partie de ce qu'on a applé la rançon
de la gloire impériale, rançon que nous
n'avons pas encore achevé de payer. On
comprend que, comme Gohier l'affirme,
les Américains gardent à la mémoire
de Bonaparte un souvenir attendri et
reconnaissant. Nous, c'est autre chose.
Qu'il y ait quelque peu d'amertume en
nous, cela est concevable.
***
Mais cela ne veut pas dire, assuré-
ment, que nous désapprouvions la par-
ticipation de la France à l'exposition de
Saint-Louis. Loin de là. Amertume ne
veut pas dire mauvaise humeur. Il serait
injuste et ridicule à nous d'en vouloir
aux Américains d'avoir profité, il y a
un siècle, de ce que la France s'était
livrée pieds et points liés à un coune-
jarret. - - -
Je parlais de coquetterie tout à l'heure.
Précisément, il s'agit pour les Français
de montrer à l'Amérique que les empe-
reurs qui nous ont volés, torturés, as-
sassinés aux trois quarts, ne nous ont
pas tués tout à fait ; et qu'après avoir
subi deux Napoléons successifs, nous
valons encore quelque chose.
Et puis, il y a là des intérêts com-
merciaux et industriels qui ne doivent
pas être négligés. Si, au point de vue
du chiffre des exportations aux Etats-
Unis, la France, dépassée par l'Angle-
terre et l'Allemagne, n'occupe que le
troisième rang, nos rapports commer-
ciaux avec l'Amérique vont s'amélio-
rant d'année en année.
J'emprunte ces renseignements à la
conférence de M. Lagrave, à laquelle
j'ai déjà fait allusion. En 1894, au len-
demain de l'Exposition de Chicago,
nous faisions 512 millions d'affaires
avec les Etats-Unis; en 1900, nous en
faisions pour 765 millions. Assurément
les importations des Etats-Unis aug-
mentent comme nos exportations ; mais
cela ne doit pas nous effrayer. En effet,
sur les 510 millions de francs de pro-
duits que les Etats-Unis nous envoient
tous les ans, il y a 400 millions de ma-
tières premières que nous transformons
et que nous renvoyons sous forme
d'objets fabriqués dians les autres pays
du monde et notamment aux Etats-
Unis.
Je donnerai, si on me le permet,
quelques chiffres. En 1894, nous expor-
tions aux Etats-Unis pour 6 millions de
tissus de'coton; en 1901, nous en
avons exporté pour 23 millions. Pour
les soiès et bourres de soie, l'exporta-
tion a passé de 700.000 fr., en 1894, à
7 millions et demi; pour les peaux et
pelleteries brutes, elle a passé de 4 mil-
lions et demi à 24 millions.
Ces renseignements démontrent l'im-
portance capitale, au point de vue des
relationscommerciales entre les peuples,
de ces grandes expositions internatioi-
nales que seuls dénigrent ceux qui n'en
peuvent ëomprendre ni l'intérêt ni le
but. C'est au lendemain de l'exposition
de Chicago que les rapports industriels
de la France et des Etats-Unis se sont,
comme on vient de le voir, très sensi-
blement améliorés. Nous ne saurions
donc trop engager nos concitoyens à
contribuer de tous leurs efforts à la
participation de la France à l'exposition
de Saint-Louis.
Il est très fâcheux que les pouvoirs
publics, qui avaient consacré 4 millions
et demi de francs à la participation de
la France à l'exposition de Chicago,
n'aient point cru pouvoir allouer plus de
1,250,000 fr. à l'exposition de Saint-
Louis. Les temps sont durs ; il faut al-
ler à l'économie. C'est à l'initiative pri-
vée de suppléer à l'insuffisance des
moyens d'action dont dispose le
commissariat général. Déjà, la Cham-
bre de commerce de Paris a voté une
subvention de 25,000 fr. On peut espé-
rer que cet exemple sera suivi, et que
les commerçants et industriels français
n'épargneront rien pour figurer avec
honneur sur cette terre de Louisiane
qui a été française, qui serait encore
française si l'infâme Napoléon ne l'a-
vait pas vendue, et qu'il s'agit, en lutr
tant contre la concurrence anglaise et
allemande, de reconquérir, si l'on peut
ainsi dire, à la France.
Lucien Victor-Meunier.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
--- du matin
PELLETAN A BREST
-
Il faut retenir les belles et
fortes paroles que Camille Pel-
letan a prononcées à Brest à
propos du clergé séculier et
des congrégations. C'est la
vraie doctrine républicaine,
celle notamment nue beau-
coup de républicains modérés dévelop-
paient jadis mais qu'ils combattent aujour-
d'hui au nom de la liberté. La liberté con-
siste maintenant: paraît-il, à permettre à
tout un corps de fonctionnaires et aux con-
gréganistes d'insulter la République, son
gouvernement et ses représentants, de se
moquer de la justice, de s'insurger contre
la loi, de faire de la religion une arme de
combat contre le progrès.
S'adressant à l'archiprêtre de Brest. Pel-
letan lui a dit qu'il était très heureux de le
voir, parce qu'aucun républicain digne de
ce nom n'était l'ennemi de la liberté et avait
toujours plaisir à fréquenter des personnes
dont les croyances sont sincères. Pour qui
connaît Pelletan, il est bien évident qu'en
tenant ce langage, il était sincère. Il est
certain encore que les républicains ne pen-
sent pas autrement. Les réactionnaires plai-
santent cependant à ce sujet le ministre de
la marine. On a l'air de croire qu'il a dit
une énormité. Mais il est de mode chez les
cléricaux de blaguer Camille Pelletan; ça
n'est pas toujours spirituel.
Le même jour, Pelletan a prononcé un
grand discours au Casino. Après avoir ré-
pété que les républicains ne sont hostiles
ni à la religion ni aux catholiques, il s'est
étendu sur le sens qu'il faut donner à la
lutte que la République a entreprise contre
les congrégations. Le morceau vaut la
peine d'être cité dans son entier :
C'est pourquoi je veux donner à l'Eglise ca-
tholique toutes les libertés possibles, sauf une
seule, celle à laquelle elle paraît le plus tenir :
je ne veux pas lui donner la liberté de suppri-
mer la liberté des autres.
Sans vouloir insister sur ce point, permet-
tez-moi d'ajouter qu'on fera difficilement croire
que, d'un côté se trouvant des jésuites, de l'au-
tre des fils de 1789, que ce sont les jésuites qui
représentent la liberté. Qu'ils fassent comme
autrefois, ces jésuites, qu'ils nous persécutent,
qu'ils nous massacrent, mais qu'ils n'essayent
pas de nous arracher des mains le drapeau de
la liberté, car c'est un mensonge infâme que
nous ne souffrirons pas. Tel est le sens de la
lutte que nous soutenons à l'heure actuelle.
Nous combattons ces congrégations qui ont !
étouffé la civilisation dans le sang, à l'époque
de l'inquisition dominicaine ; ce que nous com-
battons, c'est le pouvoir politique au nom du
dogme, et c'est pour cela que nous avons sup-
primé ces congrégations que Napoléon lui-même
excluait du Concordat. C'est aussi pourquoi le
président du conseil laissait entrevoir un di-
vorce complet entre l'Eglise et l'Etat. Quoi
qu'il en soit, je suis ici sut un terrain brûlant
et je ne suis sur ce point chargé d'aucune mis-
sion i c'est le vieux député qui parle, plutôt
que le ministre.
Ce que nous ne laisserons pas, c'est se réta-
blir la puissance cléricale qui arriverait à un
coup d'Etat.
C'est tout à fait cela ; c'est ce que nous
avons toujours dit. Bêtement, le clergé re-
fuse de nous croire et se solidarise avec les
congrégations. Tant pis pour lui. Par ses
résistances que rien ne justifie, il a donné
l'idée de la séparation à beaucoup de répu-
blicains qui ne pensaient pas à là faire de
sitôt. Chaque mandement insultant d'éve-
que, chaque lettre pastorale injurieuse,
chaque discours de congréganiste dans une
église paroissiale nous apporte de nouveaux
concours. Qu'il continue donc, le clergé
séculier. Aussi bien, le conflit actuel oe
peut se terminer que par la séparation des
Eglises et de l'Etat. — Ch, B., ,-
A LA CAMPAGNE
Averses et giboulées. — fees pronosti-
queurs en défaut. — Un oiseau mi-
grateur. — Pour ne pas faire de
nid.- Courage et prévoyance.
-Pourquoi le coucou ne
couve pas. — Un oi-
seàu à protéger.
En avons-nous décidément fini avec cet as-
saut de giboulées et d'averses? Vraiment, c'est
un temps désolant, et si cela continue, je ne
sais ce que nous, cullivateurs) nous allons de-
venir.
Et pourtant, d'après cb que j'entends dire,
les météorologistes nous annoncent encore dé
nouvelles épreuves ! Devons-nous y croire ?
Comme j'ai remarqué que les pronosti-
queurs se trompaient assez souvent, j'aime
mieux, pour cette fois, croire qu'ils auront
encore commis une nouvelle erreur; ce ne sera
pas la dernière, selon toute vraisemblance.
Ce n'est d'ailleurs pas l'heure de s'arrêter,
comme on dit, aux bagatelles de la porte,
c'est plutôt le moment de nous approprier le
cri de ralliement du pionnier américain, ail
right 1 En Avant l
Il nous reste encore beaucoup de travail à
faire, mais si le temps veut bien nous sourire,
nous en viendrons à bout.
Je n'ai d'ailleurs point l'intention de parler
d agriculture aujourd'hui. Il m'est arrivé, ce
malin, d'entendre le coucou, aussi me suis-je
promis de le présenter, de le faire connaître à
mes lecteurs.
Le coucou
Cet oiseau n'est pas le premier venu ; il a
de tout temps exercé la sagacité des natura-
listes, en raison des mœurs dont il est doué. -
Il est peu d'endroits en Europe, en Asie et
en Afrique, où le coucou soit inconnu. Ceux
qui viennent en France émigrent chaque an-
née à l'automne et s'en vont dans le sud-ouest
de l'Afrique, pour y passer la mauvaise sai-
son.
C'est donc, comme la caille et l'hirondelle,
un oiseau migrateur. Il nous arrive vers la fin
d'avril et disparaît au commencement de sep-
tembre. C'ast l'un des oiseaux les plus vifs qui
existent; constamment en mouvement, il chasse
avec ardeur et détruit des quantités considéra-
bles d'insectes et de chenilles.
Parmi les instincts manifestés par certains,
animaux, il n'en est guère de plus curieux que
celui qui pousse le coucou à déposer ses œufs
dans les nids d'autres oiseaux. Du temps d'A-
rislote —* ce n'est pas d'aujourd'hui, puisqu'il
vivait trois siècles avant notre ère - on savait
déjà que cet, oiseau ne faisait pas de nid et
qu'il déposait ses œufs dans les nids d'oiseaux
insectivores.
Il est de fait que personne n'a jamais vu de
nichée de coucou, car cet oiseau ne prépare
point de berceau pour sa jeune famille, En vé-
ritable bandit, il va chercher le nid de quelque
oiseau plus petit, mange une partie des œufs et
dépose le sien en place. Parfois la femelle re-
vient pondre deux fois au même nid, mais cela
est une exception.
Les propriétaires du nid couvent l'œuf étran-
ger, et, le jeune coucou venant à éclore, ils
prennent soin do le nourrir comme s'il était
leur véritable petit.
Ce fait, quelque peu anormal, a donné nais-
sance à de nombreuses controverses. Les uns
disent que les parents nourriciers, subjugués
par ta mine avenante du jeune coucou, rejet-
tent leurs propres enfants hors du nid pour
faire place à l'étranger. Certaines gens vont
plus loin et assurent que la mère devient si
fière de ce gros nourrisson, qu'elle prend les
autres en haine et les tue pour lui on faire un
repas. Il en est d'autres qui prétendent que
c'est la femelle du coucou, la véritable mère,
qui vient faire son exécution et qui dévore les
jeunes oiseaux dont l'intrus partage le nid. En-
fin, suivant une opinion assez répandue, ce se-
rait le jeune coucou qui, tout seul, procéderait
à la destruction de ses frères, nourriciers: il les
ferait mourir de faim en s'emparant de toutes
les provisions qui sont apportées au nid par
les parents et les jetterait ensuite par dessus
bord.
Parents peu courageux, mais pré-
voyants
Quoi qu'il en soit, on ne peut s'empêcher de
reconnaître, dans le coucou, un merveilleux
sentiment de prévoyance, puisque, se connais-
sant incapable de protéger sas petits, il predd
les moyens do les faire protéger par d'autres ;
il n'a pas, en effet, assez de courage pour les
défendre tui-même et il fuit devant les oiseaux
d'une taille bien inférieure à la sienne.
Les oiseaux auxquels le coucou confie le soin
de sa progéniture n'appartiennent pas à une
seule et même espèce.
On a observé qu'en Europe, ce sont les nids
de fauvettes, ordinaire, babillarde, à tôle noire,
de la lavandière, du bruant,du rouge-gorge,du
troglodyte, de la grive, du geai, du merle,
que les coucous choisissent pour y déposer
leurs œufs.
Cette préférence paraît en quelque sorte rai-
sonnée. En effet, il est d'abord nécessaire que
l'éducation du petit coucou soit confiée à des
oiseaux dont la nourriture habituelle puisse
lui conveniret qui,par conséquont,scient com-
me lui insectivores.
D'autre part, il serait dangereux pour le
jeune oiseau de n'attendre sa subsistance que
d'individus dont la force et les habitudes ba-
tailleuses pourraient mettre sa vie en péril.
La cause d'une habitude si extraordinaire de
la part du coucou.de confier le soin de couver,
de faire éclore et de nourrir des petits,a exercé,
fort souvent, la sagacité do bien des gens.
Hypothèses
Des nombreuses hypothèses émises pour ex-
pliquer les raisons qui empêchent le coucou
de couver, je n'en veux retenir que quelques-
unes, les plus répandues seulement.
D'après Levaillant, les coucous mâles et fe-
melles montreraient une ardeur immodérée
pour se reproduire et, de ce fait, ne pourraient
se livrer à l'incubation, car la chaleur trop
forte de leur corps pourrait brûler la couvée,
Bien avant Levaillant, l'écrivain grec Elien,
qui vivait au troisième siècle de notre ère,
avait adopté une opinion diamétralement op-
posée. Selon, lui, le coucou, étant d'un tem-
pérament froid ne pourrait arriver à échauffer
ses œufs au point nécessaire pour les faire
éclore.
Ces suppositions ne peuvent arrêter bien sé-
rieusement des gens sensés ; elles sont ingé-
nieuses, mais manquent totalement de solidité.
Une troisième explication a été proposée pat
un collaborateur de Buffon, Guéneau de Mont-
beillard, Celui-ci suppose que la femelle va
cacher ses œufs dans des nids étrangers, éloi-
gnés des endroits où elle se lient, afin de les
soustraire à la voracité du mâle.
Celte explication ne vaut guère mieux que
les précédentes, car il n'a jamais été démontré
que le coucou fût un mangeur d'œufs.
Enfin, il reste une autre manière d'envisa-
ger la question et celle-ci semble rallier la
plupart des suffrages.
Dans l'espèce coucou, le nombre des mâlos
dépasse de beaucoup celui des femelles, quatre
fois plus environ. Au moment de leur arrivée
dans notre pays — les coucous sont, je l'ai dit,
des oiseaux migrateurs — les coucous mâles
s'itablissent dans la campagne, chacun se
fixant dans un canton et y restant jusqu'au dé-
part.
Les femelles vont alors d'un canton à l'autre
et, dans l'espace d'une sàison, changent — ô
les volages — trois ou quatre fois de mari.
Les enfants de ces différentes uuions ne
pourraient être élevés par la vraie mère, aussi
s'aSiure-t-elle à l'avance, pour chacun d'eux,
d'une bonne nourrice et elle y réussit avec un
plein succès.
succès. Ingratitude
L'œuf de coucou n"est pas très sensiblement
plus gros que ceux des oiseaux dans les nids
desquels il va pondre. A ce moment de sa
naissance, le petit coucou est un peu plus gros
que ses frères; en outre il naît avec de grandes
dispositions à s'accroître et avec un appétit in-
comparable.
Plus il mange et plus il grandit ; plus il
grandit et plus oussi II a besoin de manger.
Ses pauvres petits frères ne peuvent presque
rien attraper à la becquée: tout est pour lui.
Au bout de peu de temps, les autres oisillons
succombent et il les fait sauter au dehors du
nid les uns après les autres.
Enfin, seul! se dit-il et, désormais, fort à
l'aise, bien soigné, abondamment nourri, il
grossit à vue d'œil et a bientôt pris assez de
force pour quilter le nid et s'en aller vivre
seul, abandonnant les nourriciers qui l'ont
élevé.
Il n'est guère possible d'être plus ingrat 1
L'utilité du coucou
Quoique ingrat, le coucou est un oiseau utile
que nous avons intérêt à protéger.
Le coucou se nourrit, en effet, d'insecles de
toutes sortes et il s'attaque à des espèces dont
aucun autre oiseau ne fait sa nourriture.
Les chenilles du pin (Liparis monacha) les
chenilles processionnaires du chêne, n'ont pas
d'ennemi plus acharné que le coucou. Il en
est 4e même pour les différentes espèces de
chenilles qui attaquent les divers arbres frui-
tiers qui peuplent nos jardins.
Il y a deux ans, j'ai pu me rendre compte
de la façon dont opéraient ces oiseaux et je ne
crois pas qu'il existe de meilleurs destructeurs
de chenilles que les coucous.
J'avais, sur la ferme que j'exploite, une haie
complètement garnie de colonies de chenilles.
Tous les jours je remarquais que de nombreux
coucous venaient leur faire visite et j'admirai
l'aisance avec laquelle ils s'emparaient des
proies vivantes qui se trouvaient à leur portée.
En une quinzaine de jours, toutes les che-
nilles disparurent, ce dont je fus des plus heu-
reux. J'estime que chaque coucou avalait bien
cinq à six chenilles par minute, pendant le
temps qu'il était au travail.
Voyez d'ici la belle hécatombe que cas oi-
seaux sont capables de faire chaque jour et
pendant chaque saison.
C'est un ami, protégeons-le.
A. Montoux.
won
H RENTREE DES CHAMBRES
Après 40 jours d? vacance, le Parlement va
reprendre mardi prochain ses travaux.
L'ordre du jour de la première séance porte
uniquement: Tirage au sort des bureaux. Règle-
ment do l'ordre du jour,
On s'a Ltend cependant à un débat surVs inter-
pellations relatives aux congrégations. Ce sont
celles de MM. Rabier et Massé sur les mesures
que compte prendre le gouvernement pour com-
battre 1 opposition systématique de , certains
évêques àJ'apptication de la loi des associations;
de l'abbé Gayraud, sur la politique religieuse
du gouvernement ; de MM. Gorvaize et Cor-
rard des Essarts sur les faits qui se sont pas-
sés à Saint-Nicolas près de Nancy ; de M. En-
gerrand sur les incidents de l'Eglise d'Auber-
villiers.
Indépendamment des interpellations relatives
aux congrégations, la Chambre aura à discuter
24 autres interpellations sur les sujets les plus
divers.
La commission du règlement doit demander
à la Chambre de mettre en tête de son ordre
du jour les propositions de modification du rè-
glement sur l'urgence, les ordres du jour mo-
tivés, etc. Viendront ensuite les propositions
relatives à la réforme des justices de paix, à la
suppression de la publicité des exécutions ca-
pitales.
M. Bienvenu Martin réclamera, de son côté,
la mise à l'ordre du jour de son rapport sur la
surveillance des établissements de bienfaisance
privée.
Comme on le voit, ce n'est guère que dans
la première quinzaine de juin que la Chambre
sera saisie du projet de budget de 1904.
MONOPOLE
Il ne faut pass'imaginer que le parti républi-
cain aura achevé son œuvre de défense sociale
lorsque les congrégations auront disparu du
sol de la France.
Les associations religieuses peuvent se dis-
soudre, leur esprit demeurera. — Il subsistera
sous une autre forme. 'Déjà, pour plusieurs
des établissements supprimés parce qu'ils
étaient deâ succursales de congrégations non
autorisées, des déclarations d'ouverture d'école
ont été faites, soit par des laïcs étroitement dé-
pendants des sacristies, soit par des prêtres,
soit par des moines sécularisés.
Comment combattre avec quelque succès
cette dangereuse persistance de l'enseignement
congréganiste?
Il n'y a qu'un moyen efficace et infaillible
d'y réussir : attribuer à l'Etat le monopole de
l'enseignement.
L'enseignement est un service public au
même titre que la défense nationale, la justice,
les finances.
Si l'on considère que l'Etat doit réserver à lui
seul la tâche de défendre le sol contre l'enva-
hisseur, n'a-t-il pas aussi le droit de défendre
le patrimoine moral de la France en proté-
geant les jeunes intelligences contre les idées
étroites d'intolérance, d'asservissement à un
dogme et à ses représentants qui les appau-
vrissent et les rendent esclaves.
Supporterions-nous que des associations dé
laïcs prétendissent recruter leurs juges et for-
mer leur pelite armée personnelle? Non certes.
Alors pourquoi souffrir que l'Etat accorde la
liberté d'enseignement à des groupes laïques
même animés de l'esprit républicain?
Ce n'est pas là concentrer entre les mains de
l'Etat seul tout le pouvoir d'instruire. L'Etat
peut déléguer son droit tout en gardant la fa-
culté de retirer sa délégation si bon lui sem-
ble et de surveiller ses délégués. Une concur-
rence suffisante pourra se produire entre les
établissements que l'Etat dirigerait lui-même et
ceux abandonnés à des éducateurs choisis et
mandatés par lui.
Toute autre solution serait bâtarde et péril-
leuse. — Charles Darcy.
THÉATRE CHRÉTIEN
(De notre correspondant varliculierl
New-York, 16 mai.
M. Herbert Booth, fils du maréchal Booth,
et qui, récemment, a quitté l'Armée du Salut,
annonce au public son intention de fonder un
grand théâtre pour la propagation des senti-
ments chrétiens. Il n'y aura que des artistes
chréliens et des auteurs religieux seront invi-
tés Maire des pièces dont le sujet sera tiré de
l'Ecriture sainte. M. Booth fera aussi repro-
duire les scènes par ciaématomolMS el ces
reproductions seront envoyées dans tous les
pays afin d'évangéliser le monde.
♦
MISE AU POINT
Nous recevons et nous insérons volontiers la note
suivante :
L'arrondissement de Monlbéliard est en
pleine période électorale législative pour la
succession de M. le docteur Borne, sénateur.
On se souvient de la violence si intense de la
lutte dernière. Le parti clérical a essayé de la
renouveler en excilant les passions religieusès
par l'application spontanée de la circulaire mi-
nistérielle sur là fermeture des chapelles.
Sans ordre administratif, on annonça par-
tout en chaire l'exécution brutale de la me-
sure.
L'agitation recommençait et menaçait d être
plus vive que jamais.
M. le docteur Borne, comme maire de Saint-
Hippolyte et conseiller général du canton, prér
vint cette manœuvre deloyale par une circu-
laire remettant les choses au peint, -Cette cir-*
culaire est donc un acte purement local et mu-
nicipal nécessité par les circonstancos et affir-
mant le maintien du statu quo en ce qui con-
cerne doux petites chapelles dites du Mont de
Saint-Hippolyte et de Montjoie.
Ces deux petits immeubles,datant des 12' et
14e siècles, ne servent qu'à quelques pratiques
religieuses à de rares intervalles et à dates
très irrégulières. Ce sont donc des chapelles
intermittentes que ne peut viser la circulaire
ministérielle, mais la législation pure et sim-
ple du code pénal, art. 294, ainsi conçu :
« Tout individu qui, sans la permission de
l'autorité municipale, aura accordé ou con-
senti l'usage de sa maison ou de son apparte-
ment, en tout ou en partie, pour la réunion
des membres d'une association, même autori-
sée, ou pour l'exercice d'un culte, sera puni
d'une amende de seize à deux cents francs. »
C'est à la suite do renseignements précis
provenant de source autorisée confirmant celle
manière de voir et cette procédure, que M.
Borne a pris l'initiative de publier une circu-
laire qui, du reste, a rendu le plus grand ser-
vice en coupant court à toutes les intrigues
électorales et en ramenant un calme relatif
dans les esprits.
Le comité républicain démocratique
du canton de Sàint-Bippolyte.
——————————— .———————————-
RÉFORME IMPORTANTE (?) DE GUILLAUME Il
(De notre correspondant particulieri
Berlin, 16 mai.
Sur le désir de l'empereur Guillaume, les
officiers des régiments en garnison à Berlin et
à Postdam remplaceront leurs gants blancs par
des gants do peau en couleur. Il est fort pro-
bable que cette, réforme s'étendra à tous les
corps d armée prussiens, et que, dorénavant,
seuls les sous-officiers porteront des gants
blancs.
—————;————— ———:———————
UN ANCIEN ATTACHE MILITAIRE ALLEMAND
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 16 mai.
Le général de division von Vuillaume, di-
recteur du département central au ministère
de la guerre, a été mis en disponibilité.
M. von Vuillaume a été pendant des années
attaché militaire à l'ambassade d'Allemagne à
Paris. On lui a souvent reproché un certain
excès do zèle et c'est à ce propos qu'il a intenté
un jour un procès en diffamation au
Novoie Vremia,b. Saiht-Pétersbourg, où il avait
été envoyé après avoir quitté son poste de
Paris.
Les Coulisses des Chambres
La question du pain
M. Mougeot, ministre de l'agriculture, a
reçu hier matin plusieurs députés, qui lui ont
demandé si, en présence des cours actuels du
blé et du prix du pain, il ne 'comptait pas
prendre certaines mesures et quelles seraient
ces mesures.
Le ministre a répondu que les cours du blé
ne lui paraissaient pas de nature à justifier une
mesure apportant modificalion à l'état de cho-
ses actuel.
Les cours da marché de Paris étaient au 15
mai, sur mai do 25 à 25 25 et sur les 4 derniers
de 22 fr. 50 à 22 fr. 75.
Les allumettiers
La commission du budget a reu. hier une
délégation dos ouvriers allumetliers, qui lui a
été présentée par MM. Veber et Walter. Cette
délégation comprenait un délégué par section
et trois délégués du comité fédéral.
Elle s'e3t élevée contre le licenciement pro-
jeté et motivé par l'inlroduclion des machines
dans les ateliers.
Les délégués ont demandé que la réduction
du personnel se fît par voie d'élimination na-
turelle.
La commission s'est déclarée disposée à in-
tervenir auprès du ministre des finances pour
que satisfaction fût donnée aux demandes des
ouvriers allumettiers.
A titre officieux et purement amical, MM.
Doumer, président ; Berteaux, rapporteur gé-
néral, et Thomson, rapporteur du budget des
finances, se rendront auprès de M. Rouvier
pour recommander à sa bienveillance les ou-
vriers allumettiers.
Lès chalutiers
M. Benezech, député, a reçu à la Chambre
une délégation des pêcheurs de Celle, de Mar-
seille et de la Corse, qui l'ont prié d'intervenir
auprès du ministre de la marine, afin d'obtenir
la réglementation sévèra de la pêche au chalut,
par bateaux à vapeur ou à voiles.
Les traitements des instituteurs
La commission du budget, réunie sous la
présidence de M. Doumer, a discuté les propo-
sitions relatives aux traitements des institu-
teurs auxquels le projet do loi du gouverne-
ment a servi de base.
La commission a décidé d'adopter les propo-
sitions, faites par le gouvernement sur l'assi-
milation partielle du traitement des institu-
teurs et des institutrices. Elle a également
adopté l'échelle des traitements inscrits dans le
projet du gouvernement et qui est celle de la
loi de 1889, modifiée par la loi de finances de
1903.
En ce qui concerne les délais d'avancement,
la commission a ajourné sa décision jusqu'à
plus amples renseignements sur les dépenses
qui résulteraient de la substitution d'un délai
de six ans au délai de huit ans du projet do
loi.
Les lois sur les sociétés
La commission du ministère do la justice.
présidée par M. Lyon-Caen, professeur à la
Faculté de droit, qui a déjà préparé un projet
de loi sur les sociétés par actions, a voté hier
un projet sur les obligations émises par les
sociétés et sur les parts do fondateur.
Une question
M. Perroche, député de la Marne, a prévenu
te ministre des finances de son intention do le
questionner sur certains points de l'applica-
tion de la réglementation du privilège des
bouilleurs de cru.
LES CONGREGATIONS
Prières publiques. — M. de Beaure.
gàrd. — A la Santé. » Riffliutions
et appels des Comités républi-
cains. — Les incidents en
province. — Fermeture
d'une chapelle mili-
taire.
L'archevêque d'Auch, les évêques de Nevers,
Saint-Bricuc, Arras, Cabon, les vicaires capi-
tulaires du diocèse d'Annecy dont la siège
êpiscopal est vacant, ordonnent, à i'exemple du
cardinal Richard, des prières publiques pour la
24 mai. -
L'évêque de Mande écrit aux frères du Sacré-
Cœur que les cosgréganistes frappés peuvent
chercher un salut ailleurs que dans l'exil. Qu'ils
retournent à la vie séculière, qu'ils se fassent
instituteurs laïques.
Le briseurs de scefléé
M. Léon Costa de Beauregard et sa femme,
née Ravenaz, ayant brisé les scellés apposés st
l'école libre qu'ils avaient créée dans leur pro-
priélé de la Rivoire-en-Savoie, avaient été ac-
quittés par le tribunal et la cour d'appel de
Chambéry. Déférés, par la cour de cassation,
à la cour de Grenoble, ils ont été condamnés,
l'un à cinq jours de prison, l'autre à cinq cents
francs d'amende
M. Léon Costa de Beauregard, qui est le ne-
veu de l'académicien, purge en ce moment sa
peine à la prison de la Santé.
Le mouvement anticlérical
On nous communique l'ordre du jour sui-
vant :
Les membres de la Ligue anticléricale réunis la
jeudi 16 mai, après avoir entendu les explications
de divers camarades sur les menées des congréga-
tions, demandent que le gouvernement persévéra
dans, l'énergie qu'il a montrée en dénonçant: 1* le
Concordat; 21 En supprimant le budget des cultes
qui sous un régime de soi-disant liberté, oblige les
individus ne pratiquant aucune religion de payer
les dits ministres propagateurs du mensonge.
La section du 14" arrondissement de la' Ligue
internationale pour la défense du soldat nous
communique l'appel suivant :
Aux républicains, aux socialistes,
aux libres-penseurs,
Malgré les protestations de courageux citoyens &
Notre-Dame-de-Lorette et à 4uberviliiers, les clé-
ricaux veulent porter un nouveau défi aux répu-
blicains, en faisant parler le jésuite Albert dans
l'église Notre-Dame-de-Plaisance. Il serait intolé-
rable de laisser plus longtemps las partisans de
l'obscurantisme narguer impunément les lois de la
République.
Nous serons nombreux co soir à 8 h. 112 rue
Vercingétorix en dépit des menaces des Cassagnac.
des Drumont et des Goutange-Hodin.
A bas les jésuites ! - Les groupes républicains
du XIVe.
D'autre part le P.O.S.R., la Ligue pour la
défense du soldat ot les groupes libres-penseurs
prient tous les socialistes et libres-penseurs
de se trouver ce soir à 7 h. 1|2, 130, rue du
Château.
A la Ligue des Droits de l'Homme
La section de Clermont-Ferrand de la Ligue
des Droits de l'Homma et du Citoyen a adopté
les résolutions suivantes :
Considérant que les mesures de répression prises
jusqu'à ce jour contre les officiers qui, continuel-
lement et sur tous les points du territoire français
se livrent à des manifestations cléricales et réac-
tionnaires, sont totalement et même dérisoiroment
insuffisantes ;
Considérant que souvent même ces soi disantes
mesures do rigueur constituent pour les officiers
frappés plutôt une récompense qu'une punition,
tels sont notamment les déplacements avanta-
geux:
Attendu que pour replacer des émigrés dans les
cadres la Restauration n'a pas hésité à mettre
14,000 officiers on demi-solde, ces officiers ayant
gagné leurs grades sur les champs de bataille :
Attendu que la commission de revision des gra-
des, nommée par l'assemblée nationale, a rendu il
la vie civile ou remis sous officiers des officiers ai-
gnalés comme républicains qui avaient gagné leurs
grades en combattant pour la France.
Emet le veau :
1° Que les officiers se livrant à des menées clé.
ricales et réactionnaires ou signalés comme mani-
festant des sentiments d'hostilité pour les institu-
tions démocratiques du pays, soient mif d'office
en retraite ou envoyés en non activité par retrait
d'omploi, suivant qu'ils se trouvent avoir 30 ans
ou moins de 30 ans de services ;
2' Que les cadres d'officiers réduits au strict né-
cessaire de l'instruction ou temps de paix, les offi-
ciers signalés comme hostiles à nos institutions
soient mis en retraite avec pension entière ou
pension proportionnelle, suivant leur ancienneté
de service.
En ce qui concerne spécialement les inci-
dents survonus dans la région clermontoise,
la section a émis les vœux suivants :
to Que le lieutenant Véron soit rayé do la liste
des admis à l'Ecole de guerre ;
2' Quo les officiers supérieurs, que les fonction-
naires du ministère de la guerre, qui, à un litro
quelconque, soit par les notes qu'ils ont données à
cet officier indiscipliné, soit eu dissimulant l'acte
d'insubordination commis, ont contribue à entto
scandaleuse provocation, soient rigoureusement et
sévérement frappés.
D'autre part, considérant que los officiers
des deux régiments d'artillerie sont, en majo-
rité, cléricaux et réactionnaires et affectent au-
tant d'insolence pour le parti républicain quo
de mépris pour la République.
Considérant que ces deux régiments sont
commandés par des chefs compromis par leurs
menées cléricales -
Le colonel du 16e, de Ligondès, dans la ma-
nifestation antirépublicaine du cercle mili-
taire;
Le colonel du 36', de la Guillounière ; dans
les menées cléricales de Poitiers ;
Considérant qu'il résulte défaits prouvés, do
témoignagos certains, que les officiers do ces
deux régiments se sont entendus pour mettre
on quarantaine les officiers attaqués par la
presse cléricale ;
Considérant que le maintien de ces deux rfc
giments constitue un danger pour lo bon ordre
puble, la section émet le vœu :
t. Que les deux régiments d'artillerie (16. et 36*)
soient déplacés ;
S* Que les officiers compromis à un titre quel-
conque dans ces divers incidents soient sévèrement
frappés, mis d'office en rotraite ou envoyés eu nos
activité.
Dans les départements
Hautes-Pyrénées. — Le liquidateur des biens
des Pères de l'Immaculée Conception, accom-
pagné du juSe de paix de Lourdes, s'est pré-
senté au domicile des Pères de la grotte, tout
voisin de la basilique, pour procéder à l'appo-
sition des scellés. Ils furent reçus par le direc-
teur des « Chapelains du sanctuaire » — c'est
le nom que se sont donné les successeurs des
Pères — qui exhiba dés titres de propriétés,
desquels il résulterait que l'immeuble habité
par les Pères ne leur appartenait pas, qu'il fait
partie de la Mouse épiscopale el ne peut con-
séquemment être visé par la loi du 1er juillet
1901. Les Pères, a-t-il ajouté, n'ont voulu d'ail-
leurs ni éluder ni tourner la loi, car ils se sont
séparés bien avant l'expiration du délai qui
était imparti. Une instance ea référé a été aus-
sitôt introduite.
Meurthe-et-Moselle. — M. Locomte, juge
d'instruction de Nancy, a lancé seize mandats
d'amener contre les principaux manifestants
qui frappèrent les gendarmes de l'escorte do
procureur de la République quand ce deruiQI
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