Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-04-19
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 19 avril 1903 19 avril 1903
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
- eiNâ CENTIMES le Numéro:
PArtlS & OÊPÂfifÊMENTS
ILe TCtixxiéroT CINQ CENTIMES
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N° 12091. — Dimanche 19 Avril 1903
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NOS LEADERS
le MntnorMe è l'Eglise
-' La Vérité Française reproduit les li-
gnes d'appréciation que nous avions
consacrées à l'incident de N.-D. de Lo-
rette. Et elle «'écrie :
N'en déplaise au Rappel, M. l'abbé Dyver-
sais a proclamé k vrai mot d'ordre de VEglifë
en déclarant que tout prédicateur avait lé
droit cl le devoir de stigmatiser la franc-ma-
çonnerie condamnée par l'Eglise. -', ,;
La Vérité reste ébahie en présence dès
« prétentions des sectaires ». Quoi ! on
« obligerait les prédicateurs à respec-
ter la franc-maçonnerie M ? Ce serait
trop fort !
Le Rappel s'imagine-t-il, par hasard, que
jamais le clergé catholiquo voudra s'abaisser à
recevoir pareille consigne, dont l'acceptation
serait pour lui la trahison de ses devoirs et le
déshonneur.
Ainsi, le vrai mot d'ordre de l'Eglise
est de faire la guerre à la Franc-Ma-
çonnerie, et le clergé catholique trahi-
rait ses devoirs s'il n'obéissait à ce mot
d'ordre.
La question, que n'examine pas la
Vérité française, est de savoir si l'Etat
peut autoriser l'Eglise à proscrire une
catégorie de citoyens. C'est la Révo-
lution qui a proclamé la liberté de cons-
cience ; nous mentirions à nos tradi-
tions, si nous refusions à quiconque le
droit de pratiquer la religion qui lui
plaît.
Mais si l'un des dogmes d'une reli-
gion est contraire, précisément, à la
liberté de conscience, laisserons-nous
s'accomplir une violation des droits de
l'homme ? Non, évidemment. Il faudra
que la rigidité du dogme se brisa con-
tre l'inflexibilité de la loi. Autrement,
la tyrannie d'une caste de prêtres s'é-
tendrait sur la nation.
Tel est le problème qui se pose au-
jourd'hui. Nous ne prétendons point
empêcher les catholiques de prier, de
communier, de se confesser, de rece-
voir l'extrême-onction, ni de jouir du
Paradis après leur décès. Nous nous re-
gimbons quand ils nous disent: Non
seulement la religion ordonne aux
croyants d'aller à l'Eglise, mais elle
leur commande par dessus tout d'inter-
dire aux francs-maçons l'accès de leurs
loges.
Comme on l'a remarqué mille etmillo
fois, la liberté, aux yeux des catholi-
ques, est la licence d'opprimer les libres-
penseurs.
En nous entendant raisonner, la Vé-
rité française exulte :
« A vos yeux, nous dit-elle, la franc-
maçonnerie, c'est la République Quel
aveu de la vérité du jugement de feu
Mgr Gouthe-Soulard, quand le vaillant
archevêque d'Aix disait : Nous ne som-
mes pas en République, nous sommes
en franc-maçonnerie. »
Non, nous ne sommes pas « en franc-
maçonnerie ». Les cléricaux savent à
merveille qu'une très grande quantité
do démocrates négligent de suivre les
travaux des loges. Toutefois, même
parmi les « profanes » on trouverait
difficilement un républicain pour dé-
nier la grandeur du rôle historique de
la maçonnerie, ou l'excellence du sen-
timent laïque des francs-maçons.
En dehors de cette considération, les
démocrates ne reconnaîtraient à per-
sonne le droit de stigmatiser la « franc-
maçonnerie ». Cela pour ce motif suffi-
sant que l'injure et la diffamation sont
contraires aux lois, à l'ordre public et
aux bonnes mœurs.
Les curés et leurs amis négligent
d'ailleurs de réfléchir à un détail qui a
son importance : les édifices religieux
appartiennent à l'Etat, et sont simple-
ment prêtés aux ministres du culte. Si
les églises servaient dorénavant h des
réunions d'un caractère scandaleux et
séditieux, l'Etat ne saurait admettre
qu'on vînt le bafouer chez lui. Il en
viendrait donc, par la force des choses,
à l'extrémité fâcheuse de fermer les
monuments où les prêtres persiste-
raient à menacer l'ordre. -
Or la Vérité française affirme que
« jamais l'Eglise ne faillira à son droit
et à son devoir ». Soi-disant droit et
soi-disant devoir qui consistent à
pourchasser les républicains.
Il est à souhaiter pour l'Eglise quo
la presse cléricale traduise de façon
infidèle la pensée du clergé. Le clergé
a-t-il déclaré une guerre inlassable,
implacable, définitive, à l'ordre répu-
blicain ? Soyons assez sages pour en-
visager cette hypothèse plausible, et
pour étudier les sanctions qu'elle com-
porterait. Sur le terrain religieux
comme sur le terrain militaire, rien' ne
coûte si cher que la paix armée.
Si l'Eglise n'est pas dans la loi, elle
sera, naturellement, hors la loi. Elle se
sera mise elle-même dans cette dange-
reuse situation, et nous ne serons pas
responsables des malheurs qu'elle su-
bira.
Nous serons bientôt renseignés. Des
circulaires très nettes de M. Combes ont
indiqué au clergé comment devait, être
appliquée la loi sur les associations.
D'abord, les moines dépendant de con-
grégations non autorisées, ne devront
plus élever la voix dans les édifices du
culte. Dominicains, jésuites, et autres
prêcheurs n'auraient l'accès des chai-
res que grâce à la complicité Agi' ML
ques et des curés. Il conviendra donc de
demander un compte sévère au clergé
séculier de l'appui illégal qu'il prêterait
aux « réguliers N.
Suivant que la loi de juillet 1901 sera
observée 0ii non, nous saurons à -quoi
nous en tenir sur le .« véritable mot
d'ordre dé l'Eglise ». Dans le cas où ce.
mot d'ordre serait un cri de guerre, Ja
imtailie n'est pas pour déplaire au parti
républicain.
Hugues Destrem.
ç»'. ..J ! <» — — ï i
,; ,: H::" LE CAtnflE
Le voyage de M. Loubet,
l'absence de la plupart des mi-
nistres, le voyage imminent à
Paris du roi d'Angleterre, la
présence amicale et simultanée
devant Algerdesescadres russe,
anglaise, française, italienne,
des navires espagnols et portugais, toutes
ces circonstances indiquent avec évidence
une amélioration de la politique générale
européenne.
Cette situation est d'autant plus frap-
pante qu'elle coïncide avec deux faits qui,
il y a peu d'années, eussent suffi à tenir en
Europe tout le monde sur le qui vive : l'af-
faire de Macédoine et la révolte du Maroc.
A la façon dont Anglais, Russes, Français,
Italiens,-Espagnols et Portugais se promè-
nent de conserve, et délibérément, sans
préoccupation autre que celle d'échanger
des politesses, à deux pas de la frontière
marocaine, il est aisé de deviner que les
chancelleries sont arrivées à un -règlement
accepté par tous des deux ou trois grosses
questions qui peuvent se présenter inopi-
nément et prochainement.
Les inutiles criailleries des nationalistes,
à propos de la prochaine visite d'Edouard
VII, ne changeront rien, heureusement, à
cet état de choses : on est au calme.
C'est le moment pour les peuples de s'oc-
cuper activement de leurs questions inté-
rieures, de travailler aux réformes, de réa-
liser des économies, d'améliorer leurs lé-
gislations, de chercher les. remèdes aux
misères, de progresser, de faire un pas de
plus vers le bonheur. •
Là démocratie française ne sera pas la
dernière à recueillir le fruit d'une situation
si favorable. ,'
: -— — ♦ ■
DES JUGES 1
Quand la Chambre des députés aura statué
sur la"l'élormo des justices do paix, elle n'aura
fait que commencer son œuvre. Il lui l'eslera:
encore à accomplir la plus importante partie
de sa tâche, la transformation, l'organisation
sur de nouvelles bases de la magistrature toute
entière.
Nous demandons trois choses aux magis-
trats do la République : de la science, du tra-
vail, et des opinions républicaines. Or, il est
malheureusement certain qu'aujourd'hui il n'y
a que fort pou de magistrats instruits, labo-
rieux et républicains.
Nous J03 voulons instruits. Il suffit de se
renseigner auprès des magistrats compétents,
des avoués, des avocats, pour se convaincre
que les juges pour qui la science juridique n'a
point de secrets sont de rares exceptions. Et
cela se conçoit. Comment sonl-ils recrutés?
1° Parmi les avocats ayant un stago déterminé;
cela n'est point une garantie suffisante. Le
stage n'est souvent qu'une formalité platoni-
que. Il ne comporte aucune assiduité, aucune
ludo. Il est illusoire, il n'est point effectif.
2" Parmi les attachés de cabinet, et les fils à
papa qui gravilont autour des ministres ou
dos procureurs généraux ! Souvent ces postu-
lants n'ont jamais ouvert un dossier et ignorent
les actes les plus élémentaires do la procé-
dure.
Pour faire un bon magistral, il faut un
homma rompu aux affaires, connaissant la
théorie et la pratique, familier avec le Code,
ayant travaillé chez l'avoué, chez l'agréé, chez
le nolairo, un juriste enfin, dans toute l'accep-
tion du terme. Malheureusement tout cela de-
mande du temps et no s'improvise point, voilà
pourquoi il y a, dans les tribunaux ds pre-
mière instance, tant de nullités.
Les magistrats ignorants ont une excuse. Ils
disent : nous faisons notre npprentissngé, nous
no sommes pas payés, petit à petit, nous nous
instruirons. Quand l'Etat nous attribuera un
traitement qui en vaille la peine, nous aurons
plus d'expérience,et nous lui endonnerons pour
son argent. Et ce raisonnement est spécieux.
Il faut, on offet, que les juges ne soient point
rémunérés d'une façon ridicule. Pour obtenir
une position, à la fois honoriGque et lucrative,
ils travailleront mieux, plus longtemps et ne
regretteront pas les moments qu'ils s'imagi-
nent perdro aujourd'hui dans les études des
hommes d'affaires.
Comment les payer davantage ? En en di-
minuant lo nombre, et en exigeant d'eux une
assiduité à laquelle ils ne sont pas accoutumés.
Il est à remarquer quo, plus les fonctionnaires
sont nombreux dans une administration quel-
conque, moins leur niveau intellectuel est
élevé.
En réduisant te nombre des magistrats, on
ne conservera qu'une élite.
Nous voulons que les juges travaillent. Au-
jourd'hui la profession de magistrat est pour
beaucoup une sinécure. Les audiences de pro-
vince sont rares, deux ou trois par semaine,
le président fait presque à lui tout seul la be-
sogne. A Paris, les juges du tribunal do la
Seine sont tenus de siéger quatre jours sur
sept, de.midi et demi à quatre heures, avec une
demi-heure de suspension. Pour le plus grand
nombre, la besogne consiste à être présent et à
écoulor d'une oreille distraito les plaidoiries
des avocats. Je ne vais pas jusqu'à demander
pour eux la journée do huit heures. Mais si
l'on réduit le personnel des tribunaux, il au-
ront forcément plus à faire. Comme on les
paiera davantage, ils ne le regretteront pas. Et
comme ils seront plus compétents, le travail
quotidien les intéressera. Tout le monde y ga-
gnera.
1 Nous voulons enfin des magistrats républi-
cains. et je n'ai pas, je le suppose, à exposer
les raisons de cette exigence. - L. Arm-
bruster.
LE PARTAGE DE LA BOLIVIE
[De notre correspondant particulier
Buenos-Aires, 17 avril.
La Prensa dénonce ce fait quo le Brésil et le
Chili auraient conclu un traité secrot pour le
partage de la Bolivie. En même temps on ap- -
prend qua l'amiral Alexandrino de Abucar,
chef de la division du Nord de kl marine brési-
lienne, a insisté §ur la nécessité de refaire tout
matériel. Lors de la dernière démonstration
navale, le vaisseau de guerre Floriano et le
chasseur-torpilleur Tumi étaient presque Jwrs
-Q étald IW\Uti T.. - -
FMTEUiLS
1ICHDÊMIQUES
Deux vacances : Gaston Fâris et Le-
gouvé. — Les candidats : Frédéric
Masson, Marcel Prévost. — La
décadence littéraire. — M.
Camille Lemonnier.
On sait que récemment, dans l'espace de
Quelques jours à peine, l'Académie Française,
dont, par hasard, les cadres se trouvaient de-
puis peu au complet, a été soudain privée de
deux de ses membres et, dès jeudi, comme
nous l'avons dit hier, l'Académie s'est préoc-
cupée. des successeurs.
Le premier disparu, Gaston Paris, s'était ac-
quis une réputation universelle d'érudition
ppur ce qu'il possédait à fond lo secret des
langues romanes et des parchemins du moyen-
âge. Arbitre reconnúdo toutes les contesta-
tions nées au sujet de l'interprétation des
vieux textes, il a laissé en Sorbonne et au
Collège de France dont il était administrateur
d'unanimes regrets. On ne retrouve pas du -
jour au lendemain dos dictionnaires vivants
dont la consultation est de tout repos pour les
apprentis paléographes et les futurs agrégés
des lettres.
Lo second, aimable vestige d'un siècle nais-
sant ou à peu près, avait coaservé une verdeur
légendaire quo sos quatre-vingt-dix-sept -ans
accomplis no trahissaient point, et la mort fut
pour lui, j'imagine. plutôt une surprise agréa- i
blo et reposante quJun mauvais quart d'heure i
à passer. Ernest Legouvé devait peut-être j
cette longévité à son culte respectueux des tra- j
ditions. On a beaucoup parlé, on effet, du bail
emphythéotique qu'il semblait avoir contracté
dans l'immeuble do la ruo Saint-Marc où il
élaHné et qu'il ne se résolut à quitter que les
pieds devant, à l'heure fixée par l'inflexible
destin. Et, sans faire injure au talent honnête
de l'auteur dramatiquo dont la Comédie-Fran-
çaise inscrivit la pièce Adrienne Lecouvrcur à
son répertoire, on peut dire que cet écrivain
attira l'attention contemporaine surtout par la
prestigieuse sveltesse qu'il déployait.à l'âge où
nul d'entre nous n'a la prétention de parvenir
autrement que sous l'aspect d'un spectre dé-
charné, épave oubliée par la mort.
Bien sûr, Logouvé dut jouir en son temps,
c'est-à-dire à l'époque de son élection parmi
les quarante, d'une réputation justifiée d'écri-
vain élégant et disert, d'une sorte de précur-
seur d'un féminisme de bon ton, auquel l'His-
toire morale des femmes, Nos filles et nos fils.
furent de précieux adjuvants. Mais, depuis ce
temps, un demi-siècle s'est écoulé el les idées;
de l'autour, moins privilégiées que lui-même,
ont eu le temps de vieillir et dèle précéder au
tombeau de l'oubli.
L'histoire de deux fauteuils
A reprendre, on remontant jusqu'à la fon-
dation par Richelieu, en iM5, de cette docte
compagnie, dépositaire des traditions do notre
belle langue française, à reprendre dis-je la
série, des écrivains qui se succédèrent respecti-
vement dans chaçun des quarante sièges con-
cosseurs do l'immortalité, on éprouve quel-
ques surprises.
Tel fauteuil semble être prédestiné à l'hon-
neur de ne posséder que des penseurs d'élite,
des écrivains glorieux, dont notre histoire lit-
téraire transmet le renom mérité à travers les
générationa.
Tel au contraire, trop bien rembourré sans
doute, n'a été dévolu qu'à la médiocrité. Peut-
être est-ce une aberration provenue d'une fa-
çon d'envisager aujourd'hui les hommes et les
idées différentes du jugement d'autrefois. Ton-
jours est-il que si le fauteuil dont Gaston Pa-
ris était le quatorzième occupant depuis la fon-
dation, fut le témoin des pensées, des tra-
vaux et des sommeils successifs du poèto Tris-
tan l'Hermite, du duc de Saint-Aignan, de
l'abbé de Choisy, de Marmontet, le célèbre
auteur des Contes moraux, do Fontanes, de
Villemain, dont les Tableaux de la littéra-
ture sous les pères de l'Eglise et au 1G- siècle
sont demeurés des modèles d'érudition et do
goût esthétique, du grand positiviste Littré, et
enfin du bienfaiteur humanitaire que fut Louis
Pasteur, le fauteuil de Legouvé, lui, fut plus
modesle dans ses attributions et no connut de
contact glorieux que celui du philosophe de Bo-
nald dont Barbey d'Aurevilly retraça de sa
plume nerveuse les conceptions politiques et.
la philosophie rétrograde. 11 est vrai que dix
personnes s'y vinrent seulement roposer de
leurs dignes mais fastidieux travaux littérai-
res ou autres avant M. Legouvé, et que le stage
mi séculaire do celui-ci immobilisa sérieuso-
ment ce siège académique.
Dès lors, qui va-t-on mettre en avant pour
combler ces deux vacances ? Il s'agit de rem-
placer un érudit et un littérateur banal et ro-
coco. L'auguste et respectable compagnie, fi.
dèle à ses rites usités, élira-t-olle un érudit
d'une part, et,de l'autre, un aimable polygra-
pho ? C'est assoz vraisemblable.
Candidatures probables
On annonce officiellement la candidature de
M. Frédéric Masson, que ses nombreux tra-
vaux sur l'histoire ou plutôt à côté do l'histoire
de Napoléon ont contribué à faire connaître.
Très appuyé dans le clan aristocratique, M.
Frédéric Masson a beaucoup da chances de
réussir, surtout s'il n'a pour concurrents que
des postulants perpétuels.
Mais pourquoi no songerait on pas à grati-
fier de l'habit aux palmes vertes un philolo-
gue aussi vorsé dans la connaissance des tex-
tes que l'est M. Havet, un dénicheur de trou-
vailles historiques tel quo M. Soignobos, un
aussi précieux initié aux secrets des vieux
parchemins et dos capitulaires que M. Auguste
Loognon, dont l'édition de François Villon,
notamment, publiée par ses soins, possède uno
introduction historique et un glossaire qui
sont des merveilles d'utile érudition ?
Voilà pour le fauteuil de M. Gaston Paris.
Quant à l'autre, les compétitions menacent do
sévir à son sujet. On a bien prononcé le nom
do M. Marcel Prévost, dont l'élection permet-
trait de gagner un siège aux romanciers; l'au-
tour de Chonchette, cette ravissante bluette que
n'ont surpassée ni les Demi-Vierges, ni Léa, ni
Frédérique, ni même les Lettres à Francoise,
en dépit des qualités propres à ces livres d'une
lecture agréable et facile, excipera-t-il, en ee
moment du moins, du ton d'austérité exigé
par la maison conservatrice officielle des hypo-
thèques légales de la vertu française?
On a parlé aussi de M. Abel Hcrmant, son
brillant prédécesseur à la présidence de la So-
ciété dos Gens de Lettres, et d'autres ont évoqué
le nom de M. Maurice Donnay, l'heureux au-
teur de Lysislrata d'Amants et do VAutre Dan-
ger, dont les procédés dramatiques, après avoir,
pour ainsi diro, révolutionné les traditions de
la maison de Molière par leur complexité ma-
ladive et leur sensualisme morbide, reflet du
temps présent, no sauraient tarder, de ce pas,
à conquérir un brevet de consécration sous la
coupole.
CO',Ipo~~e. Les Belges à l'Académie
A côté de cos candidatures déjà estompées
dans les salons en vogue, je me permettrai d'en
proposer une qui, pour invraisemblable qu'elle
puisso paraître, aurait du moins sa significa-
tion très nette et très bienfaisante pour la litté-
rature. Je veux parler de M. Camille Lemon-
nier, qui, en pleine activité, en pleine produc-
..UgÜ re.cQiL ¿H)jourd'4L copsécra-.
lion de ses compatriotes et la nôtre, à l'occa-
sion de -son cinquantième volume, le Petit:
Homme de Dieu, qui ne le cède en rien pour la
richesso de coloris et de style aux pages les
plus vibrantes de la Fin des Bourgeois, de Thi-
ree Monique, aux évocations idéales et natu-,
ristes d'Adam et Eve, du Bon Amour et DM
Sang et des Roses: M. Camille Lemonnier - est
Belge par sa naissance, mais son art est d'une
virilité et d'une -saine robustesse dont la Bote
disparait, hélas ! chez nos romanciers actuels,
observateurs trop sincères du vice qui noua'
gangrène. "",
Réagissant d'un souffle purificateur conl.re
ces tendances, M. Camille Lemonnier honore
à la fois sa patrie et la nôtre, et, comme au
titre littéraire, aussi bien qu'à tant d'autros-
d'égale noblesse, ces deux patries ne sont
qu'une, l'Académie tout en rendant service
à la littérature, inaugurerait un. glorieux pré-
cédent en réservant une place à l'un de ces
écrivains d'outre frontière, dont la noble pha-
lange où comptent tes Verhaeren et les Master-
linek, s'efforce par ses œuvres de reviger Ra.
tre belle langue ffançaise..
ALCANTER de Brahm.
Voir à la. 31 page
les Dernières Dépêches
de la nuit, et
la Revue des Journaux
du maatila.
LA RELIGION IGNOBLE
Un lecteur du Rappel veut bien me commu-
niquer un petit imprimé. distribué. paraît-il,
en ce moment, à des milliers d'exemplaires, et
qqi porte un litre significatif: « Reveuez à la
messe, a
Cela est revêtu, en guise de signature, de
cette adresse : Paris. — L:hrairio de Jésus ;
plus cette mention : « avec permission de l'Or-
dinaire ». Quel ordinaire? En fait d'ordinaire,
je ne connais guère que la soupe et le boeuf ; il
n'importe, passons.
Ce factum quo je touche du bout des doigts,
a pour effet d'exhorter les gens à assister, le
dimanche,à la messe; mais enquols termes elle
est conçue, cette exhortations!
Lisez ceci :
« C'est à la messe que se trouve Jésus, c'est
à la messe qu'il nous donne les grâces dont nous
avons besoin. »
Les grâces ?. Attendez, le papier pieux va
être entièrement, cyniquement explicite.
Il continue.ainsi :
« N'avez-vous donc point besoin des grâces
de Dieu ? Vous en avez grand besoin, vous ie
savez bien, pour vous, pour votre famille,
POUR LE SUCCÈS DE VOS AFFAIRES. »
C'est sufifsamment net, n'est ce pas? Mais
lisez encore :
« Allez à la measedImancheprOChain, CrOyeZ-
moi; VOUS DEMANDEREZ ET VOUS RECEVREZ. JéSUS
n'a-t-il pas dit : Tout ce que vous demandera
en mon nom vous sera accorde ? »
Est-il possible, jo lo demande, de mettre plus
bas que ne le (cuL les religieux auteurs de l'o-
puscule on question, l'idée même de religion?
Parlez maintenant de foi, do croyance; al-
lons-donc l il s'agit bien de ça! Commo je le
disais, l'autre jour, à propos de ceux de tala.
(nverlo. il faut quo la religion rapporte. Le
tout est de placer avantageusement ses aumô-
nes et ses prières. Voici les prêtres ravalés au
rang de ces racoleurs qui, autrefois, sur le
Pont-Neuf, embauchaient, à l'aido de fallacieu-
ses promesses, les naïfs, pour le servico du roi.
Aisément, on pourrait trouverune comparai-
son encore moins honorable. Les VOytYL-VOUS,
au seuil des églises, appelant, avec des souri-
res, les passants : — Dis donc, beau blond,
viens prier ici ; tu verras, Jésus sera tout plein
gentil ; il te donnera tout co que lu lui deman-
deras. » — Et le passant so gratte la tête. Ira-
l-il à la messe ? Le jeu en vaut-il la chandelle?
Mais, comme dit le factum sorti des presses de
l'imprimerie do Jésus, on a toujours besoin de
quelque chose. C'est une affaire à terminer, un
procès à gagner, que sais-je?. Marché conclu,
j'irai à la messe, et loi, bon Dieu, tu me paye-
ra3 en bonne monnaie, sonnante et trébu-
chante ; sans quoi rien de fait; les affaires sont
les affaires.
Peut-on imaginer rien de plus démoralisant,
de plus avilissant que cette roligion tournée à
l'ignoble ? — L. Y.-M.
La vérité sur l'explosion de Canton
(De notre correspondant particulierl
Shanghai, 17 avril.
L'enquête officielle a établi que la récenta
explosion de l'arsenal de Canton est due à la
tnalveillance des fonctionnaires, qui ont voulu
effacor les traces de leurs nombreux détourne-
ments. Ces fonctionnaires vendaient des muni-
tions aux rebelles du Sud.
GUILLAUME Il A ROME
CD6 notre, correspondant particulierj
Berlin, 17 avril.
Le chancelier M. de Bulow rentrera à Berlin
la semaine prochaine. Il doit accompagner
l'empereur dans son voyage à Rome.
LES REGIMENTS CHINOIS DE LA RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 17 avril.
Le ministre de la guerre a créé 9 régiments
de tirailleurs chinois, qui serviront de troupes
auxiliaires aux garnisons russes de Mand-
chourie.
•— »
PERSÉCUTION DES POLONAIS EN PRUSSE
(De notre correspondant particulierl
Berlin, 17 avril.
Le parquet de Posen a ordonné des poursui-
tes contre M. de Koscielski, membre de la
Chambre dos seigneurs prussienne, el le député
Slychel, sous l'inculpation d'avoir favorisé la
fuJLe do plusieurs condamnés dans l'affaire de
Wreschcn.
-.; 1,1 -
, , EN TURQUIE
* Constantinople, 17 avril.
La commission financière a accepté le projet
d'unification de la Dette. Ce rapport signé sera
présenté dimanche au conseil des ministres.
SOLDATESQUE ALLEMANDE
Scènes scandaleuses à Metz
On mande de Metz:
Les rixes sanglantes entre soldats et entre
soldats et civils ont été très fréquentes pendant
les fûtes do Pâques. A Sarrebourg, à Hayange.
plusieurs soldats se sont grièvement blosaés dans
des cabarets qu'ils ont saccagés. A Metz, des
sous officiers du fort Manteuffel ont attaqué sur
la roule de Malroy d'honorables bourgeois de
Metze les ont cruellement malmenés,
Jiaeieur viiMt dq-uqr ',j,
LE VOYAGE
PRESIDENTIEL
DANS LE DÉPARTEMENT D'ORAN
- -'.
Voyage de nuit. — Le feu au wagon
des journalistes. — La réception &
.Sain t-Denie-d u --Sig - -A la gare ¡
d'Oran.—Chaleureuxaccueil» !
':- -' Les «pioupibus trAù,:t - )
:' gne ». r- La réception -
,' à la Préfecture.
-Déj'eunèr in- -'
time.
{De notre envoyé spècialj
Oran, 17 avril
À la chaleur des^deux demiars jonrs, a suc-
cédé une douce fraîcheur, le ciel est légère-
ment courert.
La Compagnie P. L. M. avait réussi à consti-
tuer, avec le pou d'éléments dont elle dispose,
un imin suffisamment confortable.
UJI petit incident — qui a quelque peu gêné
les journalistes — s'est produit dans la nuit.
Une boîte à huile de l'une des roues du wagon
réservé à la presse s'est échauffée, et l'intérieur
du wagon fut bientôt envahi par une épaisse
fumée. L'essieu s'échauffait peu à peu et me-
naçait de mettre le feu au wagon.
On stoppa et le personnel dutrain essaya
avec de l'eau d'éteindre io comœenceme-Atd:i-n-
cendie; mais il n'y parvint que pour peu de
temps car, il Orléansvilie, le même accident se
reproduisit. Force fut aux iouroalistes, pour
-éviter une complication plus sérieuse, d'aban-
donner leur wagon. Un wagon ordinaire en
réserve à Orléansvilie fut substitué à celui-ci.
Ce contretemps a provoqué un retard d'une
demi-heure dans l'horaire du train présiden-
tiel.
Les nécessités du service obligent lo train à
s'arrêter onze fois avant l'arrivée à Saint-Denis-
du-Sig.
La voie depuis Aljjer jusqu'à Oran est sur-
veillée par des spahis et des indigènes qui ont
passé la nuit à la Lelle étoile.
Jusqu'à Relizane, la région traversée man-
que de pittoresque, le pays est plat et nu, les
arbres sont rares ; on remarque peu de zul.
lure, sauf des vignes. Mais à partir de Reli-
zane, on retrouve de ia verdure. La végétation
souffre, il est vrai, de l'extrême sécheresse qui
sévit depuis plusieurs mois dans toute l'Algé-
rie et qui n'est pas sans inspirer de sérieuses
inquiétudes pour l'avenir.
Aux abords des douars se pressent les indi-
gènes qui silencieusement regardent passer le
train présidentiel.
A Saint-Denis-du-Sig
Le train présidentiel arrive à 8 h. 10 à Saint-
Denis-du Sig.
On entend la Marseillaise. et les indigènes
en apercevant le Président, lui font une chaude
ovation ; M. de Malherbe. préfet d'Oran,
souhaite la bienvenue au chef de l'Etat.
Aussitôt après, M. Loubot. accompagné par.
MM. Fallières, président du Sénat ; les minis-
-t-l'eS,tes -sénaleurs et députés d'Algérie, se rend
sur la place de la gare. Les colons et les in-
digènes l'accueillent par de chaleureuses accla-
mations.
Lo maire, M Lamur, le remercie d'avoir
bien voulu consacrer quelques instants à la
population du Sig qui considère la visite du
chef de l'Etat comme la récompense de leur
profond amour pour la France et pour la Ré-
publique.
M. Loubet répond qu'il aurait désiré rester
plus longtemps au milieu des colons du Sig. Il
sait, par les récits d'un de ses parents qui y a
résidé autrefois, quel est tour dévouement à la
mère-patrie et l'ardeur qu'ils déploient chaquo
jour. Ils honorent Ja France en faisant de l'Al-
gérie une seconde France.
M. Loubet remet les palmes académiques au
maire, s'entretient avec loi colons et va dans
l'une des salles de la gare, où une collation est
préparée.
A 8 h. 55, le train présidentiel repart dans la
direction d'Oran. «
L'arrivée à Oran
A 10 h. et quart, le train présidentiel entre
on gare d'Oran.
A sa descente du train, M. Loubet est reçu
par le maire, M. Gober!, qui lui souhaite la
bienvenue. Sur le quai do la gare, lo Prési-
dent remet la croix de chevalier de la Légion
d'honneur à M. Robert, chef d'exploitation de
la Compagnie P,- L.-M. et des médailles d'hon-
neur à un certain nombre d'employé? que lui
présentent M. Dervillé, président du conseil
d'administration, et M. Noblemaire, directeur.
Puis lo cortège se forme.
Le Président de la République est précédé
d'un détachement du 6e chasseurs et suivi par
un détachement d'Arabes aux riches costumes
et montant des chevaux de prix. Les Arabes
portent, les uns le drapeau national, dans le
blanc duquel une inscription indique le nom
du dcuar dont ils font partie, les autres des
étendards multicolores à la hampe surmontée
du croissant. Les honneurs sont rendus par le
6* chasseurs, le 21* bataillon d'artillerie et des
zouaves. La distance qui sépare la gare do la
préfecture est de plus de trois kilomètres. La
foule, peu nombreuse autour do la gare et dans
le faubourg est, au contraire, extrêmement
dense à t'entrée de la ville. Elle acclame avec
chaleur le chef de l'Etat.
Le Président passe, place d'Armes, sous un
bol arc de triomphe sur lequel on lit ces mots :
« La cité républicaine d'Oran à M. Loubel, Pré-
sident de la République. »
La population Israélite est presque entière-
ment massée à l'entrée de la rua des Jardins,
qu'elle habite plus spécialement. Dans la ville,
à l'angle de chaque rue, des chœurs chantent
la Marseillaise ; des musiques jouent l'ùymno
national; la musique arabe, la Nouba, fait
entendre près do la préfecture sos sons aigra-
lols.
A 10 h. 45, lo Président arrive à la préfec-
ture, où vout commencer les réceptions ofti-
cielles.
Devant la préfecture, une musique indigène
joue sur des fifres les l'ioupious d'Auvergne.
Les réceptions
Les réceptions officielles commencent aus-
sitôt
C'est d'abord le corps consulaire, présenté
par le consul d'Espagne.
M. Loubet fait des vœux pour qu'ils accom-
plissent avec le plus grand succès leur mission
dans la ville hospitalière d'Oran.
Puis le président du conseil général souhaite
la bienvenue au Président, au nom de ses col-
lègues; le maire,, M. Gobert, présente ensuite
le conseil municipal.
Il assure le Président do la République que
la population d'Oran est ardemment républi-
caine et aime passionnément la France.
M. Loubet répond :
Jo suis très touché de l'accueil que la population
d'Oran a fait au président do la République. Elle
a voulu ainsi témoigner de son attachement pro-
fond aux institutions républicaines et de son dé-
vouement à la mère patrie.
Le conseil municipal développera encore ces
santimciits en se dévouant à la bonne administra.
tion do la ville -et en faisant aimer un régime qui
nous assurera, après quelques tempêtes, sans
doute, le calmo, l'union et la concorde pendant do
longues années.
v L'élue ÇftuÇel jRrèsentQ, le .clerM.I buis le
président du Consistoire protestant vient à son
tour saluer M. Loubet, le président du Con-
sistoire israëlite lui succède, il termine aiasl
son alloeulion : --,'
Non seulement nos coreligionnaires algériens
sont patriotes, Us ont aussi portés "ers les idées
du progrès et de la civilisation. Du reste, te temps,
qui fait Ce que a» peut faire la plus grande des
i&tefliff«n4es, ülIlÕnrrcia combien ils méritent fo
beau titre de Fraaçais. -
M. Loubet répond :
Vous avez eu raison de rappeler le devoir de
reeoflimissanee" contracté fjar vos cOfefigionnaina
eavers ta France. Soyez assuré que, de son côté.
le gouTenMBMBt républicain s'efforcera, sans se
lasser, de mottre eu pratique les principes de la
Déclaration des droits de l'homme, que vous V6-
nez justement de rappeler.
Le chef m~ présente à la tète du elerg £
musulman, mais il ne peut prmwfflr le d:
cours préparé. Il se borne à s'incliner devant
M. Loubet, là main sur la poitrine. *,
Les décorations ,,,-
Au cornu des réceptions, les décorations
suivantes ont été décernées : i
Offieiar de la Légion d'honneur, AI. GiraudL
président de la ebambre de commerce, et cheva-
liers MM. Patrimonio, président du tribunal civil;
Duzan, maire d'Arzew; ilouari, adjudant indigène;
Si Bou Alia, uid, ",
Le déjeuner
Un déjeuner intime a été snrvi à la prél.
turc. Aucun toast n'a été porté. Après le re-
'pas, le Président de la République s'est reposé
jusqu'à 3 heures.
AUTOUR OU VOYAGE
Alger, 17 avril.
Avant de quitter Alger, M. Loubet a remis
la somme de 1.000 francs au bureau do bien*
faisance.
Les navires français Galilée, Pothuau, la-
touche- Tréville ; les navires russes Bajan, Ni-
colas-Premier, Krabry ; les uavires anglais
Prince-George, Jupiter, Murs, Magnificent ot le
navire espagnol Pelayo ont quitté ce matin le
port d'Alger.
Tunis, 17 avril.
M. Mougeot, ministre de l'agriculture, est
arrivé ce matin, à huit heures, par le paquebot
de la Compaguie Touache, venant de Mar-
seille.
Washington, 17 avril.
L'escadre américaine a reçu l'ordre de se
rendre de Villefranche à Marseille pour pren-
dre part aux démonstrations en l'honneur du
Président Loubet à son retour d'Algérie. 1.
(Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITION
———— ♦
OANS LE IT ARRONDISSEMENT
Il parait que le nationalisme so désagrège,
comme partout ailleurs, dans le quartier de la
Plaine-Monceau. Nous avons parlé de l'affiche
que, il y a quelques jours, un groupe d'élec-
teurs faisait apposer sur les murs de la cir-
conscription. Les protestataire?, lui s'êlevèrent
contre le cumul des deux mandats par M. Pu-
gliesi-Conli, étaient, nous affirme-t on, tout
simplement des nationalistes mécontents, qui
se refusent à reconnaîlre au député-conseiller
le don d'ubiquité. M. Pugliesi-Conti a répondu
par une belle affiche verte, couleur d'espé-
rance, mais il ne parle pas de démission et con.-
serve ses deux maudats.
Les nationalistes de la Plaine rient jaune;
certains commencent même à se fâcher. Il pa-
raît que plusieurs comités étaient déjà formép
afin de soutenir des candidatures nationalo-
eléricalcs, et voilà que l'cntêtement de M. Pu-
gliesi-Conti les oblige à rengainer leurs com-
pliments. Tout ce monda avait fait provision
de bave pour en arroser ses affiches; on allait
encore pouvoir taper sur ce « sale gouverne-
ment». Mais rien de tout cela n'est possible,
il faut se taire; il n'y a pas de démission et,
par cela même, pas de candidature. Décidé-
ment M. Pugliesi-Conti est bien ennuyeux; le
malheur est que c'ost un ancien ami qui agit
ainsi et qu'il n'est pas possible de trop crior.
Un caudidat, M. Antoine Vanucci, directeur
politique de l'Appel au Peuple, journal répu-
blicain plébiscitaire de Paris, avait déjà fait
distribuer nombre de petites brochures, dont
un exemplaire — fort amusant — daté du 1S
mars 1903, est entre nos mains. Un second
candidat nationaliste, directeur d'un journal
du soir, était tout prêt, à entrer en lutte. Il pa-
raît même qu'un troisième comité était tout
organisé, pour soutenir un candidat de l'union
libéràlc, qui se serait présenté sous les auspi-
ces de M. Piou.
Que de compétitions ! La sucession de M.
Pugliusi-Conli est ardemment convoitée ! Cer-
tains amis du député-conseiller lui en veulent
sérieusement, nous affirme-t-on, do mettre,par
son entêtement, une barrière à leur ambition.
Les républicains de la Plaine comptent les
points et constatent que, chez eux, -commo
ailleurs, le bateau nationaliste craque de ton-
tes parts, que ce n'est déjà plus qu'une malheu-
reuse épave. - Will Daroillé.
4>
LE CONGRÈS DES PROFESSEURS
DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
Les congrès des Professeurs de l'Enseigne-
ment secondaire, qui s'est ouvert hier à Paris,
dans une des salles de la Faculté de Droit, a
discuté une très importante question, celle qui
a trait à l'union des professeurs et des insti-
tuteurs.
Malgré l'expérience do ces dernières années,
l'intervention dos membres de l'enseignement
secondaire dans l'œuvre post scolaire, nombre
d'insliluleurs restent persuadés que les profes-
seurs des lycées et collèges n'ont pour eux que
le plus profond dédain
J'aurais voulu que ces instituteurs pussent
entendre en quels termes parlaient d'eux les
membres les plus autorisés do l'enseignement
secondaire; il y avait là des professeurs dis-'
tingués dont le nom fait autorité dans le monde
littéraire et pédagogique. Tous déploraient
qu'une barrière pût encore exister entre secon-
daires et primaires, et tous ont mis Id plus
louable bonne volonté à trouver un terrain
d'union, un moyen d'entente.
Un vœu a été émis, à savoir qu'un congrès
mixte pût avoir lieu, dans lequel professeurs et
instituteurs discuteraient sur des des questions
pouvant les intéresser les uns et les autres. Ca
vœu sera transmis au congrès des Amicales,
de Marseille, qui décidera s'il désire l'entente,
l'union avec l'enseignement secondaire.
Ce vœu, question do principe, a été adoplé
à l'unanimité des congressistes présents : c'est
dire l'intention manifeste qu'ils ont tous do se
rapprocher des instituteurs. Uno lisle des
questions importantes qui peuvent intéresser lès
deux ordres a été établie en vue d'une étude et
d'une discussion au congrès mixte. -
On ne peut que souhaiter, en présancs du
désir des professeurs de l'enseignement secon-
daire de se rapprocher des instituteurs, de
voir ces derniers no pas refuser la main qui
leur est tendue ; ol l'union si ardominent dési-
rée sera enfin réalisée, pour le plus grand bien
de la démocratie française. — R. Valette.
Les travaux du congrès
M. Ludovic Durand, du lycée Louis-ts..
Grand, président de la commission prépara-:
loire, a présidé la première séance, Io bureau
a été ainsi constitué :
Prés. ; M. Clairiu IJLfluis-ie-Graudi ; vice-iiréa.xi
PArtlS & OÊPÂfifÊMENTS
ILe TCtixxiéroT CINQ CENTIMES
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JCURNAL
14, rue du Mail, Paris.
chez MM. LAGRANGE, CERF ât ©•
6, place de la Bourse, 6,
Adresse Télégraphique : XIXo SIÈCLE — PARIS
ABONNEMENTS
t'aris Tmsatii 6f. Siiasij 11 fi Ca sa 20 fé
Départements — 7f. - 12f. - 24 fc
Union Postale — 9 r. 16 f. — 32 tf
Les Abonnements sont reçus sans hait
dans tc vft les Bureaux de Posté
RÉDACTION : 14, rue du Mail, Paris
fte 4 à 8 heures du soir et de 40 heures du soir à 1 heure du-matin
N° 12091. — Dimanche 19 Avril 1903
30 IGERAUMAI, AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
NOS LEADERS
le MntnorMe è l'Eglise
-' La Vérité Française reproduit les li-
gnes d'appréciation que nous avions
consacrées à l'incident de N.-D. de Lo-
rette. Et elle «'écrie :
N'en déplaise au Rappel, M. l'abbé Dyver-
sais a proclamé k vrai mot d'ordre de VEglifë
en déclarant que tout prédicateur avait lé
droit cl le devoir de stigmatiser la franc-ma-
çonnerie condamnée par l'Eglise. -', ,;
La Vérité reste ébahie en présence dès
« prétentions des sectaires ». Quoi ! on
« obligerait les prédicateurs à respec-
ter la franc-maçonnerie M ? Ce serait
trop fort !
Le Rappel s'imagine-t-il, par hasard, que
jamais le clergé catholiquo voudra s'abaisser à
recevoir pareille consigne, dont l'acceptation
serait pour lui la trahison de ses devoirs et le
déshonneur.
Ainsi, le vrai mot d'ordre de l'Eglise
est de faire la guerre à la Franc-Ma-
çonnerie, et le clergé catholique trahi-
rait ses devoirs s'il n'obéissait à ce mot
d'ordre.
La question, que n'examine pas la
Vérité française, est de savoir si l'Etat
peut autoriser l'Eglise à proscrire une
catégorie de citoyens. C'est la Révo-
lution qui a proclamé la liberté de cons-
cience ; nous mentirions à nos tradi-
tions, si nous refusions à quiconque le
droit de pratiquer la religion qui lui
plaît.
Mais si l'un des dogmes d'une reli-
gion est contraire, précisément, à la
liberté de conscience, laisserons-nous
s'accomplir une violation des droits de
l'homme ? Non, évidemment. Il faudra
que la rigidité du dogme se brisa con-
tre l'inflexibilité de la loi. Autrement,
la tyrannie d'une caste de prêtres s'é-
tendrait sur la nation.
Tel est le problème qui se pose au-
jourd'hui. Nous ne prétendons point
empêcher les catholiques de prier, de
communier, de se confesser, de rece-
voir l'extrême-onction, ni de jouir du
Paradis après leur décès. Nous nous re-
gimbons quand ils nous disent: Non
seulement la religion ordonne aux
croyants d'aller à l'Eglise, mais elle
leur commande par dessus tout d'inter-
dire aux francs-maçons l'accès de leurs
loges.
Comme on l'a remarqué mille etmillo
fois, la liberté, aux yeux des catholi-
ques, est la licence d'opprimer les libres-
penseurs.
En nous entendant raisonner, la Vé-
rité française exulte :
« A vos yeux, nous dit-elle, la franc-
maçonnerie, c'est la République Quel
aveu de la vérité du jugement de feu
Mgr Gouthe-Soulard, quand le vaillant
archevêque d'Aix disait : Nous ne som-
mes pas en République, nous sommes
en franc-maçonnerie. »
Non, nous ne sommes pas « en franc-
maçonnerie ». Les cléricaux savent à
merveille qu'une très grande quantité
do démocrates négligent de suivre les
travaux des loges. Toutefois, même
parmi les « profanes » on trouverait
difficilement un républicain pour dé-
nier la grandeur du rôle historique de
la maçonnerie, ou l'excellence du sen-
timent laïque des francs-maçons.
En dehors de cette considération, les
démocrates ne reconnaîtraient à per-
sonne le droit de stigmatiser la « franc-
maçonnerie ». Cela pour ce motif suffi-
sant que l'injure et la diffamation sont
contraires aux lois, à l'ordre public et
aux bonnes mœurs.
Les curés et leurs amis négligent
d'ailleurs de réfléchir à un détail qui a
son importance : les édifices religieux
appartiennent à l'Etat, et sont simple-
ment prêtés aux ministres du culte. Si
les églises servaient dorénavant h des
réunions d'un caractère scandaleux et
séditieux, l'Etat ne saurait admettre
qu'on vînt le bafouer chez lui. Il en
viendrait donc, par la force des choses,
à l'extrémité fâcheuse de fermer les
monuments où les prêtres persiste-
raient à menacer l'ordre. -
Or la Vérité française affirme que
« jamais l'Eglise ne faillira à son droit
et à son devoir ». Soi-disant droit et
soi-disant devoir qui consistent à
pourchasser les républicains.
Il est à souhaiter pour l'Eglise quo
la presse cléricale traduise de façon
infidèle la pensée du clergé. Le clergé
a-t-il déclaré une guerre inlassable,
implacable, définitive, à l'ordre répu-
blicain ? Soyons assez sages pour en-
visager cette hypothèse plausible, et
pour étudier les sanctions qu'elle com-
porterait. Sur le terrain religieux
comme sur le terrain militaire, rien' ne
coûte si cher que la paix armée.
Si l'Eglise n'est pas dans la loi, elle
sera, naturellement, hors la loi. Elle se
sera mise elle-même dans cette dange-
reuse situation, et nous ne serons pas
responsables des malheurs qu'elle su-
bira.
Nous serons bientôt renseignés. Des
circulaires très nettes de M. Combes ont
indiqué au clergé comment devait, être
appliquée la loi sur les associations.
D'abord, les moines dépendant de con-
grégations non autorisées, ne devront
plus élever la voix dans les édifices du
culte. Dominicains, jésuites, et autres
prêcheurs n'auraient l'accès des chai-
res que grâce à la complicité Agi' ML
ques et des curés. Il conviendra donc de
demander un compte sévère au clergé
séculier de l'appui illégal qu'il prêterait
aux « réguliers N.
Suivant que la loi de juillet 1901 sera
observée 0ii non, nous saurons à -quoi
nous en tenir sur le .« véritable mot
d'ordre dé l'Eglise ». Dans le cas où ce.
mot d'ordre serait un cri de guerre, Ja
imtailie n'est pas pour déplaire au parti
républicain.
Hugues Destrem.
ç»'. ..J ! <» — — ï i
,; ,: H::" LE CAtnflE
Le voyage de M. Loubet,
l'absence de la plupart des mi-
nistres, le voyage imminent à
Paris du roi d'Angleterre, la
présence amicale et simultanée
devant Algerdesescadres russe,
anglaise, française, italienne,
des navires espagnols et portugais, toutes
ces circonstances indiquent avec évidence
une amélioration de la politique générale
européenne.
Cette situation est d'autant plus frap-
pante qu'elle coïncide avec deux faits qui,
il y a peu d'années, eussent suffi à tenir en
Europe tout le monde sur le qui vive : l'af-
faire de Macédoine et la révolte du Maroc.
A la façon dont Anglais, Russes, Français,
Italiens,-Espagnols et Portugais se promè-
nent de conserve, et délibérément, sans
préoccupation autre que celle d'échanger
des politesses, à deux pas de la frontière
marocaine, il est aisé de deviner que les
chancelleries sont arrivées à un -règlement
accepté par tous des deux ou trois grosses
questions qui peuvent se présenter inopi-
nément et prochainement.
Les inutiles criailleries des nationalistes,
à propos de la prochaine visite d'Edouard
VII, ne changeront rien, heureusement, à
cet état de choses : on est au calme.
C'est le moment pour les peuples de s'oc-
cuper activement de leurs questions inté-
rieures, de travailler aux réformes, de réa-
liser des économies, d'améliorer leurs lé-
gislations, de chercher les. remèdes aux
misères, de progresser, de faire un pas de
plus vers le bonheur. •
Là démocratie française ne sera pas la
dernière à recueillir le fruit d'une situation
si favorable. ,'
: -— — ♦ ■
DES JUGES 1
Quand la Chambre des députés aura statué
sur la"l'élormo des justices do paix, elle n'aura
fait que commencer son œuvre. Il lui l'eslera:
encore à accomplir la plus importante partie
de sa tâche, la transformation, l'organisation
sur de nouvelles bases de la magistrature toute
entière.
Nous demandons trois choses aux magis-
trats do la République : de la science, du tra-
vail, et des opinions républicaines. Or, il est
malheureusement certain qu'aujourd'hui il n'y
a que fort pou de magistrats instruits, labo-
rieux et républicains.
Nous J03 voulons instruits. Il suffit de se
renseigner auprès des magistrats compétents,
des avoués, des avocats, pour se convaincre
que les juges pour qui la science juridique n'a
point de secrets sont de rares exceptions. Et
cela se conçoit. Comment sonl-ils recrutés?
1° Parmi les avocats ayant un stago déterminé;
cela n'est point une garantie suffisante. Le
stage n'est souvent qu'une formalité platoni-
que. Il ne comporte aucune assiduité, aucune
ludo. Il est illusoire, il n'est point effectif.
2" Parmi les attachés de cabinet, et les fils à
papa qui gravilont autour des ministres ou
dos procureurs généraux ! Souvent ces postu-
lants n'ont jamais ouvert un dossier et ignorent
les actes les plus élémentaires do la procé-
dure.
Pour faire un bon magistral, il faut un
homma rompu aux affaires, connaissant la
théorie et la pratique, familier avec le Code,
ayant travaillé chez l'avoué, chez l'agréé, chez
le nolairo, un juriste enfin, dans toute l'accep-
tion du terme. Malheureusement tout cela de-
mande du temps et no s'improvise point, voilà
pourquoi il y a, dans les tribunaux ds pre-
mière instance, tant de nullités.
Les magistrats ignorants ont une excuse. Ils
disent : nous faisons notre npprentissngé, nous
no sommes pas payés, petit à petit, nous nous
instruirons. Quand l'Etat nous attribuera un
traitement qui en vaille la peine, nous aurons
plus d'expérience,et nous lui endonnerons pour
son argent. Et ce raisonnement est spécieux.
Il faut, on offet, que les juges ne soient point
rémunérés d'une façon ridicule. Pour obtenir
une position, à la fois honoriGque et lucrative,
ils travailleront mieux, plus longtemps et ne
regretteront pas les moments qu'ils s'imagi-
nent perdro aujourd'hui dans les études des
hommes d'affaires.
Comment les payer davantage ? En en di-
minuant lo nombre, et en exigeant d'eux une
assiduité à laquelle ils ne sont pas accoutumés.
Il est à remarquer quo, plus les fonctionnaires
sont nombreux dans une administration quel-
conque, moins leur niveau intellectuel est
élevé.
En réduisant te nombre des magistrats, on
ne conservera qu'une élite.
Nous voulons que les juges travaillent. Au-
jourd'hui la profession de magistrat est pour
beaucoup une sinécure. Les audiences de pro-
vince sont rares, deux ou trois par semaine,
le président fait presque à lui tout seul la be-
sogne. A Paris, les juges du tribunal do la
Seine sont tenus de siéger quatre jours sur
sept, de.midi et demi à quatre heures, avec une
demi-heure de suspension. Pour le plus grand
nombre, la besogne consiste à être présent et à
écoulor d'une oreille distraito les plaidoiries
des avocats. Je ne vais pas jusqu'à demander
pour eux la journée do huit heures. Mais si
l'on réduit le personnel des tribunaux, il au-
ront forcément plus à faire. Comme on les
paiera davantage, ils ne le regretteront pas. Et
comme ils seront plus compétents, le travail
quotidien les intéressera. Tout le monde y ga-
gnera.
1 Nous voulons enfin des magistrats républi-
cains. et je n'ai pas, je le suppose, à exposer
les raisons de cette exigence. - L. Arm-
bruster.
LE PARTAGE DE LA BOLIVIE
[De notre correspondant particulier
Buenos-Aires, 17 avril.
La Prensa dénonce ce fait quo le Brésil et le
Chili auraient conclu un traité secrot pour le
partage de la Bolivie. En même temps on ap- -
prend qua l'amiral Alexandrino de Abucar,
chef de la division du Nord de kl marine brési-
lienne, a insisté §ur la nécessité de refaire tout
matériel. Lors de la dernière démonstration
navale, le vaisseau de guerre Floriano et le
chasseur-torpilleur Tumi étaient presque Jwrs
-Q étald IW\Uti T.. - -
FMTEUiLS
1ICHDÊMIQUES
Deux vacances : Gaston Fâris et Le-
gouvé. — Les candidats : Frédéric
Masson, Marcel Prévost. — La
décadence littéraire. — M.
Camille Lemonnier.
On sait que récemment, dans l'espace de
Quelques jours à peine, l'Académie Française,
dont, par hasard, les cadres se trouvaient de-
puis peu au complet, a été soudain privée de
deux de ses membres et, dès jeudi, comme
nous l'avons dit hier, l'Académie s'est préoc-
cupée. des successeurs.
Le premier disparu, Gaston Paris, s'était ac-
quis une réputation universelle d'érudition
ppur ce qu'il possédait à fond lo secret des
langues romanes et des parchemins du moyen-
âge. Arbitre reconnúdo toutes les contesta-
tions nées au sujet de l'interprétation des
vieux textes, il a laissé en Sorbonne et au
Collège de France dont il était administrateur
d'unanimes regrets. On ne retrouve pas du -
jour au lendemain dos dictionnaires vivants
dont la consultation est de tout repos pour les
apprentis paléographes et les futurs agrégés
des lettres.
Lo second, aimable vestige d'un siècle nais-
sant ou à peu près, avait coaservé une verdeur
légendaire quo sos quatre-vingt-dix-sept -ans
accomplis no trahissaient point, et la mort fut
pour lui, j'imagine. plutôt une surprise agréa- i
blo et reposante quJun mauvais quart d'heure i
à passer. Ernest Legouvé devait peut-être j
cette longévité à son culte respectueux des tra- j
ditions. On a beaucoup parlé, on effet, du bail
emphythéotique qu'il semblait avoir contracté
dans l'immeuble do la ruo Saint-Marc où il
élaHné et qu'il ne se résolut à quitter que les
pieds devant, à l'heure fixée par l'inflexible
destin. Et, sans faire injure au talent honnête
de l'auteur dramatiquo dont la Comédie-Fran-
çaise inscrivit la pièce Adrienne Lecouvrcur à
son répertoire, on peut dire que cet écrivain
attira l'attention contemporaine surtout par la
prestigieuse sveltesse qu'il déployait.à l'âge où
nul d'entre nous n'a la prétention de parvenir
autrement que sous l'aspect d'un spectre dé-
charné, épave oubliée par la mort.
Bien sûr, Logouvé dut jouir en son temps,
c'est-à-dire à l'époque de son élection parmi
les quarante, d'une réputation justifiée d'écri-
vain élégant et disert, d'une sorte de précur-
seur d'un féminisme de bon ton, auquel l'His-
toire morale des femmes, Nos filles et nos fils.
furent de précieux adjuvants. Mais, depuis ce
temps, un demi-siècle s'est écoulé el les idées;
de l'autour, moins privilégiées que lui-même,
ont eu le temps de vieillir et dèle précéder au
tombeau de l'oubli.
L'histoire de deux fauteuils
A reprendre, on remontant jusqu'à la fon-
dation par Richelieu, en iM5, de cette docte
compagnie, dépositaire des traditions do notre
belle langue française, à reprendre dis-je la
série, des écrivains qui se succédèrent respecti-
vement dans chaçun des quarante sièges con-
cosseurs do l'immortalité, on éprouve quel-
ques surprises.
Tel fauteuil semble être prédestiné à l'hon-
neur de ne posséder que des penseurs d'élite,
des écrivains glorieux, dont notre histoire lit-
téraire transmet le renom mérité à travers les
générationa.
Tel au contraire, trop bien rembourré sans
doute, n'a été dévolu qu'à la médiocrité. Peut-
être est-ce une aberration provenue d'une fa-
çon d'envisager aujourd'hui les hommes et les
idées différentes du jugement d'autrefois. Ton-
jours est-il que si le fauteuil dont Gaston Pa-
ris était le quatorzième occupant depuis la fon-
dation, fut le témoin des pensées, des tra-
vaux et des sommeils successifs du poèto Tris-
tan l'Hermite, du duc de Saint-Aignan, de
l'abbé de Choisy, de Marmontet, le célèbre
auteur des Contes moraux, do Fontanes, de
Villemain, dont les Tableaux de la littéra-
ture sous les pères de l'Eglise et au 1G- siècle
sont demeurés des modèles d'érudition et do
goût esthétique, du grand positiviste Littré, et
enfin du bienfaiteur humanitaire que fut Louis
Pasteur, le fauteuil de Legouvé, lui, fut plus
modesle dans ses attributions et no connut de
contact glorieux que celui du philosophe de Bo-
nald dont Barbey d'Aurevilly retraça de sa
plume nerveuse les conceptions politiques et.
la philosophie rétrograde. 11 est vrai que dix
personnes s'y vinrent seulement roposer de
leurs dignes mais fastidieux travaux littérai-
res ou autres avant M. Legouvé, et que le stage
mi séculaire do celui-ci immobilisa sérieuso-
ment ce siège académique.
Dès lors, qui va-t-on mettre en avant pour
combler ces deux vacances ? Il s'agit de rem-
placer un érudit et un littérateur banal et ro-
coco. L'auguste et respectable compagnie, fi.
dèle à ses rites usités, élira-t-olle un érudit
d'une part, et,de l'autre, un aimable polygra-
pho ? C'est assoz vraisemblable.
Candidatures probables
On annonce officiellement la candidature de
M. Frédéric Masson, que ses nombreux tra-
vaux sur l'histoire ou plutôt à côté do l'histoire
de Napoléon ont contribué à faire connaître.
Très appuyé dans le clan aristocratique, M.
Frédéric Masson a beaucoup da chances de
réussir, surtout s'il n'a pour concurrents que
des postulants perpétuels.
Mais pourquoi no songerait on pas à grati-
fier de l'habit aux palmes vertes un philolo-
gue aussi vorsé dans la connaissance des tex-
tes que l'est M. Havet, un dénicheur de trou-
vailles historiques tel quo M. Soignobos, un
aussi précieux initié aux secrets des vieux
parchemins et dos capitulaires que M. Auguste
Loognon, dont l'édition de François Villon,
notamment, publiée par ses soins, possède uno
introduction historique et un glossaire qui
sont des merveilles d'utile érudition ?
Voilà pour le fauteuil de M. Gaston Paris.
Quant à l'autre, les compétitions menacent do
sévir à son sujet. On a bien prononcé le nom
do M. Marcel Prévost, dont l'élection permet-
trait de gagner un siège aux romanciers; l'au-
tour de Chonchette, cette ravissante bluette que
n'ont surpassée ni les Demi-Vierges, ni Léa, ni
Frédérique, ni même les Lettres à Francoise,
en dépit des qualités propres à ces livres d'une
lecture agréable et facile, excipera-t-il, en ee
moment du moins, du ton d'austérité exigé
par la maison conservatrice officielle des hypo-
thèques légales de la vertu française?
On a parlé aussi de M. Abel Hcrmant, son
brillant prédécesseur à la présidence de la So-
ciété dos Gens de Lettres, et d'autres ont évoqué
le nom de M. Maurice Donnay, l'heureux au-
teur de Lysislrata d'Amants et do VAutre Dan-
ger, dont les procédés dramatiques, après avoir,
pour ainsi diro, révolutionné les traditions de
la maison de Molière par leur complexité ma-
ladive et leur sensualisme morbide, reflet du
temps présent, no sauraient tarder, de ce pas,
à conquérir un brevet de consécration sous la
coupole.
CO',Ipo~~e. Les Belges à l'Académie
A côté de cos candidatures déjà estompées
dans les salons en vogue, je me permettrai d'en
proposer une qui, pour invraisemblable qu'elle
puisso paraître, aurait du moins sa significa-
tion très nette et très bienfaisante pour la litté-
rature. Je veux parler de M. Camille Lemon-
nier, qui, en pleine activité, en pleine produc-
..UgÜ re.cQiL ¿H)jourd'4L copsécra-.
lion de ses compatriotes et la nôtre, à l'occa-
sion de -son cinquantième volume, le Petit:
Homme de Dieu, qui ne le cède en rien pour la
richesso de coloris et de style aux pages les
plus vibrantes de la Fin des Bourgeois, de Thi-
ree Monique, aux évocations idéales et natu-,
ristes d'Adam et Eve, du Bon Amour et DM
Sang et des Roses: M. Camille Lemonnier - est
Belge par sa naissance, mais son art est d'une
virilité et d'une -saine robustesse dont la Bote
disparait, hélas ! chez nos romanciers actuels,
observateurs trop sincères du vice qui noua'
gangrène. "",
Réagissant d'un souffle purificateur conl.re
ces tendances, M. Camille Lemonnier honore
à la fois sa patrie et la nôtre, et, comme au
titre littéraire, aussi bien qu'à tant d'autros-
d'égale noblesse, ces deux patries ne sont
qu'une, l'Académie tout en rendant service
à la littérature, inaugurerait un. glorieux pré-
cédent en réservant une place à l'un de ces
écrivains d'outre frontière, dont la noble pha-
lange où comptent tes Verhaeren et les Master-
linek, s'efforce par ses œuvres de reviger Ra.
tre belle langue ffançaise..
ALCANTER de Brahm.
Voir à la. 31 page
les Dernières Dépêches
de la nuit, et
la Revue des Journaux
du maatila.
LA RELIGION IGNOBLE
Un lecteur du Rappel veut bien me commu-
niquer un petit imprimé. distribué. paraît-il,
en ce moment, à des milliers d'exemplaires, et
qqi porte un litre significatif: « Reveuez à la
messe, a
Cela est revêtu, en guise de signature, de
cette adresse : Paris. — L:hrairio de Jésus ;
plus cette mention : « avec permission de l'Or-
dinaire ». Quel ordinaire? En fait d'ordinaire,
je ne connais guère que la soupe et le boeuf ; il
n'importe, passons.
Ce factum quo je touche du bout des doigts,
a pour effet d'exhorter les gens à assister, le
dimanche,à la messe; mais enquols termes elle
est conçue, cette exhortations!
Lisez ceci :
« C'est à la messe que se trouve Jésus, c'est
à la messe qu'il nous donne les grâces dont nous
avons besoin. »
Les grâces ?. Attendez, le papier pieux va
être entièrement, cyniquement explicite.
Il continue.ainsi :
« N'avez-vous donc point besoin des grâces
de Dieu ? Vous en avez grand besoin, vous ie
savez bien, pour vous, pour votre famille,
POUR LE SUCCÈS DE VOS AFFAIRES. »
C'est sufifsamment net, n'est ce pas? Mais
lisez encore :
« Allez à la measedImancheprOChain, CrOyeZ-
moi; VOUS DEMANDEREZ ET VOUS RECEVREZ. JéSUS
n'a-t-il pas dit : Tout ce que vous demandera
en mon nom vous sera accorde ? »
Est-il possible, jo lo demande, de mettre plus
bas que ne le (cuL les religieux auteurs de l'o-
puscule on question, l'idée même de religion?
Parlez maintenant de foi, do croyance; al-
lons-donc l il s'agit bien de ça! Commo je le
disais, l'autre jour, à propos de ceux de tala.
(nverlo. il faut quo la religion rapporte. Le
tout est de placer avantageusement ses aumô-
nes et ses prières. Voici les prêtres ravalés au
rang de ces racoleurs qui, autrefois, sur le
Pont-Neuf, embauchaient, à l'aido de fallacieu-
ses promesses, les naïfs, pour le servico du roi.
Aisément, on pourrait trouverune comparai-
son encore moins honorable. Les VOytYL-VOUS,
au seuil des églises, appelant, avec des souri-
res, les passants : — Dis donc, beau blond,
viens prier ici ; tu verras, Jésus sera tout plein
gentil ; il te donnera tout co que lu lui deman-
deras. » — Et le passant so gratte la tête. Ira-
l-il à la messe ? Le jeu en vaut-il la chandelle?
Mais, comme dit le factum sorti des presses de
l'imprimerie do Jésus, on a toujours besoin de
quelque chose. C'est une affaire à terminer, un
procès à gagner, que sais-je?. Marché conclu,
j'irai à la messe, et loi, bon Dieu, tu me paye-
ra3 en bonne monnaie, sonnante et trébu-
chante ; sans quoi rien de fait; les affaires sont
les affaires.
Peut-on imaginer rien de plus démoralisant,
de plus avilissant que cette roligion tournée à
l'ignoble ? — L. Y.-M.
La vérité sur l'explosion de Canton
(De notre correspondant particulierl
Shanghai, 17 avril.
L'enquête officielle a établi que la récenta
explosion de l'arsenal de Canton est due à la
tnalveillance des fonctionnaires, qui ont voulu
effacor les traces de leurs nombreux détourne-
ments. Ces fonctionnaires vendaient des muni-
tions aux rebelles du Sud.
GUILLAUME Il A ROME
CD6 notre, correspondant particulierj
Berlin, 17 avril.
Le chancelier M. de Bulow rentrera à Berlin
la semaine prochaine. Il doit accompagner
l'empereur dans son voyage à Rome.
LES REGIMENTS CHINOIS DE LA RUSSIE
(De notre correspondant particulier)
Saint-Pétersbourg, 17 avril.
Le ministre de la guerre a créé 9 régiments
de tirailleurs chinois, qui serviront de troupes
auxiliaires aux garnisons russes de Mand-
chourie.
•— »
PERSÉCUTION DES POLONAIS EN PRUSSE
(De notre correspondant particulierl
Berlin, 17 avril.
Le parquet de Posen a ordonné des poursui-
tes contre M. de Koscielski, membre de la
Chambre dos seigneurs prussienne, el le député
Slychel, sous l'inculpation d'avoir favorisé la
fuJLe do plusieurs condamnés dans l'affaire de
Wreschcn.
-.; 1,1 -
, , EN TURQUIE
* Constantinople, 17 avril.
La commission financière a accepté le projet
d'unification de la Dette. Ce rapport signé sera
présenté dimanche au conseil des ministres.
SOLDATESQUE ALLEMANDE
Scènes scandaleuses à Metz
On mande de Metz:
Les rixes sanglantes entre soldats et entre
soldats et civils ont été très fréquentes pendant
les fûtes do Pâques. A Sarrebourg, à Hayange.
plusieurs soldats se sont grièvement blosaés dans
des cabarets qu'ils ont saccagés. A Metz, des
sous officiers du fort Manteuffel ont attaqué sur
la roule de Malroy d'honorables bourgeois de
Metze les ont cruellement malmenés,
Jiaeieur viiMt dq-uqr ',j,
LE VOYAGE
PRESIDENTIEL
DANS LE DÉPARTEMENT D'ORAN
- -'.
Voyage de nuit. — Le feu au wagon
des journalistes. — La réception &
.Sain t-Denie-d u --Sig - -A la gare ¡
d'Oran.—Chaleureuxaccueil» !
':- -' Les «pioupibus trAù,:t - )
:' gne ». r- La réception -
,' à la Préfecture.
-Déj'eunèr in- -'
time.
{De notre envoyé spècialj
Oran, 17 avril
À la chaleur des^deux demiars jonrs, a suc-
cédé une douce fraîcheur, le ciel est légère-
ment courert.
La Compagnie P. L. M. avait réussi à consti-
tuer, avec le pou d'éléments dont elle dispose,
un imin suffisamment confortable.
UJI petit incident — qui a quelque peu gêné
les journalistes — s'est produit dans la nuit.
Une boîte à huile de l'une des roues du wagon
réservé à la presse s'est échauffée, et l'intérieur
du wagon fut bientôt envahi par une épaisse
fumée. L'essieu s'échauffait peu à peu et me-
naçait de mettre le feu au wagon.
On stoppa et le personnel dutrain essaya
avec de l'eau d'éteindre io comœenceme-Atd:i-n-
cendie; mais il n'y parvint que pour peu de
temps car, il Orléansvilie, le même accident se
reproduisit. Force fut aux iouroalistes, pour
-éviter une complication plus sérieuse, d'aban-
donner leur wagon. Un wagon ordinaire en
réserve à Orléansvilie fut substitué à celui-ci.
Ce contretemps a provoqué un retard d'une
demi-heure dans l'horaire du train présiden-
tiel.
Les nécessités du service obligent lo train à
s'arrêter onze fois avant l'arrivée à Saint-Denis-
du-Sig.
La voie depuis Aljjer jusqu'à Oran est sur-
veillée par des spahis et des indigènes qui ont
passé la nuit à la Lelle étoile.
Jusqu'à Relizane, la région traversée man-
que de pittoresque, le pays est plat et nu, les
arbres sont rares ; on remarque peu de zul.
lure, sauf des vignes. Mais à partir de Reli-
zane, on retrouve de ia verdure. La végétation
souffre, il est vrai, de l'extrême sécheresse qui
sévit depuis plusieurs mois dans toute l'Algé-
rie et qui n'est pas sans inspirer de sérieuses
inquiétudes pour l'avenir.
Aux abords des douars se pressent les indi-
gènes qui silencieusement regardent passer le
train présidentiel.
A Saint-Denis-du-Sig
Le train présidentiel arrive à 8 h. 10 à Saint-
Denis-du Sig.
On entend la Marseillaise. et les indigènes
en apercevant le Président, lui font une chaude
ovation ; M. de Malherbe. préfet d'Oran,
souhaite la bienvenue au chef de l'Etat.
Aussitôt après, M. Loubot. accompagné par.
MM. Fallières, président du Sénat ; les minis-
-t-l'eS,tes -sénaleurs et députés d'Algérie, se rend
sur la place de la gare. Les colons et les in-
digènes l'accueillent par de chaleureuses accla-
mations.
Lo maire, M Lamur, le remercie d'avoir
bien voulu consacrer quelques instants à la
population du Sig qui considère la visite du
chef de l'Etat comme la récompense de leur
profond amour pour la France et pour la Ré-
publique.
M. Loubet répond qu'il aurait désiré rester
plus longtemps au milieu des colons du Sig. Il
sait, par les récits d'un de ses parents qui y a
résidé autrefois, quel est tour dévouement à la
mère-patrie et l'ardeur qu'ils déploient chaquo
jour. Ils honorent Ja France en faisant de l'Al-
gérie une seconde France.
M. Loubet remet les palmes académiques au
maire, s'entretient avec loi colons et va dans
l'une des salles de la gare, où une collation est
préparée.
A 8 h. 55, le train présidentiel repart dans la
direction d'Oran. «
L'arrivée à Oran
A 10 h. et quart, le train présidentiel entre
on gare d'Oran.
A sa descente du train, M. Loubet est reçu
par le maire, M. Gober!, qui lui souhaite la
bienvenue. Sur le quai do la gare, lo Prési-
dent remet la croix de chevalier de la Légion
d'honneur à M. Robert, chef d'exploitation de
la Compagnie P,- L.-M. et des médailles d'hon-
neur à un certain nombre d'employé? que lui
présentent M. Dervillé, président du conseil
d'administration, et M. Noblemaire, directeur.
Puis lo cortège se forme.
Le Président de la République est précédé
d'un détachement du 6e chasseurs et suivi par
un détachement d'Arabes aux riches costumes
et montant des chevaux de prix. Les Arabes
portent, les uns le drapeau national, dans le
blanc duquel une inscription indique le nom
du dcuar dont ils font partie, les autres des
étendards multicolores à la hampe surmontée
du croissant. Les honneurs sont rendus par le
6* chasseurs, le 21* bataillon d'artillerie et des
zouaves. La distance qui sépare la gare do la
préfecture est de plus de trois kilomètres. La
foule, peu nombreuse autour do la gare et dans
le faubourg est, au contraire, extrêmement
dense à t'entrée de la ville. Elle acclame avec
chaleur le chef de l'Etat.
Le Président passe, place d'Armes, sous un
bol arc de triomphe sur lequel on lit ces mots :
« La cité républicaine d'Oran à M. Loubel, Pré-
sident de la République. »
La population Israélite est presque entière-
ment massée à l'entrée de la rua des Jardins,
qu'elle habite plus spécialement. Dans la ville,
à l'angle de chaque rue, des chœurs chantent
la Marseillaise ; des musiques jouent l'ùymno
national; la musique arabe, la Nouba, fait
entendre près do la préfecture sos sons aigra-
lols.
A 10 h. 45, lo Président arrive à la préfec-
ture, où vout commencer les réceptions ofti-
cielles.
Devant la préfecture, une musique indigène
joue sur des fifres les l'ioupious d'Auvergne.
Les réceptions
Les réceptions officielles commencent aus-
sitôt
C'est d'abord le corps consulaire, présenté
par le consul d'Espagne.
M. Loubet fait des vœux pour qu'ils accom-
plissent avec le plus grand succès leur mission
dans la ville hospitalière d'Oran.
Puis le président du conseil général souhaite
la bienvenue au Président, au nom de ses col-
lègues; le maire,, M. Gobert, présente ensuite
le conseil municipal.
Il assure le Président do la République que
la population d'Oran est ardemment républi-
caine et aime passionnément la France.
M. Loubet répond :
Jo suis très touché de l'accueil que la population
d'Oran a fait au président do la République. Elle
a voulu ainsi témoigner de son attachement pro-
fond aux institutions républicaines et de son dé-
vouement à la mère patrie.
Le conseil municipal développera encore ces
santimciits en se dévouant à la bonne administra.
tion do la ville -et en faisant aimer un régime qui
nous assurera, après quelques tempêtes, sans
doute, le calmo, l'union et la concorde pendant do
longues années.
v L'élue ÇftuÇel jRrèsentQ, le .clerM.I buis le
président du Consistoire protestant vient à son
tour saluer M. Loubet, le président du Con-
sistoire israëlite lui succède, il termine aiasl
son alloeulion : --,'
Non seulement nos coreligionnaires algériens
sont patriotes, Us ont aussi portés "ers les idées
du progrès et de la civilisation. Du reste, te temps,
qui fait Ce que a» peut faire la plus grande des
i&tefliff«n4es, ülIlÕnrrcia combien ils méritent fo
beau titre de Fraaçais. -
M. Loubet répond :
Vous avez eu raison de rappeler le devoir de
reeoflimissanee" contracté fjar vos cOfefigionnaina
eavers ta France. Soyez assuré que, de son côté.
le gouTenMBMBt républicain s'efforcera, sans se
lasser, de mottre eu pratique les principes de la
Déclaration des droits de l'homme, que vous V6-
nez justement de rappeler.
Le chef m~ présente à la tète du elerg £
musulman, mais il ne peut prmwfflr le d:
cours préparé. Il se borne à s'incliner devant
M. Loubet, là main sur la poitrine. *,
Les décorations ,,,-
Au cornu des réceptions, les décorations
suivantes ont été décernées : i
Offieiar de la Légion d'honneur, AI. GiraudL
président de la ebambre de commerce, et cheva-
liers MM. Patrimonio, président du tribunal civil;
Duzan, maire d'Arzew; ilouari, adjudant indigène;
Si Bou Alia, uid, ",
Le déjeuner
Un déjeuner intime a été snrvi à la prél.
turc. Aucun toast n'a été porté. Après le re-
'pas, le Président de la République s'est reposé
jusqu'à 3 heures.
AUTOUR OU VOYAGE
Alger, 17 avril.
Avant de quitter Alger, M. Loubet a remis
la somme de 1.000 francs au bureau do bien*
faisance.
Les navires français Galilée, Pothuau, la-
touche- Tréville ; les navires russes Bajan, Ni-
colas-Premier, Krabry ; les uavires anglais
Prince-George, Jupiter, Murs, Magnificent ot le
navire espagnol Pelayo ont quitté ce matin le
port d'Alger.
Tunis, 17 avril.
M. Mougeot, ministre de l'agriculture, est
arrivé ce matin, à huit heures, par le paquebot
de la Compaguie Touache, venant de Mar-
seille.
Washington, 17 avril.
L'escadre américaine a reçu l'ordre de se
rendre de Villefranche à Marseille pour pren-
dre part aux démonstrations en l'honneur du
Président Loubet à son retour d'Algérie. 1.
(Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITION
———— ♦
OANS LE IT ARRONDISSEMENT
Il parait que le nationalisme so désagrège,
comme partout ailleurs, dans le quartier de la
Plaine-Monceau. Nous avons parlé de l'affiche
que, il y a quelques jours, un groupe d'élec-
teurs faisait apposer sur les murs de la cir-
conscription. Les protestataire?, lui s'êlevèrent
contre le cumul des deux mandats par M. Pu-
gliesi-Conli, étaient, nous affirme-t on, tout
simplement des nationalistes mécontents, qui
se refusent à reconnaîlre au député-conseiller
le don d'ubiquité. M. Pugliesi-Conti a répondu
par une belle affiche verte, couleur d'espé-
rance, mais il ne parle pas de démission et con.-
serve ses deux maudats.
Les nationalistes de la Plaine rient jaune;
certains commencent même à se fâcher. Il pa-
raît que plusieurs comités étaient déjà formép
afin de soutenir des candidatures nationalo-
eléricalcs, et voilà que l'cntêtement de M. Pu-
gliesi-Conti les oblige à rengainer leurs com-
pliments. Tout ce monda avait fait provision
de bave pour en arroser ses affiches; on allait
encore pouvoir taper sur ce « sale gouverne-
ment». Mais rien de tout cela n'est possible,
il faut se taire; il n'y a pas de démission et,
par cela même, pas de candidature. Décidé-
ment M. Pugliesi-Conti est bien ennuyeux; le
malheur est que c'ost un ancien ami qui agit
ainsi et qu'il n'est pas possible de trop crior.
Un caudidat, M. Antoine Vanucci, directeur
politique de l'Appel au Peuple, journal répu-
blicain plébiscitaire de Paris, avait déjà fait
distribuer nombre de petites brochures, dont
un exemplaire — fort amusant — daté du 1S
mars 1903, est entre nos mains. Un second
candidat nationaliste, directeur d'un journal
du soir, était tout prêt, à entrer en lutte. Il pa-
raît même qu'un troisième comité était tout
organisé, pour soutenir un candidat de l'union
libéràlc, qui se serait présenté sous les auspi-
ces de M. Piou.
Que de compétitions ! La sucession de M.
Pugliusi-Conli est ardemment convoitée ! Cer-
tains amis du député-conseiller lui en veulent
sérieusement, nous affirme-t-on, do mettre,par
son entêtement, une barrière à leur ambition.
Les républicains de la Plaine comptent les
points et constatent que, chez eux, -commo
ailleurs, le bateau nationaliste craque de ton-
tes parts, que ce n'est déjà plus qu'une malheu-
reuse épave. - Will Daroillé.
4>
LE CONGRÈS DES PROFESSEURS
DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
Les congrès des Professeurs de l'Enseigne-
ment secondaire, qui s'est ouvert hier à Paris,
dans une des salles de la Faculté de Droit, a
discuté une très importante question, celle qui
a trait à l'union des professeurs et des insti-
tuteurs.
Malgré l'expérience do ces dernières années,
l'intervention dos membres de l'enseignement
secondaire dans l'œuvre post scolaire, nombre
d'insliluleurs restent persuadés que les profes-
seurs des lycées et collèges n'ont pour eux que
le plus profond dédain
J'aurais voulu que ces instituteurs pussent
entendre en quels termes parlaient d'eux les
membres les plus autorisés do l'enseignement
secondaire; il y avait là des professeurs dis-'
tingués dont le nom fait autorité dans le monde
littéraire et pédagogique. Tous déploraient
qu'une barrière pût encore exister entre secon-
daires et primaires, et tous ont mis Id plus
louable bonne volonté à trouver un terrain
d'union, un moyen d'entente.
Un vœu a été émis, à savoir qu'un congrès
mixte pût avoir lieu, dans lequel professeurs et
instituteurs discuteraient sur des des questions
pouvant les intéresser les uns et les autres. Ca
vœu sera transmis au congrès des Amicales,
de Marseille, qui décidera s'il désire l'entente,
l'union avec l'enseignement secondaire.
Ce vœu, question do principe, a été adoplé
à l'unanimité des congressistes présents : c'est
dire l'intention manifeste qu'ils ont tous do se
rapprocher des instituteurs. Uno lisle des
questions importantes qui peuvent intéresser lès
deux ordres a été établie en vue d'une étude et
d'une discussion au congrès mixte. -
On ne peut que souhaiter, en présancs du
désir des professeurs de l'enseignement secon-
daire de se rapprocher des instituteurs, de
voir ces derniers no pas refuser la main qui
leur est tendue ; ol l'union si ardominent dési-
rée sera enfin réalisée, pour le plus grand bien
de la démocratie française. — R. Valette.
Les travaux du congrès
M. Ludovic Durand, du lycée Louis-ts..
Grand, président de la commission prépara-:
loire, a présidé la première séance, Io bureau
a été ainsi constitué :
Prés. ; M. Clairiu IJLfluis-ie-Graudi ; vice-iiréa.xi
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