Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-04-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 12 avril 1903 12 avril 1903
Description : 1903/04/12 (N12084). 1903/04/12 (N12084).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572435r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro:
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point a rendre la fin du mois ■pour nous
adresser leur renouvellement, afin d'éviter tout
retard dans la réception du journal.
NOS LEADERS
Initiative ! Disciline
L'article que publie sous ce titre la
L'article que publie sous ce titre la
France Militaire rend à l'actualité une
discussion engagée entre le général An-
dré et M. Georges Clemenceau. On sait
l'origine du différend. Au cours d'une
des dernières séances du Sénat, M. Geor-
ges Clemenceau demandait pourquoi les
chefs des divers corps d'armée ne se
conformaient point à plusieurs circu-
laires du ministre de la guerre.
C'est alors que celui-ci répondit :
— Les circulaires du ministre ne
sont pas des ordres, elles constituent de
simples conseils; et quand il y déroge,
fun général ne fait pas montre d'indisci-
pline, il prouve son esprit d'initiative,
Je cite de mémoire. Mais, certes, je
ne modifie en rien le sens de la réponse
du général André.
; Clemenceau s'indigna ; il riposta sur-
; le-champ,. non sans vivacité ; et, il y
a deux jours,dans un article de l'Action,
il condamnait en termes encore plus
ardents la conception du chef de l'ar-
mée.
; La France Militaire paraît assez suf-
foquée. Elle admet difficilement que
,({ nos grands chefs militaires » aient été
accusés « d'insubordination et de ré-
volte ». Elle se rallie donc avec beau-
coup de bonne volonté à la thèse du
général André. Le journal spécial sent
pourtant que cette thèse a besoin d'être
expliquée et d'être éclaircie. Suivons
notre confrère dans son commentaire.
D'abord, « il est admis par tous,
comme par le Règlement sur le service
intérieur, que la discipline fait la force
principale des armées ». La France Mi-
litaire entreprend « de chasser de quel-
ques esprits timorés cette crainte perpé-
tuelle de l'initiative qui, a-t-on dit,
peut aller jusqu'au coup d'Etat ».
Esprit timoré ! Entre parenthèses, le
mot est inattendu, s'appliquant à Geor-
ges Clemenceau. Mais passons.
La France Militaire estime que, (C pour
prouver que discipline et initiative ne
:s'excluent pas, il faut commencer par
définir l'une et l'autre ».
Nous sommes d'accord.Eh bien, « en
quoi consiste la discipline? Elle est tout
d'abord l'obéissance et la soumission.
Elle est même l'obéissance passive. »
C'est-à-dire que, suivant les propres
termesdenotre contradicteur,si un ordre
n'est ni juste ni légitime, « l'obéissance
n'en demeure pas moins jobligatoire,
car le commandement est pour le mili-
taire ce que la loi est pour le citoyen ».
: La formule ne nous plaît qu'à moitié.
Nous avons peine à admettre que le sol-
dat ne soit pas un citoyen. Nous n'ac-
ceptons en aucune façon que le com-
mandement remplace la loi. Au con-
traire, le commandement n'est légitime
que s'il assure l'exécution de la loi.
L'écrivain dont nous examinons les
idées est imbu, peut-être inconsciem-
ment de cette idée antidémocratique
que l'armée vit, dans la nation, d'une
existence à part, qu'elle garde une
sorte de statut personnel et reste sou-
mise aune autorité autre que celle des
lois.
Les républicains doivent combattre
sans cesse une pareille théorie. Il n'en
est pas de plus dangereuse; il n'en est
pas de plus malfaisante.
La doctrine de l' « initiative » admise
par le général André qui, assurément,
n'a pas vu toutes les conséquences qu'on
tirerait de ses paroles, multiplierait les
périls auxquels nous pensons.
Au nom de l'obéissance passive, on
ordonne au soldat do suivre son chef,
même dans le cas où celui-ci accompli-
rait un acte illégal. Mais l'obéissance
passive fait du moins un devoir au chef
de ne marcher que si sa responsabilité
est couverte par un ordre précis. Si les
pouvoirs publics ont placé un républi-
cain sûr à la tête de l'armée, l'obéissance
passive serait une garantie relative plu-
tôt qu'un péril imminent.
Avec le système de 1' « iniliative des
chefs », la sécurité des institutions po-
pulaires ne serait-elle pas un peu com-
promise?
En quoi consiste cette initiative? La
France militaire nous renseigne sur ce
point. « Tel ordre est sommaire ; le su-
bordonné le comprend à demi-mot; il
le développe, en entrant avec intelli-
gence dans la pensée du chef. La fin lui
est prescrite : il imagine les moyens et
les détails de l'exécution. Et à son tour,
et dans sa sphère, il prend des déci1
sions, il se suffit; il accepte, affronte,.
embrasse la responsabilité. »
Cela est parfait - à condition que la
« sphère » du subordonné soit nette-
ment délimitée. Or, si les circulaires
ministérielles doivent être considérées
comme de simples avis, ne comportant
aucune obligation, quel frein est imposé
aux fantaisies des généraux ? Aucun.
Les soldats se soumettront aveuglé-
ment aux instructions de leurs chefs;
les chefs feront ce qui leur plaira.
C'est le règne du bon plaisir de l'oligar-
chie militaire.
Il importe de répandre dans le public
et dans l'armée des principes plus sages
et plus modernes que ceux que nous
venons d'examiner.
Hugues Destrem.
ILS DEMANDENT UN PROGRAMME
Les nationalistes intelligents
s'aperçoivent qu'ils n'avaient
pas de programme : M. Alfred
Gabriel, qui est de ces nationa-
listes intelligents, remarque,
dans l'Intransigeant, que les
nationalistes n'ont - « guère été
qu'une coalition de patriotes levés contre
les étrangers de l'intérieur ».
Il est certain que, par ces temps où l'on
se plaint d'une baisse dangereuse de la na-
talité française, le rôle du nationalisme a
surtout consisté à tenter de diminuer la
France de ses citoyens protestants, juifs,
libres-penseurs, en ^traitant ceux-ci de
« sans patrie » et « d'étrangers de l'inté-
rieur » ce qui serait une vérité si le na-
tionalisme triomphait, puisque les ci-
toyens en question seraient immédiatement
mis hors la loi par les « patriotes » de l'an-
tisémitisme.
Et alors M. Gabriel offre en fait de
programme, à ses amis, notre program-
me; il ne propose pas à ses amis d'en
inventer un nouveau, car chez eux il voit
« peu de théoriciens apportant des idées
et des vues nettes » ; il se remet donc au
programme radical-socialiste, qui est tout
fait ; il trouve « excellentes » nos ancien-
nes « affiches électorales » ; ce sont là, dit-
il, (i des programmes auxquels il n'y a
rien à objecter» ; et il propose aux natio-
nalistes d'arborer ces programmes.
Tout cela revient à dire que les nationa-
listes ont été battus, pour n'avoir pas dé-
fendu le programme qui est le nôtre et qui
nous a donné la victoire. Nous n'avons ja-
mais dit autre chose aux nationalistes.
Maintenant nous attendons avec curio-
sité l'accueil que feront aux propositions
de M. Gabriel les nationalistes qui s'ap-
pellent Arthur Meyer, Paul de Cassagnac,
François Coppée, Jules Lemaître, Robert
Mitchell, Edouard Drumoni, Maurras, de
Sabran-Pontevès et tant d'autres.
INFORMATION ERRONÉE
On sait que! parti M Ribot a tiré à la Chambre,
pendant la discussion de l'élection Syvcton, d'une
note émanée, disait-il, du groupe radical-socialiste
de la Chambre.
Charles Bos a remis les choses au point, dans
une déclaration très nette, et a prouvé que les
membres du groupe radical-socialiste avaient ré-
servé leur liberté d'action.
L'incident, cependant, n'est pas clos, et nous
devons mettre sous les yeux de nos lecteurs la let-
tre très explicite quo nous adressa M. Pierre
Poisson, député, secrétaire du groupe radical-socia-
liste :
Monsieur lo Directeur,
Le Petit Temps duo avril portait en pre-
mière colonne,sous le titre: « Le groupe radical
socialiste et l'affaire Dreyfus », une note re-
produite dans la plupart des autres journaux.
« Le groupe, y disait on, a décidé quo, si une
motion quelconque était présentée à la Cham-
bre comme conclusion de cet incint (l'inci-
dent Jaurès),. il réclamerait l'ordre du jour
pur et simple sur cette motion. Le groupe esti-
me, en effet, qu'il convient de laisser l'affaire
Dreyfus dans lo domaine judiciaire en réser-
vant les droits de chacun, et qu'il ne faut plus
le mêler à la politique. » La note donnait :en-
suite les noms des membres de la commission
de permanence nommée par le groupe pour le
remplacer pendant la séparation des Cham-
bras.
Or, les deux parties do l'information étaient
fausses. La commission de permanence donnée
par le Temps et reproduite par les autres jour-
naux n'était pas celle qui avait été nommée.
Celle-ci se compose de MM. Dubief, Arbouin,
Ferdinand Buisson, Astier, Puech,Charles Bos,
Pierre Poisson, Lovraud.
Mais la fausseté de l'autre partie de l'infor-
mation est infiniment plus grave. Le groupe
s'était bien occupé do l'intervention annoncée
de M. Jaurès à propos de l'élection Syveton,
mais il avait été décidé que l'ordre du jour pur
et simple ne serait justement pas demandé en
son nom,pour l'excellente raison que cet ordre
du jour peut prendre, selon les incidents de
séance. les significations les plus diverses et les
plus opposées. On l'a bien vu quand M. Ribot
en a repris l'idée.
Le 6 avril, j'adressais au Temps une lettre
rectificative. Le 7,ce journal publiait seulement,
sans on indiquer l'origine,la partie de ma rec-
tification relative aux noms des membres de la
commission do permanence. Or, le jour même,
M. Ribot affirmait dans son discours en faveur
de l'ordre du jour pur et simple, probablement
sur la foi de l'information fausso parue l'avant-
veille, que cet ordre du jour avait les préfé-
rences d'un très grand nombre des membres
de la majorité et que M. Jaurès exerçait sur
eux, en essayant de les entraîuer à sa suite,
une véritable violence.
J'avais trop compté sur la bonne foi du jour-
nal le Temps, ot le 8 avril, je lui adressais une
communication nouvelle pour lui faire connaî-
tre los conséquences de son silence et du main-
tien de la fausse information. Le Temps est
resté muet. Il ne tient probablement pas à dé-
truire la misérable base des arguments de M.
Ribot.
Je vous serais très obligé, Monsieur le direc-
teur, dans l'intérêt de la vérité, de vouloir bien
insérer cette lettre. Nous ne pouvons pas lais-
ser dire que,dans cette reprise de l'affairo Drey-
fus,te groupe radical-socialiste ait en majorité
opté pour l'altitude célèbre de ce procurateur
de Judic bien connu.qui fut aussi celle de MM.
Ribot et Méline. L'argument do l'autruche,
même appuyé sur les majorités parlementaires
les plus fortes, n a jamais, pour l'honneur do
notre pays, résolu ou plutôt supprimé aucune
question.
Recevez, monsieur le directeur, l'expression
de mes sentiments los plus distingués.
Pierre POISSON,
député du Gard, secrétaire du groupe
radical socialisledelaChambre.
UN MANUSCRIT INÉDIT DE SILVIO PELLICO
f De noire correspondant pariicidlerl
Rome, 10 avril.
Le professeur Domenico Cliiattone a décou-
vert lo manuscrit d'une autobiographie do Sil-
vio Pellico. L'ouvrage était jusqu'ici inconnu;
on supposait en général que l'auteur l'avait
livré aux flammes, peu de temps après l'avoir
écrit. Du moins des correspondances contem-
poraines font allusion à co fait et ce n'est que
par los épislolaires do l'époque qu'on avait eu
connaissance do l'existence de celte autobiogra-
phie. Le manuscrit retrouvé contient des ré-
vélations bien curieuses sur los procédés do la
police secrète autricbicung on Italie, j
L'ASSISTANCE
.", FAMILIALE
-
LES ALIÈNES 0
La colonie de Gheel. — L'encombre-
ment des asiles. — Dun-sur-Auron
et Ainay-le-Château. — Réunions
chantantes. — Musicien, lauréat.
- Colonies pour les convales-
cents.
Nous avons vu que les enfants assistés étaient
les seuls, jusqu'à présent, qui bénéficiaient lé-
galement et régulièrement de l'assistance fami-
lialo. Nous examinerons aujourd'hui la situa-
tion dos aliénés qui sont, depuis quelques an-
nées, admis à ce mede d'assistance.
Il existe à Gheel, en Bolgique. une colonie
séculairo, où les aliénés sont/soignés tout on
jouissant do leur entière liberté. Cette colonie
belge, qui doit, cola soit dit en passant, ses rè-
glements administratifs et médicaux à deux
préfets français, fut longtemps regardée comme
absolument inimitable et ce no fut qu'après
des essais nombreux et couronnés de succès à
l'étranger que le conseil général de la Suino,
sur l'initiative de M. Lo Roux, alors directeur
dos affaires départementales à la préfecture de
la Seine, pensa à fonder en France une colonie
somblable pour y déverser le trop plein de ses
asiles.
Ce n'est un secret pour personne que les
asiles de la Soine sont insuffisants pour conte-
nir tous les aliénés qu'on leur envoie; la place
y est tellement comptée que le cube d'air, qui
normalement devrait être de 20 métros par per-
sonne, tombe dans certaines asiles à 8 mètres.
Cette invasion a encore la tort plus grave de
surcharger los services médicaux do tîlle
sorte qu'il est malériollomont impossible au
médeciryion seulemont de soigner ses malades,
mais encore de les connaiLre.
De tels inconvénients demandaient à être
sérieusement étudiés, et la première chose à
faire était de chercher à évacuer les malades
chroniques qui encombraieut les asiles au dé-
triment des aliénés curables.
L'exemple de Gheel pouvait être fécond,
mais on devait compter avec cette peur irrai-
sonnée de la foule ignorante pour l'individu
soupçonné de folie. Il fallait trouver des gens
consentant pour un médiocre salaire à pren-
dre chez eux, à soigner, à nourrir des aliénés
avérés, ce qui n'était guère facile, car les pré-
jugés sont durs à vaincre et il y avait à crain-
dre aussi la curiosité souvent méchante dos
badauds.
Pour arriver à un résultat appréciable, l'or-
ganisateur de la colonie devait posséder non
seulement une volonté et une ténacité remar-
quables, mais encore une foi entière dans la
réussite : le Dr Marie avait la foi, la volonté, la
ténacité, il avait en plus la don de la persua-
sion, et, grâce à lui. la première colonie fami-
liale d'aliénés fut fondée.
La colonie de Dun sur-Auron
C'est à Dun-sur-Auron, une charmante pe-
tite ville du département du Cher, remplie do
promenades ombreuses, qu'est lo siège de celle
colonie, qui encore aujourd'hui ne renferme
que des femmes, démentes chroniques el inof-
fensives, que les médecins des asiles de laSoino
ont envoyéos après un examen approfondi.
Dans cette colonie de Dun que j'ai visitée
dans le plus grand détail, j'ai pu constater
combien la vie matérielle — la seule quo les
pauvres femmes peuvent apprécier — leur est
rendue douco. Plus de dortoirs en commun,
mais une chambre claire, propre, bien tenue,
suffisamment meublée, le plus souvent pour une
seule pensionnaire, quelquefois deux, quand lu
chambre est suffisamment vaste pour donner
le cube d'air qui est au minimum do 20 mètres
par personne. La nourriture, qui est celle du
nourricier, est prise à la table de famille.
L'uabitude qu'on a do les voir par les rues
est toile qu'elles ne sont l'objet d'aucune cu-
riosité, et quo les enfants ne se préoccupent
môme pas de ces passantos qui, quelquefois,ce-
pendant, ont une allure bizarro.
Le prix de cette hospitalisation est bien moins
élevé qu'à l'asile, co qui est à considérer, puis-
qu'avec la môme somme on peut soigner ou
venir en aide à un plus grand nombre de mal-
heurlmI. La pension coûte 1 fr. 10 par jour et
si l'on y joint tous les frais administratifs, mé-
dicaux, pharmaceutiques, etc., on arrive à ce
total qui n'a rien d'exorbitant de 1 fr. 39 par
tête et par jour.
Le nombre de malades prévu pour l'année
1903 au budget du département de la Seine
est de 1.000 aliénés pour Dun ot sos annoxes,
annexes qui sont situées à quelques kilomètres
de Dun et faciles à visiter fréquemment. Le
chiffre global de ce budget est do 508.262 fr.
Des bains ont été installés — chose inconnue
jusqu'à présent dans un trop grand nombre do
localités, souvent importantes — et la popula-
tion leur a fait bon accueil quand on lui a per
mis d'on profiter ; ne serait-ce qu'à ce point de
vue tout spécial de l'hygiène, l'oxlension des
colonies familiales serait à souhaiter.
Après la réussite de l'essai fait à Dun, essai
qui comportait seulement des femmes, il était
intéressant de savoir si une colonie d'hommes
était possible.
Pour les hommes
C'est à Auray-lo Château que vient d'êtro
fondée, il y a trois ans, la nouvelle colonie, et
tout fait prévoir qu'elle ne tardera pas à être
aussi prospère que son modèle.
Ce n'est déjà d'ailleurs plus un essai, car elle
peut profiter d'ores et déjà des progrès accom-
plis à Dun, où les tâtonnements devaient for-
cément retarder l'essor de la colonie.
Peut-être pouvait-on craindre que le place-
ment des hommes donnât plus do difficultés
que celui des femmes. Il n'en fut rien, au con-
traire, ot il a été reconnu que l'homme était
plus maniable,plus docile,et quo ces qualités lo
faisaient rechercher davantage par los nourri-
ciers.
C'est ainsi qu'il est curieux de constater
l'insislanco avoc laquelle les femmes veuves,
avec ou sans enfants, demandent à obtenir dos
pensionnaires, alors qu'il était à craindre que
ces nourricières no vinssent à refuser. Mais
l'homme, pour aliéné qu'il soit, n'en rend pas
moins dos services essentiels àuno femme seule,
il peut faire certains petits travaux qu'il est
impossible à la femme d'exécuter.
Constatons aussi que certaines craintes mani-
festées devant nous, concernant l'introduction
d'aliénés dans des familles ayant des fillettes
ou dos jeunes filles,n'ont jamais été fondées et
quo jusqu'à ce jour aucun inconvénient n'qst
résulté de ces placemenls.
Cependant il convient d'être très prudent et
de ne mettre en pension dans ces familles quo
des malades dont l'âgo ou les antécédents no
sont pas sujets à caution.
A l-i colonie d'Auray,certaines améliorations
ont été apportées à la vie matérielle des hos-
pitalisés. C'est ainsi qu'une salle de réunion a
été aménagée,et toutes les semaines, les mala-
des viennent y prendre le café qui leur est
offert pendant quo certains d'entre eux font do
la musique, chantent ou disent des monolo-
guos.
Le Dr Levolf, médecin-directeur de la colo-
nie, nous cite un ancien sous-chef do musique
qui joue de la flûte, un autre joue de l'accor-
déon.
jil Voix J.Q9 jamaéros dej9 mrJ .oj QYi!.:,,-_
Un pensionnaire de la colonie- un mélanco-
lique- envoie des mémoires aux sociétés contre
l'abus du labac, do l'alcool, etc. Il a obtenu de
ces sociétés, depuis quelques années, six prix
en argent, médailles ou diplômes ; en '901,il a
obtenu un prix do 200 fr. et une médaille en
vermeil. Il fait dans les journaux locaux des
articles sur l'hygiène publique !
Il en est quelques-uns qui travaillent pour la
colonio: un ancien coiffeur fait la barbe et cou-
pe les cheveux dos malades, un horloger tra-
vaille pour des particuliers, un peintre en bâti-
ments s'occupe dans los chambres do ses
camarades.
L'avenir des colonies d'aliénés.
Ces colonies semblent appelées à un grand
avenir, surtout si on se garde d'y introduire,
sous prétexte de faire de l'opendoor, certains
malades délirants qui peuvent devenir dange-
reux; le nombre est assez grand des inoffensifs
à coloniser,sans y appeler des malades dont la
place est à l'asile.
C'est encore à la colonie familiale que l'on
pourra avoir recours pour permettre aux alié-
nés convalescents do reprendre contact avec la
vie habituelle. Eu retirant do l'asile un grand
nombre de malades pauvres auxquels il no
manque que la liberté pour guérir, on rendra
à la vie civile des; il tell igences et dos bras,
c'est-à-diro des êtres utiles à la collectivité,
alors qu'un internement prolongé on faisait
fatalement et irréparablement des non-valeurs.
(A suivte) EMILE MAHÉ.
-
RIEN DE CHANGÉ
-
Notre confrère d'Alger : Les Nouvelles, ra-
conte :
A la fin do mars, dos soldats de la section
des ouvriers d'administration épluchaient des
pommes do terre. Par jeu, l'un d'eux, Chan-
deron, ouvrier boulanger, lança une pomme
de terre à un camarade qui, se baissant, évita
le projectile. La patate, ainsi lancée, alla tom-
ber sur los jambes d'un sergent.
Le sergent inflige quatre jours de consigne ;
chez le commandant, ces quatre jours do consi-
gne devinrent huit jours de salle do police. Au
moment de commencer sa punition, Chanderon
se fit porter malade. Le major flaira un « ti-
reur au flanc », refusa de reconnaître Chande-
ron malade, et Chanderon alla faire do la
« boite iL Bien.
Mais Chanderon souffrait de fièvres contrac-
tées dans le Sud Algérien ; il n'élait pas un ti-
reur au flanc, il était un malade ; et parce qu'il
s'était porté malado au moment d'une puni-
lion, il ne s'en suivait pas nécessairement qu'il
fût bien portant. Il le Ot bien voir, car au bout
de quelques jours de sallo do police, il ne fut
que temps do l'envoyer à l'hôpital du Dey. où
il mourut mardi dernier. :
C'est toujours le même air. Il faudrait
pourtant que l'on se décidât à changer quel-
que chose à ces façons de faire 1
PROVOCATIONS
La Croix, qui s'endeuille a l'occasion du
Vendredi-Saint, publie, avec des éloges dithy-
rambiques.une lettre adressée par M. Touchel,
évoqua d'Orléans, aux supérieures générales de
toutes les congrégations de femmes.
Ce prélat, qui déjà à plusieurs reprises s'est
signalé par ses provocations et ses monaces,
propose l'organisation d'un vaste syndicat de
résistance à la loi.
« Si toutes los supérieures générales m'en
croyaient, dit-il, elles s'entendraient. Il n'y
a pas d'article organique qui le leur défende à
elles! Ellos se syndiqueraient pour une résis-
tance passive, elles ordonnoraieut à leurs filles
do rester à leurs postes. »
C'est donc une levée de cornettes que M.
Touchet espère susciter. il appartiendrait aux
nonnes de faire ce que les moines n'ont' f!ilS
osé. Et,répétant la phrase célèbre de Mirabeau,
on la modifiant tant soit peu, les religieuses se
cramponneraient à leurs couvents en criant
aux commissaires de police, modernes Dreux-
Brézé : « Allez dire à votre méprisable chef
quo nous sommes ici par la volonté de Dieu et
celle do M. Touchet, et que nous n'en sortirons
que par la puissance des baïonnettes l » Le
geste sarait beau.
Malheureusement,les conseils de M. Touchet
ne seront pas suivis, et c'est un bien curieux
spectacle quo nous perdrons. Il est fort proba-
ble,en effet,que les congrégations de femmes se
séculariseront sans tambours ni trompettes.
C'est ce qu'elles peuvent faire de mieux.
Toujours est-il qu'il serait bon d'avertir M.
Touchet que les évêques ne sont point faits
pour prêcher des croisades contre l'Etat ni pour
encourager à la désobéissance à la Loi.
Le gouvernement doit dès à présent recher-
cher les moyens de mettre un lerma aux folles
équipées des prélals. Il les trouvera s'il le veut
bien. Ce serait une faiblesse quo do se borner
à hausser les épaules. — Charles Darcy.
_———————————
CONFLIT ENTRE LE VATICAN
ET LES CONGRÉGATIONS
(De notre correspondant particulierJ
Rome,10 avrii.
Il s'agit dos congrégations des îles Philippi-
nes qui, après avoir provoqué, grâce à leur
système d'exploitation, la révolution des Phi-
lippines contre l'Espagno, sont aujourd'hui en
pleine révolte contra Io pape. Le gouvernement
américain avait entamé, comme on sait, des
pourparlers avec le Saint-Siège pour régler la
question des ordres religieux espagnols éta-
blis dans les Iles. Il a été convenu que ces moi-
nes quitteraient la pays, mais que les congréga-
tions recevraient une indemnité do 50 millions.
Malheureusement, le Saiqt-Siège émet la pré-
tention de garder pour son trésor celle somme
rondelette, au lieu de la répartir entre les or-
dres religieux auxquels l'argent est destiné.
Ces derniers protestent avec énergie. Lour con-
flit avec la plus haute autorité do l'Eglise a
déjà eu une conséquence fâcheuse.
Les moines dos Philippines ont abandonné
brusquement toutes les oeuvres de charité qu'ils
avaient crééô3. N'ayant encore rion reçu, ils
ne songent pas à partir, mais plutôt à faire
une campagne en règlo contre le clergé sécu-
lier de nationalité américaine que l'archevêque
Ireland vout importer dans les îles.
La laïcisation dans la Marine
Les chapelles fermées. — Le vendredi
dit saint.
On annonce qna la ministre de la marine a
ordonné la fermeture des chapelles do la mari-
ne existant dans les porls, autres que celles
des hôpitaux, des prisons, de l'hospice des
orphelines de Rochefort et de l'établissement
des pupilles, Les chapelles des hôpitaux seront
désormais affectées exclusivement aux malades
et aux personnes en service dans los établisse-
ments. Les personnes étrangères ne seront ad-
mises à y suivre los exercices religieux que
pour les services funèbres.
Marseille, 10 avril.
A l'occasion du vendredi saint, les compa-
gnies marilimos ont misleurs drapeauxen bor-
ne. Tous les navires actuellement dans le port
ont leurs vergues en pantenne, Suivant les
iajslruclioas do la çirsutèirs miaislériells de.
M. de Lanessao, renouvelées et confirmées par
M. Pelletan, les bateaux de l'Etat ne portent
aucun signe extérieur de deuil. C'est la pre-
mière fois que celle circulaire eill appliquée
Voir à la 3 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
DANS LE 17e ARRONDISSEMENT
Les habitants de la Plaine-Moncean ont
trouvé, hier matin, à leur réveil, l'afSche sui-
vante placardée sur los murs du quartier.
Nous en donnons lo texte exact.
Aux Electeurs de la Plaine-Monceau,
Notre conseiller municipal, M. Pugtiesi-Conti,
avait annoncé l'intention de donner sa démission
après la nomination du bureau du Conseil.
Nous apprenons que, revenant sur sa détermi-
nation, il projetterait do continuer indéfiniment à
cumuler ses deux mandats, pour le plus grand
préjudice des int/lrèts denotre quartier.
On sait, en offet, que depuis que nous l'avons
envoyé siéger à la Chambre des Députés, il a cons-
tamment négligé ses fonctions municipales, ne
venant à l'Hôtel de Ville qu'à de rares intervalles,
ne prenant part à aucune discussion, no se trou-
vant jamais là quand il y avait des crédits à dis-
tribuer entre les divers quartiers, de telle sorte que
la Plaine-Monceau a été constamment lésée.
Electeurs,
Ne pensez-rous pas que cette situation ait assez
duré?
Il est grand temps que nous soyons réellement
représonté, au Conseil municipal.
Dans un intérêt supérieur, nous avons palienté
jusqu'à l'élection du bureau ; mais nous avons as-
sez attendu, et il faut aujourd'hui que M. Pugliesi-
Conti résigne l'un do ses deux mandats.
Un groupe d'électeurs.
Le groupe d'électeurs dont on vient de lire
l'appel exprime de la façon la plus claire le
sentiment de tous los électeurs républicains du
17° arrondissement, et cette protestation est
tellement juste que nous nous faisons un de-
voir do la reproduire.
LA RECONSTRUCTION DU CLOCHER DE ST-MARC
(DB notre correspondant particulier
Venise, 10 avril.
La pose de la première pierre du clocher de
Saint-Marc à reconstruire aura lieu le 25 cou
rant, fête de Saint-Marc. Le roi Victor-Emma-
nuel, ne pouvant assister à cette cérémonie, se
.Jera représenter par le duc d'Aoste.
♦
UNE BONNE CIRCULAIRE
La récente circulaire de M. le Président du
Conseil vient à son heure, Oui, plus que ja-
mais nos instituteurs républicains sont l'objet
« do calomnies, de vexations, do tracasseries
et de violences » ; plus que jamais les munici-
palités cléricales s'acharnent sur le moderne
apôtre do notre idéal franchement laïquo, et
trop souvent ces modestes éducateurs sont sa-
crifiés. Nous sommes heureux do constater en-
fin que le gouvernement songe à étondro sa
sollicitude âur les plus dévoués et conséqucm-
ment les plus persécutés dos serviteurs d9 la
Hépublique,
Ilélas ! toute circulaire semble supposer que
les hauts fonctionnaires placés sous les ordres
du ministre partagent les mémos sentiments
quo lui; c'est pourquoi la majorité de nos
maîtres ne so jugeront pas suffisamment proté-
gés malgré les ordres formels de M. Combes.
Pour qu'une circ.ulairo ait force de loi, il faut
quo les responsables soient décidés à l'appli-
quer. Le seront-ils tous? Non.
Et puis, elle est insuffisante ; à M. Chaumié
do la compléter : l'instituteur dépend aussi de
ses supérieurs hiérarchiques ; il attache la plus
grande importance à l'opinion de ces derniers
à son égard.
Or, le grand mot de toute administration,
c'est: Pas d'histoires! Bien peu do chefs ont
l'énergie de résister à la meule réactionnaire.
Il en est cepondantt et ceux-là, j'estime que
nous devrions les récompenser de leur courage
et leur accorder nos postes de confiance; mais,
il en est d'autres pour qui l'instituteur libre-
penseur est un véritable souffre-douleur. Qui-
conque refuse de faire la prière dans sa classe,
quiconque fait œuvre de citoyen devient à leurs
yeux capable do tous les crimes.
Oui, je le répète, épurons, républicanisons,
mais commençons par la tête. A l'œuvre, mon-
sieur le ministre de l'instruction publique, et
vaillamment ! C'ost pour la République I Une
circulaire et des enquêtes! - Jacques Ledroit.
P.-S. — Un fonctionnaire de la région pari-
sienne fait do la propagande antirépublicaine
lors des élections législatives; il obtient de
l'avancement.
Une institutrice do la même région raconte
aux enfants qu'ils iront en enfer s'ils ne réci-
tent pas leurs prières.
Une autre institutrice (région méditerra-
néenne) se fait adresser ses lettres à la cura du
pays.
Une troisième (même région) fait faire ses
correspondances par M. le curé.
Nombre de directrices obligent leurs adjoin -
tes à conduire les enfants à l'église ; plusieurs
"maîlrossos républicaines ont été sacrifiées pour
un refus.
Des instituteurs, des institutrices envoient
leurs enfants chez les congrégllnisles.
Sans commentaires.— J. L.
———————————— --
MANIFESTATION. PAR ORDRE
(De notre correspondant particulier)
Dresde, 10 avril.
On attend pour lo 2 mai, l'arrivéodu roi do
Saxe. Le gouvernement, dans le but de prépa-
rer un accueil solennel au souverain, a donné
l'ordre à tous les fonctionnaires d'aller avec
16urs familles en groupes dans toutes les rues
où le monarque passera et d'y amener du mon-
de, si possible. Les femmes doivent venir en
toilettes de ville claire?. Chaque « manifestant n
doit, avant d'aller manifester, signer une
feuillo do présence.
——————————— ♦ ———————————
Le divorce d'un ami de Guillaume II
(De notre correspondant particulierl
New-York, 10 avril.
Mme Poultnay-Bigelow a obtenu lo divorce
qu'elle demandait à sou profit, M. Poultney-
Bigelow est ua ami intime de l'empereur Guil-
laume Il. C'ost lui qui a lancé dans les revues
américaines do nombreux articles élogieux
pour le kaiser. Et maintes fois il a reçu du mo-
narque des contidences. destinées à être divul-
guées avec zèle.
♦
LA RÉVOLTE A SAINT-DOMINGUE
Saint-Domingue, 10 avril.
Le croiseur allemand Vinela et le croiseur
italien Giovanni-Bausan sont arrivés et ont
débarqué dos marins pour protéger tours con-
sulats. -
Le cuirassé hollandais De-Runter et un navi-
te de guerre anglais sont attendus.
La situaiioa de la capitale est critiqua*
LA DENTELLE
Un art en décadence. — Un amenda.
ment. — Histoire et fabrication de la
dentelle. — La Valenciennes. —
Les points d'Alençon, d'Angle-
terre et de Bruxelles. - La bro-
derie de Malines. — Les den-
telles de Gênes, de Venise
et de Chantilly. — Dentel-
les blanches et dentelles
noires. — Variétés.
Un député a préseulé à la Chambre, lors-
qu'elle a discuté le budget du commerce et de
l'industrie, un amendement tendant à obtenir
un crédit de cent- mille francs on faveur de
l'apprentissage du métier de dentellière, et le
ministre a promis de s'occuper de cette ques-
tion avec la plus grande sollicitude. L'indus-
trie do la dentelle au fuseau et à l'aiguillo est,
en effet, peu prospère depuis quelque temps, et
l'on ne peut qu'approuver l'initiative prise par
ce député pour lui donner un nouvel essor.
On estime qu'il existe en France près de deux
cent mille femmes pratiquant cet art ; or, il
serait regrollable que cos intéressantes ouvriè-
res perdissent leur moyen j'existence et aban-
donnassent la fabrication de la dentelle fran-
çaise. très en honneur au dix-septième siècle,
et qui constitue l'art de la femme par excellence.
Un peu d'histoire
L'art de fabriquer les tissus à mailles était
déjà connu du temps des H6breux, des Egyp-
tiens, dos Grecs et des Romains, qui les consi-
déraient comme un des plus beaux ornements
de leur toilette. Toutefois, ee n'est que du dix-
septième siècle que date l'industrie dentellière
proprement dite ; il est vrai de dire cependant
qu'on fabriquait déjà ce léger tissu sous Char-
les-Quint, qui en ordonna la propagation dans
toutes les écoles et dans tous les couvents. A
celle époque, la dontelle n'était encore qu'une
sorte de passementerie de fil de lin, sans réseau
et tricotée à l'aiguille. Depuis, elle se trans-
forma en un réseau fait à la main ou au mé-
tier, et souvent même orné de broderies à l'ai-
guille.
Les premières fabriques do dentelles furont
établies en France, puis en Italie, à Venise et
à Gênes ; et co n'est qu'à partir de 1600 que la
France ne fut plus tributaire de l'étranger dont
les produits, avouons-le, étaient do beaucoup
supérieurs aux siens. Grâce à l'encouragement
quo donna Colbert à toutes nos grandes indus-
tries, la fabrication de la dentelle fit chez nous
de rapides progrès el parvint même à soutenir
la concurrence des fabriques étrangères. La
vaknciennes, la dentelle de Lille et le point
d'Alençon eurent, dès le début, un immense
succès, et, bien qu'à présent ces tissus soient
en grande partie fabriqués à Ypres, à Bruxelles,
à Coulray, etc., ils n'en font pas moins hon-
neur aux pays dont ils sont originaires.
Classification
La beauté des dentellos réside dans la finesse,
la souplesse et la légèreté du réseau, ainsi que
dans le caractère artistique des dessins qu'elles
représentent. On a classé les diverses sortes do
dentelles en fil, fabriquées à la main, en cinq
catégories bien distinctes qui sont : le point
(1-Alenron ou de France, qui se fait à l'aiguille ;
le point d'Angleterre ou plus justement lo
point de Bruxelles, composé d'un fond tissé sur
lequel on brode des dessins, et qni reçoit le
nom d'application d'Angleterre, lorsque le fond
est fait à la mécanique ; la broderie de Slalmes*
qu'on exécute entièrement au fuseau ; la Va-
lenciennes, encore faite au fuseau, mais d'un
seul coup; enfin la dentelle de Lille, qu'on fa-
brique comme la Valenciennes, et qui n'en dif-
fère que par son peu de solidité.
De tous ces lissus, le plus solide. la plus fia
et le plus riche est la point d'Alençon. Au
début, ce point consistait en une sorte de bro-
derio à jour, faite sur une espèco de filet à
mailles très fines appelé lacis, et qu'on obte-
nait on tirant d'un tissu quelconque, dans la
sens de la longueur et de la largeur, un cer-
tain nombre de fils de manière à former un ré-
seau dont on arrêtait los mailles par un point
noué à l'aiguille. Au lacis succéda le point
coupé qui n'était autre qu'une broderie exé-
cutée à l'aignille. sur un tissu dans lequel on
faisait des vides réguliers, en tirant des fils de
la chaîne et do la trame, absolument comme
pour lo lacis. Bientôt après apparurent la
champ el le voilé. Le champ était uno dentelle
dont le fond se travaillait à jour, elle voilé un
lissu mal qni faisait ressortir les dessins (fleurs
en figurines) qu'on y brodait.
Un édit de Louis XIII
C'est aux Italiens que revient l'honneur d'a.
voir fait subir au lacis les importâmes modifi-
cations dont nous venons do parier. Los den-
telles do Gènes et de Venise, quoique très im-
parfaites encore, devinrent néanmoins l'orne-
ment indispensable de la loilolle des hommes,
aussi bien que de celle des fommes. Lour usage
finit même par être tellement exagéré, que
Louis XIII, effrayé des sommes considérables
qui passaient annuellement on Italie, fil paraî-
tre, en 1G29, un édit par lequel l'importation
de la dentelle fut absolument interdite ea
France. Cependant, on 1630, rovenanl sur cette
décision, il en autorisa l'importation, mais en
limita l'emploi. Enfin, quelque temps après,
Colbert imagina d'établir en Franco un certain
nombre do manufactures, entre antres cella
d'Alençon, où fut créé le point dit do France
ou d'Alençon, encore si renommé aujour-
d'hui.
L'industrie dentellière était déjà en pleine
prospérité lorsqu'eul lieu la révocation de l'édit
de Nantes, qui obligea la plupart des fabri-
cants à émigrer. Les uns allèrent en Hollande,
les autres en Angleterre, et leur départ porta
un coup funeste à cette belle industrie qui pé-
riclita de plus on plus jusqu'à la fin du règne
de Louis XIV. Sous Louis XV, la fabricaiioo
de la dentelle reprit un nouvel essor. Un des
fils du comte d'Harcourl, le comte de Marsan,
ayant fait obtenir à sa nourrice, une nommée
Dumont, d'origine belge, le droit exclusif de
fonder à Paris une fabrique de dentelles, celle-
ci s'établit au faubourg Saint-Antoine, où elle
forma de nombreuses élèves,donl plusieurs do-
vinrent d'habiles ouvrières. Après avoir été
tnnsférés rue Saint-Sauveur, les ateliers do
Mme Dumont furent définitivement installés
dans l'hôtel Saint-Chamond, non loin de la
Perte-Sainl-Denis. Malheureusement, et mal-
gré les encouragements qu'elle reçut, l'indus-
trio dentellière périclita de nouveau jusque
sous le règne de Louis-Philippo,où elle rentra
tout à fait en faveur. A cette époque, la fabri-
cation de la dentelle reçul d'importantes modi-
fications. Ou remplaça le champ par lo réseau
d'Alençon sous fond clair. Ce réseau, d'un tra-
vail simple, était, dit M. Eric Besnard, à deux
fils de formo hexagone et 50 produisait par
l'effet du croisement do deux fuseaux ou de
deux aiguilles aa point de jonction dC4 quatre
qui s'emploient dans chaque réseau. C'est ce
croisement des fils qui rend les réseaux soli-
taires en les rattachant ensemble.
Comment on fabrique la dentelle
Pour fabriquer la dentelle, on se sert d'un
mélier formé d'une plauche ovale rembourrée
et recouverte d'étoffe ; do bandes de vélin ou
de papier, de pincos à épiler, de ciseaux, d'é.
pingles en laiton, d'aiguilles et do fil da lin.
On commence par couper des bandes de vélla,
on les doublo ensuite do deux toiles, puis oa
îçs distribue suceessivynûat à dpwze Ín rièrai
- , ",.. -
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Adresser lellres el mandais à l'administrateur
L'échéance du 15 avril étant une des plus
importantes de l'année, nous prions instam-
ment ceux de nos souscripteurs des départements
dont l'abonnement expire à cette date, de ne
point a rendre la fin du mois ■pour nous
adresser leur renouvellement, afin d'éviter tout
retard dans la réception du journal.
NOS LEADERS
Initiative ! Disciline
L'article que publie sous ce titre la
L'article que publie sous ce titre la
France Militaire rend à l'actualité une
discussion engagée entre le général An-
dré et M. Georges Clemenceau. On sait
l'origine du différend. Au cours d'une
des dernières séances du Sénat, M. Geor-
ges Clemenceau demandait pourquoi les
chefs des divers corps d'armée ne se
conformaient point à plusieurs circu-
laires du ministre de la guerre.
C'est alors que celui-ci répondit :
— Les circulaires du ministre ne
sont pas des ordres, elles constituent de
simples conseils; et quand il y déroge,
fun général ne fait pas montre d'indisci-
pline, il prouve son esprit d'initiative,
Je cite de mémoire. Mais, certes, je
ne modifie en rien le sens de la réponse
du général André.
; Clemenceau s'indigna ; il riposta sur-
; le-champ,. non sans vivacité ; et, il y
a deux jours,dans un article de l'Action,
il condamnait en termes encore plus
ardents la conception du chef de l'ar-
mée.
; La France Militaire paraît assez suf-
foquée. Elle admet difficilement que
,({ nos grands chefs militaires » aient été
accusés « d'insubordination et de ré-
volte ». Elle se rallie donc avec beau-
coup de bonne volonté à la thèse du
général André. Le journal spécial sent
pourtant que cette thèse a besoin d'être
expliquée et d'être éclaircie. Suivons
notre confrère dans son commentaire.
D'abord, « il est admis par tous,
comme par le Règlement sur le service
intérieur, que la discipline fait la force
principale des armées ». La France Mi-
litaire entreprend « de chasser de quel-
ques esprits timorés cette crainte perpé-
tuelle de l'initiative qui, a-t-on dit,
peut aller jusqu'au coup d'Etat ».
Esprit timoré ! Entre parenthèses, le
mot est inattendu, s'appliquant à Geor-
ges Clemenceau. Mais passons.
La France Militaire estime que, (C pour
prouver que discipline et initiative ne
:s'excluent pas, il faut commencer par
définir l'une et l'autre ».
Nous sommes d'accord.Eh bien, « en
quoi consiste la discipline? Elle est tout
d'abord l'obéissance et la soumission.
Elle est même l'obéissance passive. »
C'est-à-dire que, suivant les propres
termesdenotre contradicteur,si un ordre
n'est ni juste ni légitime, « l'obéissance
n'en demeure pas moins jobligatoire,
car le commandement est pour le mili-
taire ce que la loi est pour le citoyen ».
: La formule ne nous plaît qu'à moitié.
Nous avons peine à admettre que le sol-
dat ne soit pas un citoyen. Nous n'ac-
ceptons en aucune façon que le com-
mandement remplace la loi. Au con-
traire, le commandement n'est légitime
que s'il assure l'exécution de la loi.
L'écrivain dont nous examinons les
idées est imbu, peut-être inconsciem-
ment de cette idée antidémocratique
que l'armée vit, dans la nation, d'une
existence à part, qu'elle garde une
sorte de statut personnel et reste sou-
mise aune autorité autre que celle des
lois.
Les républicains doivent combattre
sans cesse une pareille théorie. Il n'en
est pas de plus dangereuse; il n'en est
pas de plus malfaisante.
La doctrine de l' « initiative » admise
par le général André qui, assurément,
n'a pas vu toutes les conséquences qu'on
tirerait de ses paroles, multiplierait les
périls auxquels nous pensons.
Au nom de l'obéissance passive, on
ordonne au soldat do suivre son chef,
même dans le cas où celui-ci accompli-
rait un acte illégal. Mais l'obéissance
passive fait du moins un devoir au chef
de ne marcher que si sa responsabilité
est couverte par un ordre précis. Si les
pouvoirs publics ont placé un républi-
cain sûr à la tête de l'armée, l'obéissance
passive serait une garantie relative plu-
tôt qu'un péril imminent.
Avec le système de 1' « iniliative des
chefs », la sécurité des institutions po-
pulaires ne serait-elle pas un peu com-
promise?
En quoi consiste cette initiative? La
France militaire nous renseigne sur ce
point. « Tel ordre est sommaire ; le su-
bordonné le comprend à demi-mot; il
le développe, en entrant avec intelli-
gence dans la pensée du chef. La fin lui
est prescrite : il imagine les moyens et
les détails de l'exécution. Et à son tour,
et dans sa sphère, il prend des déci1
sions, il se suffit; il accepte, affronte,.
embrasse la responsabilité. »
Cela est parfait - à condition que la
« sphère » du subordonné soit nette-
ment délimitée. Or, si les circulaires
ministérielles doivent être considérées
comme de simples avis, ne comportant
aucune obligation, quel frein est imposé
aux fantaisies des généraux ? Aucun.
Les soldats se soumettront aveuglé-
ment aux instructions de leurs chefs;
les chefs feront ce qui leur plaira.
C'est le règne du bon plaisir de l'oligar-
chie militaire.
Il importe de répandre dans le public
et dans l'armée des principes plus sages
et plus modernes que ceux que nous
venons d'examiner.
Hugues Destrem.
ILS DEMANDENT UN PROGRAMME
Les nationalistes intelligents
s'aperçoivent qu'ils n'avaient
pas de programme : M. Alfred
Gabriel, qui est de ces nationa-
listes intelligents, remarque,
dans l'Intransigeant, que les
nationalistes n'ont - « guère été
qu'une coalition de patriotes levés contre
les étrangers de l'intérieur ».
Il est certain que, par ces temps où l'on
se plaint d'une baisse dangereuse de la na-
talité française, le rôle du nationalisme a
surtout consisté à tenter de diminuer la
France de ses citoyens protestants, juifs,
libres-penseurs, en ^traitant ceux-ci de
« sans patrie » et « d'étrangers de l'inté-
rieur » ce qui serait une vérité si le na-
tionalisme triomphait, puisque les ci-
toyens en question seraient immédiatement
mis hors la loi par les « patriotes » de l'an-
tisémitisme.
Et alors M. Gabriel offre en fait de
programme, à ses amis, notre program-
me; il ne propose pas à ses amis d'en
inventer un nouveau, car chez eux il voit
« peu de théoriciens apportant des idées
et des vues nettes » ; il se remet donc au
programme radical-socialiste, qui est tout
fait ; il trouve « excellentes » nos ancien-
nes « affiches électorales » ; ce sont là, dit-
il, (i des programmes auxquels il n'y a
rien à objecter» ; et il propose aux natio-
nalistes d'arborer ces programmes.
Tout cela revient à dire que les nationa-
listes ont été battus, pour n'avoir pas dé-
fendu le programme qui est le nôtre et qui
nous a donné la victoire. Nous n'avons ja-
mais dit autre chose aux nationalistes.
Maintenant nous attendons avec curio-
sité l'accueil que feront aux propositions
de M. Gabriel les nationalistes qui s'ap-
pellent Arthur Meyer, Paul de Cassagnac,
François Coppée, Jules Lemaître, Robert
Mitchell, Edouard Drumoni, Maurras, de
Sabran-Pontevès et tant d'autres.
INFORMATION ERRONÉE
On sait que! parti M Ribot a tiré à la Chambre,
pendant la discussion de l'élection Syvcton, d'une
note émanée, disait-il, du groupe radical-socialiste
de la Chambre.
Charles Bos a remis les choses au point, dans
une déclaration très nette, et a prouvé que les
membres du groupe radical-socialiste avaient ré-
servé leur liberté d'action.
L'incident, cependant, n'est pas clos, et nous
devons mettre sous les yeux de nos lecteurs la let-
tre très explicite quo nous adressa M. Pierre
Poisson, député, secrétaire du groupe radical-socia-
liste :
Monsieur lo Directeur,
Le Petit Temps duo avril portait en pre-
mière colonne,sous le titre: « Le groupe radical
socialiste et l'affaire Dreyfus », une note re-
produite dans la plupart des autres journaux.
« Le groupe, y disait on, a décidé quo, si une
motion quelconque était présentée à la Cham-
bre comme conclusion de cet incint (l'inci-
dent Jaurès),. il réclamerait l'ordre du jour
pur et simple sur cette motion. Le groupe esti-
me, en effet, qu'il convient de laisser l'affaire
Dreyfus dans lo domaine judiciaire en réser-
vant les droits de chacun, et qu'il ne faut plus
le mêler à la politique. » La note donnait :en-
suite les noms des membres de la commission
de permanence nommée par le groupe pour le
remplacer pendant la séparation des Cham-
bras.
Or, les deux parties do l'information étaient
fausses. La commission de permanence donnée
par le Temps et reproduite par les autres jour-
naux n'était pas celle qui avait été nommée.
Celle-ci se compose de MM. Dubief, Arbouin,
Ferdinand Buisson, Astier, Puech,Charles Bos,
Pierre Poisson, Lovraud.
Mais la fausseté de l'autre partie de l'infor-
mation est infiniment plus grave. Le groupe
s'était bien occupé do l'intervention annoncée
de M. Jaurès à propos de l'élection Syveton,
mais il avait été décidé que l'ordre du jour pur
et simple ne serait justement pas demandé en
son nom,pour l'excellente raison que cet ordre
du jour peut prendre, selon les incidents de
séance. les significations les plus diverses et les
plus opposées. On l'a bien vu quand M. Ribot
en a repris l'idée.
Le 6 avril, j'adressais au Temps une lettre
rectificative. Le 7,ce journal publiait seulement,
sans on indiquer l'origine,la partie de ma rec-
tification relative aux noms des membres de la
commission do permanence. Or, le jour même,
M. Ribot affirmait dans son discours en faveur
de l'ordre du jour pur et simple, probablement
sur la foi de l'information fausso parue l'avant-
veille, que cet ordre du jour avait les préfé-
rences d'un très grand nombre des membres
de la majorité et que M. Jaurès exerçait sur
eux, en essayant de les entraîuer à sa suite,
une véritable violence.
J'avais trop compté sur la bonne foi du jour-
nal le Temps, ot le 8 avril, je lui adressais une
communication nouvelle pour lui faire connaî-
tre los conséquences de son silence et du main-
tien de la fausse information. Le Temps est
resté muet. Il ne tient probablement pas à dé-
truire la misérable base des arguments de M.
Ribot.
Je vous serais très obligé, Monsieur le direc-
teur, dans l'intérêt de la vérité, de vouloir bien
insérer cette lettre. Nous ne pouvons pas lais-
ser dire que,dans cette reprise de l'affairo Drey-
fus,te groupe radical-socialiste ait en majorité
opté pour l'altitude célèbre de ce procurateur
de Judic bien connu.qui fut aussi celle de MM.
Ribot et Méline. L'argument do l'autruche,
même appuyé sur les majorités parlementaires
les plus fortes, n a jamais, pour l'honneur do
notre pays, résolu ou plutôt supprimé aucune
question.
Recevez, monsieur le directeur, l'expression
de mes sentiments los plus distingués.
Pierre POISSON,
député du Gard, secrétaire du groupe
radical socialisledelaChambre.
UN MANUSCRIT INÉDIT DE SILVIO PELLICO
f De noire correspondant pariicidlerl
Rome, 10 avril.
Le professeur Domenico Cliiattone a décou-
vert lo manuscrit d'une autobiographie do Sil-
vio Pellico. L'ouvrage était jusqu'ici inconnu;
on supposait en général que l'auteur l'avait
livré aux flammes, peu de temps après l'avoir
écrit. Du moins des correspondances contem-
poraines font allusion à co fait et ce n'est que
par los épislolaires do l'époque qu'on avait eu
connaissance do l'existence de celte autobiogra-
phie. Le manuscrit retrouvé contient des ré-
vélations bien curieuses sur los procédés do la
police secrète autricbicung on Italie, j
L'ASSISTANCE
.", FAMILIALE
-
LES ALIÈNES 0
La colonie de Gheel. — L'encombre-
ment des asiles. — Dun-sur-Auron
et Ainay-le-Château. — Réunions
chantantes. — Musicien, lauréat.
- Colonies pour les convales-
cents.
Nous avons vu que les enfants assistés étaient
les seuls, jusqu'à présent, qui bénéficiaient lé-
galement et régulièrement de l'assistance fami-
lialo. Nous examinerons aujourd'hui la situa-
tion dos aliénés qui sont, depuis quelques an-
nées, admis à ce mede d'assistance.
Il existe à Gheel, en Bolgique. une colonie
séculairo, où les aliénés sont/soignés tout on
jouissant do leur entière liberté. Cette colonie
belge, qui doit, cola soit dit en passant, ses rè-
glements administratifs et médicaux à deux
préfets français, fut longtemps regardée comme
absolument inimitable et ce no fut qu'après
des essais nombreux et couronnés de succès à
l'étranger que le conseil général de la Suino,
sur l'initiative de M. Lo Roux, alors directeur
dos affaires départementales à la préfecture de
la Seine, pensa à fonder en France une colonie
somblable pour y déverser le trop plein de ses
asiles.
Ce n'est un secret pour personne que les
asiles de la Soine sont insuffisants pour conte-
nir tous les aliénés qu'on leur envoie; la place
y est tellement comptée que le cube d'air, qui
normalement devrait être de 20 métros par per-
sonne, tombe dans certaines asiles à 8 mètres.
Cette invasion a encore la tort plus grave de
surcharger los services médicaux do tîlle
sorte qu'il est malériollomont impossible au
médeciryion seulemont de soigner ses malades,
mais encore de les connaiLre.
De tels inconvénients demandaient à être
sérieusement étudiés, et la première chose à
faire était de chercher à évacuer les malades
chroniques qui encombraieut les asiles au dé-
triment des aliénés curables.
L'exemple de Gheel pouvait être fécond,
mais on devait compter avec cette peur irrai-
sonnée de la foule ignorante pour l'individu
soupçonné de folie. Il fallait trouver des gens
consentant pour un médiocre salaire à pren-
dre chez eux, à soigner, à nourrir des aliénés
avérés, ce qui n'était guère facile, car les pré-
jugés sont durs à vaincre et il y avait à crain-
dre aussi la curiosité souvent méchante dos
badauds.
Pour arriver à un résultat appréciable, l'or-
ganisateur de la colonie devait posséder non
seulement une volonté et une ténacité remar-
quables, mais encore une foi entière dans la
réussite : le Dr Marie avait la foi, la volonté, la
ténacité, il avait en plus la don de la persua-
sion, et, grâce à lui. la première colonie fami-
liale d'aliénés fut fondée.
La colonie de Dun sur-Auron
C'est à Dun-sur-Auron, une charmante pe-
tite ville du département du Cher, remplie do
promenades ombreuses, qu'est lo siège de celle
colonie, qui encore aujourd'hui ne renferme
que des femmes, démentes chroniques el inof-
fensives, que les médecins des asiles de laSoino
ont envoyéos après un examen approfondi.
Dans cette colonie de Dun que j'ai visitée
dans le plus grand détail, j'ai pu constater
combien la vie matérielle — la seule quo les
pauvres femmes peuvent apprécier — leur est
rendue douco. Plus de dortoirs en commun,
mais une chambre claire, propre, bien tenue,
suffisamment meublée, le plus souvent pour une
seule pensionnaire, quelquefois deux, quand lu
chambre est suffisamment vaste pour donner
le cube d'air qui est au minimum do 20 mètres
par personne. La nourriture, qui est celle du
nourricier, est prise à la table de famille.
L'uabitude qu'on a do les voir par les rues
est toile qu'elles ne sont l'objet d'aucune cu-
riosité, et quo les enfants ne se préoccupent
môme pas de ces passantos qui, quelquefois,ce-
pendant, ont une allure bizarro.
Le prix de cette hospitalisation est bien moins
élevé qu'à l'asile, co qui est à considérer, puis-
qu'avec la môme somme on peut soigner ou
venir en aide à un plus grand nombre de mal-
heurlmI. La pension coûte 1 fr. 10 par jour et
si l'on y joint tous les frais administratifs, mé-
dicaux, pharmaceutiques, etc., on arrive à ce
total qui n'a rien d'exorbitant de 1 fr. 39 par
tête et par jour.
Le nombre de malades prévu pour l'année
1903 au budget du département de la Seine
est de 1.000 aliénés pour Dun ot sos annoxes,
annexes qui sont situées à quelques kilomètres
de Dun et faciles à visiter fréquemment. Le
chiffre global de ce budget est do 508.262 fr.
Des bains ont été installés — chose inconnue
jusqu'à présent dans un trop grand nombre do
localités, souvent importantes — et la popula-
tion leur a fait bon accueil quand on lui a per
mis d'on profiter ; ne serait-ce qu'à ce point de
vue tout spécial de l'hygiène, l'oxlension des
colonies familiales serait à souhaiter.
Après la réussite de l'essai fait à Dun, essai
qui comportait seulement des femmes, il était
intéressant de savoir si une colonie d'hommes
était possible.
Pour les hommes
C'est à Auray-lo Château que vient d'êtro
fondée, il y a trois ans, la nouvelle colonie, et
tout fait prévoir qu'elle ne tardera pas à être
aussi prospère que son modèle.
Ce n'est déjà d'ailleurs plus un essai, car elle
peut profiter d'ores et déjà des progrès accom-
plis à Dun, où les tâtonnements devaient for-
cément retarder l'essor de la colonie.
Peut-être pouvait-on craindre que le place-
ment des hommes donnât plus do difficultés
que celui des femmes. Il n'en fut rien, au con-
traire, ot il a été reconnu que l'homme était
plus maniable,plus docile,et quo ces qualités lo
faisaient rechercher davantage par los nourri-
ciers.
C'est ainsi qu'il est curieux de constater
l'insislanco avoc laquelle les femmes veuves,
avec ou sans enfants, demandent à obtenir dos
pensionnaires, alors qu'il était à craindre que
ces nourricières no vinssent à refuser. Mais
l'homme, pour aliéné qu'il soit, n'en rend pas
moins dos services essentiels àuno femme seule,
il peut faire certains petits travaux qu'il est
impossible à la femme d'exécuter.
Constatons aussi que certaines craintes mani-
festées devant nous, concernant l'introduction
d'aliénés dans des familles ayant des fillettes
ou dos jeunes filles,n'ont jamais été fondées et
quo jusqu'à ce jour aucun inconvénient n'qst
résulté de ces placemenls.
Cependant il convient d'être très prudent et
de ne mettre en pension dans ces familles quo
des malades dont l'âgo ou les antécédents no
sont pas sujets à caution.
A l-i colonie d'Auray,certaines améliorations
ont été apportées à la vie matérielle des hos-
pitalisés. C'est ainsi qu'une salle de réunion a
été aménagée,et toutes les semaines, les mala-
des viennent y prendre le café qui leur est
offert pendant quo certains d'entre eux font do
la musique, chantent ou disent des monolo-
guos.
Le Dr Levolf, médecin-directeur de la colo-
nie, nous cite un ancien sous-chef do musique
qui joue de la flûte, un autre joue de l'accor-
déon.
jil Voix J.Q9 jamaéros dej9 mrJ .oj QYi!.:,,-_
Un pensionnaire de la colonie- un mélanco-
lique- envoie des mémoires aux sociétés contre
l'abus du labac, do l'alcool, etc. Il a obtenu de
ces sociétés, depuis quelques années, six prix
en argent, médailles ou diplômes ; en '901,il a
obtenu un prix do 200 fr. et une médaille en
vermeil. Il fait dans les journaux locaux des
articles sur l'hygiène publique !
Il en est quelques-uns qui travaillent pour la
colonio: un ancien coiffeur fait la barbe et cou-
pe les cheveux dos malades, un horloger tra-
vaille pour des particuliers, un peintre en bâti-
ments s'occupe dans los chambres do ses
camarades.
L'avenir des colonies d'aliénés.
Ces colonies semblent appelées à un grand
avenir, surtout si on se garde d'y introduire,
sous prétexte de faire de l'opendoor, certains
malades délirants qui peuvent devenir dange-
reux; le nombre est assez grand des inoffensifs
à coloniser,sans y appeler des malades dont la
place est à l'asile.
C'est encore à la colonie familiale que l'on
pourra avoir recours pour permettre aux alié-
nés convalescents do reprendre contact avec la
vie habituelle. Eu retirant do l'asile un grand
nombre de malades pauvres auxquels il no
manque que la liberté pour guérir, on rendra
à la vie civile des; il tell igences et dos bras,
c'est-à-diro des êtres utiles à la collectivité,
alors qu'un internement prolongé on faisait
fatalement et irréparablement des non-valeurs.
(A suivte) EMILE MAHÉ.
-
RIEN DE CHANGÉ
-
Notre confrère d'Alger : Les Nouvelles, ra-
conte :
A la fin do mars, dos soldats de la section
des ouvriers d'administration épluchaient des
pommes do terre. Par jeu, l'un d'eux, Chan-
deron, ouvrier boulanger, lança une pomme
de terre à un camarade qui, se baissant, évita
le projectile. La patate, ainsi lancée, alla tom-
ber sur los jambes d'un sergent.
Le sergent inflige quatre jours de consigne ;
chez le commandant, ces quatre jours do consi-
gne devinrent huit jours de salle do police. Au
moment de commencer sa punition, Chanderon
se fit porter malade. Le major flaira un « ti-
reur au flanc », refusa de reconnaître Chande-
ron malade, et Chanderon alla faire do la
« boite iL Bien.
Mais Chanderon souffrait de fièvres contrac-
tées dans le Sud Algérien ; il n'élait pas un ti-
reur au flanc, il était un malade ; et parce qu'il
s'était porté malado au moment d'une puni-
lion, il ne s'en suivait pas nécessairement qu'il
fût bien portant. Il le Ot bien voir, car au bout
de quelques jours de sallo do police, il ne fut
que temps do l'envoyer à l'hôpital du Dey. où
il mourut mardi dernier. :
C'est toujours le même air. Il faudrait
pourtant que l'on se décidât à changer quel-
que chose à ces façons de faire 1
PROVOCATIONS
La Croix, qui s'endeuille a l'occasion du
Vendredi-Saint, publie, avec des éloges dithy-
rambiques.une lettre adressée par M. Touchel,
évoqua d'Orléans, aux supérieures générales de
toutes les congrégations de femmes.
Ce prélat, qui déjà à plusieurs reprises s'est
signalé par ses provocations et ses monaces,
propose l'organisation d'un vaste syndicat de
résistance à la loi.
« Si toutes los supérieures générales m'en
croyaient, dit-il, elles s'entendraient. Il n'y
a pas d'article organique qui le leur défende à
elles! Ellos se syndiqueraient pour une résis-
tance passive, elles ordonnoraieut à leurs filles
do rester à leurs postes. »
C'est donc une levée de cornettes que M.
Touchet espère susciter. il appartiendrait aux
nonnes de faire ce que les moines n'ont' f!ilS
osé. Et,répétant la phrase célèbre de Mirabeau,
on la modifiant tant soit peu, les religieuses se
cramponneraient à leurs couvents en criant
aux commissaires de police, modernes Dreux-
Brézé : « Allez dire à votre méprisable chef
quo nous sommes ici par la volonté de Dieu et
celle do M. Touchet, et que nous n'en sortirons
que par la puissance des baïonnettes l » Le
geste sarait beau.
Malheureusement,les conseils de M. Touchet
ne seront pas suivis, et c'est un bien curieux
spectacle quo nous perdrons. Il est fort proba-
ble,en effet,que les congrégations de femmes se
séculariseront sans tambours ni trompettes.
C'est ce qu'elles peuvent faire de mieux.
Toujours est-il qu'il serait bon d'avertir M.
Touchet que les évêques ne sont point faits
pour prêcher des croisades contre l'Etat ni pour
encourager à la désobéissance à la Loi.
Le gouvernement doit dès à présent recher-
cher les moyens de mettre un lerma aux folles
équipées des prélals. Il les trouvera s'il le veut
bien. Ce serait une faiblesse quo do se borner
à hausser les épaules. — Charles Darcy.
_———————————
CONFLIT ENTRE LE VATICAN
ET LES CONGRÉGATIONS
(De notre correspondant particulierJ
Rome,10 avrii.
Il s'agit dos congrégations des îles Philippi-
nes qui, après avoir provoqué, grâce à leur
système d'exploitation, la révolution des Phi-
lippines contre l'Espagno, sont aujourd'hui en
pleine révolte contra Io pape. Le gouvernement
américain avait entamé, comme on sait, des
pourparlers avec le Saint-Siège pour régler la
question des ordres religieux espagnols éta-
blis dans les Iles. Il a été convenu que ces moi-
nes quitteraient la pays, mais que les congréga-
tions recevraient une indemnité do 50 millions.
Malheureusement, le Saiqt-Siège émet la pré-
tention de garder pour son trésor celle somme
rondelette, au lieu de la répartir entre les or-
dres religieux auxquels l'argent est destiné.
Ces derniers protestent avec énergie. Lour con-
flit avec la plus haute autorité do l'Eglise a
déjà eu une conséquence fâcheuse.
Les moines dos Philippines ont abandonné
brusquement toutes les oeuvres de charité qu'ils
avaient crééô3. N'ayant encore rion reçu, ils
ne songent pas à partir, mais plutôt à faire
une campagne en règlo contre le clergé sécu-
lier de nationalité américaine que l'archevêque
Ireland vout importer dans les îles.
La laïcisation dans la Marine
Les chapelles fermées. — Le vendredi
dit saint.
On annonce qna la ministre de la marine a
ordonné la fermeture des chapelles do la mari-
ne existant dans les porls, autres que celles
des hôpitaux, des prisons, de l'hospice des
orphelines de Rochefort et de l'établissement
des pupilles, Les chapelles des hôpitaux seront
désormais affectées exclusivement aux malades
et aux personnes en service dans los établisse-
ments. Les personnes étrangères ne seront ad-
mises à y suivre los exercices religieux que
pour les services funèbres.
Marseille, 10 avril.
A l'occasion du vendredi saint, les compa-
gnies marilimos ont misleurs drapeauxen bor-
ne. Tous les navires actuellement dans le port
ont leurs vergues en pantenne, Suivant les
iajslruclioas do la çirsutèirs miaislériells de.
M. de Lanessao, renouvelées et confirmées par
M. Pelletan, les bateaux de l'Etat ne portent
aucun signe extérieur de deuil. C'est la pre-
mière fois que celle circulaire eill appliquée
Voir à la 3 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
DANS LE 17e ARRONDISSEMENT
Les habitants de la Plaine-Moncean ont
trouvé, hier matin, à leur réveil, l'afSche sui-
vante placardée sur los murs du quartier.
Nous en donnons lo texte exact.
Aux Electeurs de la Plaine-Monceau,
Notre conseiller municipal, M. Pugtiesi-Conti,
avait annoncé l'intention de donner sa démission
après la nomination du bureau du Conseil.
Nous apprenons que, revenant sur sa détermi-
nation, il projetterait do continuer indéfiniment à
cumuler ses deux mandats, pour le plus grand
préjudice des int/lrèts denotre quartier.
On sait, en offet, que depuis que nous l'avons
envoyé siéger à la Chambre des Députés, il a cons-
tamment négligé ses fonctions municipales, ne
venant à l'Hôtel de Ville qu'à de rares intervalles,
ne prenant part à aucune discussion, no se trou-
vant jamais là quand il y avait des crédits à dis-
tribuer entre les divers quartiers, de telle sorte que
la Plaine-Monceau a été constamment lésée.
Electeurs,
Ne pensez-rous pas que cette situation ait assez
duré?
Il est grand temps que nous soyons réellement
représonté, au Conseil municipal.
Dans un intérêt supérieur, nous avons palienté
jusqu'à l'élection du bureau ; mais nous avons as-
sez attendu, et il faut aujourd'hui que M. Pugliesi-
Conti résigne l'un do ses deux mandats.
Un groupe d'électeurs.
Le groupe d'électeurs dont on vient de lire
l'appel exprime de la façon la plus claire le
sentiment de tous los électeurs républicains du
17° arrondissement, et cette protestation est
tellement juste que nous nous faisons un de-
voir do la reproduire.
LA RECONSTRUCTION DU CLOCHER DE ST-MARC
(DB notre correspondant particulier
Venise, 10 avril.
La pose de la première pierre du clocher de
Saint-Marc à reconstruire aura lieu le 25 cou
rant, fête de Saint-Marc. Le roi Victor-Emma-
nuel, ne pouvant assister à cette cérémonie, se
.Jera représenter par le duc d'Aoste.
♦
UNE BONNE CIRCULAIRE
La récente circulaire de M. le Président du
Conseil vient à son heure, Oui, plus que ja-
mais nos instituteurs républicains sont l'objet
« do calomnies, de vexations, do tracasseries
et de violences » ; plus que jamais les munici-
palités cléricales s'acharnent sur le moderne
apôtre do notre idéal franchement laïquo, et
trop souvent ces modestes éducateurs sont sa-
crifiés. Nous sommes heureux do constater en-
fin que le gouvernement songe à étondro sa
sollicitude âur les plus dévoués et conséqucm-
ment les plus persécutés dos serviteurs d9 la
Hépublique,
Ilélas ! toute circulaire semble supposer que
les hauts fonctionnaires placés sous les ordres
du ministre partagent les mémos sentiments
quo lui; c'est pourquoi la majorité de nos
maîtres ne so jugeront pas suffisamment proté-
gés malgré les ordres formels de M. Combes.
Pour qu'une circ.ulairo ait force de loi, il faut
quo les responsables soient décidés à l'appli-
quer. Le seront-ils tous? Non.
Et puis, elle est insuffisante ; à M. Chaumié
do la compléter : l'instituteur dépend aussi de
ses supérieurs hiérarchiques ; il attache la plus
grande importance à l'opinion de ces derniers
à son égard.
Or, le grand mot de toute administration,
c'est: Pas d'histoires! Bien peu do chefs ont
l'énergie de résister à la meule réactionnaire.
Il en est cepondantt et ceux-là, j'estime que
nous devrions les récompenser de leur courage
et leur accorder nos postes de confiance; mais,
il en est d'autres pour qui l'instituteur libre-
penseur est un véritable souffre-douleur. Qui-
conque refuse de faire la prière dans sa classe,
quiconque fait œuvre de citoyen devient à leurs
yeux capable do tous les crimes.
Oui, je le répète, épurons, républicanisons,
mais commençons par la tête. A l'œuvre, mon-
sieur le ministre de l'instruction publique, et
vaillamment ! C'ost pour la République I Une
circulaire et des enquêtes! - Jacques Ledroit.
P.-S. — Un fonctionnaire de la région pari-
sienne fait do la propagande antirépublicaine
lors des élections législatives; il obtient de
l'avancement.
Une institutrice do la même région raconte
aux enfants qu'ils iront en enfer s'ils ne réci-
tent pas leurs prières.
Une autre institutrice (région méditerra-
néenne) se fait adresser ses lettres à la cura du
pays.
Une troisième (même région) fait faire ses
correspondances par M. le curé.
Nombre de directrices obligent leurs adjoin -
tes à conduire les enfants à l'église ; plusieurs
"maîlrossos républicaines ont été sacrifiées pour
un refus.
Des instituteurs, des institutrices envoient
leurs enfants chez les congrégllnisles.
Sans commentaires.— J. L.
———————————— --
MANIFESTATION. PAR ORDRE
(De notre correspondant particulier)
Dresde, 10 avril.
On attend pour lo 2 mai, l'arrivéodu roi do
Saxe. Le gouvernement, dans le but de prépa-
rer un accueil solennel au souverain, a donné
l'ordre à tous les fonctionnaires d'aller avec
16urs familles en groupes dans toutes les rues
où le monarque passera et d'y amener du mon-
de, si possible. Les femmes doivent venir en
toilettes de ville claire?. Chaque « manifestant n
doit, avant d'aller manifester, signer une
feuillo do présence.
——————————— ♦ ———————————
Le divorce d'un ami de Guillaume II
(De notre correspondant particulierl
New-York, 10 avril.
Mme Poultnay-Bigelow a obtenu lo divorce
qu'elle demandait à sou profit, M. Poultney-
Bigelow est ua ami intime de l'empereur Guil-
laume Il. C'ost lui qui a lancé dans les revues
américaines do nombreux articles élogieux
pour le kaiser. Et maintes fois il a reçu du mo-
narque des contidences. destinées à être divul-
guées avec zèle.
♦
LA RÉVOLTE A SAINT-DOMINGUE
Saint-Domingue, 10 avril.
Le croiseur allemand Vinela et le croiseur
italien Giovanni-Bausan sont arrivés et ont
débarqué dos marins pour protéger tours con-
sulats. -
Le cuirassé hollandais De-Runter et un navi-
te de guerre anglais sont attendus.
La situaiioa de la capitale est critiqua*
LA DENTELLE
Un art en décadence. — Un amenda.
ment. — Histoire et fabrication de la
dentelle. — La Valenciennes. —
Les points d'Alençon, d'Angle-
terre et de Bruxelles. - La bro-
derie de Malines. — Les den-
telles de Gênes, de Venise
et de Chantilly. — Dentel-
les blanches et dentelles
noires. — Variétés.
Un député a préseulé à la Chambre, lors-
qu'elle a discuté le budget du commerce et de
l'industrie, un amendement tendant à obtenir
un crédit de cent- mille francs on faveur de
l'apprentissage du métier de dentellière, et le
ministre a promis de s'occuper de cette ques-
tion avec la plus grande sollicitude. L'indus-
trie do la dentelle au fuseau et à l'aiguillo est,
en effet, peu prospère depuis quelque temps, et
l'on ne peut qu'approuver l'initiative prise par
ce député pour lui donner un nouvel essor.
On estime qu'il existe en France près de deux
cent mille femmes pratiquant cet art ; or, il
serait regrollable que cos intéressantes ouvriè-
res perdissent leur moyen j'existence et aban-
donnassent la fabrication de la dentelle fran-
çaise. très en honneur au dix-septième siècle,
et qui constitue l'art de la femme par excellence.
Un peu d'histoire
L'art de fabriquer les tissus à mailles était
déjà connu du temps des H6breux, des Egyp-
tiens, dos Grecs et des Romains, qui les consi-
déraient comme un des plus beaux ornements
de leur toilette. Toutefois, ee n'est que du dix-
septième siècle que date l'industrie dentellière
proprement dite ; il est vrai de dire cependant
qu'on fabriquait déjà ce léger tissu sous Char-
les-Quint, qui en ordonna la propagation dans
toutes les écoles et dans tous les couvents. A
celle époque, la dontelle n'était encore qu'une
sorte de passementerie de fil de lin, sans réseau
et tricotée à l'aiguille. Depuis, elle se trans-
forma en un réseau fait à la main ou au mé-
tier, et souvent même orné de broderies à l'ai-
guille.
Les premières fabriques do dentelles furont
établies en France, puis en Italie, à Venise et
à Gênes ; et co n'est qu'à partir de 1600 que la
France ne fut plus tributaire de l'étranger dont
les produits, avouons-le, étaient do beaucoup
supérieurs aux siens. Grâce à l'encouragement
quo donna Colbert à toutes nos grandes indus-
tries, la fabrication de la dentelle fit chez nous
de rapides progrès el parvint même à soutenir
la concurrence des fabriques étrangères. La
vaknciennes, la dentelle de Lille et le point
d'Alençon eurent, dès le début, un immense
succès, et, bien qu'à présent ces tissus soient
en grande partie fabriqués à Ypres, à Bruxelles,
à Coulray, etc., ils n'en font pas moins hon-
neur aux pays dont ils sont originaires.
Classification
La beauté des dentellos réside dans la finesse,
la souplesse et la légèreté du réseau, ainsi que
dans le caractère artistique des dessins qu'elles
représentent. On a classé les diverses sortes do
dentelles en fil, fabriquées à la main, en cinq
catégories bien distinctes qui sont : le point
(1-Alenron ou de France, qui se fait à l'aiguille ;
le point d'Angleterre ou plus justement lo
point de Bruxelles, composé d'un fond tissé sur
lequel on brode des dessins, et qni reçoit le
nom d'application d'Angleterre, lorsque le fond
est fait à la mécanique ; la broderie de Slalmes*
qu'on exécute entièrement au fuseau ; la Va-
lenciennes, encore faite au fuseau, mais d'un
seul coup; enfin la dentelle de Lille, qu'on fa-
brique comme la Valenciennes, et qui n'en dif-
fère que par son peu de solidité.
De tous ces lissus, le plus solide. la plus fia
et le plus riche est la point d'Alençon. Au
début, ce point consistait en une sorte de bro-
derio à jour, faite sur une espèco de filet à
mailles très fines appelé lacis, et qu'on obte-
nait on tirant d'un tissu quelconque, dans la
sens de la longueur et de la largeur, un cer-
tain nombre de fils de manière à former un ré-
seau dont on arrêtait los mailles par un point
noué à l'aiguille. Au lacis succéda le point
coupé qui n'était autre qu'une broderie exé-
cutée à l'aignille. sur un tissu dans lequel on
faisait des vides réguliers, en tirant des fils de
la chaîne et do la trame, absolument comme
pour lo lacis. Bientôt après apparurent la
champ el le voilé. Le champ était uno dentelle
dont le fond se travaillait à jour, elle voilé un
lissu mal qni faisait ressortir les dessins (fleurs
en figurines) qu'on y brodait.
Un édit de Louis XIII
C'est aux Italiens que revient l'honneur d'a.
voir fait subir au lacis les importâmes modifi-
cations dont nous venons do parier. Los den-
telles do Gènes et de Venise, quoique très im-
parfaites encore, devinrent néanmoins l'orne-
ment indispensable de la loilolle des hommes,
aussi bien que de celle des fommes. Lour usage
finit même par être tellement exagéré, que
Louis XIII, effrayé des sommes considérables
qui passaient annuellement on Italie, fil paraî-
tre, en 1G29, un édit par lequel l'importation
de la dentelle fut absolument interdite ea
France. Cependant, on 1630, rovenanl sur cette
décision, il en autorisa l'importation, mais en
limita l'emploi. Enfin, quelque temps après,
Colbert imagina d'établir en Franco un certain
nombre do manufactures, entre antres cella
d'Alençon, où fut créé le point dit do France
ou d'Alençon, encore si renommé aujour-
d'hui.
L'industrie dentellière était déjà en pleine
prospérité lorsqu'eul lieu la révocation de l'édit
de Nantes, qui obligea la plupart des fabri-
cants à émigrer. Les uns allèrent en Hollande,
les autres en Angleterre, et leur départ porta
un coup funeste à cette belle industrie qui pé-
riclita de plus on plus jusqu'à la fin du règne
de Louis XIV. Sous Louis XV, la fabricaiioo
de la dentelle reprit un nouvel essor. Un des
fils du comte d'Harcourl, le comte de Marsan,
ayant fait obtenir à sa nourrice, une nommée
Dumont, d'origine belge, le droit exclusif de
fonder à Paris une fabrique de dentelles, celle-
ci s'établit au faubourg Saint-Antoine, où elle
forma de nombreuses élèves,donl plusieurs do-
vinrent d'habiles ouvrières. Après avoir été
tnnsférés rue Saint-Sauveur, les ateliers do
Mme Dumont furent définitivement installés
dans l'hôtel Saint-Chamond, non loin de la
Perte-Sainl-Denis. Malheureusement, et mal-
gré les encouragements qu'elle reçut, l'indus-
trio dentellière périclita de nouveau jusque
sous le règne de Louis-Philippo,où elle rentra
tout à fait en faveur. A cette époque, la fabri-
cation de la dentelle reçul d'importantes modi-
fications. Ou remplaça le champ par lo réseau
d'Alençon sous fond clair. Ce réseau, d'un tra-
vail simple, était, dit M. Eric Besnard, à deux
fils de formo hexagone et 50 produisait par
l'effet du croisement do deux fuseaux ou de
deux aiguilles aa point de jonction dC4 quatre
qui s'emploient dans chaque réseau. C'est ce
croisement des fils qui rend les réseaux soli-
taires en les rattachant ensemble.
Comment on fabrique la dentelle
Pour fabriquer la dentelle, on se sert d'un
mélier formé d'une plauche ovale rembourrée
et recouverte d'étoffe ; do bandes de vélin ou
de papier, de pincos à épiler, de ciseaux, d'é.
pingles en laiton, d'aiguilles et do fil da lin.
On commence par couper des bandes de vélla,
on les doublo ensuite do deux toiles, puis oa
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