Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-04-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 avril 1903 11 avril 1903
Description : 1903/04/11 (N12083). 1903/04/11 (N12083).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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14, rue du Mail, Paris.
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*'—'-' T M r leilres et mandais à Vadministrateur.*
- NOS LEADERS
illilS la atailI
Je ne sais plus quel écrivain militaire
a écrit : — « Une victoire, c'est une ba-
taille que l'on croit avoir gagnée. »
Combien cela est plus vrai encore sur
le terrain parlementaire! Aussi voyons-
nous, a l'issue de toute discussion im-
portante, chacun des partis en présence
revendiquer pour lui le succès, s'effor-
cer de se faire croire à lui-même qu'il
est vainqueur, de persuader à l'adver-
saire qu'il est battu. C'est de règle
constante. ?
Que l'on ne soit donc nullement
étonné d'entendre, au lendemain du
discours de Jaurès, les nationalistes se
féliciter comme le font et ont raison de
le faire les républicains.Tandis que no-
1re honoré confrère, M. Ranc, dans un
magistral article du Radical, conclut
qu'il a été fait « un pas de plus, un
g-rand pas vers la vérité », et que, dans
te Siècle, M. Cornély déclare « parfait »
l'ordre du jour adopté par la Chambre
et ajoute : « L'enquête ne sortira pas
du domaine judiciaire, car elle abou-
tira sûrement à la Cour de Cassation
qui, cette fois, munie des pouvoirs né-
cessaires, mettra elle-même définitive-
ment et souverainement, un terme à
un trop long martyre et aux trop longs
tourments des consciences françaises »;
au contraire, l'Echo de Paris estime que
« le coup prémédité a échoué », et M.
de Cassagnac, dans Y Autorité, émet
cette opinion que « la Chambre a nette-
ment conclu contre l'enquête ».
Je ne veux pas me livrer, à mon tour,
à une interprétation du vote de la
Chambre. L'avenir dira si l'initiative
prise si courageusement par M. Jaurès
doit être ou féconde ou stérile,
,.** •
Je voudrais, élevant le débat, protes-
ter contre une assertion que reprodui-
sent nos adversaires chaque fois qu'ils
parlent de l'affaire Dreyfus, et que,
même, j'ai été surpris de rencontrer
parfois sous la plume de certains de nos
amis.
N'est-il pas, -dites, d'usage conven-
tionnel, lorsqu'une allusion est faite à
l'Affaire, de déplorer le mal qu'elle a
causé, de la déclarer « lamentable »,
« désastreuse », que sais-je ?. C'est
contre cette assertion que je voudrais
protester. Parce qu'elle me semble ma-
nifestement contraire à la vérité.
Voilà des années — on me rendra
cette justice — que moi, qui me donnai
tout entier, les lecteurs du Rappel ne
l'ont peut-être pas tout à fait oublié, à
l'œuvre de vérité et de justice, je garde
le silence sur les faits qui ont si pro-
fondément agité, non seulement la
France, mais le monde. Pendant ce
long silence, j'ai réfléchi, j'ai médité,
interrogeant ma conscience. Eh bien,
j'affirme que l'affaire Dreyfus a été
bonne, qu'elle a rendu un immense ser-
vice à la République et à la Patrie.
A Lille, en 1900, dans un discours
que rappelait l'autre jour M. Ribot, en
essayant d'en dénaturer le sens, M. Jau-
rès a dit justement que ceux qui s'é-
taient rués à la bataille pour arracher
l'innocent à ses bourreaux n'ont pas
perdu leur temps. Non ! cette campa-
gne que nous avons menée pendant
plus de deux années, ce n'a pas été du
temps perdu ; et n'ont pas été perdues
davantage les souffrances du martyr
et les larmes des siens.
Les effrayants scandales de l'affaire
Dreyfus, ces scandales que nous avons
dénoncés, ont montré à la France le
danger qu'elle courait; ils lui ont ou-
vert les yeux sur le bord de l'abîme ; on
a vu alors quel chemin de taupe avait
pu faire le cléricalisme ; on a appris à
quelles besognes louches se livrait cet
état-major en lequel le pays mettait
une confiance si aveugle et si injusti-
fiée; on a constaté le flagrant délit de
l'alliance du militariste et du prêtre, al-
liance concluecontreleslibertés et l'hon-
neur de la France; on s'est rendu
compte de ce que c'est que la justice
militaire; on a compris qu'il était temps,
grand temps pour la France de se res-
saisir, de se raidir sur la pente où on"
l'entraînait et au fond de laquelle il
ne pouvait y avoir que Décembre et
Sedan. -
***
Ainsi il arrive parfois que, dans le
corps humain, à la suite de quelque
commotion, des humeurs se collectent,
s'accumulent, sans que rien, d'abord,
sous I peau, puisse révéler la cause du
malaise fébrile auquel le patient est de
plus en plus on proie. Prenez garde!
car si l'infection ne trouve pas une
issue pour se répandre au dehors, elle
pourra gagner tout l'organisme et com-
muniquer à tout le sang un empoison-
nement mortel.
L'affaire Dreyfus a été le phlegmon
qui fait se boursoufler en une poche
hideuse, gonflée de venin, les tissus dis-
tendus, violacés, noirâtres. Le coup
de bistouri — ç'a été le coup de rasoir
idu Mont-Valérien—a fait se ruer au
.dehors les sanies purulentes, letasd'im-
imondices que charriait ce sang vicié.La
France a orié de douleur, oui; mais elle
était sauvée. Convaincue de la gravité
du mal dont elle était atteinte, elle n'a
pas hésité à prendre les plus urgentes
des mesures qui s'imposaient.
Répondez : croyez-vous que sans l'af-
faire Dreyfus nous en serions où nous
en sommes? Sans les hontes" sans les
crimes de l'affaire Dreyfus, la Républi-
que aurait-elle pris si énergiquement la
résolution de se défendre contre les
agissements de la congrégation corrup-
trice ? Sans l'affaire Dreyfus, est-ce que
le bloc républicain se serait constitué ?
Ne dites donc pas, ne dites plus ja-
mais qu'elleaété désastreuse cetteaffaire
qui a joué un si grand rôle dans les des-
tinées de la patrie; dites, en conscience,
qu'elle a été salutaire et bienfaisante,
L'état-major épuré, les congrégations
chassées, le parti républicain reconsti-
tué sur d'inébranlables bases, voilà les
premiers résultats de l'affaire Dreyfus.
Non, certes ! cela n'a pas été du temps
perdu!
t Nous autres qui,assaillis par les pires
outrages, avons écrit, parlé, agi pour
la réparation du plus effroyable crime
judiciaire des temps modernes, c'est
pour la France et pour la République,
pour nos libertés et pour notre honneur
que nous avons travaillé; notre labeur,
nos peines n'ont pas été inutiles.
Nous avons la joie profonde de voir,
après cette crise, la Franco et la Répu-
blique plus fortes, rajeunies, purifiées,
marcher d'un pas plus ferme vers l'a-
venir.
Et c'est la seule récompense que nous
ayons jamais ambitionnée.
Nous sommes contents.
Lucien Victor-Meunier.
LE FRANÇAIS ET LE BRETON
Il a déjà fallu faire de sérieu-
ses remontrances à des curés
du Finistère qui affectaient,
dans leurs instructions reli-
gieuses, d'ignorer l'usage de la
langue française. Par une cir-
- culaire qu'on lira plus loin,
M. Verne, sous-préfet de Brest, invite les
desservants des paroisses de l'arrondisse-
ment à renoncer à l'emploi systématique du
breton. Car, rappelons-le, ce n'est pas l'em-
ploi accidentel du patois local qui est inter-
dit ; c'est le système qui consiste à ne se
servir que de ce patois. On ne demande aux
curés armoricains rien d'autre que de ne
pas entraver, par leur mauvaise volonté,
l'œuvre des instituteurs.
Les prêtres mis en cause prétendent
qu'ils sont forcés de parler uniquement le
breton aux enfants du Finistère, parce que
ces enfants ne parlent point la langue de
leur patrie.
M. Verne oppose à cette allégation un
démenti absolu. Il suffit, fait-il observer,
de consulter les statistiques annuelles du
recrutement, pour comprendre que la pro-
portion des Bretons ignorant le Français
est infime.
Il était bon que cette vérité fût affirmée.
Nous avons souvent ici expliqué que la
Bretagne n'était pas aussi arriérée que
beaucoup de gens se le figuraient. Des ma-
nifestations républicaines importantes, des
élections significatives, l'activité des mili-
tants républicains de Bretagne nous ont
donné raison.
Personne, parcourant la Bretagne, n'a
éprouvé l'impression de se trouver en pays
étranger; le premier gamin venu sait indi-
quer son chemin au voyageur égaré.
Les curés n'ont donc aucune raison de
préferer le breton au français. En persis-
tant dans leurs errements, ils montreraient
leur volonté d'enrayer le progrès des es-
prits dans nos beaux départements de
l'Ouest.
La République ne peut permettre au
clergé réactionnaire de prolonger l'effort
antipatriotique condamné à bon droit par
le sous-préfet de Brest.
Notre rédacteur en chef et ami Charles
Bos, profite des vacances parlementaires pour
prendre un repos nécessité par les fatigues de
la session si longue et si chargée qui vient de
ifnir.
Pendant quelques jours sa signature ne fi-
gurera pas à la place habituelle.
LES JUGES DE PAIX
M. Cruppi a déposé, avant la séparation des
Chambres, un rapport remarquable sur le pro-
jet de loi relatif à l'organisation et à la compé-
tence des justices de paix. Espérons que la
Chambre votera rapidement une réforme qui
est depuis longtemps attendue par les contri-
buables et les justiciables.
'Je voudrais pourtant que le texte de la com-
mission subit, en ce qui concerne la compé-
tence civile des juges de paix,.une importante
modification.
La commission a fixé à 300 francs la compé-
tence sans appel et à 600 francs à charge d'ap-
pel. Tels étaient les chiffres proposés au Sénat
en 1896. La Chambre avait en 1891 une opi-
nion différente: gardant le chiffre de 300 francs
pour la compétence sans appel, elle avait élevé
à 1.500 francs celui da la compétence avec ap-
pel. C.'était donner au-juge de paix une1 impor-
tance beaucoup plus grande, c'était accélérer
la solution des petits procès et diminuer con-
sidérablement les frais de justice.
Nous espérons que la Chambre sera saisie
de cette question par voie d'amendement et
qu'elle persistera dans là décision prise en 1891.
La commission allègue, pour défendre sa pro-
position, qu'en étendant tellement la compé-
lence du juge de paix, on priverait les avoués
d'une partie des dossiers dont ils sont chargés
et on enlèrerait aux tribunaux de première
instance beaucoup des affaires qui leur sont ac-
tuellement soumises,
Co no sont point là dés raisons. D'abord les
avoués ne perdraient pas tous leurs dossiers,
ils pourraient représenter leurs clients aussi
bien devant les juges de paix que devant les
juges d arrondissement. En second lieu, la ré
forme permettrait d'arriver ranidiunent à la
- - - - ~-- - -
suppression d'un certain nombre de tribunati*
ue pramiere instance presque inoccupés, nui
sont pour le budget une charge lourde mais
inutile. Il faudra bien y arriver 'àn tour in
our ou
l'autre. Alors pourquoi pas lo-^t dA !imitA? -
L, Armoinsta\ -- - -. --
A LA BELGIOUE, -
A LA PRESSE
UN APPEL
Une chronique de M. Labadie - La-
grave. — L'écho littéraire d'une in-
1 dignation musicale. — La Bel-
r gique ne pourrait-elle éten-
dre ses bienfaits à la
littérature ?
Dans une de ses chroniques des Nouvelles
illustrées, M. G. Labadie-Lagravo exprimait
naguère son indignation « ou songeant aux
« mauvais procédés et même aux injuros pro-
« digués eu France à Berlioz et à Royer ,annt
« que l'étranger consacrât les efforts des deux
« compositeurs ».
1 Il racontait l'hostilité de Cherubini — lequel
n'eut d'autre mérite que celui de diriger la
Conservatoire — et d'un certain Kreutzer, di-
recteur général de la musique de l'Opéra : le
premier, qualifiant de « ridicoales » les œuvres
de l'auteur de la Symphonie Fantastique : le
second, proclamant « qu'un homme arrivé à
« la réputation devait barrer le chemin aux
« jeunes gens ». Il rappelait enfin la ténacité
de l'auteur de Sigurd, obligé de passer par
Bruxelles pour forcer les portes de Paris 1
Ces considérations rétrospectives et cette cor-
diale indignation sont tout à l'honneur de M.
Labadie-Lagrave ; je suis heureux de l'en féli-
citer. Mais croit-il que les temps sont chan-
gés, et qu'en France la haine des directeurs et
gens de théâtre à l'endroit des auteurs vérita-
bles n'appartient pas à l'histoire contemporaine
encore plus qu'à l'histoire ancienne? Si oui,
qu'il se détrompe, qu'il regarde autour de lui
et veuille bien m'accepter pour cicerone.
Hier et aujourd'hui
L'histoire de Berlioz el de Reyer ne fut-elle
pas celle de Saint-Saëns et de Massenet, n'est-
elle pas celle de Vincent d'Indy ? La Belgique,
jadis hospitalière à la musique française, con-
tinue de lui servir d'asile. Et si nous voyons
VEtranger à l'Opéra l'hiver prochain, c'est que
la Monnaie de Bruxelles vient de le représen-
ter avec succès. Ne devine-t on pas que ce
môme Opéra, qui va le prendra « consacré »,
l'avait refusé « vierge » ? Les vraies primeurs,
les fruits exquis et nouveaux, ne sont pas ap-
préciés de nos directeurs. -
Ils sont trop verts.
Les ennemis de notre pays ont beau jeu
pour se moquer de la protection accordée en
France aux auteurs français. Et pourtant,
c'est l'étranger — pas celui de Vincent d'Indy
— que Paris accueille sans hésitation ni re-
tard. N'avoir aucun talent, mais s'appeler
Zuckermann ou Tirlarigo : voilà qui en im-
pose aux directeurs 1 Le public, convié au
triomphe du teuton ou de l'hidalgo, bâille à
se décroche la ou les mâchoiras. la pièce ne
fait pas d'argent, les actionnaires en font trop,
mais les directeurs sont contents 1
9 L'agio théâtral
Si les auteurs sont français et — circons-
tance aggravante — septentrionaux, ils doi-
vent pour se faire jouer:
— Ou avoir déjà une réputation consacrée;
— Ou payer.
Et vous savez — car, Dieu merci, la vérité
finit toujours par se savoir — ce qu'il faut
payer. Pour une pièce en deux ou trois actes,
de 30 à 40.000 francs. Pour une pièce en cinq
actes, de 60 à 100.000. On rend parfois les
fonds. en cas de succès. Qu'importe que la
pièce réussisse? Appuyé sur l'argent de l'au-
teur et des actionnaires, le directeur ne court
aucun risque, et s'il est payé d'autre part pour
représenter sans délai une pièce neuve égale-
ment.. riche, il n'hésite pas. C'est ainsi que
nous voyons interrompre les représentations
d'un ouvrage réalisant des recettes. On allègue
l'indisposition, le congé d'un acteur (que ne
fait-on apprendra un rôle en double?) ou.
des « engagements antérieurs ». Oh 1 « ces en-
gagements antérieurs » qui ne parviennent
même plus à duper les gens le moins experts
en la cuisine théâtrale 1 « Ces engagements an-
térieurs» et hypocrites, qui toujours dissimu-
lent la plaque du four ou l'étranglement de
l'auteur 1
Voilà ce que tout le monde sait, ce que tout
le monde répète, ce que tout le monde prouve 1
Et le trafic éhonté continue de plus belle. Une
pièce n'est plus l'œuvre d'art, mais la mar-
chandise qui ne franchit l'octroi parisien qu'au-
tant qu'elle a revêtu une estampille étrangère,
connue ou payante. Hors de là, point de salut.
Jadis l'autour inconnu ou méconnu pouvait
encore tirer du mérite de son ouvrage un mor-
ceau de pain. Un chef-d'œuvre aujourd'hui,
condamne plus sûrement à mort qu'un verdict
de cour d'assises : les directeurs de théâtres
n'admettent pas les recours en grâce.
Heureux musiciensl Vous avez une suprême
ressource : la Belgique, Bruxelles! Nos criti-
ques consentent à passer la frontière pour al-
ler vous applaudir, ils consacrent à vos œuvres
un article élogieux et les théâtres de Paris s'ou-
vrent enfin devant elles.
Mais nous, poètes, littérateurs ?
Nous avons le droit de rester ignorés jus-
qu'au jour de la mort; et ce jour-là (quelle
aubaine 1) peut-être nous sera-t-il accordé
d'avoir notre buste au jardin du Luxembourg,
mais non point encore nos œuvres au premier
ni au second théâtres français !
Eh bien, l'indignation finit par provoquer un
éclat, et c'est en mon nom comme au nom de
mes infortunés confrères, que j'adresse un appel
à la Belgique et à la presse :
Puisque pour être jouég gratuitement à Paris.
les auteurs français doivent passer par Bruxel-
les: je prie nos amis les Belges d'accomplir en
faveur de la littérature la noble tâche qu ils ont
entreprise et continuée pour la musique. Je les
prie de faire choix à Bruxelles d'un beau théâ-
tre, d'y monter convenablement les œuvres de
valeur, de convier les critiques dramatiques et
littéraires des deux capitales aux premières re-
présentations. Er je demande à la presse pari-
sienne d'appuyer mon appel, de promettre son
empressé concours à la généreuse Belgique, à
la nation qui aime les auteurs, qui les protège
et les répand 1
FERNAND GENDRIER.
♦ —
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
En raison des fêtes de Pâques, la réunion
du Comité central de la Jeunesse républicaine
radicale et radicale-socialiste qui devait avoir
lieu demain samedi est reportée au samedi 18
courant.
——————»
LA BOURSE DES RÉVOLUTIONS ---.
- SUD-AMÉRICAINES
(De notre correspondant particulierf
New-York, 9 avril.
Dans la 14* rue de l'ouest de la ville, il y a
deux hôtels, l'un, appelé Hôtel Muro et l'autre
Hôtel America, qui sont fréquentés exclusive-
ment par lesSudaméricains qui veulentemon-
ter une révolution» dans leur pays.Des maisons
de commerce américaines sont dans la combi.
naison et fournissent des armes et parfois tles
fonds. ,.,; ,
Peu de temps avant la révolution de San
Domingo, le général Eugenio Descbamps avait
fait son apparition à l'hôtel Muro,où il a «traité
l'affaire» avec une importante maison de New-
York.
"{Dernièrement, on a signalé l'arrivée de quel-
quës «généraux» de l'Amérique du Sud.On dit
qu'un grand coup se prépare dans une des ré-
publiques les plus importantes du sud du con-
tinent.
Voir à la 3e page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
BLOC CONTRE BLOC
M. de Cassagnac constate que a ça tourne
mal »; que « la grande victoire nationaliste à
Paris se volatise, s'évapore »; que « Paris n'est
plus tenu que par un fil».
Car M. de Cassagnac n'est pas de ces chica-
niers piteux qui ergotent et, battus, essayent
do prouver qu'ils ont remporté la victoire.
Avec la franchise assez brutale qui le caracté-
rise, M. de Cassagnac reconnaît, lui, que « ça
tourne mal »; et la faute en est, dit-il, aux
« littérateurs », aux « poètes » - cela est pour
vous, MM. Jules Lemaitre et François Coppée
— aux « personnalités » qui s'intitulent prési-
dent de Ligue, et qu'aucune Ligue n'a nom-
més.
Il ajoute: « Si cette anarchie, cette déban-
dade, cette incohérence, cette incapacité notoire
durent encore, il n'y a plus à lutter, il n'y a
plus qu'à désarmer. » Mais M. de Cassagnac
n'est pas de ceux qui se résignent à désarmer;
les ardeurs de son tempérament combatif le
poussent à la lutte ; aussi se préoccupe-t il des
moyens de continuer la campagne.
Il trouve ceci — vous goûterez, je pense, la
formule : — « Au bloc révolutionnaire, il faut
opposer le bloc national et patriote. » Il pré-
cise : — « Il faudrait un grand Comité pure-
ment national, et dans lequel seraient admis
tous les directeurs de journaux qui combattent
pour la liberté, et tous ceux qui ont une ac-
tion sur l'opinion publique. »
Comment, par qui, seraient élus les membres
de ce Comité, M. de Cassagnac ne nous le dit
point; mais il nous apprend que ledit Comité
« élaborerait un programme général, écartant
tout ce qui divise, groupant tout co qui unit. »
On le voit, c'est la concentration, rien de plus.
rien de moins; la concentration de droite pour
faire équilibre et, si possible, échec à la con-
centration de gauche.
Mais nous demanderons à M. de Cassagnac
s'il croit vraiment qu'entre les éléments si dis-
parates qui composent la coalition nationaliste-
cléricalo, il puisse exister un lien. Notre opinion
très réfléchie est que ceux-là que M. de Cassa-
gnac nomme « les chefs » sont tout simplement
des gens qui, ayant envie d'être ou députés ou
conseiller? municipaux, ont vu dans ce que M.
de Cassagnac appelle lui-même « l'occasion
nationaliste», un moyen de parvenir. Exemple,
entre autres : M. Edmond Lepelletier, qui a
échoué on ne sait combien de fois, encore qu'il
se présentât sous les étiquettes républicaines
les plus variées, et qui a réussi, en se confiant
au flot nationaliste, à décrocher enfin la tim-
bale.
Entre gens de cette catégorie qui, évidem-
ment, ne sont mus que par l'intérêt personnel,
aucun lien sérieux ne saurait exister.
Fatalement, chacun doit essayer de tirer la
couverture à lui. -
On ne peut demander d'abnégation, de dé-
sintéressement, qu'à ceux qui luttent pour
une idée, pour un principe. De quel principe
pourraient se recommander les nationalistes ?
De quelle idée sont-ils les serviteurs?
Le projet, formé par M. de Cassagnac, d'un
bloc « national et patriote » à opposer au bloc
républicain n'est pas sérieux. D'ailleurs, qui
ne voit que ces deux mots : national et pa-
triote, no signifient rien, dans l'espèce ? M. de
Cassagnac contesterait-il qu'on puisse être à la
fois ardent patriote et ferme républicain ? As-
surément non. Alors ?
Que le rédacteur en chef de VAutorité en
prenne son parti. Avec les matériaux dont il
dispose, il ne parviendra pas plus à constituer
son bloc, qu'un maçon n'ayant, pour bâtir,
que gravier et fétus de paille, ne réussirait à
édifier une maison. Le nationalisme — comme
fit le boulangisme — n'est qu'une misérable
coalition d'intérêts, disloquée au premier souf-
fle venu du large, facilement tombée en pous-
sière — vous le voyez : — en boue. — L. P.-M.
LES ÉLECTIONS -
Dans le 3* arrondissement
On nous communique l'ordre du jour sui-
vant :
Un groupe d'électeurs républicains du 2* arron-
dissement, réunis mercredi au siège de la Jeunesse
républicaine, adressent leurs félicitations à la ma-
jorité du Parlement, qui a voté l'invalidation de
M. Syveton, accomplissant ainsi un acte d'hygiène
politique nécessaire et prennent l'engagement de
soutenir avec la plus grande énergie le candidat
qui sera choisi par les groupes républicains pour
tenir haut et ferme le drapeau de la République
foncièrement laïque et pour Idtter avec énergie
contre la réaction nationato-cléricale.
Election sénatoriale
Le 24 mai prochain, aura lieu,dans la Haute-
Saône, une élection sénatoriale, pour rempla-
cer M. Bontemps, décédé.
———————————- .———————————
NOUVELLE TORPILLE
[De nolrû correspondant particulier)
Bruxelles, 9 avril.
Dans le port d'Anvers, on procède à des ex-
périences avec une nouvelle torpille inventée
par le commandant Elia,de la marine italienne.
L'inventeur affirme qu'avec son engin il peut
détruire les escadres les plus fortes.
NOUVEAUX COUSINS DU ROI VICTOR-EMMANUEL
-
(Dé noirs correspondant varticulierj
Rome, 9 avril.
A l'occasion de prochaines visites des souve-
rains et des princes à Rome, le roi Victor-Em-
manuel distribuera six colliers del'Annonciade.
Un des décorés sera le prince héritier de
Prusse.
——————■——
Nouvelle fournée d'hérétique.
(De notre correspondant particulier)
Rome, 9 avril.
Par décret de la congrégation de l'Index,
rendu le 5 mars dernier, et signé par le préfet
cardinal Andréas Steinhuber et le secrétaire
Dr. théol. Esser, de l'ordre des dominicains,
les ouvrages suivants ont été réprouvés :
Ferdinand Buisson : La religion, Id morale et
là science, Paris 1901. — Jules Payot. De la
croyance, Paris 1896. — Jules Payot : Avant d'en-
trer dans la vie. Aux instituteurs el aux institu-
trtces, conseils et directions pratiques, Paris
1901. - Padre Sifflet = Cours lucide et raisonné
de doctrine chrétienne. Les sept mystères cltré
tiens. Lyon, librairie Saint-Augustin.
Les livres sus-énuméréssont condamnés pour
hérésie- (propter heresiamj.
L'abbé Klein, de Paris, a fait acte de jeu-
wissioa. -
LES CONGREGATIONS
Pendant l'intersession parlementaire.
— Les congrégations de femmes. —
La procédure à suivre. — Nou-
veaux refus d'autorisation.
; En Bretagne. — Les jé-
suites en Allemagne.
M. Combes va consacrer l'intersession par-
lementaire à examiner la seconde série des
demandes des établissements non autorisés dé-
pendant des congrégations autorisées el à pré-
parer les projets de loi concernant les congré-
gations de femmes qui demandent l'autorisa-
tion législative.
Les établissements non autorisés dépendant
des congrégations autorisées — presque toutes
féminioes — sont aa nombre de sept mille en-
viron. Cette catégorie comprend les établisse-
ments dont les demandes ont été faites dans les
délais légaux et qui ont pu continuer à fonc-
tionner jusqu'à ce qu'une réponse leur ait été
donnée.
L'autorisation doit être donnée par décret
rendu en Conseil d'Etat. Suivant l'avis de
cette assemblée, le président du conseil ne
transmettra au Conseil d'Etat que les deman-
des qu'il jugera devoir accueillir favorable-
ment. Pour les autres il ne fera aucune trans-
mission au Conseil d'Etat et notifiera aux éta-
blissements en question le refus d'autorisation
avec invitation à se dissoudre.
- C'est la procédure qui a été appliquée aux
trois mille établissements fermés dans les neuf
mois qui viennent de s'écouler et qui, dépen-
dant de congrégations autorisées, n'avaient pas
formé leur demande dans les délais légaux.
Les congrégations de femmes qui sollicitent
l'autorisation et dont les demandes vont faire
l'objet de projets de lois qui seront soumis
aux Chambres à la rentrée de mai, sont au
nombre de 390.
Ces 390 congrégations se répartissent ainsi,
suivant la nombre des établissements qu'elles
possèdent :
44 congrégations ont 10 établissements ou plus
31 — ont de 5 à 10 établissements
9 — ont t établissements
13 — ont 3 —
21 — ont 2 —
172 — ont 1 —
Suivant le système suivi pour les congréga-
tions d'hommes, le gouvernement présentera
les demandes de ces congrégations de femmes
par catégories : enseignantes, hospitalières,
contemplatives, etc.
Une partie des projets sera déposée à la
Chambre et l'autre au Sénat.
Décrets abrogés
On sait qu'un certain nombre de congréga-
tions d'hommes, la plupart enseignantes, aux-
quelles la Chambre a refusé l'autorisation
qu'elles sollicitaient, avaient été l'objet d'or-
donnances royales ou de décrets d'utilité pu-
blique, qu'elles invoquaient pour se déclarer
légalement reconnues. Sur l'initiative du mi-
nistre de l'intérieur, des décrets ont été rendus
en conseil d'Etat qui rapportent les décrets ou
ordonnances antérieures rendus au profit de
ces congrégations.
Celles-ci sont les suivantes:
Frères de l'instruction chrétienne de Ploermel,
frères de la doctrine chrétienne de Nancy, frères
de Saint-Gabriel, frères de Saint-Joseph de Saint-
Fuscien, frères du Sacré-Cœur de Paradis, frères
de Marie ou Marianistes, clercs de Saint-Viateur,
petits frères de Marie, frères de la Miséricorde,
frères de la Sainte-Famille, frères de la doctrine
ohrétienne de Solesmes.
Prochaines fermetures
Le travail de notification, fait conformément
à l'article 25 du règlement d'administration pu-
blique en date du 16 août 1901, des rejets des
demandes de certaines congrégations votés par
la Chambre des députés dans les séances des
18, 24 et 26 mars 1903, est sur le point d'être
terminé. Ce travail s'applique à 54 congréga-
tions comportant 1,913 établissements.
En voici le détail :
Frères de Ploërmel 365 établissements dans 25 dé-
partements. Frères de la doctrine chrétienne 23 éta-
blissements dans 11 départements. Frères de Sainte-
Croix 23 établissements dans 8 départements.
Frères de Saint Gabriel 161 établissements dans
26 départements. Frères de Saint-Fuscien téta,
blissement dans 1 département. Frères du Sacré-
Cœur de Paradis 136 établissements dans 17 dépar-
tements.
Frères Marianistes, 98 établissements dans 32 dé-
partements ; Clercs du Saint-Viateur, 112 établisse-
ments dans 23 départements ; Petits frères de Ma-
rie, 605 établissements dans 58 départements ; Frè-
res de la Croix de Jésus, 17 établissements dans 6
départements ; Frères agriculteurs de la Roche, 7
établissements dans 6 départements.
Frères des écoles chrétiennes de la Miséricorde,
21 établissements, dans 3 départements ; frères de
la Sainte Famille, 47 établissements, dans 10 dé-
partements; pères eudistes, 13 établissements,
dans 9 départements; pères maristes, 15 établisse-
ments, dans 12 départements ; pères dominicains
enseignants, 8 établissements, dans 5départements;
pères basiliens, 6 établissements, dans 3 départe-
ments; pères de l'Immaculée-Conception, 7 établis-
sements, dans 3 départements.
Pères oratoriens, 10 établissements dans 7 dé-
partements. Pères du Saoré-Cœur de Bétharran,
7 établissements dans 1 département, Pères de St-
Pierre-ès-Llcus, 2 établissements dans 1 départe-
ment. Pères de Marie Immaculée Chavagnes, 8
établissements dans & départements. Frères ma-
ristes de Saint Martial, 1 établissement dans 1 dé-
partement. Pères bénédictins anglais, 1 établisse-
ment dans 1 département. Frères de la doctrine
chrétienne de Solesmes,1 établissement dans i dé-
partement.
Capucins, 3 établissements dans 2 départements.
Prémontrés de France, 49 établissements dans 35
départements. Rédemptoristes, 4 établissements
dans 4 départements. Dominicains prêcheurs, 19
établissements dans 15 départements, Passionnistes
français, 25 établissements dans 20 départements.
Pères du laoré.Cœur de Picpus, 4 établissements
dans 4 départements.
Oblats de Saint-François de Sales, il établisse-
ments dans 7 départements. Clercs de Notre-Dame
de Sion, 1 établissement dans un département.
Oblats du Saoré-Cœur de Saint-Quentin,4établisse-
ments dans 2 départements. Pères de Saint-
François d'Ambialet, 4 établissements dans 2 dé-
partements.
Franciscains, 39 établissements, dans 23 dépar-
tements; pères du T.-S.-Sacrement, 4 établisse-
ments, dans 4 départements , Chanoines de Latran.
1 établissement, dans 1 département ; Pères de la
Retraite de Vabres, 21 établissements, dans t6 dé-
partements ; Oblats de Marie Immaculés, 8 établis-
sements, dans 6 départements; Bénédictins de.la
Pierre qui Vine, 7 établissements dans 2 départe-
ments ; Missionnaires de Garaison, 3 établisse-
ments, dans 1 département; Pères de Saint-Fran-
çois de Sales Annecy, 3 établissements, dans 3 dé-
partements.
Missionnaires de Sainte-Garde, 2 établissements
dans 1 département. Oblats de la Vierge Marie, 2
établissements dans 2 départements. Chanoines do
l'Immaculée Conception, 1 établissement dans 1
département. Pères de l'Oratoire de Saint-Philippe
de Néris, 1 établissement dans 1 département. Pè-
res de la Miséricorde, 1 établissement dans i dé-
partement. Barnabites de Gien, 1 établissement
dans 1 département. Barnabites de Paris, 1 éta-
blissement dans 1 département. Passionnistes
anglais, 1 établissement dans 1 département.
Pèrps du Calvaire de Toulouse, 1 établisse-
ment dans un département. Carmes de Laghet, 1
établissement dans i département. Chartreux, 1
établissement dans 1 département.
Sur ce chiffre de 1924, il convient de dé-
duire 11 établissements pour lesquels il a été
sursis à toute notification en raison de leur
caractère particulier et conforméœent aux dé-
clarations du président du conseil. Ce sont :
Etablissement de sourds-muets des Frères du
Sacré- Cceur de Paradis à Chaumont (Pas-de-Calais);
Etablissement do sourds-muets des Frères du
Sacré-Coeur de Paradis au Puy iUuuto-Laire) ; Eta-
blissement de sourds-muets des Frères de Sainfc
Gabriel à Clermont (Puy-de-Dôme) ; Etablissement
de sourds-muets des Frères de Saint-Gabriel, t
Toulouse.. - ., ^3
Etablissement de sourds-muets des frères d&
Saint-Gabriel, à Saint-Jean de-la-Ruelle (Loiret);
établissement de sourds muets des frères do SaintS
Gabriel, à Currière (Isère); établissement de sourd
muets et d'aveugles des frères Saint-Gabriel, :
Rouchin (Nord); établissement de sourds-muets 1 ;
d'aveugles des frères de Saint Gabriel, à Nantes i
établissement de sourds-muets et d'aveugles da
frères Saint-Cabriel, à Bordeaux ; établissement dé
sourds-muets et d'aveugles des- frères Saint-Ga"'
briel, à Marseille ; établissement de sourds-mueit
des clercs du Saint-Viateur, à Rodez. _- 3%
Notifications a été faite à chacun des 1.913 1
autres établissements et en même temps avis æ( r
été donné aux propriétaires des établissement
où les congréganistes n'étaient pas chez itix diW
manière à ce que les uns et les autres n'igno
rent pas les pénalités auxquelles ils s'exposent
en vertu des lois du 1rr juillet 1901 et 4 décerné
bre 1902. If
Une fois les délais impartis écoulés, et l'oQ,¡
sait que ces délais ont été fixés à 15 jours pour:
les prédicants et jusqu'aux vacances scolairel\
au maximum, à certains établissements cnsei..
guants, le rôle des parquets commencera et deir
poursuites seront activement menées contre
tous les établissements qui se seront perpétuési
ou qui, sous prétexte de prétendue sécularisa
tion sur place, ne se seront pas dissous. t!
Le ministre des cultes complétera prochaines
ment l'exécution ainsi faite de la loi du 1"
juillet 1901 par les mesures qui s'imposent
pour la fermeture des chapelles que tenaient les .<
congrégations et le rôle qu'elles avaient pris ati
sein même du clergé paroissial. Deux cireti-,
lairds ont été préparées par ses soins, l'une sut
les lieux du culte, l'autre sur la prédication etr;
dès la semaine prochaine, les prescriptions Õ
ces circulaires sortiront à effet.
L'emploi du breton ,
Brest, 9 llvrJ.
M. Verne, sous-préfef, vient d'adresser une
circulaire aux desservants des paroisses de l'au
rondissement de Brest.
Il leur rappelle les décisions du gouverne-
ment interdisant l'emploi du parler breton dans
les instructions religieuses données par le clergâ
parcissial. Il ajoute qu'il ne lui semble pas que
les desservants fassent, dans leurs sermons e~
leurs catéchismes, une part, suffisante à la lan-
gue française, ne fut-ce. que dans un sentiment
de large patriotisme. ;
Il constate que les statistiques annuelles du
recrutement établissent que la proportion des **
Bretons ignorant le français est infime. L'en-
semble des faits, démontrés par une sérieuse en-
quête, dément cette assertion étonnante qu'au
20' siècle il est un vaste territoire de France
où la longue nationale n'a pu pénétrer et pa*
rait même frappée d'interdit.
M. le sous-préfet aime à croire que les des-
servants recourront à l'avenir plus largement
à la langue françaiseet que, contrairement aux
errements actuels, ils feront que l'enseigne-
ment du catéchisme en breton soit l'exception,
et que, dans leurs sermons du dimanche, ils
traiteront la langue nationale avec autant de-
faveur que le breton.
L'administration supérieure tiendra compte
des efforts faits dans ce sens ; mais, d'autre
part, elle n'hésitera pas à frapper les prêtres'
qui, en excluant de parti pris le français da
leurs instructions, auront méconnu leurs de-J
voirs. ¡
L'exode
Oloron, 9 avril. «
Les pères de Belhllram, qui dirigent un col-1
lège à Oloron, ont opposé une résistance asse
vive à M. Laborde, juge de paix du cantoq
ouest, lorsqu'il est venu apposer les scellés sur
leur établissement.
- Angers, 9 avril.
Les capucins et les oblats viennent de rece-
voir notification du refus de leur demande en
autorisation. Ils devront quitter leurs maisons
e 20 de ce mois.
a 20 de ce mois. Saint-Eliennp, 9 avril.
M. Tronche, commissaire de police, a sigQi
fié ce soir aux capucins du couvent dé Sainte"
Barbe un arrêté d'expulsion, leur donnant
quinze jours pour quitter leur établissement.
En l'absence du supérieur, le commissaire da
police a été reçu par le prieur, qui a protesta
contre cet arrêté d'expulsion.
En Allemagne
Berlin, 9 avril.
Le chancelier de l'empire, convaincu de ni
pas trouver, en ce moment, au Bundesrath-
une majorité pour la suppression de la loi
contre les jésuites, a décidé de retirer son pro,
jet, en se réservant de la déposer à un mgw
ment plus opportun.
UN MOINE ASSASSIN
Pour un peu de cresson. — Moinillon
peu magnanime. — Cent seize bles-
sures. - En prison. A
Douai, 9 avril.
Une tentative de meurtre, commise avec unq
sauvagerie inouïe, vient de se dérouler, atl
château de Lauwin-Planque, propriété de lq
congrégation enseignante des bénédictins an.
glais.
Notons en passant que notification de tout
dissolution a été faite , ces jours derniers, ii'
ces moines, et le méfait que nous enregig-l
trons aujourd'hui sera probablement le dernier
commis par eux.
Mais arrivons au drame.
En cueillant du cresson f
Un ouvrier mineur, Alexandre Dardez, âgd
de 45 ans, demeurant à Flers-en-Escrebieux.
qui avait pénétré dans le parc du château poUQi
y cueillir du cresson, fut aperçu par le régis
seur, le frère François O'Shaughnessy, 25 angij
d'origine irlandaise, qui sans mot dire, rentra.
dans l'habitation, s'arma d'un fusil de chassa
dans lequel il glissa deux cartouches de plomb;
n* 6, détacha un fort chien de garde et *
vança vers le mineur.
Le moine et son chien -
En l'apercevant, le pauvre prit la fuite e
criant : Pardon 1 Mais sabs pitié, le féroce moW
nillon déchargea par deux fois son arme sur lat
malheureux qui, criblé de blessureg, s'affaissqu'
dans l'herbe. ■
Non encore satisfait, O'Shaughnessy laneai.
son chien sur la victime qui lut, par surerolt.
cruellement mordue, *
Cependant des voisins intervinrent, qui tràns
portèrent le blessé chez lui, où il reçut les; -
soins du docteur Blanquart qui, sur la corpa* *
du malheureux, ne releva pas moins de 116 i
grains de plomb. Les blessures ne sont beity
reusement pas mortelles.
Arrêté
La gendarmerie ouvrit aussitôt une enquêta,
et, peu après, M. Bottin, juge d'i'nstruction,l
décernait un mandat d'arrestation contre lai
moino assassin, qui fut écroué & la prison d9;
Douai. *
-..i
FONDATION D'UNE VILLE
* PAR L'AMIRAUTÉ ANGLAISE:
(De notre correspondant DarUcuUerl
- Londres, 9 avril. • •
L'amirauté, ayant décidé de Gréer une noa..î
veîlc. base nàvale à St-Margaret's IIopo. fon-~
dera à cet-endroit une vilta peux 30^,000 bain.»] -
- ----------- -- --- --- - - - - .-
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*'—'-' T M r leilres et mandais à Vadministrateur.*
- NOS LEADERS
illilS la atailI
Je ne sais plus quel écrivain militaire
a écrit : — « Une victoire, c'est une ba-
taille que l'on croit avoir gagnée. »
Combien cela est plus vrai encore sur
le terrain parlementaire! Aussi voyons-
nous, a l'issue de toute discussion im-
portante, chacun des partis en présence
revendiquer pour lui le succès, s'effor-
cer de se faire croire à lui-même qu'il
est vainqueur, de persuader à l'adver-
saire qu'il est battu. C'est de règle
constante. ?
Que l'on ne soit donc nullement
étonné d'entendre, au lendemain du
discours de Jaurès, les nationalistes se
féliciter comme le font et ont raison de
le faire les républicains.Tandis que no-
1re honoré confrère, M. Ranc, dans un
magistral article du Radical, conclut
qu'il a été fait « un pas de plus, un
g-rand pas vers la vérité », et que, dans
te Siècle, M. Cornély déclare « parfait »
l'ordre du jour adopté par la Chambre
et ajoute : « L'enquête ne sortira pas
du domaine judiciaire, car elle abou-
tira sûrement à la Cour de Cassation
qui, cette fois, munie des pouvoirs né-
cessaires, mettra elle-même définitive-
ment et souverainement, un terme à
un trop long martyre et aux trop longs
tourments des consciences françaises »;
au contraire, l'Echo de Paris estime que
« le coup prémédité a échoué », et M.
de Cassagnac, dans Y Autorité, émet
cette opinion que « la Chambre a nette-
ment conclu contre l'enquête ».
Je ne veux pas me livrer, à mon tour,
à une interprétation du vote de la
Chambre. L'avenir dira si l'initiative
prise si courageusement par M. Jaurès
doit être ou féconde ou stérile,
,.** •
Je voudrais, élevant le débat, protes-
ter contre une assertion que reprodui-
sent nos adversaires chaque fois qu'ils
parlent de l'affaire Dreyfus, et que,
même, j'ai été surpris de rencontrer
parfois sous la plume de certains de nos
amis.
N'est-il pas, -dites, d'usage conven-
tionnel, lorsqu'une allusion est faite à
l'Affaire, de déplorer le mal qu'elle a
causé, de la déclarer « lamentable »,
« désastreuse », que sais-je ?. C'est
contre cette assertion que je voudrais
protester. Parce qu'elle me semble ma-
nifestement contraire à la vérité.
Voilà des années — on me rendra
cette justice — que moi, qui me donnai
tout entier, les lecteurs du Rappel ne
l'ont peut-être pas tout à fait oublié, à
l'œuvre de vérité et de justice, je garde
le silence sur les faits qui ont si pro-
fondément agité, non seulement la
France, mais le monde. Pendant ce
long silence, j'ai réfléchi, j'ai médité,
interrogeant ma conscience. Eh bien,
j'affirme que l'affaire Dreyfus a été
bonne, qu'elle a rendu un immense ser-
vice à la République et à la Patrie.
A Lille, en 1900, dans un discours
que rappelait l'autre jour M. Ribot, en
essayant d'en dénaturer le sens, M. Jau-
rès a dit justement que ceux qui s'é-
taient rués à la bataille pour arracher
l'innocent à ses bourreaux n'ont pas
perdu leur temps. Non ! cette campa-
gne que nous avons menée pendant
plus de deux années, ce n'a pas été du
temps perdu ; et n'ont pas été perdues
davantage les souffrances du martyr
et les larmes des siens.
Les effrayants scandales de l'affaire
Dreyfus, ces scandales que nous avons
dénoncés, ont montré à la France le
danger qu'elle courait; ils lui ont ou-
vert les yeux sur le bord de l'abîme ; on
a vu alors quel chemin de taupe avait
pu faire le cléricalisme ; on a appris à
quelles besognes louches se livrait cet
état-major en lequel le pays mettait
une confiance si aveugle et si injusti-
fiée; on a constaté le flagrant délit de
l'alliance du militariste et du prêtre, al-
liance concluecontreleslibertés et l'hon-
neur de la France; on s'est rendu
compte de ce que c'est que la justice
militaire; on a compris qu'il était temps,
grand temps pour la France de se res-
saisir, de se raidir sur la pente où on"
l'entraînait et au fond de laquelle il
ne pouvait y avoir que Décembre et
Sedan. -
***
Ainsi il arrive parfois que, dans le
corps humain, à la suite de quelque
commotion, des humeurs se collectent,
s'accumulent, sans que rien, d'abord,
sous I peau, puisse révéler la cause du
malaise fébrile auquel le patient est de
plus en plus on proie. Prenez garde!
car si l'infection ne trouve pas une
issue pour se répandre au dehors, elle
pourra gagner tout l'organisme et com-
muniquer à tout le sang un empoison-
nement mortel.
L'affaire Dreyfus a été le phlegmon
qui fait se boursoufler en une poche
hideuse, gonflée de venin, les tissus dis-
tendus, violacés, noirâtres. Le coup
de bistouri — ç'a été le coup de rasoir
idu Mont-Valérien—a fait se ruer au
.dehors les sanies purulentes, letasd'im-
imondices que charriait ce sang vicié.La
France a orié de douleur, oui; mais elle
était sauvée. Convaincue de la gravité
du mal dont elle était atteinte, elle n'a
pas hésité à prendre les plus urgentes
des mesures qui s'imposaient.
Répondez : croyez-vous que sans l'af-
faire Dreyfus nous en serions où nous
en sommes? Sans les hontes" sans les
crimes de l'affaire Dreyfus, la Républi-
que aurait-elle pris si énergiquement la
résolution de se défendre contre les
agissements de la congrégation corrup-
trice ? Sans l'affaire Dreyfus, est-ce que
le bloc républicain se serait constitué ?
Ne dites donc pas, ne dites plus ja-
mais qu'elleaété désastreuse cetteaffaire
qui a joué un si grand rôle dans les des-
tinées de la patrie; dites, en conscience,
qu'elle a été salutaire et bienfaisante,
L'état-major épuré, les congrégations
chassées, le parti républicain reconsti-
tué sur d'inébranlables bases, voilà les
premiers résultats de l'affaire Dreyfus.
Non, certes ! cela n'a pas été du temps
perdu!
t Nous autres qui,assaillis par les pires
outrages, avons écrit, parlé, agi pour
la réparation du plus effroyable crime
judiciaire des temps modernes, c'est
pour la France et pour la République,
pour nos libertés et pour notre honneur
que nous avons travaillé; notre labeur,
nos peines n'ont pas été inutiles.
Nous avons la joie profonde de voir,
après cette crise, la Franco et la Répu-
blique plus fortes, rajeunies, purifiées,
marcher d'un pas plus ferme vers l'a-
venir.
Et c'est la seule récompense que nous
ayons jamais ambitionnée.
Nous sommes contents.
Lucien Victor-Meunier.
LE FRANÇAIS ET LE BRETON
Il a déjà fallu faire de sérieu-
ses remontrances à des curés
du Finistère qui affectaient,
dans leurs instructions reli-
gieuses, d'ignorer l'usage de la
langue française. Par une cir-
- culaire qu'on lira plus loin,
M. Verne, sous-préfet de Brest, invite les
desservants des paroisses de l'arrondisse-
ment à renoncer à l'emploi systématique du
breton. Car, rappelons-le, ce n'est pas l'em-
ploi accidentel du patois local qui est inter-
dit ; c'est le système qui consiste à ne se
servir que de ce patois. On ne demande aux
curés armoricains rien d'autre que de ne
pas entraver, par leur mauvaise volonté,
l'œuvre des instituteurs.
Les prêtres mis en cause prétendent
qu'ils sont forcés de parler uniquement le
breton aux enfants du Finistère, parce que
ces enfants ne parlent point la langue de
leur patrie.
M. Verne oppose à cette allégation un
démenti absolu. Il suffit, fait-il observer,
de consulter les statistiques annuelles du
recrutement, pour comprendre que la pro-
portion des Bretons ignorant le Français
est infime.
Il était bon que cette vérité fût affirmée.
Nous avons souvent ici expliqué que la
Bretagne n'était pas aussi arriérée que
beaucoup de gens se le figuraient. Des ma-
nifestations républicaines importantes, des
élections significatives, l'activité des mili-
tants républicains de Bretagne nous ont
donné raison.
Personne, parcourant la Bretagne, n'a
éprouvé l'impression de se trouver en pays
étranger; le premier gamin venu sait indi-
quer son chemin au voyageur égaré.
Les curés n'ont donc aucune raison de
préferer le breton au français. En persis-
tant dans leurs errements, ils montreraient
leur volonté d'enrayer le progrès des es-
prits dans nos beaux départements de
l'Ouest.
La République ne peut permettre au
clergé réactionnaire de prolonger l'effort
antipatriotique condamné à bon droit par
le sous-préfet de Brest.
Notre rédacteur en chef et ami Charles
Bos, profite des vacances parlementaires pour
prendre un repos nécessité par les fatigues de
la session si longue et si chargée qui vient de
ifnir.
Pendant quelques jours sa signature ne fi-
gurera pas à la place habituelle.
LES JUGES DE PAIX
M. Cruppi a déposé, avant la séparation des
Chambres, un rapport remarquable sur le pro-
jet de loi relatif à l'organisation et à la compé-
tence des justices de paix. Espérons que la
Chambre votera rapidement une réforme qui
est depuis longtemps attendue par les contri-
buables et les justiciables.
'Je voudrais pourtant que le texte de la com-
mission subit, en ce qui concerne la compé-
tence civile des juges de paix,.une importante
modification.
La commission a fixé à 300 francs la compé-
tence sans appel et à 600 francs à charge d'ap-
pel. Tels étaient les chiffres proposés au Sénat
en 1896. La Chambre avait en 1891 une opi-
nion différente: gardant le chiffre de 300 francs
pour la compétence sans appel, elle avait élevé
à 1.500 francs celui da la compétence avec ap-
pel. C.'était donner au-juge de paix une1 impor-
tance beaucoup plus grande, c'était accélérer
la solution des petits procès et diminuer con-
sidérablement les frais de justice.
Nous espérons que la Chambre sera saisie
de cette question par voie d'amendement et
qu'elle persistera dans là décision prise en 1891.
La commission allègue, pour défendre sa pro-
position, qu'en étendant tellement la compé-
lence du juge de paix, on priverait les avoués
d'une partie des dossiers dont ils sont chargés
et on enlèrerait aux tribunaux de première
instance beaucoup des affaires qui leur sont ac-
tuellement soumises,
Co no sont point là dés raisons. D'abord les
avoués ne perdraient pas tous leurs dossiers,
ils pourraient représenter leurs clients aussi
bien devant les juges de paix que devant les
juges d arrondissement. En second lieu, la ré
forme permettrait d'arriver ranidiunent à la
- - - - ~-- - -
suppression d'un certain nombre de tribunati*
ue pramiere instance presque inoccupés, nui
sont pour le budget une charge lourde mais
inutile. Il faudra bien y arriver 'àn tour in
our ou
l'autre. Alors pourquoi pas lo-^t dA !imitA? -
L, Armoinsta\ -- - -. --
A LA BELGIOUE, -
A LA PRESSE
UN APPEL
Une chronique de M. Labadie - La-
grave. — L'écho littéraire d'une in-
1 dignation musicale. — La Bel-
r gique ne pourrait-elle éten-
dre ses bienfaits à la
littérature ?
Dans une de ses chroniques des Nouvelles
illustrées, M. G. Labadie-Lagravo exprimait
naguère son indignation « ou songeant aux
« mauvais procédés et même aux injuros pro-
« digués eu France à Berlioz et à Royer ,annt
« que l'étranger consacrât les efforts des deux
« compositeurs ».
1 Il racontait l'hostilité de Cherubini — lequel
n'eut d'autre mérite que celui de diriger la
Conservatoire — et d'un certain Kreutzer, di-
recteur général de la musique de l'Opéra : le
premier, qualifiant de « ridicoales » les œuvres
de l'auteur de la Symphonie Fantastique : le
second, proclamant « qu'un homme arrivé à
« la réputation devait barrer le chemin aux
« jeunes gens ». Il rappelait enfin la ténacité
de l'auteur de Sigurd, obligé de passer par
Bruxelles pour forcer les portes de Paris 1
Ces considérations rétrospectives et cette cor-
diale indignation sont tout à l'honneur de M.
Labadie-Lagrave ; je suis heureux de l'en féli-
citer. Mais croit-il que les temps sont chan-
gés, et qu'en France la haine des directeurs et
gens de théâtre à l'endroit des auteurs vérita-
bles n'appartient pas à l'histoire contemporaine
encore plus qu'à l'histoire ancienne? Si oui,
qu'il se détrompe, qu'il regarde autour de lui
et veuille bien m'accepter pour cicerone.
Hier et aujourd'hui
L'histoire de Berlioz el de Reyer ne fut-elle
pas celle de Saint-Saëns et de Massenet, n'est-
elle pas celle de Vincent d'Indy ? La Belgique,
jadis hospitalière à la musique française, con-
tinue de lui servir d'asile. Et si nous voyons
VEtranger à l'Opéra l'hiver prochain, c'est que
la Monnaie de Bruxelles vient de le représen-
ter avec succès. Ne devine-t on pas que ce
môme Opéra, qui va le prendra « consacré »,
l'avait refusé « vierge » ? Les vraies primeurs,
les fruits exquis et nouveaux, ne sont pas ap-
préciés de nos directeurs. -
Ils sont trop verts.
Les ennemis de notre pays ont beau jeu
pour se moquer de la protection accordée en
France aux auteurs français. Et pourtant,
c'est l'étranger — pas celui de Vincent d'Indy
— que Paris accueille sans hésitation ni re-
tard. N'avoir aucun talent, mais s'appeler
Zuckermann ou Tirlarigo : voilà qui en im-
pose aux directeurs 1 Le public, convié au
triomphe du teuton ou de l'hidalgo, bâille à
se décroche la ou les mâchoiras. la pièce ne
fait pas d'argent, les actionnaires en font trop,
mais les directeurs sont contents 1
9 L'agio théâtral
Si les auteurs sont français et — circons-
tance aggravante — septentrionaux, ils doi-
vent pour se faire jouer:
— Ou avoir déjà une réputation consacrée;
— Ou payer.
Et vous savez — car, Dieu merci, la vérité
finit toujours par se savoir — ce qu'il faut
payer. Pour une pièce en deux ou trois actes,
de 30 à 40.000 francs. Pour une pièce en cinq
actes, de 60 à 100.000. On rend parfois les
fonds. en cas de succès. Qu'importe que la
pièce réussisse? Appuyé sur l'argent de l'au-
teur et des actionnaires, le directeur ne court
aucun risque, et s'il est payé d'autre part pour
représenter sans délai une pièce neuve égale-
ment.. riche, il n'hésite pas. C'est ainsi que
nous voyons interrompre les représentations
d'un ouvrage réalisant des recettes. On allègue
l'indisposition, le congé d'un acteur (que ne
fait-on apprendra un rôle en double?) ou.
des « engagements antérieurs ». Oh 1 « ces en-
gagements antérieurs » qui ne parviennent
même plus à duper les gens le moins experts
en la cuisine théâtrale 1 « Ces engagements an-
térieurs» et hypocrites, qui toujours dissimu-
lent la plaque du four ou l'étranglement de
l'auteur 1
Voilà ce que tout le monde sait, ce que tout
le monde répète, ce que tout le monde prouve 1
Et le trafic éhonté continue de plus belle. Une
pièce n'est plus l'œuvre d'art, mais la mar-
chandise qui ne franchit l'octroi parisien qu'au-
tant qu'elle a revêtu une estampille étrangère,
connue ou payante. Hors de là, point de salut.
Jadis l'autour inconnu ou méconnu pouvait
encore tirer du mérite de son ouvrage un mor-
ceau de pain. Un chef-d'œuvre aujourd'hui,
condamne plus sûrement à mort qu'un verdict
de cour d'assises : les directeurs de théâtres
n'admettent pas les recours en grâce.
Heureux musiciensl Vous avez une suprême
ressource : la Belgique, Bruxelles! Nos criti-
ques consentent à passer la frontière pour al-
ler vous applaudir, ils consacrent à vos œuvres
un article élogieux et les théâtres de Paris s'ou-
vrent enfin devant elles.
Mais nous, poètes, littérateurs ?
Nous avons le droit de rester ignorés jus-
qu'au jour de la mort; et ce jour-là (quelle
aubaine 1) peut-être nous sera-t-il accordé
d'avoir notre buste au jardin du Luxembourg,
mais non point encore nos œuvres au premier
ni au second théâtres français !
Eh bien, l'indignation finit par provoquer un
éclat, et c'est en mon nom comme au nom de
mes infortunés confrères, que j'adresse un appel
à la Belgique et à la presse :
Puisque pour être jouég gratuitement à Paris.
les auteurs français doivent passer par Bruxel-
les: je prie nos amis les Belges d'accomplir en
faveur de la littérature la noble tâche qu ils ont
entreprise et continuée pour la musique. Je les
prie de faire choix à Bruxelles d'un beau théâ-
tre, d'y monter convenablement les œuvres de
valeur, de convier les critiques dramatiques et
littéraires des deux capitales aux premières re-
présentations. Er je demande à la presse pari-
sienne d'appuyer mon appel, de promettre son
empressé concours à la généreuse Belgique, à
la nation qui aime les auteurs, qui les protège
et les répand 1
FERNAND GENDRIER.
♦ —
PARTI RADICAL-SOCIALISTE
En raison des fêtes de Pâques, la réunion
du Comité central de la Jeunesse républicaine
radicale et radicale-socialiste qui devait avoir
lieu demain samedi est reportée au samedi 18
courant.
——————»
LA BOURSE DES RÉVOLUTIONS ---.
- SUD-AMÉRICAINES
(De notre correspondant particulierf
New-York, 9 avril.
Dans la 14* rue de l'ouest de la ville, il y a
deux hôtels, l'un, appelé Hôtel Muro et l'autre
Hôtel America, qui sont fréquentés exclusive-
ment par lesSudaméricains qui veulentemon-
ter une révolution» dans leur pays.Des maisons
de commerce américaines sont dans la combi.
naison et fournissent des armes et parfois tles
fonds. ,.,; ,
Peu de temps avant la révolution de San
Domingo, le général Eugenio Descbamps avait
fait son apparition à l'hôtel Muro,où il a «traité
l'affaire» avec une importante maison de New-
York.
"{Dernièrement, on a signalé l'arrivée de quel-
quës «généraux» de l'Amérique du Sud.On dit
qu'un grand coup se prépare dans une des ré-
publiques les plus importantes du sud du con-
tinent.
Voir à la 3e page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
BLOC CONTRE BLOC
M. de Cassagnac constate que a ça tourne
mal »; que « la grande victoire nationaliste à
Paris se volatise, s'évapore »; que « Paris n'est
plus tenu que par un fil».
Car M. de Cassagnac n'est pas de ces chica-
niers piteux qui ergotent et, battus, essayent
do prouver qu'ils ont remporté la victoire.
Avec la franchise assez brutale qui le caracté-
rise, M. de Cassagnac reconnaît, lui, que « ça
tourne mal »; et la faute en est, dit-il, aux
« littérateurs », aux « poètes » - cela est pour
vous, MM. Jules Lemaitre et François Coppée
— aux « personnalités » qui s'intitulent prési-
dent de Ligue, et qu'aucune Ligue n'a nom-
més.
Il ajoute: « Si cette anarchie, cette déban-
dade, cette incohérence, cette incapacité notoire
durent encore, il n'y a plus à lutter, il n'y a
plus qu'à désarmer. » Mais M. de Cassagnac
n'est pas de ceux qui se résignent à désarmer;
les ardeurs de son tempérament combatif le
poussent à la lutte ; aussi se préoccupe-t il des
moyens de continuer la campagne.
Il trouve ceci — vous goûterez, je pense, la
formule : — « Au bloc révolutionnaire, il faut
opposer le bloc national et patriote. » Il pré-
cise : — « Il faudrait un grand Comité pure-
ment national, et dans lequel seraient admis
tous les directeurs de journaux qui combattent
pour la liberté, et tous ceux qui ont une ac-
tion sur l'opinion publique. »
Comment, par qui, seraient élus les membres
de ce Comité, M. de Cassagnac ne nous le dit
point; mais il nous apprend que ledit Comité
« élaborerait un programme général, écartant
tout ce qui divise, groupant tout co qui unit. »
On le voit, c'est la concentration, rien de plus.
rien de moins; la concentration de droite pour
faire équilibre et, si possible, échec à la con-
centration de gauche.
Mais nous demanderons à M. de Cassagnac
s'il croit vraiment qu'entre les éléments si dis-
parates qui composent la coalition nationaliste-
cléricalo, il puisse exister un lien. Notre opinion
très réfléchie est que ceux-là que M. de Cassa-
gnac nomme « les chefs » sont tout simplement
des gens qui, ayant envie d'être ou députés ou
conseiller? municipaux, ont vu dans ce que M.
de Cassagnac appelle lui-même « l'occasion
nationaliste», un moyen de parvenir. Exemple,
entre autres : M. Edmond Lepelletier, qui a
échoué on ne sait combien de fois, encore qu'il
se présentât sous les étiquettes républicaines
les plus variées, et qui a réussi, en se confiant
au flot nationaliste, à décrocher enfin la tim-
bale.
Entre gens de cette catégorie qui, évidem-
ment, ne sont mus que par l'intérêt personnel,
aucun lien sérieux ne saurait exister.
Fatalement, chacun doit essayer de tirer la
couverture à lui. -
On ne peut demander d'abnégation, de dé-
sintéressement, qu'à ceux qui luttent pour
une idée, pour un principe. De quel principe
pourraient se recommander les nationalistes ?
De quelle idée sont-ils les serviteurs?
Le projet, formé par M. de Cassagnac, d'un
bloc « national et patriote » à opposer au bloc
républicain n'est pas sérieux. D'ailleurs, qui
ne voit que ces deux mots : national et pa-
triote, no signifient rien, dans l'espèce ? M. de
Cassagnac contesterait-il qu'on puisse être à la
fois ardent patriote et ferme républicain ? As-
surément non. Alors ?
Que le rédacteur en chef de VAutorité en
prenne son parti. Avec les matériaux dont il
dispose, il ne parviendra pas plus à constituer
son bloc, qu'un maçon n'ayant, pour bâtir,
que gravier et fétus de paille, ne réussirait à
édifier une maison. Le nationalisme — comme
fit le boulangisme — n'est qu'une misérable
coalition d'intérêts, disloquée au premier souf-
fle venu du large, facilement tombée en pous-
sière — vous le voyez : — en boue. — L. P.-M.
LES ÉLECTIONS -
Dans le 3* arrondissement
On nous communique l'ordre du jour sui-
vant :
Un groupe d'électeurs républicains du 2* arron-
dissement, réunis mercredi au siège de la Jeunesse
républicaine, adressent leurs félicitations à la ma-
jorité du Parlement, qui a voté l'invalidation de
M. Syveton, accomplissant ainsi un acte d'hygiène
politique nécessaire et prennent l'engagement de
soutenir avec la plus grande énergie le candidat
qui sera choisi par les groupes républicains pour
tenir haut et ferme le drapeau de la République
foncièrement laïque et pour Idtter avec énergie
contre la réaction nationato-cléricale.
Election sénatoriale
Le 24 mai prochain, aura lieu,dans la Haute-
Saône, une élection sénatoriale, pour rempla-
cer M. Bontemps, décédé.
———————————- .———————————
NOUVELLE TORPILLE
[De nolrû correspondant particulier)
Bruxelles, 9 avril.
Dans le port d'Anvers, on procède à des ex-
périences avec une nouvelle torpille inventée
par le commandant Elia,de la marine italienne.
L'inventeur affirme qu'avec son engin il peut
détruire les escadres les plus fortes.
NOUVEAUX COUSINS DU ROI VICTOR-EMMANUEL
-
(Dé noirs correspondant varticulierj
Rome, 9 avril.
A l'occasion de prochaines visites des souve-
rains et des princes à Rome, le roi Victor-Em-
manuel distribuera six colliers del'Annonciade.
Un des décorés sera le prince héritier de
Prusse.
——————■——
Nouvelle fournée d'hérétique.
(De notre correspondant particulier)
Rome, 9 avril.
Par décret de la congrégation de l'Index,
rendu le 5 mars dernier, et signé par le préfet
cardinal Andréas Steinhuber et le secrétaire
Dr. théol. Esser, de l'ordre des dominicains,
les ouvrages suivants ont été réprouvés :
Ferdinand Buisson : La religion, Id morale et
là science, Paris 1901. — Jules Payot. De la
croyance, Paris 1896. — Jules Payot : Avant d'en-
trer dans la vie. Aux instituteurs el aux institu-
trtces, conseils et directions pratiques, Paris
1901. - Padre Sifflet = Cours lucide et raisonné
de doctrine chrétienne. Les sept mystères cltré
tiens. Lyon, librairie Saint-Augustin.
Les livres sus-énuméréssont condamnés pour
hérésie- (propter heresiamj.
L'abbé Klein, de Paris, a fait acte de jeu-
wissioa. -
LES CONGREGATIONS
Pendant l'intersession parlementaire.
— Les congrégations de femmes. —
La procédure à suivre. — Nou-
veaux refus d'autorisation.
; En Bretagne. — Les jé-
suites en Allemagne.
M. Combes va consacrer l'intersession par-
lementaire à examiner la seconde série des
demandes des établissements non autorisés dé-
pendant des congrégations autorisées el à pré-
parer les projets de loi concernant les congré-
gations de femmes qui demandent l'autorisa-
tion législative.
Les établissements non autorisés dépendant
des congrégations autorisées — presque toutes
féminioes — sont aa nombre de sept mille en-
viron. Cette catégorie comprend les établisse-
ments dont les demandes ont été faites dans les
délais légaux et qui ont pu continuer à fonc-
tionner jusqu'à ce qu'une réponse leur ait été
donnée.
L'autorisation doit être donnée par décret
rendu en Conseil d'Etat. Suivant l'avis de
cette assemblée, le président du conseil ne
transmettra au Conseil d'Etat que les deman-
des qu'il jugera devoir accueillir favorable-
ment. Pour les autres il ne fera aucune trans-
mission au Conseil d'Etat et notifiera aux éta-
blissements en question le refus d'autorisation
avec invitation à se dissoudre.
- C'est la procédure qui a été appliquée aux
trois mille établissements fermés dans les neuf
mois qui viennent de s'écouler et qui, dépen-
dant de congrégations autorisées, n'avaient pas
formé leur demande dans les délais légaux.
Les congrégations de femmes qui sollicitent
l'autorisation et dont les demandes vont faire
l'objet de projets de lois qui seront soumis
aux Chambres à la rentrée de mai, sont au
nombre de 390.
Ces 390 congrégations se répartissent ainsi,
suivant la nombre des établissements qu'elles
possèdent :
44 congrégations ont 10 établissements ou plus
31 — ont de 5 à 10 établissements
9 — ont t établissements
13 — ont 3 —
21 — ont 2 —
172 — ont 1 —
Suivant le système suivi pour les congréga-
tions d'hommes, le gouvernement présentera
les demandes de ces congrégations de femmes
par catégories : enseignantes, hospitalières,
contemplatives, etc.
Une partie des projets sera déposée à la
Chambre et l'autre au Sénat.
Décrets abrogés
On sait qu'un certain nombre de congréga-
tions d'hommes, la plupart enseignantes, aux-
quelles la Chambre a refusé l'autorisation
qu'elles sollicitaient, avaient été l'objet d'or-
donnances royales ou de décrets d'utilité pu-
blique, qu'elles invoquaient pour se déclarer
légalement reconnues. Sur l'initiative du mi-
nistre de l'intérieur, des décrets ont été rendus
en conseil d'Etat qui rapportent les décrets ou
ordonnances antérieures rendus au profit de
ces congrégations.
Celles-ci sont les suivantes:
Frères de l'instruction chrétienne de Ploermel,
frères de la doctrine chrétienne de Nancy, frères
de Saint-Gabriel, frères de Saint-Joseph de Saint-
Fuscien, frères du Sacré-Cœur de Paradis, frères
de Marie ou Marianistes, clercs de Saint-Viateur,
petits frères de Marie, frères de la Miséricorde,
frères de la Sainte-Famille, frères de la doctrine
ohrétienne de Solesmes.
Prochaines fermetures
Le travail de notification, fait conformément
à l'article 25 du règlement d'administration pu-
blique en date du 16 août 1901, des rejets des
demandes de certaines congrégations votés par
la Chambre des députés dans les séances des
18, 24 et 26 mars 1903, est sur le point d'être
terminé. Ce travail s'applique à 54 congréga-
tions comportant 1,913 établissements.
En voici le détail :
Frères de Ploërmel 365 établissements dans 25 dé-
partements. Frères de la doctrine chrétienne 23 éta-
blissements dans 11 départements. Frères de Sainte-
Croix 23 établissements dans 8 départements.
Frères de Saint Gabriel 161 établissements dans
26 départements. Frères de Saint-Fuscien téta,
blissement dans 1 département. Frères du Sacré-
Cœur de Paradis 136 établissements dans 17 dépar-
tements.
Frères Marianistes, 98 établissements dans 32 dé-
partements ; Clercs du Saint-Viateur, 112 établisse-
ments dans 23 départements ; Petits frères de Ma-
rie, 605 établissements dans 58 départements ; Frè-
res de la Croix de Jésus, 17 établissements dans 6
départements ; Frères agriculteurs de la Roche, 7
établissements dans 6 départements.
Frères des écoles chrétiennes de la Miséricorde,
21 établissements, dans 3 départements ; frères de
la Sainte Famille, 47 établissements, dans 10 dé-
partements; pères eudistes, 13 établissements,
dans 9 départements; pères maristes, 15 établisse-
ments, dans 12 départements ; pères dominicains
enseignants, 8 établissements, dans 5départements;
pères basiliens, 6 établissements, dans 3 départe-
ments; pères de l'Immaculée-Conception, 7 établis-
sements, dans 3 départements.
Pères oratoriens, 10 établissements dans 7 dé-
partements. Pères du Saoré-Cœur de Bétharran,
7 établissements dans 1 département, Pères de St-
Pierre-ès-Llcus, 2 établissements dans 1 départe-
ment. Pères de Marie Immaculée Chavagnes, 8
établissements dans & départements. Frères ma-
ristes de Saint Martial, 1 établissement dans 1 dé-
partement. Pères bénédictins anglais, 1 établisse-
ment dans 1 département. Frères de la doctrine
chrétienne de Solesmes,1 établissement dans i dé-
partement.
Capucins, 3 établissements dans 2 départements.
Prémontrés de France, 49 établissements dans 35
départements. Rédemptoristes, 4 établissements
dans 4 départements. Dominicains prêcheurs, 19
établissements dans 15 départements, Passionnistes
français, 25 établissements dans 20 départements.
Pères du laoré.Cœur de Picpus, 4 établissements
dans 4 départements.
Oblats de Saint-François de Sales, il établisse-
ments dans 7 départements. Clercs de Notre-Dame
de Sion, 1 établissement dans un département.
Oblats du Saoré-Cœur de Saint-Quentin,4établisse-
ments dans 2 départements. Pères de Saint-
François d'Ambialet, 4 établissements dans 2 dé-
partements.
Franciscains, 39 établissements, dans 23 dépar-
tements; pères du T.-S.-Sacrement, 4 établisse-
ments, dans 4 départements , Chanoines de Latran.
1 établissement, dans 1 département ; Pères de la
Retraite de Vabres, 21 établissements, dans t6 dé-
partements ; Oblats de Marie Immaculés, 8 établis-
sements, dans 6 départements; Bénédictins de.la
Pierre qui Vine, 7 établissements dans 2 départe-
ments ; Missionnaires de Garaison, 3 établisse-
ments, dans 1 département; Pères de Saint-Fran-
çois de Sales Annecy, 3 établissements, dans 3 dé-
partements.
Missionnaires de Sainte-Garde, 2 établissements
dans 1 département. Oblats de la Vierge Marie, 2
établissements dans 2 départements. Chanoines do
l'Immaculée Conception, 1 établissement dans 1
département. Pères de l'Oratoire de Saint-Philippe
de Néris, 1 établissement dans 1 département. Pè-
res de la Miséricorde, 1 établissement dans i dé-
partement. Barnabites de Gien, 1 établissement
dans 1 département. Barnabites de Paris, 1 éta-
blissement dans 1 département. Passionnistes
anglais, 1 établissement dans 1 département.
Pèrps du Calvaire de Toulouse, 1 établisse-
ment dans un département. Carmes de Laghet, 1
établissement dans i département. Chartreux, 1
établissement dans 1 département.
Sur ce chiffre de 1924, il convient de dé-
duire 11 établissements pour lesquels il a été
sursis à toute notification en raison de leur
caractère particulier et conforméœent aux dé-
clarations du président du conseil. Ce sont :
Etablissement de sourds-muets des Frères du
Sacré- Cceur de Paradis à Chaumont (Pas-de-Calais);
Etablissement do sourds-muets des Frères du
Sacré-Coeur de Paradis au Puy iUuuto-Laire) ; Eta-
blissement de sourds-muets des Frères de Sainfc
Gabriel à Clermont (Puy-de-Dôme) ; Etablissement
de sourds-muets des Frères de Saint-Gabriel, t
Toulouse.. - ., ^3
Etablissement de sourds-muets des frères d&
Saint-Gabriel, à Saint-Jean de-la-Ruelle (Loiret);
établissement de sourds muets des frères do SaintS
Gabriel, à Currière (Isère); établissement de sourd
muets et d'aveugles des frères Saint-Gabriel, :
Rouchin (Nord); établissement de sourds-muets 1 ;
d'aveugles des frères de Saint Gabriel, à Nantes i
établissement de sourds-muets et d'aveugles da
frères Saint-Cabriel, à Bordeaux ; établissement dé
sourds-muets et d'aveugles des- frères Saint-Ga"'
briel, à Marseille ; établissement de sourds-mueit
des clercs du Saint-Viateur, à Rodez. _- 3%
Notifications a été faite à chacun des 1.913 1
autres établissements et en même temps avis æ( r
été donné aux propriétaires des établissement
où les congréganistes n'étaient pas chez itix diW
manière à ce que les uns et les autres n'igno
rent pas les pénalités auxquelles ils s'exposent
en vertu des lois du 1rr juillet 1901 et 4 décerné
bre 1902. If
Une fois les délais impartis écoulés, et l'oQ,¡
sait que ces délais ont été fixés à 15 jours pour:
les prédicants et jusqu'aux vacances scolairel\
au maximum, à certains établissements cnsei..
guants, le rôle des parquets commencera et deir
poursuites seront activement menées contre
tous les établissements qui se seront perpétuési
ou qui, sous prétexte de prétendue sécularisa
tion sur place, ne se seront pas dissous. t!
Le ministre des cultes complétera prochaines
ment l'exécution ainsi faite de la loi du 1"
juillet 1901 par les mesures qui s'imposent
pour la fermeture des chapelles que tenaient les .<
congrégations et le rôle qu'elles avaient pris ati
sein même du clergé paroissial. Deux cireti-,
lairds ont été préparées par ses soins, l'une sut
les lieux du culte, l'autre sur la prédication etr;
dès la semaine prochaine, les prescriptions Õ
ces circulaires sortiront à effet.
L'emploi du breton ,
Brest, 9 llvrJ.
M. Verne, sous-préfef, vient d'adresser une
circulaire aux desservants des paroisses de l'au
rondissement de Brest.
Il leur rappelle les décisions du gouverne-
ment interdisant l'emploi du parler breton dans
les instructions religieuses données par le clergâ
parcissial. Il ajoute qu'il ne lui semble pas que
les desservants fassent, dans leurs sermons e~
leurs catéchismes, une part, suffisante à la lan-
gue française, ne fut-ce. que dans un sentiment
de large patriotisme. ;
Il constate que les statistiques annuelles du
recrutement établissent que la proportion des **
Bretons ignorant le français est infime. L'en-
semble des faits, démontrés par une sérieuse en-
quête, dément cette assertion étonnante qu'au
20' siècle il est un vaste territoire de France
où la longue nationale n'a pu pénétrer et pa*
rait même frappée d'interdit.
M. le sous-préfet aime à croire que les des-
servants recourront à l'avenir plus largement
à la langue françaiseet que, contrairement aux
errements actuels, ils feront que l'enseigne-
ment du catéchisme en breton soit l'exception,
et que, dans leurs sermons du dimanche, ils
traiteront la langue nationale avec autant de-
faveur que le breton.
L'administration supérieure tiendra compte
des efforts faits dans ce sens ; mais, d'autre
part, elle n'hésitera pas à frapper les prêtres'
qui, en excluant de parti pris le français da
leurs instructions, auront méconnu leurs de-J
voirs. ¡
L'exode
Oloron, 9 avril. «
Les pères de Belhllram, qui dirigent un col-1
lège à Oloron, ont opposé une résistance asse
vive à M. Laborde, juge de paix du cantoq
ouest, lorsqu'il est venu apposer les scellés sur
leur établissement.
- Angers, 9 avril.
Les capucins et les oblats viennent de rece-
voir notification du refus de leur demande en
autorisation. Ils devront quitter leurs maisons
e 20 de ce mois.
a 20 de ce mois. Saint-Eliennp, 9 avril.
M. Tronche, commissaire de police, a sigQi
fié ce soir aux capucins du couvent dé Sainte"
Barbe un arrêté d'expulsion, leur donnant
quinze jours pour quitter leur établissement.
En l'absence du supérieur, le commissaire da
police a été reçu par le prieur, qui a protesta
contre cet arrêté d'expulsion.
En Allemagne
Berlin, 9 avril.
Le chancelier de l'empire, convaincu de ni
pas trouver, en ce moment, au Bundesrath-
une majorité pour la suppression de la loi
contre les jésuites, a décidé de retirer son pro,
jet, en se réservant de la déposer à un mgw
ment plus opportun.
UN MOINE ASSASSIN
Pour un peu de cresson. — Moinillon
peu magnanime. — Cent seize bles-
sures. - En prison. A
Douai, 9 avril.
Une tentative de meurtre, commise avec unq
sauvagerie inouïe, vient de se dérouler, atl
château de Lauwin-Planque, propriété de lq
congrégation enseignante des bénédictins an.
glais.
Notons en passant que notification de tout
dissolution a été faite , ces jours derniers, ii'
ces moines, et le méfait que nous enregig-l
trons aujourd'hui sera probablement le dernier
commis par eux.
Mais arrivons au drame.
En cueillant du cresson f
Un ouvrier mineur, Alexandre Dardez, âgd
de 45 ans, demeurant à Flers-en-Escrebieux.
qui avait pénétré dans le parc du château poUQi
y cueillir du cresson, fut aperçu par le régis
seur, le frère François O'Shaughnessy, 25 angij
d'origine irlandaise, qui sans mot dire, rentra.
dans l'habitation, s'arma d'un fusil de chassa
dans lequel il glissa deux cartouches de plomb;
n* 6, détacha un fort chien de garde et *
vança vers le mineur.
Le moine et son chien -
En l'apercevant, le pauvre prit la fuite e
criant : Pardon 1 Mais sabs pitié, le féroce moW
nillon déchargea par deux fois son arme sur lat
malheureux qui, criblé de blessureg, s'affaissqu'
dans l'herbe. ■
Non encore satisfait, O'Shaughnessy laneai.
son chien sur la victime qui lut, par surerolt.
cruellement mordue, *
Cependant des voisins intervinrent, qui tràns
portèrent le blessé chez lui, où il reçut les; -
soins du docteur Blanquart qui, sur la corpa* *
du malheureux, ne releva pas moins de 116 i
grains de plomb. Les blessures ne sont beity
reusement pas mortelles.
Arrêté
La gendarmerie ouvrit aussitôt une enquêta,
et, peu après, M. Bottin, juge d'i'nstruction,l
décernait un mandat d'arrestation contre lai
moino assassin, qui fut écroué & la prison d9;
Douai. *
-..i
FONDATION D'UNE VILLE
* PAR L'AMIRAUTÉ ANGLAISE:
(De notre correspondant DarUcuUerl
- Londres, 9 avril. • •
L'amirauté, ayant décidé de Gréer une noa..î
veîlc. base nàvale à St-Margaret's IIopo. fon-~
dera à cet-endroit une vilta peux 30^,000 bain.»] -
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