Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-03-16
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 mars 1903 16 mars 1903
Description : 1903/03/16 (N12057). 1903/03/16 (N12057).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572408v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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Le' Numéro, CINQ CENTIME®
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NOS LEADERS
LA CONSCIENCE
Il ne semble pas que l'échange de
répliques et de ripostes, auquel se sont
livrés, à la Chambre, vendredi, M. de
Pressensé et M. Aynard, se soit ter-
miné à l'avantage de ce dernier.
Volontiers, nous le savons, en politi-
que, on cherche à mettre son adver-
saire en contradiction avec lui-même,
à opposer à ses opinions actuelles ses
opinions d'autrefois, C'est, en général,
plus facile que de discuter des idées.
J'aurais cru qu'un homme de la valeur
intellectuelle de M. Aynard dédaigne-
rait dé recourir à un pareil argument.
Pris en soi, cet argument ne vaut
rion. Absolument, le reproche fait à un
homme d'avoir modifié sa manière de
voir, ne tient pas debout, ne signifie
rien. L'argument ne peut emprunter
une valeur quelconque qu'aux circons-
tances accessoires qui ont accompagné
ou, mieux, provoqué le changement
d'opinion. En d'autres termes, ce n'est
pas le changement d'opinion lui-même
qui peut être blâmé ; le blâme ne sau-
rait s'appliquer qu'aux raisons qui l'ont
déterminé. Voilà ce qu'il importe de
bien établir.
Nous n'hésitons pas à flétrir ceux qui
changent d'opinion par intérêt : le res-
pect est dû, au contraire, à ceux qui
changent par conscience.
M. Aynard a semblé dire que le de-
voir commande de rester dans le parti
où l'on est. Eh quoi ! même si, debonne
foi, en toute sincérité et loyauté, on
s'aperçoit qu'on s'est trompé?
***
Il m'est arrivé quelquefois de ren-
contrer des gens qui, non sans orgueil,
affirmaient n'avoir, depuis qu'ils se
connaissaient, jamais varié dans leurs
opinions; ils avaient assisté à des mo-
difications profondes de la situation po-
litique; des bouleversements avaient
fait craquer le sol autour d'eux; des
événements s'étaient produits; des cir-
constances avaient surgi; des points
d'interrogation s'étaient posés, sans que
rien pût troubler, faire vaciller la con-
viction où ils s'étaient, tout d'abord,
enracinés.
Je les considérais d'abord avec quel-
que surprise, me demandant s'il ne
convenait point, après tout, d'envier
ces êtres remarquables parvenus du pre-
mier coup à la vérité, et à qui la prati-
que de la vie n'avait pu rien apprendre.
Mais les ayant examinés-de plus près,
j'ai reconnu à peu près toujours, que
s'ils n'avaient jamais changé d'opinion,
cela venait, en réalité, de ce qu'ils
n'avaient jamais eud'opinion.
Jamais ils ne s'étaient mêlés à la
iulte ; ils n'avaient assisté que de très
loin, en spectateurs désintéressés, à ces
ébranlements, à ces cataclysmes qui
changent, parfois, la face du monde.
Pour tout dire, c'étaient des neutres;
affreux mot qui évoque invinciblement
la silhouette lamentable et grotesque
des gardiens du sérail. Avouez que ces
messieurs seraient bien embarrassés de
changer d'amour.
Laissons les neutres de côté. Je dis,
en ce qui concerne les militants, ceux
qui ne craignent point de faire les be-
sognessi souvent rudes do la politique,
que les modifications d'opinions sont
pour eux une chose inévitable, logique.
On est entré tout jeune dans la lutte, on
avait alors les idées de l'entourage fa-
milial, de l'éducation qu'on venait de
recevoir; n'y aurait-il point eu folie
à prêter le serment de conserver tou-
jours ces idées telles quelles ?
A vingt-cinq ans on ne sait pas com-
ment on pensera à quarante. On vit ;
c'est-à-dire : on travaille, on souffre, on
combat, on étudie, on apprend, on
grandit. Et si, alors — je reprends l'ex-
pression dont je me servais tout-à-l'heure
— on reconullît, en loyauté, que l'on
s'est trompé, on n'aurait point le droit
de le dire, de le proclamer? Allons
donc!
.**
Qui ne voit, d'ailleurs, qu'une sem-
blable théorie serait négative de tout
progrès ? Ceci est une règle générale :
si l'humanité a marché, c'est toujours
parce qu'il s'est trouvé des hommes pour
briser les liens do l'éducation et s'en
aller, libérés, vers des idées nouvelles.
Dites quel de ceux qui firent la Répu-
blique en 1792 n'était pas royaliste trois
ans auparavant. Robespierre lui-même
n'a-t-il pas longtemps déclaré la Répu-
blique impossible? Les philosophes de
l'écùle de M. Aynard pensent sans doute
que Victor Hugo aurait dû toute sa vie
rester le royaliste pieux qui, à dix-sept
ans, rimait l'ode a la statue de Henri IV.
Quoi donc ? n'a-t-on pas maintes fois
fait à Victor Hugo ce reproche d'avoir
« changé d'opinion » ? A vrai dire, que
les bornes qui jalonnent les chemins
soient jalouses des gens qui passent,
c'est assez naturel ; mais que ces bornes
se permettent d'ériger en principe, en
dogme, l'immobilité à laquelle elles sont
condamnées, c'est excessif.
Voyons, est-ce qu'il ne faudrait pas
renoncer à ces procédés de discussion ?
fissent indignes. J'en parle librement.
J'ai, à peu près, à l'heure actuelle, sept
i mille articles de journal derrière mol,
et entre ceux que j'écrivais il y a plus
de vingt ans et ceux que j'écris aujour-
d'hui, on ne trouverait guère, je crois,
de différences que dans la manière d'ex-
primer la pensée. Mais cela veut-il dire
que, sur bien des points, sur bien des
questions, ma manière de voir ne se
soit jamais modifiée? Point du tout,
certes ! N'étant pas resté un seul jour
de ces vingt ans sans agir, par la parole
ou par la plume, j'ai dû nécessairement
apprendre beaucoup de choses, et j'en
ai appris le plus possible ; il serait vrai-
ment curieux que toutes les connaissan-
ces nouvelles que j'ai été amené ainsi à
acquérir n'eussent eu aucune influence,
aucune action sur mon jugement.
Je me résume d'un mot. Reprocher à
quelqu'un d'avoir changé d'avis, c'est
absurde et c'est vilain. S'il a changé
par intérêt, méprisez-le; s'il a chan-
gé pour obéir aux suggestions impé-
rieuses de sa conscience, cela ne vous
regarde pas.
Lucien Victor-Meunier.
LES MEDECINS MILITAIRES
La question de l'état sanitaire
de notre armée est à l'ordre du
jour. Le Sénat a consacré cinq
séances et ici même l'énergi-
que et beau discours de Cle-
menceau a été apprécié comme
il convenait. De nombreux pu-
blicistes s'en sont occupés de leur côté. Il
faudra bien arriver à une solution qui donne
satisfaction à l'opinion publique. Celle-ci
commence à être singulièrement émue de
la mortalité effrayante qui sévit chez nos
soldats.
Que nous incorporions trop de recrues
et hors de proportion avec notre population
et nos besoins, que des jeunes gens de fai-
ble constitution soient envoyés au régiment,
que la révision, fonctionnant à l'arrivée au
corps, ratifie trop facilement les choix faits
par les conseils qui suivent le tirage au
sort, rien de cela ne peut être contesté.
Mais il y a d'autres causes : La nourriture,
d'abord, est insuffisante et la plupart du
temps demauvaise qualité, mais, je revien-
drai demain là-dessus, Ensuite, les méde-
cins militaires, dont je veux parler aujour-
d'hui, sont, la plupart du temps, dans l'im-
possibilité de remplir leur devoir.
Il y a deux sortes de médecins militaires:
Le premier type est bien connu. C'est ce-
lui qui est par trop militaire, ignore sou-
vent son métier et se refuse à reconnaître
comme malades les hommes qui se pré-
sentent à la visite. Pour lui, tous ceux qui
viennent le consulter sont des carottiers,
des tireurs au flanc suivant l'expression
usitée dans l'espèce. Et au lieu du médica-
ment, du repos, du séjour à l'infirmerie,
c'est pour le malade la salle de police.
Le second type diffère singulièrement du
premier. Les médecins de cette catégorie
sont aussi peu militaires que possible. En
général, ils ont travaillé, ils connaissent la
médecine et la chirurgie, mais ils sont d'une
timidité excessive. Excessive ! est-ce bien
le mot? Il vaut mieux dire d'une timidité
rendue nécessaire. Et voici pourquoi : c'est
que, dans les premiers temps, quand ils ont
voulu faire leur devoir, déclarer que des
hommes réellement malades l'étaient, pro-
tester contre la fatigue, voire le surmenage,
ils se sont heurtés au commandement dont
ils dépendent. Ils ont été rabroués de telle
sorte qu'ils n'ont plus osé y revenir et
qu'ils ont laissé aller les choses, tout comme
les vieux majors insuffisants et trop mili-
taiies.
il suit, de là, d abord — tant d'exemples
le démontrent- que le corps de santé mili-
taire ne doit plus dépendre des chefs de
corps, du commandement, pour n'employer
qu'un mot. Il doit être indépendant et ne
relever que du ministre. S'il a à redouter
les rebuffades, les mauvaises notes du colo-
nel, les rapports au général, il ne fera rien
et tout continuera à se passer comme en ce
moment. La correspondance directe avec le
ministre ne suffit pas.
En second lieu, il est bon de revivifier les
cadres. Peut-être n'est-il pas indispensable
d'avoir dans toutes les garnisons des mé-
decins militaires. Des médecins civils,
nommés au concours, médecins militaires
d'ailleurs eh temps de guerre, et indépen-
dants parce qu'ils ont une clientèle, fe-
raient tout aussi bien la besogne.
Il y a trop de hiérarchie dans le corps de
santé militaire. Un galon de plus, s'il
donne une supériorité incontestable à un
médecin surun autre, au pointde vue mili-
taire, ne la donne pas au point de vuescien-
tifique et pourtant c'est ce qui existe en fin
de cause. Quand on songe que tel ou tel
éhirûrgien de Paris qui a fait [faire à la
chirurgie des progrès énormes, est pro-
fesseur à la Faculté de Médecine et opère
dans les hôpitaux, serait en temps de
guerre sous les ordres d'un vieux major,
médecin inspecteur, il n'y a plus qu'à tirer
l'échelle. — Ch. B.
Les fatigues du service militaire
La récente discussion qui a eu lieu au Sénat
sur le surmenage dans l'armée, aura porté ses
fruits: le ministre delà guorre vient de lancer
une circulaire dans laquelle il recommande
d'examiner avec le plus grand soin la situation
des hommes susceptibles d'être réformés ; ces
hommes devront être signalés par les officiers
à l'attention des médecins. Le ministre entre
dans les détails les plus méticuleux pour que
seuls les jeunes gens bien portants et capables
de porter le sac soient admis dans l'armée.
Il reste à souhaiter que cette circulaire ex-
cellente ne soit pas prise par les chefs de corps
pour une simple « série de conseils U, comme
le disait l'autre jour lo génétat André.
.———— , ------
UN NOUVEAU MARECHAL PRUSSIEN
(De fiolre correspondant particulieri
Berlin, 14 mars.
Le général von Hllhnke, chef du cabinet mi-
litaire de l'empereur, vient d'être élevé -au
grade de feld-maréchal. Depuis des années,
M. von Hahnfee ne s'occupe que des ajïïaires de
la cour. Il joue dans l'armée an r £ le analogue
à celui de M. von Lucanus dÍlS lapoUUque :
c'est lui qui remet le « c^o&*^ flgjfe » aux
.gêâéraux sn àisg^g^,
A LA CAMPAGNE
A propos du Concours général agricole
Coup d'oeil en arrière. — Le premier
concours agricole. — Les concours
officiels, — A la Villette et au
Palais de l'industrie. — Les
animaux reproducteurs.
Toute la dernière semaine a été consacrée au
concours général agricole. Pourtant, dans quel-
ques jours, ou ne parlera plus guère, que pour
mémoire, de la magnifique exhibition, qu'en
dépit des nombreuses menaces de démolition,
le Palais des Machines a eu l'avantage d'a-
briler encore une fois.
A voir l'entrain avec lequol les agriculteurs
de toutes les régions affluent vers la capitale,
en quête de récompenses plus ou moins aléa-
toires à obteTiir, on ne se douteeait guère que
l'origine des concours est plulôt récente, et on
croirait volontiers que leur institution remonte
aux temps les plus reculés de notre histoire.
Il n'en est rien pourtant, car c'est à grand
peine qu'un siècle et demi nous sépare du pre-
mier concours agricole, encore celui-ci était-il
d'origine ou d'initiative purement privée.
C'est, sn effet, en 1755, qu'on France, le pre-
mier concours agricole fut créé, à Volandry,
par le marquis do Turbilly. L9 concours était
d'ailleurs absolumeut fermé et ne comprenait
que les fermiers du fondateur. Deux prix seu-
lement étaient distribués, l'un réservé au fer-
mier qui présentait le plus beau froment, l'au-
tre attribué à celui qui avait obtenu le plus
beau seigle. Les prix consistaient en sommes
d'argent et en médailles que les lauréats
avaient le droit de porter pendant un an.
En 1761, la Société d'agriculture de la géné-
ralité de Meaux suivit l'exemple du marquis
de Turbilly. Elle créa quatre comices: à Sens,
à Beauvais, à Meaux et à Paris. Chacun de ces
comices donnait, tous les ans, une grande fête
agricole, à l'issue do laquelle on distribuait
des prix en espèces, des bestiaux, des instru-
ments, des semences et des médailles.
Pendant la Révolution et sous le premier
Empire, on ne songea guère à s'occuper de-
concours agricoles; des questions autrement
plus importantes absorbaient toute l'attention
de ceux qui dirigeaient notre pays.
Bien qu'à partir do 1820 quelques tentatives
d'organisation de concours aient été faites, il
faut arriver jusqu'en 1842 pour constater un
effort en ce sens. Cette fois encore, la tentative
d'organisation de concours fut entièrement due
à l'initiative privée, ce fut la société d'agricul-
ture de Lyon qui prit cette initiative.
Le premier concours officiel
Deux années plus tard, en 1844, l'adminis-
tration de l'agriculture, qui faisait alors partie
du ministère du commerce, créait le concours
d'animaux gras de Poissy. Ce fut là le premier
concours organisé aux frais de l'Etat; il comp-
tait 30 boeufs et 18 lots de moutons.
Primitivement, les bœufii et les moutons seu-
lement avaient le droit de prendre part au
concours. Un peu plus tard, les vaches grasses,
les veaux et les porcs furent aussi admis à
concourir.
Les concours d'animaux gras tinrent leurs
assises à Poissy jusqu'en 1867. Celle année-là,
l'exhibition d'animaux comprenait 267 boeufs,
49 vaches, 21 veaux, 43 lots de moutons et 44
porcs. On voit, par la comparaison de ces chif-
fres avec ceux du concours de 1844, quelle
importance avaient prise ces concours dans
l'espace d'une vingtaine d'années.
Lors do la construction des abattoirs et du
marché de la Villette, on décida que le concours
d'animaux gras aurait lieu à Paris.
A partir de cette époque, on réorganisa com-
plètement le concours d'animaux gras ; on
étendit ses attributions et on lui donna plus
d'attraits,en y annexant des expositions d'ani-
maux de basse-cour, d'instruments, de semen-
ces, etc.
Successivement, les divers concours tinrent
leurs assises à la Villette et au Palais de rIn-
duatrie, jusqu'en 1897. A ce moment, on le
transféra à la Galerie des Machines; il s'y tient
encore ce! te année. Depuis 1870, de nombreu-
ses modifications ont été apportées dans l'or-
ganisation de ce concours. A cette époque,on y
annexa les produits do laiterie; sept ans plus
tard, en 1877, on y admit les produits horti-
coles et on ouvrit les portes du concours aux
animaux reproducteur?,qui, jusqu'à ce moment,
en avaient été exclus ; enfin, en 1887, une sec-
tion spéciale fut créée, pour admettre les pro-
duits de nos diverses colonies.
L'importance du concours dô 1903
Depuis 1893, c'est-à-dire depuis dix années,
les animaux reproducteurs constituent la partis
la plus intéressante du concours général agri-
cole de Pari. Lo nombre des reproducteure
tend constamment à augmenter, alors que ce-
lui des animaux gras va toujours on bais-
sant.
Pour cette année, par exemple, les bovidés
sont représentés par 1.046 sujets, mâles et fe-
melles. Sur ce nombre, 854 animaux sont clas-
sés parmi les reproducteurs, et 192 parmi les
animaux gras.
Les moulons (races françaises et étrangères),
y sont au nombre de 764, dont 395 reproduc-
teurs et 369 animaux gras.
L'espèe porcine est représentée par 160 porcs
gras et 115 reproducteurs. Ajoutons à cela
qu'il y a en plus 1,526 lots d'animaux de basse-
cour, coqs et poules, dindons, oies, canards,
pigeons, lapins, etc., et on aura une idée de
l'imporianco énorme prise par cette grande
exhibition d'animaux. De plus, nous l'avons
déjà dit, le Concours généra! comprend, en
outre, des expositions d'horticulture, d'instru-
ments, de vins, et de produits coloniaux.
Toutes les parties de la France sont repré-
sentées, do même que la plupart de nos colo-
nies.
En contemplant tous les beaux produits de
notre agriçullure, on ne peut mettre en doute
les nombreux progrès accomplis par nos culti-
vateurs.
Il reste, certes, encore beaucoup à falire,
mais il ne faut désespérer de l'avenir. La crise
agricole, ce vieux cliùhé-êpouvantail, dont on
a usé et abusé si longtemps, me parait, pour
l'instant, quelque peu démodé.
L'agriculture a traversé, il est certain, des
moments difficiles ; grâce à un travail persévé-
rant, grâce aussi à la science qui pénètre de
plus en plus les masses, les difficultés ont été
aplanies et le progrès a pu vaincre les obsta-
cles que lui opposait la routine.
Aujourd'hui, la voie est libre et l'avenir tout
rempli de promesses.
A. MONTOUX.
LE CANON FRANÇAIS IMITÉ PAR L'ALLEMAGNE
(Do notre correspondant particulier;
Berlin, 14 mars.
Obéissant à un mot d'ordre, les journaux
militaires no cessent de répéter que le système
français de protéger les canons par une cui-
rasse est inutilisable, ils contestent également
la valeur du frein adopté en France.
Pendant ce temps, l'administration militaire
allemande fait fabriquer dans le plus grand
silence des canons munis da cuirasses d'une
épaisseur de 4 millimètres et d'un frein qui
n'est qu'une irritation plus ou moins bien réus-
sie de célui de l'artillerie française. il va de
soi que la commande a N dqjçwée à la maison
KruoD. -. - -
On a l'intention, l'automne qui suivra les
manœuvres, de commencer le remaniement
coinplet de tout le matériel, ce qui exigera une
dépense de 50 millions de francs.
IL FAUT PARLE,R
La fameuse interpellation sur la Macédoine
n'a été qu'une macédoine d'orateurs, de dis-
cours et d'opinions différentes. Toutes les ques-
tions ont été mêlées, confondues dans ce dé-
bat. Aussi bien, après le discours du ministre
des affaires étrangères, a-t-on été d'avis, d'une
façon générale, que personne n'était mieux ren-
seigné qu'auparavant.
Ce n'est pas tout à fait de la faute du minis-
tre. Interpellé sur une foule de sujets, il a dû
faire une réponse relativement courte et doser,
pour ainsi dire, la quantité de phrases qu'il
devait à chaque orateur suivant l'importance
de la question qu'il avait à traiter.C'est surtout
do la faute do la Chambre.
Parlementaires et ministres pensent au fond
do la même façon. Celui-ci et ceux-là n'abor-
dent qu'avec mystère la question de la politi-
que extérieure, les affaires étrangères. Entre
parenthèses, si ces affaires intéressent nos rap-
ports avec l'étranger, elles ne doivent pas res-
ter étrangères au pays. Le pays a le droit de
tout savoir par l'intermédiaire de ses repré-
sentants.
Mais ce n'est pas en abordant toutes les ques-
tions à la fois et en voulant clôturer le
débat par un ordre du jour qui doit être
nécessairement un ordre du jour de confiance
que les parlementaires seront renseignés et
pourront renseigner le pays. Dans ce cas, le
vague, les réticences, les sous-entendus con-
viennent si bien à un ministre des affaires
étrangères qu'il serait bien naïf s'il n'y avait
pas recours.
Il faut donc sérier les questions, les examiner
une à une. C'est la seule manière d'obtenir des
réponses précises.
Et puis, à quoi bon provoquer une discus-
sion sur les affaires étrangères tous les six mois
ou même tous les ans? C'est chaque quinzaine,
chaque semaine même qu'il faudrait parler si
c'était nécessaire. Pourquoi ne pas imiter les
Anglais? Il ne se passe guère de jour aux Com-
munes ou à la Chambre des lords sans une
question adressée au secrétaire d'Etat du Fo-
reing-Office. La question est posé6 brièvement.
La réponse est également brève et très souvent
précise.
Voilà ce qu'il convient de faire. La Répu-
blique française peut bien se permettre ce
qu'une monarchie se permet. Il faut parler.
La crise municipale de Lille
On sait que conformément à la décision des
comités radicaux-socialistes de Lille, les trois
adjoints au maire de cette ville, appartenant à
notre parti, ont donné leur démission.
Voici la lettre adressé au préfet par notre ami
Debierre :
Monsieur le préfet,
Je ne puis rester plus longtemps dans une admi-
nistration municipale dont je répudie et blâme les
tendances, l'arbitraire et les procédés administra-
tifs et financiers.
M. Delory, maire do Lille, mène la villd, d'un
cœur léger, au déficit certain. Les avertissements
que j'ai fait entendre personnellement, à plusieurs
reprises, l'ont laissé indifférent. Vous pourrez véri
fier vous-même qu'il a engagé irrégulièrement sur
l'entretien des eaux industrielles des dépenses con-
sidérables.
L'absence de toute méthode de travail laisse les
questions pendantes, et captation d'eau potable,
emprunt pour les travaux à faire, déclassement
des fortifications, tramways, attendent indéfiniment
une solution.
Impuissant avec mes collègues Leleu et Hanno-
tin à réagir contre cet état de choses déplorable
pour la ville, je n'ai, en présence d'une majorité
qui ne discute pas mais approuve par principe, que
la ressource de vous donner ma démission de pre-
mier adjoint.
Agréez, etc.
Les radicaux-socialistés de Lille avaient dû
conclure, en 1896 et en 1900, une alliance avec
le parti ouvrier français — autrement dit :
guesdisle — pour assurer la défaite de la réac-
tion
Mais, comme le dit le manifeste de3 comités
radicaux socialistes « chacun des deux partis
conservant l'intégrité de son programme po-
litique, cette alliance ne pouvait durer qu'avec
égards, bons procédés réciproques et parfaite
correction dans l'administration publique.»
Or, dès 1901, le P.O. F. a fait campagne
contre nos amis, aux élections cantonales, les
a attaqués de la façon la plus blessante et la
moins légitime. Les guesdistes ont substitue
les querelles de personnes aux débats de prin-
cipes; ils ont multiplié les vexations à l'endroit,
notamment, du citoyen Debierre, qu'ils ont
insulté, et qui a dû renoncer à assister aux
séances du conseil municipal.
Les collectivistes-révolutionnaires dont les
exagérations systématiques ont fait si souvent
le jeu des cléricaux, n'auront pas à se louer de
leur intransigeance et de leur esprit d'injustice.
Voir A la 39 page
les Dernières Dépêches
Pour les Chieas. - Pour les Sommes
Tous les Parisiens connaissent, aiment et plai
gnent le chien qui suit l'omnibus ou la tram-
way, — le malheureux chien barassé de fati-
gue, la langue pendante, les poils couverts de
sueur et da boue. Dès que le lourd véhicule
s'arrête, le pauvre animal, surmontant sa fati-
gue, fait un nouvel effort, bondit, parvient à
poser ses deux pattes sur la plate-forme de
l'omnibus et jappe, appelant son maître qui,
tranquillement assis, sourit d'un air béat et
satisfait.
L'omnibus repart ; le chien reprend sa
course, l'œil fixé sur son maître, au milieu do
mille dangers, dans les jambes des piélons,
dans les roues des fiacres. Parfois, l'encombre-
ment est tel, à certaines stations, les omnibus,
les tramways à vapeur se croisent en si grand
nombre, que le pauvre toutou est dépisté,
perdu.
Et sa fidélité lui vaut d'être écrasé, volé ou
conduit à la fourrière.
On sait combien sont fréquentes ces petites
scènes : elles irritent à juste titre les gens de
cœur. Mais elles sont aussi regrettables à des
points de vue qui ne sont pas seulement d'or-
dre sentimental.
Que d'accidents do personnes, en effet, n'oc-
casionnent-elles pas ?
Les gens qui veutom mouicr uaus 1 umutuuN,
ceux qui veulent en descendre, se heurtent au
brave animal qui grimpe sur la plate-forme,
tombent, se cassent bras ou jambes, reçoivent
des lésions Internes ou roulent sous les fiacres
qui passent.
Il y a donc là, oulro l'égoïsme profond du
monsieur qui se fait suivre par son chien, un
véritable danger public, et, sur ce fait, mal-
heureusement trop réel, trop fréquent, nous
appelons d'une façon toute spéciale l'attention
du préfet de police.
Une décision du préfet de police défend aux
voyageurs de l'Impériale de se tenir debout.
Nous prédisons beaucoup plus de succès à la
décision qui empêchera les voyageurs des om-
nibus et tramways d'obliger leurs chiens à les
cuivre. -
A LA CHAMBRE
Elections contestées
Séance consacrée tout entière à la discussion
de quelques élections contestées.
Mais d'abord, on valide M. Malizard, élu
dans la première circonscription do Valence
(Drôme), et de M. Simonet, nommé à Aubus-
son.
Cela fait, on s'occupe des conclusions du
rapport de M. Magniaudé, conclusions qui ten-
dent à l'annulation de l'élection de M. Budi-
gier, à Senlis (Oise).
M. Gerald combat ces conclusions.
M. Magniaudé lui répond.
Il reproche à M. Audigier, qui était sous-
préfet, de n'avoir songé qu'à préparer sa can-
didature au cours de la campagne électorale,
M. Audigier aurait dénaturé les votes émis par
son concurrent, M. Chopinet, pondant la pré-
cédente législature.
M. Magniaudé, rapporteur. - hl. Audigier,
sous-préfet, n'a songé qu'à préparer la candidature
de M. Audigier à la députation. La Chambre
dira si c'est ainsi qu'elle entend le rôle des sous-
préfets.
Quant aux votes de M. Chopinet, Ils ont été si
bien falsifiés que je vois là, page 2122 de l'Officiel,
une rectification d'un vote de M. Chopinet que M.
Audigier s'est bien gardé de signaler.
M. Gérald. — Il n'y a pas de page 2122 à
l'Officiel que vous citez.
M. Gouzy. — Il y en a une, la voici.
M. Gérald. — Alors. c'est qu'il y a deux édi-
tions de l'Officiel. (Rires.)
M. Dejeante. - Il y a l'édition à l'usage des
nationalistes.
L'explication du différend est très simple:
une édition spéciale de l'Officiel est tirée pour
le service des Annales parlamedtasres.
M. Gérald se sert d'une édition et M. Ma-
gniaudé d'une autre : de là la contestation.
M. Dulau affirme que les opérations électo-
rales de Senlis ont été régulières.
M. Audigier fait un plaidoyer pro domo.
M. Magniaudé réplique à ses explications un
peu vagues en insistant sur la question des
bulletins transparents distribués aux électeurs.
M. Ermant. — On nous a montré des bulle-
tins de M. Chopinet, imprimés sur le même papier
que ceux de M. Audigier.
M. Magniaudé. — Je déclare que ce sont des
faux. Aux deux tours de scrutin, M. Audigier a
employé des bulletins transparents, et il a été le
seul à les employer. J'ai une lettre d'un imprimeur
qui le cortifie.
M. Audigier. — Cette lettre est du 11 décem-
bre dernier, c'est-à-dire sept mois après l'élection.
M. Bignon. — Dites-nous combien de voix de
majorité a eues M. Audigier.
M. Magniaudé. — Le nombre do voix ne
signifie rien. (Exclamations au centre et à droite.)
Il a eu 970 voix de majorité, mais qu'est-ce que
cela prouve? (Mouvements, exclamations.) Vous
avez bien invalidé le baron Dard, qui avait eu une
plus grande majorité.
Et il sied d'ajouter que le baron Dard n'a
pas été réélu.
Pourtant, M. Audigier à la chance inatten-
due d'être validé par 300 voix contré 248.
Le centre témoigne de sa joie par des trépi-
gnements.
Le cas de M. Guilloteaux
La commission d'enquête sur l'élection de M.
Guilloleaux, dans la 3e circonscription de Lo-
rient,propose l'invalidation.
M. Guilloteaux déclare, naturellement, que
son élection a été loyale et sincère - comme
celle de M. Audigier.
M. Bussière, rapporteur. — L'honorable M.
Guilloteaux commdt une erreur matérielle, lorsqu'il
prétend avoir obtenu 600 et quelques voix de majo-
rité. Je prétends qu'il n'en a obtenu que 431. Par
suite d'une erreur matérielle on lui a attribué dans
la commune de Camors les voix de son adversaire.
J'en appelle à M. Guilloteaux.
M. Guilloteaux. — A deux reprises, la
commission de revision a constaté la régularité des
opérations à Camors. C'est le maire de cette com-
mune qui prétend aujourd'hui qu'il y a eu une
erreur commise. Or, c'est lui qui a signé le pro-
cès-verbal contesté.
Le rapporteur. — Une lettre du sous-préfet de
Lorient constate l'erreur commise, qui a attribué
200 voix en trop a M. Guilloteaux.
Les patrons, amis de M. Guilloteaux, ont exercé
une pression sur les ouvriers. Cela est établi par
de nombreux témoignages ; on leur remettait éga-
lement des bulletins pliés d'une façon spéciale.
M. Guilloteaux. — L'enquête a établi que
ce procédé a été mis en usage par les partisans de
M. Cloarech.
M. Gouzy. — Je ne comprends pas que des
juges veuillent juger avant d'entendre les parties
en présence ; que ceux qui ne veulent pas enten-
dre se contentent de dormir. (Rires.)
M. Bussière. — De nombreux témoignages
établissent que des distributions d'argent ont été
faites et que l'élection de M. Guilloteaux est viciée
par la pression patronale et par la corruption, et
qu'elle l'est également par l'ingérence cléricale.
Les affiches de la Patrie française ont été pla-
cardées partout.
M. Syveton. — Je ne vous répondrai pas, ne
voulant pas mêler ma personnalité à l'élection de
M. Guilloteaux.
M. Bussière. — Des menaças ont été prodi-
guées aux électeurs républicains, des violences
commises contre eux, les faits sont prouvés, des
jugements ont été rendus et des condamnations
prononcées.
Des articles du journal de M. Guilloteaux sont
d'une violence inouie contre M. Le Cloarec, le can-
didat républicain.
Malgré tout, M. Guilloteaux obtient,par 296
voix contre 258, la validation de son élection.
La Chambre est devenue bien indulgente.
H. D.
POUR DEUX SOUS !
On peut aujourd'hui, pour quelques sous,
acheter la bénédiction du pape. C'était plus
cher naguère : le Saint-Siège vendait des chro-
mos représentant les traits du souverain pon-
tife, avec un fac-similé de son écriture, et cela
coûtait gros. Maintenant, c'est grâce à l'emploi
du phonographe que l'on peut se procurer
l'immense joie chrétienne de s'entendre bénir
par notre très saint père.
Le Figaro a le monopole de la vente en
France des rouleaux sur lesquels s'imprégnè-
rent les vibrations de l'auguste voix. Je me
demande qui a bien pu pousser Léon XIII à
permettre cette exploitation à la fois grotesque
et odieuse.
On va user et abuser du petit cylindre. Et il
est facile de prévoir tous les emplois qu'on en
fera. Chaque église voudra bientôt posséder
son phonographo. et l'audition de la bénédic-
tion du pape, moyennant une quête supplé-
mentaire, sera le complément nécessaire de
tout service divin.
Nous aurons aussi un phonographe dans
chaque couvent, dans chaque école libre, dans
chaque famille très pieuse. Les boutiques des
boulevards et les établissements forains sui-
vront, s'ils no précèdent pas.
Pour doux sous, on entendra la bénédiction
du pape, entro un monologue de Coquolin ca-
det, et une chansonnette grivoise d'Odette Du
lac. Et.dans les collections particulières, le rou-
leau sacré fraternisera avec les cylindres im-
pressionnés grâce auxquels on se donne l'illu-
sion d'un chnhut échevelé ou d'uncakç-walk
accompagné de cris appropriés.
Je prévois déjà l'intelligent mmerCt\nt,qUl,
joignant au phonographe le cinématographe,
nous représentera Léon XIII dans la basilique
romaine, traversant la foule des fidèles pros-
ternéa Pour quelques centimes, on verra le
Saint-Père, et on l'entendra parler. Oh bon-
heur!
S'il fallait quelque chose pour deeonsi-sje. rc?«
4 bénédiction du pape, c'était bien cette der-
nière invention du Vatican. Vraiment, depuis
quelque temps.on a la main malheureuse à
Rome. Le comble serait, qu'au cours do la dis-
cussion des projets de loi relatifs aux congré-
gations, imitant le député qui récemment ap-
porta à la Chambre un alambic, quelque droi
lier joyeux et fumiste, fît répéter à la tribune,!
par un phonographe, les paroles sacrées.
pour faire s'enfuir le diable, qui, comme per-
sonne ne l'ignore. hante les cerveaux de tous
les républicains. Vous me dites que c'est imposé
sibte. -
Sait-on jamais f — Charles Darm. ¡,.: '.,. :,
'1
A LA SOCIÉTÉ DES AUTEURS
Le Comité de la Société des auteurs et des!
compositeurs dramatiques n'a pas encore, dans!
sa dernière réunion, accepté les successeurs deï
M. Debruyère à la Gaîté ; vraiment ce retard;
permet nombre de suppositions,toutes plus dé-j
sagréables les unes que les autres, envers ledit
Comité.
Pourquoi tarde-t il ; que cherche-t-il ? Va-t-
il, une fois de plus, comme lorsqu'il s'est agi;
de remplacer M. Roger, donner le spectacle
d'hésitations incompréhensibles; alors il cher-;
chait,dit-on, quelqu'un ignorant,innocemment,
la cuisine qui se fait dans les théâtres; sujour-i
d'hui, que veut-il? |
Ce retard, dans la décision à prendre, a da,
grands inconvénients; les nouveaux directeurs'
ignorant leur sort futur, ne peuvent rien entre-:
prendre ; il leur faut attendre, se croiser leaj
bras : de plus, tout un personnel d'au moins;
300 personnes, partant des artistes en allant
jusqu'au simple employé, reste, à la Gaîté, dans'
une cruelle incertitude : va-t-on renouveler les:
engagements qui expirent à la fin du mois, ou)
va-t-on remercier tout le monde ? Peut-être,'
pour les auteurs millionnaires qui font partie
du comité, que ce détail n'a aucune valeur à
leurs ysux, et que le sort de malheureux ga-,
gnant, les uns 100 fr.par mois,les laisse frdidl."
Le comité, raconte-t-on, craint, en donnant
son visa aux frères Isola, le trust des théâtres.
Cette crainte n'est pas sérieuse et le comité
choisit une bien mauvaise occasion pour com-.:
battre ce prétendu trust. t
Les Isola prenant la Gaîté n'auront, ce nous,
semble, qu'un seul théâtre, mais, diront quel-\
jques puritains, n'ont-ils pas déjà l'Olympia et!
les Folies-Bergère? Pardon, mais nous ne sa-,;
vions point que ces derniers établissemcnts)
étaient des théâtres ; jusqu'à présent nous leal
avions pris pour desimples music-hall. l'
Plus maintenant, répondront les mêmes ill
transigeants; on y joue des revues. s ï
Voyons, raisonnons un peu. Jadis, en ces!
endroits, on ne voyait qu'acrobates, chiens sa1
vants, lesquels n'ont, il est vrai, jamais in-j
terprété la moindre pièce de MM Sardou, Ca4
pus, Ferrier ou Decourcelle; partant, la So-;!
ciété des auteurs ne louchait aucua droit ; vin-
rent les Isola, qui tentèrent, avec succès, de
donner des spectacles d'un niveau supérieur ;i
s'adressant à de véritables auteurs, tels qaaj
MM. Ordonneau, de Coltens, Montréal, Blon-J
deau, etc.,ils représentèrent d'intéressants bal-3
lets. et des revues.
Et voilà ce qui est, pour eux, réputé crimes
rue Hippolyto-Lebas; oublie-t-on que de ce
jour, sur des recettes sérieuses, allant de 5 61,
8.000 francs, la Société toucha des droits?
Oh 1 ingratitude des auteurs, pardon, du co-
mité de la Société des auteurs — il y a une
nuance — ce comité se trouve en face de di-
recteurs connus pour leur activité, leur habi-
leté dans le métier; il sait que ceux-ci veulent
relever un pauvre théâtre dont les recelles,
allaient, depuis longtemps, toujours baissant
et il semble hésiter; il ue trouve pas un mo-
ment pour aborder franchement la discussion ;
n'aurait-il point, par hasard, le temps: mai",
alors de quoi s'occupent ses honorables !Ùem
bres ; discuteraient-ils entre eux sur de futurs
partages de droits ?
» »
La colère de l'évêque de Saïnt-Srieuo
Nous recommandons à nos lecteurs la lettre
rageuse que l'évêque de Saint-Brieuc vient d'ar
dresser au curé de Tréguier. En voici le texte;,
Cher et vénérable archiprêtre, 1
J'avais espéré que le projet d'une statue à Re-i
nan serait abandonné devant la réprobation que:
soulevait partout, de la part des catholiques, una
résolution inspirée par l'esprit sectaire qui domine
aujourd'hui
Mon espérance sera déçue et le monument en
projet sera exécuté.
C'est là une insulte à notre foi religieuse contre
laquelle nous ne saurions assez protester. Aussi
avons-nous accueilli, vous et moi, avec une émo-
tien profonde la pensée, venue à un grand nombre
de vieux catholiques, de protester par l'érection
d'un calvaire contre le scandale qui se prépare.
C'est vous dire que j'encourage tous les chrétiens
de Bretagne, de France et même de l'étranger à
contribuer à ce monument expiatoire, qui dira aux
siècles futurs notre douleur et notre réparation.
Je m'inscris pour une somme de mille francs, et
j'invite tous les chrétiens, riches et pauvres, à
suivre mon exemple et à rivaliser de zèle et d'es-
prit de foi, en présence de l'acte profanateur que
les ennemis de Notre-Seigneur et de la catholique
Bretagne se préparent à accomplir.
Agréez, etc.
Signé : PIERRE-MARIE.
Pierre-Marie : ce nom ne vous dit rien.
Attendez; il faut que vous sachiez que Pierre-
Marie s'appelle, de son nom de famille. M. Fal-
lières. il est le cousin du respectable et res-
pecté président du Sénat. En choisissant l'é;
vêque de Saint-Brieuc dans une famille dont
l'esprit démocratique était connu, le gouverne-
ment de la République pensait avoir créé un
évêque tolérant.
L'attitude de M. Fallières — l'occlésiastiqua
— ne faisait pas prévoir alors les manifesta-
tions réactionnaires que le prélat a, depuis,
multipliées.
Il n'est pas question, bien entendu, d'attri-
buer l'ombre d'une responsabilité, dans ces
écarts, au président du Sénat. Et nous sommes
absolument convaincus que la parenté à la-
quelle nous faisons allusion plus haut n'écarte-
rait pas de l'évêque de Saint-Brieuc les désa-
gréments légitimes que pourraient lui attirer
ses plaisanteries un peu grosses.
Nous n'ignorons point, d'ailleurs, que la res
ponsabilité de l'épiscopal M. Fallières est limi-
tée..Ce n'est pas lui qui mène le parti clérical:
dans les Côtes-du-Nord. L'évêque n'est que,
l'instrument d'une coterie religieuse dont les
agissements nous sont connus depuis long-
temps. Personnellement, le monseigneur Fal
lières est un être assez mou, dénué d'iniliativo
et relativement peu dangereux. Il règne daal
son évêcbé: d'autres y gouvernent.
Le plus actif de ces derniers passe pour être
le vicaire général - M. Morel, si nos sauvB:
nirs sont exacts.
La coterie religieuse dont nous parlons a
trouvé moyen d'installer ses créatures dans
les presbytères les plus importants du dépar-
tement. Le public ignore trop les persécutions
auxquelles sont en butte les municipalités
républicaines des Côtea-du-Nord de la part da
ces prêtres très modernes, violents, sournois,.
et doués d'entregent.
L'ancien clergé breton, dont la naïveté excu-
sait dans une certaine mesure l'étroitesse d'es-
prit et la fureur de réaction, est remplacé peu,
à peu par un personnel moins grossier, mai?
tout aussi dévoué à la congrégation.
Cette manœuvre savante n empêche pas les
parti républicain d'augmenter son inlluenca,
dans le nord dQ la relap;uc. Est-ce une luisou.
PAR'S & DÉPARTEMENTS - -
Le' Numéro, CINQ CENTIME®
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NOS LEADERS
LA CONSCIENCE
Il ne semble pas que l'échange de
répliques et de ripostes, auquel se sont
livrés, à la Chambre, vendredi, M. de
Pressensé et M. Aynard, se soit ter-
miné à l'avantage de ce dernier.
Volontiers, nous le savons, en politi-
que, on cherche à mettre son adver-
saire en contradiction avec lui-même,
à opposer à ses opinions actuelles ses
opinions d'autrefois, C'est, en général,
plus facile que de discuter des idées.
J'aurais cru qu'un homme de la valeur
intellectuelle de M. Aynard dédaigne-
rait dé recourir à un pareil argument.
Pris en soi, cet argument ne vaut
rion. Absolument, le reproche fait à un
homme d'avoir modifié sa manière de
voir, ne tient pas debout, ne signifie
rien. L'argument ne peut emprunter
une valeur quelconque qu'aux circons-
tances accessoires qui ont accompagné
ou, mieux, provoqué le changement
d'opinion. En d'autres termes, ce n'est
pas le changement d'opinion lui-même
qui peut être blâmé ; le blâme ne sau-
rait s'appliquer qu'aux raisons qui l'ont
déterminé. Voilà ce qu'il importe de
bien établir.
Nous n'hésitons pas à flétrir ceux qui
changent d'opinion par intérêt : le res-
pect est dû, au contraire, à ceux qui
changent par conscience.
M. Aynard a semblé dire que le de-
voir commande de rester dans le parti
où l'on est. Eh quoi ! même si, debonne
foi, en toute sincérité et loyauté, on
s'aperçoit qu'on s'est trompé?
***
Il m'est arrivé quelquefois de ren-
contrer des gens qui, non sans orgueil,
affirmaient n'avoir, depuis qu'ils se
connaissaient, jamais varié dans leurs
opinions; ils avaient assisté à des mo-
difications profondes de la situation po-
litique; des bouleversements avaient
fait craquer le sol autour d'eux; des
événements s'étaient produits; des cir-
constances avaient surgi; des points
d'interrogation s'étaient posés, sans que
rien pût troubler, faire vaciller la con-
viction où ils s'étaient, tout d'abord,
enracinés.
Je les considérais d'abord avec quel-
que surprise, me demandant s'il ne
convenait point, après tout, d'envier
ces êtres remarquables parvenus du pre-
mier coup à la vérité, et à qui la prati-
que de la vie n'avait pu rien apprendre.
Mais les ayant examinés-de plus près,
j'ai reconnu à peu près toujours, que
s'ils n'avaient jamais changé d'opinion,
cela venait, en réalité, de ce qu'ils
n'avaient jamais eud'opinion.
Jamais ils ne s'étaient mêlés à la
iulte ; ils n'avaient assisté que de très
loin, en spectateurs désintéressés, à ces
ébranlements, à ces cataclysmes qui
changent, parfois, la face du monde.
Pour tout dire, c'étaient des neutres;
affreux mot qui évoque invinciblement
la silhouette lamentable et grotesque
des gardiens du sérail. Avouez que ces
messieurs seraient bien embarrassés de
changer d'amour.
Laissons les neutres de côté. Je dis,
en ce qui concerne les militants, ceux
qui ne craignent point de faire les be-
sognessi souvent rudes do la politique,
que les modifications d'opinions sont
pour eux une chose inévitable, logique.
On est entré tout jeune dans la lutte, on
avait alors les idées de l'entourage fa-
milial, de l'éducation qu'on venait de
recevoir; n'y aurait-il point eu folie
à prêter le serment de conserver tou-
jours ces idées telles quelles ?
A vingt-cinq ans on ne sait pas com-
ment on pensera à quarante. On vit ;
c'est-à-dire : on travaille, on souffre, on
combat, on étudie, on apprend, on
grandit. Et si, alors — je reprends l'ex-
pression dont je me servais tout-à-l'heure
— on reconullît, en loyauté, que l'on
s'est trompé, on n'aurait point le droit
de le dire, de le proclamer? Allons
donc!
.**
Qui ne voit, d'ailleurs, qu'une sem-
blable théorie serait négative de tout
progrès ? Ceci est une règle générale :
si l'humanité a marché, c'est toujours
parce qu'il s'est trouvé des hommes pour
briser les liens do l'éducation et s'en
aller, libérés, vers des idées nouvelles.
Dites quel de ceux qui firent la Répu-
blique en 1792 n'était pas royaliste trois
ans auparavant. Robespierre lui-même
n'a-t-il pas longtemps déclaré la Répu-
blique impossible? Les philosophes de
l'écùle de M. Aynard pensent sans doute
que Victor Hugo aurait dû toute sa vie
rester le royaliste pieux qui, à dix-sept
ans, rimait l'ode a la statue de Henri IV.
Quoi donc ? n'a-t-on pas maintes fois
fait à Victor Hugo ce reproche d'avoir
« changé d'opinion » ? A vrai dire, que
les bornes qui jalonnent les chemins
soient jalouses des gens qui passent,
c'est assez naturel ; mais que ces bornes
se permettent d'ériger en principe, en
dogme, l'immobilité à laquelle elles sont
condamnées, c'est excessif.
Voyons, est-ce qu'il ne faudrait pas
renoncer à ces procédés de discussion ?
fissent indignes. J'en parle librement.
J'ai, à peu près, à l'heure actuelle, sept
i mille articles de journal derrière mol,
et entre ceux que j'écrivais il y a plus
de vingt ans et ceux que j'écris aujour-
d'hui, on ne trouverait guère, je crois,
de différences que dans la manière d'ex-
primer la pensée. Mais cela veut-il dire
que, sur bien des points, sur bien des
questions, ma manière de voir ne se
soit jamais modifiée? Point du tout,
certes ! N'étant pas resté un seul jour
de ces vingt ans sans agir, par la parole
ou par la plume, j'ai dû nécessairement
apprendre beaucoup de choses, et j'en
ai appris le plus possible ; il serait vrai-
ment curieux que toutes les connaissan-
ces nouvelles que j'ai été amené ainsi à
acquérir n'eussent eu aucune influence,
aucune action sur mon jugement.
Je me résume d'un mot. Reprocher à
quelqu'un d'avoir changé d'avis, c'est
absurde et c'est vilain. S'il a changé
par intérêt, méprisez-le; s'il a chan-
gé pour obéir aux suggestions impé-
rieuses de sa conscience, cela ne vous
regarde pas.
Lucien Victor-Meunier.
LES MEDECINS MILITAIRES
La question de l'état sanitaire
de notre armée est à l'ordre du
jour. Le Sénat a consacré cinq
séances et ici même l'énergi-
que et beau discours de Cle-
menceau a été apprécié comme
il convenait. De nombreux pu-
blicistes s'en sont occupés de leur côté. Il
faudra bien arriver à une solution qui donne
satisfaction à l'opinion publique. Celle-ci
commence à être singulièrement émue de
la mortalité effrayante qui sévit chez nos
soldats.
Que nous incorporions trop de recrues
et hors de proportion avec notre population
et nos besoins, que des jeunes gens de fai-
ble constitution soient envoyés au régiment,
que la révision, fonctionnant à l'arrivée au
corps, ratifie trop facilement les choix faits
par les conseils qui suivent le tirage au
sort, rien de cela ne peut être contesté.
Mais il y a d'autres causes : La nourriture,
d'abord, est insuffisante et la plupart du
temps demauvaise qualité, mais, je revien-
drai demain là-dessus, Ensuite, les méde-
cins militaires, dont je veux parler aujour-
d'hui, sont, la plupart du temps, dans l'im-
possibilité de remplir leur devoir.
Il y a deux sortes de médecins militaires:
Le premier type est bien connu. C'est ce-
lui qui est par trop militaire, ignore sou-
vent son métier et se refuse à reconnaître
comme malades les hommes qui se pré-
sentent à la visite. Pour lui, tous ceux qui
viennent le consulter sont des carottiers,
des tireurs au flanc suivant l'expression
usitée dans l'espèce. Et au lieu du médica-
ment, du repos, du séjour à l'infirmerie,
c'est pour le malade la salle de police.
Le second type diffère singulièrement du
premier. Les médecins de cette catégorie
sont aussi peu militaires que possible. En
général, ils ont travaillé, ils connaissent la
médecine et la chirurgie, mais ils sont d'une
timidité excessive. Excessive ! est-ce bien
le mot? Il vaut mieux dire d'une timidité
rendue nécessaire. Et voici pourquoi : c'est
que, dans les premiers temps, quand ils ont
voulu faire leur devoir, déclarer que des
hommes réellement malades l'étaient, pro-
tester contre la fatigue, voire le surmenage,
ils se sont heurtés au commandement dont
ils dépendent. Ils ont été rabroués de telle
sorte qu'ils n'ont plus osé y revenir et
qu'ils ont laissé aller les choses, tout comme
les vieux majors insuffisants et trop mili-
taiies.
il suit, de là, d abord — tant d'exemples
le démontrent- que le corps de santé mili-
taire ne doit plus dépendre des chefs de
corps, du commandement, pour n'employer
qu'un mot. Il doit être indépendant et ne
relever que du ministre. S'il a à redouter
les rebuffades, les mauvaises notes du colo-
nel, les rapports au général, il ne fera rien
et tout continuera à se passer comme en ce
moment. La correspondance directe avec le
ministre ne suffit pas.
En second lieu, il est bon de revivifier les
cadres. Peut-être n'est-il pas indispensable
d'avoir dans toutes les garnisons des mé-
decins militaires. Des médecins civils,
nommés au concours, médecins militaires
d'ailleurs eh temps de guerre, et indépen-
dants parce qu'ils ont une clientèle, fe-
raient tout aussi bien la besogne.
Il y a trop de hiérarchie dans le corps de
santé militaire. Un galon de plus, s'il
donne une supériorité incontestable à un
médecin surun autre, au pointde vue mili-
taire, ne la donne pas au point de vuescien-
tifique et pourtant c'est ce qui existe en fin
de cause. Quand on songe que tel ou tel
éhirûrgien de Paris qui a fait [faire à la
chirurgie des progrès énormes, est pro-
fesseur à la Faculté de Médecine et opère
dans les hôpitaux, serait en temps de
guerre sous les ordres d'un vieux major,
médecin inspecteur, il n'y a plus qu'à tirer
l'échelle. — Ch. B.
Les fatigues du service militaire
La récente discussion qui a eu lieu au Sénat
sur le surmenage dans l'armée, aura porté ses
fruits: le ministre delà guorre vient de lancer
une circulaire dans laquelle il recommande
d'examiner avec le plus grand soin la situation
des hommes susceptibles d'être réformés ; ces
hommes devront être signalés par les officiers
à l'attention des médecins. Le ministre entre
dans les détails les plus méticuleux pour que
seuls les jeunes gens bien portants et capables
de porter le sac soient admis dans l'armée.
Il reste à souhaiter que cette circulaire ex-
cellente ne soit pas prise par les chefs de corps
pour une simple « série de conseils U, comme
le disait l'autre jour lo génétat André.
.———— , ------
UN NOUVEAU MARECHAL PRUSSIEN
(De fiolre correspondant particulieri
Berlin, 14 mars.
Le général von Hllhnke, chef du cabinet mi-
litaire de l'empereur, vient d'être élevé -au
grade de feld-maréchal. Depuis des années,
M. von Hahnfee ne s'occupe que des ajïïaires de
la cour. Il joue dans l'armée an r £ le analogue
à celui de M. von Lucanus dÍlS lapoUUque :
c'est lui qui remet le « c^o&*^ flgjfe » aux
.gêâéraux sn àisg^g^,
A LA CAMPAGNE
A propos du Concours général agricole
Coup d'oeil en arrière. — Le premier
concours agricole. — Les concours
officiels, — A la Villette et au
Palais de l'industrie. — Les
animaux reproducteurs.
Toute la dernière semaine a été consacrée au
concours général agricole. Pourtant, dans quel-
ques jours, ou ne parlera plus guère, que pour
mémoire, de la magnifique exhibition, qu'en
dépit des nombreuses menaces de démolition,
le Palais des Machines a eu l'avantage d'a-
briler encore une fois.
A voir l'entrain avec lequol les agriculteurs
de toutes les régions affluent vers la capitale,
en quête de récompenses plus ou moins aléa-
toires à obteTiir, on ne se douteeait guère que
l'origine des concours est plulôt récente, et on
croirait volontiers que leur institution remonte
aux temps les plus reculés de notre histoire.
Il n'en est rien pourtant, car c'est à grand
peine qu'un siècle et demi nous sépare du pre-
mier concours agricole, encore celui-ci était-il
d'origine ou d'initiative purement privée.
C'est, sn effet, en 1755, qu'on France, le pre-
mier concours agricole fut créé, à Volandry,
par le marquis do Turbilly. L9 concours était
d'ailleurs absolumeut fermé et ne comprenait
que les fermiers du fondateur. Deux prix seu-
lement étaient distribués, l'un réservé au fer-
mier qui présentait le plus beau froment, l'au-
tre attribué à celui qui avait obtenu le plus
beau seigle. Les prix consistaient en sommes
d'argent et en médailles que les lauréats
avaient le droit de porter pendant un an.
En 1761, la Société d'agriculture de la géné-
ralité de Meaux suivit l'exemple du marquis
de Turbilly. Elle créa quatre comices: à Sens,
à Beauvais, à Meaux et à Paris. Chacun de ces
comices donnait, tous les ans, une grande fête
agricole, à l'issue do laquelle on distribuait
des prix en espèces, des bestiaux, des instru-
ments, des semences et des médailles.
Pendant la Révolution et sous le premier
Empire, on ne songea guère à s'occuper de-
concours agricoles; des questions autrement
plus importantes absorbaient toute l'attention
de ceux qui dirigeaient notre pays.
Bien qu'à partir do 1820 quelques tentatives
d'organisation de concours aient été faites, il
faut arriver jusqu'en 1842 pour constater un
effort en ce sens. Cette fois encore, la tentative
d'organisation de concours fut entièrement due
à l'initiative privée, ce fut la société d'agricul-
ture de Lyon qui prit cette initiative.
Le premier concours officiel
Deux années plus tard, en 1844, l'adminis-
tration de l'agriculture, qui faisait alors partie
du ministère du commerce, créait le concours
d'animaux gras de Poissy. Ce fut là le premier
concours organisé aux frais de l'Etat; il comp-
tait 30 boeufs et 18 lots de moutons.
Primitivement, les bœufii et les moutons seu-
lement avaient le droit de prendre part au
concours. Un peu plus tard, les vaches grasses,
les veaux et les porcs furent aussi admis à
concourir.
Les concours d'animaux gras tinrent leurs
assises à Poissy jusqu'en 1867. Celle année-là,
l'exhibition d'animaux comprenait 267 boeufs,
49 vaches, 21 veaux, 43 lots de moutons et 44
porcs. On voit, par la comparaison de ces chif-
fres avec ceux du concours de 1844, quelle
importance avaient prise ces concours dans
l'espace d'une vingtaine d'années.
Lors do la construction des abattoirs et du
marché de la Villette, on décida que le concours
d'animaux gras aurait lieu à Paris.
A partir de cette époque, on réorganisa com-
plètement le concours d'animaux gras ; on
étendit ses attributions et on lui donna plus
d'attraits,en y annexant des expositions d'ani-
maux de basse-cour, d'instruments, de semen-
ces, etc.
Successivement, les divers concours tinrent
leurs assises à la Villette et au Palais de rIn-
duatrie, jusqu'en 1897. A ce moment, on le
transféra à la Galerie des Machines; il s'y tient
encore ce! te année. Depuis 1870, de nombreu-
ses modifications ont été apportées dans l'or-
ganisation de ce concours. A cette époque,on y
annexa les produits do laiterie; sept ans plus
tard, en 1877, on y admit les produits horti-
coles et on ouvrit les portes du concours aux
animaux reproducteur?,qui, jusqu'à ce moment,
en avaient été exclus ; enfin, en 1887, une sec-
tion spéciale fut créée, pour admettre les pro-
duits de nos diverses colonies.
L'importance du concours dô 1903
Depuis 1893, c'est-à-dire depuis dix années,
les animaux reproducteurs constituent la partis
la plus intéressante du concours général agri-
cole de Pari. Lo nombre des reproducteure
tend constamment à augmenter, alors que ce-
lui des animaux gras va toujours on bais-
sant.
Pour cette année, par exemple, les bovidés
sont représentés par 1.046 sujets, mâles et fe-
melles. Sur ce nombre, 854 animaux sont clas-
sés parmi les reproducteurs, et 192 parmi les
animaux gras.
Les moulons (races françaises et étrangères),
y sont au nombre de 764, dont 395 reproduc-
teurs et 369 animaux gras.
L'espèe porcine est représentée par 160 porcs
gras et 115 reproducteurs. Ajoutons à cela
qu'il y a en plus 1,526 lots d'animaux de basse-
cour, coqs et poules, dindons, oies, canards,
pigeons, lapins, etc., et on aura une idée de
l'imporianco énorme prise par cette grande
exhibition d'animaux. De plus, nous l'avons
déjà dit, le Concours généra! comprend, en
outre, des expositions d'horticulture, d'instru-
ments, de vins, et de produits coloniaux.
Toutes les parties de la France sont repré-
sentées, do même que la plupart de nos colo-
nies.
En contemplant tous les beaux produits de
notre agriçullure, on ne peut mettre en doute
les nombreux progrès accomplis par nos culti-
vateurs.
Il reste, certes, encore beaucoup à falire,
mais il ne faut désespérer de l'avenir. La crise
agricole, ce vieux cliùhé-êpouvantail, dont on
a usé et abusé si longtemps, me parait, pour
l'instant, quelque peu démodé.
L'agriculture a traversé, il est certain, des
moments difficiles ; grâce à un travail persévé-
rant, grâce aussi à la science qui pénètre de
plus en plus les masses, les difficultés ont été
aplanies et le progrès a pu vaincre les obsta-
cles que lui opposait la routine.
Aujourd'hui, la voie est libre et l'avenir tout
rempli de promesses.
A. MONTOUX.
LE CANON FRANÇAIS IMITÉ PAR L'ALLEMAGNE
(Do notre correspondant particulier;
Berlin, 14 mars.
Obéissant à un mot d'ordre, les journaux
militaires no cessent de répéter que le système
français de protéger les canons par une cui-
rasse est inutilisable, ils contestent également
la valeur du frein adopté en France.
Pendant ce temps, l'administration militaire
allemande fait fabriquer dans le plus grand
silence des canons munis da cuirasses d'une
épaisseur de 4 millimètres et d'un frein qui
n'est qu'une irritation plus ou moins bien réus-
sie de célui de l'artillerie française. il va de
soi que la commande a N dqjçwée à la maison
KruoD. -. - -
On a l'intention, l'automne qui suivra les
manœuvres, de commencer le remaniement
coinplet de tout le matériel, ce qui exigera une
dépense de 50 millions de francs.
IL FAUT PARLE,R
La fameuse interpellation sur la Macédoine
n'a été qu'une macédoine d'orateurs, de dis-
cours et d'opinions différentes. Toutes les ques-
tions ont été mêlées, confondues dans ce dé-
bat. Aussi bien, après le discours du ministre
des affaires étrangères, a-t-on été d'avis, d'une
façon générale, que personne n'était mieux ren-
seigné qu'auparavant.
Ce n'est pas tout à fait de la faute du minis-
tre. Interpellé sur une foule de sujets, il a dû
faire une réponse relativement courte et doser,
pour ainsi dire, la quantité de phrases qu'il
devait à chaque orateur suivant l'importance
de la question qu'il avait à traiter.C'est surtout
do la faute do la Chambre.
Parlementaires et ministres pensent au fond
do la même façon. Celui-ci et ceux-là n'abor-
dent qu'avec mystère la question de la politi-
que extérieure, les affaires étrangères. Entre
parenthèses, si ces affaires intéressent nos rap-
ports avec l'étranger, elles ne doivent pas res-
ter étrangères au pays. Le pays a le droit de
tout savoir par l'intermédiaire de ses repré-
sentants.
Mais ce n'est pas en abordant toutes les ques-
tions à la fois et en voulant clôturer le
débat par un ordre du jour qui doit être
nécessairement un ordre du jour de confiance
que les parlementaires seront renseignés et
pourront renseigner le pays. Dans ce cas, le
vague, les réticences, les sous-entendus con-
viennent si bien à un ministre des affaires
étrangères qu'il serait bien naïf s'il n'y avait
pas recours.
Il faut donc sérier les questions, les examiner
une à une. C'est la seule manière d'obtenir des
réponses précises.
Et puis, à quoi bon provoquer une discus-
sion sur les affaires étrangères tous les six mois
ou même tous les ans? C'est chaque quinzaine,
chaque semaine même qu'il faudrait parler si
c'était nécessaire. Pourquoi ne pas imiter les
Anglais? Il ne se passe guère de jour aux Com-
munes ou à la Chambre des lords sans une
question adressée au secrétaire d'Etat du Fo-
reing-Office. La question est posé6 brièvement.
La réponse est également brève et très souvent
précise.
Voilà ce qu'il convient de faire. La Répu-
blique française peut bien se permettre ce
qu'une monarchie se permet. Il faut parler.
La crise municipale de Lille
On sait que conformément à la décision des
comités radicaux-socialistes de Lille, les trois
adjoints au maire de cette ville, appartenant à
notre parti, ont donné leur démission.
Voici la lettre adressé au préfet par notre ami
Debierre :
Monsieur le préfet,
Je ne puis rester plus longtemps dans une admi-
nistration municipale dont je répudie et blâme les
tendances, l'arbitraire et les procédés administra-
tifs et financiers.
M. Delory, maire do Lille, mène la villd, d'un
cœur léger, au déficit certain. Les avertissements
que j'ai fait entendre personnellement, à plusieurs
reprises, l'ont laissé indifférent. Vous pourrez véri
fier vous-même qu'il a engagé irrégulièrement sur
l'entretien des eaux industrielles des dépenses con-
sidérables.
L'absence de toute méthode de travail laisse les
questions pendantes, et captation d'eau potable,
emprunt pour les travaux à faire, déclassement
des fortifications, tramways, attendent indéfiniment
une solution.
Impuissant avec mes collègues Leleu et Hanno-
tin à réagir contre cet état de choses déplorable
pour la ville, je n'ai, en présence d'une majorité
qui ne discute pas mais approuve par principe, que
la ressource de vous donner ma démission de pre-
mier adjoint.
Agréez, etc.
Les radicaux-socialistés de Lille avaient dû
conclure, en 1896 et en 1900, une alliance avec
le parti ouvrier français — autrement dit :
guesdisle — pour assurer la défaite de la réac-
tion
Mais, comme le dit le manifeste de3 comités
radicaux socialistes « chacun des deux partis
conservant l'intégrité de son programme po-
litique, cette alliance ne pouvait durer qu'avec
égards, bons procédés réciproques et parfaite
correction dans l'administration publique.»
Or, dès 1901, le P.O. F. a fait campagne
contre nos amis, aux élections cantonales, les
a attaqués de la façon la plus blessante et la
moins légitime. Les guesdistes ont substitue
les querelles de personnes aux débats de prin-
cipes; ils ont multiplié les vexations à l'endroit,
notamment, du citoyen Debierre, qu'ils ont
insulté, et qui a dû renoncer à assister aux
séances du conseil municipal.
Les collectivistes-révolutionnaires dont les
exagérations systématiques ont fait si souvent
le jeu des cléricaux, n'auront pas à se louer de
leur intransigeance et de leur esprit d'injustice.
Voir A la 39 page
les Dernières Dépêches
Pour les Chieas. - Pour les Sommes
Tous les Parisiens connaissent, aiment et plai
gnent le chien qui suit l'omnibus ou la tram-
way, — le malheureux chien barassé de fati-
gue, la langue pendante, les poils couverts de
sueur et da boue. Dès que le lourd véhicule
s'arrête, le pauvre animal, surmontant sa fati-
gue, fait un nouvel effort, bondit, parvient à
poser ses deux pattes sur la plate-forme de
l'omnibus et jappe, appelant son maître qui,
tranquillement assis, sourit d'un air béat et
satisfait.
L'omnibus repart ; le chien reprend sa
course, l'œil fixé sur son maître, au milieu do
mille dangers, dans les jambes des piélons,
dans les roues des fiacres. Parfois, l'encombre-
ment est tel, à certaines stations, les omnibus,
les tramways à vapeur se croisent en si grand
nombre, que le pauvre toutou est dépisté,
perdu.
Et sa fidélité lui vaut d'être écrasé, volé ou
conduit à la fourrière.
On sait combien sont fréquentes ces petites
scènes : elles irritent à juste titre les gens de
cœur. Mais elles sont aussi regrettables à des
points de vue qui ne sont pas seulement d'or-
dre sentimental.
Que d'accidents do personnes, en effet, n'oc-
casionnent-elles pas ?
Les gens qui veutom mouicr uaus 1 umutuuN,
ceux qui veulent en descendre, se heurtent au
brave animal qui grimpe sur la plate-forme,
tombent, se cassent bras ou jambes, reçoivent
des lésions Internes ou roulent sous les fiacres
qui passent.
Il y a donc là, oulro l'égoïsme profond du
monsieur qui se fait suivre par son chien, un
véritable danger public, et, sur ce fait, mal-
heureusement trop réel, trop fréquent, nous
appelons d'une façon toute spéciale l'attention
du préfet de police.
Une décision du préfet de police défend aux
voyageurs de l'Impériale de se tenir debout.
Nous prédisons beaucoup plus de succès à la
décision qui empêchera les voyageurs des om-
nibus et tramways d'obliger leurs chiens à les
cuivre. -
A LA CHAMBRE
Elections contestées
Séance consacrée tout entière à la discussion
de quelques élections contestées.
Mais d'abord, on valide M. Malizard, élu
dans la première circonscription do Valence
(Drôme), et de M. Simonet, nommé à Aubus-
son.
Cela fait, on s'occupe des conclusions du
rapport de M. Magniaudé, conclusions qui ten-
dent à l'annulation de l'élection de M. Budi-
gier, à Senlis (Oise).
M. Gerald combat ces conclusions.
M. Magniaudé lui répond.
Il reproche à M. Audigier, qui était sous-
préfet, de n'avoir songé qu'à préparer sa can-
didature au cours de la campagne électorale,
M. Audigier aurait dénaturé les votes émis par
son concurrent, M. Chopinet, pondant la pré-
cédente législature.
M. Magniaudé, rapporteur. - hl. Audigier,
sous-préfet, n'a songé qu'à préparer la candidature
de M. Audigier à la députation. La Chambre
dira si c'est ainsi qu'elle entend le rôle des sous-
préfets.
Quant aux votes de M. Chopinet, Ils ont été si
bien falsifiés que je vois là, page 2122 de l'Officiel,
une rectification d'un vote de M. Chopinet que M.
Audigier s'est bien gardé de signaler.
M. Gérald. — Il n'y a pas de page 2122 à
l'Officiel que vous citez.
M. Gouzy. — Il y en a une, la voici.
M. Gérald. — Alors. c'est qu'il y a deux édi-
tions de l'Officiel. (Rires.)
M. Dejeante. - Il y a l'édition à l'usage des
nationalistes.
L'explication du différend est très simple:
une édition spéciale de l'Officiel est tirée pour
le service des Annales parlamedtasres.
M. Gérald se sert d'une édition et M. Ma-
gniaudé d'une autre : de là la contestation.
M. Dulau affirme que les opérations électo-
rales de Senlis ont été régulières.
M. Audigier fait un plaidoyer pro domo.
M. Magniaudé réplique à ses explications un
peu vagues en insistant sur la question des
bulletins transparents distribués aux électeurs.
M. Ermant. — On nous a montré des bulle-
tins de M. Chopinet, imprimés sur le même papier
que ceux de M. Audigier.
M. Magniaudé. — Je déclare que ce sont des
faux. Aux deux tours de scrutin, M. Audigier a
employé des bulletins transparents, et il a été le
seul à les employer. J'ai une lettre d'un imprimeur
qui le cortifie.
M. Audigier. — Cette lettre est du 11 décem-
bre dernier, c'est-à-dire sept mois après l'élection.
M. Bignon. — Dites-nous combien de voix de
majorité a eues M. Audigier.
M. Magniaudé. — Le nombre do voix ne
signifie rien. (Exclamations au centre et à droite.)
Il a eu 970 voix de majorité, mais qu'est-ce que
cela prouve? (Mouvements, exclamations.) Vous
avez bien invalidé le baron Dard, qui avait eu une
plus grande majorité.
Et il sied d'ajouter que le baron Dard n'a
pas été réélu.
Pourtant, M. Audigier à la chance inatten-
due d'être validé par 300 voix contré 248.
Le centre témoigne de sa joie par des trépi-
gnements.
Le cas de M. Guilloteaux
La commission d'enquête sur l'élection de M.
Guilloleaux, dans la 3e circonscription de Lo-
rient,propose l'invalidation.
M. Guilloteaux déclare, naturellement, que
son élection a été loyale et sincère - comme
celle de M. Audigier.
M. Bussière, rapporteur. — L'honorable M.
Guilloteaux commdt une erreur matérielle, lorsqu'il
prétend avoir obtenu 600 et quelques voix de majo-
rité. Je prétends qu'il n'en a obtenu que 431. Par
suite d'une erreur matérielle on lui a attribué dans
la commune de Camors les voix de son adversaire.
J'en appelle à M. Guilloteaux.
M. Guilloteaux. — A deux reprises, la
commission de revision a constaté la régularité des
opérations à Camors. C'est le maire de cette com-
mune qui prétend aujourd'hui qu'il y a eu une
erreur commise. Or, c'est lui qui a signé le pro-
cès-verbal contesté.
Le rapporteur. — Une lettre du sous-préfet de
Lorient constate l'erreur commise, qui a attribué
200 voix en trop a M. Guilloteaux.
Les patrons, amis de M. Guilloteaux, ont exercé
une pression sur les ouvriers. Cela est établi par
de nombreux témoignages ; on leur remettait éga-
lement des bulletins pliés d'une façon spéciale.
M. Guilloteaux. — L'enquête a établi que
ce procédé a été mis en usage par les partisans de
M. Cloarech.
M. Gouzy. — Je ne comprends pas que des
juges veuillent juger avant d'entendre les parties
en présence ; que ceux qui ne veulent pas enten-
dre se contentent de dormir. (Rires.)
M. Bussière. — De nombreux témoignages
établissent que des distributions d'argent ont été
faites et que l'élection de M. Guilloteaux est viciée
par la pression patronale et par la corruption, et
qu'elle l'est également par l'ingérence cléricale.
Les affiches de la Patrie française ont été pla-
cardées partout.
M. Syveton. — Je ne vous répondrai pas, ne
voulant pas mêler ma personnalité à l'élection de
M. Guilloteaux.
M. Bussière. — Des menaças ont été prodi-
guées aux électeurs républicains, des violences
commises contre eux, les faits sont prouvés, des
jugements ont été rendus et des condamnations
prononcées.
Des articles du journal de M. Guilloteaux sont
d'une violence inouie contre M. Le Cloarec, le can-
didat républicain.
Malgré tout, M. Guilloteaux obtient,par 296
voix contre 258, la validation de son élection.
La Chambre est devenue bien indulgente.
H. D.
POUR DEUX SOUS !
On peut aujourd'hui, pour quelques sous,
acheter la bénédiction du pape. C'était plus
cher naguère : le Saint-Siège vendait des chro-
mos représentant les traits du souverain pon-
tife, avec un fac-similé de son écriture, et cela
coûtait gros. Maintenant, c'est grâce à l'emploi
du phonographe que l'on peut se procurer
l'immense joie chrétienne de s'entendre bénir
par notre très saint père.
Le Figaro a le monopole de la vente en
France des rouleaux sur lesquels s'imprégnè-
rent les vibrations de l'auguste voix. Je me
demande qui a bien pu pousser Léon XIII à
permettre cette exploitation à la fois grotesque
et odieuse.
On va user et abuser du petit cylindre. Et il
est facile de prévoir tous les emplois qu'on en
fera. Chaque église voudra bientôt posséder
son phonographo. et l'audition de la bénédic-
tion du pape, moyennant une quête supplé-
mentaire, sera le complément nécessaire de
tout service divin.
Nous aurons aussi un phonographe dans
chaque couvent, dans chaque école libre, dans
chaque famille très pieuse. Les boutiques des
boulevards et les établissements forains sui-
vront, s'ils no précèdent pas.
Pour doux sous, on entendra la bénédiction
du pape, entro un monologue de Coquolin ca-
det, et une chansonnette grivoise d'Odette Du
lac. Et.dans les collections particulières, le rou-
leau sacré fraternisera avec les cylindres im-
pressionnés grâce auxquels on se donne l'illu-
sion d'un chnhut échevelé ou d'uncakç-walk
accompagné de cris appropriés.
Je prévois déjà l'intelligent mmerCt\nt,qUl,
joignant au phonographe le cinématographe,
nous représentera Léon XIII dans la basilique
romaine, traversant la foule des fidèles pros-
ternéa Pour quelques centimes, on verra le
Saint-Père, et on l'entendra parler. Oh bon-
heur!
S'il fallait quelque chose pour deeonsi-sje. rc?«
4 bénédiction du pape, c'était bien cette der-
nière invention du Vatican. Vraiment, depuis
quelque temps.on a la main malheureuse à
Rome. Le comble serait, qu'au cours do la dis-
cussion des projets de loi relatifs aux congré-
gations, imitant le député qui récemment ap-
porta à la Chambre un alambic, quelque droi
lier joyeux et fumiste, fît répéter à la tribune,!
par un phonographe, les paroles sacrées.
pour faire s'enfuir le diable, qui, comme per-
sonne ne l'ignore. hante les cerveaux de tous
les républicains. Vous me dites que c'est imposé
sibte. -
Sait-on jamais f — Charles Darm. ¡,.: '.,. :,
'1
A LA SOCIÉTÉ DES AUTEURS
Le Comité de la Société des auteurs et des!
compositeurs dramatiques n'a pas encore, dans!
sa dernière réunion, accepté les successeurs deï
M. Debruyère à la Gaîté ; vraiment ce retard;
permet nombre de suppositions,toutes plus dé-j
sagréables les unes que les autres, envers ledit
Comité.
Pourquoi tarde-t il ; que cherche-t-il ? Va-t-
il, une fois de plus, comme lorsqu'il s'est agi;
de remplacer M. Roger, donner le spectacle
d'hésitations incompréhensibles; alors il cher-;
chait,dit-on, quelqu'un ignorant,innocemment,
la cuisine qui se fait dans les théâtres; sujour-i
d'hui, que veut-il? |
Ce retard, dans la décision à prendre, a da,
grands inconvénients; les nouveaux directeurs'
ignorant leur sort futur, ne peuvent rien entre-:
prendre ; il leur faut attendre, se croiser leaj
bras : de plus, tout un personnel d'au moins;
300 personnes, partant des artistes en allant
jusqu'au simple employé, reste, à la Gaîté, dans'
une cruelle incertitude : va-t-on renouveler les:
engagements qui expirent à la fin du mois, ou)
va-t-on remercier tout le monde ? Peut-être,'
pour les auteurs millionnaires qui font partie
du comité, que ce détail n'a aucune valeur à
leurs ysux, et que le sort de malheureux ga-,
gnant, les uns 100 fr.par mois,les laisse frdidl."
Le comité, raconte-t-on, craint, en donnant
son visa aux frères Isola, le trust des théâtres.
Cette crainte n'est pas sérieuse et le comité
choisit une bien mauvaise occasion pour com-.:
battre ce prétendu trust. t
Les Isola prenant la Gaîté n'auront, ce nous,
semble, qu'un seul théâtre, mais, diront quel-\
jques puritains, n'ont-ils pas déjà l'Olympia et!
les Folies-Bergère? Pardon, mais nous ne sa-,;
vions point que ces derniers établissemcnts)
étaient des théâtres ; jusqu'à présent nous leal
avions pris pour desimples music-hall. l'
Plus maintenant, répondront les mêmes ill
transigeants; on y joue des revues. s ï
Voyons, raisonnons un peu. Jadis, en ces!
endroits, on ne voyait qu'acrobates, chiens sa1
vants, lesquels n'ont, il est vrai, jamais in-j
terprété la moindre pièce de MM Sardou, Ca4
pus, Ferrier ou Decourcelle; partant, la So-;!
ciété des auteurs ne louchait aucua droit ; vin-
rent les Isola, qui tentèrent, avec succès, de
donner des spectacles d'un niveau supérieur ;i
s'adressant à de véritables auteurs, tels qaaj
MM. Ordonneau, de Coltens, Montréal, Blon-J
deau, etc.,ils représentèrent d'intéressants bal-3
lets. et des revues.
Et voilà ce qui est, pour eux, réputé crimes
rue Hippolyto-Lebas; oublie-t-on que de ce
jour, sur des recettes sérieuses, allant de 5 61,
8.000 francs, la Société toucha des droits?
Oh 1 ingratitude des auteurs, pardon, du co-
mité de la Société des auteurs — il y a une
nuance — ce comité se trouve en face de di-
recteurs connus pour leur activité, leur habi-
leté dans le métier; il sait que ceux-ci veulent
relever un pauvre théâtre dont les recelles,
allaient, depuis longtemps, toujours baissant
et il semble hésiter; il ue trouve pas un mo-
ment pour aborder franchement la discussion ;
n'aurait-il point, par hasard, le temps: mai",
alors de quoi s'occupent ses honorables !Ùem
bres ; discuteraient-ils entre eux sur de futurs
partages de droits ?
» »
La colère de l'évêque de Saïnt-Srieuo
Nous recommandons à nos lecteurs la lettre
rageuse que l'évêque de Saint-Brieuc vient d'ar
dresser au curé de Tréguier. En voici le texte;,
Cher et vénérable archiprêtre, 1
J'avais espéré que le projet d'une statue à Re-i
nan serait abandonné devant la réprobation que:
soulevait partout, de la part des catholiques, una
résolution inspirée par l'esprit sectaire qui domine
aujourd'hui
Mon espérance sera déçue et le monument en
projet sera exécuté.
C'est là une insulte à notre foi religieuse contre
laquelle nous ne saurions assez protester. Aussi
avons-nous accueilli, vous et moi, avec une émo-
tien profonde la pensée, venue à un grand nombre
de vieux catholiques, de protester par l'érection
d'un calvaire contre le scandale qui se prépare.
C'est vous dire que j'encourage tous les chrétiens
de Bretagne, de France et même de l'étranger à
contribuer à ce monument expiatoire, qui dira aux
siècles futurs notre douleur et notre réparation.
Je m'inscris pour une somme de mille francs, et
j'invite tous les chrétiens, riches et pauvres, à
suivre mon exemple et à rivaliser de zèle et d'es-
prit de foi, en présence de l'acte profanateur que
les ennemis de Notre-Seigneur et de la catholique
Bretagne se préparent à accomplir.
Agréez, etc.
Signé : PIERRE-MARIE.
Pierre-Marie : ce nom ne vous dit rien.
Attendez; il faut que vous sachiez que Pierre-
Marie s'appelle, de son nom de famille. M. Fal-
lières. il est le cousin du respectable et res-
pecté président du Sénat. En choisissant l'é;
vêque de Saint-Brieuc dans une famille dont
l'esprit démocratique était connu, le gouverne-
ment de la République pensait avoir créé un
évêque tolérant.
L'attitude de M. Fallières — l'occlésiastiqua
— ne faisait pas prévoir alors les manifesta-
tions réactionnaires que le prélat a, depuis,
multipliées.
Il n'est pas question, bien entendu, d'attri-
buer l'ombre d'une responsabilité, dans ces
écarts, au président du Sénat. Et nous sommes
absolument convaincus que la parenté à la-
quelle nous faisons allusion plus haut n'écarte-
rait pas de l'évêque de Saint-Brieuc les désa-
gréments légitimes que pourraient lui attirer
ses plaisanteries un peu grosses.
Nous n'ignorons point, d'ailleurs, que la res
ponsabilité de l'épiscopal M. Fallières est limi-
tée..Ce n'est pas lui qui mène le parti clérical:
dans les Côtes-du-Nord. L'évêque n'est que,
l'instrument d'une coterie religieuse dont les
agissements nous sont connus depuis long-
temps. Personnellement, le monseigneur Fal
lières est un être assez mou, dénué d'iniliativo
et relativement peu dangereux. Il règne daal
son évêcbé: d'autres y gouvernent.
Le plus actif de ces derniers passe pour être
le vicaire général - M. Morel, si nos sauvB:
nirs sont exacts.
La coterie religieuse dont nous parlons a
trouvé moyen d'installer ses créatures dans
les presbytères les plus importants du dépar-
tement. Le public ignore trop les persécutions
auxquelles sont en butte les municipalités
républicaines des Côtea-du-Nord de la part da
ces prêtres très modernes, violents, sournois,.
et doués d'entregent.
L'ancien clergé breton, dont la naïveté excu-
sait dans une certaine mesure l'étroitesse d'es-
prit et la fureur de réaction, est remplacé peu,
à peu par un personnel moins grossier, mai?
tout aussi dévoué à la congrégation.
Cette manœuvre savante n empêche pas les
parti républicain d'augmenter son inlluenca,
dans le nord dQ la relap;uc. Est-ce une luisou.
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