Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-02-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 04 février 1903 04 février 1903
Description : 1903/02/04 (N12017). 1903/02/04 (N12017).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572368s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ GEN T ï 3V £ 33 S î e TM uméroT PARIS Â DÉPARTEMENTS -
IL»® Numér l bSfiS'fc ENTIME9
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JCJRNAL
14. rue du Mail. Pari.s.
Ut hez MM. LAGRANGE, CERF & G1*
6, place de la Bourse, 6.
Adresse Télégraphique : XIXe SIÈCLE - PARIS
ABONNEMENTS
Paris Trois c-.iî 6 f. Sis mcii 11 f. ra au 20
Départements — 7f. - 12 f. — 24 t.
Union Postais — 9f. - 16 f. - 324
Les Abonnements sont reçus s&ns frais
dans tous les 2uzi--s. ¿f; Pwiîé
Hfc!>ACTION : IJ, rue du Mail
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du Tnaiin
No 12D17. — Mercredi 4 Février 1903
16 PLUVIOSE AN 111
ADMflftiSTRATEON ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
'/s tÉlifffi français
-
Un document intéressant sur l'état
d'esprit de quelques catholiques nous est
fourni par M. Léon Chaîne. Il publie un
livre, bravement pensé et loyalement
écrit, qu'il intitule : les Catholiques
français et leurs difficultés actuelles (chez
Storck, Lyon et Paris).
M. Léon Chaîne publia, il y a un an
anviron, une page qui fit sensation : la
Lettre d'un catholique lyonnais à un èvê-
que. Les coreligionnaires de l'auteur do
cette lettre lui pardonnèrent difficile-
ment de troubler le sommeil de leurs
consciences. M. Léon Chaino récidive
aujourd'hui : je crains qu'il ne s'attire
des inimitiés, sinon terribles, du moins
fort gênantes.
Je le plains. Encore si nous avions af-
faire à un politicien professionnel ou à
un publiciste de carrière, nous serions
assez rassurés sur son compte. Il aurait
des amis, des compagnons de lutte, il
serait une force que chaque parti se-
rait contraint de prendre en considéra-
tion.
Mais M. Léon Chaine est un citoyen
isolé, qui va naïvement dire à tout ve-
nant ce qu'il pense être la vérité. Et
pour champ de cette expérience, il a
choisi Lyon. Non pas le Lyon démo-
crate et socialiste de la Guillotière et de
la Croix-Rousse, mais le Lyon de Notre-
Dame de Fourvière.
Quand je dis que M. Léon Chaine a
choisi ce milieu, je me trompe. Il est
lui-même un bourgeois de Lyon ; il est
maintenu par ses liens de famille, ses
traditions, ses habitudes et ses intérêts,
dans une des sociétés les plus réaction-
naires de France.
C'est un « enfant perdu », une senti-
nelle avancce de ce petit bataillon des
« Jeune Eglise », dont notre éminent
ami, M. J.-L. de Lanessan, étudiait der-
nièrement, ici, avec l'humour et la sa-
gacité que l'on sait, le curieux état
d'esprit.
Je ne sais toutefois si les Jeune-Eglise
seraient unanimes à approuver les idées
émises dans le livre consacré aux Catho-
liques français et à leurs difficultés ac-
tuelles. L'écrivain était de notre côté
dans le grand drame politico-judiciaire
qui a divisé la France pendant plusieurs
années. Il a souffert de voir l'Eglise
mettre ses forces à la disposition des
ennemis de la justice. Il n'a jamais cessé
de répudier l'antisémitisme, l'antipro-
testantisme, le nationalisme. Il prétend
que l'Eglise universelle n'est pas tenue à
couvrjr de son autorité la forme la plus
étroite et la plus fausse du chauvinisme.
Il considère que les moines prêcheurs
se mettent dans un mauvais cas en abu-
sant des métaphores militaires ; en com-
mettant cette hérésie d'appeler la mère
du Christ la « Vierge guerrière » ; en
inventant un paradoxal « Dieu des ar-
mées ». Il est républicain ; il s'offusque
de voir la plupart des dévots regretter
« le bon vieux temps », rester attachés
aux régimes déchus des Bourbons et des
Bonapares; il est socialiste, dans un
certain sens, et ne comprend pas que,
s'il se produit une grève, le patron de-
vienne instantanément le symbole de
« l'industrie nationale », tandis que les
ouvriers prennent rang, sans autre for-
me, parmi les « sans-patrie » ; il pro-
teste contre l'abus des dévotions nou-
velles, qui servent de paravent à des
entreprises d'abêtissement populaire.
Avec tout cela, M. Léon Chaîne reste
catholique. Oui, il sait tous les torts de
l'Eglise et il ne songe pas à se séparer
de cette Eglise. Telle est la force de la
foi.
Au moins, direz-vous, ce catholique
très libéral consentira aux mesures de
défense prises par la Société laïque à
l'égard de la congrégation ? Eh bien,
non.
Il s'étonne que M. Waldeck-Rousseau
n'ait pas trouvé au moins « inélégant »
de préparer la dispersion des a moines
ligueurs » et des « moines d'affaires ».
A-t-il donc découvert aux congrégations
des vertus que nous ne leur connais-
sions point? J'avoue avoir lu tout le
livre sans rien apprendre de nouveau
sur l'utilité des couvents, qui ne sont
pas aujourd'hui moins dangereux
qu'hier.
M. Léon Chaine ne nous oppose
guère qu'un argument de fait. S'occu-
pant de la crise morale de ces dernières
années, il s'écrie :
« Ce que nous reprochons à nos
amis, c'est d'avoir suivi et même accé-
léré le "mouvement injuste qui entraî-
nait l'opinion. Mais ce serait, on le voit,
une grossière erreur que do croire
qu'ils ont été les seuls à se laisser en-
traîner dans ce courant : d'anciens
communards, des révolutionnaires ont
suivi le panache blanc ou plutôt les
plumes d'autruche du général Mercier.»
Celte observation ne suffira à con-
vaincre aucun do nous. Si d'anciens
républicains ont passé au nationalisme,
c'étaient de soi-disant chefs, des ambi-
tieux, des agitateurs, des démagogues.
Tandis que le réveil des consciences a
été bien rapide dans les groupes de li-
bre-pensée, dans les loges maçonni-
ques, dans les organisations démocrati-
ques et socialistes, dans la foule des an-
ticléricaux
Si une erreur passagère a troublé les
hommes de la République, les hommes
de l'Eglise ont persisté dans le faux et
dans l'arbitraire.
Nous ne disons pas encore tout : no-
tre conviction intime, profonde, est que
les luttes de l'heure présente ont été
voulues et préparées par l'Eglise. Nous
croyons que si l'Eglise est de force à le
faire, elle recommencera sans cesse à
attaquer la République. Le catholique
militant est presque forcément un vio-
lent réactionnaire. Pourquoi? M. Léon
Chaine nous le dit :
« Nous avons pour la plupart, nous
catholiques, un grand respect pour le
principe d'autorité. A la défiance du
libre-examen en matière religieuse, nous
avons inconsciemment ajouté la dé-
fiance du libre-examen en bien d'autres
choses. Beaucoup d'entre nous désire-
raient qu'en politique, comme en reli-
gion, il n'y eût qu'un seul troupeau et
qu'un seul pasteur. »
En d'autres termes, le catholicisme
engendre naturellement le cléricalisme.
Libres-penseurs, nous devons, par
conséquent, compléter la propagande
politique contre le cléricalisme, par une
propagande philosophique contre les
idées religieuses. La méthode la plus
radicale est la meilleure.
Nous venons de voir, iltest vrai, que
certains catholiques ont libéré leur
conscience d'une façon assez complète.
Ayons pourtant le courage de voir en
eux des adversaires —que nous estimons
et que nous espérons convaincre. Nous
ne voudrions pas en avoir d'autres.
Hugues Destrem.
.4>-
L'INCIDENT DE L'ECOLE POLYTECHNIOUE
Oa trouvera plus loin le ré-
cit de l'incident qui s'est pro-
duit hier à l'école polytechni-
que. Pourunfait grave d'insu-
bordination collective, soixante
élèves vont être dirigés sur di-
vers régiments d'artillerie où
ils accompliront leur service militaire.
Que ces jeunes gens n'espèrent pas nous
apitoyer sur leur sort. Passer deux ou
trois ans de sa vie à la caserne, c'est une
très désagréable obligation: Mais le même
ennui est imposé à tous les citoyens fran-
çais.
A tous ? Pardon. A tous, excepté à un
certain nombre de jeunes gens parmi les-
quels les élèves de l'école polytechnique
ne sont pas les moins privilégiés.
Pour ces derniers, le temps passé à
l'école compte comme service militaire. Et
si, leurs examens passés, ces mes-
sieurs vont faire un tour à la caserne, oh !
c'est dans des conditions charmantes.
L'épaulette d'or au dolman, la bande symbo-
lique le long de la jambe, nos polytechni-
ciens sont officiers — sans jamais avoir été
soldats.
Encore sont-ils plus heureux que beau-
coup d'officiers de carrière. Car ces der-
niers sont condamnés à travailler sérieu-
sement s'ils veulent parvenir à un comman-
dement important. Les polytechniciens au
contraire, se la « coulent douce » sachant
que les fonctions civiles les plus enviées
leur sont réservées.
En vue de ces multiples avantages, les
« pipos » n'hésitent pas, avant leur entrée
en « boîte », à signer un engagement mili-
taire de trois ans Ils comptent qu'il s'agit
d'un engagement « pour la frime » et que
la discipline, qui s'impose à tous les trou-
piers, ne pèsera pas sur eux.
Cette idée a déterminé soixante polytech-
niciens à refuser, par deux fois, d'exécuter
une composition dont l'inscription au pro-
gramme leur avait paru fâcheuse.
Le ministre de la guerre a compris qu'il
était temps de faire comprendre que la dis-
cipline est la même pour tous les soldats,
qu'ils soient « lignards » ou élèves des
écoles supérieures militaires.
Personne ne blâmera sa sévérité.
Encore une fois, tout le monde doit faire
son service militaire. Et ce devoir s'impose,
en général, à des conscrits qui n'ont à se
reprocher aucune faute : les polytechni-
ciens justement frappés aujourd'hui ont,
au contraire, déchiré de leurs mains le con-
trat qui leur conférait un privilège — d'ail-
leurs abusif et inacceptable. — Ch. B.
———————————— ————————————.
A L'OCCASION DU JUBILÉ PONTIFICAL
Les évêques do France avaient envoyé una
adresse au pape à l'occasion du 25e anniver-
saire de son élection au pontificat.
Les évêques de France s'étaient plaints des
tribulations (sicj de l'heure présente, et avaient
demandé « à voir bientôt sur leurs aulols notre
Jeanne d'Arc ».
Léon XIII a répondu en parlant « de ce
temps où de toutes parts se multiplient pour
Nous les causes d'affliction ».
Quant à Jeanne d'Arc et à sa béaliflcation. lo
Saint-Père remarque « que dans l'affairo si
grave qu'on lui propose, on doit observer reli-
gieusement les lois qui règlent la procédure de
la Sacrée Congrégation des Hilcs ».
Bref, Jeanne d'Arc fait antichambre dans
les bureaux du Vatican. Les hommages laïques
sont moins formalistes et, partant, plus res-
pectueux.
LE NOUVEAU PROCES PALIZZOLO
(De notre correspondant particuliert
Romo, 2 février.
Le nouveau procès de Palizzolo, chof de la
Maffia on Sicile, aura lieu au mois d'avril,
devant la cour d'assises à Florence. M. Mari-
ni présidera aux débats et le siège du minis-
tère public sera occupé par M. Pescalore,
substitut du procureur général.
Le colonel Palizzolo est airivé à Florence,
pour s'occuper de la défense de l'accusé.
Les deux empereurs à Rome
(De notre correspondant particulier)
Rome, 2 février.
Ce sont les appartements de la façade du
nord du Quirinnl qu'on destine au tsar Nico-
las Il. L'empereur Guillaume- occupera pen-
dant sa visilo ce qu'on appello « la Mancho
Longue du QuiriQul », qui tlvuuo sur la. rue du
2.0 Seiilcmbre. -,,"'
CftUSEBIE PEDAGOGIQUE
L'INVASION -CLERICALE EN TUNISIE
Témoignage précis. — Les frères ma-
ristes à Sfax et à Sousse. — Une
statistique du ministère de l'ins-
truction publique. — M. Pi-
chon. — L'école neutre.
- La puissance des
congrégations. —
Le congrès de
Tunis.
Il se passe, en Tunisie, des choses qu'il im-
porte de faire connaître. C'est notre aimable
confrère M. Léon Robsiin, le distingué secré-
taire général de la Ligue française de l'ensei-
gnement, qui nous les a révélées. Dans sa Cau-
serie politique, publiée dans 1e n° du 25 janvier
du Journal du Dimanche, gazette hebdoma-
dairo do « la Ligue », il nous apprend que,
venu à Tunis pour y organiser le prochain
congrès des ligueurs, il a vu, à son grand
étonnement, les écoles congréganistes comblées
de faveurs par le gouvernement.
Son témoignage précis, irrécusable est un
document précieux. Nous l'enregistrons avec
empressement. En voici un passage :
Le gouvernement tunisien, dit-il, vient de faire
construire à Sfax et à Sousse. pour les frères ma-
ristes dépendant do la direction de l'enseignement
de la Régence, do somptueux palais où les enfants
reçoivent une instruction gratuite. Non loin delà,
vivent des instituteurs laiqus, relégués dans des
masures arabes, toutes pitoyables et branlantes de
vétusté, où les enfants ne trouvent aucun confort
et sont encore obligés de payer une taxe scolaire.
Ainsi nous faisons bâtit' là-bas dos palais
scolaires pour les congrégations que nous ex-
pulsons de chez nous 1 Nous protégeons et
encourageons en Tunisie l'enseignement clé-
rical, alors que nous devrions en contrarier
l'essor 1
On a peine à le croire 1 Mais nous devons
avouer que cette information ne fait que cor-
roborer une statistique que nous avons sous
les yeux et des propos qui courent.
Statistique officielle
La statistique émane du ministère de l'ins-
truction publique. Elle concerne l'enseigne-
ment primaire public en Tuuisie, Elle constate
que l'enseignement primaire et secondaire fran-
çais comprenait en 1897,88 écoles iaïquesetsoule-
menll6 écoles cougréganistes. Par contre, les 86
écoles laïques ne comptaient que 255 maîtres
ou maîtresses, tandis que les 16 écoles congré-
ganistes en avaient 322. D'où il rossort claire-
ment que les écoles congréganistes publiques,
cinq fois moins nombreuses que les écoles laï-
ques, avaient cependant cette année-là un per-
sonnel supérieur en nombre d'un tiers à ces
dernières 1 il est donc clair que les congréga-
nistes occupent bel et bien les grandes écoles à
plusieurs classes et que les laïques ont les pe-
tites. Aux premiers, les palais; aux seconds les
masures! M. Robelin,en 1903,est d'accord avec
la statistique de 1897. Quant aux propos qui
circulent, ce ne sont plus des secrets. Je me
suis laissé dire, par des hommes de si bonne
foi et si bien renseignés, que je ne saurais dou-
ter de lour parole, que M. Pichon, notre rési-
dent à Tunis, autrefois journaliste anticlérical
farouche, se montre aujourd'hui bon catho-
iiaue.
Il connait et prend régulièrement le chemin
de l'église; il édifie les fidèles par sa tenue
modeste pendant la célébration de la sainte
messe. Cela ne diminue en rien, à coup sûr, sa
belle intelligence, mais cela décourage les amis
do la République anticléricale ! Celte attitude
de sa part détruit ou contrecarra leurs efforts,
car c'est les condamner que de se conduire
comme il fait. Nos lecteurs seront peinés d'ap-
prendre que le voyage en Chine ait transformé
à ce point l'ancien et dévoué collaborateur de
Clémenceau. Noua persistons à croire qu'il
n'était pis utile d'emprunter le chemin de Da-
mas pour se rendre de Pékin à Tunis.
Le grand, l'unique argument invoqué pour
justifier la politique que nous dénonçons, c'est
que dans un pays qui compte, comme la Tuni-
sie, des populations d'origines et do mœurs
différentes, il faut opérer la fusion dos races,
des religions ; or, dit-on, les congréganistes
réussissent mieux que personne dans cette œu-
vre.
La raison et les faits infligent naturellement
un démenti formel à cette assertion.
Il est inadmissible que les écoles confes-
sionnelles puissent rapprocher des consciences
soumises à diverses croyances qui s'anathéma-
tisenl réciproquement.
An contraire, le seul endroit où les enfants
des familles séparées entre elles par des dis-
sentiments roligieux puissent être réunis sans
violence, c'est incontestablement à l'école neu-
tre, à l'école laïque, telle que le législateur a
voulu la créer en France. C'est si vrai que
partout où les écoles laïques et congréganistes
sout également gratuites, la victoire reste à
l'écolo neutre. J'emprunte à cet égard une nou-
velle citation à l'article suggestif de M. Ro-
belin :
A Tunis, deux écoles laïques de garçons et deux
écoles laïques de filles fonctionnent gratuitement.
A côté d'clics existent plusieurs écoles congréga-
nistes pourvues de tous les aménagements moder-
nes et grutuiles également. Eh Lien, los écoles lai.
ques refusent chaque année, faute de place, un
nombre considérable d'élèves étrangers (i.200pour
J'année scolaire 4902-1003). Tous les locaux sont
devenus iusuffisants. A l'école laïque de la rue
d'lllllie, on compte plus de 200 enfants italiens. Il
en est de même rue Salem, malgré l'état effroya-
ble dos locaux. Dans quelques semaines, cet éta-
blissement sera transféré à Bab-el-Kliadra, où s'a-
chève la construction d'un bâtiment scolaire bien
aménagé. On peut prévoir que la nouvelle école
laïque sera remplie des le premier jour et que l'ef-
fectif dos étrangers va grossir dans une forte pro-
portion.
Et, rappelle très à propos M. Robelin:
N'oublions pas qu'en Algérie, après 72 ans d'oc-
cupation, les instituteurs laïques ont pu et su
grouper dans les écoles primaires de garçons
40,800 élèves, tandis que les congréganistes — éta-
blissements publics ou privés réuuis — en ont
seulement 4,GG3.
La nécessité du budget des cultes
Quelle est donc la véritable cause de la fa-
veur accordée en Tunisie aux établissements
scolaires congrrgnnistcs 'l Je la chercherais en-
coro peut-être si M. Combes ne m'avait fourni
pour la découvrir un puissant trait de lumière
avec son malencontreux discours sur la né-
cessité du budgot des culles. Mais grâce à lui
j'ai compris tout de suite la pensée qui animait,
sous notre protection, l'administralion du Bey.
La plupart de nos hommes d'Etat ou de nos
hauts fonctionnaires, issus de la bourgeoisie,
en sont restés, au point de vue philosophique,
à la doctrine spirilualiste de Voltaire, conden-
sée dans ce vers bien connu :
Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Ceux mêmes d enlre eux qui, parsonneue-
men, se sont élevés au-dessus de cette concep-
tion, ont tenu à la professer pour. le peuple.
La défonso de leurs intérêts les a convaincus
qu'il faut une religion pour la masse, afin do
maintenir cette dernière dans la résignation do
la misère. I! faut donc à leurs yeux une Eglisc,
un budget des cultes, dos établissements con-
gréganisles. Si les écoles cléricales n'existaient
pas, il faudrait bien vite les lonuel'. Aussi tes
lavoriscnl-ils partout où il est possiblo do le
Il\i;;scl' ignorer à là démnn.rnUe. saos éveiller
ses susceptibilités, ses craintes et ses colères:
au loin, en Tunisie, par exemple.
L'infiltration cléricale
Cette idée qui facilite l'inftWration cléricale
dans nos colonies ; c'est elle qui permettra aux
congrégations, si l'on n'y prend garde, de re-
constituer leur puissance dans la France exté-
rieure pour nous revenir de là plus lard, si
possible, plus florissantes que jamais.
J'en conclus que l'administration n'a pas en-
coreà sa têle les hommes capables non seulement
do le défendre, mais encore de lo fortifier et le
rendre inébranlable. Nos colonies, mal organi-
sées à bien des points do vue, risquent à l'a-
venir do nuire à la Métropole. Pour le moment
la Métropole compromet les intérêts moraux
de ses colonies en favorisant chez elles l'inva-
sion des congrégations enseignantes.
Il est urgent de signaler et de conjurer le
danger.
Au dernier congrès de la Ligue de l'ensei-
gnement, à Lyon, il en a été parlé, la question
a été posée et effleurée.
A cause de son importance, son étude a été
différée. Elle aura heu, croyons-nous, avec
toute l'ampleur qu'elle comporte, au congrès de
Tunis, le mois d'avril prochain. Les débats
auxquels elle donnera naissance démontreront
la haute valeur éducative de l'enseignement
laïque pour hâter l'assimilation des races. Ils
vengeront l'école laïque des dédains dont elle
est sottement l'objet à cet égard. La vérité sera
dite sur l'œuvre congréganiste.
La discussion, espérons le, sera ensuite, trans-
portée à la Chambre et au Sénat pour que les
vœux émis deviennent enfin des lois. Il im-
porte, en effet, do mettre un terme à l'invasion
cléricale dans nos colonies, le plus tôt possible.
ARMAND DEPPER
LES CHARTREUX
Le Temps prend bruyamment la défense des
chartreux. A vrai dire, il n'est pas étonnant que
ces marchands de spiritueux en gros et en
détail intéressent des économistes orthodoxes
et des philosophes spiritualistes, amis des li-
queurs digestives.
Quelles sont les excuses invoquées à la dé-
charge de la congrégation fabricante, du syn-
dicat industriel et apostolique, qui, avec la
bénédiction de notre Saint-Père le Pape, per-
pétue la mémoire de Bruno le saint, en inon-
dant le monde de flacons de « jaune » et de'
(i verte » et exerce une domination souveraine
sur la plus pittoresque partie du Dauphieé ?
Voici.
Les chartreux ont souscrit pour 50.000 fr.
lors de la catastrophe de Morges. Ils payent
sous la forme de journées de malades à l'hôpi-
tal de Voiron 7,000 fr. environ. Ils ont fondé
un hôpital à Saint-Laurent-du-Pont et à Cur-
nère une école de sourds-muets. etc.
En réalité, ces libéralités n'ont rien de stupé-
fiant. La richesse des chartreux est incalcula-
ble. Ils en disposent comme des riches dispo-
sent de leur fortune. Les millionnaires ne sont
point rares, qui, chaque année, distribuent des
subventions à des œuvres d'assistance, souvent
par philanthropie, souvent aussi par calcul,
pensant se faire pardonner leur opulence.
Il est donc tout naturel que les chartreux
donnent des secours aux malheureux et aux
malades. Le contraire serait exhorbitant. On
se plait à dire qu'ils font vivre toute une région.
C'est bien plutôt la région qui les fait vivre. Ils
emploient, avec des salaires très minimes, un
grand nombre d'ouvriers, ils s'enrichissent du
produit de leur travail. Il serait étrange qu'a-
près les avoir payés de sommes ridicules, ils ne
prissent point soin d'eux lorsqu'ils deviennent
impotents.
Ce que le Temps ne dit pas, c'est que les
chartreux subventionnent toutes les écoles li-
bres congréganistes du Dauphiné, qu'ils distri-
buent des fonds à quelques autres, que, dans
les hôpitaux qu'ils dotent, une préférence très
marquée est accordée aux malades catholi-
ques, que chaque année, ils envoient au Saint-
Siège un denier de Saint-Pierre qui est une
fortune et qui constitue une véritable dîme
prélevée par le pape, en échange de sa haute
protection.
Je compte bien que M. Combes dira tout
cela aux Chambres, lorsque des bancs de la
droite s'élèvera une voix favorable à l'autori-
sation des chartreux. — L. Âfmbtuster.
UNE ÉPIDÉMIE RELIGIEUSE
fDe notre correspondant part'iculierl
New-York, 2 février.
Vos lecteurs se rappellent encore la propa-
gande religieuse du Dr Dawie, qui s'est pro-
posé de fonder une cité, appelée la Nouvelle
Sion. On apprend maintenant qu'un certain
nombre de fermiers riches d'Australie ont
vendu leurs propriétés, pour se joindre au pro-
phète do Chicago. Ils ont conçu le projet do
fonder une Nouvelle Sion en Australie.
: —— «
A L'ECOLE POLYTECHNIQUE
Grave incident. — Soixante élèves in-
corporés dans des régiments d'ar-
tillerie
Soixante élèves de première année quitte-
ront ce matin l'Ecole polytechnique pour re-
joindre les régiments dans lesquels ils sont en-
voyés par mesure disciplinaire.
Les élèves de l'Ecole polytechnique subissent
en janvier et février un examen de classement
semestriel. Ils sont repartis à cette occasion en
trois sections de soixante élèves correspondant
à chacune des matières d'examens enseignées
pendant le premier semestre et qui sont, pour
la première année: chimie, analyse mathéma-
tique et géométrie.
Jusqu'ici, les épreuves étaient exclusivement
orales. Cette année on décida qu'elles compor-
teraient on outre une composition écrite pour
la section d'analyse mathématique. Cette com-
position fut donnée, jeudi, aux élèves; elle
comprenait un problème et une question de
cours. Les élèves avaient trois heures pour ce
travail.
Après s être consultés et avoir pris conseil do
leurs camarades de 2' année qui approuvèrent
leur intention de se refuser à faire cette compo-
sition, les 60 élèves remirent jeudi soir une
feuille blanche.
La direction de l'Ecole polytechnique avertit
alors les élèves qu'ils seraient consignés di-
manche et qu'ils devraient recommencer leur
composition ce jour-là. Les élèves de seconde
année résolurent de se solidariser avec leurs
camarades et de se consigner à leur tour; ceux
qui élaient sortis dans la soirée de samedi ren-
trèrent d-ahs la matinée à l'Ecole.
Or, persistant dans leur première manifesta-
lion, les soixante élèves do lce aunée remirent
de nouveau une feuille Llanche.
Celte persistance à refuser de composer fut
considérée par la direction de l'Ecole comme
rn cas grave de désobéissance et les soixante
élèvos furent avertis hier matin qu'ils quitte-
raient l'Ecole aujourd'hui dansla malinéeet se-
raient incorporés dans des régiments d'arlillo-
rie. On sait que les élèves de l'Ecole contrac-
tent on entrant à Polytechnique un engage-
ment militaire de trois ans.
Ce matin les soixante élèves seront dirigés,
quatre par quatre, sur diverses garnisons et
placés, comme simples soldats, dans quiuze ré-
giments d'artillerie. -
LA JOURNEEi
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DE LA GUERRE
M. Lasies a questionné le ministre de la
guerre au sujet des incidents de Poitiers. Il
s'agissait de la solde de l'artillerie. Saisissez-
vous le rapport ? Il ost difficile de l'aperce-
voir.
— Je vous répondrai, a dit le général André,
mais après le budget.
M. Lasies a dû se résigner.
Il a été beaucoup question, ensuite, des mé-
dailles militaires.
Est il un sous offlcicier rengagé qui ne se
croie dos droits à la médaille ?
— Alors, a fait observer M. Berteaux, il fau-
drait augmenter le nombre des médailles.
Enfin, un projet de résolution de M. Le Hé-
rissé, pour une abondante distribution des dé-
corations dont il s'agit aux militaires de la
gendarmerie et des troupes coloniales a été
renvoyé à la eommission de l'armée.
Le vin dans l'armée
M. Albert Sarraut, notre aimable et très
« intellectuel confrère,qui représente le dépar-
tement de l'Aude depuis les dernièreséleclions,
a fait ses débuts à la tribune. Il s'est montré
orateur élégant et parlementaire persuasif. Il
sera à la Chambre beaucoup plus qu'une « uti-
lité ».
Il demandait une augmentation de 1.200.000
francs pour distribution de vin aux soldats.
— Ah ! ont dit quelques uns, les méri-
dionaux veulent toujours nous faire acheter
du vin.
— Mais, je vous assure, ont repris les dépu-
tés dos régions viticoles, que les soldats ne
tiennent pas à boire seulement de l'eau.
M. Sarraut. — Nul ne peut contester la né-
cessité de compléter l'alimentation du soldat par
une distribution de vin car le vin est de nature à pro-
curer à nos troupes un supplément d'énergie. L'an-
née dernière la Chambre avait volé dans ce but une
augmentation que le Sénat a réduite ; elle n3
voudra pas, cette année, émettre un vote contraire.
La campagne de Chine a prouvé que le soldat
auquel on donne du vin est bien plus solide que ce-
lui qui boit de l'eau.
M. Maujan, rapporteur. — La commission a
consenti une augmentation de 500,000 francs afin
de donner satisfaction aux auteurs de l'amende-
ment, comme elle consentira tout à l'heure une
augmentaiion de 500,000 francs pour la ration de
viande; mais elle ne peut pas faire plus.
M. Sarraut. — L'année dernière, la Cham-
bre a voté un million pour augmenter la ration de
viande ; on s'en est servi pour améliorer le maté-
riel de cuisine et les procédés de cuisson. Je' de
mande une augmentation spéciale pour le vin.
Le général André. — Puisque je suis mis
en cause par M. Sarraut, je dois répondre un mot.
Nous avions un matériel de cuisine et de four-
neaux tellement insuffisant qu'on était souvent
obligé de porter des plats chez les boulangers pour
les faire cuire. Il en résultait une dépense que
l'amélioration du matériel a supprimée et l'écono-
mie réalisée a servi à augmenter la ration de
viande.
M. Dejeante demando la suppression des au-
môniers militaires.
M. Jumel. — Il est tout à fait extraordinaire
que les aumôniers figurent dans le chapitre du per-
sonnel de santé.
M. du Halgouet. - C'est parce qu'ils s'occu-
pent de la santé morale. (Rires.)
L'amendement est repoussé par 305 voix con-
tre 221.
MM. Coutant, Fernand David, Chapuis et le
général André présentent quelques observa-
tions au sujet des soldats qui meurent sous les
drapeaux. Les corps des hommes qui n'auront
pas succombé à une maladie contagieuse seront
toujours rendus aux familles, et un crédit spé-
cial est inscrit pour les familles nécessiteuses.
Le « rabiot »
M. Thivrier demande la suppression de l'ini-
que peine du « rabiot ». On en reparlera en
discutant la loi de deux ans.
M. Colliard. — Les certificats de bonne con-
duite sont refusés à un trop grand nombre de mili-
taires, ce qui les empêche souvent de trouver un
emploi.
Le général André. — Ces certificats sont
établis par le colonel et un comité spécial qui eré-
setnte toutes les garanties d'impartialité.
On pourra, si l'on veut, étudier la suppression to-
tale de ce certificat, mais, pour l'instant, je pense
que seuls les bons sujets auraient àsouffrirde cette
suppression.
M. Ioulain. — Nos soldats vont ali régiment
égaux, ils doivent en revenir égaux (exclamations).
Je ne dis pas égaux en grade. Je dis qu'un mili-
taire n'est pas un malfaiteur parce qu'il aura fait
quelques jours de prison au régiment et qu'on ne
doit pas lui refuser son certificat de bonne conduite.
(Vifs applaudissements.)
A la commission de l'armée est renvoyé un
projet de résolution de M. Colliard, invitant le
ministre à soutenir la suppression du certificat
dans la loi de deux ans.
Un amendement de M. Le Hérissé — dimi-
nution de 500.000 fr. sur la cavalerie des of-
ficiers supérieurs, est adopté à l'unanimité.
On adopte, avant de partir, un projet de ré-
solution de M. Charpentier, pour le relèvement
des salaires des travailleurs des arsenaux.
H. D.
Les Coulisses des Chambres
Pour les instituteurs de l'Aisne
Le ministre de l'instruction publique a reçu
hier malin une délégation dos sénatours, dé-
putés et conseillers généraux du département
de l'Aisne, accompagnée du préfet de Laon.
La délégation venait demander au ministre
d'accorder au Conseil général, en vue du relè-
vement du traitement do débuldesinstituteurs,
une allocation do 20,000 fr., égale à celle que
le Conseil général de l'Aisne a déjà votée à cet
effet.
M. Chaumié a promis à la délégation de
porter le vœu dé la délégation au Conseil de
ministres, après s'être entendu avec son collè-
gue des finances.
Les assurances sur la vie
La commission rolative aux sociétés d'assu-
rances, présidée par M. Guieysse, a continué
d'examiner le projet du gouvernement sur le
contrôle et la surveillance des sociétés d'assu-
rances sur la vie.
En ce qui touche les polices d'accumulation,
elle a décidé que les bénélices réalisés annuel-
lement dans chaque groupe d'assurances
seraient portés aux comptes individuels de cha-
cun des contractants.
Elle a décidé en même temps que le fonds
spécial d'accumulalioa devrait être spécia-
lisé.
La médaille de Belfort
MM.Couyba, Schneider (Haut-Rhin) et plu-
sieurs de leurs collègues ont déposé à la loi de
finances une disposition instituant une mé-
daille commémoralive du siège de Belfort en
1870-71.
Par un autre amendement, M. Gauthier (de
Clagny) propose que cette médaille soit d6-
cernée pour lo siège de Bitche.
lies 28 et les 13 jotit-s
M. Maujnn, rapporteur du budget de la
guerre, a déposé hiur une proposition pour ré-
gler la question des périodes d'instruction dei
réservistes et des territoriaux. M. Maujan de-
mande que la durée des périodes d'instruction,
des réservistes et des territoriaux soit diminuéa
de moitié.
D'un autre côté, M. Maujan propose une
modification à l'articlo 45 de la loi de 1889 suri
le recrutement de l'armée en reconnaissant le
droit, pour chaque soldat, à un mois de cong;,
par an.
M. Maujan estime que ces deux réformes
apporteraient au budget une économie annuelle
d'une vingtaine de millions, tout en assurant la
mode d'instruction des soldats de l'armée active
et de la réserve, les périodes d'exercices ne
pouvant avoir lieu en dehors des manœuvres.
Le fonctionnement de la Conr de
Paris
Le garde des sceaux vient de soumettre à la
commission du budget et en môme temps à la
commission de la réforme judiciaire un article
additionnel à-la loi de finances de 1903 ayant
pour objet de consacrer la réforme qu'il veut
apporter au fonctionnement de la cour de Pa-
ris. Il propose la création de six sièges nou-*
veaux à la cour de Paris. el
Ces six sièges ne serviraient pas à créer une
chambre nouvelle ; ils seraient annexés à l'une
des chambres existantes et permettraient de
diviser celle-ci en deux sections de manière
que cette chambre siégeât tous les jours par
l'une ou l'autre de ses sections.
- Comme compensation à la dépense, le garde
des sceaux propose de supprimer un certain
nombre de sièges de conseillers dans les cours
de province, notamment Dijon et Agen.
Voir* à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuitet
la Revue des Journaux
du matin
Comment conjurer le péril primaire
L'enseignement public laïque étant le seul
conforme à la science, à la morale humaine et
à l'ordre social lui-même, il est du devoir de
la République de le rendre obligatoire pour
tous nos fils, car tous ont droit à la Vérité.
Mais il nous faut pour cela un personnel suf-
fisant. A nous de conjurer ce péril primaire
qui n'est, hélas.! que trop réel et de faire les
sacrifices nécessaires au recrutement convena-
ble des instituteurs et des institulrices. Ce n'est
pas là seulement une sauvegarde pour la Ré-
publique, c'est aussi une dette de reconnais-
sance, ne l'oublions pas. Jusqu'ici nous avons
traité ces modernes apôtres en parias : nous
leur avons demandé beaucoup, ils nous ont
donné davantage (mutualités, cours d'adultes,
conférences, etc.) nous leur avons beaucoup
promis et nous n'avons rien tenu. Ne nous
étonnons donc pas si disette de candidats il y
a et si de nombreuses défections se produisent
chaque jour dans les rangs de ces travailleurs.
Nous avons dédaigné toutes leurs réclama-
tions peut-être parce que trop dignes et trop
justes ; voilà pourquoi je me permets aujour-
d'hui de rappeler à nos amis les plus urgen-
tes; qu'ils profitent de la discussion du budget
de l'instruction publique pour les faire valoir.
Nos instituteurs veulent la suppression des
rapports et des dossiers secrets, un diplôme
unique, la répartition plus équitable des retrai-
tes aux veuves, la libre possession de tous leurs
droits de citoyens, l'abolition du pourcentage,
l'égalité des salaires entre éducateurs et éduca-
trices et enfin l'élévation nécessaire do leurs
traitements : stagiaires 1.200 fr., 5* cbsse
1.500, 4* 1.800, 3e 2.000, 2' 2.200, et 1" 2.400.
Ils voulent toutes les classes accessibles à tous
et le passage d'une classe dans une autre après
5 ans de séjour dans la classe inférieure. Le
stage serait de 3 ans au plus.
Voilà le minimum de leurs desiderata, et la
France est assez riche pour payer ses meilleurs
serviteurs ; qu'on ne nous oppose pas de falta-'
cieuses raisons d'économies ! Donnons un peu
moins au canon, donnons un peu plus au livrer
et l'avenir du pays n'en sera que plus assuré ;
mais les promesses n'ont que trop duré, le
temps des demi-mesures est passé, et les cinq
sous de M. Bouvier charitablement offerts aux
plus affamés de nos maîtres ne sauveront pag
la situation.
Ne marchandons pas quand il s'agit pour un
pays du droit à la vêrilé, et montrons enfin
que la République n'est pas une ingrate pour
ceux qui la servent loyalement. — Jacques Le*
droit.
LA MARINE ALLEMANDE
(De notre correspondant parliculieri
Berlin, 2 février.
L'amirauté a décidé de créer à Wilhelmsh,.
ven une nouvelle cale pour torpilleurs. Elle a
dénoncé les traités das fermiers des terrains au
sud du canal d'Ems-IaLla, L'école da natation
militaire, au bord du canal, sera supprimée.
——————————— ————————.„
UIÉNÉLICK ET LA RUSSIE
(De notre correspondant particulierI
Saint-Pélersbou-g, 2 février.
Le négus Ménélick a prié le tsar de lui dési.
gner quelques grands dignitaires de la cour de
Russie, auxquels le négus a l'intention de con-
férer l'Ordre de l'Etoile d'Ethiopie, voulaut
ainsi manifester tes sentiments amicaux en-
vers la Russie.
Ménélick a annoncé en outre l'envci de quel.-J
ques cadeaux au gouverneur de Sa nt-Péters- i
bourg.
L'INSURRECTION AU MAROC
Les insurgés en déroute
Tanger, 2 février.
La première nouvelle de la capture du pré-
tendant est inexacte. Un courrier qui a quitté
Fez vendredi apporte la confirmation de la dé-
faite des troupes rebelles jeudi malin, mais il
contredit la nouvelle de la capture do Bou-
Hamara. Il ajoute qu'on ignore encore si son
corps est parmi les morts qu'on dit très nom-
breux. La victoire des troupes du sultan est
absolue et complète. Presque tous les partisans
du prétendant sont tués ou capturés. Le camp,
los approvisionnements, les munitions sont
tombés aux mains des soldats qui ont repris
l'artillerie perdue au cours de la bataille du 23
décembre. Lors même que le prélendaut se
serait échappé, il ne peut plus espérer trouver
de partisans car sa réputation de sainteté est
maintenant ruinée.
On n'a encore que peu de détails sur la ba-
taille, mais il parait que le camp a été surpris
et emporté d'assaut au lever du jour. La nau-
velle de la victoire a été rapidement connue
ici et a causé une grande joie. Beaucoup de Ii-.
ches habitants ont distribué des aumônes.
La capture du prétendant
Londres, 2 février.
On mande de Tanger au limes :
La légation anglaise a reçu la nouvello de
la capture du prétendant et l'a communiquée
aux autorités indigènes et autres.
Une nouvelle inexacte
Londres, 2 février.
Dans les milieux bien iutorwé. ou d £ clar<
IL»® Numér l bSfiS'fc ENTIME9
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JCJRNAL
14. rue du Mail. Pari.s.
Ut hez MM. LAGRANGE, CERF & G1*
6, place de la Bourse, 6.
Adresse Télégraphique : XIXe SIÈCLE - PARIS
ABONNEMENTS
Paris Trois c-.iî 6 f. Sis mcii 11 f. ra au 20
Départements — 7f. - 12 f. — 24 t.
Union Postais — 9f. - 16 f. - 324
Les Abonnements sont reçus s&ns frais
dans tous les 2uzi--s. ¿f; Pwiîé
Hfc!>ACTION : IJ, rue du Mail
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du Tnaiin
No 12D17. — Mercredi 4 Février 1903
16 PLUVIOSE AN 111
ADMflftiSTRATEON ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
'/s tÉlifffi français
-
Un document intéressant sur l'état
d'esprit de quelques catholiques nous est
fourni par M. Léon Chaîne. Il publie un
livre, bravement pensé et loyalement
écrit, qu'il intitule : les Catholiques
français et leurs difficultés actuelles (chez
Storck, Lyon et Paris).
M. Léon Chaîne publia, il y a un an
anviron, une page qui fit sensation : la
Lettre d'un catholique lyonnais à un èvê-
que. Les coreligionnaires de l'auteur do
cette lettre lui pardonnèrent difficile-
ment de troubler le sommeil de leurs
consciences. M. Léon Chaino récidive
aujourd'hui : je crains qu'il ne s'attire
des inimitiés, sinon terribles, du moins
fort gênantes.
Je le plains. Encore si nous avions af-
faire à un politicien professionnel ou à
un publiciste de carrière, nous serions
assez rassurés sur son compte. Il aurait
des amis, des compagnons de lutte, il
serait une force que chaque parti se-
rait contraint de prendre en considéra-
tion.
Mais M. Léon Chaine est un citoyen
isolé, qui va naïvement dire à tout ve-
nant ce qu'il pense être la vérité. Et
pour champ de cette expérience, il a
choisi Lyon. Non pas le Lyon démo-
crate et socialiste de la Guillotière et de
la Croix-Rousse, mais le Lyon de Notre-
Dame de Fourvière.
Quand je dis que M. Léon Chaine a
choisi ce milieu, je me trompe. Il est
lui-même un bourgeois de Lyon ; il est
maintenu par ses liens de famille, ses
traditions, ses habitudes et ses intérêts,
dans une des sociétés les plus réaction-
naires de France.
C'est un « enfant perdu », une senti-
nelle avancce de ce petit bataillon des
« Jeune Eglise », dont notre éminent
ami, M. J.-L. de Lanessan, étudiait der-
nièrement, ici, avec l'humour et la sa-
gacité que l'on sait, le curieux état
d'esprit.
Je ne sais toutefois si les Jeune-Eglise
seraient unanimes à approuver les idées
émises dans le livre consacré aux Catho-
liques français et à leurs difficultés ac-
tuelles. L'écrivain était de notre côté
dans le grand drame politico-judiciaire
qui a divisé la France pendant plusieurs
années. Il a souffert de voir l'Eglise
mettre ses forces à la disposition des
ennemis de la justice. Il n'a jamais cessé
de répudier l'antisémitisme, l'antipro-
testantisme, le nationalisme. Il prétend
que l'Eglise universelle n'est pas tenue à
couvrjr de son autorité la forme la plus
étroite et la plus fausse du chauvinisme.
Il considère que les moines prêcheurs
se mettent dans un mauvais cas en abu-
sant des métaphores militaires ; en com-
mettant cette hérésie d'appeler la mère
du Christ la « Vierge guerrière » ; en
inventant un paradoxal « Dieu des ar-
mées ». Il est républicain ; il s'offusque
de voir la plupart des dévots regretter
« le bon vieux temps », rester attachés
aux régimes déchus des Bourbons et des
Bonapares; il est socialiste, dans un
certain sens, et ne comprend pas que,
s'il se produit une grève, le patron de-
vienne instantanément le symbole de
« l'industrie nationale », tandis que les
ouvriers prennent rang, sans autre for-
me, parmi les « sans-patrie » ; il pro-
teste contre l'abus des dévotions nou-
velles, qui servent de paravent à des
entreprises d'abêtissement populaire.
Avec tout cela, M. Léon Chaîne reste
catholique. Oui, il sait tous les torts de
l'Eglise et il ne songe pas à se séparer
de cette Eglise. Telle est la force de la
foi.
Au moins, direz-vous, ce catholique
très libéral consentira aux mesures de
défense prises par la Société laïque à
l'égard de la congrégation ? Eh bien,
non.
Il s'étonne que M. Waldeck-Rousseau
n'ait pas trouvé au moins « inélégant »
de préparer la dispersion des a moines
ligueurs » et des « moines d'affaires ».
A-t-il donc découvert aux congrégations
des vertus que nous ne leur connais-
sions point? J'avoue avoir lu tout le
livre sans rien apprendre de nouveau
sur l'utilité des couvents, qui ne sont
pas aujourd'hui moins dangereux
qu'hier.
M. Léon Chaine ne nous oppose
guère qu'un argument de fait. S'occu-
pant de la crise morale de ces dernières
années, il s'écrie :
« Ce que nous reprochons à nos
amis, c'est d'avoir suivi et même accé-
léré le "mouvement injuste qui entraî-
nait l'opinion. Mais ce serait, on le voit,
une grossière erreur que do croire
qu'ils ont été les seuls à se laisser en-
traîner dans ce courant : d'anciens
communards, des révolutionnaires ont
suivi le panache blanc ou plutôt les
plumes d'autruche du général Mercier.»
Celte observation ne suffira à con-
vaincre aucun do nous. Si d'anciens
républicains ont passé au nationalisme,
c'étaient de soi-disant chefs, des ambi-
tieux, des agitateurs, des démagogues.
Tandis que le réveil des consciences a
été bien rapide dans les groupes de li-
bre-pensée, dans les loges maçonni-
ques, dans les organisations démocrati-
ques et socialistes, dans la foule des an-
ticléricaux
Si une erreur passagère a troublé les
hommes de la République, les hommes
de l'Eglise ont persisté dans le faux et
dans l'arbitraire.
Nous ne disons pas encore tout : no-
tre conviction intime, profonde, est que
les luttes de l'heure présente ont été
voulues et préparées par l'Eglise. Nous
croyons que si l'Eglise est de force à le
faire, elle recommencera sans cesse à
attaquer la République. Le catholique
militant est presque forcément un vio-
lent réactionnaire. Pourquoi? M. Léon
Chaine nous le dit :
« Nous avons pour la plupart, nous
catholiques, un grand respect pour le
principe d'autorité. A la défiance du
libre-examen en matière religieuse, nous
avons inconsciemment ajouté la dé-
fiance du libre-examen en bien d'autres
choses. Beaucoup d'entre nous désire-
raient qu'en politique, comme en reli-
gion, il n'y eût qu'un seul troupeau et
qu'un seul pasteur. »
En d'autres termes, le catholicisme
engendre naturellement le cléricalisme.
Libres-penseurs, nous devons, par
conséquent, compléter la propagande
politique contre le cléricalisme, par une
propagande philosophique contre les
idées religieuses. La méthode la plus
radicale est la meilleure.
Nous venons de voir, iltest vrai, que
certains catholiques ont libéré leur
conscience d'une façon assez complète.
Ayons pourtant le courage de voir en
eux des adversaires —que nous estimons
et que nous espérons convaincre. Nous
ne voudrions pas en avoir d'autres.
Hugues Destrem.
.4>-
L'INCIDENT DE L'ECOLE POLYTECHNIOUE
Oa trouvera plus loin le ré-
cit de l'incident qui s'est pro-
duit hier à l'école polytechni-
que. Pourunfait grave d'insu-
bordination collective, soixante
élèves vont être dirigés sur di-
vers régiments d'artillerie où
ils accompliront leur service militaire.
Que ces jeunes gens n'espèrent pas nous
apitoyer sur leur sort. Passer deux ou
trois ans de sa vie à la caserne, c'est une
très désagréable obligation: Mais le même
ennui est imposé à tous les citoyens fran-
çais.
A tous ? Pardon. A tous, excepté à un
certain nombre de jeunes gens parmi les-
quels les élèves de l'école polytechnique
ne sont pas les moins privilégiés.
Pour ces derniers, le temps passé à
l'école compte comme service militaire. Et
si, leurs examens passés, ces mes-
sieurs vont faire un tour à la caserne, oh !
c'est dans des conditions charmantes.
L'épaulette d'or au dolman, la bande symbo-
lique le long de la jambe, nos polytechni-
ciens sont officiers — sans jamais avoir été
soldats.
Encore sont-ils plus heureux que beau-
coup d'officiers de carrière. Car ces der-
niers sont condamnés à travailler sérieu-
sement s'ils veulent parvenir à un comman-
dement important. Les polytechniciens au
contraire, se la « coulent douce » sachant
que les fonctions civiles les plus enviées
leur sont réservées.
En vue de ces multiples avantages, les
« pipos » n'hésitent pas, avant leur entrée
en « boîte », à signer un engagement mili-
taire de trois ans Ils comptent qu'il s'agit
d'un engagement « pour la frime » et que
la discipline, qui s'impose à tous les trou-
piers, ne pèsera pas sur eux.
Cette idée a déterminé soixante polytech-
niciens à refuser, par deux fois, d'exécuter
une composition dont l'inscription au pro-
gramme leur avait paru fâcheuse.
Le ministre de la guerre a compris qu'il
était temps de faire comprendre que la dis-
cipline est la même pour tous les soldats,
qu'ils soient « lignards » ou élèves des
écoles supérieures militaires.
Personne ne blâmera sa sévérité.
Encore une fois, tout le monde doit faire
son service militaire. Et ce devoir s'impose,
en général, à des conscrits qui n'ont à se
reprocher aucune faute : les polytechni-
ciens justement frappés aujourd'hui ont,
au contraire, déchiré de leurs mains le con-
trat qui leur conférait un privilège — d'ail-
leurs abusif et inacceptable. — Ch. B.
———————————— ————————————.
A L'OCCASION DU JUBILÉ PONTIFICAL
Les évêques do France avaient envoyé una
adresse au pape à l'occasion du 25e anniver-
saire de son élection au pontificat.
Les évêques de France s'étaient plaints des
tribulations (sicj de l'heure présente, et avaient
demandé « à voir bientôt sur leurs aulols notre
Jeanne d'Arc ».
Léon XIII a répondu en parlant « de ce
temps où de toutes parts se multiplient pour
Nous les causes d'affliction ».
Quant à Jeanne d'Arc et à sa béaliflcation. lo
Saint-Père remarque « que dans l'affairo si
grave qu'on lui propose, on doit observer reli-
gieusement les lois qui règlent la procédure de
la Sacrée Congrégation des Hilcs ».
Bref, Jeanne d'Arc fait antichambre dans
les bureaux du Vatican. Les hommages laïques
sont moins formalistes et, partant, plus res-
pectueux.
LE NOUVEAU PROCES PALIZZOLO
(De notre correspondant particuliert
Romo, 2 février.
Le nouveau procès de Palizzolo, chof de la
Maffia on Sicile, aura lieu au mois d'avril,
devant la cour d'assises à Florence. M. Mari-
ni présidera aux débats et le siège du minis-
tère public sera occupé par M. Pescalore,
substitut du procureur général.
Le colonel Palizzolo est airivé à Florence,
pour s'occuper de la défense de l'accusé.
Les deux empereurs à Rome
(De notre correspondant particulier)
Rome, 2 février.
Ce sont les appartements de la façade du
nord du Quirinnl qu'on destine au tsar Nico-
las Il. L'empereur Guillaume- occupera pen-
dant sa visilo ce qu'on appello « la Mancho
Longue du QuiriQul », qui tlvuuo sur la. rue du
2.0 Seiilcmbre. -,,"'
CftUSEBIE PEDAGOGIQUE
L'INVASION -CLERICALE EN TUNISIE
Témoignage précis. — Les frères ma-
ristes à Sfax et à Sousse. — Une
statistique du ministère de l'ins-
truction publique. — M. Pi-
chon. — L'école neutre.
- La puissance des
congrégations. —
Le congrès de
Tunis.
Il se passe, en Tunisie, des choses qu'il im-
porte de faire connaître. C'est notre aimable
confrère M. Léon Robsiin, le distingué secré-
taire général de la Ligue française de l'ensei-
gnement, qui nous les a révélées. Dans sa Cau-
serie politique, publiée dans 1e n° du 25 janvier
du Journal du Dimanche, gazette hebdoma-
dairo do « la Ligue », il nous apprend que,
venu à Tunis pour y organiser le prochain
congrès des ligueurs, il a vu, à son grand
étonnement, les écoles congréganistes comblées
de faveurs par le gouvernement.
Son témoignage précis, irrécusable est un
document précieux. Nous l'enregistrons avec
empressement. En voici un passage :
Le gouvernement tunisien, dit-il, vient de faire
construire à Sfax et à Sousse. pour les frères ma-
ristes dépendant do la direction de l'enseignement
de la Régence, do somptueux palais où les enfants
reçoivent une instruction gratuite. Non loin delà,
vivent des instituteurs laiqus, relégués dans des
masures arabes, toutes pitoyables et branlantes de
vétusté, où les enfants ne trouvent aucun confort
et sont encore obligés de payer une taxe scolaire.
Ainsi nous faisons bâtit' là-bas dos palais
scolaires pour les congrégations que nous ex-
pulsons de chez nous 1 Nous protégeons et
encourageons en Tunisie l'enseignement clé-
rical, alors que nous devrions en contrarier
l'essor 1
On a peine à le croire 1 Mais nous devons
avouer que cette information ne fait que cor-
roborer une statistique que nous avons sous
les yeux et des propos qui courent.
Statistique officielle
La statistique émane du ministère de l'ins-
truction publique. Elle concerne l'enseigne-
ment primaire public en Tuuisie, Elle constate
que l'enseignement primaire et secondaire fran-
çais comprenait en 1897,88 écoles iaïquesetsoule-
menll6 écoles cougréganistes. Par contre, les 86
écoles laïques ne comptaient que 255 maîtres
ou maîtresses, tandis que les 16 écoles congré-
ganistes en avaient 322. D'où il rossort claire-
ment que les écoles congréganistes publiques,
cinq fois moins nombreuses que les écoles laï-
ques, avaient cependant cette année-là un per-
sonnel supérieur en nombre d'un tiers à ces
dernières 1 il est donc clair que les congréga-
nistes occupent bel et bien les grandes écoles à
plusieurs classes et que les laïques ont les pe-
tites. Aux premiers, les palais; aux seconds les
masures! M. Robelin,en 1903,est d'accord avec
la statistique de 1897. Quant aux propos qui
circulent, ce ne sont plus des secrets. Je me
suis laissé dire, par des hommes de si bonne
foi et si bien renseignés, que je ne saurais dou-
ter de lour parole, que M. Pichon, notre rési-
dent à Tunis, autrefois journaliste anticlérical
farouche, se montre aujourd'hui bon catho-
iiaue.
Il connait et prend régulièrement le chemin
de l'église; il édifie les fidèles par sa tenue
modeste pendant la célébration de la sainte
messe. Cela ne diminue en rien, à coup sûr, sa
belle intelligence, mais cela décourage les amis
do la République anticléricale ! Celte attitude
de sa part détruit ou contrecarra leurs efforts,
car c'est les condamner que de se conduire
comme il fait. Nos lecteurs seront peinés d'ap-
prendre que le voyage en Chine ait transformé
à ce point l'ancien et dévoué collaborateur de
Clémenceau. Noua persistons à croire qu'il
n'était pis utile d'emprunter le chemin de Da-
mas pour se rendre de Pékin à Tunis.
Le grand, l'unique argument invoqué pour
justifier la politique que nous dénonçons, c'est
que dans un pays qui compte, comme la Tuni-
sie, des populations d'origines et do mœurs
différentes, il faut opérer la fusion dos races,
des religions ; or, dit-on, les congréganistes
réussissent mieux que personne dans cette œu-
vre.
La raison et les faits infligent naturellement
un démenti formel à cette assertion.
Il est inadmissible que les écoles confes-
sionnelles puissent rapprocher des consciences
soumises à diverses croyances qui s'anathéma-
tisenl réciproquement.
An contraire, le seul endroit où les enfants
des familles séparées entre elles par des dis-
sentiments roligieux puissent être réunis sans
violence, c'est incontestablement à l'école neu-
tre, à l'école laïque, telle que le législateur a
voulu la créer en France. C'est si vrai que
partout où les écoles laïques et congréganistes
sout également gratuites, la victoire reste à
l'écolo neutre. J'emprunte à cet égard une nou-
velle citation à l'article suggestif de M. Ro-
belin :
A Tunis, deux écoles laïques de garçons et deux
écoles laïques de filles fonctionnent gratuitement.
A côté d'clics existent plusieurs écoles congréga-
nistes pourvues de tous les aménagements moder-
nes et grutuiles également. Eh Lien, los écoles lai.
ques refusent chaque année, faute de place, un
nombre considérable d'élèves étrangers (i.200pour
J'année scolaire 4902-1003). Tous les locaux sont
devenus iusuffisants. A l'école laïque de la rue
d'lllllie, on compte plus de 200 enfants italiens. Il
en est de même rue Salem, malgré l'état effroya-
ble dos locaux. Dans quelques semaines, cet éta-
blissement sera transféré à Bab-el-Kliadra, où s'a-
chève la construction d'un bâtiment scolaire bien
aménagé. On peut prévoir que la nouvelle école
laïque sera remplie des le premier jour et que l'ef-
fectif dos étrangers va grossir dans une forte pro-
portion.
Et, rappelle très à propos M. Robelin:
N'oublions pas qu'en Algérie, après 72 ans d'oc-
cupation, les instituteurs laïques ont pu et su
grouper dans les écoles primaires de garçons
40,800 élèves, tandis que les congréganistes — éta-
blissements publics ou privés réuuis — en ont
seulement 4,GG3.
La nécessité du budget des cultes
Quelle est donc la véritable cause de la fa-
veur accordée en Tunisie aux établissements
scolaires congrrgnnistcs 'l Je la chercherais en-
coro peut-être si M. Combes ne m'avait fourni
pour la découvrir un puissant trait de lumière
avec son malencontreux discours sur la né-
cessité du budgot des culles. Mais grâce à lui
j'ai compris tout de suite la pensée qui animait,
sous notre protection, l'administralion du Bey.
La plupart de nos hommes d'Etat ou de nos
hauts fonctionnaires, issus de la bourgeoisie,
en sont restés, au point de vue philosophique,
à la doctrine spirilualiste de Voltaire, conden-
sée dans ce vers bien connu :
Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.
Ceux mêmes d enlre eux qui, parsonneue-
men, se sont élevés au-dessus de cette concep-
tion, ont tenu à la professer pour. le peuple.
La défonso de leurs intérêts les a convaincus
qu'il faut une religion pour la masse, afin do
maintenir cette dernière dans la résignation do
la misère. I! faut donc à leurs yeux une Eglisc,
un budget des cultes, dos établissements con-
gréganisles. Si les écoles cléricales n'existaient
pas, il faudrait bien vite les lonuel'. Aussi tes
lavoriscnl-ils partout où il est possiblo do le
Il\i;;scl' ignorer à là démnn.rnUe. saos éveiller
ses susceptibilités, ses craintes et ses colères:
au loin, en Tunisie, par exemple.
L'infiltration cléricale
Cette idée qui facilite l'inftWration cléricale
dans nos colonies ; c'est elle qui permettra aux
congrégations, si l'on n'y prend garde, de re-
constituer leur puissance dans la France exté-
rieure pour nous revenir de là plus lard, si
possible, plus florissantes que jamais.
J'en conclus que l'administration n'a pas en-
coreà sa têle les hommes capables non seulement
do le défendre, mais encore de lo fortifier et le
rendre inébranlable. Nos colonies, mal organi-
sées à bien des points do vue, risquent à l'a-
venir do nuire à la Métropole. Pour le moment
la Métropole compromet les intérêts moraux
de ses colonies en favorisant chez elles l'inva-
sion des congrégations enseignantes.
Il est urgent de signaler et de conjurer le
danger.
Au dernier congrès de la Ligue de l'ensei-
gnement, à Lyon, il en a été parlé, la question
a été posée et effleurée.
A cause de son importance, son étude a été
différée. Elle aura heu, croyons-nous, avec
toute l'ampleur qu'elle comporte, au congrès de
Tunis, le mois d'avril prochain. Les débats
auxquels elle donnera naissance démontreront
la haute valeur éducative de l'enseignement
laïque pour hâter l'assimilation des races. Ils
vengeront l'école laïque des dédains dont elle
est sottement l'objet à cet égard. La vérité sera
dite sur l'œuvre congréganiste.
La discussion, espérons le, sera ensuite, trans-
portée à la Chambre et au Sénat pour que les
vœux émis deviennent enfin des lois. Il im-
porte, en effet, do mettre un terme à l'invasion
cléricale dans nos colonies, le plus tôt possible.
ARMAND DEPPER
LES CHARTREUX
Le Temps prend bruyamment la défense des
chartreux. A vrai dire, il n'est pas étonnant que
ces marchands de spiritueux en gros et en
détail intéressent des économistes orthodoxes
et des philosophes spiritualistes, amis des li-
queurs digestives.
Quelles sont les excuses invoquées à la dé-
charge de la congrégation fabricante, du syn-
dicat industriel et apostolique, qui, avec la
bénédiction de notre Saint-Père le Pape, per-
pétue la mémoire de Bruno le saint, en inon-
dant le monde de flacons de « jaune » et de'
(i verte » et exerce une domination souveraine
sur la plus pittoresque partie du Dauphieé ?
Voici.
Les chartreux ont souscrit pour 50.000 fr.
lors de la catastrophe de Morges. Ils payent
sous la forme de journées de malades à l'hôpi-
tal de Voiron 7,000 fr. environ. Ils ont fondé
un hôpital à Saint-Laurent-du-Pont et à Cur-
nère une école de sourds-muets. etc.
En réalité, ces libéralités n'ont rien de stupé-
fiant. La richesse des chartreux est incalcula-
ble. Ils en disposent comme des riches dispo-
sent de leur fortune. Les millionnaires ne sont
point rares, qui, chaque année, distribuent des
subventions à des œuvres d'assistance, souvent
par philanthropie, souvent aussi par calcul,
pensant se faire pardonner leur opulence.
Il est donc tout naturel que les chartreux
donnent des secours aux malheureux et aux
malades. Le contraire serait exhorbitant. On
se plait à dire qu'ils font vivre toute une région.
C'est bien plutôt la région qui les fait vivre. Ils
emploient, avec des salaires très minimes, un
grand nombre d'ouvriers, ils s'enrichissent du
produit de leur travail. Il serait étrange qu'a-
près les avoir payés de sommes ridicules, ils ne
prissent point soin d'eux lorsqu'ils deviennent
impotents.
Ce que le Temps ne dit pas, c'est que les
chartreux subventionnent toutes les écoles li-
bres congréganistes du Dauphiné, qu'ils distri-
buent des fonds à quelques autres, que, dans
les hôpitaux qu'ils dotent, une préférence très
marquée est accordée aux malades catholi-
ques, que chaque année, ils envoient au Saint-
Siège un denier de Saint-Pierre qui est une
fortune et qui constitue une véritable dîme
prélevée par le pape, en échange de sa haute
protection.
Je compte bien que M. Combes dira tout
cela aux Chambres, lorsque des bancs de la
droite s'élèvera une voix favorable à l'autori-
sation des chartreux. — L. Âfmbtuster.
UNE ÉPIDÉMIE RELIGIEUSE
fDe notre correspondant part'iculierl
New-York, 2 février.
Vos lecteurs se rappellent encore la propa-
gande religieuse du Dr Dawie, qui s'est pro-
posé de fonder une cité, appelée la Nouvelle
Sion. On apprend maintenant qu'un certain
nombre de fermiers riches d'Australie ont
vendu leurs propriétés, pour se joindre au pro-
phète do Chicago. Ils ont conçu le projet do
fonder une Nouvelle Sion en Australie.
: —— «
A L'ECOLE POLYTECHNIQUE
Grave incident. — Soixante élèves in-
corporés dans des régiments d'ar-
tillerie
Soixante élèves de première année quitte-
ront ce matin l'Ecole polytechnique pour re-
joindre les régiments dans lesquels ils sont en-
voyés par mesure disciplinaire.
Les élèves de l'Ecole polytechnique subissent
en janvier et février un examen de classement
semestriel. Ils sont repartis à cette occasion en
trois sections de soixante élèves correspondant
à chacune des matières d'examens enseignées
pendant le premier semestre et qui sont, pour
la première année: chimie, analyse mathéma-
tique et géométrie.
Jusqu'ici, les épreuves étaient exclusivement
orales. Cette année on décida qu'elles compor-
teraient on outre une composition écrite pour
la section d'analyse mathématique. Cette com-
position fut donnée, jeudi, aux élèves; elle
comprenait un problème et une question de
cours. Les élèves avaient trois heures pour ce
travail.
Après s être consultés et avoir pris conseil do
leurs camarades de 2' année qui approuvèrent
leur intention de se refuser à faire cette compo-
sition, les 60 élèves remirent jeudi soir une
feuille blanche.
La direction de l'Ecole polytechnique avertit
alors les élèves qu'ils seraient consignés di-
manche et qu'ils devraient recommencer leur
composition ce jour-là. Les élèves de seconde
année résolurent de se solidariser avec leurs
camarades et de se consigner à leur tour; ceux
qui élaient sortis dans la soirée de samedi ren-
trèrent d-ahs la matinée à l'Ecole.
Or, persistant dans leur première manifesta-
lion, les soixante élèves do lce aunée remirent
de nouveau une feuille Llanche.
Celte persistance à refuser de composer fut
considérée par la direction de l'Ecole comme
rn cas grave de désobéissance et les soixante
élèvos furent avertis hier matin qu'ils quitte-
raient l'Ecole aujourd'hui dansla malinéeet se-
raient incorporés dans des régiments d'arlillo-
rie. On sait que les élèves de l'Ecole contrac-
tent on entrant à Polytechnique un engage-
ment militaire de trois ans.
Ce matin les soixante élèves seront dirigés,
quatre par quatre, sur diverses garnisons et
placés, comme simples soldats, dans quiuze ré-
giments d'artillerie. -
LA JOURNEEi
PARLEMENTAIRE
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DE LA GUERRE
M. Lasies a questionné le ministre de la
guerre au sujet des incidents de Poitiers. Il
s'agissait de la solde de l'artillerie. Saisissez-
vous le rapport ? Il ost difficile de l'aperce-
voir.
— Je vous répondrai, a dit le général André,
mais après le budget.
M. Lasies a dû se résigner.
Il a été beaucoup question, ensuite, des mé-
dailles militaires.
Est il un sous offlcicier rengagé qui ne se
croie dos droits à la médaille ?
— Alors, a fait observer M. Berteaux, il fau-
drait augmenter le nombre des médailles.
Enfin, un projet de résolution de M. Le Hé-
rissé, pour une abondante distribution des dé-
corations dont il s'agit aux militaires de la
gendarmerie et des troupes coloniales a été
renvoyé à la eommission de l'armée.
Le vin dans l'armée
M. Albert Sarraut, notre aimable et très
« intellectuel confrère,qui représente le dépar-
tement de l'Aude depuis les dernièreséleclions,
a fait ses débuts à la tribune. Il s'est montré
orateur élégant et parlementaire persuasif. Il
sera à la Chambre beaucoup plus qu'une « uti-
lité ».
Il demandait une augmentation de 1.200.000
francs pour distribution de vin aux soldats.
— Ah ! ont dit quelques uns, les méri-
dionaux veulent toujours nous faire acheter
du vin.
— Mais, je vous assure, ont repris les dépu-
tés dos régions viticoles, que les soldats ne
tiennent pas à boire seulement de l'eau.
M. Sarraut. — Nul ne peut contester la né-
cessité de compléter l'alimentation du soldat par
une distribution de vin car le vin est de nature à pro-
curer à nos troupes un supplément d'énergie. L'an-
née dernière la Chambre avait volé dans ce but une
augmentation que le Sénat a réduite ; elle n3
voudra pas, cette année, émettre un vote contraire.
La campagne de Chine a prouvé que le soldat
auquel on donne du vin est bien plus solide que ce-
lui qui boit de l'eau.
M. Maujan, rapporteur. — La commission a
consenti une augmentation de 500,000 francs afin
de donner satisfaction aux auteurs de l'amende-
ment, comme elle consentira tout à l'heure une
augmentaiion de 500,000 francs pour la ration de
viande; mais elle ne peut pas faire plus.
M. Sarraut. — L'année dernière, la Cham-
bre a voté un million pour augmenter la ration de
viande ; on s'en est servi pour améliorer le maté-
riel de cuisine et les procédés de cuisson. Je' de
mande une augmentation spéciale pour le vin.
Le général André. — Puisque je suis mis
en cause par M. Sarraut, je dois répondre un mot.
Nous avions un matériel de cuisine et de four-
neaux tellement insuffisant qu'on était souvent
obligé de porter des plats chez les boulangers pour
les faire cuire. Il en résultait une dépense que
l'amélioration du matériel a supprimée et l'écono-
mie réalisée a servi à augmenter la ration de
viande.
M. Dejeante demando la suppression des au-
môniers militaires.
M. Jumel. — Il est tout à fait extraordinaire
que les aumôniers figurent dans le chapitre du per-
sonnel de santé.
M. du Halgouet. - C'est parce qu'ils s'occu-
pent de la santé morale. (Rires.)
L'amendement est repoussé par 305 voix con-
tre 221.
MM. Coutant, Fernand David, Chapuis et le
général André présentent quelques observa-
tions au sujet des soldats qui meurent sous les
drapeaux. Les corps des hommes qui n'auront
pas succombé à une maladie contagieuse seront
toujours rendus aux familles, et un crédit spé-
cial est inscrit pour les familles nécessiteuses.
Le « rabiot »
M. Thivrier demande la suppression de l'ini-
que peine du « rabiot ». On en reparlera en
discutant la loi de deux ans.
M. Colliard. — Les certificats de bonne con-
duite sont refusés à un trop grand nombre de mili-
taires, ce qui les empêche souvent de trouver un
emploi.
Le général André. — Ces certificats sont
établis par le colonel et un comité spécial qui eré-
setnte toutes les garanties d'impartialité.
On pourra, si l'on veut, étudier la suppression to-
tale de ce certificat, mais, pour l'instant, je pense
que seuls les bons sujets auraient àsouffrirde cette
suppression.
M. Ioulain. — Nos soldats vont ali régiment
égaux, ils doivent en revenir égaux (exclamations).
Je ne dis pas égaux en grade. Je dis qu'un mili-
taire n'est pas un malfaiteur parce qu'il aura fait
quelques jours de prison au régiment et qu'on ne
doit pas lui refuser son certificat de bonne conduite.
(Vifs applaudissements.)
A la commission de l'armée est renvoyé un
projet de résolution de M. Colliard, invitant le
ministre à soutenir la suppression du certificat
dans la loi de deux ans.
Un amendement de M. Le Hérissé — dimi-
nution de 500.000 fr. sur la cavalerie des of-
ficiers supérieurs, est adopté à l'unanimité.
On adopte, avant de partir, un projet de ré-
solution de M. Charpentier, pour le relèvement
des salaires des travailleurs des arsenaux.
H. D.
Les Coulisses des Chambres
Pour les instituteurs de l'Aisne
Le ministre de l'instruction publique a reçu
hier malin une délégation dos sénatours, dé-
putés et conseillers généraux du département
de l'Aisne, accompagnée du préfet de Laon.
La délégation venait demander au ministre
d'accorder au Conseil général, en vue du relè-
vement du traitement do débuldesinstituteurs,
une allocation do 20,000 fr., égale à celle que
le Conseil général de l'Aisne a déjà votée à cet
effet.
M. Chaumié a promis à la délégation de
porter le vœu dé la délégation au Conseil de
ministres, après s'être entendu avec son collè-
gue des finances.
Les assurances sur la vie
La commission rolative aux sociétés d'assu-
rances, présidée par M. Guieysse, a continué
d'examiner le projet du gouvernement sur le
contrôle et la surveillance des sociétés d'assu-
rances sur la vie.
En ce qui touche les polices d'accumulation,
elle a décidé que les bénélices réalisés annuel-
lement dans chaque groupe d'assurances
seraient portés aux comptes individuels de cha-
cun des contractants.
Elle a décidé en même temps que le fonds
spécial d'accumulalioa devrait être spécia-
lisé.
La médaille de Belfort
MM.Couyba, Schneider (Haut-Rhin) et plu-
sieurs de leurs collègues ont déposé à la loi de
finances une disposition instituant une mé-
daille commémoralive du siège de Belfort en
1870-71.
Par un autre amendement, M. Gauthier (de
Clagny) propose que cette médaille soit d6-
cernée pour lo siège de Bitche.
lies 28 et les 13 jotit-s
M. Maujnn, rapporteur du budget de la
guerre, a déposé hiur une proposition pour ré-
gler la question des périodes d'instruction dei
réservistes et des territoriaux. M. Maujan de-
mande que la durée des périodes d'instruction,
des réservistes et des territoriaux soit diminuéa
de moitié.
D'un autre côté, M. Maujan propose une
modification à l'articlo 45 de la loi de 1889 suri
le recrutement de l'armée en reconnaissant le
droit, pour chaque soldat, à un mois de cong;,
par an.
M. Maujan estime que ces deux réformes
apporteraient au budget une économie annuelle
d'une vingtaine de millions, tout en assurant la
mode d'instruction des soldats de l'armée active
et de la réserve, les périodes d'exercices ne
pouvant avoir lieu en dehors des manœuvres.
Le fonctionnement de la Conr de
Paris
Le garde des sceaux vient de soumettre à la
commission du budget et en môme temps à la
commission de la réforme judiciaire un article
additionnel à-la loi de finances de 1903 ayant
pour objet de consacrer la réforme qu'il veut
apporter au fonctionnement de la cour de Pa-
ris. Il propose la création de six sièges nou-*
veaux à la cour de Paris. el
Ces six sièges ne serviraient pas à créer une
chambre nouvelle ; ils seraient annexés à l'une
des chambres existantes et permettraient de
diviser celle-ci en deux sections de manière
que cette chambre siégeât tous les jours par
l'une ou l'autre de ses sections.
- Comme compensation à la dépense, le garde
des sceaux propose de supprimer un certain
nombre de sièges de conseillers dans les cours
de province, notamment Dijon et Agen.
Voir* à la 30 page
les Dernières Dépêches
de la nuitet
la Revue des Journaux
du matin
Comment conjurer le péril primaire
L'enseignement public laïque étant le seul
conforme à la science, à la morale humaine et
à l'ordre social lui-même, il est du devoir de
la République de le rendre obligatoire pour
tous nos fils, car tous ont droit à la Vérité.
Mais il nous faut pour cela un personnel suf-
fisant. A nous de conjurer ce péril primaire
qui n'est, hélas.! que trop réel et de faire les
sacrifices nécessaires au recrutement convena-
ble des instituteurs et des institulrices. Ce n'est
pas là seulement une sauvegarde pour la Ré-
publique, c'est aussi une dette de reconnais-
sance, ne l'oublions pas. Jusqu'ici nous avons
traité ces modernes apôtres en parias : nous
leur avons demandé beaucoup, ils nous ont
donné davantage (mutualités, cours d'adultes,
conférences, etc.) nous leur avons beaucoup
promis et nous n'avons rien tenu. Ne nous
étonnons donc pas si disette de candidats il y
a et si de nombreuses défections se produisent
chaque jour dans les rangs de ces travailleurs.
Nous avons dédaigné toutes leurs réclama-
tions peut-être parce que trop dignes et trop
justes ; voilà pourquoi je me permets aujour-
d'hui de rappeler à nos amis les plus urgen-
tes; qu'ils profitent de la discussion du budget
de l'instruction publique pour les faire valoir.
Nos instituteurs veulent la suppression des
rapports et des dossiers secrets, un diplôme
unique, la répartition plus équitable des retrai-
tes aux veuves, la libre possession de tous leurs
droits de citoyens, l'abolition du pourcentage,
l'égalité des salaires entre éducateurs et éduca-
trices et enfin l'élévation nécessaire do leurs
traitements : stagiaires 1.200 fr., 5* cbsse
1.500, 4* 1.800, 3e 2.000, 2' 2.200, et 1" 2.400.
Ils voulent toutes les classes accessibles à tous
et le passage d'une classe dans une autre après
5 ans de séjour dans la classe inférieure. Le
stage serait de 3 ans au plus.
Voilà le minimum de leurs desiderata, et la
France est assez riche pour payer ses meilleurs
serviteurs ; qu'on ne nous oppose pas de falta-'
cieuses raisons d'économies ! Donnons un peu
moins au canon, donnons un peu plus au livrer
et l'avenir du pays n'en sera que plus assuré ;
mais les promesses n'ont que trop duré, le
temps des demi-mesures est passé, et les cinq
sous de M. Bouvier charitablement offerts aux
plus affamés de nos maîtres ne sauveront pag
la situation.
Ne marchandons pas quand il s'agit pour un
pays du droit à la vêrilé, et montrons enfin
que la République n'est pas une ingrate pour
ceux qui la servent loyalement. — Jacques Le*
droit.
LA MARINE ALLEMANDE
(De notre correspondant parliculieri
Berlin, 2 février.
L'amirauté a décidé de créer à Wilhelmsh,.
ven une nouvelle cale pour torpilleurs. Elle a
dénoncé les traités das fermiers des terrains au
sud du canal d'Ems-IaLla, L'école da natation
militaire, au bord du canal, sera supprimée.
——————————— ————————.„
UIÉNÉLICK ET LA RUSSIE
(De notre correspondant particulierI
Saint-Pélersbou-g, 2 février.
Le négus Ménélick a prié le tsar de lui dési.
gner quelques grands dignitaires de la cour de
Russie, auxquels le négus a l'intention de con-
férer l'Ordre de l'Etoile d'Ethiopie, voulaut
ainsi manifester tes sentiments amicaux en-
vers la Russie.
Ménélick a annoncé en outre l'envci de quel.-J
ques cadeaux au gouverneur de Sa nt-Péters- i
bourg.
L'INSURRECTION AU MAROC
Les insurgés en déroute
Tanger, 2 février.
La première nouvelle de la capture du pré-
tendant est inexacte. Un courrier qui a quitté
Fez vendredi apporte la confirmation de la dé-
faite des troupes rebelles jeudi malin, mais il
contredit la nouvelle de la capture do Bou-
Hamara. Il ajoute qu'on ignore encore si son
corps est parmi les morts qu'on dit très nom-
breux. La victoire des troupes du sultan est
absolue et complète. Presque tous les partisans
du prétendant sont tués ou capturés. Le camp,
los approvisionnements, les munitions sont
tombés aux mains des soldats qui ont repris
l'artillerie perdue au cours de la bataille du 23
décembre. Lors même que le prélendaut se
serait échappé, il ne peut plus espérer trouver
de partisans car sa réputation de sainteté est
maintenant ruinée.
On n'a encore que peu de détails sur la ba-
taille, mais il parait que le camp a été surpris
et emporté d'assaut au lever du jour. La nau-
velle de la victoire a été rapidement connue
ici et a causé une grande joie. Beaucoup de Ii-.
ches habitants ont distribué des aumônes.
La capture du prétendant
Londres, 2 février.
On mande de Tanger au limes :
La légation anglaise a reçu la nouvello de
la capture du prétendant et l'a communiquée
aux autorités indigènes et autres.
Une nouvelle inexacte
Londres, 2 février.
Dans les milieux bien iutorwé. ou d £ clar<
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Related authors Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7572368s/f1.image ×
Search in the document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7572368s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7572368s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Staging
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7572368s/f1.image ×
Manage your personal area
Add this document
Add/See bookmark(s)
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7572368s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7572368s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7572368s/f1.image × Aide