Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-02-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 février 1903 03 février 1903
Description : 1903/02/03 (N12016). 1903/02/03 (N12016).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Ntimèro»; PARIS & DÉPARTEMENTS
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No 12016 — Mardi 3 Février 1903
15 PLUVIOSE AN 111
AINHXISTUATIOX ; 14, rue du Mail
Adresser lettres et mandais à l'lldmiuislrateu
NOS LEADERS
mimiass
Ce matin, c'était au tour de notre ami
le député d'être de méchante humeur.
Il sacrait, jurait, commettait vingt pé-
chés par minute contre les commande-
ments de Dieu et de l'Eglise et n'atten-
dit pas qu'on lui demamdàt les causes
de sa colère; car c'était une véritable
et aveugle colère.
LE DÉPUTÉ. — Nous rendent-ils assez
ridicules, hein ! avec leurs déclarations
et leurs dissertations philosophico-reli-
gieuses ? Fourbissent-ils avec assez de
zèle les armes dont nos adversaires se
serviront aux prochaines élections con-
tre tous les républicains ? On nous
oblige d'approuver un las de mesures
violentes et mal préparées, dans les-
quelles la police, l'armée, l'administra-
tion, le gouvernement lui-même furent
plus ou moins ridicules ; puis, quand on
a réuni sur nos têtes toutes les colères
de la réaction, toutes les railleries des
modérés, toutes les pommes cuites de
nos adversaires et de nos rivaux, on
nous tourne le dos pour faire risette au
pape, aux cardinaux, aux évêques et
aux curés, sans parler des congréga-
tions contemplatives et hospitalières. A
nous, demain, les coups de trique; à
eux, dès aujourd'hui, les 45 millions du
budget des cultes, lesgrasses prébendes,
les honneurs et les hommages du gou-
vernement. C'est intolérable !
LE PHILOSOPHE. — Il est visible aussi, -
cher ami, que votre nourrice no vous a
pas servi, en même temps que son lait,
les préceptes de Confucius. Vous sau-
riez qu'un homme en colère.
LE DÉPUTÉ. — Doit être traité par les
sages, dont vous êtes, comme un fou.
Je le sais. Mais je sais aussi qu'il est
très facile de conserver son sang-froid,
et de se poser en philosophe, quand on
est fort tranquille au coin de son feu,
les pieds sur les chenets et regardant
par la fenêtre les batailles de la poli-
tique. C'est peut-être plus difficile quand
on est au cœur du combat, quand on
reçoit les coups et quand on voit, sur-
tout, que les armes et les projectiles
sont fournis à l'ennemi par ceux-là mê-
mes qui vous ont conduits au feu.
LE MAITRE DE LA MAISON. — En SOMME,
do quoi vous plaignez-vous, mon cher
ami ? Est-ce de l'appui donné au budget
des cultes par le gouvernement ? Vous
deviez-vous y attendre. Le président
du conseil ne vous a promis, en arri-
vant au pouvoir, ni sa suppression ni
l'abrogation du Concordat, ni la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat. Il ne vous
a même pas promis la suppression de
toutes les congrégations religieuses. Il
n'a pas dissimulé qu'il avait de très
grandes sympathies pour les congréga-
tions contemplatives..,
LE DÉPUTÉ. — Qui sont des fabriques
de fous et de folles. Vous ne le conteste-
rez pas. Notre évêque lui-même ne sau-
rail le nier.
LE MAITRE DE LA MAISON. — Pour les
congrégations hospitalières et pour les
congrégations de missionnaires.,.
LE DÉPUTÉ. — Qui nous font détester
en Chine, en Afrique, partout, sans
servir nulle part nos intérêts.
LE MAITRE DE LA ÍliAISO.- Vous savie?
tout cela et vous n'auriez pas dû être
si stupéfié que vous le fûtes, quand le
président du conseil pria la Chambre
de voter le budget des cultes, c'est-à-
dire, en somme, de consacrer, par un
vote nouveau, le programme gouverne-
mental.
LE DÉPUTÉ. — Ce n'est point de cela
que je me plains. Tout le monde sait,
au Parlement et dans le pays, que les
votes d'une partie des républicains,
dans la question du budget des cultes,
comme dans celle de l'ambassade du
Vatican, et d'autres encore, ne sont que
des manifestations platoniques. Aucun
électeur n'ignore cela.
L'ÉLECTEUR. — C'est incontestable.
Nous ne sommes pas assez naïfs pour
croire qu'il soit possible de régler la
question des rapports de l'Eglise et de
l'Etat par une simple décision budgé-
taire ; mais nous tenons à la manifes-
tation platonique dont parle notre cher
député ; parce que nous désirons que le
parti républicain soit tenu en haleine.
qu'il no perde pas de vue le problème le
plus important, sans aucun doute, de
notre époque.
L'ÉVÉQUE TOLÉRANT. — Il me paraît, du
reste, évident qu'avant de prendre un
parti sur la question budgétaire, il fau-
drait régler d'abord celle du Concordat;
5e qui n'est point une petite affaire.
LE DÉPUTÉ. — Tout cela, je no l'ignore
point. Aussi n'est-co pas l'insistance
mise par le président du Conseil à faire
voter le budget des cultes qui a illdis-
pose nos amis et moi-même.
LE PHILOSOPHE. — Quelle est donc la
cause réelle de votre si violento colère ?
Serait-ce la déclaration faite par le pré-
sident du Conseil au sujet de sa doctri-
ne philosophique? Il vous a rappelé qu'il
était spiritualiste. Cela n'avait évidem-
ment rien de commun avec la discussion
budgétaire et politique ouverte devant
la Chambre. Au nom de la neutralité re-
ligieuse et philosophique qui doit être
le premier article du programme de
tout républicain lés électeurs n'ont pas
, 'fc vous demander compte de vos croyan-
ces religieuses ou de vos opinions phi-
losophiques et vous n'en devez point
parler à la Chambre. Cependant si ri-
gide que l'on puisse être sur ce princi-
pe, on ne saurait ériger en crime les dé-
clarations philosophiques faites par un
député ou un ministre.
LE DÉPUTÉ. — Vous ne nierez pas qu'il
y ait maladresse à le faire. C'est tout ce
que je veux. Et ce n'est pas du spiri-
tualisme plus ou moins métaphysique
introduit dans le débat du budget des
cultes que je me plains.
LE MAITRE DE LA MAISON. — Est-ce de
l'affirmation que « les idées religieuses
répandues par les Eglises sont des idées
nécessaires » ? Si c'est cette phrase qui
avait choqué vos amis, à l'audition du
discours, vous auriez tort de continuer
à vous plaindre, car elle ne se trouve
plus à l'Officiel sous la même forme
qu'au Compte rendlt analytique.
D'après le Journal officiel, le prési-
dent du Conseil a dit simplement :
« Nous considérons, en ce moment, les
idées morales telles que les Eglises les
donnent — et elles sont les seules à les
donner en dehors de l'école primaire —
comme des idées nécessaires. HUne large
satisfaction vous a donc été accordée,
entre l'Analytique, non revu par les ora-
teurs, et l'Officiel, qu'ils ont tous les
moyens de corriger, Est-ce que cela ne
vous satisfait pas?
LE DÉPUTÉ. — La première version
avait soulevé de vives interruptions à
gaucho. La seconde n'en provoquerait
pas moins, si elle était apportée à la
tribune, car il n'estpas admissible qu'un
gouvernement dont la base essentielle
est la neutralité dans le domaine phi-
losophique et religieux, qui a pour
premier devoir de respecter la pensée
de tous les citoyens, puisse affirmer
que « les idéss religieuses » ou les
« idées morales des Eglises » — ce qui
est à peu près la même chose — sont
« nécessaires». Si elles sont nécessai-
res, ceux-là sont coupables qui ne les
admettent pas. Et nous sommes nom-
breux, en France, dans ce cas.
LE PHILOSOPHE. - Il y a, d'abord, tous
ceux qui ont voté et fait voter les lois
scolaires de la République, avec Jules
Ferry en tête. Il y a ensuite tout le
parti républicain, depuis les plus modé-
rés jusqu'aux plus radicaux. Il y a enfin
tous nos instituteurs et institutrices
auxquels la loi impose de ne jamais
parler ni des « idées religieuses » ni des
« idées morales religieuses », parce
qu'elle sait très bien que, dans la pra-
tique, il est impossible d'établir entre
les religions, et leurs morales, la dis-
tinction que semblerait indiquer la
comparaison de l'Analytique avec l' Of-
ficiel.
LE DÉPUTÉ.— Ce qui est particulière-
ment grave, c'est que les paroles rap-
pelées tout à l'heure aient été pronon-
cées par le chef du gouvernement et au
nom du gouvernement. Et il est fort
naturel que la mauvaise humeur de nos
amis ait été très vive. Mais ce n'est pas
encore de cela que nous avons le plus
tt nous plaindre.
LE MAITRE DE LA MAISON. — Ce qui VOUS
a particulièrement blessé ce sont, sans
doute, les appréciations quelque peu
dédaigneuses du président du conseil
sur notre enseignement primaire.
LE DÉPUTÉ. — Sans doute, nous allons
y revenir; mais ce n'est pas seulement
cela qui a choqué nos amis, c'est aussi
que l'on prétende justifier le maintien
du Concordat et du budget dos cultes
par la nécessité de conserver l'ensei-
gnement religieux.
LE PHILOSOPHE. - Vous devez exagé-
rer, cher ami, il ne me paraît pas pos-
sible qu'un successeur de Jules Ferry et
Gambetta à la tête du gouvernement de
la République ait pu tenir un pareil
langage.
LE MAITRE DE LA MAISON. - Tenez, voici
l'Officiel. Je le lis textuellement: « Quand
nous avons pris le pouvoir, bien que
plusieurs d'entre nous fussent parti-
sans théoriquement de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat, nous avons déclaré
que nous nous tiendrions sur le terrain
du Concordat. Pourquoi?.
LE DÉPUTÉ. — Ecoutez la réponse à ce
pourquoi, mon cher philosophe, et vous
verrez si je suis aussi aveuglé par la
colère que.
LE MAITRE DE LA MAISON. — « Pourquoi ?
Parce que nous considérons, en ce mo-
ment, les idées morales telles que les
Eglises les donnent.
LE DÉPUTÉ. — N'oubliez pas qu'il a dit
et qu'il y a, en effet, à l'Analytique :
« Les idées religieuses ».
LE MAITRE DE LA MAISON. — Nous ne
l'avons pas oublié. Il était inutile de
couper ma lecture pour le rappeler. Je
reprends : « Pourquoi ? Parce que nous
considérons, en ce moment, les idées
morales telles que les Eglises les don-
nent — et elles sont seules à les donner
en dehors de 1 école primaire — comme
nécessaires. »
LE DÉPUTÉ. — Est-ce assez clair? Dit-
on assez nettement que, s'il ne faut pas
séparer l'Eglise de l'Etat, c'est afin de
conserver à l'Eglise l'autorité officielle
qui fait sa force ? Mais cela n'est encore
rien. Ce qui a mécontenté mes amis au
plus haut degré, c'est la véritable accu-
sation d'incapacité adressée par le pré-
sident du Conseil à notre enseignement
primaire. Et ces accusations nous ont
tous impressionnés d'autant plus péni-
blement que le président avait eu soin
de d&tem
son nom personnel, mais au nom du
gouvernement tout entier.
LE MAITRE DE LA MAISON. - Voulez-vous
que je lise l'Officiel? Mais ne m'inter-
rompez pas, ô bouillant parlementaire !
Voici, textuellement, les paroles pro-
noncées par le président du Conseil :
« Je ne crois pas que la majorité, que
dis-je? que la presque unanimité des
Français, puisse se contenter de simples
idées morales, telles qu'on les donne ac-
tuellement dans l'enseignement superfi-
ciel et borné de nos écoles primaire9.»
LE PHILOSOPHE. — Il est inutile d'aller
plus loin. Je finirais par m'associer a la
méchante humeur de notre représen-
tant. Je lui dois des excuses. Il est cer-
tain que jamais, depuis trente ans, au-
cun ministre n'avait tenu pareil langa-
ge. C'est la condamnation sans phrase
de tout notre enseignement primaire.
C'est la justification de ceux qui défen-
dent les congrégations enseignantes.
C'est la suspicion jetée sur tous nos ins-
tituteurs par le chef du gouvernement
le plus anticlérical, dans ses actes et ses
discours antérieurs, qu'il y ait encore
eu dans ce pays.
Que pourra-t-il répondre, mainte-
nant, aux partisans des congrégations
enseignantes ? Leur dira-t-il qu'il y a
dans les écoles laïques de la place pour
leurs élèves ? On lui répondra que si
les bancs n'y font pas défaut, on n'y
trouve pas de morale et on n'y donne
qu'un « enseignement superficiel et
borné ». Et on le battra avec les verges
qu'il a lui-même préparées.
Je voudrais bien, mon cher Tolé-
rant, avoir votre opinion sur tout cela.
L'ÉVÊQUE TOLÉRANT. — Mon avis est
que c'est beaucoup d'huile jetée sur
beaucoup de feu. Ce sont bien des pas-
sions excitées par ceux qui devraient
avoir le plus de souci de les apaiser.
C'est, si vous voulez toute ma pensée,
la question des congrégations, qu'il
était relativement facile de résoudre
avec de la prudence et de la sagesse,
transportée sur un terrain où il sera
impossible d'empêcher que les intérêts
de l'Eglise entière soient engagés. Ah!
si les chefs de gouvernement pouvaient
suivre les prescriptions de notre divin
maître ; s'ils avaient soin de « tourner
sept fois leur langue dans leur bouche »
avant de parler, quel bien il en résulte-
rait pour les intérêts dont ils assument
la charge !
J.-L. de Lanessan.
DE L'INDULGENCE !
Los statistiques criminelles de ces dernières
années révèlent une augmentation notable du
nombre des personnes poursuivies et con-
damnées pour vol dans les grands magasins.
Bien qu'en général assez doux, et habitués à
accorder toujours la loi Bérenger pour la pre-
mière infraction, les magistrats ne sont point
pourtant assez indulgents. Dans une magis-
trale étude sur les « voleuses des grands maga-
sins », M. le docteur Paul Dubuisson, dont la
compétence on matière aliéniste est indiscuta-
ble, démontre que la plupart des individus ar-
rêtés sont à moitié irresponsables.
M. le docteur Dubuisson est, depuis plu-
sieurs années, expert près le tribunal de la
Seine. A ce titre, il a dû examiner un grand
nombre de délinquantes, mais pas assez à son
gré. Comme il s'agit, tout au moins pour le
premier vol,d'une condamnation légère et tem-
pérée la plupart du temps par l'application de
la loi de sursis, les juges d'instruction du Par-
quet de la Seine sont excessivement économes
d'ordonnances d'expertise. L'examen mental
allonge la procédure et la rend plus coûteuse.
On le supprime, et 1e prévenu s'en plaint ra-
rement. Ce Qu'est que dans les cas tout à
fait exceptionnels, où des renseignements pré-
cis sont fournis sur les antécédents héréditaires
et morbides du sujet que l'on se risque à re-
courir aux lumières de l'aliéniste.
Or, il se trouve que presque toutes les vo-
leuses examinées dans ces conditions sont dé-
clarées, pour des causes diverses, irresponsa-
bles. Le médecin a le plus souvent devant lui
des personnes dont la mentalité est atteinte,
dont le sens moral est affaibli, par suite de
circonstances diverses.
Et, c'est ainsi que devient intéressante la
thèse du Dl Dubuisson ; une responsabilité
relative incombe aux grands magasins eux-
mêmes qui, par la variété et l'attrait dos éta-
lages, le défaut de surveillance apparente,
rendent le vol plus fréquent en organisant
la tentation.
Il suffit de traverser ces grands halls du
commerce moderne à l'heure où les femmes se
pressent autour des comptoirs, pour se rendre
compte de l'espèce de griserie spéciale qui s'em-
paro d'elles et parfois les entraîne irrésistible-
ment à dérober les coupons de soie ou do den-
telle qui excitent leur convoitise.
M. Dubuisson a examiné des personnes d'une
honorabilité paTfaife, d'une situation defortune
enviable qui ont succombé dans un moment
d'inconscience et qui sont incapables, une fois
sorties de la fournaise, et dans la plein air de
la rue, de se rendre compte de la manière
dont elles ont pu être amenées à commettre
une soustraction frauduleuse.
Le cas est plus général qu'on ne lé croit,
aussi faut-il exiger une très grande indulgence
du magasin lui-même qui ne doit porter plainte
que quand il se trouve en présencedes voleuses
de profession et des magistrats qui ne doivent
statuer que complètement éclairés sur la men-
talité des inculpées. — L. Armbrustsv.
— «o» —
Frédéric le Grand et Washington
(De notre correspondant particulierI
Berlin, 1" février.
On sait que, par suite de circonstances spé-
ciales, l'inauguration de la statue de Frédéric
le Grand à Washington a dû être ajournée à
une époque indéterminée.
Entre temps, les Allemands résidant à Louis-
ville, aux Etats-Unn, ont pris l'initiative do
rendre à l'Allemagne sa politesse et do faire à
la ville de Berlin cadeau d'une statue de Goor-
ges Washington.
Mais le cabinet de la Wilhelmsstrasse a fait
savoir, par son représentant diplomatique, aux
Allemands des Etats-Unis, que l'empereur
Guillaume considérerait comme une tentative
de propagande réptiblicàine ét comme une at-
teinte au principe monarchiste réfection d'un
monument da Was^'ii^tOû sur ànççltiw puWi*
que ":",;¡:' ., "';', ;::;;;
LA MAISON DOREE
La En des restaurants célèbres. -
Après Bignon et Tortoni. — Un
écho d'il y a vingt ans. — Le.
vieillard et les deux jeunes
hommes.
Non,il n'est pas trop tard pour parler encor d'elle.
Le début de 1903 appartient à la Maison Do-
rée, puisque la vente de ses vins, de son mobi-
lier, de son matériel, va peut-être se poursui-
vre ce mois-ci encore. Paris devient morose et
morne : provincial; sa réputation de bonne
humeur n'est plus guère qu'un souvenir. Par-
tout le lucre, l'orgueil et l'égoïame. L'avenir
n'est pas moins sombre quo 1e présent.
Le passé, même douloureux,
Tout seul a conservé des charmes.
Revenons donc sur nos pas, puisque aussi
bien l'actualité nous y convie : avant de voir
disparaître la Maison Dorée — après Tortoni et
Bignon — évoquons une dernière foi& ses om-
bres joyeuses, toutes glacées aujourd'hui dans
le spleen ou dans la mort.
J'ai pénétré celle semaine — pour la pre-
mièro fois — dans le célèbre rez-de-chaussée de
la rue Laffitte, avec l'intention d'acquérir un
ou plusieurs vestiges du restaurant en liquida-
tion. On y faisait queue; les derniers arrivés
entendaient dire que les vins étaient excellenls,
mais pas la moindre larme, blanche, rouge ou
rose, ne parvenait jusqu'à eux : le parterre
assis avait seul droit à la dégustation. Je tâ-
cherai, une autre fois, de devancer le parterre
debout.
Et, tandis que je consultais le catalogue, ou
suivais distraitement la marche des enchères,
je me remémorais la Dame aux Camélias, où
la Maison Dorée joue un rôle, et aussi une pi-
quante anecdote dont ce restaurant fut le cadre
il y a quelque vingt ans. En vous la racontant
je crois bien vous offrir une primeur. Je la
tiens de l'un de ses trois héros, et n'y ai joué
- aucun rôle actif. --
Une lointaine et piquante anecdote
Donc, en 1883 si vous voulez, vivait à Paris
une belle dame. Il n'était guère de grand bal
ou de grand dîner où elle ne parût, toujours
seule, quoiqu'elle fût indubitablement mariée.
On apercevait 1e mari aux côtés de sa femme
dans les Champs-Elysées, les après-midi du
dimanche. Mais en semaine il était invisible,
dans le monde et dans son ménage.
Le hasard fit que deux jeunes diplomates,
qui venaient en congé passer quelques mois
dans nos murs et qui n'avaient point encore
aperçu la belle, s'en éprirent dès la première
contredanse qu'elle voulut bien leur accorder.
Ils appartenaient tous deux à la même ambas-
sade et s'aimaient. comme deux frères : c'é-
taient les deux frères, en effet.
Deux coqs vivaient en paix.
La poule prévue s'érigea entre eux. Ils fré-
quentaient le monde où constamment elle se
montrait, et dame 1 ils finirent par s'avouer
qu'ils en étaient tombés amoureux. Les mœurs
mahométanes donnent à un seul homme une
légion de houris, mais deux Français amoureux
ne sauraient, je pense, s'accommoder d'une
même fille d'Eve. Une belle nuit qu'ils regar-
daient tournoyer et se pâmer la belle entre les
bras du premier danseur venu, ils s'attirèrent,
sans d'ailleurs les avoir provoqués ni vouloir
les suivre, les conseils d'un quinquagénaire qui
fréquentait partout où ils allaient. Les figures
mondaines ne sont pas si nombreuses qu'on ne
soit appelé à les reconnaître dès qu'on les ren-
contre, mais, à vrai dire, l'intrus — les jeunes
gens pouvaient l'appeler ainsi — recherchait
dans les bals la table de jeu plus que la salle
de danse.
Etrange proposition
- Messieurs, leur dit-il, vous savez que les
papillons ont tort de voleter trop près de la
lumière : vous vous y brûlerez, ou plutôt le-
quel de vous? Car je suppose que ce n'est point
un duo — un duo masculin, du moins — que
vous préparez ?
La jeunesse est confiante, et l'homme qui
pariait ne semblait pas animé de mauvaises
intentions. Un peu naïvement, ils lui firent
part de leur amour et de l'impossibilité de se
faire agréer tous deux.
— Mais, dit l'intrus, a-t-elle donné plus spé-
cialement de l'espoir à l'un de vous ?
Hélas ! non.
— Il serait donc plus sage de renoncer à
elle ?
Oh f jamais 1
- Eh bien, suivez l'exemple de l'Opéra-Co-
mique. « C'est le sort qui décidera. » Tenez,
vous m'êtes sympathiques et je suis tout prêt à
vous rendre service. Lo Maison Dorée est à
deux pas, allons-y souper. Chacun de nous
paiera son écot. Au dessert je m'éclipserai un
moment, vous demanderez ensamble l'addition
et celui à qui le garçon la remettra sera seul
admis à continuer sa cour. Est-ce dit ?
— C'est dit.
L'épilogue
Les trois hommes s'attablèrent dans un salon
de la Maison Dorée. Le souper fut assez gai, en
dépit de la crainte ou à cause de l'espoir que
réservait le dessort. Aux termes de la conven-
tion arrêtée, «le doyen» disparut avec l'arrivée
des liqueurs, et d'une seule voix les deux frères
demandèrent l'addition. Cinq minutes après,
tous trois étaient de nouveau réunis. Il y eut
un instant d'anxiété. Lo garçon reparut, l'ad-
dition en main, et sans la moindre hésita-
tiou, la tendit au quioquagénaira qui la
régla.
Comment? s'écrièrent les jeunes gens. N'é-
tait il pas convenu. — que le détenteur de la
note serait le vainqueur ? Je suis ce vain-
queur. de longue date. Vous m'en voulez ce
soir, vous me remercierez demain. Plaignez-
moi plutôt. Vous ne pourriez jamais m'envier.
comme je vous envie.
•
La Maison Dorée va fermer ses portes, c'est
grand dommage. Mais si jamais quelqu'un
s'avise d'en rédiger les annales, je lui recom-
mande l'ouecdolo dont je viens do me faire
l'écho. -
FERNAND Gendrier
>■' »
Encore la Maffia en Prusse
(D& noire correspondant particulierI
Berlin, 1" février.
Afin de mieux comprendre les odieuses ma-
chinations qui ont poussé au suicide le malheu-
reux préfet von Willich, il convient de dire
quelques mots sur la Maffia môme qui s'est
organisée dans la Prusse orientale.
On sait quo la Chambre a voté 100 millions
de marks pour le rachat des propriétés qui se
trouvent entre les mains des Polonais, et sur
lesquelles on veut établir des colons allemands.
Or, une bande noire, composée de Prussiens
très patriotes,fait de cette œuvre de germanisa-
tion l'objet du tripotage le plus éhouté. Les
affiliés achètent à vil prix dos terres, qu'ils
revendent à l'administration des fonds de la
germanisation; A la tôle do cette administra-
tion so trouve le commandant von Endell, qui,
pour débuter, s'est fait racheter à triple prix sa
propriété, archigrevce d'hypothéqués. II. a, on
eu Ire, fait de larges emprunts aux fonds de la
colonisation. Il y avait même une plainte.dépo..
sée cootro lui. Pour-çoticussion. Ma«,v;ça; irèsi
haut litfu, on a donné l'ordre au parquet do
classer celle affaire, qui a été renvoyée devant
la justice militaire.
C'est le procédé usuel en Prusse, quand on
veut blanchir quelqu'un. Le vieux Guillaume
l'a employé en 1875, lorsquo M. Lasker a révé-
lé des scandales financiers auprès desquels le
Panama n'est que du peiit lait.
M.von Willich a eu le tort très gravedefaire
une campagne contre les tripoteurs. Les gens
qui avaient promis de le soutenir ont eu des
défaillances au dernier moment. Ses adversai-
res ont su même faire égarer cetaines preuves
documentaires. Les concussionnaires et tripo-
teurs triomphent, tandis que M. von Willich a
dû succomber parce qu'il était honnôle. Sur
ce qui s'est pssÓ dans le fameux conseil d'hon-
neur dos officiers, oa aura bientôt des détails
assez piquants.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
-- ——
LES 13 JOURS
C'est sans grande émotion quo l'on a appris,
dans le publiera suppression, par la Chambre,
des crédits nécessités par les « treize jours » -
la suppression, par conséquent, des « treize
jours » eux-mêmes. A vrai dire, les intéressés
restent sceptiques. Ils pensent que le Sénat
rétablira ce que la Chambre a démoli. Il est,
du reste, très probable que le ministre de la
guerre renouvellera au Luxembourg les décla-
rations faites par lui au Palais-Bourbon.
Le général André tire ses principaux argu-
ments du projet de loi sur le service de deux
ans, projet dont le Sénat est justement saisi à
l'heure actuelle.
— Plus on réduira la durée du service actif,
estime le ministre de la guerre, plus on aura
besoin des périodes d'appel pour maintenir en
haleine réservistes et territoriaux.
Effectivement le nouveau projet de loi mili-
taire maintient les 28 et les 13 jours.
Cependant qui niera qu'il y ait quelque
chose à faire dans le sens indiqué par la Cham-
bre ? Evidemment, l'allègemont des charges
militaires doit profiter à tous les citoyens.
Ceux qui ont accompli trois ans ou même cinq
ans de - service méritent qu'on s'intéresse à leur
sort.
C'est à eux que profiterait la suppres-
sion des treize jours, et on s'accorde à recon-
naître que pour ces citoyens qui n'ont passé
que trop d'heures dans les casernes, la période
de deux somaines n'est pas indispensable.
Dans ces conditions, le Sénat songera peut-
être à suivre la Chambre. La suppression des
13 jours est une expérience à tenter. Elle ne
nuirait pas à l'instruction militaire des soldats
qui ont subi le régime de la loi de 1889. Et
avant que les conscrits de demain — ceux qui
feront deux ans de service seulement — soient
des territoriaux, le Parlement aura le temps
de méditer sur les avantages et les inconvé-
nients des treize jours.
Mais ce qui est peu logique, c'est que les
« soldats de trois ans soient astreints à une
période d'exercice qui leur est inutile » sous
prétexte que leurs cadets auront peut-être,
dans trois ou quatre lustres, besoin de se fa-
miliariser avec le service en campagne. - H.D.
-——————————— »
LE PORT DE DANTZIG
(De notre, correspondanl particulier)
Berlin, 1er février.
L'amirauté allemande a décidé d'agrandir
considérablement le port de Dantzig. Les frais
des travaux à exécuter sont évalués à trois mil-
lions de francs,
LA FEMME DU PRÉSIDENT CASTRO
(De notre correspondant particulierI
New-York, 1" février.
Un des correspondants d'un journal améri-
cain a su l'occasion d'être présenté à la femme
de M. Castro, président du Venezuela, qui vit
très retirée. Mme Castro était une simple fille
de ferme, quand elle rencontra son mari.
Elle en a gardé toute la simplicité. La femme
du chef d'Etat ne se permet qu'un seul luxe,
c'est d'avoir un secrétaire particulier, qui lui
sert aussi d'interprète, car elle ne comprend
que l'espagnol.
Mme Castro est d'une taille moyenne, tra-
pue; elle a le teint bistré, les yeux grands et
noirs; l'expression de sa physionomie est
d'une candeur presque enfantine. Elle n'a que
28 ans.
♦
LES ARMEMENTS DE LA TURQUIE
(De notre correspondant particulier)
Constantinople, 1" février.
Le gouvernement ottoman a payé 50.000 li-
vros, comme premier acompte pour la livraison
des 200.000 fusils Mauser qu'il a commandé
aux manufactures allemandes.
■» —————'—————
PROCÉDÉS CRIMINELS!
Depuis quelques mois nous nous occupons à
juste titre de l'enseignement irrationnel donné
par le? religieux et nous y reviendrons, d'ail-
leurs, car, de la disparition absolue de cet en-
seignement. dépendent le triomphe des prin-
cipes de 1789 et l'existence mémo de ia Répu-
blique.
A la veille, non pas de la discussion des au-
torisations, mais de l'abrogation delà loi Fal
loux. je me plais à attirer les regards de l'Etat
et particulièrement du ministre de l'instruction
publique sur les écoles enfantines ccngréga-
nisles.
Ces écoles mixtes, la plupart du temps diri-
gées par des maîtresses non diplômées, nuisent
énormément aux écoles publiques et laïques de
garçons en particulier et préparent à notre
pays des citoyens incapables. Non contentes de
toujours inculquer à nos fils des notions encore
plus superstitieuses que religieuses, cas dé-
vouées sorvantes de J. C., ces filles en révolte
contre nos lois, semblent surtout s'appliquer à
ne rien apprendre (et pour cause) aux enfants
qui doivent bientôt leur échapper pour « entrer
à la laïque ». 11 y a de ces classes où un enfant
qui sortirait à l'âge do sept ans sachant lira et
écrire serait un tel phénomèna qu'on pourrait
l'envoyer chez Barnum, sous ce titre :
Le savant inné.
C'est là un fait dont souffrent chaque année
des milliers d'instituteurs ; cet état de choses
peut être constaté chaque jour, car il n'est
malheureusement que trop répandu.
Ai-je besoin d'ajouter que les pauvres petits
qui nous occupent ont contracté des habitudos
de paresse contre lesquelles nos maîtres doi-
vont lutter; que leur esprit est beaucoup plus
lent et (je n'exagère pas) qu'à intelligence égale
les garçons sortis de l'école enfantine congré-
ganiste ont un retard de deux à trois ans sur
leurs camarades de la laïquo? Inutile, n'est-ce
pas, d'insister sur les fâcheuses conséquences
de cette situation, tant pour l'enfant que pour
le futur citoyen;
Mais, constatons ce procédé criminel, parmi
tant d'autres, de la 'part dèces célibataires en
cornette, signalons-le et oo l'oublions pas lors
de la discussion de ta loi Falloux. — Jacques
l.:fri', : ,,'-
LETTRE D'ITALIE
Encore le drame de Bltont). — La for-
t~Mw~KftMioT~n~t Mbfftfgtio. — lta
misère. - Artistes français en
Italie. - Nouveaux cardi-
naux. — Comment Léon
XIII a failli provo-
querune crise mi-
nistérielle.
(De notre correspondant spécial en Ua/ie;
Rome, 31 janvier.
Le drame de Bitonlo continue à préoccupe!
l'opinion. La lumière est loin d'être faite sur lif
mort do cette charmante jeune femme, que la
justice persiste à croire tuée par son mari, la
lieutenant Modugno, tandis qu'une grande par-
tie de la population serait plutôt tentée d4
croire à un sutcido.
Un fait qui contribue à rendre cette questiou
encore plus obscure et aussi à diviser l'opinion
c'est que, au moment où le drame se produisit,
lo lieutenant Modugno était sous le coup d'ua
conseil d'enquête.
On le disait fort riche et c'était vrai, mais
cette richesse était toute récente et datait jus-
tement de son retour de la Chine. Delà à faire
de malignes suppositions sur l'origine de sa
fortune, il n'y avait qu'un pas. Les uns di-
saient qu'il avait trouvé un trésor à Pékin ;
d'autres qu'il avait pris dans le palais impé-,
rial des objets de grand prix qui, vendus en
Europe,lui avaient rapporté de gros bénéfices.
On disait aussi qu'à Pékin il avait été chargé,
en qualité d'ingénieur, de travaux considéra-
bles, maisons, casernes, fortifications, etc.,
et que de tant d'argent dépensé il lui en était
resté pas mal dans les mains.
Enfin, on raconte aussi qu'il jouait beaucoup
et il était heureux au jeu. 11 aurait, devant le
conseil d'enquête, estimé à 40,000 fr. au moins
le total des sommes provenant de ses gains au
jeu et rapportées par lui de la Chine. La vente
d'un vase précieux provenanl du Palais d'Eté
et dont il s'était rendu acquéreur lui aurait
seule rapporté 200,000 francs.
Il convient d'attendre, pour se prononcer, le
résultat des investigations do la justice. Oa
doit cependant, à titre de renseignement, en-
registrer la protestation du lieutenant Cianci,
dont le nom avait été prononcé comme une
des causes du drame. M. Cianci a déclaré, dans
une lettre rendue publique, qu'il n'avait ja-
mais adressé la parole à Mme Modugno et
qu'il ne connaissait la jeune femme que de
vue. Il est d'ailleurs fiancé depuis quelques
mois à une jeune fille de Tarente.
Atroce détresse
Ne quittons pas la région (Bitonto est danï
les Pouilles) sans dire un mot de la misère
atroce qui désole le pays. Voici deux faits qui
on donneront une idée.
A Mottola, cinq paysans furent surpris cou-
pant du bois dans le bois communal de Saint-
Antoine. Les gardes forestiers procédèrent à
leur arrestation et le prêteur les condamna
comme voleurs. Heureusement pour eux, pas-
sait à ce moment par Mottola M. Gaieri, ins-
pecteur des travaux publics, chargé d'une mis-
sion par son ministère. Instruit du fait, il fut
pris de pitié, plaida la cause des misérables et
obtint leur mise en liberté.
Voici un passage de la supplique envoyée
par ces malheureux au procureur du roi à Ta-
rante :
Nous étions sans pain pour nourrir nos enfants
nous avions froid. Alors nous sommes allés au
bois qui nous appartient, puisqu'il est à tous, aq
bois communal de ST-Antoine, où chacun avait lt
droit de couper du bois pour lui et sa famille et à
nous cinq nous avons coupé pour soixante cenli
mes de bois. »
L'autre fait est la mort par la faim et pal
le froid, dans une misérable masure,d'un pau-
vre aveugle, Antoine Trayse, dont le père, an-
cien procureur général, était une des gloire?
de la magistrature italienne.
Le malheureux avait en vain frappé à toutes
les portes ; on lui avait même refusé l'assis
lance judiciaire pour réclamer des secours i
des parents riches.
Une tournée française
Nous avons eu ces jours-ci, au théâtre na
tional, une do vos artistes les plus applaudies;
Mlle Cheirel, du Palais Royal, je crois. Elle
fait partie d'une troupe française en représen-
tation sur les théâtres de nos principales vil-
les. Le répertoire de cette troupe est très bien
choisi, mais en raison même de son choix il
est très connu et la plupart des pièces qui le
composent ont déjà été représentées sur nos
théâtres,
Je suis allé la voir, l'autre soir, dans les
Maris de Léontine, très amusante comédie da
M. A. Capus où tous les artistes ont obtenu
uo réel succès. Je citerai, après MUe Cheiret,
MM. Baret, Burgeret et Hurteaux. Le public
n'était pas très nombreux, mais la qualité sup-
pléait à la quantité.
Au Vatican
Voici, pour terminer, quelques nouvelles du
Vatican. On assure que le pape,après avoir cé-
lébré en grande pompe la clôture do sou jubilé
pontifical, tiendra dans la première moitié du
mois de mars un consistoire pour la création
de nouveaux cardinaux. Ces derniers seront au
nombre de huit ou neuf. On donne comme cer-
tains les nomade «messeigneurs" Taliani,noncE
à Vienne, Ajuti, nonco à Lisbonne, Nocella, pa-
triarche de Constantinople, Péricoli, auditeur
de la chambre apostolique et Passeriai, patriar.
che d'Antioche.
Il y aurait deux ou troisétrangers.deux Au-
trichiens et un Allemand. Il n'est pas question
de Français ou plutôt il en est question pout
les exclure.
Un mot du pape
A propos du Vatican, vous savez qu'un mot
du pape (dirai-je une indiscrétion?) a failli pro.
voquer une crise ministérielle.
Tout récemment, on présentait à Léon XIII
les élèves d'une institution religieuse de Rome.
Parmi les noms qu'on lui citait, le pape entent
dit ceux de deux jeunes filles qu'on lui dit êtro
les filles de M. Cocco Ortie, ministre de l'ins-
truction publique; le pape fil un mouvement
mais, redevenant bien vite maître de lui, il au-
rait dit, en adressant sa bénédiction aux jeu-
nes filles : « Très bien, très bien, rendez bon'
aussi votre père ! »
Cette réflexion du pape a causé une émotion
qui n'est pas encore calmée. — Luigi Fossati.
L'INSURRECTION AU MAROC.
Le prétendant serait prisonnier
Peu pressé d'en venir aux mains
'Tanger, 1" février.
Le prétendant a suspendu sa marche sur Fca
et est retourné dans ses anciennes positions si-
tuées à environ huit milles, afin d'évitor tout
combat à ses troupes d'arrière-garde.
Des escarmouches, mais pas de ba-
tailles. r
Une dépêche de Tanger au Heraldo dit que
suivant les nouvelles do son correspondant à
Fez, après plusieurs escarmouches, les troupes
du Sultan auraient été obligées de se rélugiçc
à Fe1 avec cinquante caïds. ;
Opinion optimiste
;, Cadix, 1" février. i
Le correspondant de Yimparcial a interview
Ue Ntiméfd;! CENTIMES
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Adresser lettres et mandais à l'lldmiuislrateu
NOS LEADERS
mimiass
Ce matin, c'était au tour de notre ami
le député d'être de méchante humeur.
Il sacrait, jurait, commettait vingt pé-
chés par minute contre les commande-
ments de Dieu et de l'Eglise et n'atten-
dit pas qu'on lui demamdàt les causes
de sa colère; car c'était une véritable
et aveugle colère.
LE DÉPUTÉ. — Nous rendent-ils assez
ridicules, hein ! avec leurs déclarations
et leurs dissertations philosophico-reli-
gieuses ? Fourbissent-ils avec assez de
zèle les armes dont nos adversaires se
serviront aux prochaines élections con-
tre tous les républicains ? On nous
oblige d'approuver un las de mesures
violentes et mal préparées, dans les-
quelles la police, l'armée, l'administra-
tion, le gouvernement lui-même furent
plus ou moins ridicules ; puis, quand on
a réuni sur nos têtes toutes les colères
de la réaction, toutes les railleries des
modérés, toutes les pommes cuites de
nos adversaires et de nos rivaux, on
nous tourne le dos pour faire risette au
pape, aux cardinaux, aux évêques et
aux curés, sans parler des congréga-
tions contemplatives et hospitalières. A
nous, demain, les coups de trique; à
eux, dès aujourd'hui, les 45 millions du
budget des cultes, lesgrasses prébendes,
les honneurs et les hommages du gou-
vernement. C'est intolérable !
LE PHILOSOPHE. — Il est visible aussi, -
cher ami, que votre nourrice no vous a
pas servi, en même temps que son lait,
les préceptes de Confucius. Vous sau-
riez qu'un homme en colère.
LE DÉPUTÉ. — Doit être traité par les
sages, dont vous êtes, comme un fou.
Je le sais. Mais je sais aussi qu'il est
très facile de conserver son sang-froid,
et de se poser en philosophe, quand on
est fort tranquille au coin de son feu,
les pieds sur les chenets et regardant
par la fenêtre les batailles de la poli-
tique. C'est peut-être plus difficile quand
on est au cœur du combat, quand on
reçoit les coups et quand on voit, sur-
tout, que les armes et les projectiles
sont fournis à l'ennemi par ceux-là mê-
mes qui vous ont conduits au feu.
LE MAITRE DE LA MAISON. — En SOMME,
do quoi vous plaignez-vous, mon cher
ami ? Est-ce de l'appui donné au budget
des cultes par le gouvernement ? Vous
deviez-vous y attendre. Le président
du conseil ne vous a promis, en arri-
vant au pouvoir, ni sa suppression ni
l'abrogation du Concordat, ni la sépa-
ration de l'Eglise et de l'Etat. Il ne vous
a même pas promis la suppression de
toutes les congrégations religieuses. Il
n'a pas dissimulé qu'il avait de très
grandes sympathies pour les congréga-
tions contemplatives..,
LE DÉPUTÉ. — Qui sont des fabriques
de fous et de folles. Vous ne le conteste-
rez pas. Notre évêque lui-même ne sau-
rail le nier.
LE MAITRE DE LA MAISON. — Pour les
congrégations hospitalières et pour les
congrégations de missionnaires.,.
LE DÉPUTÉ. — Qui nous font détester
en Chine, en Afrique, partout, sans
servir nulle part nos intérêts.
LE MAITRE DE LA ÍliAISO.- Vous savie?
tout cela et vous n'auriez pas dû être
si stupéfié que vous le fûtes, quand le
président du conseil pria la Chambre
de voter le budget des cultes, c'est-à-
dire, en somme, de consacrer, par un
vote nouveau, le programme gouverne-
mental.
LE DÉPUTÉ. — Ce n'est point de cela
que je me plains. Tout le monde sait,
au Parlement et dans le pays, que les
votes d'une partie des républicains,
dans la question du budget des cultes,
comme dans celle de l'ambassade du
Vatican, et d'autres encore, ne sont que
des manifestations platoniques. Aucun
électeur n'ignore cela.
L'ÉLECTEUR. — C'est incontestable.
Nous ne sommes pas assez naïfs pour
croire qu'il soit possible de régler la
question des rapports de l'Eglise et de
l'Etat par une simple décision budgé-
taire ; mais nous tenons à la manifes-
tation platonique dont parle notre cher
député ; parce que nous désirons que le
parti républicain soit tenu en haleine.
qu'il no perde pas de vue le problème le
plus important, sans aucun doute, de
notre époque.
L'ÉVÉQUE TOLÉRANT. — Il me paraît, du
reste, évident qu'avant de prendre un
parti sur la question budgétaire, il fau-
drait régler d'abord celle du Concordat;
5e qui n'est point une petite affaire.
LE DÉPUTÉ. — Tout cela, je no l'ignore
point. Aussi n'est-co pas l'insistance
mise par le président du Conseil à faire
voter le budget des cultes qui a illdis-
pose nos amis et moi-même.
LE PHILOSOPHE. — Quelle est donc la
cause réelle de votre si violento colère ?
Serait-ce la déclaration faite par le pré-
sident du Conseil au sujet de sa doctri-
ne philosophique? Il vous a rappelé qu'il
était spiritualiste. Cela n'avait évidem-
ment rien de commun avec la discussion
budgétaire et politique ouverte devant
la Chambre. Au nom de la neutralité re-
ligieuse et philosophique qui doit être
le premier article du programme de
tout républicain lés électeurs n'ont pas
, 'fc vous demander compte de vos croyan-
ces religieuses ou de vos opinions phi-
losophiques et vous n'en devez point
parler à la Chambre. Cependant si ri-
gide que l'on puisse être sur ce princi-
pe, on ne saurait ériger en crime les dé-
clarations philosophiques faites par un
député ou un ministre.
LE DÉPUTÉ. — Vous ne nierez pas qu'il
y ait maladresse à le faire. C'est tout ce
que je veux. Et ce n'est pas du spiri-
tualisme plus ou moins métaphysique
introduit dans le débat du budget des
cultes que je me plains.
LE MAITRE DE LA MAISON. — Est-ce de
l'affirmation que « les idées religieuses
répandues par les Eglises sont des idées
nécessaires » ? Si c'est cette phrase qui
avait choqué vos amis, à l'audition du
discours, vous auriez tort de continuer
à vous plaindre, car elle ne se trouve
plus à l'Officiel sous la même forme
qu'au Compte rendlt analytique.
D'après le Journal officiel, le prési-
dent du Conseil a dit simplement :
« Nous considérons, en ce moment, les
idées morales telles que les Eglises les
donnent — et elles sont les seules à les
donner en dehors de l'école primaire —
comme des idées nécessaires. HUne large
satisfaction vous a donc été accordée,
entre l'Analytique, non revu par les ora-
teurs, et l'Officiel, qu'ils ont tous les
moyens de corriger, Est-ce que cela ne
vous satisfait pas?
LE DÉPUTÉ. — La première version
avait soulevé de vives interruptions à
gaucho. La seconde n'en provoquerait
pas moins, si elle était apportée à la
tribune, car il n'estpas admissible qu'un
gouvernement dont la base essentielle
est la neutralité dans le domaine phi-
losophique et religieux, qui a pour
premier devoir de respecter la pensée
de tous les citoyens, puisse affirmer
que « les idéss religieuses » ou les
« idées morales des Eglises » — ce qui
est à peu près la même chose — sont
« nécessaires». Si elles sont nécessai-
res, ceux-là sont coupables qui ne les
admettent pas. Et nous sommes nom-
breux, en France, dans ce cas.
LE PHILOSOPHE. - Il y a, d'abord, tous
ceux qui ont voté et fait voter les lois
scolaires de la République, avec Jules
Ferry en tête. Il y a ensuite tout le
parti républicain, depuis les plus modé-
rés jusqu'aux plus radicaux. Il y a enfin
tous nos instituteurs et institutrices
auxquels la loi impose de ne jamais
parler ni des « idées religieuses » ni des
« idées morales religieuses », parce
qu'elle sait très bien que, dans la pra-
tique, il est impossible d'établir entre
les religions, et leurs morales, la dis-
tinction que semblerait indiquer la
comparaison de l'Analytique avec l' Of-
ficiel.
LE DÉPUTÉ.— Ce qui est particulière-
ment grave, c'est que les paroles rap-
pelées tout à l'heure aient été pronon-
cées par le chef du gouvernement et au
nom du gouvernement. Et il est fort
naturel que la mauvaise humeur de nos
amis ait été très vive. Mais ce n'est pas
encore de cela que nous avons le plus
tt nous plaindre.
LE MAITRE DE LA MAISON. — Ce qui VOUS
a particulièrement blessé ce sont, sans
doute, les appréciations quelque peu
dédaigneuses du président du conseil
sur notre enseignement primaire.
LE DÉPUTÉ. — Sans doute, nous allons
y revenir; mais ce n'est pas seulement
cela qui a choqué nos amis, c'est aussi
que l'on prétende justifier le maintien
du Concordat et du budget dos cultes
par la nécessité de conserver l'ensei-
gnement religieux.
LE PHILOSOPHE. - Vous devez exagé-
rer, cher ami, il ne me paraît pas pos-
sible qu'un successeur de Jules Ferry et
Gambetta à la tête du gouvernement de
la République ait pu tenir un pareil
langage.
LE MAITRE DE LA MAISON. - Tenez, voici
l'Officiel. Je le lis textuellement: « Quand
nous avons pris le pouvoir, bien que
plusieurs d'entre nous fussent parti-
sans théoriquement de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat, nous avons déclaré
que nous nous tiendrions sur le terrain
du Concordat. Pourquoi?.
LE DÉPUTÉ. — Ecoutez la réponse à ce
pourquoi, mon cher philosophe, et vous
verrez si je suis aussi aveuglé par la
colère que.
LE MAITRE DE LA MAISON. — « Pourquoi ?
Parce que nous considérons, en ce mo-
ment, les idées morales telles que les
Eglises les donnent.
LE DÉPUTÉ. — N'oubliez pas qu'il a dit
et qu'il y a, en effet, à l'Analytique :
« Les idées religieuses ».
LE MAITRE DE LA MAISON. — Nous ne
l'avons pas oublié. Il était inutile de
couper ma lecture pour le rappeler. Je
reprends : « Pourquoi ? Parce que nous
considérons, en ce moment, les idées
morales telles que les Eglises les don-
nent — et elles sont seules à les donner
en dehors de 1 école primaire — comme
nécessaires. »
LE DÉPUTÉ. — Est-ce assez clair? Dit-
on assez nettement que, s'il ne faut pas
séparer l'Eglise de l'Etat, c'est afin de
conserver à l'Eglise l'autorité officielle
qui fait sa force ? Mais cela n'est encore
rien. Ce qui a mécontenté mes amis au
plus haut degré, c'est la véritable accu-
sation d'incapacité adressée par le pré-
sident du Conseil à notre enseignement
primaire. Et ces accusations nous ont
tous impressionnés d'autant plus péni-
blement que le président avait eu soin
de d&tem
son nom personnel, mais au nom du
gouvernement tout entier.
LE MAITRE DE LA MAISON. - Voulez-vous
que je lise l'Officiel? Mais ne m'inter-
rompez pas, ô bouillant parlementaire !
Voici, textuellement, les paroles pro-
noncées par le président du Conseil :
« Je ne crois pas que la majorité, que
dis-je? que la presque unanimité des
Français, puisse se contenter de simples
idées morales, telles qu'on les donne ac-
tuellement dans l'enseignement superfi-
ciel et borné de nos écoles primaire9.»
LE PHILOSOPHE. — Il est inutile d'aller
plus loin. Je finirais par m'associer a la
méchante humeur de notre représen-
tant. Je lui dois des excuses. Il est cer-
tain que jamais, depuis trente ans, au-
cun ministre n'avait tenu pareil langa-
ge. C'est la condamnation sans phrase
de tout notre enseignement primaire.
C'est la justification de ceux qui défen-
dent les congrégations enseignantes.
C'est la suspicion jetée sur tous nos ins-
tituteurs par le chef du gouvernement
le plus anticlérical, dans ses actes et ses
discours antérieurs, qu'il y ait encore
eu dans ce pays.
Que pourra-t-il répondre, mainte-
nant, aux partisans des congrégations
enseignantes ? Leur dira-t-il qu'il y a
dans les écoles laïques de la place pour
leurs élèves ? On lui répondra que si
les bancs n'y font pas défaut, on n'y
trouve pas de morale et on n'y donne
qu'un « enseignement superficiel et
borné ». Et on le battra avec les verges
qu'il a lui-même préparées.
Je voudrais bien, mon cher Tolé-
rant, avoir votre opinion sur tout cela.
L'ÉVÊQUE TOLÉRANT. — Mon avis est
que c'est beaucoup d'huile jetée sur
beaucoup de feu. Ce sont bien des pas-
sions excitées par ceux qui devraient
avoir le plus de souci de les apaiser.
C'est, si vous voulez toute ma pensée,
la question des congrégations, qu'il
était relativement facile de résoudre
avec de la prudence et de la sagesse,
transportée sur un terrain où il sera
impossible d'empêcher que les intérêts
de l'Eglise entière soient engagés. Ah!
si les chefs de gouvernement pouvaient
suivre les prescriptions de notre divin
maître ; s'ils avaient soin de « tourner
sept fois leur langue dans leur bouche »
avant de parler, quel bien il en résulte-
rait pour les intérêts dont ils assument
la charge !
J.-L. de Lanessan.
DE L'INDULGENCE !
Los statistiques criminelles de ces dernières
années révèlent une augmentation notable du
nombre des personnes poursuivies et con-
damnées pour vol dans les grands magasins.
Bien qu'en général assez doux, et habitués à
accorder toujours la loi Bérenger pour la pre-
mière infraction, les magistrats ne sont point
pourtant assez indulgents. Dans une magis-
trale étude sur les « voleuses des grands maga-
sins », M. le docteur Paul Dubuisson, dont la
compétence on matière aliéniste est indiscuta-
ble, démontre que la plupart des individus ar-
rêtés sont à moitié irresponsables.
M. le docteur Dubuisson est, depuis plu-
sieurs années, expert près le tribunal de la
Seine. A ce titre, il a dû examiner un grand
nombre de délinquantes, mais pas assez à son
gré. Comme il s'agit, tout au moins pour le
premier vol,d'une condamnation légère et tem-
pérée la plupart du temps par l'application de
la loi de sursis, les juges d'instruction du Par-
quet de la Seine sont excessivement économes
d'ordonnances d'expertise. L'examen mental
allonge la procédure et la rend plus coûteuse.
On le supprime, et 1e prévenu s'en plaint ra-
rement. Ce Qu'est que dans les cas tout à
fait exceptionnels, où des renseignements pré-
cis sont fournis sur les antécédents héréditaires
et morbides du sujet que l'on se risque à re-
courir aux lumières de l'aliéniste.
Or, il se trouve que presque toutes les vo-
leuses examinées dans ces conditions sont dé-
clarées, pour des causes diverses, irresponsa-
bles. Le médecin a le plus souvent devant lui
des personnes dont la mentalité est atteinte,
dont le sens moral est affaibli, par suite de
circonstances diverses.
Et, c'est ainsi que devient intéressante la
thèse du Dl Dubuisson ; une responsabilité
relative incombe aux grands magasins eux-
mêmes qui, par la variété et l'attrait dos éta-
lages, le défaut de surveillance apparente,
rendent le vol plus fréquent en organisant
la tentation.
Il suffit de traverser ces grands halls du
commerce moderne à l'heure où les femmes se
pressent autour des comptoirs, pour se rendre
compte de l'espèce de griserie spéciale qui s'em-
paro d'elles et parfois les entraîne irrésistible-
ment à dérober les coupons de soie ou do den-
telle qui excitent leur convoitise.
M. Dubuisson a examiné des personnes d'une
honorabilité paTfaife, d'une situation defortune
enviable qui ont succombé dans un moment
d'inconscience et qui sont incapables, une fois
sorties de la fournaise, et dans la plein air de
la rue, de se rendre compte de la manière
dont elles ont pu être amenées à commettre
une soustraction frauduleuse.
Le cas est plus général qu'on ne lé croit,
aussi faut-il exiger une très grande indulgence
du magasin lui-même qui ne doit porter plainte
que quand il se trouve en présencedes voleuses
de profession et des magistrats qui ne doivent
statuer que complètement éclairés sur la men-
talité des inculpées. — L. Armbrustsv.
— «o» —
Frédéric le Grand et Washington
(De notre correspondant particulierI
Berlin, 1" février.
On sait que, par suite de circonstances spé-
ciales, l'inauguration de la statue de Frédéric
le Grand à Washington a dû être ajournée à
une époque indéterminée.
Entre temps, les Allemands résidant à Louis-
ville, aux Etats-Unn, ont pris l'initiative do
rendre à l'Allemagne sa politesse et do faire à
la ville de Berlin cadeau d'une statue de Goor-
ges Washington.
Mais le cabinet de la Wilhelmsstrasse a fait
savoir, par son représentant diplomatique, aux
Allemands des Etats-Unis, que l'empereur
Guillaume considérerait comme une tentative
de propagande réptiblicàine ét comme une at-
teinte au principe monarchiste réfection d'un
monument da Was^'ii^tOû sur ànççltiw puWi*
que ":",;¡:' ., "';', ;::;;;
LA MAISON DOREE
La En des restaurants célèbres. -
Après Bignon et Tortoni. — Un
écho d'il y a vingt ans. — Le.
vieillard et les deux jeunes
hommes.
Non,il n'est pas trop tard pour parler encor d'elle.
Le début de 1903 appartient à la Maison Do-
rée, puisque la vente de ses vins, de son mobi-
lier, de son matériel, va peut-être se poursui-
vre ce mois-ci encore. Paris devient morose et
morne : provincial; sa réputation de bonne
humeur n'est plus guère qu'un souvenir. Par-
tout le lucre, l'orgueil et l'égoïame. L'avenir
n'est pas moins sombre quo 1e présent.
Le passé, même douloureux,
Tout seul a conservé des charmes.
Revenons donc sur nos pas, puisque aussi
bien l'actualité nous y convie : avant de voir
disparaître la Maison Dorée — après Tortoni et
Bignon — évoquons une dernière foi& ses om-
bres joyeuses, toutes glacées aujourd'hui dans
le spleen ou dans la mort.
J'ai pénétré celle semaine — pour la pre-
mièro fois — dans le célèbre rez-de-chaussée de
la rue Laffitte, avec l'intention d'acquérir un
ou plusieurs vestiges du restaurant en liquida-
tion. On y faisait queue; les derniers arrivés
entendaient dire que les vins étaient excellenls,
mais pas la moindre larme, blanche, rouge ou
rose, ne parvenait jusqu'à eux : le parterre
assis avait seul droit à la dégustation. Je tâ-
cherai, une autre fois, de devancer le parterre
debout.
Et, tandis que je consultais le catalogue, ou
suivais distraitement la marche des enchères,
je me remémorais la Dame aux Camélias, où
la Maison Dorée joue un rôle, et aussi une pi-
quante anecdote dont ce restaurant fut le cadre
il y a quelque vingt ans. En vous la racontant
je crois bien vous offrir une primeur. Je la
tiens de l'un de ses trois héros, et n'y ai joué
- aucun rôle actif. --
Une lointaine et piquante anecdote
Donc, en 1883 si vous voulez, vivait à Paris
une belle dame. Il n'était guère de grand bal
ou de grand dîner où elle ne parût, toujours
seule, quoiqu'elle fût indubitablement mariée.
On apercevait 1e mari aux côtés de sa femme
dans les Champs-Elysées, les après-midi du
dimanche. Mais en semaine il était invisible,
dans le monde et dans son ménage.
Le hasard fit que deux jeunes diplomates,
qui venaient en congé passer quelques mois
dans nos murs et qui n'avaient point encore
aperçu la belle, s'en éprirent dès la première
contredanse qu'elle voulut bien leur accorder.
Ils appartenaient tous deux à la même ambas-
sade et s'aimaient. comme deux frères : c'é-
taient les deux frères, en effet.
Deux coqs vivaient en paix.
La poule prévue s'érigea entre eux. Ils fré-
quentaient le monde où constamment elle se
montrait, et dame 1 ils finirent par s'avouer
qu'ils en étaient tombés amoureux. Les mœurs
mahométanes donnent à un seul homme une
légion de houris, mais deux Français amoureux
ne sauraient, je pense, s'accommoder d'une
même fille d'Eve. Une belle nuit qu'ils regar-
daient tournoyer et se pâmer la belle entre les
bras du premier danseur venu, ils s'attirèrent,
sans d'ailleurs les avoir provoqués ni vouloir
les suivre, les conseils d'un quinquagénaire qui
fréquentait partout où ils allaient. Les figures
mondaines ne sont pas si nombreuses qu'on ne
soit appelé à les reconnaître dès qu'on les ren-
contre, mais, à vrai dire, l'intrus — les jeunes
gens pouvaient l'appeler ainsi — recherchait
dans les bals la table de jeu plus que la salle
de danse.
Etrange proposition
- Messieurs, leur dit-il, vous savez que les
papillons ont tort de voleter trop près de la
lumière : vous vous y brûlerez, ou plutôt le-
quel de vous? Car je suppose que ce n'est point
un duo — un duo masculin, du moins — que
vous préparez ?
La jeunesse est confiante, et l'homme qui
pariait ne semblait pas animé de mauvaises
intentions. Un peu naïvement, ils lui firent
part de leur amour et de l'impossibilité de se
faire agréer tous deux.
— Mais, dit l'intrus, a-t-elle donné plus spé-
cialement de l'espoir à l'un de vous ?
Hélas ! non.
— Il serait donc plus sage de renoncer à
elle ?
Oh f jamais 1
- Eh bien, suivez l'exemple de l'Opéra-Co-
mique. « C'est le sort qui décidera. » Tenez,
vous m'êtes sympathiques et je suis tout prêt à
vous rendre service. Lo Maison Dorée est à
deux pas, allons-y souper. Chacun de nous
paiera son écot. Au dessert je m'éclipserai un
moment, vous demanderez ensamble l'addition
et celui à qui le garçon la remettra sera seul
admis à continuer sa cour. Est-ce dit ?
— C'est dit.
L'épilogue
Les trois hommes s'attablèrent dans un salon
de la Maison Dorée. Le souper fut assez gai, en
dépit de la crainte ou à cause de l'espoir que
réservait le dessort. Aux termes de la conven-
tion arrêtée, «le doyen» disparut avec l'arrivée
des liqueurs, et d'une seule voix les deux frères
demandèrent l'addition. Cinq minutes après,
tous trois étaient de nouveau réunis. Il y eut
un instant d'anxiété. Lo garçon reparut, l'ad-
dition en main, et sans la moindre hésita-
tiou, la tendit au quioquagénaira qui la
régla.
Comment? s'écrièrent les jeunes gens. N'é-
tait il pas convenu. — que le détenteur de la
note serait le vainqueur ? Je suis ce vain-
queur. de longue date. Vous m'en voulez ce
soir, vous me remercierez demain. Plaignez-
moi plutôt. Vous ne pourriez jamais m'envier.
comme je vous envie.
•
La Maison Dorée va fermer ses portes, c'est
grand dommage. Mais si jamais quelqu'un
s'avise d'en rédiger les annales, je lui recom-
mande l'ouecdolo dont je viens do me faire
l'écho. -
FERNAND Gendrier
>■' »
Encore la Maffia en Prusse
(D& noire correspondant particulierI
Berlin, 1" février.
Afin de mieux comprendre les odieuses ma-
chinations qui ont poussé au suicide le malheu-
reux préfet von Willich, il convient de dire
quelques mots sur la Maffia môme qui s'est
organisée dans la Prusse orientale.
On sait quo la Chambre a voté 100 millions
de marks pour le rachat des propriétés qui se
trouvent entre les mains des Polonais, et sur
lesquelles on veut établir des colons allemands.
Or, une bande noire, composée de Prussiens
très patriotes,fait de cette œuvre de germanisa-
tion l'objet du tripotage le plus éhouté. Les
affiliés achètent à vil prix dos terres, qu'ils
revendent à l'administration des fonds de la
germanisation; A la tôle do cette administra-
tion so trouve le commandant von Endell, qui,
pour débuter, s'est fait racheter à triple prix sa
propriété, archigrevce d'hypothéqués. II. a, on
eu Ire, fait de larges emprunts aux fonds de la
colonisation. Il y avait même une plainte.dépo..
sée cootro lui. Pour-çoticussion. Ma«,v;ça; irèsi
haut litfu, on a donné l'ordre au parquet do
classer celle affaire, qui a été renvoyée devant
la justice militaire.
C'est le procédé usuel en Prusse, quand on
veut blanchir quelqu'un. Le vieux Guillaume
l'a employé en 1875, lorsquo M. Lasker a révé-
lé des scandales financiers auprès desquels le
Panama n'est que du peiit lait.
M.von Willich a eu le tort très gravedefaire
une campagne contre les tripoteurs. Les gens
qui avaient promis de le soutenir ont eu des
défaillances au dernier moment. Ses adversai-
res ont su même faire égarer cetaines preuves
documentaires. Les concussionnaires et tripo-
teurs triomphent, tandis que M. von Willich a
dû succomber parce qu'il était honnôle. Sur
ce qui s'est pssÓ dans le fameux conseil d'hon-
neur dos officiers, oa aura bientôt des détails
assez piquants.
Voir à la 3° page
les Dernières Dépêches
-- ——
LES 13 JOURS
C'est sans grande émotion quo l'on a appris,
dans le publiera suppression, par la Chambre,
des crédits nécessités par les « treize jours » -
la suppression, par conséquent, des « treize
jours » eux-mêmes. A vrai dire, les intéressés
restent sceptiques. Ils pensent que le Sénat
rétablira ce que la Chambre a démoli. Il est,
du reste, très probable que le ministre de la
guerre renouvellera au Luxembourg les décla-
rations faites par lui au Palais-Bourbon.
Le général André tire ses principaux argu-
ments du projet de loi sur le service de deux
ans, projet dont le Sénat est justement saisi à
l'heure actuelle.
— Plus on réduira la durée du service actif,
estime le ministre de la guerre, plus on aura
besoin des périodes d'appel pour maintenir en
haleine réservistes et territoriaux.
Effectivement le nouveau projet de loi mili-
taire maintient les 28 et les 13 jours.
Cependant qui niera qu'il y ait quelque
chose à faire dans le sens indiqué par la Cham-
bre ? Evidemment, l'allègemont des charges
militaires doit profiter à tous les citoyens.
Ceux qui ont accompli trois ans ou même cinq
ans de - service méritent qu'on s'intéresse à leur
sort.
C'est à eux que profiterait la suppres-
sion des treize jours, et on s'accorde à recon-
naître que pour ces citoyens qui n'ont passé
que trop d'heures dans les casernes, la période
de deux somaines n'est pas indispensable.
Dans ces conditions, le Sénat songera peut-
être à suivre la Chambre. La suppression des
13 jours est une expérience à tenter. Elle ne
nuirait pas à l'instruction militaire des soldats
qui ont subi le régime de la loi de 1889. Et
avant que les conscrits de demain — ceux qui
feront deux ans de service seulement — soient
des territoriaux, le Parlement aura le temps
de méditer sur les avantages et les inconvé-
nients des treize jours.
Mais ce qui est peu logique, c'est que les
« soldats de trois ans soient astreints à une
période d'exercice qui leur est inutile » sous
prétexte que leurs cadets auront peut-être,
dans trois ou quatre lustres, besoin de se fa-
miliariser avec le service en campagne. - H.D.
-——————————— »
LE PORT DE DANTZIG
(De notre, correspondanl particulier)
Berlin, 1er février.
L'amirauté allemande a décidé d'agrandir
considérablement le port de Dantzig. Les frais
des travaux à exécuter sont évalués à trois mil-
lions de francs,
LA FEMME DU PRÉSIDENT CASTRO
(De notre correspondant particulierI
New-York, 1" février.
Un des correspondants d'un journal améri-
cain a su l'occasion d'être présenté à la femme
de M. Castro, président du Venezuela, qui vit
très retirée. Mme Castro était une simple fille
de ferme, quand elle rencontra son mari.
Elle en a gardé toute la simplicité. La femme
du chef d'Etat ne se permet qu'un seul luxe,
c'est d'avoir un secrétaire particulier, qui lui
sert aussi d'interprète, car elle ne comprend
que l'espagnol.
Mme Castro est d'une taille moyenne, tra-
pue; elle a le teint bistré, les yeux grands et
noirs; l'expression de sa physionomie est
d'une candeur presque enfantine. Elle n'a que
28 ans.
♦
LES ARMEMENTS DE LA TURQUIE
(De notre correspondant particulier)
Constantinople, 1" février.
Le gouvernement ottoman a payé 50.000 li-
vros, comme premier acompte pour la livraison
des 200.000 fusils Mauser qu'il a commandé
aux manufactures allemandes.
■» —————'—————
PROCÉDÉS CRIMINELS!
Depuis quelques mois nous nous occupons à
juste titre de l'enseignement irrationnel donné
par le? religieux et nous y reviendrons, d'ail-
leurs, car, de la disparition absolue de cet en-
seignement. dépendent le triomphe des prin-
cipes de 1789 et l'existence mémo de ia Répu-
blique.
A la veille, non pas de la discussion des au-
torisations, mais de l'abrogation delà loi Fal
loux. je me plais à attirer les regards de l'Etat
et particulièrement du ministre de l'instruction
publique sur les écoles enfantines ccngréga-
nisles.
Ces écoles mixtes, la plupart du temps diri-
gées par des maîtresses non diplômées, nuisent
énormément aux écoles publiques et laïques de
garçons en particulier et préparent à notre
pays des citoyens incapables. Non contentes de
toujours inculquer à nos fils des notions encore
plus superstitieuses que religieuses, cas dé-
vouées sorvantes de J. C., ces filles en révolte
contre nos lois, semblent surtout s'appliquer à
ne rien apprendre (et pour cause) aux enfants
qui doivent bientôt leur échapper pour « entrer
à la laïque ». 11 y a de ces classes où un enfant
qui sortirait à l'âge do sept ans sachant lira et
écrire serait un tel phénomèna qu'on pourrait
l'envoyer chez Barnum, sous ce titre :
Le savant inné.
C'est là un fait dont souffrent chaque année
des milliers d'instituteurs ; cet état de choses
peut être constaté chaque jour, car il n'est
malheureusement que trop répandu.
Ai-je besoin d'ajouter que les pauvres petits
qui nous occupent ont contracté des habitudos
de paresse contre lesquelles nos maîtres doi-
vont lutter; que leur esprit est beaucoup plus
lent et (je n'exagère pas) qu'à intelligence égale
les garçons sortis de l'école enfantine congré-
ganiste ont un retard de deux à trois ans sur
leurs camarades de la laïquo? Inutile, n'est-ce
pas, d'insister sur les fâcheuses conséquences
de cette situation, tant pour l'enfant que pour
le futur citoyen;
Mais, constatons ce procédé criminel, parmi
tant d'autres, de la 'part dèces célibataires en
cornette, signalons-le et oo l'oublions pas lors
de la discussion de ta loi Falloux. — Jacques
l.:fri', : ,,'-
LETTRE D'ITALIE
Encore le drame de Bltont). — La for-
t~Mw~KftMioT~n~t Mbfftfgtio. — lta
misère. - Artistes français en
Italie. - Nouveaux cardi-
naux. — Comment Léon
XIII a failli provo-
querune crise mi-
nistérielle.
(De notre correspondant spécial en Ua/ie;
Rome, 31 janvier.
Le drame de Bitonlo continue à préoccupe!
l'opinion. La lumière est loin d'être faite sur lif
mort do cette charmante jeune femme, que la
justice persiste à croire tuée par son mari, la
lieutenant Modugno, tandis qu'une grande par-
tie de la population serait plutôt tentée d4
croire à un sutcido.
Un fait qui contribue à rendre cette questiou
encore plus obscure et aussi à diviser l'opinion
c'est que, au moment où le drame se produisit,
lo lieutenant Modugno était sous le coup d'ua
conseil d'enquête.
On le disait fort riche et c'était vrai, mais
cette richesse était toute récente et datait jus-
tement de son retour de la Chine. Delà à faire
de malignes suppositions sur l'origine de sa
fortune, il n'y avait qu'un pas. Les uns di-
saient qu'il avait trouvé un trésor à Pékin ;
d'autres qu'il avait pris dans le palais impé-,
rial des objets de grand prix qui, vendus en
Europe,lui avaient rapporté de gros bénéfices.
On disait aussi qu'à Pékin il avait été chargé,
en qualité d'ingénieur, de travaux considéra-
bles, maisons, casernes, fortifications, etc.,
et que de tant d'argent dépensé il lui en était
resté pas mal dans les mains.
Enfin, on raconte aussi qu'il jouait beaucoup
et il était heureux au jeu. 11 aurait, devant le
conseil d'enquête, estimé à 40,000 fr. au moins
le total des sommes provenant de ses gains au
jeu et rapportées par lui de la Chine. La vente
d'un vase précieux provenanl du Palais d'Eté
et dont il s'était rendu acquéreur lui aurait
seule rapporté 200,000 francs.
Il convient d'attendre, pour se prononcer, le
résultat des investigations do la justice. Oa
doit cependant, à titre de renseignement, en-
registrer la protestation du lieutenant Cianci,
dont le nom avait été prononcé comme une
des causes du drame. M. Cianci a déclaré, dans
une lettre rendue publique, qu'il n'avait ja-
mais adressé la parole à Mme Modugno et
qu'il ne connaissait la jeune femme que de
vue. Il est d'ailleurs fiancé depuis quelques
mois à une jeune fille de Tarente.
Atroce détresse
Ne quittons pas la région (Bitonto est danï
les Pouilles) sans dire un mot de la misère
atroce qui désole le pays. Voici deux faits qui
on donneront une idée.
A Mottola, cinq paysans furent surpris cou-
pant du bois dans le bois communal de Saint-
Antoine. Les gardes forestiers procédèrent à
leur arrestation et le prêteur les condamna
comme voleurs. Heureusement pour eux, pas-
sait à ce moment par Mottola M. Gaieri, ins-
pecteur des travaux publics, chargé d'une mis-
sion par son ministère. Instruit du fait, il fut
pris de pitié, plaida la cause des misérables et
obtint leur mise en liberté.
Voici un passage de la supplique envoyée
par ces malheureux au procureur du roi à Ta-
rante :
Nous étions sans pain pour nourrir nos enfants
nous avions froid. Alors nous sommes allés au
bois qui nous appartient, puisqu'il est à tous, aq
bois communal de ST-Antoine, où chacun avait lt
droit de couper du bois pour lui et sa famille et à
nous cinq nous avons coupé pour soixante cenli
mes de bois. »
L'autre fait est la mort par la faim et pal
le froid, dans une misérable masure,d'un pau-
vre aveugle, Antoine Trayse, dont le père, an-
cien procureur général, était une des gloire?
de la magistrature italienne.
Le malheureux avait en vain frappé à toutes
les portes ; on lui avait même refusé l'assis
lance judiciaire pour réclamer des secours i
des parents riches.
Une tournée française
Nous avons eu ces jours-ci, au théâtre na
tional, une do vos artistes les plus applaudies;
Mlle Cheirel, du Palais Royal, je crois. Elle
fait partie d'une troupe française en représen-
tation sur les théâtres de nos principales vil-
les. Le répertoire de cette troupe est très bien
choisi, mais en raison même de son choix il
est très connu et la plupart des pièces qui le
composent ont déjà été représentées sur nos
théâtres,
Je suis allé la voir, l'autre soir, dans les
Maris de Léontine, très amusante comédie da
M. A. Capus où tous les artistes ont obtenu
uo réel succès. Je citerai, après MUe Cheiret,
MM. Baret, Burgeret et Hurteaux. Le public
n'était pas très nombreux, mais la qualité sup-
pléait à la quantité.
Au Vatican
Voici, pour terminer, quelques nouvelles du
Vatican. On assure que le pape,après avoir cé-
lébré en grande pompe la clôture do sou jubilé
pontifical, tiendra dans la première moitié du
mois de mars un consistoire pour la création
de nouveaux cardinaux. Ces derniers seront au
nombre de huit ou neuf. On donne comme cer-
tains les nomade «messeigneurs" Taliani,noncE
à Vienne, Ajuti, nonco à Lisbonne, Nocella, pa-
triarche de Constantinople, Péricoli, auditeur
de la chambre apostolique et Passeriai, patriar.
che d'Antioche.
Il y aurait deux ou troisétrangers.deux Au-
trichiens et un Allemand. Il n'est pas question
de Français ou plutôt il en est question pout
les exclure.
Un mot du pape
A propos du Vatican, vous savez qu'un mot
du pape (dirai-je une indiscrétion?) a failli pro.
voquer une crise ministérielle.
Tout récemment, on présentait à Léon XIII
les élèves d'une institution religieuse de Rome.
Parmi les noms qu'on lui citait, le pape entent
dit ceux de deux jeunes filles qu'on lui dit êtro
les filles de M. Cocco Ortie, ministre de l'ins-
truction publique; le pape fil un mouvement
mais, redevenant bien vite maître de lui, il au-
rait dit, en adressant sa bénédiction aux jeu-
nes filles : « Très bien, très bien, rendez bon'
aussi votre père ! »
Cette réflexion du pape a causé une émotion
qui n'est pas encore calmée. — Luigi Fossati.
L'INSURRECTION AU MAROC.
Le prétendant serait prisonnier
Peu pressé d'en venir aux mains
'Tanger, 1" février.
Le prétendant a suspendu sa marche sur Fca
et est retourné dans ses anciennes positions si-
tuées à environ huit milles, afin d'évitor tout
combat à ses troupes d'arrière-garde.
Des escarmouches, mais pas de ba-
tailles. r
Une dépêche de Tanger au Heraldo dit que
suivant les nouvelles do son correspondant à
Fez, après plusieurs escarmouches, les troupes
du Sultan auraient été obligées de se rélugiçc
à Fe1 avec cinquante caïds. ;
Opinion optimiste
;, Cadix, 1" février. i
Le correspondant de Yimparcial a interview
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