Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-01-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 janvier 1903 28 janvier 1903
Description : 1903/01/28 (N12010). 1903/01/28 (N12010).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le NtimSrô:
PARIS fi DÉPARTEMENTS
Le Numéro: MPI U ULWTIMEf
LE XIX' SIECLE
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No 12010. — Mercredi 28 Janvier 1903
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NOS LEADERS
là Dame e lours
Il y a déjà quelques années que l'ar-
chevêque de Sens m'a déclaré anathème
à la suite d'une conférence notoirement
impie ; — mais ceci n'était rien, et c'est
Notre Dame de Lourdes elle-même qui
va maintenant m'anéantir.
J'ai commis, en effet, samedi der-
nier, un crime de lèse-majesté, et je le
confesse.
Je m'accuse d'avoir osé faire connaî-
tre à la Chambre, à propos de l'élection
d'Argelès, les procédés employés dans
la circonscription de Lourdes, pour
combattre le candidat du « diable »,
c'est-à-dire le candidat sympathique au
ministère Waldeck-Rousseau.
Au lieu de fermer soigneusement les
yeux et d'avaler comme une hostie le
rapport de l'honorable député nationa-
liste de l'Yonne, j'ai dit à la Chambre
comment les gens qui exploitent la plus
basse superstition s'y prennent pour
défendre le candidat de l'Eglise.
Ce qui aggrave terriblement mon
cas, c'est que je ne regrette pas mon
crime et que je serais tout prêta le com-
mettre encore.
Elle est en effet bien extraordinaire et
bien instructive l'histoire de cette com-
pagne-type du parti clérical, faisant un
suprême effort pour écraser la politique
de Waldeck dans la circonscription de
Lourdes.
On commence par affirmer aux élec-
teurs que le candidat de l'Eglise dispo-
sera seul des faveurs gouvernementales
dans la prochaine législature, parce
que d'ici deux mois, dit la Croix, ce sera
le ministère Deschanel ou le ministère
Méline qui sera au pouvoir.
Puis, on fait vibrer une autre corde ;
on dit à ce corps électoral, composé en
grande partie de gens qui vivent des
pèlerinages et des pèlerins, qu'un vote
favorable au candidat ministériel écar-
tera nécessairement toute la clientèle
pieuse, et on fait en même temps tout
ce qu'il faut pour l'écarter.
Une tempête a sévi ; des pluies conti-
nuelles ont empêché les pèlerins fla-
mands et suisses d'aller en excursion.
Quelle est la cause de telles calamités?
La Croix n'hésite pas : « C'est parce que
les électeurs ont voté au premier tour
pour le candidat antiehrétien. » Et, s'ils
ont l'audace de continuer, le châtiment
ne se fera pas attendre : Dieu déchaî-
nera sur eux les pires désastres, car
« Dieu ne mange ni ne boit
« Mais il paye à qui il doit. »
« Ceux qui ont voté pour le candidat
« du mauvais ministère n'ont pas àré-
(f clamer le vivre à Notre Dame de Lour-
« des. »
Qnant aux pèlerins, qu'ils prennent
garde. Si Lourdes vote mal et s'ils ont
cependant l'imprudence -de venir à
Lourdes, Dieu les frappera aussi et très
cruellement. « L'épouvantable catastro-
« phe de chemin de fer survenue aux
« pèlerins belges » a été un avertisse-
ment de la colère divine, et ce n'est
que le commencement !
Mais la perle la plus précieuse de cet
écrin est l'article dans lequel le journal
la Croix dénonce à ses lecteurs le pacte
conclu entre le candidat ministériel et
le diable lui-même. Elle en donne le
texte exact : Le malin a dit à ce can-
didat : (f Atalens, Gavarnie, etc. sont
à moi. Je te promets une écrasante ma-
jorité dans ces communes si tu prends
l'engagement de voter avec le ministère
Waîdecle dans tout ce qui ressort de mes
affaires. » — Le misérable a signé le
pacte et la Croix crie ; « arrière au
candidat du diable. »
Le parti clérical a su ainsi, dans sa
forteresse de Lourdes, donner au parti
républicain la mesure et l'exemple de
ce qu'il ferait partout s'il rencontrait
des esprits capables de le croire et de le
suivre. La leçon est saisissante; on
n'évoque plus, là-bas, des sentiments
religieux à forme philosophique ; on ne
parle plus, comme ici, de la liberté de
conscience menacée, ni des hautes doc-
trines consolatrices. La religion est de-
venue plus pratique et la superstition
catholique apparaît comme l'exacte co-
pie des sombres folies cléricales du
moyen-âge. Le diable est revenu. Il sé-
duit et trompe les hommes comme dans
les légendes bretonnes, et Dieu, aux pri-
ses avec lui, se défend à grands coups
de miracles. Malheur aux sujets de Sa-
tan ; ici une tempête va les ruiner, là
un accident de chemin de fer va les
broyer — car Dieu est devenu moderne,
il ne foudroie plus, il tamponne — le
résultat est le même et la religion qui le
montre aux électeurs aussi vindicatif et
l'uel leur donne en même temps le
moyen de l'apaiser par de bons votes,
de même façon qu'on apaisait par quel-
ques sacrifices les méchants dieux olym-
piens.
- La Chambre l'a compris. Elle a pensé
que de tels procédés électoraux appe-
laient un blâme et une sanction. Elle a
dit qu'une telle corruption parle fana-
tisme était mauvaise; elle a promis de
la flétrir partout où elle la rencontre-
rait et, malgré l'énergique résistance de
la droite et du centre, elle a condamné
Notre Dame de Lourdes.
C'est le sens de la motion déclarant
que des manœuvres déloyales ont été
commises « dçs deux cotés », c'est-à-
dire aussi bien du côté de Notre Dame
de Loufcdes et de son candidat, que du
côté de Satan et du sien.
Et maintenant si Notre Dame de
Lourdes ne déchaîne pas quelque tem-
pête sur la majorité républicaine qui a
commis ce sacrilège, personne ne croira
plus à sa puissance.
Emile Chauvin.
—- ——m
LE DÉSAGRÉABLE INVITÉ
Il est peut-être un peu forcé
de comparer un blocus à un bal
ou à une réunion de famille;
mais les Anglais ont tout l'air
de gens qui, ayant amené un
ami dans le monde, souffrent
de voir cet ami afficher un mé-
pris fatiguant de toutes les formes de la
politesse. Depuis que le cuirassé allemand
la Panther a engagé, en compagnie d'un
autre navire de sa nationalité, la plus inat-
tendue et la plus brutale des actions mili-
taires , le presse de Londres se montre
gênée, au delà du possible, d'être obligée
d'endosser les actes d'un aussi compromet-
tant allié.
Et ce qui rend plus funeste encore la
bruyante intervention du commandant al-
lemand, dans une affaire qui allait néces-
sairement se terminer par un arbitrage ac-
cepté de tous, c'est que l'agression de la
Panther ne semble pas avoir eu le succès
immédiat que l'on comptait au moins invo-
quer comme excuse du fait accompli : le
commodore de la Panther, après avoir fait
annoncer il y a trois jours qu'il avait dé-
truit le fort attaqué par lui, est obligé,
trois jours après, de continuer le bombar-
dement, puis de l'interrompre, puis, tout
désemparé, de prendre pour s'en retourner,
la remorque d'un camarade. Ce n'est point
là une attitude de victoire, et voilà le kai-
ser, forcé, si la paix ne survient pas sur
ces entrefaites, d'envoyer sur les lieux une
escadre de secours, ou, tout au moins, une
escadre assez imposante pour faire respec-
ter son pavillon.
Or, cette solution ce serait la guerre ef-
fective ; voilà donc l'empereur d'Allema-
gne en présence de cette double hypo-
thèse ; ou ne pas venger l'échec infligé par
un commandant de fort du Venezuela, ou
pousser à bout la patience des Etats-
Unis.
Voilà un incident qui promet. — Ch. B,
Voir à la 33 pagre
les Dernières Dépêches
cle la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
L'UNIVERSITE CLERICALE
M. Hécart, curé de Viry-Nourcuil (Aisne),
vient de voir son traitement supprimé par le
ministre des cultes. Ce prêtre fin 1e siècle avait
oublié que son église était exclusivement con-
sacrée aux cérémonies du cullo, et l'avait
transformée à plusieurs reprises en salle de
meeling.
* Savez-vous qui l'on trouve parmi les con-
férenciers cléricaux qui vinrent flétrir la po-
litique du gouvernement au pied de l'autel ?
On y voit, à côté de M. Lerolle, député con-
servateur do Paris, et de M. Vandereest, doc-
teur en philosophie, M. Chénon, professeur
d'histoire du droit à la Faculté de droit de
Paris, qui parla, devant les fidèles assemblés,
de l'influence sociale des congrégations, et son
collègue, M. Pillet, professeur de droit interna-
tional privé à la môme Faculté.
Ce n'est point la première fois que les pro-
fesseurs de la Faculté do droit de Paris font
parler d'eux. Il est bon que l'on sache que, tout
à côté du Panthéon, il y a une pléiade do réac-
tionnaires militants qui forment, ou plutôt qui
essaient de déformer les cerveaux de la jeunesse
républicaine.
Le ministre do l'instruction publique ferme-
t- il les yeux? Est-il désarmé? On le croirait.
Pourtant les avertissements ne lui ont pas man-
qué. L'excellent rapport de Maurice Faure sur
le budget de l'an dernier contenait, sur les le-
çons professées à la Faculté de droit, une foule
de renseignements intéressants. Et, à la tribune
même de la Chambre, M. Lnfferre apporta une
fois déjà la protestation indignée des républi-
cains.
Rappelons que, dans son cours do clôture,
l'un des professeurs s'exprimait ainsi : « La
loi des associations a été inspirée par des con-
sidérations opposées à la justice. » Il ajoutait
qu'elle avait toutes les apparences d'une loi
scélérate.
Le même professeur, dans son cours de
droit constitutionnel, traitant la question de
la souvcraineté,a soutenu que si un tyran s'em-
parait du pouvoir et que le peuple le laissât
faire, il y aurait là un consentement tacite qui
justifierait l'usurpation. C'était la glorifica-
tion du 2 décembre.
Un autre a déclaré dans son cours que la loi
sur les associations est un non sens juridique
et une mesure tyrannique, qui ne peut émaner
que d'un régime d'exception.
Un autre, qui est en même temps marsuillier
à Saint Elieune du-Mont et professeur. Mais
bornons là ces citations.
Le ministre sait fort bien à quoi s'en tenir.
Il a des droits, qu'il les exerce ! Le conseil su-
périeur de l'inslrucllon publique n'a pas été
créé dans le but seul de réprimer les écarts de
langage des professeurs républicains. — A.
———————————— ——————-
LES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS
DE LA MARINE ALLfMANDE
(De notre correspondant particulierl
Kiel, 26 janvier.
M. le lieutenant-capitaine de vaisseau Merks,
qui avait été chargé de l'organisation du ser-
vice des renseignements du département de la
marine, va reprendre le commandement d'un
bâtiment. Il sera remplacé au service des ren-
seignements par le lieutenant-capitaiue Vol-
Icrthun.
LA FAlEUSE COkCNISATION ALLEMANDE
(De notre, correspondant particulier)
Berlin, 26 janvier.
Au budget de l'empire, qu'on vient de pré-
senter au Reichstag, les dépensos prévues pour
l'administration de toutes les colonies alle-
mandes se montent à 45 millions de francs ;
les recettes que le trésor tire de ces possessions
n'atteignent que le chiffre de 10 miilions de
trancs. Les colonies de l'empire allemand, qui
cependant ne sont ni vastes, ni nombreuses,
coûtent 35 millions de francs par an.Bien plus,
les recettes montrent une teadauce à baisser
eocore.
SARDINES
ET SARDINIERS
Misère de la côte bretonne. - Royaume
de la sardine — Coutumes noma-
des. — La statistique constate
ses caprices. — Causes pré-
sumées de son éloigne-
ment des côtes.—Mo-
nographie de pé-
cheurs.
Durant les années de pêche ordinaire, cet
endroit de la Bretagne, de Brest à Lorient,
baigné par la mer Armoricaine si souvent hos-
tile, n'est pas absolument uneterre d'abondance
pour ses habitants, sur lesquels s'abattent l'al-
coolisme, la spéculation, le marchandage et
mille autres misères.
Mais, plutôt indifférent, le pêcheur nedeman-
dait ni aux hommes ni à la nature, une somme
plus grando de bien-être qu'il n'en recevait ; et
voilà tout à coup que la seule production qui
le faisait vivre, vient à lui manquer 1
Une misère de plus ! mais combien cruelle
celle-là, qui jette, désolée, farouche, toute une
population dans la famine.
L'élan de générosité qu'ont soulevé dans
tout le pays et même au dehors, l'émoi et la
détresso de ce coin de France a été aussi su-
blime que spontané et dos secours suffisants
dit-on, pour soulager bien des souffrances, ont
éléprodigués aux bens endroits.
Mais tout cela n'est que temporaire et ce
n'est qu'en juin prochain qu'on saura si la sar-
dine se décide à reprendre sescoutumiers ébats
dans los eaux qui furent si longtemps pour
elles leur domaine favori.
Dans une précédente étude, nous avons es-
quissé les mœurs et habitudes de ce frétillant
et succulent poisson. Nous avons dit combien
étaient brillantes ses périodiques chevauchées
au travers des océans et des mers, en quelles
innombrables masses, tout-à coup, elles émer-
geaient toutes scintillantes des plateaux sous-
marins, qu'enveloppent le mystère et la nuit.
Nous avons même fait assister nos lecteurs à
sa capture, signalant quelques-uns des procé-
dés habituels de pêche. Nous ne reviendrons
pas sur ces sujets, mais nous rappellerons seu-
lement que la sardine ne fréquente pas les en-
droits où l'eau n'a pas au moins 10 à 12 degrés
de chaleur.
Causes possibles de l'éloignement
Trois ou quatre causes possibles de l'éloigne-
ment des sardines ont été révélées dans les in-
terviews qu'ont eues nos confrères,soit avec des
maîtres en océanographie, soit avec des pê
cheurs, soit avec des amateurs de pêche.
Les uns pensent que le soleil,qui est le grand
dispensateur des choses de ce monde, n'a pas
eu l'année dernière assez de calorique pour
faire fleurir sur les eaux agitées de la mer bre-
tonne une petite fleur, petite s'il en fut : la
diatomée, dont sont friands certains minuscu-
les crustacés, qui servent, à leur tour, de régal
à la sardine.
Or, pas de diatomées, pas de sardines.
M. Edmond Perrier, qui est un maître com-
pétent en la matière, est très positif.
Le poisson, d'après son opinion, n'obéit qu'à
des besoins organiques très puissants et ur-
gents, il agit sous l'impulsion de la nécessité
de vivre et il vit là où se trouve le gîte et le
pâturage.
La morue présente un exemple à consigner
do cet instinct impératif de rechercher les mi-
lieux propres à sa nourriture et à sa reproduc-
tion. N'a-t-elle pas abandonné le French-
Shore pour le grand banc de Terre-Neuve ?
Enfin la sardine, le hareng, n'obéissont-ils pas
à la même loi, en apparaissant une année à un
passage, une autre année à un autre ?
D'autres savants et non des moindres, consi-
dèrent que les caprices des poissons migrateurs
sont intimement liés aux phénomènes physi-
ques du globe, et coLLo année de 1902 a été
abondante en effets extraordinaires cosmiques
et magnétiques, qui ont pu avoir une influence
sur les courants ignorés sous-marins, et chan-
ger do ce fait les habitudes des poissons.
Cortains reprochent encore l'éloignement de
la sardine à l'action de l'homme. La sardine est
ennemie du progrès, elle ne comprend pas la
pêche intensive et le chalulage à vapeur lui
cause de mortels soucis.
Sa pâture dispersée, ses gîtes bouleversés par
les puissants engins qui ravagent les fonds et
sillonnent les flots, ses habitudes déroutées par
mille choses nouvelles: voilà l'action du filet 1
Cotte théorie, nous la tenons pour excessive
et contradictoire avoc la thèse de M. Edmond
Perrier. Le chalut ravage la fond, soit; il trou-
ble seuîoraentle tranquille refuge des poissons
plats, ou autres sédentaires, c'est un fait ac-
quis, mais n'a pas d'action sur la sardine, qui
vil temporairement à la surface de nos mers
continentales. Et puis, le chalutage à vapeur
est encore à l'état d'enfance, surtout en Breta-
gne.
Ce qui à notre avis peut faire du tort aux
pêcheurs, c'est l'emploi de la rogue artificielle,
mais encore à ce sujet tout est contradictoire et
l'on ne peut que s'arrêter à des conjectures.
Le fait auquel nous pouvons nous rallier est
celui exprimé par le distingué directeur du
Muséum : le soleil est le grand coupable.
Son action n'a pas été suffisante depuis quel-
ques années : les printemps et les étés ont été
fort pluvieux, les ombres et les brouillards ont
enveloppé nos régions occidentales et la tempé-
rature de la mer riveraine ne s'est pas élevée
à 12 degrés.
De ce fait n'a pu éclore la fleur magique, la
petite diatomée qu'aime la sardine.
Matériel insuffisant
La sardine s'est donc éloignée, c'est entendu,
puisqu'à sa place elle a laissé la misère; mais,
dira-t-on, s'est-elle tellement éloignée qu'on ne
puisse aller la trouver?
Deux raisons majeures s'opposent à ce beau
projet : la première réside dans le matériel in-
suffisant des pêcheurs composé de bateaux
plats, non pontés, qui ne peuvent soutenir un
temps gris ni s'aventurer à 50 milles en mer.
La seconde raison est que la sardine est d'une
extrême délicatesse et qu'elle se froisse rapi-
dement; or, une journée de mer pour la ren-
trée au port et la sardine avariée est bonne à
fumer les terres.
Toujours la rogue
Celte fameuse rogue, qui fait l'objet de tant
de controverses, existait déjà aux originesdela
pêche à la sardine.
Jaubert, membre de l'Académie royale des
sciences de Bordeaux,en parlant de la sardine,
constate, en 1773, que le poisson n'eat pas en
permanouce dans los endroits qu'il fréquente
et que pour l'empêcher d'émigrer une fois ar-
rivé, il faut le retenir au moyen d'un appât
approprié.
« Les pêcheurs des côtes de Bretagne font
des pêches très abondantes de sardines lors-
qu'elles viennent sur les côtes : mais ils les
retiennent plus longtemps qu'elles n'y reste-
raient naturellement en les amorçant avec une
composition que l'on retire de la Hollande et
du Nord.
« C'est une préparation d'oeufs de morue et
d'autres poissons. La consommation que l'on
en fait est prodigieuse.
La barrique se vend communément de dix à
douze francs. »
La rogue est donc l'appât indispensable à la
pêche à la sardine, mais combien ses pris ont
augmenté depuis Jaubcrt J
Actuellement on emploie en moyenne un ba-
ril par semaine dans chaq :e embarcation, et le
baril qui pèse de 117 à 120 kilos, vaut pour la
première qualité, 32 à 41 francs ; pour la se-
conde 24 à 30 francs. Les marchés où sont fixés
les cours se trouvent exclusivement en Norvège.
Or, celle année, par suite de spéculations
extraordinaires, la rogue a atteint 100, 115 et
même 118 francs le baril ; elle a plus que triplé,
de sorte que nos marins, hélas! ont été pour
ainsi dire dans l'impossibilité de s'en procurer.
Pêcheurs bretons
Même dans les années prospères, l'existence
du pêcheur breton est des plus précaires. Toute
paradoxale que paraisse cette opinion, elle est
pourtant soutenable, car elle est intimement
jointe à la loi inexorable de l'offre et de la de-
mande. Si la sardine abonde, les prix de vente
sont baissés, et celle loi de l'offre ne met pas
on compte le labeur écrasant du pêcheur, non
plus que les prixde l'outillage, elle va droit au
but: le nombre de sardines jetées sur le mar-
ché. On dira que le travail de l'usine qui in-
corpore la famille du pêcheur compense la
perte causée par l'avilissement dos prix. Nous
ne nous rangeons pas de cet avis, car le salaire
de l'usine n'est pas élevé et satisfait peu aux
heuros que les femmes lui consacrent.
Si au contraire la sardine est rare, le pê-
cheur la vend plus cher ; mais le chômage
usinier détruit le gain provoqué par la rareté
du poisson.
Le pêcheur ne peut donc élever sa situation
au dessus d'un maximum que les plus modes-
tes ouvriers de terre considéreraient comme un
minimum.
Quelle est donc la situation d'un pêcheur
breton ?
Prenons par exemple un pêcheur de Con-
carneau, en plein centre du pays des sardines,
et que voyons-nous à son budget?
1° Gain du marin. 900 fr.
2° Gain do la femme. 300
Total 1.200 fr.
Gains supplémentaires et provisoires du fils
150fr., d'une fillette 120, d'une jeune fille 250
francs — soit 1.720 francs.
Le père est patron du bateau, le fils est marin
à bord de ce même bateau, l'une des filles tra-
vaille à l'usine, l'autre aide sa mère au mé-
nage et au ramendage ou à la confection des
filets. -
Dans cette monographie rapide,nous prenons
une famille assez aisée où tous les membres
coopèrent au travail commun.
Leur logement est composé d'une seule pièce
qui sert de chambre à coucher et de cuisine,
la nourriture ne s'étend pas au delà de pois-
sons et de crustacés; quant aux plaisirs, ils
sont non pas quotidiens, mais imposés par les
traditions. On fêle le carnaval, les régates, la
Saint-Martin, et les économies sont nulles puis-
que le pain mangé en hiver est seulement payé
en été et qu'en dehors de la pêche le marin ne
se livre ni à l'élevage de la volaille, ni à colui
des abeilles ou des vers à soie. Les pêcheurs de
Concarneau ne font pas non plus d'agriculture
entre deux saisons de pêche.
Par exemple la boisson, la boisson forte est
de tous les jours et la plus grande partie du
salaire de la pêche s'en va quotidiennement
chez le débitant.
Si nous voulons remonter plus haut, vers
Douarnenez, nous trouvons d'autres familles
encore moins fortunées que la précédente, où
pour neuf membres dont sept enfants — ici
c'est la misère causée par l'alcool — la recette
de l'année s'élève à 500 francs.
La dépense? ne la détaillons pas,elle est de
600 francs. — Alors 1 J
Nous arriverons à uneconclusion.mais avant
de la poser nous pensons qu'il conviendra à
nos lecteurs de connaître plus profondement
nos Bretons de la cota et leurs diverses fonc-
tions industrielles.
Celté tâche fera l'objet d'un second article.
GEORGES HAMON.
»
LES CHIENS DE GUERRE ALLEMANDS
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 26 janvier.
Le ministère de la guerre vient d'élaborer un
règlemont relatif à l'emploi dos chiens de
guerre.
Il recommande de ne choisir que des chiens
de pure race et do prendre de préférence le ter-
rier d'Adélaïde. Aucun animal ne peut être ad-
mis comme auxiliaire dos troupes avant d'a-
voir passé par lo dressage en chambre et l'ap-
prentissage du service de messager.
Chaque compagnie d'infanterie doit possé-
der au moins doux chiens de guerre ayant une
instruction complète.
UNE SECTE SECRÈTE DANS L'ÉGLISE CATHOLIQUE
(De notre correspondant particulierl
Rome, 26 janvier.
Au Vatican, on suit avec une certaine ap-
préhension les efforts actifs de l'abbé Murri,
chef de la démocratie chrétienne, qui s'est re-
tiré de son groupe, sans cependant avoir fait
acte do soumission. On a reçu dos rapports
confidentiels d'après lesquels l'abbé Murri au-
rait fondé une sorte de secle secrète, qui con-
tinuerait à travailler pour la cause do la dé-
mocratie chrétienne et qui se déroberait com-
plètement au contrôle du haut clergé.
Plusieurs réunions secrètes auraient déjà eu
lieu. Les affiliés se feraient reconnaîlre les uns
des autres par des signes mystérieux et imite-
raient, en quelque sorte, les usages de la franc-
maçonnerie.
ÉPILOGUE DE L'AFFAIRE KROSIGK
(Da notre correspondant particuliery
Berlin, 26 janvier.
Le sergent Hickel, accusé, on se le rappelle
peut-être, d'avoir assassiné le capitaine von
Krosigk et qui fut en fin de compte acquitté,
vient d'être nommé douanier à Hambourg.
———————————-
L'ÉLÈ&TION DU Ive ARRONDISSEMENT
Aussitôt la mort du député nationaliste Clou-
tier, les six comités suivants : Ligue des
Droits de l'Homme (quartier do l'Arsenal), Li-
gue des Droits de l'Homme (quartier Saint-
Gervais), Comité républicain socialiste de l'Ar-
senal, Comité républicain socialiste de Saint-
Gervais, comité républicain socialiste de la 2'
circonscription du 4e arrondissement, Comité
d'Alliance républicaine antinationalisto. du 4*
arrondissement, se sont groupés en Fédération
à l'effet de s'entendre et de faire choix d'une
candidature républicaine anlinationaliste uni-
que.
Le Comité d'Union républicaine socialiste
s'est seul refusé à cette enlenle, et, dès la pre-
mière heure, il a nettement posé la candida-
ture collectiviste du citoyen Gabriel Deville.
Après diverses réunions, dans lesquelles la
situation électorale dans le 4* arrondissement
a été sérieusement examinée sous toutes ses
faces, les comités de la Fédération ont décidé,
à l'unanimité, de présenter une* candidature
républicaine radicale-socialiste, estimant que
cette nuance seule a chance de grouper la
grosse majorité du Bloc républicain et que,
seule, ollo est capable de battre le candidat dos
réactionnaires nationalistes.
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DES CULTES
Personne ne prévoyait que le budget des cul-
tes dût donner lieu, celle année, à une discus-
sion passionnée.
Le fait s'est produit, cependant, à cause de
quelques mots do M. Combes qui ont inquiété
— à tort nous l'espérons bien- — la majorité
républicaine.
L'impression qui a prévalu sur le moment
était que le chef du cabinet avait affirmé la né-
cessité d'une « religion pour le peuple ».
Il nous est impossible de croire que telle
soit l'idée du président du conseil. Il n'a pas
jugé à propos de s'expliquer complètement au
cours de débats qui ne devaient pas prendre la
forme d'une interpellation. La question resle
donc posée. Il nous suffit de penser aux si
nombreux actes d'énergie démocratique de M.
Combes, pour êlre assuré que le malentendu
ne tardera pas à se dissiper.
Dans la discussion générale du budget des
cultes, M. Grousseau avait, au nom des droi-
tiers, reproché au gouvernement sa politique
religieuse.
M. Allard avait exposé la thèse républicaine
et anticléricale de la séparation des Eglises et
do l'Etat. M. Allard parle avec talent, par con-
séquent avec clarté.
M. Allard. — Le Concordat n'a aucune va-
leur. C'est un contrat nul, puisqu'il a été signé
avec le pape, qui n'est qu'un directeur de cons-
cience ; ce n'est pas une personne morale. Le con-
trat est donc nul. (Exclamations sur divers bancs.)
M. Millevoye. — On l'a cependant fait si-
gner au pape et sous une forme assez pressante.
M. Allard. — Vous admettez donc qu'un
étranger intervienne dans nos affaires intérieures?
(Applaudissements à l'extrême gauche.) Le Con-
cordat a été signé par Napoléon dans un intérêt
personnel.
Napoléon l'a signé, parce qu'il avait besoin d'a-
gents pour fortifier son pouvoir à l'intérieur. La
papauté à un intérêt vital à défendre le Concordat.
Je m'étonne que la commission et Jo gouverne-
ment s'opposent à sa suppression ; le pays s'en
étonne aussi. Il se demande s'il n'y a pas pacto
entre la papauté et le gouvernement français ; il
se demande si le silence du pape, dans la ques-
tion des congrégations, n'a pas été motivé par
l'assurance que le gouvernement s'opposerait à la
dénonciation du Concordat et à la suppression du
budget des cultes.
Il n'y a pas da religion nationale; il y a une irre-
ligion nationale.
Le Français ne va plus à l'église et nous assis-
tons à la faillite de la religion. Les événements de
Bretagne nous en ont fourni la prenve. S'il y avait
eu dans cette région les convictions religieuses du
moyen âge, on aurait accueilli les agents du gou-
vernement qui venaient fermer les écoles avec do
l'oau bénite, persuadé qu'elle eût suffl à les exor-
ciser.
Aujourd'hui on les accueille avec d'autres matiè-
res. (Très bien! à l'extrême gauche.)
M. Barlhoulat qui a déposé un projet do ré-
férendum sur la question de la séparation des
Eglises et de l'Etat, en demande le renvoi à la
commission des associations.
M. Combes va lui répondre :
Discours de M. Combes
M. Combes, président du conseil. — Le dis-
cours du précédent orateur vient de nous prouver
que ce n'était pas dans une discussion budgétaire
qu'on pouvait trancher une question aussi déli-
cate. On ne peut pas effacer d'un trait de plume
quatorze siècles écoulés.
Il est de votre devoir de connaître, d'avance, par
quoi vous les remplacerez.
Voix diverses à l'extrême gauche. — Par rien.
M. Combes. — Je ne crois pas que ia presque
unanimité des Français puissent se contenter,
comme M. Allard, de simples idées morales. (Ap-
plaudissements vifs et répétés au contre et à droite.
— Mouvements à l'extrémo gauche.)
Je disais qu on ne peut pas se contenter des sim-
ples idées morales, telles qu'on les enseigne main-
tenant superficiellement. Les idées religieuses,
comme les églises les donnent — et elles sont les
seules à les donner — elles sont nécessaires. (Vi-
ves interruptions à gauche et à l'extrême gauche.
— Applaudissements au centre et à droite. —
Mouvement prolongé.)
M. Selle. — Vous désagrégez le bloc.
M. Buisson. — Je demande la parole.
M. Combes. — Je me mets difficilement,
comme M. Allard, à l'idée d'une société, composée
de philosophes, qu'une éducation première n'au-
rait pas garantie suffisamment contre les périls de
la vie. (Vives interruptions à gauche.)
M. Jaurès, vice-président. — Vous n'avez pas
d'intérêt à ce que les interruptions créent une équi-
voque dans ce débat.
M. Combes. — Je crois que la libre pensée
doit suffire à conduire les hommes, mais on ne
peut pas du jour au lendemain. (Applaudisse-
ments au centre. Bruit à gaucho.) Mais, mes-
sieurs, c'est une question de pratique tout simple-
ment.
Ce que je veux dire, c'est que la suppression du
budget des cultes ne résoudrait pas la question.
Les gauches, un pou eiIarées, restent silen-
cieuses.
M. Sembat demande la parole :
Discours de M. Seml)at
M. Sembat. — Je croyais que la discussion
du budget ne serait, cette année, qu'une très courte
discussion de principes; je croyais que le président
nous demanderait de no pas mettre la suppression
du budget des cultes en travers de son œuvre de
supprimer les congrégations ; au lieu de cela, il a
fait entendre des paroles que n'eût pas désavouées
M. Méline ou M. Ribot. (Rires.) et d'après lui le
prêtre enseigne au nom de la République.
Il y a donc, dans chaque village, l'instituteur et
le prêtre, qui, au nom de la République, enseignent
le contraire. Nous ne connaissons, nous, que l'ins-
tituteur qui doit donner le seul enseignement scien-
tifique. (Applaudissements à l'extrême gauche.)
Les membres de l'opposition vous ont applaudi
ironiquement. (Dénégations à droite et au centre.
M. Millevoye. — Pas du tout, nous avons
applaudi très sincèrement.
M. Combes. — Je ne sais pas si on a pu se
méprendre sur mes paroles. J'ai dit l'année der-
nière au Sénat, pendant la discussion sur les asso-
ciations, que j'étais un philosophe spiritualiste et
que je considerais l'idée religieuse comme une
des forces morales les plus puissantes de l'huma-
nité. (Vifs applaudissements au centre et à droite.
— Protestations à gauche.)
Après ce discours la majorité républicaine m'a
accepté comme président du conseil ; si elle trouve
que je ne suis pas à ma place, elle n'a qu'à le dire.
(Mouvement prolongé.)
M. Sembat. — Un malentendu nous sépare.
Nous avions cru que la guerre aux congrégations
n'était que le prélude, car, pour nous, cléricalisme
et religion sont synonymes.
M. Berleaux dit que. quoique rapporteur de
la commission du budget, il volera la suppres-
sion du budget des cultes.
M. J.-L. Breton propose la suppression dos
25 chapitres de ce budget.
M. Vaillant dit que la Révolution avait déjà
effectué la séparation des Eglises et de l'Etat
et s'en était bien trouvée.
Discours de M. Buisson
M. Ferdinand Buisson prononce un discours
dans lequel il expose, aux applaudissements
des députés républicains, que l'Ecole laïque n'a
pas besoin d'être doublée do l'Eglise pour ac-
complir sa tâche. -
M. Buisson. — Plusieurs de mes amis et moi
voterons contre les crédits. La République ne con-
naît comme professeur de morale que l'instituteur
dont l'intelligent dévouement est à la hauteur de
toutes les tâches.
Elle doit rompre toute espèce de liens avec l'en-
seignement catholique, tel qu'il est proposé par je
ne sais quels membres du clergé qui abêtissent
l'esprit humain. (Vives protestations à droite et au
centre.)
M. de Pressensé déclare que « les républi-
cains ne sauraient admettre, si réduit qu'on
puisse îsire leur rÓlt. tes dogmes Il'Etat.
L'amendement J.-L. Breton est repoussé p4le
328 voix contre 201.
Les divers chapitres du budget des culte*'
sont adoptés.
M. Jaurès président
Nous avons été tout d'abord au récit de fa ¡
partie émouvante de la séance. Mais on aurait'
bien cru, le malin, que l'événement de la jour-!
née serait la présidence de M. Jaurès. t
Beaucoup d'hommes politiques et de jouroa-
listes étaient venus assister à son passage dans
la salle des Pas-Perdus, entre les -deux rangs
du piquet d'honneur.
M. Jaurès n'a commis qu'une petite « gaffe Pr"
il a salué les officiers du piquet au moins dix
pas après les avoir dépassés. Un pou plus, il.
les oubliait tout à fait. Quelle fureur, alors, sa
déchaînait dans la presse nationaliste 1 Ja-
mais un président de la Chambre n'avait ainsi
outragé l'armée !
Heureusement, M: Jaurès s'est avisé à temps
do son erreur, et s'il a salué tard, il a salué
profondément et avec grâce.
Disons, pour compléter ce compte rendu, qus
les derniers chapitres du budget de l'agricul-
ture avaient été adoptés au commencement de
la séance.
Quoi encore ? Ah ! M. Gauthier (de Clagny)
a déposé une proposition de loi pour que la
statue de Strasbourg, place de la Concorde,
soit fondue en bronze, ainsi qu'en avait décidé
un décret du gouvernement de la défense na-
tionale (2 octobre 1870).
Il paraît que M. Gautier (de Clagny) donnait
à sa proposition une portée politique.
Qui diable s'en serait douté ?
H. D.
LES ESSAIS DE LA "JEANNE-D'ARC ':
Nous avons de nouveaux renseignements sur
les essais de la Jeanne d'Arc.
Ces essais, que la dépêche officielle avait in-
diqués comme satisfaisants, sont loin de l'être
autant qu'on l'a dit.
En effet, à toute vitesse on n'a obtenu que
21 nœuds avec toute puissance, quoique les
calculs d'essai de M. Berlin aient donné 23
noeuds.
M. Berlin est, à l'heure actuelle, directeur
de la section technique du ministère do la ma-
rine.
Ce n'est pas là la soule erreur commise par
M. Bertin: tous les bateaux dont il a fait les
plans ont donné des insuffisances lamentables.
Cela tient à ce que M. Bertin persiste, con-
tre l'avis de toutes les amirautés du monde et
l'avis de tous les mécaniciens français,à impo-
ser des chaudières à petits tubes, qui s'encras-
sent vite, qui éclatent, qui dépensent énormé-
ment de charbon et imposent aux chauffeurs
une besogne surhumaine.
Le ministre de la marine était donc bon pro-
phète quand, il y a trois ans , il condamnait,
d'après ses renseignements, les chaudières à pe-
tits tubes et affirmait que la Jeanne-d'Arc ne
donnerait jamais la vitesse prévue au con-
trat.
Le cas de la Jeanne-d'Arc n'est pas isolé et les
autres unités en construction sont dans le
même cas ; mais M. Bertin persiste.
ib
Les Coulisses des Chambres
Le pari mutuel
La commission de répartition des fonds du
pari mutuel a tenu séance hier au ministère
de l'agriculture.
Le groupe de l'enséignement
Le groupe de l'enseignement do la Chambre
a chargé son bureau de rassembler les propo-
sitions concernant les enseignements primaire
et secondaire, et d'en faire un classement.
Les obsèques de Mahmoud-pacha
M. Combes, président du conseil, a accepté
de répondre à Id séance de vendredi prochain
à une question quo posera M. Denys Cochin
au sujet de l'intervention de la police aux ob-
sèques de Mahmoud-pacha.
Le rapport de M. Maujan
Le rapport de M. Maujan sur le budget da
la guerre sera distribué aujourd'hui aux dé-
putés.
Le rapporteur réalise une rédaction totale da
27 millions. Il traite d'abord la question des
effectifs en temps de paix. « Il a recherché,
dit-il, les moyens d'égaler en nombre et en
véritable puissance défensive l'arméa d'outre-
Rhin sur pied de paix. »
M. Maujan arrive à égaler les effectifs alle-
mands par le service de deux ans réduit à
vingt-deux mois au moyen d'un mois de per-
mission chaque année. De cette façon, et en
supprimant les dispenses, l'effectif français sur
pied de paix pourra atteindre le total da
600.000 hommes.
M. Maujan préconise les régiments d'infan-
terie à trois bataillons, il demande la suppres-
sion des lanciers en attendant celle des cuiras-
siers et la mise en pratique du système do
l'infanterie montée.
Il s'oppose au rengagement des soldats sauf
pour la cavalerie et seulement pour une troi-
sième année.
Au contraire, il voudrait que les trois quarts
des sous-officiers rengageassent.
- 00
LE COMITÉ DES ASSOCIATIONS DE LA PRESSE
Le Comité général des Associations de la
presse française a tenu, hier, au Grand-Hôlel,
son assemblée générale ordinaire sous la pré.
sidonce de son président, M. Jean Dupuy.
Les rapports annuels, présentés par le secré-
taire général et le trésorier ont été approuvés à
l'unanimité.
Ont été ensuite réélus à l'unanimité : MM.
Lucien Viclor-Meunier, secrétaire général ; Ro-
bert Charlie, trésorier ; Etienne de Nalèche,
Ferdinand Réal, Edmond Robert, Abel Tardi-
veau, secrétaires.
Répondant à une communication de M. Mi-
chel Lagrave, commissaire général du gouver-
nement français à l'Exposition internaLionala.
de Saint-Louis, le Comité général a désigné son
bureau pour former la commission de la Presse
française à cette Exposition et délégué son sec-
crétaire général, M. Lucien Victor-Meunier pour
organiser surplace et de concert avec M -Michel
Lagrave, la représentation de la Presse fran-
çaise à Saint-Louis.
AU VENEZUELA
Les négociations à Washington. —
Victoire des insurgés. — Le fort
San Carlos. -- Une enquête.
Washington, 26 janvier.'
M. Bowen a eu, hier, une longue conférence
avec l'ambassadeur d'Angleterre qui s'était au-
paravant entretenu avec l'ambassadeur d'ItaHo
et le chargé d'affaires allemand.
Les négociateurs conservent vis à-vis de fa
presse le secret le plus absolu sur leurs déli-
bérations, mais on assure qu'une amélioration
de la situation est proche.
New-York, 86 janvier.
On mande de Willemstad au New-York Herald :
Log insurgés ont battu lo président Castra
dans un combat important à quarante milles da,
Pucrlo-Cabcllc. De pctils d&achsiUQUls$9
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NOS LEADERS
là Dame e lours
Il y a déjà quelques années que l'ar-
chevêque de Sens m'a déclaré anathème
à la suite d'une conférence notoirement
impie ; — mais ceci n'était rien, et c'est
Notre Dame de Lourdes elle-même qui
va maintenant m'anéantir.
J'ai commis, en effet, samedi der-
nier, un crime de lèse-majesté, et je le
confesse.
Je m'accuse d'avoir osé faire connaî-
tre à la Chambre, à propos de l'élection
d'Argelès, les procédés employés dans
la circonscription de Lourdes, pour
combattre le candidat du « diable »,
c'est-à-dire le candidat sympathique au
ministère Waldeck-Rousseau.
Au lieu de fermer soigneusement les
yeux et d'avaler comme une hostie le
rapport de l'honorable député nationa-
liste de l'Yonne, j'ai dit à la Chambre
comment les gens qui exploitent la plus
basse superstition s'y prennent pour
défendre le candidat de l'Eglise.
Ce qui aggrave terriblement mon
cas, c'est que je ne regrette pas mon
crime et que je serais tout prêta le com-
mettre encore.
Elle est en effet bien extraordinaire et
bien instructive l'histoire de cette com-
pagne-type du parti clérical, faisant un
suprême effort pour écraser la politique
de Waldeck dans la circonscription de
Lourdes.
On commence par affirmer aux élec-
teurs que le candidat de l'Eglise dispo-
sera seul des faveurs gouvernementales
dans la prochaine législature, parce
que d'ici deux mois, dit la Croix, ce sera
le ministère Deschanel ou le ministère
Méline qui sera au pouvoir.
Puis, on fait vibrer une autre corde ;
on dit à ce corps électoral, composé en
grande partie de gens qui vivent des
pèlerinages et des pèlerins, qu'un vote
favorable au candidat ministériel écar-
tera nécessairement toute la clientèle
pieuse, et on fait en même temps tout
ce qu'il faut pour l'écarter.
Une tempête a sévi ; des pluies conti-
nuelles ont empêché les pèlerins fla-
mands et suisses d'aller en excursion.
Quelle est la cause de telles calamités?
La Croix n'hésite pas : « C'est parce que
les électeurs ont voté au premier tour
pour le candidat antiehrétien. » Et, s'ils
ont l'audace de continuer, le châtiment
ne se fera pas attendre : Dieu déchaî-
nera sur eux les pires désastres, car
« Dieu ne mange ni ne boit
« Mais il paye à qui il doit. »
« Ceux qui ont voté pour le candidat
« du mauvais ministère n'ont pas àré-
(f clamer le vivre à Notre Dame de Lour-
« des. »
Qnant aux pèlerins, qu'ils prennent
garde. Si Lourdes vote mal et s'ils ont
cependant l'imprudence -de venir à
Lourdes, Dieu les frappera aussi et très
cruellement. « L'épouvantable catastro-
« phe de chemin de fer survenue aux
« pèlerins belges » a été un avertisse-
ment de la colère divine, et ce n'est
que le commencement !
Mais la perle la plus précieuse de cet
écrin est l'article dans lequel le journal
la Croix dénonce à ses lecteurs le pacte
conclu entre le candidat ministériel et
le diable lui-même. Elle en donne le
texte exact : Le malin a dit à ce can-
didat : (f Atalens, Gavarnie, etc. sont
à moi. Je te promets une écrasante ma-
jorité dans ces communes si tu prends
l'engagement de voter avec le ministère
Waîdecle dans tout ce qui ressort de mes
affaires. » — Le misérable a signé le
pacte et la Croix crie ; « arrière au
candidat du diable. »
Le parti clérical a su ainsi, dans sa
forteresse de Lourdes, donner au parti
républicain la mesure et l'exemple de
ce qu'il ferait partout s'il rencontrait
des esprits capables de le croire et de le
suivre. La leçon est saisissante; on
n'évoque plus, là-bas, des sentiments
religieux à forme philosophique ; on ne
parle plus, comme ici, de la liberté de
conscience menacée, ni des hautes doc-
trines consolatrices. La religion est de-
venue plus pratique et la superstition
catholique apparaît comme l'exacte co-
pie des sombres folies cléricales du
moyen-âge. Le diable est revenu. Il sé-
duit et trompe les hommes comme dans
les légendes bretonnes, et Dieu, aux pri-
ses avec lui, se défend à grands coups
de miracles. Malheur aux sujets de Sa-
tan ; ici une tempête va les ruiner, là
un accident de chemin de fer va les
broyer — car Dieu est devenu moderne,
il ne foudroie plus, il tamponne — le
résultat est le même et la religion qui le
montre aux électeurs aussi vindicatif et
l'uel leur donne en même temps le
moyen de l'apaiser par de bons votes,
de même façon qu'on apaisait par quel-
ques sacrifices les méchants dieux olym-
piens.
- La Chambre l'a compris. Elle a pensé
que de tels procédés électoraux appe-
laient un blâme et une sanction. Elle a
dit qu'une telle corruption parle fana-
tisme était mauvaise; elle a promis de
la flétrir partout où elle la rencontre-
rait et, malgré l'énergique résistance de
la droite et du centre, elle a condamné
Notre Dame de Lourdes.
C'est le sens de la motion déclarant
que des manœuvres déloyales ont été
commises « dçs deux cotés », c'est-à-
dire aussi bien du côté de Notre Dame
de Loufcdes et de son candidat, que du
côté de Satan et du sien.
Et maintenant si Notre Dame de
Lourdes ne déchaîne pas quelque tem-
pête sur la majorité républicaine qui a
commis ce sacrilège, personne ne croira
plus à sa puissance.
Emile Chauvin.
—- ——m
LE DÉSAGRÉABLE INVITÉ
Il est peut-être un peu forcé
de comparer un blocus à un bal
ou à une réunion de famille;
mais les Anglais ont tout l'air
de gens qui, ayant amené un
ami dans le monde, souffrent
de voir cet ami afficher un mé-
pris fatiguant de toutes les formes de la
politesse. Depuis que le cuirassé allemand
la Panther a engagé, en compagnie d'un
autre navire de sa nationalité, la plus inat-
tendue et la plus brutale des actions mili-
taires , le presse de Londres se montre
gênée, au delà du possible, d'être obligée
d'endosser les actes d'un aussi compromet-
tant allié.
Et ce qui rend plus funeste encore la
bruyante intervention du commandant al-
lemand, dans une affaire qui allait néces-
sairement se terminer par un arbitrage ac-
cepté de tous, c'est que l'agression de la
Panther ne semble pas avoir eu le succès
immédiat que l'on comptait au moins invo-
quer comme excuse du fait accompli : le
commodore de la Panther, après avoir fait
annoncer il y a trois jours qu'il avait dé-
truit le fort attaqué par lui, est obligé,
trois jours après, de continuer le bombar-
dement, puis de l'interrompre, puis, tout
désemparé, de prendre pour s'en retourner,
la remorque d'un camarade. Ce n'est point
là une attitude de victoire, et voilà le kai-
ser, forcé, si la paix ne survient pas sur
ces entrefaites, d'envoyer sur les lieux une
escadre de secours, ou, tout au moins, une
escadre assez imposante pour faire respec-
ter son pavillon.
Or, cette solution ce serait la guerre ef-
fective ; voilà donc l'empereur d'Allema-
gne en présence de cette double hypo-
thèse ; ou ne pas venger l'échec infligé par
un commandant de fort du Venezuela, ou
pousser à bout la patience des Etats-
Unis.
Voilà un incident qui promet. — Ch. B,
Voir à la 33 pagre
les Dernières Dépêches
cle la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
L'UNIVERSITE CLERICALE
M. Hécart, curé de Viry-Nourcuil (Aisne),
vient de voir son traitement supprimé par le
ministre des cultes. Ce prêtre fin 1e siècle avait
oublié que son église était exclusivement con-
sacrée aux cérémonies du cullo, et l'avait
transformée à plusieurs reprises en salle de
meeling.
* Savez-vous qui l'on trouve parmi les con-
férenciers cléricaux qui vinrent flétrir la po-
litique du gouvernement au pied de l'autel ?
On y voit, à côté de M. Lerolle, député con-
servateur do Paris, et de M. Vandereest, doc-
teur en philosophie, M. Chénon, professeur
d'histoire du droit à la Faculté de droit de
Paris, qui parla, devant les fidèles assemblés,
de l'influence sociale des congrégations, et son
collègue, M. Pillet, professeur de droit interna-
tional privé à la môme Faculté.
Ce n'est point la première fois que les pro-
fesseurs de la Faculté do droit de Paris font
parler d'eux. Il est bon que l'on sache que, tout
à côté du Panthéon, il y a une pléiade do réac-
tionnaires militants qui forment, ou plutôt qui
essaient de déformer les cerveaux de la jeunesse
républicaine.
Le ministre do l'instruction publique ferme-
t- il les yeux? Est-il désarmé? On le croirait.
Pourtant les avertissements ne lui ont pas man-
qué. L'excellent rapport de Maurice Faure sur
le budget de l'an dernier contenait, sur les le-
çons professées à la Faculté de droit, une foule
de renseignements intéressants. Et, à la tribune
même de la Chambre, M. Lnfferre apporta une
fois déjà la protestation indignée des républi-
cains.
Rappelons que, dans son cours do clôture,
l'un des professeurs s'exprimait ainsi : « La
loi des associations a été inspirée par des con-
sidérations opposées à la justice. » Il ajoutait
qu'elle avait toutes les apparences d'une loi
scélérate.
Le même professeur, dans son cours de
droit constitutionnel, traitant la question de
la souvcraineté,a soutenu que si un tyran s'em-
parait du pouvoir et que le peuple le laissât
faire, il y aurait là un consentement tacite qui
justifierait l'usurpation. C'était la glorifica-
tion du 2 décembre.
Un autre a déclaré dans son cours que la loi
sur les associations est un non sens juridique
et une mesure tyrannique, qui ne peut émaner
que d'un régime d'exception.
Un autre, qui est en même temps marsuillier
à Saint Elieune du-Mont et professeur. Mais
bornons là ces citations.
Le ministre sait fort bien à quoi s'en tenir.
Il a des droits, qu'il les exerce ! Le conseil su-
périeur de l'inslrucllon publique n'a pas été
créé dans le but seul de réprimer les écarts de
langage des professeurs républicains. — A.
———————————— ——————-
LES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS
DE LA MARINE ALLfMANDE
(De notre correspondant particulierl
Kiel, 26 janvier.
M. le lieutenant-capitaine de vaisseau Merks,
qui avait été chargé de l'organisation du ser-
vice des renseignements du département de la
marine, va reprendre le commandement d'un
bâtiment. Il sera remplacé au service des ren-
seignements par le lieutenant-capitaiue Vol-
Icrthun.
LA FAlEUSE COkCNISATION ALLEMANDE
(De notre, correspondant particulier)
Berlin, 26 janvier.
Au budget de l'empire, qu'on vient de pré-
senter au Reichstag, les dépensos prévues pour
l'administration de toutes les colonies alle-
mandes se montent à 45 millions de francs ;
les recettes que le trésor tire de ces possessions
n'atteignent que le chiffre de 10 miilions de
trancs. Les colonies de l'empire allemand, qui
cependant ne sont ni vastes, ni nombreuses,
coûtent 35 millions de francs par an.Bien plus,
les recettes montrent une teadauce à baisser
eocore.
SARDINES
ET SARDINIERS
Misère de la côte bretonne. - Royaume
de la sardine — Coutumes noma-
des. — La statistique constate
ses caprices. — Causes pré-
sumées de son éloigne-
ment des côtes.—Mo-
nographie de pé-
cheurs.
Durant les années de pêche ordinaire, cet
endroit de la Bretagne, de Brest à Lorient,
baigné par la mer Armoricaine si souvent hos-
tile, n'est pas absolument uneterre d'abondance
pour ses habitants, sur lesquels s'abattent l'al-
coolisme, la spéculation, le marchandage et
mille autres misères.
Mais, plutôt indifférent, le pêcheur nedeman-
dait ni aux hommes ni à la nature, une somme
plus grando de bien-être qu'il n'en recevait ; et
voilà tout à coup que la seule production qui
le faisait vivre, vient à lui manquer 1
Une misère de plus ! mais combien cruelle
celle-là, qui jette, désolée, farouche, toute une
population dans la famine.
L'élan de générosité qu'ont soulevé dans
tout le pays et même au dehors, l'émoi et la
détresso de ce coin de France a été aussi su-
blime que spontané et dos secours suffisants
dit-on, pour soulager bien des souffrances, ont
éléprodigués aux bens endroits.
Mais tout cela n'est que temporaire et ce
n'est qu'en juin prochain qu'on saura si la sar-
dine se décide à reprendre sescoutumiers ébats
dans los eaux qui furent si longtemps pour
elles leur domaine favori.
Dans une précédente étude, nous avons es-
quissé les mœurs et habitudes de ce frétillant
et succulent poisson. Nous avons dit combien
étaient brillantes ses périodiques chevauchées
au travers des océans et des mers, en quelles
innombrables masses, tout-à coup, elles émer-
geaient toutes scintillantes des plateaux sous-
marins, qu'enveloppent le mystère et la nuit.
Nous avons même fait assister nos lecteurs à
sa capture, signalant quelques-uns des procé-
dés habituels de pêche. Nous ne reviendrons
pas sur ces sujets, mais nous rappellerons seu-
lement que la sardine ne fréquente pas les en-
droits où l'eau n'a pas au moins 10 à 12 degrés
de chaleur.
Causes possibles de l'éloignement
Trois ou quatre causes possibles de l'éloigne-
ment des sardines ont été révélées dans les in-
terviews qu'ont eues nos confrères,soit avec des
maîtres en océanographie, soit avec des pê
cheurs, soit avec des amateurs de pêche.
Les uns pensent que le soleil,qui est le grand
dispensateur des choses de ce monde, n'a pas
eu l'année dernière assez de calorique pour
faire fleurir sur les eaux agitées de la mer bre-
tonne une petite fleur, petite s'il en fut : la
diatomée, dont sont friands certains minuscu-
les crustacés, qui servent, à leur tour, de régal
à la sardine.
Or, pas de diatomées, pas de sardines.
M. Edmond Perrier, qui est un maître com-
pétent en la matière, est très positif.
Le poisson, d'après son opinion, n'obéit qu'à
des besoins organiques très puissants et ur-
gents, il agit sous l'impulsion de la nécessité
de vivre et il vit là où se trouve le gîte et le
pâturage.
La morue présente un exemple à consigner
do cet instinct impératif de rechercher les mi-
lieux propres à sa nourriture et à sa reproduc-
tion. N'a-t-elle pas abandonné le French-
Shore pour le grand banc de Terre-Neuve ?
Enfin la sardine, le hareng, n'obéissont-ils pas
à la même loi, en apparaissant une année à un
passage, une autre année à un autre ?
D'autres savants et non des moindres, consi-
dèrent que les caprices des poissons migrateurs
sont intimement liés aux phénomènes physi-
ques du globe, et coLLo année de 1902 a été
abondante en effets extraordinaires cosmiques
et magnétiques, qui ont pu avoir une influence
sur les courants ignorés sous-marins, et chan-
ger do ce fait les habitudes des poissons.
Cortains reprochent encore l'éloignement de
la sardine à l'action de l'homme. La sardine est
ennemie du progrès, elle ne comprend pas la
pêche intensive et le chalulage à vapeur lui
cause de mortels soucis.
Sa pâture dispersée, ses gîtes bouleversés par
les puissants engins qui ravagent les fonds et
sillonnent les flots, ses habitudes déroutées par
mille choses nouvelles: voilà l'action du filet 1
Cotte théorie, nous la tenons pour excessive
et contradictoire avoc la thèse de M. Edmond
Perrier. Le chalut ravage la fond, soit; il trou-
ble seuîoraentle tranquille refuge des poissons
plats, ou autres sédentaires, c'est un fait ac-
quis, mais n'a pas d'action sur la sardine, qui
vil temporairement à la surface de nos mers
continentales. Et puis, le chalutage à vapeur
est encore à l'état d'enfance, surtout en Breta-
gne.
Ce qui à notre avis peut faire du tort aux
pêcheurs, c'est l'emploi de la rogue artificielle,
mais encore à ce sujet tout est contradictoire et
l'on ne peut que s'arrêter à des conjectures.
Le fait auquel nous pouvons nous rallier est
celui exprimé par le distingué directeur du
Muséum : le soleil est le grand coupable.
Son action n'a pas été suffisante depuis quel-
ques années : les printemps et les étés ont été
fort pluvieux, les ombres et les brouillards ont
enveloppé nos régions occidentales et la tempé-
rature de la mer riveraine ne s'est pas élevée
à 12 degrés.
De ce fait n'a pu éclore la fleur magique, la
petite diatomée qu'aime la sardine.
Matériel insuffisant
La sardine s'est donc éloignée, c'est entendu,
puisqu'à sa place elle a laissé la misère; mais,
dira-t-on, s'est-elle tellement éloignée qu'on ne
puisse aller la trouver?
Deux raisons majeures s'opposent à ce beau
projet : la première réside dans le matériel in-
suffisant des pêcheurs composé de bateaux
plats, non pontés, qui ne peuvent soutenir un
temps gris ni s'aventurer à 50 milles en mer.
La seconde raison est que la sardine est d'une
extrême délicatesse et qu'elle se froisse rapi-
dement; or, une journée de mer pour la ren-
trée au port et la sardine avariée est bonne à
fumer les terres.
Toujours la rogue
Celte fameuse rogue, qui fait l'objet de tant
de controverses, existait déjà aux originesdela
pêche à la sardine.
Jaubert, membre de l'Académie royale des
sciences de Bordeaux,en parlant de la sardine,
constate, en 1773, que le poisson n'eat pas en
permanouce dans los endroits qu'il fréquente
et que pour l'empêcher d'émigrer une fois ar-
rivé, il faut le retenir au moyen d'un appât
approprié.
« Les pêcheurs des côtes de Bretagne font
des pêches très abondantes de sardines lors-
qu'elles viennent sur les côtes : mais ils les
retiennent plus longtemps qu'elles n'y reste-
raient naturellement en les amorçant avec une
composition que l'on retire de la Hollande et
du Nord.
« C'est une préparation d'oeufs de morue et
d'autres poissons. La consommation que l'on
en fait est prodigieuse.
La barrique se vend communément de dix à
douze francs. »
La rogue est donc l'appât indispensable à la
pêche à la sardine, mais combien ses pris ont
augmenté depuis Jaubcrt J
Actuellement on emploie en moyenne un ba-
ril par semaine dans chaq :e embarcation, et le
baril qui pèse de 117 à 120 kilos, vaut pour la
première qualité, 32 à 41 francs ; pour la se-
conde 24 à 30 francs. Les marchés où sont fixés
les cours se trouvent exclusivement en Norvège.
Or, celle année, par suite de spéculations
extraordinaires, la rogue a atteint 100, 115 et
même 118 francs le baril ; elle a plus que triplé,
de sorte que nos marins, hélas! ont été pour
ainsi dire dans l'impossibilité de s'en procurer.
Pêcheurs bretons
Même dans les années prospères, l'existence
du pêcheur breton est des plus précaires. Toute
paradoxale que paraisse cette opinion, elle est
pourtant soutenable, car elle est intimement
jointe à la loi inexorable de l'offre et de la de-
mande. Si la sardine abonde, les prix de vente
sont baissés, et celle loi de l'offre ne met pas
on compte le labeur écrasant du pêcheur, non
plus que les prixde l'outillage, elle va droit au
but: le nombre de sardines jetées sur le mar-
ché. On dira que le travail de l'usine qui in-
corpore la famille du pêcheur compense la
perte causée par l'avilissement dos prix. Nous
ne nous rangeons pas de cet avis, car le salaire
de l'usine n'est pas élevé et satisfait peu aux
heuros que les femmes lui consacrent.
Si au contraire la sardine est rare, le pê-
cheur la vend plus cher ; mais le chômage
usinier détruit le gain provoqué par la rareté
du poisson.
Le pêcheur ne peut donc élever sa situation
au dessus d'un maximum que les plus modes-
tes ouvriers de terre considéreraient comme un
minimum.
Quelle est donc la situation d'un pêcheur
breton ?
Prenons par exemple un pêcheur de Con-
carneau, en plein centre du pays des sardines,
et que voyons-nous à son budget?
1° Gain du marin. 900 fr.
2° Gain do la femme. 300
Total 1.200 fr.
Gains supplémentaires et provisoires du fils
150fr., d'une fillette 120, d'une jeune fille 250
francs — soit 1.720 francs.
Le père est patron du bateau, le fils est marin
à bord de ce même bateau, l'une des filles tra-
vaille à l'usine, l'autre aide sa mère au mé-
nage et au ramendage ou à la confection des
filets. -
Dans cette monographie rapide,nous prenons
une famille assez aisée où tous les membres
coopèrent au travail commun.
Leur logement est composé d'une seule pièce
qui sert de chambre à coucher et de cuisine,
la nourriture ne s'étend pas au delà de pois-
sons et de crustacés; quant aux plaisirs, ils
sont non pas quotidiens, mais imposés par les
traditions. On fêle le carnaval, les régates, la
Saint-Martin, et les économies sont nulles puis-
que le pain mangé en hiver est seulement payé
en été et qu'en dehors de la pêche le marin ne
se livre ni à l'élevage de la volaille, ni à colui
des abeilles ou des vers à soie. Les pêcheurs de
Concarneau ne font pas non plus d'agriculture
entre deux saisons de pêche.
Par exemple la boisson, la boisson forte est
de tous les jours et la plus grande partie du
salaire de la pêche s'en va quotidiennement
chez le débitant.
Si nous voulons remonter plus haut, vers
Douarnenez, nous trouvons d'autres familles
encore moins fortunées que la précédente, où
pour neuf membres dont sept enfants — ici
c'est la misère causée par l'alcool — la recette
de l'année s'élève à 500 francs.
La dépense? ne la détaillons pas,elle est de
600 francs. — Alors 1 J
Nous arriverons à uneconclusion.mais avant
de la poser nous pensons qu'il conviendra à
nos lecteurs de connaître plus profondement
nos Bretons de la cota et leurs diverses fonc-
tions industrielles.
Celté tâche fera l'objet d'un second article.
GEORGES HAMON.
»
LES CHIENS DE GUERRE ALLEMANDS
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 26 janvier.
Le ministère de la guerre vient d'élaborer un
règlemont relatif à l'emploi dos chiens de
guerre.
Il recommande de ne choisir que des chiens
de pure race et do prendre de préférence le ter-
rier d'Adélaïde. Aucun animal ne peut être ad-
mis comme auxiliaire dos troupes avant d'a-
voir passé par lo dressage en chambre et l'ap-
prentissage du service de messager.
Chaque compagnie d'infanterie doit possé-
der au moins doux chiens de guerre ayant une
instruction complète.
UNE SECTE SECRÈTE DANS L'ÉGLISE CATHOLIQUE
(De notre correspondant particulierl
Rome, 26 janvier.
Au Vatican, on suit avec une certaine ap-
préhension les efforts actifs de l'abbé Murri,
chef de la démocratie chrétienne, qui s'est re-
tiré de son groupe, sans cependant avoir fait
acte do soumission. On a reçu dos rapports
confidentiels d'après lesquels l'abbé Murri au-
rait fondé une sorte de secle secrète, qui con-
tinuerait à travailler pour la cause do la dé-
mocratie chrétienne et qui se déroberait com-
plètement au contrôle du haut clergé.
Plusieurs réunions secrètes auraient déjà eu
lieu. Les affiliés se feraient reconnaîlre les uns
des autres par des signes mystérieux et imite-
raient, en quelque sorte, les usages de la franc-
maçonnerie.
ÉPILOGUE DE L'AFFAIRE KROSIGK
(Da notre correspondant particuliery
Berlin, 26 janvier.
Le sergent Hickel, accusé, on se le rappelle
peut-être, d'avoir assassiné le capitaine von
Krosigk et qui fut en fin de compte acquitté,
vient d'être nommé douanier à Hambourg.
———————————-
L'ÉLÈ&TION DU Ive ARRONDISSEMENT
Aussitôt la mort du député nationaliste Clou-
tier, les six comités suivants : Ligue des
Droits de l'Homme (quartier do l'Arsenal), Li-
gue des Droits de l'Homme (quartier Saint-
Gervais), Comité républicain socialiste de l'Ar-
senal, Comité républicain socialiste de Saint-
Gervais, comité républicain socialiste de la 2'
circonscription du 4e arrondissement, Comité
d'Alliance républicaine antinationalisto. du 4*
arrondissement, se sont groupés en Fédération
à l'effet de s'entendre et de faire choix d'une
candidature républicaine anlinationaliste uni-
que.
Le Comité d'Union républicaine socialiste
s'est seul refusé à cette enlenle, et, dès la pre-
mière heure, il a nettement posé la candida-
ture collectiviste du citoyen Gabriel Deville.
Après diverses réunions, dans lesquelles la
situation électorale dans le 4* arrondissement
a été sérieusement examinée sous toutes ses
faces, les comités de la Fédération ont décidé,
à l'unanimité, de présenter une* candidature
républicaine radicale-socialiste, estimant que
cette nuance seule a chance de grouper la
grosse majorité du Bloc républicain et que,
seule, ollo est capable de battre le candidat dos
réactionnaires nationalistes.
A LA CHAMBRE
LE BUDGET DES CULTES
Personne ne prévoyait que le budget des cul-
tes dût donner lieu, celle année, à une discus-
sion passionnée.
Le fait s'est produit, cependant, à cause de
quelques mots do M. Combes qui ont inquiété
— à tort nous l'espérons bien- — la majorité
républicaine.
L'impression qui a prévalu sur le moment
était que le chef du cabinet avait affirmé la né-
cessité d'une « religion pour le peuple ».
Il nous est impossible de croire que telle
soit l'idée du président du conseil. Il n'a pas
jugé à propos de s'expliquer complètement au
cours de débats qui ne devaient pas prendre la
forme d'une interpellation. La question resle
donc posée. Il nous suffit de penser aux si
nombreux actes d'énergie démocratique de M.
Combes, pour êlre assuré que le malentendu
ne tardera pas à se dissiper.
Dans la discussion générale du budget des
cultes, M. Grousseau avait, au nom des droi-
tiers, reproché au gouvernement sa politique
religieuse.
M. Allard avait exposé la thèse républicaine
et anticléricale de la séparation des Eglises et
do l'Etat. M. Allard parle avec talent, par con-
séquent avec clarté.
M. Allard. — Le Concordat n'a aucune va-
leur. C'est un contrat nul, puisqu'il a été signé
avec le pape, qui n'est qu'un directeur de cons-
cience ; ce n'est pas une personne morale. Le con-
trat est donc nul. (Exclamations sur divers bancs.)
M. Millevoye. — On l'a cependant fait si-
gner au pape et sous une forme assez pressante.
M. Allard. — Vous admettez donc qu'un
étranger intervienne dans nos affaires intérieures?
(Applaudissements à l'extrême gauche.) Le Con-
cordat a été signé par Napoléon dans un intérêt
personnel.
Napoléon l'a signé, parce qu'il avait besoin d'a-
gents pour fortifier son pouvoir à l'intérieur. La
papauté à un intérêt vital à défendre le Concordat.
Je m'étonne que la commission et Jo gouverne-
ment s'opposent à sa suppression ; le pays s'en
étonne aussi. Il se demande s'il n'y a pas pacto
entre la papauté et le gouvernement français ; il
se demande si le silence du pape, dans la ques-
tion des congrégations, n'a pas été motivé par
l'assurance que le gouvernement s'opposerait à la
dénonciation du Concordat et à la suppression du
budget des cultes.
Il n'y a pas da religion nationale; il y a une irre-
ligion nationale.
Le Français ne va plus à l'église et nous assis-
tons à la faillite de la religion. Les événements de
Bretagne nous en ont fourni la prenve. S'il y avait
eu dans cette région les convictions religieuses du
moyen âge, on aurait accueilli les agents du gou-
vernement qui venaient fermer les écoles avec do
l'oau bénite, persuadé qu'elle eût suffl à les exor-
ciser.
Aujourd'hui on les accueille avec d'autres matiè-
res. (Très bien! à l'extrême gauche.)
M. Barlhoulat qui a déposé un projet do ré-
férendum sur la question de la séparation des
Eglises et de l'Etat, en demande le renvoi à la
commission des associations.
M. Combes va lui répondre :
Discours de M. Combes
M. Combes, président du conseil. — Le dis-
cours du précédent orateur vient de nous prouver
que ce n'était pas dans une discussion budgétaire
qu'on pouvait trancher une question aussi déli-
cate. On ne peut pas effacer d'un trait de plume
quatorze siècles écoulés.
Il est de votre devoir de connaître, d'avance, par
quoi vous les remplacerez.
Voix diverses à l'extrême gauche. — Par rien.
M. Combes. — Je ne crois pas que ia presque
unanimité des Français puissent se contenter,
comme M. Allard, de simples idées morales. (Ap-
plaudissements vifs et répétés au contre et à droite.
— Mouvements à l'extrémo gauche.)
Je disais qu on ne peut pas se contenter des sim-
ples idées morales, telles qu'on les enseigne main-
tenant superficiellement. Les idées religieuses,
comme les églises les donnent — et elles sont les
seules à les donner — elles sont nécessaires. (Vi-
ves interruptions à gauche et à l'extrême gauche.
— Applaudissements au centre et à droite. —
Mouvement prolongé.)
M. Selle. — Vous désagrégez le bloc.
M. Buisson. — Je demande la parole.
M. Combes. — Je me mets difficilement,
comme M. Allard, à l'idée d'une société, composée
de philosophes, qu'une éducation première n'au-
rait pas garantie suffisamment contre les périls de
la vie. (Vives interruptions à gauche.)
M. Jaurès, vice-président. — Vous n'avez pas
d'intérêt à ce que les interruptions créent une équi-
voque dans ce débat.
M. Combes. — Je crois que la libre pensée
doit suffire à conduire les hommes, mais on ne
peut pas du jour au lendemain. (Applaudisse-
ments au centre. Bruit à gaucho.) Mais, mes-
sieurs, c'est une question de pratique tout simple-
ment.
Ce que je veux dire, c'est que la suppression du
budget des cultes ne résoudrait pas la question.
Les gauches, un pou eiIarées, restent silen-
cieuses.
M. Sembat demande la parole :
Discours de M. Seml)at
M. Sembat. — Je croyais que la discussion
du budget ne serait, cette année, qu'une très courte
discussion de principes; je croyais que le président
nous demanderait de no pas mettre la suppression
du budget des cultes en travers de son œuvre de
supprimer les congrégations ; au lieu de cela, il a
fait entendre des paroles que n'eût pas désavouées
M. Méline ou M. Ribot. (Rires.) et d'après lui le
prêtre enseigne au nom de la République.
Il y a donc, dans chaque village, l'instituteur et
le prêtre, qui, au nom de la République, enseignent
le contraire. Nous ne connaissons, nous, que l'ins-
tituteur qui doit donner le seul enseignement scien-
tifique. (Applaudissements à l'extrême gauche.)
Les membres de l'opposition vous ont applaudi
ironiquement. (Dénégations à droite et au centre.
M. Millevoye. — Pas du tout, nous avons
applaudi très sincèrement.
M. Combes. — Je ne sais pas si on a pu se
méprendre sur mes paroles. J'ai dit l'année der-
nière au Sénat, pendant la discussion sur les asso-
ciations, que j'étais un philosophe spiritualiste et
que je considerais l'idée religieuse comme une
des forces morales les plus puissantes de l'huma-
nité. (Vifs applaudissements au centre et à droite.
— Protestations à gauche.)
Après ce discours la majorité républicaine m'a
accepté comme président du conseil ; si elle trouve
que je ne suis pas à ma place, elle n'a qu'à le dire.
(Mouvement prolongé.)
M. Sembat. — Un malentendu nous sépare.
Nous avions cru que la guerre aux congrégations
n'était que le prélude, car, pour nous, cléricalisme
et religion sont synonymes.
M. Berleaux dit que. quoique rapporteur de
la commission du budget, il volera la suppres-
sion du budget des cultes.
M. J.-L. Breton propose la suppression dos
25 chapitres de ce budget.
M. Vaillant dit que la Révolution avait déjà
effectué la séparation des Eglises et de l'Etat
et s'en était bien trouvée.
Discours de M. Buisson
M. Ferdinand Buisson prononce un discours
dans lequel il expose, aux applaudissements
des députés républicains, que l'Ecole laïque n'a
pas besoin d'être doublée do l'Eglise pour ac-
complir sa tâche. -
M. Buisson. — Plusieurs de mes amis et moi
voterons contre les crédits. La République ne con-
naît comme professeur de morale que l'instituteur
dont l'intelligent dévouement est à la hauteur de
toutes les tâches.
Elle doit rompre toute espèce de liens avec l'en-
seignement catholique, tel qu'il est proposé par je
ne sais quels membres du clergé qui abêtissent
l'esprit humain. (Vives protestations à droite et au
centre.)
M. de Pressensé déclare que « les républi-
cains ne sauraient admettre, si réduit qu'on
puisse îsire leur rÓlt. tes dogmes Il'Etat.
L'amendement J.-L. Breton est repoussé p4le
328 voix contre 201.
Les divers chapitres du budget des culte*'
sont adoptés.
M. Jaurès président
Nous avons été tout d'abord au récit de fa ¡
partie émouvante de la séance. Mais on aurait'
bien cru, le malin, que l'événement de la jour-!
née serait la présidence de M. Jaurès. t
Beaucoup d'hommes politiques et de jouroa-
listes étaient venus assister à son passage dans
la salle des Pas-Perdus, entre les -deux rangs
du piquet d'honneur.
M. Jaurès n'a commis qu'une petite « gaffe Pr"
il a salué les officiers du piquet au moins dix
pas après les avoir dépassés. Un pou plus, il.
les oubliait tout à fait. Quelle fureur, alors, sa
déchaînait dans la presse nationaliste 1 Ja-
mais un président de la Chambre n'avait ainsi
outragé l'armée !
Heureusement, M: Jaurès s'est avisé à temps
do son erreur, et s'il a salué tard, il a salué
profondément et avec grâce.
Disons, pour compléter ce compte rendu, qus
les derniers chapitres du budget de l'agricul-
ture avaient été adoptés au commencement de
la séance.
Quoi encore ? Ah ! M. Gauthier (de Clagny)
a déposé une proposition de loi pour que la
statue de Strasbourg, place de la Concorde,
soit fondue en bronze, ainsi qu'en avait décidé
un décret du gouvernement de la défense na-
tionale (2 octobre 1870).
Il paraît que M. Gautier (de Clagny) donnait
à sa proposition une portée politique.
Qui diable s'en serait douté ?
H. D.
LES ESSAIS DE LA "JEANNE-D'ARC ':
Nous avons de nouveaux renseignements sur
les essais de la Jeanne d'Arc.
Ces essais, que la dépêche officielle avait in-
diqués comme satisfaisants, sont loin de l'être
autant qu'on l'a dit.
En effet, à toute vitesse on n'a obtenu que
21 nœuds avec toute puissance, quoique les
calculs d'essai de M. Berlin aient donné 23
noeuds.
M. Berlin est, à l'heure actuelle, directeur
de la section technique du ministère do la ma-
rine.
Ce n'est pas là la soule erreur commise par
M. Bertin: tous les bateaux dont il a fait les
plans ont donné des insuffisances lamentables.
Cela tient à ce que M. Bertin persiste, con-
tre l'avis de toutes les amirautés du monde et
l'avis de tous les mécaniciens français,à impo-
ser des chaudières à petits tubes, qui s'encras-
sent vite, qui éclatent, qui dépensent énormé-
ment de charbon et imposent aux chauffeurs
une besogne surhumaine.
Le ministre de la marine était donc bon pro-
phète quand, il y a trois ans , il condamnait,
d'après ses renseignements, les chaudières à pe-
tits tubes et affirmait que la Jeanne-d'Arc ne
donnerait jamais la vitesse prévue au con-
trat.
Le cas de la Jeanne-d'Arc n'est pas isolé et les
autres unités en construction sont dans le
même cas ; mais M. Bertin persiste.
ib
Les Coulisses des Chambres
Le pari mutuel
La commission de répartition des fonds du
pari mutuel a tenu séance hier au ministère
de l'agriculture.
Le groupe de l'enséignement
Le groupe de l'enseignement do la Chambre
a chargé son bureau de rassembler les propo-
sitions concernant les enseignements primaire
et secondaire, et d'en faire un classement.
Les obsèques de Mahmoud-pacha
M. Combes, président du conseil, a accepté
de répondre à Id séance de vendredi prochain
à une question quo posera M. Denys Cochin
au sujet de l'intervention de la police aux ob-
sèques de Mahmoud-pacha.
Le rapport de M. Maujan
Le rapport de M. Maujan sur le budget da
la guerre sera distribué aujourd'hui aux dé-
putés.
Le rapporteur réalise une rédaction totale da
27 millions. Il traite d'abord la question des
effectifs en temps de paix. « Il a recherché,
dit-il, les moyens d'égaler en nombre et en
véritable puissance défensive l'arméa d'outre-
Rhin sur pied de paix. »
M. Maujan arrive à égaler les effectifs alle-
mands par le service de deux ans réduit à
vingt-deux mois au moyen d'un mois de per-
mission chaque année. De cette façon, et en
supprimant les dispenses, l'effectif français sur
pied de paix pourra atteindre le total da
600.000 hommes.
M. Maujan préconise les régiments d'infan-
terie à trois bataillons, il demande la suppres-
sion des lanciers en attendant celle des cuiras-
siers et la mise en pratique du système do
l'infanterie montée.
Il s'oppose au rengagement des soldats sauf
pour la cavalerie et seulement pour une troi-
sième année.
Au contraire, il voudrait que les trois quarts
des sous-officiers rengageassent.
- 00
LE COMITÉ DES ASSOCIATIONS DE LA PRESSE
Le Comité général des Associations de la
presse française a tenu, hier, au Grand-Hôlel,
son assemblée générale ordinaire sous la pré.
sidonce de son président, M. Jean Dupuy.
Les rapports annuels, présentés par le secré-
taire général et le trésorier ont été approuvés à
l'unanimité.
Ont été ensuite réélus à l'unanimité : MM.
Lucien Viclor-Meunier, secrétaire général ; Ro-
bert Charlie, trésorier ; Etienne de Nalèche,
Ferdinand Réal, Edmond Robert, Abel Tardi-
veau, secrétaires.
Répondant à une communication de M. Mi-
chel Lagrave, commissaire général du gouver-
nement français à l'Exposition internaLionala.
de Saint-Louis, le Comité général a désigné son
bureau pour former la commission de la Presse
française à cette Exposition et délégué son sec-
crétaire général, M. Lucien Victor-Meunier pour
organiser surplace et de concert avec M -Michel
Lagrave, la représentation de la Presse fran-
çaise à Saint-Louis.
AU VENEZUELA
Les négociations à Washington. —
Victoire des insurgés. — Le fort
San Carlos. -- Une enquête.
Washington, 26 janvier.'
M. Bowen a eu, hier, une longue conférence
avec l'ambassadeur d'Angleterre qui s'était au-
paravant entretenu avec l'ambassadeur d'ItaHo
et le chargé d'affaires allemand.
Les négociateurs conservent vis à-vis de fa
presse le secret le plus absolu sur leurs déli-
bérations, mais on assure qu'une amélioration
de la situation est proche.
New-York, 86 janvier.
On mande de Willemstad au New-York Herald :
Log insurgés ont battu lo président Castra
dans un combat important à quarante milles da,
Pucrlo-Cabcllc. De pctils d&achsiUQUls$9
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