Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-01-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 janvier 1903 12 janvier 1903
Description : 1903/01/12 (N11994). 1903/01/12 (N11994).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572345s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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CINQ G £ 3 N-TiME SI le Numéro. - PAR!S & DÊPAFtTEMENTS La Numéro, CINQ CE NTIMES
LE XIX" SIECLE
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AUX BUREAUX DU JCuRNAL -
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N. 11994. - Lundi 12 Janvier 1903
23 NIVOSE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail -.JI
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NOS LEADERS
le mnUillent e Renan
J'ai déjà dit, et je ne saurais trop ré-
péter combien j'admire le mouvement
républicain qui fait se dresser contre
Rome la petite ville, cernée par la chou-
annerie, qui s'appelle Tréguier. Alors
que la réaction se proclame — et se
croit peut-être maîtresse de la Breta-
gne, Tréguier -se prépare à élever un
monument à Ernest Renan.
Pour comprendre l'importance d'une
pareille manifestation, il faut avoir un
peu vécu parmi nos populations de la
presqu'île de l'Ouest ; il faut savoir que
flenan a toujours été représenté, dans
ison propre pays, comme l'incarnation
(le l'antéchrist ; il faut connaître la té-
nacité d'un clergé bestial et fanatique à
étever les enfants dans la haine de celui
qui écrivit la Vie de Jésus.
L'horreur de Renan avait fini par être
enracinée dans les cœurs bretons comme
ton préjugé traditionnel et régional.
1 Et soudain, les forces de ténèbres que
j'énumère incomplètement ont cédé de-
vant l'expansion de la Libre-Pensée, et
Tréguier honore par un monument le
plus illustre de ses enfants.
Je traversais Tréguier, il y a quelque
temps, et j'allais serrer la main au
maire, M. J. Guillerm, qui, de concert
avec le conseiller général, M. de Ker-
guezee, défend si hardiment les reven-
dications laïques contre les entreprises
inouïes des moines et de certains prê-
tres séculiers. Je n'avais que quelques
heures de liberté, et j'étais obligé de
me contenter d'une bien brève en-
quête.
M. Guillerm eut cependant le temps
de me présenter à quelques-uns de ses
compagnons de lutte. Oh ! les braves
gens ! comme la raison parle bien par
leur bouche! Ils n'ont pas de colère
contre des adversaires qui les attaquent
violemment et injustement. Ils ne mon-
trent aucune fureur ; mais ils sont réso-
lus à délivrer la Bretagne de la tyran-
nie cléricale et ils y arriveront, parce
qu'ils dénoncent un à un tous les so-
phismes, tous les mensonges à l'aide
desquels la gent soutanière berne des
paysans de bonne foi.
Soutenons nos camarades des Côles-
du-Nord; aidons-les. Leurs efforts sont
d'autant plus méritants que la plupart
d'entr'eux sont pauvres. J'ai sous les
yeux des listes de souscription au mo-
nument d'Ernest Renan ; ce sont les
listes du Journal de Tréguier, du
Lannionnais, du Réveil de Saint-Brieuc.
Les souscripteurs les plus nombreux
sont des ouvriers, de petits cultiva-
teurs, ils versent des sommes variant
entre 75 et 25 centimes. Le total finit
par être imposant tout de même. Cette
obole de la démocratie laborieuse est à
nos yeux la. plus touchante et la plus
précieuse des cotisations.
Les cléricaux ont imaginé'de terrifier
ces gagne-petits et de les ranger mal-
gré eux à l'ombre de la croix : les frè-
res, les prêtres, les propriétaires fon-
ciers, les politiciens de la droite et leurs
i( cabaleurs » — sortes d'agents élec-
toraux — ont parcouru le pays et pré-
senté dans chaque chaumière des listes
de protestation contre le projet de mo-
nument à Renan. Il était assez facile
d'arracher des signatures à de pau-
vres travailleurs soumis, plus ou moins
directement, à l'arbitraire des hobe-
reaux et des usiniers dévoués à l'Eglise.
Dans leur angoisse, beaucoup des
malheureux placés entre leur devoir ci-
vique et le souci du pain quotidien, ont
demandé aux chefs du parti républicain
de la région comment ils devaient agir.
Dans une affiche qui a produit une
énorme impression, les militants dé-
mocrates ont répondu en substance :
« Signez, signez tout ce qu'on voudra ;
nous savons quelle violence vous est
faite, et le pays ne se méprendra pas
sur votre réelle volonté. »
Pourtant, la contre-manifestation a
raté. Il n'en a plus guère été question.
Cela n'est pas pour nous donner 1e
droit de prêter un appui moins énergi-
que aux républicains de Bretagne.
Les réactionnaires et les modérés ne
veulent pas admettre que l'hommage
rendu à Ernest Renan soit purement
littéraire et philosophique. Ils enten-
dent que la manifestation de Tréguier
ait un côté politique développé.
Certaines personnalités refusent de se
joindre à celles qui ont déjà accepté le
principe de la statue. Elles craignent
l'offusquer les susceptibilités réaction-
naires.
Grâce à de telles défaillances, ce qui
n'aurait été qu'une importante démons-
Iration du monde de la pensée, devient
rapidement un irrésistible soulèvement
Ses consciences libres.
La question ne se pose pas autre-
ment devant l'opinion internationale.
Et j'en veux pour preuve seulement
l'adresse envoyée au comité Ernest
Renan par un groupe d'écrivains qui
honorent les lettres espagnoles. Je sur-
prenais hier, sur la table de travail de
notre confrère Armand Dayot, la lettre
signée de MM. Etchegaray, Perez-Gallos
(l'auteur de la fameuse Electra), etc.,
lettre qui n'a pas encore été publiée.
« Ernest Renan, disent les poètes espa-
gnols, était déjà un modèle de style et
de pensée Dour le .monde latin tout en-
tier. Nous voyons maintenant en lui un
apôtre de la Vérité et de l'idée de Jus-
tice. »
Je cite le document de mémoire, mais
je suis sûr de n'en pas modifier le sens
général.
L'Eglise, pour nous offrir la bataille,
choisit des positions singulièrement
difficiles à défendre.
Hugues Destrem.
LES FINANCES DES AUTRES
Quand les nationalistes au-
ront fini de se désoler sur la
situation des finances françai-
ses, et sur le rendement des
contributions qui se traduit par
des plus-values de onze mil-
lions pour un seul mois sur les
produits de la période correspondante de
la précédente année; quand ils auront fini,
disons-nous, de se lamenter, et de prédire
notre ruine, nous les prierons de jeter un
coup d'oeil sur la situation financière des
voisins qu'ils ont accoutumé de nous pré-
senter comme des modèles incomparables
et inaccessibles à nos faibles moyens.
Ils verront, par exemple, dans la Gazette
de l'Allemagne du Nord, que les dépenses
du budget allemand pour cette année sont
supérieures de 160,489,619 marks aux dé-
penses de l'année dernière ; et que, pour
boucler ce budget, il faudra emprunter
219,921,739 marks.
Ils apprendront, en outre, que : « L'ex-
posé des motifs adjoint au projet de budget
fait ressortir la fâcheuse situation finan-
cière de chacun des Etats (allemands) aussi
bien que de l'Empire @ (allemand), situation
résultant de la crise économique actuelle. »
Ils recueilleront encore ce renseignement
que « le seul moyen qui s'offre pour 1903
aux Allemands est un dégrèvement com-
pensé par un emprunt servant de subven-
tion au budget».
Puisse cette étude et cette comparaison
les amener à une vue plus exacte de ce qui
se passe ici et de ce qui se passe dehors ;
nous exprimons ce vœu sans trop espérer
qu'il se réalise. — Ch. B.
———————————— ————————————
ASSISTANCE JUDICIAIRE
On se plaint beaucoup, tous ces temps-ci, du
fonctionnement de l'assistance judiciaire on
province.
Dans certains arrondissements, les bureaux
d'assistance judiciaire ont pris l'habilude d'exa-
miner le fond même des procès, au lieu de se
prononcer seulement sur la question de savoir
si oui ou non on doit accorder au plaideur, en
raison de son état de fortune, l'exemption des
frais do justice.
Cette pratique est déplorable. Il y a des tri-
bunaux, les bureaux d'assistance judiciaire ne
sauraient, sous aucun prétexte, se substituer à
eux, dans quelque litige que ce soit. Et en fait,
lorsqu'ils répondent par une fin de non rece-
voir à la demande qui leur est faite par un in-
digent, ils le mettent dans l'impossibilité abso-
lue de faire valoir ses droits. C'est absolument
comme s'ils statuaient sur son affaire
Certains bureaux se sont fait remarquer par
leur parti-pris. Ils refusent systématiquement
d'accorder l'assistance judiciaire aux ouvriers
qui la réclament pour plaider contre leurs
patrons ; comme la juridiction des conseils de
prud'hommes ne s'exerce que sur des catégo-
ries très restreintes de travailleurs, les ouvriers
agricoles, les employés se trouvent ainsi em-
pêchés de produire leurs demandes devant les
tribunaux.
M. Bulot, procureur général, a rédigé, l'an
dernier, une circulaire très iatéressante dans
laquelle il s'élevait contro ces abus et prescri-
vait aux membres du parquet de la Soine de
veiller à ce qu'ils ne se reproduisent plus.
Cet exemple devrait bien être suivi par les
procureurs généraux de province, et au besoin
le garde des sceaux pourrait intervenir. La
question est assez grave pour qu'il lui consa-
cre quelques instants. -- A.
»
Lieutenant-colonel et universitaire
(De notre correspondant particulier}
Rome, 10 janvier.
Le conseil supérieur de l'instruction publi-
que a approuvé la nomination de M, Enrico
Barone, lieutenant-colonel de l'étal-major, au
poste de professeur d'économie politique à l'U-
niversité de Rome.
» -
AU MAROC
L'influence française
Le Morning Leader publia la dépêche sui-
vante
Tanger. 9 janvier.
Le sultan a prié le grand shérif d'Ouazzan,
qui est sous la protection de la France et que
l'on dit avoir une grande influence sur les re-
belles, de s'employer auprès d'eux pour obtenir
leur soumission.
On croit que la France fait de grands ef-
forts pour renforcer son influence à la cour du
sultan.
La situation militaire
Dépêche du Mornmg Leader :
La tribu des Alcazar Kébir, près de Tanger,
menace de se joindre aux rebelles.
Des nouvelles graves viennent d'arriver. Le
sullan. jaloux de la popularité de son frère
Moulaï Mohammed, a ordonné de le remettre
en prison.
Il parait que la population de Fez a déjà
commencé à saluer le prince Moulaï-Moham-
med comme sultan.
On est d'accord pour trouver que la position
du sultan est critique.
La situation est grave et grosse d'éventua-
lités.
Londres, 10 janvier.
On mande de Tanger au Times, le 9 janvier:
Les nouvelles de Fez jusqu'au 4 janvier sont
moins satisfaisantes.
A cette date, la tribu des Hyainias, qui a en-
voyé des représentants au sultan, aidait encore
les rebelle?.
La population de Fez est très mécontente de
l'inaction du gouvernement.
Le sultan continue à fortifier la ville.
La situation est évidemment sérieuse, car
on rapporte que les rebelles s'approchent de
Fez.
Les trois sous-officiers anglais mis à la dis-
position du sultan pour instruire et exercer les
troupes sont attendus ici sous peu de jours, le
sultan n'ayant pas besoin de leurs services.
Tanger, 10 janvier.
D'après les nouvelles reçues de Fez, le pré-
tendant, qui s'était rendu dans la région de
Taza ces jours derniers, fait un retour offensif
Contre la capitale et a rétabli son camp à El-
ltillal, point it" à YiDgtftijiô de kilwnèijçe»
4f ¥.Z," ,.-.
A LA CAMPAGNE
LES ROUTES FRUITIÈRES
Nos grandes routes. — Les plantations
d'alignement. — Plaintes justifiées.
— Arbres forestiers et arbres frui-
tiers. - Un revenu bon à pren-
dre. - Les maraudeurs. — Les
arbres à planter.
Les étrangers qui viennent villégiaturer en
France sont de grands admirateurs de nos
voies de communication. Nos grande? routes,
bien percées, les émerveillent; les plantations
qui les bordent les plongent dans l'admira-
tion.
Il e&t de fait que ceux qui ont roulé leur bosse,
un peu partout, savent apprécier à leur juste
valeur les précieuses qualités des grandes ar-
tères qui sillonnent notre pays, en tous sens.
Dans tous les cas, il suffit d'avoir voyagé dans
l'est de l'Europe, en Algérie et en Tunisie pour
s'apercevoir, en comparant les situations res-
pectives, que nous devons nous considérer
comme de véritables privilégiés.
Les bienfaits des plantations
d'alignement
Nos plantations d'alignement peuvent et doi-
vent être considérées comme un bienfait, pour
tousles voyageurs qui circulent sur nos routes.
Pendant les chaudes journées de l'été, il est
possible de voyager sans trop souffrir de la
chaleur, lorsque les routes sont ombragées par
des arbres.
Au contraire, sur les routes dépourvues de
plantations, la chaleur est parfois suffocante
et la poussière s'y élève toujours en tourbillons
plus au moins intenses.
Je crois qu'il est bien inutile d'insister là-
dessus, car je prêche des convaincus — plus
que moi, peut être.
Quoi qu'il en soit, je dois aussi signaler
qu'il y a des gens — des grincheux probable-
ment — qui trouvent que les arbres de nos
routes causent do très graves dommages aux
récoltes des champs en bordure. Qui l'eut
cru)
La voix de l'évidence
Il paraîtrait qu'une partie des racines ne se
contenteraient pas de s'enfoncer sur place,
pour aller puiser les éléments nécessaires à la
vie des arbres, mais s'étendraient, au contraire,
dans les terrains avoisinants.
De là, bien entendu, envahissement du sol
et enchevêtrement de racines et, comme résul-
tats, l'épuisement de la terre et des difficultés
dans le travail d'amenblissement.
Les plaintes ont parfois atteint on certain de-
gré d'acuité puisque, dans un département que
ja ne désignerai pas, mais qui est très rappro-
ché de la capitale, les pouvoirs publics en ont
été émus.
Le Conseil général du département en ques-
tion a voulu se rendre compte de l'importance
des dommages causés par les plantations d'ali-
gnement aux propriétés riveraines. Il a, pour
cela, fait faire une enquête dans trois commu-
nes dont les territoires étaient traversés par
une route nationale.
Lo rapport évalue une perte annuelle de
6,800 francs pour ces trois communes, et cela,
pour une longueur de route de 4,800 mètres,
sur laquelle se trouvaient plantés 354 arbres.
Sur celle somme de 6,800 francs, il y aurait
bien eu à défalquer la valeur de l'accroisse-
ment annuel, mais c'est presque quantité né-
gligeable : cent à cent cinquante francs.
Un remède
Il est entendu que nos plantations routières
font l'agrément de nos routes et le désespoir
des cultivateurs riverains. Il est bien ditlicile
de contenter tout le monde à la fois.
Et pourtant, il y a là quelque chose à faire.
Regardons, en effet, ce qui so passe chez nos
voisins et imitons les dans ce qu'ils ont do
bon.
La Belgique, le Luxembourg, divers Etats
allemands et la Suisse ont entrepris do rempla-
cer les essences forestières qui étaient en bor-
dure des routes par des essenzes fruitières.
Si l'on en croit les chiffres qui ont été fournis
à ce sujet, l'Alsace-Lorraine retirerait annuel-
lement, de ce fait, un revenu de 150,000 francs
et le Wurtemberg 1,100,000 francs.
Sans m'extasier d'admiration devant ces chif-
fres, je ne puis m'empêcher de dire que je les
trouve très respectables.
Il paraît, en tous cas, qu'on se trouve très
bien do cotte innovation, en Allemagne, puis-
que, pendant ces dernières années, on a créé,
là-bas, des écoles de voyers-arboriculleurs et de
cantonniers-j ardiniers.
La peur de la maraude
L'une des raisons quo l'on a le plus souvent
invoquées pour expliquer notre abstention dans
cette voie de progrès, c'est que l'on craint les
dégâts des maraudeurs. On a peur que les
voyageurs nécessiteux trouvent sur les routes
les moyens de se désaltérer ou de so remplir
l'estomac ! A cela, je ne vois pas un très grand
mal, pourvu que les arbres eux-mêmes ne
soient pas endommagés.
Rien n'est moins prouvé, d'ailleurs, que les
tentatives de maraude soient très fréquentes ; il
suffit, pour s'en rendre compte,de constater ce
qui se passe dans lés pays vignobies. Là,c'est à
peine si on s'aperçoit que les vignes en bor-
dures de route soient plus visitées que celles
qui se trouvent à l'intérieur des terres.
Les essences à choisir
Un excellent moyen, pour empêcher la ma-
raude, serait d'ailleurs de choisir des essences
fruitières peu susceptibles de flatter les goûts
des passants, pommiers à cidre, poiriers à ci-
dre, noyers, cerisiers à kirsch, etc. En donnant
à ces arbres un assez grand développement en
hauteur, il faudrait encore que les maraudeurs
voulussent bien prendre la peine de grimper
dans les branches.
Pour ma part, je ne crois pas que l'objection
du maraudage des fruits ait un caractère bien
spécieux et, pour dire toute ma pensée, je ne
lui accorde aucune valeur.
Comme, d'autre part, je ne vois que des avan-
tages dans l'introduction sur nos routes des
plantations fruitières, j'appello celle innova-
tion do tous mes vœux,
(A suivve) A. MONTOUX
AU VENEZUELA
La Révolution. — L'arbitrage, — La
France et le blocus.
Caracas, 10 janvier.
Les révolutionnaires ont essuyé une nouvelle
défaite près de Coro. Ils ont eu 180 prison-
niers.
M. Bowen ne partira que dimancbc, les do-
cuments nécessaires aux négociations n'étant
pas encore tous préparés.
Les conférences s'ouvriront à Washington,
probablement quelques jours après l'arrivée de
M. Bowen.
On croit savoir que les commissaires de l'An-
gleterre et de l'Allemagne seront les chefs de
leurs ambassades à Washington.
1. Les pouvoirs de M. Bowen l'autoriseraient à
hypothéquer une partie des douanes vénézola-
nes aux créances des alliés, mais ne compor-
tent aucune excuse à l'Allemagne.
Le chargé d'affaires de France a obtenu hier
du gouvernement vénézolan, sans user de mé-
-aj.Qf$, l'&smâm crue les réclamations fran-
çaises postérieures à 1899 recevront, en vertu
de la clause de la nation la plus favorisée, le
même traitement que celles de l'Angleterre, de
l'Allemagne et de l'Italie.
On assure, de source autorisée, que la colo-
nie française a demandé à la France de ne
prendre contre lo Venezuela aucune mesure
agressive.
La coopération de la France au blocus dos
côtes vénézolanes est officiellement démentie.
Voir à la 3: page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
--- du matin
UN ATTENTAT CONTRE LE ROI D'ESPAGNE
Coup de feu contre la voiture royale
Un attentat a été commis, hier, contre le roi
d'Espagne, qui, fort heureusemont, n'a pas été
atteint.
Voici les dépêches annonçant l'attentat :
Madrid, 10 janvier.
Le bruit court qu'un attentat a été commis
contre le roi; mais les détails manquent.
Madrid, 10 h. du soir.
Il est confirmé qu'un allealat a été com-
mis.
Un individu a tiré contre les voitures du cor-
tège royal au moment où il passait.
Personne n'a été atteint.
Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITIONt
o
UN JUIF ANTISEMITE EN PRUSSE
(De notre correspondant particuliel'l
Berlin, 10 janvier.
M. Maximilien Hardon, de son vrai nom
Wittkowski, qui se signale, comme directeur
de la Zulwnrt, par ses idées anlisémitiques et
pangermanisles, sera porté comme candidat
aux élections du Reichstag par le parti agra-
rien. M. Hardea-Willkowski est israélite.
Il fut un des rares membres de la presse al-
lemande qui, pendant l'affaire Dreyfus, se fai-
saient l'écho fidèle des nationalistes français.Il
était autrefois l'un des intimes de M. de Bis-
marck.
* — ■' —— ■
ENCORE DE NOUVEAUX UNIFORMES AU VATICAN
(De notre correspondant particulierI
Rome, 10 janvier.
Après la garde-noble, c'est le lourdes gardes
suisses. Le commandant de ce dernier corps a
présenté au maire du Palais du Vatican une pé-
tition demandant le rétablissement de l'ancien
uniforme de gala des gardes suisses, consistant
en cuirasse, casque en acier et épée.
La demande a été accueillie favorablement.et
les gardes suisses se présenteront dans cette
lenue le 3 ma:'s, lorsque le pape officiera à la
cathédrale de Saint-Pierre.
.0-
LE SCRUTIN DE LISTE EN ITALIE
(De notre correspondant particulier)
Rome, 10 janvier.
Le gouvernement italien prépare une ré-
forme de la loi électorals.
Le projet comporte une extension du droit
de suffrage et l'introduction du scrutin de liste
par province.
Plusieurs ministres se sont prononcés en fa-
veur du suffrage universel, mais la majorité
est d'avis que le pays n'est pas encore mûr
pour une réforme si radicale.
«fill -
La justles des révolutionnaires russes
(De notre correspondant particulierl
Eydtkuhmen (frontière russo-allemande),
10 janvier :
A Gomneln, près de la frontière prussienne,
sur territoire russe, on a trouvé le cadavre
d'Anastasenko, agent de la police secrète russe,
qui avait la spécialité de faire des rapporls sur
les révolutionnaires.
Un poignard était planté dans le dos de
l'agent.
On a aussi trouvé une feuille sur laquelle
étaient ces mots, en caractères d'imprimerie :
« Exécuté par ordre de la Boyewaya Organi-
zatzia, » (Organisation de combat).
$ ————— ——————
UNE INSURRECTION AU TRAiiSVÃAL
(De notre correspondant particulier,I
Capetows, 10 janvier.
On a reçu des nouvelles très graves du dis-
trict de Ladybrand. Les Basoulos préparent un
soulèvement général contre les Anglais. Leur
roi, Lervlhodi, est très actif et exerce ses hom-
mes. Les Anglais ont concentré sans bruit de3
troupes à la frontière du Basoutoland. On dit
même que des rencontres ont eu déjà lieu.
Les Basoutos sont les indigènes les plus bel-
liqueux de l'Afrique du Sud. Ils sont armés de
fusils modernes et sont bien disciplinés. Leur
pays est montagneux et peu accessible.
———————————_
LA TURQUIE ET LA MACEDOINE
Constantinople. 10 janvier.
Le Seraskierat a fait parvenir à l'inspecteur
des provinces européennes 7.000 équipements
pour les nouveaux gendarmes et tous les fonc-
tionnaires ont reçu leurs appointements,qu'ils
toucheront désormais régulièrement.
A la suite des ordres transmis par la Porte à
Hilmy pacha, inspecteur chargé de surveiller
l'application des réformes dans les provinces
européennes de l'empire et d'arrêter les fau-
teurs de troubles dans un délai de 20 jours,
les arrestations suivantes ont été effectuées :
A Palanya, 2 musulmans, 9 chrétiens ;
A Ichteb, 10 musulmans, 13 chrétiens;
A Keupirli, 3 musulmans ;
A Komonova, 1.8 musulmans, 4 chrétiens ;
A Kratova, 1 musulman ;
A Adovichté, 1 musulman, 24 chrétiens;
A Orhanié, 92 musulmans.
D'après l'onquête, 3T inculpés ont réussi à
passer en Bulgarie ; les arrestations conti-
nuent ; en 10 jours, 64 inculpés ont été ainsi
remis aux autorités judiciaires.
———————————— ————————————
MARINS MEURTRIERS
Gijon (Espagne), 10 janvier
Une tentative de meurtre a été commise à
bord du navire russeMalhilde.
Le quartier-maître Franz Satanas et le ma-
telot Ysaac Ybeino ont tenté d'étrangler leur
capitaine, Hermann Soorholoff.daus sa cabine,
pendant qu'il dormait. Aux cris poussés par
la victime, le pilote est accouru et a pu déga-
ger à temps le malheureux des mains do ses
agresseurs.
Le quartier-maître et le matelot ont alors
tourné leur fureur contre le pilote, mais les
douze hommes composant l'équipage se sont
interposés et ont pu arrêter les deux révoltés
qui les menaçaient de leurs couteaux.
Les agresseurs ont été emprisonnés ; ils se-
ront remis entre les mains du consui de Russie
à BiU>ao.
LES HUMBERT
La veille d'un dimanche. — Calme plat.
Maria Daurignac à l'instruction. -
Bijoux de famille.
Journée sans intérêt au petit parquet : on
voit que l'on est à la veille d'un dimanche.
Comme chaque jour, les experts Couderc,
Fargues, Iché et Doyen sont venus continuer
leur besogne dans les arrière-cabinets des ju-
ges.
M" André Hesse, Clunet et Paul Morel sont
venus compulser les dossiers de leurs clients
en vue de prochains interrogatoires.
Qu'ont fait les juges?
M. André, ainsi que nous l'annoncions hier,
s'est occupé des congrégations.
Il a entendu, dans son cabinet habituel, cinq
petites soeurs assomptionnistes, on présence
de M* Joseph M'énard. Les sœurs ont refusé de
répondre, tout comme Mme Humbert, réser-
vant leur défense pour l'audience.
Comme il avait fini de bonne heure, le juge
s'est rendu à son cabinet du Petit-Parquet, et
y a conversé avec M. Hamard, chef de la Sû-
reté, et M. Roy, commissaire aux délégations
judiciaires, qu'il a chargés de missions parti-
culières.
Pendant ce temps, M. Leydet « causait »
avec Maria Daurignac.
Interrogatoire de Maria Daurignac
C'dst à 2 h. 35 que Maria Daurignac a été
conduite dans locabinet du magistrat. Elle était
assistée de M' Chenu, son défenseur.
M. Leydet l'a interrogée sur l'époque où les
Humbert habitaient rue Forluny, et sur les
premiers temps de leur installation avenue de
la Grande-Armée. Maria Daurignac, qui parle
très lentement, et qui prétend n'avoir que des
souvenirs très vagues et très imprécis, a dé-
claré « qu'en dehors de la musique, rien ne
l'intéressait. »
— Mais vous avez signé la première convention
Crawford ?
— Oh ! répondit-elle, j'ai signé un tas de choses,
pour que ma sœur me laisse tranquille. Elle me
disait de signer, et je ne regardais jamais les piè-
ces sur lesquelles j'apposais ma signature.
Et l'éternelle fiancée retombe dans sa mé-
lancolie.
Voici, à litre de document, le texte de la
convention intervenue gnire les Humbert et les
Crawford, le 14 mai 1883, que signa Maria
Daurignac :
Entre les soussignés,
Monsiour et Madame Humbert, -
Messieurs Henry Crawford et Robert Crawford.
Il a été convenu ce qui suit :
Toutes les valeurs et tous les titres constituant
l'actif do la succession de M. Crawford sont mis
sous séquestre, et confiés à la garde de M. et Mme
Humbert, sous leur responsabilité. Jusqu'à ce que
par suite de la majorité de Mlle Daurignac tous les
héritiers, sans exception, institués dans l'un ou
l'autre testament, puissent s'entendre amiablement
pour une transaction équitable, ou qu'à défaut de
transaction, les tribunaux aient statué sur les
droits de chacun par jugement définitif ;
Jusqu'à ce que l'une de ces deux solutions soit
intervenus, M. et Mme Humbert s'engagent à con-
server fidèlement dans leur nature tous les titres
qui leur sont confiés en dépôt; ils ne pourront,
sous aucun prétexto, aliéner aucune de ces valeurs
ni les engager pour un emprunt, ni changer le
mode de placement d'aucune des sommes qu'elles
représentent: ils toucheront les arrérages à charge
d'en faire, dans les trois jours du paiement, le pla-
cement en rentes sur l'Etat français au porteur, à
moins que les autres parties jugent opportun de
différer momentanément ce placement.
Ils devront représenter la totalité des valeurs à
toute réquisition de MM. Crawford ou de leurs
mandataires et justifier du placement régulier des
arrérages.
M. et Mme Ilumbert s'engagent sur leur parole
d'honneur à ne rien changer sous aucun prétexte
aux conventions qui précèdent sans le consente-
ment de MM. Crawford.
Pour le cas où M. et Mme Humbert viendraient
à manquer à un seul de ces engagements, ils dé-
clarent d'ores et déjà renoncer à la totalité des
biens de la succession ; alors MM. Crawford se-
raient seulement tenus do servir à M.et Mme Hum-
bert, la susdite rente mensuelle viagère de 30.000
francs réversible en cas de prédécès do l'un d'eux
sur la tête de son conjoint.
Fait à Paris, le 14 mars 1883, en autant d'origi-
naux que de parties intéressées.
Approuvé l'écriture ci-dessus
et autorisant ma femme,
ROBERT CRAWFORD, FRÉDÉRIC HUMBERT,
HÉNRI CRAWFORD, TnÉRiSE HUMBERT.
MARIA DAURIGNAC.
Le magistrat lui parle des frères Crawford,
d'Henri Crawford, celui qu'on voulait lui faire
épouser.
Elle soupire.
D'ailleurs, Maria Daurignac soupire tout le
temps.
Elle déclare qu'elle n'a vu Henri Crawford
que doux fois et que jamais elle n'a voulu con -
sentir à l'épouser, parce qu'elle éprouvait de
la répulsion pour lui.
Invitée à dépeindre son fiancé, Maria Dauri-
gnac a déclaré qu'elle n'avait jamais fait atten-
tion à lui, et que, d'ailleurs, elle l'avait à peine
entrevu, quand elle avait été mise en sa pré-
sence.
A 5 h. 112 cet interrogatoire a pris fin.
Les prochains interrogatoires
Aujourd'hui, dimanche, repos.
Demain lundi, M. Leydet interrogera Ar-
mand Paravre en présence de Me Paul Morel,
et Emile Danrignac, en présence de Me Clucet.
Après-demain mardi M. André interrogera
Armand Parayre, en présence de M4 Paul Mo-
rel, à propos do la Ronte Viagère.
Les bijoux des Humbert
Au moment du retour des aventuriers dans
la capitale, après leur extradition, on a parlé
d'un petit sac à main, renfermant les bijoux
de la famille.
Les bijoux contenus dans cette poche ont été
trouvés en deux fois sur les personnes de la
famille Humbert qui, après la première fouille
faite à ta hâte, avaient pu en dissimuler un
certain nombre, qu'une deuxième perquisition
faite à la prison même de Madrid permit de re-
trouver.
En voici la liste complète :
Une montre de dame avec un boîtier en or, une
autre montre en or pour dame avec le nom de
Maria, une autre montre de dame paraissant en
or, avec chaîne eu or et un médaillon d'argent,
une chaîne pour montre de dame avec perles, un
bracelet en or avec une boule creuse du même
métal, un chapelet avec une croix en or, un
bracelet eu or avec porlo, un autre bracelet en
or avec un grenat, un autre bracelet en or
avec une médaille du même métal, un autre
bracelet en or avec petits diamants, un peigne
en écaille et or avec un brillant, un bracelet en
or et brillants, une broche figurant un petit chien
avec diamants, une broche en or avec trois
diamants, une broche en or, un collier de bril-
lants avec soixante-dix pierres de bonne grosseur,
une bague en or forme navette avec brillants,
deux pendants on or de peu de valeur, un bra-
celet de corail avec chaînette en or, une médaille
en or formant une ancre, une bague en or avec
petites perles, une broche de dame eu or for-
mant une serpentine, une broche émaillée en
argent avec cinq petits brillants, une broche en
argent, une broche en or, une bague brisée avec
petites perles, un bague en or avec un brillant
grand, une paire de pendants en or avec un bril-
lant et un grenat, une paire de pendants en or
à vis avec corail, un bracelet filigrane avec co-
raux brisé, un petit chien en or formant une bro-
che, une bague en or de dame avec neuf petites
perles, une broche en or avec une petite perle
formant un oiseau avec petits brillants, une bague
en or pour dame avec petits diamants et une
turquoise et un pendant avec une petite guigne
tfeot on jgQore le métal, uae bague en or avec
deux gros brillants, un bracelet en or, une broche
en or avec brillants, un bague en or avec perles
et diamants, des pendants en or avec perles, un
bracelet en chaînette avec une médaille portant
le nom « Maria », une médaille russe en argent,
une petite montre en acier oxydé.
Le délateur
MadrU, 10 janvier.
Il est absolument inexact, comme on l'a
annoncé à tort, que l'Académie espagnole ait
expulsé de son sein M. COlarello, qui révéla à
la police le refuge de la famille Humbort.
———————————
LES PETITS OISEAUX
(De notre correspondant particulierI
Draguignan, 10 janvier.
On se demande quand et par quels moyens
on pourra, sinon mettre fin, du moins atténues
la destruction des petits oiseaux. L'agriculture
souffre de cette destruction, et les larves des
insectes causent de grands ravages, Ici, c'est à
celui qui détruira le plus de petits oiseaux. Il y
a lieu de faire un appel pressant à l'autorité
compétente, afin que, dar.s la mesure du pos-
sible, cet abus cesse. Il faut aussi et par-dessus
tout que les principaux intéressés, les agricul-
teurs, prêchent d'exemple.
M. Mougeot, à qui on a offert la présidence
d'honneur de la Société protectrice des ani-
maux, n'a accepté qu'à la condition que les in-
sectivoros si utiles soient protégés efficacement.
Il est, en effet, grand temps d'agir.
————————————- -e —————————— 1
ROUEN ET SES MONUMENTS
La ville de Rouen est jalouse, avec raison,
de la beauté do ses monuments du moyen-âge
et ses habitants les défendent avec religiosité.
Or, l'architecte départemental a osé profaner
l'un de ces plus beaux monuments, le palais
de justice, en jetant bas l'un dos escaliers inté-
rieurs et en le faisant reconstruire à une ex-
tremité du palais dans un slyle qui pour être
de l'époque n'en est pas moins d'un aspect
grossier et ridicule.
Les Rouennais firent appel au goût et à l'é-
quité de l'adm.nislration des Beaux Arts.
M. Roujon, directeur des Beaux-Arts, est
arrivé hier malin à Rouen, avec une déléga-
tion de la commission des monuments histori-- -
ques, pour examiner le nouvel escalier du Pa-
lais de Justice, dont la presse locale et plusieurs
artistes demandent la démolition.
Après un promier examen sur place, M. Rou*
jon et les membres de la commission se sont
rendus auprès du préfet, qui les a retenus à
déjeûner,
Les Rouennais attendent avec impatience la
décision de la Commission.
— —————————— O I.
Les Coulisses des Chambres
L'ouvertare de la session
Le Journai officiel publie l'ordre du jou,
do la séance d'ouverture de la session parle*
mentaire qui aura lieu mardi prochain.
Au Sénat, la séance sera consacrée au tirage
au sort des bureaux et à la fixation du jout
auquel aura lieu l'élection du bureau annuol.
Suivant l'usage cette élection aura lieu à la
séance suivante.
A la Chambre l'ordre du jour porte :
1. — Installation du président d'âge et des àecr6,
taires d'âge.
2. - Tirage au sort des bureaux.
3. — Scrutin pour la nomination du président
définitif.
4. — Scrutin pour la nomination de quatre vie»
présidents.
5. — Scrutin pour la nomination de huit secré-
taires.
5. — Scrutin pour la nominaiion de trois ques-
teurs.
7. — Fixation de l'ordre du jour.
On sait que le bureau sortant est composé de
MM. Léon Bourgeois, président; Etienne, Guil-
lain, Lockroy et Maurice Faure, vice-prési-
dents; Surcouf, Rouland, Fernand David, De-
vèze, Couyba, Isnard et Chambon, secrétaires i
Rivet, Pajot et Herbet, questeurs.
Le siège de vice-président de M. Maurice
Faure est devenu vacant par suite de l'ô-
lection de ce député comme sénateur de la
Drnmfi.
Les délégués des quatre groupes de la majo-
rité se sont réunis hier pour s'occuper de l'élec-
tion du bureau de la Chambre.
La réunion a été d'avis de maintenir le bu-
reau sortant en conservant à l'un des quatra
sièges do vice-prjsident, M. Guillain comme
représentant des progressistes et en laissaal
aux socialistes le siège de vice-président, va*
cant par le passage de M. Maurice Faure au
Sénat, siège pour lequel le groupe socialiste a
décidé de porter M. Jaurès.
La commission du budget
La commission du budget s'est occupée hier
du rapport de M. Klolz sur les chemins de fer
et a entendu M. Salis , quia exposé son amen-
dement sur le monopole de J'alcool.
.0
LES CONGRÉGATIONS
La Commission des congrégations. -
Etablissements non autorisés des
Congrégations autorisées. — Un
hôpital laïcisé. - Ea Russie.
En prévision de la reprise des travaux par-
lementaires, le ministre de l'intériour a fait
envoyer à la commission des congrégations les
dossiers des 53 congrégations d'hommes dont
la demande d'autorisation est soumise à la
Chambre. M. Ferdinand Buisson, président de
cette commission, va la convoquer pour la se-
maine prochaine afin qu'elle puisse commencer -
ses travaux dès l'ouverture de la session.
Au ministère de l'intérieur
En dehors des congrégations non autorisées
dont le sort dépond du Parlement, saisi de leurs
demandes d'autorisation, il y a le cas des éta-
blissements non encore autorisés fondés par des
congrégations déjà autorisées. Aux termes de
la loi de 1901, ces établissements doivent être
autorisés par le conseil d'Etal ; mais conformé-
ment à l'avis du conseil d'Etat lui-même, la
gouverneur n'est tenu de soumettre à ce der-
nier que les demandes concernant les établis-
sements qu'il juge susceptibles d'être autorisés.
Pour les autres, il se borne à ne pas transmet-
tre la demande d'autorisation au conseil d'Etat,
à prévenir les établissements en question qu'ils
ne sont pas autorisés et à les inviter à se
fermer.
M. Combes s'occupe actuellement de régler
la question de ces établissements non autorisés
dépendant de congrégations autorisées.
Ces élablissementFl sont au nombre de 13.600
tant hospitaliers qu'enseignants et pour la
presque totalilé dépendent de congrégations
de femmet.
Sur ce nombre de 13.600, 10.900 établisse-
ments ont formé leur demande d'autorisation
en temps utile, c'est-à-lire dans les délais
fixés par la loi de 1901 et les règlements qui
en assurent l'application. Ces établissements
continuent à fonctionner jusqu'à ce qu'il ail
été statué sur leur demande.
Le président du conseil ne s'est pas,jllsqu'ici.
occupé de leur cas. Il règle présentement la
situation de 2.700 établissements fermés ea
juillet 1902, soit par application de sa circu-,
laire, soit par décrets directs.
Ces 2 700 élablissmms tous enseignant?,
- - - - -- -
CINQ G £ 3 N-TiME SI le Numéro. - PAR!S & DÊPAFtTEMENTS La Numéro, CINQ CE NTIMES
LE XIX" SIECLE
.;ANNQK€E!* ; ; , j
AUX BUREAUX DU JCuRNAL -
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De 4 à 8 heures du soir et de (0 heures du soir à 1 heure du matin
N. 11994. - Lundi 12 Janvier 1903
23 NIVOSE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mail -.JI
Adresser lettres et mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
le mnUillent e Renan
J'ai déjà dit, et je ne saurais trop ré-
péter combien j'admire le mouvement
républicain qui fait se dresser contre
Rome la petite ville, cernée par la chou-
annerie, qui s'appelle Tréguier. Alors
que la réaction se proclame — et se
croit peut-être maîtresse de la Breta-
gne, Tréguier -se prépare à élever un
monument à Ernest Renan.
Pour comprendre l'importance d'une
pareille manifestation, il faut avoir un
peu vécu parmi nos populations de la
presqu'île de l'Ouest ; il faut savoir que
flenan a toujours été représenté, dans
ison propre pays, comme l'incarnation
(le l'antéchrist ; il faut connaître la té-
nacité d'un clergé bestial et fanatique à
étever les enfants dans la haine de celui
qui écrivit la Vie de Jésus.
L'horreur de Renan avait fini par être
enracinée dans les cœurs bretons comme
ton préjugé traditionnel et régional.
1 Et soudain, les forces de ténèbres que
j'énumère incomplètement ont cédé de-
vant l'expansion de la Libre-Pensée, et
Tréguier honore par un monument le
plus illustre de ses enfants.
Je traversais Tréguier, il y a quelque
temps, et j'allais serrer la main au
maire, M. J. Guillerm, qui, de concert
avec le conseiller général, M. de Ker-
guezee, défend si hardiment les reven-
dications laïques contre les entreprises
inouïes des moines et de certains prê-
tres séculiers. Je n'avais que quelques
heures de liberté, et j'étais obligé de
me contenter d'une bien brève en-
quête.
M. Guillerm eut cependant le temps
de me présenter à quelques-uns de ses
compagnons de lutte. Oh ! les braves
gens ! comme la raison parle bien par
leur bouche! Ils n'ont pas de colère
contre des adversaires qui les attaquent
violemment et injustement. Ils ne mon-
trent aucune fureur ; mais ils sont réso-
lus à délivrer la Bretagne de la tyran-
nie cléricale et ils y arriveront, parce
qu'ils dénoncent un à un tous les so-
phismes, tous les mensonges à l'aide
desquels la gent soutanière berne des
paysans de bonne foi.
Soutenons nos camarades des Côles-
du-Nord; aidons-les. Leurs efforts sont
d'autant plus méritants que la plupart
d'entr'eux sont pauvres. J'ai sous les
yeux des listes de souscription au mo-
nument d'Ernest Renan ; ce sont les
listes du Journal de Tréguier, du
Lannionnais, du Réveil de Saint-Brieuc.
Les souscripteurs les plus nombreux
sont des ouvriers, de petits cultiva-
teurs, ils versent des sommes variant
entre 75 et 25 centimes. Le total finit
par être imposant tout de même. Cette
obole de la démocratie laborieuse est à
nos yeux la. plus touchante et la plus
précieuse des cotisations.
Les cléricaux ont imaginé'de terrifier
ces gagne-petits et de les ranger mal-
gré eux à l'ombre de la croix : les frè-
res, les prêtres, les propriétaires fon-
ciers, les politiciens de la droite et leurs
i( cabaleurs » — sortes d'agents élec-
toraux — ont parcouru le pays et pré-
senté dans chaque chaumière des listes
de protestation contre le projet de mo-
nument à Renan. Il était assez facile
d'arracher des signatures à de pau-
vres travailleurs soumis, plus ou moins
directement, à l'arbitraire des hobe-
reaux et des usiniers dévoués à l'Eglise.
Dans leur angoisse, beaucoup des
malheureux placés entre leur devoir ci-
vique et le souci du pain quotidien, ont
demandé aux chefs du parti républicain
de la région comment ils devaient agir.
Dans une affiche qui a produit une
énorme impression, les militants dé-
mocrates ont répondu en substance :
« Signez, signez tout ce qu'on voudra ;
nous savons quelle violence vous est
faite, et le pays ne se méprendra pas
sur votre réelle volonté. »
Pourtant, la contre-manifestation a
raté. Il n'en a plus guère été question.
Cela n'est pas pour nous donner 1e
droit de prêter un appui moins énergi-
que aux républicains de Bretagne.
Les réactionnaires et les modérés ne
veulent pas admettre que l'hommage
rendu à Ernest Renan soit purement
littéraire et philosophique. Ils enten-
dent que la manifestation de Tréguier
ait un côté politique développé.
Certaines personnalités refusent de se
joindre à celles qui ont déjà accepté le
principe de la statue. Elles craignent
l'offusquer les susceptibilités réaction-
naires.
Grâce à de telles défaillances, ce qui
n'aurait été qu'une importante démons-
Iration du monde de la pensée, devient
rapidement un irrésistible soulèvement
Ses consciences libres.
La question ne se pose pas autre-
ment devant l'opinion internationale.
Et j'en veux pour preuve seulement
l'adresse envoyée au comité Ernest
Renan par un groupe d'écrivains qui
honorent les lettres espagnoles. Je sur-
prenais hier, sur la table de travail de
notre confrère Armand Dayot, la lettre
signée de MM. Etchegaray, Perez-Gallos
(l'auteur de la fameuse Electra), etc.,
lettre qui n'a pas encore été publiée.
« Ernest Renan, disent les poètes espa-
gnols, était déjà un modèle de style et
de pensée Dour le .monde latin tout en-
tier. Nous voyons maintenant en lui un
apôtre de la Vérité et de l'idée de Jus-
tice. »
Je cite le document de mémoire, mais
je suis sûr de n'en pas modifier le sens
général.
L'Eglise, pour nous offrir la bataille,
choisit des positions singulièrement
difficiles à défendre.
Hugues Destrem.
LES FINANCES DES AUTRES
Quand les nationalistes au-
ront fini de se désoler sur la
situation des finances françai-
ses, et sur le rendement des
contributions qui se traduit par
des plus-values de onze mil-
lions pour un seul mois sur les
produits de la période correspondante de
la précédente année; quand ils auront fini,
disons-nous, de se lamenter, et de prédire
notre ruine, nous les prierons de jeter un
coup d'oeil sur la situation financière des
voisins qu'ils ont accoutumé de nous pré-
senter comme des modèles incomparables
et inaccessibles à nos faibles moyens.
Ils verront, par exemple, dans la Gazette
de l'Allemagne du Nord, que les dépenses
du budget allemand pour cette année sont
supérieures de 160,489,619 marks aux dé-
penses de l'année dernière ; et que, pour
boucler ce budget, il faudra emprunter
219,921,739 marks.
Ils apprendront, en outre, que : « L'ex-
posé des motifs adjoint au projet de budget
fait ressortir la fâcheuse situation finan-
cière de chacun des Etats (allemands) aussi
bien que de l'Empire @ (allemand), situation
résultant de la crise économique actuelle. »
Ils recueilleront encore ce renseignement
que « le seul moyen qui s'offre pour 1903
aux Allemands est un dégrèvement com-
pensé par un emprunt servant de subven-
tion au budget».
Puisse cette étude et cette comparaison
les amener à une vue plus exacte de ce qui
se passe ici et de ce qui se passe dehors ;
nous exprimons ce vœu sans trop espérer
qu'il se réalise. — Ch. B.
———————————— ————————————
ASSISTANCE JUDICIAIRE
On se plaint beaucoup, tous ces temps-ci, du
fonctionnement de l'assistance judiciaire on
province.
Dans certains arrondissements, les bureaux
d'assistance judiciaire ont pris l'habilude d'exa-
miner le fond même des procès, au lieu de se
prononcer seulement sur la question de savoir
si oui ou non on doit accorder au plaideur, en
raison de son état de fortune, l'exemption des
frais do justice.
Cette pratique est déplorable. Il y a des tri-
bunaux, les bureaux d'assistance judiciaire ne
sauraient, sous aucun prétexte, se substituer à
eux, dans quelque litige que ce soit. Et en fait,
lorsqu'ils répondent par une fin de non rece-
voir à la demande qui leur est faite par un in-
digent, ils le mettent dans l'impossibilité abso-
lue de faire valoir ses droits. C'est absolument
comme s'ils statuaient sur son affaire
Certains bureaux se sont fait remarquer par
leur parti-pris. Ils refusent systématiquement
d'accorder l'assistance judiciaire aux ouvriers
qui la réclament pour plaider contre leurs
patrons ; comme la juridiction des conseils de
prud'hommes ne s'exerce que sur des catégo-
ries très restreintes de travailleurs, les ouvriers
agricoles, les employés se trouvent ainsi em-
pêchés de produire leurs demandes devant les
tribunaux.
M. Bulot, procureur général, a rédigé, l'an
dernier, une circulaire très iatéressante dans
laquelle il s'élevait contro ces abus et prescri-
vait aux membres du parquet de la Soine de
veiller à ce qu'ils ne se reproduisent plus.
Cet exemple devrait bien être suivi par les
procureurs généraux de province, et au besoin
le garde des sceaux pourrait intervenir. La
question est assez grave pour qu'il lui consa-
cre quelques instants. -- A.
»
Lieutenant-colonel et universitaire
(De notre correspondant particulier}
Rome, 10 janvier.
Le conseil supérieur de l'instruction publi-
que a approuvé la nomination de M, Enrico
Barone, lieutenant-colonel de l'étal-major, au
poste de professeur d'économie politique à l'U-
niversité de Rome.
» -
AU MAROC
L'influence française
Le Morning Leader publia la dépêche sui-
vante
Tanger. 9 janvier.
Le sultan a prié le grand shérif d'Ouazzan,
qui est sous la protection de la France et que
l'on dit avoir une grande influence sur les re-
belles, de s'employer auprès d'eux pour obtenir
leur soumission.
On croit que la France fait de grands ef-
forts pour renforcer son influence à la cour du
sultan.
La situation militaire
Dépêche du Mornmg Leader :
La tribu des Alcazar Kébir, près de Tanger,
menace de se joindre aux rebelles.
Des nouvelles graves viennent d'arriver. Le
sullan. jaloux de la popularité de son frère
Moulaï Mohammed, a ordonné de le remettre
en prison.
Il parait que la population de Fez a déjà
commencé à saluer le prince Moulaï-Moham-
med comme sultan.
On est d'accord pour trouver que la position
du sultan est critique.
La situation est grave et grosse d'éventua-
lités.
Londres, 10 janvier.
On mande de Tanger au Times, le 9 janvier:
Les nouvelles de Fez jusqu'au 4 janvier sont
moins satisfaisantes.
A cette date, la tribu des Hyainias, qui a en-
voyé des représentants au sultan, aidait encore
les rebelle?.
La population de Fez est très mécontente de
l'inaction du gouvernement.
Le sultan continue à fortifier la ville.
La situation est évidemment sérieuse, car
on rapporte que les rebelles s'approchent de
Fez.
Les trois sous-officiers anglais mis à la dis-
position du sultan pour instruire et exercer les
troupes sont attendus ici sous peu de jours, le
sultan n'ayant pas besoin de leurs services.
Tanger, 10 janvier.
D'après les nouvelles reçues de Fez, le pré-
tendant, qui s'était rendu dans la région de
Taza ces jours derniers, fait un retour offensif
Contre la capitale et a rétabli son camp à El-
ltillal, point it" à YiDgtftijiô de kilwnèijçe»
4f ¥.Z," ,.-.
A LA CAMPAGNE
LES ROUTES FRUITIÈRES
Nos grandes routes. — Les plantations
d'alignement. — Plaintes justifiées.
— Arbres forestiers et arbres frui-
tiers. - Un revenu bon à pren-
dre. - Les maraudeurs. — Les
arbres à planter.
Les étrangers qui viennent villégiaturer en
France sont de grands admirateurs de nos
voies de communication. Nos grande? routes,
bien percées, les émerveillent; les plantations
qui les bordent les plongent dans l'admira-
tion.
Il e&t de fait que ceux qui ont roulé leur bosse,
un peu partout, savent apprécier à leur juste
valeur les précieuses qualités des grandes ar-
tères qui sillonnent notre pays, en tous sens.
Dans tous les cas, il suffit d'avoir voyagé dans
l'est de l'Europe, en Algérie et en Tunisie pour
s'apercevoir, en comparant les situations res-
pectives, que nous devons nous considérer
comme de véritables privilégiés.
Les bienfaits des plantations
d'alignement
Nos plantations d'alignement peuvent et doi-
vent être considérées comme un bienfait, pour
tousles voyageurs qui circulent sur nos routes.
Pendant les chaudes journées de l'été, il est
possible de voyager sans trop souffrir de la
chaleur, lorsque les routes sont ombragées par
des arbres.
Au contraire, sur les routes dépourvues de
plantations, la chaleur est parfois suffocante
et la poussière s'y élève toujours en tourbillons
plus au moins intenses.
Je crois qu'il est bien inutile d'insister là-
dessus, car je prêche des convaincus — plus
que moi, peut être.
Quoi qu'il en soit, je dois aussi signaler
qu'il y a des gens — des grincheux probable-
ment — qui trouvent que les arbres de nos
routes causent do très graves dommages aux
récoltes des champs en bordure. Qui l'eut
cru)
La voix de l'évidence
Il paraîtrait qu'une partie des racines ne se
contenteraient pas de s'enfoncer sur place,
pour aller puiser les éléments nécessaires à la
vie des arbres, mais s'étendraient, au contraire,
dans les terrains avoisinants.
De là, bien entendu, envahissement du sol
et enchevêtrement de racines et, comme résul-
tats, l'épuisement de la terre et des difficultés
dans le travail d'amenblissement.
Les plaintes ont parfois atteint on certain de-
gré d'acuité puisque, dans un département que
ja ne désignerai pas, mais qui est très rappro-
ché de la capitale, les pouvoirs publics en ont
été émus.
Le Conseil général du département en ques-
tion a voulu se rendre compte de l'importance
des dommages causés par les plantations d'ali-
gnement aux propriétés riveraines. Il a, pour
cela, fait faire une enquête dans trois commu-
nes dont les territoires étaient traversés par
une route nationale.
Lo rapport évalue une perte annuelle de
6,800 francs pour ces trois communes, et cela,
pour une longueur de route de 4,800 mètres,
sur laquelle se trouvaient plantés 354 arbres.
Sur celle somme de 6,800 francs, il y aurait
bien eu à défalquer la valeur de l'accroisse-
ment annuel, mais c'est presque quantité né-
gligeable : cent à cent cinquante francs.
Un remède
Il est entendu que nos plantations routières
font l'agrément de nos routes et le désespoir
des cultivateurs riverains. Il est bien ditlicile
de contenter tout le monde à la fois.
Et pourtant, il y a là quelque chose à faire.
Regardons, en effet, ce qui so passe chez nos
voisins et imitons les dans ce qu'ils ont do
bon.
La Belgique, le Luxembourg, divers Etats
allemands et la Suisse ont entrepris do rempla-
cer les essences forestières qui étaient en bor-
dure des routes par des essenzes fruitières.
Si l'on en croit les chiffres qui ont été fournis
à ce sujet, l'Alsace-Lorraine retirerait annuel-
lement, de ce fait, un revenu de 150,000 francs
et le Wurtemberg 1,100,000 francs.
Sans m'extasier d'admiration devant ces chif-
fres, je ne puis m'empêcher de dire que je les
trouve très respectables.
Il paraît, en tous cas, qu'on se trouve très
bien do cotte innovation, en Allemagne, puis-
que, pendant ces dernières années, on a créé,
là-bas, des écoles de voyers-arboriculleurs et de
cantonniers-j ardiniers.
La peur de la maraude
L'une des raisons quo l'on a le plus souvent
invoquées pour expliquer notre abstention dans
cette voie de progrès, c'est que l'on craint les
dégâts des maraudeurs. On a peur que les
voyageurs nécessiteux trouvent sur les routes
les moyens de se désaltérer ou de so remplir
l'estomac ! A cela, je ne vois pas un très grand
mal, pourvu que les arbres eux-mêmes ne
soient pas endommagés.
Rien n'est moins prouvé, d'ailleurs, que les
tentatives de maraude soient très fréquentes ; il
suffit, pour s'en rendre compte,de constater ce
qui se passe dans lés pays vignobies. Là,c'est à
peine si on s'aperçoit que les vignes en bor-
dures de route soient plus visitées que celles
qui se trouvent à l'intérieur des terres.
Les essences à choisir
Un excellent moyen, pour empêcher la ma-
raude, serait d'ailleurs de choisir des essences
fruitières peu susceptibles de flatter les goûts
des passants, pommiers à cidre, poiriers à ci-
dre, noyers, cerisiers à kirsch, etc. En donnant
à ces arbres un assez grand développement en
hauteur, il faudrait encore que les maraudeurs
voulussent bien prendre la peine de grimper
dans les branches.
Pour ma part, je ne crois pas que l'objection
du maraudage des fruits ait un caractère bien
spécieux et, pour dire toute ma pensée, je ne
lui accorde aucune valeur.
Comme, d'autre part, je ne vois que des avan-
tages dans l'introduction sur nos routes des
plantations fruitières, j'appello celle innova-
tion do tous mes vœux,
(A suivve) A. MONTOUX
AU VENEZUELA
La Révolution. — L'arbitrage, — La
France et le blocus.
Caracas, 10 janvier.
Les révolutionnaires ont essuyé une nouvelle
défaite près de Coro. Ils ont eu 180 prison-
niers.
M. Bowen ne partira que dimancbc, les do-
cuments nécessaires aux négociations n'étant
pas encore tous préparés.
Les conférences s'ouvriront à Washington,
probablement quelques jours après l'arrivée de
M. Bowen.
On croit savoir que les commissaires de l'An-
gleterre et de l'Allemagne seront les chefs de
leurs ambassades à Washington.
1. Les pouvoirs de M. Bowen l'autoriseraient à
hypothéquer une partie des douanes vénézola-
nes aux créances des alliés, mais ne compor-
tent aucune excuse à l'Allemagne.
Le chargé d'affaires de France a obtenu hier
du gouvernement vénézolan, sans user de mé-
-aj.Qf$, l'&smâm crue les réclamations fran-
çaises postérieures à 1899 recevront, en vertu
de la clause de la nation la plus favorisée, le
même traitement que celles de l'Angleterre, de
l'Allemagne et de l'Italie.
On assure, de source autorisée, que la colo-
nie française a demandé à la France de ne
prendre contre lo Venezuela aucune mesure
agressive.
La coopération de la France au blocus dos
côtes vénézolanes est officiellement démentie.
Voir à la 3: page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
--- du matin
UN ATTENTAT CONTRE LE ROI D'ESPAGNE
Coup de feu contre la voiture royale
Un attentat a été commis, hier, contre le roi
d'Espagne, qui, fort heureusemont, n'a pas été
atteint.
Voici les dépêches annonçant l'attentat :
Madrid, 10 janvier.
Le bruit court qu'un attentat a été commis
contre le roi; mais les détails manquent.
Madrid, 10 h. du soir.
Il est confirmé qu'un allealat a été com-
mis.
Un individu a tiré contre les voitures du cor-
tège royal au moment où il passait.
Personne n'a été atteint.
Voir la suite dans notre DEUXIEME EDITIONt
o
UN JUIF ANTISEMITE EN PRUSSE
(De notre correspondant particuliel'l
Berlin, 10 janvier.
M. Maximilien Hardon, de son vrai nom
Wittkowski, qui se signale, comme directeur
de la Zulwnrt, par ses idées anlisémitiques et
pangermanisles, sera porté comme candidat
aux élections du Reichstag par le parti agra-
rien. M. Hardea-Willkowski est israélite.
Il fut un des rares membres de la presse al-
lemande qui, pendant l'affaire Dreyfus, se fai-
saient l'écho fidèle des nationalistes français.Il
était autrefois l'un des intimes de M. de Bis-
marck.
* — ■' —— ■
ENCORE DE NOUVEAUX UNIFORMES AU VATICAN
(De notre correspondant particulierI
Rome, 10 janvier.
Après la garde-noble, c'est le lourdes gardes
suisses. Le commandant de ce dernier corps a
présenté au maire du Palais du Vatican une pé-
tition demandant le rétablissement de l'ancien
uniforme de gala des gardes suisses, consistant
en cuirasse, casque en acier et épée.
La demande a été accueillie favorablement.et
les gardes suisses se présenteront dans cette
lenue le 3 ma:'s, lorsque le pape officiera à la
cathédrale de Saint-Pierre.
.0-
LE SCRUTIN DE LISTE EN ITALIE
(De notre correspondant particulier)
Rome, 10 janvier.
Le gouvernement italien prépare une ré-
forme de la loi électorals.
Le projet comporte une extension du droit
de suffrage et l'introduction du scrutin de liste
par province.
Plusieurs ministres se sont prononcés en fa-
veur du suffrage universel, mais la majorité
est d'avis que le pays n'est pas encore mûr
pour une réforme si radicale.
«fill -
La justles des révolutionnaires russes
(De notre correspondant particulierl
Eydtkuhmen (frontière russo-allemande),
10 janvier :
A Gomneln, près de la frontière prussienne,
sur territoire russe, on a trouvé le cadavre
d'Anastasenko, agent de la police secrète russe,
qui avait la spécialité de faire des rapporls sur
les révolutionnaires.
Un poignard était planté dans le dos de
l'agent.
On a aussi trouvé une feuille sur laquelle
étaient ces mots, en caractères d'imprimerie :
« Exécuté par ordre de la Boyewaya Organi-
zatzia, » (Organisation de combat).
$ ————— ——————
UNE INSURRECTION AU TRAiiSVÃAL
(De notre correspondant particulier,I
Capetows, 10 janvier.
On a reçu des nouvelles très graves du dis-
trict de Ladybrand. Les Basoulos préparent un
soulèvement général contre les Anglais. Leur
roi, Lervlhodi, est très actif et exerce ses hom-
mes. Les Anglais ont concentré sans bruit de3
troupes à la frontière du Basoutoland. On dit
même que des rencontres ont eu déjà lieu.
Les Basoutos sont les indigènes les plus bel-
liqueux de l'Afrique du Sud. Ils sont armés de
fusils modernes et sont bien disciplinés. Leur
pays est montagneux et peu accessible.
———————————_
LA TURQUIE ET LA MACEDOINE
Constantinople. 10 janvier.
Le Seraskierat a fait parvenir à l'inspecteur
des provinces européennes 7.000 équipements
pour les nouveaux gendarmes et tous les fonc-
tionnaires ont reçu leurs appointements,qu'ils
toucheront désormais régulièrement.
A la suite des ordres transmis par la Porte à
Hilmy pacha, inspecteur chargé de surveiller
l'application des réformes dans les provinces
européennes de l'empire et d'arrêter les fau-
teurs de troubles dans un délai de 20 jours,
les arrestations suivantes ont été effectuées :
A Palanya, 2 musulmans, 9 chrétiens ;
A Ichteb, 10 musulmans, 13 chrétiens;
A Keupirli, 3 musulmans ;
A Komonova, 1.8 musulmans, 4 chrétiens ;
A Kratova, 1 musulman ;
A Adovichté, 1 musulman, 24 chrétiens;
A Orhanié, 92 musulmans.
D'après l'onquête, 3T inculpés ont réussi à
passer en Bulgarie ; les arrestations conti-
nuent ; en 10 jours, 64 inculpés ont été ainsi
remis aux autorités judiciaires.
———————————— ————————————
MARINS MEURTRIERS
Gijon (Espagne), 10 janvier
Une tentative de meurtre a été commise à
bord du navire russeMalhilde.
Le quartier-maître Franz Satanas et le ma-
telot Ysaac Ybeino ont tenté d'étrangler leur
capitaine, Hermann Soorholoff.daus sa cabine,
pendant qu'il dormait. Aux cris poussés par
la victime, le pilote est accouru et a pu déga-
ger à temps le malheureux des mains do ses
agresseurs.
Le quartier-maître et le matelot ont alors
tourné leur fureur contre le pilote, mais les
douze hommes composant l'équipage se sont
interposés et ont pu arrêter les deux révoltés
qui les menaçaient de leurs couteaux.
Les agresseurs ont été emprisonnés ; ils se-
ront remis entre les mains du consui de Russie
à BiU>ao.
LES HUMBERT
La veille d'un dimanche. — Calme plat.
Maria Daurignac à l'instruction. -
Bijoux de famille.
Journée sans intérêt au petit parquet : on
voit que l'on est à la veille d'un dimanche.
Comme chaque jour, les experts Couderc,
Fargues, Iché et Doyen sont venus continuer
leur besogne dans les arrière-cabinets des ju-
ges.
M" André Hesse, Clunet et Paul Morel sont
venus compulser les dossiers de leurs clients
en vue de prochains interrogatoires.
Qu'ont fait les juges?
M. André, ainsi que nous l'annoncions hier,
s'est occupé des congrégations.
Il a entendu, dans son cabinet habituel, cinq
petites soeurs assomptionnistes, on présence
de M* Joseph M'énard. Les sœurs ont refusé de
répondre, tout comme Mme Humbert, réser-
vant leur défense pour l'audience.
Comme il avait fini de bonne heure, le juge
s'est rendu à son cabinet du Petit-Parquet, et
y a conversé avec M. Hamard, chef de la Sû-
reté, et M. Roy, commissaire aux délégations
judiciaires, qu'il a chargés de missions parti-
culières.
Pendant ce temps, M. Leydet « causait »
avec Maria Daurignac.
Interrogatoire de Maria Daurignac
C'dst à 2 h. 35 que Maria Daurignac a été
conduite dans locabinet du magistrat. Elle était
assistée de M' Chenu, son défenseur.
M. Leydet l'a interrogée sur l'époque où les
Humbert habitaient rue Forluny, et sur les
premiers temps de leur installation avenue de
la Grande-Armée. Maria Daurignac, qui parle
très lentement, et qui prétend n'avoir que des
souvenirs très vagues et très imprécis, a dé-
claré « qu'en dehors de la musique, rien ne
l'intéressait. »
— Mais vous avez signé la première convention
Crawford ?
— Oh ! répondit-elle, j'ai signé un tas de choses,
pour que ma sœur me laisse tranquille. Elle me
disait de signer, et je ne regardais jamais les piè-
ces sur lesquelles j'apposais ma signature.
Et l'éternelle fiancée retombe dans sa mé-
lancolie.
Voici, à litre de document, le texte de la
convention intervenue gnire les Humbert et les
Crawford, le 14 mai 1883, que signa Maria
Daurignac :
Entre les soussignés,
Monsiour et Madame Humbert, -
Messieurs Henry Crawford et Robert Crawford.
Il a été convenu ce qui suit :
Toutes les valeurs et tous les titres constituant
l'actif do la succession de M. Crawford sont mis
sous séquestre, et confiés à la garde de M. et Mme
Humbert, sous leur responsabilité. Jusqu'à ce que
par suite de la majorité de Mlle Daurignac tous les
héritiers, sans exception, institués dans l'un ou
l'autre testament, puissent s'entendre amiablement
pour une transaction équitable, ou qu'à défaut de
transaction, les tribunaux aient statué sur les
droits de chacun par jugement définitif ;
Jusqu'à ce que l'une de ces deux solutions soit
intervenus, M. et Mme Humbert s'engagent à con-
server fidèlement dans leur nature tous les titres
qui leur sont confiés en dépôt; ils ne pourront,
sous aucun prétexto, aliéner aucune de ces valeurs
ni les engager pour un emprunt, ni changer le
mode de placement d'aucune des sommes qu'elles
représentent: ils toucheront les arrérages à charge
d'en faire, dans les trois jours du paiement, le pla-
cement en rentes sur l'Etat français au porteur, à
moins que les autres parties jugent opportun de
différer momentanément ce placement.
Ils devront représenter la totalité des valeurs à
toute réquisition de MM. Crawford ou de leurs
mandataires et justifier du placement régulier des
arrérages.
M. et Mme Ilumbert s'engagent sur leur parole
d'honneur à ne rien changer sous aucun prétexte
aux conventions qui précèdent sans le consente-
ment de MM. Crawford.
Pour le cas où M. et Mme Humbert viendraient
à manquer à un seul de ces engagements, ils dé-
clarent d'ores et déjà renoncer à la totalité des
biens de la succession ; alors MM. Crawford se-
raient seulement tenus do servir à M.et Mme Hum-
bert, la susdite rente mensuelle viagère de 30.000
francs réversible en cas de prédécès do l'un d'eux
sur la tête de son conjoint.
Fait à Paris, le 14 mars 1883, en autant d'origi-
naux que de parties intéressées.
Approuvé l'écriture ci-dessus
et autorisant ma femme,
ROBERT CRAWFORD, FRÉDÉRIC HUMBERT,
HÉNRI CRAWFORD, TnÉRiSE HUMBERT.
MARIA DAURIGNAC.
Le magistrat lui parle des frères Crawford,
d'Henri Crawford, celui qu'on voulait lui faire
épouser.
Elle soupire.
D'ailleurs, Maria Daurignac soupire tout le
temps.
Elle déclare qu'elle n'a vu Henri Crawford
que doux fois et que jamais elle n'a voulu con -
sentir à l'épouser, parce qu'elle éprouvait de
la répulsion pour lui.
Invitée à dépeindre son fiancé, Maria Dauri-
gnac a déclaré qu'elle n'avait jamais fait atten-
tion à lui, et que, d'ailleurs, elle l'avait à peine
entrevu, quand elle avait été mise en sa pré-
sence.
A 5 h. 112 cet interrogatoire a pris fin.
Les prochains interrogatoires
Aujourd'hui, dimanche, repos.
Demain lundi, M. Leydet interrogera Ar-
mand Paravre en présence de Me Paul Morel,
et Emile Danrignac, en présence de Me Clucet.
Après-demain mardi M. André interrogera
Armand Parayre, en présence de M4 Paul Mo-
rel, à propos do la Ronte Viagère.
Les bijoux des Humbert
Au moment du retour des aventuriers dans
la capitale, après leur extradition, on a parlé
d'un petit sac à main, renfermant les bijoux
de la famille.
Les bijoux contenus dans cette poche ont été
trouvés en deux fois sur les personnes de la
famille Humbert qui, après la première fouille
faite à ta hâte, avaient pu en dissimuler un
certain nombre, qu'une deuxième perquisition
faite à la prison même de Madrid permit de re-
trouver.
En voici la liste complète :
Une montre de dame avec un boîtier en or, une
autre montre en or pour dame avec le nom de
Maria, une autre montre de dame paraissant en
or, avec chaîne eu or et un médaillon d'argent,
une chaîne pour montre de dame avec perles, un
bracelet en or avec une boule creuse du même
métal, un chapelet avec une croix en or, un
bracelet eu or avec porlo, un autre bracelet en
or avec un grenat, un autre bracelet en or
avec une médaille du même métal, un autre
bracelet en or avec petits diamants, un peigne
en écaille et or avec un brillant, un bracelet en
or et brillants, une broche figurant un petit chien
avec diamants, une broche en or avec trois
diamants, une broche en or, un collier de bril-
lants avec soixante-dix pierres de bonne grosseur,
une bague en or forme navette avec brillants,
deux pendants on or de peu de valeur, un bra-
celet de corail avec chaînette en or, une médaille
en or formant une ancre, une bague en or avec
petites perles, une broche de dame eu or for-
mant une serpentine, une broche émaillée en
argent avec cinq petits brillants, une broche en
argent, une broche en or, une bague brisée avec
petites perles, un bague en or avec un brillant
grand, une paire de pendants en or avec un bril-
lant et un grenat, une paire de pendants en or
à vis avec corail, un bracelet filigrane avec co-
raux brisé, un petit chien en or formant une bro-
che, une bague en or de dame avec neuf petites
perles, une broche en or avec une petite perle
formant un oiseau avec petits brillants, une bague
en or pour dame avec petits diamants et une
turquoise et un pendant avec une petite guigne
tfeot on jgQore le métal, uae bague en or avec
deux gros brillants, un bracelet en or, une broche
en or avec brillants, un bague en or avec perles
et diamants, des pendants en or avec perles, un
bracelet en chaînette avec une médaille portant
le nom « Maria », une médaille russe en argent,
une petite montre en acier oxydé.
Le délateur
MadrU, 10 janvier.
Il est absolument inexact, comme on l'a
annoncé à tort, que l'Académie espagnole ait
expulsé de son sein M. COlarello, qui révéla à
la police le refuge de la famille Humbort.
———————————
LES PETITS OISEAUX
(De notre correspondant particulierI
Draguignan, 10 janvier.
On se demande quand et par quels moyens
on pourra, sinon mettre fin, du moins atténues
la destruction des petits oiseaux. L'agriculture
souffre de cette destruction, et les larves des
insectes causent de grands ravages, Ici, c'est à
celui qui détruira le plus de petits oiseaux. Il y
a lieu de faire un appel pressant à l'autorité
compétente, afin que, dar.s la mesure du pos-
sible, cet abus cesse. Il faut aussi et par-dessus
tout que les principaux intéressés, les agricul-
teurs, prêchent d'exemple.
M. Mougeot, à qui on a offert la présidence
d'honneur de la Société protectrice des ani-
maux, n'a accepté qu'à la condition que les in-
sectivoros si utiles soient protégés efficacement.
Il est, en effet, grand temps d'agir.
————————————- -e —————————— 1
ROUEN ET SES MONUMENTS
La ville de Rouen est jalouse, avec raison,
de la beauté do ses monuments du moyen-âge
et ses habitants les défendent avec religiosité.
Or, l'architecte départemental a osé profaner
l'un de ces plus beaux monuments, le palais
de justice, en jetant bas l'un dos escaliers inté-
rieurs et en le faisant reconstruire à une ex-
tremité du palais dans un slyle qui pour être
de l'époque n'en est pas moins d'un aspect
grossier et ridicule.
Les Rouennais firent appel au goût et à l'é-
quité de l'adm.nislration des Beaux Arts.
M. Roujon, directeur des Beaux-Arts, est
arrivé hier malin à Rouen, avec une déléga-
tion de la commission des monuments histori-- -
ques, pour examiner le nouvel escalier du Pa-
lais de Justice, dont la presse locale et plusieurs
artistes demandent la démolition.
Après un promier examen sur place, M. Rou*
jon et les membres de la commission se sont
rendus auprès du préfet, qui les a retenus à
déjeûner,
Les Rouennais attendent avec impatience la
décision de la Commission.
— —————————— O I.
Les Coulisses des Chambres
L'ouvertare de la session
Le Journai officiel publie l'ordre du jou,
do la séance d'ouverture de la session parle*
mentaire qui aura lieu mardi prochain.
Au Sénat, la séance sera consacrée au tirage
au sort des bureaux et à la fixation du jout
auquel aura lieu l'élection du bureau annuol.
Suivant l'usage cette élection aura lieu à la
séance suivante.
A la Chambre l'ordre du jour porte :
1. — Installation du président d'âge et des àecr6,
taires d'âge.
2. - Tirage au sort des bureaux.
3. — Scrutin pour la nomination du président
définitif.
4. — Scrutin pour la nomination de quatre vie»
présidents.
5. — Scrutin pour la nomination de huit secré-
taires.
5. — Scrutin pour la nominaiion de trois ques-
teurs.
7. — Fixation de l'ordre du jour.
On sait que le bureau sortant est composé de
MM. Léon Bourgeois, président; Etienne, Guil-
lain, Lockroy et Maurice Faure, vice-prési-
dents; Surcouf, Rouland, Fernand David, De-
vèze, Couyba, Isnard et Chambon, secrétaires i
Rivet, Pajot et Herbet, questeurs.
Le siège de vice-président de M. Maurice
Faure est devenu vacant par suite de l'ô-
lection de ce député comme sénateur de la
Drnmfi.
Les délégués des quatre groupes de la majo-
rité se sont réunis hier pour s'occuper de l'élec-
tion du bureau de la Chambre.
La réunion a été d'avis de maintenir le bu-
reau sortant en conservant à l'un des quatra
sièges do vice-prjsident, M. Guillain comme
représentant des progressistes et en laissaal
aux socialistes le siège de vice-président, va*
cant par le passage de M. Maurice Faure au
Sénat, siège pour lequel le groupe socialiste a
décidé de porter M. Jaurès.
La commission du budget
La commission du budget s'est occupée hier
du rapport de M. Klolz sur les chemins de fer
et a entendu M. Salis , quia exposé son amen-
dement sur le monopole de J'alcool.
.0
LES CONGRÉGATIONS
La Commission des congrégations. -
Etablissements non autorisés des
Congrégations autorisées. — Un
hôpital laïcisé. - Ea Russie.
En prévision de la reprise des travaux par-
lementaires, le ministre de l'intériour a fait
envoyer à la commission des congrégations les
dossiers des 53 congrégations d'hommes dont
la demande d'autorisation est soumise à la
Chambre. M. Ferdinand Buisson, président de
cette commission, va la convoquer pour la se-
maine prochaine afin qu'elle puisse commencer -
ses travaux dès l'ouverture de la session.
Au ministère de l'intérieur
En dehors des congrégations non autorisées
dont le sort dépond du Parlement, saisi de leurs
demandes d'autorisation, il y a le cas des éta-
blissements non encore autorisés fondés par des
congrégations déjà autorisées. Aux termes de
la loi de 1901, ces établissements doivent être
autorisés par le conseil d'Etal ; mais conformé-
ment à l'avis du conseil d'Etat lui-même, la
gouverneur n'est tenu de soumettre à ce der-
nier que les demandes concernant les établis-
sements qu'il juge susceptibles d'être autorisés.
Pour les autres, il se borne à ne pas transmet-
tre la demande d'autorisation au conseil d'Etat,
à prévenir les établissements en question qu'ils
ne sont pas autorisés et à les inviter à se
fermer.
M. Combes s'occupe actuellement de régler
la question de ces établissements non autorisés
dépendant de congrégations autorisées.
Ces élablissementFl sont au nombre de 13.600
tant hospitaliers qu'enseignants et pour la
presque totalilé dépendent de congrégations
de femmet.
Sur ce nombre de 13.600, 10.900 établisse-
ments ont formé leur demande d'autorisation
en temps utile, c'est-à-lire dans les délais
fixés par la loi de 1901 et les règlements qui
en assurent l'application. Ces établissements
continuent à fonctionner jusqu'à ce qu'il ail
été statué sur leur demande.
Le président du conseil ne s'est pas,jllsqu'ici.
occupé de leur cas. Il règle présentement la
situation de 2.700 établissements fermés ea
juillet 1902, soit par application de sa circu-,
laire, soit par décrets directs.
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