Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-01-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 janvier 1903 07 janvier 1903
Description : 1903/01/07 (N11989). 1903/01/07 (N11989).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7572340q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
ellNQ CENTIMES le Ntimlro:
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De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No, 119S9. — Mercredi 7 Janvier 1903
18 NIVOSE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mali
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
Nous publierons après-demain dans notre
feuilleton de la 4e page :
MISS FANNY
GRAND ROMAN DE MŒURS CONTEMPORAINES
par ELY MONTCLERC
Le nom d'Ely tlontclerc, l'auteur de
tant de drames passionnés, est de ceux qui se
passent de recommandation.
Il s'agit, cette fois, d'une sombre tragédie
familiale qui, à travers de violentes et cu-
rieuses peripéties, aboutit à la catastrophe
a plus terrible et la plus inattendue.
MISS FANNY
fera couler bien des larmes. ✓
NOS LEADERS
APRÈS LE VOTE
Quand on n'a pas ce que l'on aime, il
Jaut aimer ce que l'on a. Ainsi raison-
nent les réactionnaires qui auraient bien
voulu constituer au moins, une grosse
Jainorité au Sénat et qui ont laissé, au
contraire, entamer leurs derniers car-
îés.
« Selon l'usage, dit le Gaulois, le
gouvernement gagne quelques sièges. »
Nous ne savions pas que parmi les tra-
ditions auxquelles le Gaulois reste pas-
sionnément attaché, figurat celle de se
laisser battre à toutes les élections. Il y
a quelque chose de bon dans l'état d'es-
prit des conservateurs ; ils ne haïssent
rien tant que de changer leurs habitu-
des, et il leur manquerait quelque chose
si un beau jour le suffrage universel
- direct ou à deux degrés — s'avisait
de ne plus les répudier à chaque con-
sultation. C'est une peine que les élec-
teurs n'infligeront jamais à la droite.
« M.Combes, — ajoute le Gaulois, dont
la bonne humeur nous réjouit — M.
Combes doit se tenir pour satisfait.
Nous le sommes également (sic). Par-
tout, nos amis ont conservé leurs po-
sitions. »
Voyons, monsieur et cher confrère,
pour garder des positions, il faut d'a-
bord en posséder. Et combien vos
amis — je veux dire les monarchistes
et les cléricaux pur-sang — tiennent-
ils de sièges ? Sept sur quatre-vingt-
dix-huit. Les sept royalistes, bonapar-
tistes et papistes, rangés en bataille,
croyaient-ils attirer l'attention et la
colère de la démocratie ? Si elle ne les
a pas écrasés, c'est qu'elle ne les a pas
aperçus. Ils auront disparu dans la
mêlée.
Mon Dieu quel homme 1
Quel petit homme.
que le parti monarchiste !
II y a longtemps, du reste, que les
espérances réactionnaires se sont repor-
tées sur un autre défenseur des idées
médiévales. Ce paladin, on à beau cher-
cher à le baptiser, il ne se prête pas à
cette opération, malgré l'exemple de M.
Pollonnais. Et tout ce qu'on peut faire
pour fixer son état civil, c'est de l'appe-
ler le « parti sans nom ». Eh bien, le
parti sans nom diminue au lieu de
grandir, de sorte qu'il sera bientôt aussi
menu que le « petit homme » dont nous
parlions tout à l'heure.
Ceux qui arborent le drapeau blanc ;
ceux qui prétendent orner le drapeau
tricolore du coq orléaniste ; ceux qui
aspirent à percher un aigle sur la hampe
de l'étendard national ; ceux qui fleu-
rissent leurs vestons d'œillets rouges
en souvenir du général Boulanger ;
ceux qui mettent des myosotis à leurs
chapeaux pour affirmer leur haine des
juifs ; ceux qui portent un poireau en
l'honneur de M. Méline ; ceux qui
brandissent un goupillon : unis, serrés,
eu bloc — ou, comme ils disent : en
contre-bloc — ils ont marché contre
nous, dimanche. Résultat : en dénom-
brant leurs élus, vous trouverez un
chiffre qui ne correspond pas au tiers
du nombre des sénateurs soumis au re-
nouvellement.
Le gain du parti d'action républicaine
est exactement de treize sièges. Ce n'est
pas beaucoup, osent dire nos adver-
saires*- Que leur faut-il donc? Si nous
gagnons treize sièges au renouvelle-
ment triennal, nous devons, suivant la
même proportion, emporter quarante
à cinquante sièges pour le renouvelle-
ment total de la Haute-Assemblée ; et
nous avons déjà au Luxembourg une
très grosse et très compacte majorité.
Envisagés à ce point de vue, il sem-
ble que les votes de dimanche ne doi-
vent pas changer grand'chose à l'orien-
tation du Sénat Il ne convient pas, je
crois, d'envisager la situation sous un
angle si réduit.
Je partage entièrement l'opinion de
Maurice Sarraut, qui télégraphie de Pa-
ris à la Dépêche de Toulouse :
On ne peut contester que le scrutin n'ap-
porte un sang nouveau, plus généreux et plus
vif à la haute Assemblée. La majorité répu-
blicaine va se trouver renforcée d'éléments de
gauche, dont l'accession est due au même mou-
vement démocratique d'où est soitie la Cham-
bre de 1902. La journée est donc bonne pour
nos idées, pour le parti radical et radical-socia-
liste et pour la République. C'est au gouver-
nement qu'il appartient maintenant de tirer
tous les fruits de cette belle victoire en s'en-
gageant sans hésitation ni retard vers le but
que lui montre le pays, vers l'action démocra-
tique.
La note est identique, dans l'en-
semble de la presse radicale et socia-
liste de province Je lis, dans la Tribune
de Saint-Etienne;
t.
On convient jusqu'à présent que l'heure des
grandes réformes n'a pas encore sonné. M.
Combes et ses collaborateurs ont donegardéin-
tael tout leur crédit. Seulement, il leurappartiont
de donner un coup de pouce aux aiguilles de
la pendule, et, en menant bon train l'opération
cléricale, de hâter le moment si désiré des ré-
formes.
Telle est la leçon que tire le parti ra-
dical et radical-socialiste de la grande
manifestation démocratique des élec-
teurs sénatoriaux. -
Certains résultats particuliers nous
convient à des réflexions d'un ordre
moins élevé, mais sur lesquelles nous
serions coupables de ne pas insister.
- - La - tache noire du cléricalisme bar-
bouille encore nos départements de
l'Ouest. Par exemple, dans les Côtes-du-
Nord, où l'élément républicain déploie
beaucoup d'activité, augmente cons-
tamment ses forces, dans la foule, au
Conseil général et à la députation, les
sénateurs réactionnaires ont remporté
un trop facile succès. Succès qui n'a
pas la signification que veulent y atta-
cher les cléricaux. Dans cette région,
l'effort de notre propagande ne s'est pas
dirigé du côté des élections sénato-
riales. Et pourquoi? C'est qu'entre le
Sénat et le suffrage universel s'inter-
posent les conseils municipaux. Dans
les régions de l'Ouest, les hobereaux
se sont adroitement fortifiés dans les
mairies.
Les propriétaires fonciers réaction-
naires obtiennent assez facilement un
mandat municipal dont la population
voit mal l'importance politique.
M. Paul de Cassagnac conseille à ses
compagnons de lutte de généraliser
cette tactique. Il y a là un danger dont
les républicains ne feront pas mal de
se méfier.
Pousser avec le plus d'activité possi-
ble la guerre déclarée au cléricalisme ;
hâter l'avènement des réformes socia-
les ; se préparer dès maintenant aux
élections communales : c'est la triple
tâche dont les élections de dimanche
montrent la nécessité au gouvernement
et au corps électoral.
Et remarquez que l'éternelle question
des fonctionnaires se poserait ici natu-
rellement. Nous serons peut-être ame-
nés à l'examiner d'une façon plus spé-
ciale.
Hugues Destrem.
L'AFFAIRE DU MAROC
Il semble bien que depuis
quarante-huit heures la situa-
tion se détende un peu au Ma-
roc; on a quelques raisons d'es-
pérer que les puissances n'au-
ront pas besoin, cette fois en-
core, de se préoccuper de
l'agitation intérieure de la régence, sinon
pour prendre les précautions d'usage en
vue d'assurer la sécurité des Européens.
De tous les côtés, en effet, les nouvelles
sont relativement rassurantes. Du côté du
sultan, quelques actes sont de nature à for-
tifier sa position ; il a mis en liberté son
frère détenu depuis neuf ans, il peut le
montrer au peuple marocain, lui affirmer,
de la sorte , que son frère n'est point chez
les insurgés ; il a confié les restes (de son
armée à Moulai Mohammed, qui parait
avoir la confiance des troupes et qui est
populaire dans les parties de l'empire non
encore atteintes par l'insurrection ; les
tribus installées dans les environs des vil-
les habitées par la colonie étrangère se
sont portées garantes de la vie et des
biens nationaux des Européens.
Chez le prétendant aussi, les nouvelles
ne sont point de nature à nous inquiéter
outre mesure ; des rapports affirment que
c'est un homme avisé, beaucoup trop fin
pour compliquer son affaire en se mettant
sur les bras des difficultés avec les puis-
sances. Il veut le pouvoir ; il sait bien qu'il
ne serait pas de force à garder ce pouvoir,
s'il l'obtenait, contre une intervention eu-
ropéenne ; il s'est donc empressé de laisser
savoir que, dans les contrées qu'il occupe,
les étrangers seraient aussi eo sûreté que
dans les pays encore à conquérir.
La preuve de l'apaisement qui se fait au-
tour de cette affaire du Maroc est dans ce
détail, que les Espagnols n'ont pas encore
jugé nécessaire de fortifier, comme ils en
avaient eu tout d'abord l'intention, leurs
garnisons d'Afrique.
Il faut être vigilants, surveiller la ré-
gence; mais rien ne brûle encore. —
Ch. B.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
dLe la nuit et
la Revue des Journaux
clu matin
UN MOULIN HISTORIQUE
(De notre correspondant particulierl
Berlin, 5 janvier.
Un témoin de la célèbre bataille de Lûtzen,
dans laquelle le roi Gustave-Adolphe de Suède
a été tué, doit disparaître prochainement. On
va démolir le moulin historique où le comte
Colloredo, un des lieutenants de Wallenstein,
avait placé 24 canons. Le feu d'artillerie ébranla
les troupes de Bernard de Saxe-Weimar et
Gustave-Adolphe dut venir au secours de son
allié.
C'est près de ce même moulin, qu'on va dé-
molir, que la bataille fut le plus acharnée.
———-——————— ————————-——
Use Manœuvre contre les Guelfes
(De notre correspondant particulier'
Berlin, 5 janvier.
Le bruit court dans les cercles maritimes que
10 prince Henri de Prusse, frère de l'empe-
reur, quittera le service de la marine. Il sera
nommé régent du duché de Brunswick, en
remplacement du prince Albrecht de Prusse,
auquel on reproche sor,, manque * d'énergie
contre les partisans 3u duc de Cumberland,
On aurait sODdcia Diète de Brunswick, où le
prince Henri aura une majorité assurée.
Le régent actuel ce amande pas" mips; que
dôcui«3ioûBçr, ,- - ,'-' --Y
LE DUR BAR DE DELHI
Quelques journaux et un atlas. - A
Delhi. — La cérémonie du grand
Durbar. — Mégalomanie et rési-
gnation. — Les frais de la
fête. — Comment on fait
fortune. — La famine
/De notre correspondant spécial en Angleterre)
Londres, 4 janvier.
J'ai sur ma table de travail des - journaux
chiffonnés, des journaux de toutes couleurs,
des roses, des verts, des blancs, ils sont épar-
pillés, pêle-mêle; un gros atlas devant moi et
sur la carte qui s'étale sur la grande page ou-
verte, un point tout petit que fixent mes yeux
fascinés : Delhi, dont les palais fabuleux se bai-
gnent dans la Djemnab, où s'épanouissent les
lotus bleus.
Delhi et sa grande mosquée et son temple de
Kutub aux longues colonnades.
Je n'ai interviewé personne, pas même le
plus petit paria, j'ai seulement lu des articles
longs d'une aune, des comptes rendus plus ou
moins fidèles et malgré moi, malgré tous mes
efforts, je n'ai pu admirer le grandiose de la
cérémonie du Grand Durbar à la ligne. Les
éléphants, hauts comme des pagodes, avec
leur harnachement tout incrusté d'or, les
rajahs avec leurs habits de soie ornementés de
pierreries,les canons qui tonnaient et la grande
foule bariolée qui se pressait dans les rues
trop étroites de la ville n'ont pu m'impres-
sionner.
La folie des princes indiens
Par contre,j'ai admiré la folie des princes in-
diens, je me suis aperçu que le représentant de
l'Angleterre, Lord Curzon, était atteint de la
maladie des grandeurs et j'ai contemplé la ré-
signation muette et presque sans bornes des
Hindous.
Les rajahs ont gaspillé à pleines mains,
sans compter le maigre contenu de leurs coffres;
ils ont même emprunté pour faire figure au
Durbar ; les princes indiens étaient animés de
ce sentiment que l'on rencontre chez les fem-
mes de toutes les nations : le désir d'avoir une
robe plus belle que celle du voisin ; ils avaient,
profond au cœur, un désir vain, fou, celui de
faire étalage de plus de joyaux, de plus de ri-
chesses qu'un autre rajah rival!
Lord Curzon, comme tout fils d'Albion, a
soif de spectacle, de parade ; il a cru émer-
veiller le monde par le nombre des éléphants
qui défilèrent auson guerrier des trompettes, par
la splendeur des joyaux qui brillaient sous un
ciel d'azur, au jour resplendissant du Grand
Durbar. De même l'Angleterre, lors du couron-
nment de son roi, croyait émerveiller le monde
par le nombre des musiques et des fanfares qui
jouaient sur le passage du cortège royal ! Lord
Curzon est atteint de la maladie des grandeurs,
il a voulu jouer à l'empereur et prenant son
rôle au sérieux il fit demander aux fils des
rajahs de lui servir de pages, de tenir pendant
la cérémonie le pan de sa robe 1 La réponse
qu'obtint le noble lord ne fut pas, dit-on, des
plus à son goût : les princes indiens lui firent
comprendre en termes polis, mais froids, que
s'ils étaient vassaux du roi d'Angleterre, ils
étaient supérieurs à lord Curzon 1
Un simple et un sage
Quant aux Hindous, leur conduite est subli-
me; pour satisfaire leurs princes, ils ont donné
ou prêté le peu qu'ils possédaient, il fallait
bien que leur chef, leur dieu, fût le plus beau,
le plus resplendissant de tous ; fût un soleil
parmi toutes les étoiles. L'Indien, qui est pau-
vre, est grevé d'impôts ; les frais énormes du
Durbar vont retomber lourdement sur ses mai-
gres épaules déjà trop chargées et malgré ce
fardeau écrasant, il ne profère pas un mot, pas
une plainte; il acclame loyalement le vice-roi
qui passe comme il acclame son chef, et ses vi-
vats, ses bravos sont jetés, lancés de tout cœur.
L'explication est simple : l'Hindou est indiffé-
rent aux choses de la terre. Que lui faut-il ici-
bas? une natte pour étendre son corps émacié
et ses membres grêles, une poignée de riz, une
pagode où s'agenouiller, un dieu à adorer et
parfois, si la chose est possible, un pèlerinage
au bord du Gange où voguent lentement,
comme poussés par la brise, les cygnes sacrés I
L'Hindou est un primitif, un simple, c'est aussi
un sage.
Je parle de la majorité, de la partie de la
population qui reste fidèle aux traditions. Il y
a à ce tableau une contre-partie qui contraste
tristement avec ces splendeurs.
C'est ainsi qu'un incident dramatique vient
de se produire à Delhi. Des centaines de guer-
riers des tribus du nord, attirés par les occa-
sions de pillage qu'offre le Durbar, se sont réu-
nis samedi pour attaquer une salle de l'expo.
sition des arts inaugurée la veille de l'ouver-
ture du Durbar par lord Curzon et contenant
pour sept à huit millions de diamants et de
pierres précieuses. La police avait ou vent de
l'affaire. Un combat assez vif s'est livré aux
portes de la salle et les « Pathans » ont été re-
poussés.
Tandis que ce fait se passait, le vice-roi re-
mettait à la citadelle rouge de Delhi de nom-
breuses décorations aux princes hindous ras-
semblés, et ce fut une nouvelle occasion de
pompes et de splendeurs.
La richesse de l'Inde
Etant donné sa grande richesse, l'Inde fut
autrefois appelée la perle des colonies anglai-
ses ; le nom est demeuré, tout comme sur cer-
tains monuments, à Londres, vous lisez encore
ces deux lettres: W. R., William Rox et pour-
tant William IV mourut en 1837 1
Si vous désiriez donner à l'Inde un surnom,
je vous conseillerais de l'appelor @ 1' « Eponge »
car depuis de longues années l'Angleterre la
presse pour en tirer ce qu'elle peut ; l'insulaire
vient habiter une ville quelconque, y établit
son commerce, amasse aussi vite que possible
quelques milliers de livres et aussitôt il re-
tourne au pays natal « Home, sweet home ! »
Sa fortune est sortie de la poche des Indiens et
c'est l'Angleterre qui en bénéficie ; le fait se
reproduit tous les jours, et tous les jours la ri-
chesse de l'Inde diminue, se tant.
Presque tous les ans, la famine enlève les
Indiens par milliers; à la prochaine disette, en
raison du manque d'argent occasionné par les
fastes du Durbar, la misère sera plus âpre,
plus horrible, et le nombre des victimes aug-
mentera dans des proportions gigantesques.
Et ainsi marqués de famines plus ou moins
terribles, les ans aux ans se succéderont,l'Inde
ira toujours s'appauvrissant. Les princes, en-
couragés par un vice-roi prodigue, gaspille-
ront ce qu'ils auront encore à gaspiller. L'Inde
sera toujours sous le joug de l'Angleterre,jus-
qu'au moment — moment qui n'est peut-être
pas loin, — où, changeant de maître, par droit
de conquête ou par suite d'un soulèvement gé-
néral, le pays passera sous le joug de la Rus-
s io, - -
La guerre du Transvaal, la mort de la reine
Victoria, la fin du 19' siècle, forment une épo-
que dans révolution de la nation anglaise et
marquent le commencement du déclin du plus
grand empire des temps présents; de même le
grand Coronation Durbar de 1902 sera une
époque dans révolutioo d,e l'Inde. rf André,
Broçlut.
lî^'Mi.ii.y fm ii - - - -' —' ,
UN MAIRE SUSPENDU
Chartres, 5 janvier.
Par arrétë préfectoral, M- Barre, maire de
Dreux, vient d'être suspendu pour un mois de
ses fonctions pour avoir, dit l'arrêté, manque
d'égards envers un représentant du gouverne-
ment, M. Barre n'ayant pas rendu visite au
sous-préfet de Dreux à l'occasion du 1* jan-
vier.
Depuis un certain temps, la brouille existe
entre la mairie et la sous-préfecture : le sous-
préfet ayant refusé de transmetre les proposi-
tions du maire pour la nomination des mem-
bres du bureau de bienfaisance de la ville, le
maire rompit toutes relations et, le 1" janvier,
il resta chez lui. Cette situation tendue s'ag-
grava encore cos temps derniers, au sujet de
différentes questions administratives.
L'arrêté de suspension porte : « pour avoir
négligé de transmettre aux conseillers munici-
paux, aux commissions administratives, aux
fonctionnaires de la ville, l'avis de la réception
annuelle du 1" janvier à la sous-préfecture. »
RÉCIDIVE
Nous avons signalé le langage tenu par l'ar-
chevêque de Toulouse à son clergé à l'occasion
des réceptions du jour de l'an. La Croix nous
apprend que l'attitude de ce prélat a été imitée
par presque tous les évêques de France.
L'évêque de Viviers a célébré le magnifique
élan soulevé pour le soutien des écoles libres,
et a glorifié la résignation des « admirables
congrégations ». L'évêque de Saint-Dié,devant
son clergé assemblé, s'est hautement félicité
d'avoir signé le manifeste de l'épiscopat fran-
çais.
L'évêque de Périgueux a déclaré qu'il voulait
voir le clergé debout, face à l'ennemi. Les con-
grégations, dans les bouches pastorales, sont
successivement devenues des fleurs, des lys, des
ru bis -et des diamants.
L'évêque d'Angoulême les a définies: les plus
belles perles du diadème de l'Eglise — il a re-
vendiqué sa part de responsabilité dans la
confection de l'écrit incriminé par le Conseil
d'Etat.
Tout cela, si je ne me trompe, ressemble fort
à de la récidive. Et comment en serait-il autre-
ment.dans un pays où la législation ne donne
point au gouvernement d'autre arme que la
platonique répression de la déclaration d'abus,
et l'illusoire suppression de traitement? — A.
POUR 6 SOUS D'ESPRIT 1
Le député-conseiller Tournade a, à l'Hôtel de
Ville, un collègue qui lui est singulièrement
dévoué. Ah 1 voilà un collègue qui est dévoué à
M. Tournade! vous allez en juger :
Hier, nous arrive, par la poste, un pli; sur
l'enveloppe cette mention : Conseil municipal
de Paris, sur le revers de l'enveloppe un tim-
bre sec avec cette inscription : Conseil munici-
pal de Paris; sur l'enveloppe encore, cette an-
notation : copie — en langage professionnel
des journalistes, copie signifie : article à insé-
rer dans le journal - et enfin, toujours sur
l'enveloppe, aucun timbre poste.
Mais ça ne fait rien : au Rappel, quand nous
recevons une lettre, même du Conseil munici-
pal nationaliste que nous avons, même une
lettre non affranchie, nous l'acceptons ; nous
avons donc versé trente centimes sans regret
Bueen. pour savoir ce que nous voulait l'un
de nos conseillers municipaux. Maintenant que
nous le savons, non seulement nous n'avons
pas de regret d'avoir versé trente centimes,
mais encore nous en sommes enchantés.
Car nous avons appris, moyennant cette
somme, que Ru. le député-conseiller Tournade
a, à l'Hôtel de Ville, un collègue qui ne pense
qu'à sa gloire, à lui, Tournade.
L'enveloppe contenait uniquement une pièce
de vers — stupide, nous devons l'avouer —
consacrée à la gloire de M. Tournade, le por-
trait de M. Tournade, et enfin ce vœu, mi-
partie calligraphié, mi-partie imprimé : Vive
Tournade conseiller mynicipall
Si M. Tournade doute qu'il ait dans le Con-
seil un collègue capable de s'occuper de sa
gloire avec ce soin, nous tenons à sa disposi-
tion l'enveloppe, la « poésie », le vœu de lon-
gue vie, le portrait, et le timbre da surtaxe.
D'ailleurs nous ne réclamons pas les six sous :
nous avons lu les « vers M, nous avons con-
templé le portrait, nous avons savouré le vœu.
Tout cela pour trente centimes, c'est bon mar-
ché.
LES ALLEMANDS EN AFRIQUE
(De notre correspondant particulier}
Berlin, S janvier.
Le duc Jean-Albert de Mecklembourg, prési-
dent de la Société coloniale allemande, est
parti pour l'Afrique allemande du Sud-Ouest.
Il est accompagné de sa femme et de M.
Woermann, le grand propriétaire d'établisse-
ments coloniaux.
On croit que des projets très importants se
rattachent à ce voyage. Le duc Jean-Albert
voudrait régler la question de l'émigration des
Boers et celle du raccordement des chemins
de fer de la colonie allemande avec le réseau
du Transvaal.
■■ ♦ ——————————
L'ADJOINT DE M. DE WITTE
(P0 notre correspondant particulierl
Saint-Pétersbourg, 5 janvier.
M. Kowalewski, ministre-adjoint du dépar-
tement des finances, qui a dû donner sa dé-
mission, a accepté le poste de directeur de la
Banque du Nord, avec 40.000 roubles d'appoin
tements.
LE RÉVEIL DES BOXERS
(De notre correspondant particulierf
Shanghaï, 5 janvier.
Toute la province de Tchi-Li est iofestée de
bandes de Boxers, qui sont venues de Chan-
toung.
Les affiliés de la secte révolutionnaire ont
des écharpes blanches comme signe distinctif,
Ils se réunissent, la nuit, dans des cérémonies
mystiques, pendant lesquelles ils offrent des
holocaustes aux divinités chinoises, et jurent de
venger les morts de 1900.
Le gouvernement a envoyé cinq mille hom-
mes de troupe pour réprimer les désordres.
——————————- .———————————'
Liquidation des boulons de cristal
[De notre, correspondant particulier)
Shanghai, 5 janvier.
Il y a quelques semaines, le gouvernement
impérial de Pékin a promulgué un arrêt aux
termes duquel la vénalité du titre de mandarin
était abolie à partir de la nouvelle année.
Des demandes de litres do mandarin ont af-
flué de tous côtés et, il va de soi que les can-
didats ont payé les sommes demandées. On
voulait profiter de la liquidation générale des
boutons de cristal à vendre.
Le trésor faisait des recettes énormes et c'est
tout ce que le gouvernement voulait. Un nou-
veau décret vient de rapporter le premier et
rétablir la vénalité du titre do mandarin, sous
prétexte qu'il faut recueillir des fonds pour
venir en aide à la population de So-Ï £ l$l|-Eûj
tort éprouvée par la alSCUQ • >
LE PAIN DU SOLDAT
Lettre d'un « bleu).- La boule dé son.
- Le rata du pioupiou. — Un offi-
cier qui aimait ses soldats. —
Une réforme qui s'impose.
J'ai reçu une longue lettre d'un de mes amis
- d'un « bleu ». — Je n'ai pas l'intention de
la publier, cela manquerait d'intérêt. J'en ex-
trairai simplement une phrase.
Quant aux brimides, peu ou point, le colonel
punissant très sévèrement, mais ce à quoi je n'ai
pu encore m'habituer, c'est au pain.
Cette lettre me rappelle qu'il y a à peu près
un an, l'on avait prêté au général André l'in-
tention de révolutionner la manutention mili-
taire.
Qu'il me soit permis d'ouvrir ici une paren-
thèse et de poser une question :
— Avez-vous été soldat ?
Si non, tant mieux, car vous gardez des illu-
sions.
Si oui, tant pis, car vous vous rappelez, en
en riant maintenant, vos jours d'amertume,
vos jours de dégoût, vos jours de lassitude,où,
en rentrant de la manœuvre, exténués, rompus,
votre sous-officier vous apportait, après le
repas du soir, comme dessert et comme diges-
tif, l'astiquage de tout son fourniment.
N'était-ce donc pas assez du vôlre ? Non. Le
Créateur t'a condamné, pioupiou d'un sou, à
gagner ton pain à la sueur de ton front et de
tes pieds ; mais Dieu n'avait pas prévu qu'au
20e siècle, ses paroles seraient encore aussi mal
interprétées, que d'infâmes spéculateurs te fe-
raient maigrir pour s'engraisser et te donne-
raient du son au lieu de farine !
Pourtant, puisque sa toute puissance est in-
finie, je m'étonne qu'il ne lui soit pas venu à
!'idée d'épater un beau jour les fourriers de
distribution et de rééditer les Noce3 de Cana
en changeant on beaux pains de gluten les
horribles boules de son contenues dans des
sacs qui ne sont jamais lavés.
Les douceurs de l'ordinaire
Vous rappelez-vous aussi les haricots mal
cuits et nageant dans un jus noirâtre et par
trop abondant, le riz trop épais, si épais qu'on
aurait pu s'en servir comme colle de pâte, le
bœuf du matin, où autour d'un morceau pota-
ble, que s'octroyait le chef de table, gravitaient,
comme autant de satellites autour de la pla-
nète mère, d'ignobles morceaux de « bidoche »
contre lesquels la mâchoire la plus solide
était impuissante à lutter ?
Sur quoi, grand Dieu, pouvait-on se jeter
pour apaiser sa faim ? Sur le pain? sur les 3
livres de pain rassis que l'intendance octroie
généreusement, tous les 2 jours, sur ce vrai
pain complet, mélange de son, de paille, de
crotin et de cafards? Ou bien encore sur le pain
biscuilé, qui pouvait rivaliser comme couleur
et comme résistance avec un bloc de chêne?
Quand je pense que dans notre armée nous
avons une quantité de majors à 2, 3 et 4 ga-
lons, qui, responsables de la santé de nos fils,
n'avaient pas encore trouvé cette réforme utilel
Il est vrai que ce sont des officiers, presque des
pékins et que le pain de soldat n'est pas à la
portée de toutes les bourses.
En ne mettant pas les choses au pis, le pain
de soldat n'est pas mauvais, mauvais, il passe
même pour avoir un goût agréable, quand il
est frais ; mais quand il a un jour ou deux de
cuisson, ce n'est plus du pain, c'est un amal-
game de croûte qui ressemble à du carton pâte,
et de mie qui s'égrène dès qu'on y touche.
Pour la santé du soldat
J'ai connu et connais encore un officier qui,
à Mon arrivée dans ma batterie, avait révolu-
tionné tout le système culinaire et fait cesser
les éternels ratas. Il avait trouvé que l'on pou-
vait très bien accommoder plus proprement les
aliments. En conséquence, il était adoré de ses
soldats.
Un ancien ministre a bien laissé comme trace
de son passage à la rue Saint-Dominique une
couche de peinture tricolore sur les guérites et
remplacé les gamelles par des assiettes.
Le général André, en voulant échanger la
boule de son contre le pain blanc, en voulant
donner à nos enfants une nourriture plus subs-
tantielle, aurait bien plus de raisons pour s'at-
tirer notre reconnaissance.
Que diable I il est homme, quoique ministre,
et père, qui plus est. Il sent bien que nous
n'abandonnons pas sans inquiétude, pendant 3
ans, nos enfants à la patrie, il sont bien que
nous souffrons de les voir souffrir.
Il serait donc logique, et nous applaudi-
rions tous à cette réforme, que, quand nos sol-
dats ont faim, ils aient autre chose à se mettre
sous la dent que cette horrible boule de son
qui, espérons-le, d'ici peu aura vécu.
C'eût été un beau sujet à traiter pour un
concurrent du concours d'enseignes, si cette
réforme avait eu lieu sous le mini&tère de l'an-
cien cavalier de Tunis:
Le général Boulanger, coiffé du képi à lau-
riers dorés et vêtu du jupon blanc, surveillant
en tant que Boulanger l'exécution de ses or-
dres et en tant que boulanger la cuisson de
son nouveau pain. — P. G.
L'INSURRECTION AU MAROC
La situation militaire
Londres, S janvier.
Le Times publie la dépêche suivante de Tan-
ger, 4 janvier :
La route du Sud est coupée près de Rabat, où
des vols importantsdebestiaux se sont produits.
Des villes du littoral, on annonce l'arrivée
constante de déserteurs de l'armée. Les tribus
voisine de Tanger refusent d'envoyer des ren-
forts, non par esprit de rébellion, mais à cause
des souffrances que le froid et la faim font en-
durer aux soldats.
Les chefs des tribus des environs de Tanger
ont donné au correspondant du Times l'assu-
rance qu'ils prennent l'entière responsabilité
de la sécurité des chrétiens, quoi qu'il arrive.
Madrid, 5 janvier.
Des dépêches de Tanger à Vlmparcial disent
que le sultan a nommé Moulaï Mohamed, sur-
nommé le prince Borgne, à la dignité de C'l-
life et lui a donné le commandement suprême
des troupes.
Moulaï Mohamed s'occupe de réorganiser
l'armée.
Lo sultan a reçu des renforts considéra-
bles.
Suivant des bruits persistants, la discorde se
serait mise dans les troupes du prétendant.
Les Kabiles Harnia auraient passé danslecamp
du sullan.
Le Libéral dit que le bruit circule à Tanger
que le sullan est disposé à abdiquer en faveur
do Moulai Mohamed. Celui-ci est acclamé cha-
que fois qu'il parait dans les rues.
Londres, 5 janvier.
Suivant une note des journaux, le caïd écos-
sais sir Harry Mac Lean, qui,en qualité de chef
marocain joue un rôle si important à la cour
chérifienne, est arrivé de Fez à Tanger le 29
décembre. On ignore pourquoi il a subitement
quitté Fez. „
De plus, le 28 décembre, le ministre d Angle-
terre a envoyé des messagers à Marrakesch, à
Fez, à Tetuan et à Al Cazar, pour inviter tous
les nationaux anglais à se replier sur la côte.
Les missionnaires anglais à Fez ont passé la nuit
de Noël au vice-consulat d'Angleterre à Fez,
mais ils son rentrés chez eux le lendemain.
Fez était calme le P décembre, quoique tou-
jours en état de panique. Le sultan s'y troui
vait, et dépêchait une nouvelle armée contre-
les rebelles. Les boutiques avaient épuisé Jeuf
stock de provisions et restaient fermées. Les----
dames missionnaires n'éprouvaient aucune ap*-
préhension. La situation était d'ailleurs un pec
améliorée.
Madrid, S janvier. >
M. Silvela a annoncé au roi que toutes les
dépêches officielles confirment la retraite du
prétendant du Maroc.
Le sullan va ainsi pouvoir réorganiser son
armée et anéantir l'insurrection.
LES ÉLECTIONS SENATORIALES J
Nous avons donné hier les résultats de tous
les votes de dimanche, à l'exception des chiffres
de la Guadeloupe, de la-Réunion, et du troisième
tour auquel a donné lieu l'élection de Périgueux.,
Commençons par donner ce dernier scrutin ; J
Inscrits : 1.138 — Votants ; 1.122
Ont obtenu :
MM. Peyrot, rép. rad,.,., ,. 562 ELU
Eymery, rép 511
Une dépêche annonce que M. Cicéron, séna-
teur sortant de la Guadeloupe, radical, est réélu
à une forte majorité.
Quant à la colonie de la Réunion, où le sê*
nateur sortant est M. Drouhet, radical, le ré.
sultat de l'élection ne pourra être connu quo
dans quatre ou cinq jours.
Les résultats de la Guadeloupe et de la Réa.
nion ne nous sont pas encore parvenus.
C'est donc maintenant sur un tableau com-
plet — à un siège près — que nous pouvons
faire porter le travail de statistique qui nous
fera pleinement comprendre le sens et la portée
de la consultation des électeurs sénatoriaux.
Les sept sénateurs conservateurs sortants
de la séria A se sont représentés. Tous ont été
réélus.
Les socialistes avaient présenté des candi.
dats dans neuf collèges. Deux plébiscitaires
s'étaient présentés comme candidats indépen-
dants.
Résultats définitifs
Les résultats définitifs se répartissent ainsi t
Conservateurs réélus.. , : , 7
Conservateurs nouveaux.. , D
Républicains progressistes et
libéraux réélus. v. i 21
Républicains progressistes et
libéraux nouveaux. 4
Républicains reéfus. Il
Républicains nouveaux., 7
Radicaux réélus. 23
Radicaux nouveaux.,.,. 14
Radicaux socialistes réélus. 7
Radicaux socialistes nouveaux. 3
Socialistes élus. , D
Total 97
Les sénateurs qui s'étaient représentés et qui l
n'ont pas été réélus sont MM. :
Rambaud, de Casabianca, Farinole, Martell, Bis-
seuil, Cornil, Bruel, Silhol, républicains progres-
sistes ;
Joseph Fabre, Allemand, Saint Prix, Pozzi, ré-
publicains;
Renard, radical ;
Baduel, rad:cal dissidenCe 1
Les sénateurs qui ont été réélus sont MM.:
De Carné, Haugoumar des Portes, Ollivier, La
Provost de Launay, de Tréveneuc, de Cuverville,
de Chamaillard, conservateurs ;
Duchesne-Fournet, Tillaye, Turgis, Saillard,
Monsservin, Milliard, Parissot, Thorel, Gayot, Ra-
naudat, Rambourgt, Grimaud, F. Charmes, Delo,
beau, Pichon, Porquier, Sebline, Malezieux, Ma*
cherez, Ouvrier, Fruchier, républicains progrel.
sistes;
Labiche (Emile), Vinet, Mir, Hngot, Piot.Vagnat,
Lacombe, Dusolier, Guillier, Pradal, Fougeiroi, ré-
pubiicaias,
Combes, président du conseil, deux fois élu,
Calvet, Paul Rouvier, Gauthier, Villard, Frezoul,
Delpech, Pauliat, Dellestable, Labrousse, de Sal,
Bernard, Bonnefoy-Sibour, Louis Blanc, Maurica
Faure, Goujon. Giguet, Pochon, Denoix, Gérenteif
Dufoussat, Fayard, Cioérou, radicaux.
Girault, Desmons, Leydet, Peytral, Velten, Fa':;
got, Goûtant, radicaux-socialistes.
Les sénateurs nouveaux sont MM.:
Gentilliez, de Moustier, Vidal de Saint-Urbain,
Andrieux, républicains progressistes ;
Rouvier, ministre des finances, Sauvan, Thou*
nens, Giaccobi, Muracciole, Brisson, Limouzin-La-
planche, républicains ;
Le Chevallier, Garnier, Gacon, Henri Ricard,
Lintilbac, Chabrié, Potié, Ville, Boissier, Daumy,
Boissy-d'Anglas, Gérard et Peyrot, radicaux ;
Bayol, F. Crémieux et Mazière, radicaux-socla"
listes.
Députés candidats :
Sur 21 dépuléq qui avaient posé leur caH"
didature, 8 ont été élus.
Ce sont MM.:
De Môustier, républicain progressiste ; Rouvier,
ministre des finances, et Giaccobi, républicains
Garnier, Gacon, Chabrié et Ville, radicaux ; Maf
zière, radical-socialiste.
13 ont été battus.
Ce sont MM.
Delory, Delombre, Ellzière, J. Rocbe, DllclauK<
Monteil, Théron, Muteau, Desfarges, Borne, Beatte
quier, Ant. Gras, Delarue, Hubbard.
Un certain nombre d'anciens sénateurs e(
députés étaient également candidats. Sont élut
dans cette catégorie MM.:
Andrieux, Vidal de Saint-Urbain, libéraux ; Mu-
racciole et Limouzin-Laplanche, républicains ;
Henri Ricard et Boissy-d'Anglas, radicaux ;
Fernand Crémieux, radical-socialiste.
Parmi les anciens députés battus se trouvent
MM.:
Granet, Chevillon, Lagnel, Chenel, Chanson,Gué-
neau, Proal, Sicard, Paul Roux, Gaussorgues,
Fournière, Fernand Faure, Villemonte, Letellier.
En résumé, le nombre de sièges soumis ait
renouvellement et occupés par des membres
de la majorité sénatoriale, qui était, avant les
élections du 4 janvier, de 54 (Réunion non
comprise), se trouve porté A 65 et le nombra
des sièges occupés par des membres de la mi-
norité, qui était de 43, se trouve réduit à 32t
Le gain des républicains
Voici, d'après le ministère de l'intérieur, I&
statistique des sièges gagnés ou perdus :
Sièges gagnés : Allier, 2 ; Alpes-Maritimes. 1 i
Ardennes, 1 ; Cantal, t; Charente, 2 ; Charente-
Inférieure, 1 ; Corse, 3; Côte-d'Or, 1 ; Doubs (l'élea<
tion de M. Borne étant considérée comme acquise ) »
1 ; Gard, 1 ; Nord, 1. — Total 15.
Sièges perdus : Aveyron, 1 ; Basses-Alpes (l'élco
tion est contestée), 1.
Gain du parti républicain : treize sièges.
LA DETTE CHINOISE
Pékin, 5 janvier.
Les ministres de toutes les puissances inté-
ressées, à l'exception du ministre américain.
ont décidé de maintenir que l'indemnité chi-
noise doit être calculée sur la basa de l'or
mais ils sont disposés à admettre un compro-
mis, à la condition que la Chine cesse de pré-
tendre que le paiement en argent résulte des
termes du protocole.
LA TURQUIE ET LES PUISSANCES
Londres, S janvier. t
Le correspondant du Standard à Berlin ditt
tenir d'excellente source que le comte Golu-
chowsky et le comte LamsdorS sont tombés f
d'accord pour deœaader au sultan d'iQtfoduire
PARtS & DÉPARTEMENTS
I! l ,. -- (f !
Le Kuméro,' CINQ CENTIMES
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AUX BUREAUX DU JCüRAt
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Adresse Télégraphique: XIX. SIÈCLE - PARIS
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Départements — 7f. — 12f. - 24 ù
Union Postale — 9f. — 16 f. — 824
Les Abonnements sont reçus sans frais
dans tous les Bureaux de Poste
RÉDACTION: I/j, rue du Ilail
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
No, 119S9. — Mercredi 7 Janvier 1903
18 NIVOSE AN 111
ADMINISTRATION ; 14, rue du Mali
Adresser lettres et mandais à l'administrateur
Nous publierons après-demain dans notre
feuilleton de la 4e page :
MISS FANNY
GRAND ROMAN DE MŒURS CONTEMPORAINES
par ELY MONTCLERC
Le nom d'Ely tlontclerc, l'auteur de
tant de drames passionnés, est de ceux qui se
passent de recommandation.
Il s'agit, cette fois, d'une sombre tragédie
familiale qui, à travers de violentes et cu-
rieuses peripéties, aboutit à la catastrophe
a plus terrible et la plus inattendue.
MISS FANNY
fera couler bien des larmes. ✓
NOS LEADERS
APRÈS LE VOTE
Quand on n'a pas ce que l'on aime, il
Jaut aimer ce que l'on a. Ainsi raison-
nent les réactionnaires qui auraient bien
voulu constituer au moins, une grosse
Jainorité au Sénat et qui ont laissé, au
contraire, entamer leurs derniers car-
îés.
« Selon l'usage, dit le Gaulois, le
gouvernement gagne quelques sièges. »
Nous ne savions pas que parmi les tra-
ditions auxquelles le Gaulois reste pas-
sionnément attaché, figurat celle de se
laisser battre à toutes les élections. Il y
a quelque chose de bon dans l'état d'es-
prit des conservateurs ; ils ne haïssent
rien tant que de changer leurs habitu-
des, et il leur manquerait quelque chose
si un beau jour le suffrage universel
- direct ou à deux degrés — s'avisait
de ne plus les répudier à chaque con-
sultation. C'est une peine que les élec-
teurs n'infligeront jamais à la droite.
« M.Combes, — ajoute le Gaulois, dont
la bonne humeur nous réjouit — M.
Combes doit se tenir pour satisfait.
Nous le sommes également (sic). Par-
tout, nos amis ont conservé leurs po-
sitions. »
Voyons, monsieur et cher confrère,
pour garder des positions, il faut d'a-
bord en posséder. Et combien vos
amis — je veux dire les monarchistes
et les cléricaux pur-sang — tiennent-
ils de sièges ? Sept sur quatre-vingt-
dix-huit. Les sept royalistes, bonapar-
tistes et papistes, rangés en bataille,
croyaient-ils attirer l'attention et la
colère de la démocratie ? Si elle ne les
a pas écrasés, c'est qu'elle ne les a pas
aperçus. Ils auront disparu dans la
mêlée.
Mon Dieu quel homme 1
Quel petit homme.
que le parti monarchiste !
II y a longtemps, du reste, que les
espérances réactionnaires se sont repor-
tées sur un autre défenseur des idées
médiévales. Ce paladin, on à beau cher-
cher à le baptiser, il ne se prête pas à
cette opération, malgré l'exemple de M.
Pollonnais. Et tout ce qu'on peut faire
pour fixer son état civil, c'est de l'appe-
ler le « parti sans nom ». Eh bien, le
parti sans nom diminue au lieu de
grandir, de sorte qu'il sera bientôt aussi
menu que le « petit homme » dont nous
parlions tout à l'heure.
Ceux qui arborent le drapeau blanc ;
ceux qui prétendent orner le drapeau
tricolore du coq orléaniste ; ceux qui
aspirent à percher un aigle sur la hampe
de l'étendard national ; ceux qui fleu-
rissent leurs vestons d'œillets rouges
en souvenir du général Boulanger ;
ceux qui mettent des myosotis à leurs
chapeaux pour affirmer leur haine des
juifs ; ceux qui portent un poireau en
l'honneur de M. Méline ; ceux qui
brandissent un goupillon : unis, serrés,
eu bloc — ou, comme ils disent : en
contre-bloc — ils ont marché contre
nous, dimanche. Résultat : en dénom-
brant leurs élus, vous trouverez un
chiffre qui ne correspond pas au tiers
du nombre des sénateurs soumis au re-
nouvellement.
Le gain du parti d'action républicaine
est exactement de treize sièges. Ce n'est
pas beaucoup, osent dire nos adver-
saires*- Que leur faut-il donc? Si nous
gagnons treize sièges au renouvelle-
ment triennal, nous devons, suivant la
même proportion, emporter quarante
à cinquante sièges pour le renouvelle-
ment total de la Haute-Assemblée ; et
nous avons déjà au Luxembourg une
très grosse et très compacte majorité.
Envisagés à ce point de vue, il sem-
ble que les votes de dimanche ne doi-
vent pas changer grand'chose à l'orien-
tation du Sénat Il ne convient pas, je
crois, d'envisager la situation sous un
angle si réduit.
Je partage entièrement l'opinion de
Maurice Sarraut, qui télégraphie de Pa-
ris à la Dépêche de Toulouse :
On ne peut contester que le scrutin n'ap-
porte un sang nouveau, plus généreux et plus
vif à la haute Assemblée. La majorité répu-
blicaine va se trouver renforcée d'éléments de
gauche, dont l'accession est due au même mou-
vement démocratique d'où est soitie la Cham-
bre de 1902. La journée est donc bonne pour
nos idées, pour le parti radical et radical-socia-
liste et pour la République. C'est au gouver-
nement qu'il appartient maintenant de tirer
tous les fruits de cette belle victoire en s'en-
gageant sans hésitation ni retard vers le but
que lui montre le pays, vers l'action démocra-
tique.
La note est identique, dans l'en-
semble de la presse radicale et socia-
liste de province Je lis, dans la Tribune
de Saint-Etienne;
t.
On convient jusqu'à présent que l'heure des
grandes réformes n'a pas encore sonné. M.
Combes et ses collaborateurs ont donegardéin-
tael tout leur crédit. Seulement, il leurappartiont
de donner un coup de pouce aux aiguilles de
la pendule, et, en menant bon train l'opération
cléricale, de hâter le moment si désiré des ré-
formes.
Telle est la leçon que tire le parti ra-
dical et radical-socialiste de la grande
manifestation démocratique des élec-
teurs sénatoriaux. -
Certains résultats particuliers nous
convient à des réflexions d'un ordre
moins élevé, mais sur lesquelles nous
serions coupables de ne pas insister.
- - La - tache noire du cléricalisme bar-
bouille encore nos départements de
l'Ouest. Par exemple, dans les Côtes-du-
Nord, où l'élément républicain déploie
beaucoup d'activité, augmente cons-
tamment ses forces, dans la foule, au
Conseil général et à la députation, les
sénateurs réactionnaires ont remporté
un trop facile succès. Succès qui n'a
pas la signification que veulent y atta-
cher les cléricaux. Dans cette région,
l'effort de notre propagande ne s'est pas
dirigé du côté des élections sénato-
riales. Et pourquoi? C'est qu'entre le
Sénat et le suffrage universel s'inter-
posent les conseils municipaux. Dans
les régions de l'Ouest, les hobereaux
se sont adroitement fortifiés dans les
mairies.
Les propriétaires fonciers réaction-
naires obtiennent assez facilement un
mandat municipal dont la population
voit mal l'importance politique.
M. Paul de Cassagnac conseille à ses
compagnons de lutte de généraliser
cette tactique. Il y a là un danger dont
les républicains ne feront pas mal de
se méfier.
Pousser avec le plus d'activité possi-
ble la guerre déclarée au cléricalisme ;
hâter l'avènement des réformes socia-
les ; se préparer dès maintenant aux
élections communales : c'est la triple
tâche dont les élections de dimanche
montrent la nécessité au gouvernement
et au corps électoral.
Et remarquez que l'éternelle question
des fonctionnaires se poserait ici natu-
rellement. Nous serons peut-être ame-
nés à l'examiner d'une façon plus spé-
ciale.
Hugues Destrem.
L'AFFAIRE DU MAROC
Il semble bien que depuis
quarante-huit heures la situa-
tion se détende un peu au Ma-
roc; on a quelques raisons d'es-
pérer que les puissances n'au-
ront pas besoin, cette fois en-
core, de se préoccuper de
l'agitation intérieure de la régence, sinon
pour prendre les précautions d'usage en
vue d'assurer la sécurité des Européens.
De tous les côtés, en effet, les nouvelles
sont relativement rassurantes. Du côté du
sultan, quelques actes sont de nature à for-
tifier sa position ; il a mis en liberté son
frère détenu depuis neuf ans, il peut le
montrer au peuple marocain, lui affirmer,
de la sorte , que son frère n'est point chez
les insurgés ; il a confié les restes (de son
armée à Moulai Mohammed, qui parait
avoir la confiance des troupes et qui est
populaire dans les parties de l'empire non
encore atteintes par l'insurrection ; les
tribus installées dans les environs des vil-
les habitées par la colonie étrangère se
sont portées garantes de la vie et des
biens nationaux des Européens.
Chez le prétendant aussi, les nouvelles
ne sont point de nature à nous inquiéter
outre mesure ; des rapports affirment que
c'est un homme avisé, beaucoup trop fin
pour compliquer son affaire en se mettant
sur les bras des difficultés avec les puis-
sances. Il veut le pouvoir ; il sait bien qu'il
ne serait pas de force à garder ce pouvoir,
s'il l'obtenait, contre une intervention eu-
ropéenne ; il s'est donc empressé de laisser
savoir que, dans les contrées qu'il occupe,
les étrangers seraient aussi eo sûreté que
dans les pays encore à conquérir.
La preuve de l'apaisement qui se fait au-
tour de cette affaire du Maroc est dans ce
détail, que les Espagnols n'ont pas encore
jugé nécessaire de fortifier, comme ils en
avaient eu tout d'abord l'intention, leurs
garnisons d'Afrique.
Il faut être vigilants, surveiller la ré-
gence; mais rien ne brûle encore. —
Ch. B.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
dLe la nuit et
la Revue des Journaux
clu matin
UN MOULIN HISTORIQUE
(De notre correspondant particulierl
Berlin, 5 janvier.
Un témoin de la célèbre bataille de Lûtzen,
dans laquelle le roi Gustave-Adolphe de Suède
a été tué, doit disparaître prochainement. On
va démolir le moulin historique où le comte
Colloredo, un des lieutenants de Wallenstein,
avait placé 24 canons. Le feu d'artillerie ébranla
les troupes de Bernard de Saxe-Weimar et
Gustave-Adolphe dut venir au secours de son
allié.
C'est près de ce même moulin, qu'on va dé-
molir, que la bataille fut le plus acharnée.
———-——————— ————————-——
Use Manœuvre contre les Guelfes
(De notre correspondant particulier'
Berlin, 5 janvier.
Le bruit court dans les cercles maritimes que
10 prince Henri de Prusse, frère de l'empe-
reur, quittera le service de la marine. Il sera
nommé régent du duché de Brunswick, en
remplacement du prince Albrecht de Prusse,
auquel on reproche sor,, manque * d'énergie
contre les partisans 3u duc de Cumberland,
On aurait sODdcia Diète de Brunswick, où le
prince Henri aura une majorité assurée.
Le régent actuel ce amande pas" mips; que
dôcui«3ioûBçr, ,- - ,'-' --Y
LE DUR BAR DE DELHI
Quelques journaux et un atlas. - A
Delhi. — La cérémonie du grand
Durbar. — Mégalomanie et rési-
gnation. — Les frais de la
fête. — Comment on fait
fortune. — La famine
/De notre correspondant spécial en Angleterre)
Londres, 4 janvier.
J'ai sur ma table de travail des - journaux
chiffonnés, des journaux de toutes couleurs,
des roses, des verts, des blancs, ils sont épar-
pillés, pêle-mêle; un gros atlas devant moi et
sur la carte qui s'étale sur la grande page ou-
verte, un point tout petit que fixent mes yeux
fascinés : Delhi, dont les palais fabuleux se bai-
gnent dans la Djemnab, où s'épanouissent les
lotus bleus.
Delhi et sa grande mosquée et son temple de
Kutub aux longues colonnades.
Je n'ai interviewé personne, pas même le
plus petit paria, j'ai seulement lu des articles
longs d'une aune, des comptes rendus plus ou
moins fidèles et malgré moi, malgré tous mes
efforts, je n'ai pu admirer le grandiose de la
cérémonie du Grand Durbar à la ligne. Les
éléphants, hauts comme des pagodes, avec
leur harnachement tout incrusté d'or, les
rajahs avec leurs habits de soie ornementés de
pierreries,les canons qui tonnaient et la grande
foule bariolée qui se pressait dans les rues
trop étroites de la ville n'ont pu m'impres-
sionner.
La folie des princes indiens
Par contre,j'ai admiré la folie des princes in-
diens, je me suis aperçu que le représentant de
l'Angleterre, Lord Curzon, était atteint de la
maladie des grandeurs et j'ai contemplé la ré-
signation muette et presque sans bornes des
Hindous.
Les rajahs ont gaspillé à pleines mains,
sans compter le maigre contenu de leurs coffres;
ils ont même emprunté pour faire figure au
Durbar ; les princes indiens étaient animés de
ce sentiment que l'on rencontre chez les fem-
mes de toutes les nations : le désir d'avoir une
robe plus belle que celle du voisin ; ils avaient,
profond au cœur, un désir vain, fou, celui de
faire étalage de plus de joyaux, de plus de ri-
chesses qu'un autre rajah rival!
Lord Curzon, comme tout fils d'Albion, a
soif de spectacle, de parade ; il a cru émer-
veiller le monde par le nombre des éléphants
qui défilèrent auson guerrier des trompettes, par
la splendeur des joyaux qui brillaient sous un
ciel d'azur, au jour resplendissant du Grand
Durbar. De même l'Angleterre, lors du couron-
nment de son roi, croyait émerveiller le monde
par le nombre des musiques et des fanfares qui
jouaient sur le passage du cortège royal ! Lord
Curzon est atteint de la maladie des grandeurs,
il a voulu jouer à l'empereur et prenant son
rôle au sérieux il fit demander aux fils des
rajahs de lui servir de pages, de tenir pendant
la cérémonie le pan de sa robe 1 La réponse
qu'obtint le noble lord ne fut pas, dit-on, des
plus à son goût : les princes indiens lui firent
comprendre en termes polis, mais froids, que
s'ils étaient vassaux du roi d'Angleterre, ils
étaient supérieurs à lord Curzon 1
Un simple et un sage
Quant aux Hindous, leur conduite est subli-
me; pour satisfaire leurs princes, ils ont donné
ou prêté le peu qu'ils possédaient, il fallait
bien que leur chef, leur dieu, fût le plus beau,
le plus resplendissant de tous ; fût un soleil
parmi toutes les étoiles. L'Indien, qui est pau-
vre, est grevé d'impôts ; les frais énormes du
Durbar vont retomber lourdement sur ses mai-
gres épaules déjà trop chargées et malgré ce
fardeau écrasant, il ne profère pas un mot, pas
une plainte; il acclame loyalement le vice-roi
qui passe comme il acclame son chef, et ses vi-
vats, ses bravos sont jetés, lancés de tout cœur.
L'explication est simple : l'Hindou est indiffé-
rent aux choses de la terre. Que lui faut-il ici-
bas? une natte pour étendre son corps émacié
et ses membres grêles, une poignée de riz, une
pagode où s'agenouiller, un dieu à adorer et
parfois, si la chose est possible, un pèlerinage
au bord du Gange où voguent lentement,
comme poussés par la brise, les cygnes sacrés I
L'Hindou est un primitif, un simple, c'est aussi
un sage.
Je parle de la majorité, de la partie de la
population qui reste fidèle aux traditions. Il y
a à ce tableau une contre-partie qui contraste
tristement avec ces splendeurs.
C'est ainsi qu'un incident dramatique vient
de se produire à Delhi. Des centaines de guer-
riers des tribus du nord, attirés par les occa-
sions de pillage qu'offre le Durbar, se sont réu-
nis samedi pour attaquer une salle de l'expo.
sition des arts inaugurée la veille de l'ouver-
ture du Durbar par lord Curzon et contenant
pour sept à huit millions de diamants et de
pierres précieuses. La police avait ou vent de
l'affaire. Un combat assez vif s'est livré aux
portes de la salle et les « Pathans » ont été re-
poussés.
Tandis que ce fait se passait, le vice-roi re-
mettait à la citadelle rouge de Delhi de nom-
breuses décorations aux princes hindous ras-
semblés, et ce fut une nouvelle occasion de
pompes et de splendeurs.
La richesse de l'Inde
Etant donné sa grande richesse, l'Inde fut
autrefois appelée la perle des colonies anglai-
ses ; le nom est demeuré, tout comme sur cer-
tains monuments, à Londres, vous lisez encore
ces deux lettres: W. R., William Rox et pour-
tant William IV mourut en 1837 1
Si vous désiriez donner à l'Inde un surnom,
je vous conseillerais de l'appelor @ 1' « Eponge »
car depuis de longues années l'Angleterre la
presse pour en tirer ce qu'elle peut ; l'insulaire
vient habiter une ville quelconque, y établit
son commerce, amasse aussi vite que possible
quelques milliers de livres et aussitôt il re-
tourne au pays natal « Home, sweet home ! »
Sa fortune est sortie de la poche des Indiens et
c'est l'Angleterre qui en bénéficie ; le fait se
reproduit tous les jours, et tous les jours la ri-
chesse de l'Inde diminue, se tant.
Presque tous les ans, la famine enlève les
Indiens par milliers; à la prochaine disette, en
raison du manque d'argent occasionné par les
fastes du Durbar, la misère sera plus âpre,
plus horrible, et le nombre des victimes aug-
mentera dans des proportions gigantesques.
Et ainsi marqués de famines plus ou moins
terribles, les ans aux ans se succéderont,l'Inde
ira toujours s'appauvrissant. Les princes, en-
couragés par un vice-roi prodigue, gaspille-
ront ce qu'ils auront encore à gaspiller. L'Inde
sera toujours sous le joug de l'Angleterre,jus-
qu'au moment — moment qui n'est peut-être
pas loin, — où, changeant de maître, par droit
de conquête ou par suite d'un soulèvement gé-
néral, le pays passera sous le joug de la Rus-
s io, - -
La guerre du Transvaal, la mort de la reine
Victoria, la fin du 19' siècle, forment une épo-
que dans révolution de la nation anglaise et
marquent le commencement du déclin du plus
grand empire des temps présents; de même le
grand Coronation Durbar de 1902 sera une
époque dans révolutioo d,e l'Inde. rf André,
Broçlut.
lî^'Mi.ii.y fm ii - - - -' —' ,
UN MAIRE SUSPENDU
Chartres, 5 janvier.
Par arrétë préfectoral, M- Barre, maire de
Dreux, vient d'être suspendu pour un mois de
ses fonctions pour avoir, dit l'arrêté, manque
d'égards envers un représentant du gouverne-
ment, M. Barre n'ayant pas rendu visite au
sous-préfet de Dreux à l'occasion du 1* jan-
vier.
Depuis un certain temps, la brouille existe
entre la mairie et la sous-préfecture : le sous-
préfet ayant refusé de transmetre les proposi-
tions du maire pour la nomination des mem-
bres du bureau de bienfaisance de la ville, le
maire rompit toutes relations et, le 1" janvier,
il resta chez lui. Cette situation tendue s'ag-
grava encore cos temps derniers, au sujet de
différentes questions administratives.
L'arrêté de suspension porte : « pour avoir
négligé de transmettre aux conseillers munici-
paux, aux commissions administratives, aux
fonctionnaires de la ville, l'avis de la réception
annuelle du 1" janvier à la sous-préfecture. »
RÉCIDIVE
Nous avons signalé le langage tenu par l'ar-
chevêque de Toulouse à son clergé à l'occasion
des réceptions du jour de l'an. La Croix nous
apprend que l'attitude de ce prélat a été imitée
par presque tous les évêques de France.
L'évêque de Viviers a célébré le magnifique
élan soulevé pour le soutien des écoles libres,
et a glorifié la résignation des « admirables
congrégations ». L'évêque de Saint-Dié,devant
son clergé assemblé, s'est hautement félicité
d'avoir signé le manifeste de l'épiscopat fran-
çais.
L'évêque de Périgueux a déclaré qu'il voulait
voir le clergé debout, face à l'ennemi. Les con-
grégations, dans les bouches pastorales, sont
successivement devenues des fleurs, des lys, des
ru bis -et des diamants.
L'évêque d'Angoulême les a définies: les plus
belles perles du diadème de l'Eglise — il a re-
vendiqué sa part de responsabilité dans la
confection de l'écrit incriminé par le Conseil
d'Etat.
Tout cela, si je ne me trompe, ressemble fort
à de la récidive. Et comment en serait-il autre-
ment.dans un pays où la législation ne donne
point au gouvernement d'autre arme que la
platonique répression de la déclaration d'abus,
et l'illusoire suppression de traitement? — A.
POUR 6 SOUS D'ESPRIT 1
Le député-conseiller Tournade a, à l'Hôtel de
Ville, un collègue qui lui est singulièrement
dévoué. Ah 1 voilà un collègue qui est dévoué à
M. Tournade! vous allez en juger :
Hier, nous arrive, par la poste, un pli; sur
l'enveloppe cette mention : Conseil municipal
de Paris, sur le revers de l'enveloppe un tim-
bre sec avec cette inscription : Conseil munici-
pal de Paris; sur l'enveloppe encore, cette an-
notation : copie — en langage professionnel
des journalistes, copie signifie : article à insé-
rer dans le journal - et enfin, toujours sur
l'enveloppe, aucun timbre poste.
Mais ça ne fait rien : au Rappel, quand nous
recevons une lettre, même du Conseil munici-
pal nationaliste que nous avons, même une
lettre non affranchie, nous l'acceptons ; nous
avons donc versé trente centimes sans regret
Bueen. pour savoir ce que nous voulait l'un
de nos conseillers municipaux. Maintenant que
nous le savons, non seulement nous n'avons
pas de regret d'avoir versé trente centimes,
mais encore nous en sommes enchantés.
Car nous avons appris, moyennant cette
somme, que Ru. le député-conseiller Tournade
a, à l'Hôtel de Ville, un collègue qui ne pense
qu'à sa gloire, à lui, Tournade.
L'enveloppe contenait uniquement une pièce
de vers — stupide, nous devons l'avouer —
consacrée à la gloire de M. Tournade, le por-
trait de M. Tournade, et enfin ce vœu, mi-
partie calligraphié, mi-partie imprimé : Vive
Tournade conseiller mynicipall
Si M. Tournade doute qu'il ait dans le Con-
seil un collègue capable de s'occuper de sa
gloire avec ce soin, nous tenons à sa disposi-
tion l'enveloppe, la « poésie », le vœu de lon-
gue vie, le portrait, et le timbre da surtaxe.
D'ailleurs nous ne réclamons pas les six sous :
nous avons lu les « vers M, nous avons con-
templé le portrait, nous avons savouré le vœu.
Tout cela pour trente centimes, c'est bon mar-
ché.
LES ALLEMANDS EN AFRIQUE
(De notre correspondant particulier}
Berlin, S janvier.
Le duc Jean-Albert de Mecklembourg, prési-
dent de la Société coloniale allemande, est
parti pour l'Afrique allemande du Sud-Ouest.
Il est accompagné de sa femme et de M.
Woermann, le grand propriétaire d'établisse-
ments coloniaux.
On croit que des projets très importants se
rattachent à ce voyage. Le duc Jean-Albert
voudrait régler la question de l'émigration des
Boers et celle du raccordement des chemins
de fer de la colonie allemande avec le réseau
du Transvaal.
■■ ♦ ——————————
L'ADJOINT DE M. DE WITTE
(P0 notre correspondant particulierl
Saint-Pétersbourg, 5 janvier.
M. Kowalewski, ministre-adjoint du dépar-
tement des finances, qui a dû donner sa dé-
mission, a accepté le poste de directeur de la
Banque du Nord, avec 40.000 roubles d'appoin
tements.
LE RÉVEIL DES BOXERS
(De notre correspondant particulierf
Shanghaï, 5 janvier.
Toute la province de Tchi-Li est iofestée de
bandes de Boxers, qui sont venues de Chan-
toung.
Les affiliés de la secte révolutionnaire ont
des écharpes blanches comme signe distinctif,
Ils se réunissent, la nuit, dans des cérémonies
mystiques, pendant lesquelles ils offrent des
holocaustes aux divinités chinoises, et jurent de
venger les morts de 1900.
Le gouvernement a envoyé cinq mille hom-
mes de troupe pour réprimer les désordres.
——————————- .———————————'
Liquidation des boulons de cristal
[De notre, correspondant particulier)
Shanghai, 5 janvier.
Il y a quelques semaines, le gouvernement
impérial de Pékin a promulgué un arrêt aux
termes duquel la vénalité du titre de mandarin
était abolie à partir de la nouvelle année.
Des demandes de litres do mandarin ont af-
flué de tous côtés et, il va de soi que les can-
didats ont payé les sommes demandées. On
voulait profiter de la liquidation générale des
boutons de cristal à vendre.
Le trésor faisait des recettes énormes et c'est
tout ce que le gouvernement voulait. Un nou-
veau décret vient de rapporter le premier et
rétablir la vénalité du titre do mandarin, sous
prétexte qu'il faut recueillir des fonds pour
venir en aide à la population de So-Ï £ l$l|-Eûj
tort éprouvée par la alSCUQ • >
LE PAIN DU SOLDAT
Lettre d'un « bleu).- La boule dé son.
- Le rata du pioupiou. — Un offi-
cier qui aimait ses soldats. —
Une réforme qui s'impose.
J'ai reçu une longue lettre d'un de mes amis
- d'un « bleu ». — Je n'ai pas l'intention de
la publier, cela manquerait d'intérêt. J'en ex-
trairai simplement une phrase.
Quant aux brimides, peu ou point, le colonel
punissant très sévèrement, mais ce à quoi je n'ai
pu encore m'habituer, c'est au pain.
Cette lettre me rappelle qu'il y a à peu près
un an, l'on avait prêté au général André l'in-
tention de révolutionner la manutention mili-
taire.
Qu'il me soit permis d'ouvrir ici une paren-
thèse et de poser une question :
— Avez-vous été soldat ?
Si non, tant mieux, car vous gardez des illu-
sions.
Si oui, tant pis, car vous vous rappelez, en
en riant maintenant, vos jours d'amertume,
vos jours de dégoût, vos jours de lassitude,où,
en rentrant de la manœuvre, exténués, rompus,
votre sous-officier vous apportait, après le
repas du soir, comme dessert et comme diges-
tif, l'astiquage de tout son fourniment.
N'était-ce donc pas assez du vôlre ? Non. Le
Créateur t'a condamné, pioupiou d'un sou, à
gagner ton pain à la sueur de ton front et de
tes pieds ; mais Dieu n'avait pas prévu qu'au
20e siècle, ses paroles seraient encore aussi mal
interprétées, que d'infâmes spéculateurs te fe-
raient maigrir pour s'engraisser et te donne-
raient du son au lieu de farine !
Pourtant, puisque sa toute puissance est in-
finie, je m'étonne qu'il ne lui soit pas venu à
!'idée d'épater un beau jour les fourriers de
distribution et de rééditer les Noce3 de Cana
en changeant on beaux pains de gluten les
horribles boules de son contenues dans des
sacs qui ne sont jamais lavés.
Les douceurs de l'ordinaire
Vous rappelez-vous aussi les haricots mal
cuits et nageant dans un jus noirâtre et par
trop abondant, le riz trop épais, si épais qu'on
aurait pu s'en servir comme colle de pâte, le
bœuf du matin, où autour d'un morceau pota-
ble, que s'octroyait le chef de table, gravitaient,
comme autant de satellites autour de la pla-
nète mère, d'ignobles morceaux de « bidoche »
contre lesquels la mâchoire la plus solide
était impuissante à lutter ?
Sur quoi, grand Dieu, pouvait-on se jeter
pour apaiser sa faim ? Sur le pain? sur les 3
livres de pain rassis que l'intendance octroie
généreusement, tous les 2 jours, sur ce vrai
pain complet, mélange de son, de paille, de
crotin et de cafards? Ou bien encore sur le pain
biscuilé, qui pouvait rivaliser comme couleur
et comme résistance avec un bloc de chêne?
Quand je pense que dans notre armée nous
avons une quantité de majors à 2, 3 et 4 ga-
lons, qui, responsables de la santé de nos fils,
n'avaient pas encore trouvé cette réforme utilel
Il est vrai que ce sont des officiers, presque des
pékins et que le pain de soldat n'est pas à la
portée de toutes les bourses.
En ne mettant pas les choses au pis, le pain
de soldat n'est pas mauvais, mauvais, il passe
même pour avoir un goût agréable, quand il
est frais ; mais quand il a un jour ou deux de
cuisson, ce n'est plus du pain, c'est un amal-
game de croûte qui ressemble à du carton pâte,
et de mie qui s'égrène dès qu'on y touche.
Pour la santé du soldat
J'ai connu et connais encore un officier qui,
à Mon arrivée dans ma batterie, avait révolu-
tionné tout le système culinaire et fait cesser
les éternels ratas. Il avait trouvé que l'on pou-
vait très bien accommoder plus proprement les
aliments. En conséquence, il était adoré de ses
soldats.
Un ancien ministre a bien laissé comme trace
de son passage à la rue Saint-Dominique une
couche de peinture tricolore sur les guérites et
remplacé les gamelles par des assiettes.
Le général André, en voulant échanger la
boule de son contre le pain blanc, en voulant
donner à nos enfants une nourriture plus subs-
tantielle, aurait bien plus de raisons pour s'at-
tirer notre reconnaissance.
Que diable I il est homme, quoique ministre,
et père, qui plus est. Il sent bien que nous
n'abandonnons pas sans inquiétude, pendant 3
ans, nos enfants à la patrie, il sont bien que
nous souffrons de les voir souffrir.
Il serait donc logique, et nous applaudi-
rions tous à cette réforme, que, quand nos sol-
dats ont faim, ils aient autre chose à se mettre
sous la dent que cette horrible boule de son
qui, espérons-le, d'ici peu aura vécu.
C'eût été un beau sujet à traiter pour un
concurrent du concours d'enseignes, si cette
réforme avait eu lieu sous le mini&tère de l'an-
cien cavalier de Tunis:
Le général Boulanger, coiffé du képi à lau-
riers dorés et vêtu du jupon blanc, surveillant
en tant que Boulanger l'exécution de ses or-
dres et en tant que boulanger la cuisson de
son nouveau pain. — P. G.
L'INSURRECTION AU MAROC
La situation militaire
Londres, S janvier.
Le Times publie la dépêche suivante de Tan-
ger, 4 janvier :
La route du Sud est coupée près de Rabat, où
des vols importantsdebestiaux se sont produits.
Des villes du littoral, on annonce l'arrivée
constante de déserteurs de l'armée. Les tribus
voisine de Tanger refusent d'envoyer des ren-
forts, non par esprit de rébellion, mais à cause
des souffrances que le froid et la faim font en-
durer aux soldats.
Les chefs des tribus des environs de Tanger
ont donné au correspondant du Times l'assu-
rance qu'ils prennent l'entière responsabilité
de la sécurité des chrétiens, quoi qu'il arrive.
Madrid, 5 janvier.
Des dépêches de Tanger à Vlmparcial disent
que le sultan a nommé Moulaï Mohamed, sur-
nommé le prince Borgne, à la dignité de C'l-
life et lui a donné le commandement suprême
des troupes.
Moulaï Mohamed s'occupe de réorganiser
l'armée.
Lo sultan a reçu des renforts considéra-
bles.
Suivant des bruits persistants, la discorde se
serait mise dans les troupes du prétendant.
Les Kabiles Harnia auraient passé danslecamp
du sullan.
Le Libéral dit que le bruit circule à Tanger
que le sullan est disposé à abdiquer en faveur
do Moulai Mohamed. Celui-ci est acclamé cha-
que fois qu'il parait dans les rues.
Londres, 5 janvier.
Suivant une note des journaux, le caïd écos-
sais sir Harry Mac Lean, qui,en qualité de chef
marocain joue un rôle si important à la cour
chérifienne, est arrivé de Fez à Tanger le 29
décembre. On ignore pourquoi il a subitement
quitté Fez. „
De plus, le 28 décembre, le ministre d Angle-
terre a envoyé des messagers à Marrakesch, à
Fez, à Tetuan et à Al Cazar, pour inviter tous
les nationaux anglais à se replier sur la côte.
Les missionnaires anglais à Fez ont passé la nuit
de Noël au vice-consulat d'Angleterre à Fez,
mais ils son rentrés chez eux le lendemain.
Fez était calme le P décembre, quoique tou-
jours en état de panique. Le sultan s'y troui
vait, et dépêchait une nouvelle armée contre-
les rebelles. Les boutiques avaient épuisé Jeuf
stock de provisions et restaient fermées. Les----
dames missionnaires n'éprouvaient aucune ap*-
préhension. La situation était d'ailleurs un pec
améliorée.
Madrid, S janvier. >
M. Silvela a annoncé au roi que toutes les
dépêches officielles confirment la retraite du
prétendant du Maroc.
Le sullan va ainsi pouvoir réorganiser son
armée et anéantir l'insurrection.
LES ÉLECTIONS SENATORIALES J
Nous avons donné hier les résultats de tous
les votes de dimanche, à l'exception des chiffres
de la Guadeloupe, de la-Réunion, et du troisième
tour auquel a donné lieu l'élection de Périgueux.,
Commençons par donner ce dernier scrutin ; J
Inscrits : 1.138 — Votants ; 1.122
Ont obtenu :
MM. Peyrot, rép. rad,.,., ,. 562 ELU
Eymery, rép 511
Une dépêche annonce que M. Cicéron, séna-
teur sortant de la Guadeloupe, radical, est réélu
à une forte majorité.
Quant à la colonie de la Réunion, où le sê*
nateur sortant est M. Drouhet, radical, le ré.
sultat de l'élection ne pourra être connu quo
dans quatre ou cinq jours.
Les résultats de la Guadeloupe et de la Réa.
nion ne nous sont pas encore parvenus.
C'est donc maintenant sur un tableau com-
plet — à un siège près — que nous pouvons
faire porter le travail de statistique qui nous
fera pleinement comprendre le sens et la portée
de la consultation des électeurs sénatoriaux.
Les sept sénateurs conservateurs sortants
de la séria A se sont représentés. Tous ont été
réélus.
Les socialistes avaient présenté des candi.
dats dans neuf collèges. Deux plébiscitaires
s'étaient présentés comme candidats indépen-
dants.
Résultats définitifs
Les résultats définitifs se répartissent ainsi t
Conservateurs réélus.. , : , 7
Conservateurs nouveaux.. , D
Républicains progressistes et
libéraux réélus. v. i 21
Républicains progressistes et
libéraux nouveaux. 4
Républicains reéfus. Il
Républicains nouveaux., 7
Radicaux réélus. 23
Radicaux nouveaux.,.,. 14
Radicaux socialistes réélus. 7
Radicaux socialistes nouveaux. 3
Socialistes élus. , D
Total 97
Les sénateurs qui s'étaient représentés et qui l
n'ont pas été réélus sont MM. :
Rambaud, de Casabianca, Farinole, Martell, Bis-
seuil, Cornil, Bruel, Silhol, républicains progres-
sistes ;
Joseph Fabre, Allemand, Saint Prix, Pozzi, ré-
publicains;
Renard, radical ;
Baduel, rad:cal dissidenCe 1
Les sénateurs qui ont été réélus sont MM.:
De Carné, Haugoumar des Portes, Ollivier, La
Provost de Launay, de Tréveneuc, de Cuverville,
de Chamaillard, conservateurs ;
Duchesne-Fournet, Tillaye, Turgis, Saillard,
Monsservin, Milliard, Parissot, Thorel, Gayot, Ra-
naudat, Rambourgt, Grimaud, F. Charmes, Delo,
beau, Pichon, Porquier, Sebline, Malezieux, Ma*
cherez, Ouvrier, Fruchier, républicains progrel.
sistes;
Labiche (Emile), Vinet, Mir, Hngot, Piot.Vagnat,
Lacombe, Dusolier, Guillier, Pradal, Fougeiroi, ré-
pubiicaias,
Combes, président du conseil, deux fois élu,
Calvet, Paul Rouvier, Gauthier, Villard, Frezoul,
Delpech, Pauliat, Dellestable, Labrousse, de Sal,
Bernard, Bonnefoy-Sibour, Louis Blanc, Maurica
Faure, Goujon. Giguet, Pochon, Denoix, Gérenteif
Dufoussat, Fayard, Cioérou, radicaux.
Girault, Desmons, Leydet, Peytral, Velten, Fa':;
got, Goûtant, radicaux-socialistes.
Les sénateurs nouveaux sont MM.:
Gentilliez, de Moustier, Vidal de Saint-Urbain,
Andrieux, républicains progressistes ;
Rouvier, ministre des finances, Sauvan, Thou*
nens, Giaccobi, Muracciole, Brisson, Limouzin-La-
planche, républicains ;
Le Chevallier, Garnier, Gacon, Henri Ricard,
Lintilbac, Chabrié, Potié, Ville, Boissier, Daumy,
Boissy-d'Anglas, Gérard et Peyrot, radicaux ;
Bayol, F. Crémieux et Mazière, radicaux-socla"
listes.
Députés candidats :
Sur 21 dépuléq qui avaient posé leur caH"
didature, 8 ont été élus.
Ce sont MM.:
De Môustier, républicain progressiste ; Rouvier,
ministre des finances, et Giaccobi, républicains
Garnier, Gacon, Chabrié et Ville, radicaux ; Maf
zière, radical-socialiste.
13 ont été battus.
Ce sont MM.
Delory, Delombre, Ellzière, J. Rocbe, DllclauK<
Monteil, Théron, Muteau, Desfarges, Borne, Beatte
quier, Ant. Gras, Delarue, Hubbard.
Un certain nombre d'anciens sénateurs e(
députés étaient également candidats. Sont élut
dans cette catégorie MM.:
Andrieux, Vidal de Saint-Urbain, libéraux ; Mu-
racciole et Limouzin-Laplanche, républicains ;
Henri Ricard et Boissy-d'Anglas, radicaux ;
Fernand Crémieux, radical-socialiste.
Parmi les anciens députés battus se trouvent
MM.:
Granet, Chevillon, Lagnel, Chenel, Chanson,Gué-
neau, Proal, Sicard, Paul Roux, Gaussorgues,
Fournière, Fernand Faure, Villemonte, Letellier.
En résumé, le nombre de sièges soumis ait
renouvellement et occupés par des membres
de la majorité sénatoriale, qui était, avant les
élections du 4 janvier, de 54 (Réunion non
comprise), se trouve porté A 65 et le nombra
des sièges occupés par des membres de la mi-
norité, qui était de 43, se trouve réduit à 32t
Le gain des républicains
Voici, d'après le ministère de l'intérieur, I&
statistique des sièges gagnés ou perdus :
Sièges gagnés : Allier, 2 ; Alpes-Maritimes. 1 i
Ardennes, 1 ; Cantal, t; Charente, 2 ; Charente-
Inférieure, 1 ; Corse, 3; Côte-d'Or, 1 ; Doubs (l'élea<
tion de M. Borne étant considérée comme acquise ) »
1 ; Gard, 1 ; Nord, 1. — Total 15.
Sièges perdus : Aveyron, 1 ; Basses-Alpes (l'élco
tion est contestée), 1.
Gain du parti républicain : treize sièges.
LA DETTE CHINOISE
Pékin, 5 janvier.
Les ministres de toutes les puissances inté-
ressées, à l'exception du ministre américain.
ont décidé de maintenir que l'indemnité chi-
noise doit être calculée sur la basa de l'or
mais ils sont disposés à admettre un compro-
mis, à la condition que la Chine cesse de pré-
tendre que le paiement en argent résulte des
termes du protocole.
LA TURQUIE ET LES PUISSANCES
Londres, S janvier. t
Le correspondant du Standard à Berlin ditt
tenir d'excellente source que le comte Golu-
chowsky et le comte LamsdorS sont tombés f
d'accord pour deœaader au sultan d'iQtfoduire
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