Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-01-05
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 janvier 1903 05 janvier 1903
Description : 1903/01/05 (N11987). 1903/01/05 (N11987).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro: PARIS & DÉPARTEMENTS
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La Numéro, t CINQ - aENTIl\E.
BKB1 llISil XIX' EM gKlByffa
LE da HBMI EUS Swtwr IElaEBOfrfi CLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JC'JRNAL
14. me du Mail. Paris;
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No 11987. — Lundi 5 Janvier 1903
16 NIVOSE AN 111
ADMINISTRATION; 14, rue du Mail
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NOS LEADERS
la Viill min
Voilà longtemps déjà que j'aurais dû
parler ici du discours prononcé à l'au-
dience de rentrée de la Cour de cassa-
tion par M. le procureur général Bau-
doin. Je considère comme un devoir de
parler de ce discours parce qu'il n'est
autre chose que l'éloge de l'ancien pro-
cureur général Laferrière, mort en
1901, après avoir été gouverneur géné-
ral de l'Algérie, et que M. Laferrière
fut un des premiers rédacteurs de* ce
journal où j'ai l'honneur d'écrire: Le
Rappel.
M. Baudoin, dans son discours, véri-
table monument de haute éloquence,
s'exprime ainsi : « Le Rappel, où, à la
veille des élections de 1869, Victor
Hugo, de son exil, groupait autour de
lui l'avant-garde du parti démocratique,
compta M. Laferrière parmi ses colla-
borateurs les plus actifs et les plus vi-
goureux. » M. Laferrière appartenait
alors au barreau ; déjà il s'était fait
connaître et apprécier par un petit
livre : la Censure et le régime correction-
nel, étude sur la prison contemporaine.
M. Laferrière, alors, dit M. Baudoin,
« inébranlable dans sa foi, inaccessible
aux concessions et aux compromissions,
irréconciliable, pour prendre le langage
iti temps, aborda le journalisme et, se
lançant dans la politique militante, con-
duit ses grades dans l'opposition ».
U fut, en effet, un des plus actifs et des
plus brillants rédacteurs du Rappel.
« Obéir à la loi, mais ne pas permettre
qu'on s'écartât de son texte et de son
esprit ; subir ses restrictions, mais pro-
fiter de tous ses avantages ; résister à
tout arbitraire ; appuyer les griefs légi-
times que soulevaient les actes de l'au-
torité; affirmer le droit dans tous les
cas où il était méconnu; faire la lumière
dans le dédale d'une réglementation qui
paralysait jusqu'aux organes de la vie ;
telle était la mission qu'il s'était donnée
et qu'il poursuivait avec l'infatigable
ardeur d'une âme vivement touchée et
presque douloureusement blessée par
tout ce qui lui apparaissait comme une
atteinte à la morale publique. »
M. Laferrière fut fidèle à ce pro-
gramme. A toute occasion, il entrait en
lutte, avec une verve incisive, avec une
logique vigoureuse, pour la défense de
la liberté et du droit. Aussi, en février
1869, était-il, pour un article, con-
damné à 50 francs d'amende; en mai
suivant, pour un autre article, à un
mois de prison et 500 francs d'amende;
en août, à un mois de prison et 200 fr.
d'amende. Après la révolution du 4 sep-
tembre, M. Laferrière quittait le Rappel
pour entrer au Conseil d'Etat.
.** -
Je trouve à l'évocation de ces souve-
nirs un charme attendri, un puissant
réconfort. Je viens de regarder le pre-
mier numéro du Rappel daté du mardi
4 mai 1869. Cela veut dire que ce jour-
nal aura tantôt trente-quatre années
d'existence. J'ai donc bien le droit de
dire : la vieille maison.
Quelle magnifique chose que ce pre-
mier numéro : En tête, la lettre-pro-
gramme envoyée de Hauteville-house
par Victor Hugo, le 25 avril, et dans la-
quelle l'admirable titre du Rappel se
trouve commenté avec une si sublime
éloquence : « Rappel des principes,
par la conscience ; rappel des vérités,
par la philosophie; rappel du devoir,
par le droit; rappel des morts parle res-
pect ; rappel du châtiment, par la jus-
tice ; rappel du passé, par l'histoire ;
rappel de l'avenir, par la logique; rap-
pel des faits, par le courage ; rappel de
l'idéal dans l'art, par la pensée ; rappel
du progrès dans la science, par l'expé-
rience et le calcul ; rappel de Dieu dans
les religions, par l'élimination des ido-
lâtries; rappel de la loi à l'ordre,par l'a-
bolition de la peine de mort; rappel du
peuple à la souveraineté, par le suf-
frage universel renseigné , rappel à
l'égalité, par l'enseignement gratuit et
obligatoire ; rappel de la liberté, par le
réveil de la France; rappel de la lumière
par le cri : Piatrus. — Et après cela :
une « Campagne électorale a signée de
Paul Meurice ; une chronique dramati-
que signée d'Auguste Vacquerie ; un ar-
ticle d'Arthur Arnould; un courrier
des théâtres signé d'Ernest Blum ; un
feuilleton : l'Homme qui rit, de Victor
Hugo.
Ah ! ce vieux numéro, tout jauni,
cassé aux plis,tombant en poussière!.
A l'Odéon, ce 4 mai 1869, on reprenait
la (C Lucrèce do Ponsard », avec Taillade
et Mme Agar ; Mme Miolan Carvalho
chantait Faust à l'Opéra ; Dumaine et
Mme Fargueil jouaient Patrie à la
Porte-Saint-Martin, les noms de Got,
de Bressant, de Coquelin aîné brillaient
sur l'affiche de la Comédie-Française ;
Félix était au Vaudeville ; Mme Marie
Laurent à l'Ambigu ; Mme Schneider
aux Bouffes-Parisiens; Mme Zulma-
Bouffar aux Variétés. Paris avait la fiè-
vre, se ruait à la bataille qui devait,
quelques jours après, être gagnée par
les candidats de l'opposition : Jules Fa-
vro, Gambetta, Banco], Thiers. Comme
tout cela est loin de nous ! -
Que de ç-hoses ont passé ! Que d'ora-
les ont rugi autour de cette vieille mai-
son du Uapjpel /La guerre, l'invasion,
le siège de Paris, la Commune, la lutte
contre les conspirateurs qui voulaient
profiter des malheurs de la France pour
lui imposer de nouveau la monarchie
de hou te, la lutte contre le vingt-qua-
tre mai, la lutte contre le seize mai;
hier, la lutte contre le boulangisme ;
aujourd'hui encore, la lutte contre le
nationalisme ; — la vieille maison est
toujours debout ; son drapeau, ce dra-
peau de trois couleurs que Victor Hugo
a attaché, de ses mains puissantes, au
sommet, n'a cessé de flotter dans le ciel
ou sombre ou serein.
Et je suis bien sûr d'être l'interprète
de tous mes collaborateurs du Rappel,
en remerciant M. Baudoin d'avoir évo-
qué la mémoire du passé, puisque ce
passé se lie d'une façon si étroite à
notre présent. M. Laferrière, si ressus-
citaient les morts, pourrait revenir pren-
dre sa place à notre table de rédaction;
les hommes ont changé, les traditions
ont survécu ; les principes sont restés
les mêmes ; comme il y a trente-quatre
ans, nous combattons ici pour la liberté
et pour le droit ; et quand nous écri-
vons, ayant pour seul maître notre
conscience, avec, au cœur, l'amour du
peuple, des ROllfIrants, des pauvres, et
sachant que nous appartenons tout en-
tiers à la République et à la France,
nous sentons autour de nous, éparses.
les ombres des collaborateurs d'autre-
fois, les ombres honorées qui peuplent
la vieille maison.
Lucien Victor-Meunier.
.I
BONNE CIRCULAIRE
M. Combes , que certains
journaux réactionnaires croient
adroit de féliciter pour les ter-
mes de sa circulaire aux élec-
teurs sénatoriaux de sa circon-
scription, continue de ne méri-
ter en rien ces éloges de la réac-
tion. La circulaire qu'il adresse aux con-
grégations non autorisées, et qu'on trou-
vera plus loin, montre assez qu'à la veille
même des élections sénatoriales, où lui-
même il joue sa partie, le président du Con-
seil ne craint nullement de s'affirmer logi-
que et conséquent avec sa politique anti-
cléricale ; il montre par là, tout d'abord,
qu'il a une parfaite confiance dans les sen-
timents du corps électoral qui va avoir la
parole aujourd'hui.
Et puisque nous faisons allusion aux
élections d'aujourd'hui, disons que les dé-
pêches parvenues de tous les départements
où le scrutin va s'ouvrir nous annoncent
une victoire définitive et complète; la jour-
née se terminera par un gain notable pour
la République, et le fait est d'autant plus
significatif que la majorité des sénateurs
sortants étant déjà acquise aux idées que
nous défendons, le nombre des sièges res-
tant à gagner est forcément assez res-
treint.
Les réactionnaires n'ont plus que quel-
ques heures devant eux pour tâcher de
prétendre le contraire. Ils savent bien que,
dès ce soir, il leur faudra déchanter. —
Ch. B.
DES CHIFFRES
La campagne contre les caisses d'épargne se
poursuit dans les journaux réactionnairos par
la publication fréquente des statistiques offi-
cielles accompagnées de commentaires tendan-
cieux el de sinistres pressentiments.
Nous allons, paraît-il, à la ruine et à la
faillite. Est-il besoin de dire que ce n'est pas
vrai? Nous sommes obligés pourtant de remet-
tre les choses au point.
Voyons à quoi ont abouti les efforts répétés
des nationalistes. Nulle part ils ne se sont plus
remués qu'à Paris. Nulle part ils n'ont mené
une campagne plus bruyante et plus vigou-
reuse. Par leurs discours, par leurs conversa-
tions particulières, par les bruits répandus à
dessein, ils ont toute d'effrayer l'épargne. Quel
a été le résultat de ces manœuvres?
L'Officiel vient de publier un tableau très ins-
tructif relatif aux opérations de la Caisse d'é-
pargne et de prévoyance de Paris pour l'année
1902. Nous y voyons que si au 1er janvier 1902
le total des sommes déposées s'élevait à 124
millions 821.428 fr. 24, au 31 décembre 1902,
il montait à 121,160.458 fr., soit une dimiuu-
tion de 3,660,979 fr. 78.
Pour être logiques avec eux-mêmeo, les na-
tionalistes devraient reconnaître qu'ils n'ont
réussi à ébranler notre crédit que dans une pro-
portion inférieure même à 3 OlO. C'est peu, en
comparaison de l'effort.
Aussi ne soufflent-ils point mot de cette sta-
tistique , qui est tout à fait rassurante pour
nous. Il reste une jolie somme dans la Caisse
d'épargne de Paris, et sa situation est absolu-
ment normale.
Quant à ceux qui se sont laissés effrayer par
les divagations des cléricaux, ou qui, sur l'or-
dre de leurs confesseurs, sont allés retirer leurs
dépôts, nous leur souhaitons — puisque c'est
le moment dos souhaits — de ne point regret-
ter amèrement plus lard d'avoir suivi des con-
seils pernicieux et inconsidérés. — L.Al'mlJl'us
1er.
LE COLONEL GRIMM
(De nolre correspondant varliculierl
Varsovie, 3 janvier.
Le dernier courrier vient d'apporler des nou
voiles du colonel Grimm, condamné à 12 ans
de travaux forcés pour avoir livré des secrets
militaires à l'Allemagne. Le colonel travaille,
depuis trois semaines, dans les mines de cuivre
de Nerlscbinsk, dans le Transbaikal. Il est ins-
tallé dans la prison des criminels de droit com-
mun. Grimm porte nuit et jour des chaînes à
boulets. A son arrivée, on lui a rasé la moitié
do la tôle et coupé la barbo.
—.—
ENCORE LA CANONISATION DE JEANNE D'ARC
(De noire correspondant particulierl
Rome, 3 janvier.
En dehors de la question d'argent, il y a une
autre difficulté qui s'oppose à la béatification
de Jeanne d'Arc. L'adcocatus diaboli ,qaï repré-
sonte la partie adverse, invoque le fait que
Jeanne d'Arc a été légalement et justement
condamnée comme hérétique par lo tribunal
ecclésiastique de Houon.
Le pape est très ennuyé do l'entêtement de ce
ministère public Pour tourner la diîlicallô, il
ordonnera probabiemsat la misiva 'du procès
de Roueu.
PIANO, VIOLON
ET ORCHESTRE
Rien des Humbert-Daurignac. — Vir-
tuoses et pickpockets. Le Conserva-
toire et la musique dominicale. —
Le désordre au sein d'Euterpe.
Non, Mesdames, non, Messieurs, je ne vous
parlerai point des Humbert-Daurignac: j'i-
gnore si vous êtes satisfaits d'être tenus, de-
puis un an bientôt, au courant des menus ges-
tes de la célèbre et, somme toute, inepte fa-
mille : mais, de grâce, ne comptez pas sur moi
pour vous y ramener. Quittons un peu la terre,
qui n'est plus que la boue, et cherchons dans
les émotions artistiques un meilleur sujet d'en-
tretien. Aussi bien, les concerts dominicaux
méritent-ils de défrayer notre conversation.
Us continuent d'être le « rendez-vous de no-
ble compagnie » d'une part, et le champ d'ex-
ploitation des pickpokets, mâles ou femelles,
de l'autre. Avant de savourer Berlioz et Beetho-
ven, vous êtes prestement délesté de votre por-
tefeuille ou de votre épingle de cravate. Ex-
perto crede. Roberto.
Révolte ou révolution ?
Ii faut croire que les pickpockets ont plus de
chance dans les couloirs quo les virtuoses
dans la salle, car de virtuoses, il paraît se con-
firmer qu'on ne veut plus, d'instrumentistes
solistes tout au moins. Auditeur assidu des
grands orchestres diurnes, j'ai eu naguère
mainte occasion de constater que lorsqu'on
ne. reconduisait pas un pianiste ou un violo-
niste de marque, on l'entourait d'un silence.
irréligieux, au grand dam des premiers sujets
et de leurs timides appréciateurs.
Est-ce là une cabale? Est-ce au contraire
tout un mouvement ? Révolte ou révolution ?
1903 nous l'apprendra.
D'abord, j'avais cru comprendre que l'hosti-
lité s'adressait aux pianos ou aux pianistes
américains (ceux-là d'ailleurs aussi détestables
que ceux-ci et que le pays d'où ils sortent les
uns et les autres).
L'art réprouverait une hospitalité complaisante
ilsciait grand tem ps que l'artiste français ne fût
pas traité chez lui comme un paria? Mais non !
Ce sont, parait-il, les soli de piano ou de vio-
lon qui ont cessé de plaire, et les siffleurs, ta-
pageurs ou silencieux,semblent en l'occurrence
s'inquiéter médiocrement de la nationalité dos
vedettes. Les concertos auraient vécu? Faut-il
s'en réjouir? Certainement non.
L'œuvre et les interprètes
Il est indéniable qu'au théâtre l'œuvre prime
tout, l'auteur lui-même, parfois inégal, à plus
forte raison l'interprétation. Quel que soit le
talent du « principal rôle », il ne supplée pas à
l'action, et, sans action préalable, il est stérile.
Donc l'œuvre eît l'alimeat substantiel. Mais un
bon plat bien présenté provoque davantage
l'appétit; un architecte s'applaudit de pouvoir
compter sur des contremaîtres valides et
adroits. L'architecte est l'autour; les contre-
maîtres sont les interprètes : faut-il empêcher
ceux-ci de faire montre des qualités dont ils
disposent? Si nul grand ouvrage ne leur per-
met l'émission d'une voix, d'un jeu, d'un mé-
canisme spéciaux, n'auront-ils plus le droit de
recourir dans ce but à des ouvrages de qualité
moindre? Soyez tranquilles; même sans le sa-
voir, le public finira toujours par imposer le
génie de l'invention et de la composition : lais-
sez donc les interprètes cueillir les fleurs éphé-
mères partout où ils pourront les rencontrer.
même dans les jardins où ne poussent point les
fleurs éternelles de la création. Il faut — en art
surtout — que tout le monde vive,et ne croyez
pas que Victor Hugo ait incriminé Frédérick
Lemaitre de jouer Don César de Bazan après
ou avant Ruy Blas.
Au surplus, soyons logiques, et s'il y a un
Conservatoire de déclamation et de musique,
permettons aux acteurs, aux chanteurs et aux
instrumentistes couronnés, de faire étalage de
qualités officiellement reconnues par l'Etat. Pé
risse le Conservatoire à défaut de son principe !
La valeur des concertos
Ah! quand le lauréat veut imposer à l'atten-
tion cinq actes écrits pour un seul interprète, la
foule se révolte tôt ou tard, et c'est trop juste 1
Mais une scène n'est pas une pièce, et un con-
certo pour piano ou pour violon n'est, à vrai
dire, qu'une scène musicale où l'auteur se pro-
pose de faire briller le virtuose.
Il va de soi qu'un compositeur qui laisserait
des concertos pour tout bagage ne saurait, quel
que fût son mérite ad hoc. passer à la posté-
rité. Cette petite besogne incombe plus encore
à l'instrumentiste soucieux do mettre en lu-
mière ses propres dons naturels ou acquis.
Mozart ou M. Saint Saëns ont produit de sé-
millants concertos : j'imagine sans peine que le
génie de l'un ou le grand talent de l'autre s'ac-
comnioderaient mal de voir accolées à leurs
noms ces œuvrettes toutes spéciales.
L'esclavage de l'art
Ne demandons en pareil cas aux compo-
siteurs qu'une habile présentation des virtuoses
profilons en pour juger ces derniers. Ici, ne
nous inquiétons pas du poisson mais de la
sauce, n'exigeons pas p!us qu'il ne nous est of-
fert. Puisque les grandes œuvres réclament
une interprétation hors de pair, assurons-nous,
à l'aide de courtes et inoffensives saynètes, que
cette interprétation est là, prête, quand le
moment sera venu, à mettre son talent au ser-
vice des plus belles manifestations de l'esprit
humain.
L'art est un divin esclavage. Que de fois
n'ai-je pas fait cette remarque, qu'il n'y a que
les œuvresvraiment belles pourêtrebien jouées!
L'amour-propre ou la profession guide les
chanteurs ou les solistes à travers les roncos
d'une romance à vocalises ou d'un concerto :
leur âme seule arrache à leur gorge, à leur ar-
chet, à leur clavier, les accents passionnés de
l'œuvre sublime. Donnons leur donc rendez-
vous dans le sublimo ; suivons-les sans impa-
tience 6t sans haine dans les concertos et les
vocalises, ces petits bosquets parfumés qu'a-
britent de leur ombre séculaire les liges des
grands parcs et dos sombres forêts !
FERNAND Gendrier
I I II<)II
AU VENEZUELA
Une contre-proposition du président
Castro — Réponse à Rudyard
Kipling.
Caracas, 3 janvier.
La réponse du président Castro contient une
contre proposition exprimant le désir quo le
conflit vénézolan soit do préférence déféré à
l'arbilrage d'un autre président de république
américaine, à défaut de M. Roosevelt, qui a re-
fnsé, plutôt que de recourir à la Cour de la
Haye.
Certains indices portent à croire que le gé-
néral Castro aurait en vue, pour exercor le
rôle d'arbitre, le président Porflrio Diaz, du
Mexique.
Un poëme allemand
Berlin, 3 janvier.
Le poète allemand Ernt von W ildenbrucb,
l'ami do l'empereur Guillaume, public dans
les journaux de Berlin un poème en réponse à
celui de Rudyard Kipling, in?piré par l' « al-
liance » anglo-allemande et où le barde anglais
traitait les Allemands de « Huns et d'ennemis
déclarés 11.
Wildenbruch lance en ces termes les foudres
de l'excommunication anglo-saxonne contre
Kipiing :
8Celui.là un poète! s'écrie-t-il dans son indigna-
tion. Appelez comme vous voudrez celui qui court
les voies publIques, l'injure et l'invective à la bou-
che, mais ne le nommez point poète !.
Vous qui n'êtes point rempli d'une colère sacrée,
mais du venin de la haine, vous osez nous traiter
de Huns !
Ouvrez les grands livres de l'histoire et
vos paroles vous brûleront l'âme comme une ma-
lédiction.
Allez! Nous vous retranchons pour toujours de
la terre de Shakespeare.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
L'AFFAIRE HUMBERT
ET L'AFFAIRE DREYFUS
Les nationatistac, qui reprochent toujours
aux républicains la « campagne dreyfusarde o,
font, comme par le passé, mille efforts pour
réveiller l'affaire Dreyfus. M. Gaston Pollon-
nais, en combinant certains éléments pris à
l'affaire Humbert, imagine la plus romanesque
des aventures. Je dis la plus romanesque, non
la plus sensée.
M. Gaston Pollonnais prétend — dans le
Gaulois — qu'il résume simplement une dépo-
sition faite par le colonel du Paly de Clam,
dans le cabinet de M. Leydet, en présence de
M. Poncet, substitut du procureur de la Répu-
blique. Il y a là, pour commencer, une erreur
matérielle: car voici le démenti opposé par
une noie officieuse à l'affirmation du rédacteur
du Gaulois;
Un journal du matin affirme qu'un substitut du
parquet de première instance aurait, contrairement
à tous les usages, assisté à la déposition d'un té-
moin dans le cabinet de l'un des juges d'instruc-
tion chargés de l'affaire Humbert.
Le fait est absolument inexact.
On ne sait encore si M. du Paty de Clam
consentira à prendre la responsabilité de l'his-
Icire abracadabrante que lui attribue M. Pol-
lonnais. M. du Paly do Clam, qui n'a jamais
été heureux dans ses accusations, se trouverait
alors avoir fait un nouveau pas de clerc, et M.
Pollonnai,avec l'ingénuité d'un chrétien nou-
veau-né, sera seul à le féliciter.
On se souvient qu'au moment du procès de
Rennes, les nationalistes prétendaient que la
dépêche Panizzardi avait été maquillée. M.
Pollonnais oublie que les nationalistes étaient
dans l'erreur et qu'on le leur a prouvé.
Cette défaillance de mémoire lui permet d'a-
vancer que le faussaire prétondu élait inspiré
et conseillé par la famille Humbert.
A un si extraordinaire racontar, M. Joseph
Reinach a répondu par la déclaration qu'on
va lire :
L'exactitude de la traduction de la dépêche du
2 novembre 1894 a été reconnue,on 1894, par le co-
lonel Sandherr ; en 1899, devant la cour de cassa-
tion, par le général Chamoin et le commandant
Cuignet ; à la même époque, par l'auteur même
de la. dépêche, le colonel Panizzardi, ainsi que cela
fut attesté par l'ambassadeur d'Italie à M. Delcassé.
Du moment que l'exactitude de la traduction a
été reconnue par l'auteur même de la dépêche, il
en résulte pour tout homme de bon seus que le
texte matériel de la dépêche n'a pas été falsifié,
qu'il est authentique.
M. Hanotaux était ministre des affaires étran-
gères quaad la dépêche du colonel Panizzardi au
général Marselli fut interceptée, copiée, déchiffrée
par les cryptographes du quai d'Orsay, officielle-
ment communiquée au ministre de la guerre.
M. du Paty de Clam devrait bien publier sa dé-
position devant M. le juge d'instruction Leydet;
il serait intéressant de savoir en quels termes il a
produit son accusation do faux.
M. Hanotaux n'aura pas de peine à réfuter une
aussi imbécile allégation.
Quand le commandant Cuignet y fit allusion de-
vant la cour de cassation, le président Alazeau le
rabroua vivement.
M. le colonel Panizzardi, au surplus, s'est tou-
jours déclaré prôt à répondre à toute commission
rogatoire qui lui serait envoyée.
Toute cette tentative de mêler l'affaire Humbert
à l'affaire Dreylus est surtout stupide. Il est humi-
liant d'avoir à relever de pareilles inepties.
Voilà qui n'autorise aucune équivoque. Et
il n'y a qu'à laisser barboter les nationalistes
en compagnie des canards mal venus qu'ils ont
couvés.
M, DELAHAYE POURSUIVI
L'ancien attaché à la résidence de France en
Tunisie, ielioutonant-colonel en retraite Robil-
let, vient d'assigner M. Jules Delahaye devant
le tribunal de Moulins.
M. RohillaJ, qui réclame 100.000 francs de
dommages-intérêts, reproche à M. Delahaye
de l'avoir, dans uno plainte adressée au procu-
reur de la République d'Alger, dénoncé calom-
nieusement comme ayant joué un rôle odieux
dans l'assassinat de M. de Morès.
C'est Me Maurice Colin, député d'Alger et
professeur à l'Ecole de droit de cette ville, qui
plaidera pour M Robillet.
».
Et la princesse Louise de Cobourg ?
(De notre, correspondant particulier)
Budapest, 3 janvier.
On annonce uu prochain changement dans
la situation de la princesse Louise de Cohourg,
qui est toujours détonue à l'asile de Lindenhof,
Les socialistes du Reichsrath autrichien vont
ouvrir une campagne pour la mise en liberté
je la princesse. Ils seront secondés par une ac-
tion vigoureuse dos députés socialistes du
Reichstag allemand, qui reprocheront au gou-
vernement de tolérer sur territoire allemand
la séquestration d'une étrangère.
La famille de la princesse poursuit son plan,
qui est, croit-on, de garder l'héritage qui de-
vait échoir à l'ancienne amie du. lieutenant
Mallaschitsch.
Les socialistes se proposent de faire des ré-
vélations sur ce côté do la question.
NOUVEAU CABLE AMÉRICAIN
(De notre correspondant DaJ'liculicl'I
ban Francisco, 3 janvier.
Le nouveau câble posé entre San Francisco
et Honolulu a été inauguré aujourd'hui. Il
fonctionne à la perfection. Dos dépêches de fé-
licitations ont été échangées entre le président
Roosevelt et M. Dolo. gouverneur de Hawaï.
Le câble sera prolongé jusqu'aux Philippi-
nes.
♦
TURCS ET ITALIENS EN TRIPOLITAINE
(De notre correspondant particulier)
Constantinople, 3 janvier.
Le bruit d'une prochaine occupation italienne
de la Tripolilaine, lancé par le Secolo, a pro-
duit un vif émoi à Yildiz-Kiosque Sur l'ordre
du sultan, on vient de débarquer à Tripoli
20 000 fusils et un million de cartouches des-
tinés à être distribués aux indigènes.
Une balterie de canons Krupp a été euvoyée
pour l'armement des forts de la côte.
On suit avec un vif intérêt les événements
du Maroc, qui pourraient avoir une répercus-
sion dans l'cmuirv oU&waa»
A LA CAMPAGNE
LE GUI
Au gui, l'an neuf ! — Emblème de pros-
périté. — La fête du gui. — Les
« christmas ». — Une gracieuse
légende. — Un peu de bota-
nique. — Le gui et les
grives. — Un conseil.
« Au gui, l'an neuf » clamaient les druides,
quand la plante sacrée, séparée par la faucille
d'or du vieux tronc de chêne sur lequel elle
était attachée, tombait dans le drap immaculé
destiné à la recevoir.
Depuis ce temps — vieillot pourtant — le
gui a constamment été considéré comme un
emblème de prospérité et de bonheur.
Dans certaines provinces, le gui sert d'en-
seigne aux cabarets; il en est le bouchon sym-
bolique.
Dans d'autres pays, notamment en Bretagne,
on lui accorde l'extraordinaire pouvoir de faire
contracter des unions idéales. Les jeunes gens
et les jeunes filles organisent, dans ces pays, la
fête du gui. En troupes joyeuses autant que
nombreuses, garçons et filles s'en vont à la
forêt cueillir l'arbuste sacré en chantant :
0 filles et gars de Bretagne
Voici le jour
D'aller cueillir dans la campagne
Le gui d'amour.
Le jeune homme ou la jeune fille qui a la
chance de découvrir le premier la précieuse
touffe est créé roi ou reine par les autres. On
rentre au village triomphalement et le gui est
suspendu au-dessus de la porte d'entrée du roi
ou de la reine du gui.
Après cela, les jeunes filles de la bande pas-
sent, une à une, par dessous et, sans façon, se
laissent embrasser par tous les garçons qui ont
pris part à la fête.
Les christmas anglais et le gui
En Angleterre, le gui est la décoration, la
parure obligatoire des solennels christmas. Il
n'est pas jusqu'à la plus pauvre cabane qui
n'ait sa touffe de mislleloë ou gui.
On fait là-bas une consommation énorme de
touffes do gui, dans les Noëls britanniques.
Pour en ju&"er, il suffit de citer que, chaque
annéo, la compagnie Soulh-Western embarque
dans le port deSaint-Malo,del50,000 à 200,000
kilogrammes de touffes de gui.
Une gracieuse légende, de là-bas, dit que la
première jeune fille qui passera sous la porte
au-dessus de laquelle est placée la branche de
gui se mariera dans l'année.
Là-bas aussi, les jeunes gens peuvent, à l'oc-
casion du Christmas, embrasser les jeunes fil-
les qui passent sous la branche de gui. Aussi,
il faut voir les ingénieux subterfuges mis en
œuvre par les jeunes Anglais, pour amener les
jeunes miss sous la touffe de mistletoê.
Mais revenons à nos moulons, c'est-à-dire à
notre gui.
Ce qu'il est
Le gui est certes trop connu pour qu'il nous
soit nécessaire de le décrire, mais il n'est pas
sans intérêt de donner quelques détails sur
son mode de multiplication et sur sa manière
de vivre.
Au point de vue botanique, cette plante fait
partie de la famille des Loranthacèes. Il vit en
parasite sur plusieurs arbres de notre pays,
peupliers, pommiers, saules, tilleuls, or-
mes, etc.Les feuilles du gui sont persistantes;
aussi, on hiver, les touffes de gui s'aperçoivent
elles aisément sur les branches des arbres dé-
garnies de leurs feuilles. Les fleurs sont uni-
sexuéos, en d'autres termes, divisées en fleurs
mâles et en fleurs femelles. Ses fruits sont des
baies blanchâtres, rondes et contenant une
masse visqueuse au milieu de laquelle sa
trouve un noyau.
Les racines du gui ont la propriété de fuir la
lumière, aussi s'en foncen t-el les dans l'écorce
en développant de nombreux suçoirs qui em-
pruntent à l'arbre la nourriture nécessaire au
parasite.
Comment le gui se multiplie
Comme aujourd'hui nous n'en sommes plus
à croire aux générations spontanées, on peut
be demauder comment les touffes de gui se dé-
veloppent sur les branches plus ou moins éle
vées sur lesquelles on les trouve. En voici l'ex-
plication. Si nous aimons les grives, celles ci
aiment beaucoup les fruits du gui. Parfois, lors-
qu'elle? en ont mangé, il leur arrive de se po-
ser sur une branche et de. c'est scabreux.
se vidor. Non attaquées par le suc digestif, les
greines, mêlées aux déjections, tombent dans
un creux d'écorce, et, l'humidité aidant, elles
germant promptement et donnent naissanco à
de nouvelles plantes. Et voilà comme quoi les
grives vont ensemencer sur les branches et as-
surent au gui do nouvelles générations.
Le gui est-il nuisible ?
Sans hésitation, les uns disent oui, et cepen-
dant Gaston Bonnier, qui n'est pas le premier
venu, prétend le contraire.
D'après lui, il y aurait, entre le gui et l'ar-
bre qui lui sert d'hôte, une sorte d'association
analogue à celle de l'aveugle et du paralytique
du fabuliste, association qui donnerait satis-
faction à chacun d'eux.
Los recherches effectuées à ce sujet par M.
Bonnier ont eu pour résultat de démontrer que
le gui fournit à l'arbre un excès de carbone
qu'il fixe par ses feuilles en échange d'un pou
d'eau qu'il lui emprunte.
En attendant que la question soit bien tran-
chée, scientifiquement ot pratiquement, votre
chroniqueur agricole continuera à enlever le
gui de ses pommiers. — Faites-en autant.
A. MONTOUX.
L'INSURRECTION AU MAROC
La situation militaire
Le correspondant du Times à Tanger télégra-
phie, le 2 janvier :
« Aucune nouvelle officielle dans le courrier
d'hier soir, sinon que la situation à Fez ne
s'est pas modifiée.
« D'après certaines lettres privées, le frire du
sultan ejt arrivé à Fez ; d'après d'autres, il se-
rait mort à Méquinez. »
On mande de Gibraltar au Daily Telegraph.
le 2 janvier :
u Le frère du sultan du Maroc, Moulaï-Mo-
hammed, commandant les troupes impériales,
est parti de Fez, le 26 décembre, pour attaquer
les rebelles. »
Madrid, 3 janvier.
On mande de Melilla : >
Le gouverneur de la population marocaine
des aleDlours de la ville est parti pour Fez sur
l'ordre du sultan.
Le correspondant du Libéral à Fez a inter-
viewé deux ministres qui estiment que la si-
tuation a empiré.
Ils confirment quo le combat de Tasa fut dé-
sastreux pour les troupes impériales, qui sont
complètement indisciplinées.
Le général du sultan, Hac Ali Susi, est re-
venu à Fez grièvement blessé.
On mando de Tanger que les bureaux de
poste ne garantissent plus la remise des phs
recommandés.
Lo Libéral se fait l'écho de bruits qui lui
viennent de source particulière et suivant les-
quels le prétendant serait entré à Fez, ou il au-
rait "'ta",\! un bon aççuçil
r Le bruit court qu'un diplomate étranger, ac-
crédité à Madrid, aurait reçu un télégramme
de Tanger disant que la situation du sultan
est excessivement critique: les israélites doi
Foz, qui sont plus de 10.000, ayant élé, de la
part des ministres du sultan, l'objet de gran-
des injustices et de cruautés, seraient disposés
à donner leur appui au prétendant.
Lettre du sultan
Tanger, 3 janvier. r N
Deux cavaliers, partis le 24 décembre de
Fez, porteurs d'une lettre du sultan, sont arri-
vés à Tanger. ':
La lettre, lue à la grande mosquée ce matin
par le pacha, annonce qu'après une série de
succès des troupes chérifiennes, celles-ci ont
été battues le 23, après avoir été surprises au
milieu de la nuit.
Le sultan fait savoir qu'il ne tardera pas à
prendre lui-même le commandement de son
armée et qu'il espère pouvoir vaincre le maudit
agitateur. -
Un message semblable a été envoyé dans
toutes les villes soumises au sultan.
Les nouvelles de Fez arrivent lentement par
suite du mauvais état des routes.
LES AMICALES DES INSTITUTEURS DE FRANCE
Le comité administratif des Amicales d'insti-
tuteurs et d'institutrices de Franée et des
colonies s'est réuni à Paris, le 2 janvier,
sous la présidence de M. Bazenant,de Bordeaux.
Après examen de la situation, l'assemblée a
décidé de maintenir sans restriction l'ensemble
des revendications déjà présentées à M. le mi-
nistre de l'instruction publique.
Un ordre du jour de M. Murgier, de Versail-
les, protestant contre toute diminution de trai-
tement des institutrices, a été adopté.
LA QUESTION DE LA DETTE CHINOISE
Londres, 3-janvler.
On mande de Shanghaï au Timts, te 2 jan-
vier :
Le tao-taï de Shanghaï a payé l'échéance de
l'indemnité sur la base de l'argent.
Il a déclaré de nouveau ne pouvoir accepter
l'interprétation du protocole adoptée par le
comité des banquiers. La question devra être
portée à Pékin.
LES CONGRÉGATIONS
Une circulaire du ministre de l'inté-
rieur. — Autorisations refusées. —
La retraite de M. de St Rémy.
— A Marseille.
la Croix publie le texte suivant d'une circu-
laire que le ministre de l'intérieur vient d'a-
dresser à divorses congrégations de femmes au-
torisées qui avaient demandé l'autorisation par
décret rendu en Conseil d'Etat pour certains de
leurs établissements non autorisés :
MINISTÈRE DE EINTÉRIZUP.
ET DBS CULTES
- .;;' Paris, 23 décembre 1902.
Madame,
A la date du 27 juillet dernier; vous nous avez
adressé une demande tendant à obtenir l'autorisa-
tion prévue par l'article 13, paragraphe 8, de la loi
du 1" juillet 1901, notamment en faveur des éta-
blissements de votre congrégation situés dans le
département de., à.
Après examen des pièces produites à l'appui de
cette demande et des résultats de l'instruction à
laquelle il a été procédé, j'ai décidé qu'il n'y avait
pas lieu de transmettre les dossiers au Conseil
d'Etat en vue des autorisations sollicitées.
En conséquence, j'ai l'honneur de vous notifier
que votre demande est rejetée.en ce qui concerne,
ces établissements de votre congrégation.
Je vous rappelle qu'aux termes de la loi du 4 dé.
cembre 1902 sont passibles des peines portées 1
l'article 8, § 2 de la loi du 1" juillet 1901 (amende :
de 16 à 5,000 fr. et emprisonnement de six jours
à un an), tous individus qui, sans être munis do,
l'autorisation exigée par l'article 13, § 2, auront'
ouvert ou dirigé un établissement congréganiste,
de quelque nature qu'il soit, quo cet établissement-'
appartienne à la congrégation ou à des tiers, qu'il,
comprenne un ou plusieurs congréganistes. -
Le président du conseil,
ministre de l'intérieur et des Cultes
COMBES.
Les destinataires de cette circulaire ont reçu,
en même temps, de l'administration préfecto-
rale, la notification suivante :
Le préfet de.
En exécution de la décision ci-dessus,
Invite les religieuses de., domiciliées à., à se
retirer dans la huitaine, sous peine de poursuites
judiciaires, en vertu de la loi du 4 décembre
1902.
Le refus d'autorisation s'adresse à toutes les
œuvres qui constituent l'établissement visé.
Nous avons dit qu'en septembre dernier la
conseil d'Etat, consulté par le gouvernement,
avait émis l'avis que le ministre de l'intérieur
n'était pas tenu de lui soumettre les demandes
d'autorisation des établissements congréganis-
tes qu'il ne jugeait pas susceptibles d'être au-
torisés. C'est par application de cet avis que
M. Combes a envoyé la circulaire ci-dessus.
Le colonel de Saint-Rémy
La pension de retraite du lieutenant-colonel
Gaudin de Saint Rémy vient d'être liquidée à
3.895 francs.
On se rappelle que cet officier supérieur avait
été mis on retraite d'office par le ministre de la
guerre à la suite de sa condamnation à un
jour de prison par le conseil de guerre de
Nantes, pour avoir refusé, commandant par
intérim le 2' chasseurs, à Pontivy, d'intervenir
conformément à une réquisition préfectorale
pour la fermeture de l'école libre de Laoouê
(Morbihan).
Laïcisation
Marseille, 3 janvier.
Le conseil général des Bouches-du-Rhône,
réuni ce matin en session extraordinaire, a
confirmé son vole, précédemment discuté,d'una
somme de 50.000 francs destinée à la laïcisa-
tion immédiate de l'Hôlel-Dieu de Marseille,
avec cette restriction que la caisse du départe-
ment n'aura à fournir ce crédit que si le dé-
cret relatif à celle laïcisation ne met pas la mu-
nicipalité en demeure de pourvoir à toutes les
dépenses.
— —
LES FUGUES PRINClERES
A la Cour de Saxe. — La question dll
enfants. — Opinions.
Dresde, 3 janvier.
On fait diligeoco à la Cour de Saxè, pour
retrancher la Princesse de la famille royale.
La santé du roi de Saxe est assez précaire
pour qu'on appréhende un changement qui
ferait ipso facto la princesse reine en même
temps qu'il ferait roi lo prince héritier. On
s'occupe donc en hàte de remonter les rouages
de la vieille machine judiciaire prévue par la
loi de la maison de Saxe. Cette haute cour ma-
trimontalo ne promet, d'après le roscrit royal
qui la convoque, guère d'aménité dans sa pro-
cédure. Elle commencera par prononcer le
huis clos. Chaque partie sera représentée par
nu avocat. Ni le pluignant ni la défenderesse
ne seront tenus de comparaître en personne.
La cour prononcera sans revision ni appel. Le
jugement, avant d'être promulgué, sera o-"
mis au roi. C'est, ou un mot, la mort CIVil, t
sans phrase. 1 1
Le QtiQM héritier de , féxçlI acw la siWQW i
Il-&-" ,- .---- --
La Numéro, t CINQ - aENTIl\E.
BKB1 llISil XIX' EM gKlByffa
LE da HBMI EUS Swtwr IElaEBOfrfi CLE
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De 4 à 8 heures du soir et de i0 heures du soir à 1 heure du matin
No 11987. — Lundi 5 Janvier 1903
16 NIVOSE AN 111
ADMINISTRATION; 14, rue du Mail
Adresser lelircs el mandats à l'administrateur
NOS LEADERS
la Viill min
Voilà longtemps déjà que j'aurais dû
parler ici du discours prononcé à l'au-
dience de rentrée de la Cour de cassa-
tion par M. le procureur général Bau-
doin. Je considère comme un devoir de
parler de ce discours parce qu'il n'est
autre chose que l'éloge de l'ancien pro-
cureur général Laferrière, mort en
1901, après avoir été gouverneur géné-
ral de l'Algérie, et que M. Laferrière
fut un des premiers rédacteurs de* ce
journal où j'ai l'honneur d'écrire: Le
Rappel.
M. Baudoin, dans son discours, véri-
table monument de haute éloquence,
s'exprime ainsi : « Le Rappel, où, à la
veille des élections de 1869, Victor
Hugo, de son exil, groupait autour de
lui l'avant-garde du parti démocratique,
compta M. Laferrière parmi ses colla-
borateurs les plus actifs et les plus vi-
goureux. » M. Laferrière appartenait
alors au barreau ; déjà il s'était fait
connaître et apprécier par un petit
livre : la Censure et le régime correction-
nel, étude sur la prison contemporaine.
M. Laferrière, alors, dit M. Baudoin,
« inébranlable dans sa foi, inaccessible
aux concessions et aux compromissions,
irréconciliable, pour prendre le langage
iti temps, aborda le journalisme et, se
lançant dans la politique militante, con-
duit ses grades dans l'opposition ».
U fut, en effet, un des plus actifs et des
plus brillants rédacteurs du Rappel.
« Obéir à la loi, mais ne pas permettre
qu'on s'écartât de son texte et de son
esprit ; subir ses restrictions, mais pro-
fiter de tous ses avantages ; résister à
tout arbitraire ; appuyer les griefs légi-
times que soulevaient les actes de l'au-
torité; affirmer le droit dans tous les
cas où il était méconnu; faire la lumière
dans le dédale d'une réglementation qui
paralysait jusqu'aux organes de la vie ;
telle était la mission qu'il s'était donnée
et qu'il poursuivait avec l'infatigable
ardeur d'une âme vivement touchée et
presque douloureusement blessée par
tout ce qui lui apparaissait comme une
atteinte à la morale publique. »
M. Laferrière fut fidèle à ce pro-
gramme. A toute occasion, il entrait en
lutte, avec une verve incisive, avec une
logique vigoureuse, pour la défense de
la liberté et du droit. Aussi, en février
1869, était-il, pour un article, con-
damné à 50 francs d'amende; en mai
suivant, pour un autre article, à un
mois de prison et 500 francs d'amende;
en août, à un mois de prison et 200 fr.
d'amende. Après la révolution du 4 sep-
tembre, M. Laferrière quittait le Rappel
pour entrer au Conseil d'Etat.
.** -
Je trouve à l'évocation de ces souve-
nirs un charme attendri, un puissant
réconfort. Je viens de regarder le pre-
mier numéro du Rappel daté du mardi
4 mai 1869. Cela veut dire que ce jour-
nal aura tantôt trente-quatre années
d'existence. J'ai donc bien le droit de
dire : la vieille maison.
Quelle magnifique chose que ce pre-
mier numéro : En tête, la lettre-pro-
gramme envoyée de Hauteville-house
par Victor Hugo, le 25 avril, et dans la-
quelle l'admirable titre du Rappel se
trouve commenté avec une si sublime
éloquence : « Rappel des principes,
par la conscience ; rappel des vérités,
par la philosophie; rappel du devoir,
par le droit; rappel des morts parle res-
pect ; rappel du châtiment, par la jus-
tice ; rappel du passé, par l'histoire ;
rappel de l'avenir, par la logique; rap-
pel des faits, par le courage ; rappel de
l'idéal dans l'art, par la pensée ; rappel
du progrès dans la science, par l'expé-
rience et le calcul ; rappel de Dieu dans
les religions, par l'élimination des ido-
lâtries; rappel de la loi à l'ordre,par l'a-
bolition de la peine de mort; rappel du
peuple à la souveraineté, par le suf-
frage universel renseigné , rappel à
l'égalité, par l'enseignement gratuit et
obligatoire ; rappel de la liberté, par le
réveil de la France; rappel de la lumière
par le cri : Piatrus. — Et après cela :
une « Campagne électorale a signée de
Paul Meurice ; une chronique dramati-
que signée d'Auguste Vacquerie ; un ar-
ticle d'Arthur Arnould; un courrier
des théâtres signé d'Ernest Blum ; un
feuilleton : l'Homme qui rit, de Victor
Hugo.
Ah ! ce vieux numéro, tout jauni,
cassé aux plis,tombant en poussière!.
A l'Odéon, ce 4 mai 1869, on reprenait
la (C Lucrèce do Ponsard », avec Taillade
et Mme Agar ; Mme Miolan Carvalho
chantait Faust à l'Opéra ; Dumaine et
Mme Fargueil jouaient Patrie à la
Porte-Saint-Martin, les noms de Got,
de Bressant, de Coquelin aîné brillaient
sur l'affiche de la Comédie-Française ;
Félix était au Vaudeville ; Mme Marie
Laurent à l'Ambigu ; Mme Schneider
aux Bouffes-Parisiens; Mme Zulma-
Bouffar aux Variétés. Paris avait la fiè-
vre, se ruait à la bataille qui devait,
quelques jours après, être gagnée par
les candidats de l'opposition : Jules Fa-
vro, Gambetta, Banco], Thiers. Comme
tout cela est loin de nous ! -
Que de ç-hoses ont passé ! Que d'ora-
les ont rugi autour de cette vieille mai-
son du Uapjpel /La guerre, l'invasion,
le siège de Paris, la Commune, la lutte
contre les conspirateurs qui voulaient
profiter des malheurs de la France pour
lui imposer de nouveau la monarchie
de hou te, la lutte contre le vingt-qua-
tre mai, la lutte contre le seize mai;
hier, la lutte contre le boulangisme ;
aujourd'hui encore, la lutte contre le
nationalisme ; — la vieille maison est
toujours debout ; son drapeau, ce dra-
peau de trois couleurs que Victor Hugo
a attaché, de ses mains puissantes, au
sommet, n'a cessé de flotter dans le ciel
ou sombre ou serein.
Et je suis bien sûr d'être l'interprète
de tous mes collaborateurs du Rappel,
en remerciant M. Baudoin d'avoir évo-
qué la mémoire du passé, puisque ce
passé se lie d'une façon si étroite à
notre présent. M. Laferrière, si ressus-
citaient les morts, pourrait revenir pren-
dre sa place à notre table de rédaction;
les hommes ont changé, les traditions
ont survécu ; les principes sont restés
les mêmes ; comme il y a trente-quatre
ans, nous combattons ici pour la liberté
et pour le droit ; et quand nous écri-
vons, ayant pour seul maître notre
conscience, avec, au cœur, l'amour du
peuple, des ROllfIrants, des pauvres, et
sachant que nous appartenons tout en-
tiers à la République et à la France,
nous sentons autour de nous, éparses.
les ombres des collaborateurs d'autre-
fois, les ombres honorées qui peuplent
la vieille maison.
Lucien Victor-Meunier.
.I
BONNE CIRCULAIRE
M. Combes , que certains
journaux réactionnaires croient
adroit de féliciter pour les ter-
mes de sa circulaire aux élec-
teurs sénatoriaux de sa circon-
scription, continue de ne méri-
ter en rien ces éloges de la réac-
tion. La circulaire qu'il adresse aux con-
grégations non autorisées, et qu'on trou-
vera plus loin, montre assez qu'à la veille
même des élections sénatoriales, où lui-
même il joue sa partie, le président du Con-
seil ne craint nullement de s'affirmer logi-
que et conséquent avec sa politique anti-
cléricale ; il montre par là, tout d'abord,
qu'il a une parfaite confiance dans les sen-
timents du corps électoral qui va avoir la
parole aujourd'hui.
Et puisque nous faisons allusion aux
élections d'aujourd'hui, disons que les dé-
pêches parvenues de tous les départements
où le scrutin va s'ouvrir nous annoncent
une victoire définitive et complète; la jour-
née se terminera par un gain notable pour
la République, et le fait est d'autant plus
significatif que la majorité des sénateurs
sortants étant déjà acquise aux idées que
nous défendons, le nombre des sièges res-
tant à gagner est forcément assez res-
treint.
Les réactionnaires n'ont plus que quel-
ques heures devant eux pour tâcher de
prétendre le contraire. Ils savent bien que,
dès ce soir, il leur faudra déchanter. —
Ch. B.
DES CHIFFRES
La campagne contre les caisses d'épargne se
poursuit dans les journaux réactionnairos par
la publication fréquente des statistiques offi-
cielles accompagnées de commentaires tendan-
cieux el de sinistres pressentiments.
Nous allons, paraît-il, à la ruine et à la
faillite. Est-il besoin de dire que ce n'est pas
vrai? Nous sommes obligés pourtant de remet-
tre les choses au point.
Voyons à quoi ont abouti les efforts répétés
des nationalistes. Nulle part ils ne se sont plus
remués qu'à Paris. Nulle part ils n'ont mené
une campagne plus bruyante et plus vigou-
reuse. Par leurs discours, par leurs conversa-
tions particulières, par les bruits répandus à
dessein, ils ont toute d'effrayer l'épargne. Quel
a été le résultat de ces manœuvres?
L'Officiel vient de publier un tableau très ins-
tructif relatif aux opérations de la Caisse d'é-
pargne et de prévoyance de Paris pour l'année
1902. Nous y voyons que si au 1er janvier 1902
le total des sommes déposées s'élevait à 124
millions 821.428 fr. 24, au 31 décembre 1902,
il montait à 121,160.458 fr., soit une dimiuu-
tion de 3,660,979 fr. 78.
Pour être logiques avec eux-mêmeo, les na-
tionalistes devraient reconnaître qu'ils n'ont
réussi à ébranler notre crédit que dans une pro-
portion inférieure même à 3 OlO. C'est peu, en
comparaison de l'effort.
Aussi ne soufflent-ils point mot de cette sta-
tistique , qui est tout à fait rassurante pour
nous. Il reste une jolie somme dans la Caisse
d'épargne de Paris, et sa situation est absolu-
ment normale.
Quant à ceux qui se sont laissés effrayer par
les divagations des cléricaux, ou qui, sur l'or-
dre de leurs confesseurs, sont allés retirer leurs
dépôts, nous leur souhaitons — puisque c'est
le moment dos souhaits — de ne point regret-
ter amèrement plus lard d'avoir suivi des con-
seils pernicieux et inconsidérés. — L.Al'mlJl'us
1er.
LE COLONEL GRIMM
(De nolre correspondant varliculierl
Varsovie, 3 janvier.
Le dernier courrier vient d'apporler des nou
voiles du colonel Grimm, condamné à 12 ans
de travaux forcés pour avoir livré des secrets
militaires à l'Allemagne. Le colonel travaille,
depuis trois semaines, dans les mines de cuivre
de Nerlscbinsk, dans le Transbaikal. Il est ins-
tallé dans la prison des criminels de droit com-
mun. Grimm porte nuit et jour des chaînes à
boulets. A son arrivée, on lui a rasé la moitié
do la tôle et coupé la barbo.
—.—
ENCORE LA CANONISATION DE JEANNE D'ARC
(De noire correspondant particulierl
Rome, 3 janvier.
En dehors de la question d'argent, il y a une
autre difficulté qui s'oppose à la béatification
de Jeanne d'Arc. L'adcocatus diaboli ,qaï repré-
sonte la partie adverse, invoque le fait que
Jeanne d'Arc a été légalement et justement
condamnée comme hérétique par lo tribunal
ecclésiastique de Houon.
Le pape est très ennuyé do l'entêtement de ce
ministère public Pour tourner la diîlicallô, il
ordonnera probabiemsat la misiva 'du procès
de Roueu.
PIANO, VIOLON
ET ORCHESTRE
Rien des Humbert-Daurignac. — Vir-
tuoses et pickpockets. Le Conserva-
toire et la musique dominicale. —
Le désordre au sein d'Euterpe.
Non, Mesdames, non, Messieurs, je ne vous
parlerai point des Humbert-Daurignac: j'i-
gnore si vous êtes satisfaits d'être tenus, de-
puis un an bientôt, au courant des menus ges-
tes de la célèbre et, somme toute, inepte fa-
mille : mais, de grâce, ne comptez pas sur moi
pour vous y ramener. Quittons un peu la terre,
qui n'est plus que la boue, et cherchons dans
les émotions artistiques un meilleur sujet d'en-
tretien. Aussi bien, les concerts dominicaux
méritent-ils de défrayer notre conversation.
Us continuent d'être le « rendez-vous de no-
ble compagnie » d'une part, et le champ d'ex-
ploitation des pickpokets, mâles ou femelles,
de l'autre. Avant de savourer Berlioz et Beetho-
ven, vous êtes prestement délesté de votre por-
tefeuille ou de votre épingle de cravate. Ex-
perto crede. Roberto.
Révolte ou révolution ?
Ii faut croire que les pickpockets ont plus de
chance dans les couloirs quo les virtuoses
dans la salle, car de virtuoses, il paraît se con-
firmer qu'on ne veut plus, d'instrumentistes
solistes tout au moins. Auditeur assidu des
grands orchestres diurnes, j'ai eu naguère
mainte occasion de constater que lorsqu'on
ne. reconduisait pas un pianiste ou un violo-
niste de marque, on l'entourait d'un silence.
irréligieux, au grand dam des premiers sujets
et de leurs timides appréciateurs.
Est-ce là une cabale? Est-ce au contraire
tout un mouvement ? Révolte ou révolution ?
1903 nous l'apprendra.
D'abord, j'avais cru comprendre que l'hosti-
lité s'adressait aux pianos ou aux pianistes
américains (ceux-là d'ailleurs aussi détestables
que ceux-ci et que le pays d'où ils sortent les
uns et les autres).
L'art réprouverait une hospitalité complaisante
ilsciait grand tem ps que l'artiste français ne fût
pas traité chez lui comme un paria? Mais non !
Ce sont, parait-il, les soli de piano ou de vio-
lon qui ont cessé de plaire, et les siffleurs, ta-
pageurs ou silencieux,semblent en l'occurrence
s'inquiéter médiocrement de la nationalité dos
vedettes. Les concertos auraient vécu? Faut-il
s'en réjouir? Certainement non.
L'œuvre et les interprètes
Il est indéniable qu'au théâtre l'œuvre prime
tout, l'auteur lui-même, parfois inégal, à plus
forte raison l'interprétation. Quel que soit le
talent du « principal rôle », il ne supplée pas à
l'action, et, sans action préalable, il est stérile.
Donc l'œuvre eît l'alimeat substantiel. Mais un
bon plat bien présenté provoque davantage
l'appétit; un architecte s'applaudit de pouvoir
compter sur des contremaîtres valides et
adroits. L'architecte est l'autour; les contre-
maîtres sont les interprètes : faut-il empêcher
ceux-ci de faire montre des qualités dont ils
disposent? Si nul grand ouvrage ne leur per-
met l'émission d'une voix, d'un jeu, d'un mé-
canisme spéciaux, n'auront-ils plus le droit de
recourir dans ce but à des ouvrages de qualité
moindre? Soyez tranquilles; même sans le sa-
voir, le public finira toujours par imposer le
génie de l'invention et de la composition : lais-
sez donc les interprètes cueillir les fleurs éphé-
mères partout où ils pourront les rencontrer.
même dans les jardins où ne poussent point les
fleurs éternelles de la création. Il faut — en art
surtout — que tout le monde vive,et ne croyez
pas que Victor Hugo ait incriminé Frédérick
Lemaitre de jouer Don César de Bazan après
ou avant Ruy Blas.
Au surplus, soyons logiques, et s'il y a un
Conservatoire de déclamation et de musique,
permettons aux acteurs, aux chanteurs et aux
instrumentistes couronnés, de faire étalage de
qualités officiellement reconnues par l'Etat. Pé
risse le Conservatoire à défaut de son principe !
La valeur des concertos
Ah! quand le lauréat veut imposer à l'atten-
tion cinq actes écrits pour un seul interprète, la
foule se révolte tôt ou tard, et c'est trop juste 1
Mais une scène n'est pas une pièce, et un con-
certo pour piano ou pour violon n'est, à vrai
dire, qu'une scène musicale où l'auteur se pro-
pose de faire briller le virtuose.
Il va de soi qu'un compositeur qui laisserait
des concertos pour tout bagage ne saurait, quel
que fût son mérite ad hoc. passer à la posté-
rité. Cette petite besogne incombe plus encore
à l'instrumentiste soucieux do mettre en lu-
mière ses propres dons naturels ou acquis.
Mozart ou M. Saint Saëns ont produit de sé-
millants concertos : j'imagine sans peine que le
génie de l'un ou le grand talent de l'autre s'ac-
comnioderaient mal de voir accolées à leurs
noms ces œuvrettes toutes spéciales.
L'esclavage de l'art
Ne demandons en pareil cas aux compo-
siteurs qu'une habile présentation des virtuoses
profilons en pour juger ces derniers. Ici, ne
nous inquiétons pas du poisson mais de la
sauce, n'exigeons pas p!us qu'il ne nous est of-
fert. Puisque les grandes œuvres réclament
une interprétation hors de pair, assurons-nous,
à l'aide de courtes et inoffensives saynètes, que
cette interprétation est là, prête, quand le
moment sera venu, à mettre son talent au ser-
vice des plus belles manifestations de l'esprit
humain.
L'art est un divin esclavage. Que de fois
n'ai-je pas fait cette remarque, qu'il n'y a que
les œuvresvraiment belles pourêtrebien jouées!
L'amour-propre ou la profession guide les
chanteurs ou les solistes à travers les roncos
d'une romance à vocalises ou d'un concerto :
leur âme seule arrache à leur gorge, à leur ar-
chet, à leur clavier, les accents passionnés de
l'œuvre sublime. Donnons leur donc rendez-
vous dans le sublimo ; suivons-les sans impa-
tience 6t sans haine dans les concertos et les
vocalises, ces petits bosquets parfumés qu'a-
britent de leur ombre séculaire les liges des
grands parcs et dos sombres forêts !
FERNAND Gendrier
I I II<)II
AU VENEZUELA
Une contre-proposition du président
Castro — Réponse à Rudyard
Kipling.
Caracas, 3 janvier.
La réponse du président Castro contient une
contre proposition exprimant le désir quo le
conflit vénézolan soit do préférence déféré à
l'arbilrage d'un autre président de république
américaine, à défaut de M. Roosevelt, qui a re-
fnsé, plutôt que de recourir à la Cour de la
Haye.
Certains indices portent à croire que le gé-
néral Castro aurait en vue, pour exercor le
rôle d'arbitre, le président Porflrio Diaz, du
Mexique.
Un poëme allemand
Berlin, 3 janvier.
Le poète allemand Ernt von W ildenbrucb,
l'ami do l'empereur Guillaume, public dans
les journaux de Berlin un poème en réponse à
celui de Rudyard Kipling, in?piré par l' « al-
liance » anglo-allemande et où le barde anglais
traitait les Allemands de « Huns et d'ennemis
déclarés 11.
Wildenbruch lance en ces termes les foudres
de l'excommunication anglo-saxonne contre
Kipiing :
8Celui.là un poète! s'écrie-t-il dans son indigna-
tion. Appelez comme vous voudrez celui qui court
les voies publIques, l'injure et l'invective à la bou-
che, mais ne le nommez point poète !.
Vous qui n'êtes point rempli d'une colère sacrée,
mais du venin de la haine, vous osez nous traiter
de Huns !
Ouvrez les grands livres de l'histoire et
vos paroles vous brûleront l'âme comme une ma-
lédiction.
Allez! Nous vous retranchons pour toujours de
la terre de Shakespeare.
Voir à la 39 page
les Dernières Dépêches
de la nuit et
la Revue des Journaux
du matin
L'AFFAIRE HUMBERT
ET L'AFFAIRE DREYFUS
Les nationatistac, qui reprochent toujours
aux républicains la « campagne dreyfusarde o,
font, comme par le passé, mille efforts pour
réveiller l'affaire Dreyfus. M. Gaston Pollon-
nais, en combinant certains éléments pris à
l'affaire Humbert, imagine la plus romanesque
des aventures. Je dis la plus romanesque, non
la plus sensée.
M. Gaston Pollonnais prétend — dans le
Gaulois — qu'il résume simplement une dépo-
sition faite par le colonel du Paly de Clam,
dans le cabinet de M. Leydet, en présence de
M. Poncet, substitut du procureur de la Répu-
blique. Il y a là, pour commencer, une erreur
matérielle: car voici le démenti opposé par
une noie officieuse à l'affirmation du rédacteur
du Gaulois;
Un journal du matin affirme qu'un substitut du
parquet de première instance aurait, contrairement
à tous les usages, assisté à la déposition d'un té-
moin dans le cabinet de l'un des juges d'instruc-
tion chargés de l'affaire Humbert.
Le fait est absolument inexact.
On ne sait encore si M. du Paty de Clam
consentira à prendre la responsabilité de l'his-
Icire abracadabrante que lui attribue M. Pol-
lonnais. M. du Paly do Clam, qui n'a jamais
été heureux dans ses accusations, se trouverait
alors avoir fait un nouveau pas de clerc, et M.
Pollonnai,avec l'ingénuité d'un chrétien nou-
veau-né, sera seul à le féliciter.
On se souvient qu'au moment du procès de
Rennes, les nationalistes prétendaient que la
dépêche Panizzardi avait été maquillée. M.
Pollonnais oublie que les nationalistes étaient
dans l'erreur et qu'on le leur a prouvé.
Cette défaillance de mémoire lui permet d'a-
vancer que le faussaire prétondu élait inspiré
et conseillé par la famille Humbert.
A un si extraordinaire racontar, M. Joseph
Reinach a répondu par la déclaration qu'on
va lire :
L'exactitude de la traduction de la dépêche du
2 novembre 1894 a été reconnue,on 1894, par le co-
lonel Sandherr ; en 1899, devant la cour de cassa-
tion, par le général Chamoin et le commandant
Cuignet ; à la même époque, par l'auteur même
de la. dépêche, le colonel Panizzardi, ainsi que cela
fut attesté par l'ambassadeur d'Italie à M. Delcassé.
Du moment que l'exactitude de la traduction a
été reconnue par l'auteur même de la dépêche, il
en résulte pour tout homme de bon seus que le
texte matériel de la dépêche n'a pas été falsifié,
qu'il est authentique.
M. Hanotaux était ministre des affaires étran-
gères quaad la dépêche du colonel Panizzardi au
général Marselli fut interceptée, copiée, déchiffrée
par les cryptographes du quai d'Orsay, officielle-
ment communiquée au ministre de la guerre.
M. du Paty de Clam devrait bien publier sa dé-
position devant M. le juge d'instruction Leydet;
il serait intéressant de savoir en quels termes il a
produit son accusation do faux.
M. Hanotaux n'aura pas de peine à réfuter une
aussi imbécile allégation.
Quand le commandant Cuignet y fit allusion de-
vant la cour de cassation, le président Alazeau le
rabroua vivement.
M. le colonel Panizzardi, au surplus, s'est tou-
jours déclaré prôt à répondre à toute commission
rogatoire qui lui serait envoyée.
Toute cette tentative de mêler l'affaire Humbert
à l'affaire Dreylus est surtout stupide. Il est humi-
liant d'avoir à relever de pareilles inepties.
Voilà qui n'autorise aucune équivoque. Et
il n'y a qu'à laisser barboter les nationalistes
en compagnie des canards mal venus qu'ils ont
couvés.
M, DELAHAYE POURSUIVI
L'ancien attaché à la résidence de France en
Tunisie, ielioutonant-colonel en retraite Robil-
let, vient d'assigner M. Jules Delahaye devant
le tribunal de Moulins.
M. RohillaJ, qui réclame 100.000 francs de
dommages-intérêts, reproche à M. Delahaye
de l'avoir, dans uno plainte adressée au procu-
reur de la République d'Alger, dénoncé calom-
nieusement comme ayant joué un rôle odieux
dans l'assassinat de M. de Morès.
C'est Me Maurice Colin, député d'Alger et
professeur à l'Ecole de droit de cette ville, qui
plaidera pour M Robillet.
».
Et la princesse Louise de Cobourg ?
(De notre, correspondant particulier)
Budapest, 3 janvier.
On annonce uu prochain changement dans
la situation de la princesse Louise de Cohourg,
qui est toujours détonue à l'asile de Lindenhof,
Les socialistes du Reichsrath autrichien vont
ouvrir une campagne pour la mise en liberté
je la princesse. Ils seront secondés par une ac-
tion vigoureuse dos députés socialistes du
Reichstag allemand, qui reprocheront au gou-
vernement de tolérer sur territoire allemand
la séquestration d'une étrangère.
La famille de la princesse poursuit son plan,
qui est, croit-on, de garder l'héritage qui de-
vait échoir à l'ancienne amie du. lieutenant
Mallaschitsch.
Les socialistes se proposent de faire des ré-
vélations sur ce côté do la question.
NOUVEAU CABLE AMÉRICAIN
(De notre correspondant DaJ'liculicl'I
ban Francisco, 3 janvier.
Le nouveau câble posé entre San Francisco
et Honolulu a été inauguré aujourd'hui. Il
fonctionne à la perfection. Dos dépêches de fé-
licitations ont été échangées entre le président
Roosevelt et M. Dolo. gouverneur de Hawaï.
Le câble sera prolongé jusqu'aux Philippi-
nes.
♦
TURCS ET ITALIENS EN TRIPOLITAINE
(De notre correspondant particulier)
Constantinople, 3 janvier.
Le bruit d'une prochaine occupation italienne
de la Tripolilaine, lancé par le Secolo, a pro-
duit un vif émoi à Yildiz-Kiosque Sur l'ordre
du sultan, on vient de débarquer à Tripoli
20 000 fusils et un million de cartouches des-
tinés à être distribués aux indigènes.
Une balterie de canons Krupp a été euvoyée
pour l'armement des forts de la côte.
On suit avec un vif intérêt les événements
du Maroc, qui pourraient avoir une répercus-
sion dans l'cmuirv oU&waa»
A LA CAMPAGNE
LE GUI
Au gui, l'an neuf ! — Emblème de pros-
périté. — La fête du gui. — Les
« christmas ». — Une gracieuse
légende. — Un peu de bota-
nique. — Le gui et les
grives. — Un conseil.
« Au gui, l'an neuf » clamaient les druides,
quand la plante sacrée, séparée par la faucille
d'or du vieux tronc de chêne sur lequel elle
était attachée, tombait dans le drap immaculé
destiné à la recevoir.
Depuis ce temps — vieillot pourtant — le
gui a constamment été considéré comme un
emblème de prospérité et de bonheur.
Dans certaines provinces, le gui sert d'en-
seigne aux cabarets; il en est le bouchon sym-
bolique.
Dans d'autres pays, notamment en Bretagne,
on lui accorde l'extraordinaire pouvoir de faire
contracter des unions idéales. Les jeunes gens
et les jeunes filles organisent, dans ces pays, la
fête du gui. En troupes joyeuses autant que
nombreuses, garçons et filles s'en vont à la
forêt cueillir l'arbuste sacré en chantant :
0 filles et gars de Bretagne
Voici le jour
D'aller cueillir dans la campagne
Le gui d'amour.
Le jeune homme ou la jeune fille qui a la
chance de découvrir le premier la précieuse
touffe est créé roi ou reine par les autres. On
rentre au village triomphalement et le gui est
suspendu au-dessus de la porte d'entrée du roi
ou de la reine du gui.
Après cela, les jeunes filles de la bande pas-
sent, une à une, par dessous et, sans façon, se
laissent embrasser par tous les garçons qui ont
pris part à la fête.
Les christmas anglais et le gui
En Angleterre, le gui est la décoration, la
parure obligatoire des solennels christmas. Il
n'est pas jusqu'à la plus pauvre cabane qui
n'ait sa touffe de mislleloë ou gui.
On fait là-bas une consommation énorme de
touffes do gui, dans les Noëls britanniques.
Pour en ju&"er, il suffit de citer que, chaque
annéo, la compagnie Soulh-Western embarque
dans le port deSaint-Malo,del50,000 à 200,000
kilogrammes de touffes de gui.
Une gracieuse légende, de là-bas, dit que la
première jeune fille qui passera sous la porte
au-dessus de laquelle est placée la branche de
gui se mariera dans l'année.
Là-bas aussi, les jeunes gens peuvent, à l'oc-
casion du Christmas, embrasser les jeunes fil-
les qui passent sous la branche de gui. Aussi,
il faut voir les ingénieux subterfuges mis en
œuvre par les jeunes Anglais, pour amener les
jeunes miss sous la touffe de mistletoê.
Mais revenons à nos moulons, c'est-à-dire à
notre gui.
Ce qu'il est
Le gui est certes trop connu pour qu'il nous
soit nécessaire de le décrire, mais il n'est pas
sans intérêt de donner quelques détails sur
son mode de multiplication et sur sa manière
de vivre.
Au point de vue botanique, cette plante fait
partie de la famille des Loranthacèes. Il vit en
parasite sur plusieurs arbres de notre pays,
peupliers, pommiers, saules, tilleuls, or-
mes, etc.Les feuilles du gui sont persistantes;
aussi, on hiver, les touffes de gui s'aperçoivent
elles aisément sur les branches des arbres dé-
garnies de leurs feuilles. Les fleurs sont uni-
sexuéos, en d'autres termes, divisées en fleurs
mâles et en fleurs femelles. Ses fruits sont des
baies blanchâtres, rondes et contenant une
masse visqueuse au milieu de laquelle sa
trouve un noyau.
Les racines du gui ont la propriété de fuir la
lumière, aussi s'en foncen t-el les dans l'écorce
en développant de nombreux suçoirs qui em-
pruntent à l'arbre la nourriture nécessaire au
parasite.
Comment le gui se multiplie
Comme aujourd'hui nous n'en sommes plus
à croire aux générations spontanées, on peut
be demauder comment les touffes de gui se dé-
veloppent sur les branches plus ou moins éle
vées sur lesquelles on les trouve. En voici l'ex-
plication. Si nous aimons les grives, celles ci
aiment beaucoup les fruits du gui. Parfois, lors-
qu'elle? en ont mangé, il leur arrive de se po-
ser sur une branche et de. c'est scabreux.
se vidor. Non attaquées par le suc digestif, les
greines, mêlées aux déjections, tombent dans
un creux d'écorce, et, l'humidité aidant, elles
germant promptement et donnent naissanco à
de nouvelles plantes. Et voilà comme quoi les
grives vont ensemencer sur les branches et as-
surent au gui do nouvelles générations.
Le gui est-il nuisible ?
Sans hésitation, les uns disent oui, et cepen-
dant Gaston Bonnier, qui n'est pas le premier
venu, prétend le contraire.
D'après lui, il y aurait, entre le gui et l'ar-
bre qui lui sert d'hôte, une sorte d'association
analogue à celle de l'aveugle et du paralytique
du fabuliste, association qui donnerait satis-
faction à chacun d'eux.
Los recherches effectuées à ce sujet par M.
Bonnier ont eu pour résultat de démontrer que
le gui fournit à l'arbre un excès de carbone
qu'il fixe par ses feuilles en échange d'un pou
d'eau qu'il lui emprunte.
En attendant que la question soit bien tran-
chée, scientifiquement ot pratiquement, votre
chroniqueur agricole continuera à enlever le
gui de ses pommiers. — Faites-en autant.
A. MONTOUX.
L'INSURRECTION AU MAROC
La situation militaire
Le correspondant du Times à Tanger télégra-
phie, le 2 janvier :
« Aucune nouvelle officielle dans le courrier
d'hier soir, sinon que la situation à Fez ne
s'est pas modifiée.
« D'après certaines lettres privées, le frire du
sultan ejt arrivé à Fez ; d'après d'autres, il se-
rait mort à Méquinez. »
On mande de Gibraltar au Daily Telegraph.
le 2 janvier :
u Le frère du sultan du Maroc, Moulaï-Mo-
hammed, commandant les troupes impériales,
est parti de Fez, le 26 décembre, pour attaquer
les rebelles. »
Madrid, 3 janvier.
On mande de Melilla : >
Le gouverneur de la population marocaine
des aleDlours de la ville est parti pour Fez sur
l'ordre du sultan.
Le correspondant du Libéral à Fez a inter-
viewé deux ministres qui estiment que la si-
tuation a empiré.
Ils confirment quo le combat de Tasa fut dé-
sastreux pour les troupes impériales, qui sont
complètement indisciplinées.
Le général du sultan, Hac Ali Susi, est re-
venu à Fez grièvement blessé.
On mando de Tanger que les bureaux de
poste ne garantissent plus la remise des phs
recommandés.
Lo Libéral se fait l'écho de bruits qui lui
viennent de source particulière et suivant les-
quels le prétendant serait entré à Fez, ou il au-
rait "'ta",\! un bon aççuçil
r Le bruit court qu'un diplomate étranger, ac-
crédité à Madrid, aurait reçu un télégramme
de Tanger disant que la situation du sultan
est excessivement critique: les israélites doi
Foz, qui sont plus de 10.000, ayant élé, de la
part des ministres du sultan, l'objet de gran-
des injustices et de cruautés, seraient disposés
à donner leur appui au prétendant.
Lettre du sultan
Tanger, 3 janvier. r N
Deux cavaliers, partis le 24 décembre de
Fez, porteurs d'une lettre du sultan, sont arri-
vés à Tanger. ':
La lettre, lue à la grande mosquée ce matin
par le pacha, annonce qu'après une série de
succès des troupes chérifiennes, celles-ci ont
été battues le 23, après avoir été surprises au
milieu de la nuit.
Le sultan fait savoir qu'il ne tardera pas à
prendre lui-même le commandement de son
armée et qu'il espère pouvoir vaincre le maudit
agitateur. -
Un message semblable a été envoyé dans
toutes les villes soumises au sultan.
Les nouvelles de Fez arrivent lentement par
suite du mauvais état des routes.
LES AMICALES DES INSTITUTEURS DE FRANCE
Le comité administratif des Amicales d'insti-
tuteurs et d'institutrices de Franée et des
colonies s'est réuni à Paris, le 2 janvier,
sous la présidence de M. Bazenant,de Bordeaux.
Après examen de la situation, l'assemblée a
décidé de maintenir sans restriction l'ensemble
des revendications déjà présentées à M. le mi-
nistre de l'instruction publique.
Un ordre du jour de M. Murgier, de Versail-
les, protestant contre toute diminution de trai-
tement des institutrices, a été adopté.
LA QUESTION DE LA DETTE CHINOISE
Londres, 3-janvler.
On mande de Shanghaï au Timts, te 2 jan-
vier :
Le tao-taï de Shanghaï a payé l'échéance de
l'indemnité sur la base de l'argent.
Il a déclaré de nouveau ne pouvoir accepter
l'interprétation du protocole adoptée par le
comité des banquiers. La question devra être
portée à Pékin.
LES CONGRÉGATIONS
Une circulaire du ministre de l'inté-
rieur. — Autorisations refusées. —
La retraite de M. de St Rémy.
— A Marseille.
la Croix publie le texte suivant d'une circu-
laire que le ministre de l'intérieur vient d'a-
dresser à divorses congrégations de femmes au-
torisées qui avaient demandé l'autorisation par
décret rendu en Conseil d'Etat pour certains de
leurs établissements non autorisés :
MINISTÈRE DE EINTÉRIZUP.
ET DBS CULTES
- .;;' Paris, 23 décembre 1902.
Madame,
A la date du 27 juillet dernier; vous nous avez
adressé une demande tendant à obtenir l'autorisa-
tion prévue par l'article 13, paragraphe 8, de la loi
du 1" juillet 1901, notamment en faveur des éta-
blissements de votre congrégation situés dans le
département de., à.
Après examen des pièces produites à l'appui de
cette demande et des résultats de l'instruction à
laquelle il a été procédé, j'ai décidé qu'il n'y avait
pas lieu de transmettre les dossiers au Conseil
d'Etat en vue des autorisations sollicitées.
En conséquence, j'ai l'honneur de vous notifier
que votre demande est rejetée.en ce qui concerne,
ces établissements de votre congrégation.
Je vous rappelle qu'aux termes de la loi du 4 dé.
cembre 1902 sont passibles des peines portées 1
l'article 8, § 2 de la loi du 1" juillet 1901 (amende :
de 16 à 5,000 fr. et emprisonnement de six jours
à un an), tous individus qui, sans être munis do,
l'autorisation exigée par l'article 13, § 2, auront'
ouvert ou dirigé un établissement congréganiste,
de quelque nature qu'il soit, quo cet établissement-'
appartienne à la congrégation ou à des tiers, qu'il,
comprenne un ou plusieurs congréganistes. -
Le président du conseil,
ministre de l'intérieur et des Cultes
COMBES.
Les destinataires de cette circulaire ont reçu,
en même temps, de l'administration préfecto-
rale, la notification suivante :
Le préfet de.
En exécution de la décision ci-dessus,
Invite les religieuses de., domiciliées à., à se
retirer dans la huitaine, sous peine de poursuites
judiciaires, en vertu de la loi du 4 décembre
1902.
Le refus d'autorisation s'adresse à toutes les
œuvres qui constituent l'établissement visé.
Nous avons dit qu'en septembre dernier la
conseil d'Etat, consulté par le gouvernement,
avait émis l'avis que le ministre de l'intérieur
n'était pas tenu de lui soumettre les demandes
d'autorisation des établissements congréganis-
tes qu'il ne jugeait pas susceptibles d'être au-
torisés. C'est par application de cet avis que
M. Combes a envoyé la circulaire ci-dessus.
Le colonel de Saint-Rémy
La pension de retraite du lieutenant-colonel
Gaudin de Saint Rémy vient d'être liquidée à
3.895 francs.
On se rappelle que cet officier supérieur avait
été mis on retraite d'office par le ministre de la
guerre à la suite de sa condamnation à un
jour de prison par le conseil de guerre de
Nantes, pour avoir refusé, commandant par
intérim le 2' chasseurs, à Pontivy, d'intervenir
conformément à une réquisition préfectorale
pour la fermeture de l'école libre de Laoouê
(Morbihan).
Laïcisation
Marseille, 3 janvier.
Le conseil général des Bouches-du-Rhône,
réuni ce matin en session extraordinaire, a
confirmé son vole, précédemment discuté,d'una
somme de 50.000 francs destinée à la laïcisa-
tion immédiate de l'Hôlel-Dieu de Marseille,
avec cette restriction que la caisse du départe-
ment n'aura à fournir ce crédit que si le dé-
cret relatif à celle laïcisation ne met pas la mu-
nicipalité en demeure de pourvoir à toutes les
dépenses.
— —
LES FUGUES PRINClERES
A la Cour de Saxe. — La question dll
enfants. — Opinions.
Dresde, 3 janvier.
On fait diligeoco à la Cour de Saxè, pour
retrancher la Princesse de la famille royale.
La santé du roi de Saxe est assez précaire
pour qu'on appréhende un changement qui
ferait ipso facto la princesse reine en même
temps qu'il ferait roi lo prince héritier. On
s'occupe donc en hàte de remonter les rouages
de la vieille machine judiciaire prévue par la
loi de la maison de Saxe. Cette haute cour ma-
trimontalo ne promet, d'après le roscrit royal
qui la convoque, guère d'aménité dans sa pro-
cédure. Elle commencera par prononcer le
huis clos. Chaque partie sera représentée par
nu avocat. Ni le pluignant ni la défenderesse
ne seront tenus de comparaître en personne.
La cour prononcera sans revision ni appel. Le
jugement, avant d'être promulgué, sera o-"
mis au roi. C'est, ou un mot, la mort CIVil, t
sans phrase. 1 1
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