Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 juin 1908 28 juin 1908
Description : 1908/06/28 (N13988). 1908/06/28 (N13988).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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LE 4.: op SIÈCLE
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TRIBUNE LIBRE .:
lA. REVOLUTION. EN PERSE.
On nous disait, ces jours-
ci, que le représentant di-
plomatique de la Perse à Pa-
ns, interrogé par un journa-
liste sur les événements qui
ae coulent dans son pays,
avait tourna b questions emnaiiasadu-
tes en déclarait : « J'étudie la Révo-
lution française ».
Tous les peuplas qui, au milieu de
secousses, s'orientent vers la vie moder-
ne, se croient à l'âge où se trouvait la
France au printemps de 1789. Quand
la révolution russe éclata, après les vic-
toires japonaises, les publiâtes slaves
assimilèrent les journées russes aux
grandes « journées » de la Révolution
française.
Sans s'égarer dans des comparaisons
plus ou moins heureuses, il vaut mieux
rappeler ici que le parti révolutionnaire
a en Perse des racines profondes. C'est
se tromper étrangement que d'imaginer
qu'il s'agit d'un mouvement de mécon-
tents fomenté par l'Angleterre, ou d'un
simple géste impulsif conduisant à l'i-
mitation des partis révolutionnaires de
la Russie, le pays le plus voisin.
Assurément, les Anglais, jadis, ont eu
intérêt à s'appuyer sur tous les élé-
ments hostiles à la cour, lorsque les
schahs opposaient Pétersbourg à Lon-
dres. Mais, en l'état actuel des choses,
cela n'est ni vraisemblable ni vrai.
D'autre part, les Persans sont un peu-
ple trop caractérisé et trop original
pour se plier à une simple imitation des
organisations révolutionnaires russes.
Ecartons l'hypothèse d'un mimétisme
automatique qui n'expliquerait pas la
puissance de l'action révolutionnaire
dans l'Iran.
En réalité, il y a depuis longtemps en
Perse un parti musulman désireux de
façonner les institutions nationales sui-
vant le modèle occidental. C'est le parti
des Babys, qui rappellent par certains
côtés les « jeunes Turcs ».
Le fondateur du Babysme ne retenait
du vieil Islam que la notion du dieu
unique. « Sa morale, écrivait le savant
Jules Darmesteter, est une révolution :
c'est la.morale de l'Occident. Il suppri-
me la polygamie, la grande source de la
dégradation orientale ; il reconstitue la
famille et il relève l'homme en relevant
la femme à son niveau. »
Le Babysme, persécuté par le gouver-
nement, traqué par les autorités musul-
aianes, il y a un demi-siècle, a gagné
un grand nombre d'adhérents en Perse.
Il a développé des germes révolution-
naires qui devaient lever après la mort
du fondateur. Coups, violences, rien
n'y fit. Persécutés, les Babystes eurent
recours, pour se venger, aux attentats.
Comme leurs voisins les révolutionnai-
res russes, ils voulurent traiter les
schahs comme l'ont été certains tsars.
Nasser-eddin, il y a douze ans, fut leur
victime.
Mouzaffer-eddin, son successeur, dix
ans plus tard, se décida à donner une
constitution à al Perse ; il y installa un.1
Parlement ; la vie constitutionnelle com-
mença à fonctionner. Avait-il été gagné
aux idées de l'Occident par ses séjours
dans nos pays d'Europe, par ses rela-
tions avec nos concitoyens,par la crain-
te d'un mouvement révolutionnaire qui
n'est pas seulement moral, comme le
babysme, mais encore national ?
En effet, dans ttous les pays d'Asie,
les populations longtemps assoupies
: semblent s'éveiller au point de vue na-
tional. De même que les révolutionnai"
res chinois sont hostiles à la dynastie
tartare mandchoue, les révolutionnaires
persans sonft hostiles à la dynastie tur-
comane des Kadjars, qui règne depuis
le XVIIIe siècle et qui a établi sa ca-
pitale à Téhéran, au nord, en dehors de
la Perse proprement dite, de même que
Ses vainqueurs mandchous s'étaient ins-
tallés à Pékin, loin de Nankin et de la
Chine, mais près de Moukden, capitale
f sacrée de la Mandchourie.
Le jeune scllah, Ismaïl Khan, qui de-
puis deux ans manifeste une hostilité
visible au régime parlementaire, a cru
devoir revenir sur la politique de son
père. Assurément, il affecte de dissocier
le Parlement et les révolutionnaires, les
constitutionnels et les clubistes ; en réa-
lité il est entré dans la voie de la réac-
tion sanglante, et son appel à l'artille-
rie et aux cosaques nous fait imaginer
!Ju'iI n'a pas perdu la leçon que lui ont
donnée des maîtres de Pétersbourg et
de Moscou.
Après que le tsarisme eut vainement
(enté de vaincre parlementairêment les
deux premières Doumas, il prononça la
dissolution et prépara l'avènement
l'une Douma docile. De même, le schah
nemble préparer une nouvelle consulta-
tion nationale. S'il respecte la Consti-
tution comme il le promet, ce sera
après avoir recruté, à sa façon, les dé-
putés de son assemblée.
La lutte est engagée, à Téhéran, en-
tre l'autocratie inavouée et les partis
constitutionnels. Mais l'autocratie ne
tirera rien du pays. En faisant allusion
à la révolution babyste, Darmesteter,
qu'il faut citer encore, disait : « Si la
Perse peut encore être régénérée, c'est
par là qu'elle le sera. » La partie qui
se joue à Téhéran sera donc décisive.
Albert MÏLHAUD. -
OIP
LA POLITIQUE
MISE AU POINT
Il y a, au Sénat disaient
certains docteurs en politique,
deux majorités très. distinctes.
D'un côté, une majorité de
gaucheJsolide comme le granit,
pour les lois de laïcité, de l'au-
tre, une majorité de droite, ferme com-
me le roc, contre les réformes économi-
ques et sociales.
A force d'entendre répéter cette ren-
gaine, devenue classique, beaucoup de
braves gens avaient accepté cette double
formule d'un nouvel abécédaire politi-
que.
Le gouvernement, lui-même, s'y était
laissé prendre et avait fait un effort qui
faillit être nuisible, pour obtenir un ré-
sultat, acquis, hier, sans peine.
A la vérité, il y a, dans la Haute As-
semblée, une majorité sérieuse pour les
réformes laïques comme pour les réfor-
mes démocratiques. Nul besoin, pour la
grouper, de pression ou d'intimidation.
Il suffit de la solliciter avec de bons
arguments et des projets mûrement étu-
diés-
Un second point que la journée d'hier
a mis en lumière, ce sont les étrangetés
du scrutin, à propos des votes et des
abstentions que nous avions signalées,
ici-même, après la séance de jeudi. M.
Combes et ses amis ont fait à cet égard
des déclarations impressionnantes.
II est question d'une enquête. Il im-
porte qu'elle soit faite vite et qu'elle
aboutisse.
LES ON-DIW
NOTRE ACEND-AI
Aujourd'hui samedi :
Lever du soleil, à 4 heures. Coucher, à
8 h. 5.
Courses à Sajnt-Clou, ..- 1
Légende canadienne .,
Au commencement, Dieu, pour peu-
pler le monde, voulut créer un homme
de chaque nation. Il prit une motte de
terre, la pétrit, et, détachant un mor-
ceau, en façonna successivement un nè-
gre, un Chinois, un Indien.
Quand la motte de terre fut épuisée,
il manquait encore deux hommes pour
arriver au nombre qu'il s'était lui-même
fixé. Que faire ? Ne trouvant pas de
terre à son gré, Dieu étendit les bras et
saisit le premier animal qui lui tomba
sous la main. C'était un papillon. Il lui
rogna les ailes, lui fit des bras et des
jambes, souffla dessus pour lui donner
une âme et le mit sur un coin de terre.
Ce fut le Français. s
D'un second mouvement semblable
au premier, le Créateur étendit encore
la main et saisit de nouveau le premier
animal qu'il rencontra. Cette fois, il se
trouva que c'était une fourmi ; il 'lui fit
subir la même opération, lui donna la
figure d'un homme, lui insuffla une
âme et le plaça dans un autre coin de
terre. Ce fut le premier Anglais.
L'Anglais est toujours demeuré quel-
que peu fourmi, et le Français toujours
un peu papillon.
Le timbre le -plus curieux
Les philatélistes américains se bat-
tent en ce moment à coups de dollars
autour d'une valeur postale unique
qu'ils appellent « les envois postaux de
San-Franscisco ».
Au lendemain de la terrible catastro-
phe; il était impossible aux centaines
de mille personnes qui campaient en
plein air de se procurer du papier à let-
tre pour donner de leurs nouvelles aux
parents et amis. Toujours pratique et
surtout serviable, l'administration des
postes américaine autorisa alors les si-
nistrés à se servir, pour leur corres-
pondance, de h5importe quel obH. de
dimensions modestes, sur lequel il llH
possible de tracer des mots, à la plu-
me ou au crayon : mouchoirs, petits
bouts de bois, morceaux de toile, de
coton, de cuir, couvercles de boîtes à
sardines, etc. Tous ces objets ont été
expédiés sans enveloppe et en franchise
de port ; ils ne sont, par conséquent,
munis d'aucun timbre, mMs ils portent
le cachet dateur du bureau d'expédition.
Il n'y en aura pas assez pour tous les
collectionneurs.
AUTREFOIS
Rappel du 28 juin 1872. — Le Times prê-
te à un certain nombre de droitiers l'inten-
tion de démissionner afin de provoquer des
élections dans toutes les parties de la Fran-
ce. Ce bruit est accueilti en France par des
sourires d'incrédulité.
L'Union républicaine charge trois de ses
membres : MM. Schoelcher, Edouard MiL-
laud et Bouchet, de procéder à une enquête
sur les mauvais traitements dont se plai-
gnent les détenus politiques.
Le nombre des timbres-poste fabriqués
en France est d'environ 450 millions par
an. L'administration les paye 60 centimes
le mille. Quand la fabrication atteindra
500 miUions, ce prix sera abaissé.
Au synode protestant ,les pasteurs Ba-
bue, de Nîmes, el Pernessin, de Marseille,
ont demandé la séparation de l'Eglise et
de l'Etal. Ils ont été fort applaudis*
COmpte dfapothicaire
Cette expression vient indirectement
de la comédie de Molière. Comme il ■
cherchait un nom pour son personnage
de l'apothicaire dans le Malade imagi-
naire, il rencontra par la ville un M,
Fleurant qui s'en allait opérer, les ar-
mes à la main, et il lui emprunta son
nom.
Ce nom eut un tel succès, que chactbo,
voulut devenir son client, et la publi-
cité du théâtre lui valut une fortuno.
On se moquait de M. Fleurant, mais on
l'employait, et quand venait le jour de
la présentation. des mémoires. M. Fleu-
rant prenait sa revanche, et riait bie'a
qui riait le dernier.
C'est depuis cette époque que lefi
« comptes d'apothicaire » sont devenw)
légendaires.
La fowshette à travers le monde
La fourchette est, chez un peupfy,
l'indice certain de son degré de civili-
sation.
La statistique suivante est l'indis-
pensable développement de cette vériisé.
Les sauvages piquent leurs aliments
Avec une seule pointe. Les peuples du
NV>i'd une fourchette à deux dents. La
iotarssihettie anglaise a. trois dents. La
fourchette française en a quatre. E!He
représente donc la civilisation la plus
avancée. - -',
Les Crimes mystérieux
lJôB première. arrestation
M. Albanel fait arrêter Renard. — Un
exemple à sutvre et qu'on ne suivra
sans doute pas
M. Albanel, plus heureux que son
collègue, M. Leydet, qui n'a encore
découvert aucune piste dans l'affaire'
; Steinheil, vient de faire arrêter Renard,
le maître d'hôtel de l'ancien financier
Rémy. Ce dénouement était prévu de-
ipuis quelques jours, depuis que l'ins-
truction avait enfin songé à s'orienter
sur une piste autre que celle d'imagi-
naires cambrioleurs de bas étage.
« Nous avons cru devoir arrêter Re-
nard, a dit M. Albanel, mais peut-être
n'est-ce là au'un commencement. Les
portes de la Santé restent entre-bail-
lées. »
Ces paroles, que le juge d'instruction
n'a pas dû prononcer à la légère, pa-
raissent indiquer que d'autres arresta-
tions vont avoir lieu dans l'entourage
de la victime de la rue de la Pépinière.
Et. nous croyons que l'instruction va se
trouver en présence d'un bien malpro-
pre pot-aux-roses dans cette mystérieu-
se - affaire.
Renard aurait déjà fait à ce sujet, en
ce qui le concerne personnellement,
des aveux très suggestifs et qui mon-
trent qu'il existait d'étranges mœurs
sous le toit de M. Rémy.
Mais. attendons la fin, car l'instruc-
tion paraît être bien aiguillée cette fois,
et nous devons reconnaître que M. Ha-
mard, par son enquête menée parallè-
lement à cette instruction, a largement
contribué au premier résultat obtenu.
Puissions-nous avoir à lui adresser
bientôt les mêmes éloges en ce qui con-
cerne l'affaire Steinheil ! Mais peut-
être, en cette affaire, n'y a-t-il pas la
même unité de vues entre le juge et lui,
que celle que l'on peut constater dans
l'affaire Rémy ? -
Telles sont, du moins, les rumeurs
qui ont cburu depuis qu'il a été dit
que le juge d'instruction avait eu des
relations d'amitié avec la famille Stein-
heil et que le chef de la Sûreté avait
changé d'avis, en ce qui concerne la
qualité des assassins.
L'exemple vient de montrer à quels
résultats peut aboutir une bonne enten-
te entre l'instruction et la Sûreté. Il n'y
a qu'à s'inspirer de cet exemple si l'on
veut aboutir également à des résultats
dans l'affaire de l'impasse Ronsin.
L'opinion publique, qui est simpliste,
ne s'explique pas qu'une-enquête et une
instruction n'aillent pas de conserve.
Elle croit, non sans raison, qu'un man-
que d'entente entre les divers éléments
d'action de la justice ne peut que para-
lyser cette action et embrouiller les si-
tuations parfois les plus claires.
Nous n'avons certes pas ménagé nos
critiques à l'égard de M. Hamard, ma;f-¡
peut-être n'a-t-il pas été seul à les mé-
riter. Peut-être a-t-il rencontré. sur. sa
route. des entraves* des embûches oui
l'ont arrêté ou tout au moins rendu hé-
sitant.
S'il en était ainsi, peut-être aurait-on
le devoir de s'en préoccuper en haut
lieu.
En attendant, les jours, les semaines
passent, et bientôt passeront les mois,
c'est-à-dire un temps plus que suffisant
pour que les traces des coupables dis-
paraissent tout à fait et que ceux-ci
puissent se ressaisir complètement.
Les instituteurs laïques
< des Landes
Au banquet de l'Amicale des instituteurs
et institutrices qui eut lieu récemment à
Mont-de-Marsan, -et auquel ne put assister
le préfet des Landes, M. Rosapelly, ce
fonctionnaire fut l'objet d'une manifesta-
tion de respectueuse sympathie que nous
nous empressons de souligner, parce
qu'elle fut l'expression des sentiments de
reconnadssance de tout le corps enseignant
à son adresse pour avoir défendu les ins-
tituteurs attaqués par les politiciens aux-
quels nous faisions allusion dans nos nu-
méros des 17 et 18 avril dernier.
M. Lamaison, président de l'Amicale,
cpn se fit en la circonstance l'interprète de
tous ses collègues, ajouta :
Les instituteurs ne se désintéressent pas du
mouvement des idées ; ils ne sont pas les hom-
mes du juste milieu, mais partisans die l'inéluc-
table évolution ; ils s'acquittent, en bons éduca-
teurs, de leur tâche professionnelle : ils ont, au
plus haut point, le souci de l'avenir de l'école
laïque, cjontipe laquelle conspirent toutes les
puissances de la réaction.
Et aiprôs aMoir signalé les abus aux-
quels donne lieu parfois l'ingérence, dans
les choses de l'école, des hommes politi-
ques à tendances réactionnaires et progres-
siste. il a assuré la République du dé-
vouement des instituteurs et de l'indisso-
lubilité du lien qui l'unit à l'enseignement
laïque.
Nous avons d'autant plus de plaisir à
féliciter les courageux instituteurs des
Larges de leur manifestation, que nous les
savons en butte à une foule de tracasse-
ries politiques et que leur dévoué préfet,
qui n'est pas un inconnu pour nous, se
trouverait menacé, nous dtit-on, pour avoir
soutenu leur légitime cause.
Ali ! ces instituteurs, quel péril ils cons-
tituent afux yeux des pseudo-républicains
prêts aux tpires compromissions électorales
pour conserver une popularité et un pou-
voir qui menacent d'e leur échapper ! Bien-
tôt * nous verrons ces trisrfcea'Tepréwentattt»
du peuple s'unir, pour exercer de basses
vengeances. aux cléricaux qui proclament
la guerre & l'école laïque.
C'est presque chose faite déjà dans les
Landes, mais cette vilaine besogne ne s'ac-
;oomplira pas sans que l'on ait à lutter
contre les efforts et les IS'acrifices du corps
enseignant laïque, bien malgré lui mêlé à
la bataille qui s'annonce.
Tous nos encouragements vont à ceux
qui ne font que défendre l'école laïque en
se défendant eux-mêmes contre leurs ad-
versaires. — P. G.
L'AUTONOMIE
Le Rappel a très bien défini, dans son
numéro du 18 juin, la situation des Anna-
mites au regard de la France.
Le mécontement actuel est dû à la fois
au régime fiscal appliqué au Tonkin et à
l'Annam et au mode de recrutement des
agents coloniaux.
Ce recrutement — pourquoi le dissimu-
ler ? est loin d'être parfait. Il contient des
éléments disparates et de compétences
douteuses.
On ne trouve pas toujours la crème des
fonctionnaires subalternes pour s'expatrier
à des distances aussi considérables. On
prend ce qu'on peut. La quantité est là,
mais la qualité laisse souvent à désirer,
au point de vue de l'éducation et de la
bienveillance.
C'est à cet état de choses qu'on doit, en
grande partie, les mécomptes que nous
éprouvons.
Le meilleur moyen de remédier à une si-
tuation grosse de conséquences, c'est d'i-
miter, en tous points, le système colonial
anglais. En assurant aux Asiatiques l'au-
tonomie complète, en respectant scrupuleu-
sement leurs traditions, leur religion et
leurs coutumes, en ne heurtant ni leurs ha-
bitudes, ni leur foi, on assurera plus sûre-
ment la possession de l'Indo-Chine qu'avec
la force.
Le jour où l'Indochinois trouvera dans
la France, non pas un oppresseur, mais un
protecteur, en n'aura rien à redouter des
menées chinoises ou japonaises.
Les Anglais en usant du système préc,
ont sauvé le Canada' de l'absorption des
Etats-Unis.
Si les Anglais n'avaient pas accordé l'au-
tonomie aux Canadiens, il est certain que
i:e Dominion serait entré dans l'orbite de la
grande république américaine et se serait
détaché de la Métropole. Grâce à l'autono-
mie, le Canada n'a nulle envie de se ratta-
Jiher aux Etats-Unis. Il défendrait même son
indépendance contre ses voisins. L'Angle-
'Serre conserve donc une colonie précieuse
tsans dépenser beaucoup d'argent.
Pourquoi n'obtiendrions-nous pas le
même résultat en Indo-Chine ?
Pourquoi ne convertirions-nous pas les
Annamites et les Tonkinois autonomes en
défenseurs acharnés de leur propre terri-
l'oire ?
Les Indo-Chinois ne tiendront pas, on
peut en être certain, à tomber sous a do-
mination d'une puissance asiatique, quand
ils auront apprécié les bienfaits d'une ad-
ministration tolérante, libéraient intelligen-
te.
.Qu'on ne cherche surtout pas à « ci.vili-
ser » nos -sujets asiatiques. Ils ne tiennent
•las plus à notre civilisation qu'à nos cultes.
Qu'on leur fiche la paix à ce propos, et tout
n'a à merveille.
L'autonome avec le respect des. croyan-
ces et des traditions : voilà la solution du
grave problème indo-chinois.
Aurons-now la volonté de résoudre cette
question vitale ?
i ,Q'.n pense M. Klphukowskï ? î, G.
TRIBUNE CORPORATIVE
1
AMm'ilnfiw, FimiB. il M
Chaque fois qu'un conflit diplomati-
que surgit, l'Administration militaire
déclare que nos places fortes ne sont
pas suffisamment armées et approvis-
sionnées pour résister à l'ennemi. Ce-
pendant, depuis dix ans, plus d'un mil-
liard a été englouti au nom de la défense
nationale. Alors, qu'en a-t-elle fait ? Ce
n'est pas le Parlement qui dispose des
crédits de la défense nationale, ainsi
qu'elle l'insinue ; c'est elle.
Les rossignols, les fausses manœu-
vres et les travaux inutiles mangent d'a-
bord un tiers des crédits ; le reste est
absorbé à raison de 50 par les frais
généraux — L'exécution de certaines
commandes coûte à l'Etat, de 300 à
400 de frais généraux — La valeur
de la production nette ne dépasse donc
guère 25 des crédits votés par le
Parlement.
A chaque allocation nouvelle de cré-
dits supplémentaires, correspond une
surélévation des frais généraux pour l'a-
venir. On crée des services, on construit
des bâtiments, on organise des ateliers
supplémentaires, on augmente le per-
sonnel, et lorsque ces crédits sont dé-
pensés, il subsiste des organes nou-
veaux, amplifiés, développés, pour les-
quels les ressources ordinaires du bud-
get sont insuffisantes. Le matériel de
guerre serait au complet, supérieur à
celui des puissances voisines, que l'Ad-
ministration militaire, dans le seul but
de faire vivre ses services, en deman-
derait la transformation.
L'Administration militaire, lorsqu'elle
établit ses prévisions budgétaires, ne
s'inquiète, ni des quantités de matériel
et d'approvisionnements manquantes ni
si les ressources du pays peuvent satis-
faire ses prétentions ; elle n'envisage
que le total des dépenses quelle consi-
dère comme obligatoires pour mainte-
nir la complexité et la prépondérance de
son organisme. Sa grande préoccupa-
tion est de tromper le Parlement ; de
trouver les prétextes^qui couvriront les
majorations de ses prévisions de dé-
penses. Si tel honorable a tiqué l'année
précédente sur l'exagération d'une dé-
pense, elle l'enfouit l'année suivante
sous une rubrique confuse qui en
abrite un amas d'autres. Elle tire sur
le budget jusqu'aux limites de son élas-
ticité ; quand il est à bout et qu'elle a
usé les nombreux expédients à sa por-
tée, elle se tire d'affaire à nouveau avec
les crédits supplémentaires. Et ainsi de
suite ; dans l'abondance, eHe gaspille
et dans la disette, elle s'endette.
Si le Parlement ne supprime pas la
,moitié, des frais généraux qu'exigent la
'construction et l'entretien du matériel
ide guerre, s'il continue à accepter en
jguise de justifications des dépenses de
l'Administration les trémolos patrioti-
ques de ses amis, le pays n'aura jamais
de finances et pas davantage de canons.
Toute son attention doit se porter sur
les agissements des états-majors parti-
culiers de l'artillerie et du génie ainsi
que sur ceux des officiers généraux da
ces deux armes. Certains accusent J'E-
tat-Major Général de l'armée de tous les
méfaits ; qu'ils se donnent la peine de
consulter l'annuaire de l'artillerie et ils
verront qu'elle arme domine dans cet
état-major. Ils examineront en mêma
temps, si le nombre de généraux d'ar-
tillerie qui gravitent autour de la mai-
son de la rue Saint-Dominique, sans
autre occupation véritable que d'appor-
ter leur contingent d'opposition aux ra-
res œuvres saines-des ministres de la
guerre, n'est pas d'une exagération in-
quiétante.
Les trois quarts et plus des officiers
des états-majors particuliers de l'artil-
lerie et du génie sont dotés de sinécu-
res ; pour justifier leurs emplois, ils
créent des besoins qui n'existent pas.
En disparaissant, ces officiers ren-
draient à la production le nombreux
personnel subalterne que nécessite plu-
tôt leur présence que leurs fonctions.
L'utilité des officiers des états-majors
particuliers ne peut-être défendue que
par les gens qui considèrent l'armée
comme quelque chose d'exploitable.
Pour apporter dans les services de la
défense nationale, l'esprit de loyauté, de
probité, d'ordre et de méthode qu'on y
ignore, par atavisme, il faut absolument.
rompre l'unité des armes spéciales. 113
faut que celles-ci cessent de diriger à la
fois les états-majors, les troupes, les
ateliers, les constructions, le matériel
et les crédits de la défense nationale.
Les états-majors particuliers ont fait
leurs preuves, ils sont restés au-dessous
de tout, ils doivent abdiquer, s'ils n'ab-
diquent pas, ils éclateront comme la'
grenouille du bon Lafontaine, au mo-
ment précis ou le pays aura besoin
d'eux.
La fusion du matériel de l'artillerie et
du génie avec la classification par ordre
professionnel des personnels et des ser-
vices des états-majors particuliers sont
les seuls remèdes capables d'enrayer le
mal dont meurt la défense nationale.Et
qu'on n'hésite pas, devant les criaille-
ries des réactionnaires blancs et rou-
ges. à porter la hache dans l'organisa-
tion actuelle, la maison à démolir est
en bois et toute en façade ; c'est une
boite à musique. Pour reconstruire la
maison sur des bases solides, les élé-
ments ne manquent pas.on les trouvera
dans la Démocratie libérée qui présen-
tement s'agite impuissante en démons
trations stériles, pendant qu'on exploite
la patrie.
L'Administration militaire tient s?
puissance de l'opinion publique qui la
croit loyale, intelligente, probe et dé-
vouée ; qu'on divise d'une façon ration.,
nelle et logique cette puissance dont elle
abuse ;qu'on en fasse un organe plus
modeste et c'en sera fini avec cette per-
pétuelle équivoque qu'elle a entretenue
à plaisir et qui a conduit la France ait
boulangisme et au nationalisme. ,
- LA JOURNEE PARLEMENTAIRE
;-. ',.,.- ,. :Ifl¡/> ,.,.
::; I:&, -,;", -: -"
AU SÉNAT 1
Un incident. — M. Emile Combes dé-
clare avoir voté contre la motion
Prevet. — Quatorze bulletins
républicains disparus.-
Le rachat
C'est au milieu d'une très vive agitation
que s'est ouverte, à 2 h .45, sous la prési-
dence de M. Antonin Dubost, la séance du
Sénat.
Le bruit s'était répandu dans la matinée
que, par suite d'un accident sur la nature
duquel on n'était pas fixé, le vote de la
veille sur la motion Prevet, avait été mo-
difié, au détriment de la majorité. Un cer-
tain nombre de bulletins de gauche avaient
disparu pendant le scrutin. C'est de la sorte
que la majorité contre la commission n'a-
vait été que de trois voix, quand elle aurait
dû être d'une vingtaine de bulletins.
Ajoutons que, dans la matinée d'hier, une
âemarclie avait été faite, auprès de M. Cle-
menceau, par un certain nombre de séna-
teurs, MM. Oesmons, Bonneîoy-Sibour,
Crémieux, Maurice Faure et Louis Blanc.
Ces sénateurs étaient venus déclarer que
M. Donnefoy-Sibour avait voté contre la
motion Prevet pour un certain nombre de
ses collègues et que dix-sept des bulletins
déposés par lui n'avaient pas été retrouvés
lors du pointage. Au nombre de ce.s bulletins
se trouvait notamment celui de M. Emile
Combes, porté par suite, contre son gré et
contre son vote, comme s'étant abstenu.
LES RECTIFICATIONS DE VOTE
Aussitôt après la lecture du procès-verbal
se produisent les rectifications prévues
M.Boudenoot déclare qu'il a été porté com-
me s'étant abstenu dans le vote sur la mo-
tion préjudicielle tendant à ajourner jus-
qu'en octobre la 'discussion du projet de ra-
chat de l'Ouest. Il déclare avoir voté pour
la motion. *
M. Boudenoot est le seul membre de la
minorité qui soit dans ce cas. Toutes les au-
tres rectifications sont faites par des mem-
bres de la gauche.
M. Couyba dit qu'un certain nombre Je
ses collègues'et lui, MM. Desmons, Dçf arge,
Barbalâ. Sigallas, Vieu, Combes, Chabertc
Emmanuel Arène, etc., en tout quatorze sé-
nateurs, portés comme s'étant abstenue
dans le vote sur la motion d'ajournement,
avaient voté contre cette motion. Il proteste
contre la dénaturâtion de son vote et celui
de ses collègues et demande que cette pro*
testation collective figure au procès-verbal.
M. Emmanuel Arène. — Nous demandons une
enquête.
Successivement, MM. Goirand, Vieil-
Hayez, Barbaza, Jules Brisson Desanons,
Victor Méric, SigaHas, Chabert. Gobron,
GuiUemaut, Fagot, Honoré Leygu-c,Magnien:'
Giaccobi, déclarent qu'ils ont été portée
comme s'étant abstenus et qu'ils ont en réa*
lité voté contre la motion préjudicielle.
DECLARATION DE M. EMILE COMBES,
M. Emile Combes accueilli par les api
plauaissements des gauches et par les mur*
mures des réactionnaires, monte à la tribu?
ne et lait une déclaration très explicite :
M. Emile Combes. — (Vils applaudissements
à gauche.)
A droite : Voilà l'oiseau noir !
M. Etaite Combes. — J'ai, en ellcl, méril de
ce côté (la droite) le titre d'oiseau noir. (Bruit.;
M. de Lamarzelle. — Ce n'est pas nous qui
vous avons appelé ainsi !
M. llalgan. — C'est le président du conseil.
(Bruit.) -
M. Emile Combes. — Peu m'imporle l'inter-
prétation qui est-d-Gnnée de ma conduite ; mes
actes sont soumis au jugement de mes élec-
teurs et de l'histoire. (Murmures à droite et a~
centre. — Très bien ! très bien ! à gauche.)
Dès le premier jour de cette session, j'ai réuni
le groupe de la gauche démocratique peut- sa-
voir quelle conduite il entendait tenir dans la
discussion du rachat de l'Ouest. Je lui ai de-
mandé et il a consenti à la quasi unanimité à
appuyer le gouvernement dans cette discussion.
Pour ma part, je n'ai cessé de dire à tous
ceux qui m'ont consulté —- tout en leur con-
seillant de voter selon leur conscience — que
je considérais le rachat de l'Ouest comme un
article essentiel du programme au parti radi-
cal. Prévoyant le cas où je serais absent au
moment Où vote,. j'avais donné a mon collè-
gue, M. Bonnefoy Sibour, des instructions for"
melles pour qu'il me fit voter pour le rachat.
M. Bonne[oy-Sibour. — C'est vrai !
M. Emile ComfMs. - Aussi ai-je été très sur.
pris, ce matin, de recevoir une lettre de M.
1. Bonnefüy-Sihour, m'annonçant que ] étais porte
parmi les abstentionnistes.
J'ai jûensè d'abmq que, par inadvertance,
deux bulletins, l'un blanc. Vautre bleu, s an*
"J ri. ¡Ch - Dl.eSB or a.D, - -. d. -."- "P_: .0 C. 'L" '£1. ", -. -. 1..f.UA -rU&U.: .I.--- -_u_-::'-
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FONDATEUR : EDMOND ABOXJT ;
ADMINISTRATION: 14* RUE DU MAIL. - TÊLEPflONB 102 89
Adresser lettres et mandate à F Administrateur
* -
--
TRIBUNE LIBRE .:
lA. REVOLUTION. EN PERSE.
On nous disait, ces jours-
ci, que le représentant di-
plomatique de la Perse à Pa-
ns, interrogé par un journa-
liste sur les événements qui
ae coulent dans son pays,
avait tourna b questions emnaiiasadu-
tes en déclarait : « J'étudie la Révo-
lution française ».
Tous les peuplas qui, au milieu de
secousses, s'orientent vers la vie moder-
ne, se croient à l'âge où se trouvait la
France au printemps de 1789. Quand
la révolution russe éclata, après les vic-
toires japonaises, les publiâtes slaves
assimilèrent les journées russes aux
grandes « journées » de la Révolution
française.
Sans s'égarer dans des comparaisons
plus ou moins heureuses, il vaut mieux
rappeler ici que le parti révolutionnaire
a en Perse des racines profondes. C'est
se tromper étrangement que d'imaginer
qu'il s'agit d'un mouvement de mécon-
tents fomenté par l'Angleterre, ou d'un
simple géste impulsif conduisant à l'i-
mitation des partis révolutionnaires de
la Russie, le pays le plus voisin.
Assurément, les Anglais, jadis, ont eu
intérêt à s'appuyer sur tous les élé-
ments hostiles à la cour, lorsque les
schahs opposaient Pétersbourg à Lon-
dres. Mais, en l'état actuel des choses,
cela n'est ni vraisemblable ni vrai.
D'autre part, les Persans sont un peu-
ple trop caractérisé et trop original
pour se plier à une simple imitation des
organisations révolutionnaires russes.
Ecartons l'hypothèse d'un mimétisme
automatique qui n'expliquerait pas la
puissance de l'action révolutionnaire
dans l'Iran.
En réalité, il y a depuis longtemps en
Perse un parti musulman désireux de
façonner les institutions nationales sui-
vant le modèle occidental. C'est le parti
des Babys, qui rappellent par certains
côtés les « jeunes Turcs ».
Le fondateur du Babysme ne retenait
du vieil Islam que la notion du dieu
unique. « Sa morale, écrivait le savant
Jules Darmesteter, est une révolution :
c'est la.morale de l'Occident. Il suppri-
me la polygamie, la grande source de la
dégradation orientale ; il reconstitue la
famille et il relève l'homme en relevant
la femme à son niveau. »
Le Babysme, persécuté par le gouver-
nement, traqué par les autorités musul-
aianes, il y a un demi-siècle, a gagné
un grand nombre d'adhérents en Perse.
Il a développé des germes révolution-
naires qui devaient lever après la mort
du fondateur. Coups, violences, rien
n'y fit. Persécutés, les Babystes eurent
recours, pour se venger, aux attentats.
Comme leurs voisins les révolutionnai-
res russes, ils voulurent traiter les
schahs comme l'ont été certains tsars.
Nasser-eddin, il y a douze ans, fut leur
victime.
Mouzaffer-eddin, son successeur, dix
ans plus tard, se décida à donner une
constitution à al Perse ; il y installa un.1
Parlement ; la vie constitutionnelle com-
mença à fonctionner. Avait-il été gagné
aux idées de l'Occident par ses séjours
dans nos pays d'Europe, par ses rela-
tions avec nos concitoyens,par la crain-
te d'un mouvement révolutionnaire qui
n'est pas seulement moral, comme le
babysme, mais encore national ?
En effet, dans ttous les pays d'Asie,
les populations longtemps assoupies
: semblent s'éveiller au point de vue na-
tional. De même que les révolutionnai"
res chinois sont hostiles à la dynastie
tartare mandchoue, les révolutionnaires
persans sonft hostiles à la dynastie tur-
comane des Kadjars, qui règne depuis
le XVIIIe siècle et qui a établi sa ca-
pitale à Téhéran, au nord, en dehors de
la Perse proprement dite, de même que
Ses vainqueurs mandchous s'étaient ins-
tallés à Pékin, loin de Nankin et de la
Chine, mais près de Moukden, capitale
f sacrée de la Mandchourie.
Le jeune scllah, Ismaïl Khan, qui de-
puis deux ans manifeste une hostilité
visible au régime parlementaire, a cru
devoir revenir sur la politique de son
père. Assurément, il affecte de dissocier
le Parlement et les révolutionnaires, les
constitutionnels et les clubistes ; en réa-
lité il est entré dans la voie de la réac-
tion sanglante, et son appel à l'artille-
rie et aux cosaques nous fait imaginer
!Ju'iI n'a pas perdu la leçon que lui ont
donnée des maîtres de Pétersbourg et
de Moscou.
Après que le tsarisme eut vainement
(enté de vaincre parlementairêment les
deux premières Doumas, il prononça la
dissolution et prépara l'avènement
l'une Douma docile. De même, le schah
nemble préparer une nouvelle consulta-
tion nationale. S'il respecte la Consti-
tution comme il le promet, ce sera
après avoir recruté, à sa façon, les dé-
putés de son assemblée.
La lutte est engagée, à Téhéran, en-
tre l'autocratie inavouée et les partis
constitutionnels. Mais l'autocratie ne
tirera rien du pays. En faisant allusion
à la révolution babyste, Darmesteter,
qu'il faut citer encore, disait : « Si la
Perse peut encore être régénérée, c'est
par là qu'elle le sera. » La partie qui
se joue à Téhéran sera donc décisive.
Albert MÏLHAUD. -
OIP
LA POLITIQUE
MISE AU POINT
Il y a, au Sénat disaient
certains docteurs en politique,
deux majorités très. distinctes.
D'un côté, une majorité de
gaucheJsolide comme le granit,
pour les lois de laïcité, de l'au-
tre, une majorité de droite, ferme com-
me le roc, contre les réformes économi-
ques et sociales.
A force d'entendre répéter cette ren-
gaine, devenue classique, beaucoup de
braves gens avaient accepté cette double
formule d'un nouvel abécédaire politi-
que.
Le gouvernement, lui-même, s'y était
laissé prendre et avait fait un effort qui
faillit être nuisible, pour obtenir un ré-
sultat, acquis, hier, sans peine.
A la vérité, il y a, dans la Haute As-
semblée, une majorité sérieuse pour les
réformes laïques comme pour les réfor-
mes démocratiques. Nul besoin, pour la
grouper, de pression ou d'intimidation.
Il suffit de la solliciter avec de bons
arguments et des projets mûrement étu-
diés-
Un second point que la journée d'hier
a mis en lumière, ce sont les étrangetés
du scrutin, à propos des votes et des
abstentions que nous avions signalées,
ici-même, après la séance de jeudi. M.
Combes et ses amis ont fait à cet égard
des déclarations impressionnantes.
II est question d'une enquête. Il im-
porte qu'elle soit faite vite et qu'elle
aboutisse.
LES ON-DIW
NOTRE ACEND-AI
Aujourd'hui samedi :
Lever du soleil, à 4 heures. Coucher, à
8 h. 5.
Courses à Sajnt-Clou, ..- 1
Légende canadienne .,
Au commencement, Dieu, pour peu-
pler le monde, voulut créer un homme
de chaque nation. Il prit une motte de
terre, la pétrit, et, détachant un mor-
ceau, en façonna successivement un nè-
gre, un Chinois, un Indien.
Quand la motte de terre fut épuisée,
il manquait encore deux hommes pour
arriver au nombre qu'il s'était lui-même
fixé. Que faire ? Ne trouvant pas de
terre à son gré, Dieu étendit les bras et
saisit le premier animal qui lui tomba
sous la main. C'était un papillon. Il lui
rogna les ailes, lui fit des bras et des
jambes, souffla dessus pour lui donner
une âme et le mit sur un coin de terre.
Ce fut le Français. s
D'un second mouvement semblable
au premier, le Créateur étendit encore
la main et saisit de nouveau le premier
animal qu'il rencontra. Cette fois, il se
trouva que c'était une fourmi ; il 'lui fit
subir la même opération, lui donna la
figure d'un homme, lui insuffla une
âme et le plaça dans un autre coin de
terre. Ce fut le premier Anglais.
L'Anglais est toujours demeuré quel-
que peu fourmi, et le Français toujours
un peu papillon.
Le timbre le -plus curieux
Les philatélistes américains se bat-
tent en ce moment à coups de dollars
autour d'une valeur postale unique
qu'ils appellent « les envois postaux de
San-Franscisco ».
Au lendemain de la terrible catastro-
phe; il était impossible aux centaines
de mille personnes qui campaient en
plein air de se procurer du papier à let-
tre pour donner de leurs nouvelles aux
parents et amis. Toujours pratique et
surtout serviable, l'administration des
postes américaine autorisa alors les si-
nistrés à se servir, pour leur corres-
pondance, de h5importe quel obH. de
dimensions modestes, sur lequel il llH
possible de tracer des mots, à la plu-
me ou au crayon : mouchoirs, petits
bouts de bois, morceaux de toile, de
coton, de cuir, couvercles de boîtes à
sardines, etc. Tous ces objets ont été
expédiés sans enveloppe et en franchise
de port ; ils ne sont, par conséquent,
munis d'aucun timbre, mMs ils portent
le cachet dateur du bureau d'expédition.
Il n'y en aura pas assez pour tous les
collectionneurs.
AUTREFOIS
Rappel du 28 juin 1872. — Le Times prê-
te à un certain nombre de droitiers l'inten-
tion de démissionner afin de provoquer des
élections dans toutes les parties de la Fran-
ce. Ce bruit est accueilti en France par des
sourires d'incrédulité.
L'Union républicaine charge trois de ses
membres : MM. Schoelcher, Edouard MiL-
laud et Bouchet, de procéder à une enquête
sur les mauvais traitements dont se plai-
gnent les détenus politiques.
Le nombre des timbres-poste fabriqués
en France est d'environ 450 millions par
an. L'administration les paye 60 centimes
le mille. Quand la fabrication atteindra
500 miUions, ce prix sera abaissé.
Au synode protestant ,les pasteurs Ba-
bue, de Nîmes, el Pernessin, de Marseille,
ont demandé la séparation de l'Eglise et
de l'Etal. Ils ont été fort applaudis*
COmpte dfapothicaire
Cette expression vient indirectement
de la comédie de Molière. Comme il ■
cherchait un nom pour son personnage
de l'apothicaire dans le Malade imagi-
naire, il rencontra par la ville un M,
Fleurant qui s'en allait opérer, les ar-
mes à la main, et il lui emprunta son
nom.
Ce nom eut un tel succès, que chactbo,
voulut devenir son client, et la publi-
cité du théâtre lui valut une fortuno.
On se moquait de M. Fleurant, mais on
l'employait, et quand venait le jour de
la présentation. des mémoires. M. Fleu-
rant prenait sa revanche, et riait bie'a
qui riait le dernier.
C'est depuis cette époque que lefi
« comptes d'apothicaire » sont devenw)
légendaires.
La fowshette à travers le monde
La fourchette est, chez un peupfy,
l'indice certain de son degré de civili-
sation.
La statistique suivante est l'indis-
pensable développement de cette vériisé.
Les sauvages piquent leurs aliments
Avec une seule pointe. Les peuples du
NV>i'd une fourchette à deux dents. La
iotarssihettie anglaise a. trois dents. La
fourchette française en a quatre. E!He
représente donc la civilisation la plus
avancée. - -',
Les Crimes mystérieux
lJôB première. arrestation
M. Albanel fait arrêter Renard. — Un
exemple à sutvre et qu'on ne suivra
sans doute pas
M. Albanel, plus heureux que son
collègue, M. Leydet, qui n'a encore
découvert aucune piste dans l'affaire'
; Steinheil, vient de faire arrêter Renard,
le maître d'hôtel de l'ancien financier
Rémy. Ce dénouement était prévu de-
ipuis quelques jours, depuis que l'ins-
truction avait enfin songé à s'orienter
sur une piste autre que celle d'imagi-
naires cambrioleurs de bas étage.
« Nous avons cru devoir arrêter Re-
nard, a dit M. Albanel, mais peut-être
n'est-ce là au'un commencement. Les
portes de la Santé restent entre-bail-
lées. »
Ces paroles, que le juge d'instruction
n'a pas dû prononcer à la légère, pa-
raissent indiquer que d'autres arresta-
tions vont avoir lieu dans l'entourage
de la victime de la rue de la Pépinière.
Et. nous croyons que l'instruction va se
trouver en présence d'un bien malpro-
pre pot-aux-roses dans cette mystérieu-
se - affaire.
Renard aurait déjà fait à ce sujet, en
ce qui le concerne personnellement,
des aveux très suggestifs et qui mon-
trent qu'il existait d'étranges mœurs
sous le toit de M. Rémy.
Mais. attendons la fin, car l'instruc-
tion paraît être bien aiguillée cette fois,
et nous devons reconnaître que M. Ha-
mard, par son enquête menée parallè-
lement à cette instruction, a largement
contribué au premier résultat obtenu.
Puissions-nous avoir à lui adresser
bientôt les mêmes éloges en ce qui con-
cerne l'affaire Steinheil ! Mais peut-
être, en cette affaire, n'y a-t-il pas la
même unité de vues entre le juge et lui,
que celle que l'on peut constater dans
l'affaire Rémy ? -
Telles sont, du moins, les rumeurs
qui ont cburu depuis qu'il a été dit
que le juge d'instruction avait eu des
relations d'amitié avec la famille Stein-
heil et que le chef de la Sûreté avait
changé d'avis, en ce qui concerne la
qualité des assassins.
L'exemple vient de montrer à quels
résultats peut aboutir une bonne enten-
te entre l'instruction et la Sûreté. Il n'y
a qu'à s'inspirer de cet exemple si l'on
veut aboutir également à des résultats
dans l'affaire de l'impasse Ronsin.
L'opinion publique, qui est simpliste,
ne s'explique pas qu'une-enquête et une
instruction n'aillent pas de conserve.
Elle croit, non sans raison, qu'un man-
que d'entente entre les divers éléments
d'action de la justice ne peut que para-
lyser cette action et embrouiller les si-
tuations parfois les plus claires.
Nous n'avons certes pas ménagé nos
critiques à l'égard de M. Hamard, ma;f-¡
peut-être n'a-t-il pas été seul à les mé-
riter. Peut-être a-t-il rencontré. sur. sa
route. des entraves* des embûches oui
l'ont arrêté ou tout au moins rendu hé-
sitant.
S'il en était ainsi, peut-être aurait-on
le devoir de s'en préoccuper en haut
lieu.
En attendant, les jours, les semaines
passent, et bientôt passeront les mois,
c'est-à-dire un temps plus que suffisant
pour que les traces des coupables dis-
paraissent tout à fait et que ceux-ci
puissent se ressaisir complètement.
Les instituteurs laïques
< des Landes
Au banquet de l'Amicale des instituteurs
et institutrices qui eut lieu récemment à
Mont-de-Marsan, -et auquel ne put assister
le préfet des Landes, M. Rosapelly, ce
fonctionnaire fut l'objet d'une manifesta-
tion de respectueuse sympathie que nous
nous empressons de souligner, parce
qu'elle fut l'expression des sentiments de
reconnadssance de tout le corps enseignant
à son adresse pour avoir défendu les ins-
tituteurs attaqués par les politiciens aux-
quels nous faisions allusion dans nos nu-
méros des 17 et 18 avril dernier.
M. Lamaison, président de l'Amicale,
cpn se fit en la circonstance l'interprète de
tous ses collègues, ajouta :
Les instituteurs ne se désintéressent pas du
mouvement des idées ; ils ne sont pas les hom-
mes du juste milieu, mais partisans die l'inéluc-
table évolution ; ils s'acquittent, en bons éduca-
teurs, de leur tâche professionnelle : ils ont, au
plus haut point, le souci de l'avenir de l'école
laïque, cjontipe laquelle conspirent toutes les
puissances de la réaction.
Et aiprôs aMoir signalé les abus aux-
quels donne lieu parfois l'ingérence, dans
les choses de l'école, des hommes politi-
ques à tendances réactionnaires et progres-
siste. il a assuré la République du dé-
vouement des instituteurs et de l'indisso-
lubilité du lien qui l'unit à l'enseignement
laïque.
Nous avons d'autant plus de plaisir à
féliciter les courageux instituteurs des
Larges de leur manifestation, que nous les
savons en butte à une foule de tracasse-
ries politiques et que leur dévoué préfet,
qui n'est pas un inconnu pour nous, se
trouverait menacé, nous dtit-on, pour avoir
soutenu leur légitime cause.
Ali ! ces instituteurs, quel péril ils cons-
tituent afux yeux des pseudo-républicains
prêts aux tpires compromissions électorales
pour conserver une popularité et un pou-
voir qui menacent d'e leur échapper ! Bien-
tôt * nous verrons ces trisrfcea'Tepréwentattt»
du peuple s'unir, pour exercer de basses
vengeances. aux cléricaux qui proclament
la guerre & l'école laïque.
C'est presque chose faite déjà dans les
Landes, mais cette vilaine besogne ne s'ac-
;oomplira pas sans que l'on ait à lutter
contre les efforts et les IS'acrifices du corps
enseignant laïque, bien malgré lui mêlé à
la bataille qui s'annonce.
Tous nos encouragements vont à ceux
qui ne font que défendre l'école laïque en
se défendant eux-mêmes contre leurs ad-
versaires. — P. G.
L'AUTONOMIE
Le Rappel a très bien défini, dans son
numéro du 18 juin, la situation des Anna-
mites au regard de la France.
Le mécontement actuel est dû à la fois
au régime fiscal appliqué au Tonkin et à
l'Annam et au mode de recrutement des
agents coloniaux.
Ce recrutement — pourquoi le dissimu-
ler ? est loin d'être parfait. Il contient des
éléments disparates et de compétences
douteuses.
On ne trouve pas toujours la crème des
fonctionnaires subalternes pour s'expatrier
à des distances aussi considérables. On
prend ce qu'on peut. La quantité est là,
mais la qualité laisse souvent à désirer,
au point de vue de l'éducation et de la
bienveillance.
C'est à cet état de choses qu'on doit, en
grande partie, les mécomptes que nous
éprouvons.
Le meilleur moyen de remédier à une si-
tuation grosse de conséquences, c'est d'i-
miter, en tous points, le système colonial
anglais. En assurant aux Asiatiques l'au-
tonomie complète, en respectant scrupuleu-
sement leurs traditions, leur religion et
leurs coutumes, en ne heurtant ni leurs ha-
bitudes, ni leur foi, on assurera plus sûre-
ment la possession de l'Indo-Chine qu'avec
la force.
Le jour où l'Indochinois trouvera dans
la France, non pas un oppresseur, mais un
protecteur, en n'aura rien à redouter des
menées chinoises ou japonaises.
Les Anglais en usant du système préc,
ont sauvé le Canada' de l'absorption des
Etats-Unis.
Si les Anglais n'avaient pas accordé l'au-
tonomie aux Canadiens, il est certain que
i:e Dominion serait entré dans l'orbite de la
grande république américaine et se serait
détaché de la Métropole. Grâce à l'autono-
mie, le Canada n'a nulle envie de se ratta-
Jiher aux Etats-Unis. Il défendrait même son
indépendance contre ses voisins. L'Angle-
'Serre conserve donc une colonie précieuse
tsans dépenser beaucoup d'argent.
Pourquoi n'obtiendrions-nous pas le
même résultat en Indo-Chine ?
Pourquoi ne convertirions-nous pas les
Annamites et les Tonkinois autonomes en
défenseurs acharnés de leur propre terri-
l'oire ?
Les Indo-Chinois ne tiendront pas, on
peut en être certain, à tomber sous a do-
mination d'une puissance asiatique, quand
ils auront apprécié les bienfaits d'une ad-
ministration tolérante, libéraient intelligen-
te.
.Qu'on ne cherche surtout pas à « ci.vili-
ser » nos -sujets asiatiques. Ils ne tiennent
•las plus à notre civilisation qu'à nos cultes.
Qu'on leur fiche la paix à ce propos, et tout
n'a à merveille.
L'autonome avec le respect des. croyan-
ces et des traditions : voilà la solution du
grave problème indo-chinois.
Aurons-now la volonté de résoudre cette
question vitale ?
i ,Q'.n pense M. Klphukowskï ? î, G.
TRIBUNE CORPORATIVE
1
AMm'ilnfiw, FimiB. il M
Chaque fois qu'un conflit diplomati-
que surgit, l'Administration militaire
déclare que nos places fortes ne sont
pas suffisamment armées et approvis-
sionnées pour résister à l'ennemi. Ce-
pendant, depuis dix ans, plus d'un mil-
liard a été englouti au nom de la défense
nationale. Alors, qu'en a-t-elle fait ? Ce
n'est pas le Parlement qui dispose des
crédits de la défense nationale, ainsi
qu'elle l'insinue ; c'est elle.
Les rossignols, les fausses manœu-
vres et les travaux inutiles mangent d'a-
bord un tiers des crédits ; le reste est
absorbé à raison de 50 par les frais
généraux — L'exécution de certaines
commandes coûte à l'Etat, de 300 à
400 de frais généraux — La valeur
de la production nette ne dépasse donc
guère 25 des crédits votés par le
Parlement.
A chaque allocation nouvelle de cré-
dits supplémentaires, correspond une
surélévation des frais généraux pour l'a-
venir. On crée des services, on construit
des bâtiments, on organise des ateliers
supplémentaires, on augmente le per-
sonnel, et lorsque ces crédits sont dé-
pensés, il subsiste des organes nou-
veaux, amplifiés, développés, pour les-
quels les ressources ordinaires du bud-
get sont insuffisantes. Le matériel de
guerre serait au complet, supérieur à
celui des puissances voisines, que l'Ad-
ministration militaire, dans le seul but
de faire vivre ses services, en deman-
derait la transformation.
L'Administration militaire, lorsqu'elle
établit ses prévisions budgétaires, ne
s'inquiète, ni des quantités de matériel
et d'approvisionnements manquantes ni
si les ressources du pays peuvent satis-
faire ses prétentions ; elle n'envisage
que le total des dépenses quelle consi-
dère comme obligatoires pour mainte-
nir la complexité et la prépondérance de
son organisme. Sa grande préoccupa-
tion est de tromper le Parlement ; de
trouver les prétextes^qui couvriront les
majorations de ses prévisions de dé-
penses. Si tel honorable a tiqué l'année
précédente sur l'exagération d'une dé-
pense, elle l'enfouit l'année suivante
sous une rubrique confuse qui en
abrite un amas d'autres. Elle tire sur
le budget jusqu'aux limites de son élas-
ticité ; quand il est à bout et qu'elle a
usé les nombreux expédients à sa por-
tée, elle se tire d'affaire à nouveau avec
les crédits supplémentaires. Et ainsi de
suite ; dans l'abondance, eHe gaspille
et dans la disette, elle s'endette.
Si le Parlement ne supprime pas la
,moitié, des frais généraux qu'exigent la
'construction et l'entretien du matériel
ide guerre, s'il continue à accepter en
jguise de justifications des dépenses de
l'Administration les trémolos patrioti-
ques de ses amis, le pays n'aura jamais
de finances et pas davantage de canons.
Toute son attention doit se porter sur
les agissements des états-majors parti-
culiers de l'artillerie et du génie ainsi
que sur ceux des officiers généraux da
ces deux armes. Certains accusent J'E-
tat-Major Général de l'armée de tous les
méfaits ; qu'ils se donnent la peine de
consulter l'annuaire de l'artillerie et ils
verront qu'elle arme domine dans cet
état-major. Ils examineront en mêma
temps, si le nombre de généraux d'ar-
tillerie qui gravitent autour de la mai-
son de la rue Saint-Dominique, sans
autre occupation véritable que d'appor-
ter leur contingent d'opposition aux ra-
res œuvres saines-des ministres de la
guerre, n'est pas d'une exagération in-
quiétante.
Les trois quarts et plus des officiers
des états-majors particuliers de l'artil-
lerie et du génie sont dotés de sinécu-
res ; pour justifier leurs emplois, ils
créent des besoins qui n'existent pas.
En disparaissant, ces officiers ren-
draient à la production le nombreux
personnel subalterne que nécessite plu-
tôt leur présence que leurs fonctions.
L'utilité des officiers des états-majors
particuliers ne peut-être défendue que
par les gens qui considèrent l'armée
comme quelque chose d'exploitable.
Pour apporter dans les services de la
défense nationale, l'esprit de loyauté, de
probité, d'ordre et de méthode qu'on y
ignore, par atavisme, il faut absolument.
rompre l'unité des armes spéciales. 113
faut que celles-ci cessent de diriger à la
fois les états-majors, les troupes, les
ateliers, les constructions, le matériel
et les crédits de la défense nationale.
Les états-majors particuliers ont fait
leurs preuves, ils sont restés au-dessous
de tout, ils doivent abdiquer, s'ils n'ab-
diquent pas, ils éclateront comme la'
grenouille du bon Lafontaine, au mo-
ment précis ou le pays aura besoin
d'eux.
La fusion du matériel de l'artillerie et
du génie avec la classification par ordre
professionnel des personnels et des ser-
vices des états-majors particuliers sont
les seuls remèdes capables d'enrayer le
mal dont meurt la défense nationale.Et
qu'on n'hésite pas, devant les criaille-
ries des réactionnaires blancs et rou-
ges. à porter la hache dans l'organisa-
tion actuelle, la maison à démolir est
en bois et toute en façade ; c'est une
boite à musique. Pour reconstruire la
maison sur des bases solides, les élé-
ments ne manquent pas.on les trouvera
dans la Démocratie libérée qui présen-
tement s'agite impuissante en démons
trations stériles, pendant qu'on exploite
la patrie.
L'Administration militaire tient s?
puissance de l'opinion publique qui la
croit loyale, intelligente, probe et dé-
vouée ; qu'on divise d'une façon ration.,
nelle et logique cette puissance dont elle
abuse ;qu'on en fasse un organe plus
modeste et c'en sera fini avec cette per-
pétuelle équivoque qu'elle a entretenue
à plaisir et qui a conduit la France ait
boulangisme et au nationalisme. ,
- LA JOURNEE PARLEMENTAIRE
;-. ',.,.- ,. :Ifl¡/> ,.,.
::; I:&, -,;", -: -"
AU SÉNAT 1
Un incident. — M. Emile Combes dé-
clare avoir voté contre la motion
Prevet. — Quatorze bulletins
républicains disparus.-
Le rachat
C'est au milieu d'une très vive agitation
que s'est ouverte, à 2 h .45, sous la prési-
dence de M. Antonin Dubost, la séance du
Sénat.
Le bruit s'était répandu dans la matinée
que, par suite d'un accident sur la nature
duquel on n'était pas fixé, le vote de la
veille sur la motion Prevet, avait été mo-
difié, au détriment de la majorité. Un cer-
tain nombre de bulletins de gauche avaient
disparu pendant le scrutin. C'est de la sorte
que la majorité contre la commission n'a-
vait été que de trois voix, quand elle aurait
dû être d'une vingtaine de bulletins.
Ajoutons que, dans la matinée d'hier, une
âemarclie avait été faite, auprès de M. Cle-
menceau, par un certain nombre de séna-
teurs, MM. Oesmons, Bonneîoy-Sibour,
Crémieux, Maurice Faure et Louis Blanc.
Ces sénateurs étaient venus déclarer que
M. Donnefoy-Sibour avait voté contre la
motion Prevet pour un certain nombre de
ses collègues et que dix-sept des bulletins
déposés par lui n'avaient pas été retrouvés
lors du pointage. Au nombre de ce.s bulletins
se trouvait notamment celui de M. Emile
Combes, porté par suite, contre son gré et
contre son vote, comme s'étant abstenu.
LES RECTIFICATIONS DE VOTE
Aussitôt après la lecture du procès-verbal
se produisent les rectifications prévues
M.Boudenoot déclare qu'il a été porté com-
me s'étant abstenu dans le vote sur la mo-
tion préjudicielle tendant à ajourner jus-
qu'en octobre la 'discussion du projet de ra-
chat de l'Ouest. Il déclare avoir voté pour
la motion. *
M. Boudenoot est le seul membre de la
minorité qui soit dans ce cas. Toutes les au-
tres rectifications sont faites par des mem-
bres de la gauche.
M. Couyba dit qu'un certain nombre Je
ses collègues'et lui, MM. Desmons, Dçf arge,
Barbalâ. Sigallas, Vieu, Combes, Chabertc
Emmanuel Arène, etc., en tout quatorze sé-
nateurs, portés comme s'étant abstenue
dans le vote sur la motion d'ajournement,
avaient voté contre cette motion. Il proteste
contre la dénaturâtion de son vote et celui
de ses collègues et demande que cette pro*
testation collective figure au procès-verbal.
M. Emmanuel Arène. — Nous demandons une
enquête.
Successivement, MM. Goirand, Vieil-
Hayez, Barbaza, Jules Brisson Desanons,
Victor Méric, SigaHas, Chabert. Gobron,
GuiUemaut, Fagot, Honoré Leygu-c,Magnien:'
Giaccobi, déclarent qu'ils ont été portée
comme s'étant abstenus et qu'ils ont en réa*
lité voté contre la motion préjudicielle.
DECLARATION DE M. EMILE COMBES,
M. Emile Combes accueilli par les api
plauaissements des gauches et par les mur*
mures des réactionnaires, monte à la tribu?
ne et lait une déclaration très explicite :
M. Emile Combes. — (Vils applaudissements
à gauche.)
A droite : Voilà l'oiseau noir !
M. Etaite Combes. — J'ai, en ellcl, méril de
ce côté (la droite) le titre d'oiseau noir. (Bruit.;
M. de Lamarzelle. — Ce n'est pas nous qui
vous avons appelé ainsi !
M. llalgan. — C'est le président du conseil.
(Bruit.) -
M. Emile Combes. — Peu m'imporle l'inter-
prétation qui est-d-Gnnée de ma conduite ; mes
actes sont soumis au jugement de mes élec-
teurs et de l'histoire. (Murmures à droite et a~
centre. — Très bien ! très bien ! à gauche.)
Dès le premier jour de cette session, j'ai réuni
le groupe de la gauche démocratique peut- sa-
voir quelle conduite il entendait tenir dans la
discussion du rachat de l'Ouest. Je lui ai de-
mandé et il a consenti à la quasi unanimité à
appuyer le gouvernement dans cette discussion.
Pour ma part, je n'ai cessé de dire à tous
ceux qui m'ont consulté —- tout en leur con-
seillant de voter selon leur conscience — que
je considérais le rachat de l'Ouest comme un
article essentiel du programme au parti radi-
cal. Prévoyant le cas où je serais absent au
moment Où vote,. j'avais donné a mon collè-
gue, M. Bonnefoy Sibour, des instructions for"
melles pour qu'il me fit voter pour le rachat.
M. Bonne[oy-Sibour. — C'est vrai !
M. Emile ComfMs. - Aussi ai-je été très sur.
pris, ce matin, de recevoir une lettre de M.
1. Bonnefüy-Sihour, m'annonçant que ] étais porte
parmi les abstentionnistes.
J'ai jûensè d'abmq que, par inadvertance,
deux bulletins, l'un blanc. Vautre bleu, s an*
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