Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 21 juin 1908 21 juin 1908
Description : 1908/06/21 (N13981). 1908/06/21 (N13981).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75712313
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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Le Rappel a indiqué, dès!
la première minute, qu'il
fallait réduirç l'incident de
Dœberitz à de justes pro-
portions. Les détails drama-
tiques que quelque écrivain
in verve avait ajoutés disparaissaient,
à l'examen, en même temps que ces at-
tachés militaires placés là par clause
de style. Dépouillé de tous ces embel-
lissements, habilement choisis d'ail-
leurs pour émouvoir l'opinion, le dis-
cours de l'empereur, prononcé dans un
cercle étroit d'officiers supérieurs, de-
vient un couplet détaché des « propos
de table » classiques que l'on attribue à
tout personnage illustre. ,
L'empereur Guillaume n'a d'ailleurs
surpris que ceux qui ne l'étudient pas
attentivement. D'une façon générale, il
aime les manifestations oratoires écla-
tantes, c'est la compensation de ceux
qui sont réduits à l'inaction par cette
pression universelle qui pousse à 'la
paix. Aux gestes saccadés de F « on-
cle, », de l'actif Edouard VII, il a opposé
quelques déclarations sensationnelles à
la fin des manoeuvres, au milieu de gens
du métier, dont l'œil interrogateur scru-
tait sa .pensée. Il a fait le troisième dis-
cours attendu qui complète la manifes-
tation de Schœnbrunn et la manifesta-
tion de la Hohkoenigsbourg. Le « Ger-
main » a été assuré pour ., troisième
fois que ni l'intégrité de son domaine,
ni la dignité de son gouvernement ne
recevraient d'atteintes. Personne ne
menaçait réellement d'ailleurs lé « Ger-
main », mais il y a des phrases qui
viennent naturellement aux lèvres d'un
homme dont la main serre le pommeau
de l'épée. ,',>-
Les simplistes, aussitôt la nouvelle
transmise par télégramme, crurent au
danger imminent d'une guerre. La pa-
nique se fût déchainée si la presse eût
soufflé sur le feu. Déjà, à Berlin même,
on était pris par l'apparence : la Bour-
se notait, par un fléchissem-entles crain-
tes du public. C'est un indice. Assuré-
mentale monde de la finance, de l'autre
côté du Rhin, n'ignorait rien de la ner-
vosité ambiante : il savait que les pan-
germanistes ont réussi à faire croire
qu'un encerclement systématique de
l'empire était la préparation d'un effort
armé contre la vieille Germanie.
Cette idée de l'encerclement est une
pauvre idée. Il ne faut pas faire à cer-
tains diplomates l'injure de croire qu'ils
publieraient un pareil dessein, s'ils
avaient le sentiment de le réaliser. Ah !
si la chancellerie impériale avait décou-
vert par des moyens quelconques, l'in-
trigue secrètement ourdie d'une coali-
tion antigermanique, les Allemands eus-
sent eu beau jeu à crier : « Au feu ! »
Mais ils ont puérilement tiré des con
clusions d'ordre stratégique et mBitai-
re, d'une série de signes sans valeur.
Assurément, les Allemands se sout
crus encerclés parce que le roi
Edouard VII a fait le tour de l'Allema-
gne, dans des récentes villégiatures on
dans ses derniers déplacements. La
tournée en Italie, en Espagne, le séjour
en France, dans les pays scandinaves,
en Russie, prend bien l'apparence d'un
pointillé circulaire autour de l'Allema-
gne, sur la carte. Et c'est tout.
La puérilité est peut-être poussée
plus loin que l'on ne pourrait croire.
Les Allemands ont été longtemps habi-
tués à voir leur souverain considéré
comme le plus voyant des chefs d'Etat.
Depuis vingt ans, sa personnalité se dé-
gageait en relief au premier plan devant
les autres. Alors surgit Edouard VII,
prince mûri par un long stage et une
longue' méditation, qui prit avec aisan-
ce le poste « en vedette » jusque-là oc-
cupé et, semblait-il, réservé. Nos voi-
sins d'Outre-Rhin ne se sont pas conso-
lés du partage. Inde ir&.
Le gouvernement allemand a compris
la nécessité de modifier l'effet sinon des
paroles impériales, du moins du com-
mentaire et de l'information qui avaient
accompagné la publication de ces pa-
roles. La Gazette de Cologne publie un
télégramme de Berlin qui a toute la sa-
veur des communications officieuses :
« Nous autres Allemands, ne voulons
pas chercher des interprétations raffi-
nées aux paroles de notre 'empereur,
mais l'interprétation qui leur a été don-
née à l'étranger nous prouve qu'au
'delà de nos frontières, on les a bien
comprises. On les a comprises non pas
comme une menace pour la paix, mais
comme un rappel à la raison. Or, la
raison nous prescrit de conserver notre
talme au moment présent où, sans mo-
tif valable, un murmure, un bruissement
parcourent le monde, a
Le discours de Dœberitz ira aoîic re-
joindre le discours sur la poudre sèche
et l'épée effilée, dans les archives de
l'histoire. La paix du monde n'en sera
pas troublée. Le gouvernement allemand
semble même si contrarié de la divulga-
tion du speech belliqueux, qu'une en-
quête, dit-on, se fait pour retrouver
l'officier imprudent qui fit la commu-
nication à la Gazette de Dortmund, et
on nous annonce en outre un démenti
spécial sur l'emploi du mot « encer-
cler ».
Donc - et tant mieux ! - fausse
alerte. Si les Allemands pouvaient dou-
ter de l'esprit pacifique de la France,
ils auraient été rassurés suffisamment
par le discours prononcé à l'Alliance
républicaine, par M. Pichon. « Aucune
pensée de guerre ne s'est mêlée aux
rapprochements qui se sont faits, aux
ententes qui se sont nouées entre notre
pays et les gouvernements voisins ou
éloignés, d'Europe ou d'Extrême-Orient,
avec lesquels nous avons resserré nos
liens d'amitié. Nous n'avons eu, les uns
et les autres, d'autres préoccupations
que-de concourir â la préservation de
la paix, sans rechercher d'éphémères,
dangereuses et inutiles satisfactions
dans la formation de certains groupe-
ments inspirés de pensées malveillan-
tes, qui tendraient à nuire à telle ou
telle puissance. Nous n'avons agi qu'en
vue de la concorde internationale, avec
le désir sincère d'en accroître les ga-
ranties, sans susciter d'inquiétudes ni
d'inimitiés nulle part. »
Les pangermanistes en seront aonc
pour leurs frais d'imagination, et leur
« encerclement » n'aura plus de valeur
que pour rappeler le souvenir d'une mi-
nute d'émotion internationale.
En dehors des. raisons d'ordre diplo-
matique qui ont dicté les récents dé-
placements de chefs d'Etat et qui doi-
vent se renouveler encore prochaine-
ment, un* ancien ministre français des
affaires étrangères a signalé d'autres
causes du rapprochement anglo-franco-
russe. M. Hanotaux, avec l'autorité qui
s'attache aux hautes fonctions qu'il a
exercées et à ses travaux d'historien,
signalé l'importance des causes écono-
miques. L'Angleterre, serrée dè près
dans la bataille industrielle, par ses ri-
vales d'Amérique et d'APemagne, peut
être appelée un jour à se protéger par
des tarifs contre ces concurrences. Il
ne faudrait pas, par représailles, per-
dre les marchés dé ravitaillement utiles.
Or, la, Russie et la France, pays parti-
culièrement agricoles, ont assez de res-
sources dans la. richesse de leurs
champs pour nourrir la fourmilière hu-
maine qui travaille sur ce « bloc de
houille et de fer » britannique, suscep-
tible dé fournir pâture à la machine et
non pas aux ouvriers.
L'Angleterre, spécialisée dans l'acti-
vité industrielle, obligée de défendre sa
spécialité contre les concurrences des
Etats-Unis et d'Allemagne par des ta-
rifs, doit 'disposer cfimmenses ressour-
ces agricoles.
Cette explication du nouveau groupe-
ment diplomatique européen présente
un avantage : elle est logique. L' « en-
cerclement » pour la guerre né se com-
prenait pas.
Albert IVIILHAUD.
LA POUTIQUE
'M¡j', LE - DECHET
Le gouvernement sëra-t-il
satisfait de la - journée d'hier
et de l'effet produit sur les
Chambres par les virulences
,, intempestives du ministre - des.
! affaires étrangères ?
On avait vu parfois dans un Parle-
ment certains membres de l'opposition
déchaîner du haut de la tribune un ou-
ragan de violences par des attaques di-
rectes contre un membre de' l'Assemblée.
Ce genre 'de sport pratiqué par le chef
responsable 'des relations extérieures
n'est pas un jeu 'de haut goûf. Nous
croyons qu'il vaut mieux glisser, sur
un incident aussi déplorable.
Le résultat de la journée seul importe,
'diront les gens pratiques : le ministère
sort vainqueur de l'épreuve, Il a réuni
plus de trois cents voix pour un ordre
du jour confirmant lès principes 'du 28
janvier : la neutralité entre les 'deux sul-
tans.
Nous n'insisterons pas : le ministère
a. 'demandé sous cette forme l'absolution
de la Chambre pour les fautes passées.
Cependant, malgré tant d'efforts, il
sort diminué de la bataille. Il n'a plus
derrière lui l'intcgï alité du parti républi-
cain'. Depuis qu' « il n'a plus d'ennemis
du fout )-), bien *dee déroutes de la gau-
che s'inquiètent^,
Sur la question du Maroc en particu-
lier, le gouvernement n'a pu garder la
confiance de tous ceux qui la lui avaient
accordée il y a cinq mois. Le dépouille-
ment du scrutin lui dira éloquemment le
déchet causé par ses tergiversations et
ses équivoques
On avait fait crédit à M. Clemenceau
et à M. Pichon à la condition qu'ils sau-
raient se tenir discrètement dans les li-
miter de la non intervention. Commen,
à chaque occasion,ils ont enfreint le vœu
de la majorité, cela demeure patent.
Chacun le sent : la politique formulée
par l'ordre du jour Dutref- du 28
janvier, acceptée par le pays et 1e Parle-
ment, M. Clemenceau et M. Pichon
sont évidemment les seuls qu: ne
puissent la pratiquer : ils ont été,
ils restent liés par « la politique de Ra-
bat 'fi..:
» *
LES ON-DIT !
, , :..
NOTRE AGENDA
'A'ujoùrâ'lÍui samedi :
Lever du soleil, à 3 h. 58ï coucher, à
8 h. 4.
Courses à Auteuil.
Propriétaire de marque
Le roi 'des Belges qui a fait récem-
ment d'importantes acquisitions sur la
Côte d'Azur, n'est point le seul prince
étranger qui ait des propriétés en Fran-
ce. La reine d'Espagne possède l'an-
cien palais Basilewski, qui orne une
des plus belles avenues parisiennes.
L'empereur François-Joseph est pro-
priétaire du magnifique hôtel de l'am-
bassade d'Autriche, qui lui a été légué
par la duchesse de Galliéra ; il est aus-
si propriétaire du caveau des ducs de
Lorraine, à Nancy.
Au roi d'Italie appartient l'abbaye
d'Hautecombe, en Savoie, stir les bords
du lac du Bourget ; au prince de Mo-
naco le château de Chambord qui, avec
ses six mille hectares-d'un seul tenant,
est peut-être la plus belle propriété
foncière de France.
Le comte de Caserte, héritier 'du roi
'de Nanles, le comte de Bari, frère du
Jdfuc dé PâméritJr frahtfe-ftuchesse
douairière de MecRlembourg-Schverin
et la duchesse d'Albany possèdent, de
somptueuses villas à Cannes.
Citons enfin la reine de Naples., qui
a acheté un terrain à Neuilly et y fait
construire en ce moment un magnifi-
que hôtel.
AUTREFOIS
Rappel du 21 juin 1872. - La police s'est
encore livrée, ces jours derniers, à des ar-
restations politiques assez nombreuses,
dans divers arrondissements de Paris, pour
faits se rattachant à l'histoire du 18 mars.
La population se montre très mécontente
de la persistance de ces opérations policiè-
TfiS. -
Terrible accident de chemin de fer à Ju-
visy : le train-poste de Bordeaux a pris par
le travers un train de marchandises oui
manœuvrait dans la gare. -
Le canon du Palais-Royal a été replacé
sur son affût : il a tonné hier, à midi juste,
ainsi- que c'était son habitude.
L'Angleterre va inaugurer les cartes-pos-
te, qui existent déjà en Suisse : ce sont des
cartes qui portent, d'un côté, l'adresse du
destinataire et dont l'autre côté est réservé
à la correspondance.,
L'anneau fatal
4'
La statue de la Vierge, dans la ca-
thédrale de Madrid, porte au doigt un
anneau au sujet duquel il court une
ilégende populaire. Alphonse XII je
donna, dit-on, à la reine Mercédès.
Elle mourut un mois après. Le roi re-
prit la bague et en fit cadeau à un au-
tre membre de la famille royale, qui
succomba presqu'aussitôt à une atta-
que d'apoplexie foudroyante. Deux au-
tres personnes auxquelles appartint
l'anneau fatal, eurent le même sort.
On prétend qu'Alphonse XIU, avant
son mariage, a pieusement touché et
baisé l'anneau mystérieux, et c'est *1
cause de cela qu'il a été épargné lors
des attentats dirigés contre lui,.
Le chien du roi de Qr-èce ':JiI¡f-
Le roi de Grèce vient de "perdre son
chien favori, jqui était devenu sa pro-
chien favori, -~mani è re assez singulière.
priété d'une manière assez singulière.
Il y a quelques années, étant aux ma-
nœuvres à la tête de son état-major, un
chien que personne ne connaissait se
présenta devant lui et se posa à ses
pieds. Toutes les tentatives faites pour
le déloger n'eurent aucun succès, et il
resta dans la même position jusqu'à la
fin de la revue.
Lorsque le roi regagna sa voilure, le
chien l'y précéda, y entra avant lui, et
il fut impossible de l'en faire sortir.
Arrivé au palais, il descendit le pre-
mier et, la queue droite, l'œil étince-
lant, aboyant joyeusement, il fit son en-
trée avec la cour. Sa Majesté, assez
superstitieuse, vit dans cette persistan-
ce un présage incontestable de fidélité
et adopta l'animal. Depuis cette épo-
que, il coucha dans la chambre royale,
qu'il ne quitta plus, ne permettant qu'à
Sa Majesté de le caresser.
Avant le bristol
-, -
La première carte de la Seconde moi-
tié 'du seizième siècle est comseJrVée
sous vitrine dans les archives de Veni-
se- Elle consiste en une minuscule,
feuille de parchemin où se lit le nom de
Jean Westerhoff, étudiant à Padoue,
en 1560. Elle porte au-dessous de ce
nomt cette uevisp, ; :« L'espérance me
s'outient ». En France, elle ne devint
de mode qu'à partir du règne de
Louis XIV. Elle était réservée aux gens
de là cour. Puis elle fut un objet de
luxe et d'art. - Au dix-huitième siècle,
quelques-unes d'entre elles furent illus-
trées par. des peintres comme Frago-
nard. -
Lognon et Charlemagne
On n'a pas oublié les libéralités de Mlle
Dosne, la belle-sœur de Thiers, qui lé-
gua par testament la totalité de son
immense fortune à uné foule d'œuvres
utiles. Voici un intéressant chapitre, de
l'histoire de la famille Dosne.
En 1816, une ordonnance royale por-
ta le nombre des agents de change de
cinquante à soixante. Les dix places
nouvelles étaient fort convoitées ; l'une
d'elles fut donnée, .par la protection de
la duchesse d'Angoulême, à un em-
ployé de banque, M. Dosne qui fit ra-
pidement fortune. Peu après sa nomi-
nation, M. Dosne épousa la fille d'un
honorable commerçant de Paris, Mlle
Eurydice Mathéron dont il eut deux
filles" Mme Thiers et Mlle Dosne. Mlle
Eurydice Mathéron avait une sœur qui
fut demandée en mariage par un ban-
quier du nom de Lognon..
— Mon Dieu, lui dit Mlle Mathéron,
vous me plaisez certainement, mais je
ne pourrai jamais consentir à m'appe-
ler Mme Lognon.
— Qu'à cela ne tienne, répondit le
banquier ; si vous n'aimez pas Lognon,
vous aimeriez mieux un grand nom,
par exemple. Charlemagne Z
..;. Comment cela ?
— Je ferai changer mon appellation.
— Voilà qui me convient. Et je con-
sens à épouser Charlemagne.
Le mariage eut lieu, et de cette union
sont nés deux fils dont l'un, devenu
capitaine de vaisseau a péri avec son
navire dans un naufrage. L'autre a été
le général Charlemagne.
— <»
En - passai) t.
Certains Israélites qui raillent volontiers
nos petits tMver$,M, nos^lUss*Jnanies*na-
tionales, ne sont pas toujours, exempts du
préjugé nobiliaire.
Hs commencent môme à former un ar-
moriai spécial dont lès barons de Roths-
child, de Reinach, Erlanger, Ephrussi^Bam-
berger, Porges, Weisweilèr, jGunsbourg,
etc.,, sont les brillants fleurons. ,-,
Nous avons ainsi nos deux noblesses
comme nos deux justices : celle du Gotha
et celle du Golgotha, qui d'ailleurs prati-
quent l'entente la plus cordiale et la politi
que de la pénétration réciproque et pacili-
que.
La prise de possession de ces. titres et de
ces. blasons ne s'effectue pas toujours sans
incidents drôlatiques. Noblesse oblige !
Ainsi le célèbre banquier d'Anvers, M.
Ca:.,en, procéda par étapes successives pour
devenir le comle Cahen d'Anvers.
Il commença par s'appeler Cahen, comme
son Cahen de père, puis Cahen d'Anvers,
ensuite C. d'Anvers, en attendant qu'il de-
vienne sans doute le comte d'Anvers.
Lors de la première phase de sa méta-
morphose, il voyageait un jour avec un
vieil ami de Cologne, le bijoutier Olivier.
Ils descendirent tous deux dans l'hôtel le
plus aristocratique de Londres et on leur
présenta le livre où doivent s'inscrire les
voyageurs.
M. Cahen prit la plume le premier et ma-
jestueusement traça avec un paraphe ad-
mirable : « C. d'Anvers ». -
Son compagnon de route s'en aperçut, et,
malicieusement ;
- A,h fit-il, je vois ce i7ue c'est.
Et. tranquillement, il s'inscrivit à son
tour : « 0. de Cologne ».
Le Chemineau.
-
Les nouvelles relations
du Vatican
Le Vatican, sentant de plus en. plus la
baisse de son influence dans la vieille Eu-
rope, travaillée par les idées modernistes
que le pape a condamnées, en est réduit à
chercher des appuis de sa politique dans le
Nouveau-Monde. - -
: II a déjà pu obtenir la reprise de quelques
"anciens rapports diplomatiques avec la Bo*
livié-et la Colombie, et on annonce qu'il né-
gocie maintenant avec le Honduras et le
Nicaragua pour rétablir la délégation apos-
tolique et obtenir, à titre de réciprocité, la
nomination d'un ministre plénipotentiaire
près le Saint-Siège.
Nous apprendrons sans doute, prochai-
nement, qu'il négocie aussi avec Castro,
l'affreux macaque qui préside la république
du Venezuela. ..-.
En cherchant ainsi à sé rapprocher des
Yankees, le pape espère évidemment qu'il
trouvera dans ces nouvelles relations les
ressources qui commencent à lui faire dé-
faut pour alimenter son fameux denier de
*
Saint-Pierre. -
Du moment que la noblesse la plus au-
thentique d'Europe ne manque jamais une
occasion de redorer son blason en épousant
les hérifcères des riches marchands de
porcs du Nouveau-Monde, Pie X s'est, dit
qu'il serait d'un scrupule exagéré de ne pas
chercher à redorer le blason de l'Eglise en
faisant commerce de ses ferveurs avec les
gros possesseurs de bank-notes américains.
Au t'rain dont les affaires sont conduites
au Vatican, on peut prévoir que le jour est
proch eoù les dollars se mélangeront avec
les pièces de cent sous dans les coffres-
forts du Vatican et formeront les trésors de
guerre dont il a besoin pour l'organisation
de l'Eglise militante.
Il lui suffira, pour cela, de 'délivrer dés
Qreyets, de comtes romains et d'en encais-
- ser le prix de vente en le majorant le plus
possible.
Voilà ce que Ion peut appeler de l'inter-
nationalisme pratique. = p. gs
,;.. , EN PLEIN MYSTÈRE L..,.
U SUREIÉ lE PARLERA PLUS
M. Hamard ne dira plus rien. — Agira-t-il davantage? /#
faut que le scandale cesse. — Le gouvernement 9. le
devoir d'y mettre fin.
L'honorable M. Hamard vient 'de dé-
clarer aux représentants de. la presse
qui ont l'habitude de se rendre chaque
jour à son cabinet pour y recueillir les
nouvelles de la journée, qu'il serait
absolument inutile de tenter doréna-
vant la moindre démarche auprès de
lui, pour obtenir des renseignements
sur les grosses affaires criminelles qui
émeuvent si fort l'opinion publique de-
puis quelques jours.
M. Hamard demeurera désormais
muet, tant sur le crime de la rue de la
Pépinière, que sur celui de l'impasse
Ronsin.
« Depuis le début de ces affaires, au-
rait dit le chef de la Sûreté, les jour-
naux m'ont fait tenir des propos si
fantaisistes, si ridicules, si dénués de
bon sens, qu'il vaut mieux laisser le
champ libre à l'imagination des repor-
ters.
« Je ne me ferai plus, aurait-i* ajouté,
leur complice, en quelque sorte, en
leur fournissant moi-même des cane-
vas sur lesquels ils brodent comme à
plaisir. Je ne dirai plus rien, jusqu'au
jour où les coupables seront entre mes
mains. »
M. Hamard, en parlant de la sorte, a
montré qu'il était mécontent..
Nous nous permettons de lui répon-
dre qu'il a tort de manifester ainsi sa
mauvaise humeur contre la presse, et
sans doute en particulier contre le
Rappel, qui fut des premiers à lui
faire connaître franchement qu'il ne
partageait pas sa manière de voir sur
les crimes soumis. à son enquête et à
l'instruction de MM. Levdet et Alba-
nel.
Au surplus, M. Hamard a d'autant
plus tort de se rnsnteer mécontent, que
ce n'est pas notre faute à nous si, des
déclarations faites par lui, il est résul-
té des-invraisemblances et des contra-
dictions que nous ne pouvions pas,
dans fintérêt même de la justice, ne
pas relever. - ',
Car si M. Hamard veut bien faire
appel à sa mémoire, et si celle-ci lui
reste fidèle, il reconnaîtra que nous
n'avons fait que nous servir de propos
tenus par lui devant la plupart de nos
confrères. -
Comme le fait remarquer avec raison
pour son propre compte, notre confrère
Messidor, notre unique souci a été de
contribuer, dans la mesure de nos
moyens, à faire éclater la vérité, quelle
que pût être la situation sociale des
personnes qui pouvaient se trouver en
cause. Nous estimons que la justice,
dans une démocratie, a le devoir im-
périeux 'de se montrer égale pour tous ;
et ce n'est pas sans raison, nous le
croyons du moins, que nous avons pu
dire que si cette justice, dans les af-
faires mystérieuses qui nous occupent
et qui passionnent l'opinion, s était
trouvée en présence d'ouvriers, de tra-
vailleurs, de pauvres diables à qui la
vie est particulièrement dure, il y a
beau temps qu'elle serait arrivée à Clé-
couvrir ce qu'elle n'a pas encore dé-
couvert et ce qu'elle ne parait pas être
à la veille de découvrir.
Nous nous plaisons d'ailleurs à re-
connaitre que si nous avons ëW des
premiers à vouloir que la lumière fût
faite, nous n'avons pas été tes seuls.
Nombreux sont les confrères — et cela
les honore — qui se sont émus et qui
ont également posé à M. Hamard des
questions pressantes, sans pouvoir ob-
tenir de lui de réponses formelles et
définitives. ,'
, Hier encore, Messidor posait la ques-
hon suivante, à laquelle nous avions
déjà fait une allusion discrète :
— Mme veuve Japy, nous a dit un person-
nage, — qui fut très lié avec la famille du mal-
heureux peintre — n'est point la mère, mais la -
belle-mCre de Mme SteinheiJ.
En .dlet, le père de Mmo Steinheil se remaria
quelques années après la naissance de sa fille
avec la pauvre femme qui trouva une-- mort si
tragique dans la villa de l'impasse Ronsin. -
M. Hamard voudra-t-il bien sortir de sa ré-
serve pour reconnaître l'exactitude de ce fait ?
Nous l'espérons,- encore que ce détail n'ait point. 1
à notre avis, une importance capitale. Nous M
le publions que pour montrer au chef de la Sù.
reté que, tout autant que lui, nous avons le sou-
ci le plus vif de la vérité. ,t
C'est ce même souci qui nous a lou-
jours guidés dans les questions que
nous avons posées, et qui ne sont ve-
nues sous notre plume que de la façon
la plus naturelle, à la suite des déclara- ,
tions diverses de M. Hamard.
Donc, M. Hamard ne communiquera
plus rien à la presse sur les affaires de
la rue de la Pépinière et de l'impasse
Ronsin. Nous le regrettons parce que
nous aurions sans doute encore l'occa-
sion de relever bien des contradictions -
bien des lacunes dans les enquêtes
poursuivies, mais nous nous en conso-
lerons aisément si le chef de la Sûreté,
se décidant enfin à orienter comme 11
convient ses recherches, arrive à met- :
tre la main sur les coupables. -
Le gouvernement semble avoir voulu
donner un haut exemple de son souci
de tenir la main à ce que la justice soit
égale pour tous, en infligéant à M. Le
Poittevin la disgrâce que nos lecteurs
connaissent à propos de l'affaire Le-
moine.
Nous ne "doutons pas que ce souci ne
se manifeste de la même façon, si be-
soin était, à l'oecasion des instructions
ouvertes sur les crimes de la rue de la
Pépinière et ae l'impasse Ronsin.
Il faut que les scandales dont l'opi-
nion publique s'afflige, avee juste rai- *
son, aient une fin, il faut que la jus-
tice suive son cours, si douloureuse que
puisse lui paraître sa mission.
Ce n'est pas quand l'Allemagne ne
craint pas d'étaler à nu ses plaies mo-
rales que la France doit reculer de-
vant l'accomplissement de son devoir
de justice, si pénibles pour quelques-
uns que puissent en être - les consé-
quences.
Une situation qui énerve le pays et
lui fait douter de la justice ne peut pas
s'éterniser impunément.
A LA CHAMBRE
Les Affaires du Maroc
MM. Gervais, Deschanel, Jaurès interpellent. — M. Pichon
fait connaître les Instructions envoyées aux généraux
- Lyautey et d'Amade.- L'évacuation de la Chaouia.
M. Henri Brisson préside.
II y a foute, et foule brillante dans les tri-
bunes et dans les galeries. Les députés
sont d'abord assez peu nombreux, mais les
travées se garnissent rapidement.
La Chambre procède au tirage au sort
des bureaux.
Tout de suite après on aborde la discus-
sion des interpellations sur le Maroc. A
celles de M. Gervais « sur la politique fran-
çaise au Maroc », et de M. Faud Descha-
nel « sur la politique du gouvernement au
Maroc 'n. - on joint celle de M. Jaurès « sur
les conclusions que le gouvernement tire
des derniers événements marocains ».
DISCOURS DE M. GERVAIS
M. Gervais prend le premier la parole.
H. Gervais. — M. Pichon, M. Ribot, M. Des.
chanel, tous ont reconnu la situation spéciale
de la France vis-à-vis du Maroc, respect de
l'indépendance du Maroc, mais maintien de nos
droits. C'est ce que formula l'ordre du jour du
21 février.
Est-ce toujours cette politique que wu J, apili-
quer le gouvernement ? Il a envoyé des instruc-
tions récentes au général d'Ainade et au géné-
ral Lyautey. Quelles sont ces instructions ?
Je demande ensuite au gouvernement quelle
application il entend donner à l'Acte d'AIg(sj-
Tas en présence des nouveaux événements qui
se passent au Maroc.
Je lui demande encore si les operauons mili-
taires du général d'Amade sont terminées ?
Quelle est en outre la mission donnée au géné-
ral Lyautey ?
Nos troupes parai.ssent avoi.r terminé leur rôle;
elles ont fait preuve de leurs traditionnelles
qualités de vaillance et de générosité. (AppJau-
dissements.)
Au point do vue des incidents intérieurs -:u
Maroc, le gouvernement a-t-il gardé le neutrà-
, litë entre Je sultan Abd el Aziz et Moulay lia
fid. Nous devons, c'est le vœu évident du pays,
avoir les mains libres.
Tous nos actes diplomatiques ùcpvis de lon-
gues années ont pour but ia paix. Nous vou-
drions que toutes les puissances s'efforcent à
dissiper les malentendus par les voies pu ci fi-
ques, La démocratie française veut la solution
pacifique de la question du Maroc. (Très Lien 1)
DISCOURS DE M. PAUL DESCHANEL
C'est une véritable conférence que fait
M. Paul Deschanel sur les affaires du Ma-
roc. •
Al, Paul Deschanel. — Au début d'une affaire
si complexe, des flottements ont pu se produire.
Il faut voir maintenant où nous allons. Quelle
est notre situation dans l'ouest, à Casablanca ?
Quelle est notre situation dans l'est, à la fron-
tière algérienne ? Quelle est-elle dans le sud ?
Mais, avant tout, quel doit être notre rôle entre
Abd el Aziz et Moulay Ilafid ?
Le premier est le suHan légitime ; c'est ce q.Je
déclarait dernièrement sid Edward Grcy : c Nows
ne pouvons reconnaître plus d'un sultan à la
fois. )1 (Sourires.)
- Le premier devoir d'un sultan ou Meroc, quel
qu'il soit, esl d'abord de se soumettre aux ac-
tes signes par toutes les puissances. frrès bien 1
sur divers bancs.)
Voyons maintenant quel doit être notre rôle
à Casablanca et dans la ChâoUill.
A la suite des opérations militaires du géné-
l'al d'Amade, le calme renaît peu à peu dans la
plaine de la Ohliouïa. 'Le gouvernement et la
Chambre ont, maintes fois, affirmé leur volonté
de ne pas prolonger, l'occupatidn des .régions de
la Chûnnïa, Je demande au gouvernement com-
ment il résoudra ce difficile problème de limi-
ter notre effort sans en perdre le fruit. (Rires et
yÍf3 applaudissements.) ,'.
Il est des officiers de haut mérite d'esprit
nondéré qui pensent qu'il sera difficile dend:-
cucr le 'flot des combattants situés à la lisière
des points Que nous avons pecupés dans la
y 13981.-g Messidor An lie _——" CIQ ÇnSMniigEifl WUranERO - 1 1
LE -
ARNOKCE9
an .BÊÂ¥. ÔÙ. JOURNAL
: : 11, ra« dtfIMI, Parti. .f !.
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LE FMnFMttN ~!t~)P W !~tt~FW~!W~!PVMMWT~7~W
LE tanuTiDein
: -. ,)
Le Rappel a indiqué, dès!
la première minute, qu'il
fallait réduirç l'incident de
Dœberitz à de justes pro-
portions. Les détails drama-
tiques que quelque écrivain
in verve avait ajoutés disparaissaient,
à l'examen, en même temps que ces at-
tachés militaires placés là par clause
de style. Dépouillé de tous ces embel-
lissements, habilement choisis d'ail-
leurs pour émouvoir l'opinion, le dis-
cours de l'empereur, prononcé dans un
cercle étroit d'officiers supérieurs, de-
vient un couplet détaché des « propos
de table » classiques que l'on attribue à
tout personnage illustre. ,
L'empereur Guillaume n'a d'ailleurs
surpris que ceux qui ne l'étudient pas
attentivement. D'une façon générale, il
aime les manifestations oratoires écla-
tantes, c'est la compensation de ceux
qui sont réduits à l'inaction par cette
pression universelle qui pousse à 'la
paix. Aux gestes saccadés de F « on-
cle, », de l'actif Edouard VII, il a opposé
quelques déclarations sensationnelles à
la fin des manoeuvres, au milieu de gens
du métier, dont l'œil interrogateur scru-
tait sa .pensée. Il a fait le troisième dis-
cours attendu qui complète la manifes-
tation de Schœnbrunn et la manifesta-
tion de la Hohkoenigsbourg. Le « Ger-
main » a été assuré pour ., troisième
fois que ni l'intégrité de son domaine,
ni la dignité de son gouvernement ne
recevraient d'atteintes. Personne ne
menaçait réellement d'ailleurs lé « Ger-
main », mais il y a des phrases qui
viennent naturellement aux lèvres d'un
homme dont la main serre le pommeau
de l'épée. ,',>-
Les simplistes, aussitôt la nouvelle
transmise par télégramme, crurent au
danger imminent d'une guerre. La pa-
nique se fût déchainée si la presse eût
soufflé sur le feu. Déjà, à Berlin même,
on était pris par l'apparence : la Bour-
se notait, par un fléchissem-entles crain-
tes du public. C'est un indice. Assuré-
mentale monde de la finance, de l'autre
côté du Rhin, n'ignorait rien de la ner-
vosité ambiante : il savait que les pan-
germanistes ont réussi à faire croire
qu'un encerclement systématique de
l'empire était la préparation d'un effort
armé contre la vieille Germanie.
Cette idée de l'encerclement est une
pauvre idée. Il ne faut pas faire à cer-
tains diplomates l'injure de croire qu'ils
publieraient un pareil dessein, s'ils
avaient le sentiment de le réaliser. Ah !
si la chancellerie impériale avait décou-
vert par des moyens quelconques, l'in-
trigue secrètement ourdie d'une coali-
tion antigermanique, les Allemands eus-
sent eu beau jeu à crier : « Au feu ! »
Mais ils ont puérilement tiré des con
clusions d'ordre stratégique et mBitai-
re, d'une série de signes sans valeur.
Assurément, les Allemands se sout
crus encerclés parce que le roi
Edouard VII a fait le tour de l'Allema-
gne, dans des récentes villégiatures on
dans ses derniers déplacements. La
tournée en Italie, en Espagne, le séjour
en France, dans les pays scandinaves,
en Russie, prend bien l'apparence d'un
pointillé circulaire autour de l'Allema-
gne, sur la carte. Et c'est tout.
La puérilité est peut-être poussée
plus loin que l'on ne pourrait croire.
Les Allemands ont été longtemps habi-
tués à voir leur souverain considéré
comme le plus voyant des chefs d'Etat.
Depuis vingt ans, sa personnalité se dé-
gageait en relief au premier plan devant
les autres. Alors surgit Edouard VII,
prince mûri par un long stage et une
longue' méditation, qui prit avec aisan-
ce le poste « en vedette » jusque-là oc-
cupé et, semblait-il, réservé. Nos voi-
sins d'Outre-Rhin ne se sont pas conso-
lés du partage. Inde ir&.
Le gouvernement allemand a compris
la nécessité de modifier l'effet sinon des
paroles impériales, du moins du com-
mentaire et de l'information qui avaient
accompagné la publication de ces pa-
roles. La Gazette de Cologne publie un
télégramme de Berlin qui a toute la sa-
veur des communications officieuses :
« Nous autres Allemands, ne voulons
pas chercher des interprétations raffi-
nées aux paroles de notre 'empereur,
mais l'interprétation qui leur a été don-
née à l'étranger nous prouve qu'au
'delà de nos frontières, on les a bien
comprises. On les a comprises non pas
comme une menace pour la paix, mais
comme un rappel à la raison. Or, la
raison nous prescrit de conserver notre
talme au moment présent où, sans mo-
tif valable, un murmure, un bruissement
parcourent le monde, a
Le discours de Dœberitz ira aoîic re-
joindre le discours sur la poudre sèche
et l'épée effilée, dans les archives de
l'histoire. La paix du monde n'en sera
pas troublée. Le gouvernement allemand
semble même si contrarié de la divulga-
tion du speech belliqueux, qu'une en-
quête, dit-on, se fait pour retrouver
l'officier imprudent qui fit la commu-
nication à la Gazette de Dortmund, et
on nous annonce en outre un démenti
spécial sur l'emploi du mot « encer-
cler ».
Donc - et tant mieux ! - fausse
alerte. Si les Allemands pouvaient dou-
ter de l'esprit pacifique de la France,
ils auraient été rassurés suffisamment
par le discours prononcé à l'Alliance
républicaine, par M. Pichon. « Aucune
pensée de guerre ne s'est mêlée aux
rapprochements qui se sont faits, aux
ententes qui se sont nouées entre notre
pays et les gouvernements voisins ou
éloignés, d'Europe ou d'Extrême-Orient,
avec lesquels nous avons resserré nos
liens d'amitié. Nous n'avons eu, les uns
et les autres, d'autres préoccupations
que-de concourir â la préservation de
la paix, sans rechercher d'éphémères,
dangereuses et inutiles satisfactions
dans la formation de certains groupe-
ments inspirés de pensées malveillan-
tes, qui tendraient à nuire à telle ou
telle puissance. Nous n'avons agi qu'en
vue de la concorde internationale, avec
le désir sincère d'en accroître les ga-
ranties, sans susciter d'inquiétudes ni
d'inimitiés nulle part. »
Les pangermanistes en seront aonc
pour leurs frais d'imagination, et leur
« encerclement » n'aura plus de valeur
que pour rappeler le souvenir d'une mi-
nute d'émotion internationale.
En dehors des. raisons d'ordre diplo-
matique qui ont dicté les récents dé-
placements de chefs d'Etat et qui doi-
vent se renouveler encore prochaine-
ment, un* ancien ministre français des
affaires étrangères a signalé d'autres
causes du rapprochement anglo-franco-
russe. M. Hanotaux, avec l'autorité qui
s'attache aux hautes fonctions qu'il a
exercées et à ses travaux d'historien,
signalé l'importance des causes écono-
miques. L'Angleterre, serrée dè près
dans la bataille industrielle, par ses ri-
vales d'Amérique et d'APemagne, peut
être appelée un jour à se protéger par
des tarifs contre ces concurrences. Il
ne faudrait pas, par représailles, per-
dre les marchés dé ravitaillement utiles.
Or, la, Russie et la France, pays parti-
culièrement agricoles, ont assez de res-
sources dans la. richesse de leurs
champs pour nourrir la fourmilière hu-
maine qui travaille sur ce « bloc de
houille et de fer » britannique, suscep-
tible dé fournir pâture à la machine et
non pas aux ouvriers.
L'Angleterre, spécialisée dans l'acti-
vité industrielle, obligée de défendre sa
spécialité contre les concurrences des
Etats-Unis et d'Allemagne par des ta-
rifs, doit 'disposer cfimmenses ressour-
ces agricoles.
Cette explication du nouveau groupe-
ment diplomatique européen présente
un avantage : elle est logique. L' « en-
cerclement » pour la guerre né se com-
prenait pas.
Albert IVIILHAUD.
LA POUTIQUE
'M¡j', LE - DECHET
Le gouvernement sëra-t-il
satisfait de la - journée d'hier
et de l'effet produit sur les
Chambres par les virulences
,, intempestives du ministre - des.
! affaires étrangères ?
On avait vu parfois dans un Parle-
ment certains membres de l'opposition
déchaîner du haut de la tribune un ou-
ragan de violences par des attaques di-
rectes contre un membre de' l'Assemblée.
Ce genre 'de sport pratiqué par le chef
responsable 'des relations extérieures
n'est pas un jeu 'de haut goûf. Nous
croyons qu'il vaut mieux glisser, sur
un incident aussi déplorable.
Le résultat de la journée seul importe,
'diront les gens pratiques : le ministère
sort vainqueur de l'épreuve, Il a réuni
plus de trois cents voix pour un ordre
du jour confirmant lès principes 'du 28
janvier : la neutralité entre les 'deux sul-
tans.
Nous n'insisterons pas : le ministère
a. 'demandé sous cette forme l'absolution
de la Chambre pour les fautes passées.
Cependant, malgré tant d'efforts, il
sort diminué de la bataille. Il n'a plus
derrière lui l'intcgï alité du parti républi-
cain'. Depuis qu' « il n'a plus d'ennemis
du fout )-), bien *dee déroutes de la gau-
che s'inquiètent^,
Sur la question du Maroc en particu-
lier, le gouvernement n'a pu garder la
confiance de tous ceux qui la lui avaient
accordée il y a cinq mois. Le dépouille-
ment du scrutin lui dira éloquemment le
déchet causé par ses tergiversations et
ses équivoques
On avait fait crédit à M. Clemenceau
et à M. Pichon à la condition qu'ils sau-
raient se tenir discrètement dans les li-
miter de la non intervention. Commen,
à chaque occasion,ils ont enfreint le vœu
de la majorité, cela demeure patent.
Chacun le sent : la politique formulée
par l'ordre du jour Dutref- du 28
janvier, acceptée par le pays et 1e Parle-
ment, M. Clemenceau et M. Pichon
sont évidemment les seuls qu: ne
puissent la pratiquer : ils ont été,
ils restent liés par « la politique de Ra-
bat 'fi..:
» *
LES ON-DIT !
, , :..
NOTRE AGENDA
'A'ujoùrâ'lÍui samedi :
Lever du soleil, à 3 h. 58ï coucher, à
8 h. 4.
Courses à Auteuil.
Propriétaire de marque
Le roi 'des Belges qui a fait récem-
ment d'importantes acquisitions sur la
Côte d'Azur, n'est point le seul prince
étranger qui ait des propriétés en Fran-
ce. La reine d'Espagne possède l'an-
cien palais Basilewski, qui orne une
des plus belles avenues parisiennes.
L'empereur François-Joseph est pro-
priétaire du magnifique hôtel de l'am-
bassade d'Autriche, qui lui a été légué
par la duchesse de Galliéra ; il est aus-
si propriétaire du caveau des ducs de
Lorraine, à Nancy.
Au roi d'Italie appartient l'abbaye
d'Hautecombe, en Savoie, stir les bords
du lac du Bourget ; au prince de Mo-
naco le château de Chambord qui, avec
ses six mille hectares-d'un seul tenant,
est peut-être la plus belle propriété
foncière de France.
Le comte de Caserte, héritier 'du roi
'de Nanles, le comte de Bari, frère du
Jdfuc dé PâméritJr frahtfe-ftuchesse
douairière de MecRlembourg-Schverin
et la duchesse d'Albany possèdent, de
somptueuses villas à Cannes.
Citons enfin la reine de Naples., qui
a acheté un terrain à Neuilly et y fait
construire en ce moment un magnifi-
que hôtel.
AUTREFOIS
Rappel du 21 juin 1872. - La police s'est
encore livrée, ces jours derniers, à des ar-
restations politiques assez nombreuses,
dans divers arrondissements de Paris, pour
faits se rattachant à l'histoire du 18 mars.
La population se montre très mécontente
de la persistance de ces opérations policiè-
TfiS. -
Terrible accident de chemin de fer à Ju-
visy : le train-poste de Bordeaux a pris par
le travers un train de marchandises oui
manœuvrait dans la gare. -
Le canon du Palais-Royal a été replacé
sur son affût : il a tonné hier, à midi juste,
ainsi- que c'était son habitude.
L'Angleterre va inaugurer les cartes-pos-
te, qui existent déjà en Suisse : ce sont des
cartes qui portent, d'un côté, l'adresse du
destinataire et dont l'autre côté est réservé
à la correspondance.,
L'anneau fatal
4'
La statue de la Vierge, dans la ca-
thédrale de Madrid, porte au doigt un
anneau au sujet duquel il court une
ilégende populaire. Alphonse XII je
donna, dit-on, à la reine Mercédès.
Elle mourut un mois après. Le roi re-
prit la bague et en fit cadeau à un au-
tre membre de la famille royale, qui
succomba presqu'aussitôt à une atta-
que d'apoplexie foudroyante. Deux au-
tres personnes auxquelles appartint
l'anneau fatal, eurent le même sort.
On prétend qu'Alphonse XIU, avant
son mariage, a pieusement touché et
baisé l'anneau mystérieux, et c'est *1
cause de cela qu'il a été épargné lors
des attentats dirigés contre lui,.
Le chien du roi de Qr-èce ':JiI¡f-
Le roi de Grèce vient de "perdre son
chien favori, jqui était devenu sa pro-
chien favori, -~mani è re assez singulière.
priété d'une manière assez singulière.
Il y a quelques années, étant aux ma-
nœuvres à la tête de son état-major, un
chien que personne ne connaissait se
présenta devant lui et se posa à ses
pieds. Toutes les tentatives faites pour
le déloger n'eurent aucun succès, et il
resta dans la même position jusqu'à la
fin de la revue.
Lorsque le roi regagna sa voilure, le
chien l'y précéda, y entra avant lui, et
il fut impossible de l'en faire sortir.
Arrivé au palais, il descendit le pre-
mier et, la queue droite, l'œil étince-
lant, aboyant joyeusement, il fit son en-
trée avec la cour. Sa Majesté, assez
superstitieuse, vit dans cette persistan-
ce un présage incontestable de fidélité
et adopta l'animal. Depuis cette épo-
que, il coucha dans la chambre royale,
qu'il ne quitta plus, ne permettant qu'à
Sa Majesté de le caresser.
Avant le bristol
-, -
La première carte de la Seconde moi-
tié 'du seizième siècle est comseJrVée
sous vitrine dans les archives de Veni-
se- Elle consiste en une minuscule,
feuille de parchemin où se lit le nom de
Jean Westerhoff, étudiant à Padoue,
en 1560. Elle porte au-dessous de ce
nomt cette uevisp, ; :« L'espérance me
s'outient ». En France, elle ne devint
de mode qu'à partir du règne de
Louis XIV. Elle était réservée aux gens
de là cour. Puis elle fut un objet de
luxe et d'art. - Au dix-huitième siècle,
quelques-unes d'entre elles furent illus-
trées par. des peintres comme Frago-
nard. -
Lognon et Charlemagne
On n'a pas oublié les libéralités de Mlle
Dosne, la belle-sœur de Thiers, qui lé-
gua par testament la totalité de son
immense fortune à uné foule d'œuvres
utiles. Voici un intéressant chapitre, de
l'histoire de la famille Dosne.
En 1816, une ordonnance royale por-
ta le nombre des agents de change de
cinquante à soixante. Les dix places
nouvelles étaient fort convoitées ; l'une
d'elles fut donnée, .par la protection de
la duchesse d'Angoulême, à un em-
ployé de banque, M. Dosne qui fit ra-
pidement fortune. Peu après sa nomi-
nation, M. Dosne épousa la fille d'un
honorable commerçant de Paris, Mlle
Eurydice Mathéron dont il eut deux
filles" Mme Thiers et Mlle Dosne. Mlle
Eurydice Mathéron avait une sœur qui
fut demandée en mariage par un ban-
quier du nom de Lognon..
— Mon Dieu, lui dit Mlle Mathéron,
vous me plaisez certainement, mais je
ne pourrai jamais consentir à m'appe-
ler Mme Lognon.
— Qu'à cela ne tienne, répondit le
banquier ; si vous n'aimez pas Lognon,
vous aimeriez mieux un grand nom,
par exemple. Charlemagne Z
..;. Comment cela ?
— Je ferai changer mon appellation.
— Voilà qui me convient. Et je con-
sens à épouser Charlemagne.
Le mariage eut lieu, et de cette union
sont nés deux fils dont l'un, devenu
capitaine de vaisseau a péri avec son
navire dans un naufrage. L'autre a été
le général Charlemagne.
— <»
En - passai) t.
Certains Israélites qui raillent volontiers
nos petits tMver$,M, nos^lUss*Jnanies*na-
tionales, ne sont pas toujours, exempts du
préjugé nobiliaire.
Hs commencent môme à former un ar-
moriai spécial dont lès barons de Roths-
child, de Reinach, Erlanger, Ephrussi^Bam-
berger, Porges, Weisweilèr, jGunsbourg,
etc.,, sont les brillants fleurons. ,-,
Nous avons ainsi nos deux noblesses
comme nos deux justices : celle du Gotha
et celle du Golgotha, qui d'ailleurs prati-
quent l'entente la plus cordiale et la politi
que de la pénétration réciproque et pacili-
que.
La prise de possession de ces. titres et de
ces. blasons ne s'effectue pas toujours sans
incidents drôlatiques. Noblesse oblige !
Ainsi le célèbre banquier d'Anvers, M.
Ca:.,en, procéda par étapes successives pour
devenir le comle Cahen d'Anvers.
Il commença par s'appeler Cahen, comme
son Cahen de père, puis Cahen d'Anvers,
ensuite C. d'Anvers, en attendant qu'il de-
vienne sans doute le comte d'Anvers.
Lors de la première phase de sa méta-
morphose, il voyageait un jour avec un
vieil ami de Cologne, le bijoutier Olivier.
Ils descendirent tous deux dans l'hôtel le
plus aristocratique de Londres et on leur
présenta le livre où doivent s'inscrire les
voyageurs.
M. Cahen prit la plume le premier et ma-
jestueusement traça avec un paraphe ad-
mirable : « C. d'Anvers ». -
Son compagnon de route s'en aperçut, et,
malicieusement ;
- A,h fit-il, je vois ce i7ue c'est.
Et. tranquillement, il s'inscrivit à son
tour : « 0. de Cologne ».
Le Chemineau.
-
Les nouvelles relations
du Vatican
Le Vatican, sentant de plus en. plus la
baisse de son influence dans la vieille Eu-
rope, travaillée par les idées modernistes
que le pape a condamnées, en est réduit à
chercher des appuis de sa politique dans le
Nouveau-Monde. - -
: II a déjà pu obtenir la reprise de quelques
"anciens rapports diplomatiques avec la Bo*
livié-et la Colombie, et on annonce qu'il né-
gocie maintenant avec le Honduras et le
Nicaragua pour rétablir la délégation apos-
tolique et obtenir, à titre de réciprocité, la
nomination d'un ministre plénipotentiaire
près le Saint-Siège.
Nous apprendrons sans doute, prochai-
nement, qu'il négocie aussi avec Castro,
l'affreux macaque qui préside la république
du Venezuela. ..-.
En cherchant ainsi à sé rapprocher des
Yankees, le pape espère évidemment qu'il
trouvera dans ces nouvelles relations les
ressources qui commencent à lui faire dé-
faut pour alimenter son fameux denier de
*
Saint-Pierre. -
Du moment que la noblesse la plus au-
thentique d'Europe ne manque jamais une
occasion de redorer son blason en épousant
les hérifcères des riches marchands de
porcs du Nouveau-Monde, Pie X s'est, dit
qu'il serait d'un scrupule exagéré de ne pas
chercher à redorer le blason de l'Eglise en
faisant commerce de ses ferveurs avec les
gros possesseurs de bank-notes américains.
Au t'rain dont les affaires sont conduites
au Vatican, on peut prévoir que le jour est
proch eoù les dollars se mélangeront avec
les pièces de cent sous dans les coffres-
forts du Vatican et formeront les trésors de
guerre dont il a besoin pour l'organisation
de l'Eglise militante.
Il lui suffira, pour cela, de 'délivrer dés
Qreyets, de comtes romains et d'en encais-
- ser le prix de vente en le majorant le plus
possible.
Voilà ce que Ion peut appeler de l'inter-
nationalisme pratique. = p. gs
,;.. , EN PLEIN MYSTÈRE L..,.
U SUREIÉ lE PARLERA PLUS
M. Hamard ne dira plus rien. — Agira-t-il davantage? /#
faut que le scandale cesse. — Le gouvernement 9. le
devoir d'y mettre fin.
L'honorable M. Hamard vient 'de dé-
clarer aux représentants de. la presse
qui ont l'habitude de se rendre chaque
jour à son cabinet pour y recueillir les
nouvelles de la journée, qu'il serait
absolument inutile de tenter doréna-
vant la moindre démarche auprès de
lui, pour obtenir des renseignements
sur les grosses affaires criminelles qui
émeuvent si fort l'opinion publique de-
puis quelques jours.
M. Hamard demeurera désormais
muet, tant sur le crime de la rue de la
Pépinière, que sur celui de l'impasse
Ronsin.
« Depuis le début de ces affaires, au-
rait dit le chef de la Sûreté, les jour-
naux m'ont fait tenir des propos si
fantaisistes, si ridicules, si dénués de
bon sens, qu'il vaut mieux laisser le
champ libre à l'imagination des repor-
ters.
« Je ne me ferai plus, aurait-i* ajouté,
leur complice, en quelque sorte, en
leur fournissant moi-même des cane-
vas sur lesquels ils brodent comme à
plaisir. Je ne dirai plus rien, jusqu'au
jour où les coupables seront entre mes
mains. »
M. Hamard, en parlant de la sorte, a
montré qu'il était mécontent..
Nous nous permettons de lui répon-
dre qu'il a tort de manifester ainsi sa
mauvaise humeur contre la presse, et
sans doute en particulier contre le
Rappel, qui fut des premiers à lui
faire connaître franchement qu'il ne
partageait pas sa manière de voir sur
les crimes soumis. à son enquête et à
l'instruction de MM. Levdet et Alba-
nel.
Au surplus, M. Hamard a d'autant
plus tort de se rnsnteer mécontent, que
ce n'est pas notre faute à nous si, des
déclarations faites par lui, il est résul-
té des-invraisemblances et des contra-
dictions que nous ne pouvions pas,
dans fintérêt même de la justice, ne
pas relever. - ',
Car si M. Hamard veut bien faire
appel à sa mémoire, et si celle-ci lui
reste fidèle, il reconnaîtra que nous
n'avons fait que nous servir de propos
tenus par lui devant la plupart de nos
confrères. -
Comme le fait remarquer avec raison
pour son propre compte, notre confrère
Messidor, notre unique souci a été de
contribuer, dans la mesure de nos
moyens, à faire éclater la vérité, quelle
que pût être la situation sociale des
personnes qui pouvaient se trouver en
cause. Nous estimons que la justice,
dans une démocratie, a le devoir im-
périeux 'de se montrer égale pour tous ;
et ce n'est pas sans raison, nous le
croyons du moins, que nous avons pu
dire que si cette justice, dans les af-
faires mystérieuses qui nous occupent
et qui passionnent l'opinion, s était
trouvée en présence d'ouvriers, de tra-
vailleurs, de pauvres diables à qui la
vie est particulièrement dure, il y a
beau temps qu'elle serait arrivée à Clé-
couvrir ce qu'elle n'a pas encore dé-
couvert et ce qu'elle ne parait pas être
à la veille de découvrir.
Nous nous plaisons d'ailleurs à re-
connaitre que si nous avons ëW des
premiers à vouloir que la lumière fût
faite, nous n'avons pas été tes seuls.
Nombreux sont les confrères — et cela
les honore — qui se sont émus et qui
ont également posé à M. Hamard des
questions pressantes, sans pouvoir ob-
tenir de lui de réponses formelles et
définitives. ,'
, Hier encore, Messidor posait la ques-
hon suivante, à laquelle nous avions
déjà fait une allusion discrète :
— Mme veuve Japy, nous a dit un person-
nage, — qui fut très lié avec la famille du mal-
heureux peintre — n'est point la mère, mais la -
belle-mCre de Mme SteinheiJ.
En .dlet, le père de Mmo Steinheil se remaria
quelques années après la naissance de sa fille
avec la pauvre femme qui trouva une-- mort si
tragique dans la villa de l'impasse Ronsin. -
M. Hamard voudra-t-il bien sortir de sa ré-
serve pour reconnaître l'exactitude de ce fait ?
Nous l'espérons,- encore que ce détail n'ait point. 1
à notre avis, une importance capitale. Nous M
le publions que pour montrer au chef de la Sù.
reté que, tout autant que lui, nous avons le sou-
ci le plus vif de la vérité. ,t
C'est ce même souci qui nous a lou-
jours guidés dans les questions que
nous avons posées, et qui ne sont ve-
nues sous notre plume que de la façon
la plus naturelle, à la suite des déclara- ,
tions diverses de M. Hamard.
Donc, M. Hamard ne communiquera
plus rien à la presse sur les affaires de
la rue de la Pépinière et de l'impasse
Ronsin. Nous le regrettons parce que
nous aurions sans doute encore l'occa-
sion de relever bien des contradictions -
bien des lacunes dans les enquêtes
poursuivies, mais nous nous en conso-
lerons aisément si le chef de la Sûreté,
se décidant enfin à orienter comme 11
convient ses recherches, arrive à met- :
tre la main sur les coupables. -
Le gouvernement semble avoir voulu
donner un haut exemple de son souci
de tenir la main à ce que la justice soit
égale pour tous, en infligéant à M. Le
Poittevin la disgrâce que nos lecteurs
connaissent à propos de l'affaire Le-
moine.
Nous ne "doutons pas que ce souci ne
se manifeste de la même façon, si be-
soin était, à l'oecasion des instructions
ouvertes sur les crimes de la rue de la
Pépinière et ae l'impasse Ronsin.
Il faut que les scandales dont l'opi-
nion publique s'afflige, avee juste rai- *
son, aient une fin, il faut que la jus-
tice suive son cours, si douloureuse que
puisse lui paraître sa mission.
Ce n'est pas quand l'Allemagne ne
craint pas d'étaler à nu ses plaies mo-
rales que la France doit reculer de-
vant l'accomplissement de son devoir
de justice, si pénibles pour quelques-
uns que puissent en être - les consé-
quences.
Une situation qui énerve le pays et
lui fait douter de la justice ne peut pas
s'éterniser impunément.
A LA CHAMBRE
Les Affaires du Maroc
MM. Gervais, Deschanel, Jaurès interpellent. — M. Pichon
fait connaître les Instructions envoyées aux généraux
- Lyautey et d'Amade.- L'évacuation de la Chaouia.
M. Henri Brisson préside.
II y a foute, et foule brillante dans les tri-
bunes et dans les galeries. Les députés
sont d'abord assez peu nombreux, mais les
travées se garnissent rapidement.
La Chambre procède au tirage au sort
des bureaux.
Tout de suite après on aborde la discus-
sion des interpellations sur le Maroc. A
celles de M. Gervais « sur la politique fran-
çaise au Maroc », et de M. Faud Descha-
nel « sur la politique du gouvernement au
Maroc 'n. - on joint celle de M. Jaurès « sur
les conclusions que le gouvernement tire
des derniers événements marocains ».
DISCOURS DE M. GERVAIS
M. Gervais prend le premier la parole.
H. Gervais. — M. Pichon, M. Ribot, M. Des.
chanel, tous ont reconnu la situation spéciale
de la France vis-à-vis du Maroc, respect de
l'indépendance du Maroc, mais maintien de nos
droits. C'est ce que formula l'ordre du jour du
21 février.
Est-ce toujours cette politique que wu J, apili-
quer le gouvernement ? Il a envoyé des instruc-
tions récentes au général d'Ainade et au géné-
ral Lyautey. Quelles sont ces instructions ?
Je demande ensuite au gouvernement quelle
application il entend donner à l'Acte d'AIg(sj-
Tas en présence des nouveaux événements qui
se passent au Maroc.
Je lui demande encore si les operauons mili-
taires du général d'Amade sont terminées ?
Quelle est en outre la mission donnée au géné-
ral Lyautey ?
Nos troupes parai.ssent avoi.r terminé leur rôle;
elles ont fait preuve de leurs traditionnelles
qualités de vaillance et de générosité. (AppJau-
dissements.)
Au point do vue des incidents intérieurs -:u
Maroc, le gouvernement a-t-il gardé le neutrà-
, litë entre Je sultan Abd el Aziz et Moulay lia
fid. Nous devons, c'est le vœu évident du pays,
avoir les mains libres.
Tous nos actes diplomatiques ùcpvis de lon-
gues années ont pour but ia paix. Nous vou-
drions que toutes les puissances s'efforcent à
dissiper les malentendus par les voies pu ci fi-
ques, La démocratie française veut la solution
pacifique de la question du Maroc. (Très Lien 1)
DISCOURS DE M. PAUL DESCHANEL
C'est une véritable conférence que fait
M. Paul Deschanel sur les affaires du Ma-
roc. •
Al, Paul Deschanel. — Au début d'une affaire
si complexe, des flottements ont pu se produire.
Il faut voir maintenant où nous allons. Quelle
est notre situation dans l'ouest, à Casablanca ?
Quelle est notre situation dans l'est, à la fron-
tière algérienne ? Quelle est-elle dans le sud ?
Mais, avant tout, quel doit être notre rôle entre
Abd el Aziz et Moulay Ilafid ?
Le premier est le suHan légitime ; c'est ce q.Je
déclarait dernièrement sid Edward Grcy : c Nows
ne pouvons reconnaître plus d'un sultan à la
fois. )1 (Sourires.)
- Le premier devoir d'un sultan ou Meroc, quel
qu'il soit, esl d'abord de se soumettre aux ac-
tes signes par toutes les puissances. frrès bien 1
sur divers bancs.)
Voyons maintenant quel doit être notre rôle
à Casablanca et dans la ChâoUill.
A la suite des opérations militaires du géné-
l'al d'Amade, le calme renaît peu à peu dans la
plaine de la Ohliouïa. 'Le gouvernement et la
Chambre ont, maintes fois, affirmé leur volonté
de ne pas prolonger, l'occupatidn des .régions de
la Chûnnïa, Je demande au gouvernement com-
ment il résoudra ce difficile problème de limi-
ter notre effort sans en perdre le fruit. (Rires et
yÍf3 applaudissements.) ,'.
Il est des officiers de haut mérite d'esprit
nondéré qui pensent qu'il sera difficile dend:-
cucr le 'flot des combattants situés à la lisière
des points Que nous avons pecupés dans la
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