Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 04 juin 1908 04 juin 1908
Description : 1908/06/04 (N13964). 1908/06/04 (N13964).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N* 13964. - 15 Prairial An 116
catBrQ caEnyniWE» LB KVMËRO -
Jeudi 4 Juin 1908. -K* I3d64
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TRIBUNE LIBRE -
A L'HOTEL DE VILLE
-
Partout, en France, les
municipalités ont été consti-
tuées le dimanche qui a sui-
vi le résultat définitif des
élections, cest-à-dire, suivant
les cas, huit jours après le
premier tour ou nuit jours après le scru-
tin de ballottage. Ainsi le veut la loi
qui n'a apporté à cette règle générale
qu'une seule exception, en ce qui con-
cerne la Ville de Paris.:
Paris, on le sait, n'est pas, au point
de vue municipal, soumis au droit com-
mun. Les maires, qui n'y sont rien au-
tre chose que des officiers d'état civil,
sont désignés par le ministre de l'inté-
rieur. Au point de vue administratif, les
---,' fonctions de maire sont exercées par le
préfet de la Seine.
Quant au président du Conseil muni-
cipal, il n'a d'autres attributions que de
diriger les débats de l'assemblée com-
munale.
La fonction n'en est pas moins impor-
tante ; aussi, de tout temps, s'est-on
préoccupé de savoir non seulement à
quel homme elle serait confiée, mais en-
core à quel parti appartiennent ceux
dont on pose la candidature.
La Ville de Paris qui, dès le 4 septem-
bre 1870, a manifesté ses tendances ré-
publicaines, a toujours eu jusque dans
ces dernières années, à la tête de son
Conseil municipal, des hommes de gau-
the. Il a fallu la poussée nationaliste de
1900 pour faire porter au fauteuil, grâ-
ce à la coalition des réactionnaires, des
nationalistes et de quelques républi-
cains, des adversaires des institutions
actuelles.
En 1904, les républicains ont recon-
quis la majorité et pendant quatre ans,
grâce à la discipline qu'ils ont su obser-
ver, les radicaux et les socialistes se
sont alternativement succédé à la pré-
sidence.
Va-t-on, cette année, au lendemain
des élections auxquelles il vient d'être
procédé, agir comme on l'a fait depuis
1904, ou, au contraire, va-t-on dénoncer
l'alliance qui existait entre radicaux et
socialistes et chercher à en conclure une
nouvelle ?
Telle est, à l'heure actuelle. la ques-
tion qui se pose.
Si, en effet, on prend les chiffres du
oernier scrutin, on s'aperçoit que les
élus, radicaux et socialistes constituent
bien encore la majorité ; mais si l'on re-
cherche dans quelles conditions ont
triomphé ces élus, on est obligé de re-
connaître que plusieurs ont été nommés
sur le programme radical mais en dé-
clarant la guerre aux socialistes et en
recherchant les voix des modérés et mê-
me des nationalistes. -
A qui incombé la responsabilité d'une
telle attitude ? Les radicaux accusent les
socialistes qui, à leur tour, leur ren-
voient l'aoousation. -
La vérité, c'est qu'il y a des torts des
deux côtés. Les socialistes, aux élections
législatives dernières, n'ont pas eu par-
tout une attitude correcte ; les radicaux,
aux élections municipales qui ont suivi,
pour le remplacement des Conseillers
élus députés, n'ont point partout fait,
au second) tour, leur devoir. Il en est
résulté certaines animosités qui ont été
fcn s'accentuant. Les élections dernières
en ont subi le contre-coup et c'est ce qui
fait que la question, aujourd'hui qu'il
s'agit d'élire le président du Conseil mu-
nicipal, se pose dans les termes que je
viens d'indiquer.
Sur le passé, sembl-t-il, il n'y a pas
lieu d'épiloguer. Les fautes icommises,
quels qu'en soient les auteurs, ne peu-
vent être effacées et l'on risque, à les
vouloir commenter, d'envenimer le dé-
bat au! lieu de l'apaiser.
On dit, à l'Hôtel de Ville, que quelques
!Conseillers, bien qu'élus sur un pro-
gramme radical, ne voteront point pour
les socialistes, liés qu'ils sont par des
engagements pris avec les modérés qui
Ont voté pour eux, ou bien désireux de
manifester leur mécontentement à l'é-
gard d'un parti dont les représentants,
'dans certains quartiers, n'ont pas eu
l'attitude qu'on attendait d'eux.
Bien entendu, les progressistes qui
Constituent la minorité du Conseil mais
auxquels, lorsqu'ils s'unissent avec la
ttroite, il ne manque que quelques voix
pour devenir la majorité, ont vu immé-
diatement le parti qu'ils pouvaient tirer
(le tees divisions.
lis ont fait offrir aux radicaux de pro-
céder de concert avec eux, comme les
radicaux avaient fait avec les socialis-
tes pendant les quatre ans qui viennent
He s'écouler, - c'est-à-dire de porter alter-
nativement à la présidence un progres-
siste et un radical.
Ces propositions ont fait l'objet d'un
premier examen de la part du groupe
radical qui doit se tenir ces jours-ci
pour les discuter à nouveau.
De la solution qui sera donnée à la
question dépend, dans l'avenir, pour le
département de la Seine, la nature des
relations qui existeront entre le parti
radical et le parti socialiste. Au point
de vue politique, le problème, on le voit,
a son importance.
Si, en effet, les propositions du grou-
pe progressiste sont acceptées, les radi-
caux sont assurés de voir deux fois en
quatre ans le président fchoisi dans leurs
rangs. Mais, en même temps, ils rom-
pront définitivement avec les socialistes.
Les uns et les autres y perdront à coup
sûr ; mais ce qui est non moins certain,
c'est que la République, elle aussi, y
perdra. -'
Elle perdra non seulement au profit
des modérés devenus les alliés des fa-
dicaux, mais encore au profit des na-
tionalistes, des réactionnaires et des
cléricaux qui, depuis dix ans, ont lié
partie avec les progressistes.
Il est vraiment étrange qu'un malen-
tendu électoral qui dure depuis deux
ans au plus, puisse faire oublier a cer-
tains, tout ce qui, depuis dix ans, les a
séparés de ceux dont ils voudraient au-
jourd'hui se rapprocher. Ont-ils oublié
que ces mêmes progressistes qui leur
font des avances, ont dans toutes les ba-
tailles électorales, fait cause commune
avec la réaction ?
Ils se disent républicains et aux ré-
publicains radicaux ils ont, sous les
ministères Méline, Brisson, Waldeck-
Rousseau et Combes, préféré les adver-
saires acharnés de la République. Sous
le ministère Clemenceau, comme ils
l'ont fait sous le ministère Rouvier, ils
parlent d'entente avec nos amis, parce
qu'ils espèrent obtenir ainsi les faveurs
d'un gouvernement qui n'a d'ailleurs
pour eux que des prévenances.
Les républicains ne seront pas dupes
de ces manœuvres intéressées. A l'al-
liance que leur offrent les progressistes,
ils préféreront le maintien de 1 entente
cordiale avec les socialistes, qui, elle,
a fait ses preuves. Que les uns et les
autres oublient les griefs qu'ils peuvent
avoir, et qu'ils ne considèrent que l'in-
térêt supérieur de la République. -
Mais, dira-t-on, si des défections se
produisent et si, grâce à ces défections,
les progressistes s'emparent du bureau ?
Eh bien, ma foi, tant pis, nous nous
trouverons alors en présence de défec-
tions individuelles qui, en aulCun cas, ne
sauraient avoir l'importance et la por-
tée de la défection d'un grand parti
comme le parti radical.
Alfred MASSE
Député de la Nièvre.
—■ 1
LA POLITIQUE
EST-CE L'EVACUATION ? ,;
Le public a accueilli avec
satisfaction la nouvelle d'une
prochaine évacuation du pays
des Chaouïas et des Médra-
kas. A vrai dire, l'opinion
n'était pas - - bien - fixée sur le
sens et l'utilité d'une occupation. Si les
incidents du mois d'août dernier légiti-
maient une correction, ils ne légitimaient
ni une guerre ni cette pacification d'un
nouveau genre avec accompagnement de
razzias, de coups de fusils et de coups
de canon.
Il ne resterait donc plus désormais
que l'examen de la carte à payer. Si cher
,que cela coûtet la « douloureuse » nous
sera légère, si désormais on arrête les
frail, -
Et voilà pourquoi les explications du
gouvernement étaient attendues impa-
tiemment.
Cependant, M. Pichon met du temps à
nous satisfaire. Avec une coquetterie un
peu surannée, il se fait désirer. A Lon-
dres, il nous disait : « A mon retour
à Paris i>. Aujourd'hui, il nous dit : « A
huitaine ». Prenons patience et atten-
dons, mais puisqu'on nous laisse le
temps d'examiner la situation, essayons
d'y voir clair avant qu'on nous fasse la
lumière -.- à ce sujet.
Il est bien évident que c'est une éva-
cuation réelle que nous attendons et non
pas une substitution de troupês nouvel-
les aux troupes qu'on retire. S'il prenait
la fantaisie à nos maîtres de laisser là-
bas nos officiers ou des officiers, pour
commander des goums indigènes, l'éva-
cuation annoncée ne serait qu'un leurre.
On a construit nombre de fortins au
pays chaouïa, à grand renfort de trou-
pes du génie choisies dans notre cadre
métropolitain. De ces fortins, que veut-
on faire?Les abandonner aux Chaouïas?
Ce serait généreux et stupide. Y laisser
encore une petite garnison J'our surveil-
ler les alentours? Mais alors, que de-
vient l'évacuation ? Si ce n'est qu'un pro-
jet — et un projet vague, mal esquissé
— qu'on le dise:".
el - - - ----
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui mercredi :
Lever du soleil à 4 h. 2, coucher L 7 h, 54.
Lever du corps d'Emile Zola pour être
transporté au Panthéon, en vue de la céré-
monie de jeudi.
Courses au Tremblay.:
A quoi tient la destinée
La limonade a ceci de commun avec
le journalisme, qu'elle mène à tout, à
condition d'en sortir.
A preuve cet obscur et modeste gar-
çon limonadier, mis provisoirement en
vedette, sacré ténor et désigné pour la
grande réussite, grâce à l'initiative de
deux de nos confrères : Comœdia et
M usina. ——————————.—-——-——— -
L'aventure de M. Charles Falandry, le
ténor en question, nous rappelle celle
d'un autre ténor de grande envergure,
Sellier.
Sellier servait également des bocks
dans un débit de boissons de la rue
Drouotr situé au rez-de-chaussée d'un
immeuble dans lequel se trouvaient les
bureaux de rédaction du XIXe Siècle
et les ateliers de composition du jour-
nal. Et souvent, .pendant les chalèurs,
il lui arrivait de monter des rafraîchis-
sements aux typographes.
Le metteur en pages du journal, qui
était alors M. Thivet-Rapide, ayant re-
marqué par hasard l'extraordinaire
beauté de l'organe vocal de ce garçon,
fit chanter celui-ci, certain soir, devant
Edmond About et Francisque Sarcey.
Cette audition fut décisive. Le lende-
main, Camille du Loele, directeur de
l'Opéra-Comique, Hallauzier, directeur
de l'Opéra, se disputaient ce ra,ra avis.
Ce fut Hallauzier qui l'emporta.
Souhaitons à M. Falandry, garçon-
limonadier mué en ténor, la même car-
rière que celle de son ainé et collègue
Sellier.
AUTREFOIS
Rappel du 4 juin 1872. - D'après une sta-
tistique, la moyenne d'habitants par mai-
son est : à Londres, de 8 ; à Berlin, de 32 ;
à Paris, de 35 ; à Saint-Pétersbourg, de
52 ; à Vienne. de 55.
Il parait qu'un moyen de décider les che-
vaux à sortir d'une écurie en feu, c'est de
les seller, une fois harnachés, ils suivent
docilement
Modification à la coiffure des gardiens
de la paix : le galon blanc et la bande rou.
ge du képi sont remplacés par les armes de
la Vilte de Paris en cuivre argenté, appli-
quées sur le drap.
Mort du romancier allemand Frédérich
Gerstsecker,
D'après le recensement du ier décembre
1871, la population du nouvel empire ger-
manique est de 40,106,954 habitants, dont
20,145,713 hommes et 20,898,060 femmes ;
donc 752.347 femmes qui ne peuvent trou-
ver de mari dans le pays.
Inondations de la Meurthe, du Doubs,
de la Saône, du Rhône i la Loire commen-
ce à baisser.
Nos maîtres
Cette délicieuse petite scène a été
« croquée » samedi soir par un de nœ
collaborateurs dans un des derniers
trains de Versa-Iles à Paris.
A la gare de Sèvres, un contrôleur se
présente à la portière d'un comparti-
ment de première classe : « Vos billets,
messieurs, s'il vous plaît ? »
Sans se presser, gravement, digne-
ment, un voyageur sort avec affectation
un carnet de sa poche, le présente à
l'employé et, après avoir jeté sur ses
compagnons un regard protecteur, dit
de manière à être entendu de. tout le
monde : « Député ! H
Alors, son voisin, montrant avec hu-
milité son billet pris et payé au bureau,
dit de sa voix la plus humble ; « Elec-
teur l »
Feuilles de roses
Les Anciens écrivaient sur de vulgai-
res feuilles de papyrus. Nous avons
firouvé mieux que cela, puisque nous
écrivons sur les pétales de la reine de
nos fleurs. Au moyen d'un stylet élec-
trique, dont on promène la pointe sur
les pétales d'une rose, on. obtient des
lettres en blanc sur fond rose, par
simple décoloration que produit le pas-
sage de cette pointe. -
Cette découverte a été très ingénieu-
sement appliquée dans un récent ban-
quet, où chaque convive avait sa place
marquée par une rose sur laquelle se
détachait délicatement son nom.
Les amoureux vont pouvoir désor-
mais user de ce moyen à la fois original
et gracieux, pour échanger des madri-
gaux parfumés naturellement.
Les droits d'auteur 1
i P i.. > n
Mlle de Beaupré, une comédienne
contemporaine de Corneille, écrivait en
parlant de lui :
« Ce diable d'homme a gaM le métier,
avant lui nous avions des pièces de théâ-
tre pour trois écus1 on nous les faisait
en une nuit.
,(1 Actuellement, les pièces de M. Cor-
neille coûtent bien de l'argent et nous
gagnons peu de chose. »
Que dirait l'actrice Beaupré si elle sa-
vait que, de nos jours, le plus mince
vaudeville rapporte plus que le Cid, et
qu'il est des auteurs qui savent à peine
écrire, dont les revenus annuels dépas-
sent le demi-million ? -
La pelure d'orange
Si les pelures d'orange dont les che-
mins de la politique sont parsemés font
tom'ber parfois les ministères les plus
solides sur leurs pieds, elles causent
aussi, sur nos trottoirs, la chute des
simples profanes.
Un vieux professeur distrait posait le
pied, l'autre jour, sur une de ces mé-
chantes pelures, et tombait de son haut,
brusquement ramené, dans sa rêverie,
sur le fondement. de ses convictions.
Après s'être palpé et avoir constaté
qu'il ne s'est rien cassé, il reprend son
chemin en murmurant philosophique-
ment :
— N'en déplaise au poète, il est des
cas où il vaut mieux appuyée que gjis-
sar.,
Propos de Casino
A Vichy, dans le salon de conversa-
tion, un Allemand et un Italien discu-
taient pour prouver l'excellence de leur
langue maternelle.
Le Germain (qui avait bu trop de
kirsch) prétendait que la langue alle-
mande était la propre langue qu'on par-
lait au paradis.
— D'accord, répliqua l'Italien (qui
avait trop bu de rhum). Je crois que le
Seigneur, voulant être fort désagréable
à Adam, le chassa en allemand, mais
auparavant le diable avait séduit Eve
,en lui parlant italien.
En passant.
Il y a vraiment des saints charmants (et
je prie MM. les Typos de bien orthogra-
phier pour m'éviter un mauvais regard de
M. Béranger) qu'on ne saurait trop hono-
rer.
Ils ne figurent pas tous au calendrier,
et c'est grand dommage, car ce sont de
très braves petits saints fort estimés dans
,Certains villages de France, et que les lec-
teurs du Rappel auraient certainement
plaisir à connaître dans l'intimité.
Ainsi, nous avons Saint-Expédit dont le
monopole — si j'ose m'exprimer ainsi —
;est de rendre fécondes les lemmes stériles.
-Saint Théodule qui protège les idiots (il
île doit pas manquer d'adeptes 1)
Saint Nicanor, qui préserve de la foudre;
Saint liirmtx, qui éloigne les voleurs ;
Saint Eusèbe, qui guérit l'épilepsie et, qui
doit — entre parenthèses — bien mal s'en.
tendre avec Saint Guy, auteur de la dansa
du même nom !
On cite encore Saint Aglibert, qui aide
les vieilles filles à. décoiffer Sainte Cathe-
rine, et qui leur fait perdre les illusions
que Saint Antoine de Padoue lui-méme ne
,pourra jamais Leur faire retrouver; Et j'en
passe ! *
Le culte de tous ces braves petits saints
est complètement inoffensif et ceux qui se
sacrifient avec ferveur à Saint Bionix ou à
Saint Nicanor ne se considèrent pas moins
comme des bipèdes d'essence supérieure,
et méprisent, comme il sied ,les races infé-
rieures qui s'abaissent jusqu'à adorer des
fétiches et des idoles !
Le Chemineau.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
Une apparition
de la Vierge au Pape
Une nouvelle nous parvienit qui, si elle
était confirmée1 nous donnerait Fexplica-
'tion du violeaiit entêtement dont Fie X n'a
pas cessé de diomner dies preuves toutes les
fois qu'iJI¡ a dû ipredidre une décision rela-
tive aux questions religieuses soulevées
ipar J'application, en France, de la loi de
Séparation.
On raconte, dans les milieux du Vati-
can, qu'après être resté plusieurs heures
à genoux devant son crucifix, le pape au-
rait eu une nouvelle apparition de la
Vierge, — ce qui indique qu'il en aurait
eu d'autres précédemment et que la chose
aurait été tenue secrète. Au cours de cette
apparition, la Vierge aurait formellement
ordonné à Pie X de résister à outrance
contre les mesures proposées en France,
en faveur dU dergé.
La dépêche ajoute que le pape est de-
meuré très a'battu après cette apparition,
qui aurait duré une partie de la nuit.
Ce phénomène d'hallucination religieuse
se produisant chez des hommes politiques
n'est pas nouveau. On se souvient que
M. de Polignac prétendit avoir été l'objet
d'une apparition analogue et que la Vierge
lui fit une obligation impérieuse d'avoir à
rendre les fameuses, ordonnances de 1830*
Il ne faut donc plus s'étonner si Pie X
n'a tenu aucun compte des sages avis que
ilui ont donnés ses évêques et s'il a mis
tant de persistance à ne pas voir que la
plupart de ses décisions sacrifiaient les in-
térêts de son clergé français.
Le fait suivant, qui fait l'objet d'une brè-
ve dépêche que nous recevons, semblerait
bien indiquer que l'état d'esprit dans le-
quel se trouve le pape, présente quelque
chose de tout à fait particulier et même
d'anormal.
Dans la dernière visite qu'il 6 reçue des
évêques français, dit la dépêche en ques-
tion, le pape a déclaré en pleurant qu'il
serait obligé, prochainement, de mettre à
d'épreuve leur esprit de soumission et de
sacrifice. Ce que vous avez fait, leur a-t-il
ddt, n'est rien auprès de ce qu'il vous reste
à faire.
Ces paroles mystérieuses ont dû faire
une singulière impression sur l'auditoire
de Pie X et il y aurait quelque intérêt à
savoir ce que pensent les évêques français
à ce sujet, Px ail -
L'ARMÉE D'AUJOURD'HUI
NOIRE; SITMlg HILME
« Si la guerre éclatait entre la France
« et l'Allemagne, l'armée allemande se-
« rait plus tôt à Paris que la flotte anglai-
se devant les ports aJlemands., a
Ainsi s'exprime un député allemand
interviewé à propos du voyage de M.
Fallières à Londres.
C'est du bluff, évidemment. On ne
peut cependant s'empêcher de se dire
avec une certaine inquiétude : « 'Si c'é-
tait vrai, pourtant ! »
Le souvenir de 1870 n'esL;as. fait
pour nous rassurer. -
Y a-t-il, dans notre situation militai-
re, des symptômes qui pourraient jus-
tifier, jusqu'à un certain point, le chau-
vinisme du député allemand ?
C'est faire acte de patriotisme que de
les rechercher, alors qu'il est encore
temps d'y remédier.
On peut arriver à se -faire rapidement
une idée d'ensemble de cette situation,
en comparant les symptômes rassu-
rants et les symptômes alarmants
qu'elle présente.
Les symptômes rassurants sont les
suivants :
— Nous travaillons sans relâche, de-
puis trente-huit ans, à notre relève-
ment militaire. On a pu faire beaucoup
de choses pendant cette longue durée.
Le pays a fait tous les sacrifices qui lui
ont été demandés.
Le Parlement a voté toutes les lois
Qui lui ont été" soumises.
- L'armée a travaillé et travaille tou-
jours sans répit à son organisation et
à son instruction.
La France dispose de plus Se trois
millions d'hommes instruits. Ce nom-
bre est plus que suflisant pour faire
face à n'importe quelle éventualité.
Notre fusil est un des meilleurs, sinen
le meilleur.
Notre canon est, encore pour quel-
que temps, supérieur à tout ce qui exis-
te en ce genre.
Nos api rovisionnements de toutes
sortes sont au complet.
Le Français a des qualités militaires
incomparables.
Enfin la France est riche.
Tels sont les principaux symptômes
susceptibles de nous faire envisager
avec confiance notre situation militaire
actuelle.
Passons aux symptômes alarmants.
H y a en effet trente-huit ans que
nous travaillons à notre réorganisation
militaire, mais il ne semble pas qu'elle
soit terminée, ni fixée d'une manière
rationnelle et juste. L'an passée cette
réorganisation fut encore fortement
troublée par la suppression à peu près
inexplicable des quatrièmes bataillons
des régiments d'infanterie. Cette sup-
pression désorganisait les cadres de
plus de 150.000 hommes, modifiait l'or-
ganisation de nos unités de première
ligne et diminuait d'autant leur effec-
tif. N'oublions pas que le succès ou
la défaite définitive dépendront su-rtout
des premiers efforts, et que diminuer
de 150.000 soldats l'effectif des troupes
,de premier choc, ne saurait être consi-
déré comme une mesure sage et judi-
cieuse.
Il y a là un indice grave d'incohéren-
ce et de manque o'eepl'K--.d& suite. - H.
Cette suppression n'a pu que modi-
fier aussi la mobilisation, le groupe-
ment et le commandement de nos for-
ces, et y jeter au moins pendant quel-
que temps, une réelle perturbation.
— Le Parlement a voté toutes les lois
qui lui ont été soumises, mais d'autres
lois importantes, telles que la loi sur le
recrutement des cadres et leur avance-
ment, sont toujours en souffrance,
Nommer officier après dix-huit mois
de service, les candidats officiers de ré-
serve, c'est-à-dire six mois plus tôt
que les élèves de Saint-Cyr ou de Po-
lytechnique, ne paraît pas une solution
géniale. Elle existe cependant.
— L'armée travaille sans répit à son
organisation et à son instruction, c'est
vrai, mais nous venons de voir que
faute de bases rationnelles, cette orga-
nisation est toujours à l'état u évolution,
alors qu'elle devrait depuis longtemps
être fixée d'une manière presque abso-
lue.
Les lacunes de notre organisation
sont surtout sensibles et 'dangereuses
dans le groupement de nos forces sur
notre frontière de l'Est. Elles semblent
avoir pour conséquence un plan d'opé-
rations essentiellement défensif qui
nous vaudra d'être plus ou moins en-
vahis dès le début d'une guerre contre
l'Allemagne.
Le député allemand espère sans doute
que cette invasion initiale s'étendra jus-
qu'à Paris.
Mais le gros point noir 'de notre situa-
tion militaife, celui d'où parait vïnir
tout le mal, d'après ce qui se dit ou se
murmure, c'est l'insuffisance de l'ins-
tructionde l'armée en général et de l'in-
fanterie en particulier, qui est la
base de l'instruction de toute l'armée.
L'instruction de l'infanterie est, dit-
on Un peu partout, loin d'être (bonne.
Elle serait même tout à fait défec-
tueuse, s'il faut en croire le général
qui a présidé la commission du règle-
ment de manœuvres de cette arme.
D'après lui, « ce règlement ne sera com-
pris et bien appliqué que par nos en-
fants ». On ne saurait dire d'une maniè-
re plus nette que l'instruction de l'in-
fanterie est toute en façade. C'est lui
plus dure critique qu'on puisse faire de
ce règlement.
Mais si ce général a dit vrai, et on n.
saurait en douter, puisqu'il est le « pè-
re » du règlement, la situation qui en
résulte est évidemment connue en Alle-
magne. Ainsi s'expliquerait l'orgueil-
leuse prédiction du député allemand.
Faut-il invoquer comme symptôms
alarmant, les critiques parfois très du-
res et malheureusement trop justifiées
auxquelles donnent lieu. tous les ans,,
la direction et l'exécution des grandes
manœuvres ? *
Les officiers de réserve et les réser-
vistes eux-mêmes se plaignent aussi
des fatigues énormes auxquelles on les
soumet sans résultats bien appréciables
pour l'instruction de l'armée.
C'est là, peut-être, la principale cause
des nombreuses démissions qu'on cons-
tate parmi les officiers de réserve.
— Les officiers de nos écoles militai-
res sont également victimes de ce sur-,
ménagé stérile.
Croiriez-vous, me disait l'un d'eux,
que le cours le plus important de tout
renseignement militaire, c'est-à-dire
3 cours de tactique d'infanterie, n'exis-
te pas ou peu s'en faut, dans la premiè-
re de nos écoles militaires ? » Cela nous
paraît, en effet, tellement extraordinai-
re, que nous n'osons le croire ; ce se-
rait plus que de l'incohérence, ce serait
de l'aberration. 1
La question des mitrailleuses est aus-
si un symptôme alarmant. Elle a été,
dit-on, hâtivement tranchée, sous la'
pression de l'opinion publique. L'outil
a été adopté et fabriqué sans trop savoir
comment on s'en servirait. Il est peut-
être bon pour tirer un grand nombre
de balles dans le minimum de temps,
au polygone, mais sa valeur en campa-
gne est douteuse, en .raison de ses ac-
cessoires imparfaits. On s'en est aper-
çu, diton, même au Maroc.
Trouverons-nous des symptômes plus
rassurants dans la manière dont on a
préparé et dirigé les expéditions colo-
niales entreprises depuis vingt-cinq
ans (Tonkin, Tunisie, Dahomey, Mada-
gascar) ? Nous n'osons nous prononcer,
tant ces expéditions ont donné lieu à
d'amères critiques.
Nous ne parlerons pas de la question
des outils portatifs, ni de celle de l'allé- -
gement du fantassin, ni de tant d'autres
depuis si longtemps en souffrance. Nous
laisserons égalément de côté la revision
avortée du règlement sur le service inté-
rieur, récent indice d'une impuissance
évidente à faire aboutir toute tâche exi-
geant un peu de bon sens et de suite
dans les idées.
Il n'est pas inutile de faire remarquer
que si l'état de choses que semblent ré-
viéler ces considérations est à peine
pressenti dans le grand public, il paraît
connu dans le Parlement et dans l'ar-
mée, en particulier dans le hapt com-
mandement. On n'a pas oublié l'inquié-
tude, on peut même dire l'affolement
que provoqua, dans ces milieux, l'alerte
d'AIgésiras, il y a deux ans.
A ce moment, on racontait à voix
basse qu'un gros personnage militaire,
effrayé, sans doute par ses lourdes attrl
butions; voulut démissionner au mo-
ment le plus aigu de la crise.
Que conclure de cet exposé, sinon que
les symptômes alarmants sont assez
nombreux et paraissent assez graves
pour que le Parlement et le pays s'é-
meuvent de cette situation et travaillent
sans retard à y remédier.
La moindre négligence serait coupa-
ble ; elle pourrait nous exposer à voir se
réaliser, le cas échéant, la peu rassu-
rante prédiction du député allemand:
Et on ne peut songer sans effroi à ce
qu'il adviendrait de la France et de lfc.
République, en cas de guerre avec l'Al-
lemagne, si ces symptômes avaient réel-
lement la signification qu'ils paraissent
avoir à première vue. La question vauf
d'être examinée à fond.
X. X. X.,.
A L'HOTEL DE VILLE
Les socialistes indépendants s
Les onze conseillers municipaux indépen4
dants ont -constitué hier un groupe autono-
me. Ils ont décidé d'envoyer une déléga-
tion de trois membres au groupe munici-
pal des radicaux- et radicaux socialistes.
On a réservé la question d'une réunion plé-
nière des socialistes indépendants de la
Chambre des Députés, du Conseil géné-
ral de la Seine et du Conseil municipal de
Paris.
La réception de l'Hôtel de Ville
A propos de la réception, qui a eu lieu
hier soir à l'Hôtel de Ville, des tisseurs
de laine et de coton, M. André Lefèvre, pré-
sident du Conseil municipal, avait convié
dans son bureau les représentants les plus
éminents de ces industries en même temps
que le préfet de la Seine, le préfet de police.
La presse municipale assistait à cette ré-
ception plus intime offerte par la municipa-
lité de Paris à ses hôtes. Les commentaires
que certains de nos confrères ont jugé à
propos de faire sur finauguration du mo-
nument Becque et qui tendaient à laisser
supposer un désaccord entre le préfet de
la Seine et le Conseil municipal semblenl
dénués de tout fondement. — A. B.,
catBrQ caEnyniWE» LB KVMËRO -
Jeudi 4 Juin 1908. -K* I3d64
t Lu p :
ME-an
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;- an BUREAUX DU JOURNAL
II, rae da à!ail, Parte.
St C&©8 MM. XiA6RANQB, CERF et G*
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trois mois âi. mois m Cl
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Paris. 6 IL) U tp (0 I,
Départements 9 L U L - Il r.
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ateDACTIOÙ S 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÈLÉPDONE 102.68
Deéè 8 heures du soir elde 40 heure» du soir à 4 heure 4» matin -
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT'
ADMINISTRATION : 14' RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE 108 89
Adresser lettres et maAdatl à VAdministrateur ---
TRIBUNE LIBRE -
A L'HOTEL DE VILLE
-
Partout, en France, les
municipalités ont été consti-
tuées le dimanche qui a sui-
vi le résultat définitif des
élections, cest-à-dire, suivant
les cas, huit jours après le
premier tour ou nuit jours après le scru-
tin de ballottage. Ainsi le veut la loi
qui n'a apporté à cette règle générale
qu'une seule exception, en ce qui con-
cerne la Ville de Paris.:
Paris, on le sait, n'est pas, au point
de vue municipal, soumis au droit com-
mun. Les maires, qui n'y sont rien au-
tre chose que des officiers d'état civil,
sont désignés par le ministre de l'inté-
rieur. Au point de vue administratif, les
---,' fonctions de maire sont exercées par le
préfet de la Seine.
Quant au président du Conseil muni-
cipal, il n'a d'autres attributions que de
diriger les débats de l'assemblée com-
munale.
La fonction n'en est pas moins impor-
tante ; aussi, de tout temps, s'est-on
préoccupé de savoir non seulement à
quel homme elle serait confiée, mais en-
core à quel parti appartiennent ceux
dont on pose la candidature.
La Ville de Paris qui, dès le 4 septem-
bre 1870, a manifesté ses tendances ré-
publicaines, a toujours eu jusque dans
ces dernières années, à la tête de son
Conseil municipal, des hommes de gau-
the. Il a fallu la poussée nationaliste de
1900 pour faire porter au fauteuil, grâ-
ce à la coalition des réactionnaires, des
nationalistes et de quelques républi-
cains, des adversaires des institutions
actuelles.
En 1904, les républicains ont recon-
quis la majorité et pendant quatre ans,
grâce à la discipline qu'ils ont su obser-
ver, les radicaux et les socialistes se
sont alternativement succédé à la pré-
sidence.
Va-t-on, cette année, au lendemain
des élections auxquelles il vient d'être
procédé, agir comme on l'a fait depuis
1904, ou, au contraire, va-t-on dénoncer
l'alliance qui existait entre radicaux et
socialistes et chercher à en conclure une
nouvelle ?
Telle est, à l'heure actuelle. la ques-
tion qui se pose.
Si, en effet, on prend les chiffres du
oernier scrutin, on s'aperçoit que les
élus, radicaux et socialistes constituent
bien encore la majorité ; mais si l'on re-
cherche dans quelles conditions ont
triomphé ces élus, on est obligé de re-
connaître que plusieurs ont été nommés
sur le programme radical mais en dé-
clarant la guerre aux socialistes et en
recherchant les voix des modérés et mê-
me des nationalistes. -
A qui incombé la responsabilité d'une
telle attitude ? Les radicaux accusent les
socialistes qui, à leur tour, leur ren-
voient l'aoousation. -
La vérité, c'est qu'il y a des torts des
deux côtés. Les socialistes, aux élections
législatives dernières, n'ont pas eu par-
tout une attitude correcte ; les radicaux,
aux élections municipales qui ont suivi,
pour le remplacement des Conseillers
élus députés, n'ont point partout fait,
au second) tour, leur devoir. Il en est
résulté certaines animosités qui ont été
fcn s'accentuant. Les élections dernières
en ont subi le contre-coup et c'est ce qui
fait que la question, aujourd'hui qu'il
s'agit d'élire le président du Conseil mu-
nicipal, se pose dans les termes que je
viens d'indiquer.
Sur le passé, sembl-t-il, il n'y a pas
lieu d'épiloguer. Les fautes icommises,
quels qu'en soient les auteurs, ne peu-
vent être effacées et l'on risque, à les
vouloir commenter, d'envenimer le dé-
bat au! lieu de l'apaiser.
On dit, à l'Hôtel de Ville, que quelques
!Conseillers, bien qu'élus sur un pro-
gramme radical, ne voteront point pour
les socialistes, liés qu'ils sont par des
engagements pris avec les modérés qui
Ont voté pour eux, ou bien désireux de
manifester leur mécontentement à l'é-
gard d'un parti dont les représentants,
'dans certains quartiers, n'ont pas eu
l'attitude qu'on attendait d'eux.
Bien entendu, les progressistes qui
Constituent la minorité du Conseil mais
auxquels, lorsqu'ils s'unissent avec la
ttroite, il ne manque que quelques voix
pour devenir la majorité, ont vu immé-
diatement le parti qu'ils pouvaient tirer
(le tees divisions.
lis ont fait offrir aux radicaux de pro-
céder de concert avec eux, comme les
radicaux avaient fait avec les socialis-
tes pendant les quatre ans qui viennent
He s'écouler, - c'est-à-dire de porter alter-
nativement à la présidence un progres-
siste et un radical.
Ces propositions ont fait l'objet d'un
premier examen de la part du groupe
radical qui doit se tenir ces jours-ci
pour les discuter à nouveau.
De la solution qui sera donnée à la
question dépend, dans l'avenir, pour le
département de la Seine, la nature des
relations qui existeront entre le parti
radical et le parti socialiste. Au point
de vue politique, le problème, on le voit,
a son importance.
Si, en effet, les propositions du grou-
pe progressiste sont acceptées, les radi-
caux sont assurés de voir deux fois en
quatre ans le président fchoisi dans leurs
rangs. Mais, en même temps, ils rom-
pront définitivement avec les socialistes.
Les uns et les autres y perdront à coup
sûr ; mais ce qui est non moins certain,
c'est que la République, elle aussi, y
perdra. -'
Elle perdra non seulement au profit
des modérés devenus les alliés des fa-
dicaux, mais encore au profit des na-
tionalistes, des réactionnaires et des
cléricaux qui, depuis dix ans, ont lié
partie avec les progressistes.
Il est vraiment étrange qu'un malen-
tendu électoral qui dure depuis deux
ans au plus, puisse faire oublier a cer-
tains, tout ce qui, depuis dix ans, les a
séparés de ceux dont ils voudraient au-
jourd'hui se rapprocher. Ont-ils oublié
que ces mêmes progressistes qui leur
font des avances, ont dans toutes les ba-
tailles électorales, fait cause commune
avec la réaction ?
Ils se disent républicains et aux ré-
publicains radicaux ils ont, sous les
ministères Méline, Brisson, Waldeck-
Rousseau et Combes, préféré les adver-
saires acharnés de la République. Sous
le ministère Clemenceau, comme ils
l'ont fait sous le ministère Rouvier, ils
parlent d'entente avec nos amis, parce
qu'ils espèrent obtenir ainsi les faveurs
d'un gouvernement qui n'a d'ailleurs
pour eux que des prévenances.
Les républicains ne seront pas dupes
de ces manœuvres intéressées. A l'al-
liance que leur offrent les progressistes,
ils préféreront le maintien de 1 entente
cordiale avec les socialistes, qui, elle,
a fait ses preuves. Que les uns et les
autres oublient les griefs qu'ils peuvent
avoir, et qu'ils ne considèrent que l'in-
térêt supérieur de la République. -
Mais, dira-t-on, si des défections se
produisent et si, grâce à ces défections,
les progressistes s'emparent du bureau ?
Eh bien, ma foi, tant pis, nous nous
trouverons alors en présence de défec-
tions individuelles qui, en aulCun cas, ne
sauraient avoir l'importance et la por-
tée de la défection d'un grand parti
comme le parti radical.
Alfred MASSE
Député de la Nièvre.
—■ 1
LA POLITIQUE
EST-CE L'EVACUATION ? ,;
Le public a accueilli avec
satisfaction la nouvelle d'une
prochaine évacuation du pays
des Chaouïas et des Médra-
kas. A vrai dire, l'opinion
n'était pas - - bien - fixée sur le
sens et l'utilité d'une occupation. Si les
incidents du mois d'août dernier légiti-
maient une correction, ils ne légitimaient
ni une guerre ni cette pacification d'un
nouveau genre avec accompagnement de
razzias, de coups de fusils et de coups
de canon.
Il ne resterait donc plus désormais
que l'examen de la carte à payer. Si cher
,que cela coûtet la « douloureuse » nous
sera légère, si désormais on arrête les
frail, -
Et voilà pourquoi les explications du
gouvernement étaient attendues impa-
tiemment.
Cependant, M. Pichon met du temps à
nous satisfaire. Avec une coquetterie un
peu surannée, il se fait désirer. A Lon-
dres, il nous disait : « A mon retour
à Paris i>. Aujourd'hui, il nous dit : « A
huitaine ». Prenons patience et atten-
dons, mais puisqu'on nous laisse le
temps d'examiner la situation, essayons
d'y voir clair avant qu'on nous fasse la
lumière -.- à ce sujet.
Il est bien évident que c'est une éva-
cuation réelle que nous attendons et non
pas une substitution de troupês nouvel-
les aux troupes qu'on retire. S'il prenait
la fantaisie à nos maîtres de laisser là-
bas nos officiers ou des officiers, pour
commander des goums indigènes, l'éva-
cuation annoncée ne serait qu'un leurre.
On a construit nombre de fortins au
pays chaouïa, à grand renfort de trou-
pes du génie choisies dans notre cadre
métropolitain. De ces fortins, que veut-
on faire?Les abandonner aux Chaouïas?
Ce serait généreux et stupide. Y laisser
encore une petite garnison J'our surveil-
ler les alentours? Mais alors, que de-
vient l'évacuation ? Si ce n'est qu'un pro-
jet — et un projet vague, mal esquissé
— qu'on le dise:".
el - - - ----
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui mercredi :
Lever du soleil à 4 h. 2, coucher L 7 h, 54.
Lever du corps d'Emile Zola pour être
transporté au Panthéon, en vue de la céré-
monie de jeudi.
Courses au Tremblay.:
A quoi tient la destinée
La limonade a ceci de commun avec
le journalisme, qu'elle mène à tout, à
condition d'en sortir.
A preuve cet obscur et modeste gar-
çon limonadier, mis provisoirement en
vedette, sacré ténor et désigné pour la
grande réussite, grâce à l'initiative de
deux de nos confrères : Comœdia et
M usina. ——————————.—-——-——— -
L'aventure de M. Charles Falandry, le
ténor en question, nous rappelle celle
d'un autre ténor de grande envergure,
Sellier.
Sellier servait également des bocks
dans un débit de boissons de la rue
Drouotr situé au rez-de-chaussée d'un
immeuble dans lequel se trouvaient les
bureaux de rédaction du XIXe Siècle
et les ateliers de composition du jour-
nal. Et souvent, .pendant les chalèurs,
il lui arrivait de monter des rafraîchis-
sements aux typographes.
Le metteur en pages du journal, qui
était alors M. Thivet-Rapide, ayant re-
marqué par hasard l'extraordinaire
beauté de l'organe vocal de ce garçon,
fit chanter celui-ci, certain soir, devant
Edmond About et Francisque Sarcey.
Cette audition fut décisive. Le lende-
main, Camille du Loele, directeur de
l'Opéra-Comique, Hallauzier, directeur
de l'Opéra, se disputaient ce ra,ra avis.
Ce fut Hallauzier qui l'emporta.
Souhaitons à M. Falandry, garçon-
limonadier mué en ténor, la même car-
rière que celle de son ainé et collègue
Sellier.
AUTREFOIS
Rappel du 4 juin 1872. - D'après une sta-
tistique, la moyenne d'habitants par mai-
son est : à Londres, de 8 ; à Berlin, de 32 ;
à Paris, de 35 ; à Saint-Pétersbourg, de
52 ; à Vienne. de 55.
Il parait qu'un moyen de décider les che-
vaux à sortir d'une écurie en feu, c'est de
les seller, une fois harnachés, ils suivent
docilement
Modification à la coiffure des gardiens
de la paix : le galon blanc et la bande rou.
ge du képi sont remplacés par les armes de
la Vilte de Paris en cuivre argenté, appli-
quées sur le drap.
Mort du romancier allemand Frédérich
Gerstsecker,
D'après le recensement du ier décembre
1871, la population du nouvel empire ger-
manique est de 40,106,954 habitants, dont
20,145,713 hommes et 20,898,060 femmes ;
donc 752.347 femmes qui ne peuvent trou-
ver de mari dans le pays.
Inondations de la Meurthe, du Doubs,
de la Saône, du Rhône i la Loire commen-
ce à baisser.
Nos maîtres
Cette délicieuse petite scène a été
« croquée » samedi soir par un de nœ
collaborateurs dans un des derniers
trains de Versa-Iles à Paris.
A la gare de Sèvres, un contrôleur se
présente à la portière d'un comparti-
ment de première classe : « Vos billets,
messieurs, s'il vous plaît ? »
Sans se presser, gravement, digne-
ment, un voyageur sort avec affectation
un carnet de sa poche, le présente à
l'employé et, après avoir jeté sur ses
compagnons un regard protecteur, dit
de manière à être entendu de. tout le
monde : « Député ! H
Alors, son voisin, montrant avec hu-
milité son billet pris et payé au bureau,
dit de sa voix la plus humble ; « Elec-
teur l »
Feuilles de roses
Les Anciens écrivaient sur de vulgai-
res feuilles de papyrus. Nous avons
firouvé mieux que cela, puisque nous
écrivons sur les pétales de la reine de
nos fleurs. Au moyen d'un stylet élec-
trique, dont on promène la pointe sur
les pétales d'une rose, on. obtient des
lettres en blanc sur fond rose, par
simple décoloration que produit le pas-
sage de cette pointe. -
Cette découverte a été très ingénieu-
sement appliquée dans un récent ban-
quet, où chaque convive avait sa place
marquée par une rose sur laquelle se
détachait délicatement son nom.
Les amoureux vont pouvoir désor-
mais user de ce moyen à la fois original
et gracieux, pour échanger des madri-
gaux parfumés naturellement.
Les droits d'auteur 1
i P i.. > n
Mlle de Beaupré, une comédienne
contemporaine de Corneille, écrivait en
parlant de lui :
« Ce diable d'homme a gaM le métier,
avant lui nous avions des pièces de théâ-
tre pour trois écus1 on nous les faisait
en une nuit.
,(1 Actuellement, les pièces de M. Cor-
neille coûtent bien de l'argent et nous
gagnons peu de chose. »
Que dirait l'actrice Beaupré si elle sa-
vait que, de nos jours, le plus mince
vaudeville rapporte plus que le Cid, et
qu'il est des auteurs qui savent à peine
écrire, dont les revenus annuels dépas-
sent le demi-million ? -
La pelure d'orange
Si les pelures d'orange dont les che-
mins de la politique sont parsemés font
tom'ber parfois les ministères les plus
solides sur leurs pieds, elles causent
aussi, sur nos trottoirs, la chute des
simples profanes.
Un vieux professeur distrait posait le
pied, l'autre jour, sur une de ces mé-
chantes pelures, et tombait de son haut,
brusquement ramené, dans sa rêverie,
sur le fondement. de ses convictions.
Après s'être palpé et avoir constaté
qu'il ne s'est rien cassé, il reprend son
chemin en murmurant philosophique-
ment :
— N'en déplaise au poète, il est des
cas où il vaut mieux appuyée que gjis-
sar.,
Propos de Casino
A Vichy, dans le salon de conversa-
tion, un Allemand et un Italien discu-
taient pour prouver l'excellence de leur
langue maternelle.
Le Germain (qui avait bu trop de
kirsch) prétendait que la langue alle-
mande était la propre langue qu'on par-
lait au paradis.
— D'accord, répliqua l'Italien (qui
avait trop bu de rhum). Je crois que le
Seigneur, voulant être fort désagréable
à Adam, le chassa en allemand, mais
auparavant le diable avait séduit Eve
,en lui parlant italien.
En passant.
Il y a vraiment des saints charmants (et
je prie MM. les Typos de bien orthogra-
phier pour m'éviter un mauvais regard de
M. Béranger) qu'on ne saurait trop hono-
rer.
Ils ne figurent pas tous au calendrier,
et c'est grand dommage, car ce sont de
très braves petits saints fort estimés dans
,Certains villages de France, et que les lec-
teurs du Rappel auraient certainement
plaisir à connaître dans l'intimité.
Ainsi, nous avons Saint-Expédit dont le
monopole — si j'ose m'exprimer ainsi —
;est de rendre fécondes les lemmes stériles.
-Saint Théodule qui protège les idiots (il
île doit pas manquer d'adeptes 1)
Saint Nicanor, qui préserve de la foudre;
Saint liirmtx, qui éloigne les voleurs ;
Saint Eusèbe, qui guérit l'épilepsie et, qui
doit — entre parenthèses — bien mal s'en.
tendre avec Saint Guy, auteur de la dansa
du même nom !
On cite encore Saint Aglibert, qui aide
les vieilles filles à. décoiffer Sainte Cathe-
rine, et qui leur fait perdre les illusions
que Saint Antoine de Padoue lui-méme ne
,pourra jamais Leur faire retrouver; Et j'en
passe ! *
Le culte de tous ces braves petits saints
est complètement inoffensif et ceux qui se
sacrifient avec ferveur à Saint Bionix ou à
Saint Nicanor ne se considèrent pas moins
comme des bipèdes d'essence supérieure,
et méprisent, comme il sied ,les races infé-
rieures qui s'abaissent jusqu'à adorer des
fétiches et des idoles !
Le Chemineau.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
Une apparition
de la Vierge au Pape
Une nouvelle nous parvienit qui, si elle
était confirmée1 nous donnerait Fexplica-
'tion du violeaiit entêtement dont Fie X n'a
pas cessé de diomner dies preuves toutes les
fois qu'iJI¡ a dû ipredidre une décision rela-
tive aux questions religieuses soulevées
ipar J'application, en France, de la loi de
Séparation.
On raconte, dans les milieux du Vati-
can, qu'après être resté plusieurs heures
à genoux devant son crucifix, le pape au-
rait eu une nouvelle apparition de la
Vierge, — ce qui indique qu'il en aurait
eu d'autres précédemment et que la chose
aurait été tenue secrète. Au cours de cette
apparition, la Vierge aurait formellement
ordonné à Pie X de résister à outrance
contre les mesures proposées en France,
en faveur dU dergé.
La dépêche ajoute que le pape est de-
meuré très a'battu après cette apparition,
qui aurait duré une partie de la nuit.
Ce phénomène d'hallucination religieuse
se produisant chez des hommes politiques
n'est pas nouveau. On se souvient que
M. de Polignac prétendit avoir été l'objet
d'une apparition analogue et que la Vierge
lui fit une obligation impérieuse d'avoir à
rendre les fameuses, ordonnances de 1830*
Il ne faut donc plus s'étonner si Pie X
n'a tenu aucun compte des sages avis que
ilui ont donnés ses évêques et s'il a mis
tant de persistance à ne pas voir que la
plupart de ses décisions sacrifiaient les in-
térêts de son clergé français.
Le fait suivant, qui fait l'objet d'une brè-
ve dépêche que nous recevons, semblerait
bien indiquer que l'état d'esprit dans le-
quel se trouve le pape, présente quelque
chose de tout à fait particulier et même
d'anormal.
Dans la dernière visite qu'il 6 reçue des
évêques français, dit la dépêche en ques-
tion, le pape a déclaré en pleurant qu'il
serait obligé, prochainement, de mettre à
d'épreuve leur esprit de soumission et de
sacrifice. Ce que vous avez fait, leur a-t-il
ddt, n'est rien auprès de ce qu'il vous reste
à faire.
Ces paroles mystérieuses ont dû faire
une singulière impression sur l'auditoire
de Pie X et il y aurait quelque intérêt à
savoir ce que pensent les évêques français
à ce sujet, Px ail -
L'ARMÉE D'AUJOURD'HUI
NOIRE; SITMlg HILME
« Si la guerre éclatait entre la France
« et l'Allemagne, l'armée allemande se-
« rait plus tôt à Paris que la flotte anglai-
se devant les ports aJlemands., a
Ainsi s'exprime un député allemand
interviewé à propos du voyage de M.
Fallières à Londres.
C'est du bluff, évidemment. On ne
peut cependant s'empêcher de se dire
avec une certaine inquiétude : « 'Si c'é-
tait vrai, pourtant ! »
Le souvenir de 1870 n'esL;as. fait
pour nous rassurer. -
Y a-t-il, dans notre situation militai-
re, des symptômes qui pourraient jus-
tifier, jusqu'à un certain point, le chau-
vinisme du député allemand ?
C'est faire acte de patriotisme que de
les rechercher, alors qu'il est encore
temps d'y remédier.
On peut arriver à se -faire rapidement
une idée d'ensemble de cette situation,
en comparant les symptômes rassu-
rants et les symptômes alarmants
qu'elle présente.
Les symptômes rassurants sont les
suivants :
— Nous travaillons sans relâche, de-
puis trente-huit ans, à notre relève-
ment militaire. On a pu faire beaucoup
de choses pendant cette longue durée.
Le pays a fait tous les sacrifices qui lui
ont été demandés.
Le Parlement a voté toutes les lois
Qui lui ont été" soumises.
- L'armée a travaillé et travaille tou-
jours sans répit à son organisation et
à son instruction.
La France dispose de plus Se trois
millions d'hommes instruits. Ce nom-
bre est plus que suflisant pour faire
face à n'importe quelle éventualité.
Notre fusil est un des meilleurs, sinen
le meilleur.
Notre canon est, encore pour quel-
que temps, supérieur à tout ce qui exis-
te en ce genre.
Nos api rovisionnements de toutes
sortes sont au complet.
Le Français a des qualités militaires
incomparables.
Enfin la France est riche.
Tels sont les principaux symptômes
susceptibles de nous faire envisager
avec confiance notre situation militaire
actuelle.
Passons aux symptômes alarmants.
H y a en effet trente-huit ans que
nous travaillons à notre réorganisation
militaire, mais il ne semble pas qu'elle
soit terminée, ni fixée d'une manière
rationnelle et juste. L'an passée cette
réorganisation fut encore fortement
troublée par la suppression à peu près
inexplicable des quatrièmes bataillons
des régiments d'infanterie. Cette sup-
pression désorganisait les cadres de
plus de 150.000 hommes, modifiait l'or-
ganisation de nos unités de première
ligne et diminuait d'autant leur effec-
tif. N'oublions pas que le succès ou
la défaite définitive dépendront su-rtout
des premiers efforts, et que diminuer
de 150.000 soldats l'effectif des troupes
,de premier choc, ne saurait être consi-
déré comme une mesure sage et judi-
cieuse.
Il y a là un indice grave d'incohéren-
ce et de manque o'eepl'K--.d& suite. - H.
Cette suppression n'a pu que modi-
fier aussi la mobilisation, le groupe-
ment et le commandement de nos for-
ces, et y jeter au moins pendant quel-
que temps, une réelle perturbation.
— Le Parlement a voté toutes les lois
qui lui ont été soumises, mais d'autres
lois importantes, telles que la loi sur le
recrutement des cadres et leur avance-
ment, sont toujours en souffrance,
Nommer officier après dix-huit mois
de service, les candidats officiers de ré-
serve, c'est-à-dire six mois plus tôt
que les élèves de Saint-Cyr ou de Po-
lytechnique, ne paraît pas une solution
géniale. Elle existe cependant.
— L'armée travaille sans répit à son
organisation et à son instruction, c'est
vrai, mais nous venons de voir que
faute de bases rationnelles, cette orga-
nisation est toujours à l'état u évolution,
alors qu'elle devrait depuis longtemps
être fixée d'une manière presque abso-
lue.
Les lacunes de notre organisation
sont surtout sensibles et 'dangereuses
dans le groupement de nos forces sur
notre frontière de l'Est. Elles semblent
avoir pour conséquence un plan d'opé-
rations essentiellement défensif qui
nous vaudra d'être plus ou moins en-
vahis dès le début d'une guerre contre
l'Allemagne.
Le député allemand espère sans doute
que cette invasion initiale s'étendra jus-
qu'à Paris.
Mais le gros point noir 'de notre situa-
tion militaife, celui d'où parait vïnir
tout le mal, d'après ce qui se dit ou se
murmure, c'est l'insuffisance de l'ins-
tructionde l'armée en général et de l'in-
fanterie en particulier, qui est la
base de l'instruction de toute l'armée.
L'instruction de l'infanterie est, dit-
on Un peu partout, loin d'être (bonne.
Elle serait même tout à fait défec-
tueuse, s'il faut en croire le général
qui a présidé la commission du règle-
ment de manœuvres de cette arme.
D'après lui, « ce règlement ne sera com-
pris et bien appliqué que par nos en-
fants ». On ne saurait dire d'une maniè-
re plus nette que l'instruction de l'in-
fanterie est toute en façade. C'est lui
plus dure critique qu'on puisse faire de
ce règlement.
Mais si ce général a dit vrai, et on n.
saurait en douter, puisqu'il est le « pè-
re » du règlement, la situation qui en
résulte est évidemment connue en Alle-
magne. Ainsi s'expliquerait l'orgueil-
leuse prédiction du député allemand.
Faut-il invoquer comme symptôms
alarmant, les critiques parfois très du-
res et malheureusement trop justifiées
auxquelles donnent lieu. tous les ans,,
la direction et l'exécution des grandes
manœuvres ? *
Les officiers de réserve et les réser-
vistes eux-mêmes se plaignent aussi
des fatigues énormes auxquelles on les
soumet sans résultats bien appréciables
pour l'instruction de l'armée.
C'est là, peut-être, la principale cause
des nombreuses démissions qu'on cons-
tate parmi les officiers de réserve.
— Les officiers de nos écoles militai-
res sont également victimes de ce sur-,
ménagé stérile.
Croiriez-vous, me disait l'un d'eux,
que le cours le plus important de tout
renseignement militaire, c'est-à-dire
3 cours de tactique d'infanterie, n'exis-
te pas ou peu s'en faut, dans la premiè-
re de nos écoles militaires ? » Cela nous
paraît, en effet, tellement extraordinai-
re, que nous n'osons le croire ; ce se-
rait plus que de l'incohérence, ce serait
de l'aberration. 1
La question des mitrailleuses est aus-
si un symptôme alarmant. Elle a été,
dit-on, hâtivement tranchée, sous la'
pression de l'opinion publique. L'outil
a été adopté et fabriqué sans trop savoir
comment on s'en servirait. Il est peut-
être bon pour tirer un grand nombre
de balles dans le minimum de temps,
au polygone, mais sa valeur en campa-
gne est douteuse, en .raison de ses ac-
cessoires imparfaits. On s'en est aper-
çu, diton, même au Maroc.
Trouverons-nous des symptômes plus
rassurants dans la manière dont on a
préparé et dirigé les expéditions colo-
niales entreprises depuis vingt-cinq
ans (Tonkin, Tunisie, Dahomey, Mada-
gascar) ? Nous n'osons nous prononcer,
tant ces expéditions ont donné lieu à
d'amères critiques.
Nous ne parlerons pas de la question
des outils portatifs, ni de celle de l'allé- -
gement du fantassin, ni de tant d'autres
depuis si longtemps en souffrance. Nous
laisserons égalément de côté la revision
avortée du règlement sur le service inté-
rieur, récent indice d'une impuissance
évidente à faire aboutir toute tâche exi-
geant un peu de bon sens et de suite
dans les idées.
Il n'est pas inutile de faire remarquer
que si l'état de choses que semblent ré-
viéler ces considérations est à peine
pressenti dans le grand public, il paraît
connu dans le Parlement et dans l'ar-
mée, en particulier dans le hapt com-
mandement. On n'a pas oublié l'inquié-
tude, on peut même dire l'affolement
que provoqua, dans ces milieux, l'alerte
d'AIgésiras, il y a deux ans.
A ce moment, on racontait à voix
basse qu'un gros personnage militaire,
effrayé, sans doute par ses lourdes attrl
butions; voulut démissionner au mo-
ment le plus aigu de la crise.
Que conclure de cet exposé, sinon que
les symptômes alarmants sont assez
nombreux et paraissent assez graves
pour que le Parlement et le pays s'é-
meuvent de cette situation et travaillent
sans retard à y remédier.
La moindre négligence serait coupa-
ble ; elle pourrait nous exposer à voir se
réaliser, le cas échéant, la peu rassu-
rante prédiction du député allemand:
Et on ne peut songer sans effroi à ce
qu'il adviendrait de la France et de lfc.
République, en cas de guerre avec l'Al-
lemagne, si ces symptômes avaient réel-
lement la signification qu'ils paraissent
avoir à première vue. La question vauf
d'être examinée à fond.
X. X. X.,.
A L'HOTEL DE VILLE
Les socialistes indépendants s
Les onze conseillers municipaux indépen4
dants ont -constitué hier un groupe autono-
me. Ils ont décidé d'envoyer une déléga-
tion de trois membres au groupe munici-
pal des radicaux- et radicaux socialistes.
On a réservé la question d'une réunion plé-
nière des socialistes indépendants de la
Chambre des Députés, du Conseil géné-
ral de la Seine et du Conseil municipal de
Paris.
La réception de l'Hôtel de Ville
A propos de la réception, qui a eu lieu
hier soir à l'Hôtel de Ville, des tisseurs
de laine et de coton, M. André Lefèvre, pré-
sident du Conseil municipal, avait convié
dans son bureau les représentants les plus
éminents de ces industries en même temps
que le préfet de la Seine, le préfet de police.
La presse municipale assistait à cette ré-
ception plus intime offerte par la municipa-
lité de Paris à ses hôtes. Les commentaires
que certains de nos confrères ont jugé à
propos de faire sur finauguration du mo-
nument Becque et qui tendaient à laisser
supposer un désaccord entre le préfet de
la Seine et le Conseil municipal semblenl
dénués de tout fondement. — A. B.,
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