Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-02
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 02 juin 1908 02 juin 1908
Description : 1908/06/02 (N13962). 1908/06/02 (N13962).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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Jardi la juin 19Q8 - N* i 3902
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trois mois six moto sd ap.
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Oépartement. IL 121 -, Mi,
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etoACTIClM * 14, RUE OU MAIL, PARÎ3. - TÈfAPHONE 102.88
Qeé 4 8 heures du soir a de iO heures du soir d i Mure du matin
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
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ADMINISTRATION : 141 RUE DU MAIL., - TÉLÉPHONÉ 108 89
Adresser ktires et mandats d l'Administrateur ,..-;
0"-
TRIBUNE LIBRE :'
XPROPRIATION
.j
Il n'est pas de travaux pu- 1
blics d'ordre un peu général
et d'une certaine importance
qui ne soient précédés d'une
expropriation de terrains,
d'immeubles et d'indemnités
de toutes, natures a des occupants.
La loi du 3 mai 1841, qui fixe les
règles de l'expropriation pour cause
d'utilité publique a donc, pour le monde
du travail, une importance capitale, et
il est intéressant d'examiner si cette loi
répond aux besoins actuels ou si au
: contraire elle a besoin de modifications
utiles.
.• Il semble, tout d'abord, qu'une loi de
cette sorte doit poursuivre deux buts :
Le premier est de sauvegarder les in-
térêts de ceux qui subissent de par la
!)()i une expropriation forcée.
Le deuxième doit être de faciliter le
plus possible, d'accélérer cette expro-
priation nécessitée par l'intérêt général
et de faire aussi que cet intérêt général
puisse êtrè défendu contre les intérêts
privés en jeu. ,'
Entre tous, elle doit maintenir la jus-
tice et faire que l'un n'écrase pas les
autres, mais aussi que les particuliers
ne tirent pas d'une nécessité d'intérêt
général des profits exorbitants..
La loi du 3 mai 1841 présente-t-elle
ces qualités ?
Evidemment non, et il semble en
l'examinant qu'elle ait grand besoin de
subir d'importantes modifications, d'être
un peu modernisée.
Nous ne voulons pas insister sur la
longueur désespérante et la multiplicité
des formalités qui précèdent la décision
du jury d'expropriation.
Il y a là des dépenses de temps bien
inutiles, sans avantage pour personne
et très nuisibles aux villes, départe-
ments ou Etat qui ont intérêt à aller
aussi vite que possible dans leurs
grands travaux. Souvent aussi les en-
trepreneurs sont arrêtés dans leurs en-
treprises et attendent, non sans dom-
mage, des décisions qui ne, viennent
pas.
Ce n'est pas là le défaut capital de la
loi de 1841 : ce défaut capital c*est la
façon dont la loi fixe la Manière d'ac-
corder les indemnités dues pour les ex-
propriations pour cause d'utilité publi-
que.
Ces indemnités sont fixées par un
jury et ce jury, on peut le dire, ne pré-
sente cas les garanties suffisantes d'im-
partialité ni de capacité.
L'article 29 dit que dans sa session
annuelle, le conseil général du départe-
ment désigne, pour chaque arrondisse-
ment, tant sur la liste des électeurs, que
sur la seconde partie de la liste du jury,
trente-six personnes au moins, soixante-
douze au plus, qui ont leur domicile réel
dans n'arrDndissen'lient, et parmi les-
quelles sont choisis, jusqu'à la session
ordinaire suivante du Conseil général,
Jes membres du jury spécial appelé, le
cas échéant, à régler les indemnités
'dues par suite d'expropriation pour
;U\use d'utilité publique.
Du fait de cet article, la seule qualité
Requise du futur juré est d'être électeur
M d'habiter le pays.
1 , 11 Qu'il s'agisse d'indemnités légères,
qu'il s'agisse de millions, c'est la même
chose. Le sort désignera (parmi cette
première liste les douze qui arbitreront
les indemnités dues ; qui diront non
seulement la valeur réelle des proprié-
tés expropriées, mais fixeront encore
l'indemnité due pour la dépossession
d'une usine, la privation de jouissance
d'un immeuble de rapport, hôtels, vil-
las, etc.
Quelle préparation les destine à pa-
reille mission ? On ne s'en inquiète mê-
me pas, c'est le hasard qui jouera seul
te principal rôle dans la formation de
ce jury que la loi de 1841 fait souve-
rain.
L'article 42 de la même loi dit en
ffet: La décision du jury et l'ordon-
nance du magistrat directeur ne peuvent
être attaquées que par la voie du re-
tours en cassation, et seulement pour
violation du premier paragraphe de l'ar-
ticle 30, etc.
En un mot, la décision du jury peut
être attaquée pour viœ de forme, pour
inobservation des clauses de la loi de
:1841, mais jamais à propos du montant
lles indemnités allouées. Sur ce point,
la décision est souveraine, définitirc,
sans recours possible.
Quand devant un tribunal soiitpôrtés
> Hes différends, soit entre particu-
liers d'un côté, ville, département
Ou Etat de l'autre côté, la déci-
sion des membres compétents du tri-
bunal est susceptible d'appel. On peut
demander aux juges d'appel plus nom-
breux et plus expérimentés, d'examiner
à nouveau l'affaire litigieuse, et obtenir
souvent d'une cour d'appej un arrêt dif-
férent totalement du premier jugement.
De même on peut appeler d'une déci-
sion d'un conseil de préfecture devant
le Conseil d'Etat.
En matière d'expropriation, rien de
tel, le jury est souverain.
Quelle raison peut-on invoquer pour
maintenir une organisation semblable ?
Il serait difficule d'en trouver de sérieu-
se.
La rapidité ? Mais alors il aurait fallu
supprimer le recours de l'article 42. Et
puis n'était-il pas plus simple d'abréger
les formalités qui précèdent lav décision
du jury, d'organiser une forme rapide
de recours contre ses décisions et de
faire qu'ainsi il n'y eût aucune prolon-
gation de délais déjà trop longs ?
Et l'étrangeté de certaines des rlécik-
sions des jurys d'expropriation ji'a pas
été sans rendre d'une prudence extrême
les pouvoirs publics. On peut même dire
sans crainte de démenti, que certaines
villes reculent devant des travaux uti-
les, par crainte des décisions du jury et
de leur imprévu.
Les particuliers, dans d'autres espè-
ces, ont été, eux aussi, lésés dans de for-
midables proportions.
C'est une loterie, sans base certaine,
qui rend toute estimation préalable il-
lusoire et décevante, et qui cause des
déboires tels, que pris une fois, on
n'ose à nouveau se risquer.
Dans un département du Centre s'est
passé il n'y a pas très longtemps un fait
qui démontre combien l'absence de tri-
bunal d'appel'est regrettable.
Le conseil municipal d'une petite
commune résolut de construire. Il fal-
lut, pour ce faire, exproprier les 150 à
200 mètres de terrain nécessaires à l'é-
tablissement. En estimant à 2 fr. le mè-
tre, le conseil avait cru aller au delà
du possible. Le propriétaire refuse, le
jury est convoqué, il délibère et con-
damne la commune à payer à l'expro-
prié, une indemnité de trente mille
francs.
Et la commune à payé, la décision
était rendue légalement, le recours ne
fut pas admis par la Cour de cassation
et l'exproprié, comme il en avait le
droit, exigea l'exécution du jugement
d'expropriation.
Vraiment, une' institution qui permet
de telles fantaisies aurait dû être réfor-
mée depuis longtemps, et la loi de
1841 devrait recevoir par une autre loi
les modifications que les faits ont dé-
montrées indispensables.
Marcel REGNIER,
Député de l'Allier.
LA POLITIQUE
LES ASSOMMADES
Les premiers pugilistes qui
s'exhibèrent devant un public
français portaient des gants
soigneusement rembourrés, et
les exercices auxquels ils se
livraient n'étaient pas plus
choquants que les assauts de fleuret ou
d'épée.
Le succès ne fut pas très grand. Il fal-
lait trouver mieux. Alors, on supprima
les gants rembourrés, et les athlètes se
cognèrent pour de bon; le vainqueur
étant celui qui avait démoli son adver-
saire, l'avait jeté par terre, hors de souf-
fle et incapable cle dire : ouf !
Cette fois, les badauds accoururent.
Mais ils se fatiguèrent assez vite de re-
garder 'des hommes s'assommer à coups
de poings. Les recettes baissaient. Com-
ment stimuler la curiosité des specta-
teurs? Voici ce qu'on vient 'de trouver :
On mettra quatre boxeurs en présence.
Ils se jetteront les uns sur les autres, et
le champion sera celui qui, l'estomac dé-
foncé, les côtes brisées, le nez écrasé, les
yeux bouffis et sanglants, restera cepen-
dant debout au milieu des autres com-
battants culbutés et évanouis. 1
Ce joli numéro de spectacle est bap-
tisé du nom de « Battle-Royal ». C'est,
paraît-il, une invention américaine. De
l'autre côté de l'Atlantique, on faif par-
ticiper à ces mêlées des nègres, parce que
le préjugé de race fait trouver, aux
Etats-Unis, que le sang des noirs est de
peu 'de prix.
Mais en France? Est-ce que nous au-
rions l'ombre d'une excuse pour permet-
tre des boucheries d'hommes, blancs ou
noirs, peu importe?
La police et la justice îïë ménagent
pas leurs rigueurs à des jolies filles qui
ont commis le crime de se montrer en
public telles que la fiature les a faites.
Des tueries pareiYles à celles qu'on tente
: de mettre en vogue sont autrement dé-
moralisante4 que les nudités de quelques
! théâtreu-^es.
Plu;ruurs consciilcrs muificipâûx
protesté auprès du préfet de police con-
tre les assommades froidement. organi-
sées par quelques imprésarios.
La presse et le public français se doi-
vent d'appuyer les protestations et d'ob-
tenir la fin d'un scandale-qui révolte
tous les cœurs honnêtes.
les coeurs hcnnétes.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi ;
Lever du soleil à 4 h. 3 ; coucher à
7 h. 52.
Courses à Saint-Cloud.,
La sténographie sous Louis XIV
La sténographie a ses titres de no-
blesse et n'est pas née d'hielr, comme
beaucoup de personnes le croient. On
vient de découvrir une méthode de sté-
nographie datant de la fin du XVIe siè-
cle, et dont se servaient les étudiants
écoutani, les « f.hats fourras a en S or.
bonne.
Bien plus, l'abbé Cassard fit paraître,
en 1651, un traité poulr « escritre aussi
vite que la parolle ». Un érudit, M. R.
Havette, vient de le mettre au jour et
d'en fournir un docte..,commentaire.
II. parait que les grands sermonaires.,
Bossuet, • Massillon et Bourdaloue,
avaient au pied de leulr chaire des lé-
gions de sténographes qui reprodui-
saient leurs oraisolls4
De « Fantasio » ,l:
',_.j---"
Le sort se plait à de douces ironies
qui, parfois même, sont cruelles.
Mme Tinayre avait récemment du
monde à dîner, et elle avait, pour la
circonstance, convoqué un extra, afin
d'aider son ordinaire valet de cham-
bre.
Quelle ne fut pas sa douloureuse sur-
prise en apercevant tout à coup à son
poste le fidèle extra portant à la bou-
tonnière un large ruban rouge.
Se moquait-il ?
Information prise, ce ruban rouge
était un. ordre russe que ce brave gar-
çon avait gagné comme sergent de vil-
le en montant la garde devant le l"sar,
lors de sa venue à Paris, et que, peu au
courant des complications honorili-
ques de la vie parisienne, il avait fière-
ment exhibé.
AUTREFOIS
Rappel du 2 juin 1872. — Une convention
est signée à Amorovieta, entre trois chels
carlistes et le maréchal Serrano, conven-
tion en vertu de laquelle amnistie est ac-
cordée aux carlistes, réintéaration dans
l'armée, avec leur grade, des soldats, sous-
officiers et officiers insurgés ; réintégra-
tion des curés insurgés dans leurs parois-
ses, rapatriement des insurgés aux frais
de l'Elat.
M. Salneuve propose à VAssemblée de
rendre au code dit : Napoléon, son titre
de : Code civil. La commission d'initiative
est favorable à ce proiet..
MM. François Coppée et Dartois présen-
lent et font recevoir à l'Odéon une pièce en
quatre actes et en prose, intitulée : Le petit
marquis.
Un vieux paysan se présente à la mairie
de Besançon pour obtenir un passeport.
Il déclare se nommer Eulalie. Etonnement :
ce n'est pas là un nom d'homme ! — Je
suis une femme. Et elle explique qu'ayant
été violée à l'âge de 14 ans — elle en a
66 — elle a gardé, depuis, l'habitude de
s'habiller en homme, pour ne plus être ex-
posée à pareille aventure.
Une grève originale
Une des premières et des plus cu-
rieuses grèves dont l'histoire fasse men-
tion est assurément celle qui éclata à
Paris parmi la corporation des « ha-
nouards » durant les funérailles du roi
Charles VII.
Les « hanouards » ou porteurs de sel,
n'étaient point sans analogie avec nos
modernes forts de la halle. Ils jouis-
saient du singulier privilège de porter
également, de Notre-Dame à Saint-De-
nis, les corps des défunts rois — préro-
gative dont le chroniqueur Jean Char-
tier nous donne une explication assez
subtile : c'était, dit-il « afin de faire
voir que la mémoire des rois, de même
que le sel, se conserve toujours »;
Cette fonction honorifique leur valait
d'ailleurs des avantages pécuniaires
qu'ils étaient 'oin de dédaigner. Et c'est
précisément parce que le trésorier royal
s'était montré vis-à-vis d'eux d'une pin-
grerie contraire à tous les usages, que
les « hanouards », blessés dans leurs in-
térêts aussi bien que dans leur amour-
propre, résolurent de manifester leur
mécontentement à l'enterrement de
Charles VII. Ils s'arrêtèrent à mi-che-
min et, sans plus de façon, déposèrent
à terre le cadavre du roi, refusant d'al-
ler plus loin. Ils ne reprirent leur royal
fardeau que lorsqu'on leur eut assuré
un salaire de dix livres parisis.
Fieurs de rhétorique
Un journal belge s'est amusé à re-
cueillir les perles qui tombent journel-
lement des lèvres de certains avocats
bruxellois. Il y en a du plus bel orient;
qu'on en juge plutôt par les exemples
suivants :
— Messieurs, l'ordonnance 'du collège
de Schaerbeek est l'obstacle qui raye
d'un trait de plume le libre écoulement
de nos eaux.
— On n'a pas le fdroit de traiter un
garde-champêtra 'd'animal, pas plus du
reste qu'un simple particulier.
— La réputation commerciale du dé-
fendeur est, on peut le dire, celle d'un
homme dénué 'de tout fondement.
-
, -.. - '-.. -' i
— Cette femme a exercé dionorable
ment la profession d'Italienne à Saint-
Josseten-Noode..
— Je dois expliquer un peu plus lon-
guement devant Monteur le juge de
paix que je ne le ferais devant un tribu-
nal de commerce les différentes maniè-
res dont les marchands s'y prennent
-pour tromper les acheteurs.
On voit que ce ne sont pas seulement
'des perles qui tombent de la bouche des
avocats belges — mais aussi des pavés !
Monsieur son pè:'
j - tt
M. Prudhomme réprimande sévère-
ment son fils.
Celui-ci proteste jusqu'à oublier la,
déférence.
— Jamais, entendez-vous, jamais je
ne me suis permis d'élever la yoix de-
vant feu mon père.
- Ah ! ton nère 1 ton Dère !..
•— Eh bien ! quoi, mon père ? Tu
peux croire qu'il valait cent fois mieux
que le tien !
——-————-
EU passaii
Encore un duel !
Les pacifiques bourgeois qui repaissent
leur imagination héroïque, des faits-dives
du Petit. Journal et des romans-feuilletons
du Matin, doivent tressaillir d'aise : deux
hommes ont failli s'égorger hier.
Et pour une discussion économique ! ,
L'un préconisait l'évolution sociale par
les syndicats jaunes, l'autre la révolution
sociale par les syndicats rouges. : articles
de journaux, controverses, polémiques, et
naturellement outrages.
Une rencontre est déaidée : quatre balles
à échanger ; ensuite combat à l'épée. La
rencontre lut d'une violence inouïe ; les
deux adversaires sont blessés et le public
est content.
Il est féroce, le public. Il ne comprend
pas le duel sans mort d'hommes. Comme
'si, avec les meilleures intentions du mon-
de, il était aussi facile qu'on le croit de
tuer un adversaire. Essayez donc !
Tous les duels, heureusement, n'ont pas
une issue tragique, et j'en sais même qui
ont avorté le plus joyeusement du monde.
Emmanuel Arène contait un jour, avec
son esprLC, coulumier, le premier duel dont
il avait été le témoin. ■'
C'était au quartier Latin, entre étudiants,
Son client était l'offensé. Les quatre té-
moins s'étaient réunis dans une petite salle
de brasserie, située uu premier dtage., tan-
dis qu'au rez de chaussée, assis aux deux
extrémités de la salle, se regardant en
chiens de faïence, les deux adversaires air
tendaient la fin des pourparlers.
Tout à coup, on entend dans la salle des
témoins un bruit de voix qui s'élève, un
brouhaha formidable de chaises quon
renverse, de verres que l'on brise, une al-
tercation terrible, une bataille en règle.
Le patron de la brasserie, les garçons se
précipitentdes agents arrivent. On en-
traine les quatre témoins, les habits lacé-
rés, les chapeaux en accordéon, les yeux
pochés, et tandis qu'ils disparaissaient sur
le chemin du poste de police. l'un d'eux se
retourne vers les deux adversaires sidérés
et leur crie : « Tout va bien, nous venons
d'arranger votre affaire ! »
Le Chemineau.
tfr
L'évêque de Rouen et la
discipline ecclésiastique
M. Fuzet, archevêque de Rouen, est, dit-
on, l'un des preiuts de 1 Eglise à 1 esprit
le plus ouvert et le plus linéral, qualités
qui se font de plus en plus rares dans 1 e-
piscopat français, depuis que le pape n a
plus à prendre l'avis du gouvernement sur
les candidatures épiscopales.
M. Fuzet avait estimé avec quelques
autres ile ses collègues qu'il devait deman-
der au Saint-Siège dans l'intérêt même du
clergé, l'autorisation de constituer des mu-
tualités ecclésiastiques approuvées.
L'avis de ce prélat n'ayant point prévalu
et le pape venant de faire connaître ,dans
une lettre adressée aux cardinaux fran-
çais, les raisons pour lesquelles il se re-
fuse absolument à autorser la création
de ces mutualités, M. Fuzet, comme tous
ses collègues, s'incline devant la décision
pontificale : Roma locuta est, causa fmita
est : Rome a parlé, la cause est terminée.
Mais dans le Bulletin religieux où est
publiée la lettre du pape aux cardinaux,
M. Fuz-et fait précéder cette lettre d'une
note qui n'est pas dépourvue de toute
amertume.
Demandons à Dieu, dit-il, de supporter avec
courge « les nouveaux sac i" lices que Pic X au-
rait voulu épargner a us- ecclésiastiques français
dans son amour pour la France et pour ses
prêtres dont il suit à chaque pas les admirables
efforts de générosité sous les coups , e cruelles
épreuves ». Demandons à Dieu d'éclairer les es-
prits, d'apaiser les connits qui accumulent tant
de douleurs et tant de ruines, d'inspirer enfla
aux catholiques et aux honnêtes gens de tous
les partis de s'unir résolument sur le terrain
que les directions pontilicales ont indiqué de-
puis longtemps pour travailler avec eflicacité,
dans le respect loyal de nos institutions, au
triompne des idées de justice, de liberté et de
concord-e. Dans les contingences où nous vi-
vons, il n'y a pas d'autre politique religieuse
possible. Loin de l'abandonner, il faut s'y te-
nir avec fermeté, avec persévérance, si on ne
veut pas s'anéantir dans des luttes stérile, ré-
prouvées par le pays et désastreuses pour 1 Egli-
se de France.
Il est regrettable que M. Fuzet n'ait pas
cru devoir préciser sa pensée de façon plus
explicite, mais on devine qu'en faisant al-
lusion aux « luttes stériles réprouvées par
le pays et désastreuses pour l'Eglise », il
entend blâmer par là l'ingérence au clerge
dans les luttes politiques.
Les exhortations de M. Fuzet sont g. un
sage. C'est la raison pour laquelle elles
ne seront pas ulviies, Les cléricaux ne
pardonneraient pas au clergé français de
renoncer à mettre son nez dans les affai
res qui ne le regardent pas.
M. Fuzet s'en consolera sans doute en
pensant que d'autres, avant lui, ont pré,
ché dûns le désert. —. P- G.
TRIBUNE CORPORATIVE
UQB corporation qui renaît
Les progrès de la science au dernier
siècle, les transformations qu'ils ont
amenées, ont eu souvent de profondes
répercussions sur la prospérité des cor-
porations.
La nécessité d'adapter la production
aux besoins nouveaux a fait naître de
nouvelles professions, des industries
créées de toutes pièces.
Par contre, telle profession autrefois
rémunératrice, considérée, recherchée,
a périclité et se voit aujourd'hui aban-
donnée. Le discrédit s'exagère même
sans raison plausible.
C'est ainsi que la maréehalcrie, qui
fut autrefois une profession prospère,
s'occupant non seulement de la ferrure
des chevaux mais encore de l'ensemble
des soins à leur donner, du traitement
de leurs maladies, s'est dédoublée : si
l'art vétérinaire est devenu une profes-
sion d'allure plus scientifique, la ferrure
a été négligée et laissée il la routine. Les
ateliers furent désertés, les apprentis se
firent de plus en plus rares : la profes-
sion mourait. -
Pourtant il y'a encore, malgré les
progrès de rantomobilisme, des chevaux
à ferrer, et par conséquent, il nous faut.
encore des maréchaux a-droits, intelli-
gents et instruits. La ferrure des che-
vaux n'est pas, comme on pourrait le
croire, une opération machinale, mais
nécessite, au contraire, une connaissan-
ce approfondie du cheval, une intelli-
gence vive, un esprit critique servi par
une main habile.
Depuis quelques années, un mouve-
ment de rénovation s'est dessiné.
Un important groupement, la Fédéra-'
tion des patrons maréchaux ferrants ae
France, qui réunit sous la présidence
de M. Peillon, conseiller prud'homme,
les plus importants syndicats de patrons
maréchaux : Paris, Bordeaux. Lille,
Lyon, Marseille, Nancy, etc., s'est mis
à la tête de ce mouvement.
Une Ecole de maréchalerie a été crcu
à Paris. 289, faubourg Saint-Antoine, et
fonctionne régulièrement depuis six
ans. Les jeunes maréchaux y complè-
tent leur instruction professionnelle,
théorique et pratique.
Tous les ans, un concours public ré-
compense ceux des jeunes ouvriers qu.
se sont le plus distingués.
Cette année, comme les précédentes,
ce concours aura lieu du 17 au 20 juin,
à )a Galerie des Machines, dans l'en-
ceinte de l'exposition chevalins organe
sée par le ministre -de l'agriculture.
Deux cents candidats civils et militai-
res s'y disputeront de nombreuses ré-
compenses. Le jury, composé de som-
mités maréchales et vétérinaires, sera
présidé par M. Fournier, député du
Gard, qui fut maréchal-ferranl et qui
s'est fait, à la Chambre, le porte-parole
de ses camarades.
Nul doute que le public ne s'intéresse
à ce concours d'un genre tout particu-
lier.
Le concours de 1908 sera visité par
un grand nombre de maréchaux de
province, car à la même date aura lieu
le Congrès de la maréchalerie, qui re-
cevra les délégués de toute la France.
Ce congrès, le septième, obtient d'an-
née en année un plus vif succès. -
Le samedi 20;juin/ les côngrèssiste».
fêteront- la clôture de leurs travaux pat
un grand baàcf«et ^j^aura lica sous -la.
présidence du ministre de l'agriculture,,
îi Thôtel Moderne. Tous les parlemen-
taires oui s'mtcressent à la 'Marécha- -
lerie — ils sont plus nombreux qu'on
ne le croirait — assisteront à ce-ban-
quet. Citons notamment M. CFfautempSv
sénateur et ancien ministre, MM. Four-
nier, député du Gard, auteur d'un pro-
jet de loi relatif aux maréchaux-ferrants
militaires ; Chautemps Félix, dé-puté de
la Savoie, le comte d'Alsace, rapporteur
du projet de loi Fournier, député des
Vosges ; Vigouroux, député de la Hau-
te-Eoire, spécialiste des questions agri. -
coles ; Régnier, député, etc.
Nous disions ulus haut. nue la maré-
chalerie mourait. Ce n'était heureuse-
ment qu'une apparence : elle n'était
qu'endormie. Elle se réveille et retrouve
sa vieille renommée.
Le maréchal de demain ne prétendra
plus comme autrefois aux plus hautes
dignités ; du moins reprendra-t-il dans
l'échelle sociale la place que méritent
les services qu'il rend à l'agriculture, S
l'industrie, au commerce et à l'armée,
H. B.
Le drame deVaugirard
Le peintre Steinheil et sa belle-mère assassinés. — La déco"-
verte du crime. — Les constatations. — Les cadavres
sont conduits à la Morgue.
Un crime horrible, dont les mobiles sont
encore inconnus et dont les auteurs ont
fait preuve d'une audace incroyable, a été
corrimis dans la nuit de samedi à diman-
che, 6 bis, impasse Ronsin, dans le quar-
tier de Vaugirard, près du boulevard
Fasteur.
A cette adresse est situé l'hôtel qu'ha-
bite, avec sa famille, M. Adolphe Steinheil,
l'artiste -peintre bien connu.
Entre minuit et une heure, autant que
les premiers renseignements i)ermetient de
le préciser, des cambrioleurs, au nombre
de quatre dont une femme, se sont intro-
duits dans l'immeuble et ont assassiné M.
Steinheil, sa belle-mère, Mme Japy .; ils
ont tenté d'étrangler Mme Steinheil, fem-
me du peintre, qui n'a dû qu'à des circons-
tances encore inexpliquées d'échapper à la
mort.
LA DÉCOUVERTE DU CRIME
Dans l'impasse Ronsin, a côté de petits
hôtels particuliers comme celui du peintre
Steinheil. s'élèvent des maisons ouvrières
et des ateliers industriels. L'endroit n'en
est pas moins tranquille et sûr, d'autant
plus que le fond de l'impasse est entière-
ment occupé par les ateliers de l'imprime-
rie de Vaugirard, où durant toute la nuit
règne une grande activité.
La nuit s'était écoulée sans incident ;
déjà depuis deux heures le jour avait paru,
et les habitants de l'impasse ouvraient les
portes de leur demeure quand. soudain, ils
furent mis en émoi par des appels déses-
pérés. Ils se précipitèrent dans la rue et
ils aperçurent, à une fenêtre de l'hôtel de
M. Steinheil le domestique du peintre, M.
Remy Couillard. qui, à moitié vêtu, la
figure horriblement bouleversée, criait :
« A moi ! au voleur ! à mon secours ! »
Il était exactement six heures dix du
matin. Quelques voisins, dont un gardien
de la paix du 6e arrondissement, l'agent
Ponti, coururent vers l'hôtel, poussèrent la
porte Xful &tait entrebâillée, et montèrent
en toute hâte au premier étage, où le do-
mestique de M. Steinheil, avec une voix
entrecoupée de sanglots, leur dit :
— Venez, venez ! On a assassiné mon
maître.
L'agent Ponti et le gardien de 1 imprime-
rie de Vaugirard, M. Cartier, pénétrèrent
dans les appartements, et la un horrible
spectacle s onru a leurs yeux.
Dans le corridor desservant les pièces du
premier étage, ils aperçurent d'abord M.
Steinheil. te peintre était à genoux, le
corps renversé en arrière, les mains der-
rière le dos. Au cou, il avait une mince cor-
delette à l'aide de laquelle il avait été
étransrié Le peintre était mort. Son corps
était froid ; la mort semblait remonter à
plusieurs heures.
Dans une chambre à coucher, réservée
d'ordinaire à Mile Steinheil, qui, coïntiden.
ce - extmofuumuC, était partie la veille em
villégiature à. Bellevue, en compagnie de
la cuisinière Marie et du chiôffde la nm-
son, Dick, ils virent sur le lit le cadavre
de Mipe Jîipy, belle-mère de M. Steinheil.
Elle était morte également, étranglée à
l'aide aussi d'une cordelette. Préalable-
ment. la malheureuse femme avait été
bâillonnée au myen d'un épais tampon
de ouate, qui sortait de sa bouche légère.
ment teinté de sang.
Cependant des lamentations affreuses,
inarticulées, venaient d'une chambre voi-
sine, remplissant la maison d'un horrible
cri de douleur : c'était Mme Steinheil, qui,
après avoir subi des assassins Jes mêmes
traitements, avait toutefois miraculeuse-
ment échappé à la mort !
Les témoins de cet horrible drame pén&
trèrent dans la pièce.
Mme Steinheil gisait, entièrement ligo-
tée, sur un lit de cuivre. Ses pieds et su
mains étaient attachés aux barreaux des
montants : le cou était serré par une min-
ce corpe et l'infortunée victime avait le
menton à moitié caché par le béret de son
mari imbibé d'une salive sanguinolente
que la bouche, dans un effort désespéré,
avait réussi à rejeter.
L'agent Ponti faisait alors une rapide
visite des différentes pièces de la maison
pour s'assurer que des cambrioleurs ne s'y
trouvaient pas cachés.
N'ayant rien trouvé, il courut au com-
missariat de police voisin prévenir M. Bu-
chotte. Quelques instants après, ce magis-
trat accourait eur les lieux procéder aua
constatations légales.
Entre temps arrivaient impasse Ronsir
MM. Hamard, chef de la Sûreté ; Leydet,
juge d'instruction, aussitôt commis par li
parquet ; Bertillon, chef du service an.
thropométrique, et Courtois-Suffit, médecii
légiste. • •
LES CONSTATATIONS JUDICIAIRES
J1 résulte de l'enquête faite par la jus-
tice qu'entre minuit et une heure, les as.
sassins, quatre individus dont une femme,
se sont introduits dans 'l'hôtel de M.
Steinheil à. l'aide d'une fausse clef. IIÉ
croyaient la maison déserte. La famille de-
vait en effet aller villégiaturer à Bellevue,
dans une viJIa qu'y possédait le peintre et
où, comme nous l'avons dit, s'était rendue
la veille du crime, MMe Marthe Stemheilt
avec une bonne et le chien de la maison.
Les magistrats ont établi que les came
brioleurs après avoir pénétré dans to-
maison du peintre, s'étaient tout d'abord
introduits dans la chambre occupée par.
Mme Stein'neil-
Ils se précipitèrent sur elle et voici, da-
près les déclarations mêmes que la victi-
me malgré son extrême état de faiblesse.
a u faire au juge d'instrucbon, M. Ley-
det, comment ce (premier attentat se pro.'
duisit :
-- J'ai été surprise en plein sommeil par trois
hommes et une lemme qui se sont jeles sur
màlldis que l'un d'eux me menaçait d'un revol-
ver les deux autres me ligotaient et matta.
chaient au montant du lit.
L'un des assassins me dit, me prenant Pour
[ ma fille, et c'est à cela évidemment que ïe doit
d?Mir la xie sauve ; -
,-".-,--"-,,,, ---. -"--- .,.- -
-.- 1 - - -<.-- _:r- .-. _'--- -.::.-.-.-- .-
Jardi la juin 19Q8 - N* i 3902
LE .i SIECLE
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
M'
.- , -
ADMINISTRATION : 141 RUE DU MAIL., - TÉLÉPHONÉ 108 89
Adresser ktires et mandats d l'Administrateur ,..-;
0"-
TRIBUNE LIBRE :'
XPROPRIATION
.j
Il n'est pas de travaux pu- 1
blics d'ordre un peu général
et d'une certaine importance
qui ne soient précédés d'une
expropriation de terrains,
d'immeubles et d'indemnités
de toutes, natures a des occupants.
La loi du 3 mai 1841, qui fixe les
règles de l'expropriation pour cause
d'utilité publique a donc, pour le monde
du travail, une importance capitale, et
il est intéressant d'examiner si cette loi
répond aux besoins actuels ou si au
: contraire elle a besoin de modifications
utiles.
.• Il semble, tout d'abord, qu'une loi de
cette sorte doit poursuivre deux buts :
Le premier est de sauvegarder les in-
térêts de ceux qui subissent de par la
!)()i une expropriation forcée.
Le deuxième doit être de faciliter le
plus possible, d'accélérer cette expro-
priation nécessitée par l'intérêt général
et de faire aussi que cet intérêt général
puisse êtrè défendu contre les intérêts
privés en jeu. ,'
Entre tous, elle doit maintenir la jus-
tice et faire que l'un n'écrase pas les
autres, mais aussi que les particuliers
ne tirent pas d'une nécessité d'intérêt
général des profits exorbitants..
La loi du 3 mai 1841 présente-t-elle
ces qualités ?
Evidemment non, et il semble en
l'examinant qu'elle ait grand besoin de
subir d'importantes modifications, d'être
un peu modernisée.
Nous ne voulons pas insister sur la
longueur désespérante et la multiplicité
des formalités qui précèdent la décision
du jury d'expropriation.
Il y a là des dépenses de temps bien
inutiles, sans avantage pour personne
et très nuisibles aux villes, départe-
ments ou Etat qui ont intérêt à aller
aussi vite que possible dans leurs
grands travaux. Souvent aussi les en-
trepreneurs sont arrêtés dans leurs en-
treprises et attendent, non sans dom-
mage, des décisions qui ne, viennent
pas.
Ce n'est pas là le défaut capital de la
loi de 1841 : ce défaut capital c*est la
façon dont la loi fixe la Manière d'ac-
corder les indemnités dues pour les ex-
propriations pour cause d'utilité publi-
que.
Ces indemnités sont fixées par un
jury et ce jury, on peut le dire, ne pré-
sente cas les garanties suffisantes d'im-
partialité ni de capacité.
L'article 29 dit que dans sa session
annuelle, le conseil général du départe-
ment désigne, pour chaque arrondisse-
ment, tant sur la liste des électeurs, que
sur la seconde partie de la liste du jury,
trente-six personnes au moins, soixante-
douze au plus, qui ont leur domicile réel
dans n'arrDndissen'lient, et parmi les-
quelles sont choisis, jusqu'à la session
ordinaire suivante du Conseil général,
Jes membres du jury spécial appelé, le
cas échéant, à régler les indemnités
'dues par suite d'expropriation pour
;U\use d'utilité publique.
Du fait de cet article, la seule qualité
Requise du futur juré est d'être électeur
M d'habiter le pays.
1 , 11 Qu'il s'agisse d'indemnités légères,
qu'il s'agisse de millions, c'est la même
chose. Le sort désignera (parmi cette
première liste les douze qui arbitreront
les indemnités dues ; qui diront non
seulement la valeur réelle des proprié-
tés expropriées, mais fixeront encore
l'indemnité due pour la dépossession
d'une usine, la privation de jouissance
d'un immeuble de rapport, hôtels, vil-
las, etc.
Quelle préparation les destine à pa-
reille mission ? On ne s'en inquiète mê-
me pas, c'est le hasard qui jouera seul
te principal rôle dans la formation de
ce jury que la loi de 1841 fait souve-
rain.
L'article 42 de la même loi dit en
ffet: La décision du jury et l'ordon-
nance du magistrat directeur ne peuvent
être attaquées que par la voie du re-
tours en cassation, et seulement pour
violation du premier paragraphe de l'ar-
ticle 30, etc.
En un mot, la décision du jury peut
être attaquée pour viœ de forme, pour
inobservation des clauses de la loi de
:1841, mais jamais à propos du montant
lles indemnités allouées. Sur ce point,
la décision est souveraine, définitirc,
sans recours possible.
Quand devant un tribunal soiitpôrtés
> Hes différends, soit entre particu-
liers d'un côté, ville, département
Ou Etat de l'autre côté, la déci-
sion des membres compétents du tri-
bunal est susceptible d'appel. On peut
demander aux juges d'appel plus nom-
breux et plus expérimentés, d'examiner
à nouveau l'affaire litigieuse, et obtenir
souvent d'une cour d'appej un arrêt dif-
férent totalement du premier jugement.
De même on peut appeler d'une déci-
sion d'un conseil de préfecture devant
le Conseil d'Etat.
En matière d'expropriation, rien de
tel, le jury est souverain.
Quelle raison peut-on invoquer pour
maintenir une organisation semblable ?
Il serait difficule d'en trouver de sérieu-
se.
La rapidité ? Mais alors il aurait fallu
supprimer le recours de l'article 42. Et
puis n'était-il pas plus simple d'abréger
les formalités qui précèdent lav décision
du jury, d'organiser une forme rapide
de recours contre ses décisions et de
faire qu'ainsi il n'y eût aucune prolon-
gation de délais déjà trop longs ?
Et l'étrangeté de certaines des rlécik-
sions des jurys d'expropriation ji'a pas
été sans rendre d'une prudence extrême
les pouvoirs publics. On peut même dire
sans crainte de démenti, que certaines
villes reculent devant des travaux uti-
les, par crainte des décisions du jury et
de leur imprévu.
Les particuliers, dans d'autres espè-
ces, ont été, eux aussi, lésés dans de for-
midables proportions.
C'est une loterie, sans base certaine,
qui rend toute estimation préalable il-
lusoire et décevante, et qui cause des
déboires tels, que pris une fois, on
n'ose à nouveau se risquer.
Dans un département du Centre s'est
passé il n'y a pas très longtemps un fait
qui démontre combien l'absence de tri-
bunal d'appel'est regrettable.
Le conseil municipal d'une petite
commune résolut de construire. Il fal-
lut, pour ce faire, exproprier les 150 à
200 mètres de terrain nécessaires à l'é-
tablissement. En estimant à 2 fr. le mè-
tre, le conseil avait cru aller au delà
du possible. Le propriétaire refuse, le
jury est convoqué, il délibère et con-
damne la commune à payer à l'expro-
prié, une indemnité de trente mille
francs.
Et la commune à payé, la décision
était rendue légalement, le recours ne
fut pas admis par la Cour de cassation
et l'exproprié, comme il en avait le
droit, exigea l'exécution du jugement
d'expropriation.
Vraiment, une' institution qui permet
de telles fantaisies aurait dû être réfor-
mée depuis longtemps, et la loi de
1841 devrait recevoir par une autre loi
les modifications que les faits ont dé-
montrées indispensables.
Marcel REGNIER,
Député de l'Allier.
LA POLITIQUE
LES ASSOMMADES
Les premiers pugilistes qui
s'exhibèrent devant un public
français portaient des gants
soigneusement rembourrés, et
les exercices auxquels ils se
livraient n'étaient pas plus
choquants que les assauts de fleuret ou
d'épée.
Le succès ne fut pas très grand. Il fal-
lait trouver mieux. Alors, on supprima
les gants rembourrés, et les athlètes se
cognèrent pour de bon; le vainqueur
étant celui qui avait démoli son adver-
saire, l'avait jeté par terre, hors de souf-
fle et incapable cle dire : ouf !
Cette fois, les badauds accoururent.
Mais ils se fatiguèrent assez vite de re-
garder 'des hommes s'assommer à coups
de poings. Les recettes baissaient. Com-
ment stimuler la curiosité des specta-
teurs? Voici ce qu'on vient 'de trouver :
On mettra quatre boxeurs en présence.
Ils se jetteront les uns sur les autres, et
le champion sera celui qui, l'estomac dé-
foncé, les côtes brisées, le nez écrasé, les
yeux bouffis et sanglants, restera cepen-
dant debout au milieu des autres com-
battants culbutés et évanouis. 1
Ce joli numéro de spectacle est bap-
tisé du nom de « Battle-Royal ». C'est,
paraît-il, une invention américaine. De
l'autre côté de l'Atlantique, on faif par-
ticiper à ces mêlées des nègres, parce que
le préjugé de race fait trouver, aux
Etats-Unis, que le sang des noirs est de
peu 'de prix.
Mais en France? Est-ce que nous au-
rions l'ombre d'une excuse pour permet-
tre des boucheries d'hommes, blancs ou
noirs, peu importe?
La police et la justice îïë ménagent
pas leurs rigueurs à des jolies filles qui
ont commis le crime de se montrer en
public telles que la fiature les a faites.
Des tueries pareiYles à celles qu'on tente
: de mettre en vogue sont autrement dé-
moralisante4 que les nudités de quelques
! théâtreu-^es.
Plu;ruurs consciilcrs muificipâûx
protesté auprès du préfet de police con-
tre les assommades froidement. organi-
sées par quelques imprésarios.
La presse et le public français se doi-
vent d'appuyer les protestations et d'ob-
tenir la fin d'un scandale-qui révolte
tous les cœurs honnêtes.
les coeurs hcnnétes.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi ;
Lever du soleil à 4 h. 3 ; coucher à
7 h. 52.
Courses à Saint-Cloud.,
La sténographie sous Louis XIV
La sténographie a ses titres de no-
blesse et n'est pas née d'hielr, comme
beaucoup de personnes le croient. On
vient de découvrir une méthode de sté-
nographie datant de la fin du XVIe siè-
cle, et dont se servaient les étudiants
écoutani, les « f.hats fourras a en S or.
bonne.
Bien plus, l'abbé Cassard fit paraître,
en 1651, un traité poulr « escritre aussi
vite que la parolle ». Un érudit, M. R.
Havette, vient de le mettre au jour et
d'en fournir un docte..,commentaire.
II. parait que les grands sermonaires.,
Bossuet, • Massillon et Bourdaloue,
avaient au pied de leulr chaire des lé-
gions de sténographes qui reprodui-
saient leurs oraisolls4
De « Fantasio » ,l:
',_.j---"
Le sort se plait à de douces ironies
qui, parfois même, sont cruelles.
Mme Tinayre avait récemment du
monde à dîner, et elle avait, pour la
circonstance, convoqué un extra, afin
d'aider son ordinaire valet de cham-
bre.
Quelle ne fut pas sa douloureuse sur-
prise en apercevant tout à coup à son
poste le fidèle extra portant à la bou-
tonnière un large ruban rouge.
Se moquait-il ?
Information prise, ce ruban rouge
était un. ordre russe que ce brave gar-
çon avait gagné comme sergent de vil-
le en montant la garde devant le l"sar,
lors de sa venue à Paris, et que, peu au
courant des complications honorili-
ques de la vie parisienne, il avait fière-
ment exhibé.
AUTREFOIS
Rappel du 2 juin 1872. — Une convention
est signée à Amorovieta, entre trois chels
carlistes et le maréchal Serrano, conven-
tion en vertu de laquelle amnistie est ac-
cordée aux carlistes, réintéaration dans
l'armée, avec leur grade, des soldats, sous-
officiers et officiers insurgés ; réintégra-
tion des curés insurgés dans leurs parois-
ses, rapatriement des insurgés aux frais
de l'Elat.
M. Salneuve propose à VAssemblée de
rendre au code dit : Napoléon, son titre
de : Code civil. La commission d'initiative
est favorable à ce proiet..
MM. François Coppée et Dartois présen-
lent et font recevoir à l'Odéon une pièce en
quatre actes et en prose, intitulée : Le petit
marquis.
Un vieux paysan se présente à la mairie
de Besançon pour obtenir un passeport.
Il déclare se nommer Eulalie. Etonnement :
ce n'est pas là un nom d'homme ! — Je
suis une femme. Et elle explique qu'ayant
été violée à l'âge de 14 ans — elle en a
66 — elle a gardé, depuis, l'habitude de
s'habiller en homme, pour ne plus être ex-
posée à pareille aventure.
Une grève originale
Une des premières et des plus cu-
rieuses grèves dont l'histoire fasse men-
tion est assurément celle qui éclata à
Paris parmi la corporation des « ha-
nouards » durant les funérailles du roi
Charles VII.
Les « hanouards » ou porteurs de sel,
n'étaient point sans analogie avec nos
modernes forts de la halle. Ils jouis-
saient du singulier privilège de porter
également, de Notre-Dame à Saint-De-
nis, les corps des défunts rois — préro-
gative dont le chroniqueur Jean Char-
tier nous donne une explication assez
subtile : c'était, dit-il « afin de faire
voir que la mémoire des rois, de même
que le sel, se conserve toujours »;
Cette fonction honorifique leur valait
d'ailleurs des avantages pécuniaires
qu'ils étaient 'oin de dédaigner. Et c'est
précisément parce que le trésorier royal
s'était montré vis-à-vis d'eux d'une pin-
grerie contraire à tous les usages, que
les « hanouards », blessés dans leurs in-
térêts aussi bien que dans leur amour-
propre, résolurent de manifester leur
mécontentement à l'enterrement de
Charles VII. Ils s'arrêtèrent à mi-che-
min et, sans plus de façon, déposèrent
à terre le cadavre du roi, refusant d'al-
ler plus loin. Ils ne reprirent leur royal
fardeau que lorsqu'on leur eut assuré
un salaire de dix livres parisis.
Fieurs de rhétorique
Un journal belge s'est amusé à re-
cueillir les perles qui tombent journel-
lement des lèvres de certains avocats
bruxellois. Il y en a du plus bel orient;
qu'on en juge plutôt par les exemples
suivants :
— Messieurs, l'ordonnance 'du collège
de Schaerbeek est l'obstacle qui raye
d'un trait de plume le libre écoulement
de nos eaux.
— On n'a pas le fdroit de traiter un
garde-champêtra 'd'animal, pas plus du
reste qu'un simple particulier.
— La réputation commerciale du dé-
fendeur est, on peut le dire, celle d'un
homme dénué 'de tout fondement.
-
, -.. - '-.. -' i
— Cette femme a exercé dionorable
ment la profession d'Italienne à Saint-
Josseten-Noode..
— Je dois expliquer un peu plus lon-
guement devant Monteur le juge de
paix que je ne le ferais devant un tribu-
nal de commerce les différentes maniè-
res dont les marchands s'y prennent
-pour tromper les acheteurs.
On voit que ce ne sont pas seulement
'des perles qui tombent de la bouche des
avocats belges — mais aussi des pavés !
Monsieur son pè:'
j - tt
M. Prudhomme réprimande sévère-
ment son fils.
Celui-ci proteste jusqu'à oublier la,
déférence.
— Jamais, entendez-vous, jamais je
ne me suis permis d'élever la yoix de-
vant feu mon père.
- Ah ! ton nère 1 ton Dère !..
•— Eh bien ! quoi, mon père ? Tu
peux croire qu'il valait cent fois mieux
que le tien !
——-————-
EU passaii
Encore un duel !
Les pacifiques bourgeois qui repaissent
leur imagination héroïque, des faits-dives
du Petit. Journal et des romans-feuilletons
du Matin, doivent tressaillir d'aise : deux
hommes ont failli s'égorger hier.
Et pour une discussion économique ! ,
L'un préconisait l'évolution sociale par
les syndicats jaunes, l'autre la révolution
sociale par les syndicats rouges. : articles
de journaux, controverses, polémiques, et
naturellement outrages.
Une rencontre est déaidée : quatre balles
à échanger ; ensuite combat à l'épée. La
rencontre lut d'une violence inouïe ; les
deux adversaires sont blessés et le public
est content.
Il est féroce, le public. Il ne comprend
pas le duel sans mort d'hommes. Comme
'si, avec les meilleures intentions du mon-
de, il était aussi facile qu'on le croit de
tuer un adversaire. Essayez donc !
Tous les duels, heureusement, n'ont pas
une issue tragique, et j'en sais même qui
ont avorté le plus joyeusement du monde.
Emmanuel Arène contait un jour, avec
son esprLC, coulumier, le premier duel dont
il avait été le témoin. ■'
C'était au quartier Latin, entre étudiants,
Son client était l'offensé. Les quatre té-
moins s'étaient réunis dans une petite salle
de brasserie, située uu premier dtage., tan-
dis qu'au rez de chaussée, assis aux deux
extrémités de la salle, se regardant en
chiens de faïence, les deux adversaires air
tendaient la fin des pourparlers.
Tout à coup, on entend dans la salle des
témoins un bruit de voix qui s'élève, un
brouhaha formidable de chaises quon
renverse, de verres que l'on brise, une al-
tercation terrible, une bataille en règle.
Le patron de la brasserie, les garçons se
précipitentdes agents arrivent. On en-
traine les quatre témoins, les habits lacé-
rés, les chapeaux en accordéon, les yeux
pochés, et tandis qu'ils disparaissaient sur
le chemin du poste de police. l'un d'eux se
retourne vers les deux adversaires sidérés
et leur crie : « Tout va bien, nous venons
d'arranger votre affaire ! »
Le Chemineau.
tfr
L'évêque de Rouen et la
discipline ecclésiastique
M. Fuzet, archevêque de Rouen, est, dit-
on, l'un des preiuts de 1 Eglise à 1 esprit
le plus ouvert et le plus linéral, qualités
qui se font de plus en plus rares dans 1 e-
piscopat français, depuis que le pape n a
plus à prendre l'avis du gouvernement sur
les candidatures épiscopales.
M. Fuzet avait estimé avec quelques
autres ile ses collègues qu'il devait deman-
der au Saint-Siège dans l'intérêt même du
clergé, l'autorisation de constituer des mu-
tualités ecclésiastiques approuvées.
L'avis de ce prélat n'ayant point prévalu
et le pape venant de faire connaître ,dans
une lettre adressée aux cardinaux fran-
çais, les raisons pour lesquelles il se re-
fuse absolument à autorser la création
de ces mutualités, M. Fuzet, comme tous
ses collègues, s'incline devant la décision
pontificale : Roma locuta est, causa fmita
est : Rome a parlé, la cause est terminée.
Mais dans le Bulletin religieux où est
publiée la lettre du pape aux cardinaux,
M. Fuz-et fait précéder cette lettre d'une
note qui n'est pas dépourvue de toute
amertume.
Demandons à Dieu, dit-il, de supporter avec
courge « les nouveaux sac i" lices que Pic X au-
rait voulu épargner a us- ecclésiastiques français
dans son amour pour la France et pour ses
prêtres dont il suit à chaque pas les admirables
efforts de générosité sous les coups , e cruelles
épreuves ». Demandons à Dieu d'éclairer les es-
prits, d'apaiser les connits qui accumulent tant
de douleurs et tant de ruines, d'inspirer enfla
aux catholiques et aux honnêtes gens de tous
les partis de s'unir résolument sur le terrain
que les directions pontilicales ont indiqué de-
puis longtemps pour travailler avec eflicacité,
dans le respect loyal de nos institutions, au
triompne des idées de justice, de liberté et de
concord-e. Dans les contingences où nous vi-
vons, il n'y a pas d'autre politique religieuse
possible. Loin de l'abandonner, il faut s'y te-
nir avec fermeté, avec persévérance, si on ne
veut pas s'anéantir dans des luttes stérile, ré-
prouvées par le pays et désastreuses pour 1 Egli-
se de France.
Il est regrettable que M. Fuzet n'ait pas
cru devoir préciser sa pensée de façon plus
explicite, mais on devine qu'en faisant al-
lusion aux « luttes stériles réprouvées par
le pays et désastreuses pour l'Eglise », il
entend blâmer par là l'ingérence au clerge
dans les luttes politiques.
Les exhortations de M. Fuzet sont g. un
sage. C'est la raison pour laquelle elles
ne seront pas ulviies, Les cléricaux ne
pardonneraient pas au clergé français de
renoncer à mettre son nez dans les affai
res qui ne le regardent pas.
M. Fuzet s'en consolera sans doute en
pensant que d'autres, avant lui, ont pré,
ché dûns le désert. —. P- G.
TRIBUNE CORPORATIVE
UQB corporation qui renaît
Les progrès de la science au dernier
siècle, les transformations qu'ils ont
amenées, ont eu souvent de profondes
répercussions sur la prospérité des cor-
porations.
La nécessité d'adapter la production
aux besoins nouveaux a fait naître de
nouvelles professions, des industries
créées de toutes pièces.
Par contre, telle profession autrefois
rémunératrice, considérée, recherchée,
a périclité et se voit aujourd'hui aban-
donnée. Le discrédit s'exagère même
sans raison plausible.
C'est ainsi que la maréehalcrie, qui
fut autrefois une profession prospère,
s'occupant non seulement de la ferrure
des chevaux mais encore de l'ensemble
des soins à leur donner, du traitement
de leurs maladies, s'est dédoublée : si
l'art vétérinaire est devenu une profes-
sion d'allure plus scientifique, la ferrure
a été négligée et laissée il la routine. Les
ateliers furent désertés, les apprentis se
firent de plus en plus rares : la profes-
sion mourait. -
Pourtant il y'a encore, malgré les
progrès de rantomobilisme, des chevaux
à ferrer, et par conséquent, il nous faut.
encore des maréchaux a-droits, intelli-
gents et instruits. La ferrure des che-
vaux n'est pas, comme on pourrait le
croire, une opération machinale, mais
nécessite, au contraire, une connaissan-
ce approfondie du cheval, une intelli-
gence vive, un esprit critique servi par
une main habile.
Depuis quelques années, un mouve-
ment de rénovation s'est dessiné.
Un important groupement, la Fédéra-'
tion des patrons maréchaux ferrants ae
France, qui réunit sous la présidence
de M. Peillon, conseiller prud'homme,
les plus importants syndicats de patrons
maréchaux : Paris, Bordeaux. Lille,
Lyon, Marseille, Nancy, etc., s'est mis
à la tête de ce mouvement.
Une Ecole de maréchalerie a été crcu
à Paris. 289, faubourg Saint-Antoine, et
fonctionne régulièrement depuis six
ans. Les jeunes maréchaux y complè-
tent leur instruction professionnelle,
théorique et pratique.
Tous les ans, un concours public ré-
compense ceux des jeunes ouvriers qu.
se sont le plus distingués.
Cette année, comme les précédentes,
ce concours aura lieu du 17 au 20 juin,
à )a Galerie des Machines, dans l'en-
ceinte de l'exposition chevalins organe
sée par le ministre -de l'agriculture.
Deux cents candidats civils et militai-
res s'y disputeront de nombreuses ré-
compenses. Le jury, composé de som-
mités maréchales et vétérinaires, sera
présidé par M. Fournier, député du
Gard, qui fut maréchal-ferranl et qui
s'est fait, à la Chambre, le porte-parole
de ses camarades.
Nul doute que le public ne s'intéresse
à ce concours d'un genre tout particu-
lier.
Le concours de 1908 sera visité par
un grand nombre de maréchaux de
province, car à la même date aura lieu
le Congrès de la maréchalerie, qui re-
cevra les délégués de toute la France.
Ce congrès, le septième, obtient d'an-
née en année un plus vif succès. -
Le samedi 20;juin/ les côngrèssiste».
fêteront- la clôture de leurs travaux pat
un grand baàcf«et ^j^aura lica sous -la.
présidence du ministre de l'agriculture,,
îi Thôtel Moderne. Tous les parlemen-
taires oui s'mtcressent à la 'Marécha- -
lerie — ils sont plus nombreux qu'on
ne le croirait — assisteront à ce-ban-
quet. Citons notamment M. CFfautempSv
sénateur et ancien ministre, MM. Four-
nier, député du Gard, auteur d'un pro-
jet de loi relatif aux maréchaux-ferrants
militaires ; Chautemps Félix, dé-puté de
la Savoie, le comte d'Alsace, rapporteur
du projet de loi Fournier, député des
Vosges ; Vigouroux, député de la Hau-
te-Eoire, spécialiste des questions agri. -
coles ; Régnier, député, etc.
Nous disions ulus haut. nue la maré-
chalerie mourait. Ce n'était heureuse-
ment qu'une apparence : elle n'était
qu'endormie. Elle se réveille et retrouve
sa vieille renommée.
Le maréchal de demain ne prétendra
plus comme autrefois aux plus hautes
dignités ; du moins reprendra-t-il dans
l'échelle sociale la place que méritent
les services qu'il rend à l'agriculture, S
l'industrie, au commerce et à l'armée,
H. B.
Le drame deVaugirard
Le peintre Steinheil et sa belle-mère assassinés. — La déco"-
verte du crime. — Les constatations. — Les cadavres
sont conduits à la Morgue.
Un crime horrible, dont les mobiles sont
encore inconnus et dont les auteurs ont
fait preuve d'une audace incroyable, a été
corrimis dans la nuit de samedi à diman-
che, 6 bis, impasse Ronsin, dans le quar-
tier de Vaugirard, près du boulevard
Fasteur.
A cette adresse est situé l'hôtel qu'ha-
bite, avec sa famille, M. Adolphe Steinheil,
l'artiste -peintre bien connu.
Entre minuit et une heure, autant que
les premiers renseignements i)ermetient de
le préciser, des cambrioleurs, au nombre
de quatre dont une femme, se sont intro-
duits dans l'immeuble et ont assassiné M.
Steinheil, sa belle-mère, Mme Japy .; ils
ont tenté d'étrangler Mme Steinheil, fem-
me du peintre, qui n'a dû qu'à des circons-
tances encore inexpliquées d'échapper à la
mort.
LA DÉCOUVERTE DU CRIME
Dans l'impasse Ronsin, a côté de petits
hôtels particuliers comme celui du peintre
Steinheil. s'élèvent des maisons ouvrières
et des ateliers industriels. L'endroit n'en
est pas moins tranquille et sûr, d'autant
plus que le fond de l'impasse est entière-
ment occupé par les ateliers de l'imprime-
rie de Vaugirard, où durant toute la nuit
règne une grande activité.
La nuit s'était écoulée sans incident ;
déjà depuis deux heures le jour avait paru,
et les habitants de l'impasse ouvraient les
portes de leur demeure quand. soudain, ils
furent mis en émoi par des appels déses-
pérés. Ils se précipitèrent dans la rue et
ils aperçurent, à une fenêtre de l'hôtel de
M. Steinheil le domestique du peintre, M.
Remy Couillard. qui, à moitié vêtu, la
figure horriblement bouleversée, criait :
« A moi ! au voleur ! à mon secours ! »
Il était exactement six heures dix du
matin. Quelques voisins, dont un gardien
de la paix du 6e arrondissement, l'agent
Ponti, coururent vers l'hôtel, poussèrent la
porte Xful &tait entrebâillée, et montèrent
en toute hâte au premier étage, où le do-
mestique de M. Steinheil, avec une voix
entrecoupée de sanglots, leur dit :
— Venez, venez ! On a assassiné mon
maître.
L'agent Ponti et le gardien de 1 imprime-
rie de Vaugirard, M. Cartier, pénétrèrent
dans les appartements, et la un horrible
spectacle s onru a leurs yeux.
Dans le corridor desservant les pièces du
premier étage, ils aperçurent d'abord M.
Steinheil. te peintre était à genoux, le
corps renversé en arrière, les mains der-
rière le dos. Au cou, il avait une mince cor-
delette à l'aide de laquelle il avait été
étransrié Le peintre était mort. Son corps
était froid ; la mort semblait remonter à
plusieurs heures.
Dans une chambre à coucher, réservée
d'ordinaire à Mile Steinheil, qui, coïntiden.
ce - extmofuumuC, était partie la veille em
villégiature à. Bellevue, en compagnie de
la cuisinière Marie et du chiôffde la nm-
son, Dick, ils virent sur le lit le cadavre
de Mipe Jîipy, belle-mère de M. Steinheil.
Elle était morte également, étranglée à
l'aide aussi d'une cordelette. Préalable-
ment. la malheureuse femme avait été
bâillonnée au myen d'un épais tampon
de ouate, qui sortait de sa bouche légère.
ment teinté de sang.
Cependant des lamentations affreuses,
inarticulées, venaient d'une chambre voi-
sine, remplissant la maison d'un horrible
cri de douleur : c'était Mme Steinheil, qui,
après avoir subi des assassins Jes mêmes
traitements, avait toutefois miraculeuse-
ment échappé à la mort !
Les témoins de cet horrible drame pén&
trèrent dans la pièce.
Mme Steinheil gisait, entièrement ligo-
tée, sur un lit de cuivre. Ses pieds et su
mains étaient attachés aux barreaux des
montants : le cou était serré par une min-
ce corpe et l'infortunée victime avait le
menton à moitié caché par le béret de son
mari imbibé d'une salive sanguinolente
que la bouche, dans un effort désespéré,
avait réussi à rejeter.
L'agent Ponti faisait alors une rapide
visite des différentes pièces de la maison
pour s'assurer que des cambrioleurs ne s'y
trouvaient pas cachés.
N'ayant rien trouvé, il courut au com-
missariat de police voisin prévenir M. Bu-
chotte. Quelques instants après, ce magis-
trat accourait eur les lieux procéder aua
constatations légales.
Entre temps arrivaient impasse Ronsir
MM. Hamard, chef de la Sûreté ; Leydet,
juge d'instruction, aussitôt commis par li
parquet ; Bertillon, chef du service an.
thropométrique, et Courtois-Suffit, médecii
légiste. • •
LES CONSTATATIONS JUDICIAIRES
J1 résulte de l'enquête faite par la jus-
tice qu'entre minuit et une heure, les as.
sassins, quatre individus dont une femme,
se sont introduits dans 'l'hôtel de M.
Steinheil à. l'aide d'une fausse clef. IIÉ
croyaient la maison déserte. La famille de-
vait en effet aller villégiaturer à Bellevue,
dans une viJIa qu'y possédait le peintre et
où, comme nous l'avons dit, s'était rendue
la veille du crime, MMe Marthe Stemheilt
avec une bonne et le chien de la maison.
Les magistrats ont établi que les came
brioleurs après avoir pénétré dans to-
maison du peintre, s'étaient tout d'abord
introduits dans la chambre occupée par.
Mme Stein'neil-
Ils se précipitèrent sur elle et voici, da-
près les déclarations mêmes que la victi-
me malgré son extrême état de faiblesse.
a u faire au juge d'instrucbon, M. Ley-
det, comment ce (premier attentat se pro.'
duisit :
-- J'ai été surprise en plein sommeil par trois
hommes et une lemme qui se sont jeles sur
màlldis que l'un d'eux me menaçait d'un revol-
ver les deux autres me ligotaient et matta.
chaient au montant du lit.
L'un des assassins me dit, me prenant Pour
[ ma fille, et c'est à cela évidemment que ïe doit
d?Mir la xie sauve ; -
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