Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-05-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 mai 1908 29 mai 1908
Description : 1908/05/29 (N13958). 1908/05/29 (N13958).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75712098
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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ïenàrcài 29 Mai î 808. - N* 1399 -
LE XIXE SIECLE
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# 14, roe fin Mafl, Paris* -.
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Irote mois six mois n ta1
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Dêpsrtemenle 4 ïl 12 t 2t r.
Union Poat&h) H 16 f, 33 1.
1 -
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TRIBUNE LIBRE
LE BUDGET
La Ghamlirë à nommé hier
sa commission du budget.
La tâche de celle-ci ne sera
pas des plus aisées. Les dif-
ficultés qu'a .eues Je ministre
à établir son projet mon-
trent par avaniee les obstacles que les
nouveaux commissaires rencontreront
sur leur route.
Loin de faire disparaître ceux qui
existaient déjà, il semble que le gouver-
nement; par son texte, se soit plu à en
susciter et à en accumuler de nouveaux.
M. Caillaux a certes, de. très grandes
qualités. Esprit fin et délié, il a le don
de s'assimiler très vite les questions
les plus difficiles. Mais il a le tort aussi
de ne jamais aborder les difficultés de
front. Il s'cfforcc d'arriver au but par
des chemins détournés. jL'un ide mes
collègues, ces jours-ci, après avoir lu
Y Exposé des motifs de la loi de finan-
ces, nous disait : « Décidément, notre
ministre est un inspecteur des finances
de premier ordre ; ce n'est pas un
financier. »
La seconde partie du jugement. est
certes exagérée. Mais la première est
parfaitement exacte. Le rôle de l'ins-
pecteur des finances est de rechercher
toutes les irrégularités qui peuvent se
produire et de proposer les mesures
propres à les empêcher dans l'avenir.
anf conçoit ;sans peine (ju'un: (homme
qui a exercé ces fonctions un certain
nombre d'années en arrive à n'avoir
confiance en personne, à soupçonner
partout des irrégularités et des fraudes.
Lorsque, chargé d'établir le budget
du pays, on aborde son travail avec un
tel esprit, on doit fatalement ne pas
sonsidérer le contribuable pour ce qu'il
est en réalité, crest-à-dire un homme
posé, calme et honnête, qui paye régu-
lièrement ses contributions, quelque
élevées qu'elles lui paraissent parfois,
mais voir en lui un fraudeur invétéré
qui s'efforce de tromper le fisc, en se
basant sur ce vieil adage que tromper
l'Etat ce n'est point tromper. *
M. Caillaux a eu le tort non seule-
ment de le penser, mais de le dire, dans
son Exposé des motifs.
11 n'est pas exact que le contribua-
ble ne songe qu'à frustrer le Trésor. Il
suffit pour s'en convaincre de consta-
ler avec quelle régularité les impôts
rentrent dans les caisses de l'Etat.
Quelque lourds qu'ils soient, dans les
années difficiles comme dans les années
je prospérité, le nombre des poursuites
est insignifiant. Encore dans beaucoup
de cas, est-ce l'impossibilité de payer
.plutôt que la mauvaise volonté, qu'il en
faut rendre responsable.
Malheureusement, lorsque l'on part
du point de vue auquel s'est placé M.
Caillaux, on est fatalement amené à
proposer des mesures destinées à faire
disparaître et à réprimer les fraudes
que Ion soupçonne. -- "';1' ''-.
Ces mesures sont-elles bonnes ? Le
ministre des finances en est persuadé.
Les critiques qui, hier, dans les bu-
reaux, lors de la discussion du projet,
est été dirigées contre elles, sont la
preuve que la majorité, sur ce point,
ne partage pas l'avis du ministre.
Une somme de quarante-quatre mil-
lions qui constitue l'écart entre les re-
cettes de 1907 qui servent de base aux
évaluations de l'exercice futur et les dé-
penses de 1909, était à rechercher.
Pour la trouver, le ministre propose
line série de mesures secondaires, dont
les unes sont destinées à faire disparaî-
tre les fissures par lesquelles s'évade la
matière imposable et les autres à rele-
ver des taxes existantes notamment sur
tes huiles minérales ou les affiches non
peintes, supérieures comme dimensions
à un mètre carré.
De ces différentes mesures, il n'y a
rien à dire, sinon qu'elles ne produiront
qu'une augmentation de recettes peu
importante et que les vexations et les
ennuis imposés au contribuable sont
hors de proportion avec les résultats at-
tendus. -
Mais à côté de ces questions secondai-
res, M. Caillaux dans son projet de
budget en soulève trois autres de beau-
coup plus importantes.
Frappé du nombre des déclarations
inexactes faites en matière de succes-
sions, ou de ventes d'immeubles et de
fonds de commerce, il reprend une pro-
position déposée par M. Charles Du-
mont, lors de la discussion du dernier
budget et Qui tend à autoriser l'admi-
nistration à-déférer le serment aux con-
tribuables qui auront fait une déclara-
tion qui paraîtrait inexacte.
Le serment étant admis en matière
civile, on ne voit pas en effet, pourquoi
l'administration ne pourrait pas le dé-
férer aux contribuables qui sont à son
égard exactement dans la situation d'un
débiteur vis-à-vis de son créancier
alors qu'il y a contestation sur le chif-
fre de la dette et que l'on n'a aucun
moyen autre de le fixer que de s'en rap-
porter à la parole des deux intéressés.
On peut seulement demander \que le
serment soit toujours déféré, car il peut
ne pas être sans inconvénient de laisser
à l'administration le soin de décider à
quelles personnes il sera demandé,quel-
les autres en seront dispensées.
Les deux autres mesures importantes
sont loin d'être aussi heureuses.
Le doublement de la licence pour les
débitants qui vendent de l'absinthe aura
le grave inconvénient d'imposer une
taxe exorbitante à certains. Les illes,
en effet, ont été autorisées déjà à établir
une licence municipale pour compenser
les dégrèvements opérés sur les boissons
hygiéniques, licence égale à celle qui
est perçue pour l'Etat.
1 C'est donc pour certaines localités
une licence triple et quelquefois qua-
druple si la commission et le Parlement
adoptaient le principe de la taxe d'ou-
verture frappant à l'avenir les débits
de boissons, qui pourrait être imposée
aux débitants vendant de l'absinthe..
En ce qui touche la transformation
du droit d'abonnement sur les litres au
porteur l'initiative n'est pas plus heu-
reuse.
Outre que le texte proposé aurait
pour effet de diminuer le produit de
l'impôt sur les opérations de bourse,
il détournerait les capitaux des place-
ments industriels dont le revenu est
plus élevé, parce que plus aléatoire, et
qui doit, d'après le projet, être davan-
tage imposé.
En réalité, pour se procurer une som-
me de quarante-quatre millions, M.
Caillaux inquiète tous les intérêts, me-
nace tous les contribuables. Il leur dit
nettement qu'ils les considère dans leur
ensemble comme des malhonnêtes gens
contre lesquels on ne saurait prendre
trop dé précautions..
Je ne suis pas sûr que ce soit là 3e la
bonne politique financière, mais ce dont
je suis convaincu c'est qu'à un point
de vue plus général, c'est de la mau-
vaise politique. -
, f', : ,., : - Alfred MASSÉ
Député de la Nièvre.
i a i ———i .ii ■■ ii
LA POLITIQUE
EN ALSACE
Il y a des malheureux qui
prétendent que ça leur serait
bien égal d'être Alleman dsJ
au lieu d'être Français. Ces
gens sont heureusement très
peu nombreux, et la notoriété
1 - 't d" 1
qui leur est acquise n'est due qu'à la ré-
clame à la fois gigantesque et calculée
que leur font les journaux réactionnai-
res dont ils servent les polémiques, en
discréditant plus ou moins certains
partis d'avant-garde..
Quoi qu'il en soit, il y a une poi-
gnée de déments qui affirment ne voir
aucune différence entre le régime poli-
tique de J'empire allemand et celui de
la République française.
Il vient de se produire, en Alsace-
Lorraine, un fait qui est la réponse la
plus positive et la plus nette à opposer
aux déclamations absurdes des déma-
gogues dont nous parlons.
C'est le 28 juin que doivent avoir lieu
les élections municipales dans les deux
provinces que Napoléon III a eu le ta-
lent de nous faire perdre.
Eh ! bien, un grand nombre de ré-
servistes viennent d'être appelés à ac-
complir leur période d'instruction du
15 au 30 juin.
Voilà donc des citoyens qui seront
privés d'exercer leurs droits, puisqu'ils
ne rentreront dans leurs communes que
deux jours après la clôture du scrutin.
Les Alsaciens et les Lorrains qui dé-
noncent cette atteinte à leurs droits les
plus élémentaires d'électeurs, font va-
loir que, dès 1881, le gouvernement al-
lemand eut recours au même procédé
arbitraire pour empêcher l'élection, "à
Metz, du candidat protestataire An-
toine.
Aujourd'hui, le coup serait dirigé
contre les candidats socialistes cle la
Haute-Alsace.. Quelque chose nous dit
qu'après cela, les quelques personnages
qui viendront prêcher aux socialistes
qu'il est indifférent d'être Allemands ou
Français seront bien-reçus ! -
„, 11 11
LES ON-DIT
- NOTRE AGENDA
A iiio-ii),dl hui jeudi :
Lever du soleil à 4 ü. 7, à Coucher à
7 h. 48* .-' - - - -
Matinées. — Comédie-Française, Odéon;
Gaîté, Théâtre Sarah-Bernhardt, Théâtre
Héjane, Tliéàtre Antoine, Palais-Royal,
Porte-Saint-Martin, Ambigu, Bouffes-Pari-
si-ens, Folies-Dramatïques, Déjazet, Trianon
Lyrique, Olympia, Cigale, Eldorado, Nou-
veau-Cirque, Cirque Mcdrano, Jardin d'Ac-
climatation. -
Courses à Chantilly.
Papillon de quarante mille trand
La ville de New-York vient d'hériler,
avec quelques centaines de mille de ses
congénères, d'un papillon qui vaut plus
de quarante mille francs. Ce lépidoptère
n'est même pas en diamant ou en rubis,
c'est un simple papillon en couleur et
en poussière. ,
L'insecte en question vient de la colo-
nie de Sierra-Leone, où le docteur Sterc-
ker, le donateur, alla le chercher, à la
tète d'une expédition qui dut fouiller,
pendant deux ans les plaines et les fo-
rêts de la colonie avant de le décou-
vrir.
Ce papillon n'est, d'ailleurs, pas le
seul qui ait coûté des sommes exagérées
et des années de recherches au tenace
collectionneur.
Les deux cent cinquante mille variétés
de papillons du docteur Stercker lui
coûtèrent plus de cinq millions, ce qui
met les insectes à un louis chacun.
C'est dire que beaucoup d'entre eux
furent payés à plus de cent fois leur
poids d'or.
Il est presque inutile d'ajouter que le
Muséum d'histoire naturelle de New-
York, qui a pris possession de ce don,
possède, aujourd'hui, l'une des plus bel-
les collections de papillons qui soient
au monde.
AUTREFOIS
Rappel du 29 mai 1872. — Un Anglais,
M. Field, a perdu hier, à Chantilly, 3i 0.000
francs. Il avait parié pour Lit lie Agnès
contre Revigny qui a gagné.
Le dernier recensement russe indique
-qu'il n'existe plus au monde que 7.000 Sa-
mal'edes.
Un projet de loi en quatre articles pré-
senté au Reichstag de Berlin énumère com-
me suit les éléments qui composent l'in-
demnité de guerre : 1° indemnité stipulée,
1.333.300.000 thalers ; 2° intérêts échus le
3 mars 1872 : 40.000.000 de thalers ; 3° con-
tribution de la Villç de Paris, 53 millions
et demi de thalers j 4° contributions préle-
vées en. France, déduction faite de tous
frais d'administration des départements
occupés et des sommes employées : 14 mil-
lions 607.9G1 thalers; au total : 1.441.487.961
thalers, soit en monnaie française: 5 mil-
liards 405.579.834 francs.
Mlle Nilsson se marie avec M. Rouzeaud,
fils d'un colon de Bourbon. -
De remploi de l'euphémisme
Il y a quelquefois péril à user de ces
précieuses circonlocutions qui, par
égaird pour les convenances dénaturent
le sens des mots et l'intention de ceux
qui s'en servent.. -
Napoléon en fit la douloureuse expé-
rience a.vec Marie-Louise qui lui avait
demandé, certain jour, la signification
de Tépithète : « vieille ganache », qu'il
avait laissé échapper en parlant -de
l'empereur Joseph IL
— Cela veut aire « un sage vieillard »
avait répondu l'auguste époux. -
A quefque temps de la, l'impératrice
voyant entrer Cambacérès, lui disait
avec bienveillance ¡
- Vous êtes la plus grande ganache
de la Cour. -..
Légende persane r
Un mendiant yint un jour a la porte
'd'im riche d'Ispahan et demanda la
charité. Le maître l'entendit et cria à
un - serviteur : * « Mobârek, dis à
Diaouher de dire à Yaquot, de dire à
Almâs, ide dire à Firouz de dire à Merd-
jân de dire à ce mendiant : « Que Dieu
l'assiste ! » Le pauvre mendiant l'en-
tendit, leva les mains au ciel et s'é-
cria : « Seigneur, dis à Gaibriel de dire
à Michel de dire à Da*rdâeil de dire à
Kaikâeil de dire à Asrafil de dire à
Azrâil de saisir l'âme de cet avare. Le
riche fut couvert de confusion et le
mendiant s'en alla à ses affaires"
Un concours de macaroni
Un gentilhomme italien, le signor
Tasino de Naples, avait promis de enoi-
sir pour femme, la jeune fille de la
ville qui confectionnerait le mieux ce
mets national.
Cent vingt-trois jeunes 'demoiselles a
marier se présentèrent pour faire
p' reuve de leurs talents culinaires.
Ce fut une des toutes dernières qui
remporta la. palme.
Le lendemain, le signor Tasino lui
promettait solennellement son cœur, et
lui offrait une riche bague de fiançail-
les
L'épreuve avait ëLuré trois jours. Il
fallait bien ce laps de temps pour digé-
rer et apprécier cent vingt-trois maca-
ronis..
Selon Ja formule -
Un riche amateur qui avait acheté
au peintre Benassit une de ses œuvres,
lui adressa, en même temps que le prix
du tableau, une lettre dont les pattes
de mouche étaient absolument illisi-
bles.
Benassit se mit en quête 'd'un habile
déichiffreur d'hiéroglyphes. On finit par
lui indiquer l'objet de ses rêves : un
pharmacien qui occupait ses loisirs. à
des recherches épigraphiques..
Benassit se rend chez le pharmacien,
salue, et, sobre de paroles, tend sa let-
tre en disant :
— Voyez 'donc l est-ce assez mal
écrit?
L'autre met ses lunettes, s'absorbe
un moment dans la lecture de l'épitre,
puis, gravement, tend au peintre stulo-
fait une fiole pleine d'un liquide jau-
nâtre :
- C'est trois francs, déclare-t-jl.
Il avait pris Benassit pour un client
et la lettre pour une ordonnance. -
Le comble est que la fiole portait la
mention habituelle- : « Selon la formu-
le. » -
Quelle formule, grands dieux I
Un passant.,.
Il est devenu de bon ton — en nos temps
de sensiblerie humanitaire — de porter - le
plus vif intérêt aux escarpes, aux soute-
neurs. aux assassins et autres gentilshom-
mes de bagnes et de maisons centrales.
Àu thédtre, au caié-concert dans les ro-
mans on nous apitoie sans cesse sur les
infortunes de la haute et de la basse pègre,
et on a fini par créer une atmosphère de
sympathie autour d'abominables fripouilles,
de gens de sac et de corde dont les ins-
tincts de brutalité sanguinaire sont sans
cesse prêts à faire de nouvelles victimes.
Ces victimes, on les considère volontiers
conïme de bonnes Il poires » destinées à
servir de jeu de massacre à MM. les apa-
ches. On s'esclallerait volontiers du saut
qu'elles exécutent sous la pointe-du « su-
rin » lestement, appliquée entre les deux
omoplates, et de la langue qu'elles tirent
pendant J'exécution du coup du Père Fran-
çois. •
Quant aux gendarmes, à la police, aux
juges et aux gardiens de prison, ce sont
bien entendu les plus sinistres brutes qui
soient au monde, des êtres abjects et féro-
ces qui déshonorent l'humanité.
La Chambie des députés est largement
imbue de cet esprit nouveau si foncière-
ment indulgent à nos sympathiques escar-
pes et marlous.
M. Clteron, — ci-devant sous-secrétaire
d'Etat à la guerre — se lamentait naguère
dans son enquête sur les services péniten-
tiaires, sur la dureté et la monotonie de
l'existence de ^os meilleurs bandits, et M.
Cruppi, lorsqu'il présidait la commission
des réformes judiciaires, réclamait à grands
cris la suppression de celle peine de mort
dont il avait si souvent requis l'application
dans l'exercice de ses fonctions d'avocat
général.
Tout doit contribuer à assurer une vieil-
less-e tranquille el honorée à nos sympathi-
ques Il chourineurs », en attendant que
l'on se préoccupe sérieusement de leur
constituer une caisse spéciale de retraites.
Fresnes et Poissy deviendront les der-
niers salons où l'on cause, et la guillotine
— abominable vestige d'une humanité bar-
bare — ne servira plus que pour les gen-
darmes coupables d'excès de zèle.
Le jour oit l'on rapportera à M. Chéron
sa bonne dame copieusement violée et en-
trelardée de coups de couteau ; le soir où
notre sumpathique ami M. Cruppi se sera
vu mettre les f tripes à l'air » d'un joli
coup dl (t eustache », en sortant d'un ban.
quet, ils sentiront peut-être s'atténuer, au
lond de leur cœur leur sensiblerie à l'égard
des apaches. - • ;
En attendant, les gens débonnaires con-
tinueront à servir de cible aux chevaliers
du trottoir, tandis que les hommes qui ne
se sentent pas de vocation vour le rôle
d'assassiné prendront la résolution de se
faire justice eux-mêmes.
En effet, quand des citoyens dignes de ce
nom s'apercevront que l'ordre public n'est
plus assuré par ceux qui en ont la charge,
que la police est impuissante, la justice
désarmée, la loi indulgente aux criminels,
et la vie des leurs menacée ils en vien-
dront — je l'espère bien — à la saine pra-
tique de la légitime défense. Nos illustres
idéologues humanitaires auront ainsi con-
tribué tout simplement à restaurer la loi de
Lynch.
Ainsi va le progrès !
Le Ctiemineau..
——————————— A ■■ ■ « » <
La guerre à la « laïque »
On sait qu'une grosse part des efforts
de l'Eglise militante en Noie d'organisa-
tion doit porter sur ce que le Vatican ap-
peliô la surveillance des écoles laïques.
Le mot d'ordre a été donné aux évêques.
qui l'ont eux-mêmes transmis au clergé et
aux divers comités cléricaux.
On doit saisir partout le premier pré-
texte venu pour faire la guerre à l'insti-
tuteur et saper l' « école sans Dieu. 1)
C'est ainsi que certains prôtres ont trou-
vé un moyen que nous verrons sans doute
se généraliser, pour peu que les pouvoirs
publics négligent de prendre les mesures
nécessaires pour protéger l'école laïque
contre les assauts dont elle est menacée.
Ne pouvant entraîner tes jeunes enfants
dans les établissements privés, ouverts un
peu partout par des anciens congréganis-
tes, les curés en question se sont dit
qu'ils pouvaient tout au moins les empê-
cher de fréquenter les écoles de l'Etat en
les obligeant à se rendre à l'église, pen-
dant les heures de classe.
Et passant aussitôt de la conception à
la réalisation, un certain nombre de curés
ont profité de la période pendant laquelle
ils préparent les enfants à la « première
communion » pour faire le vide dans les
écoles.
Il s'est trouvé heureusement des juges
de paix qui ont eu l'excellente idée — et
nous avons plaisir à les en féliciter - de
poursuivre et. de condamner quelques-uns
des auteurs de ces menées pour entraves
à la fréquentation scolaire imposée par la
loi de 1884.
C'est de cette façon qu'un desservant a
été condamné à un franc d'amende et que
trois de ses collègues, qui n'ont point dai-
gné répondre à la citation dont ils étaient
l'objet, ont été condamnés par défaut a
cinq francs d'amende et aux dépens.
La leçon, ne servira peut-être guèret
mais .si, à la récidive, le magistrat montre
la sévséir, ité dont il peut et doit faire usage,
il y a tout de même dçs chances pour que
le zèle de ceuxrefroidisse peu à. peu..
Nous voulons espérer que partout bù
des faits s^iftlbgues se produiront il se
trouvera i' s juges pour défendre l'œuvre
de ila lojt et que le moyen inventé par le
cler sera ainsi coupé, dana la racine-
—v P. G.
LE VOYAGE DE M. FALLIËRES
LPrtint gIa RBCpiM)urM~~np a LHnr,
Les réceptions de la matinée. — La visite au lord-maire. —
Le banquet du Guildhall et les toast échangés.
Londres, 27 mai.
Le président de la République a reçu ce
matin, dans les appartements du palais de
Saint-James, les chef des missions du
corps diplomatique et le premier ministre
du Népaul. '-
Les diverses municipalités, de Wee
minster, de Holiborn, de Marylebone, pré-
sentent des adresses pour se féliciter de la
visite présidentielle et faire des vœux en
faveur de la continuation de l'amitié fran-
co-anglaise.
La municipalité de Westminster dit :
Nous nourrissons le très ferme espoir que vo
tre visité à notre souverain bien-aimé donnera
encore plus de solidité aux liens d'amitié qui
unissent déjà nos deux nations et qu'elle con-
tribuera ù accroître la prospérité commerciale
des populations des deux pays..
L'adresse de la municipalité de Holborn
se termine ainsi :
r plusieurs incidents qui se sont produits pen-
idaitl ces dernières semaines sont la caractéris-
, tiquo d'ps bennes relations qui existent entre te
France et ce royaume.
Dans ce court espace de temps, la. ville de
Londres a eu la sympathique visité de M. Cle-
menceau à propos des funérailles de notre an-
rien premier ministre. Elle a écouté la vive élo-
quence de votre ministre du commerce, et elle
a vu s'inaugurer l'exposition franco-britannique.
Cette exposition met puissamment eri relief la
communauté d'intérêts économiques des deux
Etats et la dépendance mutuelle de leurs pro-
ductions ; mais surtout et avant tout cette expo-
sition aura une grande influence dans le res-
serrement des liens d'amitié qui unissent déjà
ces deux pays.
L'adresse de la municipalité de Maryle-
bone conclut en ces termes :
Puissent la France et la Grande-Bretagne con-
tinuer de donner l'exemple de l'amitié qui de-
vrait exister entre les grandes nations, et hâter
ainsi la venue de cet âge que tous *es hommes
devraient souhaiter et où la paix régnera sur un
monde fêdôré ! -
On présente ensuite à M. Fallires les
membres de différents corps et de diffé-
rentes sociétés comprenant la Société de
Westminster, l,a Société franco-écossaise,
la chambre de commerce de Londres. le
conseil du comtfl de Londres, les corres-
pondants de l'Institut de France et les
membres anglais de la Légion d'hon-
neur, etc.
Voici le passage essentiel de l'adresse
des membres correspondants de l'Institut
de France :
Nous nous réjouissons de ce que les senti-
ments de sympathie et de fraternité qui oiit
existé pendant des siècles entre les savants,
les littérateurs et les artistes de. France et .oe
Grande-Bretagne prennent une extension et une
force chaque jour plus grandes chez les peuples
de ces deux pays, et nous sommes sûrs que
votre visite ne peut que stimuler puissamment,
les progrès de cette alliance pacifique et bien-
faisante. NoCrS exprimons le fervent espoir que
votre haute magistrature continue d'être pros-
père et distinguée, et nous avons confiance que
vous serez heureux de recevoir l'assurance que
le peuple de ce pays est sincèrement uni dans
un sentiment d'admiration et d'amitié pour le
peuple de France.
L'association des chambres de commerce
anglaises fait des vœux pour le maintien
de Ja paix internationale et le développe-
ment des échanges commerciaux, entre la
France et l'Angleterre.
Sir Albert ftollit, officier de la Légion
d'honneur, présente en- ces termes les
membres de l'Ordre :
Votre visite confirme le sentiment de bonne
entente et de politesse cordiale qui existe entre
la Gra m) - H i*e' etgno et la EJ-anoo, et elle est le
gege de la coopération des deux grandes na-
tions de l'Europe occidentale au développement
de 3a civilisation, du commerce et des arts de la
paix..
L'histoire nous enseigne que beaucoup des An-
glais qui sont membres de la Légion d'honneur
ont combattu avéra la France, alors alliée de la
Grande-Bretagne, il y a plus d'un demi-siècle, et
il y a lieu d'espérer que les deux peuples seront
toujours unis dans une alliance solide et paci-
fique pour leur bien à tous deux, ainsi que pour
celui du monde.
Chaque adresse remise était imprimée
ou calligraphiée sur un parchemin ; plu-
sieurs étaiont encadrées avec un grand
luxe.
Les membres de la Légion o honneur ont
offert aussi un coffret en or massif sur le
couvercle duquel se détachait en émail la
croix de l'Ordre national français. Cette
cassette est une véritable merveille d'orfè-
vrerie..
M Fallières a regagné ses appartements
à 11 h. 30.
La visite au lord-maire
Le président quitte son palais à midi et
demi par uni temps magnifique. Les rues
sont superbement décorées et grouillantes
de spectateurs. t
Des forces de police considérables
avaient été placées tout le long du par-
UUUIS,
En face du Guildhall est éri.gé, à .l.an-
gle de Cheapside et de King street, un im-
mense dais de trente pieds de diamètre.
drapé de soie blanche frangée d'or, décoré
de guirlandes d'héliotropes, 3e touL sur-
monté d'une statue dorée de la Libcrl.
■ Au Guildhall, le lord-maire, la lady-
mayoress, les shérifs, aldermen, etc., re-
çoivent le prince et la princesse de Galles,
la princesse Christian de Slesvig-Holstein,
le prince Arthur de Connaught. la princes-
se Victoria, le prince Christian. Ja prin-
cesse Louise-Augusta. La décoration du
Guildhall est somptueuse.
Ouelaues minutes avant une heure, le
président et sa suite, arrivent. Gn presse
au président l'adresse suivante au nom cv
la Cité - de Londres et un coffret en or --
Nous, lord-maire, aldermen et conseillers ce
la Cité de- Londres, assemblés en conseil mun -
cipal, nous désirons très sincèrement V0115 OU.
haiter la bienvenue dans cette circonstance rvc-
raV> t vous dire .combien nous sommes flabtés
dé l'honneur que vous avez fait à la Cité de Lon-
dres en venant parmi nous.
Nous nous rappelons avocplaiM.r la visitee fiaai.ltee
au Guù'iliall par votro distingué P/ea<-c.sscurJ
le président Loubet, le 7 juillet 1903, et nous m
marquons avec orgueil et satisfaction que Jes
sentiments de cordiale amitié entre la Républi-
que Française et le Royaume-Une de Grande-Bre-
tagne et d'Irlande tendent choque jour à devenir
plus fermes et à constituer une garantie perpé-
tuelle pour le progrès de la civilisation et la
paix du monde tout ensemble. ,
Nous profitons de cette occasion pour rappe-
ler combien nous a touchés la cordalilé de }.&.
réception qu'il vous a si gracieusement plu de
faire au lard-maire et à la corporation, à l'Ely-i -
sôe, au moment de leur voyage oîfieicl à Paris;
dans J'automne de 1906, en qualité d'hôtes uu
Conseil municipal.
M. Fallières répond: >
Que mes premiers mots dans celte enceinte; -
soient pour vous dire quelle joie j'éprouve il
me trouver au milieu de vous.
Comme vous, je me iélicite de voir se ressers
rer tous les jours davantage les cordiales relu"
lions entre nos deux pays qui travaillent d'un
commun accord au progrès de la civilisation et
au maintien de la paix du monde.
- Je n'ai pas oublié, soyez-en sûrs, Faitra&bl^
visite que inédit a Paris, en 1906, le.lord-iftaire
et la Corporation de 1» Jtté de Londres m Je
garderai aujourd'hui de ma. visite ici un vivant
sonva1ir.' - ", ..-
• Je suis très vivement touché des smSments
qui me sofit exprimés pour la France et pour
son président, et je tiens à vous assurer des
vœux que de mon côté je forme de tout cceui.
pour la grande et belle Cité de Londres.
Le banquet du Guildhall
Lo cortège se dirige alors vers la salle
du banquet.
Tous les convives ont déjà occupé leun
place quand le cortège présidentiel fait
son entrée précédé de trompettes, de hé-
rauts et des massiers de la Cité.
A la fin du banquet, le lord-maire ai
proposé d'abord lé toast au roi et à la rei-
ne, et ensuite au président de la Républi-
que.
Lès efforts infatigables de Sa Majesté, dit-il,
efforts couronnés de succès, pour unir par des
liens d'harmonie et de bonne entente les nations
du monde, l'ont fait respecter de tous. Aussi,
je suis convaincu que ce toast sera accueilli
avec l'enthousiasme ou'il mérite, et je porte,
avec un profond respect, la santé de Leurs
Majestés le roi et la reine. -
Le lord-maire a porté ensuite en ces ter-
mes le toast au président de la Républi-
que :
LE TOAST DU LORD-MAIRE
Un pareil toast, dit-il, sera, j'en suis sûr, ac-
cueilli avec enthousiasme, poi-ce que nous vou-
lons, en le portant, non seulement exprimer no-
tre considéra tien et notre estime pour la pef-
sonne du président, mais une fois encore enre-
gistrer du-ns cet édifice liislorique là sincérité
des sentiments d'alfection cordiale dont sons,
animés la ville de Londres et le comté de Lon-
dres tout entier envers cette grande nation amie,
notre voisine la plus proche et notre alliée. dont
il est le chef. 1
Voià bientôt cinq ans que nous avons eu l'exi
trême plaisir de recevoir ici même son éminenH
et respecté prédécesseur, M. Louret., et d'écouter
les rèiiexions profondes qu'il formula, devant ses
noies d'alors, sur la communauté d'intérêts et
sur l'entente cordiale qui devait inspirel tos
deux nations dans les services à rendre à la,
cause de l'humanité.
Dans rintervaJJe qui s'est écoulé depuis la vi-
site du président Loubet, bien des événements
se sont déroulés dans nos deux pays ; mais,
bien que les gouvernements et les ministères
aient changé, rien absolument n'est venu inter-
rompre la continuité des relations cordiales qui
ont si longtemps existé entre la France et l'An-
gleterre, non plus que le resserrement remarqua-
ble des liens d'amitié et de bonne volonté réci-
proque -que l'on constatait alors.
Pendant ce même intervalle, deux visites ont
été échangées entre les autorités de Londres
et le Conseil municipal de Paris, et. de même
que .m,cs collègues de la Cité, je me rappelle
avec un plaisir infini la réception si gracieuse,
si hospitalière, dont notre corporation a élé
l'objet de la part de M. Fallières personnelle-
ment-pendant son séjour dans la capitale de la.
France.
Le président de h République honore mainte-
nant l'Angleterre d'une visite, comme opte du
roi, à l'ocasion particulière de cette g^nde Ex-*
position franco-britannique qui se tient a Lon-
dres, et qui, nous l'espérons et en sommes con-
vaincus, contribuera grandement à iavoriser, à
développer les intérêts commerciaux et les rela- -
tions d'affaires entre les deux pays ^et surtout
entre leurs deux capitales. Nous espérons que
des niilliers et des milliers de Français et d'An..
glais viendront la visiter pendant la ooisDn.
Nous comptons sincèrement que le prèidenfj
verra suffisamment la ville de Londres, pendant
son irop court séjour au milieu de nous, pour,
se convaincre que ses habitants désirent profon-
dément cimenter leurs relations -amicales avefl
la grande nation française, et. lui exprimer offi-
ciellement et aussi personnellement la très hall"
te considération qu'ils éprouvent pour lui, le
premier des ciîoyens de Franoe.
LE TOAST DU PRESIDENT
- DE LA REPUBLIQUE
Le président de la République à ré-
pondu ;
Monsieur le lord-maire
Je suis particulièrement heureux d'être en et
moment l'hôle des représentants de la nobi*
Cité, dont vous êtes le premier magistrat élu.
Comment me soustraire à cette pensée qvift
je me trouve ici au cœur de l'activité inm-
gento et pratique de votre puissante capilaJe.
au foyer d'où rayonnent les idées généreuses
et libérales, principes indéfectibles de tout pur.
grès et de toute civilisation.
Il m'a été oien agréable de vous entendre rap-
peler que c'est dans cette salle illustre que vous
avez entendu, il y a cinq ans, mon éminent et
respecté prédécesseur, mon ami M. Loubet, con-
sacrer, d'accord a:¡ec vous, c!o sa parole autori-
sée, les premières -actions d'une entente, qui a
été si féconde pour les intérêts moraux et ma-
tériels de nos deux nations amies, et dont les
liens, depuis lors, ne se sont pas relâchée
Si j'ai pu pour ma part, par l'accueil qua,
j'ai cfccrcM à rendre aussi cordial que possible
prouver aux membres de votre municipalité,
quand ils ont bien voulu me faire visite, au
cours d'un de leurs séjours à Paris, que j'atta-
chais le plus grand prix au maintien: des rela-
tions qui se développent chaque jour a lavaii-
tage do nos deux pays, je n ai fait, en cela, que
répondre aux sentiments de confiance et <1e nve
sympathie qui anime la France à Ugaid J 1
la grande Bretagne
La cm qui 1mi }Il Fran
çt l'ernpir britannique trouve sca expressior
::') \; ..,' .:
awQ CEaiariMiisx-is iïwsiebio
-.,. :"!t' -- .,. - ,..-
ïenàrcài 29 Mai î 808. - N* 1399 -
LE XIXE SIECLE
* ANNONCES Ta
rn- an BUREAUX DU J0URNA& 0
# 14, roe fin Mafl, Paris* -.
8t CÊCZ MM. LAGRANGE, OERP t a.
"* de la :
t • ■ -
fldffBW télégraphique : XIX' SIÈCLB- PAB13
ABOMEmVTS
Irote mois six mois n ta1
f%îflS .;r. 8 1 fi f. Il L:
Dêpsrtemenle 4 ïl 12 t 2t r.
Union Poat&h) H 16 f, 33 1.
1 -
-.' '",. 'f; -
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
4
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ADMINISTRATION: 14* flUE OU MAIL. - TÉLÉPHONÉ 102 sa
Adresser lettres et mandats d F Administrateur .l
TRIBUNE LIBRE
LE BUDGET
La Ghamlirë à nommé hier
sa commission du budget.
La tâche de celle-ci ne sera
pas des plus aisées. Les dif-
ficultés qu'a .eues Je ministre
à établir son projet mon-
trent par avaniee les obstacles que les
nouveaux commissaires rencontreront
sur leur route.
Loin de faire disparaître ceux qui
existaient déjà, il semble que le gouver-
nement; par son texte, se soit plu à en
susciter et à en accumuler de nouveaux.
M. Caillaux a certes, de. très grandes
qualités. Esprit fin et délié, il a le don
de s'assimiler très vite les questions
les plus difficiles. Mais il a le tort aussi
de ne jamais aborder les difficultés de
front. Il s'cfforcc d'arriver au but par
des chemins détournés. jL'un ide mes
collègues, ces jours-ci, après avoir lu
Y Exposé des motifs de la loi de finan-
ces, nous disait : « Décidément, notre
ministre est un inspecteur des finances
de premier ordre ; ce n'est pas un
financier. »
La seconde partie du jugement. est
certes exagérée. Mais la première est
parfaitement exacte. Le rôle de l'ins-
pecteur des finances est de rechercher
toutes les irrégularités qui peuvent se
produire et de proposer les mesures
propres à les empêcher dans l'avenir.
anf conçoit ;sans peine (ju'un: (homme
qui a exercé ces fonctions un certain
nombre d'années en arrive à n'avoir
confiance en personne, à soupçonner
partout des irrégularités et des fraudes.
Lorsque, chargé d'établir le budget
du pays, on aborde son travail avec un
tel esprit, on doit fatalement ne pas
sonsidérer le contribuable pour ce qu'il
est en réalité, crest-à-dire un homme
posé, calme et honnête, qui paye régu-
lièrement ses contributions, quelque
élevées qu'elles lui paraissent parfois,
mais voir en lui un fraudeur invétéré
qui s'efforce de tromper le fisc, en se
basant sur ce vieil adage que tromper
l'Etat ce n'est point tromper. *
M. Caillaux a eu le tort non seule-
ment de le penser, mais de le dire, dans
son Exposé des motifs.
11 n'est pas exact que le contribua-
ble ne songe qu'à frustrer le Trésor. Il
suffit pour s'en convaincre de consta-
ler avec quelle régularité les impôts
rentrent dans les caisses de l'Etat.
Quelque lourds qu'ils soient, dans les
années difficiles comme dans les années
je prospérité, le nombre des poursuites
est insignifiant. Encore dans beaucoup
de cas, est-ce l'impossibilité de payer
.plutôt que la mauvaise volonté, qu'il en
faut rendre responsable.
Malheureusement, lorsque l'on part
du point de vue auquel s'est placé M.
Caillaux, on est fatalement amené à
proposer des mesures destinées à faire
disparaître et à réprimer les fraudes
que Ion soupçonne. -- "';1' ''-.
Ces mesures sont-elles bonnes ? Le
ministre des finances en est persuadé.
Les critiques qui, hier, dans les bu-
reaux, lors de la discussion du projet,
est été dirigées contre elles, sont la
preuve que la majorité, sur ce point,
ne partage pas l'avis du ministre.
Une somme de quarante-quatre mil-
lions qui constitue l'écart entre les re-
cettes de 1907 qui servent de base aux
évaluations de l'exercice futur et les dé-
penses de 1909, était à rechercher.
Pour la trouver, le ministre propose
line série de mesures secondaires, dont
les unes sont destinées à faire disparaî-
tre les fissures par lesquelles s'évade la
matière imposable et les autres à rele-
ver des taxes existantes notamment sur
tes huiles minérales ou les affiches non
peintes, supérieures comme dimensions
à un mètre carré.
De ces différentes mesures, il n'y a
rien à dire, sinon qu'elles ne produiront
qu'une augmentation de recettes peu
importante et que les vexations et les
ennuis imposés au contribuable sont
hors de proportion avec les résultats at-
tendus. -
Mais à côté de ces questions secondai-
res, M. Caillaux dans son projet de
budget en soulève trois autres de beau-
coup plus importantes.
Frappé du nombre des déclarations
inexactes faites en matière de succes-
sions, ou de ventes d'immeubles et de
fonds de commerce, il reprend une pro-
position déposée par M. Charles Du-
mont, lors de la discussion du dernier
budget et Qui tend à autoriser l'admi-
nistration à-déférer le serment aux con-
tribuables qui auront fait une déclara-
tion qui paraîtrait inexacte.
Le serment étant admis en matière
civile, on ne voit pas en effet, pourquoi
l'administration ne pourrait pas le dé-
férer aux contribuables qui sont à son
égard exactement dans la situation d'un
débiteur vis-à-vis de son créancier
alors qu'il y a contestation sur le chif-
fre de la dette et que l'on n'a aucun
moyen autre de le fixer que de s'en rap-
porter à la parole des deux intéressés.
On peut seulement demander \que le
serment soit toujours déféré, car il peut
ne pas être sans inconvénient de laisser
à l'administration le soin de décider à
quelles personnes il sera demandé,quel-
les autres en seront dispensées.
Les deux autres mesures importantes
sont loin d'être aussi heureuses.
Le doublement de la licence pour les
débitants qui vendent de l'absinthe aura
le grave inconvénient d'imposer une
taxe exorbitante à certains. Les illes,
en effet, ont été autorisées déjà à établir
une licence municipale pour compenser
les dégrèvements opérés sur les boissons
hygiéniques, licence égale à celle qui
est perçue pour l'Etat.
1 C'est donc pour certaines localités
une licence triple et quelquefois qua-
druple si la commission et le Parlement
adoptaient le principe de la taxe d'ou-
verture frappant à l'avenir les débits
de boissons, qui pourrait être imposée
aux débitants vendant de l'absinthe..
En ce qui touche la transformation
du droit d'abonnement sur les litres au
porteur l'initiative n'est pas plus heu-
reuse.
Outre que le texte proposé aurait
pour effet de diminuer le produit de
l'impôt sur les opérations de bourse,
il détournerait les capitaux des place-
ments industriels dont le revenu est
plus élevé, parce que plus aléatoire, et
qui doit, d'après le projet, être davan-
tage imposé.
En réalité, pour se procurer une som-
me de quarante-quatre millions, M.
Caillaux inquiète tous les intérêts, me-
nace tous les contribuables. Il leur dit
nettement qu'ils les considère dans leur
ensemble comme des malhonnêtes gens
contre lesquels on ne saurait prendre
trop dé précautions..
Je ne suis pas sûr que ce soit là 3e la
bonne politique financière, mais ce dont
je suis convaincu c'est qu'à un point
de vue plus général, c'est de la mau-
vaise politique. -
, f', : ,., : - Alfred MASSÉ
Député de la Nièvre.
i a i ———i .ii ■■ ii
LA POLITIQUE
EN ALSACE
Il y a des malheureux qui
prétendent que ça leur serait
bien égal d'être Alleman dsJ
au lieu d'être Français. Ces
gens sont heureusement très
peu nombreux, et la notoriété
1 - 't d" 1
qui leur est acquise n'est due qu'à la ré-
clame à la fois gigantesque et calculée
que leur font les journaux réactionnai-
res dont ils servent les polémiques, en
discréditant plus ou moins certains
partis d'avant-garde..
Quoi qu'il en soit, il y a une poi-
gnée de déments qui affirment ne voir
aucune différence entre le régime poli-
tique de J'empire allemand et celui de
la République française.
Il vient de se produire, en Alsace-
Lorraine, un fait qui est la réponse la
plus positive et la plus nette à opposer
aux déclamations absurdes des déma-
gogues dont nous parlons.
C'est le 28 juin que doivent avoir lieu
les élections municipales dans les deux
provinces que Napoléon III a eu le ta-
lent de nous faire perdre.
Eh ! bien, un grand nombre de ré-
servistes viennent d'être appelés à ac-
complir leur période d'instruction du
15 au 30 juin.
Voilà donc des citoyens qui seront
privés d'exercer leurs droits, puisqu'ils
ne rentreront dans leurs communes que
deux jours après la clôture du scrutin.
Les Alsaciens et les Lorrains qui dé-
noncent cette atteinte à leurs droits les
plus élémentaires d'électeurs, font va-
loir que, dès 1881, le gouvernement al-
lemand eut recours au même procédé
arbitraire pour empêcher l'élection, "à
Metz, du candidat protestataire An-
toine.
Aujourd'hui, le coup serait dirigé
contre les candidats socialistes cle la
Haute-Alsace.. Quelque chose nous dit
qu'après cela, les quelques personnages
qui viendront prêcher aux socialistes
qu'il est indifférent d'être Allemands ou
Français seront bien-reçus ! -
„, 11 11
LES ON-DIT
- NOTRE AGENDA
A iiio-ii),dl hui jeudi :
Lever du soleil à 4 ü. 7, à Coucher à
7 h. 48* .-' - - - -
Matinées. — Comédie-Française, Odéon;
Gaîté, Théâtre Sarah-Bernhardt, Théâtre
Héjane, Tliéàtre Antoine, Palais-Royal,
Porte-Saint-Martin, Ambigu, Bouffes-Pari-
si-ens, Folies-Dramatïques, Déjazet, Trianon
Lyrique, Olympia, Cigale, Eldorado, Nou-
veau-Cirque, Cirque Mcdrano, Jardin d'Ac-
climatation. -
Courses à Chantilly.
Papillon de quarante mille trand
La ville de New-York vient d'hériler,
avec quelques centaines de mille de ses
congénères, d'un papillon qui vaut plus
de quarante mille francs. Ce lépidoptère
n'est même pas en diamant ou en rubis,
c'est un simple papillon en couleur et
en poussière. ,
L'insecte en question vient de la colo-
nie de Sierra-Leone, où le docteur Sterc-
ker, le donateur, alla le chercher, à la
tète d'une expédition qui dut fouiller,
pendant deux ans les plaines et les fo-
rêts de la colonie avant de le décou-
vrir.
Ce papillon n'est, d'ailleurs, pas le
seul qui ait coûté des sommes exagérées
et des années de recherches au tenace
collectionneur.
Les deux cent cinquante mille variétés
de papillons du docteur Stercker lui
coûtèrent plus de cinq millions, ce qui
met les insectes à un louis chacun.
C'est dire que beaucoup d'entre eux
furent payés à plus de cent fois leur
poids d'or.
Il est presque inutile d'ajouter que le
Muséum d'histoire naturelle de New-
York, qui a pris possession de ce don,
possède, aujourd'hui, l'une des plus bel-
les collections de papillons qui soient
au monde.
AUTREFOIS
Rappel du 29 mai 1872. — Un Anglais,
M. Field, a perdu hier, à Chantilly, 3i 0.000
francs. Il avait parié pour Lit lie Agnès
contre Revigny qui a gagné.
Le dernier recensement russe indique
-qu'il n'existe plus au monde que 7.000 Sa-
mal'edes.
Un projet de loi en quatre articles pré-
senté au Reichstag de Berlin énumère com-
me suit les éléments qui composent l'in-
demnité de guerre : 1° indemnité stipulée,
1.333.300.000 thalers ; 2° intérêts échus le
3 mars 1872 : 40.000.000 de thalers ; 3° con-
tribution de la Villç de Paris, 53 millions
et demi de thalers j 4° contributions préle-
vées en. France, déduction faite de tous
frais d'administration des départements
occupés et des sommes employées : 14 mil-
lions 607.9G1 thalers; au total : 1.441.487.961
thalers, soit en monnaie française: 5 mil-
liards 405.579.834 francs.
Mlle Nilsson se marie avec M. Rouzeaud,
fils d'un colon de Bourbon. -
De remploi de l'euphémisme
Il y a quelquefois péril à user de ces
précieuses circonlocutions qui, par
égaird pour les convenances dénaturent
le sens des mots et l'intention de ceux
qui s'en servent.. -
Napoléon en fit la douloureuse expé-
rience a.vec Marie-Louise qui lui avait
demandé, certain jour, la signification
de Tépithète : « vieille ganache », qu'il
avait laissé échapper en parlant -de
l'empereur Joseph IL
— Cela veut aire « un sage vieillard »
avait répondu l'auguste époux. -
A quefque temps de la, l'impératrice
voyant entrer Cambacérès, lui disait
avec bienveillance ¡
- Vous êtes la plus grande ganache
de la Cour. -..
Légende persane r
Un mendiant yint un jour a la porte
'd'im riche d'Ispahan et demanda la
charité. Le maître l'entendit et cria à
un - serviteur : * « Mobârek, dis à
Diaouher de dire à Yaquot, de dire à
Almâs, ide dire à Firouz de dire à Merd-
jân de dire à ce mendiant : « Que Dieu
l'assiste ! » Le pauvre mendiant l'en-
tendit, leva les mains au ciel et s'é-
cria : « Seigneur, dis à Gaibriel de dire
à Michel de dire à Da*rdâeil de dire à
Kaikâeil de dire à Asrafil de dire à
Azrâil de saisir l'âme de cet avare. Le
riche fut couvert de confusion et le
mendiant s'en alla à ses affaires"
Un concours de macaroni
Un gentilhomme italien, le signor
Tasino de Naples, avait promis de enoi-
sir pour femme, la jeune fille de la
ville qui confectionnerait le mieux ce
mets national.
Cent vingt-trois jeunes 'demoiselles a
marier se présentèrent pour faire
p' reuve de leurs talents culinaires.
Ce fut une des toutes dernières qui
remporta la. palme.
Le lendemain, le signor Tasino lui
promettait solennellement son cœur, et
lui offrait une riche bague de fiançail-
les
L'épreuve avait ëLuré trois jours. Il
fallait bien ce laps de temps pour digé-
rer et apprécier cent vingt-trois maca-
ronis..
Selon Ja formule -
Un riche amateur qui avait acheté
au peintre Benassit une de ses œuvres,
lui adressa, en même temps que le prix
du tableau, une lettre dont les pattes
de mouche étaient absolument illisi-
bles.
Benassit se mit en quête 'd'un habile
déichiffreur d'hiéroglyphes. On finit par
lui indiquer l'objet de ses rêves : un
pharmacien qui occupait ses loisirs. à
des recherches épigraphiques..
Benassit se rend chez le pharmacien,
salue, et, sobre de paroles, tend sa let-
tre en disant :
— Voyez 'donc l est-ce assez mal
écrit?
L'autre met ses lunettes, s'absorbe
un moment dans la lecture de l'épitre,
puis, gravement, tend au peintre stulo-
fait une fiole pleine d'un liquide jau-
nâtre :
- C'est trois francs, déclare-t-jl.
Il avait pris Benassit pour un client
et la lettre pour une ordonnance. -
Le comble est que la fiole portait la
mention habituelle- : « Selon la formu-
le. » -
Quelle formule, grands dieux I
Un passant.,.
Il est devenu de bon ton — en nos temps
de sensiblerie humanitaire — de porter - le
plus vif intérêt aux escarpes, aux soute-
neurs. aux assassins et autres gentilshom-
mes de bagnes et de maisons centrales.
Àu thédtre, au caié-concert dans les ro-
mans on nous apitoie sans cesse sur les
infortunes de la haute et de la basse pègre,
et on a fini par créer une atmosphère de
sympathie autour d'abominables fripouilles,
de gens de sac et de corde dont les ins-
tincts de brutalité sanguinaire sont sans
cesse prêts à faire de nouvelles victimes.
Ces victimes, on les considère volontiers
conïme de bonnes Il poires » destinées à
servir de jeu de massacre à MM. les apa-
ches. On s'esclallerait volontiers du saut
qu'elles exécutent sous la pointe-du « su-
rin » lestement, appliquée entre les deux
omoplates, et de la langue qu'elles tirent
pendant J'exécution du coup du Père Fran-
çois. •
Quant aux gendarmes, à la police, aux
juges et aux gardiens de prison, ce sont
bien entendu les plus sinistres brutes qui
soient au monde, des êtres abjects et féro-
ces qui déshonorent l'humanité.
La Chambie des députés est largement
imbue de cet esprit nouveau si foncière-
ment indulgent à nos sympathiques escar-
pes et marlous.
M. Clteron, — ci-devant sous-secrétaire
d'Etat à la guerre — se lamentait naguère
dans son enquête sur les services péniten-
tiaires, sur la dureté et la monotonie de
l'existence de ^os meilleurs bandits, et M.
Cruppi, lorsqu'il présidait la commission
des réformes judiciaires, réclamait à grands
cris la suppression de celle peine de mort
dont il avait si souvent requis l'application
dans l'exercice de ses fonctions d'avocat
général.
Tout doit contribuer à assurer une vieil-
less-e tranquille el honorée à nos sympathi-
ques Il chourineurs », en attendant que
l'on se préoccupe sérieusement de leur
constituer une caisse spéciale de retraites.
Fresnes et Poissy deviendront les der-
niers salons où l'on cause, et la guillotine
— abominable vestige d'une humanité bar-
bare — ne servira plus que pour les gen-
darmes coupables d'excès de zèle.
Le jour oit l'on rapportera à M. Chéron
sa bonne dame copieusement violée et en-
trelardée de coups de couteau ; le soir où
notre sumpathique ami M. Cruppi se sera
vu mettre les f tripes à l'air » d'un joli
coup dl (t eustache », en sortant d'un ban.
quet, ils sentiront peut-être s'atténuer, au
lond de leur cœur leur sensiblerie à l'égard
des apaches. - • ;
En attendant, les gens débonnaires con-
tinueront à servir de cible aux chevaliers
du trottoir, tandis que les hommes qui ne
se sentent pas de vocation vour le rôle
d'assassiné prendront la résolution de se
faire justice eux-mêmes.
En effet, quand des citoyens dignes de ce
nom s'apercevront que l'ordre public n'est
plus assuré par ceux qui en ont la charge,
que la police est impuissante, la justice
désarmée, la loi indulgente aux criminels,
et la vie des leurs menacée ils en vien-
dront — je l'espère bien — à la saine pra-
tique de la légitime défense. Nos illustres
idéologues humanitaires auront ainsi con-
tribué tout simplement à restaurer la loi de
Lynch.
Ainsi va le progrès !
Le Ctiemineau..
——————————— A ■■ ■ « » <
La guerre à la « laïque »
On sait qu'une grosse part des efforts
de l'Eglise militante en Noie d'organisa-
tion doit porter sur ce que le Vatican ap-
peliô la surveillance des écoles laïques.
Le mot d'ordre a été donné aux évêques.
qui l'ont eux-mêmes transmis au clergé et
aux divers comités cléricaux.
On doit saisir partout le premier pré-
texte venu pour faire la guerre à l'insti-
tuteur et saper l' « école sans Dieu. 1)
C'est ainsi que certains prôtres ont trou-
vé un moyen que nous verrons sans doute
se généraliser, pour peu que les pouvoirs
publics négligent de prendre les mesures
nécessaires pour protéger l'école laïque
contre les assauts dont elle est menacée.
Ne pouvant entraîner tes jeunes enfants
dans les établissements privés, ouverts un
peu partout par des anciens congréganis-
tes, les curés en question se sont dit
qu'ils pouvaient tout au moins les empê-
cher de fréquenter les écoles de l'Etat en
les obligeant à se rendre à l'église, pen-
dant les heures de classe.
Et passant aussitôt de la conception à
la réalisation, un certain nombre de curés
ont profité de la période pendant laquelle
ils préparent les enfants à la « première
communion » pour faire le vide dans les
écoles.
Il s'est trouvé heureusement des juges
de paix qui ont eu l'excellente idée — et
nous avons plaisir à les en féliciter - de
poursuivre et. de condamner quelques-uns
des auteurs de ces menées pour entraves
à la fréquentation scolaire imposée par la
loi de 1884.
C'est de cette façon qu'un desservant a
été condamné à un franc d'amende et que
trois de ses collègues, qui n'ont point dai-
gné répondre à la citation dont ils étaient
l'objet, ont été condamnés par défaut a
cinq francs d'amende et aux dépens.
La leçon, ne servira peut-être guèret
mais .si, à la récidive, le magistrat montre
la sévséir, ité dont il peut et doit faire usage,
il y a tout de même dçs chances pour que
le zèle de ceux
Nous voulons espérer que partout bù
des faits s^iftlbgues se produiront il se
trouvera i' s juges pour défendre l'œuvre
de ila lojt et que le moyen inventé par le
cler sera ainsi coupé, dana la racine-
—v P. G.
LE VOYAGE DE M. FALLIËRES
LPrtint gIa RBCpiM)urM~~np a LHnr,
Les réceptions de la matinée. — La visite au lord-maire. —
Le banquet du Guildhall et les toast échangés.
Londres, 27 mai.
Le président de la République a reçu ce
matin, dans les appartements du palais de
Saint-James, les chef des missions du
corps diplomatique et le premier ministre
du Népaul. '-
Les diverses municipalités, de Wee
minster, de Holiborn, de Marylebone, pré-
sentent des adresses pour se féliciter de la
visite présidentielle et faire des vœux en
faveur de la continuation de l'amitié fran-
co-anglaise.
La municipalité de Westminster dit :
Nous nourrissons le très ferme espoir que vo
tre visité à notre souverain bien-aimé donnera
encore plus de solidité aux liens d'amitié qui
unissent déjà nos deux nations et qu'elle con-
tribuera ù accroître la prospérité commerciale
des populations des deux pays..
L'adresse de la municipalité de Holborn
se termine ainsi :
r plusieurs incidents qui se sont produits pen-
idaitl ces dernières semaines sont la caractéris-
, tiquo d'ps bennes relations qui existent entre te
France et ce royaume.
Dans ce court espace de temps, la. ville de
Londres a eu la sympathique visité de M. Cle-
menceau à propos des funérailles de notre an-
rien premier ministre. Elle a écouté la vive élo-
quence de votre ministre du commerce, et elle
a vu s'inaugurer l'exposition franco-britannique.
Cette exposition met puissamment eri relief la
communauté d'intérêts économiques des deux
Etats et la dépendance mutuelle de leurs pro-
ductions ; mais surtout et avant tout cette expo-
sition aura une grande influence dans le res-
serrement des liens d'amitié qui unissent déjà
ces deux pays.
L'adresse de la municipalité de Maryle-
bone conclut en ces termes :
Puissent la France et la Grande-Bretagne con-
tinuer de donner l'exemple de l'amitié qui de-
vrait exister entre les grandes nations, et hâter
ainsi la venue de cet âge que tous *es hommes
devraient souhaiter et où la paix régnera sur un
monde fêdôré ! -
On présente ensuite à M. Fallires les
membres de différents corps et de diffé-
rentes sociétés comprenant la Société de
Westminster, l,a Société franco-écossaise,
la chambre de commerce de Londres. le
conseil du comtfl de Londres, les corres-
pondants de l'Institut de France et les
membres anglais de la Légion d'hon-
neur, etc.
Voici le passage essentiel de l'adresse
des membres correspondants de l'Institut
de France :
Nous nous réjouissons de ce que les senti-
ments de sympathie et de fraternité qui oiit
existé pendant des siècles entre les savants,
les littérateurs et les artistes de. France et .oe
Grande-Bretagne prennent une extension et une
force chaque jour plus grandes chez les peuples
de ces deux pays, et nous sommes sûrs que
votre visite ne peut que stimuler puissamment,
les progrès de cette alliance pacifique et bien-
faisante. NoCrS exprimons le fervent espoir que
votre haute magistrature continue d'être pros-
père et distinguée, et nous avons confiance que
vous serez heureux de recevoir l'assurance que
le peuple de ce pays est sincèrement uni dans
un sentiment d'admiration et d'amitié pour le
peuple de France.
L'association des chambres de commerce
anglaises fait des vœux pour le maintien
de Ja paix internationale et le développe-
ment des échanges commerciaux, entre la
France et l'Angleterre.
Sir Albert ftollit, officier de la Légion
d'honneur, présente en- ces termes les
membres de l'Ordre :
Votre visite confirme le sentiment de bonne
entente et de politesse cordiale qui existe entre
la Gra m) - H i*e' etgno et la EJ-anoo, et elle est le
gege de la coopération des deux grandes na-
tions de l'Europe occidentale au développement
de 3a civilisation, du commerce et des arts de la
paix..
L'histoire nous enseigne que beaucoup des An-
glais qui sont membres de la Légion d'honneur
ont combattu avéra la France, alors alliée de la
Grande-Bretagne, il y a plus d'un demi-siècle, et
il y a lieu d'espérer que les deux peuples seront
toujours unis dans une alliance solide et paci-
fique pour leur bien à tous deux, ainsi que pour
celui du monde.
Chaque adresse remise était imprimée
ou calligraphiée sur un parchemin ; plu-
sieurs étaiont encadrées avec un grand
luxe.
Les membres de la Légion o honneur ont
offert aussi un coffret en or massif sur le
couvercle duquel se détachait en émail la
croix de l'Ordre national français. Cette
cassette est une véritable merveille d'orfè-
vrerie..
M Fallières a regagné ses appartements
à 11 h. 30.
La visite au lord-maire
Le président quitte son palais à midi et
demi par uni temps magnifique. Les rues
sont superbement décorées et grouillantes
de spectateurs. t
Des forces de police considérables
avaient été placées tout le long du par-
UUUIS,
En face du Guildhall est éri.gé, à .l.an-
gle de Cheapside et de King street, un im-
mense dais de trente pieds de diamètre.
drapé de soie blanche frangée d'or, décoré
de guirlandes d'héliotropes, 3e touL sur-
monté d'une statue dorée de la Libcrl.
■ Au Guildhall, le lord-maire, la lady-
mayoress, les shérifs, aldermen, etc., re-
çoivent le prince et la princesse de Galles,
la princesse Christian de Slesvig-Holstein,
le prince Arthur de Connaught. la princes-
se Victoria, le prince Christian. Ja prin-
cesse Louise-Augusta. La décoration du
Guildhall est somptueuse.
Ouelaues minutes avant une heure, le
président et sa suite, arrivent. Gn presse
au président l'adresse suivante au nom cv
la Cité - de Londres et un coffret en or --
Nous, lord-maire, aldermen et conseillers ce
la Cité de- Londres, assemblés en conseil mun -
cipal, nous désirons très sincèrement V0115 OU.
haiter la bienvenue dans cette circonstance rvc-
raV> t vous dire .combien nous sommes flabtés
dé l'honneur que vous avez fait à la Cité de Lon-
dres en venant parmi nous.
Nous nous rappelons avocplaiM.r la visitee fiaai.ltee
au Guù'iliall par votro distingué P/ea<-c.sscurJ
le président Loubet, le 7 juillet 1903, et nous m
marquons avec orgueil et satisfaction que Jes
sentiments de cordiale amitié entre la Républi-
que Française et le Royaume-Une de Grande-Bre-
tagne et d'Irlande tendent choque jour à devenir
plus fermes et à constituer une garantie perpé-
tuelle pour le progrès de la civilisation et la
paix du monde tout ensemble. ,
Nous profitons de cette occasion pour rappe-
ler combien nous a touchés la cordalilé de }.&.
réception qu'il vous a si gracieusement plu de
faire au lard-maire et à la corporation, à l'Ely-i -
sôe, au moment de leur voyage oîfieicl à Paris;
dans J'automne de 1906, en qualité d'hôtes uu
Conseil municipal.
M. Fallières répond: >
Que mes premiers mots dans celte enceinte; -
soient pour vous dire quelle joie j'éprouve il
me trouver au milieu de vous.
Comme vous, je me iélicite de voir se ressers
rer tous les jours davantage les cordiales relu"
lions entre nos deux pays qui travaillent d'un
commun accord au progrès de la civilisation et
au maintien de la paix du monde.
- Je n'ai pas oublié, soyez-en sûrs, Faitra&bl^
visite que inédit a Paris, en 1906, le.lord-iftaire
et la Corporation de 1» Jtté de Londres m Je
garderai aujourd'hui de ma. visite ici un vivant
sonva1ir.' - ", ..-
• Je suis très vivement touché des smSments
qui me sofit exprimés pour la France et pour
son président, et je tiens à vous assurer des
vœux que de mon côté je forme de tout cceui.
pour la grande et belle Cité de Londres.
Le banquet du Guildhall
Lo cortège se dirige alors vers la salle
du banquet.
Tous les convives ont déjà occupé leun
place quand le cortège présidentiel fait
son entrée précédé de trompettes, de hé-
rauts et des massiers de la Cité.
A la fin du banquet, le lord-maire ai
proposé d'abord lé toast au roi et à la rei-
ne, et ensuite au président de la Républi-
que.
Lès efforts infatigables de Sa Majesté, dit-il,
efforts couronnés de succès, pour unir par des
liens d'harmonie et de bonne entente les nations
du monde, l'ont fait respecter de tous. Aussi,
je suis convaincu que ce toast sera accueilli
avec l'enthousiasme ou'il mérite, et je porte,
avec un profond respect, la santé de Leurs
Majestés le roi et la reine. -
Le lord-maire a porté ensuite en ces ter-
mes le toast au président de la Républi-
que :
LE TOAST DU LORD-MAIRE
Un pareil toast, dit-il, sera, j'en suis sûr, ac-
cueilli avec enthousiasme, poi-ce que nous vou-
lons, en le portant, non seulement exprimer no-
tre considéra tien et notre estime pour la pef-
sonne du président, mais une fois encore enre-
gistrer du-ns cet édifice liislorique là sincérité
des sentiments d'alfection cordiale dont sons,
animés la ville de Londres et le comté de Lon-
dres tout entier envers cette grande nation amie,
notre voisine la plus proche et notre alliée. dont
il est le chef. 1
Voià bientôt cinq ans que nous avons eu l'exi
trême plaisir de recevoir ici même son éminenH
et respecté prédécesseur, M. Louret., et d'écouter
les rèiiexions profondes qu'il formula, devant ses
noies d'alors, sur la communauté d'intérêts et
sur l'entente cordiale qui devait inspirel tos
deux nations dans les services à rendre à la,
cause de l'humanité.
Dans rintervaJJe qui s'est écoulé depuis la vi-
site du président Loubet, bien des événements
se sont déroulés dans nos deux pays ; mais,
bien que les gouvernements et les ministères
aient changé, rien absolument n'est venu inter-
rompre la continuité des relations cordiales qui
ont si longtemps existé entre la France et l'An-
gleterre, non plus que le resserrement remarqua-
ble des liens d'amitié et de bonne volonté réci-
proque -que l'on constatait alors.
Pendant ce même intervalle, deux visites ont
été échangées entre les autorités de Londres
et le Conseil municipal de Paris, et. de même
que .m,cs collègues de la Cité, je me rappelle
avec un plaisir infini la réception si gracieuse,
si hospitalière, dont notre corporation a élé
l'objet de la part de M. Fallières personnelle-
ment-pendant son séjour dans la capitale de la.
France.
Le président de h République honore mainte-
nant l'Angleterre d'une visite, comme opte du
roi, à l'ocasion particulière de cette g^nde Ex-*
position franco-britannique qui se tient a Lon-
dres, et qui, nous l'espérons et en sommes con-
vaincus, contribuera grandement à iavoriser, à
développer les intérêts commerciaux et les rela- -
tions d'affaires entre les deux pays ^et surtout
entre leurs deux capitales. Nous espérons que
des niilliers et des milliers de Français et d'An..
glais viendront la visiter pendant la ooisDn.
Nous comptons sincèrement que le prèidenfj
verra suffisamment la ville de Londres, pendant
son irop court séjour au milieu de nous, pour,
se convaincre que ses habitants désirent profon-
dément cimenter leurs relations -amicales avefl
la grande nation française, et. lui exprimer offi-
ciellement et aussi personnellement la très hall"
te considération qu'ils éprouvent pour lui, le
premier des ciîoyens de Franoe.
LE TOAST DU PRESIDENT
- DE LA REPUBLIQUE
Le président de la République à ré-
pondu ;
Monsieur le lord-maire
Je suis particulièrement heureux d'être en et
moment l'hôle des représentants de la nobi*
Cité, dont vous êtes le premier magistrat élu.
Comment me soustraire à cette pensée qvift
je me trouve ici au cœur de l'activité inm-
gento et pratique de votre puissante capilaJe.
au foyer d'où rayonnent les idées généreuses
et libérales, principes indéfectibles de tout pur.
grès et de toute civilisation.
Il m'a été oien agréable de vous entendre rap-
peler que c'est dans cette salle illustre que vous
avez entendu, il y a cinq ans, mon éminent et
respecté prédécesseur, mon ami M. Loubet, con-
sacrer, d'accord a:¡ec vous, c!o sa parole autori-
sée, les premières -actions d'une entente, qui a
été si féconde pour les intérêts moraux et ma-
tériels de nos deux nations amies, et dont les
liens, depuis lors, ne se sont pas relâchée
Si j'ai pu pour ma part, par l'accueil qua,
j'ai cfccrcM à rendre aussi cordial que possible
prouver aux membres de votre municipalité,
quand ils ont bien voulu me faire visite, au
cours d'un de leurs séjours à Paris, que j'atta-
chais le plus grand prix au maintien: des rela-
tions qui se développent chaque jour a lavaii-
tage do nos deux pays, je n ai fait, en cela, que
répondre aux sentiments de confiance et <1e nve
sympathie qui anime la France à Ugaid J 1
la grande Bretagne
La cm qui 1mi }Il Fran
çt l'ernpir britannique trouve sca expressior
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