Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-05-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 mai 1908 26 mai 1908
Description : 1908/05/26 (N13955). 1908/05/26 (N13955).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75712061
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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, "": --' : TRIBUNE LIBRE
QUOI DE NOUVEAU ?
Je cite — ou à peu près
— la Première Philippique :
« Tout ce que vous avez à
faire, radicaux-socialistes,
est-ce, dites-moi, de vous
demander l'un à l'autre, en
vous promenant dans les couloirs :
« Qu'y a-t-il de nouveau aujourd'hui ? »
A cette question que, dans un autre
sens et sous une autre forme, lui po-
sait vendredi M. Aimond : « Parce que
M. Clemenceau a remplacé M. Méline
au pouvoir, qu'y a-t-il de changé ? »
Le chœur de la Chambre a répondu ::
« Rien ! tt
Comment ! M. Clemenceau, radical-
socialiste, socialisant, aurait remplacé
non pas seulement M. Méline, mais
tous les chefs de gouvernement que,
pour la plupart, il a renversés — car
il renversait les gouvernements — de-
puis Gambetta, Ferry, de Freycinet,
Goblet, Brisson, Floquet, jusqu'à Casi-
mir Périer, Dupuy, Ribot, Bourgeois,
Waldeck-Rousseau, Combes, Rouvier ;
il n'aurait à aucun épargné ses rudes
critiques, et maintenant qu'il gouverne-
rait lui-même, il n'y aurait rien dei
changé ! Comment l'expliquer ?
J'ai là sous les yeux un article de
, gazette qui s'applique point par point
à la situation, qui peut l'éclairer. Il y
est question d'une Chambre où républi-
cains réformateurs et républicains con-
teervateurs s'entendent pour) conserver
la forme républicaine, mais se séparent
lorsqu'il s'agit d'améliorer les institu-
tions.
Il y est question d'un gouvernement
Apii a rajeuni l'opportunisme dont
« tout l'art fut d'ajournements n, qui
a « marié le socialisme et l'antisocia-
îisme avec le même succès que le grand
Turc et la République de Venise », qui
a créé un tel « imbroglio » que c'est la
ulCOnfusion parfaite de toutes choses ».
« Après les radicaux, une importante
fraction des socialistes se sont laissé
prendre aux douceurs du pouvoir op-
portunisé et l'imbécile snobisme des po-
liticiens parvenus nous les montre fai-
sant là roue comme dindons sous J'œiJ
; d'un empereur qui s'amuse à ridiculiser
de ses ordres la souquenille démocrati-
que d'antan. La foule sent le mal. n
Ne croyez pas que quelqu'un a pu
écrire ainsi du teabinet actuel ; c'est du
ministère Waldeck-Rousseau qu'il s'a-
git, et le censeur si sévère de sa politi-
que est maintenant président du con-
seil.
Ne recherchons pas s'il fut juste
alors autant que sévère : mais recon-
naissons que le tableau dépeint admi-
rablement ce qui se passe aujourd'hui.
N'est-ce pas, en ce moment, l'imbro-
glio, là confusion parfaite de toutes
choses ?
Lisez les organes modérés : ils ëxul-
- tent. L'ordite règne. Les révolution-
naires sont matés. Les bureaucrates en
révolte, domptés.
Les Chaouias socialistes sont repous-
sés, refoulés, vaincus. Le bloc de gau-
che est dissocié, rompu. La majorité
est élargie. Le centre en est le pivot
et M. Ribot le chef.
Dans les milieux bien pensants, M.
Clemenceau apparaît comme un; sau-
veur : devant lui s'écarte, s'évanouit le
double speelre horrifique du combisme
et des unifies.
Cependant, il tient dans ses mains
des projets suspendus comme des fou-
dres, sur la tête des modérés, des con-
servateurs.
Le rachat de l'Ouest : première at-
teinte aux grands monopoles indus-
triels, financiers ; premier achemine-
ment vers le socialisme d'Etat.
L'impôt progressif sur le revenu,
premier tour de vis donné à la proprié-
té capitaliste : l'impôt sur la rente,
première! atteinte portée, suivant l'a-
veu de Jaurès, à la partie dominante,
essentielle du capital.
On dirhit que ces foudres sont de
carton : la coalition conservatrice n'en
éprouve aucune crainte ; sa confiance
n'est pas ébranlée.
Avons-nous rêvé ? Sous les yeux mi-
clos du président du conseil, sous son
geste néanmoins approbateur, le minis-
tre des finances n'a-t-il pas, éloquem-
ment, vendredi, plaidé la réforme fis-
cale, l'impôt progressif sur le revenu,
l'impôt sur la rente ? Et ces collectivis-
tes violemment exclus de la majorité,
llasses des conseils municipaux, en at-
tendant qu'ils le soient de la Chambre,
l'applaudissaient-ils pas,: de toutes
jféius forces, M. Caillaux, et le con-
tours de leurs votes n'est-il pas indis-
pensable à assurer le succès du gouver-
nement ? - ',
* Vous demandez ce qu'il y a de nou-
veau, mais qu'y aurait-il de plus nou-
veau que tous fes contrastes ? Qu'y au-
rait-il de plus nouveau que de voir,
deux ans après les élections de 1906,
les vaincus relevant la tête, regagnant
du terrain à la Chambre et dans le
pays, reprenant une lange part d'in-
fluence, pénétrant dans la majorité, et
les vainqueurs, au contraire, qui ne
formaient, au début, qu'un bloc, divi-
sés, dispersés, désorientés !
Qu'y aurait-il de plus nouveau que
cette profonde antinomie, que ce para-
doxe d'un gouvernement qui gouverne
avec les partis hostiles à son program-
me, contre les partis ardemment épris
des réformes qu'il poursuit ?
C'est bien là qu'est l'imbroglio, la
confusion, l'équivoque: Cessons donc
de nous poser la question les uns aux
autres : « Quoi de nouveau ? », de
ressembler à tes Athéniens qui deman-
daient à tous les échos des nouvelles
dé Philippe, je veux dire du cabinet.
Et qu'importe qu'il se porte bien ou
mal, qu'il soit faible ou qu'il soit fort,
ce qui compte c'est de savoir comment
va la République et quel avenir, à cette
heure, se prépare pour la démocratie.
Il est temps de rentrer dans la vérité
du régime parlementaire ; il faut que
chaque parti retrouve sa place natu-
relle, reprenne ses positions. Pour que
la confusion cesse, pour que l'équivo-
que se dissipe, pour que la situation
devienne Loyale et nette, il faut que le
groupement de la majorité se fasse au-
tour d'un programme et qu'il y ait har-
monie complète de vues, de tendances,
de but entre le gouvernement et la ma-
jorité. Il faut que la confiance n'y soit
cas conditionnelle, subordonnée aux
événements, aux circonstances ; mais
qu'elle résulte d'un accord profond, in-
time, étroit, fondé sur des principes
essentiels communs, sur des idées fon-
damentales communes, de sorte que les
uns et les autres, ministère et majorité,
soient, devant le pays, solidaires de
leur œuvre et en assument conjointe-
ment la responsabilité.
Et cela ne sera pas quelque chose
de nouveau : d'autres ministères, d'au-
tres Chambres ont donné déjà cet
exemple : leur action fut féconde. Que
'leur exemple le soit !
Paul BOURELY
Député de VArâèche.
r 1 1
LA POLITIQUE
SILENCE, SILENCE.
Les hommes de sport ne re-
viennent pas de l'arrêté qu'un
maire de Seine-ct-Oise - vient
de prendre relativement à la
circulation des automobiles.
S'il s'était borné à interdire le
passage des voitures à moteurs sur les
principales routes de sa commune; s'il
avait astreint les chauffeurs à ne traver-
ser son territoire qu'en imitant la vitesse
d'un tombereau chargé de pavés, on lui
pardonnerait peut-être ses exigences.
Mais l'acte de tyrannie, l'attentat à l'é-
ducation physique et au progrès méca-
nique commis par notre maire consiste
en ceci : il interdit aux automobilistes
de se servir des trompes gigantesques
et assourdissantes dont, à l'envi, sont or-
nés leurs véhicules.
Cette colére des hommes de sport me
fait rêver. Il y a vingt ans, on ne soup-
çonnait pas que les voitures sans che-
vaux s'empareraient si vite de toutes les
chaussées, et nous faisions simplement
de la bicyclette. Il existait déjà des rè-
glements de police concernant l'emploi
des avertisseurs de tous genres : grelots,
timbres, sonnettes, sifflets, trompes, etc.
Seulement, au lieu de nous interdire
d'annoncer notre passage par un vacar-
me exagéré, on prétendait nous y for-
cer.
Or, les cyclistes prouvaient leur bon
goût en protestant contre ce culte du
bruit auquel la police était attachée. Cer-
tains d'entre nous bravaient les procès-
verbaux et ne plaçaient sur leur machine
aucun appareil à épouvanter le passant.
« Le meilleur avertisseur, disaient-ils
avec une dignité dogmatique, est la
voix humaine ». Il est bien plus facile,
notaient-ils encore, de passer sans le
bousculer à côté d'un piéton qu'on a
prévenu seulement par un appel discret,
que près d'un malheureux affolé par les
beuglements d'une '« sirène n en furie.
La plupart des cyclistes fixaient sur
leurs guidons des sonnettes minuscules,
rendues silencieuses le plus souvent par
un ressort ingénieux. Pour les trompes
retentissantes, elles n'étaient en vogue
qu'auprès des velocemen de la plus bas-
se classe, vulgo : pédards.
L'automobilisme a changé cef état
d'esprit; les cyclistes eux-mêmes usent
et abusent à qui mieux mieux des trom-
pes les plus énormes et les plus propres
à propager la neurasthénie dans, la race
nerveuse des Français.
Aujourd'hui, le boucan est la moitié
du sport. J'aimais mieux l'ancienne
mode, et j'espère qu'elle reviendra.
.——————————— ———————————
- LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
* Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 4 h. 9, coucher à 7 11. 45.
Courses à Saint-Cloud.
Une pièce à conviction peu banale
Un -cas de lèse-majesté, sans précé-
dent, même en Allemagne, a long-
temps occupé le parquet de , Magde-
bourg. Un gendarme faisant une ronde
a lu sur le volet d'une fenêtre quelques
mots tracés à la craie et constituant
une injure à l'adresse de l'empereur
Guillaume.
Le gendarme décrochant le corps du
délit, le transporta au parquet. et le
juge d'instruction dut commettre des
experts en écritures, à l'effet de dé-
couvrir l'auteur de l'inscription sédi-
tieuse. * , ':''
On ne découvrit rien, mais le volet
resta au greffe du tribunal durant plu-
sieurs mois.
Les chats sans queue
Les Japonais ont toujours excellé à
torturer ou à travestir la nature. Nous
avons parlé ici même de ces arbres,
nains, cèdres, chênes ou sapins, qui,
malgré leur hauteur de 20 à 30 centi-
mètres, ont bel et bien plusieurs siè-
cles d'existence. Mais il convient de
dire que, nulle part mieux qu'au Ja-
pon, la nature ne se prête à ces traves-
tissements. ,
Ainsi on compte dans l'Empire-des-
Iles, trois espèces de chats domesti-
ques : le chat à longue queue, le chat à
queue fourchue, ou nekmnata-, qui a dû
donner naissance à la fable du dragon,
et le chat sans queue. C'est de ce der-
nier que nous nous occupons ici.
Ce gracieux félin—gracieux, malgré
l'absence de son appendice caudal —
est considéré par les Japonais comme
un animal sacré. 11s prétendent qu'ils
l'apportèrent avec eux de leur mysté-
rieux pays d'origine, lorsqu'ils conqui-
rent jadis l'archipel, où -dominaient
alors les Ainos. Un Samouraï (caste mi-
litaire) refuserait de passer le seuil
d'une maison où ne vivrait pas un chat
sans queue. Les grandes familles no-
bles possèdent toujours plusieurs de ces
animaux.
Les Japonais attribuent à leurs chats
des pouvoirs magiques. Aussi ne les
laissent-ils pas s'approcher "de la cham-
bre funéraire où un de leurs parents
vient de mourir.
AUTREFOIS
Rappel du 26 mai 1872. — La composition
du conseil de guerre qui doit juger M. Ba-
zaine n'est pas encore arrêtee parce que
Vomira1 Trehouar' et le maréchal Vaillant
ciî successivement décline la présidence de
ce tribunal, pour raison de santé.
On va déposer sur le bUt'cU' de ïAssem-
blée une proposition signée r;? plusieurs dé-
putés, tendant à distraire Ir.s vosles du mi-
nistère des finances, les Lélt{Jraphes du mi-
nistère de l'intérieur, et les chemins de fer
du ministère des travaux publics, de façon
à fondre ces trois services en un seul, sous
la fi direction d'un sous-secrétaire d'Etat.
La commission çles monnaies a repoussé
le projet de substituer l'aluminium au cui-
vre pour la monnaie de billon.
VieiMe coutume
Chaque année se tient, en la ville
d'Arlon, en Belgique, une foire, à l'oc-
casion de la Saint-Nicolas.
Cette foire est célèbre surtout parce
que les intérêts qui s'y débattent sont
des intérêts conjugaux, pour les aspi-
rants au mariage.
C'est là que les garçons et les filles
des campagnes environnantes, qui se
connaissaient antérieurement, achèvent
la connaissance et commencent les pré-
paratifs du mariage, accompagnés de
leurs-familles respectives.
C'est là aussi que naissent les pre-
mières œillades entre ceux qui ne se
connaissaient pas, et que se fixent les
nouveaux choix.
En un mot, c'est la foire de la présen-
tation.
Les promis achètent un Saint-Nico-
las, se font des petits cadeaux, batifo-
lent et, comme disaient nos pères « pe-
lotent en attendant partie ».
Et cela se termine généralement de-
vant M. le maire.
Plaisir de roi
Victor-Emmanuel, le grand-père du
roi d'Italie actuel, n'étant encore que
roi de Sardaigne, rôdait seul, selon son
habitude et dans un costume des plus
simples, dans les montagnes des Apen-
nins, à la recherche de quelque gibier.
- Hélas, mon brave homme î lui cria
un paysan, qui se trouvait sur le pas
de sa porte ; si vous voulez me débar-
rasser d'un grand diable de lièvre qui
ravage mes choux, je vous donnerai,
ma foi. bien une mota (pièce de mon-
naie piémontaise valant 40 centimes).
- C'est fort bien ! répondit Le roi.
Mais vous voyez ces nuages ? il vr. faire
un temps affreux et si je tue votre enne-
mi, cela vaudra, bien deux motas. Le
paysan regimba d'abord, enfin il accep-
ta le marché. Quelques heures après, le
roi, trempé jusqu'aux os, mettait sous
les yeux du paysan un énorme lièvre :
- Je le reconnais, dit le paysan. A-t-
il assez dévoré mes choux, le bandit !
Le roi réclama la somme convenue,
mais te paysan se fit longtemps tirer l'o-
reille, prétendant que c'était grâce à ses
renseignements que le chasseur avait dé-
couvert une aussi belle pièce de gibier.
Enfin, il s'exécuta. Le lendemain, le roi
lui fit remettre le lièvre ainsi qu'une
pièce de vingt francs, lui faisant en
même temps savoir qu'il en aurait reçu
quarante s'il avait plus promptement te-
nu sa parole.
Victor-Emmanuel conserva toute sa
v;ie les deux petites pièces de monnaie,
« Le démocrate le plus enragé, disait-
il, ne m'accusera pas de ne pas les avoir
gagnées honnêtement à la sueur de mon
front. »
.--
En passant,,,
, Nous autres, Parisiens, fin avons p-rs
l'aimable habitude de voir tous les empe-
reurs et rois de l'univers se promener en
veston sur nos boulevards, et en pantou-
fles chez nos danseuses, nous nous imagi-
nous difficilement que leur « bon garço-
nisme » souriant peut se métamorphoser
soudain en un rigorisme protocolaire, dès
qu'ils ont franchi le seuil de leur palais.
De toutes les monarchies d'Europe, la
cour espagnole est cellè où Vétiquette èt le
protocole sont les plus sévères et les plus
méticuleusement observés. Les règles et les
usages en datent de Charles-Quint, et la
tradition les a conservés immuablement
jusqu'à notre 'époque de démocratie égali-
taire.
Lorsque le roi Alphonse hili était âgé de
sept ans, u glissa un jour si malheureuse-
ment sur les marches de l'escalier du pa-
llllis, qu'il fut précipité, la tête la première,
d'une grande hauteur. JI se lût brisé le
crâne contre les dalles de marbre, sans la
présence d'esprit et l'adresse d'un valet de
pied qui saisit l'enfant au vol dans ses bras
et le déposa sain et sauf sur le sol. La rei-
ne Christine dcvait, semble-t-il. vouer au
sauveur de son fils une reconnaissance in-
finie : elle le lit sans doute au fond de
son cœur de mère, mais, malgré son au-
torité de régenle, elle ne put sauver le valet
d'une disgrâce sévère pour le sacrilège qu'il
avait commis en touchant la personne di-
vine de l'entant royal ! Le profanateur [ut
renvoyé du palais et perdit sa place.
En Frànce, avant la Révolution, la cour
royale connut aussi les règles d'une éti-
quette sévère et cérémonieuse. Mais notre
esprit national savait pénétrer fusqu'aux
marches du Trône, et
La ga-rde qui veillait aux barrières du Louvre
-N'en défendait pas les rois.
, On raconte qu'un certain soir un garde
française, qui était posté au pied d'un es-
calier des Tuileries, vit passer rapidement
dans l'ombre une gracieuse silhouette fé-
minine, qu'il prit pour une femme de cham-
bre de la reine.. Galamment il avança la
niaîn. ci légèrement il lui pinça les. lar-
mes. La dame, indignée, se retourna brus-
auement, et le factionnaire slupélait, sidé-
ré. reconnut la reine Alarie-Aiitoinelle. Ma-
chinalement il présenta les armes et mur-
mura : « Ah ! mon Dieu ! si votre Majesté
a le cœur aussi dur que le. je suis ttn
homme mort. »
On ajoute que la reine sourit à cette bou-
tade, el que le trop galant garde française,
loin d'en mourir, fut d'office nommé ser-
gent.
Le Chemineau.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
La conversion
de M. Jules Lemaître
Si les mésaventures du nationalisme et
de la Patrie française ont dégoûté M. Jules
Lemaître, elles ne l'ont pas guéri de la ma-
ladie, qui lui est venue sur le tard. de se
mêler aux luttes politiques.
Il en a donné hier la preuve au banquet
qui teunissait, à Lyon, à l'occasion de la
saint Philippe, les royalistes lyonnais et de
la région du sud-est.
En cette mémorable soirée, où l'on avait
du tuer le veau gras en son honneur, l'an-
cien président de la Patrie française a ab-
juré la foi nationaliste, qu'il a peu charita-
blement taxée d'erreur, pour entrer dans
la foi royaliste.
Voici en quels termes l'Agence Ilavas
nous apporte la nouvelle :
Après de nombreux teaslts {;ès applaudis,1
proîvonoÊs notamment par MM. Léon Daudet et
de Yczins, M. Jules LcmaJLrc, de l'Académie
de Yezins, dit que, ami du dehors hier, et con-
Française, ùH que, amI du dcho's hier, et con-
verti aujourd'hui il veut faire l'éloge des mem-
bres de l'Action française. Il jotw leur foi pro-
fonde, leur doctrine complète, leur discipline el
leur désintéressement. Tous, dit-il, ont le même
courage ; tous sauraient vaillamment sacrifier
leur vie pour leurs idées, s'il le fallait.
M. Jules Lemaître regrette que l'Action fran-
çaise n'ait pas été créée plus tùt et n'ait pas
apporté au cours de la lutte nationaliste et son
ardeur virile et sa force entraînante. Il l'a féli-
citée notamment de porter ses efforts du côté
de la jeunesse universitaire et sur les éléments
intelligents des syndleats ouvrir?
Après dix années d'inexpérience et d'erreurs,
conclut M. Jules Lemaître, en toute confiance,
en toute sécurité d'âme, je bois à la santé ûu
roi de France. -
Des « Vive le rci ! '> bien senf-s ont ac-
cueilli les paroles du néophyte, auquel, cela
va de soi, les royalistes lyonnais firent une
ovation.
Pour une reeruc de cette- importance, le
duc d'Orléans ne va pas manquer de pren-
dre sa meilleure plume et d'y aller d'un
compliment flatteur.
La conversion de M. Jules Lemaître don-
ne le dernier coup au nationalisme, qui
agonisait péniblement depuis la mort de
byveton. Cest une éatiivoque qui s'en va.
acquiesçât inpaceeJ - P. G..
LE SCRUTIN DE BALLOTTAGE
EItin an Eiiiil nral. li lu Saie
CANTON DE CLICHY
Inscrits : 8,108. — Votants : 3,666
MM. Marquez, c. s., rad.-soc. 3,059 ELU
Bertîiier 487
CANTON DE COLOMBES
(Canton nouveau)
Inscrits : 8,703. — Votants : 5,340
MM. Jolinié. rad. 2,908 ELU
£ *'*'**'*** : 2,339
Vico, rép. indép » 2,339
CANTON DE COURBEVOIE
Inscrits : 7,600. — Votants : 4,607.
MM. Boursier, rad. 2,483 ELU
piarisot, c. s-, soc. unifié.. 2,121
CANTON D'IVRY
Inscrits : 15,736. — Votants : 9,505
MM. Chéron, soc- 5,209 ELU
Martin, c. s., soc unifié.. 4,042
CANTON DE LEVALLOIS-PERRET r
Inscrits : 14,124. — Votants : 8,900 7
MM. Trézel, rép. anticoltect. 4,730 'ELi
Aufan, soc. uni11é. 4,166 »
CANTON DE PUTEAUX :
w Inscrits : 12,742. Votants : 8,799
MM. Voilin, c. s., soc. unifié.-. 4,584 ELU
Wirinth, rad.-soc 4.138
CANTON DE SCEAUX
Inscrite : 10.003. — Votants : 4,822
MM. Oarmi'grcac, ,c. s., rad.-soc. 3,000 ELU
Mougarny, soc. unifié. 1,462
CANTON DE VINCENNES
Inscrits : 13,298. — Votants : 7,860
MM. Girard, c. s., rnd. 4,018 ELU
Karmann, rad. 3,792
CANTON DE VILLEJUIF
Inscrits : 11,09). — Votants : 6,753
MM. Ghazot, rad.-soc-. 3,725 ELU
Thomas, c. s-, soc. unifié 2,93$
RÉUNIONS ET CÉRÉMONIES
Au mur des fédérés
Hier a eu lieu au Père-Lachaise la manl
festation commémorative des événements
de la Commune.
On &ait que le Il Comité des proscrits *de
187-1 » prend possession du terrain où repo-
sent les fédérés et qui vient de lui être con-
cédé par la ville de Paris. Le comité pro-
cédait également hier à l'inauguration
d'une plaque apposée sur le mur et du mo-
nument élevé au poète Eugène Pottier, an-
cien membre de la Commune et auteur d.
l'Internationale.
Vers deux heures et demc, le cortège
des manifestants pénétrait dans le cii-ri4,
tière du Père-Lachaise par la porte princi-
pale .11 se compose de plusieurs milliers
de femmes et d'enfants. Tous chantent
l'Internationale, et la Carmagnole.
— Certains groupes d'étrangers chantent
sur l'air de ces hymnes révolutionnaires
Ides poèmes dans leurs langues nationales.
Chaque manifestant porte à la bouton-
nière une églantine rouge ou un ruban
rouge. Plus de cent couronnes, des gerbes,
des tleurs rouges sont portées à bras ou
sur des brancards.
- Une cinquantaine de drapeaux rouges
.sont déplorés. Sur ces étendards on lit le
titre des différentes sections, du parti ré-
volutionnaire de Paris et de la banlieue et
d'associations corporatives. Le défilé a lieu
sans incident.
Devant la porte du cimetière se tiennent
MM. Lépine, préfet de police, Touny, des
commissaires divisionnaires et un certain
nombre d'ol'iiciers de paix.
Devant le mur des fédérés, le ser";
d'ordre est dirigé par M. Mouquin. Plu-
sieurs groupes de manifestants arrivent
ensuite séoarément. Ils portent des dra-
peaux et couronnes rouges.
Au cimetière, plusieurs discours ont été
prononcés notamment par MM. Allemane
.et Vaillant, députés, par M. le docteur Gou-
pil qui r récité des vers en l'honneur d'Eu-
gène Potlie.. par MM. Navarre, Arnould,
Elie May, e.
Des incident assez vifs, et qui ont, un
instant, tourné à la bagarre, se sont- pro-
■ e»tm .u.;De' B-J'DupêQ Q das délé-
gations de socialistes indépendants ; M. loé
ipiné, préfet de police, s'est alors avancé et
a invoqué le respect dû aux tombes. On
s'est' alors calmé ,ct le défilé devant le mur
s'est fait dans le plus grand ordre.
Manifestation place de la
Concorde
Une centaine de membres de l'Action
Française, étudiants et élèves des -lycées
et surtout des écoles cléricales, s'étaient
donné rendez-vous à deux heures et demie
devant la statue de Strasbourg, place de la
Concorde .Jls furent paternellement, disper-
sés par la police qui opéra une dizaine
d'arrestations qui ne furent pas mainte-
nues, aucun incident .sérieux ne s'etant
produit. h
M. Ruau à Toulouse
On a inauguré hier au square Lafayet-
te, à Toulouse, la statue du poète Pierre
Goudelin, plus connu dans le pays sous le
nom de » Goudouli », né en 1580, et qui
publia, en 1017, un recueil de vers sous le
titre : « Hamélet Moundit. »
M. Ruau, ministre de l'agriculture, a
tenu à inaugurer, en même temps que
l'Exposition agricole de Toulouse, le mo-
nument du félibre toulousain.
Après avoir rappelé à grands traits la
vie de Goudouli, M .Huau a étudié sa poé-
tique, son œuvre et les caractéristiques de
cette œuvre toute écrite en langue d'oc.
Les philosophes, a-t-il dit, peuvent disculcr
sur la langue d'oc sur ses mérites et sur sc3
défauts, ils peuvent ou la célébrer ou la honnir,
il n'en restera pas moins que dans celle lan-
gue. un poète toulousain, Pierre Goudelin, a
écrit de purs chefs-d'œuvre.
Il a peint la nature vivante, las ruisseaux,
les bois, les champs, les prairies et les iJo-us.
Il a célébré avec une joie naturelle la «lot>et la tê de vivre ; il a paisiblement envi-
sagé la mosït comme un terme naturel de ILI
vie.
C'est peur ccla que comme le fat Jasmin, com-
;mc l'est MistmJ, Gaudo\'}; a été, avant tout,
un poète populaire, celui qui, issu d'une race,
sait chpr, pour elle en une langue inacces-
sible aux profanes la. -cmnson immortelle de
son, âme. L'œuvre d'un Goudouli, d'un Jas-
min et d'un Mistral dépasse le cadre d'une ville
ou même d'une province. Elle s'cknd, à toute
une race et à l'humanité. A ce point de vue, la
gloire de Goudouii méritait b¡'n d'être immor-
talisée par le ciscau du sculpteur. '--
Ce IScuJpteur- est lo maître toulousain
Alexandre FaJguièrc. Il a représenté « Gou-
douli le poète u 03»s simplement avec
une femme a ses pieas, qui sjTnboljse m
Garonne par lui si souvent chantée.
Aussi bien, messieurs, conclut M. ftuau, cette
rencontre, fi deux siècles d'intervalle, d'un pte..
et d'un sculpteur toulousains, unis au sein de
leur cité natale dans la même gloire artistique
mont-t-cllc indiscutablement que le génie de
Toulouse est de ceux qui ne périssent points
Après avoir élevé pour l'admiration universelle.
le plus pur des chefs-d'œuvre d'architecture ro-,
mane, après avoir fait entendre au monde la;
romance délicieuse de ses troubadours, 'fou-t
louse s'est épanouie plus que toute autre ville
française dans le mouvement de la Renaissant
ce. Assurément, les temps ont changé. « L'eoti
de pleur, de joie ou de douleur oui fait mouldra
le moulin de pensée » ne coule plus uniquement
pour les reines d'amour, ainsi que le vouiajentt
les tQxmbadours d'autrefois. Nous n'en sommes
plus à rêver, comme les gentils pages d'E!èo..
noj'e de Guienrîe, que « ménestrels et carolles )1.
Les Ùi;:'ouvcrl scientifiques ont fait accomplir,
à la civilisation un immense bond en avant. Le
progrès scientifique a entraîné avec lui le pro-
grès démocratique et un problème est venu do,
miner tous "les autres : celui des ";l'oils indi-
viduels eL des devoirs sociaux.
De ce problème, messieurs, notre race mri'
d ion aie a-été une des premières à saisir la ra
deur et l'importance. Gambetta est parli de9
bords do la Garenne pour aller en chercher Ilt
sohition dans la République. Il a tôuj/jurs ren-
oontr*»autour de lui, pour le soutenir, une élite
de, démocrates toulousains, et maintenant rê-
vant la solution qui graduellement se -Dl'écie(
Toulouse républicaine se passionne et s'absorbe
de plus en plus. ; ',--
Et le ministre termine en prédisant en.
core à la vieille cité de Clémence Isaure.,
pour elle et pour ses enfants, les plua
glorieuses destinées.
M. Cruppi à la Pouponnière
M. Cruppi, ministre du commerce, a pré-
sidé Iii-er, à deux heures, 'l'assemblée gé
nérale de ta Société maternelle parisienne.
la Pouponnière.
La présidente de cette œuvre, Mme J«
Veil-Picard, a souhaité la bienvenue au mi-
nistre et a rappelé, dans son rapport, 1er
souvenir des amis perdus, cette année, par.
la Pouponnière : Mme Ed. de nothscinid,
les professeurs Grancher et Terrier, MM..
A: Coudchaux, Derenbomrg, etc.
Elle a montré combien l'en tente qui s'est
ét.ablie entre l'œuvre et rAseistancc publi-
que de Paris avait été utile pour travailler
à la réalisation de ce progrès social : « as-
surer à l'enfant le lait de sa mère ».
En terminant, la présidente annonce que.
M. Louis Barfchou, ministre des travaux
publics, présidera le jeudi 25 jum l'inaugu-
ration du pavillon nQ 3 de l'Assistance ptP
blique et l'école ménagère-
M. Raimondi, trésorier, a donné lecture
de son rapport annuel. En 1907, la mO!.j
lité infantile a été réduite it la Fouponnièrdc
à 3,9 %, bien qu'il ait été admis des en-
fants très délicats, pesant à peine quatre
livres.
M. Cruppi a prononcé un discours trèst
applaudi. Après avoir rappelé- les encoura-
gements donnés à la Pouponnière par s est.
collègues des travaux publics et de l'agn-
cultuVc, il a ajouté :
Une lois de plus, je veux- dire l'importance
cociale de cet établissement de Porehefonlaino
où, sous l'autorité, sous l'aciion intelligente eL:
douce d'une présidente dont le cœur délicat s'of-
fenserait cFun éloge, se poursuivent EanS brait
tant d'efforts pour sauver l'enfant el la jeune
mere. Que 4e résultats déjà obtenus.
Mille enfants admis à la Pouponnière depuis,
1901 et presque pas de. décès! L'enfant dirigé vers
la vie avec le bénéfice d't'o allaitement parlai
avec l'acquis de deux années d'hymne, de
soins intelligents. Et quelles années Les pre-
nrières, kis plus redoutables.
La mère, pourvue d'un pécule, (tr':!"sre par
l'exemple, par l'enseignement, par d'affectueux
conseils, il la vie de famille, à la vie de tra-
vail, rassurée dans sa conscience, éveillée dans
son énergie par le spectacle de ces femmes dou-
ces et fortes qui ont couru vers elle à l'heure
de la crise. l'ont empêchée de commellre l'acte
funeste d'abandon, et ont voulu impérieusement
qu'elle vécut avec son enfant, pour iui, au-
près de lui.
Telle est l'ouvre que vous accomplissez. N
l'heure o5 nous v,-, ans en Franco, avec tant
d'inquiétude, s'abaisser le chiîfre de la popula-
tion ; vous laissez à d'autres le soin des dis-
cours, des ¡'.('grels ou bien des chimères ; vous
volez au péril, et pour assurer du moins au
pays une belle économie d'existences humaines.
vous attaquez ce fléau de la mortalité infan-
tile. Pour garder l'enfant, pour lulier avec la;
mort, avec le malheur qui le menacent, lui
si pauvre et si frêle, vous déployez les ruses in-
finies de vos cccurs maternels.
Et ce n'esl pas tout vous sauvez la mère
fin liant son sort à celui de l'entant, vous les
gardez tous deux. Par vous, deux existences
échappent au naufrage.
La Tuberculose humaine
Sous la présidence du ministre des coîO*
nies, représenté par M. Gayot, assisté des;
dé&guis des m.uLr de l'instruction pu*
frt*9S8.—e Prairial An lia '-.'--' - .-'-- "CINQ CENUttES lB NnMEBO
Mu-ai 28' Mai 1008 - N. 1395910
LuuuÊmmm - E AM HMWM AB BMI «WH
1? TrTlr OT1? Pi lr
m A MA ni Ipili la PI
: itWNOIVCES "- :
aux BUREAUX OU JOURNAL - .-
.., ¡ II, rue du Mail, Paris.
81 eftez MM. LAGRANGE, OERF etCh
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giwMii Télégraphique ; XIX. SltcLl- PARI3
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- Adfel,erlettra et mandats à rAdministrateur H -
, "": --' : TRIBUNE LIBRE
QUOI DE NOUVEAU ?
Je cite — ou à peu près
— la Première Philippique :
« Tout ce que vous avez à
faire, radicaux-socialistes,
est-ce, dites-moi, de vous
demander l'un à l'autre, en
vous promenant dans les couloirs :
« Qu'y a-t-il de nouveau aujourd'hui ? »
A cette question que, dans un autre
sens et sous une autre forme, lui po-
sait vendredi M. Aimond : « Parce que
M. Clemenceau a remplacé M. Méline
au pouvoir, qu'y a-t-il de changé ? »
Le chœur de la Chambre a répondu ::
« Rien ! tt
Comment ! M. Clemenceau, radical-
socialiste, socialisant, aurait remplacé
non pas seulement M. Méline, mais
tous les chefs de gouvernement que,
pour la plupart, il a renversés — car
il renversait les gouvernements — de-
puis Gambetta, Ferry, de Freycinet,
Goblet, Brisson, Floquet, jusqu'à Casi-
mir Périer, Dupuy, Ribot, Bourgeois,
Waldeck-Rousseau, Combes, Rouvier ;
il n'aurait à aucun épargné ses rudes
critiques, et maintenant qu'il gouverne-
rait lui-même, il n'y aurait rien dei
changé ! Comment l'expliquer ?
J'ai là sous les yeux un article de
, gazette qui s'applique point par point
à la situation, qui peut l'éclairer. Il y
est question d'une Chambre où républi-
cains réformateurs et républicains con-
teervateurs s'entendent pour) conserver
la forme républicaine, mais se séparent
lorsqu'il s'agit d'améliorer les institu-
tions.
Il y est question d'un gouvernement
Apii a rajeuni l'opportunisme dont
« tout l'art fut d'ajournements n, qui
a « marié le socialisme et l'antisocia-
îisme avec le même succès que le grand
Turc et la République de Venise », qui
a créé un tel « imbroglio » que c'est la
ulCOnfusion parfaite de toutes choses ».
« Après les radicaux, une importante
fraction des socialistes se sont laissé
prendre aux douceurs du pouvoir op-
portunisé et l'imbécile snobisme des po-
liticiens parvenus nous les montre fai-
sant là roue comme dindons sous J'œiJ
; d'un empereur qui s'amuse à ridiculiser
de ses ordres la souquenille démocrati-
que d'antan. La foule sent le mal. n
Ne croyez pas que quelqu'un a pu
écrire ainsi du teabinet actuel ; c'est du
ministère Waldeck-Rousseau qu'il s'a-
git, et le censeur si sévère de sa politi-
que est maintenant président du con-
seil.
Ne recherchons pas s'il fut juste
alors autant que sévère : mais recon-
naissons que le tableau dépeint admi-
rablement ce qui se passe aujourd'hui.
N'est-ce pas, en ce moment, l'imbro-
glio, là confusion parfaite de toutes
choses ?
Lisez les organes modérés : ils ëxul-
- tent. L'ordite règne. Les révolution-
naires sont matés. Les bureaucrates en
révolte, domptés.
Les Chaouias socialistes sont repous-
sés, refoulés, vaincus. Le bloc de gau-
che est dissocié, rompu. La majorité
est élargie. Le centre en est le pivot
et M. Ribot le chef.
Dans les milieux bien pensants, M.
Clemenceau apparaît comme un; sau-
veur : devant lui s'écarte, s'évanouit le
double speelre horrifique du combisme
et des unifies.
Cependant, il tient dans ses mains
des projets suspendus comme des fou-
dres, sur la tête des modérés, des con-
servateurs.
Le rachat de l'Ouest : première at-
teinte aux grands monopoles indus-
triels, financiers ; premier achemine-
ment vers le socialisme d'Etat.
L'impôt progressif sur le revenu,
premier tour de vis donné à la proprié-
té capitaliste : l'impôt sur la rente,
première! atteinte portée, suivant l'a-
veu de Jaurès, à la partie dominante,
essentielle du capital.
On dirhit que ces foudres sont de
carton : la coalition conservatrice n'en
éprouve aucune crainte ; sa confiance
n'est pas ébranlée.
Avons-nous rêvé ? Sous les yeux mi-
clos du président du conseil, sous son
geste néanmoins approbateur, le minis-
tre des finances n'a-t-il pas, éloquem-
ment, vendredi, plaidé la réforme fis-
cale, l'impôt progressif sur le revenu,
l'impôt sur la rente ? Et ces collectivis-
tes violemment exclus de la majorité,
llasses des conseils municipaux, en at-
tendant qu'ils le soient de la Chambre,
l'applaudissaient-ils pas,: de toutes
jféius forces, M. Caillaux, et le con-
tours de leurs votes n'est-il pas indis-
pensable à assurer le succès du gouver-
nement ? - ',
* Vous demandez ce qu'il y a de nou-
veau, mais qu'y aurait-il de plus nou-
veau que tous fes contrastes ? Qu'y au-
rait-il de plus nouveau que de voir,
deux ans après les élections de 1906,
les vaincus relevant la tête, regagnant
du terrain à la Chambre et dans le
pays, reprenant une lange part d'in-
fluence, pénétrant dans la majorité, et
les vainqueurs, au contraire, qui ne
formaient, au début, qu'un bloc, divi-
sés, dispersés, désorientés !
Qu'y aurait-il de plus nouveau que
cette profonde antinomie, que ce para-
doxe d'un gouvernement qui gouverne
avec les partis hostiles à son program-
me, contre les partis ardemment épris
des réformes qu'il poursuit ?
C'est bien là qu'est l'imbroglio, la
confusion, l'équivoque: Cessons donc
de nous poser la question les uns aux
autres : « Quoi de nouveau ? », de
ressembler à tes Athéniens qui deman-
daient à tous les échos des nouvelles
dé Philippe, je veux dire du cabinet.
Et qu'importe qu'il se porte bien ou
mal, qu'il soit faible ou qu'il soit fort,
ce qui compte c'est de savoir comment
va la République et quel avenir, à cette
heure, se prépare pour la démocratie.
Il est temps de rentrer dans la vérité
du régime parlementaire ; il faut que
chaque parti retrouve sa place natu-
relle, reprenne ses positions. Pour que
la confusion cesse, pour que l'équivo-
que se dissipe, pour que la situation
devienne Loyale et nette, il faut que le
groupement de la majorité se fasse au-
tour d'un programme et qu'il y ait har-
monie complète de vues, de tendances,
de but entre le gouvernement et la ma-
jorité. Il faut que la confiance n'y soit
cas conditionnelle, subordonnée aux
événements, aux circonstances ; mais
qu'elle résulte d'un accord profond, in-
time, étroit, fondé sur des principes
essentiels communs, sur des idées fon-
damentales communes, de sorte que les
uns et les autres, ministère et majorité,
soient, devant le pays, solidaires de
leur œuvre et en assument conjointe-
ment la responsabilité.
Et cela ne sera pas quelque chose
de nouveau : d'autres ministères, d'au-
tres Chambres ont donné déjà cet
exemple : leur action fut féconde. Que
'leur exemple le soit !
Paul BOURELY
Député de VArâèche.
r 1 1
LA POLITIQUE
SILENCE, SILENCE.
Les hommes de sport ne re-
viennent pas de l'arrêté qu'un
maire de Seine-ct-Oise - vient
de prendre relativement à la
circulation des automobiles.
S'il s'était borné à interdire le
passage des voitures à moteurs sur les
principales routes de sa commune; s'il
avait astreint les chauffeurs à ne traver-
ser son territoire qu'en imitant la vitesse
d'un tombereau chargé de pavés, on lui
pardonnerait peut-être ses exigences.
Mais l'acte de tyrannie, l'attentat à l'é-
ducation physique et au progrès méca-
nique commis par notre maire consiste
en ceci : il interdit aux automobilistes
de se servir des trompes gigantesques
et assourdissantes dont, à l'envi, sont or-
nés leurs véhicules.
Cette colére des hommes de sport me
fait rêver. Il y a vingt ans, on ne soup-
çonnait pas que les voitures sans che-
vaux s'empareraient si vite de toutes les
chaussées, et nous faisions simplement
de la bicyclette. Il existait déjà des rè-
glements de police concernant l'emploi
des avertisseurs de tous genres : grelots,
timbres, sonnettes, sifflets, trompes, etc.
Seulement, au lieu de nous interdire
d'annoncer notre passage par un vacar-
me exagéré, on prétendait nous y for-
cer.
Or, les cyclistes prouvaient leur bon
goût en protestant contre ce culte du
bruit auquel la police était attachée. Cer-
tains d'entre nous bravaient les procès-
verbaux et ne plaçaient sur leur machine
aucun appareil à épouvanter le passant.
« Le meilleur avertisseur, disaient-ils
avec une dignité dogmatique, est la
voix humaine ». Il est bien plus facile,
notaient-ils encore, de passer sans le
bousculer à côté d'un piéton qu'on a
prévenu seulement par un appel discret,
que près d'un malheureux affolé par les
beuglements d'une '« sirène n en furie.
La plupart des cyclistes fixaient sur
leurs guidons des sonnettes minuscules,
rendues silencieuses le plus souvent par
un ressort ingénieux. Pour les trompes
retentissantes, elles n'étaient en vogue
qu'auprès des velocemen de la plus bas-
se classe, vulgo : pédards.
L'automobilisme a changé cef état
d'esprit; les cyclistes eux-mêmes usent
et abusent à qui mieux mieux des trom-
pes les plus énormes et les plus propres
à propager la neurasthénie dans, la race
nerveuse des Français.
Aujourd'hui, le boucan est la moitié
du sport. J'aimais mieux l'ancienne
mode, et j'espère qu'elle reviendra.
.——————————— ———————————
- LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
* Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 4 h. 9, coucher à 7 11. 45.
Courses à Saint-Cloud.
Une pièce à conviction peu banale
Un -cas de lèse-majesté, sans précé-
dent, même en Allemagne, a long-
temps occupé le parquet de , Magde-
bourg. Un gendarme faisant une ronde
a lu sur le volet d'une fenêtre quelques
mots tracés à la craie et constituant
une injure à l'adresse de l'empereur
Guillaume.
Le gendarme décrochant le corps du
délit, le transporta au parquet. et le
juge d'instruction dut commettre des
experts en écritures, à l'effet de dé-
couvrir l'auteur de l'inscription sédi-
tieuse. * , ':''
On ne découvrit rien, mais le volet
resta au greffe du tribunal durant plu-
sieurs mois.
Les chats sans queue
Les Japonais ont toujours excellé à
torturer ou à travestir la nature. Nous
avons parlé ici même de ces arbres,
nains, cèdres, chênes ou sapins, qui,
malgré leur hauteur de 20 à 30 centi-
mètres, ont bel et bien plusieurs siè-
cles d'existence. Mais il convient de
dire que, nulle part mieux qu'au Ja-
pon, la nature ne se prête à ces traves-
tissements. ,
Ainsi on compte dans l'Empire-des-
Iles, trois espèces de chats domesti-
ques : le chat à longue queue, le chat à
queue fourchue, ou nekmnata-, qui a dû
donner naissance à la fable du dragon,
et le chat sans queue. C'est de ce der-
nier que nous nous occupons ici.
Ce gracieux félin—gracieux, malgré
l'absence de son appendice caudal —
est considéré par les Japonais comme
un animal sacré. 11s prétendent qu'ils
l'apportèrent avec eux de leur mysté-
rieux pays d'origine, lorsqu'ils conqui-
rent jadis l'archipel, où -dominaient
alors les Ainos. Un Samouraï (caste mi-
litaire) refuserait de passer le seuil
d'une maison où ne vivrait pas un chat
sans queue. Les grandes familles no-
bles possèdent toujours plusieurs de ces
animaux.
Les Japonais attribuent à leurs chats
des pouvoirs magiques. Aussi ne les
laissent-ils pas s'approcher "de la cham-
bre funéraire où un de leurs parents
vient de mourir.
AUTREFOIS
Rappel du 26 mai 1872. — La composition
du conseil de guerre qui doit juger M. Ba-
zaine n'est pas encore arrêtee parce que
Vomira1 Trehouar' et le maréchal Vaillant
ciî successivement décline la présidence de
ce tribunal, pour raison de santé.
On va déposer sur le bUt'cU' de ïAssem-
blée une proposition signée r;? plusieurs dé-
putés, tendant à distraire Ir.s vosles du mi-
nistère des finances, les Lélt{Jraphes du mi-
nistère de l'intérieur, et les chemins de fer
du ministère des travaux publics, de façon
à fondre ces trois services en un seul, sous
la fi direction d'un sous-secrétaire d'Etat.
La commission çles monnaies a repoussé
le projet de substituer l'aluminium au cui-
vre pour la monnaie de billon.
VieiMe coutume
Chaque année se tient, en la ville
d'Arlon, en Belgique, une foire, à l'oc-
casion de la Saint-Nicolas.
Cette foire est célèbre surtout parce
que les intérêts qui s'y débattent sont
des intérêts conjugaux, pour les aspi-
rants au mariage.
C'est là que les garçons et les filles
des campagnes environnantes, qui se
connaissaient antérieurement, achèvent
la connaissance et commencent les pré-
paratifs du mariage, accompagnés de
leurs-familles respectives.
C'est là aussi que naissent les pre-
mières œillades entre ceux qui ne se
connaissaient pas, et que se fixent les
nouveaux choix.
En un mot, c'est la foire de la présen-
tation.
Les promis achètent un Saint-Nico-
las, se font des petits cadeaux, batifo-
lent et, comme disaient nos pères « pe-
lotent en attendant partie ».
Et cela se termine généralement de-
vant M. le maire.
Plaisir de roi
Victor-Emmanuel, le grand-père du
roi d'Italie actuel, n'étant encore que
roi de Sardaigne, rôdait seul, selon son
habitude et dans un costume des plus
simples, dans les montagnes des Apen-
nins, à la recherche de quelque gibier.
- Hélas, mon brave homme î lui cria
un paysan, qui se trouvait sur le pas
de sa porte ; si vous voulez me débar-
rasser d'un grand diable de lièvre qui
ravage mes choux, je vous donnerai,
ma foi. bien une mota (pièce de mon-
naie piémontaise valant 40 centimes).
- C'est fort bien ! répondit Le roi.
Mais vous voyez ces nuages ? il vr. faire
un temps affreux et si je tue votre enne-
mi, cela vaudra, bien deux motas. Le
paysan regimba d'abord, enfin il accep-
ta le marché. Quelques heures après, le
roi, trempé jusqu'aux os, mettait sous
les yeux du paysan un énorme lièvre :
- Je le reconnais, dit le paysan. A-t-
il assez dévoré mes choux, le bandit !
Le roi réclama la somme convenue,
mais te paysan se fit longtemps tirer l'o-
reille, prétendant que c'était grâce à ses
renseignements que le chasseur avait dé-
couvert une aussi belle pièce de gibier.
Enfin, il s'exécuta. Le lendemain, le roi
lui fit remettre le lièvre ainsi qu'une
pièce de vingt francs, lui faisant en
même temps savoir qu'il en aurait reçu
quarante s'il avait plus promptement te-
nu sa parole.
Victor-Emmanuel conserva toute sa
v;ie les deux petites pièces de monnaie,
« Le démocrate le plus enragé, disait-
il, ne m'accusera pas de ne pas les avoir
gagnées honnêtement à la sueur de mon
front. »
.--
En passant,,,
, Nous autres, Parisiens, fin avons p-rs
l'aimable habitude de voir tous les empe-
reurs et rois de l'univers se promener en
veston sur nos boulevards, et en pantou-
fles chez nos danseuses, nous nous imagi-
nous difficilement que leur « bon garço-
nisme » souriant peut se métamorphoser
soudain en un rigorisme protocolaire, dès
qu'ils ont franchi le seuil de leur palais.
De toutes les monarchies d'Europe, la
cour espagnole est cellè où Vétiquette èt le
protocole sont les plus sévères et les plus
méticuleusement observés. Les règles et les
usages en datent de Charles-Quint, et la
tradition les a conservés immuablement
jusqu'à notre 'époque de démocratie égali-
taire.
Lorsque le roi Alphonse hili était âgé de
sept ans, u glissa un jour si malheureuse-
ment sur les marches de l'escalier du pa-
llllis, qu'il fut précipité, la tête la première,
d'une grande hauteur. JI se lût brisé le
crâne contre les dalles de marbre, sans la
présence d'esprit et l'adresse d'un valet de
pied qui saisit l'enfant au vol dans ses bras
et le déposa sain et sauf sur le sol. La rei-
ne Christine dcvait, semble-t-il. vouer au
sauveur de son fils une reconnaissance in-
finie : elle le lit sans doute au fond de
son cœur de mère, mais, malgré son au-
torité de régenle, elle ne put sauver le valet
d'une disgrâce sévère pour le sacrilège qu'il
avait commis en touchant la personne di-
vine de l'entant royal ! Le profanateur [ut
renvoyé du palais et perdit sa place.
En Frànce, avant la Révolution, la cour
royale connut aussi les règles d'une éti-
quette sévère et cérémonieuse. Mais notre
esprit national savait pénétrer fusqu'aux
marches du Trône, et
La ga-rde qui veillait aux barrières du Louvre
-N'en défendait pas les rois.
, On raconte qu'un certain soir un garde
française, qui était posté au pied d'un es-
calier des Tuileries, vit passer rapidement
dans l'ombre une gracieuse silhouette fé-
minine, qu'il prit pour une femme de cham-
bre de la reine.. Galamment il avança la
niaîn. ci légèrement il lui pinça les. lar-
mes. La dame, indignée, se retourna brus-
auement, et le factionnaire slupélait, sidé-
ré. reconnut la reine Alarie-Aiitoinelle. Ma-
chinalement il présenta les armes et mur-
mura : « Ah ! mon Dieu ! si votre Majesté
a le cœur aussi dur que le. je suis ttn
homme mort. »
On ajoute que la reine sourit à cette bou-
tade, el que le trop galant garde française,
loin d'en mourir, fut d'office nommé ser-
gent.
Le Chemineau.
Voir à la 3e page
les DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
La conversion
de M. Jules Lemaître
Si les mésaventures du nationalisme et
de la Patrie française ont dégoûté M. Jules
Lemaître, elles ne l'ont pas guéri de la ma-
ladie, qui lui est venue sur le tard. de se
mêler aux luttes politiques.
Il en a donné hier la preuve au banquet
qui teunissait, à Lyon, à l'occasion de la
saint Philippe, les royalistes lyonnais et de
la région du sud-est.
En cette mémorable soirée, où l'on avait
du tuer le veau gras en son honneur, l'an-
cien président de la Patrie française a ab-
juré la foi nationaliste, qu'il a peu charita-
blement taxée d'erreur, pour entrer dans
la foi royaliste.
Voici en quels termes l'Agence Ilavas
nous apporte la nouvelle :
Après de nombreux teaslts {;ès applaudis,1
proîvonoÊs notamment par MM. Léon Daudet et
de Yczins, M. Jules LcmaJLrc, de l'Académie
de Yezins, dit que, ami du dehors hier, et con-
Française, ùH que, amI du dcho's hier, et con-
verti aujourd'hui il veut faire l'éloge des mem-
bres de l'Action française. Il jotw leur foi pro-
fonde, leur doctrine complète, leur discipline el
leur désintéressement. Tous, dit-il, ont le même
courage ; tous sauraient vaillamment sacrifier
leur vie pour leurs idées, s'il le fallait.
M. Jules Lemaître regrette que l'Action fran-
çaise n'ait pas été créée plus tùt et n'ait pas
apporté au cours de la lutte nationaliste et son
ardeur virile et sa force entraînante. Il l'a féli-
citée notamment de porter ses efforts du côté
de la jeunesse universitaire et sur les éléments
intelligents des syndleats ouvrir?
Après dix années d'inexpérience et d'erreurs,
conclut M. Jules Lemaître, en toute confiance,
en toute sécurité d'âme, je bois à la santé ûu
roi de France. -
Des « Vive le rci ! '> bien senf-s ont ac-
cueilli les paroles du néophyte, auquel, cela
va de soi, les royalistes lyonnais firent une
ovation.
Pour une reeruc de cette- importance, le
duc d'Orléans ne va pas manquer de pren-
dre sa meilleure plume et d'y aller d'un
compliment flatteur.
La conversion de M. Jules Lemaître don-
ne le dernier coup au nationalisme, qui
agonisait péniblement depuis la mort de
byveton. Cest une éatiivoque qui s'en va.
acquiesçât inpaceeJ - P. G..
LE SCRUTIN DE BALLOTTAGE
EItin an Eiiiil nral. li lu Saie
CANTON DE CLICHY
Inscrits : 8,108. — Votants : 3,666
MM. Marquez, c. s., rad.-soc. 3,059 ELU
Bertîiier 487
CANTON DE COLOMBES
(Canton nouveau)
Inscrits : 8,703. — Votants : 5,340
MM. Jolinié. rad. 2,908 ELU
£ *'*'**'*** : 2,339
Vico, rép. indép » 2,339
CANTON DE COURBEVOIE
Inscrits : 7,600. — Votants : 4,607.
MM. Boursier, rad. 2,483 ELU
piarisot, c. s-, soc. unifié.. 2,121
CANTON D'IVRY
Inscrits : 15,736. — Votants : 9,505
MM. Chéron, soc- 5,209 ELU
Martin, c. s., soc unifié.. 4,042
CANTON DE LEVALLOIS-PERRET r
Inscrits : 14,124. — Votants : 8,900 7
MM. Trézel, rép. anticoltect. 4,730 'ELi
Aufan, soc. uni11é. 4,166 »
CANTON DE PUTEAUX :
w Inscrits : 12,742. Votants : 8,799
MM. Voilin, c. s., soc. unifié.-. 4,584 ELU
Wirinth, rad.-soc 4.138
CANTON DE SCEAUX
Inscrite : 10.003. — Votants : 4,822
MM. Oarmi'grcac, ,c. s., rad.-soc. 3,000 ELU
Mougarny, soc. unifié. 1,462
CANTON DE VINCENNES
Inscrits : 13,298. — Votants : 7,860
MM. Girard, c. s., rnd. 4,018 ELU
Karmann, rad. 3,792
CANTON DE VILLEJUIF
Inscrits : 11,09). — Votants : 6,753
MM. Ghazot, rad.-soc-. 3,725 ELU
Thomas, c. s-, soc. unifié 2,93$
RÉUNIONS ET CÉRÉMONIES
Au mur des fédérés
Hier a eu lieu au Père-Lachaise la manl
festation commémorative des événements
de la Commune.
On &ait que le Il Comité des proscrits *de
187-1 » prend possession du terrain où repo-
sent les fédérés et qui vient de lui être con-
cédé par la ville de Paris. Le comité pro-
cédait également hier à l'inauguration
d'une plaque apposée sur le mur et du mo-
nument élevé au poète Eugène Pottier, an-
cien membre de la Commune et auteur d.
l'Internationale.
Vers deux heures et demc, le cortège
des manifestants pénétrait dans le cii-ri4,
tière du Père-Lachaise par la porte princi-
pale .11 se compose de plusieurs milliers
de femmes et d'enfants. Tous chantent
l'Internationale, et la Carmagnole.
— Certains groupes d'étrangers chantent
sur l'air de ces hymnes révolutionnaires
Ides poèmes dans leurs langues nationales.
Chaque manifestant porte à la bouton-
nière une églantine rouge ou un ruban
rouge. Plus de cent couronnes, des gerbes,
des tleurs rouges sont portées à bras ou
sur des brancards.
- Une cinquantaine de drapeaux rouges
.sont déplorés. Sur ces étendards on lit le
titre des différentes sections, du parti ré-
volutionnaire de Paris et de la banlieue et
d'associations corporatives. Le défilé a lieu
sans incident.
Devant la porte du cimetière se tiennent
MM. Lépine, préfet de police, Touny, des
commissaires divisionnaires et un certain
nombre d'ol'iiciers de paix.
Devant le mur des fédérés, le ser";
d'ordre est dirigé par M. Mouquin. Plu-
sieurs groupes de manifestants arrivent
ensuite séoarément. Ils portent des dra-
peaux et couronnes rouges.
Au cimetière, plusieurs discours ont été
prononcés notamment par MM. Allemane
.et Vaillant, députés, par M. le docteur Gou-
pil qui r récité des vers en l'honneur d'Eu-
gène Potlie.. par MM. Navarre, Arnould,
Elie May, e.
Des incident assez vifs, et qui ont, un
instant, tourné à la bagarre, se sont- pro-
■ e»tm .u.;De' B-J'DupêQ Q das délé-
gations de socialistes indépendants ; M. loé
ipiné, préfet de police, s'est alors avancé et
a invoqué le respect dû aux tombes. On
s'est' alors calmé ,ct le défilé devant le mur
s'est fait dans le plus grand ordre.
Manifestation place de la
Concorde
Une centaine de membres de l'Action
Française, étudiants et élèves des -lycées
et surtout des écoles cléricales, s'étaient
donné rendez-vous à deux heures et demie
devant la statue de Strasbourg, place de la
Concorde .Jls furent paternellement, disper-
sés par la police qui opéra une dizaine
d'arrestations qui ne furent pas mainte-
nues, aucun incident .sérieux ne s'etant
produit. h
M. Ruau à Toulouse
On a inauguré hier au square Lafayet-
te, à Toulouse, la statue du poète Pierre
Goudelin, plus connu dans le pays sous le
nom de » Goudouli », né en 1580, et qui
publia, en 1017, un recueil de vers sous le
titre : « Hamélet Moundit. »
M. Ruau, ministre de l'agriculture, a
tenu à inaugurer, en même temps que
l'Exposition agricole de Toulouse, le mo-
nument du félibre toulousain.
Après avoir rappelé à grands traits la
vie de Goudouli, M .Huau a étudié sa poé-
tique, son œuvre et les caractéristiques de
cette œuvre toute écrite en langue d'oc.
Les philosophes, a-t-il dit, peuvent disculcr
sur la langue d'oc sur ses mérites et sur sc3
défauts, ils peuvent ou la célébrer ou la honnir,
il n'en restera pas moins que dans celle lan-
gue. un poète toulousain, Pierre Goudelin, a
écrit de purs chefs-d'œuvre.
Il a peint la nature vivante, las ruisseaux,
les bois, les champs, les prairies et les iJo-us.
Il a célébré avec une joie naturelle la «lot>
sagé la mosït comme un terme naturel de ILI
vie.
C'est peur ccla que comme le fat Jasmin, com-
;mc l'est MistmJ, Gaudo\'}; a été, avant tout,
un poète populaire, celui qui, issu d'une race,
sait chpr, pour elle en une langue inacces-
sible aux profanes la. -cmnson immortelle de
son, âme. L'œuvre d'un Goudouli, d'un Jas-
min et d'un Mistral dépasse le cadre d'une ville
ou même d'une province. Elle s'cknd, à toute
une race et à l'humanité. A ce point de vue, la
gloire de Goudouii méritait b¡'n d'être immor-
talisée par le ciscau du sculpteur. '--
Ce IScuJpteur- est lo maître toulousain
Alexandre FaJguièrc. Il a représenté « Gou-
douli le poète u 03»s simplement avec
une femme a ses pieas, qui sjTnboljse m
Garonne par lui si souvent chantée.
Aussi bien, messieurs, conclut M. ftuau, cette
rencontre, fi deux siècles d'intervalle, d'un pte..
et d'un sculpteur toulousains, unis au sein de
leur cité natale dans la même gloire artistique
mont-t-cllc indiscutablement que le génie de
Toulouse est de ceux qui ne périssent points
Après avoir élevé pour l'admiration universelle.
le plus pur des chefs-d'œuvre d'architecture ro-,
mane, après avoir fait entendre au monde la;
romance délicieuse de ses troubadours, 'fou-t
louse s'est épanouie plus que toute autre ville
française dans le mouvement de la Renaissant
ce. Assurément, les temps ont changé. « L'eoti
de pleur, de joie ou de douleur oui fait mouldra
le moulin de pensée » ne coule plus uniquement
pour les reines d'amour, ainsi que le vouiajentt
les tQxmbadours d'autrefois. Nous n'en sommes
plus à rêver, comme les gentils pages d'E!èo..
noj'e de Guienrîe, que « ménestrels et carolles )1.
Les Ùi;:'ouvcrl scientifiques ont fait accomplir,
à la civilisation un immense bond en avant. Le
progrès scientifique a entraîné avec lui le pro-
grès démocratique et un problème est venu do,
miner tous "les autres : celui des ";l'oils indi-
viduels eL des devoirs sociaux.
De ce problème, messieurs, notre race mri'
d ion aie a-été une des premières à saisir la ra
deur et l'importance. Gambetta est parli de9
bords do la Garenne pour aller en chercher Ilt
sohition dans la République. Il a tôuj/jurs ren-
oontr*»autour de lui, pour le soutenir, une élite
de, démocrates toulousains, et maintenant rê-
vant la solution qui graduellement se -Dl'écie(
Toulouse républicaine se passionne et s'absorbe
de plus en plus. ; ',--
Et le ministre termine en prédisant en.
core à la vieille cité de Clémence Isaure.,
pour elle et pour ses enfants, les plua
glorieuses destinées.
M. Cruppi à la Pouponnière
M. Cruppi, ministre du commerce, a pré-
sidé Iii-er, à deux heures, 'l'assemblée gé
nérale de ta Société maternelle parisienne.
la Pouponnière.
La présidente de cette œuvre, Mme J«
Veil-Picard, a souhaité la bienvenue au mi-
nistre et a rappelé, dans son rapport, 1er
souvenir des amis perdus, cette année, par.
la Pouponnière : Mme Ed. de nothscinid,
les professeurs Grancher et Terrier, MM..
A: Coudchaux, Derenbomrg, etc.
Elle a montré combien l'en tente qui s'est
ét.ablie entre l'œuvre et rAseistancc publi-
que de Paris avait été utile pour travailler
à la réalisation de ce progrès social : « as-
surer à l'enfant le lait de sa mère ».
En terminant, la présidente annonce que.
M. Louis Barfchou, ministre des travaux
publics, présidera le jeudi 25 jum l'inaugu-
ration du pavillon nQ 3 de l'Assistance ptP
blique et l'école ménagère-
M. Raimondi, trésorier, a donné lecture
de son rapport annuel. En 1907, la mO!.j
lité infantile a été réduite it la Fouponnièrdc
à 3,9 %, bien qu'il ait été admis des en-
fants très délicats, pesant à peine quatre
livres.
M. Cruppi a prononcé un discours trèst
applaudi. Après avoir rappelé- les encoura-
gements donnés à la Pouponnière par s est.
collègues des travaux publics et de l'agn-
cultuVc, il a ajouté :
Une lois de plus, je veux- dire l'importance
cociale de cet établissement de Porehefonlaino
où, sous l'autorité, sous l'aciion intelligente eL:
douce d'une présidente dont le cœur délicat s'of-
fenserait cFun éloge, se poursuivent EanS brait
tant d'efforts pour sauver l'enfant el la jeune
mere. Que 4e résultats déjà obtenus.
Mille enfants admis à la Pouponnière depuis,
1901 et presque pas de. décès! L'enfant dirigé vers
la vie avec le bénéfice d't'o allaitement parlai
avec l'acquis de deux années d'hymne, de
soins intelligents. Et quelles années Les pre-
nrières, kis plus redoutables.
La mère, pourvue d'un pécule, (tr':!"sre par
l'exemple, par l'enseignement, par d'affectueux
conseils, il la vie de famille, à la vie de tra-
vail, rassurée dans sa conscience, éveillée dans
son énergie par le spectacle de ces femmes dou-
ces et fortes qui ont couru vers elle à l'heure
de la crise. l'ont empêchée de commellre l'acte
funeste d'abandon, et ont voulu impérieusement
qu'elle vécut avec son enfant, pour iui, au-
près de lui.
Telle est l'ouvre que vous accomplissez. N
l'heure o5 nous v,-, ans en Franco, avec tant
d'inquiétude, s'abaisser le chiîfre de la popula-
tion ; vous laissez à d'autres le soin des dis-
cours, des ¡'.('grels ou bien des chimères ; vous
volez au péril, et pour assurer du moins au
pays une belle économie d'existences humaines.
vous attaquez ce fléau de la mortalité infan-
tile. Pour garder l'enfant, pour lulier avec la;
mort, avec le malheur qui le menacent, lui
si pauvre et si frêle, vous déployez les ruses in-
finies de vos cccurs maternels.
Et ce n'esl pas tout vous sauvez la mère
fin liant son sort à celui de l'entant, vous les
gardez tous deux. Par vous, deux existences
échappent au naufrage.
La Tuberculose humaine
Sous la présidence du ministre des coîO*
nies, représenté par M. Gayot, assisté des;
dé&guis des m.uLr de l'instruction pu*
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