Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 23 avril 1908 23 avril 1908
Description : 1908/04/23 (N13922). 1908/04/23 (N13922).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7571174h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 13928. — 3 Floréal An 116. - CINQ CEXTlMEg IVITMBun - Jeudi 23'Avril 1908™ W~1302S
-
LE XIX! SIECLE
1.
,t:r., ANNONCES -
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rué du Mail, Paris. -..
fit chez MM. LAGRANGE, CERF etÕ.
f. place de la Bourse, 6
âiitue Télégraphique : XIX* SIÈCLB - PARIS
* - l' : (, .;.¡:'¡
, AnoivixEitfniwTs -'. w4
Aroie mois etx mois os aa
fftote. BL UL 2o "ii
Départements 7 f.1 12 t 24 t,
, Union Postale 9 t 16 t 32 L
Les Abonnements sont reçus sans frsia
r dans tous les Bureaux de Posta ,
!
atDAcTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÈLÉPHONE 102.88
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir d 4 heure du matin
FONDATEUR : EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONÉ 102 83 -
'--"'-¡ Adresser lettres et mandats à CAdministrateur
.- - .- -
- -' - TRIBUNE LIBRE 4
Dans le Sud-Oranais
k. „
d
Le Maroc est en voie de
pacification, c'est du moins
ce qu'affirmait, il y. a quel-
que temps le gouvernement,
en s'appuyant sur les dépê-
ches du général d'Amade.
G est là une assertion que les événe-
ments se sont bien vite chargés de dé-
mentir.
Le général Lyautey, nous lavons in-
diqué dans un récédent article, est
a loin de montrer, en ce qui concerne le
présent, un pareil optimisme. II ne
doute pas de l'avenir, mais la situation
actuelle n'est pas, à ses yeux, ce qu'elle
apparaissait d'après les dépêches du gé-
nérai en chef.
Il demande un certain temps pour se
prononcer sur l'efficacité des mesures
prises et conseille patience et prudence,
ce qui indique que nous sommes loin
d'avoir obtenu la soumission des tribus
que l'on nous représentait comme ayant
manifesté un sincère repentir.
Mais au moment même où la situation
nous apparaît en plein Maroc comme
moins brillante que l'on s'était plu à
nous la dépeindre, voilà que des nou-
velles, parvenues du Sud-Oranais, nous
montrent un mouvement contre la Fran-
ce beaucoup plus profond qu'on ne le
pouvait supposer : depuis longtemps sur
toute notre frontière algérienne, des
bandes marocaines s'agitaient et mena-
çaient nos postes. Fanatisées par des
chefs ennemis de notre pays, elles vou-
laient protester contre notre occupation
d'une partie du territoire chérifien et
porter la guerre dans nos propres pos-
f sessions.
Force avait été au gouvernement de
s'émouvoir. D'accord avec le général
Bailloud, commandant le 19° corps d'ar-
tillerie, des mesures avaient été prises
pour repousser, si besoin était, la harka
qui depuis un certain temps déjà mena-
çait notre frontière.
L'attaque prévue a eu lieu. Les ban-
des marocaines ont été défaites et pour-
suivies après avoir subi des pertes im-
portantes. De notre côté, nous avons
vingt-deux morts et quatre-vingt-dix-huit
blessés; depuis que l'expédition du Ma-
roc est commencée, aucune rencontre
encore ne nous a coûté aussi cher.
Nous aurions tort desupposerl que
les fanatiques qui ont attaqué nos trou-
pes dans le Sud-Oranais vont se tenir
pour battus. Dès le lendemain même de
la rencontre, et bien que défaits et re-
>;" poussés, ils ont fait courir le bruit qu'ils
avaient remporté une importante victoi-
re.
V Cette fausse nouvelle n'a d'autre but
que de soulever les tribus qui, jusqu'ici,
avaient observé la neutralité, attendant
pour se prononcer que le succès se des-
sinât en notre faveur ou en faveur de
nos adversaires. -
Quand bien même de nouvelles fonces
ne viendraient pas "se joindre à celles
que nous avons repoussées, les tribus
soulevées sont assez fortes encore pour
reprendre l'offensive et chercher à se
venger de la défaite que nous leur avons
infligée.
Il n'est pas douteux que nous finirons
par avoir raison de ces hordes. Mais
combien ;de temps dureront les hostili-
tés ? Quel développement prendront-el-
les, quel effort faudra-t-il faire pour ré-
tablir la paix dans cette contrée ? C'est
ce que nul ne peut dire à l'heure ac-
tuelle.
Déjà, les journaux annoncent que
d'Oran et d'autres points de l'Algérie,
des renforts partent pour le Sud. Il est
à craindre que ce ne soit que le com-
mencement. Il sera d'ailleurs difficile,
si le soulèvement des tribus prend une
certaine extension, de trouver dans la
province d'Oran, des troupes en nombre
suffisant pour protéger notre frontière.
Il ne faut pas oublier aussi, que de-
puis un certain temps déjà, c'est sur
les régiments de la région oranaise que
l'on a prélevé les renforts envoyés au
général d'Amade.
Au moment où cela s'est fait, nous
avons signalé le danger qu'il y avait à
dégarnir ainsi la province qui, se trou-
vant sur la frontière du Maroc, pouvait
à un moment donné, être sinon mena-
cée, du moins inquiétée.
f Ce sont là des observations dont le
gouvernement n'a tenu aucun compte. Il
lui fallait des troupes pour hmfor'üer
celles qui avaient été débarquées à Ca-
sablanca et qui étaient devenues insuf-
fisantes par suite des combats livrés et
surtout de la marche en avant du gé-
nèraI d'Amade.
Ces troupes, on ne voulait à aucun
wix les prélever sur les garnisons de
la métropole. Les régiments coloniaux
éux-mêmes, dont le rôle cependant est
bieri de prendr part à des expéditions
analogues à celle du Maroc n'ont pas
été mis à contribution.
On a eu surtouren vue de ne pas in-
quiéter 1 'opinion publique. On savait
que le jour où des troupes autres que
celles composées de volontaires parti-
raient de la métropole, le pays s'alar-
merait et que des comptes seraient de-
mandés au gouvernement.
Or, ce que le gouvernement voulait
par-dessus tout, c'était n'avoir pas de
compte à fournir, au moins pendant un
certain temps. Il fallait qu'il eût assez
de liberté pour engager notre drapeau
à un tel point que l'on ne puisse plus
reculer.
- Aujourd'hui, il a lieu d'être satisfait.
Les Marocains ont pris l'offensive contre
nous. Ils ont tenté une opération mili-
taire sur. notre frontière du Sud. Il y
a là de nouveaux méfaits qui réclament
vengeance.
Il est vrai que notre attitude au Ma-
roc a seule provoqué le déchaînement
des hordes fanatisées. Mais ceux qui
sont le plus opposés à la politique d'ex-
pansion ne peuvent refuser au gouver-
nement les moyens de protéger l'Algérie.
M. Clemenceau — celui-là même qui
combattit Jules Ferry à pronos du Ton-
kin — a aujourd'hui le prétexte depuis
longtemns cherché, pour ne pas se re-
tirer du Maroc, où d'ailleurs nos trou-
pes se sont installées dans dfes postes de
stationnement fixes et non provisoires,
comme on l'a dit avec intention.
Nous voyons bien ce que certaines so-
ciétés et certains individus y gagneront.
Mais nous voudrions savoir ice que
cela coûtera à la France. -
Alfred MASSÉ,
Député de la Nièvre.
LUI. ■ Il ■■
LA POLITIQUE
UN PÉRIL NATIONAL
De plusieurs villes de gar-
nison, on annonce de nouvelles
épidémies de fièvre typhoïde
et de scarlatine.
Une fois de plus, les locaux
insalubres et les eaux' contami-
nées mis à la disposition de nos soldats
vont causer des ravages déplorables.
Pendant trop longtemps, on a considé-
ré au ministère de la guerre et dans le,
haut commandement que l'hygiène des
troupes était quantité négligeable. Pour-
vu que l'on dressât les recrues à l'exer-
cice, à l'astiquage, aux revues, et au
service des places, on estimait avoir
rempli sa mission envers le pays, et as-
suré la défense nationale,
Comme si la santé du soldat n'était
pas un élément nécessaire de forces phy-
sique et morale; comme si le premier de-
voir de ceux auxquels la nation confie
les plus robustes de ses enfants n'était
pas de les préserver contre toutes les
contaminations et de les garder sains et
vigoureux pour le jour où la France
pourrait avoir à faire appel à eux.
Malheureusement, cette conception du
devoir est presque totalement inconnue
des autorités militaires.
Si l'on publiait la statistique de tous
les soldats morts à la caserne de mala-
dies épidémiques çausées par une impé-
ritie criminelle, on resterait stupéfait.
Depuis trente-cinq ans, il n'est pas ex-
cessif de dire que nous avons perdu ainsi
autant d'hommes qu'au cours d'une
grande guerre.
Sans compter ceux qui rentrent dans
leurs foyers débilités, contagionés, • et
qui ne peuvent reproduire qu'une des-
cendance dégénérée.
Pourtant, la source du mal est con-
nue, et il suffirait de vouloir pour la ta-
rif.
La fièv typhoïde se transmet par les
eaux impures, et les autres épidémies
par l'insalubrité des casernes.
Il faut exiger des villes qui prétendent
recevoir une garnison des locaux sains et
de l'eau pure.
Il est sans doute rationnel d'envoyer
nos régiments alimenter le commerce des
grancfes villes, mais non pas peupler
leutrs cimetières
Partout où le ministre de la guerre
rencontrera une résistance pour les tra-
vaux d'assainissement nécessaires, il lui
suffira de menacer du retrait des trou-
pes et les résistances cesseront immédia-
tement.
Après s'être courageusement attaqué
aux fournisseurs de viandes à soldats,
que M. Chéron s'en prenne donc résolu-
ment tous les propagateurs d'épidémie,
qui, criminellement, déciment chaque an-
née notre contingent.
C'est un péril national qu'il importe
'de faire cesser. Le gouvernement le peut.
Il le doit.
— » —
i LES ON-DIT,
NOTRE ACENDA
Aujourd'hui mercredi ;
Lever du soleil à 4 h. 58 ; coucher a
7 heures.
Courses à Maisons-Laffitte.
Un animal nouveau *
On vient de découvrir sur les confins
de l'Etat du Congo et de l'Ouganda, un
nouveau, ou plutôt un vieux mammi-
fère dont les journaux anglais nous
donnent la description : tête de tapir,
cou de cheval, oreilles d'âne, taille de
bœuf. voilà ses caractéristiques. Ce qu'il
y a de plus extraordinaire, c'est sa colo-
ration. Le front est d'un rouge vif ;
une étroite'bande noire suit le nez et
contourne les narines. Les oreilles sont
d'un beau rouge, comme le cou et les
épaules, avec des taches cramoisies. Les
jambes et les pattes sont rayées comme
celles d'un zèbre, avec des taches oran-
ge sur les raies blanches. Pas de -dents
de devant à la mâchoire supérieure ;
,-l'animal étant un ruminant, la langue,
très mobile et prenante, comme celle
de la girafe, ramène sous les molaires
les feuilles qui servent de nourriture.
Ce mélange de cheval, de zèbre, d'âne,
de bœuf, de tapir et de girafe est appelé
par les indigènes « okapi ».
D'après*cette description, c'est exac-
tement l'ancien « helladotherium » qui
peuplait jadis la Grèce et l'Asie Mineu-
re, et dont on ne connaissait que le fos-
sile.
Enchanté, monsieur, de vous retrou-
ver !. -
L'origine de la polka
Pour les Anglais et quelques philis-
tins internationaux, il est établi qu'on
ne sait, en France, qu'une danse : la
polka. Or, ce pas simple et charmant
nous vient de la Bohême.
C'est une soubrette qui en l'absence
de ses maîtres, s'était accoutumée à
danser un cancan original qu'elle ac-
compagnait d'un chant étrangement
rythmé. La soubrette était gentille et
dansait avec grâce. Son secret fut di-
vulgué et ne tarda pas à dépasser le
cercle qu pays environnant. Le pas
qu'elle avait créé fit tourbillonner j^mtes
les têtes et tous les cotillons d'alentour.
Même à la ouisine et à l'office, le pas
nouveau mit. en mouvement filles de
iservice et valets de chambre, créant ain-
si une appréciable variante à la fameu-
se danse de van se du panier, connue et
pratiquée depuis un temps immémorial.
Des cuisines, la polka passa dans les
salons, où elle fit fureur.
En 1840, on la dansait à l'Opéra, oui,
madame ! Et, depuis, la polka s'est dan-
sée sur les deux continents.
Elle servit même la verve satyrique
des chansonniers contre les ministres
d'antan
« Municipal' arrière ! »
fi Je danse la polka.
« C'est un' danse étrangère : *
« Guizot doit aimer çit ! »
Après tout, elle valait bien la « cra-
quette » 1
AUTREFOIS *
Rappel du 23 avril 1872. — Le 28, aura
lieu la grande revue passée par M. Thiers.
il y aura discours du chef du pouvoir exé-
cutif et discours du maréchal Mac-Mahon,
On va installer, au Dépôt de la guerre,
tut « Musée de la guerre Il composé d'oeu-
vres d'art représentant des combats de tou-
te sorte, anciens et modernes
On a commencé hier à poser les bornes
de la nouvelle frontière entre la France et
Il'Allemagne. La commission franco-alle-
mande est présidée par le major Slrautz.
Ce soir, débuts à l'Opéra de M. Gailhard
dans le rôle de Saint Bris, des Huguenots.
'On croit que ce nouveau baryton aura du
succès, car la dernière répétition a ■ bien
marché.
Les rois collectionneurs j
L'empereur Guillaume II porte com-
me talisman une paire de boutons de
manchettes de son grana:père Guillau-
me 1er une tabatière de Frédéric le
Grand et une tabatière de Napoléon 1er,
quoi qu'il ne prise jamais et, en outre,
:certains grands jours un éperon de
Charles XII, que celui-ci a perdu dans
la bataille de Poltawa. L'empereur est
profondément convaincu que ces ob-
jets lui portent bonheur. Il collectionne
des bottes de tous les âges et des unifor-
mes du moyen âge.
Le roi Oscar de Suède ne quitte ja-
mais une bague très simple, que son
aïeul Bernadotte, a portée dans sa jeu-
nesse et dont on prétend que la posses-
sion attire le pouvoir. A une peur bleue
de rencontrer un convoi funèbre ; col-
lectionne des gravures et des tableaux,
des médailles et des livres rares.
Le prince Ferdinand de Bulgarie con-
serve dans ses écuries un vieux cheval
qui a porté le prince Alexandre de Bul-
garie dans la bataille de Slisnitza : il est
convaincu qu'en soignant ce cheval il
conservera le pouvoir en Bulgarie.
Possède une superbe collection de
diamants, d'émeraudes, de rubis, de sa-
phirs et de perles évaluée à quinze mil-
lions-
Iole prince régent de Bavière collection-
ne les cruches et les vaisselles des
paysans bavarois du moyen âge ; n'3
qu'une seule superstition, c'est d'aller
là la chasse le vendredi..Son gTand pèi^*
le spirituel roi l ouis- 1er$q Bav.'èf*»
était un collectionneur passion tle ia.
rapluies historique ,
Une princesse aux enchères
On vient de vendre à Londres, aux
,en.hères publiques, une princesse égyp-
tienne authentique. -
Rassurez-vous, l'esclavage n'est pas
importé en Angleterre. La princesse en
question est morte aux environs de
1350 avant la naissance du Christ , son
père n'était autre que le célèbre roi
égyptien Rhamsès Il et c'est la momie
de la princesse qu'on vient de vendre,
momie dont l'état de bonne conserva-
tion avait été préalablement établi au
moyen des rayons Rœntgen.
La princesse a été vendue exactement
262 francs.
Deux cent soixante-deux francs une
iprincesse qui remonte bien avant les
croisades : c'est pour rien.
Les Américaines achètent les princes
un peu plus cher que ça 1
Salaire rémunérateur
Chapouet, en quête d'une place, se
présente devant le directeur d'une ad-
ministration qui lui propose dix-huit
cents francs d'appointements. ,
— Je ne puis accepter, répond Cha-
pouet, c'est trop peu 1
— Cependant, vous venez de me dire
que votre ancien patron ne vous payait
jamais.
— C'est vrai., mais chez lui, je ga-
gnais le double de ce que vous m'of-
frez 1 1
Çi «
En passant.
En cheminant, aujourd'hui encore, en
marge des vieux bouquins, je note au pas-
sage quelques anecdotes savoureuses qui,
certes, plairont davantage aux lecteurs que
'tous les commentaires dont j'ai coutume
'd'accompagner les faits du jour. Je me
contente de citer :
M. d'Argenson dit un jour à M. le comte
de Sébourg (que la malignité publique accu-
sait d'être au mieux avec sa femme) : « Il
y a deux places, monsieur, oui vous con-
viendraient également : le qouvernement
de la Bastille et celui des Invalides. Seu-
lement si je vous donne la Bastille, tout le
monde dira que je vous y ai envoyé ; et si
je vous donne les Invalides, on croira que
c'est ma femme. »
* *
Mme de Bassompierre, vivant à la cour
du roi Stanislas, était « l'Egérie » connue
du chancelier du roi de Pologne.
Le roi alla un jour chez elle, et voulut
prendre quelques privautés qu'elle repous.
sa avec hauteur : « Allons, c'est bien, dit
le roi, je me tais : mon chancelier vous
dira le reste. »
*
Le roi Louis XV vient de trépasser de la
petite vérole. Tandis que la cour affecte
un deuil lamentable, et s'inscrit en hâte
1chez monseigneur le Dauphin, le peuple de
Paris a composé Vépitaphe du roi :
« Ci-gît Louis, quinzième du nom, 1
« DU le Bien-Aimé par surnom, a .-
« Et de ce titre le deuxième ; »
«Dieu. nous préserve dû troisième l ji
* *
On avait fait une quête à l'Académie
'française ; il manquait un louis d'or. Un
des immortels, connu par son avaricei fut
soupçonné de n'avoir pas contribué. Il sou-
tint qu'il avait versé sa part. Celui qui fai-
sait la collecte dit : « Je ne l'ai pas vu,
mais je le crois. » Fontenelle termina la
discussion en disant : « Moi, je l'ai vu ;
mais je ne le crois pas ! »
Le Chemineau.
— * 1 ■ ■'
Une nouvelle
publication moderniste
En déclarant au modernisme la guerre
ouverte que l'on sait, Pie X paraît s'être
mis sur les bras une bien grosse besogne,
et il aura fort à faire pour réduire à l'im-
puissance 1 esprit critique qui s'est fait jour
dans les rangs de son cierge à l'occasion
de la politique suivie par le Vatican dans
les récents événements qui ont marqué, en
France, la séparation de l'Eglise et de
l'Etat.
Après l'abbé Loisy, voici qu'un autre
prêtre, italien celui-là, vient de faire paraî-
tre, sous l'anonymat" un livre qu'il a in-
intulé : Lettres d'un prêtre moderniste, et
que l'on dit appelé à faire du bruit. ,
En douze lettres, l'auteur fait un exposé
critique, dit l'Italie, de l'organisation ac-
tuelle de l'Eglise, des congrégations romai-
nes, de la politique Qt de la diplomatie sous
les pontificats de Léon XIII et de Pie X.
.Ces lettres renferment, dit-on, des curiosi-
tés qui prouvent que celui qui les a écrites
connaît admirablement son sujet et qu'il
est bien documenté.
La seconde partie, notamment cw-iient
toute la documentation -des faits oui se sont
succédé depuis la suspense a divinis de
Dom Romolo Murri, jusqu'à l'excommuni-
cation de l'abbé Loisy.
Comme conclusion, l'auteivi cette pu-
bucation pose la question suivante :
Le néo-catholicisme, que les modernistes veu-
lent fonder arrivera-t-il à -s'imtXJser par une so-
lution pacifique ou par une solution révolu-
tionnaire ?
Et il opiné pour la solution révoluUon-
naire.
Allons-nous voir renaitre les luttes Ses
Luther et des Calvin contre la papauté ? Le
mouvement parait,* en tout cas, lancé, et
nous pouvons nous apprêter a marquer les
coups que vont se porter les adversaires en
Présence.
On s'attend, naturellement, à - es que,
d'ici quelques jours, l'interdit soit prononoê
Contre les LellTCS d'un prêtre moderniste,
comme il l'a été à. propos des publications
•ue Murri et -de Loisy-
C'est la meilleure réclame que poisse dé-
"irer l'auteur de ces tettres. — P. G"
TRIBUNE CORPORATIVE
Cutiv s les InliiK flliimi lu France
-.
,-
Ainsi que nous l'avons dit hier, les
séances continuent d'être présidées
tour à tour par aîM. Deltour, président
de la Fédération ; Blanchard, conseiller
fédéral de Lyon ; Dupuy (Rouen) ; Bar-
mer (Toulon) ; Leyris (Alais) ; Renault
(Le Mans) ; Baudelot (Saint-Quentin).
M. Molinelli est secrétaire du con-
grès.
Tous les délégués sont présents, mal-
gré la fatigue des séances de nuit.
La discussion est animée, intéressan-
te, et toujours courtoise grâce au tact
des présidents de séance et au - bon es-
prit des Congressistes. - '-
-Les Conseils de discipline
M. Castelli (Nice) revient, Cians un
intéressant discours, sur la question des
conseil de discipline.: --
Malgré les vœux déjà émis sur ce sujet,
dit-il, la défectuosité de la plupart des con-
seils de discipline nous oblige à Agiter de
nouveau cette grave question, à laquelle
chacun est intéressé.
Bien qu'une loi donne le droit à l'em.
ployé incriminé de se faite communiquer
de l'administration son dossier secret, bien
eouvent le manque de défenseurs au sein
4du conseil de discipline n'est pas pour lui
lune garantie impartiale des arrêts du con-
iseil. Si nous reconnaissons qu'il se trouve
des chefs humaine, tout e" maintenant in-
tacts les principes de la discipline, il n'en
est pas malheureusement de même de la
généralité, qui a une tendance marquée à
punir tout accusé, lors même qu'il existe-
rait des doutes, considérant toute clémence
de leur part comme un relâchement dans
les principes de la discipline ; c'est ainsi
que -tus d'un inculpé est devenu victime
d'un jugement mal fondé et sans connaître
toutefois les motifs pour lesquels il a
été frappé. Pour remédier î cet état de
choses, 11 est de toute nécessité que dans
chaque conseil de discipline, le prévenu
soit assisté au moins de deux de ses ca-
marades ; il lui sera ainsi plus facile de
répondre à l'accusation, et les décisions
pourront alors être prises en pleine con-
naissance de cause, et on ne verra plus
dans uu acquittement un acte capable de
tporter atteinte à la disc'pline, mais bien
la réparation d'une injustice.
D'ailleurs, les employés inférieurs des
administrations de l'Etat ne font-ils pas
ipartie des conseils de discipline nommés
par leurs camarades aux réunions généra-
les de leurs groupes ? Les ouvriers n'ont-
ils pas leurs tribunaux particuliers appelés
conseils de prud'hommes ? Nous, employés
de la Ville et employés de l'Etat, n'avons-
nous pas droit, au même titre que nos fr¡..
res de travail, à faire partie de ces tribu-
naux administratifs ? Aujourd'hui plus que
jamais, il appartient au congrès de faire
appel aux municipalités, pour l'obtention;
de cette importante réforme.
J'ai donc l'honneur de présenter à J'A s-
semblée générale l'ordre du jour suivant !
« Le congrès des employés d'octroi de;
France, siégeant à Tours le avril 1908,
- ': Considérant quo-, dans beaucoup de vil-
les, les conseils de discipline ne sont com-
posés crue des chefs de l'administration i;
l'exclusion de tout camarade de l'inculpé ;
qu'ainsi ce dernier se trouve seul et sans
défense devant ses juges où ses droits sonf!
bien souvent méconnus, exprime le vœu
de voir les villes y adjoindre deux camara-
des de même eleese ou de même grade que
■ hé. nommés par l'assemblée générale
de leur asiation. et ce dans un !but de
justice et d'humanité. »
,- La question du repos
M. Mazel (Toulouse) fait adopter le!
vœu suivant sur le repos hebdomadai-
re et la journée légale ; les heures d'ou-
verture et de fermeture des bureaux
d'octroi. 1
Considérant que la commission du tra-
vail, reconnaissant le bien fondé de nos
réclamattons, est favorable à l'application
de la loi sur le repos hebdomadaire aux
employés de l'Etat, des départements et
des communec, mais qu'à rencontre de cet
avis favorable, M. le ministre du travail,
ù la date du 24 mars 1908, a présenté au
sein de la dite commission, des réserves
de principe sur l'extension de la loi de
1906 aux -employés et ouvriers des services
publics de lEtat, des départements et des
communes.
Considérant que c'est à ces réserves de
principe que le conseil fédéral octroyen, de
concert avec nos camarades postiers, doua-
niers, reeveurs-buralistes, etc., doit oppo-
ser les principes humanitaires et ration-
nels qui militent en notre faveur en tant
qu'agents préposés" un -service public.
Le congrès des employés d'octroi sié-
gean, à Tours dit : qu'au point de vue hu-
manitaire, il y a lieu d'examiner si, en
échange des 15, 13 ou 12 heures de service,
le personnel reçoit bien ce à quoi lui don-
'ne droit le produit de son travail et il cons-
tate que non.
En effet, avec les heures de présence aux-
(',-elles est astreint le personnel des octrois
en général, on constate que ce personnel
est rétribué à. 'raison de 18 ou 20 centimes
l'heure. Est-il possible, avec des salaires de
famine tels qu'on voit à peu près dans tous
les octrois de France, qu'un homme puisse
subvenir convenablement à l'entretien de
,sa famille, et, cruelle anomalie, alors que
les salaires sont moindres, les nécessitée
pour l'existence sont plus grandes, car dès
'le début de sa carrière, l'employé est le
moins rétribué, et c'est alors qu'il a le
plus souvent à sa charge ses vieux parents
et ses enfants en bas âge.
De plus, est-il permis eux employés d'oc-
troi de jouir des joies de la famille ? leur
est-il permis d'élever et d'éduquer leurs
enfants ? Non ! et, quand après une jour-
née aussi longue que fatigante, ils rentrent
le soir au loyer, exténués, ces petits -sont
forcément couchés et le matin non plus ils
ne peuvent tes embrasser, dans la crainte
4e troubler leur sommeil. # -,
làsfc-ee que par leur eniCe ininterrompu,
il leur est permis d'avoir soit des fréquent
talions familiales ou amicales ? Non, tou-,
jours non 1 et ils n'ont seulement pas ce
qu'ont les animaux : le repos.
Néanmoins, nous estimons que la faute
n'en est pas seulement aux municipalités,
mais bien plus aux lois et réglements su- i
rannés qui régissent le recrutement. et les -
attributions du personnel des octrois, les'
heures d'ouverture et de fermeture des bu-
reaux Ces règlements, qui astreignent les
préposés d'octroi à faire jusqu'à 15 et 16
heures de service par jour, doivent dispa-
raître et faire place à û autres plus en har-
monie avec le progrès social.
Or, si la Chambre des députés craint, par
un texte législatif, de porter atteinte aux
franchises communales, en obligeant les
-municipalités à accorder aux employés
d'octroi une journée de travail légale, nous
avons le regret de constater l'empiétement
de l'Etat sur les attributions municipales
lorsqu'il détermine par une loi les heures
d'ouverture et de fermeture des bureaux.
(Art. 126 de la loi du 28 avril 1816.)
Au surplus, en quoi la réduction des heu-
res de service peut-elle porter atteinte à
l'intérêt public ? Ne voyons-nous pas en
effet, la majorité la plus imposante du pu-
blic, le commerce, se conformer sans récri-
minations aux réglements qui déterminent
à heures fixes l'ouverture et la fermeture
des gares ; pourtant, si une entreprise peut
être qualifiée de service public, on peut
dire que les transports des marchandises
en grande ou petite vitesse, constituent
bien un servtce*public.
Le congrès dit encore, et ici il est bon de
citer textuellemnt un travail du docteur
Toulouse, sociologue émérite, traitant ra-
tionnellement la question du repos des
fonctionnaires attachés à un service public:
« Il est d usage constant au'un fonction-
naire doit tout son temps, même celui de
ses repas, au public ; cette conception in-
juste et vexatoire pour tous les individus
exerçant une fonction, est celle de la foule.
Elle est la règle des rapports entre l'Etat
et ceux qu'il emploie.
« Pourquoi sacrine-t-on, par habitude, -*
l'r-,-;.nt à la fonction ? La réponse est ai-
séu : le public c'est le souverain moderne,
qui a hérité de la puissance morale de
l'P;f at absolu: Jadis, dans une charge pu-
btllue, on devait tout son temps et toutes
s m forces, sans compter, au monarque,
itrarnateur mystique de l'autorité ; l'Etat
moderne a conservé dans la forme, l'atti-
lu le atavique. Un poste est attribué com- :
ïfl8 un privilège, alors qu'il devrait repré- ;
u nter un simple accord entre l'offre d'une
«Latitude et la demande d'un besoin, sans
0 implaisance réciproque ; un congé, qui est
en légitime repos physiologique, est solli-
c.té ainsi qu'une faveur, et le traitement,
prix du marché, n'est pas loin d'être alloué
Í Iomme un don gracieux.
« C'est à tort que l'on mettrait en avant
i'intérêt public, il n'est pas en cause le
plus souvent, soit lorsque l'Etat se charge
de toutes sortes de besognes, soit que, com-
me une compagnie, il assume le transport
des correspondances ou des voyageurs.
iC Admettons encore que le service soit'
réellement public, non pas à cause de sa
gestion par l'Etat, mais. bien par son but
propre, comme la perception de l'impôt di-
rect ou indirect. Est-ce que pour cela, l'in-
dividu doit être sacrifié à la communauté ?
et serait-il légitime, afin d'assurer la per-
ception de l'impôt, d'imposer aux agents
une continuité de présence, un surmenage
physique compromettant leur santé et leur
juste raison de bien-être ? "L'intérêt de la"
collectivité commande au contraire que
ceux qui la servent ne deviennent pas des
infirmes et ne restent pas, par défaut de.
loisirs ou de culture, grossiers et inintelli-
gents. , ¡
« Dans l'évolution pacifique du pays, K
ne suffit pas que l'emploi ne nuise pas au;
salarié, il doit encore devenir un moment
de vie normale. Le travail ne peut plus
être considéré comme une servitude impo-
sée aux mal armés, par le droit du plus'
fort et sans autres limites que sa propre
volonté. Nous sommes tous destinés à tra-
vailler. selon nos aptitudes, et dans-un ac-
cord de réciprocité. Quand le labeur de
tous paraissait obligatoire pour quelques- »
uns seulement, il importait peu que les pre- _,
miers y trouvassent du bonheur ; aujour-
d'hui c'en est la condition essentielle • car
si chacun se dévouait aux autres, en étant
malheureux, qui jouirait de ce- dévoue-,
ment ? Et quelle serait la justification du
travail imposé à un individu, si ce n'était
qu'il doive y trouver les moyens d'une exis-
tence intégrale ?
« Pour que l'activité de chacun lui per-
mette. de uévelopper sa ,. personnalité, et
c'est en fait l'intérêt de l'ensemble, il faut;
qu'il puisse donner, une part de son effort'
à la besogne commune, une autre part àU
prendre soin de soi ; cela n'est possible
qu'avec des heures rationnelles de travail
des loisirs permettant l'étude et, par dessus
tout, l'indépendance dans la pensée et dans
les actes. Le travail accompli dans les
conditions consenties, pourquoi le - public
exigerait-il je ne sais quel dévouement qui
n'est pas rationnel ?
« Dans les rapporte des uns et des au-
tres, également soumis au travail, il ne
doit exister que de la réciprocité ; il n'est
donc nas logique de dire que l'emploi est
fait pour le public, non, il reste un simple
mode d'échange, et il est vrai de dire qu'il
doit, dans les limites où son but pourra
être convenablement rempli, servir d'abord
à la vie de celui qui l'occupe. Il
De lo-ut ce qui précède, le congrès con-
clut, soit au point de vue humanitaire et
équitable, soit au point de vue rationel :
les employés d'octroi ne doivent pas être,
exclus du bénéfice de la loi sur le repos
hebdomadaire, pas plus qu'ils ne peuvent
être astreints à une journée de service au-
tre qu'à la journée légale de travail.
La création des Caisses de
retraite -'
On adopte également, a propos de9
caisses de retraite, un ordre 8u jour dé-
posé par M. Garnier (Banlieue ae ParIs).
il La Fédération des employé? d'octroi de
France, réunie ar congres" fr Tours le 18
-
LE XIX! SIECLE
1.
,t:r., ANNONCES -
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rué du Mail, Paris. -..
fit chez MM. LAGRANGE, CERF etÕ.
f. place de la Bourse, 6
âiitue Télégraphique : XIX* SIÈCLB - PARIS
* - l' : (, .;.¡:'¡
, AnoivixEitfniwTs -'. w4
Aroie mois etx mois os aa
fftote. BL UL 2o "ii
Départements 7 f.1 12 t 24 t,
, Union Postale 9 t 16 t 32 L
Les Abonnements sont reçus sans frsia
r dans tous les Bureaux de Posta ,
!
atDAcTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÈLÉPHONE 102.88
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir d 4 heure du matin
FONDATEUR : EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONÉ 102 83 -
'--"'-¡ Adresser lettres et mandats à CAdministrateur
.- - .- -
- -' - TRIBUNE LIBRE 4
Dans le Sud-Oranais
k. „
d
Le Maroc est en voie de
pacification, c'est du moins
ce qu'affirmait, il y. a quel-
que temps le gouvernement,
en s'appuyant sur les dépê-
ches du général d'Amade.
G est là une assertion que les événe-
ments se sont bien vite chargés de dé-
mentir.
Le général Lyautey, nous lavons in-
diqué dans un récédent article, est
a loin de montrer, en ce qui concerne le
présent, un pareil optimisme. II ne
doute pas de l'avenir, mais la situation
actuelle n'est pas, à ses yeux, ce qu'elle
apparaissait d'après les dépêches du gé-
nérai en chef.
Il demande un certain temps pour se
prononcer sur l'efficacité des mesures
prises et conseille patience et prudence,
ce qui indique que nous sommes loin
d'avoir obtenu la soumission des tribus
que l'on nous représentait comme ayant
manifesté un sincère repentir.
Mais au moment même où la situation
nous apparaît en plein Maroc comme
moins brillante que l'on s'était plu à
nous la dépeindre, voilà que des nou-
velles, parvenues du Sud-Oranais, nous
montrent un mouvement contre la Fran-
ce beaucoup plus profond qu'on ne le
pouvait supposer : depuis longtemps sur
toute notre frontière algérienne, des
bandes marocaines s'agitaient et mena-
çaient nos postes. Fanatisées par des
chefs ennemis de notre pays, elles vou-
laient protester contre notre occupation
d'une partie du territoire chérifien et
porter la guerre dans nos propres pos-
f sessions.
Force avait été au gouvernement de
s'émouvoir. D'accord avec le général
Bailloud, commandant le 19° corps d'ar-
tillerie, des mesures avaient été prises
pour repousser, si besoin était, la harka
qui depuis un certain temps déjà mena-
çait notre frontière.
L'attaque prévue a eu lieu. Les ban-
des marocaines ont été défaites et pour-
suivies après avoir subi des pertes im-
portantes. De notre côté, nous avons
vingt-deux morts et quatre-vingt-dix-huit
blessés; depuis que l'expédition du Ma-
roc est commencée, aucune rencontre
encore ne nous a coûté aussi cher.
Nous aurions tort desupposerl que
les fanatiques qui ont attaqué nos trou-
pes dans le Sud-Oranais vont se tenir
pour battus. Dès le lendemain même de
la rencontre, et bien que défaits et re-
>;" poussés, ils ont fait courir le bruit qu'ils
avaient remporté une importante victoi-
re.
V Cette fausse nouvelle n'a d'autre but
que de soulever les tribus qui, jusqu'ici,
avaient observé la neutralité, attendant
pour se prononcer que le succès se des-
sinât en notre faveur ou en faveur de
nos adversaires. -
Quand bien même de nouvelles fonces
ne viendraient pas "se joindre à celles
que nous avons repoussées, les tribus
soulevées sont assez fortes encore pour
reprendre l'offensive et chercher à se
venger de la défaite que nous leur avons
infligée.
Il n'est pas douteux que nous finirons
par avoir raison de ces hordes. Mais
combien ;de temps dureront les hostili-
tés ? Quel développement prendront-el-
les, quel effort faudra-t-il faire pour ré-
tablir la paix dans cette contrée ? C'est
ce que nul ne peut dire à l'heure ac-
tuelle.
Déjà, les journaux annoncent que
d'Oran et d'autres points de l'Algérie,
des renforts partent pour le Sud. Il est
à craindre que ce ne soit que le com-
mencement. Il sera d'ailleurs difficile,
si le soulèvement des tribus prend une
certaine extension, de trouver dans la
province d'Oran, des troupes en nombre
suffisant pour protéger notre frontière.
Il ne faut pas oublier aussi, que de-
puis un certain temps déjà, c'est sur
les régiments de la région oranaise que
l'on a prélevé les renforts envoyés au
général d'Amade.
Au moment où cela s'est fait, nous
avons signalé le danger qu'il y avait à
dégarnir ainsi la province qui, se trou-
vant sur la frontière du Maroc, pouvait
à un moment donné, être sinon mena-
cée, du moins inquiétée.
f Ce sont là des observations dont le
gouvernement n'a tenu aucun compte. Il
lui fallait des troupes pour hmfor'üer
celles qui avaient été débarquées à Ca-
sablanca et qui étaient devenues insuf-
fisantes par suite des combats livrés et
surtout de la marche en avant du gé-
nèraI d'Amade.
Ces troupes, on ne voulait à aucun
wix les prélever sur les garnisons de
la métropole. Les régiments coloniaux
éux-mêmes, dont le rôle cependant est
bieri de prendr part à des expéditions
analogues à celle du Maroc n'ont pas
été mis à contribution.
On a eu surtouren vue de ne pas in-
quiéter 1 'opinion publique. On savait
que le jour où des troupes autres que
celles composées de volontaires parti-
raient de la métropole, le pays s'alar-
merait et que des comptes seraient de-
mandés au gouvernement.
Or, ce que le gouvernement voulait
par-dessus tout, c'était n'avoir pas de
compte à fournir, au moins pendant un
certain temps. Il fallait qu'il eût assez
de liberté pour engager notre drapeau
à un tel point que l'on ne puisse plus
reculer.
- Aujourd'hui, il a lieu d'être satisfait.
Les Marocains ont pris l'offensive contre
nous. Ils ont tenté une opération mili-
taire sur. notre frontière du Sud. Il y
a là de nouveaux méfaits qui réclament
vengeance.
Il est vrai que notre attitude au Ma-
roc a seule provoqué le déchaînement
des hordes fanatisées. Mais ceux qui
sont le plus opposés à la politique d'ex-
pansion ne peuvent refuser au gouver-
nement les moyens de protéger l'Algérie.
M. Clemenceau — celui-là même qui
combattit Jules Ferry à pronos du Ton-
kin — a aujourd'hui le prétexte depuis
longtemns cherché, pour ne pas se re-
tirer du Maroc, où d'ailleurs nos trou-
pes se sont installées dans dfes postes de
stationnement fixes et non provisoires,
comme on l'a dit avec intention.
Nous voyons bien ce que certaines so-
ciétés et certains individus y gagneront.
Mais nous voudrions savoir ice que
cela coûtera à la France. -
Alfred MASSÉ,
Député de la Nièvre.
LUI. ■ Il ■■
LA POLITIQUE
UN PÉRIL NATIONAL
De plusieurs villes de gar-
nison, on annonce de nouvelles
épidémies de fièvre typhoïde
et de scarlatine.
Une fois de plus, les locaux
insalubres et les eaux' contami-
nées mis à la disposition de nos soldats
vont causer des ravages déplorables.
Pendant trop longtemps, on a considé-
ré au ministère de la guerre et dans le,
haut commandement que l'hygiène des
troupes était quantité négligeable. Pour-
vu que l'on dressât les recrues à l'exer-
cice, à l'astiquage, aux revues, et au
service des places, on estimait avoir
rempli sa mission envers le pays, et as-
suré la défense nationale,
Comme si la santé du soldat n'était
pas un élément nécessaire de forces phy-
sique et morale; comme si le premier de-
voir de ceux auxquels la nation confie
les plus robustes de ses enfants n'était
pas de les préserver contre toutes les
contaminations et de les garder sains et
vigoureux pour le jour où la France
pourrait avoir à faire appel à eux.
Malheureusement, cette conception du
devoir est presque totalement inconnue
des autorités militaires.
Si l'on publiait la statistique de tous
les soldats morts à la caserne de mala-
dies épidémiques çausées par une impé-
ritie criminelle, on resterait stupéfait.
Depuis trente-cinq ans, il n'est pas ex-
cessif de dire que nous avons perdu ainsi
autant d'hommes qu'au cours d'une
grande guerre.
Sans compter ceux qui rentrent dans
leurs foyers débilités, contagionés, • et
qui ne peuvent reproduire qu'une des-
cendance dégénérée.
Pourtant, la source du mal est con-
nue, et il suffirait de vouloir pour la ta-
rif.
La fièv typhoïde se transmet par les
eaux impures, et les autres épidémies
par l'insalubrité des casernes.
Il faut exiger des villes qui prétendent
recevoir une garnison des locaux sains et
de l'eau pure.
Il est sans doute rationnel d'envoyer
nos régiments alimenter le commerce des
grancfes villes, mais non pas peupler
leutrs cimetières
Partout où le ministre de la guerre
rencontrera une résistance pour les tra-
vaux d'assainissement nécessaires, il lui
suffira de menacer du retrait des trou-
pes et les résistances cesseront immédia-
tement.
Après s'être courageusement attaqué
aux fournisseurs de viandes à soldats,
que M. Chéron s'en prenne donc résolu-
ment tous les propagateurs d'épidémie,
qui, criminellement, déciment chaque an-
née notre contingent.
C'est un péril national qu'il importe
'de faire cesser. Le gouvernement le peut.
Il le doit.
— » —
i LES ON-DIT,
NOTRE ACENDA
Aujourd'hui mercredi ;
Lever du soleil à 4 h. 58 ; coucher a
7 heures.
Courses à Maisons-Laffitte.
Un animal nouveau *
On vient de découvrir sur les confins
de l'Etat du Congo et de l'Ouganda, un
nouveau, ou plutôt un vieux mammi-
fère dont les journaux anglais nous
donnent la description : tête de tapir,
cou de cheval, oreilles d'âne, taille de
bœuf. voilà ses caractéristiques. Ce qu'il
y a de plus extraordinaire, c'est sa colo-
ration. Le front est d'un rouge vif ;
une étroite'bande noire suit le nez et
contourne les narines. Les oreilles sont
d'un beau rouge, comme le cou et les
épaules, avec des taches cramoisies. Les
jambes et les pattes sont rayées comme
celles d'un zèbre, avec des taches oran-
ge sur les raies blanches. Pas de -dents
de devant à la mâchoire supérieure ;
,-l'animal étant un ruminant, la langue,
très mobile et prenante, comme celle
de la girafe, ramène sous les molaires
les feuilles qui servent de nourriture.
Ce mélange de cheval, de zèbre, d'âne,
de bœuf, de tapir et de girafe est appelé
par les indigènes « okapi ».
D'après*cette description, c'est exac-
tement l'ancien « helladotherium » qui
peuplait jadis la Grèce et l'Asie Mineu-
re, et dont on ne connaissait que le fos-
sile.
Enchanté, monsieur, de vous retrou-
ver !. -
L'origine de la polka
Pour les Anglais et quelques philis-
tins internationaux, il est établi qu'on
ne sait, en France, qu'une danse : la
polka. Or, ce pas simple et charmant
nous vient de la Bohême.
C'est une soubrette qui en l'absence
de ses maîtres, s'était accoutumée à
danser un cancan original qu'elle ac-
compagnait d'un chant étrangement
rythmé. La soubrette était gentille et
dansait avec grâce. Son secret fut di-
vulgué et ne tarda pas à dépasser le
cercle qu pays environnant. Le pas
qu'elle avait créé fit tourbillonner j^mtes
les têtes et tous les cotillons d'alentour.
Même à la ouisine et à l'office, le pas
nouveau mit. en mouvement filles de
iservice et valets de chambre, créant ain-
si une appréciable variante à la fameu-
se danse de van se du panier, connue et
pratiquée depuis un temps immémorial.
Des cuisines, la polka passa dans les
salons, où elle fit fureur.
En 1840, on la dansait à l'Opéra, oui,
madame ! Et, depuis, la polka s'est dan-
sée sur les deux continents.
Elle servit même la verve satyrique
des chansonniers contre les ministres
d'antan
« Municipal' arrière ! »
fi Je danse la polka.
« C'est un' danse étrangère : *
« Guizot doit aimer çit ! »
Après tout, elle valait bien la « cra-
quette » 1
AUTREFOIS *
Rappel du 23 avril 1872. — Le 28, aura
lieu la grande revue passée par M. Thiers.
il y aura discours du chef du pouvoir exé-
cutif et discours du maréchal Mac-Mahon,
On va installer, au Dépôt de la guerre,
tut « Musée de la guerre Il composé d'oeu-
vres d'art représentant des combats de tou-
te sorte, anciens et modernes
On a commencé hier à poser les bornes
de la nouvelle frontière entre la France et
Il'Allemagne. La commission franco-alle-
mande est présidée par le major Slrautz.
Ce soir, débuts à l'Opéra de M. Gailhard
dans le rôle de Saint Bris, des Huguenots.
'On croit que ce nouveau baryton aura du
succès, car la dernière répétition a ■ bien
marché.
Les rois collectionneurs j
L'empereur Guillaume II porte com-
me talisman une paire de boutons de
manchettes de son grana:père Guillau-
me 1er une tabatière de Frédéric le
Grand et une tabatière de Napoléon 1er,
quoi qu'il ne prise jamais et, en outre,
:certains grands jours un éperon de
Charles XII, que celui-ci a perdu dans
la bataille de Poltawa. L'empereur est
profondément convaincu que ces ob-
jets lui portent bonheur. Il collectionne
des bottes de tous les âges et des unifor-
mes du moyen âge.
Le roi Oscar de Suède ne quitte ja-
mais une bague très simple, que son
aïeul Bernadotte, a portée dans sa jeu-
nesse et dont on prétend que la posses-
sion attire le pouvoir. A une peur bleue
de rencontrer un convoi funèbre ; col-
lectionne des gravures et des tableaux,
des médailles et des livres rares.
Le prince Ferdinand de Bulgarie con-
serve dans ses écuries un vieux cheval
qui a porté le prince Alexandre de Bul-
garie dans la bataille de Slisnitza : il est
convaincu qu'en soignant ce cheval il
conservera le pouvoir en Bulgarie.
Possède une superbe collection de
diamants, d'émeraudes, de rubis, de sa-
phirs et de perles évaluée à quinze mil-
lions-
Iole prince régent de Bavière collection-
ne les cruches et les vaisselles des
paysans bavarois du moyen âge ; n'3
qu'une seule superstition, c'est d'aller
là la chasse le vendredi..Son gTand pèi^*
le spirituel roi l ouis- 1er$q Bav.'èf*»
était un collectionneur passion tle ia.
rapluies historique ,
Une princesse aux enchères
On vient de vendre à Londres, aux
,en.hères publiques, une princesse égyp-
tienne authentique. -
Rassurez-vous, l'esclavage n'est pas
importé en Angleterre. La princesse en
question est morte aux environs de
1350 avant la naissance du Christ , son
père n'était autre que le célèbre roi
égyptien Rhamsès Il et c'est la momie
de la princesse qu'on vient de vendre,
momie dont l'état de bonne conserva-
tion avait été préalablement établi au
moyen des rayons Rœntgen.
La princesse a été vendue exactement
262 francs.
Deux cent soixante-deux francs une
iprincesse qui remonte bien avant les
croisades : c'est pour rien.
Les Américaines achètent les princes
un peu plus cher que ça 1
Salaire rémunérateur
Chapouet, en quête d'une place, se
présente devant le directeur d'une ad-
ministration qui lui propose dix-huit
cents francs d'appointements. ,
— Je ne puis accepter, répond Cha-
pouet, c'est trop peu 1
— Cependant, vous venez de me dire
que votre ancien patron ne vous payait
jamais.
— C'est vrai., mais chez lui, je ga-
gnais le double de ce que vous m'of-
frez 1 1
Çi «
En passant.
En cheminant, aujourd'hui encore, en
marge des vieux bouquins, je note au pas-
sage quelques anecdotes savoureuses qui,
certes, plairont davantage aux lecteurs que
'tous les commentaires dont j'ai coutume
'd'accompagner les faits du jour. Je me
contente de citer :
M. d'Argenson dit un jour à M. le comte
de Sébourg (que la malignité publique accu-
sait d'être au mieux avec sa femme) : « Il
y a deux places, monsieur, oui vous con-
viendraient également : le qouvernement
de la Bastille et celui des Invalides. Seu-
lement si je vous donne la Bastille, tout le
monde dira que je vous y ai envoyé ; et si
je vous donne les Invalides, on croira que
c'est ma femme. »
* *
Mme de Bassompierre, vivant à la cour
du roi Stanislas, était « l'Egérie » connue
du chancelier du roi de Pologne.
Le roi alla un jour chez elle, et voulut
prendre quelques privautés qu'elle repous.
sa avec hauteur : « Allons, c'est bien, dit
le roi, je me tais : mon chancelier vous
dira le reste. »
*
Le roi Louis XV vient de trépasser de la
petite vérole. Tandis que la cour affecte
un deuil lamentable, et s'inscrit en hâte
1chez monseigneur le Dauphin, le peuple de
Paris a composé Vépitaphe du roi :
« Ci-gît Louis, quinzième du nom, 1
« DU le Bien-Aimé par surnom, a .-
« Et de ce titre le deuxième ; »
«Dieu. nous préserve dû troisième l ji
* *
On avait fait une quête à l'Académie
'française ; il manquait un louis d'or. Un
des immortels, connu par son avaricei fut
soupçonné de n'avoir pas contribué. Il sou-
tint qu'il avait versé sa part. Celui qui fai-
sait la collecte dit : « Je ne l'ai pas vu,
mais je le crois. » Fontenelle termina la
discussion en disant : « Moi, je l'ai vu ;
mais je ne le crois pas ! »
Le Chemineau.
— * 1 ■ ■'
Une nouvelle
publication moderniste
En déclarant au modernisme la guerre
ouverte que l'on sait, Pie X paraît s'être
mis sur les bras une bien grosse besogne,
et il aura fort à faire pour réduire à l'im-
puissance 1 esprit critique qui s'est fait jour
dans les rangs de son cierge à l'occasion
de la politique suivie par le Vatican dans
les récents événements qui ont marqué, en
France, la séparation de l'Eglise et de
l'Etat.
Après l'abbé Loisy, voici qu'un autre
prêtre, italien celui-là, vient de faire paraî-
tre, sous l'anonymat" un livre qu'il a in-
intulé : Lettres d'un prêtre moderniste, et
que l'on dit appelé à faire du bruit. ,
En douze lettres, l'auteur fait un exposé
critique, dit l'Italie, de l'organisation ac-
tuelle de l'Eglise, des congrégations romai-
nes, de la politique Qt de la diplomatie sous
les pontificats de Léon XIII et de Pie X.
.Ces lettres renferment, dit-on, des curiosi-
tés qui prouvent que celui qui les a écrites
connaît admirablement son sujet et qu'il
est bien documenté.
La seconde partie, notamment cw-iient
toute la documentation -des faits oui se sont
succédé depuis la suspense a divinis de
Dom Romolo Murri, jusqu'à l'excommuni-
cation de l'abbé Loisy.
Comme conclusion, l'auteivi cette pu-
bucation pose la question suivante :
Le néo-catholicisme, que les modernistes veu-
lent fonder arrivera-t-il à -s'imtXJser par une so-
lution pacifique ou par une solution révolu-
tionnaire ?
Et il opiné pour la solution révoluUon-
naire.
Allons-nous voir renaitre les luttes Ses
Luther et des Calvin contre la papauté ? Le
mouvement parait,* en tout cas, lancé, et
nous pouvons nous apprêter a marquer les
coups que vont se porter les adversaires en
Présence.
On s'attend, naturellement, à - es que,
d'ici quelques jours, l'interdit soit prononoê
Contre les LellTCS d'un prêtre moderniste,
comme il l'a été à. propos des publications
•ue Murri et -de Loisy-
C'est la meilleure réclame que poisse dé-
"irer l'auteur de ces tettres. — P. G"
TRIBUNE CORPORATIVE
Cutiv s les InliiK flliimi lu France
-.
,-
Ainsi que nous l'avons dit hier, les
séances continuent d'être présidées
tour à tour par aîM. Deltour, président
de la Fédération ; Blanchard, conseiller
fédéral de Lyon ; Dupuy (Rouen) ; Bar-
mer (Toulon) ; Leyris (Alais) ; Renault
(Le Mans) ; Baudelot (Saint-Quentin).
M. Molinelli est secrétaire du con-
grès.
Tous les délégués sont présents, mal-
gré la fatigue des séances de nuit.
La discussion est animée, intéressan-
te, et toujours courtoise grâce au tact
des présidents de séance et au - bon es-
prit des Congressistes. - '-
-Les Conseils de discipline
M. Castelli (Nice) revient, Cians un
intéressant discours, sur la question des
conseil de discipline.: --
Malgré les vœux déjà émis sur ce sujet,
dit-il, la défectuosité de la plupart des con-
seils de discipline nous oblige à Agiter de
nouveau cette grave question, à laquelle
chacun est intéressé.
Bien qu'une loi donne le droit à l'em.
ployé incriminé de se faite communiquer
de l'administration son dossier secret, bien
eouvent le manque de défenseurs au sein
4du conseil de discipline n'est pas pour lui
lune garantie impartiale des arrêts du con-
iseil. Si nous reconnaissons qu'il se trouve
des chefs humaine, tout e" maintenant in-
tacts les principes de la discipline, il n'en
est pas malheureusement de même de la
généralité, qui a une tendance marquée à
punir tout accusé, lors même qu'il existe-
rait des doutes, considérant toute clémence
de leur part comme un relâchement dans
les principes de la discipline ; c'est ainsi
que -tus d'un inculpé est devenu victime
d'un jugement mal fondé et sans connaître
toutefois les motifs pour lesquels il a
été frappé. Pour remédier î cet état de
choses, 11 est de toute nécessité que dans
chaque conseil de discipline, le prévenu
soit assisté au moins de deux de ses ca-
marades ; il lui sera ainsi plus facile de
répondre à l'accusation, et les décisions
pourront alors être prises en pleine con-
naissance de cause, et on ne verra plus
dans uu acquittement un acte capable de
tporter atteinte à la disc'pline, mais bien
la réparation d'une injustice.
D'ailleurs, les employés inférieurs des
administrations de l'Etat ne font-ils pas
ipartie des conseils de discipline nommés
par leurs camarades aux réunions généra-
les de leurs groupes ? Les ouvriers n'ont-
ils pas leurs tribunaux particuliers appelés
conseils de prud'hommes ? Nous, employés
de la Ville et employés de l'Etat, n'avons-
nous pas droit, au même titre que nos fr¡..
res de travail, à faire partie de ces tribu-
naux administratifs ? Aujourd'hui plus que
jamais, il appartient au congrès de faire
appel aux municipalités, pour l'obtention;
de cette importante réforme.
J'ai donc l'honneur de présenter à J'A s-
semblée générale l'ordre du jour suivant !
« Le congrès des employés d'octroi de;
France, siégeant à Tours le avril 1908,
- ': Considérant quo-, dans beaucoup de vil-
les, les conseils de discipline ne sont com-
posés crue des chefs de l'administration i;
l'exclusion de tout camarade de l'inculpé ;
qu'ainsi ce dernier se trouve seul et sans
défense devant ses juges où ses droits sonf!
bien souvent méconnus, exprime le vœu
de voir les villes y adjoindre deux camara-
des de même eleese ou de même grade que
■ hé. nommés par l'assemblée générale
de leur asiation. et ce dans un !but de
justice et d'humanité. »
,- La question du repos
M. Mazel (Toulouse) fait adopter le!
vœu suivant sur le repos hebdomadai-
re et la journée légale ; les heures d'ou-
verture et de fermeture des bureaux
d'octroi. 1
Considérant que la commission du tra-
vail, reconnaissant le bien fondé de nos
réclamattons, est favorable à l'application
de la loi sur le repos hebdomadaire aux
employés de l'Etat, des départements et
des communec, mais qu'à rencontre de cet
avis favorable, M. le ministre du travail,
ù la date du 24 mars 1908, a présenté au
sein de la dite commission, des réserves
de principe sur l'extension de la loi de
1906 aux -employés et ouvriers des services
publics de lEtat, des départements et des
communes.
Considérant que c'est à ces réserves de
principe que le conseil fédéral octroyen, de
concert avec nos camarades postiers, doua-
niers, reeveurs-buralistes, etc., doit oppo-
ser les principes humanitaires et ration-
nels qui militent en notre faveur en tant
qu'agents préposés" un -service public.
Le congrès des employés d'octroi sié-
gean, à Tours dit : qu'au point de vue hu-
manitaire, il y a lieu d'examiner si, en
échange des 15, 13 ou 12 heures de service,
le personnel reçoit bien ce à quoi lui don-
'ne droit le produit de son travail et il cons-
tate que non.
En effet, avec les heures de présence aux-
(',-elles est astreint le personnel des octrois
en général, on constate que ce personnel
est rétribué à. 'raison de 18 ou 20 centimes
l'heure. Est-il possible, avec des salaires de
famine tels qu'on voit à peu près dans tous
les octrois de France, qu'un homme puisse
subvenir convenablement à l'entretien de
,sa famille, et, cruelle anomalie, alors que
les salaires sont moindres, les nécessitée
pour l'existence sont plus grandes, car dès
'le début de sa carrière, l'employé est le
moins rétribué, et c'est alors qu'il a le
plus souvent à sa charge ses vieux parents
et ses enfants en bas âge.
De plus, est-il permis eux employés d'oc-
troi de jouir des joies de la famille ? leur
est-il permis d'élever et d'éduquer leurs
enfants ? Non ! et, quand après une jour-
née aussi longue que fatigante, ils rentrent
le soir au loyer, exténués, ces petits -sont
forcément couchés et le matin non plus ils
ne peuvent tes embrasser, dans la crainte
4e troubler leur sommeil. # -,
làsfc-ee que par leur eniCe ininterrompu,
il leur est permis d'avoir soit des fréquent
talions familiales ou amicales ? Non, tou-,
jours non 1 et ils n'ont seulement pas ce
qu'ont les animaux : le repos.
Néanmoins, nous estimons que la faute
n'en est pas seulement aux municipalités,
mais bien plus aux lois et réglements su- i
rannés qui régissent le recrutement. et les -
attributions du personnel des octrois, les'
heures d'ouverture et de fermeture des bu-
reaux Ces règlements, qui astreignent les
préposés d'octroi à faire jusqu'à 15 et 16
heures de service par jour, doivent dispa-
raître et faire place à û autres plus en har-
monie avec le progrès social.
Or, si la Chambre des députés craint, par
un texte législatif, de porter atteinte aux
franchises communales, en obligeant les
-municipalités à accorder aux employés
d'octroi une journée de travail légale, nous
avons le regret de constater l'empiétement
de l'Etat sur les attributions municipales
lorsqu'il détermine par une loi les heures
d'ouverture et de fermeture des bureaux.
(Art. 126 de la loi du 28 avril 1816.)
Au surplus, en quoi la réduction des heu-
res de service peut-elle porter atteinte à
l'intérêt public ? Ne voyons-nous pas en
effet, la majorité la plus imposante du pu-
blic, le commerce, se conformer sans récri-
minations aux réglements qui déterminent
à heures fixes l'ouverture et la fermeture
des gares ; pourtant, si une entreprise peut
être qualifiée de service public, on peut
dire que les transports des marchandises
en grande ou petite vitesse, constituent
bien un servtce*public.
Le congrès dit encore, et ici il est bon de
citer textuellemnt un travail du docteur
Toulouse, sociologue émérite, traitant ra-
tionnellement la question du repos des
fonctionnaires attachés à un service public:
« Il est d usage constant au'un fonction-
naire doit tout son temps, même celui de
ses repas, au public ; cette conception in-
juste et vexatoire pour tous les individus
exerçant une fonction, est celle de la foule.
Elle est la règle des rapports entre l'Etat
et ceux qu'il emploie.
« Pourquoi sacrine-t-on, par habitude, -*
l'r-,-;.nt à la fonction ? La réponse est ai-
séu : le public c'est le souverain moderne,
qui a hérité de la puissance morale de
l'P;f at absolu: Jadis, dans une charge pu-
btllue, on devait tout son temps et toutes
s m forces, sans compter, au monarque,
itrarnateur mystique de l'autorité ; l'Etat
moderne a conservé dans la forme, l'atti-
lu le atavique. Un poste est attribué com- :
ïfl8 un privilège, alors qu'il devrait repré- ;
u nter un simple accord entre l'offre d'une
«Latitude et la demande d'un besoin, sans
0 implaisance réciproque ; un congé, qui est
en légitime repos physiologique, est solli-
c.té ainsi qu'une faveur, et le traitement,
prix du marché, n'est pas loin d'être alloué
Í Iomme un don gracieux.
« C'est à tort que l'on mettrait en avant
i'intérêt public, il n'est pas en cause le
plus souvent, soit lorsque l'Etat se charge
de toutes sortes de besognes, soit que, com-
me une compagnie, il assume le transport
des correspondances ou des voyageurs.
iC Admettons encore que le service soit'
réellement public, non pas à cause de sa
gestion par l'Etat, mais. bien par son but
propre, comme la perception de l'impôt di-
rect ou indirect. Est-ce que pour cela, l'in-
dividu doit être sacrifié à la communauté ?
et serait-il légitime, afin d'assurer la per-
ception de l'impôt, d'imposer aux agents
une continuité de présence, un surmenage
physique compromettant leur santé et leur
juste raison de bien-être ? "L'intérêt de la"
collectivité commande au contraire que
ceux qui la servent ne deviennent pas des
infirmes et ne restent pas, par défaut de.
loisirs ou de culture, grossiers et inintelli-
gents. , ¡
« Dans l'évolution pacifique du pays, K
ne suffit pas que l'emploi ne nuise pas au;
salarié, il doit encore devenir un moment
de vie normale. Le travail ne peut plus
être considéré comme une servitude impo-
sée aux mal armés, par le droit du plus'
fort et sans autres limites que sa propre
volonté. Nous sommes tous destinés à tra-
vailler. selon nos aptitudes, et dans-un ac-
cord de réciprocité. Quand le labeur de
tous paraissait obligatoire pour quelques- »
uns seulement, il importait peu que les pre- _,
miers y trouvassent du bonheur ; aujour-
d'hui c'en est la condition essentielle • car
si chacun se dévouait aux autres, en étant
malheureux, qui jouirait de ce- dévoue-,
ment ? Et quelle serait la justification du
travail imposé à un individu, si ce n'était
qu'il doive y trouver les moyens d'une exis-
tence intégrale ?
« Pour que l'activité de chacun lui per-
mette. de uévelopper sa ,. personnalité, et
c'est en fait l'intérêt de l'ensemble, il faut;
qu'il puisse donner, une part de son effort'
à la besogne commune, une autre part àU
prendre soin de soi ; cela n'est possible
qu'avec des heures rationnelles de travail
des loisirs permettant l'étude et, par dessus
tout, l'indépendance dans la pensée et dans
les actes. Le travail accompli dans les
conditions consenties, pourquoi le - public
exigerait-il je ne sais quel dévouement qui
n'est pas rationnel ?
« Dans les rapporte des uns et des au-
tres, également soumis au travail, il ne
doit exister que de la réciprocité ; il n'est
donc nas logique de dire que l'emploi est
fait pour le public, non, il reste un simple
mode d'échange, et il est vrai de dire qu'il
doit, dans les limites où son but pourra
être convenablement rempli, servir d'abord
à la vie de celui qui l'occupe. Il
De lo-ut ce qui précède, le congrès con-
clut, soit au point de vue humanitaire et
équitable, soit au point de vue rationel :
les employés d'octroi ne doivent pas être,
exclus du bénéfice de la loi sur le repos
hebdomadaire, pas plus qu'ils ne peuvent
être astreints à une journée de service au-
tre qu'à la journée légale de travail.
La création des Caisses de
retraite -'
On adopte également, a propos de9
caisses de retraite, un ordre 8u jour dé-
posé par M. Garnier (Banlieue ae ParIs).
il La Fédération des employé? d'octroi de
France, réunie ar congres" fr Tours le 18
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.05%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.05%.
- Auteurs similaires Medicus Friedrich Kasimir Medicus Friedrich Kasimir /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Medicus Friedrich Kasimir" or dc.contributor adj "Medicus Friedrich Kasimir")Pflanzen-physiologische Abhandlungen. Bändchen 3 / von Friedrich Kasimir Medicus /ark:/12148/bpt6k98094x.highres Ueber nordamerikanische Bäume und Sträucher, als Gegenstände der deutschen Forstwirthschaft und der schönen Gartenkunst ([Reprod.]) / von Friedrich Casimir Medicus,... /ark:/12148/bpt6k98087n.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7571174h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7571174h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7571174h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7571174h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7571174h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7571174h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7571174h/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest