Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-19
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 19 avril 1908 19 avril 1908
Description : 1908/04/19 (N13918). 1908/04/19 (N13918).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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N° 131918. - 29 Germinal An 116 CINQ CENTIMES LE NUMERO Dimanche 19 AVMI 1908. - N 1
LE XIT SIECLE
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TRIBUNE LIBRE
L'Eninmnt Cluial. BImntair
Dans le rapport sur le
budget des (Jolonies de
1908, présente à la Cham-
bre des députés par mon
ami A. Gervais, on trouve,
pour la première fois
'7"' '.1:" - - 1"
ero> ons-nous dans un document oiii-
ciei de ce genre, un chapitre tout en-
tier consacré à l'étude d'un problème
qui ne laisse pas d'avoir un grand in-
térêt, je veux parler de l'Education
coloniale de la Nation.
Cette question est, en effet, à d'ordre
du jour, les plus hautes notabilités
coloniales ont fait entendre leur avis
précieux et motivé ; les journaux spé-
ciaux ont publié de nombreux .articles;
une tentative d'enseignement colonial
élémentaire a même été réalisée, sans
exemple et sans précédent, à Joinville-
le-Pont, au ParAngou, par M. le doc-
teur H. Rousseau qui mérite les en-
couragements des pouvoirs publics mais
qui, comme tous les initiateurs reste
abandonné à ses propres forces d'éner-
gie et d'activité.
Ainsi, jusqu'à ce jotfr, on a beau-
coup parlé, beaucoup écrit, et on n'a
guère agi, pour ne pas dire pas du
tout. Cependant, tous les congrès co-
loniaux qui sont comme les Etats gé-
néraux annuels où se débattent les
grandes qustions de tout ordre concer-
nant notre immense empire d'outre-
mer, ont discuté, à maintes reprises,
les moyens pratiques de vulgariser,
parmi le grand public et aussi dès
l'école primaire, les connaissances élé-
mentaires des choses coloniales indis-
pensables à l'heure présente.
Quant à l'initiative privée, rendons
lui cette justice que là, comme en d'au-
tres matières, elle a devancé l'inter-
vention de l'Etat toujours si lente à
mettre en mouvement ; elle a surtout
contribué à la diffusion de ces idées
par l'organisation de nombreuses so-
ciétés auxquelles il sieu de rendre
hommage, tant par la valeur de leurs
services réels que par leur énergique
propagande.
- En-fin, certaines villes, Marseille,
Bordeaux, Lyon, possèdent des Insti-
tuts coloniaux absolument parfaits ;
celui de Marseille, entre autres, dirigé
par le docteur Heckel, dont la compé-
tence reconnue s'est affirmée dans des
ouvrages considérables et qui est un
des créateurs de cet enseignement colo-
nial supérieur de tout premier ordre
en France, est représenté à Paris par
l'Ecole Coloniale, établissement qui n'a
pas de similaire en Europe.
Il est évident qu'à ce point de vue,
tout marche bien et on ne peut contes-
ter les efforts suivis de succès si bril-
lants qui ont pour but de fournir à
une petite minorité de nos compatri-
otes, les renseignements les plus com-
plets sur notre domaine colonial dont
l'étendue des territoires qui le com-
posent est de neuf millions de kilo-
mètres carrés, c'est-à-dire une super-
ficie dix huit fois plus grande que celle
de la métropole et sur laquelle trente
millions d'indigènes reconnaissent la
éiomination française.
Pour être exact, ajoutons que les
Expositions coloniales de Lyon, Bor-
deaux, Rouen, Rochefort-Buir-Merv,
Paris, Hanoï, Marseille et Nogent-sur-
Marne, se sont succédé depuis 15 ans
et qu'elles ont démontré par leur im-
portance chaque fois grandissante,
l'intérêt puissant de ces manifestations.
Quelles que soient les opinions à leur
égard, il est hors de doute que les ré-
sultats obtenus en sont très sérieux ;
d'abord ces expositions constituent un
excellent moyen de propagande et de
vulgarisation, ensuite la confrontation
des produits qui y figurent provoque
des effets utiles, des enseignements
féconds en même temps que des ini-
tiatives peuvent s'y éveiller pour le
plus grand bien du commerce, de l'in-
dustrie et des finances du pays. Cha-
cune de nos colonies y apporte le tri-
but de ses travaux, arrive avec ses
échantillons, ce qui permet de juger
l'état de ces progrès par ces révéla-
tions significatives de son activité et
de son développement sous toutes ses
-formes. Il n'est pas jusqu'aux esprits,
superficiels qui ne trouvent leur comp-
te dans les exhibitions de naturels et
la reconstitution pittoresque de leur
existence exotique.
Eh bien, il faut l'avouer, malgré
tout cela, malgré la diffusion incom-
parable de la presse contemporaine,
malgré la participation des isociétés
Coloniales, la propagande, intensive
Sur quelques points du pays, dispersée
et perdue sur toute son étendue, reste
îneUteace, et l'ignorance de nos pos-
sessions lointaines, de leurs ressour-
ces, de leurs habitants, est malheureu-
sement un fait trop certain chez la plu,
part de nos concitoyens.
C'est une vérité évidente que l'édu-
cation coloniale élémentaire est com-
plètement négligée et que les résultats
d'un pareil état de choses sont des
plus regrettables. On me permettra de
citer pour la centième fois, un exem-
ple typique, d'après une enquête faite
à leur arrivée au régiment, auprès de
20 recrues, prises au hasard et pro-
venant : 7 de Coulommiers, 1 de Fon-
tainebleau, 1 d'Auxfrre, 2 de Blois,
4 de Cholet, 2 de Nantes, 1 de Chatel-
lerault et 2 de la Seine.
Au cours de l'interrogatoire, on a
obtenu les réponses suivantes à cette
question :
- Qu'est-ce qu'une colonie ?
- Endroit où l'on met les mauvais
sujets et les enfants abandonnés.
— Terre à garder les côtes.
—Puissances où l'air est très mau-
vais.
(Dix de ces recrues ignoraient com-
plètement qu'il y ait des colonies, ce
qu'elles sont et à quoi elles servent,
8 n'ont aucune idée de l'Algérie !
Hâtons-nous d'ajouter qu'un inter-
rogatoire semblable ayant été adressé
à des recrues allemandes, les réponses
ont été aussi stupéfiantes, si ce n'est
davantage. Mais cette égalité dans)
l'ignorance rend:, sans excuse en Fran-
ce, la négligence inexplicable dans la-
quelle on laisse les masses populaires
au point de vue d'un empire colonial
aussi vaste que le nôtre, puisque sa
mise en valeur, depuis que l'ère des
conquêtes paraît close, devient main-
tenant une question économique im-
portante entre toutes.
En Angleterre, en Hollande, cette
vulgarisation des choses coloniales a
été obtenue et réalisée sans peine, par-
ce que ces questions sont bien présen-
tées et parce qu'elles exercent sur les
esprits depuis des siècles, un attrait
irrésistible et sans cesse renaissant.
Encore que les programmes d'instruc-
tion primaire ne comportent pas un
enseignement colonial officiel propre-
ment dit, on peut remarquer toutefois
que les enfants reçoivent une sorte
d'éducation naturelle et qu'ils respi-
rent, pour ainsi dire, dans ces deux
contrées, et plus particulièrement en
Hollande, un air d'exotisme. Dans ce
dernier pays, ils acquièrent ces con-
naissances préliminaires dans la fa-
mille et par - la - famille, --- car -- dans cer-
tains milieux, dans certaines régions,
il n'y a pas un de leurs membres qui
ne voyage pour affaires, dans les colo-
nies d'Asie ou d'Afrique.
Ainsi que le fait justement remar-
quer M. Alexandre Mercier, dans son
rapport qu'il a publié sous les auspices
du ministère des colonies qui l'avait
chargé d'aller en Hollande, en Alle-
magne, en Angleterre, étudier l'orga-
nisation de l'enseignement colonial
élémentaire, les Hollandais sont con-
vaincus que cet enseignement est une
mission d'une extrême importance et
que les colonies néerlandaises doivent
y avoir un rôle de premier plan. Pro-
fondément pénétrés de cette théorie
qui consiste à attirer l'attention de'
leurs enfants dès le plus jeune âge.
sur ce vaste domaine à exploiter, c'est
à l'instituteur que s'adresse le devoir
de développer, par tous les moyens,
l'étude de l'Enseignement colonial.
Nous examinerons prochainement,
au cours d'un nouvel article, les con-
ditions dans lesquelles s'exerce cette
éducation si fructueuse dans ce petit
pays et comment on pourrait réaliser
ici, une réforme qui ne doit pas être
éludée pl¡s longtemps.
J. HENAFFE,
Vice-Président du Conseil Municipal.
LA POLITIQUE
LE STATUT DES FONCTIONNAIRES
Le congrès des instituteurs,,
qui se tient à Lyon, provoqua
dans toute la presse progres-
siste et réactionnaire un bel
accès d'indignation.
C'est « un défi ii, clame la
Liberté; c'est « un Etat dans VEtat W,
gémit le Temps, solennel et sentencieux.
C'est tout simplement — si l'on veut
bien ne pas dramatiser les choses à des-
sein — la conséquence fatale de la po-
litique d'indécision et de perpétuel ater-
moiement que nous ne cessons cle dé-
plorer.
L'année 'dèmite, il ne l'aut pas Toti-
blier, la Chambre a refusé, par un vote
fonnel de s'associer à une politique de
répression et de réaction contre les pe-
tits fonctionnaires et notamment contre
les instituteurs.
Comme le gouvernement avait pris
l'engagement solennel de déposer « au
premier jour » un projet de statut légal
des associations de fonctionnaires3 la
majorité républicaine avait décidé ainsi
de maintenir le statu quo relatif aux
syndicats de fonctionnaires, jusqu'au
moment de la discussion du projet de
"toi. Contrairement à l'attente générale,
Je gouvernement n'a rien fait pour hâter
une solution indispensable, de nature à
satisfaire à la fois les légitimes revendi-
cations de modestes et précieux colla..
orateurs — las de favoritisme et d'ar-
bitraire — et à rassurer tous les répu-
blicains qui tiennent, à la bonne admi-
nistration du pays et au fonctionnement
méthodique et discipliné de ses services
publics.
Puisque le statu quo (était acquis aux
syndicats de fonctionnaires, ceux-ci n'a-
vaient aucune raison de n'en pas profiter,
et, si le congrès de Lyon est « une
faute », la responsabilité en appartient
tout entière au gouvernement.
'Entre le syndicalisme des fonction-
naires que nous n'admettons pas, et la
continuation d'un régime insupportable,
il y a place pour une organisation légale
des associations, à laquelle il convenait
de procéder sans retard.
La bonne politique consiste beaucoup
plus à prévenir qu'à réprimer, et ce sont
les abus et les excès qu'on tolère qui re-
jettent vers les pairtis révolutionnaires la
plupart des mécontents. Ce n'est pas
par un bon mot sur « les bureaucrates
en riévolte » que l'on peut guérir un mal
que nul ne cherche à contester.
Le remède était inscrit dans le pr?P
gramme du gouvernement avec une fail-
le d'autres solutions heureuses. Pourquoi
faut-il que ce soient ceux qui ont le plus
d'idées qui, trop souvent, ne sachent pas
les traduire par des actes ?
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui samedi :
Lever du soleil à 5 h. - ; coucher à
6 h. 54.
Courses à Saint-Ouen.
L'appétit d'Edouard VII
Edouard VU passe pour être un des
fins gourmets de son royaume ; il a une
prédilection particulière pour les mets
délicats, et son remarquable appétit lui
permet de tenir tête aux menus les
plus copieux. Les grands restaurateurs
du boulevard en savent quelque chose.
Depuis son avènement, Edouard VII
a réglé d'une façon assez originale les
heures clc ses repas. A 9 heures du ma-
tin, on lui sert sur un guéridon, dans
son cabinet de travail, des œufs, de la
viande froide, des « toasts » de pain
grillé arrosés de trois tasses de thé,
le breuvage national. A 2 heures, déjeu-
ner dlnatoire : trois ou quatre plats. A
5 heures (five o'clock) : quelques tasses
de thé avec des petits gâteaux. A 7
heures, souper léger : viandes froides.
Enfin, vers minuit, un souper « sé-
rieux » toute une théorie de mets raf-
finés et. très parisiens. Le roi n'est pas
insensible aux entremets et aux frian-
dises — loin de là ! Le rôle du chef
pâtissier n'est pas toujours commode,
car chaque jour il doit puiser dans
les ressources de son imagination une
recette ingénieuse et surtout inédite. La
boisson du souverain ? du champagne.
Le « pale aie » lui fait horreur, le vin
ne lui sourit guère et c'est notre grand
vin national qui triomphe sur la table
du roi.
Ajoutons, pour compléter ce point
d'histoire, qu'Edouard VII verse du co-
gnac dans son café et qu'il fume les
: mêmes « havanes » que son neveu
Guillaume II.
Raehel et Victor Hugo
On a beaucoup admiré hier, à l'ex-
position théâtiale, le portrait de Raehel,
la grande Rachel.
Sait-on que ses débuts dans la car-
rière dramatique furent des plus mo-
destes ?
Petite fille, elle chantait dans les rues.
Un jour, elle faisait la quête après le
dernier couplet, quand un passant s'ar-
rêta et lui glissa dans la main une pièce
d'or.
Ce passant c'était Victor Hugo. Il re-
procha amicalement à la chanteuse le
mauvais choix de son répertoire.
— Oh ! répondit-elle si l'on voulait me
faire des chansons !
Hugo prit quelques feuillets dans la
poche de son habit et crayonna .à la
hâte quelques vers.-
— Tenez ! fit-il, voilà quelques stro-
phes d'un de mes amis. Chantez-les
sur un vieil air £ j'aime les chansons
des rues. » -
Et depuis.1
Les « Chlmney-sweepers n
Le 1er Mai à Londres, dans ertain'
[ quartiers, l'on fait une joyeuse caval-
cade, celle des « Chimney-swjeepers ?
(ramoneurs }*
Des gamins, barbouillés de suie por-i
tent un monceau de branches de fleurs,
et de rubans entrelacés ; ce bloc s'ap-
pelle : « Jacques dans la verdure ».
L'escorte est une foule d'enfants dé-
guisés, quêtant des pence sur leur pas-
sage, qui servent ensuite à un grand
banquet,
AUTREFOIS
Rappel du 19 avril lo72. - Le dernier
lion du Jardin des Plantes vient de mou-
rir. Mais on en attend quatre dont M.
Milne-L:Ju.wards a fait l'acquisition à Edim-
bourg.
La Gazette de Cologne affirme flue le
président ue la République va conduire
personnellement les negociations, au sujet
du paiement anticipé de trois milliards, et
de l'évacuation anticipée aussi du terri-
toire français par les troupes allemandes.
A Metz, en ce moment, il y a plus de
trois cents maisons à vendre. Leurs pro-
priétaires ont quitté le pays.
Nombreuses manifestations Tépulicai-C
nes des conseils généraux, qui réclament
les uns l'amntstie, les autres la dissolu-
tion de l'assemblée de Versailles.
A Marseille
Un Parisien en visite à Marseille y
souffrait d'une température glaciale.
- Je vous assure, dit-il à son hôte, la
température est la même ici qu'à Paris;
l'eau de vos ruisseaux, de vos fontaines,
est gelée tout comme dans le Nord.
— C'est vrai, répondit le Marseillais,
froissé dans ce que son amour-propre
local avait de plus cher, c'ést vrai,
mais, voyez-vous, çà vient de ce qu'à
Marseille l'eau est si peu habituée au
froid qu'un rien la gèle.
lin passant.
Tandis que le plant américain a mer-
veilleusement réussi dans les vignobles
français, il faut convenir que le plant fran-
çais a donné des résultats bien médiocres
dans les j leu rs d'oranger américaines. Il
parait que nous ne nous marierons plus
aux Etats-Unis, car les jeunes misses mil-
liardaires sont lasses de redorer les bla-
sons de notre brillante jeunesse. Les mar-
chands de porcs du Connecticut veulent
bien nous expédier encore leur « corn-bif »
à prix-réduit y mais ils se refusent absotvr
ment à nous céder leurs héritières, même
au prix d'une couronne de prince aussi fer-
mée qu'authentique.
Pour parler le plus pur langage hérqldi-
que. ils ont les pieds nickelés scr champ
d'or ; aussi. rien ne va plus au jeu da
l'amour et des dollars.
Le faubourg Saint-Germain n'a plus dé-
sormais qu'une ressource, c'est d'entre.
prendre la pénétration pacifique de la rue
de la Victoire. Ce sera la solution aimable
et élégante de la crise antisémite. Les frè-
res ennemis se réconcilieront enfin : Jo-
seph Reinach publiera le panégyrique de
Drumont en trois volumes ; les rabbins se
feront tonsurer et les évêques circoncire.
Rothschild commanditera la Libre Parole
et Paul Déroulède inaugurera une statue
de Gustave Hervé, au son de la Savoyarde
du Sacré-Cœur et de la trompette d4 Jéri-
cho.
LeS voyages de noces élégants ne se fe-
ront plus en Italie, mais sur les bords du
Jourdain.
Bref, ce sera l'ère de la réconciliation et
de la jubilation nationale, et les nobles
descendants de nos preux auront du moins
la consolation de songer qu'à défaut de
« croisés », il faut savoir profiter de
« croisements « rémunérateurs.
Le Chemineau.
———————i 1.1 « ii
La foi qui s'éteint
N'est-elle pas désespérante pour ceux
f qui rêvent d'un renouveau de foi. religieu-
l se par les luttes politiques que s'apprête à
livrer le clergé, ce lamentable départ d'un
1 curé auvergnat récemment expulsé de son
presbytère ?
Le desservant d'Olmet, en pleine Auver-
gne, n'avait pas voulu accepter le prix de
location du presbytère fixé par le conseil
municipal. Sommé par le maire d'avoir à
évacuer le bâtiment communal, il s'y était
refusé, prétextant que la commune lui était
redevable d'une somme de 450 francs pour
réparations par aui faites aux locaux.
Or, l'inutilité de ces réparations avait
été constatée, et par une délibération an-
cienne remontant à 1881, le conseil muni-
cipal avait refusé d'en, accepter les frais.
Un procès avait été intenté au maire par
'le desservant.
Le tribunal civil de Thiers ayant accor-
dé à celui-ci le droit de rétention, le maire
avait alors fait appel devant la cour - de
Râom qui, elle, s'était déclarée incompé-
tente, mais avait annulé la décision du
tribunal de Thiers.
En présence de ce dernier jugement, le
maire en appela au gouvernement qui, par
l'intermédiaire du préfet, ordonna l'expul-
sion du curé.
Il fut procédé à cette formalité par un
conseiller municipal, délégué par le maire,
malade, auquel avaient été adjoints un
commissaire spécial et dix gendarmes.
Le curé avait espéré que ses paroissiens
feraient une petite émeute et viendraient
s'opposer à l'exécution des ordres reçus
par la municipalité, mais personne ne
bougea et ce fut dans le plus grand cal-
me, sans tambours ni trompettes, qu'il
dut quitter son presbytère, non sans avoir,
tDutefois, tenté de résister à l'injonction
qui lui était faite.
Il partit, au milieu de l'indifférence la
plus absolue de la population, revêtu de
ses ornements sacerdotaux, comme un re-
venant d'une cavalcade de Mi-Carême, et
abandonnant son mobilier1 qu'il fallut dé-
ménager.
Dans un paya où la foi était encore vi-
vace il y a quelques années seulement, ce
simpJe fait-divers a une importance. Il
montre que les croyances {s'affaiblissent
rapidement et que la religion s'éteint mê-
me au fond des villages les$>lua recu-
lés. - P. a, - ,,,"
LA GUERRE AU MAROC
SAUT COMBAT A IflLZAZA
Nombreuses pertes. - Les nouvelles qui nous parviennent.'
- Le récit du lieutenant-colonel Pierron.
Nos lecteurs liront plus loin les dé-
tails qui complètent les dépêches que
nous avons reçues avant-hier sur les
récents événements du Maroc. Quand
nous disons que les dépêches que nous
publions complètent nos premiers télé-
grammes, c'est une façon de parler, car
il saute aux yeux que les nouvelles qui
nous parviennent du Maroc sont depuis
longtemps passées au crible de la cen-
sure gouvernementale.
Le moment semblerait pourtant venu
de dire toute la vérité au pays, au lieu
de persister à lui laisser croire que
la pacification se poursuit par une cons-
tante affluence de soumissions.
La situation, en effet, parait être des
plus graves ; la guerre sainte est prê-
chée partout, et le combat qui vient
d'avoir lieu entre nos troupes et la mys-
térieuse harka qui s'est avancée sur no-
tre frontière algérienne indique que
nous allons avoir à faire front contre
l'ennemi sur des points trop nombreux
pour que nous n'ayons pas à redouter
des mécomptes d'une portée incalcula-
ble.
On l'a dit : nous sommes engagés
!dans le guêpier. C'est en réalité la con-
quête que l'on poursuit sous le prétexte
de la pacification. Pourquoi ne pas l'a-
vouer ? L'opinion publique saurait au
moins où nous allons.
Colomb Béchar, 16 avril.
La harka, selon les promesses du mara-
bout Moulay Lhass'en, devait se mettre en
marche le (lendemain de la fête du Mou-
loud.
Elle quittait, en effet, hierl son canton-
nement. Son objectif était de gagner Beni
Ounif par le Tomtett. Mais elle n'a pu exé-
cuter ce projet, le Tamlelt étant gardé par
les colonnes d'Ounif. d'Ain Sefra et de
Bcrguoot. Elle a obliqué alors vers le Sud,
dans le but sans doute de gagnerle Dje-
foel Amkar. Elle s'est heurtée, dans sa
marche, à une compagnie de spahis saha-
riens qui formait l'avant-garde de la co-
lonne Pierron.
Une vive fusillade s'est engagée alors,
au cours de laquelle quatre Sahariens ont
été tués. Nous avons eu, en. outre, treize
blessés et cinq chevaux hors de combat.
Les Sahariens se sont retirés emportant
les morts et les blessés. Un officier serait
parmi les morte, mais le fait n'est pas
confinhé.
Le général Vigy a donné l'ordre aux
quatre colonnes de quitter demain matin
leurs cantonnements respectifs à trois
heures, pour arrêter la marche de la har-
fca et la repousser.
Colomb Béchar, 17 avril.
La colonne Pierron, qui gardait le col
de Talzaza Menabha et les débouchés du
sud de la plaine de Tamlett, a été violem-
ment attaquée hier matin, 16 avril, à la
pointe du jour, par la harka de Mengoub.
Après une combat extrêmement violent
et dans lequel nos troupes ont fait preuve
d'une énergie et d'un esprit d'initiative
absolument remarquables, la harka a été
dispersée et poursuivie pendant plus de
10 kilomètres, avec une vigueur telle que
les Benabers ont abandonné sur le terrain
un grand nombre de morts et blessés. Ce
fait de l'abandon est extrêmement rare.
Nos troupes ont fait, en outre, des pri-
sonniers. Elles ont pris à l'ennemi un dra-
peau et des armes à tir rapide, dont des
fusils de guerre français.
La colonne Pierron se porte à Nougdeul,
point vers lequel convergent les troupes
!du général Vigy qui gardaient l'entrée est
de la plaine de Tamlett.
Ce succès a été acheté au prix de per-
tes sensibles, supportées principalement
par la légion étrangère, et dont le détail
n'est pas encore exactement connu.
Nous avons eu. vingt-huit tués, dont un
officier, et une centaine da blessés, doni
1 dix officiers.
Beni Ounif, 17'avril.
Le camp de la colonne Pierron a été
attaqué pendant la nuit. La colonne s'est
vaillamment défendue, mais en perdant
vingt-ihuit hommes ; elle a eu une centai-
ne de blessés. Il y a eu aussi vingt-cinq
chevaux tués ou disparus pendant la fu-
sillade-
Du côté des Marocains, il y u eu cent.
vingt-cinq tués, dont un caïd milca ou car
pitaine, et cinquante chevaux tués ou hors
de combat.
La liarka s'est repliée en assez bon or-
dr-e sur Mengoub.
Moulay Lhassen ai envoyé des courriers
à Aïn Chair, à Boudenib, au Tafilalet et
même à Figuig, annoncer qu'il avait rem-
porté une grande victoire.
Le Figuig, où la nouvelle est aWivée ce
matin, reste calme jusqu'à présent.
Tanger, 17 avril-
Le lieutenant-colonel Pierron télégraphie
de Menabha, à la date du 16 avril 11 heu-
res du matin, que son camp, installé à
M\naibiha à MI kilomètres du poste ne
Talzaza, a été attaqué le 16 un peu avant
le lever du jour, à quatre heures et demie
du matin, par la harka qui s'était concen-
trée à Mengoub.
Cette harka, qui était forte de plus de
2 000 fantassins et de 300 cavaliers, était
partie de Mengoub le 15 au sou- et avait
marché toute la nuit,
Le petit poste placé sur une hauteur
au nord de Menabha, pour surveiller le
Tamlett, et qui était composé de quatorze
Sahariens ayant rétrogradé en présence
des forces supérieures de l'ennemi, celui-ci
put occuper la hauteur.
Un peloton de la légion, sous les ordres
du capitaine Maury, livra alors un assaut
au cours duquel il fit preuve d'une bra-
voure admirable. -
La harfca abandonna là position dont elle
ls,'éfêit séparée, puis pressée éner^qw-
ment par les autres troupes du colonel
Fierron, elle battit en retraite.
A six heures du matin, le camp était
dégiagé et le combat reporté assez loin.
La retraite de l'ennemi ne tardait pas Ii
se transformer en déroute.
La cavalerie poursuivit jusqu'à plus dd
dix kilomètres du camp la harka dont une»
partie essayait de gagner Mengoub, tan":
dis que l'autre partie fuyait vers rOuelSt.
L'ennemi laissa sur le tersein un si'
grand nombre de cadavres d'hommes et
d'animaux que le colonel Pierran fut obI;"
gé de reporter son campement au point
d'eau le. plus voisin de Mouche tri, à environ
quatre kilomètres à l'ast du champ de ba-
taille.
Les pertes d..e la harka sont considéra-
bles. Rien que dans l'intérieur du camp,
on a compté plus de cent vingt-cinq tués,:,
En dehors du camp, on a reJevé ùgale..
ment un grand nombre de cadavrcs.
L'ennomi a abandon-né un drapeau et
une grande quantité de fusils.
Nous avons eu dix-neuf tués, dont art
officier, et une centaine de blessés, dont
quarante ont pu rejoindre immédiatement
leurs compagnies.
Conférence au ministère. de l'intérieur
Le président du conseil a eu hier ma-
tin avec le général Lyautey deux longues
conversations auxquelles ont assisté M.,,,
Pichon et le général 'Pjcquart. la première
avant, la (Seconde auprès le conseil de cabi-
net.
Une nouvelle conférence a eu lieu dans
la soirée.
L'offensive du général Vigy
Le général Vigy, dès qu'il a eu connaig-
sance du combat soutenu -par la colonne.
Pierron, a rejoint cette colonne. Il a au: • i-
'tôt donné des ordres en vue d'une marrie
en avant des quatre colonnes qui gardaient
la frontière de Figuig à Coloanb-Béchar.
Le mouvement a commencé ce matin 17
avril, à trois heures. Les quatre colonnes
convergent sur Aïn-Ghair, de masnière à en*
velopper complètement la harka.
Les morts du Maroc
Baurges, 17 avril.
Aujourd'hui, à deu.x heures, au milieu
d'une garnde affluence, ont eu lieu les ob-
sèques du cavalier Camille Bergeron, du
5e chasseurs d'Afrique, tué au combat de
Souk-EI-Krin, le 29 février dernier.
Le cercueil était placé sur une proion.^o
d'artillerie, décorée de drapeaux et ¡ !f
feuillage. Les trompettes des régiments
d'artillerie et de dragons, en garnison à
Bourges, ont sonné des fanfares hmèbres.
Des détachements de toutes les armon ,Je
la garnison et les autorités suivaient le-
cortège.
Au cimetière, des discours ont été pro-
noncés.
Lettre d'un député
M. Clemenceau, président du conseil ai
reçu aujourd'hui le télégramme suivant»
qui est communiqué à la presse :
Perpignan, 17 avril, 11 heures 51 matin.
Clemenceau, président conseil, Paris.
Votre mise au point en réponse affr!',J}.a.I,icYls
Jaurès me visant est rigoureusement exncle. Ai
d'ailleurs déclaré à Jaurès quÓ vous déirenli
catégoriquement fait allégué dans lettre Marocr
c on trouvé par rapports officiels ; w'gra.phi.,
Jaurès le priant rectifier en ce sens. Salutations'
respectueuses.
Emmanuel BnorssE,
Député des Pyrénées-Orientales*
(Voir la suite en Dernière Heure)
Les fraudes dans
l'alimentation de l'armée •
Le pain malsain
L'enquête sur le pain avarié distribué àW
quelques soldats de la 4° compagnie du
1er bataillon du 55° de ligne en garnison à
Aix, est activement poussée par l'autorité
militaire.
On dit que la responsabilité du capitainei
commandant cette compagnie, qui passa*
pour être juste envers ses hommes, dont
il s'occupe avec beaucoup de s4?llicibu<1
sous tous les rapports, ne serait nulles
ment engagée.
Les viandes malsaines ;.:
Le parquet de Toulon vient d'être infoi* -,1
mé qu'une quantité assez importante dar
viande corrompue avait été découverte,
chez un boucher-charcutier, fournisseur det
l'armée et de plusieurs établissements pu*'
blics.
Cette viande avait été sortie clandesti-
nement de l'abattoir communal, alors
qu'elle devait être livrée à l'équarisseuit
pour être enfouie.-
Ce sont les recherches effectuées par
l'inspection des viaaides qui ont fait se*
trouver les viandes chez le boucher. 'j
Une instruction est ouverte par le par-
quet. i
Des visites minutieuses on été effec-
tuées hier soir dans de nombreux abat»
toirs : elles n'ont été suivies d'aucun prts
lèvement.
Le parquet a reçu plusieurs dénoncia-
tions anonymes signalant la présence d'a-
battoirs clandestins dans les environs d..
Toulon.
On a découvert hier 6oir, dans le parc lm
crarbon de l'arsenal, utt revolver perdu
par un des individus, qui, dans la nuit de
dimanche à lundi, tirèrent plusieurs coupai
de feu contre le gendarme Pedron.
Nancy, 17 avril.
On sait qu'à la suite d'une plainte d.
posée par M. Chéron, le parquet de Nan-
cy avait ouvert une mstruction contre M.
Wertheimer, boucher, fournisseur du rie
régiment d'infanterie, où le cormnissair»
de police du canton sud saisit de la vian-
de ETQYenant de deux vaChsSt sue.
N° 131918. - 29 Germinal An 116 CINQ CENTIMES LE NUMERO Dimanche 19 AVMI 1908. - N 1
LE XIT SIECLE
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feUI BUREAUX DU JOURNAL
f A, r«« du Mail, Paris.
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ADMINISTRATION: 14* RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONÉ 102 sa
Adresser lettres et mandats à ? Administrateur
TRIBUNE LIBRE
L'Eninmnt Cluial. BImntair
Dans le rapport sur le
budget des (Jolonies de
1908, présente à la Cham-
bre des députés par mon
ami A. Gervais, on trouve,
pour la première fois
'7"' '.1:" - - 1"
ero> ons-nous dans un document oiii-
ciei de ce genre, un chapitre tout en-
tier consacré à l'étude d'un problème
qui ne laisse pas d'avoir un grand in-
térêt, je veux parler de l'Education
coloniale de la Nation.
Cette question est, en effet, à d'ordre
du jour, les plus hautes notabilités
coloniales ont fait entendre leur avis
précieux et motivé ; les journaux spé-
ciaux ont publié de nombreux .articles;
une tentative d'enseignement colonial
élémentaire a même été réalisée, sans
exemple et sans précédent, à Joinville-
le-Pont, au ParAngou, par M. le doc-
teur H. Rousseau qui mérite les en-
couragements des pouvoirs publics mais
qui, comme tous les initiateurs reste
abandonné à ses propres forces d'éner-
gie et d'activité.
Ainsi, jusqu'à ce jotfr, on a beau-
coup parlé, beaucoup écrit, et on n'a
guère agi, pour ne pas dire pas du
tout. Cependant, tous les congrès co-
loniaux qui sont comme les Etats gé-
néraux annuels où se débattent les
grandes qustions de tout ordre concer-
nant notre immense empire d'outre-
mer, ont discuté, à maintes reprises,
les moyens pratiques de vulgariser,
parmi le grand public et aussi dès
l'école primaire, les connaissances élé-
mentaires des choses coloniales indis-
pensables à l'heure présente.
Quant à l'initiative privée, rendons
lui cette justice que là, comme en d'au-
tres matières, elle a devancé l'inter-
vention de l'Etat toujours si lente à
mettre en mouvement ; elle a surtout
contribué à la diffusion de ces idées
par l'organisation de nombreuses so-
ciétés auxquelles il sieu de rendre
hommage, tant par la valeur de leurs
services réels que par leur énergique
propagande.
- En-fin, certaines villes, Marseille,
Bordeaux, Lyon, possèdent des Insti-
tuts coloniaux absolument parfaits ;
celui de Marseille, entre autres, dirigé
par le docteur Heckel, dont la compé-
tence reconnue s'est affirmée dans des
ouvrages considérables et qui est un
des créateurs de cet enseignement colo-
nial supérieur de tout premier ordre
en France, est représenté à Paris par
l'Ecole Coloniale, établissement qui n'a
pas de similaire en Europe.
Il est évident qu'à ce point de vue,
tout marche bien et on ne peut contes-
ter les efforts suivis de succès si bril-
lants qui ont pour but de fournir à
une petite minorité de nos compatri-
otes, les renseignements les plus com-
plets sur notre domaine colonial dont
l'étendue des territoires qui le com-
posent est de neuf millions de kilo-
mètres carrés, c'est-à-dire une super-
ficie dix huit fois plus grande que celle
de la métropole et sur laquelle trente
millions d'indigènes reconnaissent la
éiomination française.
Pour être exact, ajoutons que les
Expositions coloniales de Lyon, Bor-
deaux, Rouen, Rochefort-Buir-Merv,
Paris, Hanoï, Marseille et Nogent-sur-
Marne, se sont succédé depuis 15 ans
et qu'elles ont démontré par leur im-
portance chaque fois grandissante,
l'intérêt puissant de ces manifestations.
Quelles que soient les opinions à leur
égard, il est hors de doute que les ré-
sultats obtenus en sont très sérieux ;
d'abord ces expositions constituent un
excellent moyen de propagande et de
vulgarisation, ensuite la confrontation
des produits qui y figurent provoque
des effets utiles, des enseignements
féconds en même temps que des ini-
tiatives peuvent s'y éveiller pour le
plus grand bien du commerce, de l'in-
dustrie et des finances du pays. Cha-
cune de nos colonies y apporte le tri-
but de ses travaux, arrive avec ses
échantillons, ce qui permet de juger
l'état de ces progrès par ces révéla-
tions significatives de son activité et
de son développement sous toutes ses
-formes. Il n'est pas jusqu'aux esprits,
superficiels qui ne trouvent leur comp-
te dans les exhibitions de naturels et
la reconstitution pittoresque de leur
existence exotique.
Eh bien, il faut l'avouer, malgré
tout cela, malgré la diffusion incom-
parable de la presse contemporaine,
malgré la participation des isociétés
Coloniales, la propagande, intensive
Sur quelques points du pays, dispersée
et perdue sur toute son étendue, reste
îneUteace, et l'ignorance de nos pos-
sessions lointaines, de leurs ressour-
ces, de leurs habitants, est malheureu-
sement un fait trop certain chez la plu,
part de nos concitoyens.
C'est une vérité évidente que l'édu-
cation coloniale élémentaire est com-
plètement négligée et que les résultats
d'un pareil état de choses sont des
plus regrettables. On me permettra de
citer pour la centième fois, un exem-
ple typique, d'après une enquête faite
à leur arrivée au régiment, auprès de
20 recrues, prises au hasard et pro-
venant : 7 de Coulommiers, 1 de Fon-
tainebleau, 1 d'Auxfrre, 2 de Blois,
4 de Cholet, 2 de Nantes, 1 de Chatel-
lerault et 2 de la Seine.
Au cours de l'interrogatoire, on a
obtenu les réponses suivantes à cette
question :
- Qu'est-ce qu'une colonie ?
- Endroit où l'on met les mauvais
sujets et les enfants abandonnés.
— Terre à garder les côtes.
—Puissances où l'air est très mau-
vais.
(Dix de ces recrues ignoraient com-
plètement qu'il y ait des colonies, ce
qu'elles sont et à quoi elles servent,
8 n'ont aucune idée de l'Algérie !
Hâtons-nous d'ajouter qu'un inter-
rogatoire semblable ayant été adressé
à des recrues allemandes, les réponses
ont été aussi stupéfiantes, si ce n'est
davantage. Mais cette égalité dans)
l'ignorance rend:, sans excuse en Fran-
ce, la négligence inexplicable dans la-
quelle on laisse les masses populaires
au point de vue d'un empire colonial
aussi vaste que le nôtre, puisque sa
mise en valeur, depuis que l'ère des
conquêtes paraît close, devient main-
tenant une question économique im-
portante entre toutes.
En Angleterre, en Hollande, cette
vulgarisation des choses coloniales a
été obtenue et réalisée sans peine, par-
ce que ces questions sont bien présen-
tées et parce qu'elles exercent sur les
esprits depuis des siècles, un attrait
irrésistible et sans cesse renaissant.
Encore que les programmes d'instruc-
tion primaire ne comportent pas un
enseignement colonial officiel propre-
ment dit, on peut remarquer toutefois
que les enfants reçoivent une sorte
d'éducation naturelle et qu'ils respi-
rent, pour ainsi dire, dans ces deux
contrées, et plus particulièrement en
Hollande, un air d'exotisme. Dans ce
dernier pays, ils acquièrent ces con-
naissances préliminaires dans la fa-
mille et par - la - famille, --- car -- dans cer-
tains milieux, dans certaines régions,
il n'y a pas un de leurs membres qui
ne voyage pour affaires, dans les colo-
nies d'Asie ou d'Afrique.
Ainsi que le fait justement remar-
quer M. Alexandre Mercier, dans son
rapport qu'il a publié sous les auspices
du ministère des colonies qui l'avait
chargé d'aller en Hollande, en Alle-
magne, en Angleterre, étudier l'orga-
nisation de l'enseignement colonial
élémentaire, les Hollandais sont con-
vaincus que cet enseignement est une
mission d'une extrême importance et
que les colonies néerlandaises doivent
y avoir un rôle de premier plan. Pro-
fondément pénétrés de cette théorie
qui consiste à attirer l'attention de'
leurs enfants dès le plus jeune âge.
sur ce vaste domaine à exploiter, c'est
à l'instituteur que s'adresse le devoir
de développer, par tous les moyens,
l'étude de l'Enseignement colonial.
Nous examinerons prochainement,
au cours d'un nouvel article, les con-
ditions dans lesquelles s'exerce cette
éducation si fructueuse dans ce petit
pays et comment on pourrait réaliser
ici, une réforme qui ne doit pas être
éludée pl¡s longtemps.
J. HENAFFE,
Vice-Président du Conseil Municipal.
LA POLITIQUE
LE STATUT DES FONCTIONNAIRES
Le congrès des instituteurs,,
qui se tient à Lyon, provoqua
dans toute la presse progres-
siste et réactionnaire un bel
accès d'indignation.
C'est « un défi ii, clame la
Liberté; c'est « un Etat dans VEtat W,
gémit le Temps, solennel et sentencieux.
C'est tout simplement — si l'on veut
bien ne pas dramatiser les choses à des-
sein — la conséquence fatale de la po-
litique d'indécision et de perpétuel ater-
moiement que nous ne cessons cle dé-
plorer.
L'année 'dèmite, il ne l'aut pas Toti-
blier, la Chambre a refusé, par un vote
fonnel de s'associer à une politique de
répression et de réaction contre les pe-
tits fonctionnaires et notamment contre
les instituteurs.
Comme le gouvernement avait pris
l'engagement solennel de déposer « au
premier jour » un projet de statut légal
des associations de fonctionnaires3 la
majorité républicaine avait décidé ainsi
de maintenir le statu quo relatif aux
syndicats de fonctionnaires, jusqu'au
moment de la discussion du projet de
"toi. Contrairement à l'attente générale,
Je gouvernement n'a rien fait pour hâter
une solution indispensable, de nature à
satisfaire à la fois les légitimes revendi-
cations de modestes et précieux colla..
orateurs — las de favoritisme et d'ar-
bitraire — et à rassurer tous les répu-
blicains qui tiennent, à la bonne admi-
nistration du pays et au fonctionnement
méthodique et discipliné de ses services
publics.
Puisque le statu quo (était acquis aux
syndicats de fonctionnaires, ceux-ci n'a-
vaient aucune raison de n'en pas profiter,
et, si le congrès de Lyon est « une
faute », la responsabilité en appartient
tout entière au gouvernement.
'Entre le syndicalisme des fonction-
naires que nous n'admettons pas, et la
continuation d'un régime insupportable,
il y a place pour une organisation légale
des associations, à laquelle il convenait
de procéder sans retard.
La bonne politique consiste beaucoup
plus à prévenir qu'à réprimer, et ce sont
les abus et les excès qu'on tolère qui re-
jettent vers les pairtis révolutionnaires la
plupart des mécontents. Ce n'est pas
par un bon mot sur « les bureaucrates
en riévolte » que l'on peut guérir un mal
que nul ne cherche à contester.
Le remède était inscrit dans le pr?P
gramme du gouvernement avec une fail-
le d'autres solutions heureuses. Pourquoi
faut-il que ce soient ceux qui ont le plus
d'idées qui, trop souvent, ne sachent pas
les traduire par des actes ?
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui samedi :
Lever du soleil à 5 h. - ; coucher à
6 h. 54.
Courses à Saint-Ouen.
L'appétit d'Edouard VII
Edouard VU passe pour être un des
fins gourmets de son royaume ; il a une
prédilection particulière pour les mets
délicats, et son remarquable appétit lui
permet de tenir tête aux menus les
plus copieux. Les grands restaurateurs
du boulevard en savent quelque chose.
Depuis son avènement, Edouard VII
a réglé d'une façon assez originale les
heures clc ses repas. A 9 heures du ma-
tin, on lui sert sur un guéridon, dans
son cabinet de travail, des œufs, de la
viande froide, des « toasts » de pain
grillé arrosés de trois tasses de thé,
le breuvage national. A 2 heures, déjeu-
ner dlnatoire : trois ou quatre plats. A
5 heures (five o'clock) : quelques tasses
de thé avec des petits gâteaux. A 7
heures, souper léger : viandes froides.
Enfin, vers minuit, un souper « sé-
rieux » toute une théorie de mets raf-
finés et. très parisiens. Le roi n'est pas
insensible aux entremets et aux frian-
dises — loin de là ! Le rôle du chef
pâtissier n'est pas toujours commode,
car chaque jour il doit puiser dans
les ressources de son imagination une
recette ingénieuse et surtout inédite. La
boisson du souverain ? du champagne.
Le « pale aie » lui fait horreur, le vin
ne lui sourit guère et c'est notre grand
vin national qui triomphe sur la table
du roi.
Ajoutons, pour compléter ce point
d'histoire, qu'Edouard VII verse du co-
gnac dans son café et qu'il fume les
: mêmes « havanes » que son neveu
Guillaume II.
Raehel et Victor Hugo
On a beaucoup admiré hier, à l'ex-
position théâtiale, le portrait de Raehel,
la grande Rachel.
Sait-on que ses débuts dans la car-
rière dramatique furent des plus mo-
destes ?
Petite fille, elle chantait dans les rues.
Un jour, elle faisait la quête après le
dernier couplet, quand un passant s'ar-
rêta et lui glissa dans la main une pièce
d'or.
Ce passant c'était Victor Hugo. Il re-
procha amicalement à la chanteuse le
mauvais choix de son répertoire.
— Oh ! répondit-elle si l'on voulait me
faire des chansons !
Hugo prit quelques feuillets dans la
poche de son habit et crayonna .à la
hâte quelques vers.-
— Tenez ! fit-il, voilà quelques stro-
phes d'un de mes amis. Chantez-les
sur un vieil air £ j'aime les chansons
des rues. » -
Et depuis.1
Les « Chlmney-sweepers n
Le 1er Mai à Londres, dans ertain'
[ quartiers, l'on fait une joyeuse caval-
cade, celle des « Chimney-swjeepers ?
(ramoneurs }*
Des gamins, barbouillés de suie por-i
tent un monceau de branches de fleurs,
et de rubans entrelacés ; ce bloc s'ap-
pelle : « Jacques dans la verdure ».
L'escorte est une foule d'enfants dé-
guisés, quêtant des pence sur leur pas-
sage, qui servent ensuite à un grand
banquet,
AUTREFOIS
Rappel du 19 avril lo72. - Le dernier
lion du Jardin des Plantes vient de mou-
rir. Mais on en attend quatre dont M.
Milne-L:Ju.wards a fait l'acquisition à Edim-
bourg.
La Gazette de Cologne affirme flue le
président ue la République va conduire
personnellement les negociations, au sujet
du paiement anticipé de trois milliards, et
de l'évacuation anticipée aussi du terri-
toire français par les troupes allemandes.
A Metz, en ce moment, il y a plus de
trois cents maisons à vendre. Leurs pro-
priétaires ont quitté le pays.
Nombreuses manifestations Tépulicai-C
nes des conseils généraux, qui réclament
les uns l'amntstie, les autres la dissolu-
tion de l'assemblée de Versailles.
A Marseille
Un Parisien en visite à Marseille y
souffrait d'une température glaciale.
- Je vous assure, dit-il à son hôte, la
température est la même ici qu'à Paris;
l'eau de vos ruisseaux, de vos fontaines,
est gelée tout comme dans le Nord.
— C'est vrai, répondit le Marseillais,
froissé dans ce que son amour-propre
local avait de plus cher, c'ést vrai,
mais, voyez-vous, çà vient de ce qu'à
Marseille l'eau est si peu habituée au
froid qu'un rien la gèle.
lin passant.
Tandis que le plant américain a mer-
veilleusement réussi dans les vignobles
français, il faut convenir que le plant fran-
çais a donné des résultats bien médiocres
dans les j leu rs d'oranger américaines. Il
parait que nous ne nous marierons plus
aux Etats-Unis, car les jeunes misses mil-
liardaires sont lasses de redorer les bla-
sons de notre brillante jeunesse. Les mar-
chands de porcs du Connecticut veulent
bien nous expédier encore leur « corn-bif »
à prix-réduit y mais ils se refusent absotvr
ment à nous céder leurs héritières, même
au prix d'une couronne de prince aussi fer-
mée qu'authentique.
Pour parler le plus pur langage hérqldi-
que. ils ont les pieds nickelés scr champ
d'or ; aussi. rien ne va plus au jeu da
l'amour et des dollars.
Le faubourg Saint-Germain n'a plus dé-
sormais qu'une ressource, c'est d'entre.
prendre la pénétration pacifique de la rue
de la Victoire. Ce sera la solution aimable
et élégante de la crise antisémite. Les frè-
res ennemis se réconcilieront enfin : Jo-
seph Reinach publiera le panégyrique de
Drumont en trois volumes ; les rabbins se
feront tonsurer et les évêques circoncire.
Rothschild commanditera la Libre Parole
et Paul Déroulède inaugurera une statue
de Gustave Hervé, au son de la Savoyarde
du Sacré-Cœur et de la trompette d4 Jéri-
cho.
LeS voyages de noces élégants ne se fe-
ront plus en Italie, mais sur les bords du
Jourdain.
Bref, ce sera l'ère de la réconciliation et
de la jubilation nationale, et les nobles
descendants de nos preux auront du moins
la consolation de songer qu'à défaut de
« croisés », il faut savoir profiter de
« croisements « rémunérateurs.
Le Chemineau.
———————i 1.1 « ii
La foi qui s'éteint
N'est-elle pas désespérante pour ceux
f qui rêvent d'un renouveau de foi. religieu-
l se par les luttes politiques que s'apprête à
livrer le clergé, ce lamentable départ d'un
1 curé auvergnat récemment expulsé de son
presbytère ?
Le desservant d'Olmet, en pleine Auver-
gne, n'avait pas voulu accepter le prix de
location du presbytère fixé par le conseil
municipal. Sommé par le maire d'avoir à
évacuer le bâtiment communal, il s'y était
refusé, prétextant que la commune lui était
redevable d'une somme de 450 francs pour
réparations par aui faites aux locaux.
Or, l'inutilité de ces réparations avait
été constatée, et par une délibération an-
cienne remontant à 1881, le conseil muni-
cipal avait refusé d'en, accepter les frais.
Un procès avait été intenté au maire par
'le desservant.
Le tribunal civil de Thiers ayant accor-
dé à celui-ci le droit de rétention, le maire
avait alors fait appel devant la cour - de
Râom qui, elle, s'était déclarée incompé-
tente, mais avait annulé la décision du
tribunal de Thiers.
En présence de ce dernier jugement, le
maire en appela au gouvernement qui, par
l'intermédiaire du préfet, ordonna l'expul-
sion du curé.
Il fut procédé à cette formalité par un
conseiller municipal, délégué par le maire,
malade, auquel avaient été adjoints un
commissaire spécial et dix gendarmes.
Le curé avait espéré que ses paroissiens
feraient une petite émeute et viendraient
s'opposer à l'exécution des ordres reçus
par la municipalité, mais personne ne
bougea et ce fut dans le plus grand cal-
me, sans tambours ni trompettes, qu'il
dut quitter son presbytère, non sans avoir,
tDutefois, tenté de résister à l'injonction
qui lui était faite.
Il partit, au milieu de l'indifférence la
plus absolue de la population, revêtu de
ses ornements sacerdotaux, comme un re-
venant d'une cavalcade de Mi-Carême, et
abandonnant son mobilier1 qu'il fallut dé-
ménager.
Dans un paya où la foi était encore vi-
vace il y a quelques années seulement, ce
simpJe fait-divers a une importance. Il
montre que les croyances {s'affaiblissent
rapidement et que la religion s'éteint mê-
me au fond des villages les$>lua recu-
lés. - P. a, - ,,,"
LA GUERRE AU MAROC
SAUT COMBAT A IflLZAZA
Nombreuses pertes. - Les nouvelles qui nous parviennent.'
- Le récit du lieutenant-colonel Pierron.
Nos lecteurs liront plus loin les dé-
tails qui complètent les dépêches que
nous avons reçues avant-hier sur les
récents événements du Maroc. Quand
nous disons que les dépêches que nous
publions complètent nos premiers télé-
grammes, c'est une façon de parler, car
il saute aux yeux que les nouvelles qui
nous parviennent du Maroc sont depuis
longtemps passées au crible de la cen-
sure gouvernementale.
Le moment semblerait pourtant venu
de dire toute la vérité au pays, au lieu
de persister à lui laisser croire que
la pacification se poursuit par une cons-
tante affluence de soumissions.
La situation, en effet, parait être des
plus graves ; la guerre sainte est prê-
chée partout, et le combat qui vient
d'avoir lieu entre nos troupes et la mys-
térieuse harka qui s'est avancée sur no-
tre frontière algérienne indique que
nous allons avoir à faire front contre
l'ennemi sur des points trop nombreux
pour que nous n'ayons pas à redouter
des mécomptes d'une portée incalcula-
ble.
On l'a dit : nous sommes engagés
!dans le guêpier. C'est en réalité la con-
quête que l'on poursuit sous le prétexte
de la pacification. Pourquoi ne pas l'a-
vouer ? L'opinion publique saurait au
moins où nous allons.
Colomb Béchar, 16 avril.
La harka, selon les promesses du mara-
bout Moulay Lhass'en, devait se mettre en
marche le (lendemain de la fête du Mou-
loud.
Elle quittait, en effet, hierl son canton-
nement. Son objectif était de gagner Beni
Ounif par le Tomtett. Mais elle n'a pu exé-
cuter ce projet, le Tamlelt étant gardé par
les colonnes d'Ounif. d'Ain Sefra et de
Bcrguoot. Elle a obliqué alors vers le Sud,
dans le but sans doute de gagnerle Dje-
foel Amkar. Elle s'est heurtée, dans sa
marche, à une compagnie de spahis saha-
riens qui formait l'avant-garde de la co-
lonne Pierron.
Une vive fusillade s'est engagée alors,
au cours de laquelle quatre Sahariens ont
été tués. Nous avons eu, en. outre, treize
blessés et cinq chevaux hors de combat.
Les Sahariens se sont retirés emportant
les morts et les blessés. Un officier serait
parmi les morte, mais le fait n'est pas
confinhé.
Le général Vigy a donné l'ordre aux
quatre colonnes de quitter demain matin
leurs cantonnements respectifs à trois
heures, pour arrêter la marche de la har-
fca et la repousser.
Colomb Béchar, 17 avril.
La colonne Pierron, qui gardait le col
de Talzaza Menabha et les débouchés du
sud de la plaine de Tamlett, a été violem-
ment attaquée hier matin, 16 avril, à la
pointe du jour, par la harka de Mengoub.
Après une combat extrêmement violent
et dans lequel nos troupes ont fait preuve
d'une énergie et d'un esprit d'initiative
absolument remarquables, la harka a été
dispersée et poursuivie pendant plus de
10 kilomètres, avec une vigueur telle que
les Benabers ont abandonné sur le terrain
un grand nombre de morts et blessés. Ce
fait de l'abandon est extrêmement rare.
Nos troupes ont fait, en outre, des pri-
sonniers. Elles ont pris à l'ennemi un dra-
peau et des armes à tir rapide, dont des
fusils de guerre français.
La colonne Pierron se porte à Nougdeul,
point vers lequel convergent les troupes
!du général Vigy qui gardaient l'entrée est
de la plaine de Tamlett.
Ce succès a été acheté au prix de per-
tes sensibles, supportées principalement
par la légion étrangère, et dont le détail
n'est pas encore exactement connu.
Nous avons eu. vingt-huit tués, dont un
officier, et une centaine da blessés, doni
1 dix officiers.
Beni Ounif, 17'avril.
Le camp de la colonne Pierron a été
attaqué pendant la nuit. La colonne s'est
vaillamment défendue, mais en perdant
vingt-ihuit hommes ; elle a eu une centai-
ne de blessés. Il y a eu aussi vingt-cinq
chevaux tués ou disparus pendant la fu-
sillade-
Du côté des Marocains, il y u eu cent.
vingt-cinq tués, dont un caïd milca ou car
pitaine, et cinquante chevaux tués ou hors
de combat.
La liarka s'est repliée en assez bon or-
dr-e sur Mengoub.
Moulay Lhassen ai envoyé des courriers
à Aïn Chair, à Boudenib, au Tafilalet et
même à Figuig, annoncer qu'il avait rem-
porté une grande victoire.
Le Figuig, où la nouvelle est aWivée ce
matin, reste calme jusqu'à présent.
Tanger, 17 avril-
Le lieutenant-colonel Pierron télégraphie
de Menabha, à la date du 16 avril 11 heu-
res du matin, que son camp, installé à
M\naibiha à MI kilomètres du poste ne
Talzaza, a été attaqué le 16 un peu avant
le lever du jour, à quatre heures et demie
du matin, par la harka qui s'était concen-
trée à Mengoub.
Cette harka, qui était forte de plus de
2 000 fantassins et de 300 cavaliers, était
partie de Mengoub le 15 au sou- et avait
marché toute la nuit,
Le petit poste placé sur une hauteur
au nord de Menabha, pour surveiller le
Tamlett, et qui était composé de quatorze
Sahariens ayant rétrogradé en présence
des forces supérieures de l'ennemi, celui-ci
put occuper la hauteur.
Un peloton de la légion, sous les ordres
du capitaine Maury, livra alors un assaut
au cours duquel il fit preuve d'une bra-
voure admirable. -
La harfca abandonna là position dont elle
ls,'éfêit séparée, puis pressée éner^qw-
ment par les autres troupes du colonel
Fierron, elle battit en retraite.
A six heures du matin, le camp était
dégiagé et le combat reporté assez loin.
La retraite de l'ennemi ne tardait pas Ii
se transformer en déroute.
La cavalerie poursuivit jusqu'à plus dd
dix kilomètres du camp la harka dont une»
partie essayait de gagner Mengoub, tan":
dis que l'autre partie fuyait vers rOuelSt.
L'ennemi laissa sur le tersein un si'
grand nombre de cadavres d'hommes et
d'animaux que le colonel Pierran fut obI;"
gé de reporter son campement au point
d'eau le. plus voisin de Mouche tri, à environ
quatre kilomètres à l'ast du champ de ba-
taille.
Les pertes d..e la harka sont considéra-
bles. Rien que dans l'intérieur du camp,
on a compté plus de cent vingt-cinq tués,:,
En dehors du camp, on a reJevé ùgale..
ment un grand nombre de cadavrcs.
L'ennomi a abandon-né un drapeau et
une grande quantité de fusils.
Nous avons eu dix-neuf tués, dont art
officier, et une centaine de blessés, dont
quarante ont pu rejoindre immédiatement
leurs compagnies.
Conférence au ministère. de l'intérieur
Le président du conseil a eu hier ma-
tin avec le général Lyautey deux longues
conversations auxquelles ont assisté M.,,,
Pichon et le général 'Pjcquart. la première
avant, la (Seconde auprès le conseil de cabi-
net.
Une nouvelle conférence a eu lieu dans
la soirée.
L'offensive du général Vigy
Le général Vigy, dès qu'il a eu connaig-
sance du combat soutenu -par la colonne.
Pierron, a rejoint cette colonne. Il a au: • i-
'tôt donné des ordres en vue d'une marrie
en avant des quatre colonnes qui gardaient
la frontière de Figuig à Coloanb-Béchar.
Le mouvement a commencé ce matin 17
avril, à trois heures. Les quatre colonnes
convergent sur Aïn-Ghair, de masnière à en*
velopper complètement la harka.
Les morts du Maroc
Baurges, 17 avril.
Aujourd'hui, à deu.x heures, au milieu
d'une garnde affluence, ont eu lieu les ob-
sèques du cavalier Camille Bergeron, du
5e chasseurs d'Afrique, tué au combat de
Souk-EI-Krin, le 29 février dernier.
Le cercueil était placé sur une proion.^o
d'artillerie, décorée de drapeaux et ¡ !f
feuillage. Les trompettes des régiments
d'artillerie et de dragons, en garnison à
Bourges, ont sonné des fanfares hmèbres.
Des détachements de toutes les armon ,Je
la garnison et les autorités suivaient le-
cortège.
Au cimetière, des discours ont été pro-
noncés.
Lettre d'un député
M. Clemenceau, président du conseil ai
reçu aujourd'hui le télégramme suivant»
qui est communiqué à la presse :
Perpignan, 17 avril, 11 heures 51 matin.
Clemenceau, président conseil, Paris.
Votre mise au point en réponse affr!',J}.a.I,icYls
Jaurès me visant est rigoureusement exncle. Ai
d'ailleurs déclaré à Jaurès quÓ vous déirenli
catégoriquement fait allégué dans lettre Marocr
c on trouvé par rapports officiels ; w'gra.phi.,
Jaurès le priant rectifier en ce sens. Salutations'
respectueuses.
Emmanuel BnorssE,
Député des Pyrénées-Orientales*
(Voir la suite en Dernière Heure)
Les fraudes dans
l'alimentation de l'armée •
Le pain malsain
L'enquête sur le pain avarié distribué àW
quelques soldats de la 4° compagnie du
1er bataillon du 55° de ligne en garnison à
Aix, est activement poussée par l'autorité
militaire.
On dit que la responsabilité du capitainei
commandant cette compagnie, qui passa*
pour être juste envers ses hommes, dont
il s'occupe avec beaucoup de s4?llicibu<1
sous tous les rapports, ne serait nulles
ment engagée.
Les viandes malsaines ;.:
Le parquet de Toulon vient d'être infoi* -,1
mé qu'une quantité assez importante dar
viande corrompue avait été découverte,
chez un boucher-charcutier, fournisseur det
l'armée et de plusieurs établissements pu*'
blics.
Cette viande avait été sortie clandesti-
nement de l'abattoir communal, alors
qu'elle devait être livrée à l'équarisseuit
pour être enfouie.-
Ce sont les recherches effectuées par
l'inspection des viaaides qui ont fait se*
trouver les viandes chez le boucher. 'j
Une instruction est ouverte par le par-
quet. i
Des visites minutieuses on été effec-
tuées hier soir dans de nombreux abat»
toirs : elles n'ont été suivies d'aucun prts
lèvement.
Le parquet a reçu plusieurs dénoncia-
tions anonymes signalant la présence d'a-
battoirs clandestins dans les environs d..
Toulon.
On a découvert hier 6oir, dans le parc lm
crarbon de l'arsenal, utt revolver perdu
par un des individus, qui, dans la nuit de
dimanche à lundi, tirèrent plusieurs coupai
de feu contre le gendarme Pedron.
Nancy, 17 avril.
On sait qu'à la suite d'une plainte d.
posée par M. Chéron, le parquet de Nan-
cy avait ouvert une mstruction contre M.
Wertheimer, boucher, fournisseur du rie
régiment d'infanterie, où le cormnissair»
de police du canton sud saisit de la vian-
de ETQYenant de deux vaChsSt sue.
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