Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 avril 1908 18 avril 1908
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
m-13917. - 28 Germinal An 116
CINQ CENTIMES IJt NUMERO
-- S
Samedi 18 Avril 1908. —N* 13917
LE SffiM MHin ^rn^mm mHH|
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TRIBUNE LIBRE
ENQUÊTÉ
Notre ami, M. Finot, a
cru le moment favorable
pour instituer dans la aevue
une enquête sur les causes
de l'impuissance du Parle-
ment. Il court, en effet, de-
puis quelques mois de mauvais, bruits
sur la santé du régime constitutionnel
que la République s'est donné. Dans
les milieux les plus différents, acadé-
miques, bourgeois, administratifs et mê-
me populaires on parle sans charité des
élus de la nation, de la méthode qu'ils
emploient et des résultats qu'ils ob-
tiennent. Cette atmosphère de malaise
plus encore que de malveillance s'est,
depuis peu, rapidement formée. Sans
doute voilà bien des années que cer-
tains partis et certains hommes par
atavisme, dilettantisme ou égoïsme
ont affirmé leur mépris du Parle-
ment, leur haine de son œuvre. Pour-
tant ils le considéraient comme une réa-
lité, malfaisante peut-être mais vivan-
te, mais puissante, mais agissante.
Aujourd'hui, l'état d'esprit n'est
plus le même. Les jugements portés sur
te Parlement sont moins violents mais
plus sévères. On le traite comme un
commerçant condamné presque fatale-
ment par des raisons d'ordre psycholo-
giques ou économiques à une défaillan-
ce prochaine pour laquelle on le plaint
presque autant qu'on le blâme. Et voici
que les parlementaires les plus émi-
nents viennent, à leur tour, annoncer sa
faillite imminente, sa menaçante ban-
queroute.
Pareille question se serait-elle posée
il y a deux ans ? Vraiment alors que ve-
naient d'être votées les lois qui brisaient
l'organisation congréganiste d'oppres-
sion économique et intellectuelle; que la
démocratie obtenait de revêtir une ar-
mure plus légère, s'adaptant à la fois
aux exigences sociales et aux besoins
de la défense nationale ; alors que la
société civile s'arrachait d'un geste to-
lérant et hardi, à l'enveloppement
étouffant de l'Eglise ; alors enfin que
la société, dans un sentiment de soli-
darité laïque reconnaissait à tous les
vieux travailleurs, un droit sur le re-
venu de cette fortune publique qu'ils
contribuent à créer ; alors vraiment,
parlait-on de l'impuissance parlemen-
taire et réclamait-on à la seule idée
de l'agitation tapageuse et vaine de
l'œuvre législative ?
Oui. L'on n'aimait pas Waldeck-
Rousseau ; on détestait M. Combes ;
mais on ne se moquait pas de leur ef-
fort car on en sentait toute la puissan-
te efficacité. La majorité républicaine
provoquait la même rage impuissan-
te et haineuse. On ne lui ménageait pas
les épithètes et les invectives : on ne
trouvait en elle ni laisser-aller éclecti-
que, ni scepticisme amuseur. On la di-
sait intolérante et sectaire. On l'aw-
cusait de mettre au service de fins bru-
tales des procédés grossiers et mesquins.
Et pourtant la législature dernière lais-
sa derrière elle une œuvre, dont le pays
immédiatement apprécia la généreuse
beauté et la féconde grandeur.
Les élections de 1906 furent de la
part de la démocratie un acte de foi,
- on — de confiance réfléchie, grave
et joyeuse,dans la valeur pratique de la
République parlementaire. Boulangis-
me, nationalisme ne naquirent jamais
que de la disproportion entre les enga-
gements pris et les résultats obtenus.
La législature qui se termina en 1906,
grâce à l'énergie de ses chetfs,*
grâce à la discipline des élus républi-
cains tînt toutes ses promesses ; les en-
nemis du parlementarisme furent con-
fondus, et réduits à un silence qui pa-
raissait pour leurs théories devoir être
le silence définitif du tombeau.
Et voici que doctrinaires et démago-
gues retrouvent soudain la parole, dis-
sertent, discutent, et diagnostiquent
solennellement une maladie dont la
gravité désespérée nous avait échap-
pé.
- Cette sollicitude nous touche. Notre
reconnaissance leur est acquise. Qu'ils
nous permettent cependant de ne pas
recourir aux remèdes qu'ils nous pro-
posent et qui seraient pires que le mal.
Certes nous ne méconnaissons pas que
partout et toujours les dirigeants, mê-
me bien intentionnés, sont amenés in-
sensiblement, à abuser du pouvoir dont
Ils sont les précaires détenteurs. Minis-
tres, sénateurs, députés, ils sont hom-
mes, ils ont des parents, des amis ; la
tentation est grande de leur laisser un
Souvenir durable de leur grandeur éphé-
mère. L'exemple vient d'en haut. Quand
M. Poincaré, dans l'enquête qui nous
occupe, reproche aux parlementaires
4cette disposition aux générosités fami-
lales, croit-il que les ministres actuels
dont il vante l'influence bienfaisante,
aient toujours pratiqué le désintéresse-
ment dont il fait un juste devoir aux
députés ?
Il est certain qu'un système d'assu-
rance mutuelle fondé sur des échanges
réciproques tend à s'établir entre le
gouvernement et une majorité. Dans les
périodes d'accalmie, où ne passe point
le souffle puissant des idées qui se heur-
tent, des préoccupations médiocres
s'installent. Le souci de la conserva-
tion collective ou personnelle rempla-
ce cet héroïque oubli de soi-même
qui entraîne les plus mous ou les plus
médiocres dans l'ardeur contagieuse
des nobles batailles.
Soit ! Nous ne nous dissimulons au-
cune des faiblesses que l'on dénonce
avec tant de fracas. Il ne faudrait pas
que les républicains les laissent systé-
matiquement grossir et dangereusement
exploiter. Elles sont humaines ; c'est
aux hommes, c'est à des hommes de
les discerner et de les corriger. Si dé-
plorables, si déplaisantes qu'elles
soient, elles n'ont pas empêché dans un
passé récent, une action utile, alerte,
glorieuse.
Alors, il est vrai, la lutte était si
âprement implacable ; en face de la
démocratie, la coalition des forces de
conservation et de recul était si formi-
dable, qu'il a bien fallu défendre notre
idéal par tous les moyens dont nous dis-
posions, et tendre, peut-être jusqu'à
l'excès, les ressorts de l'action gouver-
nementale.
Aujourd'hui le terrain est déblayé.
Une majorité plus forte est issue de
l'assentiment enthousiaste du suffrage
universel, prête à ratifier une politique
de progrès et d'action sociale énergi-
que. Si elle tâtonne, si elle hésite,
c'est qu'on la rend hésitante. C'est non
point, comme le dit M. Poincaré, parce
qu'elle impose la tyrannique impulsion
au pouvoir exécutif, mais parce que de
l'exécutif elle ne sent venir ni direc-
tion ferme, ni initiatives simples et
franches. C'est qu'on la laisse errer
d'un socialisme sentimental où la mè-
nent des velléités incertaines, au plus
aveugle, au plus timoré, en même
temps qu'au plus tranchant anti-
socialisme. C'est que faute de l'inté-
resser à la réalisation d'un programme
pratique, jailli d'un idéal élevé, on la
contraint à s'intéresser plus spéciale-
ment à ce qui la touche elle-même : ses
destinées électorales.
Réalisme fâcheux sans doute ; mais
dont les élus ne sont point responsables.
Ils on", suivi le mouvement. On leur
avait promis de l'idéalisme en bataille.
Ils s'apprêtaient à batailler. On les en
dispense. Quelle âme cornélienne se
sentirait assez forte pour leur reprocher
de se résigner à une inaction forcée, et
de consolider en paix les victoires pas-
sées plutôt que de poursuivre sans
chefs la chimère de triomphes à venir,
dans la chanceuse splendeur de nou-
veaux combats.
T. STEEG
Député de Paris.
LA POLITIQUE
1 CAMPAGNE NECESSAIRE
M. Chéron poursuit avec
une inflexible rigueur sa cam-
pagne de salubrité publique.
Du nord au sud et de l'ouest
à l'est, les enquêtes qu'il pro-
voque et les poursuites qu'il
1 Il .,. , '1 - ..1 , - -_u - - .: .L !..
ordonne révèlent 1 etendue et la gravite
d'un mal dont on ne soupçonnait pas
l'intensité.
Et cependant ces trafics abominables
des « viandes à soldats » ne sont pas
les seuls qui déshonorent les marchés du
ministère de la guerre.
Ces fournitures de boucherie ne doi-
vent pas être seules soumises à un con-
trôle inexorable. Que M. Chéron pour-
suive méticuleusement son enquête sur.
toutes les fournitures, sur tous les mar-
chés de son département ministériel, et
s'il ose aller à fond, s'il ne recule pas
devant les complicités et les responsabi-
lités, nous lui garantissons des découver-
tes sensationnelles!
Il est du devoir, de l'intérêt et de l'es-
sence même du régime républicain de dé-
voiler sans crainte et de châtier sans
pitié les actes criminels que les monar-
chies sont obligées de tolérer en silence.
Il y a dans la plupart des administra-
tions de l'Etat une œuvre de probité pu-
blique à accomplir. Nous y insisterons.
Parmi les diverses catégories de mi-
nistres que, très spirituellement, M. le
président du conseil se plaisait à énu-
mérer l'autre jourL il citait * le -- minis-
tère des bons garçons M, mais il a omis
— par distraction sans doute — le
« ministère des honnêtes gens ii.
: C'est un gouvernement dont le pays
sait apprécier les rares mérites, car l'ins-
tinct populaire a compris de tous temps
que ceux-là seuls sont dignes de gouver-
ner une démocratie dont la probité pu-
blique et privée déconcerte les trafics et
repousse les tentations.
Il a suffi à M. le sous-secrétaire d'Etat
à la guerre d'agir non seulement en hom-
me brave, mais en homme probe, pour
que les brocards, qui ne furent pas mé-
nagés (même par ses collègues) à ses
premières initiatives, fissent place à des
sentiments unanimes de respectueuse
sympathie, et qu'il devînt — à juste ti-
tre — le plus populaire des secrétaires
d'Etat.
00 ——————————
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil à 5 h. b ; coucher à
6 h. o2.
A raison du Vendredi Saint, les théâtres
suivants n'ouvriront pas : Vaudeville, Ré-
jane, Sarah-Bernhardt, Gaîté, Gvmnase,
Palais-Royal, Athénée, Ambigu, Châtelet,
Déjazet, Cluny Théâtre des Arts, Théâtre
Molière, Lyrique Trianon. >
Courses à Saint-CIoud.
Découverte numismatique
Des ouvriers de M. Pelhâte, entrepre-
neur de maçonnerie, occupés à la dé-
molition d'un immeuble situé rue de la
Maîtrise, à Bayeux, et appartenant à
Mme Mal-hère, ont mis à découvert un
vase scellé dans le mur, contenant ren-
fermées dans un sac de cuir, 30 piè-
ces d'argent et 12 pièces d'or, datant du
XVIe siècle.
Ces pièces portent les effigies de :
Louis XII, François Ier, Henri II, Fran-
çois II, Henri III et Henri IV. L'une
d'elles est supposée d'origine espagnole
ou navarraise.
Mllitarlana
A la caserne, leçon d'histoire :
— Est-ce que les soldats de Clovis
touchaient leur prêt ?
Le caporal :
— Parfaitement ; mais déjà ils n'a-
vaient que cinq centimes par jour ; c'est
ce qu'on appelait le sou du Franc.
AUTREFOIS
Rappel du 18 avril 1872. — On a vendu
hier, les études' et aquarelles du peintre
Edouard Zamacois : elles ont produit près
de 100.000 francs.
Le sculpteur Etcx srvcille. à l'Arc de
Triomphe de l'Etoile, les praticiens qui ré-
parent les blessures laites au groupe dont
il est Vauteur, par les obus dit mont Va-
lérien,
Au cimetière de Villers-Cotterets, où l'on
vient de transférer les restes d'Alexandre
Dumas. mort à Puys (Seine-Inférieure),
pendant la guerre, M. Alexandre Dumas
(ils a pris la parole et a expliqué qu'il
n'avait pas voulu amener le corps de son
père à Villers-Cotterets, tant que les Prus-
siens occupaient la cornrnunc. « Ils au-
raient insulté une lois de nlus la France,
en faisant semblant d'honorer mon )ère,
en faisant semblant d'honorer mon père ;
grand'père qui les a autrefois victorieuse-
ment combattus. »
Lecture d'atelier
En dépit de la guerre des Etats-Unis
d'Amérique contre l'Espagne. les fabri-
cants de cigares de New-York em-
ploient un grand nombre d'ouvriers es-
pagnols. Ceux-ci sont en général fort so.
bres et diligents. Aussi les patrons amé-
ricains ont-ils pour eux des attentions
particulières. Ils leur ont accordé ré-
cemment par exemple, un « lecteur »
par atelier.
Cet employé modem-style s'asseoit à
une petite table au milieu de ses cama-
rades ; devant lui se trouvent des ciga-
rettes et un verre d'eau. Il commence
par donner lecture à haute voix d'un
journal du matin, puis il déclame les
œuvres d'un auteur espagnol, roman-
cier ou poète. Les grands maufacturiers
de tabac de New-York estiment qu'ils
doivent au « lecteur », le bon ordre qui
règne dans leurs ateliers.
Le triomphe du bronze
L'Etat vient de suspendre pour cette
année, la fabrication de la pièce de cinq
sous.
On doit frapper pour 800.000 francs de
pièces de cinq, dix, deux et un centi-
me.
Le bronze remporte sur le nickelâ
Et la lune ?
Dans un journal du Midi, on peut lire
cette phrase suggestive :
« Il fait un temps superbe. Depuis
cinq jours, le soleB n'a pas quitté l'ho-
rizon !. » #
Mais alors, qu'est devenue la lune ?
Les cadets de Gascogne
Un mousquetaire gascon, passant
dans une revue devant Louis XIV, fit
faire à son cheval un mouvement si
brusque, que le chapeau du cavalier
vola à terre. Un de ses camarades le
lui présenta à la pointe de l'épéa.
— Sp.ïidis, s'écria le Gascon, j'aurais
miei'jc aimé que vous m'eussiez percé
le îtorps que de percer mon chapeau.
Le roi ayant entendu le propos, lui
en demanda la raison.
— Sire, dit-il, j'ai crédit chez un chI-
rurgien ; mais je n'en ai pas chez le
chapelier.
Un mot de Voltaire
Voltaire disait aux jésuites ï
— Tâchez donc de vous aimer un peu
entre vous, car sans cela qui diable
vous aimerait 1
- ——————.——
Eu passant.
Les statisticiens sont vraiment des hom-
mes admirables dont les travaux compor-
tent des trouvailles charmantes et impré-
vues.
Leur science s'exerce .sur une mtùtipli-
cité de phénomènes d'une variété infinie.
et tout, dans la vie, leur est prétexte à
calculs et à chiffres.
Un statisticien allemand, le professeur
Koestner, vient — avec la gravité solen-
rvl4e propre à ses compatriotes — de ter.
miner une importante étude sur le nombre
des maris trompés répartis sur la surface
de L'Europe.
De ses observations et de ses calculs,
il résulte que le mari allemand est trom-
pé sent fois sur cent. le Belge six fois et
quatre cinquièmes, l'Anglais cinq fois, le
Français une fois. Puis, l'Italien et l'Es-
pagnol tiennent le bas de l'échelle des Sga-
narelles. donc l'Allemagne qui, incontesta-
C'est donc l'Allemagne qui, incontesta-
blement, tient le record des dix cors.
Le professeur Koestner ne semble nulle-
ment affligé de cette constatation. M y
trouve même un avantage national, parce
qu'il y voit une des causes au prodigieux
développement de la population allemande.
Il faut, à son avis, avoir une mentalité
if française » pour tourner en ridicule une
opération vieille comme le iSaint-Esprit, et
le fait est que dans un pays où le port des
cornes est aussi généralisé, personne ne
saurait s'offusquer d'un ornement qu'il
voit si bien porté par ses voisins.
Le professeur Koestner ne nous dit pas
— et c'est grand dommage — si les maris
allemands vont jusqu'à tirer vanité de leur
titre de cornard et si, dans leur monoma-
nie syndicale, ils ont formé une corpora-
tion spéciale avec bannière, insignes et
tanlare.
L'empereur Guillaume, qui entend qu'en
Allemagne tout soit « colossal », selon son
expression préférée, doit être ravi de gou-
verner un peuple qui possède un « colos-
sal » andouiller. Il pourra désormais ajou-
ter à tous ses titres, celui d'empereur des
cocus, et il devrait songer à se composer
un nouvel uniforme jaune, spécial pour
Je jour de la saint Joseph, où il les passe-
rait tous en revue.
Le Chemineau..
La Sainte Routine
Nos consuls, notre ministère du commer-
ce et notre industrie se préoccupent-ils de
ce qui se passe, en ce moment, dans la
Pologne russe et dans la Galicie ?
Savent-ils et ont-ils fait connaître à tous
les intéressés, que les Polonais, Galiciens
et Russes ont décidé le boycottage absoi-u
de toutes les marchandises allemandes
pour protester oontra la loi d'expropria-
tion qui atteint les Polonais prussien#1 ?
Savent-ils que cette mesure va ouvrir
des débouchés considérables à ceux qui
seront assez habiles pour arriver bons
premiers ?
L'Allemagne faisait en effet des affaires
très importantes en Galicie et dans la Po-
logne russe.
Or, les patriotes polonais de ces pays,
f-e solidarisent avec leurs frères de Posna-
r.ie. Ils ont rompu toutes relations avec
l'industrie allemande. Il nous reste donc
un champ d'action dont il convient de pro-
fiter immédiatement si nous ne voulons
pas nous laisser évincer par les concur-
rents autrichiens, anglais, voire même ita-
liens.
Nous espérons, pour nos industriels,
qu'ils se sont déjà mis en mouvement.
Nous espérons que la sainte routine —
qui nous enlise dans une quiétude mor-
telle — aura reçu une secousse et per-
mettra à notre commerce de profiter d'une
situation inespérée.
La Galicie et la Pologne russe nous li-
vrent un marché de premier ordre. Le
boydottage des produits 'allemands nous
offre une clientèle que nous ne devons pas
laisser échapper.
Il s'agit ici d'une question vitale. Nous
avons pour nous — non seulement la
sympathie des Polonais — mais notre répu-
tation de bon goût. Si nous ne faisons rien
pour accaparer un débouché que le patrio-
tisme polonais va fermer aux Allemands,
nous serons décidément bien près de la
décadence.
Ljes ialoueltes ne tombent plus toutes
rôties dans les bouches. Il faut aller les
chercher sur place et les disputer même
à d'autres amateurs qui se lèvent avant
Theure pour être les premiers à tirer le
miroir.
— Que voulez-vous, nous dit 1 indus-
triel que nous fassions ? L'industrie fran-
çaise ne peut plus lutter contre les étran-
gers. Nous ne pouvons pilus fournir aux
mêmes prix que nos concurrents- La
main d'œuvre coûte trop cher et Ja C. G. T.
nous renp, de jour en jour, l'existence
plus difficile.
- Mais la C. G. T. n'est, en définitive,
que les Trades Unions anglais ! répli-
quons-nous.
— Avec le bon sens anglais en moins,
et les arrivistes en plus, répondit l'indus
iriel en nous quittant.
Nous ne voulons pas nous appesantir
sur- la question soulevée par l'industriel
Nous nous bornons à poser à notre mi-
nistère du commerce,, le point d'interro-
gation suivant:
Le gouvernement a-tnl avisé nos indus-
triels de la Situation fcxceptionnieJlement
favorable qui vient de nous être créée, en
Gelicie et en Pologne, par suite du boycot
tage des marchandises allemandes ?
Jean Clerval.
DANS L'ENSEIGNEMENT
Lt Dits ta SJniat lliin
- - —
La réunion préparatoire. — Déclarations de M. Nègre.
— La vérification des pouvoirs.
Lyon, 16 avril.
Le congrès de la fédération nationale
des syndicats d'instituteurs, qui doit s'ou-
vrir cet après-midi à la Bourse du tra-
vail, a été précédé d'une réunion prépara-
toire tenue ce matin.
La presse n'a pas été admise à cette
réunion, et ne le sera pas non plus aux
séances du congrès.
La plupart des délégués sont déjà arri-
vés. Citons notamment les délégues de la
fédération des syndicats de la Seine, du
Nord, de l'Aisne, de l'Aube de la Marne,
de la Mayenne, du Maine-et-Loire, du
Morbihan, des Deux-Sèvres, de la Loire-
Inférieure, de l'Ardèche, du Cher, des Bou-
ches-du-Rhô»e, de la Qordogne.
M. Nègre, secrétaire général de la fé-
dération nationale des syndicats d'institu-
teurs, qu'accompagnait M. Marcel Cottet,
secrétaire-adjoint de la fédération, et M.
Dubois, secrétaire des svndicats d'institu-
teurs de la Seine, a assisté à cette réunion
préparatoire.
M. Nègre, questionné avant cette réu-
nion, au sujet de l'organisation du con-
grès, a dit :
« Contrairement à ce qui a été publié, la
majorité de nos syndicats était en faveur
de la tenue d'un congrès mixte d'institu-
teurs et de syndicats ouvriers.
Ce congrès mixte, pour avoir été ajour-
né, n'en aura pas moins lieu à une date
prochaine.
Au congrès qui s'ouvre aujourd'hui, l'or-
dre du jour porte : adaptation de l'ensei-
gnement aux besoins de la classe ouvriè-
re. »
A ce sujet, M. Nègre dit :
» L'école primaire n'est fréquentée que
par les enfants de la classe ouvrière. Les
fils des bourgeois, des gens aisés, s'en
vont au lycée, où ils reçoivent un ensei-
gnement primaire spécial. Nous estimons
que si quelqu'un connaît les besoins de la
classe ouvrière, ce sont les ouvriers eux-
mêmes, et, parmi les ouvriers, quels sont
les éléments qui comptent ? Ce sont les
adhérents aux syndicats. vvllà pourquoi
nous estimons qu'il est nécessaire de de-
mander aux Bourses du travail ce qu'elles
pensent de l'organisation de l'enseigne-
ment, quels sont, en cette matière, les be-
soins ou les aspirations ouvrières. n
Répondant à la question du patriotisme
et de l'antipatriotisme à l'école, M. Nègre a
dit :
« Nous n'entendons donner ni un ensei-
gnement patriote, ni un enseignement an-
tipatriote.
« Nous avons, à ce sujet, l'opinion de
tous les syndiqués, et nous protestons
énergiquemsnt contre cette iaccusation
d'antipatriotisme portée contre nous. Nous
voulons la neutralité absolue de l'ensei-
gnement.
« Nous voulons que celui-ci se borne aux
sciences exactes et à l'observation impar-
tiale des faits et des choses. Nous- esti-
mons que l'enfant n'est pas apte à discer-
ner, à avoir un jugement propre sur Giver-
ses théories de la morale ou de l'histoire.
L'enseignement doit être basé sur la mé-
thode expérimentale, et on doit exposer à
l'enfant, dont le cerveau est comme une
cire molle qui reçoit toutes faites les im-
pressions qu'on lui suggère, les faits so-
ciaux dont il tirera lui-même plus tard les
conséquences. »
« - Par quels moyens entendezvous ar*
river à cette refonte de l'enseignement f *
(C- Nous n'avons ni la prétention nt
l'espérance d'y arriver rapidement, maia £
entre autres moyens pour y parvenir"
nous entendons reformer les œuvres post-
:;,'-<1,,:1 Í'es actuellement existantes. Ces œu-
vres sont soutenues par des personnee
étrangères à l'école, appartenant aux clas-
ses dirigeantes. Nous voudrions en transe
ferer la direction aux Bourses du travail
aux organisations ouvrières. Nous v OU..:
Ions, je vous le répète, donner la direction,
de l'enseignement primaire à ceux à qui
elle est destinée. Actuellement, et c'est ui*
vice fondamental de l'organisation de ren-
seignemem, les programmes scolaires sont;
élaborés par des gens incompétents, qui
ne connaissent rien de la vie ouvrière ; et
pour établir ces programmes, on ne con-i
suite même pas les instituteurs. On a ré.
pété que nous voulions faire de l'école nà-,
tre propriété, que nous voulions nous cons-r
tituer en une caste à part, se dressant enL:
lace de la nation. Je m'élève contre cette.
accusation. Nous voulons, au- contraire
nous pénétrer davantage des besoins d«
la classe ouvrière.
« Notre congrès veut également apport
ter une amélioration au sort des institua
teurs, en ce qui concerne l'interclasser
c'est-à-dire relativement à tous les servi-
ces imposés à l'instituteur en dehors des.
six heures de classe réglementaires.
« Nous voulons, par exemple, que l'ins-
tituteur ne soit pas astreint à la direction-.
des cantines scolaires, et que celles-ci
soient municipalisées et placées sous la
direction d'un personnel spécial. Nou'
voulons que les cantines scolaires soient
- organisées exclusivement dans l'intérêt
des élèves et des maîtres, et nous arrivons
à cette conclusion : Tout service acces-
soire nuit au service normal de l'institua
teur.
« Nous allons enfin, dans notre congrès,
discuter la question des déplacements d'oF
fice, dûs trop souvent à des ingérenceï
politiques. Nous demandons qu'on ne puiSK
se pas déplacer d'office un instituteur, à
moins de faute grave, et sans qu'il y ait
une décision du conseil départementajf
avec toutes les garanties désirables pout-
l'intéressé. »
M. Nègre est convaincu que toutes ce0
questions, portées devant l'opinion publi4
que. seront promptement résolues.
Le congrès s'est réuni à la Bourse du
travail.
Après vérification des mandats, et diffé-
rents points de détail réglés, l'ordre dut
jour a été ainsi fixé :
1° Revision des statuts et élaboration dtf
règlement intérieur.
2° Les programmes scolaires en vue da
leur adaptation aux besoins de la classa,
ouvrière.
3° L'interclasse et le déplacement d'office..
M. Nègre est désigné pour prendre la paw
role au nom de la Fédération, au meeting
de samedi.
Le trésorier de la Fédération donne lec-
ture du compte rendu financier et de l'étati
des sommes versées par chaque syndical
pour assurer le traitement du camarade
Nègre, instituteur révoqué, secrétaire géné.
ral de la Fédération.
Une commission de contrôle est nommée.,
Le secrétaire général donne lecture du
compte rendu moral qui établit la situation! Il
de "chaque syndicat. !
LE LOK-OUT DU BATIMENT; 1
l
La situation, — Chez les patrons et chez les ouvriers. —«
L'accueil fait aux propositions patronales.
Une assez vive agitation règne parmi
les cotflparatibn's du bâtiment affiliées à
la fédération.
Les menuisiers, de même que les terras-
siers ont l'intention de se solidariser avec
les maçons.
Ils tiendront, à cet effet, un grand mee-
ting qui aura lieu à la Bourse du travail.
Le bruit court toujours avec persistance
que la grève générale du bâtiment pourrait
très bien être décidée, si les patrons per-
sistent à vouloir imposer leurs conditions
de travail.
Toutefois, si cette éventualité se produi-
sait, la grève ne serait pas déclarée avant
la clôture du congrès du bâtiment, qui s'ou-
vrira dimanche prochain, à Saint-Etienne.
Chez les patrons
A la chambre syndicale des patrons en-
trepreneurs on déclare que rien, jusqu'ici,
n'a Ghaingé dans la situation générale du
conflit.
C'est ainsi que l'on a annoncé que les
chantiers étaient rouverts. Il n'en est rien.
Le lock-out continue comme précédem-
ment.
Hier après-midi seulement les entrepre-
fieurs ont commencé à embaucher les ou-
tiers et qui ont consenti à signer l'engage-
vriers qui se sont présentés sur les chan-
ment proposé par les patrons.
D'après les renseignements recueiuis, il
ne semble pas que les entrepreneurs par-
viennent à réunir un grand nombre de si-
gnatures favorables aux conditions de tra-
vail stipulées dans les statuts de l' « Union
pour la protection du travail dans l'entre-
prise de la maçonnerie- »
Chez les ouvriers
Un membre de la Fédération ouvrière du
bâtiment a précisé en ces termes quelles
étaient les véritables intentions des ma-
çons : -
— Les patrons peuvent rouvrir les chantiers
truand il leur plaira. Nous ne demandons qu a
reprendre le travail, car nous n'avons, jus-qui.
ci jamais eu l'intention de déclarer la grève.
1 Mais tes «tftrepreneurs e'illusioûnent étran-
gement s'ils se figurent que nous signeront
leur projet de réorganisation du travail. Nou!
sommes d oilleurs persuadés qu'ils ne l'ecueil
leront qu'un nombre insignifiant d'adhésions"
Sur quarante mille ouvriers que compte la
corporation, c'est tout au plus s'il y en a trois
ou quatre mille susceptibles de pactiser, avat
les patrons.
Au surplus, les travailleurs de la pierre et Je..
ravaleurs, réunis hier à la Bourse du travail
ont voté un ordre du jour des plus Significa:
tifs. Ils ont décidé de ne pas se soumettre aux
injonctions patronales et d'attendre le momenli
opportun pour présenter leurs revendications. ;
Des ordres du jour semblables ont étAi
votés par la plupart des sections du syn-;
A l'issue d'une réunion tenue avant-hier,-;
à la Bourse du travail, les tailleurs de
pierre et ravaleurs ont voté un ordre jour par lequel ils « décident de recommen-
cer à travailler dès qu'il plaira aux pa-
trons de rouvrir leurs chantiers et ils rL4
servent toute leur liberté d'action pour &&
surer la réussite de leurs revendications
au jour et à l'heure qu'ils jugeront utile )).
Dans un manifeste qu'elle adresse à self:
adhérents, la chambre syndicale des ou-f,
vriers terrassiers de la Seine déclare :
Aujourd'hui, chez les lock-ouleurs de la ma-1
çonnerie, nous retrouvons plusieurs des nôtres,
ce qui démontre, une fois de plus, que iies ex.,
ploitcvrà travaillent en commun et s'accordent
on nc peut 'nieux comme des larrons en foire*.
Nous kusscrons-nous faire 1
Nous disons non et nous sommes tout di £ - ;
posés non seulement à défendre notre œuse..i
mais à nous solidariser avec nos camarades:
maçons. •
Enfin la Fédération du bâtiment prépara
pour le 23 avril, à l'issue du congrès dei
SàintrËtiemne, un meeting qui aura lieu ài
La Bourse du travail et où les secrétlftilresr
de toutes les organisations ouvrières dxfcf
bâtiment prendront la parole. ,
Une lettre au président de la chambre î
de commerce ;
1 La ligue syndicale pour la défense deSJ
irtérêts du travail, du commerce et denn-
[ diustrie adresse au président de la ChOOl-
CINQ CENTIMES IJt NUMERO
-- S
Samedi 18 Avril 1908. —N* 13917
LE SffiM MHin ^rn^mm mHH|
ANNONCE9
AUX BUREAUX DU JOURNAL
té, rue du Mai), Paris.
et ches MM. LAGRANGE. OERF et 0"
f, place de la Bourse,$
AdfMM Télégraphique: X IX" SIÈCLE - PA RI»
ABONNEItfBim
trois mois six mois n ta
«t ML lît»
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ADMINISTRATION : 14' RUE OU MAIL. — TÉLÉPHONÉ 102 88
Adresser lettres et mandats a r Administrateur
TRIBUNE LIBRE
ENQUÊTÉ
Notre ami, M. Finot, a
cru le moment favorable
pour instituer dans la aevue
une enquête sur les causes
de l'impuissance du Parle-
ment. Il court, en effet, de-
puis quelques mois de mauvais, bruits
sur la santé du régime constitutionnel
que la République s'est donné. Dans
les milieux les plus différents, acadé-
miques, bourgeois, administratifs et mê-
me populaires on parle sans charité des
élus de la nation, de la méthode qu'ils
emploient et des résultats qu'ils ob-
tiennent. Cette atmosphère de malaise
plus encore que de malveillance s'est,
depuis peu, rapidement formée. Sans
doute voilà bien des années que cer-
tains partis et certains hommes par
atavisme, dilettantisme ou égoïsme
ont affirmé leur mépris du Parle-
ment, leur haine de son œuvre. Pour-
tant ils le considéraient comme une réa-
lité, malfaisante peut-être mais vivan-
te, mais puissante, mais agissante.
Aujourd'hui, l'état d'esprit n'est
plus le même. Les jugements portés sur
te Parlement sont moins violents mais
plus sévères. On le traite comme un
commerçant condamné presque fatale-
ment par des raisons d'ordre psycholo-
giques ou économiques à une défaillan-
ce prochaine pour laquelle on le plaint
presque autant qu'on le blâme. Et voici
que les parlementaires les plus émi-
nents viennent, à leur tour, annoncer sa
faillite imminente, sa menaçante ban-
queroute.
Pareille question se serait-elle posée
il y a deux ans ? Vraiment alors que ve-
naient d'être votées les lois qui brisaient
l'organisation congréganiste d'oppres-
sion économique et intellectuelle; que la
démocratie obtenait de revêtir une ar-
mure plus légère, s'adaptant à la fois
aux exigences sociales et aux besoins
de la défense nationale ; alors que la
société civile s'arrachait d'un geste to-
lérant et hardi, à l'enveloppement
étouffant de l'Eglise ; alors enfin que
la société, dans un sentiment de soli-
darité laïque reconnaissait à tous les
vieux travailleurs, un droit sur le re-
venu de cette fortune publique qu'ils
contribuent à créer ; alors vraiment,
parlait-on de l'impuissance parlemen-
taire et réclamait-on à la seule idée
de l'agitation tapageuse et vaine de
l'œuvre législative ?
Oui. L'on n'aimait pas Waldeck-
Rousseau ; on détestait M. Combes ;
mais on ne se moquait pas de leur ef-
fort car on en sentait toute la puissan-
te efficacité. La majorité républicaine
provoquait la même rage impuissan-
te et haineuse. On ne lui ménageait pas
les épithètes et les invectives : on ne
trouvait en elle ni laisser-aller éclecti-
que, ni scepticisme amuseur. On la di-
sait intolérante et sectaire. On l'aw-
cusait de mettre au service de fins bru-
tales des procédés grossiers et mesquins.
Et pourtant la législature dernière lais-
sa derrière elle une œuvre, dont le pays
immédiatement apprécia la généreuse
beauté et la féconde grandeur.
Les élections de 1906 furent de la
part de la démocratie un acte de foi,
- on — de confiance réfléchie, grave
et joyeuse,dans la valeur pratique de la
République parlementaire. Boulangis-
me, nationalisme ne naquirent jamais
que de la disproportion entre les enga-
gements pris et les résultats obtenus.
La législature qui se termina en 1906,
grâce à l'énergie de ses chetfs,*
grâce à la discipline des élus républi-
cains tînt toutes ses promesses ; les en-
nemis du parlementarisme furent con-
fondus, et réduits à un silence qui pa-
raissait pour leurs théories devoir être
le silence définitif du tombeau.
Et voici que doctrinaires et démago-
gues retrouvent soudain la parole, dis-
sertent, discutent, et diagnostiquent
solennellement une maladie dont la
gravité désespérée nous avait échap-
pé.
- Cette sollicitude nous touche. Notre
reconnaissance leur est acquise. Qu'ils
nous permettent cependant de ne pas
recourir aux remèdes qu'ils nous pro-
posent et qui seraient pires que le mal.
Certes nous ne méconnaissons pas que
partout et toujours les dirigeants, mê-
me bien intentionnés, sont amenés in-
sensiblement, à abuser du pouvoir dont
Ils sont les précaires détenteurs. Minis-
tres, sénateurs, députés, ils sont hom-
mes, ils ont des parents, des amis ; la
tentation est grande de leur laisser un
Souvenir durable de leur grandeur éphé-
mère. L'exemple vient d'en haut. Quand
M. Poincaré, dans l'enquête qui nous
occupe, reproche aux parlementaires
4cette disposition aux générosités fami-
lales, croit-il que les ministres actuels
dont il vante l'influence bienfaisante,
aient toujours pratiqué le désintéresse-
ment dont il fait un juste devoir aux
députés ?
Il est certain qu'un système d'assu-
rance mutuelle fondé sur des échanges
réciproques tend à s'établir entre le
gouvernement et une majorité. Dans les
périodes d'accalmie, où ne passe point
le souffle puissant des idées qui se heur-
tent, des préoccupations médiocres
s'installent. Le souci de la conserva-
tion collective ou personnelle rempla-
ce cet héroïque oubli de soi-même
qui entraîne les plus mous ou les plus
médiocres dans l'ardeur contagieuse
des nobles batailles.
Soit ! Nous ne nous dissimulons au-
cune des faiblesses que l'on dénonce
avec tant de fracas. Il ne faudrait pas
que les républicains les laissent systé-
matiquement grossir et dangereusement
exploiter. Elles sont humaines ; c'est
aux hommes, c'est à des hommes de
les discerner et de les corriger. Si dé-
plorables, si déplaisantes qu'elles
soient, elles n'ont pas empêché dans un
passé récent, une action utile, alerte,
glorieuse.
Alors, il est vrai, la lutte était si
âprement implacable ; en face de la
démocratie, la coalition des forces de
conservation et de recul était si formi-
dable, qu'il a bien fallu défendre notre
idéal par tous les moyens dont nous dis-
posions, et tendre, peut-être jusqu'à
l'excès, les ressorts de l'action gouver-
nementale.
Aujourd'hui le terrain est déblayé.
Une majorité plus forte est issue de
l'assentiment enthousiaste du suffrage
universel, prête à ratifier une politique
de progrès et d'action sociale énergi-
que. Si elle tâtonne, si elle hésite,
c'est qu'on la rend hésitante. C'est non
point, comme le dit M. Poincaré, parce
qu'elle impose la tyrannique impulsion
au pouvoir exécutif, mais parce que de
l'exécutif elle ne sent venir ni direc-
tion ferme, ni initiatives simples et
franches. C'est qu'on la laisse errer
d'un socialisme sentimental où la mè-
nent des velléités incertaines, au plus
aveugle, au plus timoré, en même
temps qu'au plus tranchant anti-
socialisme. C'est que faute de l'inté-
resser à la réalisation d'un programme
pratique, jailli d'un idéal élevé, on la
contraint à s'intéresser plus spéciale-
ment à ce qui la touche elle-même : ses
destinées électorales.
Réalisme fâcheux sans doute ; mais
dont les élus ne sont point responsables.
Ils on", suivi le mouvement. On leur
avait promis de l'idéalisme en bataille.
Ils s'apprêtaient à batailler. On les en
dispense. Quelle âme cornélienne se
sentirait assez forte pour leur reprocher
de se résigner à une inaction forcée, et
de consolider en paix les victoires pas-
sées plutôt que de poursuivre sans
chefs la chimère de triomphes à venir,
dans la chanceuse splendeur de nou-
veaux combats.
T. STEEG
Député de Paris.
LA POLITIQUE
1 CAMPAGNE NECESSAIRE
M. Chéron poursuit avec
une inflexible rigueur sa cam-
pagne de salubrité publique.
Du nord au sud et de l'ouest
à l'est, les enquêtes qu'il pro-
voque et les poursuites qu'il
1 Il .,. , '1 - ..1 , - -_u - - .: .L !..
ordonne révèlent 1 etendue et la gravite
d'un mal dont on ne soupçonnait pas
l'intensité.
Et cependant ces trafics abominables
des « viandes à soldats » ne sont pas
les seuls qui déshonorent les marchés du
ministère de la guerre.
Ces fournitures de boucherie ne doi-
vent pas être seules soumises à un con-
trôle inexorable. Que M. Chéron pour-
suive méticuleusement son enquête sur.
toutes les fournitures, sur tous les mar-
chés de son département ministériel, et
s'il ose aller à fond, s'il ne recule pas
devant les complicités et les responsabi-
lités, nous lui garantissons des découver-
tes sensationnelles!
Il est du devoir, de l'intérêt et de l'es-
sence même du régime républicain de dé-
voiler sans crainte et de châtier sans
pitié les actes criminels que les monar-
chies sont obligées de tolérer en silence.
Il y a dans la plupart des administra-
tions de l'Etat une œuvre de probité pu-
blique à accomplir. Nous y insisterons.
Parmi les diverses catégories de mi-
nistres que, très spirituellement, M. le
président du conseil se plaisait à énu-
mérer l'autre jourL il citait * le -- minis-
tère des bons garçons M, mais il a omis
— par distraction sans doute — le
« ministère des honnêtes gens ii.
: C'est un gouvernement dont le pays
sait apprécier les rares mérites, car l'ins-
tinct populaire a compris de tous temps
que ceux-là seuls sont dignes de gouver-
ner une démocratie dont la probité pu-
blique et privée déconcerte les trafics et
repousse les tentations.
Il a suffi à M. le sous-secrétaire d'Etat
à la guerre d'agir non seulement en hom-
me brave, mais en homme probe, pour
que les brocards, qui ne furent pas mé-
nagés (même par ses collègues) à ses
premières initiatives, fissent place à des
sentiments unanimes de respectueuse
sympathie, et qu'il devînt — à juste ti-
tre — le plus populaire des secrétaires
d'Etat.
00 ——————————
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil à 5 h. b ; coucher à
6 h. o2.
A raison du Vendredi Saint, les théâtres
suivants n'ouvriront pas : Vaudeville, Ré-
jane, Sarah-Bernhardt, Gaîté, Gvmnase,
Palais-Royal, Athénée, Ambigu, Châtelet,
Déjazet, Cluny Théâtre des Arts, Théâtre
Molière, Lyrique Trianon. >
Courses à Saint-CIoud.
Découverte numismatique
Des ouvriers de M. Pelhâte, entrepre-
neur de maçonnerie, occupés à la dé-
molition d'un immeuble situé rue de la
Maîtrise, à Bayeux, et appartenant à
Mme Mal-hère, ont mis à découvert un
vase scellé dans le mur, contenant ren-
fermées dans un sac de cuir, 30 piè-
ces d'argent et 12 pièces d'or, datant du
XVIe siècle.
Ces pièces portent les effigies de :
Louis XII, François Ier, Henri II, Fran-
çois II, Henri III et Henri IV. L'une
d'elles est supposée d'origine espagnole
ou navarraise.
Mllitarlana
A la caserne, leçon d'histoire :
— Est-ce que les soldats de Clovis
touchaient leur prêt ?
Le caporal :
— Parfaitement ; mais déjà ils n'a-
vaient que cinq centimes par jour ; c'est
ce qu'on appelait le sou du Franc.
AUTREFOIS
Rappel du 18 avril 1872. — On a vendu
hier, les études' et aquarelles du peintre
Edouard Zamacois : elles ont produit près
de 100.000 francs.
Le sculpteur Etcx srvcille. à l'Arc de
Triomphe de l'Etoile, les praticiens qui ré-
parent les blessures laites au groupe dont
il est Vauteur, par les obus dit mont Va-
lérien,
Au cimetière de Villers-Cotterets, où l'on
vient de transférer les restes d'Alexandre
Dumas. mort à Puys (Seine-Inférieure),
pendant la guerre, M. Alexandre Dumas
(ils a pris la parole et a expliqué qu'il
n'avait pas voulu amener le corps de son
père à Villers-Cotterets, tant que les Prus-
siens occupaient la cornrnunc. « Ils au-
raient insulté une lois de nlus la France,
en faisant semblant d'honorer mon )ère,
en faisant semblant d'honorer mon père ;
grand'père qui les a autrefois victorieuse-
ment combattus. »
Lecture d'atelier
En dépit de la guerre des Etats-Unis
d'Amérique contre l'Espagne. les fabri-
cants de cigares de New-York em-
ploient un grand nombre d'ouvriers es-
pagnols. Ceux-ci sont en général fort so.
bres et diligents. Aussi les patrons amé-
ricains ont-ils pour eux des attentions
particulières. Ils leur ont accordé ré-
cemment par exemple, un « lecteur »
par atelier.
Cet employé modem-style s'asseoit à
une petite table au milieu de ses cama-
rades ; devant lui se trouvent des ciga-
rettes et un verre d'eau. Il commence
par donner lecture à haute voix d'un
journal du matin, puis il déclame les
œuvres d'un auteur espagnol, roman-
cier ou poète. Les grands maufacturiers
de tabac de New-York estiment qu'ils
doivent au « lecteur », le bon ordre qui
règne dans leurs ateliers.
Le triomphe du bronze
L'Etat vient de suspendre pour cette
année, la fabrication de la pièce de cinq
sous.
On doit frapper pour 800.000 francs de
pièces de cinq, dix, deux et un centi-
me.
Le bronze remporte sur le nickelâ
Et la lune ?
Dans un journal du Midi, on peut lire
cette phrase suggestive :
« Il fait un temps superbe. Depuis
cinq jours, le soleB n'a pas quitté l'ho-
rizon !. » #
Mais alors, qu'est devenue la lune ?
Les cadets de Gascogne
Un mousquetaire gascon, passant
dans une revue devant Louis XIV, fit
faire à son cheval un mouvement si
brusque, que le chapeau du cavalier
vola à terre. Un de ses camarades le
lui présenta à la pointe de l'épéa.
— Sp.ïidis, s'écria le Gascon, j'aurais
miei'jc aimé que vous m'eussiez percé
le îtorps que de percer mon chapeau.
Le roi ayant entendu le propos, lui
en demanda la raison.
— Sire, dit-il, j'ai crédit chez un chI-
rurgien ; mais je n'en ai pas chez le
chapelier.
Un mot de Voltaire
Voltaire disait aux jésuites ï
— Tâchez donc de vous aimer un peu
entre vous, car sans cela qui diable
vous aimerait 1
- ——————.——
Eu passant.
Les statisticiens sont vraiment des hom-
mes admirables dont les travaux compor-
tent des trouvailles charmantes et impré-
vues.
Leur science s'exerce .sur une mtùtipli-
cité de phénomènes d'une variété infinie.
et tout, dans la vie, leur est prétexte à
calculs et à chiffres.
Un statisticien allemand, le professeur
Koestner, vient — avec la gravité solen-
rvl4e propre à ses compatriotes — de ter.
miner une importante étude sur le nombre
des maris trompés répartis sur la surface
de L'Europe.
De ses observations et de ses calculs,
il résulte que le mari allemand est trom-
pé sent fois sur cent. le Belge six fois et
quatre cinquièmes, l'Anglais cinq fois, le
Français une fois. Puis, l'Italien et l'Es-
pagnol tiennent le bas de l'échelle des Sga-
narelles. donc l'Allemagne qui, incontesta-
C'est donc l'Allemagne qui, incontesta-
blement, tient le record des dix cors.
Le professeur Koestner ne semble nulle-
ment affligé de cette constatation. M y
trouve même un avantage national, parce
qu'il y voit une des causes au prodigieux
développement de la population allemande.
Il faut, à son avis, avoir une mentalité
if française » pour tourner en ridicule une
opération vieille comme le iSaint-Esprit, et
le fait est que dans un pays où le port des
cornes est aussi généralisé, personne ne
saurait s'offusquer d'un ornement qu'il
voit si bien porté par ses voisins.
Le professeur Koestner ne nous dit pas
— et c'est grand dommage — si les maris
allemands vont jusqu'à tirer vanité de leur
titre de cornard et si, dans leur monoma-
nie syndicale, ils ont formé une corpora-
tion spéciale avec bannière, insignes et
tanlare.
L'empereur Guillaume, qui entend qu'en
Allemagne tout soit « colossal », selon son
expression préférée, doit être ravi de gou-
verner un peuple qui possède un « colos-
sal » andouiller. Il pourra désormais ajou-
ter à tous ses titres, celui d'empereur des
cocus, et il devrait songer à se composer
un nouvel uniforme jaune, spécial pour
Je jour de la saint Joseph, où il les passe-
rait tous en revue.
Le Chemineau..
La Sainte Routine
Nos consuls, notre ministère du commer-
ce et notre industrie se préoccupent-ils de
ce qui se passe, en ce moment, dans la
Pologne russe et dans la Galicie ?
Savent-ils et ont-ils fait connaître à tous
les intéressés, que les Polonais, Galiciens
et Russes ont décidé le boycottage absoi-u
de toutes les marchandises allemandes
pour protester oontra la loi d'expropria-
tion qui atteint les Polonais prussien#1 ?
Savent-ils que cette mesure va ouvrir
des débouchés considérables à ceux qui
seront assez habiles pour arriver bons
premiers ?
L'Allemagne faisait en effet des affaires
très importantes en Galicie et dans la Po-
logne russe.
Or, les patriotes polonais de ces pays,
f-e solidarisent avec leurs frères de Posna-
r.ie. Ils ont rompu toutes relations avec
l'industrie allemande. Il nous reste donc
un champ d'action dont il convient de pro-
fiter immédiatement si nous ne voulons
pas nous laisser évincer par les concur-
rents autrichiens, anglais, voire même ita-
liens.
Nous espérons, pour nos industriels,
qu'ils se sont déjà mis en mouvement.
Nous espérons que la sainte routine —
qui nous enlise dans une quiétude mor-
telle — aura reçu une secousse et per-
mettra à notre commerce de profiter d'une
situation inespérée.
La Galicie et la Pologne russe nous li-
vrent un marché de premier ordre. Le
boydottage des produits 'allemands nous
offre une clientèle que nous ne devons pas
laisser échapper.
Il s'agit ici d'une question vitale. Nous
avons pour nous — non seulement la
sympathie des Polonais — mais notre répu-
tation de bon goût. Si nous ne faisons rien
pour accaparer un débouché que le patrio-
tisme polonais va fermer aux Allemands,
nous serons décidément bien près de la
décadence.
Ljes ialoueltes ne tombent plus toutes
rôties dans les bouches. Il faut aller les
chercher sur place et les disputer même
à d'autres amateurs qui se lèvent avant
Theure pour être les premiers à tirer le
miroir.
— Que voulez-vous, nous dit 1 indus-
triel que nous fassions ? L'industrie fran-
çaise ne peut plus lutter contre les étran-
gers. Nous ne pouvons pilus fournir aux
mêmes prix que nos concurrents- La
main d'œuvre coûte trop cher et Ja C. G. T.
nous renp, de jour en jour, l'existence
plus difficile.
- Mais la C. G. T. n'est, en définitive,
que les Trades Unions anglais ! répli-
quons-nous.
— Avec le bon sens anglais en moins,
et les arrivistes en plus, répondit l'indus
iriel en nous quittant.
Nous ne voulons pas nous appesantir
sur- la question soulevée par l'industriel
Nous nous bornons à poser à notre mi-
nistère du commerce,, le point d'interro-
gation suivant:
Le gouvernement a-tnl avisé nos indus-
triels de la Situation fcxceptionnieJlement
favorable qui vient de nous être créée, en
Gelicie et en Pologne, par suite du boycot
tage des marchandises allemandes ?
Jean Clerval.
DANS L'ENSEIGNEMENT
Lt Dits ta SJniat lliin
- - —
La réunion préparatoire. — Déclarations de M. Nègre.
— La vérification des pouvoirs.
Lyon, 16 avril.
Le congrès de la fédération nationale
des syndicats d'instituteurs, qui doit s'ou-
vrir cet après-midi à la Bourse du tra-
vail, a été précédé d'une réunion prépara-
toire tenue ce matin.
La presse n'a pas été admise à cette
réunion, et ne le sera pas non plus aux
séances du congrès.
La plupart des délégués sont déjà arri-
vés. Citons notamment les délégues de la
fédération des syndicats de la Seine, du
Nord, de l'Aisne, de l'Aube de la Marne,
de la Mayenne, du Maine-et-Loire, du
Morbihan, des Deux-Sèvres, de la Loire-
Inférieure, de l'Ardèche, du Cher, des Bou-
ches-du-Rhô»e, de la Qordogne.
M. Nègre, secrétaire général de la fé-
dération nationale des syndicats d'institu-
teurs, qu'accompagnait M. Marcel Cottet,
secrétaire-adjoint de la fédération, et M.
Dubois, secrétaire des svndicats d'institu-
teurs de la Seine, a assisté à cette réunion
préparatoire.
M. Nègre, questionné avant cette réu-
nion, au sujet de l'organisation du con-
grès, a dit :
« Contrairement à ce qui a été publié, la
majorité de nos syndicats était en faveur
de la tenue d'un congrès mixte d'institu-
teurs et de syndicats ouvriers.
Ce congrès mixte, pour avoir été ajour-
né, n'en aura pas moins lieu à une date
prochaine.
Au congrès qui s'ouvre aujourd'hui, l'or-
dre du jour porte : adaptation de l'ensei-
gnement aux besoins de la classe ouvriè-
re. »
A ce sujet, M. Nègre dit :
» L'école primaire n'est fréquentée que
par les enfants de la classe ouvrière. Les
fils des bourgeois, des gens aisés, s'en
vont au lycée, où ils reçoivent un ensei-
gnement primaire spécial. Nous estimons
que si quelqu'un connaît les besoins de la
classe ouvrière, ce sont les ouvriers eux-
mêmes, et, parmi les ouvriers, quels sont
les éléments qui comptent ? Ce sont les
adhérents aux syndicats. vvllà pourquoi
nous estimons qu'il est nécessaire de de-
mander aux Bourses du travail ce qu'elles
pensent de l'organisation de l'enseigne-
ment, quels sont, en cette matière, les be-
soins ou les aspirations ouvrières. n
Répondant à la question du patriotisme
et de l'antipatriotisme à l'école, M. Nègre a
dit :
« Nous n'entendons donner ni un ensei-
gnement patriote, ni un enseignement an-
tipatriote.
« Nous avons, à ce sujet, l'opinion de
tous les syndiqués, et nous protestons
énergiquemsnt contre cette iaccusation
d'antipatriotisme portée contre nous. Nous
voulons la neutralité absolue de l'ensei-
gnement.
« Nous voulons que celui-ci se borne aux
sciences exactes et à l'observation impar-
tiale des faits et des choses. Nous- esti-
mons que l'enfant n'est pas apte à discer-
ner, à avoir un jugement propre sur Giver-
ses théories de la morale ou de l'histoire.
L'enseignement doit être basé sur la mé-
thode expérimentale, et on doit exposer à
l'enfant, dont le cerveau est comme une
cire molle qui reçoit toutes faites les im-
pressions qu'on lui suggère, les faits so-
ciaux dont il tirera lui-même plus tard les
conséquences. »
« - Par quels moyens entendezvous ar*
river à cette refonte de l'enseignement f *
(C- Nous n'avons ni la prétention nt
l'espérance d'y arriver rapidement, maia £
entre autres moyens pour y parvenir"
nous entendons reformer les œuvres post-
:;,'-<1,,:1 Í'es actuellement existantes. Ces œu-
vres sont soutenues par des personnee
étrangères à l'école, appartenant aux clas-
ses dirigeantes. Nous voudrions en transe
ferer la direction aux Bourses du travail
aux organisations ouvrières. Nous v OU..:
Ions, je vous le répète, donner la direction,
de l'enseignement primaire à ceux à qui
elle est destinée. Actuellement, et c'est ui*
vice fondamental de l'organisation de ren-
seignemem, les programmes scolaires sont;
élaborés par des gens incompétents, qui
ne connaissent rien de la vie ouvrière ; et
pour établir ces programmes, on ne con-i
suite même pas les instituteurs. On a ré.
pété que nous voulions faire de l'école nà-,
tre propriété, que nous voulions nous cons-r
tituer en une caste à part, se dressant enL:
lace de la nation. Je m'élève contre cette.
accusation. Nous voulons, au- contraire
nous pénétrer davantage des besoins d«
la classe ouvrière.
« Notre congrès veut également apport
ter une amélioration au sort des institua
teurs, en ce qui concerne l'interclasser
c'est-à-dire relativement à tous les servi-
ces imposés à l'instituteur en dehors des.
six heures de classe réglementaires.
« Nous voulons, par exemple, que l'ins-
tituteur ne soit pas astreint à la direction-.
des cantines scolaires, et que celles-ci
soient municipalisées et placées sous la
direction d'un personnel spécial. Nou'
voulons que les cantines scolaires soient
- organisées exclusivement dans l'intérêt
des élèves et des maîtres, et nous arrivons
à cette conclusion : Tout service acces-
soire nuit au service normal de l'institua
teur.
« Nous allons enfin, dans notre congrès,
discuter la question des déplacements d'oF
fice, dûs trop souvent à des ingérenceï
politiques. Nous demandons qu'on ne puiSK
se pas déplacer d'office un instituteur, à
moins de faute grave, et sans qu'il y ait
une décision du conseil départementajf
avec toutes les garanties désirables pout-
l'intéressé. »
M. Nègre est convaincu que toutes ce0
questions, portées devant l'opinion publi4
que. seront promptement résolues.
Le congrès s'est réuni à la Bourse du
travail.
Après vérification des mandats, et diffé-
rents points de détail réglés, l'ordre dut
jour a été ainsi fixé :
1° Revision des statuts et élaboration dtf
règlement intérieur.
2° Les programmes scolaires en vue da
leur adaptation aux besoins de la classa,
ouvrière.
3° L'interclasse et le déplacement d'office..
M. Nègre est désigné pour prendre la paw
role au nom de la Fédération, au meeting
de samedi.
Le trésorier de la Fédération donne lec-
ture du compte rendu financier et de l'étati
des sommes versées par chaque syndical
pour assurer le traitement du camarade
Nègre, instituteur révoqué, secrétaire géné.
ral de la Fédération.
Une commission de contrôle est nommée.,
Le secrétaire général donne lecture du
compte rendu moral qui établit la situation! Il
de "chaque syndicat. !
LE LOK-OUT DU BATIMENT; 1
l
La situation, — Chez les patrons et chez les ouvriers. —«
L'accueil fait aux propositions patronales.
Une assez vive agitation règne parmi
les cotflparatibn's du bâtiment affiliées à
la fédération.
Les menuisiers, de même que les terras-
siers ont l'intention de se solidariser avec
les maçons.
Ils tiendront, à cet effet, un grand mee-
ting qui aura lieu à la Bourse du travail.
Le bruit court toujours avec persistance
que la grève générale du bâtiment pourrait
très bien être décidée, si les patrons per-
sistent à vouloir imposer leurs conditions
de travail.
Toutefois, si cette éventualité se produi-
sait, la grève ne serait pas déclarée avant
la clôture du congrès du bâtiment, qui s'ou-
vrira dimanche prochain, à Saint-Etienne.
Chez les patrons
A la chambre syndicale des patrons en-
trepreneurs on déclare que rien, jusqu'ici,
n'a Ghaingé dans la situation générale du
conflit.
C'est ainsi que l'on a annoncé que les
chantiers étaient rouverts. Il n'en est rien.
Le lock-out continue comme précédem-
ment.
Hier après-midi seulement les entrepre-
fieurs ont commencé à embaucher les ou-
tiers et qui ont consenti à signer l'engage-
vriers qui se sont présentés sur les chan-
ment proposé par les patrons.
D'après les renseignements recueiuis, il
ne semble pas que les entrepreneurs par-
viennent à réunir un grand nombre de si-
gnatures favorables aux conditions de tra-
vail stipulées dans les statuts de l' « Union
pour la protection du travail dans l'entre-
prise de la maçonnerie- »
Chez les ouvriers
Un membre de la Fédération ouvrière du
bâtiment a précisé en ces termes quelles
étaient les véritables intentions des ma-
çons : -
— Les patrons peuvent rouvrir les chantiers
truand il leur plaira. Nous ne demandons qu a
reprendre le travail, car nous n'avons, jus-qui.
ci jamais eu l'intention de déclarer la grève.
1 Mais tes «tftrepreneurs e'illusioûnent étran-
gement s'ils se figurent que nous signeront
leur projet de réorganisation du travail. Nou!
sommes d oilleurs persuadés qu'ils ne l'ecueil
leront qu'un nombre insignifiant d'adhésions"
Sur quarante mille ouvriers que compte la
corporation, c'est tout au plus s'il y en a trois
ou quatre mille susceptibles de pactiser, avat
les patrons.
Au surplus, les travailleurs de la pierre et Je..
ravaleurs, réunis hier à la Bourse du travail
ont voté un ordre du jour des plus Significa:
tifs. Ils ont décidé de ne pas se soumettre aux
injonctions patronales et d'attendre le momenli
opportun pour présenter leurs revendications. ;
Des ordres du jour semblables ont étAi
votés par la plupart des sections du syn-;
A l'issue d'une réunion tenue avant-hier,-;
à la Bourse du travail, les tailleurs de
pierre et ravaleurs ont voté un ordre jour par lequel ils « décident de recommen-
cer à travailler dès qu'il plaira aux pa-
trons de rouvrir leurs chantiers et ils rL4
servent toute leur liberté d'action pour &&
surer la réussite de leurs revendications
au jour et à l'heure qu'ils jugeront utile )).
Dans un manifeste qu'elle adresse à self:
adhérents, la chambre syndicale des ou-f,
vriers terrassiers de la Seine déclare :
Aujourd'hui, chez les lock-ouleurs de la ma-1
çonnerie, nous retrouvons plusieurs des nôtres,
ce qui démontre, une fois de plus, que iies ex.,
ploitcvrà travaillent en commun et s'accordent
on nc peut 'nieux comme des larrons en foire*.
Nous kusscrons-nous faire 1
Nous disons non et nous sommes tout di £ - ;
posés non seulement à défendre notre œuse..i
mais à nous solidariser avec nos camarades:
maçons. •
Enfin la Fédération du bâtiment prépara
pour le 23 avril, à l'issue du congrès dei
SàintrËtiemne, un meeting qui aura lieu ài
La Bourse du travail et où les secrétlftilresr
de toutes les organisations ouvrières dxfcf
bâtiment prendront la parole. ,
Une lettre au président de la chambre î
de commerce ;
1 La ligue syndicale pour la défense deSJ
irtérêts du travail, du commerce et denn-
[ diustrie adresse au président de la ChOOl-
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