Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 avril 1908 06 avril 1908
Description : 1908/04/06 (N13905). 1908/04/06 (N13905).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75711570
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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-- W 13905. - 16 Germinal An 116 - q- CINQ cENTIMES LE NUMERO
Lundi 6 Avril 1908J— N 139D5
- -
ANNONCES
1. an BUREAUX DU JOURNAL
16, rue du, Mail, Paftp.
Fit chez MM. LAGRANGE, CERF etO*
ê, p iace de la Eourset 6
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TRIBUNE LIBRE
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la & a H un%
INCOHÉRENCE
7
1 Ne croyez pas qu'il s'agis-!
t se de la politique du gou-
vernement. Non : je veux
parler de la conduite du pa-
pe à l'égard de la loi de
1905, qui, pour avoir été
inspirée par le Saint-Esprit, nen a
pas moins été incohérente, comme l a
magistralement démontré devant le Sé-
nat, dans un éloquent discours, M. le
garde des sceaux, Aristide Briand.
Vous savez de quoi il s'agissait. La
loi de Séparation a décidé qu'en l'ab-
sence d'associations cultuelles pour re-
cueillir les biens de l'Eglise, ces biens
seraient dévolus à des établissements
-charit"l.cs ou do bienfaisâiiCB. Lfî lé-
gislateur n'avait pas prévu l'incohéren-
be papale. Il avait pensé que certaines
associations pourraient ne pas se for-
mer ; mais il n'avait pas supposé un
seul instant que, malgré l'assemblée
des cardinaux et évêques, le Vatican in-
terdirait aux fabriques de se transfor-
mer en cultuelles pour recevoir d'une
tria in ce qu'elles abandonneraient de
l'autre. -
Or, le pape acceptait la loi dans cer-
taines de ses parties. Il l'acceptait en
nommant directement les évêques, ce
que ne lui permettait pas le Concordat.
Il l'acceptait en autorisant les évêques
à se réunir en vertu du régime de liber-
té qu'institue cette loi. Il l'acceptait en-
core en permettant aux prêtres de rem-
plir les formalités nombreuses imposées
pour l'allocation des pensions. ,
Mais il la repoussait lorsqu 11 s'agis-
sait de transformer les fabriques en
cultuelles, malgré le fameux article 4,
qui consacrait la suprématie de l'Eglise
catholique et romaine, bien que ces as-
sociations pussent être composées uni-
quement de prêtres, et il demandait
alors le droit commun.
On le lui donna. Le loi de 1907 est
plus encore que la loi de 1901, puis-
qu'elle consacre légalement, même en
l'absence d'association, l'affectation
'des églises au culte catholique, et
qu'elle * va jusqu'à en reconnaître l'usa-
ge gratuit, indéterminé, au profit des
catholiques et de leurs ministres
Alors cette loi de droit commun, ré-
clamée à grands cris, devint une loi
pestiférée. Du moment où elle leur était
accordée, les catholiques n'en pou-
vaient plus faire usage.
Ils étaient pourtant dans une situa-
tion bizarre. Les réunions dans les
églises ne pouvaient plus avoir lieu
que par application de la loi sur les
réunions publiques. Il fallait une décla-
ration signée par deux citoyens. La réu-
nion pouvait être dissoute, en cas de
trouble, par le commissaire de police.
De concession en concession, on alla
jusqu'à faire une loi spéciale pour per-
mettre aux catholiques de célébrer en
paix leurs cérémonies.
Voilà ce qu'ils appellent leurs persé-
cutions ; mais ce qu'on peut plus jus-
tement nommer leur incohérence.
Vint enfin l'heure de la liquidation,
après ce délai d'un an que le Conseil
d Etat avait introduit dans le décret,
pour donner aux catholiques la possi-
bilité de réfléchir, de se ressaisir, « es-
pérant que le Saint-Siège mieux inspiré,
mieux renseigné,comme le dit M.Briand,
comprendra que cette loi de 1905 ne
cache aucun piège pour l'Eglise catholi-
que b).
Aussitôt, une pluie de papier timbré
s'abattit sur les communes. On espérait
renouveler, par ce procédé, l'agitation
produite par les manifestations odo-
rantes et tumultueuses qui marquèrent
la période des inventaires.
Mais le législateur, qui avait créé,
dans la loi de 1905, l'action en reprise
au profit des fondateurs et de leurs hé-
ritiers en ligne directe, ne pouvait ad-
mettre qu'une action en révocation ou
en résolution, au profit des collatéraux,
pesât pendant trente ans sur la liquida-
tion. D'où la loi que vote en ice moment
le Sénat, et qui a pour but de mettre un
terme à d'interminables procès.
Alors les catholiques se sont mis à
Crier au vol et à la spoliation, narce
l}U'il s'agit d'attribuer aux malades et
aux pauvres des biens dont ils n'ont pas
frOUÎU.
Et ils s'indignent parce que des mes-
ses ne seront pas dites pour le repos
de l'âme des donateurs.
Voyez-vous les bureaux de bienfai-
sance et les hôpitaux appelant des prê
très pour dire des messes au titre des
fondations dont ils auraient reçu les
biens ? Le pape eût couvert d'anathè-
mes les prêtres qui se seraient dévoués
four dire <% £ messes rouges. Il les eût
immédiatement interdites.
Ne croyez pas, en effet, que les papes
jet les évêques se fassent un scrupule de
Supprimer et de réduire les fondations
Ile messes.
Une dame de Montpellier meurt le 15
février 1887, après avoir fait le legs
suivant : « Je donne 6.000 fr. au sémi-
naire de Montpellier, pour y avoir à
perpétuité une bourse de 300 fr. par
an, pour y faire ordonner prêtres des
jeunes gens qui n'auraient pas les:
moyens de payer, à la condition que
chaque prêtre qui aura profité de cette
bourse dira ou fera dire 500 messes
pour le repos de mon âme. »
C'est net et formel.
Eh bien, M. de Cabrières, évêque de
Montpellier, a réduit les harges, pour
les prêtres qui avaient joui de cette
bourse, à une messe par an.
Le pape Benoit XIV avait fait mieux.
Il avait concédé aux frères mineurs de
Saint François de Paul, que les messes
perpétuelles à dire dans leurs églises,
ne seraient pas maintenues au-delà
d'une période de cinquante ans. « Ce
temps écoulé les auteurs de ces fonda-
tions pieuses participent aux messes
qui, dans l'ensemble de l'ordre, sont
dites en faveur de tous les bienfaiteurs
en général. »
Les catholiques sont donc mal fondés
à nous demander plus de respect pour,
les fondations de messes que n'en ma-
nifeste l'Eglise elle-même. Et lorsqu'ils
prononcent les mots de persécution, de
vol et de violation de la volonté des
morts, nous avons le droit de leur ré-
pondre que tout cela n'existe que dans
leur imagination et que c'est le résultat
de leur incohérence.
Jean CODET
Dépulé de la Haute-Vienne.
LA POLITIQUE
POLITIQUE GÉNÉRALE
M. Jaurès doit interpeller
lundi le gouvernement sur sa
politique générale, et, dans
l'Humanité y il précise « qu'il
importe de faite le bilan des
1 résultats obtenus dep-uis bien-
tôt deux ans par. l'action gouvernemen-
tale »,a
S'il ne s'agit que de faire le bilan des
réformes accomplies par le ministère, il
est certain que le discours de M. Jaurès
sera moins long que de coutume. Mais
il est prôbable que le leader du parti so-
cialiste unifié ne s'en tiendra pas là et
qu'il sera amené à associer le parti ra-
dical tout entier à la stérilité de l'œuvre
gouvernementale, qu'il les confondra
dans la même impuissance, et qu'il op-
posera à cette politique d'avortement le
programme du parti socialiste et son
« action féconde ».
Nous ne contestons certes pas à M.
Jaurès le droit "de défendre les intérêts
de son parti et d'en exposer le program-
me à la veille des élections municipa-
les.
Nous 'déplorons simplement que la
majorité radicale — malgré nos avertis-
sements — se soit laissé jusqu'ici en-
glober dans les justes reproches que le
pays républicain adresse avec raison à
la politique d'inaction républicaine du
gouvernement.
Elle devait depuis longtemps - son
,devoir et son intérêt le lui comman-
daient — dégager sa responsabilité de
cette politique imprécise et décevante
dont M. Brindeau, président du groupe
progressiste, a pu dire tout réœmment :
« Nous sommes entrés en vaincus à
la Chambre, mais nos ïdées y_ sont vic-
torieuses. Ti -
C'est malheureusement exacf.
Si constamment Tes paroles ef lés ac-
tes du gouvernement sont l'objet 'des
éloges et des félicitations de la presse
progressiste et réactionnaire ; si M.
Georges Berry compose des odes à la
Cravache. si M. Ribot se déclare satis-
fait: c'est évidemment que l'idée radi-
cale est en recul dans cette Chambre
radicale et que les idées progressistes y
sont « victorieuses >7.
Il est donc désirable que, dans ce 'dé-
bat sur la politique générale, chaque
parti prenne nettement position devant
le pays. -
Et il faut espérer que le parti radical,
menacé à gauche, menacé à droite, et
compromis par le gouvernement, saura
se dégager énergiquement, et se révéler
enfin prêt à l'action.
ni_i
- LES ON-MR
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil-à 5 h. ^coucher à C h.34
Matinées dans tou les théâtres, sauf à
l'Opéra, au théâtre Sarah-Bernhardt et à
la Porte Saint-Martin.
Courses à .ongchamp.
Deux poids. Deux mesures
Guépratte n'est pas content. Et il a
raison ! Vous n'ignorez pas que Gué-
pratte est cet agent de la préfecture de
police qui vient d'être brusquement
révoqué pour avoir « tuyauté » Ilo-
chette.
« Alors, quoi ! clame-t-il. Et l'égalité
qu'est-ce qu'on en fait en République,
et la justice égale pour tous. des ba-
lançoires à gogos ? Comment moi qui
donne quelques malheureux tuyaux à
Rochette on me révoque. et Maujan
qui en donnait à Lepère. on le nomme
sous-secrétaire d'Etat ! Non, mais
quoi ? »
Calme-toi Guépratte. Une solution
s'impose : la création à ton intention
d'un deuxième sous-secrétariat à l'in
térieur.
De la « Vie Parisienne »
Pourquoi n'en parlerait-on pas encore
et toujours ? La question, aujourd'hui,
qui défraye la conversation des dîners,
c'est de savoir si M. Claretie gagnera
ou non son procès. Les uns disent que
oui, les autres que non. Les uns affir-
ment que M. Claretie a une lettre par
laquelle M. Mirbeau s'engage formelle-
ment à faire toutes les corrections ; les
autres affirment qu'il n'y a rien d'écrit.
Ce qui est certain, c'est que Me du Buit
est décidé à raconter au procès la vi-
site que fit à M. Claretie Mme Mirbeau
et où elle vint assurer l'administrateur
général que son mari se prêterait à
toutes les exigences ; mais M. Mir-
beau jurera que sa femme s'est résolue
à cette démarche sans qu'il en fût infor-
mé.
AUTREFOIS
Rappel du 6 avril 1872. — A partir du
15 de ce mois, on vendra dans tous les bu-
reaux de tabac, des billets d'omnibus : les
billets d'intérieur sont blanc rayé de rouge,
les billets d'impériale sont blanc et vert.
On va commencer la reconstruction de
l'hôtel de M. Thiers, détruit pendant la
Commune.
Depuis hier, le drapeau flotte sur l'Ely-
sée, qùi sera décidément la résidence du
président de la IMpublique.
Il y a encore 4.265 accusés de la Commu-
ne qui attendent d'être jugés par les con-
seils de guerre.
Le conseil municipal de Marseille proteste
contre une affiche manuscrite posée à l'ex-
position des œuvres d'Henri Regnault, et
qui l'accuse d'avoir refusé à ceite exposi-
tion le tableau de ce maître : Judith et Ho-
lopherne. Le conseil n'a pas eté saisi de la
question et ouvre une enquête.
De « Fantasio »
Le transfert solennel de la statue de
Charlemagne, place Vauban, est la
grande idée de M. Clemenceau, sou-
cieux de faire « quelque chose » pour
les partis modérés. Récemment même,
il s'épancha à ce sujet :
« On dit que j'ai la haine de la royau-
té, une blague, une sinistre blague.
« Il y eut des monarques en France
qui m'intéressent, qui me passionnent
même. Tenez : Pépin le Bref ! Quel
homme remarquable ! Et Hugues Ca-
pet, un type énergique, un peu dans
mon genre. Et Carloman, tout le por-
trait d'Alphonse XIII. Je les respecte
et je les vénère, hautement. J'ai un
culte véritable pour. Charlemagne et je
le prouverai en lui donnant à Paris la
place qu'il mérite. Il avait une si bonne
figure, n'est-ce pas, presque la figure
de M. Fallières. Vous verrez, ce trans-
fert de statue sera épatant. Picquart
iera un aiscours. »
Et comme on s'informait de son opi-
nion sur les rois plus modernes, M.
le Premier eut un geste de désinvolture
et reprenant le mot, désormais classi-
que :
« Du menu fretin, monsieur, du me-
nu fretin. »
Du « Cri de Paris a
Une chose certaine est que la rupture
avec M. Jaurès est définitive. Long-
temps, elle n'a été qu'apparente. Le
leader socialiste et le président du con-
seil se maltraitaient en séance, mais
;aù dehors, ils se faisaient des ma-
mours, ils se souriaient, ils avaient
l'un pour l'autre des complaisances.
C'est ainsi que l'on poursuivit la dis-
cussion de l'impôt sur le revenu uni-
quement pour faire plaisir à M. Jaurès.
En effet, au ministère, il y a une ma-
jorité pour ne pas vouloir de cet impôt.
Dans la minorité, seul, M. Caillaux
en veut sérieusement, et il en veut sur-
tout parce qu'il a dressé le projet.
A la Chambre, à part M. Magniaudé,
M. Pelletan, M. René Renoult et cin-
quante autres socialistes amis de M.
Jaurès, personne n'en veut, parce que
les clairvoyants y voient la pire chaus-
se-trape pour la République, c'est-à-
dire pour la réélection. Mais on le vo-
terait tout de même, si le gouverne-
ment l'exige, pour ne pas mentir à un
programme d'un quart de siècle;
Or, M. Clemenceau a rompu avec M-j
Jaurès. Il n'y a donc plus de raison de
faire l'impôt sur le revenu. Et on ne le
fera pas-
Comment ne le fera-t-on pas ? On
gagnera les vacances, puis on s'occu-
pera du budget de i909, puis, on ver-
ra-..
Peut-être M. Caillaux prendra-t-Il
enfin goût à une compensation.,
Au TélépHona
Vous auriez dû", monsieur, mé ren-
seigner, m'éclairer, - avant de prendro
ces titres*
— Mais, vous étiez tout éclairé c'é-
tait du « Buisson Hella ».
: —————————.
Ln passant.
Un journal du Sud-Est relate le cas d'une
grande ville de France où la question d'at-
tacher des boîtes métalliques aux tram-
ways, pour le transport des léltres, reste
en suspens depuis plus de deux années. Et
-la raison, c'est que l'Administration n'est
pas encore fixée sur « la forme des clous »
destinés à fixer la boîte à la voilure.
Notre confrère a tort de s'étonner de cette
sage lenteur. Elle n'a rien oui doive sur-
n rendre, et dans tous les ministères, dans
toutes les préfectures, dans toutes les com-
missions de la Chambre et du Sénat, il
existe une quantité innombrable d'affaires
ou de projets qui sommeillent paisiblement
sous la poussière vénérable des cartons
verts.
On rappelait récemment un fait authen-
tique, qui a défrayé jadis toutes les conver-
sations d'une ville du Centre. Cette vdle
avait un collèqe, et le collège avait un prin-
cipal et des élèves.
Un de ces élèves, demi-pensionnaire, em-
"ijriait, le matin, des aliments froids qu'il
Absorbait a l'heure du déjeuner.
Il eut une maladie d'estomac. On lui
conseilla des aliments chauds ; et son
père demanda au principal d'accorder à son
fils l'autorisation de faire réchauffer dans la
cuisine du collèqe, les aliments qu'il ap-
porterait chaque matin.
Le principal pouvait, à son gré, accepter
ou refuser.
Mais c'était prendre une décision alors
Qu'il n'existait pas de vrécédents. Et son
lime de fonctionnaire frémit à cette pensée
audacieuse. Il en référa à l'inspecteur d'A-
cadémie, qui en référa au recteur, qui en
référa, au directeur de Venseianemcnt se-
condaire, qui en référa au ministre.
Une enquête fut ordonnée au ministère.
Le ministre donna ses instructions au di-
recteur, qui donna les siennes au recteur,
qui donna les siennes à l'inspecteur, qui
donna les siennes au principal, qui consulta
le préfet, qui donna des ordres à son chef
de cabinet, qui les transmit au secrétaire
général, qui manda le commissaire central,
,qui chargea un agent de notice de s'enqué-
rir de la situation du père de l'élève au
triple point de vue moral, politique et reli-
gieux.
Les renseignements recueillis suivirent
hiérarchiquement les mêmes étapes.
Entre temps, deux préfets avaient été ré.
voqués, trois avaient obtenu de l'avance-
ment, un recteur était décédé. un autre
était devenu gaga, le principal avait pris
sa retraite, le commissaire de police était
devenu loueur de voitures, l'inspecteur
id'Académie avait vu sa femme suivre un ré-
giment de hussards, et sept ministres s'é-
taient succédé au ministère de l'instruc-
tion publique.
Quand la -réponse parvint au père de fa-
mille, il était mort et le « jeune élèvê » était
sorti du collège depuis longtemps.
Il fait bon de vivre au siècle de l'électri-
cité !
Le Chemineau.
.——————————— .———————————.
Revendication macabre
En réclamant les cendres du maréchal
Lannes, déposées au Panthéon .la famille
de Mantebello vient de soulever une bien
curieuse question de- droit.
Nous laissons immédiatement de côté le
cas particulier pour généraliser la thèse.
Une famille a-t-elle le droit de s'opposer
aux honneurs qu'une nation veut rendre
à un homme qui a illustré la Patrie ?
Nous déclarons — au'à moins d'une dis-
position formelle de l'intéressé — personne
n'a le pouvoir d'entraver l'expression de la
reconnaissance nationale.
En l'absence de cette clause contraire, le
Peuple souverain a la lati:'lde de glorifier
comme il l'entend, la mémoire d'un grand
homme.
Il ne faut pas que les familles des hôtes
du Panthéon se confondent avec eux. Ce
ne sont pas elles que la piété publique ho-
nore, mais une individualité qui — devant
bien naître quelque part — est sortie du
sein de telle maison plutôt que de telle
autre.
Que cet homme s appelle Paul, Jacques,
Pierre, peu importe : c'est une illustration
qui n'a rîen de commun avec les caprices
d'un hasard généalogique.
Cela étant, on se demande de quel droit
des petits-fils, des neveux, voire même des
cousins s'érigent en propriétaires du corps
d'un grand homme et veulent interdire à
la France, de lui payer un tribut de gra-
titude.
Si ce principe était admis, les morts du
"Pané{}n seraient exposés à une perpé-
ituelle navette entre un cimetière quelcon-
que et la nécropole nationale.
En effet, le fils de celui qui, aujourd'hui,
réclame l'enlèvement d'un corps du Pan-
ithéon, peut, plus tard, sous l'empire d'au-
tres idées, redemander la réintégration
d'un parent dans la crypte glorieuse.
L'Etat sera tenu d'obéir à cette injonc-
tion, comme il s'est soumis à la" première.
Le Panthéon deviendrait du coup inha-
bitable et perdrait son caractère de glorifi-
cateur impartial de toutes les gloires df
la Patrie.
En ce qui concerne le maréchal Lannea,
c'est en vertu d'une loi. que son corps s)
trouve au Panthéon. Une loi, seule, pour-
rait le faire quitter ce sanctuaire national
Qui oserait la voter ?
Il n'y a donc pas à tenir compte de I-i
réclamation de la famille Lannes, de me-
me que nous tiendrons pour nulle et noi1
avenue toute opposition formée contre un t
translation au Panthéon, par une famille
Le défunt seul, avait qualité pour dispose.*
de son corps. S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il
a voulu laisser implicitement à la Nation
ce soin-là,
A quel titre, en effet, des arrière-neveux,
des Thiers, des Gambetta, des Claude-Ber
nard, des Michelet, etc., viendraient-ilfl
nard, des
s'opposer à la translation des cendres d'un
de ces hommes au Panthéon si la Natiot
souveraine, décide cette mesure dans Ifi,
Plénitude de son droit ?
Ce n'est pas eux, que diable, qu'on vem)
honorer ; mais un grand homme qu'un ha
sard de gestation a fait naître dans leur
famille 1
Jean Clerval.
LE LOCK-OUT nu BA TIMENT
La décision du groupe de la rue de Lutèce. — Une conférence
au ministère de VIntérieur. — Chez les ouvriers.
Ainsi que nous l'avions annoncé, le con-
seil d'administration du groupe des cham-
bres syndicales du bâtiment s'est réuni
,a.vant-hier soir pour examiner l'attitude
qu'il convenait d'adopter à la suite de la
décision prise par la chambre syndicale
des entrepreneurs de maçonnerie de fer-
mer les chantiers à partir de lundi.
A l'issue de cette réunion, l'ordre du
jour suivant a été communiqué aux jour-
naux :
Les présidents des chambres syndicales du
groupe du bâtiment de la rue de Lutèce, réunis
le 3 avril, après avoir pris connaissance de la
décision de la chambre syndicale des entrepre-
neurs de maçonnerie de fermer les ateliers et
chantiers à dater du 5 avril prochain,
Ont décidé :
Renouvelant les engagements antérieurs, de
prendre toutes mesures nécessaires pour affir-
mer l'esprit de solidarité qui existe eatre toutes
les chambres- syndicales du groupe du bâti-
ment.
Au syndicat des maçons et à la Fédéra-
tion des travailleurs du bâtiment, on ne
manifeste aucune surprise de la décision
des patrons. M. Vietor, secrétaire de la
maçonnerie, a dit qu'il s'en tenait à ses
déclarations antérieures.
Il n'y a toujours rien de changé ; le lock-
out -est toujours fixé au lundi 6 avril et c'est
à la réunion que nous tiendrons dans la soirée
que nous pourrons nous prononcer sur l'impor-
tance du mouvement. De toute façon, il y a
lieu de considérer que d'ores et déjà. en raison
de la crise du bâtiment, il y a à Paris, rien que
dans notre corporation, 40 0/0 de chômeurs.
Plusieurs chantiers sont fermés depuis -des se-
maines, et. dans d'autres, le nombre des ou-
vriers a été réduit à un nombre notoirement
insuffisant.
Ce ne sont pas là les seuls agissements de
MM. les membres de la chambre syndicale des
entrepreneurs. Il ne faut pas oublier que 'a
campagne engagée par M. Villemin contre les
syndicats ouvriers coïncide avec la campagne
engagée par le même M. Villemin contre la loi
sur les accidents du travail et avec les tentati-
ves de formation d'un trust du bâtiment.
On a parlé de meneurs. On sait maintenant
de quel -côté ils se trouvent.
La chambre syndicale des entrepreneurs dé-
clare qu'elle nous a proposé une augmentation
de 20 0/0 sur les salaires actuels. C'est absolu-
ment inexact. Si l'on oompame les prix offerts
avec ceux inscrits dans la série de la Ville,
oui date de plusieurs années, on ne trouve que
dos différences variant entre 3 à 5 centimes
l'heure de travail, alors que le renchérissement
de la vie est de 15 à 30 '0/0 surfîtes produits de
première nécessité.
Quant aux autres déclarations de M. Ville-
min, j'y ai répondu en leur temps. La déclara-
tion de lock-out ne modifiera en rien notre
attitude. MM. les patrons déclarent la guerre
libre à eux. Nous saurons nous défendre.
A la Fédération du bâtiment, on fait les
déclarations suivantes :
En tant que Fédération Nationale du Bâti-
ment. car nous sommes Fédération nationale
et non pas seulement locale, nous n'avons pas
le moins du monde à nous préoccuper du con-
flit. Nous nous en occuperons, le cas échéant,
si l'on s'adresse à nous, en tant que membres
actifs des organisations parisiennes adhérentes
à la Fédération.
Non seulement nous ne craignons pas ce
lock-out, mais nous le désirons. Il ne peut qua
servir nos desseins, nous amener des adhé-
sions et favoriser notre tactique.
Au surplus, y a-t-il vraiment lock-out ? N'est-
ce pas tout simplement un bluff patronal pour
dérouter l'opinion publique ?
D'abord le lock-out ne changera rien à la situa.
tion présente. Il existait déjà hier; le lock-out 1
Personne ne travaille plus sur les chantiers.
En outre, ce lock-out est partiel. Les trois
quarts des patrons ne sont pas syndiqués. Bien
plus, des patrons, même syndiqués, ont refusé
leurs signatures. Il y a des « renards » patron
comme il y a des ouvriers « renards n.
Puis, croit-on franchement que le bâtimenJs
va suivre ? Les serruriers, les menuisiers tra«
vaillent, pour la plupart, à l'atelier ; ceux-ci
n'ont rien à voir avec le bâtiment.
Comment vont répondre les ouvriers au lock-
out patronal ? Mais ils ne répondront pas du
tout. Croit-on que nous allons faire le jeu des
patrons ? Nous ne ferons pas la grève. gre-
ve n'a jamais servi que l'intérêt patronal. Non.
Notre tactique est différente et elle est meil-
leure.
Le lkout de la maçonnerie pourra peut-être
nous empêcher de travailler dans certaines mai-
sons, mais que nous importe ? Nous n'y travail-
lons plus depuis longtemps et nous continue-
rons à travailler chez les patrons qui ne font
pas le lock-out. Voilà tout.
Une conférence au ministère
Hier matin, à onze heures, MM. Clemen-
ocau et Viviani ont quitté l'Elysée laissant
Je conseil achever sa délibération et se
sont rendus au ministère de l'intérieur, où
ils ont reçu M. Villemin, président de la
chambre syndicale de la maçonnerie pour
s'entretenir avec lui de la question du
lock-out-
A l'issue de cet entretien, la note suivan-
te a été communiquée :
Ce matin, à l'issue du conseil ces ministres,
le président du conseil et le ministre du tra-
vail ont reçu au ministère de l'intérieur M. Vil-
lemin. président de la chambre syndicale de ia
maçonnerie, qui avait été convoqué il y a quel-
ques jours.
M. Villemin a confirmé la décision prise hier
par la chambre syndicale concernant le lock.
out. Sur les instances du gouvernement il a
promis d'apporter, d'ici quelques jours, des pro-
positions nouvelles crue le gouvernement fera
connaître aux organisations ouvrières.
Les secrétaires des syndicats adhérents'
à la Fédération des travailleurs du bâti-
ment ont tenu une réunion au siège de la
Fédération, rue Grange-aux-Helles, hies
i soir, à neuf heures, pOUF examiner la si-j
tuation.
Une question annoncée
M. Georges Berry, député du 9° arrondis-
sement, a adressé à M. Clemenceau la let-
tre suivante :
Monsieur le président,
VouJez-vous accepter une question sur les me-
sures que vous oomptez prendre, afin d'essayer
de mettre un terme au conflit qui s'est élev
entre les patrons et les ouvriers du bâtiment t
Agréez, etc.
En somme, la situation est très troublée
et il est impossible de prévoir ce qui va
sortir de cè conflit.
Le Krach financier
Une requête du Juge d'instructioll. - Réunion d'actionnaires.
- On signe -- une pétition. -- -
Me Maurice Bernard, conseil de M. Ro-
chetfle, a déposé entre les mains de M.
Ben: la requête dont le texte suit ;
Paris, le 3 avril 1908.
Le soussigné Henri Rochelle, actuellement dé-
ten.u à la prison de la Santé sous mandat délivré
par M. Berr, juge d'instruction, a l'honneur de
vous exposer ;
Qu'il importe de préciser avant tout les condi.
tions dans lesquelles s'est produite rarr es ta-
lion de M. Rociiette et les motifs qui l'ont dé-
terminée ;
Que le juge d'instruction sait fort bien que
depuis longtemps certains personnages, adver-
saires de Kochette, cherchaient à obtenir l'ou-
verture contre lui d'une information judiciaire;
Que parmi eux se trouvaient des hoiiîmes po-
litiques dont les entreprises financières ou in-
dustrielles se croyaient menacées par Roohet.
w;
Que l'-un d'eux, placé par sa situation S un
poste des plus importants, n'a pas craint de
consacrer son influence à cette besogne ;
Mais que, malgré ces intrigues et les dénon-
ciations qui en avaient été la suite, les premiè-
res enquêtes ordonnées par le parquet de la
Seine avaient abouti uniquement à établir la
bonne foi de Rochette et la. régularité de ses
opérations ;
Qu'en effet, il importe de rappeler que, sur
la demande qui lui fut adressée, Rochette con-
sentit à laisser procéder à une expertise sur la
réalité et la valeur des mines de Nerva, situées
en i-spagne ;
Qu un expert, figurant sur la liste du tribu-
nal. M'. Lecornu, ingénieur en chef des mines,
choisi par le parquet pour cette mission, alla
sur place et fit, à la suite de ce voyage, un
rapport dont les conclusions sont absolument
rassurantes pour la Société ;
Qu'en février dernier, le service de la cinquiè-
me section du parquet entra en pourparlers
avec Rochette en vue d'obtenir de lui qu'un
expert-comptable se livrât à un examen de
la comptabilité ;
Que Rochette ne se refusa point, en princi-
pe, à ce contrôle, pourtant exceptionnel, et que
les négociations, en vue de donner mission à
un expert du tribuna]; 'furent suivies entre
lui et le service de la cinquième section, ainsi
qu'il pourra en justifier en cas de besoin ;
Que si cette expertise amiable n'eut pas lieu,
ce n'est point par défaut de bonne volonté de
la part de Rochette, mais uniquement parce
qu'il fut unpossible, parmi les projets de réso-
lution proposés, de se mettre d'accord sur une
rédaction qui donnerait à Rochette l'assurance
que cette investigation, si elle venait à être
connue, ne porterait point atteinte à son crédit;
Mais que cet échange de vues et ces pour-
parlers attestent de la bonne foi de Rochette,
aussi bien que le désir du parquet de ne point
apporter de trouble à la marche de sociétés qui,
toutes, fonctionnaient régulièrement ;
Que c'est dans ces conditions que se présent
chez M. Berr. juge d'instruction, le vendredi
20: mars 1908, un sieur Pichereau, porteur d'une
plainte centre Roohette, en sa qualité de pro-
pàr'i;étaire d'actions des Mines de Nerva, série
J3, ;
Que cette plainte, écrite et signée par Piche-
reaiu, ne visait exclusivement que la société d<;a
Mines de Nerva ;
Qu on lit alors ajouter par Pichereau à sa
plainte un post-scriptum écrit dPune encre au..
lérenbe et contenant une nouvelle plainte con*
tre la société des Mancnons Hella et du Buis*
son Hella ;
Que Picliereau fut entendu par le juge dès le
lendemain, samedi 21 mars, et qu'aussitôt il se
constitua partie civile ;
Que c'est donc uniquenient sur. le prétex-
fourni -par la plainte de Piohereau, ainsi prCsen.
tée et augmentée, que Fe juge d'instruction or.,
donne immédiatement l'arrestation de Hochet
te sans même l'entendre préalablement, alors
que tous les Incidents illdiqut:s. plus haut mon-
taient avec quelle bonne volonté rochette s'était
rendu aux convocations du parquet ;
Quo le juge croyait à tort que cette brusque
et rigouaieuse décision allait amener feffondie.
ment des diverses sociétés, et qu'il strttendpit,
sans doute, à trouver la caisse, vide d'argent {
Que c'est exactement le contraire de ses pré-
visions qui s'est produit ;
Que malgré la terrible secousse causée par.
l'arrestation de Roohette, la mainmise sur 14
Crédit Minier et la Banque Franco-Espagnolei
la nomination d'administrateurs judiciaires, se..-
oousse qui eut amené la chute d'établissements
moins solides, ces Sociétés ont repris leur via
normale, pourvu à sieurs échéances et évfté
une faillite qui était 'déjà escomptée et prévue,
sinon désirée ; 0
Que cette reprise est due uniquement aux
mesures prises sur l'initiative de Rociiette et
pour parer à l'imprévoyance qui avait présidé
aux opérations de l'instruction ;
Qu'enfin, il n'est pas superflu de rappeler que
le juge trouva en espèces dans les caisses une
somme de dix millions de francs dispoïXbles ;
Que ces diverses constatations auraient dit
avoir pour résultat inévitable d'amener l'élar-
gissement immédiat de Rochette ;
Que, cependant, le juge d'instruction a cra
devoir le maintenir en prison en aggravant mê-
me son état par une ordonnance spéciale le
mettant au secret ;
Que cette ngueur inaccoutumée ne pourrait
se rompT-endre que si le juge possédait d'autres
documente que ceux qui figurent au dossier
de la plainte Pichereau et qui ont été, confor-
mément à la loi. mis à la disposition de l'avocat
de l'inculpé, le jeudi 26 mars, veille de la con<
frontation avec le plaignant ;
Que Rochette ne peut qu'écarter cette hypol,
thèse de l'existence de pièces dont il n'aurait
pas eu connaissance ;
Mais que si les seuls éléments à sa charge
consistent dans le dossier Pichereau, il seran
manifeste pour tout esprit impartial, qu'ils ne
peuvent expliquer les rigueurs dont Rochette,
est aujourd'hui victime ;
Oue c'est dans ces circonstances crue le juge,
d'instruclion se rendant comme de l'insuffl-
sance des motife qui ont pu dicter sa décision,
multiplier les perquisitions, ordonner des SaL
-- W 13905. - 16 Germinal An 116 - q- CINQ cENTIMES LE NUMERO
Lundi 6 Avril 1908J— N 139D5
- -
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1. an BUREAUX DU JOURNAL
16, rue du, Mail, Paftp.
Fit chez MM. LAGRANGE, CERF etO*
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TRIBUNE LIBRE
Ir ,
la & a H un%
INCOHÉRENCE
7
1 Ne croyez pas qu'il s'agis-!
t se de la politique du gou-
vernement. Non : je veux
parler de la conduite du pa-
pe à l'égard de la loi de
1905, qui, pour avoir été
inspirée par le Saint-Esprit, nen a
pas moins été incohérente, comme l a
magistralement démontré devant le Sé-
nat, dans un éloquent discours, M. le
garde des sceaux, Aristide Briand.
Vous savez de quoi il s'agissait. La
loi de Séparation a décidé qu'en l'ab-
sence d'associations cultuelles pour re-
cueillir les biens de l'Eglise, ces biens
seraient dévolus à des établissements
-charit"l.cs ou do bienfaisâiiCB. Lfî lé-
gislateur n'avait pas prévu l'incohéren-
be papale. Il avait pensé que certaines
associations pourraient ne pas se for-
mer ; mais il n'avait pas supposé un
seul instant que, malgré l'assemblée
des cardinaux et évêques, le Vatican in-
terdirait aux fabriques de se transfor-
mer en cultuelles pour recevoir d'une
tria in ce qu'elles abandonneraient de
l'autre. -
Or, le pape acceptait la loi dans cer-
taines de ses parties. Il l'acceptait en
nommant directement les évêques, ce
que ne lui permettait pas le Concordat.
Il l'acceptait en autorisant les évêques
à se réunir en vertu du régime de liber-
té qu'institue cette loi. Il l'acceptait en-
core en permettant aux prêtres de rem-
plir les formalités nombreuses imposées
pour l'allocation des pensions. ,
Mais il la repoussait lorsqu 11 s'agis-
sait de transformer les fabriques en
cultuelles, malgré le fameux article 4,
qui consacrait la suprématie de l'Eglise
catholique et romaine, bien que ces as-
sociations pussent être composées uni-
quement de prêtres, et il demandait
alors le droit commun.
On le lui donna. Le loi de 1907 est
plus encore que la loi de 1901, puis-
qu'elle consacre légalement, même en
l'absence d'association, l'affectation
'des églises au culte catholique, et
qu'elle * va jusqu'à en reconnaître l'usa-
ge gratuit, indéterminé, au profit des
catholiques et de leurs ministres
Alors cette loi de droit commun, ré-
clamée à grands cris, devint une loi
pestiférée. Du moment où elle leur était
accordée, les catholiques n'en pou-
vaient plus faire usage.
Ils étaient pourtant dans une situa-
tion bizarre. Les réunions dans les
églises ne pouvaient plus avoir lieu
que par application de la loi sur les
réunions publiques. Il fallait une décla-
ration signée par deux citoyens. La réu-
nion pouvait être dissoute, en cas de
trouble, par le commissaire de police.
De concession en concession, on alla
jusqu'à faire une loi spéciale pour per-
mettre aux catholiques de célébrer en
paix leurs cérémonies.
Voilà ce qu'ils appellent leurs persé-
cutions ; mais ce qu'on peut plus jus-
tement nommer leur incohérence.
Vint enfin l'heure de la liquidation,
après ce délai d'un an que le Conseil
d Etat avait introduit dans le décret,
pour donner aux catholiques la possi-
bilité de réfléchir, de se ressaisir, « es-
pérant que le Saint-Siège mieux inspiré,
mieux renseigné,comme le dit M.Briand,
comprendra que cette loi de 1905 ne
cache aucun piège pour l'Eglise catholi-
que b).
Aussitôt, une pluie de papier timbré
s'abattit sur les communes. On espérait
renouveler, par ce procédé, l'agitation
produite par les manifestations odo-
rantes et tumultueuses qui marquèrent
la période des inventaires.
Mais le législateur, qui avait créé,
dans la loi de 1905, l'action en reprise
au profit des fondateurs et de leurs hé-
ritiers en ligne directe, ne pouvait ad-
mettre qu'une action en révocation ou
en résolution, au profit des collatéraux,
pesât pendant trente ans sur la liquida-
tion. D'où la loi que vote en ice moment
le Sénat, et qui a pour but de mettre un
terme à d'interminables procès.
Alors les catholiques se sont mis à
Crier au vol et à la spoliation, narce
l}U'il s'agit d'attribuer aux malades et
aux pauvres des biens dont ils n'ont pas
frOUÎU.
Et ils s'indignent parce que des mes-
ses ne seront pas dites pour le repos
de l'âme des donateurs.
Voyez-vous les bureaux de bienfai-
sance et les hôpitaux appelant des prê
très pour dire des messes au titre des
fondations dont ils auraient reçu les
biens ? Le pape eût couvert d'anathè-
mes les prêtres qui se seraient dévoués
four dire <% £ messes rouges. Il les eût
immédiatement interdites.
Ne croyez pas, en effet, que les papes
jet les évêques se fassent un scrupule de
Supprimer et de réduire les fondations
Ile messes.
Une dame de Montpellier meurt le 15
février 1887, après avoir fait le legs
suivant : « Je donne 6.000 fr. au sémi-
naire de Montpellier, pour y avoir à
perpétuité une bourse de 300 fr. par
an, pour y faire ordonner prêtres des
jeunes gens qui n'auraient pas les:
moyens de payer, à la condition que
chaque prêtre qui aura profité de cette
bourse dira ou fera dire 500 messes
pour le repos de mon âme. »
C'est net et formel.
Eh bien, M. de Cabrières, évêque de
Montpellier, a réduit les harges, pour
les prêtres qui avaient joui de cette
bourse, à une messe par an.
Le pape Benoit XIV avait fait mieux.
Il avait concédé aux frères mineurs de
Saint François de Paul, que les messes
perpétuelles à dire dans leurs églises,
ne seraient pas maintenues au-delà
d'une période de cinquante ans. « Ce
temps écoulé les auteurs de ces fonda-
tions pieuses participent aux messes
qui, dans l'ensemble de l'ordre, sont
dites en faveur de tous les bienfaiteurs
en général. »
Les catholiques sont donc mal fondés
à nous demander plus de respect pour,
les fondations de messes que n'en ma-
nifeste l'Eglise elle-même. Et lorsqu'ils
prononcent les mots de persécution, de
vol et de violation de la volonté des
morts, nous avons le droit de leur ré-
pondre que tout cela n'existe que dans
leur imagination et que c'est le résultat
de leur incohérence.
Jean CODET
Dépulé de la Haute-Vienne.
LA POLITIQUE
POLITIQUE GÉNÉRALE
M. Jaurès doit interpeller
lundi le gouvernement sur sa
politique générale, et, dans
l'Humanité y il précise « qu'il
importe de faite le bilan des
1 résultats obtenus dep-uis bien-
tôt deux ans par. l'action gouvernemen-
tale »,a
S'il ne s'agit que de faire le bilan des
réformes accomplies par le ministère, il
est certain que le discours de M. Jaurès
sera moins long que de coutume. Mais
il est prôbable que le leader du parti so-
cialiste unifié ne s'en tiendra pas là et
qu'il sera amené à associer le parti ra-
dical tout entier à la stérilité de l'œuvre
gouvernementale, qu'il les confondra
dans la même impuissance, et qu'il op-
posera à cette politique d'avortement le
programme du parti socialiste et son
« action féconde ».
Nous ne contestons certes pas à M.
Jaurès le droit "de défendre les intérêts
de son parti et d'en exposer le program-
me à la veille des élections municipa-
les.
Nous 'déplorons simplement que la
majorité radicale — malgré nos avertis-
sements — se soit laissé jusqu'ici en-
glober dans les justes reproches que le
pays républicain adresse avec raison à
la politique d'inaction républicaine du
gouvernement.
Elle devait depuis longtemps - son
,devoir et son intérêt le lui comman-
daient — dégager sa responsabilité de
cette politique imprécise et décevante
dont M. Brindeau, président du groupe
progressiste, a pu dire tout réœmment :
« Nous sommes entrés en vaincus à
la Chambre, mais nos ïdées y_ sont vic-
torieuses. Ti -
C'est malheureusement exacf.
Si constamment Tes paroles ef lés ac-
tes du gouvernement sont l'objet 'des
éloges et des félicitations de la presse
progressiste et réactionnaire ; si M.
Georges Berry compose des odes à la
Cravache. si M. Ribot se déclare satis-
fait: c'est évidemment que l'idée radi-
cale est en recul dans cette Chambre
radicale et que les idées progressistes y
sont « victorieuses >7.
Il est donc désirable que, dans ce 'dé-
bat sur la politique générale, chaque
parti prenne nettement position devant
le pays. -
Et il faut espérer que le parti radical,
menacé à gauche, menacé à droite, et
compromis par le gouvernement, saura
se dégager énergiquement, et se révéler
enfin prêt à l'action.
ni_i
- LES ON-MR
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil-à 5 h. ^coucher à C h.34
Matinées dans tou les théâtres, sauf à
l'Opéra, au théâtre Sarah-Bernhardt et à
la Porte Saint-Martin.
Courses à .ongchamp.
Deux poids. Deux mesures
Guépratte n'est pas content. Et il a
raison ! Vous n'ignorez pas que Gué-
pratte est cet agent de la préfecture de
police qui vient d'être brusquement
révoqué pour avoir « tuyauté » Ilo-
chette.
« Alors, quoi ! clame-t-il. Et l'égalité
qu'est-ce qu'on en fait en République,
et la justice égale pour tous. des ba-
lançoires à gogos ? Comment moi qui
donne quelques malheureux tuyaux à
Rochette on me révoque. et Maujan
qui en donnait à Lepère. on le nomme
sous-secrétaire d'Etat ! Non, mais
quoi ? »
Calme-toi Guépratte. Une solution
s'impose : la création à ton intention
d'un deuxième sous-secrétariat à l'in
térieur.
De la « Vie Parisienne »
Pourquoi n'en parlerait-on pas encore
et toujours ? La question, aujourd'hui,
qui défraye la conversation des dîners,
c'est de savoir si M. Claretie gagnera
ou non son procès. Les uns disent que
oui, les autres que non. Les uns affir-
ment que M. Claretie a une lettre par
laquelle M. Mirbeau s'engage formelle-
ment à faire toutes les corrections ; les
autres affirment qu'il n'y a rien d'écrit.
Ce qui est certain, c'est que Me du Buit
est décidé à raconter au procès la vi-
site que fit à M. Claretie Mme Mirbeau
et où elle vint assurer l'administrateur
général que son mari se prêterait à
toutes les exigences ; mais M. Mir-
beau jurera que sa femme s'est résolue
à cette démarche sans qu'il en fût infor-
mé.
AUTREFOIS
Rappel du 6 avril 1872. — A partir du
15 de ce mois, on vendra dans tous les bu-
reaux de tabac, des billets d'omnibus : les
billets d'intérieur sont blanc rayé de rouge,
les billets d'impériale sont blanc et vert.
On va commencer la reconstruction de
l'hôtel de M. Thiers, détruit pendant la
Commune.
Depuis hier, le drapeau flotte sur l'Ely-
sée, qùi sera décidément la résidence du
président de la IMpublique.
Il y a encore 4.265 accusés de la Commu-
ne qui attendent d'être jugés par les con-
seils de guerre.
Le conseil municipal de Marseille proteste
contre une affiche manuscrite posée à l'ex-
position des œuvres d'Henri Regnault, et
qui l'accuse d'avoir refusé à ceite exposi-
tion le tableau de ce maître : Judith et Ho-
lopherne. Le conseil n'a pas eté saisi de la
question et ouvre une enquête.
De « Fantasio »
Le transfert solennel de la statue de
Charlemagne, place Vauban, est la
grande idée de M. Clemenceau, sou-
cieux de faire « quelque chose » pour
les partis modérés. Récemment même,
il s'épancha à ce sujet :
« On dit que j'ai la haine de la royau-
té, une blague, une sinistre blague.
« Il y eut des monarques en France
qui m'intéressent, qui me passionnent
même. Tenez : Pépin le Bref ! Quel
homme remarquable ! Et Hugues Ca-
pet, un type énergique, un peu dans
mon genre. Et Carloman, tout le por-
trait d'Alphonse XIII. Je les respecte
et je les vénère, hautement. J'ai un
culte véritable pour. Charlemagne et je
le prouverai en lui donnant à Paris la
place qu'il mérite. Il avait une si bonne
figure, n'est-ce pas, presque la figure
de M. Fallières. Vous verrez, ce trans-
fert de statue sera épatant. Picquart
iera un aiscours. »
Et comme on s'informait de son opi-
nion sur les rois plus modernes, M.
le Premier eut un geste de désinvolture
et reprenant le mot, désormais classi-
que :
« Du menu fretin, monsieur, du me-
nu fretin. »
Du « Cri de Paris a
Une chose certaine est que la rupture
avec M. Jaurès est définitive. Long-
temps, elle n'a été qu'apparente. Le
leader socialiste et le président du con-
seil se maltraitaient en séance, mais
;aù dehors, ils se faisaient des ma-
mours, ils se souriaient, ils avaient
l'un pour l'autre des complaisances.
C'est ainsi que l'on poursuivit la dis-
cussion de l'impôt sur le revenu uni-
quement pour faire plaisir à M. Jaurès.
En effet, au ministère, il y a une ma-
jorité pour ne pas vouloir de cet impôt.
Dans la minorité, seul, M. Caillaux
en veut sérieusement, et il en veut sur-
tout parce qu'il a dressé le projet.
A la Chambre, à part M. Magniaudé,
M. Pelletan, M. René Renoult et cin-
quante autres socialistes amis de M.
Jaurès, personne n'en veut, parce que
les clairvoyants y voient la pire chaus-
se-trape pour la République, c'est-à-
dire pour la réélection. Mais on le vo-
terait tout de même, si le gouverne-
ment l'exige, pour ne pas mentir à un
programme d'un quart de siècle;
Or, M. Clemenceau a rompu avec M-j
Jaurès. Il n'y a donc plus de raison de
faire l'impôt sur le revenu. Et on ne le
fera pas-
Comment ne le fera-t-on pas ? On
gagnera les vacances, puis on s'occu-
pera du budget de i909, puis, on ver-
ra-..
Peut-être M. Caillaux prendra-t-Il
enfin goût à une compensation.,
Au TélépHona
Vous auriez dû", monsieur, mé ren-
seigner, m'éclairer, - avant de prendro
ces titres*
— Mais, vous étiez tout éclairé c'é-
tait du « Buisson Hella ».
: —————————.
Ln passant.
Un journal du Sud-Est relate le cas d'une
grande ville de France où la question d'at-
tacher des boîtes métalliques aux tram-
ways, pour le transport des léltres, reste
en suspens depuis plus de deux années. Et
-la raison, c'est que l'Administration n'est
pas encore fixée sur « la forme des clous »
destinés à fixer la boîte à la voilure.
Notre confrère a tort de s'étonner de cette
sage lenteur. Elle n'a rien oui doive sur-
n rendre, et dans tous les ministères, dans
toutes les préfectures, dans toutes les com-
missions de la Chambre et du Sénat, il
existe une quantité innombrable d'affaires
ou de projets qui sommeillent paisiblement
sous la poussière vénérable des cartons
verts.
On rappelait récemment un fait authen-
tique, qui a défrayé jadis toutes les conver-
sations d'une ville du Centre. Cette vdle
avait un collèqe, et le collège avait un prin-
cipal et des élèves.
Un de ces élèves, demi-pensionnaire, em-
"ijriait, le matin, des aliments froids qu'il
Absorbait a l'heure du déjeuner.
Il eut une maladie d'estomac. On lui
conseilla des aliments chauds ; et son
père demanda au principal d'accorder à son
fils l'autorisation de faire réchauffer dans la
cuisine du collèqe, les aliments qu'il ap-
porterait chaque matin.
Le principal pouvait, à son gré, accepter
ou refuser.
Mais c'était prendre une décision alors
Qu'il n'existait pas de vrécédents. Et son
lime de fonctionnaire frémit à cette pensée
audacieuse. Il en référa à l'inspecteur d'A-
cadémie, qui en référa au recteur, qui en
référa, au directeur de Venseianemcnt se-
condaire, qui en référa au ministre.
Une enquête fut ordonnée au ministère.
Le ministre donna ses instructions au di-
recteur, qui donna les siennes au recteur,
qui donna les siennes à l'inspecteur, qui
donna les siennes au principal, qui consulta
le préfet, qui donna des ordres à son chef
de cabinet, qui les transmit au secrétaire
général, qui manda le commissaire central,
,qui chargea un agent de notice de s'enqué-
rir de la situation du père de l'élève au
triple point de vue moral, politique et reli-
gieux.
Les renseignements recueillis suivirent
hiérarchiquement les mêmes étapes.
Entre temps, deux préfets avaient été ré.
voqués, trois avaient obtenu de l'avance-
ment, un recteur était décédé. un autre
était devenu gaga, le principal avait pris
sa retraite, le commissaire de police était
devenu loueur de voitures, l'inspecteur
id'Académie avait vu sa femme suivre un ré-
giment de hussards, et sept ministres s'é-
taient succédé au ministère de l'instruc-
tion publique.
Quand la -réponse parvint au père de fa-
mille, il était mort et le « jeune élèvê » était
sorti du collège depuis longtemps.
Il fait bon de vivre au siècle de l'électri-
cité !
Le Chemineau.
.——————————— .———————————.
Revendication macabre
En réclamant les cendres du maréchal
Lannes, déposées au Panthéon .la famille
de Mantebello vient de soulever une bien
curieuse question de- droit.
Nous laissons immédiatement de côté le
cas particulier pour généraliser la thèse.
Une famille a-t-elle le droit de s'opposer
aux honneurs qu'une nation veut rendre
à un homme qui a illustré la Patrie ?
Nous déclarons — au'à moins d'une dis-
position formelle de l'intéressé — personne
n'a le pouvoir d'entraver l'expression de la
reconnaissance nationale.
En l'absence de cette clause contraire, le
Peuple souverain a la lati:'lde de glorifier
comme il l'entend, la mémoire d'un grand
homme.
Il ne faut pas que les familles des hôtes
du Panthéon se confondent avec eux. Ce
ne sont pas elles que la piété publique ho-
nore, mais une individualité qui — devant
bien naître quelque part — est sortie du
sein de telle maison plutôt que de telle
autre.
Que cet homme s appelle Paul, Jacques,
Pierre, peu importe : c'est une illustration
qui n'a rîen de commun avec les caprices
d'un hasard généalogique.
Cela étant, on se demande de quel droit
des petits-fils, des neveux, voire même des
cousins s'érigent en propriétaires du corps
d'un grand homme et veulent interdire à
la France, de lui payer un tribut de gra-
titude.
Si ce principe était admis, les morts du
"Pané{}n seraient exposés à une perpé-
ituelle navette entre un cimetière quelcon-
que et la nécropole nationale.
En effet, le fils de celui qui, aujourd'hui,
réclame l'enlèvement d'un corps du Pan-
ithéon, peut, plus tard, sous l'empire d'au-
tres idées, redemander la réintégration
d'un parent dans la crypte glorieuse.
L'Etat sera tenu d'obéir à cette injonc-
tion, comme il s'est soumis à la" première.
Le Panthéon deviendrait du coup inha-
bitable et perdrait son caractère de glorifi-
cateur impartial de toutes les gloires df
la Patrie.
En ce qui concerne le maréchal Lannea,
c'est en vertu d'une loi. que son corps s)
trouve au Panthéon. Une loi, seule, pour-
rait le faire quitter ce sanctuaire national
Qui oserait la voter ?
Il n'y a donc pas à tenir compte de I-i
réclamation de la famille Lannes, de me-
me que nous tiendrons pour nulle et noi1
avenue toute opposition formée contre un t
translation au Panthéon, par une famille
Le défunt seul, avait qualité pour dispose.*
de son corps. S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il
a voulu laisser implicitement à la Nation
ce soin-là,
A quel titre, en effet, des arrière-neveux,
des Thiers, des Gambetta, des Claude-Ber
nard, des Michelet, etc., viendraient-ilfl
nard, des
s'opposer à la translation des cendres d'un
de ces hommes au Panthéon si la Natiot
souveraine, décide cette mesure dans Ifi,
Plénitude de son droit ?
Ce n'est pas eux, que diable, qu'on vem)
honorer ; mais un grand homme qu'un ha
sard de gestation a fait naître dans leur
famille 1
Jean Clerval.
LE LOCK-OUT nu BA TIMENT
La décision du groupe de la rue de Lutèce. — Une conférence
au ministère de VIntérieur. — Chez les ouvriers.
Ainsi que nous l'avions annoncé, le con-
seil d'administration du groupe des cham-
bres syndicales du bâtiment s'est réuni
,a.vant-hier soir pour examiner l'attitude
qu'il convenait d'adopter à la suite de la
décision prise par la chambre syndicale
des entrepreneurs de maçonnerie de fer-
mer les chantiers à partir de lundi.
A l'issue de cette réunion, l'ordre du
jour suivant a été communiqué aux jour-
naux :
Les présidents des chambres syndicales du
groupe du bâtiment de la rue de Lutèce, réunis
le 3 avril, après avoir pris connaissance de la
décision de la chambre syndicale des entrepre-
neurs de maçonnerie de fermer les ateliers et
chantiers à dater du 5 avril prochain,
Ont décidé :
Renouvelant les engagements antérieurs, de
prendre toutes mesures nécessaires pour affir-
mer l'esprit de solidarité qui existe eatre toutes
les chambres- syndicales du groupe du bâti-
ment.
Au syndicat des maçons et à la Fédéra-
tion des travailleurs du bâtiment, on ne
manifeste aucune surprise de la décision
des patrons. M. Vietor, secrétaire de la
maçonnerie, a dit qu'il s'en tenait à ses
déclarations antérieures.
Il n'y a toujours rien de changé ; le lock-
out -est toujours fixé au lundi 6 avril et c'est
à la réunion que nous tiendrons dans la soirée
que nous pourrons nous prononcer sur l'impor-
tance du mouvement. De toute façon, il y a
lieu de considérer que d'ores et déjà. en raison
de la crise du bâtiment, il y a à Paris, rien que
dans notre corporation, 40 0/0 de chômeurs.
Plusieurs chantiers sont fermés depuis -des se-
maines, et. dans d'autres, le nombre des ou-
vriers a été réduit à un nombre notoirement
insuffisant.
Ce ne sont pas là les seuls agissements de
MM. les membres de la chambre syndicale des
entrepreneurs. Il ne faut pas oublier que 'a
campagne engagée par M. Villemin contre les
syndicats ouvriers coïncide avec la campagne
engagée par le même M. Villemin contre la loi
sur les accidents du travail et avec les tentati-
ves de formation d'un trust du bâtiment.
On a parlé de meneurs. On sait maintenant
de quel -côté ils se trouvent.
La chambre syndicale des entrepreneurs dé-
clare qu'elle nous a proposé une augmentation
de 20 0/0 sur les salaires actuels. C'est absolu-
ment inexact. Si l'on oompame les prix offerts
avec ceux inscrits dans la série de la Ville,
oui date de plusieurs années, on ne trouve que
dos différences variant entre 3 à 5 centimes
l'heure de travail, alors que le renchérissement
de la vie est de 15 à 30 '0/0 surfîtes produits de
première nécessité.
Quant aux autres déclarations de M. Ville-
min, j'y ai répondu en leur temps. La déclara-
tion de lock-out ne modifiera en rien notre
attitude. MM. les patrons déclarent la guerre
libre à eux. Nous saurons nous défendre.
A la Fédération du bâtiment, on fait les
déclarations suivantes :
En tant que Fédération Nationale du Bâti-
ment. car nous sommes Fédération nationale
et non pas seulement locale, nous n'avons pas
le moins du monde à nous préoccuper du con-
flit. Nous nous en occuperons, le cas échéant,
si l'on s'adresse à nous, en tant que membres
actifs des organisations parisiennes adhérentes
à la Fédération.
Non seulement nous ne craignons pas ce
lock-out, mais nous le désirons. Il ne peut qua
servir nos desseins, nous amener des adhé-
sions et favoriser notre tactique.
Au surplus, y a-t-il vraiment lock-out ? N'est-
ce pas tout simplement un bluff patronal pour
dérouter l'opinion publique ?
D'abord le lock-out ne changera rien à la situa.
tion présente. Il existait déjà hier; le lock-out 1
Personne ne travaille plus sur les chantiers.
En outre, ce lock-out est partiel. Les trois
quarts des patrons ne sont pas syndiqués. Bien
plus, des patrons, même syndiqués, ont refusé
leurs signatures. Il y a des « renards » patron
comme il y a des ouvriers « renards n.
Puis, croit-on franchement que le bâtimenJs
va suivre ? Les serruriers, les menuisiers tra«
vaillent, pour la plupart, à l'atelier ; ceux-ci
n'ont rien à voir avec le bâtiment.
Comment vont répondre les ouvriers au lock-
out patronal ? Mais ils ne répondront pas du
tout. Croit-on que nous allons faire le jeu des
patrons ? Nous ne ferons pas la grève. gre-
ve n'a jamais servi que l'intérêt patronal. Non.
Notre tactique est différente et elle est meil-
leure.
Le lkout de la maçonnerie pourra peut-être
nous empêcher de travailler dans certaines mai-
sons, mais que nous importe ? Nous n'y travail-
lons plus depuis longtemps et nous continue-
rons à travailler chez les patrons qui ne font
pas le lock-out. Voilà tout.
Une conférence au ministère
Hier matin, à onze heures, MM. Clemen-
ocau et Viviani ont quitté l'Elysée laissant
Je conseil achever sa délibération et se
sont rendus au ministère de l'intérieur, où
ils ont reçu M. Villemin, président de la
chambre syndicale de la maçonnerie pour
s'entretenir avec lui de la question du
lock-out-
A l'issue de cet entretien, la note suivan-
te a été communiquée :
Ce matin, à l'issue du conseil ces ministres,
le président du conseil et le ministre du tra-
vail ont reçu au ministère de l'intérieur M. Vil-
lemin. président de la chambre syndicale de ia
maçonnerie, qui avait été convoqué il y a quel-
ques jours.
M. Villemin a confirmé la décision prise hier
par la chambre syndicale concernant le lock.
out. Sur les instances du gouvernement il a
promis d'apporter, d'ici quelques jours, des pro-
positions nouvelles crue le gouvernement fera
connaître aux organisations ouvrières.
Les secrétaires des syndicats adhérents'
à la Fédération des travailleurs du bâti-
ment ont tenu une réunion au siège de la
Fédération, rue Grange-aux-Helles, hies
i soir, à neuf heures, pOUF examiner la si-j
tuation.
Une question annoncée
M. Georges Berry, député du 9° arrondis-
sement, a adressé à M. Clemenceau la let-
tre suivante :
Monsieur le président,
VouJez-vous accepter une question sur les me-
sures que vous oomptez prendre, afin d'essayer
de mettre un terme au conflit qui s'est élev
entre les patrons et les ouvriers du bâtiment t
Agréez, etc.
En somme, la situation est très troublée
et il est impossible de prévoir ce qui va
sortir de cè conflit.
Le Krach financier
Une requête du Juge d'instructioll. - Réunion d'actionnaires.
- On signe -- une pétition. -- -
Me Maurice Bernard, conseil de M. Ro-
chetfle, a déposé entre les mains de M.
Ben: la requête dont le texte suit ;
Paris, le 3 avril 1908.
Le soussigné Henri Rochelle, actuellement dé-
ten.u à la prison de la Santé sous mandat délivré
par M. Berr, juge d'instruction, a l'honneur de
vous exposer ;
Qu'il importe de préciser avant tout les condi.
tions dans lesquelles s'est produite rarr es ta-
lion de M. Rociiette et les motifs qui l'ont dé-
terminée ;
Que le juge d'instruction sait fort bien que
depuis longtemps certains personnages, adver-
saires de Kochette, cherchaient à obtenir l'ou-
verture contre lui d'une information judiciaire;
Que parmi eux se trouvaient des hoiiîmes po-
litiques dont les entreprises financières ou in-
dustrielles se croyaient menacées par Roohet.
w;
Que l'-un d'eux, placé par sa situation S un
poste des plus importants, n'a pas craint de
consacrer son influence à cette besogne ;
Mais que, malgré ces intrigues et les dénon-
ciations qui en avaient été la suite, les premiè-
res enquêtes ordonnées par le parquet de la
Seine avaient abouti uniquement à établir la
bonne foi de Rochette et la. régularité de ses
opérations ;
Qu'en effet, il importe de rappeler que, sur
la demande qui lui fut adressée, Rochette con-
sentit à laisser procéder à une expertise sur la
réalité et la valeur des mines de Nerva, situées
en i-spagne ;
Qu un expert, figurant sur la liste du tribu-
nal. M'. Lecornu, ingénieur en chef des mines,
choisi par le parquet pour cette mission, alla
sur place et fit, à la suite de ce voyage, un
rapport dont les conclusions sont absolument
rassurantes pour la Société ;
Qu'en février dernier, le service de la cinquiè-
me section du parquet entra en pourparlers
avec Rochette en vue d'obtenir de lui qu'un
expert-comptable se livrât à un examen de
la comptabilité ;
Que Rochette ne se refusa point, en princi-
pe, à ce contrôle, pourtant exceptionnel, et que
les négociations, en vue de donner mission à
un expert du tribuna]; 'furent suivies entre
lui et le service de la cinquième section, ainsi
qu'il pourra en justifier en cas de besoin ;
Que si cette expertise amiable n'eut pas lieu,
ce n'est point par défaut de bonne volonté de
la part de Rochette, mais uniquement parce
qu'il fut unpossible, parmi les projets de réso-
lution proposés, de se mettre d'accord sur une
rédaction qui donnerait à Rochette l'assurance
que cette investigation, si elle venait à être
connue, ne porterait point atteinte à son crédit;
Mais que cet échange de vues et ces pour-
parlers attestent de la bonne foi de Rochette,
aussi bien que le désir du parquet de ne point
apporter de trouble à la marche de sociétés qui,
toutes, fonctionnaient régulièrement ;
Que c'est dans ces conditions que se présent
chez M. Berr. juge d'instruction, le vendredi
20: mars 1908, un sieur Pichereau, porteur d'une
plainte centre Roohette, en sa qualité de pro-
pàr'i;étaire d'actions des Mines de Nerva, série
J3, ;
Que cette plainte, écrite et signée par Piche-
reaiu, ne visait exclusivement que la société d<;a
Mines de Nerva ;
Qu on lit alors ajouter par Pichereau à sa
plainte un post-scriptum écrit dPune encre au..
lérenbe et contenant une nouvelle plainte con*
tre la société des Mancnons Hella et du Buis*
son Hella ;
Que Picliereau fut entendu par le juge dès le
lendemain, samedi 21 mars, et qu'aussitôt il se
constitua partie civile ;
Que c'est donc uniquenient sur. le prétex-
fourni -par la plainte de Piohereau, ainsi prCsen.
tée et augmentée, que Fe juge d'instruction or.,
donne immédiatement l'arrestation de Hochet
te sans même l'entendre préalablement, alors
que tous les Incidents illdiqut:s. plus haut mon-
taient avec quelle bonne volonté rochette s'était
rendu aux convocations du parquet ;
Quo le juge croyait à tort que cette brusque
et rigouaieuse décision allait amener feffondie.
ment des diverses sociétés, et qu'il strttendpit,
sans doute, à trouver la caisse, vide d'argent {
Que c'est exactement le contraire de ses pré-
visions qui s'est produit ;
Que malgré la terrible secousse causée par.
l'arrestation de Roohette, la mainmise sur 14
Crédit Minier et la Banque Franco-Espagnolei
la nomination d'administrateurs judiciaires, se..-
oousse qui eut amené la chute d'établissements
moins solides, ces Sociétés ont repris leur via
normale, pourvu à sieurs échéances et évfté
une faillite qui était 'déjà escomptée et prévue,
sinon désirée ; 0
Que cette reprise est due uniquement aux
mesures prises sur l'initiative de Rociiette et
pour parer à l'imprévoyance qui avait présidé
aux opérations de l'instruction ;
Qu'enfin, il n'est pas superflu de rappeler que
le juge trouva en espèces dans les caisses une
somme de dix millions de francs dispoïXbles ;
Que ces diverses constatations auraient dit
avoir pour résultat inévitable d'amener l'élar-
gissement immédiat de Rochette ;
Que, cependant, le juge d'instruction a cra
devoir le maintenir en prison en aggravant mê-
me son état par une ordonnance spéciale le
mettant au secret ;
Que cette ngueur inaccoutumée ne pourrait
se rompT-endre que si le juge possédait d'autres
documente que ceux qui figurent au dossier
de la plainte Pichereau et qui ont été, confor-
mément à la loi. mis à la disposition de l'avocat
de l'inculpé, le jeudi 26 mars, veille de la con<
frontation avec le plaignant ;
Que Rochette ne peut qu'écarter cette hypol,
thèse de l'existence de pièces dont il n'aurait
pas eu connaissance ;
Mais que si les seuls éléments à sa charge
consistent dans le dossier Pichereau, il seran
manifeste pour tout esprit impartial, qu'ils ne
peuvent expliquer les rigueurs dont Rochette,
est aujourd'hui victime ;
Oue c'est dans ces circonstances crue le juge,
d'instruclion se rendant comme de l'insuffl-
sance des motife qui ont pu dicter sa décision,
multiplier les perquisitions, ordonner des SaL
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