Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 25 mars 1908 25 mars 1908
Description : 1908/03/25 (N13893). 1908/03/25 (N13893).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7571145s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
, -.4.' _-,.' î '-:'
W 13893. - 4 Germinal An 110 JtiB'JffPMBaH» Mercredi 25 Mars 1908 N° 13393
ANNONCES
âUX BUREAUX DU JOURNAL
fi, rue du Mail, Paris.
8t chez MM. LAGRANGE, CERF atO.
6, place de la Bourse,$
AdreMS Télégraphique : XIXe SIÈCLE — PARIS
ABONNEMENTS
irois mois six mois en as
PIirfs" n' 61. jf t. 20 f*2
Départements - 7 L 12 t 24 C.
Union Postale 9 1. 161, 321.
tes Abonnements sont reçus sans fral8
dans tous les Bureaux de Posta *
RÉDACTION 5 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÈLÉPHONE 102.82
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 4 heure du matin
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE 102 sa
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur L
TRIBUNE LIBRE
-
La Béialtatlon îles faillis
: -, -- l -
Ah ! le bon vieux temps,
l'âge d'or chanté par les
poètes! Décidément chaque
pas dans les voies lumineu-
ses de l'esprit moderne nous
en éloigne. Un souffle d'hu-
mamté pénètre partout, jusqu aux pius
inextricables fouillis de nos codes. En
vain l'écho du passé, par l'organe de
traditionnalistes invétérés, fait entendre
ses protestations. Le progrès marche. Il
surmonte les difficultés ; il renverse les
obstacles ; il porte chaque iour une nou-
velle pierre à 1 œuvre de réparation et
de justice. Il dresse peu à peu l'admira-
ble édifice de réformes dont nous aper-
cevons déjà les bases puissantes et les
harmonieuses proportions.
Ne serait-ce pas pari un de ces ren-
versements d'optique dont elle est cou-
tumière, que la légende aurait plalcé
l'âge d'or au berceau du monde ? L'âge
d'or n'est pas derrière nous. Il apparaît
dans la cité future dont nos vœux et nos
efforts poursuivent l'incessant devenir !
Voyez par exemple les faillis dont on
s'est tant occupé ces derniers jours. La
faillite, dès l'époque romaine, a été l'ob-
jet des réglementations les plus draco-
niennes. C'est pour les débiteurs une
échelle infinie de rigueurs et de peines.
A Rome, le débiteur insolvable devient
1 esclave de son créancier. C'est le ma-
gistrat même qui prononce cet escla-
vage. La loi des Douze Tables, cet impé-
rissable monument où se r-eflète,aver, une
si impitoyable sincérité la férocité na-
tive et l'impérieux besoin de domination
des patriciens de l'ancienne Rome, ne
donne au débiteur, pour se libérer,
feul -iU délai de1 trente jours. Ce délai
passé, le débiteur est traduit en justice,
livré au creanCIer, qui peut d'abord le
ftharga? de chaînes, puis le vendre ou le
mettre à mort. Quanti il y a plusieurs
préanciers, on adjuge à chacun d'eux
une part de son corps.
Au moyen âge, la rigueur du droit
iritaife s'atténue. Le débiteur est
ïfêanmoins emprisonné, excommunié par
Eise, privé de la sépulture ecclé-
siastique. Une ordonnance de nos rois
très chrétiens portant la date du 12 oc-
tobre 1536 — il n'y a pas quatre cents
ans — soumet les faillis à l'amende ho-
norable, au cartean, au pilori, à des
peines corporelles dont la nature et la
durée sont laissées à l'arbitraire du
juge. Le débiteur insolvable est con-
damné à porter un bonnet vert.
La Révolution française a balayé pres-
que complètement l'écume de ce passé
barbare. Le code laisse néanmoins les
faillis sous le coup d'incapacités graves
et-perpétuelles que l'état pur et simple
de faillite ne saurait justifier et que no-
tre troisième République ne pouvait to-
lérer davantage.
Un premier pas a été fait en 1869 par
la suppression de la contrainte par
corps. La loi du 30 décembre 1903 fa,
eilîta la réhabilitation. Enfin la loi votée
tout récemment par le Sénat, approuvée
samedi par la commission de réforme ju-
diciaire au Palais-Bourbon et à laquelle
la Chambre vient de donner une sanction
définitive, va réaliser, en cette matière,
un nouveau progrès.
Les faillis simples, le' est-à-dire non
condamnés pour banqueroute simple ou
frauduleuse, recouvrent, trois ans après
la déclaration de faillite, le droit de
vote. Au bout de dix ans, ils bénéficient
d'une réhabilitation légale, automati-
que, et rentrent dans la. plénitude de
leurs droits.
Les faillis quels qu'ils soient — à con-
dition de n'avoir été condamnés ni nour
banqueroute frauduleuse, ni pour vol,
escroquerie ou abus de confiance —
peuvent être réhabilités par le tribunal.
Une seule condition, avoir : soit, après
concordat, payé intégralement les divi-
dendes promis ; soi't obtenu de leurs
créanciers ou remise entière des dettes
,Du. consentement unanime à la réhabili-
tation.
Ce projet de loi a été critiqué au Sé-
ïiat. On a invoqué contre lui la probité
commerciale si nécessaire à la sécurité
des transactions. On a fait revivre le
spectre de ces forbans qui se font un jeu
de la faillite et s'enrichissent des dé-
pouilles de ceux qu'ils ont odieusement
trompés. Mais rien, dans les dispositions
Votées, n'est de nature à justifier ces at-
taques. La nouvelle loi harmonise sim-
plement notre législation pénale. Que la
faillite, à certains égards nuisse être
considérée comme un délit, soit. Mais
du moment que auteurs des plus gra-
ves délits sont, de droit, réhabilités au
fcout de dix années, sans qu'on exige
l^eux qu'ils aient désintéressé leurs vic-
tor, peut-on moins faire -our le failli
gui trop souvent" loin d'être malhonnête.
a simplement fléchi sous le poids d'une
meurtrière concurrence ? -
, Louis PUECH,
» Député de Paris.
«m
LA POLITIQUE
« NOS AMIS DU CENTRE »
■<< Nos amis du centre
suivant l'heureuse expression
de M. le président du conseil
ont tout lieu d'être satisfaits.
De toutes parts, on nous in-
fonmje que les progressistes*
écrasés aux dernières élections législati-
ves, relèvent la tête, reprennent le che-
min des préfectures et des sous-préfec-
tures, et marchent la main dans la main
avec les catholiques, les nationalistes et
les diverses variétés de conservateurs.
Le Temps, la Liberté et les Débats.
ont un sourire d'attendrissement.. La
Figaro et le Gaulois opinent du bon-
net, et M. Georges Berry abandonne
pour un instant ses odes « à la crava-
che » pour bénir la nouvelle union qui
se forme sous l'œil indifférent de la ma-
jorité radicale
Abandonnée â elle-même, sans éner-
gie et sans volonté d'action, amollie,
sans cohésion et s'émiettant chaque jour,
cette majorité radicale de la Chambre
semble avoir oublié les circonstances qui
l'ont fait élire, le mandat qu'elle a re-
çu, les promesses qu'elle doit réaliser.
Sans direction et sans but, elle piétine
sur place et elle se trouve déjà trop loin
des élections de 1906 et encore trop loin
des élections de 1910 pour avoir exacte-
ment conscience de l'état de l'opmiori
publique, et pour ressentir cette crainte
de l'électeur qui est souvent — quoi
qu'on dise — le commencement de la
sagesse.
« Nos amis dû centre 7), eux, ne per-
dent aucune occasion de profiter de
l'inaction des groupes de gauche, et,
tandis que Te gouvernement prodigue les
belles promesses de réforme, ils s'en-
tendent à merveille à les faire ajourner
indéfiniment.
Chaque fois qu'il s'agira d'aboutir, le
rapporteur aura mal aux yeux, tel autre
aux oreilles, oelui-ci à la langue, et ce-
lui-là aux pieds. Toutes les réformes
promises auront ainsi successivement
une excellente raison pour être « nicke-
lées W.
Le gouvernement se frappera la poi-
trine, la majorité radicale gémira, le
pays républicain s'indignera, et « nos
amis du centre » continueront de sou-
rire et de digérer leurs privilèges en
paix.
Ils hë sont plus, a proprement parler,
fia classé dirigeante, mais, grâce à
« leurs amis du ministère ils restent
la classe digérante. Et cela suffit à leur
« amour cfësmtéressé de la démocratie 'li-),
LES ON-DIT
NOTRE ACENDA;
:Auiottrd'hui mardi :
Lever du soleil à 5 h. 57, coucher à
6 h. 17
Première rerésentation au Gymnase :
Madame Flirt.
Séance à la, Chambre et au Sénat.
Courses à Enghien.
Ce que contiennent les pochea
d'Edouard VII
Dans son gilet: un porte-crayon en
or, un coupe-cigares, la clef de son bu-
reau particulier, un chronomètre réglé
sur l'Observatoire de Greenvich et une
poignée de pièces d'or.
Edouard VII a un mince carnet pour
noter les lettres, mais ses rendez-vous
sont inscrits par son écuyer.
Il porte, l'hiver, ses gants dans la
poche de son pardessus, et l'été à la
mam, jamais dans sa poche.
Comme de juste, l'élégant souverain
d'Angleterre n'a jamais eu de tabatiè-
re, mais à 1 occasion, il emporte avec
lui une petite boîte pleine de pastilles.
Une amusante anecdote
Voici une amusante anecdote sur la
tragédienne Rachel.
Elle entra chez Chevet, w-i Palais-
•loyal, pour acheter le dessert de son
dîner. Elle marchanda un magnifique
ananas que Chevet lui fit 70 fr., et,
comme ce prix lui semblait trop élevé,
elle demanda à le prendre en lo -
jusqu'au lendemain matin.. ce que le
marchand accepta. Elle plaça l'ana-
.nas dans une corbeille, au centre de
la table, et le diner commença.
Il fut très gait-comme ère coutume.
Les vins étaient fins, la cuisine déli-
cieuse, Rachel éblouit ses convives par
son esprit
Mais brusquement on la vit pâlir.
Ponsard avait étendu la main vers le
superbe ananas, s'en était emparé et le
tendait vers son voisin, le duc de San
Theodoro.
Ce dernier prit son couteau et l'en-
fonça dans le fruit.
Alors on entendit un cri tragique, le
ï cri d'Hermione ou de Camille que
[poussait la grande artiste.
Le duc de San Theodoro s'arrêta,
surpris, ne s'expliquant pas une telle-
manifestation, et lui dit tout bas :
— Mademoiselle aurait-elle un ana-
nas à la place de cœur ? »
AUTREFOIS
Rappel, du 25 mars 1872. — Il reste à
juger, à cette date, environ 2.000 détenus
pour faits relatifs à la Commune.
M. Lebeau, rédacteur de i, « Officiel »
(/i la Commune, s'était réfugié en Belgi-
que. Il a été expulsé de ce pays.
On annonce la prochaine vente de la
collection de tableaux du duc de Persigny.
l,a reine d'Angleterre, Victoria, débar-
quée à Cherbourg, se rend directement à
Bude, sans s'arrêter à Paris.
Un Américain, M. Tilghmann, vient
d'inventer un procédé de gravure par jet
dt: sable entraîné par un courant d'air
forcé ou de vapeur. Ce jet est assez for.,
pÕur percer le corindon et creuser les pier-
res les plus dures.
Le professeur allemand Virchow trouve
étrange flue VInstitut de France ait rayé
de ses aca(lémies les savants allemands
qui en faisaient partie avant la guerre. On
lui lait remarquer que les serres du Mu-
séum de Paris ont reçu 57 obus de ses cotae
patriotes.
Stanislas Barzylowshi, dernier survivant
du gouvernement polonais en 1831, vient
de mourir à Paris,
Mode britannique
Les dames anglaises ne savent déci-
dément qu'inventer.
Après le tatouage, qui ces temps der-
niers a fait fureur chez elles, voici
qu'elles viennent de s'aviser d'usé
mode nouvelle. C'est ainsi que nous re-
trouvons dans le Daily Mail la repro-
duction d'une graeieuse silhouette de
miss dont le bras délicatement replié,
porte à la hauteur du coude, le portrait
de son « swe,et hari » (lisez de son fian-
cé.)
Le procédé dérive de la photogra-
phie. Il a sur le tatouage cet immense
avantage qu'il n'est pas indélébile.
Alors vous comprenez, si quelque
brouille survient, rien de plus facile
que. de tourner le feuillet et de fair>©
succéder le portrait à un autre,
Réunion électorale
Vous avez bien compris ? Quand je
parlerai, vous crierez : « bravo ! » et
quand mon adversaire voudra répon-
de, vous crierez : « A la porte, le mu-
fle. et surtout ne confondez pas, com-
me la dernière fois.
Un art français
Comment n'avait-on point songé, de-
puis que les Salons ont des sections
d'art décoratif, à exposer quelques ,é-
chantillons d'un art particulièrement
déHcat, charmant et si français : la den-
telle ?
On s'en avise enfin aujourd'hui, et
c'est à la Société nationale des beaux-
arts qu'il faut rendre grâces de lin no*
vation.
Donc, au Salon de l'avenue d'Antin
nous verronsi. le mois prochain, une sec-
tion de dentelle française.
M. Feydeau prince russe
Il ne déplaît pas à M. Feydeau, l'au-
teur d'Occupe-toi d'Amélie, de jouer par-
fois lui-même la comédie dans la vie.
Ces temps derniers, il fut entraîné dans
un joyeux restaurant de la Butte, où il
fit avec son calme et son flegme habi-
tuels une entrée digne et élégante qui
donna l'idée de le faire passer, auprès
des petits femmes de l'endroit pour un
prince russe plus de cent fois. million-
naire.
Après avoir longtemps contemplé, (.d.
miré et envié le richissime boyard, les
petites femmes s'enhardirent, et que!-
ques-unes vinrent causer.
Une des soupeuses après quelques hé-
sitations, s'adressant à Feydeau lui dit :
— Mon prince, vous qui êtes si bon
et surtout si riche, prêtez-moi donc cinq
louis pour ma voiture.
L'attaque était directe, mais Fey-
deau n'en fut point démonté ei sans
perdre son calme, il désigna son inten.
dant en disant :
— Donc déjà, petite, je n'ai jamais
d'argent sur moi,. adresse-toi à mon in-
tendant.
et l'intendant transigea pour cent
sous.
La kelte-roère de la princesse
Les histoires de belle-mère, c'est un
peu usé ; mais les Müncher Neneste
Nachrichten reçoivent celle-ci de Flo-
rence, donnons là, à cause de l'impor-
tance des personnages :
« Mme Toselli est en très mauvais
termes avec sa belle-mère. Mme Toselli
mère estime que son fils est capable de
se faire tout seul un nom comme pia-
niste, et verrait avec plaisir, son fils
se séparer de la comtesse de Montigno-
so qu'elle considère comme une réclame
inutile, et dont la conception de la vie
choque violemment ses instincts de pe-
tite bourgeoise.
Quant à Mme Toselli, qui est très sé-
rieusement éprise de son mari, elle est
très affectée des méchants bruits que
sa belle-mère répand sur son c'ompte- »
définition heureuse
Une définition Heureuse
On avait mis au concours du jeu des
définitions le mot « boxeur », La répon-
se primée ijisaiti - s « un poing c'est
tout ». 1
9*
Elî passant..
La France a eu ses trois Dumas, et la
Russie ses trois Doumas.
L'histoire de ces Doumas est dailleurs
assez plaisante. Lorsque la première du
,nom se réunit ( pour Dieu ! pour le tsar !
pour la patrie 1) la sainte bureaucratie
russe s'aperçut avec stupeur que la ma-
jorité de l'assemblée était « réformiste ».
Aussi lorsque deux ou trois votes eurent
permis de dénombrer exactement les op-
posants, le Isar prononça l' dissolution.
Les députés - perdirent naturellement leur
inviolabilité, sans compter leurs illusions,
et les « réformistes » furent l'objet d'un
passage à tabac de première classe auquel
excelle la police en général, et la police
russe en particulier.
Sur trois cents députés de l'opposition,
cent cinquante furent emprisonnés, cin-
quante déportés en Sibérie, soixante prirent
la fuite, et quarante furent pendus tout
simplement.
Cetle petite opération électorale effectuée,
nouvelle consultation populaire et deuxiè-
me Douma (pour Dieu 1 pour le tsar ! pour
la patrie !)
Cette fois, l'opposition se trouva réduite
à cent soixante voix, et pour cause !
Nouveau vote, dénombrement des partis,
deuxième dissolution.
Nouveau passage à tabac intensif et, six
mois après, il ne restait plus dans toute
la Russie un seul député opposant.
Troisième élection, troisième Douma
(pour Dieu! pour le tsar ! pour la patrie /)
et, cette fois, unanimité remarquable et
touchante de l'Assemblée, dans son amour
pour le tsar, les grands-ducs, sans compter
les petits, et la sainte bureaucratie.
Les agences nous informent avec atten-
drissement, que dès qu'un ministre prend
la pamle, la Douma l'acclame ; si un
grand-duc daigne apparaître la Douma se
prosterne ; si le nom du isar est prononcé,
la Douma se met à plat ventre.
C'est, parait-il, l'ère tant attendue des ré-
formes et des lipertés. Surtout. <
En France on a reproché jadis à M. Cons-
tans de faire voter les morts
En Russie on trouve plus simple de ren-
dre Il morts » ceux qui ne votent pas pour
le gouvernement.
Quel que soit notre plaisir à nous dé-
crier nous-mêmes, il vaut mieux être élec-
teur à Toulouse qu'à Moscou..
Le Chemineau.
■ I III ■. Ml I — ■
Au Pays des
« Mille Liards »
Aprèsi les vaches grasses, les vaches
maigres.
L'Allemagne a connu une ère de prospé-
rité inouïe. Son essor industriel a pris:
une telle envergure, qu'il a neutralisé celui!
de l'Angleterre.
L'engorgement que tout esprit clair-
voyant prévoyait eaest produit. L'Allema-
gne souffre d'une pléthore industrielle due
à la fois à la surproduction et à la falsi-
fication.
Le pays dec, milliards tend à devenir le
pays des » mille liards ». ,
Le paysan allemand n'a p~s le bas de
laine du paysan français. 11 vit plus lar-
gement que notre campagnard, mais il
; n'économise pas : les revers de fortune le
[prennent au dépourvu. -
Il en est de même du monde commer-
cial et industriel. Le sentiment de jouir
est tellement invétéré chez tout Allemand,
qu'il oblitère absolument le sentiment de
'l'épargne.
Aussi, quand les années maigres survien-
nent, toutes les cigales ne trouvent pas de
fourmis pour les tirer d'embarras.
La crise financière allemande provient,
en grande partie, de cette particularité du
caractère ou du tempérament des Ger-
mains.
Mais il existe encore une autre cause
qui frappera l'industrie allemande d'un dis-
crédit mérité.
On a lu le compte rendu des dernières
etatistiques commerciales. On a constaté
que la feubrication des « chaimpagnes » al-
lemands augmentait de jour en jour, dans
des proportions incroyables.
Cette fabrication cynique est pratiquée
sur une vaste échelle pour tous les pro-
duits. Les Allemands vous offrent du bor-
deaux de Hambourg, des soieries de Lyon
de Crefeld ou ailleurs, des cognacs du Pa-
latinat, du bourgogne du Wurtemberg
etc., etc.
Il est paradoxal de constater que nos
chambres de commerce n'aient pas intenté
de procès aux falsificateurs. Il en est en-
core plus attristant de reconnaître que
nous ne faisons rien pour signaler, sur
tous Les marchés du monde, cette auda-
cieuse supercherie.
Le nom de champagne ne peut pas être
le qualificatif de tout vin blapc mousseux
et celui de cognac ne peut être accolé à
toute eau-de-vie teintée en jaune.
Pourquoi ne pas actionner les faussai-
res ? On ne trouvera peut-être pas de ju-
ges pour condamner ; mais on démasque.
ra une des fraudes les plus considéra-
bles de l'industrie allemande.
On donnera au procès le plus de reten-
tissement possible en Russie, aux Etats-
Unis, en Belgique, partout enfin où nos
produits souffrent de la déloyale concur-
rence allemande.
Les Anglais devront venir. S la rescous-
se. On sophistique également leurs mar-
chandises et les Allemands lancent, sur
les marchés, une quantité énorme d'arti-
cles soi-disants anglais qui réduisent, de
plus en plus, la vente des produits au-
thentiauas. -
Quand tous les pays "victimes de la fal-
sification allemande se ligueront pour 3ê-
fOindre leur réputation industrielle, le pays
des mille liards recevra une secote dont
il se relèvera difficileent..
Sachons vouloir ; défeadcaïg nos intérêts,
-dégageons-nous de la, routine; et nous ver-
rons pâlir de plus en plus, l'astre ébrêché
np. l'inrlnstrîe JLÎléTïîande.
l' -- m_n-- .----.-.- "ean Clerval.
LE M-OIIT ? BATMM
Le manifeste des ouvriers maçons. - L'attitude de M. Ville*
min. - Le mouvement syndical.
Les ouvriers maçons viennent de faire
afficher le manifeste suivant :
La période éooulée depuis 1906 a été em-
ployée par les entrepreneurs pour organiser le
trust de la maçonnerie, qui leur a permis d'im-
poser leurs décisions à leurs collègues, sous la
menace de leur retirer les travaux ou de faire
1 couper le crédit.
La majeure partie des entrepreneurs sera du-
pe des manitous, qui ont fait de leur associa-
tion professionnelle une banque qui entend ré-
glementer le marché du travail. Dans l'indus-
trie du bâtiment, au même titre qu'ils avaient
iCru que nous serions dupes de leurs mièvreries,
ils nous auraient fait avaler leurs conditions,
qui sont inférieures à celles que nous avions
[acquises par notre action.
Nous avons d'autant plus raison que le vice-
président déclarait, il y a quinze jours, à un
architecte : « Qu'ils patientent, un accord va
survenir, mais <'i"ki quelque temps nous rattra-
perons les ouvriers. »
On sait quelle fourberie cachaient ces pour-
parlers. —•
Après avoir voulu faire marcher la chambre
syndicale ouvrière, M. Villemin veut faire mar-
cher le ministreu travail en particulier, et tous
les ministres en général, en demandant appui
afin de pouvoir eemer la misère et peut-être la
mort par des nécessités non satisfaites, en fai-
sant crever de faim les travailleur.
Il escompte que les deux paquets de cartou-
ches dont M. te ministre de la guerre charge
les soldats qui sont envoyés dans les contlits
que soulèvent le capital et le travail fermeront
la bouche à ceux qui réclament des conditions
meilleunes. Le parti pris des entreoreneurs est
flagrant, puisque, avant la dernière A réunion des
commissions patronales et ouvrières. la presse
bourgeoise était en possession d'un communiqué
déclarant les pourparlers rompus et agitait le
spectre tintamaresque du lock-out.
Nous espérons avoir planté un Jaion vers
l'acheminement à un mieux être, qui est notre
but et que rien ne nous fera perdre de vue.
Nous n'avons pas eu satisfaction. Qu'importe ;
nous ne sommes pas vaincus. Et de même qu'il
faut plusieurs coups pour enfoncer un clou, une
amélioration ne 8'.e.vee une suite d'ef-
forts toujours oonstanfê et toujours soutenus
par Ténergio et la volonté des syndiqués.
Quand même une partie imposée serait accep-
tée, oela ne pourrait changer la tactique de no-
tre corporation.
Nous sommes ceux qui dételons le travail,
quoi qu'en puissent dire MM. lès patrons, et
'nous sommes maîtres de l'outil, qui ne produira
que ce que nous voulons qu'il produise.
Comme il ne peut y avoir un entrepreneur
,ou sous-ordre pour surveiller un ouvrier, la
; dixième heure sera payée si cher qu'ils recon-
tnaîtront la nécessité de la supprimer. Quoi
¡Qu'ils disent, quoi qu'ils fassent, on ne change
i pac: la montalitô do eeux qui ont appris a pen-
ser, à réfléchir, et qui ont pu se rendre oompte
des fortunes que leur travail, leur peine, leur
; misère ont élaborées pour ceux qui aujourd'hui
veulent les faire crever de faim.
L'assemblée décide de faite connaitre à l'opi-
nion publique les conditions dans lesquelles nous
nous trouvons grâce & l'exploitation dont nous
sommes victimes. Et que si des dessous, lais- 1
sent apercevoir des combinaisons politico-capi-l
talistes dans lesquelles nous n'avons rien ùq.
faire, que nous importe que des ambitions cher.
chent à se satisfaire dans le clan patronal. »
Cela ne peut faàre un instant l'objet de nos'
soucis. Nous avons retardé l'instant de prendrai
une détermination, nous ne la supprimons pas
au contraire. Que notre solidarité en toute ch 0-
se nous donne, avant peu entière satisfaction,,
quelles que soient les mesures patronales olkl,
gouvernementales prises dans leurs concilia bu-1
les ou dans leurs banquets. dans leurs assem-
blées générales ou en comité secret elles ne,'
nous feront pas oublier que nous n'aurons ja.
mais que ce que nous saurons prendre.
Groupons-nous plus que jamais dar.s l'organi.
sation syndicale.
A la Bourse du Travail -
Les secrétaires des diverses orçsaqîsglJ
tions ouvrières affiliées à la Fédération degf
travailleurs du bâtiment ont tenu hier;
soir, à neuf heures, une réunion extra^r Ji-'
naire et secrète, en vue de statuer sur les
mesures à prendre pour répondre au !o~b.
out patronal.
Les ministres délibèrent
M. Clemenceau, président du conseil a'
ou 'hier après-midi, avec M. Viviani, mi.,
nistre du travail, une conférence au sujei
de la grève du bâtiment. .:
Chez le président du conseil
Note de l'Agence ffavas :
M. le président du conseil & reçu hi-p.t<.
matin de M. Villerain, président de IW
-chambre syndicale des entrepreneurs, unaf
Mtré l'avertissant du conflit possible (a-,
tre les ouvriers, maçons et les entrepre-j
neurs et lui offrant un dossier contenant
les réclamations des pasrliesf
M. le président du conseil à répondu qué;
le gouvernement, par l'organe du minis-(
r du travail, s'était déjà préoccupé dii
conflit et avait entendu les parties mté-
pressées, sauf deux syndicats ouvriers qur
n'avaient pas répondu à la convocation àè
M. Viviani. Il a accepté les cammunJca.(,
tions proposées par la chambre syndicalaf
-des entrepreneurs et il a en même tempH
fait savoir aux syndicats ouvriers qu
était prêt à les entendre.
Ainsi toutes les parties intéressées sC-'
ront mises à même de faire, valoir, leur?
droits le gouvernement continuera 5 tk^
vanter au rapprochement dès ouvriers* et
des patrons et fera tous ses efforts POU(
'prévenir la crise annoncée" >
Ue entrevue a eu lieu hier après-midi$
ce sujet entre le président du conseil et M
ministre du travail. Îf.;-
L
l -
LES EMPLOYHS DE PRÉFBCTlllThl
t——— 'i
II
La situation anormale et unique dans
l'administration française faite au per-
sonnel des bureaux des préfectures et
sous-préfectures n'a jamais ému le gou-
vernement au point de lui faire déposer
au Parlement un projet d'organisation.
Les seuls efforts qui aient été tentés
sont dûs à l'initiative parlementaire et,
sauf, peut-être une intervention en dé-
cembre i849 de l'Assemblée législative,
ne remontent pas au-delà du 28 décem-
bre 1883.
A cette époque, MM. LiouvilIa. Bas-
tid et soixante de leurs collègues sou-
mirent à la Chambre des propositions
tendant à organiser le personnel des bu-
reaux.
Sans plus de succèsl. la même tenta-
tive fut faite le 5 décembre 1885 _pûr
MM. Pierre Blanc1 Buyat et cent dix
autres dépotés.
En 1891 r M. Pierre Blanc revint à la
charge avec une proposition qui orga-
nisait le personnel des bureaux des
préfectures et sous-préfectures en jn
corps d'administration relevant du mi-
nistère de l'intérieur. Cette proposition,
prise en considération, comme d'ail-
leurs les deux précédentes, eut le même
sort et ne fut jamais discutée.
Il n'est pas douteux que ces intervan-
tions parlementaires furent provoquées
par les intéressés, ou plutôt par cer-
tains* d'entre eux. car le personnel ne
s'est résolu à se grouper pour poursui-
vre l'amélioration de son sort qu'en
i904, au mois de mars.
Mais, depuis le jour où, réunis en une
amicale mutuellet les employés des pré-
fectures et sous-préfectures se sont sen-
tis les coudes, ils n'ont pas perdu un
instant qui n'ait été dépensé à étudier
les causes de leur misère, les moyens
d'y remédier et d'intéresser à leur sort
tous ceux qui peuvent quelque chose
pour eux.
Les causes du ma!, on les connaît, les
remèdes sont plus difficiles à trouver
ou, tout au moins, à faire adopter.
Tout le mal vient de ce que le person-
nel dépend de deux maîtres qui se ren-
voient la charge des nouveaux sacrifices
que les exigences de la vie et les chan-
gements survenus depuis 1807 impo-
sent. De bons esprits ont pense que le
remède serait de n'avoir quun chef et
on a songé à faire des employés de pré-
fectures et sous-préfectures! des fonc-
i tionnaires de l'Etat. - -" <
- La grande majorité denUi eux n a
cas vu à ce changement de grands
avantages ; elle en a souligné les -in-
convénients, dont les plus graves sont
d'exposer à, des MplaceMents onéreux
des gens attachés fortement à leur che
lieu, et à les placer, au point de vue dO,
la retraite, sous le régime de la lot ;i^
1853, bien moins favorable que le,
moins favorable des réglements des.¡
caisses départementales de retraites
L'idée n'a pas davantage souri aux pré-»'
fets et sous-préfets, qui ont besoin, pouli
leur administration et leur politique, dçg
trouver à côté d'eux des gens du paysi
y ayant toujours vécu, très au couranf
des êtres, des personnes et des chose
Enfin, l'Etat a fait grise mine au ca
deau qu'on lui voulait faire de nouveau
fonctionnaires à payer et à pensionnera
C'est à ces causes qu'il faut, sans 3lJ
cun doutet attribuer pour une grandet
part, l'échec des propositions sounl
ses au Parlement de 1883 à 1891. f
Le personnel s'est donc résolu à re
ter attaché à deux patrons, mais il 4
demandé que le législateur intervienne
pour régler les rapports d'autorité c'ntrœ
ces deux- patrons et les rapports de ees
derniers avec le dit personnel. n1
mande aussi que soient légalement I
parties les charges financières. V
La loi de Finances annuelle fixe déji1
l'effort de l'Etat.. dans des proportions.
insuffisantes estime le personnel, maii
enfin elle les fixe. L'effort des conseil!
généraux au contraire, est facultatif ;
n'est-il pas souhaitable que, comme ce"
lui de l'Etat, il soit déterminé par le lé
gislateur ? h
gi. Tous ceux qui connaissent tous lea(
éléments du problème sentent bien quaf
là, et là seulement, doit se trouver lai
solution définitive. Certes, un grand
nombre de conseils généraux partiel
pent au traitement des employés pr$i:
fectoraux, soit en activité soit en r
traite, dans des proportions que le lé-
gislateur n'oserait point rendre obliga-:
toires pour tous les départements, ma'l
d'autres ne font que des sacrifices insuf*
fisants. Il n'est pas douteux que si Porci
veut améliorer le sort du personnel
dans tous les départements, il faut im-»'
poser à tous la me-". proportionnante
dan:3 la dépense des fujie.:r'P..:5.
Partant de ce principe, l'amieale mif
tuelle a demandé que les traitements;
convenablement relevés, soient support
tés pour deux tiers par l'Etat, un tier
seulement restant à la charge des 1Ó:'
parlements qui font déjà tous les fraii
des pensions de retraite. Elle a demau*
ffé aussi, avec une unanimité qui fait
plus d'honneur à ses sentiments de so<
lidarité qu'à son esprit de tactique" qusf
la contribution du département soit ml-
se au rang des dépenses obligatoires.
On remarquera que je ne parle poui
l l'instant que de la question des traites
ments, car c'est la pierre d'achoppé
W 13893. - 4 Germinal An 110 JtiB'JffPMBaH» Mercredi 25 Mars 1908 N° 13393
ANNONCES
âUX BUREAUX DU JOURNAL
fi, rue du Mail, Paris.
8t chez MM. LAGRANGE, CERF atO.
6, place de la Bourse,$
AdreMS Télégraphique : XIXe SIÈCLE — PARIS
ABONNEMENTS
irois mois six mois en as
PIirfs" n' 61. jf t. 20 f*2
Départements - 7 L 12 t 24 C.
Union Postale 9 1. 161, 321.
tes Abonnements sont reçus sans fral8
dans tous les Bureaux de Posta *
RÉDACTION 5 14, RUE DU MAIL, PARIS. - TÈLÉPHONE 102.82
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 4 heure du matin
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE 102 sa
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur L
TRIBUNE LIBRE
-
La Béialtatlon îles faillis
: -, -- l -
Ah ! le bon vieux temps,
l'âge d'or chanté par les
poètes! Décidément chaque
pas dans les voies lumineu-
ses de l'esprit moderne nous
en éloigne. Un souffle d'hu-
mamté pénètre partout, jusqu aux pius
inextricables fouillis de nos codes. En
vain l'écho du passé, par l'organe de
traditionnalistes invétérés, fait entendre
ses protestations. Le progrès marche. Il
surmonte les difficultés ; il renverse les
obstacles ; il porte chaque iour une nou-
velle pierre à 1 œuvre de réparation et
de justice. Il dresse peu à peu l'admira-
ble édifice de réformes dont nous aper-
cevons déjà les bases puissantes et les
harmonieuses proportions.
Ne serait-ce pas pari un de ces ren-
versements d'optique dont elle est cou-
tumière, que la légende aurait plalcé
l'âge d'or au berceau du monde ? L'âge
d'or n'est pas derrière nous. Il apparaît
dans la cité future dont nos vœux et nos
efforts poursuivent l'incessant devenir !
Voyez par exemple les faillis dont on
s'est tant occupé ces derniers jours. La
faillite, dès l'époque romaine, a été l'ob-
jet des réglementations les plus draco-
niennes. C'est pour les débiteurs une
échelle infinie de rigueurs et de peines.
A Rome, le débiteur insolvable devient
1 esclave de son créancier. C'est le ma-
gistrat même qui prononce cet escla-
vage. La loi des Douze Tables, cet impé-
rissable monument où se r-eflète,aver, une
si impitoyable sincérité la férocité na-
tive et l'impérieux besoin de domination
des patriciens de l'ancienne Rome, ne
donne au débiteur, pour se libérer,
feul -iU délai de1 trente jours. Ce délai
passé, le débiteur est traduit en justice,
livré au creanCIer, qui peut d'abord le
ftharga? de chaînes, puis le vendre ou le
mettre à mort. Quanti il y a plusieurs
préanciers, on adjuge à chacun d'eux
une part de son corps.
Au moyen âge, la rigueur du droit
iritaife s'atténue. Le débiteur est
ïfêanmoins emprisonné, excommunié par
Eise, privé de la sépulture ecclé-
siastique. Une ordonnance de nos rois
très chrétiens portant la date du 12 oc-
tobre 1536 — il n'y a pas quatre cents
ans — soumet les faillis à l'amende ho-
norable, au cartean, au pilori, à des
peines corporelles dont la nature et la
durée sont laissées à l'arbitraire du
juge. Le débiteur insolvable est con-
damné à porter un bonnet vert.
La Révolution française a balayé pres-
que complètement l'écume de ce passé
barbare. Le code laisse néanmoins les
faillis sous le coup d'incapacités graves
et-perpétuelles que l'état pur et simple
de faillite ne saurait justifier et que no-
tre troisième République ne pouvait to-
lérer davantage.
Un premier pas a été fait en 1869 par
la suppression de la contrainte par
corps. La loi du 30 décembre 1903 fa,
eilîta la réhabilitation. Enfin la loi votée
tout récemment par le Sénat, approuvée
samedi par la commission de réforme ju-
diciaire au Palais-Bourbon et à laquelle
la Chambre vient de donner une sanction
définitive, va réaliser, en cette matière,
un nouveau progrès.
Les faillis simples, le' est-à-dire non
condamnés pour banqueroute simple ou
frauduleuse, recouvrent, trois ans après
la déclaration de faillite, le droit de
vote. Au bout de dix ans, ils bénéficient
d'une réhabilitation légale, automati-
que, et rentrent dans la. plénitude de
leurs droits.
Les faillis quels qu'ils soient — à con-
dition de n'avoir été condamnés ni nour
banqueroute frauduleuse, ni pour vol,
escroquerie ou abus de confiance —
peuvent être réhabilités par le tribunal.
Une seule condition, avoir : soit, après
concordat, payé intégralement les divi-
dendes promis ; soi't obtenu de leurs
créanciers ou remise entière des dettes
,Du. consentement unanime à la réhabili-
tation.
Ce projet de loi a été critiqué au Sé-
ïiat. On a invoqué contre lui la probité
commerciale si nécessaire à la sécurité
des transactions. On a fait revivre le
spectre de ces forbans qui se font un jeu
de la faillite et s'enrichissent des dé-
pouilles de ceux qu'ils ont odieusement
trompés. Mais rien, dans les dispositions
Votées, n'est de nature à justifier ces at-
taques. La nouvelle loi harmonise sim-
plement notre législation pénale. Que la
faillite, à certains égards nuisse être
considérée comme un délit, soit. Mais
du moment que auteurs des plus gra-
ves délits sont, de droit, réhabilités au
fcout de dix années, sans qu'on exige
l^eux qu'ils aient désintéressé leurs vic-
tor, peut-on moins faire -our le failli
gui trop souvent" loin d'être malhonnête.
a simplement fléchi sous le poids d'une
meurtrière concurrence ? -
, Louis PUECH,
» Député de Paris.
«m
LA POLITIQUE
« NOS AMIS DU CENTRE »
■<< Nos amis du centre
suivant l'heureuse expression
de M. le président du conseil
ont tout lieu d'être satisfaits.
De toutes parts, on nous in-
fonmje que les progressistes*
écrasés aux dernières élections législati-
ves, relèvent la tête, reprennent le che-
min des préfectures et des sous-préfec-
tures, et marchent la main dans la main
avec les catholiques, les nationalistes et
les diverses variétés de conservateurs.
Le Temps, la Liberté et les Débats.
ont un sourire d'attendrissement.. La
Figaro et le Gaulois opinent du bon-
net, et M. Georges Berry abandonne
pour un instant ses odes « à la crava-
che » pour bénir la nouvelle union qui
se forme sous l'œil indifférent de la ma-
jorité radicale
Abandonnée â elle-même, sans éner-
gie et sans volonté d'action, amollie,
sans cohésion et s'émiettant chaque jour,
cette majorité radicale de la Chambre
semble avoir oublié les circonstances qui
l'ont fait élire, le mandat qu'elle a re-
çu, les promesses qu'elle doit réaliser.
Sans direction et sans but, elle piétine
sur place et elle se trouve déjà trop loin
des élections de 1906 et encore trop loin
des élections de 1910 pour avoir exacte-
ment conscience de l'état de l'opmiori
publique, et pour ressentir cette crainte
de l'électeur qui est souvent — quoi
qu'on dise — le commencement de la
sagesse.
« Nos amis dû centre 7), eux, ne per-
dent aucune occasion de profiter de
l'inaction des groupes de gauche, et,
tandis que Te gouvernement prodigue les
belles promesses de réforme, ils s'en-
tendent à merveille à les faire ajourner
indéfiniment.
Chaque fois qu'il s'agira d'aboutir, le
rapporteur aura mal aux yeux, tel autre
aux oreilles, oelui-ci à la langue, et ce-
lui-là aux pieds. Toutes les réformes
promises auront ainsi successivement
une excellente raison pour être « nicke-
lées W.
Le gouvernement se frappera la poi-
trine, la majorité radicale gémira, le
pays républicain s'indignera, et « nos
amis du centre » continueront de sou-
rire et de digérer leurs privilèges en
paix.
Ils hë sont plus, a proprement parler,
fia classé dirigeante, mais, grâce à
« leurs amis du ministère ils restent
la classe digérante. Et cela suffit à leur
« amour cfësmtéressé de la démocratie 'li-),
LES ON-DIT
NOTRE ACENDA;
:Auiottrd'hui mardi :
Lever du soleil à 5 h. 57, coucher à
6 h. 17
Première rerésentation au Gymnase :
Madame Flirt.
Séance à la, Chambre et au Sénat.
Courses à Enghien.
Ce que contiennent les pochea
d'Edouard VII
Dans son gilet: un porte-crayon en
or, un coupe-cigares, la clef de son bu-
reau particulier, un chronomètre réglé
sur l'Observatoire de Greenvich et une
poignée de pièces d'or.
Edouard VII a un mince carnet pour
noter les lettres, mais ses rendez-vous
sont inscrits par son écuyer.
Il porte, l'hiver, ses gants dans la
poche de son pardessus, et l'été à la
mam, jamais dans sa poche.
Comme de juste, l'élégant souverain
d'Angleterre n'a jamais eu de tabatiè-
re, mais à 1 occasion, il emporte avec
lui une petite boîte pleine de pastilles.
Une amusante anecdote
Voici une amusante anecdote sur la
tragédienne Rachel.
Elle entra chez Chevet, w-i Palais-
•loyal, pour acheter le dessert de son
dîner. Elle marchanda un magnifique
ananas que Chevet lui fit 70 fr., et,
comme ce prix lui semblait trop élevé,
elle demanda à le prendre en lo -
jusqu'au lendemain matin.. ce que le
marchand accepta. Elle plaça l'ana-
.nas dans une corbeille, au centre de
la table, et le diner commença.
Il fut très gait-comme ère coutume.
Les vins étaient fins, la cuisine déli-
cieuse, Rachel éblouit ses convives par
son esprit
Mais brusquement on la vit pâlir.
Ponsard avait étendu la main vers le
superbe ananas, s'en était emparé et le
tendait vers son voisin, le duc de San
Theodoro.
Ce dernier prit son couteau et l'en-
fonça dans le fruit.
Alors on entendit un cri tragique, le
ï cri d'Hermione ou de Camille que
[poussait la grande artiste.
Le duc de San Theodoro s'arrêta,
surpris, ne s'expliquant pas une telle-
manifestation, et lui dit tout bas :
— Mademoiselle aurait-elle un ana-
nas à la place de cœur ? »
AUTREFOIS
Rappel, du 25 mars 1872. — Il reste à
juger, à cette date, environ 2.000 détenus
pour faits relatifs à la Commune.
M. Lebeau, rédacteur de i, « Officiel »
(/i la Commune, s'était réfugié en Belgi-
que. Il a été expulsé de ce pays.
On annonce la prochaine vente de la
collection de tableaux du duc de Persigny.
l,a reine d'Angleterre, Victoria, débar-
quée à Cherbourg, se rend directement à
Bude, sans s'arrêter à Paris.
Un Américain, M. Tilghmann, vient
d'inventer un procédé de gravure par jet
dt: sable entraîné par un courant d'air
forcé ou de vapeur. Ce jet est assez for.,
pÕur percer le corindon et creuser les pier-
res les plus dures.
Le professeur allemand Virchow trouve
étrange flue VInstitut de France ait rayé
de ses aca(lémies les savants allemands
qui en faisaient partie avant la guerre. On
lui lait remarquer que les serres du Mu-
séum de Paris ont reçu 57 obus de ses cotae
patriotes.
Stanislas Barzylowshi, dernier survivant
du gouvernement polonais en 1831, vient
de mourir à Paris,
Mode britannique
Les dames anglaises ne savent déci-
dément qu'inventer.
Après le tatouage, qui ces temps der-
niers a fait fureur chez elles, voici
qu'elles viennent de s'aviser d'usé
mode nouvelle. C'est ainsi que nous re-
trouvons dans le Daily Mail la repro-
duction d'une graeieuse silhouette de
miss dont le bras délicatement replié,
porte à la hauteur du coude, le portrait
de son « swe,et hari » (lisez de son fian-
cé.)
Le procédé dérive de la photogra-
phie. Il a sur le tatouage cet immense
avantage qu'il n'est pas indélébile.
Alors vous comprenez, si quelque
brouille survient, rien de plus facile
que. de tourner le feuillet et de fair>©
succéder le portrait à un autre,
Réunion électorale
Vous avez bien compris ? Quand je
parlerai, vous crierez : « bravo ! » et
quand mon adversaire voudra répon-
de, vous crierez : « A la porte, le mu-
fle. et surtout ne confondez pas, com-
me la dernière fois.
Un art français
Comment n'avait-on point songé, de-
puis que les Salons ont des sections
d'art décoratif, à exposer quelques ,é-
chantillons d'un art particulièrement
déHcat, charmant et si français : la den-
telle ?
On s'en avise enfin aujourd'hui, et
c'est à la Société nationale des beaux-
arts qu'il faut rendre grâces de lin no*
vation.
Donc, au Salon de l'avenue d'Antin
nous verronsi. le mois prochain, une sec-
tion de dentelle française.
M. Feydeau prince russe
Il ne déplaît pas à M. Feydeau, l'au-
teur d'Occupe-toi d'Amélie, de jouer par-
fois lui-même la comédie dans la vie.
Ces temps derniers, il fut entraîné dans
un joyeux restaurant de la Butte, où il
fit avec son calme et son flegme habi-
tuels une entrée digne et élégante qui
donna l'idée de le faire passer, auprès
des petits femmes de l'endroit pour un
prince russe plus de cent fois. million-
naire.
Après avoir longtemps contemplé, (.d.
miré et envié le richissime boyard, les
petites femmes s'enhardirent, et que!-
ques-unes vinrent causer.
Une des soupeuses après quelques hé-
sitations, s'adressant à Feydeau lui dit :
— Mon prince, vous qui êtes si bon
et surtout si riche, prêtez-moi donc cinq
louis pour ma voiture.
L'attaque était directe, mais Fey-
deau n'en fut point démonté ei sans
perdre son calme, il désigna son inten.
dant en disant :
— Donc déjà, petite, je n'ai jamais
d'argent sur moi,. adresse-toi à mon in-
tendant.
et l'intendant transigea pour cent
sous.
La kelte-roère de la princesse
Les histoires de belle-mère, c'est un
peu usé ; mais les Müncher Neneste
Nachrichten reçoivent celle-ci de Flo-
rence, donnons là, à cause de l'impor-
tance des personnages :
« Mme Toselli est en très mauvais
termes avec sa belle-mère. Mme Toselli
mère estime que son fils est capable de
se faire tout seul un nom comme pia-
niste, et verrait avec plaisir, son fils
se séparer de la comtesse de Montigno-
so qu'elle considère comme une réclame
inutile, et dont la conception de la vie
choque violemment ses instincts de pe-
tite bourgeoise.
Quant à Mme Toselli, qui est très sé-
rieusement éprise de son mari, elle est
très affectée des méchants bruits que
sa belle-mère répand sur son c'ompte- »
définition heureuse
Une définition Heureuse
On avait mis au concours du jeu des
définitions le mot « boxeur », La répon-
se primée ijisaiti - s « un poing c'est
tout ». 1
9*
Elî passant..
La France a eu ses trois Dumas, et la
Russie ses trois Doumas.
L'histoire de ces Doumas est dailleurs
assez plaisante. Lorsque la première du
,nom se réunit ( pour Dieu ! pour le tsar !
pour la patrie 1) la sainte bureaucratie
russe s'aperçut avec stupeur que la ma-
jorité de l'assemblée était « réformiste ».
Aussi lorsque deux ou trois votes eurent
permis de dénombrer exactement les op-
posants, le Isar prononça l' dissolution.
Les députés - perdirent naturellement leur
inviolabilité, sans compter leurs illusions,
et les « réformistes » furent l'objet d'un
passage à tabac de première classe auquel
excelle la police en général, et la police
russe en particulier.
Sur trois cents députés de l'opposition,
cent cinquante furent emprisonnés, cin-
quante déportés en Sibérie, soixante prirent
la fuite, et quarante furent pendus tout
simplement.
Cetle petite opération électorale effectuée,
nouvelle consultation populaire et deuxiè-
me Douma (pour Dieu 1 pour le tsar ! pour
la patrie !)
Cette fois, l'opposition se trouva réduite
à cent soixante voix, et pour cause !
Nouveau vote, dénombrement des partis,
deuxième dissolution.
Nouveau passage à tabac intensif et, six
mois après, il ne restait plus dans toute
la Russie un seul député opposant.
Troisième élection, troisième Douma
(pour Dieu! pour le tsar ! pour la patrie /)
et, cette fois, unanimité remarquable et
touchante de l'Assemblée, dans son amour
pour le tsar, les grands-ducs, sans compter
les petits, et la sainte bureaucratie.
Les agences nous informent avec atten-
drissement, que dès qu'un ministre prend
la pamle, la Douma l'acclame ; si un
grand-duc daigne apparaître la Douma se
prosterne ; si le nom du isar est prononcé,
la Douma se met à plat ventre.
C'est, parait-il, l'ère tant attendue des ré-
formes et des lipertés. Surtout. <
En France on a reproché jadis à M. Cons-
tans de faire voter les morts
En Russie on trouve plus simple de ren-
dre Il morts » ceux qui ne votent pas pour
le gouvernement.
Quel que soit notre plaisir à nous dé-
crier nous-mêmes, il vaut mieux être élec-
teur à Toulouse qu'à Moscou..
Le Chemineau.
■ I III ■. Ml I — ■
Au Pays des
« Mille Liards »
Aprèsi les vaches grasses, les vaches
maigres.
L'Allemagne a connu une ère de prospé-
rité inouïe. Son essor industriel a pris:
une telle envergure, qu'il a neutralisé celui!
de l'Angleterre.
L'engorgement que tout esprit clair-
voyant prévoyait eaest produit. L'Allema-
gne souffre d'une pléthore industrielle due
à la fois à la surproduction et à la falsi-
fication.
Le pays dec, milliards tend à devenir le
pays des » mille liards ». ,
Le paysan allemand n'a p~s le bas de
laine du paysan français. 11 vit plus lar-
gement que notre campagnard, mais il
; n'économise pas : les revers de fortune le
[prennent au dépourvu. -
Il en est de même du monde commer-
cial et industriel. Le sentiment de jouir
est tellement invétéré chez tout Allemand,
qu'il oblitère absolument le sentiment de
'l'épargne.
Aussi, quand les années maigres survien-
nent, toutes les cigales ne trouvent pas de
fourmis pour les tirer d'embarras.
La crise financière allemande provient,
en grande partie, de cette particularité du
caractère ou du tempérament des Ger-
mains.
Mais il existe encore une autre cause
qui frappera l'industrie allemande d'un dis-
crédit mérité.
On a lu le compte rendu des dernières
etatistiques commerciales. On a constaté
que la feubrication des « chaimpagnes » al-
lemands augmentait de jour en jour, dans
des proportions incroyables.
Cette fabrication cynique est pratiquée
sur une vaste échelle pour tous les pro-
duits. Les Allemands vous offrent du bor-
deaux de Hambourg, des soieries de Lyon
de Crefeld ou ailleurs, des cognacs du Pa-
latinat, du bourgogne du Wurtemberg
etc., etc.
Il est paradoxal de constater que nos
chambres de commerce n'aient pas intenté
de procès aux falsificateurs. Il en est en-
core plus attristant de reconnaître que
nous ne faisons rien pour signaler, sur
tous Les marchés du monde, cette auda-
cieuse supercherie.
Le nom de champagne ne peut pas être
le qualificatif de tout vin blapc mousseux
et celui de cognac ne peut être accolé à
toute eau-de-vie teintée en jaune.
Pourquoi ne pas actionner les faussai-
res ? On ne trouvera peut-être pas de ju-
ges pour condamner ; mais on démasque.
ra une des fraudes les plus considéra-
bles de l'industrie allemande.
On donnera au procès le plus de reten-
tissement possible en Russie, aux Etats-
Unis, en Belgique, partout enfin où nos
produits souffrent de la déloyale concur-
rence allemande.
Les Anglais devront venir. S la rescous-
se. On sophistique également leurs mar-
chandises et les Allemands lancent, sur
les marchés, une quantité énorme d'arti-
cles soi-disants anglais qui réduisent, de
plus en plus, la vente des produits au-
thentiauas. -
Quand tous les pays "victimes de la fal-
sification allemande se ligueront pour 3ê-
fOindre leur réputation industrielle, le pays
des mille liards recevra une secote dont
il se relèvera difficileent..
Sachons vouloir ; défeadcaïg nos intérêts,
-dégageons-nous de la, routine; et nous ver-
rons pâlir de plus en plus, l'astre ébrêché
np. l'inrlnstrîe JLÎléTïîande.
l' -- m_n-- .----.-.- "ean Clerval.
LE M-OIIT ? BATMM
Le manifeste des ouvriers maçons. - L'attitude de M. Ville*
min. - Le mouvement syndical.
Les ouvriers maçons viennent de faire
afficher le manifeste suivant :
La période éooulée depuis 1906 a été em-
ployée par les entrepreneurs pour organiser le
trust de la maçonnerie, qui leur a permis d'im-
poser leurs décisions à leurs collègues, sous la
menace de leur retirer les travaux ou de faire
1 couper le crédit.
La majeure partie des entrepreneurs sera du-
pe des manitous, qui ont fait de leur associa-
tion professionnelle une banque qui entend ré-
glementer le marché du travail. Dans l'indus-
trie du bâtiment, au même titre qu'ils avaient
iCru que nous serions dupes de leurs mièvreries,
ils nous auraient fait avaler leurs conditions,
qui sont inférieures à celles que nous avions
[acquises par notre action.
Nous avons d'autant plus raison que le vice-
président déclarait, il y a quinze jours, à un
architecte : « Qu'ils patientent, un accord va
survenir, mais <'i"ki quelque temps nous rattra-
perons les ouvriers. »
On sait quelle fourberie cachaient ces pour-
parlers. —•
Après avoir voulu faire marcher la chambre
syndicale ouvrière, M. Villemin veut faire mar-
cher le ministreu travail en particulier, et tous
les ministres en général, en demandant appui
afin de pouvoir eemer la misère et peut-être la
mort par des nécessités non satisfaites, en fai-
sant crever de faim les travailleur.
Il escompte que les deux paquets de cartou-
ches dont M. te ministre de la guerre charge
les soldats qui sont envoyés dans les contlits
que soulèvent le capital et le travail fermeront
la bouche à ceux qui réclament des conditions
meilleunes. Le parti pris des entreoreneurs est
flagrant, puisque, avant la dernière A réunion des
commissions patronales et ouvrières. la presse
bourgeoise était en possession d'un communiqué
déclarant les pourparlers rompus et agitait le
spectre tintamaresque du lock-out.
Nous espérons avoir planté un Jaion vers
l'acheminement à un mieux être, qui est notre
but et que rien ne nous fera perdre de vue.
Nous n'avons pas eu satisfaction. Qu'importe ;
nous ne sommes pas vaincus. Et de même qu'il
faut plusieurs coups pour enfoncer un clou, une
amélioration ne 8'.e.vee une suite d'ef-
forts toujours oonstanfê et toujours soutenus
par Ténergio et la volonté des syndiqués.
Quand même une partie imposée serait accep-
tée, oela ne pourrait changer la tactique de no-
tre corporation.
Nous sommes ceux qui dételons le travail,
quoi qu'en puissent dire MM. lès patrons, et
'nous sommes maîtres de l'outil, qui ne produira
que ce que nous voulons qu'il produise.
Comme il ne peut y avoir un entrepreneur
,ou sous-ordre pour surveiller un ouvrier, la
; dixième heure sera payée si cher qu'ils recon-
tnaîtront la nécessité de la supprimer. Quoi
¡Qu'ils disent, quoi qu'ils fassent, on ne change
i pac: la montalitô do eeux qui ont appris a pen-
ser, à réfléchir, et qui ont pu se rendre oompte
des fortunes que leur travail, leur peine, leur
; misère ont élaborées pour ceux qui aujourd'hui
veulent les faire crever de faim.
L'assemblée décide de faite connaitre à l'opi-
nion publique les conditions dans lesquelles nous
nous trouvons grâce & l'exploitation dont nous
sommes victimes. Et que si des dessous, lais- 1
sent apercevoir des combinaisons politico-capi-l
talistes dans lesquelles nous n'avons rien ùq.
faire, que nous importe que des ambitions cher.
chent à se satisfaire dans le clan patronal. »
Cela ne peut faàre un instant l'objet de nos'
soucis. Nous avons retardé l'instant de prendrai
une détermination, nous ne la supprimons pas
au contraire. Que notre solidarité en toute ch 0-
se nous donne, avant peu entière satisfaction,,
quelles que soient les mesures patronales olkl,
gouvernementales prises dans leurs concilia bu-1
les ou dans leurs banquets. dans leurs assem-
blées générales ou en comité secret elles ne,'
nous feront pas oublier que nous n'aurons ja.
mais que ce que nous saurons prendre.
Groupons-nous plus que jamais dar.s l'organi.
sation syndicale.
A la Bourse du Travail -
Les secrétaires des diverses orçsaqîsglJ
tions ouvrières affiliées à la Fédération degf
travailleurs du bâtiment ont tenu hier;
soir, à neuf heures, une réunion extra^r Ji-'
naire et secrète, en vue de statuer sur les
mesures à prendre pour répondre au !o~b.
out patronal.
Les ministres délibèrent
M. Clemenceau, président du conseil a'
ou 'hier après-midi, avec M. Viviani, mi.,
nistre du travail, une conférence au sujei
de la grève du bâtiment. .:
Chez le président du conseil
Note de l'Agence ffavas :
M. le président du conseil & reçu hi-p.t<.
matin de M. Villerain, président de IW
-chambre syndicale des entrepreneurs, unaf
Mtré l'avertissant du conflit possible (a-,
tre les ouvriers, maçons et les entrepre-j
neurs et lui offrant un dossier contenant
les réclamations des pasrliesf
M. le président du conseil à répondu qué;
le gouvernement, par l'organe du minis-(
r du travail, s'était déjà préoccupé dii
conflit et avait entendu les parties mté-
pressées, sauf deux syndicats ouvriers qur
n'avaient pas répondu à la convocation àè
M. Viviani. Il a accepté les cammunJca.(,
tions proposées par la chambre syndicalaf
-des entrepreneurs et il a en même tempH
fait savoir aux syndicats ouvriers qu
était prêt à les entendre.
Ainsi toutes les parties intéressées sC-'
ront mises à même de faire, valoir, leur?
droits le gouvernement continuera 5 tk^
vanter au rapprochement dès ouvriers* et
des patrons et fera tous ses efforts POU(
'prévenir la crise annoncée" >
Ue entrevue a eu lieu hier après-midi$
ce sujet entre le président du conseil et M
ministre du travail. Îf.;-
L
l -
LES EMPLOYHS DE PRÉFBCTlllThl
t——— 'i
II
La situation anormale et unique dans
l'administration française faite au per-
sonnel des bureaux des préfectures et
sous-préfectures n'a jamais ému le gou-
vernement au point de lui faire déposer
au Parlement un projet d'organisation.
Les seuls efforts qui aient été tentés
sont dûs à l'initiative parlementaire et,
sauf, peut-être une intervention en dé-
cembre i849 de l'Assemblée législative,
ne remontent pas au-delà du 28 décem-
bre 1883.
A cette époque, MM. LiouvilIa. Bas-
tid et soixante de leurs collègues sou-
mirent à la Chambre des propositions
tendant à organiser le personnel des bu-
reaux.
Sans plus de succèsl. la même tenta-
tive fut faite le 5 décembre 1885 _pûr
MM. Pierre Blanc1 Buyat et cent dix
autres dépotés.
En 1891 r M. Pierre Blanc revint à la
charge avec une proposition qui orga-
nisait le personnel des bureaux des
préfectures et sous-préfectures en jn
corps d'administration relevant du mi-
nistère de l'intérieur. Cette proposition,
prise en considération, comme d'ail-
leurs les deux précédentes, eut le même
sort et ne fut jamais discutée.
Il n'est pas douteux que ces intervan-
tions parlementaires furent provoquées
par les intéressés, ou plutôt par cer-
tains* d'entre eux. car le personnel ne
s'est résolu à se grouper pour poursui-
vre l'amélioration de son sort qu'en
i904, au mois de mars.
Mais, depuis le jour où, réunis en une
amicale mutuellet les employés des pré-
fectures et sous-préfectures se sont sen-
tis les coudes, ils n'ont pas perdu un
instant qui n'ait été dépensé à étudier
les causes de leur misère, les moyens
d'y remédier et d'intéresser à leur sort
tous ceux qui peuvent quelque chose
pour eux.
Les causes du ma!, on les connaît, les
remèdes sont plus difficiles à trouver
ou, tout au moins, à faire adopter.
Tout le mal vient de ce que le person-
nel dépend de deux maîtres qui se ren-
voient la charge des nouveaux sacrifices
que les exigences de la vie et les chan-
gements survenus depuis 1807 impo-
sent. De bons esprits ont pense que le
remède serait de n'avoir quun chef et
on a songé à faire des employés de pré-
fectures et sous-préfectures! des fonc-
i tionnaires de l'Etat. - -" <
- La grande majorité denUi eux n a
cas vu à ce changement de grands
avantages ; elle en a souligné les -in-
convénients, dont les plus graves sont
d'exposer à, des MplaceMents onéreux
des gens attachés fortement à leur che
lieu, et à les placer, au point de vue dO,
la retraite, sous le régime de la lot ;i^
1853, bien moins favorable que le,
moins favorable des réglements des.¡
caisses départementales de retraites
L'idée n'a pas davantage souri aux pré-»'
fets et sous-préfets, qui ont besoin, pouli
leur administration et leur politique, dçg
trouver à côté d'eux des gens du paysi
y ayant toujours vécu, très au couranf
des êtres, des personnes et des chose
Enfin, l'Etat a fait grise mine au ca
deau qu'on lui voulait faire de nouveau
fonctionnaires à payer et à pensionnera
C'est à ces causes qu'il faut, sans 3lJ
cun doutet attribuer pour une grandet
part, l'échec des propositions sounl
ses au Parlement de 1883 à 1891. f
Le personnel s'est donc résolu à re
ter attaché à deux patrons, mais il 4
demandé que le législateur intervienne
pour régler les rapports d'autorité c'ntrœ
ces deux- patrons et les rapports de ees
derniers avec le dit personnel. n1
mande aussi que soient légalement I
parties les charges financières. V
La loi de Finances annuelle fixe déji1
l'effort de l'Etat.. dans des proportions.
insuffisantes estime le personnel, maii
enfin elle les fixe. L'effort des conseil!
généraux au contraire, est facultatif ;
n'est-il pas souhaitable que, comme ce"
lui de l'Etat, il soit déterminé par le lé
gislateur ? h
gi. Tous ceux qui connaissent tous lea(
éléments du problème sentent bien quaf
là, et là seulement, doit se trouver lai
solution définitive. Certes, un grand
nombre de conseils généraux partiel
pent au traitement des employés pr$i:
fectoraux, soit en activité soit en r
traite, dans des proportions que le lé-
gislateur n'oserait point rendre obliga-:
toires pour tous les départements, ma'l
d'autres ne font que des sacrifices insuf*
fisants. Il n'est pas douteux que si Porci
veut améliorer le sort du personnel
dans tous les départements, il faut im-»'
poser à tous la me-". proportionnante
dan:3 la dépense des fujie.:r'P..:5.
Partant de ce principe, l'amieale mif
tuelle a demandé que les traitements;
convenablement relevés, soient support
tés pour deux tiers par l'Etat, un tier
seulement restant à la charge des 1Ó:'
parlements qui font déjà tous les fraii
des pensions de retraite. Elle a demau*
ffé aussi, avec une unanimité qui fait
plus d'honneur à ses sentiments de so<
lidarité qu'à son esprit de tactique" qusf
la contribution du département soit ml-
se au rang des dépenses obligatoires.
On remarquera que je ne parle poui
l l'instant que de la question des traites
ments, car c'est la pierre d'achoppé
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Heylli Georges d' Heylli Georges d' /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Heylli Georges d'" or dc.contributor adj "Heylli Georges d'")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7571145s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7571145s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7571145s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7571145s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7571145s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7571145s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7571145s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest