Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 mars 1908 13 mars 1908
Description : 1908/03/13 (N13881). 1908/03/13 (N13881).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7571133k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
- - N' 13881.-22 VentôseAn 118 - "cl"N4 'CËNTl1..n.1..NUMER.o Vendredi 13 Mars 1908. - X" 13881
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TRIBUNE LIBRE
IL FAUT EN FINIR!
- - - -
Il y a seulement quatre
, ou cinq ans, les partisans
du rachat n'étaient pas
nombreux dans l'Ouetl.
Lorsque nous tentions d'en
causer, les ancêtres - nous
faisaient taire en nous expliquant que
nous allions compromettre le succès
de la cause républicaine ; tremblant
devant une occurrence aussi redouta-
ble, nous gardions le silence.,
Cependnt; comme nous avions re-
marqué qu'on no-us faisait la même
réponse chaque fois que nous vou-
lions parler d'une réforme républi-
caine, nous avions pris quelque mé-
fiance et, un beau jour, nous nous
gammes résoiu-s à manquer de res-
pect aux ancêtres.
Ainsi nous avons fait dans l'affaire
du rachat. Mon collègue Charles
Baudet et moi nous l'avons inscrit
dans notre programme et nous l'a-
vons expliqué à nos électeurs qui se-
raient aujourd'hui bien surpris si le
-Parlement refusait de le voter.
Le mouvement rachatiste na pas
été circonscrit au département des
Côtes-du-Nord. En effet, la Bretagne
ne comptait il y a 3 ans qu'un député
rachatiste, elle en compte huit à l'heu-
re actuelle.'
Lorsque la question est venue de-
vant la Chambre, la tactique dfeë re-
présentants de la Compagnie ■a con-
sisté à affirmer que les populations
de la région intéressée étaient hostiles
à réforme. Ce n'est qu'une affirma-
tion.
M. Armez a soutenu obstm. ement » à
la Chambre que tout était pour le
mieux dans le meilleur des mondes,
que le public était fort satisfait et que
4e Tachât serait préjudiciable non
seulement aux intérêts du pays, mais
encore aux employés eux-mêmes qui,
tous, diésiraient garder le statu quo.
J'ai eu' l'honneur de soumettre à
M. le ministre des travaux publics les
doléances des travailleurs des che-
mins de fer, et il sait à quoi s'en tenir
à ce sujet.
Il est impossible, au surplus, de
Voyager sur le réseau d'e l'Ouest sans
entendre les employés déclarer que le
désordre et le désarroi sont tels que
le service est devenu intolérable, les
longs retards de tous les trains allon-
gent leurs heures de travail dans des
coiiiditioais si cruelles que tout leur
semble préférable à ce qui existe ac-
tuellement.
Si l'on veut, d'autre p;alrt, prendre
la peine d'écouter les commerçants,
on sera forcé de constater qu'ils tien-
nent un langaige encore plus impres-
sionnant.
Cet été, la pénurie çleâ wagons
était si complète que les céréales ¡¡es-
taient sur les quais des gares où la
pfuie les mouillait et où le soleil les
faisait germer.
Les syndicats des cidres ont fait
entendre d'éloquentes protestations et
je ne parlerai que pour mémoire des
service de colis de toute nature qui
ne peuvent plus être assurés par un
personnel surmené et excédé.
M. Plichon soutenait à la tribune
que la Chambre avait le devoir de
repousser le rachat parce que toutes
les assemblées départementales de
Bretagne y étaient hostiles.
Cet argument, s'il avait été e?dact,
serait à l'heure actuelle singulière-
ment endommagé par une délibéra-
tion que la commission départemen-
tale des Côtes-du-Nord' a pris dans sa
'séance du 3 décembre dernier.
Je veux en citer le résumé dans sa
forme un peu fruste Y
« Un membre de rassemblée entre-
( tient la commisssion diépartementa-
« le de la situation fâcheuse qui ré-
« suite de la défectuosité des services
« de la Compagnie de l'Ouest.
« Les retards dans les trains sont
« devenus la règle et ils sont souvent
« considérables.
« Sur certaines lignes, ils sont la
« terreur des voyageurs. Ainsi les
( personnes qui, de Carhaix à la
t( Brohinière, prennent les trains qui
« doivent correspondre avec ceux de
« Paris manquent presque régulière-
h ment cette corespondance et, selon
« l'heure, ne peuvent ni continuer
« leur route, ni rentrer chez elles.
« Il est de ces retards que le public
« n'arrive pas à s'expliquer : tel train
« qui se forme de toutes pièces dans
« telle gare partira avec une d'emi-
« heure ou trois quarts d'heure de
« retard, sans qu'il y ait à attendre
« d autre train ou qu'il apparaisse un
v empêchement quelconque.,
*
« Le commerce manque absolument
« de wagons, alors que lâ culture re-
« présente pour la plus grande par-
« tie l'industrie du pays ; la plupart
« des produits agricoles ne trouvent
« pas à se transporter..
« Un commerçant sérieux ne peut
« plus garantir une fourniture à une
« date même approximative. C'est
« une grosse perte pour l'agriculture
« et le commerce en même temps que
« la source de procès et de difficultés
« sans nombre. • «•Tir
« Le public ne voit pas de raisons
«' suffisantes à cette pénurie, il se dit
« que l'année dernière les transports
« ôïit été moins laborieux bien qu'il
« y eut abondance de pommes, que
« le nombre des wagons n'a pu dimi-
« nuer d'une façon bien sensible et
« que par suite l'absence de wagons
« tient comme les retards au fait de
« la Compa.gnie.,..
« Toujours est-il que le public est
« victime et qu'il réclame la fin d'un
« pareil état de choses.
« La commission départementale
« du département des Côtes-du-Nord,
« à l'unanimité, prie instamment M.
« le ministre des travaux publics de
« faire tous ses efforts pour amener
« la fin d'un état de choses regrella-
« ble qui est aussi contraire à l'inté-
« rêt du publiic qu'aux intérêts de la
« Compagnie. »
Que puis-je ajouter à cette délibé-
ration prise par une assemblée qui ne
compte que des républicains extrê-
mement modérés ?
Elle prouve surabondamment que
d'ans l'Ouest la question du rachat a
marché à pas de géant et que les
hommes qui en ont été.les premiers
défenseurs n'ont pas eu de meilleur
auxiliaire que, la Ç-Q.:m¡p.agnie elle-
même.
Il reste aux représentants de la
Compagnie l'argument des chambres
de commerce. Il ne tient pas.
Toutes, en effet, sont hostiles au ra-
chat, mais leur recrutement est tel
que les avis qu'elles émettent peuvent
rarement être pris au isérieux.
J'en connais qui ont pris des déli-
bérations pour protester contre la sé-
paration des Eglises et de l'Etat, con-
tre la loi sur les congrégations ou
même contre l'indemnité parlemen-
taire.
La Bretagne est Un pays qui s'é-
veille ; dans peu de temps, avec la li-
berté que nous sommes en train d'y
organiser, lui viendra la richesse.
La province tout entière, surtout
en sa partie maritime, se couvre de
chemins de fer départementaux, de
tramways, de réseaux téléphoniques,
d'installations électriques. Prochaine-
ment délivrée dés fléaux qui là déso-
laient, elle constituera une des par-
ties les plus riches et les plus prospè-
res de la France.
Est-il admissible qu'on laisse plus
longtemps cette région au pouvoir de
cette lamentable Compagnie de lofllelsit
qui arrête son développement et para-
lyse son commerce, sans autre utilité
que d'être une sorte d'assistance pu-
blique à l'usage de tous les ratés des
bonnes maisons de la région ?
Chaque jour qui s'écoule augmente
le malaise général, rend la situation
plus difficile, cause de nouveaux pré-
judices.
Les représentante républicains de
la région attendent du Séniat qu'ils
mette fin aux manœuvres dilatoires et
aux procédés de coulisse qui sont in-
dignes d'un Parlement soucieux de sa
bonne renommée.
Gustave de KERGUEZEC,
Député des Côtes-du-Nord.
LA POLITIQUE
M. HENRI BRISSON
La cêremonie de la remise
d'une médaille à M. Henri
Brisson par ses collègues du
Parlement a été, comme il
convenait, une fête républi-
caine d'une simplicité émou-
vante,
L'idée était particulièrement heureuse
de rendre un hommage cordial à l'intè-
gre citoyen que la confiance de la majo-
rité a porté pour la quinzième fois cette
année à la présidence de la Chambre.
Nul n'était plus digne que M. Henri
Brisson d'une telle manifestation d'esti-
me affectueuse et de respectueuse grati-
tude car, en nos jours d'incohérence et
de contradictions, où la veulerie des ca-
ractères acauieille sans répugnance les
I.palinodies ejt les reniements, et encoura-
ge tacitement ceux qui ne craignent pas
de désavouer leur passé en déchirant
leurs anciens programmes, il est profon-
dément réconfortant de voir mettre en
relief la figure d'un homme qui, par sa
haute probité, son caractère - désintéres-
sé, et la belle unité de sa vie publique,
fait honneur au parti républicain tout
entier*
Pour rendre à M.Henri Brisson l'hom-
mage cordial qui lui était dû, nur*choix
ne pouvait être meilleur à tous égards
que celui de M, Emile Combes. Par ses
vertus civiques et privées, par son ad-
mirable énergie et son dévouement pro-
fond à la démocratie, l'ancien président
du Conseil était certes qualifié entre tous
pour saluèr le président de la Chambre
au nom des républicains de gauche du
Parlement.
L'assistance a salué d'une même ova-
tion chaleureuse les deux vétérans de
nos luttes politiques, et confondu dans
une même acclamation les noms de ces
deux fidèles et intègres serviteurs de la
démocratie.
Et n'en déplaise aux sceptiques, c'é-
tait un très noble spectacle — assez rare
que celui de ces deux bons citoyens,
groupant autour d'eux une majorité ré-
publicaine, vibrante et convaincue, et
mue uniquement par des sentiments de
confiance, de cordialité, et d'estime.
- *0
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
12 mars 1815. — Bonaparte s'est évadé
de l'île d'Elbe ; protestation de Louis
XVIII à ce sujet.
Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 6 h. 23, coucher à 5 h.
58.
Séance à la Chambre et au Sénat.
Matinées : Comédie-Française, Oéra-
Comique, Odéon, Théâtre Antoine, Théâ-
tre Réjane, Vaudeville, Gaité, Châtelet,
Porte Saint-Martin, Trianon-Lyrique, Dé-
jazet, Grand-Guignol, Olympia, lIorado,
Parisiana, Nouveau-Cirque, Cirque Médra-
no, Jardin d'Acclimatation.
Courses à Auteuil.
En vers
Quel est le poète abondant et parfois
soporifique, qui écrivait récemment à
l'un de ses amis, directeur ue journal :
« Mon cher ami, pardonnez-moi si je
vous écris en vers, mais je suis très
pressé » ?
AUTREFOIS
Rappel du 13 mars 1872. — M. Jules Si-
mon, ministre de l'instruction publique, a
présenté un projet de loi sur l'instruction
gratuite et obligatoire ; la commission de
VAssemblée de Versailles en repousse les
cinq premiers articles, parce qu'ils suppo-
sent l'existence d'une morale n'émanant
pas de l'Eva'ngile.
On parle dans les couloirs de l'Assem-
blée, d'un complot bonapartiste décou-
vert simultanément à Paris et à Besançon.
Le prince de Galles (le futur Edouard
VIl) assiste à la séance de l'Assemblée.
Une dépêche de Pise annonce la mort de
Mazzini.
On travaille, au fardin du Luxembourg,
à établir le jardin anglais qui longe la
grille de la rue Bonaparte prolongée (ac-
tuellement rue du Luxembourg)
L'affaire de la rue Haxo [meurtre des
otages, le 26 mai 1871) commence devant
le conseil de guerre. Les accusés sont au
nombre de 22.
Au Gymnase, première représentation de
Paris chez lui, d'Edmond Gondinet.
Les bons confrères
Quelqu'un demandait à Mirbeau son
opinion sur la valeur littéraire d'un
académicien bien connu.
« C'est, disait-il, l'homme de France
le plus connu par les bons mots. qu'il
s'est attiré. »
La démission
de M. Barthou
On affirme, dans les milieux politiques
bien informés, que l'honorable M. Bar-
thou est extrêmement mécontent des résul-
tats de la séance d'avant-hier à la Cham-
bre, et qu'il n'attend que d'être remis du
regrettable accident dont il a été récem-
ment victime, pour donner sa démission à
M. le président du conseil.
Il est certain que l'irritation de M. Bar-
thou se conçoit ; absent de la séance de
la Chambre des députés, il ne saurait res-
ter sous le Coup du vote de l'amendement
de M. Constans, défendu par M. Berteaux.
S'il eût été présent, il n'eût certes pas
manqué ue combattre énergiquement l'a-
doption, car le 25 novembre 1907 dernier,
il avait fait à la Chambre les déclarations
formelles suivantes :
« Je rappelle à la Chambre que les sous-
agents- avaient été frappés une première
fois de révocation à la suite de la grève
dont ils avaient été les instigateurs. Leur
signature au bas de la lettre adressée à M.
le président du conseil constituait une vé-
ritable récidive, aggravée depuis par leurs
propos et par leurs actes.
Je déclare très nettement que je perdrais
toute autorité sur les services dont j'ai la
direction et la responsabilité ,si je pouvais
envisager pour un moment quelconque là
réintégration de ces sous-agents dans l'ad-
ministration.
Les jours où ils y entreraient, j'en serais
sorti. C'est une déclaration que j'avais Je
devoir de faire pour couper court à toute
équivoque. n
Il est évident qu'après les déclarations
aussi foimelles de M. Barthou, la situa-
tion du ministre des travaux publics, des
postes et télégraphes, est intenable, et qu'il'
ne saurait admettre l'attitude prise en son
absence, et à son insu, par ses collègues
du cabinet, à la séance d'avant-hier. 0
UNE GRANDE FÊTE
RÉPUBLICAINE
Le Banquet Brissoile Imposante manifestationde sympathie.
Les Discours -
Remise d'une médaille commémorative
M.-BIUSBON
1. M. COMBES
LE BANQUET
Hier soir a eu lieu, dans la .vaste salle
de l'Hôtel Moderne, le grand banquet
républicain offert à M. Henri Brisson,
à l'occasion de sa quinzième élection à
la présidence de la Chambre des dépu-
tés.
Cinq cents convives environ avaient
pris place autour des nombreuses ta-
bles superbement dressées. La musique
de la Garde républicaine prêtait son
concours à cette fête, dont on peut dire
qu'elle fut une grande et belle fête de
la démocratie honorant l'un de ses ci-
toyens les meilleurs, les plus dévoués et
les plus vertueux, parmi ceux qui ont
contribué au succès et à l'avenir de la
République.
Le banquet était présidé par M. Anto-
nin Dubost, président du Sénat, ayant
à sa droite, MM. Henri Brisson, prési-
dent dé la Chambre ; Emile Combes, an-
cien président du Conseil ; Etienne,
vice-président de la Chambre ; Briand,
ministre de la justice ; Cruppi, minis-
tre du commerce ; Ruau, ministre de
l'agriculture ; Doumergue, ministre de
l'instruction publique ; général Pic-
quart, ministre de la guerre ; Caillaux,
ministre des finances ; général André,
ancien ministre de la guerre ; Milliès-
Lacroix, ministre des colonies ; à sa
gauche, MM. Clemenceau, président du
Conseil ; Bourrât, député, président du
comité d'organisation du banquet ; com-
mandant de Keraudren, représentant
M. le président de la République ; Ber-
teaux, député, ancien ministre de la
guerre ; Rabier, vice-président de la
Chambre ; Leydet, vice-président du Sé-
nat ; Thomson, ministre de la marine ;
Viviani, ministre du travail ; Pichon,
ministre des affaires étrangères ; Mau-
jan, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur;
Simyan, sous-secrétaire d'Etat aux pos-
tes et télégraphes ; Chéron, sous-secré-
taire d'Etat à la guerre ; Pelletan, dé-
puté, ancien ministre de la marine'; Du-
bief, député, ancien président du Con-
seil, etc., etc.
On constatait la présence de nom-
breux sénateurs et députés républi-
cains, parmi lesquels les collaborateurs
et amis du Rappel : MM. Monis, Gau-
thier, anciens ministres et sénateurs ;
Delpech, sénateur ; Emile Constant,
Steeg, Régnier, de Kerguezec, Bourély,
Godet, Puech, René Renouit et Marc
Réville, députés.
Assistaient également au banquet, de
nombreux représentants du Consel mu-
nicipal de Paris et du conseil général
de la Seine, la plupart des directeurs
de journaux républicains et- de nom-
breux fonctionnaires du Sénat, de la
Chambre, des divers ministères, des
préfecture de police et de la Seine,
ainsi que des délégués de nombreux
comités" et groupements républicains.
Des écussons Dortant au centre les
initiales' R. F. et surmontés de tro-
phées de drapeaux tricolores consti-
tuaient l'unique décoration de la salle.
Lorsque M- Henri Brisson a pénétré
dans la salle du banquet, les convives
lui ont fait une ovation enthousiaste
qui s'est prolongée pendant plusieurs
minutes et la musique de la Garde ré-
publicaine a joué la Marseillaise.
Au dessert, M. Brisson a ouvert la sé-
rie des discours par l'allocution sui-
vante :
Messieurs et chers amis,
Je vous invite à lever votre verre en
l'honneur de M. Fallières, président de Ja
..République française, qui a bien voulu se
faire représenter parmi nous.
Je l'en remercie en votre nom et plus
particulièrement au mien. (Vifs applaudis-
sements.)
LES DISCOURS
Discours de M. Antonin Dubost
Président du Sénat
Mon, cher président et ami,
En pénétrant dans cette belle assemblée,
si cordialement groupée autour de vous, je
songeais : « Est-ce là la fête d'un hom-
me ? » Si c'est la fête d'une idee, c'est cer-
tainement celle de la République elle même
avec laquelle votre vie tout entière se con-
fond si pleinement, et si c'est la fête d'un
homme, elle prend encore à nos yeux, a
tous ici, une rvaleur de symbole et d ensei-
gnement, car comment vous fêter sans
fêter en même térnips toutes les vertus pu
bliquee et privées qui vous font ccrtège,
et qui, partout 'où vous prenez place sem-
blent s'asseoir à vos côtés 1
Notre société démocratique parviendra
t-elle, un jour, à organiser les grandes fê-
tes laïques qui conviendraient si bien à ses
idées fraterneilles et à l'entretien de sa foi
sociale ? Nous le souhaitons tous ; mais ne
vous semble-t-il pas, messieurs, que ce
soir, en nous réjouissant ensemble d'un de
ces anniversaires qui jalonnent la haute
existence du président Brisson, nous célé-
brons déjà, en quelque sorte, le cllte de
la fidélité républicaine, du respect et de
l'amitié ?
De l'amitié 1 D'autres parleront après
moi et diront les services éminents rendus
à la République par M. le président de la
Chambre des députés, les grandes et super
bes luttes qu'il a soutenues par la plume
et par la parole pour le triomphe ou la Té
fense des institutions démocratiques I Mais
aujourd'hui, mon cher président, permet
tez-moi de ne parler que comme ami de ne
m'autoriser, pour parler, que du souvenir
des ferventes années de notre jeunesse, où
notre ardeur combative se fortifiait et se
délassait dans la douceur et la paix de nos
communes amitiés !
Que de souvenirs accourent en foule à
ma mémoire, depuis le jour où, accueilli
de la manière la plus charmante dans l'in-
timité de votre foyer, je prenais ma part de
l'enseignement répandu par tant de fidèles
et loyaux serviteurs de la liberté et de la
vérité qui étaient, depuis longtemps, vos
amis et qui, par vous, devinrent les miens!
Que par la pensée, messieurs, une place
soit faite ici à tous ces vieux compagnons
que. la -plupart d'entre nous n'ont pas con-
nus, mais qui vivent encore par la Répu-
blique, par la justice, par la -olidarité so-
ciale, filles toujours grandissantes de leur
rêves, -de leurs pensées et de leurs actions
J'ai nommé les Massol, les Tajan-Rcgé °t
tant d'autres hommes de pensée et d'ac-
tions parmi ces saint-Simoniens qui les
premiers, agitèrent tous les problèmes de
l'industrialisme moderne et de la réorgani-
sation sociale ! J'ai nommé votre père, mon
cher Brisson, dont je revois en cet instant,
le noble visage, et dont le nom est insépa-
rable de ce grand Michel de Bourges, don
vous reçûtes, tout jeune, les caresses ei
les leçons ! - J'ai sommé tous ces hommes
de 1848, maintenant disparus, mais au mi-
lieu desquels nous vivions encore alors, at
dont l'effort décisif — il importe de ne pas
l'oublier pour mieux leur manifester notre
reconnaissance — consista à remettre dé-
finitivement au peuple la direction de ses
affaires avec la sanction de ses propres
fautes, faisant ainsi du peuple lui-même
l'artisan responsable de ses propres des
tinées l
Mais surtout, Messieurs, je vous deman-
de de vous associer à moi pour replacer,
dans toute la force d'un souvenir évoca-
teur, - l'admirable compagne qui embell-
ce foyer sans' pareil dont fe parlais tout à
l'heure qui le parfuma de tant de vertus,
et qui trouva dans son cœur, dans son dé-
vouement, dans l'association constante de
sa peflisée, la seuile religion qui puisse con-
sacrer les véritables et fortes unions, les
unions qui ne se rompent pas,. les unions
qui durent toujours jusqu'à la mort 1 1
C'est au nom de tous ces souvenirs de
l'amitié, au nom de tout ce qui peut rap-,
peler les grands services rendus par vou's,
que je porte votre santé, mon cher prési-
dent et ami ! Mais je sens bien que ce ne (
serait pas assez pour traduire les senti-1
ments qui nous animent tous ici, Si je n'a:
joutais pas que, dans d'intérêt supérieur du.'
pays,c'est d'un cœur unanime que nous voua
souhaitons une longue vie, une longue con-
tinuation de votre activité politique pour'
l'honneur et pour la prospérité de la Fran-
ce et de la République 1
De nombreux bravos, des salves d'ap-
plaudissements ont souligné les princi-
paux passages et la péroraison du dis-
cours de M. Antonin Dubost..
Discours de M. Emile Combes
Ancien Président du Conseil, Président des
Groupes de Gauche du Sénat
Messieurs,
C'est pour moi une vive satisfaction da
prendre la parole à ce banquet, destiné U.
acquitter, en la forme la plus modeste, une
dette sacrée du parti républicain. Et per-
sonne ne s'étonnera que j'éprouve- cette
satisfaction, alors qu'il s'agit pour notre:
parti de rendre publiquement hommage à
son chef le plus vénéré, à celui que j'ai eu-
l'occasion un jour dans une autre enceinte,,
de représenter, aux acclamations enthou-
siastes de la majorité républicaine, comme
étant la personnification même de l'hon-
neur et de la probité politiques.
Oui, mon cher président; par vos hautes
qualités morales, droiture de l'esprit, fer-
meté du caractère, dévouement absolu A
la République, vous des l'honneur de no-
tre parti. Vous l'honorez tout autant par.
votre probité politique, j'entends par là
une fidélité inébranlable à vos convictions'
depuis le jour où vous êtes entré dans la
vie publique, la p&rfaite rectitude de vo-
tre carrière où la critique la plus malveil.
lante ne relèverait pas une seule contra-
diction entre vos paroles et vos actes, en-
fin, et par-dessus tout, votre horreur des
compromissions, toujours plus marquées,
quand votre intérêt propre pouvait paraî-
tre engagé.
De là vient, mon cher président, la joie'
sans mélange que j'ai au cœur à vous ap-
porter l'hommage spontané des républi-
cains de gauche du Sénat, hommage fait
d'une réelle admiration et d'une inaltéra-
ble reconnaissance.
Au surplus, il ne m'est pas permis d'ou-
blier, .et comment le pourrais-je ? que,
dans une circonstance analogue, où la ma-
jorité républicaine, qui m'avait soutenu
pendant deux ans et demi de luttes inces<
santés, dans mon œuvre d'action et d. dé-
fense républicaines, avec une persévérance
supérieure à tous les calculs personnels,
a voulu attester publiquement, comme elle
le fait aujourd'hui pour vous, outre sa'
sympathie pour ma personne, lax complète
communauté de nos idées et dehios senti-
ments en matière de direction politique,
vous avez trouvé;pOUf rendre justice à mea
efforts, des paroles empreintes d'une tou-
chante affection, en même temps que vous
évoquiez des souvenirs personnels bien
propres à me dédommager d'injustes atta-
ques basées sur ma prétendue ambition.
La justice du corps électoral -
Vous-même, mon cher président, à ce
moment-là, vous étiez la victime innocente
dune manœuvre politique, qui avait cher-
ché à m'atteindre, en vous atteignant d'a.
bord. Vous avez supporté cette injuste dis-
grâce avec une -rar,e tranquillité d'amer
Mais, je connaissais assez l'état d'esprit dtf
pays répuolicain pour être certain que le
suffrage universel vous vengerait aux pJ'o..:
chaines élections du coup immérité qu5*
vous avait frappé. Aussi, en réponse à vo-
tre aifectueux témoignage, je ne craignis
pas de prédira hautement, interprète fidèlet
des sentiments de cei pays, que justice voue
serait faite par le corps électoral
instwv» vous a été faite effectivement.
Vous êtes remonté, aux appla!-ldi.ssemen!1
unanimes de la France républicaine, a Çêl
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TRIBUNE LIBRE
IL FAUT EN FINIR!
- - - -
Il y a seulement quatre
, ou cinq ans, les partisans
du rachat n'étaient pas
nombreux dans l'Ouetl.
Lorsque nous tentions d'en
causer, les ancêtres - nous
faisaient taire en nous expliquant que
nous allions compromettre le succès
de la cause républicaine ; tremblant
devant une occurrence aussi redouta-
ble, nous gardions le silence.,
Cependnt; comme nous avions re-
marqué qu'on no-us faisait la même
réponse chaque fois que nous vou-
lions parler d'une réforme républi-
caine, nous avions pris quelque mé-
fiance et, un beau jour, nous nous
gammes résoiu-s à manquer de res-
pect aux ancêtres.
Ainsi nous avons fait dans l'affaire
du rachat. Mon collègue Charles
Baudet et moi nous l'avons inscrit
dans notre programme et nous l'a-
vons expliqué à nos électeurs qui se-
raient aujourd'hui bien surpris si le
-Parlement refusait de le voter.
Le mouvement rachatiste na pas
été circonscrit au département des
Côtes-du-Nord. En effet, la Bretagne
ne comptait il y a 3 ans qu'un député
rachatiste, elle en compte huit à l'heu-
re actuelle.'
Lorsque la question est venue de-
vant la Chambre, la tactique dfeë re-
présentants de la Compagnie ■a con-
sisté à affirmer que les populations
de la région intéressée étaient hostiles
à réforme. Ce n'est qu'une affirma-
tion.
M. Armez a soutenu obstm. ement » à
la Chambre que tout était pour le
mieux dans le meilleur des mondes,
que le public était fort satisfait et que
4e Tachât serait préjudiciable non
seulement aux intérêts du pays, mais
encore aux employés eux-mêmes qui,
tous, diésiraient garder le statu quo.
J'ai eu' l'honneur de soumettre à
M. le ministre des travaux publics les
doléances des travailleurs des che-
mins de fer, et il sait à quoi s'en tenir
à ce sujet.
Il est impossible, au surplus, de
Voyager sur le réseau d'e l'Ouest sans
entendre les employés déclarer que le
désordre et le désarroi sont tels que
le service est devenu intolérable, les
longs retards de tous les trains allon-
gent leurs heures de travail dans des
coiiiditioais si cruelles que tout leur
semble préférable à ce qui existe ac-
tuellement.
Si l'on veut, d'autre p;alrt, prendre
la peine d'écouter les commerçants,
on sera forcé de constater qu'ils tien-
nent un langaige encore plus impres-
sionnant.
Cet été, la pénurie çleâ wagons
était si complète que les céréales ¡¡es-
taient sur les quais des gares où la
pfuie les mouillait et où le soleil les
faisait germer.
Les syndicats des cidres ont fait
entendre d'éloquentes protestations et
je ne parlerai que pour mémoire des
service de colis de toute nature qui
ne peuvent plus être assurés par un
personnel surmené et excédé.
M. Plichon soutenait à la tribune
que la Chambre avait le devoir de
repousser le rachat parce que toutes
les assemblées départementales de
Bretagne y étaient hostiles.
Cet argument, s'il avait été e?dact,
serait à l'heure actuelle singulière-
ment endommagé par une délibéra-
tion que la commission départemen-
tale des Côtes-du-Nord' a pris dans sa
'séance du 3 décembre dernier.
Je veux en citer le résumé dans sa
forme un peu fruste Y
« Un membre de rassemblée entre-
( tient la commisssion diépartementa-
« le de la situation fâcheuse qui ré-
« suite de la défectuosité des services
« de la Compagnie de l'Ouest.
« Les retards dans les trains sont
« devenus la règle et ils sont souvent
« considérables.
« Sur certaines lignes, ils sont la
« terreur des voyageurs. Ainsi les
( personnes qui, de Carhaix à la
t( Brohinière, prennent les trains qui
« doivent correspondre avec ceux de
« Paris manquent presque régulière-
h ment cette corespondance et, selon
« l'heure, ne peuvent ni continuer
« leur route, ni rentrer chez elles.
« Il est de ces retards que le public
« n'arrive pas à s'expliquer : tel train
« qui se forme de toutes pièces dans
« telle gare partira avec une d'emi-
« heure ou trois quarts d'heure de
« retard, sans qu'il y ait à attendre
« d autre train ou qu'il apparaisse un
v empêchement quelconque.,
*
« Le commerce manque absolument
« de wagons, alors que lâ culture re-
« présente pour la plus grande par-
« tie l'industrie du pays ; la plupart
« des produits agricoles ne trouvent
« pas à se transporter..
« Un commerçant sérieux ne peut
« plus garantir une fourniture à une
« date même approximative. C'est
« une grosse perte pour l'agriculture
« et le commerce en même temps que
« la source de procès et de difficultés
« sans nombre. • «•Tir
« Le public ne voit pas de raisons
«' suffisantes à cette pénurie, il se dit
« que l'année dernière les transports
« ôïit été moins laborieux bien qu'il
« y eut abondance de pommes, que
« le nombre des wagons n'a pu dimi-
« nuer d'une façon bien sensible et
« que par suite l'absence de wagons
« tient comme les retards au fait de
« la Compa.gnie.,..
« Toujours est-il que le public est
« victime et qu'il réclame la fin d'un
« pareil état de choses.
« La commission départementale
« du département des Côtes-du-Nord,
« à l'unanimité, prie instamment M.
« le ministre des travaux publics de
« faire tous ses efforts pour amener
« la fin d'un état de choses regrella-
« ble qui est aussi contraire à l'inté-
« rêt du publiic qu'aux intérêts de la
« Compagnie. »
Que puis-je ajouter à cette délibé-
ration prise par une assemblée qui ne
compte que des républicains extrê-
mement modérés ?
Elle prouve surabondamment que
d'ans l'Ouest la question du rachat a
marché à pas de géant et que les
hommes qui en ont été.les premiers
défenseurs n'ont pas eu de meilleur
auxiliaire que, la Ç-Q.:m¡p.agnie elle-
même.
Il reste aux représentants de la
Compagnie l'argument des chambres
de commerce. Il ne tient pas.
Toutes, en effet, sont hostiles au ra-
chat, mais leur recrutement est tel
que les avis qu'elles émettent peuvent
rarement être pris au isérieux.
J'en connais qui ont pris des déli-
bérations pour protester contre la sé-
paration des Eglises et de l'Etat, con-
tre la loi sur les congrégations ou
même contre l'indemnité parlemen-
taire.
La Bretagne est Un pays qui s'é-
veille ; dans peu de temps, avec la li-
berté que nous sommes en train d'y
organiser, lui viendra la richesse.
La province tout entière, surtout
en sa partie maritime, se couvre de
chemins de fer départementaux, de
tramways, de réseaux téléphoniques,
d'installations électriques. Prochaine-
ment délivrée dés fléaux qui là déso-
laient, elle constituera une des par-
ties les plus riches et les plus prospè-
res de la France.
Est-il admissible qu'on laisse plus
longtemps cette région au pouvoir de
cette lamentable Compagnie de lofllelsit
qui arrête son développement et para-
lyse son commerce, sans autre utilité
que d'être une sorte d'assistance pu-
blique à l'usage de tous les ratés des
bonnes maisons de la région ?
Chaque jour qui s'écoule augmente
le malaise général, rend la situation
plus difficile, cause de nouveaux pré-
judices.
Les représentante républicains de
la région attendent du Séniat qu'ils
mette fin aux manœuvres dilatoires et
aux procédés de coulisse qui sont in-
dignes d'un Parlement soucieux de sa
bonne renommée.
Gustave de KERGUEZEC,
Député des Côtes-du-Nord.
LA POLITIQUE
M. HENRI BRISSON
La cêremonie de la remise
d'une médaille à M. Henri
Brisson par ses collègues du
Parlement a été, comme il
convenait, une fête républi-
caine d'une simplicité émou-
vante,
L'idée était particulièrement heureuse
de rendre un hommage cordial à l'intè-
gre citoyen que la confiance de la majo-
rité a porté pour la quinzième fois cette
année à la présidence de la Chambre.
Nul n'était plus digne que M. Henri
Brisson d'une telle manifestation d'esti-
me affectueuse et de respectueuse grati-
tude car, en nos jours d'incohérence et
de contradictions, où la veulerie des ca-
ractères acauieille sans répugnance les
I.palinodies ejt les reniements, et encoura-
ge tacitement ceux qui ne craignent pas
de désavouer leur passé en déchirant
leurs anciens programmes, il est profon-
dément réconfortant de voir mettre en
relief la figure d'un homme qui, par sa
haute probité, son caractère - désintéres-
sé, et la belle unité de sa vie publique,
fait honneur au parti républicain tout
entier*
Pour rendre à M.Henri Brisson l'hom-
mage cordial qui lui était dû, nur*choix
ne pouvait être meilleur à tous égards
que celui de M, Emile Combes. Par ses
vertus civiques et privées, par son ad-
mirable énergie et son dévouement pro-
fond à la démocratie, l'ancien président
du Conseil était certes qualifié entre tous
pour saluèr le président de la Chambre
au nom des républicains de gauche du
Parlement.
L'assistance a salué d'une même ova-
tion chaleureuse les deux vétérans de
nos luttes politiques, et confondu dans
une même acclamation les noms de ces
deux fidèles et intègres serviteurs de la
démocratie.
Et n'en déplaise aux sceptiques, c'é-
tait un très noble spectacle — assez rare
que celui de ces deux bons citoyens,
groupant autour d'eux une majorité ré-
publicaine, vibrante et convaincue, et
mue uniquement par des sentiments de
confiance, de cordialité, et d'estime.
- *0
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
12 mars 1815. — Bonaparte s'est évadé
de l'île d'Elbe ; protestation de Louis
XVIII à ce sujet.
Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 6 h. 23, coucher à 5 h.
58.
Séance à la Chambre et au Sénat.
Matinées : Comédie-Française, Oéra-
Comique, Odéon, Théâtre Antoine, Théâ-
tre Réjane, Vaudeville, Gaité, Châtelet,
Porte Saint-Martin, Trianon-Lyrique, Dé-
jazet, Grand-Guignol, Olympia, lIorado,
Parisiana, Nouveau-Cirque, Cirque Médra-
no, Jardin d'Acclimatation.
Courses à Auteuil.
En vers
Quel est le poète abondant et parfois
soporifique, qui écrivait récemment à
l'un de ses amis, directeur ue journal :
« Mon cher ami, pardonnez-moi si je
vous écris en vers, mais je suis très
pressé » ?
AUTREFOIS
Rappel du 13 mars 1872. — M. Jules Si-
mon, ministre de l'instruction publique, a
présenté un projet de loi sur l'instruction
gratuite et obligatoire ; la commission de
VAssemblée de Versailles en repousse les
cinq premiers articles, parce qu'ils suppo-
sent l'existence d'une morale n'émanant
pas de l'Eva'ngile.
On parle dans les couloirs de l'Assem-
blée, d'un complot bonapartiste décou-
vert simultanément à Paris et à Besançon.
Le prince de Galles (le futur Edouard
VIl) assiste à la séance de l'Assemblée.
Une dépêche de Pise annonce la mort de
Mazzini.
On travaille, au fardin du Luxembourg,
à établir le jardin anglais qui longe la
grille de la rue Bonaparte prolongée (ac-
tuellement rue du Luxembourg)
L'affaire de la rue Haxo [meurtre des
otages, le 26 mai 1871) commence devant
le conseil de guerre. Les accusés sont au
nombre de 22.
Au Gymnase, première représentation de
Paris chez lui, d'Edmond Gondinet.
Les bons confrères
Quelqu'un demandait à Mirbeau son
opinion sur la valeur littéraire d'un
académicien bien connu.
« C'est, disait-il, l'homme de France
le plus connu par les bons mots. qu'il
s'est attiré. »
La démission
de M. Barthou
On affirme, dans les milieux politiques
bien informés, que l'honorable M. Bar-
thou est extrêmement mécontent des résul-
tats de la séance d'avant-hier à la Cham-
bre, et qu'il n'attend que d'être remis du
regrettable accident dont il a été récem-
ment victime, pour donner sa démission à
M. le président du conseil.
Il est certain que l'irritation de M. Bar-
thou se conçoit ; absent de la séance de
la Chambre des députés, il ne saurait res-
ter sous le Coup du vote de l'amendement
de M. Constans, défendu par M. Berteaux.
S'il eût été présent, il n'eût certes pas
manqué ue combattre énergiquement l'a-
doption, car le 25 novembre 1907 dernier,
il avait fait à la Chambre les déclarations
formelles suivantes :
« Je rappelle à la Chambre que les sous-
agents- avaient été frappés une première
fois de révocation à la suite de la grève
dont ils avaient été les instigateurs. Leur
signature au bas de la lettre adressée à M.
le président du conseil constituait une vé-
ritable récidive, aggravée depuis par leurs
propos et par leurs actes.
Je déclare très nettement que je perdrais
toute autorité sur les services dont j'ai la
direction et la responsabilité ,si je pouvais
envisager pour un moment quelconque là
réintégration de ces sous-agents dans l'ad-
ministration.
Les jours où ils y entreraient, j'en serais
sorti. C'est une déclaration que j'avais Je
devoir de faire pour couper court à toute
équivoque. n
Il est évident qu'après les déclarations
aussi foimelles de M. Barthou, la situa-
tion du ministre des travaux publics, des
postes et télégraphes, est intenable, et qu'il'
ne saurait admettre l'attitude prise en son
absence, et à son insu, par ses collègues
du cabinet, à la séance d'avant-hier. 0
UNE GRANDE FÊTE
RÉPUBLICAINE
Le Banquet Brissoile Imposante manifestationde sympathie.
Les Discours -
Remise d'une médaille commémorative
M.-BIUSBON
1. M. COMBES
LE BANQUET
Hier soir a eu lieu, dans la .vaste salle
de l'Hôtel Moderne, le grand banquet
républicain offert à M. Henri Brisson,
à l'occasion de sa quinzième élection à
la présidence de la Chambre des dépu-
tés.
Cinq cents convives environ avaient
pris place autour des nombreuses ta-
bles superbement dressées. La musique
de la Garde républicaine prêtait son
concours à cette fête, dont on peut dire
qu'elle fut une grande et belle fête de
la démocratie honorant l'un de ses ci-
toyens les meilleurs, les plus dévoués et
les plus vertueux, parmi ceux qui ont
contribué au succès et à l'avenir de la
République.
Le banquet était présidé par M. Anto-
nin Dubost, président du Sénat, ayant
à sa droite, MM. Henri Brisson, prési-
dent dé la Chambre ; Emile Combes, an-
cien président du Conseil ; Etienne,
vice-président de la Chambre ; Briand,
ministre de la justice ; Cruppi, minis-
tre du commerce ; Ruau, ministre de
l'agriculture ; Doumergue, ministre de
l'instruction publique ; général Pic-
quart, ministre de la guerre ; Caillaux,
ministre des finances ; général André,
ancien ministre de la guerre ; Milliès-
Lacroix, ministre des colonies ; à sa
gauche, MM. Clemenceau, président du
Conseil ; Bourrât, député, président du
comité d'organisation du banquet ; com-
mandant de Keraudren, représentant
M. le président de la République ; Ber-
teaux, député, ancien ministre de la
guerre ; Rabier, vice-président de la
Chambre ; Leydet, vice-président du Sé-
nat ; Thomson, ministre de la marine ;
Viviani, ministre du travail ; Pichon,
ministre des affaires étrangères ; Mau-
jan, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur;
Simyan, sous-secrétaire d'Etat aux pos-
tes et télégraphes ; Chéron, sous-secré-
taire d'Etat à la guerre ; Pelletan, dé-
puté, ancien ministre de la marine'; Du-
bief, député, ancien président du Con-
seil, etc., etc.
On constatait la présence de nom-
breux sénateurs et députés républi-
cains, parmi lesquels les collaborateurs
et amis du Rappel : MM. Monis, Gau-
thier, anciens ministres et sénateurs ;
Delpech, sénateur ; Emile Constant,
Steeg, Régnier, de Kerguezec, Bourély,
Godet, Puech, René Renouit et Marc
Réville, députés.
Assistaient également au banquet, de
nombreux représentants du Consel mu-
nicipal de Paris et du conseil général
de la Seine, la plupart des directeurs
de journaux républicains et- de nom-
breux fonctionnaires du Sénat, de la
Chambre, des divers ministères, des
préfecture de police et de la Seine,
ainsi que des délégués de nombreux
comités" et groupements républicains.
Des écussons Dortant au centre les
initiales' R. F. et surmontés de tro-
phées de drapeaux tricolores consti-
tuaient l'unique décoration de la salle.
Lorsque M- Henri Brisson a pénétré
dans la salle du banquet, les convives
lui ont fait une ovation enthousiaste
qui s'est prolongée pendant plusieurs
minutes et la musique de la Garde ré-
publicaine a joué la Marseillaise.
Au dessert, M. Brisson a ouvert la sé-
rie des discours par l'allocution sui-
vante :
Messieurs et chers amis,
Je vous invite à lever votre verre en
l'honneur de M. Fallières, président de Ja
..République française, qui a bien voulu se
faire représenter parmi nous.
Je l'en remercie en votre nom et plus
particulièrement au mien. (Vifs applaudis-
sements.)
LES DISCOURS
Discours de M. Antonin Dubost
Président du Sénat
Mon, cher président et ami,
En pénétrant dans cette belle assemblée,
si cordialement groupée autour de vous, je
songeais : « Est-ce là la fête d'un hom-
me ? » Si c'est la fête d'une idee, c'est cer-
tainement celle de la République elle même
avec laquelle votre vie tout entière se con-
fond si pleinement, et si c'est la fête d'un
homme, elle prend encore à nos yeux, a
tous ici, une rvaleur de symbole et d ensei-
gnement, car comment vous fêter sans
fêter en même térnips toutes les vertus pu
bliquee et privées qui vous font ccrtège,
et qui, partout 'où vous prenez place sem-
blent s'asseoir à vos côtés 1
Notre société démocratique parviendra
t-elle, un jour, à organiser les grandes fê-
tes laïques qui conviendraient si bien à ses
idées fraterneilles et à l'entretien de sa foi
sociale ? Nous le souhaitons tous ; mais ne
vous semble-t-il pas, messieurs, que ce
soir, en nous réjouissant ensemble d'un de
ces anniversaires qui jalonnent la haute
existence du président Brisson, nous célé-
brons déjà, en quelque sorte, le cllte de
la fidélité républicaine, du respect et de
l'amitié ?
De l'amitié 1 D'autres parleront après
moi et diront les services éminents rendus
à la République par M. le président de la
Chambre des députés, les grandes et super
bes luttes qu'il a soutenues par la plume
et par la parole pour le triomphe ou la Té
fense des institutions démocratiques I Mais
aujourd'hui, mon cher président, permet
tez-moi de ne parler que comme ami de ne
m'autoriser, pour parler, que du souvenir
des ferventes années de notre jeunesse, où
notre ardeur combative se fortifiait et se
délassait dans la douceur et la paix de nos
communes amitiés !
Que de souvenirs accourent en foule à
ma mémoire, depuis le jour où, accueilli
de la manière la plus charmante dans l'in-
timité de votre foyer, je prenais ma part de
l'enseignement répandu par tant de fidèles
et loyaux serviteurs de la liberté et de la
vérité qui étaient, depuis longtemps, vos
amis et qui, par vous, devinrent les miens!
Que par la pensée, messieurs, une place
soit faite ici à tous ces vieux compagnons
que. la -plupart d'entre nous n'ont pas con-
nus, mais qui vivent encore par la Répu-
blique, par la justice, par la -olidarité so-
ciale, filles toujours grandissantes de leur
rêves, -de leurs pensées et de leurs actions
J'ai nommé les Massol, les Tajan-Rcgé °t
tant d'autres hommes de pensée et d'ac-
tions parmi ces saint-Simoniens qui les
premiers, agitèrent tous les problèmes de
l'industrialisme moderne et de la réorgani-
sation sociale ! J'ai nommé votre père, mon
cher Brisson, dont je revois en cet instant,
le noble visage, et dont le nom est insépa-
rable de ce grand Michel de Bourges, don
vous reçûtes, tout jeune, les caresses ei
les leçons ! - J'ai sommé tous ces hommes
de 1848, maintenant disparus, mais au mi-
lieu desquels nous vivions encore alors, at
dont l'effort décisif — il importe de ne pas
l'oublier pour mieux leur manifester notre
reconnaissance — consista à remettre dé-
finitivement au peuple la direction de ses
affaires avec la sanction de ses propres
fautes, faisant ainsi du peuple lui-même
l'artisan responsable de ses propres des
tinées l
Mais surtout, Messieurs, je vous deman-
de de vous associer à moi pour replacer,
dans toute la force d'un souvenir évoca-
teur, - l'admirable compagne qui embell-
ce foyer sans' pareil dont fe parlais tout à
l'heure qui le parfuma de tant de vertus,
et qui trouva dans son cœur, dans son dé-
vouement, dans l'association constante de
sa peflisée, la seuile religion qui puisse con-
sacrer les véritables et fortes unions, les
unions qui ne se rompent pas,. les unions
qui durent toujours jusqu'à la mort 1 1
C'est au nom de tous ces souvenirs de
l'amitié, au nom de tout ce qui peut rap-,
peler les grands services rendus par vou's,
que je porte votre santé, mon cher prési-
dent et ami ! Mais je sens bien que ce ne (
serait pas assez pour traduire les senti-1
ments qui nous animent tous ici, Si je n'a:
joutais pas que, dans d'intérêt supérieur du.'
pays,c'est d'un cœur unanime que nous voua
souhaitons une longue vie, une longue con-
tinuation de votre activité politique pour'
l'honneur et pour la prospérité de la Fran-
ce et de la République 1
De nombreux bravos, des salves d'ap-
plaudissements ont souligné les princi-
paux passages et la péroraison du dis-
cours de M. Antonin Dubost..
Discours de M. Emile Combes
Ancien Président du Conseil, Président des
Groupes de Gauche du Sénat
Messieurs,
C'est pour moi une vive satisfaction da
prendre la parole à ce banquet, destiné U.
acquitter, en la forme la plus modeste, une
dette sacrée du parti républicain. Et per-
sonne ne s'étonnera que j'éprouve- cette
satisfaction, alors qu'il s'agit pour notre:
parti de rendre publiquement hommage à
son chef le plus vénéré, à celui que j'ai eu-
l'occasion un jour dans une autre enceinte,,
de représenter, aux acclamations enthou-
siastes de la majorité républicaine, comme
étant la personnification même de l'hon-
neur et de la probité politiques.
Oui, mon cher président; par vos hautes
qualités morales, droiture de l'esprit, fer-
meté du caractère, dévouement absolu A
la République, vous des l'honneur de no-
tre parti. Vous l'honorez tout autant par.
votre probité politique, j'entends par là
une fidélité inébranlable à vos convictions'
depuis le jour où vous êtes entré dans la
vie publique, la p&rfaite rectitude de vo-
tre carrière où la critique la plus malveil.
lante ne relèverait pas une seule contra-
diction entre vos paroles et vos actes, en-
fin, et par-dessus tout, votre horreur des
compromissions, toujours plus marquées,
quand votre intérêt propre pouvait paraî-
tre engagé.
De là vient, mon cher président, la joie'
sans mélange que j'ai au cœur à vous ap-
porter l'hommage spontané des républi-
cains de gauche du Sénat, hommage fait
d'une réelle admiration et d'une inaltéra-
ble reconnaissance.
Au surplus, il ne m'est pas permis d'ou-
blier, .et comment le pourrais-je ? que,
dans une circonstance analogue, où la ma-
jorité républicaine, qui m'avait soutenu
pendant deux ans et demi de luttes inces<
santés, dans mon œuvre d'action et d. dé-
fense républicaines, avec une persévérance
supérieure à tous les calculs personnels,
a voulu attester publiquement, comme elle
le fait aujourd'hui pour vous, outre sa'
sympathie pour ma personne, lax complète
communauté de nos idées et dehios senti-
ments en matière de direction politique,
vous avez trouvé;pOUf rendre justice à mea
efforts, des paroles empreintes d'une tou-
chante affection, en même temps que vous
évoquiez des souvenirs personnels bien
propres à me dédommager d'injustes atta-
ques basées sur ma prétendue ambition.
La justice du corps électoral -
Vous-même, mon cher président, à ce
moment-là, vous étiez la victime innocente
dune manœuvre politique, qui avait cher-
ché à m'atteindre, en vous atteignant d'a.
bord. Vous avez supporté cette injuste dis-
grâce avec une -rar,e tranquillité d'amer
Mais, je connaissais assez l'état d'esprit dtf
pays répuolicain pour être certain que le
suffrage universel vous vengerait aux pJ'o..:
chaines élections du coup immérité qu5*
vous avait frappé. Aussi, en réponse à vo-
tre aifectueux témoignage, je ne craignis
pas de prédira hautement, interprète fidèlet
des sentiments de cei pays, que justice voue
serait faite par le corps électoral
instwv» vous a été faite effectivement.
Vous êtes remonté, aux appla!-ldi.ssemen!1
unanimes de la France républicaine, a Çêl
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