Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-01-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 janvier 1908 30 janvier 1908
Description : 1908/01/30 (N13838). 1908/01/30 (N13838).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
c 13838. C 9 Pluviôse An 116.
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Jeudi 30 Janvier 1908.— N* 13838
LE XIX' STOT.K
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té ; MESSIMY, député ; Louis MARTIN
député ; RANSON, sénateur, président cta
Conseil général ; STEEC, député.
wjpinrxojsrs
L'ORDRE
CONTRE LA VIE
Nullement hostile au divorce, M.
Bourget a choisi simultanément pour
lui porter des coups décisifs le champ
de bataille le plus vaste, la tribune la
o.:. plus retentissante : )a presse et le théâ-
tre. On dit son dernier drame éloquent
et. wble, Je n'en suis pas surpris, non
plus que des applaudissements qui
l'ont, parait-il, accueilli. Je serais plus
étonné d'apprendre que ce succès écla-
tant ait modifié des convictions ou dis-
crédite l'institution dont il prétend dé-
noncer les vices. L'optique théâtrale est
pleine de mirages ; le talent y fait ac-
• Clamer indistinctement toutes les opi-
nions, toutes les formes de sentiment,
pourvu que l'exposition en soit neuve,
émouvante et forte.
Mais M. Bourget tient surtout à nous
pénétrer de ses principes. Aux com-
mentaires dont il l'entoure, on sent
que le but de son drame est bien moins
de nous toucher que nous instruire et
la curiosité avisée de M. Tery vient de
lui fournir l'occasion d'éclairer publi-
jH quement sa pensée et de la répandre à
des milliers d'exemplaires. Quelle est la
valeur pratique, sociale de nos lois sur
le divorce ? D'où procèdent ses vices in-
times et ses conséquences funestes ?
Marchons-nous vers son élargissement
progressif ou reviendrons-nous au prin-
cipe de l'indissolubilité ? Telles sont les
questions que M. Tery posait au roman-
cier. Il est intéressant d'enregistrer les
réponses.
M. Bourget parle net : pour lui, notre
législature sur le divorce a fait faillite
et n'a abouti qu'à des conséquences na-
vrantes et ridicules. « Lisez, nous dit-il,
les chroniques des tribunaux, vous ver-
Tez où nous ont menés les promesses
et les illusions des idéologues. » Je les
lis, je les suis, et j'ai beau chercher, je
ne vois pas ce qu'elles nous apprennent
iclonc de si déconcertant.
Eles nous révèlent des dissentiments
fâcheux. soit 1 des situations « navran-
tes ou ridicules », certes. Mais les mi-
sères en existeraient-elles moins si les
basards de la procédure ne les avaient
mis en lumière ? Elles accusent dans
une infime fraction de notre société la
plus affinée, la plus aristocratique, une
évidente démoralisation, des tares inat-
tendues, des laideurs caricaturales ou
douloureuses. Mais ces élégants scan-
dales, qui font la joie un peu malsaine
du public affriolé, sont-ils tout le divor-
ce ? Ce qui me choque, moi, dans la
plupart des querelles judiciaires, c'est
le contraste entre la vie facile, heureu-
se des privilégiés qui les provoquent et
la futilité des raisons, la médiocrité des
griefs, l'inexcusable pauvreté de cœur
et d'idéal qui s'y étale. Mais une caste
'_n'" n'est pas la nation. C'est dans le corps
Social tout entier qu'il faut juger leez
jeffets d'une législation.
Or, H faut vraiment n'avoir jamais ap-
proché le peuple, jamais touché du
tloigt certaines situations lamentable-
ment insolubles pour affirmer que le di-
vorce non seulement « ne soit pas un
remède, mais qu'il soit encore le moin-
dre mal. » « Depuis la funeste déviation
de 1789, dit avec un aplomb superbe M.
Bourget, nos réformateurs ne se ren-
dent pas compte que sous prétexte de
soulagement immédiat, ils multiplient
d'autre part dans son étendue le mal
Hont ils prétendaient fournir le contre-
poison. Qui n'eût pas songé à divorcer
et se fût résigné à une union sans char-
mes, divorce ; qui a divorcé, divorcera-
fencore. La perspective de 'a liberté pos-
sible a énervé, aboli chez les conjoints
la - « faculté d'acceptation » 1,1
M. Bourget ne renverse-t-il pas la pro-
position ? Cette faculté d'acceptation,
est-ce la déviation de 89, est-ce le di-
vorce qui l'ont chassée du cœur hu-
main ? Ou, tout au contraire, n'est-ce
pas cette faculté graduellement dimi-
nuée qui, dans l'ordre politique, enfan-
ta 89, dans l'ordre civil, la loi sur le
'divorce ? M. Bourget voit dans la fa-
mille la cellule solide du corps de la
Société. Peut-être n'a-t-il pas tort. Mais
Il n'est pas d'organisme sain, qui se
constitue de-cellules malsaines*
Quel'e hautaine affirmation de princi-
pes ,1iO'UiS lera-croire à la spécifi-
que du foyer, quel qu'il soit, du foyer
prison ,du foyer réceptable de haines
muettes ou bruyantes, de rancunes, de
traîtrises ou d'humiliations ? La famille
est, dit M. Bourget, dans la nature des
choses. Et il a raison. Etablir « un prin-
cipe différent de celui de la nature » est
une erreur néfaste en législation. Sans
doute si l'on tente de fouiller ou de ty-
ranniser la nature. Quand l'Eglise con-
damne ses prêtres au célibat, elle fait
œuvre mauvaise, et, si l'on peut dire,
« antiphysique ». Mais admettre le di-
vorce n'est pas détruire ,le. principe fa-
milial : c'est le libérer, c'est le restau-
rer aux dépens, quelquefois, du bon-
heur des individus, dans sa force essen-
tielle, dans sa dignité contractuelle,
dans sa fécondité joyeuse : c'est assou-
plir la règle pour recréer une harmonie.
Hypnotisé par la conception de l'ordre
traditionnel, M. Bourget ne se montre
sensible qu'aux menus désordres ent-re
particuliers qu'engendre toute rupture
juridique entre associés. Il ne veut pas
voir le désordre intime autrement sub-
versif, que la rigidité intransigeante du
principe qu'il exalte portait dans les
œuvres vives de ce principe même. Déjà
Rousseau, qu'il invoque en termes pué-
rilement agressifs, avait dénoncé cette
erreur : l'ordre pour l'ordre, l'ordre fon-
dé sur l'injustice, la misère, qu'il con-
sidérait comme « destructrice, en effet,
de tour ordre sociaL.. » Car une heure
vient toujours ; où l'insurrection des
consciences fait éclater les chaînes que
des institutions oppressives ne consen-
tent pas à détendre. C'est un fait : tou-
tes les homélies du monde ne l'infirme-
ront pas..
Oui, c'est une chute douloureuse, que
celle de la femme jetée dans la vie sans
ressources, sans appui, sans "moyens
d'existence par le caprice ou le crime
de l'homme qui avait pris charge de sa
destinée. Mais c'est une chose au-des-
sus des forces communes que ce serva-
ge déshonorant, que cette immolation
irrémissible, où tant de gens, hommes
ou femmes, se voyaient condamnés,
sans autre espoir possible que de voir
la mort briser le lien qu'avait absurde-
ment noué la vie. Qui ne se rend comp-
te -de ce que ces soumissions mons-
trueuses inspiraient de vengeances su-
breptices, de révoltes plus ou moins
avouées, de suggestions coupables 1
L'alcool, la folie, l'adultère, le crime
s'installaient au foyer : et c'était la loi
d'une créature humaine de vivre toute
une vie, tremblante de terreur ou de
dégoût en face de ces hôtes insupporta-
bles, obsédants. C'est là ce qu'on veut
voir la pierre angulaire de l'Etat social,
quand l'évidence nous y montre la
source fatale de toutes les subversions.
Les enfants 1 direz-vous. Là, peut-
tre est le seul problème. La société, à
qui vont les regrets de M. Bourget, en
avait trouvé la solution. C'est au cou-
vent, aux séminaires que s'écoulait sou-
vent la première enfance jusqu'à l'ado-
lescence. Nous, démocrates, nous vou-
lons, autant que possible, laisser l'en-
fant à la tiède, à l'enveloppante atmos-
phère du foyer familial. Mais il n'y res-
pire que miasmes et que haine si, à la
maison même, deux influences féroce-
ment acharnées l'une contre l'autre lui
prêchent successivement le mépris, la
désaffection de ceux qu'il voudrait ai-
mer et respecter ; si l'enfant éperdu en
vient à rougir de ses propres tendres-
ses, si des exemples de discorde cons-
tante, sinon pis, déroutent sa foi nais-
sante en l'autorité morale de ceux qui
l'ont mis au monde et le jettent ensuite
dans la vie, sans règle et sans boussole,
quel profit encore à perpétuer cet état
de choses ? Sans doute, ni les juges, ni
la loi, ni J'Etat ne peuvent avoir la pré-
tention ni le pouvoir d'abolir toute mi-
sère. Leur clairvoyance éclairée peut ce-
pendant faire effort pour en détruire
les effets. Mais ce n'est pas en se guin-
'dant à la froide solennité de .principes
surannés, c'est en assouplissant leur
actioit à l'évolution constante des
mœurs qu'ils feront œuvre de répara-
tion et de progrès utiles.
T. STEEC.
»
Les Ouvriers dans les Jurys
Le Temps est très inquiet
sur ?es résultats de la réfor-
me tentée par M. Briand, et
qui consiste à faire entrer des
ouvriers dans. la composition
1 des jurys criminels.
Notre confrère - modéré rappelle que
les jurys « bourgeois » ont rendu par-
fois des verdicts stupéfiants. Il leur est
arrivé de se laisser entraîner, par excès
de sentiment ou par nervosité, à des
verdicts peut-être regrettables au point
de vue de la saine justice. Ils ont sans
doute acquitté trop d'amants meur-
triers, trop de vitrioleuses, et, passez-
moi le mot, trop de cocus assassins.
Le Temps .se demande si, sous l'in-
fluence de l'élément prolétarien, le jury
nouveau style ne connaîtra pas des dé-
faillances d'un autre genre ; si, par
exemple, il ne montrera pas une indul-
gence coupable pour les auteurs d'at-
tentats contre la propriété.
Sévères à l'égard des voleurs, indul-
gents envers les meurtriers « pàssimr^
nels », les anciens jurés pouvaient pas-
ser pour des gens qui mettaient le souci
de leurs biens au-dessus du soin de
leurs existences.
Si les nouveaux jurés allaient mon-
trer une égale tiédeur à défendre la so-
ciété contre les criminels par amour ou
par colère, et les criminels par rapacité
ou par besoin ?
Evidemment, l'hypothèse est inquié-
tante. Mais, vraiment, je ne crois pas
que les verdicts du jury en partie ou-
vrier soient ce qu'appréhendent ceux
qui critiquent la réforme très démocra-
tique du garde des sceaux.
Je ne dis pas qu'une certaine indul-
gence ne sera pas assurée à des mal-
heureux conduits à des actes que le
Code qualifie crimes, plutôt par la mi-
sère que par la perversité.
Nous applaudirons, du reste, à cette
union sans cesse plus intime de la
bonté et de la justice. ?
Mais les surineurs, sonneurs aepan-
tes, apaches, montenlairs, et autres fri-
pouilles, oh ! ceux-là, le peuple les dé-
teste, et le leur fera voir. -
0.
LES ON-DIT
La réclame surnaturelle
Plus d'hommes-sandwichs, ni de pu-
blicité coûteuse dans les grands pério-
diques. Plus de transparents lumineu.
La réclame surnaturelle est née. D'ingé-
nieux spirites ont invité discrètement le
commerce parisien à faire recomman-
der leurs produits par les esprits. Et je
connais un excellent artiste — le spiri-
; tisme fait de réels ravages dans les
Quat'z-Arts — qui a obtenu d'en haut
l'adresse de son coiffeur. Après tout,
rien d'étonnant et les médiums peuvent
servir à toutes fins. N'a-t-on pas vu,
dans un procès criminel, les esprits dic-
ter un testament à une vieille dame,
qui mourut, du reste, par suggestion ?
Les tombeaux des Bourbons
Puisque l'attention est ramenée sur
les sépultures historiques, disons que
les tombeaux des ducs de Bourbon ré-
clament d'instantes réparations. Ils se
trouvent dans la magnifique église ab-
batiale de Souvigny (Allier), monument
classé. Le duc d'Aumale avait obtenu,
en 1897, l'autorisation de remettre en
état les mausolées, mais la mort l'em-
pêcha de réaliser son projet de restau-
ration. Il avait, peu avant, pu arrêter la
destruction de l'antique château de
Bourbon-l'Archambault.
En 1841, Louis-Philippe avait ordonné
à l'église de Souvigny quelques travaux
urgents. Les ossements des ducs, un
peu maltraités par les ans et les révolu-
tions, furent recueillis et mis dans des
bières de plomb avec les débris des an-
ciens cercueils. Un éperon de 1er gigan-
tesque fut trouvé à ce moment dans la
chapelle de Saint-André, où se voient
encore des traces des couleurs tradi-
tionnelles de la maison de Bourbon.
Citons parmi les personnages inhu-
més là : Anne, dauphine d'Auvergne ;
son époux Louis II, dit le Bon, beau-
frère de Charles V, dont le père avait
été tu-é à Poitiers en i356 et qui fut long-
temps retenu comme ôtage chez les An-
glais ; son fils Jean ler4 fait prisonnier
à Azincourt et mort à Londres en 1434,
etc. A gauche du chœur, dans la cha-
pelle neuve, se rencontrent le mauso-
lée de Charles Ier, gendre de Jean-sans-
Peur, orné de vingt-deux statuettes en
piteux état ; d'Anne de France, fille de
Louis XI, et ceux de leur fille, Suzan-
ne. Que d'autres détails intéressants
dans ce lieu consacré !
Les accidents à Paris
Il y a, paraît-il, une moyenne de
quinze mille accidents par an à Paris.
Mais le grave statisticien qui - nous
fournit ce chiffre ajoute, sans sourcil-
ler, qu'il ne comprend pas les conges-
tions, les syncopes, les tentatives de
suicide, etc. Chaque jour, quarante à
cinquante malheureux, sont frappés
brusquement, dans les usines, les ate-
liers, les chantiers ou sur la voie, pu
blique. Le service de prompts secours
estril en rapport étroit avec cette éven-
tualité prévue ? Hélas 1 trois fois hé-
las !.
Le Passant.
e. 1
A L'HOTEL DE VILLE
Les moyens de transport
La première commission a entendu hier
MM. Paindavoine et Mekarski, tous, deux
demandeurs en concession du réseau mu-
nicipal d'autobus. Tous deux des prix de re-
vient par kilomètre-voiture qui sont con-
testés par la direction du contrôle de la
préfecture de la Seine.
Le Gaz
La première commission vai demander
au Conseil municipal d'autoriser des tra-
vaux d'amélioration des conduites de gaz
dans Paris. Ces travaux sont évalués à
45 millions. — A. B.
«
CONTRE LE BLANC DE CÉRUSE
Bruxelles, 28 janvier.
Le conseil supérieur d'hygiène de Belgi-
que s'est rallié aux concluions de sa com-
mission spéciale en ce qui concerne l'inter-
diction de l'emploi de la céruse. Le rap-
port du conseil supérieur au ministère dît
notamment t « Le conseil saisit "cette oc-
am.n pour rappeler ses rapports anté-
rieurs sur la matière ; il exprime à nou-
veau son désir de voir interdire l'empwi
de la céruse dans les travaux de peinture
en bâtiments. »
; ———————————,
LA FIN DU DEBAT
Le débat sur la question marocaine
s'est terminé par le vote, à une très
grosse majorité, de l'ordre du jour de
confiance réclamé par le gouvernement.
Ce résultat était d'ailleurs prévu. Ce
n'est pas à dire que la plupart des dé-
putés soient très satisfaits de la façon
dont nos affaires sont engagées, tja £ LS
l'empire chérifien, ni que les déclàYà'
tions du gouvernement aient complète-
ment dissipé le brouillard qui envelop-
pe notre politique africaine. Mais au-
cun des interpellateurs n'était peut-être
en état de proposer une politique plus
claire, plus sûre et plus féconde que
celle dont il est trop facile de dénoncer
les défauts.
La fin de la discussion a été attristée
par un discours vraiment odieux de
MT Jaurès. L'orateur des unifiés a un.
tendresse si passionnée pvur l Allema--
gne, que s'il exerçait encore une in-
fluence sur notre politique étrangère,
il l'emploierait certainement à nous
brouiller avec l'Angleterre pour nous
enchaîner à la cause du Kaiser.
Il a repris la thèse des quelques na-
tionalistes qui sont anglophobes au
point d'en être germanophiles. Il a cru
pouvoir dénoncer l'existence, en Angle-
terre, d'une bande de pirates, très capa-
bles de mettre le feu à l'Europe, afin de
trouver dans le désastre et au bénéfice
de la panique, l'occasion de gigantes-
ques larcins. ,"
Qu'un Français, de la plus haute tri-
bune du pays, ose jeter une telle suspi-
cion sur le grand -peuple dont nous
avons l'amitié, pour punir cette nation
d'avoir affirmé que si nous étions in-
justement attaqués, elle serait à., côté de
nous — n'est-ce pas monstrueux ?
M. Jaurès essayait de nous affoler en
exagérant la vnracité, et aussi l'impor-
tance -de l'impérialisme britannique ; il
oubliait systématiquement la présence
à la tète du gouvernement du Royaume-
Uni, du pacifiste militant qu'est sir Hen-
ry Campbell Bannerman. Et, en même
temps, il abusait des quelques manifes-
tations dont Berlin a été le théâtre ces
jours-ci pour nous représenter la dé-
mocratie allemande comme capable de
se substituer révolutionnairement à la
monarchie absolue, à la caste réaction-
naire, au pouvoir militaire, jusqu'ici
maîtres absolus et sans contrôlé de
l'empire germanique.
M. Jaurès a donc un grand mépris de
ses collègues ? Il les croit donc bien
ignorants ? Tout le monde sait que
l'Allemagne n'est pas en état de se libé-
rer de l'oppression qui pèse sur elle.
Les Allemands sont les premiers à re-
connaître que sur la politique étrangè-
re de l'Etat, l'influence de l'opinion est
nulle. Les socialistes n'hésitent pas à
confesser loyalement cette malheureuse
vérité. Et la Libre Pensée, qui brillera
un jour, de l'autre côté du Rhin com-
me ici, n'est encore, chez nos voisins
de l'Est, qu'une ombre incertaine.
M. Jaurès a été jusqu'à prétendre
qu'après avoir renoncé à faire la guerre
pour Metz et pour Strasbourg, nous
pourrions être amenés à la faire pour
une question de tapis marocains et de
cotonnades de Manchester.
Cette insinuation vous fait monter
d'abord le rouge au front. Mais, quand
on réfléchit, on prend le parti de rire.
Nous restons attachés fidèlement à la
cause de la paix. Mais si, par malheur,
la guerre éclatait, qui donc suppose
que, dans tous les cœurs, il y aurait
une autre soif que celle -de l'Alsace et
de la Lorraine ?
Hugues Destrem.
• --
LA CAISSE DES ECOLES DU 3e
Hier soir, a eu lieu à la mairie du 39
arrondissement, l'assemblée générale de la
Caisse des Ecoles, priçjfedée; par M. Geor-
ges Fiant, le sympathique maire de l'arron-
dissement, assisté de MM. Hochet, Biron-
Gauthier, maires-axljomts, Jules Bréjean,
trésorier, et de nombreux administrateurs
de la Caisse des Ecoles. - -
Après une allocution très applaudie de
M. le président et l'approbation du compte
rendu financier de M. le trésorier, deux
rapports très intéressants sur la colonie
de Vert-le-Grand et la colonie de Berck-sur-
.Mer, ont été présentés, l'un; par M. Mo-
riette, administrateur, l'autre par M. Ver-
gezac, également administrateur ; puis'on
a procédé à l'élection des administrateurs
sortants. -
MM. Cortey, Demarquay, Davot, Brancq,
Block, ont été élus. administrateurs titu-
laires pour trois ans.
MM. Descazeaux, Guillot, Laurens, Es-
calié, Mory, ont été élus administrateurs
sup,pléants pour un an.
Aussitôt après la lecture du rapport de
M. Moriette faisant appel à la générosité
publique pour la fondation de nouveaux lits
à la colonie 1e Vert-le-Grand, deux socié-
taires dont je tairai le nom par modastie
ont donné leur adhésion spontanée et se
sont fait inscrire pour une donation de 100
francs chacun aux applaudissements ré-
pétés de l'assemblée tout- entière.
Enfin, de chaleureux remerciements ont
été votés à l'unanimité à M. Puech, député,
à M. Achille, conseiller municipal, et à M.
Georges Fio/nt, maire du 3e, pour. leurs, dé-
marches empressées en vue d'obtenir du
pari mutuel une subvention de 75.000 francs
destinée à l'agrandissement de la la col
nie de Vert-le-Grand. ,.'
En résumé, très bonne soirée pour la Ré
.publique.
Hoit du Cardinal Richard
Le cardinal Richard s'est éteint, hier
matin, à 6 h. 1/2.
Plusieurs membres de sa famille, parmi
lesquels son petit-neveu, M. Laverne, se
trouvaient auprès de lui.
Le corps de Son Eminencc sera exposé
dans la salle des Commissions, à l'arche-
vêché, aujourd'hui, de une heure à cinq
heures, et les jours suivants de neuf heu-
res du matin à cinq heures du soir, jus-
qu'au vendredi 31 janvier inclus.
Les obsèques auront lieu le samedi 1M
février, à dix heures; la cérémonie reli-
gieuse sera célébrée à Notre-Dame. C'est
le cardinal Lecot, archevêque de Bordeaux,
qui présidera.
M. Amette, coadjuteur de l'archevêque de
Paris, a écrit au président de la Républi-
que pour lui faire part de la mort du car-
dinal
M. Fallières a répondu à M. Amette par
une lettre dans laquelle il l'assure de ses
sentiments de sincère condoléance.
Les préfets de la Seine et de police, qui
entretenaient des relations personnelles dé-
jà anciennes avec le cardinal Richard, ont
demandé des instructions au sujet de la
conduite à tesir lors des funérailles de ce
prélat.
Le président du conseil, ministre de l'in-
térieur, leur a fait savoir qu'ils étaient
absolument libres d'assister aux obsèques
à titre privé. Ces obsëques, par suite de la
séparation des Eglises et de l'Etat, seront
en effet célébrées sans aucune participa-
tion officielle des pouvoirs publics.
NOTES BIOGRAPHIQUES
Le cardinal Richard était âgé de 88 ans,
étant né à Nantes le 1er mars 1819. Il ap-
partenait à la famille des Richard de Lar
vergne. Il entra au séminaire de Saint-
Sulpice en 1849 et, à sa sortie, exerça le
■ministère à Nantes même. Il fut bientôt
nommé vicaire général du diocèse, poste
qu'il occupa pendant 20 ans. Le gouverne-
ment l'appela à l'évêché de Belley par dé-
cret du 16 octobre 1871 ; le nouveau pré-
lat fut préconisé le 22 décembre de la mê-
me année et sacré le 11 février 1872. Un
décret du 7 mars 1875 l'appela près de
Mgr Guibert, archevêque de Paris, comme
coadjuteur, avec future -succession. Il fut
préconisé le 5 juillet 1875, sous le titre d'ar-
chevêque de Larisse, in partibus inlide-
Hum.
Après la mort de Mgr Guibert, l'arche-
vêque de Larisse fut installé à sa place,
le 8 juillet 188(3.
Sa ligne de conduite consistait h mainte-
nir en dehors des questions politique, les
intérêts de la religion.
Lors de la discussion de la- loi sur le
service militaire, l'archevêque de Paris
protesta dans une lettre privée qu'il adres-
sa au président Carnot
Mgr Richard s'est toujours occupé, avec
une exceptionnelle activité, des affaires dio-
césaines et paroissiales. Le 24 mai 1889 il
était, élevé à la dignité de cardinal de
l'Ordre des prêtres.
Parmi les ouvrages du cardinal défunt
on cite : Vie de la bienheureuse Françoise
d'Amboise, duchesse de Bretagne el reli-
gieuse carmélite, les Saints de l'église de
Nantes, les Statuts synodaux du diocèse de
Paris. , ;
L'archevêché de Paris *
Le cardinal Richard est le 129' prélat qui
ait occupé le siège de l'archevêché de Pa-
ris. L'évêché. de Paris, qui existait déjà au
troisième siècle, reconnaît comme son fon-
dateur et premier évêque saint Denis. Pa-
ris fut suffragant de Sens jusqu'au 20 oc-
tobre 1622, ou il fut érigé en archevêché
avec les évèchés de Chartres, d'Orléans, de
Meaux, puis (1697) de Blois pour sutIra-
gaufs. En 1674, la seigneurie de Saint-
Cloud fut érigée en duché-pairie au profit
des archevêques de Paris, u province
ecclésiastique de Paris comprit, en 1802,
Troyes, Amiens, Soissons, Arras, Cambrai,
Versailles, Meaux et Orléans. Le ooncoradt
de 1821 la réduisit aux évêchés de Char-
tres, Rîois, Orléans, MClUX, Versailles,
Cambrai et Arras. Ces deux derniers lui
furent enlevés en 1841, quand la métropole
de Cambrai fut rétablie.
Parmi les archevêques de Pnris, les plus
connus, sont Pierre Lombard, Maurice de
Sully, le cardinal de Retz, Christophe de
Beaumont, Affre, Sibour, Darboy et le car-
dinal de Bellov.
Le successeur du cardinal Richard
M. Amette, qui va succéder au cardinal
Richard, est né à Douville (Eure) le 6 sep-
tembre 1850. Il fut vicaire général à
Evreux avant a être nonnné, par décret du
7 juillet 1898, évêque de Bayeux et Li-
sieux.
«ifrir I ■
LA JOUMEE POLITIQUE
Conseil des ministres
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à FËtysôc, sous la présidence ae
M Fallières.. >
M. Piehon a fait connaître les. dépêches
qu'il a reçues de M. de Saint-Aulaire, char-
gé d'affaires de France à Tanger.
M. Briand a .entretenu le conseil du pro
jet de loi sur le recrutement et l'avance-
ment des mo.giBtr'3.ts,qu'il élabore.
Le ministre des colonies a été autorisé
à accepter la démission de M. Roume de
ses fonctions de gouverneur général de
l'Afrique occidentale.
L'union des industries nationales
! On nous communique le vœu suivant
émis par l'Union des -industries nationales,
à la suite de récentes discussions parle-
mentaires :
« L'Union des industries nationales pro-
teste contre l'esprit de dénigrement qui se
fait jour au sein du Parlement en ce qui
concerne les fournitures faites par l'indus-
trie française à nos grandes administra-
tions, notamment la guerre et la marine,
et principalement sur les prix et délais de-
mandes..
« Elle déplore la répercussion que des
affirmations de ce genre, manant de la
tribune française, ont ;sur les commandes
que nos industries pourraient obtenir de
l'étranger.
- « Elle proteste également contre la dis-
cussion publique" de questions tout à la
fois techniques et économiques • qui tou-
chent à des intérêts particuliers3 sans que
l ces derniers aient été préalablement en-
tendus par des commissions spéciales.
« La cherté dm produits nakenAM4 ,.
rapport aux produits étrangers, n'a jamais
été discutée en présence des représentants
de l'industrie nationale. ))
La médaille de M. Brisson
Le banquet au cours duquel doit être
offerte à M. Henri Brisson une médaille
d'or commémorative de sa quinzième élec-
tion à la présidence dé la Chambre aura
lieu le jeudi 20 février.
A cette occasion et dans le but ue re-
cueillir des adhésions à la souscription,
une lettre vient d'être envoyée à tous les
membres du Parlement par les soins du.
comité d'initiative qui CôYnpfCnd : M\;.-
Emile Combes, sénateur, et illourrnt, dé-
puté, présidents ; MM. Delpech, Maseu-
raud, sénateurs, Delaunay, René Beaaard,
députés, vice-présidents ; MM. Saint-Ger-
main, Pédebidou, sénateurs, Louis Dumont',,
Louis Dreyfus, députés, secrétaires * M
Saumande, député, trésorier,
Le cas de M. Archimbaud
, Grenoble, 27 janvier.
M- Arcîiimbcud, assisté de son défenseur,
Me Puissant, avoué à Montélimar, prési-
dent de la Fédération radicale-socialiste de
la Drôme, a été entendu ce matin par M.
David, conseiller à la cour de Grenoble,
chargé de l'instruction relative aux certi-
ficats sur lesquels a été basée sa dispense
au titre de pasteur.
L'interrogatoire, au sujet duquel M. Ar-
chimbaud s'est refusé & toute interview, a
duré de neuf heures à midi.
On confirme que le conseil d'administra-
tion du 140* a émis à l'unanimité un aviri
favorable au nouveau cas de dispense, aX
titre de la présence d'un frère sous lof
drapeaux.
LA CLEF D'UN TEMPLE ANTIO-U
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 28 janvier. t
Le professeur d'archéologie, M. Diets, a
rendu compte, à l'Académie des sciences,
d'Une trouvaille intéressante qu'il a faite.
C'est la clef d'un temple antique. Elle cor-
respond complètement au système de fer-
meture décrit par Homère. Les deux La-t-
tants sont ouverts par un grand ciochet et
fermés, par une sorte de cç|reoie de cuir.
La clef était toujours g une prê-
tresse. Celle que M. Diels a pimentée h
l'Académie est en bronze et a une longueur
de quarante centimètres. Elle a été décou-
verte près du temple d'Artémis, à Lusoï,
dans l'Arcadie.
A LA CHAMBRE
Les affaires du Maroc. — La fin du
débat. — La Chambre vote l'ordre
du jour de confiance par 428
voix contre 92
La séance est ouverte à deux heures,
sous la présidence de M. Henri Brisson.
C'est la troisième et dernière journée
du débat sur la question du Maroc. La
question d ailleurs paraît épuisée, il n'y,
a plus que des redites à attendre et cii-
fin les ordres du jour.
Au banc du gouvernement, M. Cle-
menceau, président du Conseil ; le gé-
néral Picquart, ministre de la guerre, et
M. Maujan, sous-secrétaire d'Etat fi
l'intérieur.
M, Lucien Hubert, député des Arden-
lies, monte à 'a tribune.
Au nom de ses amis de la gauche ra-
dicale, il prend acte des déclarations du
ministre des affaires étrangères et dé-
clare que les diplomates qui ont rédigé
l'Acte d'Algésiras ont oublié qu'il s'a-
gissait d'appliquer des réformes non
pas dans un pays pacifié, mais, au con-
traire, en pleine anarchie.
L'acte d'Algésiras, quels qu'en soient les.
défauts, doit être appliqué loyalement.
Le ministre a annoncé que le gouverne-'
ment était décidé au retrait progressif dé
nos troupes vers la côte. Il faut prendre
acte de ces paroles rassurantes. (Très bien 4
Très bien !)
Sans inconvénient d'aucune sorte, le gou-
vernement peut adopter cette attitude, car
il paratt qu'à Settat, les principaux au-
teurs des massacres de Casablanca ont été
arrôtis. (Très bien 1 Très bien 1)
M. Lucien Hubert, appuyé par M.
Trouin qui l'interrompt en approuvant
son langage, insiste pour que la France
ne se compromette pas entre les divers
prétendants et pour qu'elle ne soit pas
dupe de l'Acte d'Algésiras en travail-
lant an Maroc uniquement pour les au-
! res.. ,
M. de Castellane. — C'e. au début df
cette lamentable aventure qu'il eût fallu
prévoir, les difficultés présentes. C'est avec
la fâcheuse idée de pénétration pacifique
que nous avons mis la main dans le fatal
engrenage dont nous ne pouvons nous dé-
gager.
Puis l'orateur s'étend longuement sur
tous les incidents diplomatiques qui,
depuis plus de deux ans, ont surgi au-
tour de la question marocaine et con-
clut en déclarant que grâce .à nos ac-
cords avec l'Angleterre et avec l'Espa-
gne, notre situation serait excellente
sans cette aventure militaire où nous
sommes engagés.
DISCOURS DE M. DENYS COCHIN
M. Denys Cochin lui succède à la tri-
bune.
Le ministre des ûfi*a-.:,es étrangères dé.
clarait hier que c'était A l'unanimité qu'on
était allé à Algésiras : il avait raison, mais
l'unanimité, dans ces circonstances, a sur.
tout ce caractère de no pas vouloir créer
de difficultés an gouvernement.
Lu diplomatie européenne a de I,):.Q m
plus le sentiment qu'elle a des intérêts
communs à défendre et le courant parait
favorable à J'inlel'nationalislllic..n des af-
faires. (Tr&i bi.'jr! Très lMn ! sur divers
bancs).
Notre situation diplomatique lors d'un?
première -conférence inspirée par ce senfw
ODTO OIUVUUS XJB 2VIHBBO
Jeudi 30 Janvier 1908.— N* 13838
LE XIX' STOT.K
mmmwmM mm Biiftw wm rforffiarl wl mm ÛMM
- ,. -;. ,- AJ.:"niU'-4.r.¡ -
V. AUX BUREAUX DU JOURNAL]
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.LE RAPPEL
Boue la direction politique de
LOUIS PUECH, député
Parmi nos collaborateurs permanents, ci'
ions :
Rédaction politique :
C. CHAIGNE, député ; CHAUTARD, dé-
puté ancien Drésident du Conseil munici-
pal ; HECTOR DEPASSE, député ; Char-
les DELONCLE, député ; DESPLAS, dépu-
té, ancien président du Conseil municipal ;
DALIMIER, député ; A. CERVAIS, dépu-
té ; MESSIMY, député ; Louis MARTIN
député ; RANSON, sénateur, président cta
Conseil général ; STEEC, député.
wjpinrxojsrs
L'ORDRE
CONTRE LA VIE
Nullement hostile au divorce, M.
Bourget a choisi simultanément pour
lui porter des coups décisifs le champ
de bataille le plus vaste, la tribune la
o.:. plus retentissante : )a presse et le théâ-
tre. On dit son dernier drame éloquent
et. wble, Je n'en suis pas surpris, non
plus que des applaudissements qui
l'ont, parait-il, accueilli. Je serais plus
étonné d'apprendre que ce succès écla-
tant ait modifié des convictions ou dis-
crédite l'institution dont il prétend dé-
noncer les vices. L'optique théâtrale est
pleine de mirages ; le talent y fait ac-
• Clamer indistinctement toutes les opi-
nions, toutes les formes de sentiment,
pourvu que l'exposition en soit neuve,
émouvante et forte.
Mais M. Bourget tient surtout à nous
pénétrer de ses principes. Aux com-
mentaires dont il l'entoure, on sent
que le but de son drame est bien moins
de nous toucher que nous instruire et
la curiosité avisée de M. Tery vient de
lui fournir l'occasion d'éclairer publi-
jH quement sa pensée et de la répandre à
des milliers d'exemplaires. Quelle est la
valeur pratique, sociale de nos lois sur
le divorce ? D'où procèdent ses vices in-
times et ses conséquences funestes ?
Marchons-nous vers son élargissement
progressif ou reviendrons-nous au prin-
cipe de l'indissolubilité ? Telles sont les
questions que M. Tery posait au roman-
cier. Il est intéressant d'enregistrer les
réponses.
M. Bourget parle net : pour lui, notre
législature sur le divorce a fait faillite
et n'a abouti qu'à des conséquences na-
vrantes et ridicules. « Lisez, nous dit-il,
les chroniques des tribunaux, vous ver-
Tez où nous ont menés les promesses
et les illusions des idéologues. » Je les
lis, je les suis, et j'ai beau chercher, je
ne vois pas ce qu'elles nous apprennent
iclonc de si déconcertant.
Eles nous révèlent des dissentiments
fâcheux. soit 1 des situations « navran-
tes ou ridicules », certes. Mais les mi-
sères en existeraient-elles moins si les
basards de la procédure ne les avaient
mis en lumière ? Elles accusent dans
une infime fraction de notre société la
plus affinée, la plus aristocratique, une
évidente démoralisation, des tares inat-
tendues, des laideurs caricaturales ou
douloureuses. Mais ces élégants scan-
dales, qui font la joie un peu malsaine
du public affriolé, sont-ils tout le divor-
ce ? Ce qui me choque, moi, dans la
plupart des querelles judiciaires, c'est
le contraste entre la vie facile, heureu-
se des privilégiés qui les provoquent et
la futilité des raisons, la médiocrité des
griefs, l'inexcusable pauvreté de cœur
et d'idéal qui s'y étale. Mais une caste
'_n'" n'est pas la nation. C'est dans le corps
Social tout entier qu'il faut juger leez
jeffets d'une législation.
Or, H faut vraiment n'avoir jamais ap-
proché le peuple, jamais touché du
tloigt certaines situations lamentable-
ment insolubles pour affirmer que le di-
vorce non seulement « ne soit pas un
remède, mais qu'il soit encore le moin-
dre mal. » « Depuis la funeste déviation
de 1789, dit avec un aplomb superbe M.
Bourget, nos réformateurs ne se ren-
dent pas compte que sous prétexte de
soulagement immédiat, ils multiplient
d'autre part dans son étendue le mal
Hont ils prétendaient fournir le contre-
poison. Qui n'eût pas songé à divorcer
et se fût résigné à une union sans char-
mes, divorce ; qui a divorcé, divorcera-
fencore. La perspective de 'a liberté pos-
sible a énervé, aboli chez les conjoints
la - « faculté d'acceptation » 1,1
M. Bourget ne renverse-t-il pas la pro-
position ? Cette faculté d'acceptation,
est-ce la déviation de 89, est-ce le di-
vorce qui l'ont chassée du cœur hu-
main ? Ou, tout au contraire, n'est-ce
pas cette faculté graduellement dimi-
nuée qui, dans l'ordre politique, enfan-
ta 89, dans l'ordre civil, la loi sur le
'divorce ? M. Bourget voit dans la fa-
mille la cellule solide du corps de la
Société. Peut-être n'a-t-il pas tort. Mais
Il n'est pas d'organisme sain, qui se
constitue de-cellules malsaines*
Quel'e hautaine affirmation de princi-
pes ,1iO'UiS lera-croire à la spécifi-
que du foyer, quel qu'il soit, du foyer
prison ,du foyer réceptable de haines
muettes ou bruyantes, de rancunes, de
traîtrises ou d'humiliations ? La famille
est, dit M. Bourget, dans la nature des
choses. Et il a raison. Etablir « un prin-
cipe différent de celui de la nature » est
une erreur néfaste en législation. Sans
doute si l'on tente de fouiller ou de ty-
ranniser la nature. Quand l'Eglise con-
damne ses prêtres au célibat, elle fait
œuvre mauvaise, et, si l'on peut dire,
« antiphysique ». Mais admettre le di-
vorce n'est pas détruire ,le. principe fa-
milial : c'est le libérer, c'est le restau-
rer aux dépens, quelquefois, du bon-
heur des individus, dans sa force essen-
tielle, dans sa dignité contractuelle,
dans sa fécondité joyeuse : c'est assou-
plir la règle pour recréer une harmonie.
Hypnotisé par la conception de l'ordre
traditionnel, M. Bourget ne se montre
sensible qu'aux menus désordres ent-re
particuliers qu'engendre toute rupture
juridique entre associés. Il ne veut pas
voir le désordre intime autrement sub-
versif, que la rigidité intransigeante du
principe qu'il exalte portait dans les
œuvres vives de ce principe même. Déjà
Rousseau, qu'il invoque en termes pué-
rilement agressifs, avait dénoncé cette
erreur : l'ordre pour l'ordre, l'ordre fon-
dé sur l'injustice, la misère, qu'il con-
sidérait comme « destructrice, en effet,
de tour ordre sociaL.. » Car une heure
vient toujours ; où l'insurrection des
consciences fait éclater les chaînes que
des institutions oppressives ne consen-
tent pas à détendre. C'est un fait : tou-
tes les homélies du monde ne l'infirme-
ront pas..
Oui, c'est une chute douloureuse, que
celle de la femme jetée dans la vie sans
ressources, sans appui, sans "moyens
d'existence par le caprice ou le crime
de l'homme qui avait pris charge de sa
destinée. Mais c'est une chose au-des-
sus des forces communes que ce serva-
ge déshonorant, que cette immolation
irrémissible, où tant de gens, hommes
ou femmes, se voyaient condamnés,
sans autre espoir possible que de voir
la mort briser le lien qu'avait absurde-
ment noué la vie. Qui ne se rend comp-
te -de ce que ces soumissions mons-
trueuses inspiraient de vengeances su-
breptices, de révoltes plus ou moins
avouées, de suggestions coupables 1
L'alcool, la folie, l'adultère, le crime
s'installaient au foyer : et c'était la loi
d'une créature humaine de vivre toute
une vie, tremblante de terreur ou de
dégoût en face de ces hôtes insupporta-
bles, obsédants. C'est là ce qu'on veut
voir la pierre angulaire de l'Etat social,
quand l'évidence nous y montre la
source fatale de toutes les subversions.
Les enfants 1 direz-vous. Là, peut-
tre est le seul problème. La société, à
qui vont les regrets de M. Bourget, en
avait trouvé la solution. C'est au cou-
vent, aux séminaires que s'écoulait sou-
vent la première enfance jusqu'à l'ado-
lescence. Nous, démocrates, nous vou-
lons, autant que possible, laisser l'en-
fant à la tiède, à l'enveloppante atmos-
phère du foyer familial. Mais il n'y res-
pire que miasmes et que haine si, à la
maison même, deux influences féroce-
ment acharnées l'une contre l'autre lui
prêchent successivement le mépris, la
désaffection de ceux qu'il voudrait ai-
mer et respecter ; si l'enfant éperdu en
vient à rougir de ses propres tendres-
ses, si des exemples de discorde cons-
tante, sinon pis, déroutent sa foi nais-
sante en l'autorité morale de ceux qui
l'ont mis au monde et le jettent ensuite
dans la vie, sans règle et sans boussole,
quel profit encore à perpétuer cet état
de choses ? Sans doute, ni les juges, ni
la loi, ni J'Etat ne peuvent avoir la pré-
tention ni le pouvoir d'abolir toute mi-
sère. Leur clairvoyance éclairée peut ce-
pendant faire effort pour en détruire
les effets. Mais ce n'est pas en se guin-
'dant à la froide solennité de .principes
surannés, c'est en assouplissant leur
actioit à l'évolution constante des
mœurs qu'ils feront œuvre de répara-
tion et de progrès utiles.
T. STEEC.
»
Les Ouvriers dans les Jurys
Le Temps est très inquiet
sur ?es résultats de la réfor-
me tentée par M. Briand, et
qui consiste à faire entrer des
ouvriers dans. la composition
1 des jurys criminels.
Notre confrère - modéré rappelle que
les jurys « bourgeois » ont rendu par-
fois des verdicts stupéfiants. Il leur est
arrivé de se laisser entraîner, par excès
de sentiment ou par nervosité, à des
verdicts peut-être regrettables au point
de vue de la saine justice. Ils ont sans
doute acquitté trop d'amants meur-
triers, trop de vitrioleuses, et, passez-
moi le mot, trop de cocus assassins.
Le Temps .se demande si, sous l'in-
fluence de l'élément prolétarien, le jury
nouveau style ne connaîtra pas des dé-
faillances d'un autre genre ; si, par
exemple, il ne montrera pas une indul-
gence coupable pour les auteurs d'at-
tentats contre la propriété.
Sévères à l'égard des voleurs, indul-
gents envers les meurtriers « pàssimr^
nels », les anciens jurés pouvaient pas-
ser pour des gens qui mettaient le souci
de leurs biens au-dessus du soin de
leurs existences.
Si les nouveaux jurés allaient mon-
trer une égale tiédeur à défendre la so-
ciété contre les criminels par amour ou
par colère, et les criminels par rapacité
ou par besoin ?
Evidemment, l'hypothèse est inquié-
tante. Mais, vraiment, je ne crois pas
que les verdicts du jury en partie ou-
vrier soient ce qu'appréhendent ceux
qui critiquent la réforme très démocra-
tique du garde des sceaux.
Je ne dis pas qu'une certaine indul-
gence ne sera pas assurée à des mal-
heureux conduits à des actes que le
Code qualifie crimes, plutôt par la mi-
sère que par la perversité.
Nous applaudirons, du reste, à cette
union sans cesse plus intime de la
bonté et de la justice. ?
Mais les surineurs, sonneurs aepan-
tes, apaches, montenlairs, et autres fri-
pouilles, oh ! ceux-là, le peuple les dé-
teste, et le leur fera voir. -
0.
LES ON-DIT
La réclame surnaturelle
Plus d'hommes-sandwichs, ni de pu-
blicité coûteuse dans les grands pério-
diques. Plus de transparents lumineu.
La réclame surnaturelle est née. D'ingé-
nieux spirites ont invité discrètement le
commerce parisien à faire recomman-
der leurs produits par les esprits. Et je
connais un excellent artiste — le spiri-
; tisme fait de réels ravages dans les
Quat'z-Arts — qui a obtenu d'en haut
l'adresse de son coiffeur. Après tout,
rien d'étonnant et les médiums peuvent
servir à toutes fins. N'a-t-on pas vu,
dans un procès criminel, les esprits dic-
ter un testament à une vieille dame,
qui mourut, du reste, par suggestion ?
Les tombeaux des Bourbons
Puisque l'attention est ramenée sur
les sépultures historiques, disons que
les tombeaux des ducs de Bourbon ré-
clament d'instantes réparations. Ils se
trouvent dans la magnifique église ab-
batiale de Souvigny (Allier), monument
classé. Le duc d'Aumale avait obtenu,
en 1897, l'autorisation de remettre en
état les mausolées, mais la mort l'em-
pêcha de réaliser son projet de restau-
ration. Il avait, peu avant, pu arrêter la
destruction de l'antique château de
Bourbon-l'Archambault.
En 1841, Louis-Philippe avait ordonné
à l'église de Souvigny quelques travaux
urgents. Les ossements des ducs, un
peu maltraités par les ans et les révolu-
tions, furent recueillis et mis dans des
bières de plomb avec les débris des an-
ciens cercueils. Un éperon de 1er gigan-
tesque fut trouvé à ce moment dans la
chapelle de Saint-André, où se voient
encore des traces des couleurs tradi-
tionnelles de la maison de Bourbon.
Citons parmi les personnages inhu-
més là : Anne, dauphine d'Auvergne ;
son époux Louis II, dit le Bon, beau-
frère de Charles V, dont le père avait
été tu-é à Poitiers en i356 et qui fut long-
temps retenu comme ôtage chez les An-
glais ; son fils Jean ler4 fait prisonnier
à Azincourt et mort à Londres en 1434,
etc. A gauche du chœur, dans la cha-
pelle neuve, se rencontrent le mauso-
lée de Charles Ier, gendre de Jean-sans-
Peur, orné de vingt-deux statuettes en
piteux état ; d'Anne de France, fille de
Louis XI, et ceux de leur fille, Suzan-
ne. Que d'autres détails intéressants
dans ce lieu consacré !
Les accidents à Paris
Il y a, paraît-il, une moyenne de
quinze mille accidents par an à Paris.
Mais le grave statisticien qui - nous
fournit ce chiffre ajoute, sans sourcil-
ler, qu'il ne comprend pas les conges-
tions, les syncopes, les tentatives de
suicide, etc. Chaque jour, quarante à
cinquante malheureux, sont frappés
brusquement, dans les usines, les ate-
liers, les chantiers ou sur la voie, pu
blique. Le service de prompts secours
estril en rapport étroit avec cette éven-
tualité prévue ? Hélas 1 trois fois hé-
las !.
Le Passant.
e. 1
A L'HOTEL DE VILLE
Les moyens de transport
La première commission a entendu hier
MM. Paindavoine et Mekarski, tous, deux
demandeurs en concession du réseau mu-
nicipal d'autobus. Tous deux des prix de re-
vient par kilomètre-voiture qui sont con-
testés par la direction du contrôle de la
préfecture de la Seine.
Le Gaz
La première commission vai demander
au Conseil municipal d'autoriser des tra-
vaux d'amélioration des conduites de gaz
dans Paris. Ces travaux sont évalués à
45 millions. — A. B.
«
CONTRE LE BLANC DE CÉRUSE
Bruxelles, 28 janvier.
Le conseil supérieur d'hygiène de Belgi-
que s'est rallié aux concluions de sa com-
mission spéciale en ce qui concerne l'inter-
diction de l'emploi de la céruse. Le rap-
port du conseil supérieur au ministère dît
notamment t « Le conseil saisit "cette oc-
am.n pour rappeler ses rapports anté-
rieurs sur la matière ; il exprime à nou-
veau son désir de voir interdire l'empwi
de la céruse dans les travaux de peinture
en bâtiments. »
; ———————————,
LA FIN DU DEBAT
Le débat sur la question marocaine
s'est terminé par le vote, à une très
grosse majorité, de l'ordre du jour de
confiance réclamé par le gouvernement.
Ce résultat était d'ailleurs prévu. Ce
n'est pas à dire que la plupart des dé-
putés soient très satisfaits de la façon
dont nos affaires sont engagées, tja £ LS
l'empire chérifien, ni que les déclàYà'
tions du gouvernement aient complète-
ment dissipé le brouillard qui envelop-
pe notre politique africaine. Mais au-
cun des interpellateurs n'était peut-être
en état de proposer une politique plus
claire, plus sûre et plus féconde que
celle dont il est trop facile de dénoncer
les défauts.
La fin de la discussion a été attristée
par un discours vraiment odieux de
MT Jaurès. L'orateur des unifiés a un.
tendresse si passionnée pvur l Allema--
gne, que s'il exerçait encore une in-
fluence sur notre politique étrangère,
il l'emploierait certainement à nous
brouiller avec l'Angleterre pour nous
enchaîner à la cause du Kaiser.
Il a repris la thèse des quelques na-
tionalistes qui sont anglophobes au
point d'en être germanophiles. Il a cru
pouvoir dénoncer l'existence, en Angle-
terre, d'une bande de pirates, très capa-
bles de mettre le feu à l'Europe, afin de
trouver dans le désastre et au bénéfice
de la panique, l'occasion de gigantes-
ques larcins. ,"
Qu'un Français, de la plus haute tri-
bune du pays, ose jeter une telle suspi-
cion sur le grand -peuple dont nous
avons l'amitié, pour punir cette nation
d'avoir affirmé que si nous étions in-
justement attaqués, elle serait à., côté de
nous — n'est-ce pas monstrueux ?
M. Jaurès essayait de nous affoler en
exagérant la vnracité, et aussi l'impor-
tance -de l'impérialisme britannique ; il
oubliait systématiquement la présence
à la tète du gouvernement du Royaume-
Uni, du pacifiste militant qu'est sir Hen-
ry Campbell Bannerman. Et, en même
temps, il abusait des quelques manifes-
tations dont Berlin a été le théâtre ces
jours-ci pour nous représenter la dé-
mocratie allemande comme capable de
se substituer révolutionnairement à la
monarchie absolue, à la caste réaction-
naire, au pouvoir militaire, jusqu'ici
maîtres absolus et sans contrôlé de
l'empire germanique.
M. Jaurès a donc un grand mépris de
ses collègues ? Il les croit donc bien
ignorants ? Tout le monde sait que
l'Allemagne n'est pas en état de se libé-
rer de l'oppression qui pèse sur elle.
Les Allemands sont les premiers à re-
connaître que sur la politique étrangè-
re de l'Etat, l'influence de l'opinion est
nulle. Les socialistes n'hésitent pas à
confesser loyalement cette malheureuse
vérité. Et la Libre Pensée, qui brillera
un jour, de l'autre côté du Rhin com-
me ici, n'est encore, chez nos voisins
de l'Est, qu'une ombre incertaine.
M. Jaurès a été jusqu'à prétendre
qu'après avoir renoncé à faire la guerre
pour Metz et pour Strasbourg, nous
pourrions être amenés à la faire pour
une question de tapis marocains et de
cotonnades de Manchester.
Cette insinuation vous fait monter
d'abord le rouge au front. Mais, quand
on réfléchit, on prend le parti de rire.
Nous restons attachés fidèlement à la
cause de la paix. Mais si, par malheur,
la guerre éclatait, qui donc suppose
que, dans tous les cœurs, il y aurait
une autre soif que celle -de l'Alsace et
de la Lorraine ?
Hugues Destrem.
• --
LA CAISSE DES ECOLES DU 3e
Hier soir, a eu lieu à la mairie du 39
arrondissement, l'assemblée générale de la
Caisse des Ecoles, priçjfedée; par M. Geor-
ges Fiant, le sympathique maire de l'arron-
dissement, assisté de MM. Hochet, Biron-
Gauthier, maires-axljomts, Jules Bréjean,
trésorier, et de nombreux administrateurs
de la Caisse des Ecoles. - -
Après une allocution très applaudie de
M. le président et l'approbation du compte
rendu financier de M. le trésorier, deux
rapports très intéressants sur la colonie
de Vert-le-Grand et la colonie de Berck-sur-
.Mer, ont été présentés, l'un; par M. Mo-
riette, administrateur, l'autre par M. Ver-
gezac, également administrateur ; puis'on
a procédé à l'élection des administrateurs
sortants. -
MM. Cortey, Demarquay, Davot, Brancq,
Block, ont été élus. administrateurs titu-
laires pour trois ans.
MM. Descazeaux, Guillot, Laurens, Es-
calié, Mory, ont été élus administrateurs
sup,pléants pour un an.
Aussitôt après la lecture du rapport de
M. Moriette faisant appel à la générosité
publique pour la fondation de nouveaux lits
à la colonie 1e Vert-le-Grand, deux socié-
taires dont je tairai le nom par modastie
ont donné leur adhésion spontanée et se
sont fait inscrire pour une donation de 100
francs chacun aux applaudissements ré-
pétés de l'assemblée tout- entière.
Enfin, de chaleureux remerciements ont
été votés à l'unanimité à M. Puech, député,
à M. Achille, conseiller municipal, et à M.
Georges Fio/nt, maire du 3e, pour. leurs, dé-
marches empressées en vue d'obtenir du
pari mutuel une subvention de 75.000 francs
destinée à l'agrandissement de la la col
nie de Vert-le-Grand. ,.'
En résumé, très bonne soirée pour la Ré
.publique.
Hoit du Cardinal Richard
Le cardinal Richard s'est éteint, hier
matin, à 6 h. 1/2.
Plusieurs membres de sa famille, parmi
lesquels son petit-neveu, M. Laverne, se
trouvaient auprès de lui.
Le corps de Son Eminencc sera exposé
dans la salle des Commissions, à l'arche-
vêché, aujourd'hui, de une heure à cinq
heures, et les jours suivants de neuf heu-
res du matin à cinq heures du soir, jus-
qu'au vendredi 31 janvier inclus.
Les obsèques auront lieu le samedi 1M
février, à dix heures; la cérémonie reli-
gieuse sera célébrée à Notre-Dame. C'est
le cardinal Lecot, archevêque de Bordeaux,
qui présidera.
M. Amette, coadjuteur de l'archevêque de
Paris, a écrit au président de la Républi-
que pour lui faire part de la mort du car-
dinal
M. Fallières a répondu à M. Amette par
une lettre dans laquelle il l'assure de ses
sentiments de sincère condoléance.
Les préfets de la Seine et de police, qui
entretenaient des relations personnelles dé-
jà anciennes avec le cardinal Richard, ont
demandé des instructions au sujet de la
conduite à tesir lors des funérailles de ce
prélat.
Le président du conseil, ministre de l'in-
térieur, leur a fait savoir qu'ils étaient
absolument libres d'assister aux obsèques
à titre privé. Ces obsëques, par suite de la
séparation des Eglises et de l'Etat, seront
en effet célébrées sans aucune participa-
tion officielle des pouvoirs publics.
NOTES BIOGRAPHIQUES
Le cardinal Richard était âgé de 88 ans,
étant né à Nantes le 1er mars 1819. Il ap-
partenait à la famille des Richard de Lar
vergne. Il entra au séminaire de Saint-
Sulpice en 1849 et, à sa sortie, exerça le
■ministère à Nantes même. Il fut bientôt
nommé vicaire général du diocèse, poste
qu'il occupa pendant 20 ans. Le gouverne-
ment l'appela à l'évêché de Belley par dé-
cret du 16 octobre 1871 ; le nouveau pré-
lat fut préconisé le 22 décembre de la mê-
me année et sacré le 11 février 1872. Un
décret du 7 mars 1875 l'appela près de
Mgr Guibert, archevêque de Paris, comme
coadjuteur, avec future -succession. Il fut
préconisé le 5 juillet 1875, sous le titre d'ar-
chevêque de Larisse, in partibus inlide-
Hum.
Après la mort de Mgr Guibert, l'arche-
vêque de Larisse fut installé à sa place,
le 8 juillet 188(3.
Sa ligne de conduite consistait h mainte-
nir en dehors des questions politique, les
intérêts de la religion.
Lors de la discussion de la- loi sur le
service militaire, l'archevêque de Paris
protesta dans une lettre privée qu'il adres-
sa au président Carnot
Mgr Richard s'est toujours occupé, avec
une exceptionnelle activité, des affaires dio-
césaines et paroissiales. Le 24 mai 1889 il
était, élevé à la dignité de cardinal de
l'Ordre des prêtres.
Parmi les ouvrages du cardinal défunt
on cite : Vie de la bienheureuse Françoise
d'Amboise, duchesse de Bretagne el reli-
gieuse carmélite, les Saints de l'église de
Nantes, les Statuts synodaux du diocèse de
Paris. , ;
L'archevêché de Paris *
Le cardinal Richard est le 129' prélat qui
ait occupé le siège de l'archevêché de Pa-
ris. L'évêché. de Paris, qui existait déjà au
troisième siècle, reconnaît comme son fon-
dateur et premier évêque saint Denis. Pa-
ris fut suffragant de Sens jusqu'au 20 oc-
tobre 1622, ou il fut érigé en archevêché
avec les évèchés de Chartres, d'Orléans, de
Meaux, puis (1697) de Blois pour sutIra-
gaufs. En 1674, la seigneurie de Saint-
Cloud fut érigée en duché-pairie au profit
des archevêques de Paris, u province
ecclésiastique de Paris comprit, en 1802,
Troyes, Amiens, Soissons, Arras, Cambrai,
Versailles, Meaux et Orléans. Le ooncoradt
de 1821 la réduisit aux évêchés de Char-
tres, Rîois, Orléans, MClUX, Versailles,
Cambrai et Arras. Ces deux derniers lui
furent enlevés en 1841, quand la métropole
de Cambrai fut rétablie.
Parmi les archevêques de Pnris, les plus
connus, sont Pierre Lombard, Maurice de
Sully, le cardinal de Retz, Christophe de
Beaumont, Affre, Sibour, Darboy et le car-
dinal de Bellov.
Le successeur du cardinal Richard
M. Amette, qui va succéder au cardinal
Richard, est né à Douville (Eure) le 6 sep-
tembre 1850. Il fut vicaire général à
Evreux avant a être nonnné, par décret du
7 juillet 1898, évêque de Bayeux et Li-
sieux.
«ifrir I ■
LA JOUMEE POLITIQUE
Conseil des ministres
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à FËtysôc, sous la présidence ae
M Fallières.. >
M. Piehon a fait connaître les. dépêches
qu'il a reçues de M. de Saint-Aulaire, char-
gé d'affaires de France à Tanger.
M. Briand a .entretenu le conseil du pro
jet de loi sur le recrutement et l'avance-
ment des mo.giBtr'3.ts,qu'il élabore.
Le ministre des colonies a été autorisé
à accepter la démission de M. Roume de
ses fonctions de gouverneur général de
l'Afrique occidentale.
L'union des industries nationales
! On nous communique le vœu suivant
émis par l'Union des -industries nationales,
à la suite de récentes discussions parle-
mentaires :
« L'Union des industries nationales pro-
teste contre l'esprit de dénigrement qui se
fait jour au sein du Parlement en ce qui
concerne les fournitures faites par l'indus-
trie française à nos grandes administra-
tions, notamment la guerre et la marine,
et principalement sur les prix et délais de-
mandes..
« Elle déplore la répercussion que des
affirmations de ce genre, manant de la
tribune française, ont ;sur les commandes
que nos industries pourraient obtenir de
l'étranger.
- « Elle proteste également contre la dis-
cussion publique" de questions tout à la
fois techniques et économiques • qui tou-
chent à des intérêts particuliers3 sans que
l ces derniers aient été préalablement en-
tendus par des commissions spéciales.
« La cherté dm produits nakenAM4 ,.
rapport aux produits étrangers, n'a jamais
été discutée en présence des représentants
de l'industrie nationale. ))
La médaille de M. Brisson
Le banquet au cours duquel doit être
offerte à M. Henri Brisson une médaille
d'or commémorative de sa quinzième élec-
tion à la présidence dé la Chambre aura
lieu le jeudi 20 février.
A cette occasion et dans le but ue re-
cueillir des adhésions à la souscription,
une lettre vient d'être envoyée à tous les
membres du Parlement par les soins du.
comité d'initiative qui CôYnpfCnd : M\;.-
Emile Combes, sénateur, et illourrnt, dé-
puté, présidents ; MM. Delpech, Maseu-
raud, sénateurs, Delaunay, René Beaaard,
députés, vice-présidents ; MM. Saint-Ger-
main, Pédebidou, sénateurs, Louis Dumont',,
Louis Dreyfus, députés, secrétaires * M
Saumande, député, trésorier,
Le cas de M. Archimbaud
, Grenoble, 27 janvier.
M- Arcîiimbcud, assisté de son défenseur,
Me Puissant, avoué à Montélimar, prési-
dent de la Fédération radicale-socialiste de
la Drôme, a été entendu ce matin par M.
David, conseiller à la cour de Grenoble,
chargé de l'instruction relative aux certi-
ficats sur lesquels a été basée sa dispense
au titre de pasteur.
L'interrogatoire, au sujet duquel M. Ar-
chimbaud s'est refusé & toute interview, a
duré de neuf heures à midi.
On confirme que le conseil d'administra-
tion du 140* a émis à l'unanimité un aviri
favorable au nouveau cas de dispense, aX
titre de la présence d'un frère sous lof
drapeaux.
LA CLEF D'UN TEMPLE ANTIO-U
(De notre correspondant particulier)
Berlin, 28 janvier. t
Le professeur d'archéologie, M. Diets, a
rendu compte, à l'Académie des sciences,
d'Une trouvaille intéressante qu'il a faite.
C'est la clef d'un temple antique. Elle cor-
respond complètement au système de fer-
meture décrit par Homère. Les deux La-t-
tants sont ouverts par un grand ciochet et
fermés, par une sorte de cç|reoie de cuir.
La clef était toujours g une prê-
tresse. Celle que M. Diels a pimentée h
l'Académie est en bronze et a une longueur
de quarante centimètres. Elle a été décou-
verte près du temple d'Artémis, à Lusoï,
dans l'Arcadie.
A LA CHAMBRE
Les affaires du Maroc. — La fin du
débat. — La Chambre vote l'ordre
du jour de confiance par 428
voix contre 92
La séance est ouverte à deux heures,
sous la présidence de M. Henri Brisson.
C'est la troisième et dernière journée
du débat sur la question du Maroc. La
question d ailleurs paraît épuisée, il n'y,
a plus que des redites à attendre et cii-
fin les ordres du jour.
Au banc du gouvernement, M. Cle-
menceau, président du Conseil ; le gé-
néral Picquart, ministre de la guerre, et
M. Maujan, sous-secrétaire d'Etat fi
l'intérieur.
M, Lucien Hubert, député des Arden-
lies, monte à 'a tribune.
Au nom de ses amis de la gauche ra-
dicale, il prend acte des déclarations du
ministre des affaires étrangères et dé-
clare que les diplomates qui ont rédigé
l'Acte d'Algésiras ont oublié qu'il s'a-
gissait d'appliquer des réformes non
pas dans un pays pacifié, mais, au con-
traire, en pleine anarchie.
L'acte d'Algésiras, quels qu'en soient les.
défauts, doit être appliqué loyalement.
Le ministre a annoncé que le gouverne-'
ment était décidé au retrait progressif dé
nos troupes vers la côte. Il faut prendre
acte de ces paroles rassurantes. (Très bien 4
Très bien !)
Sans inconvénient d'aucune sorte, le gou-
vernement peut adopter cette attitude, car
il paratt qu'à Settat, les principaux au-
teurs des massacres de Casablanca ont été
arrôtis. (Très bien 1 Très bien 1)
M. Lucien Hubert, appuyé par M.
Trouin qui l'interrompt en approuvant
son langage, insiste pour que la France
ne se compromette pas entre les divers
prétendants et pour qu'elle ne soit pas
dupe de l'Acte d'Algésiras en travail-
lant an Maroc uniquement pour les au-
! res.. ,
M. de Castellane. — C'e. au début df
cette lamentable aventure qu'il eût fallu
prévoir, les difficultés présentes. C'est avec
la fâcheuse idée de pénétration pacifique
que nous avons mis la main dans le fatal
engrenage dont nous ne pouvons nous dé-
gager.
Puis l'orateur s'étend longuement sur
tous les incidents diplomatiques qui,
depuis plus de deux ans, ont surgi au-
tour de la question marocaine et con-
clut en déclarant que grâce .à nos ac-
cords avec l'Angleterre et avec l'Espa-
gne, notre situation serait excellente
sans cette aventure militaire où nous
sommes engagés.
DISCOURS DE M. DENYS COCHIN
M. Denys Cochin lui succède à la tri-
bune.
Le ministre des ûfi*a-.:,es étrangères dé.
clarait hier que c'était A l'unanimité qu'on
était allé à Algésiras : il avait raison, mais
l'unanimité, dans ces circonstances, a sur.
tout ce caractère de no pas vouloir créer
de difficultés an gouvernement.
Lu diplomatie européenne a de I,):.Q m
plus le sentiment qu'elle a des intérêts
communs à défendre et le courant parait
favorable à J'inlel'nationalislllic..n des af-
faires. (Tr&i bi.'jr! Très lMn ! sur divers
bancs).
Notre situation diplomatique lors d'un?
première -conférence inspirée par ce senfw
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