Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-01-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 janvier 1908 23 janvier 1908
Description : 1908/01/23 (N13831). 1908/01/23 (N13831).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75710834
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
M, rae du Mail, Paria.
'-et efeee KM. LAGRANGE, CERF et a
: - f, pla" de la Bourset 1 -
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HERETIOUE
Je su.is bien à l'aise pour apprécier la
manifestation dernière au conseil na-
tional des socialistes unifiés.
Politiquement, mes tendances et mes
actes ne relèvent pas de son contrôle :
doctrinalement, sa théorie de évolu-
tion révolutionnaire m'apparaît inexac-
te et périlleuse : idéalement, ma con-
fception de la justice sociale ne coïncide
cas avec la sienne.
- J'ai néanmoins toujours préconisé,
non point une alliance que les circons-
tances ne comportent plus, non point
une solidarité qui ne pouvait que com-
promettre et mon parti et le parti col-
lectiviste, mais une collaboration sin-
cère et. de bonne foi partout où l'idée ré-
publicaine, dans le développement logi-
que de sa force expansive, pourrait de-
mander main forte aux énergies mili-
tantes qui se réclament de principes dé-
mocratiques. ,_.
■ Ma liberté est donc entière pour dis-
cuter de l'excommunication récente du
citoyen Breton. Peut-être quelqu'un des
membres du conseil qui vota son ex-
clusion m'opposera-t-il mon incompé-
tence, ou ce qu'en termes du Palais on
nomme une exception d'irrecevabilité.
Risquer un jugement sur 'es actes et la
tactique du parti unifié n'est-ce pas, de
la part d'un présomptueux radical, une
usurpation intolérable, et de quoi vais-
je me mêler ? Les collectivistes ne sont-
ils pas maîtres chez eux ? S'il leur plaît
de séparer l'ivraie du bon grain, de ca-
noniser celui-ci, d'excommunier celui-
>-" là, de décréter des orthodoxies, de ful-
miner des anathèmes, qui nous auto-
■' Pi, nous profanes, à sonder indiscrè.
tement la profondeur de leurs raisons ?
Certes, je ne me fais aucune illusion:
pour des esprits décidément courbés
sous l'inflexibilité d'une discipline tou-
te monacale, qui discute, prend figure
d'insubordonné, de fâcheux, de brouil-
lon. Aussi bien, n'entends-je point dis-
cuter. Mais il n'est interdit à personne,
je pense, de commenter un fait public,
hautement significatif, et, je parle pour)
moi, de le déplorer.
Oui, de le déplorer.
Que d'autres se réjouissent et signa-
lent avec satisfaction la fêlure nouvelle
qui vient de s'ouvrir dans le bloc socia-
liste, je ne vois, en la circonstance, ni
sujet de triomphe, ni matière à facile
ironie. Certes, ces gens qui se réunis-
sent en grand appareil pour traduire à
leur barre un excellent citoyen comme
Bfeton, qui le frappent d'ostracisme
pour un vote ou pour une phrase, se
placent inconsciemment dans une pos-
ture dont la solennité frise le ridicule.
La causticité perspicace du camarade
Hervé ne s'y est point méprise : il s'est
, exprimé là-dessus non sans verdeur.
J'avoue qu'en ce qui me concerne, ce ri-
dicule ne me donne pas envie de rire.
Le spectacle est affligeant pour qui,
voulant voir de haut, avait mis quelque
espoir, quelque illusion dans la mis-
sion, dans le rôle parlementaire du par-
jti socialiste, qui sait percevoir en ses
déclamations enflammées, téméraires,
chimériques souvent, la réclamation
impatiente mais généreuse de la souf-
france et du servage humains. '-.
Ce qu'il représentait d'instinct pro-
fond du mal social, de soif idéale de
justice, de ferments de fraternité, fai-
sait passer sur bien des intempérances
de langage, sur bien des manifestations
inconsidérées ; on lui consentait des
indulgences comme on pardonne à la
jeunesse — à l'avenir — les frasques de
son exubérance, non sa:qs envier secrè-
tement l'intrépidité joyeuse de ses ar-
jdeurs.
Car cette qualité là n'est point com-
mune dans les assemblées. Elle l'est
moins encore dans les majorités gou-
vernementales : et comment leur en
faire grief ? A qui doit assurer, l'exis-
tence quotidienne de la nation, à qui se
sent responsable non seulement de ses
destinées lointaines, mais de son sort
présent ; à qui vit dans le positif, le
concret, l'actuel, pourrait-on sans in-
justice reprocher de fuir la chimère, de
déserter les sommets, de faire bon mar-
ché du rêve et de l'utopie ? Si désireuse
flue semble la nation de yoir aboutir
une politique de réformes démocrati-
ques, l'on sait bien quel serait son ac-
cueil au progrès, s'il survenait sous
forme d'invasion torrentielle, turbulen-
te, précipitée, subversive.
On le saiLbien — on le sent peut-être
trop : on s'exagère les périls >• les
temps, je le veux bien, ne sont pas à
l offensive héroïque : un peu plus ae
pardiesse ne messierait peut-être pas
toujours. Le souci de ne pas faire, dâ
sottises, si honorable qu'il soit, ne doit
-point prendre, par je ne sais quel phé-
nomène d'inhibitionl des apparences
de paralysie.
Cette névrose conservatrice qui saisit
les Parlements les mieux intentionnés,
cette « phobie » mortelle aux initiatives
qui finit par leur être mortelle à eux-
mêmes, quel révulsif pouvait la secouer.
la galvaniser, qui pouvait ressusciter
les palpitations de l'instinct vital aux
heures de stagnation, mieux que l'ap-
pel juvénile, vibrant, de la parole so-
cialiste : qui pouvait faire passer de
plus beaux rêves dans nos lassitudes
parfois assoupies ?
Et voilà ce qu'on nous offre ! Des
quelques de moines, ces mises à l'in-
dex, des articles-de foi, un dogmatisme
vieillot et canonique. Hors l'Eglise, pas,
de salut. Hors l'obédience, pas de place
dans l'Eglise. Domestiquez votre pen-
sée ; faites taire vos scrupules, vos
curiosités, vos sympathies, vos révol-
tes ! Une chose anonyme pensera pour
vous, saura pour vous, aimera pour
vous, agira pour vous. Vous êtes en ses
mains comme une chose inerte et sans
volonté.
Où donc ai-je entendu récemment pa-
role semblable ? Au moins, la Rome pa-
pale l'exprima-t-elle pour mener ceux
dont eUe tient le corps extépué, dans
le verbe d'une langue morte. Mais
quelle désillusion de voir à la même
heure, nous témoins et parfois modes-
tes acteurs du grand drame de la con-
science humaine, le passé qui s'obstine,
et l'avenir qui s'affirme, épuiser, l'un
ses efforts suprêmes, l'autre ses éner-
gies naissantes, dans la même pratique
d'intolérance, pour le même étrangle-
ment de la liberté.
T. STEEC.
LES OFFICIERS DE RESERVE
On disait qu'à propos du
projet de loi réintégrant M.
Joseph Reinach dans son
grade de capitaine de cavale-
rie territoriale, certains réac-
- tionnaires devaient commetr
tre des manifestations violentes. Nous
avons plaisir à constater qu'au lieu 4u
débat passionné que l'on annonçait,
cette affaire a donné lieu à des échan-
ges d'observations intéressantes.
Le projet de loi a été renvoyé à la
commission de l'armée ; non que son
adoption par .'a Chambre fasse doute,
mais parce qu'au lieu de se borner à
statuer sur un cas individuel, le Parle-
ment veut trancher une question de
principe : celle de la liberté politique
des officiers de réserve.
M. Berteaux a posé avec une grande
franchise et infiniment de clarté les ter-
mes du problème:
- Je suis très fier, a-t-il dit, de mon
grade d'officier de territoriale ; mais ja
ne l'aurais jamais accepté si j'avais
pensé aliéner quoi que ce soit de mon
indépendance politique.
La commission de l'armée s'est pro-
noncée dès hier en faveur d'un projet
de loi qui éviterait aux officiers de la
réserve et de l'armée territoriale les in-
convénients du régime d'arbitraire au-
quel ils sont encore soumis
Notre manière de voir ne saurait être
différente de celle-là. L'officier de rér
serve, pas plus -que le soldat de réserve'
n'est un militaire professionnel. Tout
ce qu'on peut lui demander, c'est de se
soumettre aux règlements de l'armée,
quand il accomplit une période d'exer-
cice ou quand il participe à une mobi-
lisation.
On a déjà de la peine à recruter les
cadres 'de notre armée de seconde li-
gne ; les obligations imposées à ceux
qui acceptent l'honneur et la charge
d'être officiers sont assez lourdes pour
qu'on ne les aggrave pas par une res-
triction des droits qui appartiennent àJ
tous les citoyens.
——- I
LES OW-DIT
Sous la Coupole
M. de Ségur est à peine installé sous
la Coupole que l'Académie s'occupe
déjà discrètement du triple fauteuil à
pourvoir pour remplacer André Theu-
riet, Sully Prudhomme et Berthelot. Le
candidat qui paraît avoir le plus de
chance est M. Francis Charmes candi-
dat au fauteuil de Berthelot. D'abord il
est directeur de la Revue des Deux
Mondes, puis il esb1 seul en ligne jus-
quici. A moins. à moins que le géné-
ral Bonnal ne se décide à entrer en lice!
Moi* je serais assez de l'avis de Re-
nan, je ne serais pas fâché de voir
nommer à l'Académie. le président de
a République. Dame 1 du moment que
la politique et la science entrent com-
me chez elles à la maison du coin du
quai je ne voi9 pas pourquoi le chef
de 1 Etat ne serait pas admis de plein
droit, à titre de personnalité représen-
tative.
L'académicien qui mérita le mieux les
suffrages de ses pairs fut l'illustre De-
vaisne, le prédécesseûr de Parny. qui
triompha par la reconnaissance de l'es-
tomac Il "donnait à aîneç aux gens de
lettres tous les mardis. A la Donne
heure i
Le C. A. à la Calerie des Machines
C'est le 18 mars prochain que s'ou-
vrira pour la dernière fois le Concours
général agricole à la Galerie des Ma-
chines. Un arrangement spécial est in-
tervenu à ce sujet entre le démolisseur
et le ministère de la rue de Varennes.
La clôtu're aura lieu le 24 au soir. Le
programme adopté cette année semble
viser - une certaine limitation aes machi-
nes et instruments, dont beaucoup
avaient un rapport très lointain avec
l'agriculture.
L'exposition ressemblait trop à un
bazar. On est revenu aussi aux ancien-
nes règles pour la tonte des béliers et
brebis dans les reproducteurs, dans
l'espoir sans-doute que, suivant ie - pro-
verbe, « à brebis tondue le ciel mesu-
rera le. vent. » Quels délicieux pince-
sans-rire que nos modernes Sullys ! Ils
doivent faire des mots de la fin à leurs
moments perdus.
Parchemins à vendre
La vieille noblesse française s'améri.
canise de plus en plus. Elle a une façon
bien à elle de pratiquer l'axiome de
droit connu : « Possession vaut titre. »
Un honorable tabellion fait annoncer
gravement qu'il offre, à un prix mo-
déré, un fort lot de parchemins, diplô-
mes et autres papiers de famille prove-
nant de sa clientèle aristocratique.
J'ai eu la curiosité d'examiner >a mar-
chandise, de mettre l'article en main.
Un certain nombre de-ces titres avaiént
appartenu aux de M. Un d'eux avait
trait au très illustre de M., seigneur
de vingt lieux, maître de camp, couver
neur de places fortes, membre du con-
seil secret de guerre, etc. Il y avait
aussi dans le tas une fort jolie collec-
tion de sceaux de différents formats,
recélég dans des boîtes de plomb cir-
culaires. Sévères aïeux des âges de fer,
que pensez-vous de ces -- choses ?
Le socialiste sans le savoir
On n'invente plus de partis politi-
ques, on les prend tout faits à l'étran-
ques, L'antisémitisme nous était venu
ger.
d'Autriche ; quelques-uns songent à
importer l'impérialisme d'Angleterre.
Un bon réactionnaire, candidat à
Saint-Gaudens, a suivi la mode. Il a su
qu'outre-Manche, le Labour party rem-
portait quelques succès.
— Ce nom est tout un programme,
dans un pays d'agriculture, s'est-il
écrié.
Et, traduisant, en toute liberté, le
mot anglais, il s'intitule « candidat des
laboureurs ».
S'il avait ouvert un dictionnaire, il
aurait su que « Labour-Party » signi-
fiait : « Parti ouvrier ». Quelle étiquette
pour un conservateur !
On rit de la méprise dans toute la
Haute-Garonne.
Le Passant.
— .---
1 IMPERIA
L'union, qui fait la force, fera sans cloute
aussi, la grâce et l'opulence de deux jolies
villes italiennes de la Riviera, Oneglia et
Porto-Maurigio, situées non loin de Vin-
timille. En un joli geste dr concorde et de
fraternité, elles sont tombées, non dans les
bras, mais dans les rues l'une de l'autre,
et elles ont décidé de n'être plus qu'une
seule et même cité, comme l'amour ne fait
plus qu'un de deux êtres.
Chacune d'elles y a perdu son nom.
C'est ce que peut perdre de plus précieux
une ville. De même qu'elles n'auront plus
qu'un seule municipalité, elles n'auront
plus désormais qu'un seul nom. Mais quel
nom superbe et magnifique : le nom d'Im-
peria !
Imperia ! Imperia ! La courtisane dont
l'intelligence et l'esprit confinaient au gé-
nie et qui fut reine autant par la puissance
de son cerveau que par l'éclat de sa beau-
té ! Imperia, la courtisane devant laquelle
s'inclinaient les tiares de Jules II et de
Léon X 1 Imperia, la courtisane dans les
salons de laquelle se pressaient, s'écra-
saient tous les lettrés, tous les artistes,
tous les grands seigneurs, tous les cardi-
naux, tous les capitaines célèbres de cette
époque prestigieuse qu'on appelle la Re-
naissance !
On dit que le savant prélat Sadolet « ne
trouva point dans son bagage de rhétori-
cien assez d'hyperboles pour célébrer tou-
tes les qualités à la fois sérieuses, élevées
et énivrantes dont elle était douée. »
Gabrielle d'Annunxio qui, ne sachant à
qui dédier sa dernière œuvre, sa Nave, l'a
carrément dédiée à Dieu, n'aurait pas
éprouvé le même embarras du vivant de
la -- belle Impéria : il eût agi certainement
comme Nicolas Campani, dit aussi il Stras-
cioo, qui dédia à la courtisane, à laquelle
il avait donné des leçons de poésie, son
poème Sopra il male incognito
Il Strascino, auteur comique dont. les co-
médies avaient cependant beaucoup de
succès ,semble avoir prévu que son nom
passerait surtout à la postérité, grâce à ce.
lui d'Impéria : il ne s'est pas trompé.
Peut-être ne parlerait-on plus de lui,- au-
jourd'hui. s'il s'était contenté de dédier
son œuvre à Dieu. -
A sa mort, la belle Impéria fut enterrée
en grande pompe, à Rome, dans l'église
de Saint-Grégoire ; car, la même religion.
qui refusait alors aux acteurs la sépulture
dans les cimetières chrétiens, recevait dans
la crvpte de ses basiliques les pécheresses
dont le corps avait servi d'instrument de
plaisir aux hauts dignitaires ecclésiasti-
aues. -
Il faut croire, pourtant, que tout n'était
pas rose, même à cette époque, dans la
noble profession de courtisane papale, puis-
que Impéria chercha à en détourner le plus
possible sa fille. Elle y réussit même au
point que cell-cit restée vierge à vingt-six
ans, affirme-t-on, dut s'empoisonner pour
se soustraire à la lubricité du cardinal Se.
trucci.. ;
Imperia ! Quel beau nom pour une ville j
d'intelligence et de volupté ! Mais quelles
obligations il impose 1 car nous sommes
tous de l'avis de La Rochefoucault : « Les
grands noms abaissent au lieu d'élever
ceux qui ne les savent pas soutenir. »
Crouchy de Vorney.
mu in M i ■ ii IMMMMMI
UNE CATASTROPHE
DE CHEMIN DE FER
» Au pont d'Acqua-Bella. — Les morts
Milan, 21 janvier.
Un peu après 9 h. du sôir, une collision
a. eu lieu au pont d'Acqua-Bella, entre un
train allant à Rome et un train provenant
de Pavie.
Six fourgons de pompiers eont partis sur
le Heu de l'accident, où se trouvent aussi
les autocités. -
Le tram parti de Milan pour Rome à
neuf heures, arriva au pont d'Acqua-Bella
et entra en collision avec Je train, allant à,
Pavie, qui le précédait et était arrête, at-
tendant le signal de Iâ. voje libre.
Là locomotive du train'de Rome et les
derniers wagons du train de Pavie se ren-"
versèrent sur les rails voisins.
A ce moment arriva le train de Bergame
qui heurta là locomotive et les wagons ren-
versés ; cette collision fut, £ er}e;
Jusqu'ici, on a retiré des-décombres des
morts appartenant au train de Bergame,
Iusicur8 blessés qui oortê Transportés
dans les hôpitaux de Milan.
Ministre et sénateurs sauvés
Le ministre du Trésor, M. Carcano, voya-
geant dans le train de Rome, et dix séna-
teurs se rendant à l'audience de la Haute-
Cour de justice pour le procès Nasi, sont
,sains et saufs.
Il y a neuf morts constatés jusqu'ici dans
la collision. Le nombre des blessés n'est
pas encore .œwrminé.-
Le sauvetage continue très actif.
Les autorités, la troupe et une * grande
foule sont sur les lieux.
Jusqu'à présent, on a retiré du lieu de la
catastrophe de chemin de fer, 23 blessés,
dont 3 sont grièvement atteints.
Parmi lés morts, se trouvent une fem-
me et un enfant. Les autres sont des hom-
mes âgés. Quelques morts et quelques bles-
sés n'ont pu encore être identifiés. Aucun
étranger ne se trouve .parmi les victimes
qui ont été identifiées.
Tous les blessés et deux morts ont été
identifiés, il n'y a parmi eux aucun étran-
ger.
Toutes les victimes appartenaient tau
train de Bergame.
M. Carcano, ministre du Trésor, et des
sénateurs allant à Rome sont restés longue-
ment sur les lieux du désastre. Ils ont or-
ganisé, avec les autorités, les travaux de
sauvetage.
L'express de Rome a pu ensuite continuer
son voyage.
La circulation des trains n'est pas inter-
rompue.
Les causes de la catastrophe
Les journaux donnent beaucoup de dé.
tails sur la catastrophe qui, selon eux, se-
rait due à une erreur de l'aiguilleur. Ce
dernier s'est enfui.
Un mandat d'arrestation a été lancé con-
tre lui.
Les journaux décrivent des scènes qui
se sont produites au moment du désastre.
Les travaux de sauvetage -se poursuivent
sans interruption à la lumière des torches.
Le bruit court qu'un autre mort serait
sous les décombres.
M. Blanchi, directeur. général des chemins
de fer de l'Etat, a conféré avec M. Berto-
lini, ministre des travaux publics.
Une enquête immédiate a été ordonnée.
M. Alzona, vice-directeur général des
chemins de fer, est parti pour Milan où il
va ouvrir une enquête.
■ ♦ -
LES EVENEIENTS DU MltROC
Le général d'Amade à Ber-Rachid. - La
pacification du Chaouïa
Une dépêche du général d'Amade signale
que l'attaque que l'on avait annoncée sur
notre poste de Ber-Rachid ne s'est pas pro-
duite. La pacification du territoire des
Chaouïas se poursuit, grâce à l'organisa-
tion de nos postes de liaison, qui sont so-
lidement installés et bien défendus, et aus-
si grâce à nos colonnes mobiles qui vont
rayonner sur les points principaux.
- Dépêche - de l'amiral - Philibert
L'amiral Philibert télégraphie que tout
paraît calme dans la région de Mazagan,
qu'aucune attaque ne semble devoir se pro-
duire dans le Chaouïa, et que la situation
est excellente à Rabat, ainsi qu'à Bouznika
où l'effectif de notre détachement vient
d'être (porté à 2.000 hommes.
La télégraphie sans fil. — De Casablanca
à la Tour Eiffel
Le ministère de la marine a reçu la nuit
dernière le radio-télégramme suivant du
croiseur Kléber ;
Kléber à Tour Eiffel.
A, mt. raï , & , marine Paris.
Très beau temps, houle ordinaire — Nive
même état .-:. Vinh-Long attendu demain
deux heures — Même situation — Calme
dans leg ports,
iVofr la suite én DEUXIEME BDITION)
— ♦
h A JOURNEE POLITIQUE
Les vins anormaux ,-'
Le président de la chambre de commer-
ce de Béziers vient d'adresser au ministre
des finances une longue supplique pour que
les vins anormaux de la récolte de 1907
puissent être sortis des chais des récol-
tants et envoyés d'office à la distillation.
- Ces vins anormaux sont les vins que les
oernières inondations ont mouillés en cave
ou qui proviennent des vendanges faites
en cours ou après - les inondations. Les
propriétaires de ces vins les ont - fait ana-
lyser ; l'analyse leur à révélé ce qu'il fal-
lait ajouter pour les rendre normaux, et
ainsi soignée et reconstitués, ces produits
risquent de circuler sur le marché à la
place des bons vins. - - ,,
Le président de la chambre de.commerce
de Béziers demande au ministre de faire
cesser ces pratiques, d'envoyer les vins
anormaux à la chaudière, et afin que ces
vins ne soient (pas détournés de leur desti-
nation, de prendre toutes les mesures qu'il
jugera nécessaires.
La mission suédoise
La mission extraordinaire envoyée à
Paris pour notifier au président de la Ré-
publique l'avènement au trône de S. M. le
roi de Suède, et qui se compose de M. le
baron de Bonde, premier gentilhomme de
la cour, de M. de Bonde, secrétaire die lé-
gation, et de M. Bostroem, lieutenant au
régiment des hussards de la garde, arrive-
ra à Paris par le Nord-Express, dimanche
prochain à quatre heures.
el
LE CIM£NT ARME DANS LES
CONSTRUCTIONS NAVALES
(De notre correspondant particulier)
GENES. 21 janvier. — L'ingénieur naval
Lorfenzo d'Adda,. connu pour ses nombreux
ouvragep, a ynventé un nouveau procédé
pour protéger les navires contre les projec-
tiles dp l'a/;fiHèçie. Il remplace les plaquer
blindées par une (Miche d'un béton armé
.spécial- !!de};-de.. cette invention lui vint
tandis .qu'JI (SUlvut les opérations de l'ar-
mée japonaise contre les Russes.
Il put se convaincre de la grande résis-
tance qu'opposaient les casemates japo-
naises de béton aux projectiles russes.
DISCUTEZ S. V.P.
Les ravages de la céruse. — Impatience
des ouvriers. — Un projet qui
attend.
Par Ja publication d'une, brochure
contenant les articles que M. Clemen-
ceau écrivit sur la matière, les peintres
du bâtiment ont remis la céruse et son
abolition en pleine lumière d'actualité.
Les peintres trouvent que le Sénat, ou
plutôt la sous-commission qu'il a ,nom-
mée pour ce travail, tarde trop à exa-
miner et a mettre en discussion Je pro-
jet, retour de la Chambre, qui leur don-
nera, ils l'espèrent du moins, satisfac-
tion.
C'est, on le sait peut-être, la question
Se l'indemnité qui seule constitue une
difficulté au vo-te de cette loi sur le fon-
dement social de laquelle il n'y a, on
peut le dire, plus sérieuse discussion.
« Indemnisera-t-on ou n'indemnisera-
tron pas les fabricants de céruse dont on
frappera les produits d'interdit ? »
Telle est la question. La Chambre a dit
-non, le Sénat a (lit oui, la Chambre
persiste, le Sénat cèdera-t-il ? 1
tTeUe est encore la question.
-\fi.
On a tort, nous a-t-on dit au syndi-
cat des peintres, de nous jeter dans les
jambes des difficultés de cet ordre :
pourquoi ne pas aborder franchement,
et courageusement, la discussion pu-
blique ? Qu'est-ce donc que cette com-
mission qui ne se réunit pas, ou qui. ne
se réunit que pour s'ajourner ? Discute-
rait-on donc encore de la légitimité so-
ciale de notre revendication. ?
Soutiendra il-on encore, comme on a
tenté de le faire jadis, que l'emploi de
la céruse n'exerce pas des ravages ef-
froyables T.
Qu'on n'essaie pas de le faire. car il
nous serait facile alors 'de faire défiler
sous tes yeux de nos contradicteurs un
cortège lamentable de .victimes.
Le saturnisme est pire qu'un autre
accident en ce sens qu'il ne tue pas son
homme sur le coup : il le frappe de
mort lente, il l'assassine par tranches.
C'est d'abord .es coliques effroyables,
dites coliques de plomb, qui, en huit
jours, transforment le plus beau et le
plus solide gas en une misérable lo-
que. Puis, ce sont les déformations
corporelles : atrophie d'un muscle, pa-
ralysie d'un bras ou d'un œil, amai-
grissement. de l'individu jusqu'au sque-
lette, tremblement nerveux. Et ce
froid, ce froid terrible qui envahit ile
malade, le pénètre jusqu'aux os et le
fait claquer des dents en plein soleil.
Claquer des dents quand il lui reste des
dents, ce qui n'est pas souvent le cas.
Tout-a été dit sur ce sujet, et le ca-
ractère meurtrier de la. peinture au
plomb a été trop souvent prouvé pour
qu'il soit besoin d'y revenir. Le pauvre
diable qui est infecté par la triste ma-
ladie ne crée que des enfants malin-
gres, rachitiques, contrefaits, impro-
pres à la lutte, impropres à la vie.
L'importance sociale de l'interdiction
de la céruse est donc capitale. M. Piot
ne s'en doute peutrêtre pas ?. 'Alors,
vous comprenez que les travailleurs
éprouvent quelque impatience à sentir
que les lenteurs d'une procédure parle-
mentaire, qu'on sait bien accélérer
quand on veut, font échec à des intérêts
de cette importance ?
l Vous n'ignorez pas, ajoute-t-on,
que la confiance de la classe ouvrière
dans .les réformes législatives est sou-
mise à une sérieuse discussion. : pour-
quoi donc ceux-là mêmes qui ont inté-
rêt à voir cette confiance régner sem-
blent-ils s'ingénier à la détruire ?
La loi est là : pourquoi ne pas la dis-
cuter ? La céruse a fait trop de victimes
pour qu'on lui en laisse faire encore,..
Puisque vous en avez l'occasion, dites
bien que nous sommes las d'attendre.
•V ','
Lat ferme modération,, très réelle
dont sont empreintes les décSïMons ,
qui nous -ont été faites, moailre uveç
quel sérieux et aussi avec quelle volon-
té la question de l'abolition est envisa-
gée par la population ouvrière. :
Le Sénat aurait mauvaise grâce à re-
tarder plus longtemps upe discussion
qui, certainement, -- ne s'inspirera que.
du plus honorable souci de travailler
pour le bien public.
M. Y.
A LA CHAMBRE
L'impôt sur le revenu. — Discours de
M. Aimond.
La séance, ouverte à deux heures, est r
présidée par M. Henri Brisson, qui fait
connaître qu'il a reçu de M. Pinault_une
demande d'interpellation sur les évé-
nements du Maroc, *
Cette interpellation est jointe à.ceHes
qui ont été précédemment dépo6ées sur
le même objet et qui doivent venir en
discussion vendredi prochain.
LA REFORME FISCALE -
Elle reprend immédiatement après,
conformément à l'ordre du jour, la dis-
cussion du projet de loi et des proposi-
tions de loi relatives à l'impôt sur le re-
venu.,
M. Aimond a .'a parote dans la discus-
sion générale. L'orateur constate que la
discussion jusqu'ici a gardé' un carac-
tère historique èt doctrinal ; du projet
actuel de la commission et du gouver-
nement il n'a pas été question, sauf
dans le discours de M. Théodore Rej-
«ach.
Il dit avoir reçu de plusieurs amis la
mission de venir à la tribune examiner
uniquement le projet de la commission
à la lumière des faits et des contingen-
ces. Il se propose 'de dire nettement,
hautement, ce qu'il veut et ce qu'il ne
veut pas. Quelles que soient ses réser-
ves et ses critiques, il demandera à ses *
amis de passer à la discussion des arti-
cles afin. de faire triompher sa solution,
la suppression progressive mais com- s
plète de toutes les contributions direc-
tes. (Très bien 1 très bien !)
Ceci dit, M. Aimond critique très Vj-.
vement le projet du gouvernement et de
la commission.
Ce projet supprime d'un seul coup la ba-
se de 1.200 millions d'impôts perçus pour
l'Etat ou pour Jes départements et lesj
communes.
Sans prendre la défense des quatre con-
tributions directes, puisqu'il s'est déclaré
partisan de leur suppression, l'orateur de-
mande qu'avait de les supprimer on pren-
ne toutes les garanties, afin d'obtenir C
recettes équivalentes. -
Prenons garde de faire un saut dans
l'inconnu, selon l'expression employée p..:
M. le ministre des finances lui-même.
L'on a eu tort de lier les deux questions
de la taxation et de i évaluation des reve-
nus et il pense qu'on bâtit sur le sable
mouvant quand on estime à 150 millions
le rendement probable de l'impôt complé- ,
mentaire.
L'établissement de cet impôt comporte
une part d'aléa considérable. C'est pour ce-
la que M. Poincaré, ministre des finances,
déclarait en 1900 qu'il était impossible de
supprimer d'un seul coup les quatre con-
tributions directes.
M .Sarrien, président du Conseil alors,
n était, pas moins net et repoussait l'ordre
du jour invitant le gouvernement à dépo-
ser au mois d'octobre un projet d'impôt
sur le revenu ayant cette conséquence. Et
la Chambre lui donnait raison par 389 *
voix. (Applaudissements).
Tous les contribuables, quels qu'ils
soient, continueront à aller demain, comme
hier, chez le percepteur porter leur argent.
Il y en a un certain nombre qui porte- #
ront peut-être moins d'arcent. irtAîa tnna -
quand même, iront chez le percepteur por-
ter leur part des 447 millions d'impôt.
Il ne faut pas laisser croire aux paysans
qu'ils ne paieront plus d'impôt foncier.
M. Empereur. — Personne n'a dit cela.
M. Aimnd. — Ce scrupule, le ministre
des finances l'a eu avant ; il y a cinq ans,
il s'est expliqué très nettement à se sujet.
Il faut bien qu'on sache qu'il ne s'agit,
dans le projet, que de la part de l'Etat. -
M. Pelletan a publié une brochure qui
peut indire en erreur les contribuables
M. Pelletan. président de la commis-
sion. — Il ne peut pas y avoir d'équivo-
que; la brochure ne traite que de la part
de Etat.
M. Aimond. — Dans sprojet actuel n'apportera fas à l'agricul-
ture francise plus de 7 à 8 millions de
dégrèvements.. -
En réalité le petit propriétaire exploitant
lui-même sa propriété agricole paiera poui
un revenu de 3.000 fr. 192 fr. d'impôt au
lieu de 91 fr., comme le dit le rapport
Le projet établit cinq catégories.
Le contribuable de la première catégo-
rie paie actuellement au total 40 fr. -
Avec la loi nouvelle, il paiera 14 fr., en
principal, plus 30 fr. pour la commune, soit -
44 fr.,
principasl, 'il ne bouge pas de chez lui, s'P
ne réclame pas. S'il va à la mairie pour
établir qu'il n'a pas 1,250 fr. de revenu
il trouvera le contrôleur qui lui indiquera
qu'il doit faire annuellement à la mairfc
une déclaration, et qui lui lira la loi en
faisant produire à la loi ce qu'elle doit pro.
duire, ce qui est son devoir.
Ainsi, dans la plupart des cas, on trou.
vera le complément du revenu invisible né
cessaire pour atteindre le chiffre de '1.256
francs et le contribuable se trouvera for
clos. Un million cinq cent mille cultiva-
teurs seraient tenus de remplir toutes ces
formalités pour obtenir un dégrèvement de
6 fr. 50. Ils ne prendraient pas cette peine
parce que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Les contribuables de la 2- catégorie, eux,
seront favorisés. Celui qui a un revenu
foncier de 1.000 fr. et qui paye aujourd'hui
140 fr. d'impôt foncier, aura un dégrève- 5
ment de 32 fr. Ils sont 750 000 environ ;
jls bénéficieront de 20 millions. -
#Ceux de la 3e catégorie, de l.J&û & 2.3ÛQ»
r ar-t3831.= 8 PhiviOBeAa l lO- '-." O OWQ
Lï.U P. iXLïB.iF l :
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
M, rae du Mail, Paria.
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HERETIOUE
Je su.is bien à l'aise pour apprécier la
manifestation dernière au conseil na-
tional des socialistes unifiés.
Politiquement, mes tendances et mes
actes ne relèvent pas de son contrôle :
doctrinalement, sa théorie de évolu-
tion révolutionnaire m'apparaît inexac-
te et périlleuse : idéalement, ma con-
fception de la justice sociale ne coïncide
cas avec la sienne.
- J'ai néanmoins toujours préconisé,
non point une alliance que les circons-
tances ne comportent plus, non point
une solidarité qui ne pouvait que com-
promettre et mon parti et le parti col-
lectiviste, mais une collaboration sin-
cère et. de bonne foi partout où l'idée ré-
publicaine, dans le développement logi-
que de sa force expansive, pourrait de-
mander main forte aux énergies mili-
tantes qui se réclament de principes dé-
mocratiques. ,_.
■ Ma liberté est donc entière pour dis-
cuter de l'excommunication récente du
citoyen Breton. Peut-être quelqu'un des
membres du conseil qui vota son ex-
clusion m'opposera-t-il mon incompé-
tence, ou ce qu'en termes du Palais on
nomme une exception d'irrecevabilité.
Risquer un jugement sur 'es actes et la
tactique du parti unifié n'est-ce pas, de
la part d'un présomptueux radical, une
usurpation intolérable, et de quoi vais-
je me mêler ? Les collectivistes ne sont-
ils pas maîtres chez eux ? S'il leur plaît
de séparer l'ivraie du bon grain, de ca-
noniser celui-ci, d'excommunier celui-
>-" là, de décréter des orthodoxies, de ful-
miner des anathèmes, qui nous auto-
■' Pi, nous profanes, à sonder indiscrè.
tement la profondeur de leurs raisons ?
Certes, je ne me fais aucune illusion:
pour des esprits décidément courbés
sous l'inflexibilité d'une discipline tou-
te monacale, qui discute, prend figure
d'insubordonné, de fâcheux, de brouil-
lon. Aussi bien, n'entends-je point dis-
cuter. Mais il n'est interdit à personne,
je pense, de commenter un fait public,
hautement significatif, et, je parle pour)
moi, de le déplorer.
Oui, de le déplorer.
Que d'autres se réjouissent et signa-
lent avec satisfaction la fêlure nouvelle
qui vient de s'ouvrir dans le bloc socia-
liste, je ne vois, en la circonstance, ni
sujet de triomphe, ni matière à facile
ironie. Certes, ces gens qui se réunis-
sent en grand appareil pour traduire à
leur barre un excellent citoyen comme
Bfeton, qui le frappent d'ostracisme
pour un vote ou pour une phrase, se
placent inconsciemment dans une pos-
ture dont la solennité frise le ridicule.
La causticité perspicace du camarade
Hervé ne s'y est point méprise : il s'est
, exprimé là-dessus non sans verdeur.
J'avoue qu'en ce qui me concerne, ce ri-
dicule ne me donne pas envie de rire.
Le spectacle est affligeant pour qui,
voulant voir de haut, avait mis quelque
espoir, quelque illusion dans la mis-
sion, dans le rôle parlementaire du par-
jti socialiste, qui sait percevoir en ses
déclamations enflammées, téméraires,
chimériques souvent, la réclamation
impatiente mais généreuse de la souf-
france et du servage humains. '-.
Ce qu'il représentait d'instinct pro-
fond du mal social, de soif idéale de
justice, de ferments de fraternité, fai-
sait passer sur bien des intempérances
de langage, sur bien des manifestations
inconsidérées ; on lui consentait des
indulgences comme on pardonne à la
jeunesse — à l'avenir — les frasques de
son exubérance, non sa:qs envier secrè-
tement l'intrépidité joyeuse de ses ar-
jdeurs.
Car cette qualité là n'est point com-
mune dans les assemblées. Elle l'est
moins encore dans les majorités gou-
vernementales : et comment leur en
faire grief ? A qui doit assurer, l'exis-
tence quotidienne de la nation, à qui se
sent responsable non seulement de ses
destinées lointaines, mais de son sort
présent ; à qui vit dans le positif, le
concret, l'actuel, pourrait-on sans in-
justice reprocher de fuir la chimère, de
déserter les sommets, de faire bon mar-
ché du rêve et de l'utopie ? Si désireuse
flue semble la nation de yoir aboutir
une politique de réformes démocrati-
ques, l'on sait bien quel serait son ac-
cueil au progrès, s'il survenait sous
forme d'invasion torrentielle, turbulen-
te, précipitée, subversive.
On le saiLbien — on le sent peut-être
trop : on s'exagère les périls >• les
temps, je le veux bien, ne sont pas à
l offensive héroïque : un peu plus ae
pardiesse ne messierait peut-être pas
toujours. Le souci de ne pas faire, dâ
sottises, si honorable qu'il soit, ne doit
-point prendre, par je ne sais quel phé-
nomène d'inhibitionl des apparences
de paralysie.
Cette névrose conservatrice qui saisit
les Parlements les mieux intentionnés,
cette « phobie » mortelle aux initiatives
qui finit par leur être mortelle à eux-
mêmes, quel révulsif pouvait la secouer.
la galvaniser, qui pouvait ressusciter
les palpitations de l'instinct vital aux
heures de stagnation, mieux que l'ap-
pel juvénile, vibrant, de la parole so-
cialiste : qui pouvait faire passer de
plus beaux rêves dans nos lassitudes
parfois assoupies ?
Et voilà ce qu'on nous offre ! Des
quelques de moines, ces mises à l'in-
dex, des articles-de foi, un dogmatisme
vieillot et canonique. Hors l'Eglise, pas,
de salut. Hors l'obédience, pas de place
dans l'Eglise. Domestiquez votre pen-
sée ; faites taire vos scrupules, vos
curiosités, vos sympathies, vos révol-
tes ! Une chose anonyme pensera pour
vous, saura pour vous, aimera pour
vous, agira pour vous. Vous êtes en ses
mains comme une chose inerte et sans
volonté.
Où donc ai-je entendu récemment pa-
role semblable ? Au moins, la Rome pa-
pale l'exprima-t-elle pour mener ceux
dont eUe tient le corps extépué, dans
le verbe d'une langue morte. Mais
quelle désillusion de voir à la même
heure, nous témoins et parfois modes-
tes acteurs du grand drame de la con-
science humaine, le passé qui s'obstine,
et l'avenir qui s'affirme, épuiser, l'un
ses efforts suprêmes, l'autre ses éner-
gies naissantes, dans la même pratique
d'intolérance, pour le même étrangle-
ment de la liberté.
T. STEEC.
LES OFFICIERS DE RESERVE
On disait qu'à propos du
projet de loi réintégrant M.
Joseph Reinach dans son
grade de capitaine de cavale-
rie territoriale, certains réac-
- tionnaires devaient commetr
tre des manifestations violentes. Nous
avons plaisir à constater qu'au lieu 4u
débat passionné que l'on annonçait,
cette affaire a donné lieu à des échan-
ges d'observations intéressantes.
Le projet de loi a été renvoyé à la
commission de l'armée ; non que son
adoption par .'a Chambre fasse doute,
mais parce qu'au lieu de se borner à
statuer sur un cas individuel, le Parle-
ment veut trancher une question de
principe : celle de la liberté politique
des officiers de réserve.
M. Berteaux a posé avec une grande
franchise et infiniment de clarté les ter-
mes du problème:
- Je suis très fier, a-t-il dit, de mon
grade d'officier de territoriale ; mais ja
ne l'aurais jamais accepté si j'avais
pensé aliéner quoi que ce soit de mon
indépendance politique.
La commission de l'armée s'est pro-
noncée dès hier en faveur d'un projet
de loi qui éviterait aux officiers de la
réserve et de l'armée territoriale les in-
convénients du régime d'arbitraire au-
quel ils sont encore soumis
Notre manière de voir ne saurait être
différente de celle-là. L'officier de rér
serve, pas plus -que le soldat de réserve'
n'est un militaire professionnel. Tout
ce qu'on peut lui demander, c'est de se
soumettre aux règlements de l'armée,
quand il accomplit une période d'exer-
cice ou quand il participe à une mobi-
lisation.
On a déjà de la peine à recruter les
cadres 'de notre armée de seconde li-
gne ; les obligations imposées à ceux
qui acceptent l'honneur et la charge
d'être officiers sont assez lourdes pour
qu'on ne les aggrave pas par une res-
triction des droits qui appartiennent àJ
tous les citoyens.
——- I
LES OW-DIT
Sous la Coupole
M. de Ségur est à peine installé sous
la Coupole que l'Académie s'occupe
déjà discrètement du triple fauteuil à
pourvoir pour remplacer André Theu-
riet, Sully Prudhomme et Berthelot. Le
candidat qui paraît avoir le plus de
chance est M. Francis Charmes candi-
dat au fauteuil de Berthelot. D'abord il
est directeur de la Revue des Deux
Mondes, puis il esb1 seul en ligne jus-
quici. A moins. à moins que le géné-
ral Bonnal ne se décide à entrer en lice!
Moi* je serais assez de l'avis de Re-
nan, je ne serais pas fâché de voir
nommer à l'Académie. le président de
a République. Dame 1 du moment que
la politique et la science entrent com-
me chez elles à la maison du coin du
quai je ne voi9 pas pourquoi le chef
de 1 Etat ne serait pas admis de plein
droit, à titre de personnalité représen-
tative.
L'académicien qui mérita le mieux les
suffrages de ses pairs fut l'illustre De-
vaisne, le prédécesseûr de Parny. qui
triompha par la reconnaissance de l'es-
tomac Il "donnait à aîneç aux gens de
lettres tous les mardis. A la Donne
heure i
Le C. A. à la Calerie des Machines
C'est le 18 mars prochain que s'ou-
vrira pour la dernière fois le Concours
général agricole à la Galerie des Ma-
chines. Un arrangement spécial est in-
tervenu à ce sujet entre le démolisseur
et le ministère de la rue de Varennes.
La clôtu're aura lieu le 24 au soir. Le
programme adopté cette année semble
viser - une certaine limitation aes machi-
nes et instruments, dont beaucoup
avaient un rapport très lointain avec
l'agriculture.
L'exposition ressemblait trop à un
bazar. On est revenu aussi aux ancien-
nes règles pour la tonte des béliers et
brebis dans les reproducteurs, dans
l'espoir sans-doute que, suivant ie - pro-
verbe, « à brebis tondue le ciel mesu-
rera le. vent. » Quels délicieux pince-
sans-rire que nos modernes Sullys ! Ils
doivent faire des mots de la fin à leurs
moments perdus.
Parchemins à vendre
La vieille noblesse française s'améri.
canise de plus en plus. Elle a une façon
bien à elle de pratiquer l'axiome de
droit connu : « Possession vaut titre. »
Un honorable tabellion fait annoncer
gravement qu'il offre, à un prix mo-
déré, un fort lot de parchemins, diplô-
mes et autres papiers de famille prove-
nant de sa clientèle aristocratique.
J'ai eu la curiosité d'examiner >a mar-
chandise, de mettre l'article en main.
Un certain nombre de-ces titres avaiént
appartenu aux de M. Un d'eux avait
trait au très illustre de M., seigneur
de vingt lieux, maître de camp, couver
neur de places fortes, membre du con-
seil secret de guerre, etc. Il y avait
aussi dans le tas une fort jolie collec-
tion de sceaux de différents formats,
recélég dans des boîtes de plomb cir-
culaires. Sévères aïeux des âges de fer,
que pensez-vous de ces -- choses ?
Le socialiste sans le savoir
On n'invente plus de partis politi-
ques, on les prend tout faits à l'étran-
ques, L'antisémitisme nous était venu
ger.
d'Autriche ; quelques-uns songent à
importer l'impérialisme d'Angleterre.
Un bon réactionnaire, candidat à
Saint-Gaudens, a suivi la mode. Il a su
qu'outre-Manche, le Labour party rem-
portait quelques succès.
— Ce nom est tout un programme,
dans un pays d'agriculture, s'est-il
écrié.
Et, traduisant, en toute liberté, le
mot anglais, il s'intitule « candidat des
laboureurs ».
S'il avait ouvert un dictionnaire, il
aurait su que « Labour-Party » signi-
fiait : « Parti ouvrier ». Quelle étiquette
pour un conservateur !
On rit de la méprise dans toute la
Haute-Garonne.
Le Passant.
— .---
1 IMPERIA
L'union, qui fait la force, fera sans cloute
aussi, la grâce et l'opulence de deux jolies
villes italiennes de la Riviera, Oneglia et
Porto-Maurigio, situées non loin de Vin-
timille. En un joli geste dr concorde et de
fraternité, elles sont tombées, non dans les
bras, mais dans les rues l'une de l'autre,
et elles ont décidé de n'être plus qu'une
seule et même cité, comme l'amour ne fait
plus qu'un de deux êtres.
Chacune d'elles y a perdu son nom.
C'est ce que peut perdre de plus précieux
une ville. De même qu'elles n'auront plus
qu'un seule municipalité, elles n'auront
plus désormais qu'un seul nom. Mais quel
nom superbe et magnifique : le nom d'Im-
peria !
Imperia ! Imperia ! La courtisane dont
l'intelligence et l'esprit confinaient au gé-
nie et qui fut reine autant par la puissance
de son cerveau que par l'éclat de sa beau-
té ! Imperia, la courtisane devant laquelle
s'inclinaient les tiares de Jules II et de
Léon X 1 Imperia, la courtisane dans les
salons de laquelle se pressaient, s'écra-
saient tous les lettrés, tous les artistes,
tous les grands seigneurs, tous les cardi-
naux, tous les capitaines célèbres de cette
époque prestigieuse qu'on appelle la Re-
naissance !
On dit que le savant prélat Sadolet « ne
trouva point dans son bagage de rhétori-
cien assez d'hyperboles pour célébrer tou-
tes les qualités à la fois sérieuses, élevées
et énivrantes dont elle était douée. »
Gabrielle d'Annunxio qui, ne sachant à
qui dédier sa dernière œuvre, sa Nave, l'a
carrément dédiée à Dieu, n'aurait pas
éprouvé le même embarras du vivant de
la -- belle Impéria : il eût agi certainement
comme Nicolas Campani, dit aussi il Stras-
cioo, qui dédia à la courtisane, à laquelle
il avait donné des leçons de poésie, son
poème Sopra il male incognito
Il Strascino, auteur comique dont. les co-
médies avaient cependant beaucoup de
succès ,semble avoir prévu que son nom
passerait surtout à la postérité, grâce à ce.
lui d'Impéria : il ne s'est pas trompé.
Peut-être ne parlerait-on plus de lui,- au-
jourd'hui. s'il s'était contenté de dédier
son œuvre à Dieu. -
A sa mort, la belle Impéria fut enterrée
en grande pompe, à Rome, dans l'église
de Saint-Grégoire ; car, la même religion.
qui refusait alors aux acteurs la sépulture
dans les cimetières chrétiens, recevait dans
la crvpte de ses basiliques les pécheresses
dont le corps avait servi d'instrument de
plaisir aux hauts dignitaires ecclésiasti-
aues. -
Il faut croire, pourtant, que tout n'était
pas rose, même à cette époque, dans la
noble profession de courtisane papale, puis-
que Impéria chercha à en détourner le plus
possible sa fille. Elle y réussit même au
point que cell-cit restée vierge à vingt-six
ans, affirme-t-on, dut s'empoisonner pour
se soustraire à la lubricité du cardinal Se.
trucci.. ;
Imperia ! Quel beau nom pour une ville j
d'intelligence et de volupté ! Mais quelles
obligations il impose 1 car nous sommes
tous de l'avis de La Rochefoucault : « Les
grands noms abaissent au lieu d'élever
ceux qui ne les savent pas soutenir. »
Crouchy de Vorney.
mu in M i ■ ii IMMMMMI
UNE CATASTROPHE
DE CHEMIN DE FER
» Au pont d'Acqua-Bella. — Les morts
Milan, 21 janvier.
Un peu après 9 h. du sôir, une collision
a. eu lieu au pont d'Acqua-Bella, entre un
train allant à Rome et un train provenant
de Pavie.
Six fourgons de pompiers eont partis sur
le Heu de l'accident, où se trouvent aussi
les autocités. -
Le tram parti de Milan pour Rome à
neuf heures, arriva au pont d'Acqua-Bella
et entra en collision avec Je train, allant à,
Pavie, qui le précédait et était arrête, at-
tendant le signal de Iâ. voje libre.
Là locomotive du train'de Rome et les
derniers wagons du train de Pavie se ren-"
versèrent sur les rails voisins.
A ce moment arriva le train de Bergame
qui heurta là locomotive et les wagons ren-
versés ; cette collision fut, £ er
Jusqu'ici, on a retiré des-décombres des
morts appartenant au train de Bergame,
Iusicur8 blessés qui oortê Transportés
dans les hôpitaux de Milan.
Ministre et sénateurs sauvés
Le ministre du Trésor, M. Carcano, voya-
geant dans le train de Rome, et dix séna-
teurs se rendant à l'audience de la Haute-
Cour de justice pour le procès Nasi, sont
,sains et saufs.
Il y a neuf morts constatés jusqu'ici dans
la collision. Le nombre des blessés n'est
pas encore .œwrminé.-
Le sauvetage continue très actif.
Les autorités, la troupe et une * grande
foule sont sur les lieux.
Jusqu'à présent, on a retiré du lieu de la
catastrophe de chemin de fer, 23 blessés,
dont 3 sont grièvement atteints.
Parmi lés morts, se trouvent une fem-
me et un enfant. Les autres sont des hom-
mes âgés. Quelques morts et quelques bles-
sés n'ont pu encore être identifiés. Aucun
étranger ne se trouve .parmi les victimes
qui ont été identifiées.
Tous les blessés et deux morts ont été
identifiés, il n'y a parmi eux aucun étran-
ger.
Toutes les victimes appartenaient tau
train de Bergame.
M. Carcano, ministre du Trésor, et des
sénateurs allant à Rome sont restés longue-
ment sur les lieux du désastre. Ils ont or-
ganisé, avec les autorités, les travaux de
sauvetage.
L'express de Rome a pu ensuite continuer
son voyage.
La circulation des trains n'est pas inter-
rompue.
Les causes de la catastrophe
Les journaux donnent beaucoup de dé.
tails sur la catastrophe qui, selon eux, se-
rait due à une erreur de l'aiguilleur. Ce
dernier s'est enfui.
Un mandat d'arrestation a été lancé con-
tre lui.
Les journaux décrivent des scènes qui
se sont produites au moment du désastre.
Les travaux de sauvetage -se poursuivent
sans interruption à la lumière des torches.
Le bruit court qu'un autre mort serait
sous les décombres.
M. Blanchi, directeur. général des chemins
de fer de l'Etat, a conféré avec M. Berto-
lini, ministre des travaux publics.
Une enquête immédiate a été ordonnée.
M. Alzona, vice-directeur général des
chemins de fer, est parti pour Milan où il
va ouvrir une enquête.
■ ♦ -
LES EVENEIENTS DU MltROC
Le général d'Amade à Ber-Rachid. - La
pacification du Chaouïa
Une dépêche du général d'Amade signale
que l'attaque que l'on avait annoncée sur
notre poste de Ber-Rachid ne s'est pas pro-
duite. La pacification du territoire des
Chaouïas se poursuit, grâce à l'organisa-
tion de nos postes de liaison, qui sont so-
lidement installés et bien défendus, et aus-
si grâce à nos colonnes mobiles qui vont
rayonner sur les points principaux.
- Dépêche - de l'amiral - Philibert
L'amiral Philibert télégraphie que tout
paraît calme dans la région de Mazagan,
qu'aucune attaque ne semble devoir se pro-
duire dans le Chaouïa, et que la situation
est excellente à Rabat, ainsi qu'à Bouznika
où l'effectif de notre détachement vient
d'être (porté à 2.000 hommes.
La télégraphie sans fil. — De Casablanca
à la Tour Eiffel
Le ministère de la marine a reçu la nuit
dernière le radio-télégramme suivant du
croiseur Kléber ;
Kléber à Tour Eiffel.
A, mt. raï , & , marine Paris.
Très beau temps, houle ordinaire — Nive
même état .-:. Vinh-Long attendu demain
deux heures — Même situation — Calme
dans leg ports,
iVofr la suite én DEUXIEME BDITION)
— ♦
h A JOURNEE POLITIQUE
Les vins anormaux ,-'
Le président de la chambre de commer-
ce de Béziers vient d'adresser au ministre
des finances une longue supplique pour que
les vins anormaux de la récolte de 1907
puissent être sortis des chais des récol-
tants et envoyés d'office à la distillation.
- Ces vins anormaux sont les vins que les
oernières inondations ont mouillés en cave
ou qui proviennent des vendanges faites
en cours ou après - les inondations. Les
propriétaires de ces vins les ont - fait ana-
lyser ; l'analyse leur à révélé ce qu'il fal-
lait ajouter pour les rendre normaux, et
ainsi soignée et reconstitués, ces produits
risquent de circuler sur le marché à la
place des bons vins. - - ,,
Le président de la chambre de.commerce
de Béziers demande au ministre de faire
cesser ces pratiques, d'envoyer les vins
anormaux à la chaudière, et afin que ces
vins ne soient (pas détournés de leur desti-
nation, de prendre toutes les mesures qu'il
jugera nécessaires.
La mission suédoise
La mission extraordinaire envoyée à
Paris pour notifier au président de la Ré-
publique l'avènement au trône de S. M. le
roi de Suède, et qui se compose de M. le
baron de Bonde, premier gentilhomme de
la cour, de M. de Bonde, secrétaire die lé-
gation, et de M. Bostroem, lieutenant au
régiment des hussards de la garde, arrive-
ra à Paris par le Nord-Express, dimanche
prochain à quatre heures.
el
LE CIM£NT ARME DANS LES
CONSTRUCTIONS NAVALES
(De notre correspondant particulier)
GENES. 21 janvier. — L'ingénieur naval
Lorfenzo d'Adda,. connu pour ses nombreux
ouvragep, a ynventé un nouveau procédé
pour protéger les navires contre les projec-
tiles dp l'a/;fiHèçie. Il remplace les plaquer
blindées par une (Miche d'un béton armé
.spécial- !!de};-de.. cette invention lui vint
tandis .qu'JI (SUlvut les opérations de l'ar-
mée japonaise contre les Russes.
Il put se convaincre de la grande résis-
tance qu'opposaient les casemates japo-
naises de béton aux projectiles russes.
DISCUTEZ S. V.P.
Les ravages de la céruse. — Impatience
des ouvriers. — Un projet qui
attend.
Par Ja publication d'une, brochure
contenant les articles que M. Clemen-
ceau écrivit sur la matière, les peintres
du bâtiment ont remis la céruse et son
abolition en pleine lumière d'actualité.
Les peintres trouvent que le Sénat, ou
plutôt la sous-commission qu'il a ,nom-
mée pour ce travail, tarde trop à exa-
miner et a mettre en discussion Je pro-
jet, retour de la Chambre, qui leur don-
nera, ils l'espèrent du moins, satisfac-
tion.
C'est, on le sait peut-être, la question
Se l'indemnité qui seule constitue une
difficulté au vo-te de cette loi sur le fon-
dement social de laquelle il n'y a, on
peut le dire, plus sérieuse discussion.
« Indemnisera-t-on ou n'indemnisera-
tron pas les fabricants de céruse dont on
frappera les produits d'interdit ? »
Telle est la question. La Chambre a dit
-non, le Sénat a (lit oui, la Chambre
persiste, le Sénat cèdera-t-il ? 1
tTeUe est encore la question.
-\fi.
On a tort, nous a-t-on dit au syndi-
cat des peintres, de nous jeter dans les
jambes des difficultés de cet ordre :
pourquoi ne pas aborder franchement,
et courageusement, la discussion pu-
blique ? Qu'est-ce donc que cette com-
mission qui ne se réunit pas, ou qui. ne
se réunit que pour s'ajourner ? Discute-
rait-on donc encore de la légitimité so-
ciale de notre revendication. ?
Soutiendra il-on encore, comme on a
tenté de le faire jadis, que l'emploi de
la céruse n'exerce pas des ravages ef-
froyables T.
Qu'on n'essaie pas de le faire. car il
nous serait facile alors 'de faire défiler
sous tes yeux de nos contradicteurs un
cortège lamentable de .victimes.
Le saturnisme est pire qu'un autre
accident en ce sens qu'il ne tue pas son
homme sur le coup : il le frappe de
mort lente, il l'assassine par tranches.
C'est d'abord .es coliques effroyables,
dites coliques de plomb, qui, en huit
jours, transforment le plus beau et le
plus solide gas en une misérable lo-
que. Puis, ce sont les déformations
corporelles : atrophie d'un muscle, pa-
ralysie d'un bras ou d'un œil, amai-
grissement. de l'individu jusqu'au sque-
lette, tremblement nerveux. Et ce
froid, ce froid terrible qui envahit ile
malade, le pénètre jusqu'aux os et le
fait claquer des dents en plein soleil.
Claquer des dents quand il lui reste des
dents, ce qui n'est pas souvent le cas.
Tout-a été dit sur ce sujet, et le ca-
ractère meurtrier de la. peinture au
plomb a été trop souvent prouvé pour
qu'il soit besoin d'y revenir. Le pauvre
diable qui est infecté par la triste ma-
ladie ne crée que des enfants malin-
gres, rachitiques, contrefaits, impro-
pres à la lutte, impropres à la vie.
L'importance sociale de l'interdiction
de la céruse est donc capitale. M. Piot
ne s'en doute peutrêtre pas ?. 'Alors,
vous comprenez que les travailleurs
éprouvent quelque impatience à sentir
que les lenteurs d'une procédure parle-
mentaire, qu'on sait bien accélérer
quand on veut, font échec à des intérêts
de cette importance ?
l Vous n'ignorez pas, ajoute-t-on,
que la confiance de la classe ouvrière
dans .les réformes législatives est sou-
mise à une sérieuse discussion. : pour-
quoi donc ceux-là mêmes qui ont inté-
rêt à voir cette confiance régner sem-
blent-ils s'ingénier à la détruire ?
La loi est là : pourquoi ne pas la dis-
cuter ? La céruse a fait trop de victimes
pour qu'on lui en laisse faire encore,..
Puisque vous en avez l'occasion, dites
bien que nous sommes las d'attendre.
•V ','
Lat ferme modération,, très réelle
dont sont empreintes les décSïMons ,
qui nous -ont été faites, moailre uveç
quel sérieux et aussi avec quelle volon-
té la question de l'abolition est envisa-
gée par la population ouvrière. :
Le Sénat aurait mauvaise grâce à re-
tarder plus longtemps upe discussion
qui, certainement, -- ne s'inspirera que.
du plus honorable souci de travailler
pour le bien public.
M. Y.
A LA CHAMBRE
L'impôt sur le revenu. — Discours de
M. Aimond.
La séance, ouverte à deux heures, est r
présidée par M. Henri Brisson, qui fait
connaître qu'il a reçu de M. Pinault_une
demande d'interpellation sur les évé-
nements du Maroc, *
Cette interpellation est jointe à.ceHes
qui ont été précédemment dépo6ées sur
le même objet et qui doivent venir en
discussion vendredi prochain.
LA REFORME FISCALE -
Elle reprend immédiatement après,
conformément à l'ordre du jour, la dis-
cussion du projet de loi et des proposi-
tions de loi relatives à l'impôt sur le re-
venu.,
M. Aimond a .'a parote dans la discus-
sion générale. L'orateur constate que la
discussion jusqu'ici a gardé' un carac-
tère historique èt doctrinal ; du projet
actuel de la commission et du gouver-
nement il n'a pas été question, sauf
dans le discours de M. Théodore Rej-
«ach.
Il dit avoir reçu de plusieurs amis la
mission de venir à la tribune examiner
uniquement le projet de la commission
à la lumière des faits et des contingen-
ces. Il se propose 'de dire nettement,
hautement, ce qu'il veut et ce qu'il ne
veut pas. Quelles que soient ses réser-
ves et ses critiques, il demandera à ses *
amis de passer à la discussion des arti-
cles afin. de faire triompher sa solution,
la suppression progressive mais com- s
plète de toutes les contributions direc-
tes. (Très bien 1 très bien !)
Ceci dit, M. Aimond critique très Vj-.
vement le projet du gouvernement et de
la commission.
Ce projet supprime d'un seul coup la ba-
se de 1.200 millions d'impôts perçus pour
l'Etat ou pour Jes départements et lesj
communes.
Sans prendre la défense des quatre con-
tributions directes, puisqu'il s'est déclaré
partisan de leur suppression, l'orateur de-
mande qu'avait de les supprimer on pren-
ne toutes les garanties, afin d'obtenir C
recettes équivalentes. -
Prenons garde de faire un saut dans
l'inconnu, selon l'expression employée p..:
M. le ministre des finances lui-même.
L'on a eu tort de lier les deux questions
de la taxation et de i évaluation des reve-
nus et il pense qu'on bâtit sur le sable
mouvant quand on estime à 150 millions
le rendement probable de l'impôt complé- ,
mentaire.
L'établissement de cet impôt comporte
une part d'aléa considérable. C'est pour ce-
la que M. Poincaré, ministre des finances,
déclarait en 1900 qu'il était impossible de
supprimer d'un seul coup les quatre con-
tributions directes.
M .Sarrien, président du Conseil alors,
n était, pas moins net et repoussait l'ordre
du jour invitant le gouvernement à dépo-
ser au mois d'octobre un projet d'impôt
sur le revenu ayant cette conséquence. Et
la Chambre lui donnait raison par 389 *
voix. (Applaudissements).
Tous les contribuables, quels qu'ils
soient, continueront à aller demain, comme
hier, chez le percepteur porter leur argent.
Il y en a un certain nombre qui porte- #
ront peut-être moins d'arcent. irtAîa tnna -
quand même, iront chez le percepteur por-
ter leur part des 447 millions d'impôt.
Il ne faut pas laisser croire aux paysans
qu'ils ne paieront plus d'impôt foncier.
M. Empereur. — Personne n'a dit cela.
M. Aimnd. — Ce scrupule, le ministre
des finances l'a eu avant ; il y a cinq ans,
il s'est expliqué très nettement à se sujet.
Il faut bien qu'on sache qu'il ne s'agit,
dans le projet, que de la part de l'Etat. -
M. Pelletan a publié une brochure qui
peut indire en erreur les contribuables
M. Pelletan. président de la commis-
sion. — Il ne peut pas y avoir d'équivo-
que; la brochure ne traite que de la part
de Etat.
M. Aimond. — Dans s
ture francise plus de 7 à 8 millions de
dégrèvements.. -
En réalité le petit propriétaire exploitant
lui-même sa propriété agricole paiera poui
un revenu de 3.000 fr. 192 fr. d'impôt au
lieu de 91 fr., comme le dit le rapport
Le projet établit cinq catégories.
Le contribuable de la première catégo-
rie paie actuellement au total 40 fr. -
Avec la loi nouvelle, il paiera 14 fr., en
principal, plus 30 fr. pour la commune, soit -
44 fr.,
principasl, 'il ne bouge pas de chez lui, s'P
ne réclame pas. S'il va à la mairie pour
établir qu'il n'a pas 1,250 fr. de revenu
il trouvera le contrôleur qui lui indiquera
qu'il doit faire annuellement à la mairfc
une déclaration, et qui lui lira la loi en
faisant produire à la loi ce qu'elle doit pro.
duire, ce qui est son devoir.
Ainsi, dans la plupart des cas, on trou.
vera le complément du revenu invisible né
cessaire pour atteindre le chiffre de '1.256
francs et le contribuable se trouvera for
clos. Un million cinq cent mille cultiva-
teurs seraient tenus de remplir toutes ces
formalités pour obtenir un dégrèvement de
6 fr. 50. Ils ne prendraient pas cette peine
parce que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Les contribuables de la 2- catégorie, eux,
seront favorisés. Celui qui a un revenu
foncier de 1.000 fr. et qui paye aujourd'hui
140 fr. d'impôt foncier, aura un dégrève- 5
ment de 32 fr. Ils sont 750 000 environ ;
jls bénéficieront de 20 millions. -
#Ceux de la 3e catégorie, de l.J&û & 2.3ÛQ»
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