Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 décembre 1908 30 décembre 1908
Description : 1908/12/30 (N14173). 1908/12/30 (N14173).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7571059g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N. 14173 - 9 Nivôse An 117, CINQ CEKTISIES LE NUMÉB9 -'-
t -
Mercredi <30 Décembre 1908. — Ne 1417&
"i ANNONCES *
-J,' 'r- -
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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14, rue da Mail, Paris.
8t chez MM. LAG RANGE, CERF etf
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,. TRIBUNE LIBRE
'-F ..,. ,
Le BUDGET de PARIS
On ne s'attendra pas à
trouver ici un exposé com-
plet de la situation finan-
cière de la Ville de Paris.
On se doue un peu qu'une
étude aussi importante - dé-
passerait singulièrement le cadre d'un
irticle et aussi la patience du lecteur
qui serait vite rebuté par l'aridité des
chiffres innombrables extraits du pro-
jet de budget de 1909. volumineuse
publication, in-quarto, de 635 pages
:¡ui constitue le grand livre des Recet-
tes et des Dépenses de la cité pari-
sienne.
Il ne s'agit donc que de quelques
points qui m'ont paru intéressants à
signaler et sur lesquels je me borne-
rai à donner quelques réflexions ra-
pides.
Toutefois, il faut avouer que l'admi-
nistration ne facilite guère le travail de
l'assemblée municipale dans la pré-
sentation du budget, qui atteint le
chiffre de dépenses de 371.751.089
francs et 57 centimes. N'oublions pas
les 57 centimes qui sont la pierre de
touche de l'exactitude en matière bud-
gétaire ! Il est assez malaisé de suivre
exactement les dépenses de mêmes ca-
tégories enchevêtrées dans différents
chapitres et articles du budget et, je le
répète, l'administration, soucieuse de
complications, ne s'inspire pas préci-
sément de cette règle formulée par
Golbert : « Il faut rendre la matière
financière si simple qu'elle puisse être
facilement entendue par toutes sortes
de personnes ; il est clair que tant plus
elle sera entendue, tant plus cela ap-
prochera de la perfection. » -
Nous ne sommes évidemment pas
arrivés à un pareil état ; les initiés
seuls continuent à y voir clair, ce qui
contribue à leur assurer encore pour
longtemps, une réputation <- d'aigles
financiers.
Le budget de Paris, dans ces der-
nières trente années, a eu une période
de prospérité brillante ; d'abord jus-
qu'en 1882, puis une période assez
pénible de 1882 à 1888 ; une période
moins mauvaise de 1889 à 1899, mais
de 1899 jusqu'à 1909 les budgets se
font établis avec certaines difficultés.
Chaque fois, le préfet de la Seine 3Ï
proposé la création de nouveaux cen-
times additionnels pour parer aux dé-
ficits ; est-il nécessaire de dire que les
membres du Conseil municipal ont
toujours tenu à affirmer leur senti-
ment unanime à cet égard en repous-
sant ces impositions avec autant de
résolution que M. de Selves en avait
apportée à les présenter.
Toutefois, il faut bien se rendre
compte que la marche progressive des
besoins de notre capitale s'accentue de
plus en plus chaque année, et que le
budget en porte un témoignage irré-
futable. C'est que l'œuvre de la muni-
cipalité est orientée toujours vers plus
Se bien-être, de beauté et de justice.
Mais cette œuvre si multiple, si com-
plexe, rayonnant sur un tel ensemble
d'éléments divers, dont chaque rouage
toujours en harmonie avec les autres,
lend cependant à prendre, peu à peu,
ëne existence propre de plus en plus
développée, nécessite de lourdes dé-
penses, implique des ressources iné-
tpuisabîes, et, par là,doit reposer sur un
Sjstème financier d'une extraordinai-
re 'puissance, en même temps que
ft'uae remarquable docilité. ,
Songez à quelles dépenses entraî-
nent l'existence physique et matériel-
le d'une ville géante comme Paris !
'a Voie publique réclame 24.177.400
francs; les Promenades à éclairage
13.264.683 fr. 85; les Eaux et égouts
14.729. 015 francs ; l'Enseignement
B5.236.784 francs 59; l'Assistance pu-
blique 46.249.826 francs 96 et la Po-
tice 39.732.909 francs 40.
Voilà une partie des dépenses or-
dinaires pour une population de 2 mil-
lions 7|>3.393 personnes, 'd'après le re-
censement de 1906 ; on peut donc éta-
blir la dépense moyenne par tête d'ha-
bitant à 134 francs, dors qu'elle n'é-
tait que de 103 francs en 1886, de 108
francs en 1891, de 109 francs en 1890
de 117 francs en 1899. ,'
La progression n'est pas très forte,
comme on le voit; elle n'est pas plus
élevée à Paris que dans les autres
villes françaises, et elle correspond à
l'extension des services communaux
complètement négligés avant: ensei-
ent, assistance, protection de la
anlé publique etc.
Cependant, malgré les travaux con-
sidérables qui ont été exécutés, des
améliQfti sérieuses restent à réa-
Iiser, par exemple dans le service des
Eaux, qui devra être complété ; l'en-
tretien de la voie publique qui exige
déjà de lourds sacrifices et dont on a
pu se plaindre avec quelque raison .;
des hôpitaux nouveaux devront être
créés, des canalisations électriques
installées dans beaucoup de quartiers
qui en sont encore dépourvus ; sans
oublier cette réforme démocratique
par excellence, les logements à bon
marché et le développement des
moyens de transport. Enfin, pour as-
surer les services municipaux, des mil-
liers et des milliers d'employés et d'ou-
vriers font valoir leurs revendications
que l'assemblée communale doit à ses
traditions d'examiner avec équité. Les
conditions de la vie à Paris justifient
en effet, leurs prétentions; la cherté
de tous les -produits est un fait incon-
testable, et tous les prix concernant
l'ameublement, l'habillement et le lo-
gement se sont accrus considérable-
ment..
Or, à mon avis, on peut obtenir des
résultats appréciables, sans augmen-
ter le montant des charges que sup-
porte le contribuable et sans toucher,
comme certains le voudraient, aux œu-
vres essentielles de solidarité. A ce
point de vue, M. Deville (préconise un
emprunt de un milliard qui permet-
trait de doter Paris, comme aucune
ville au monde, dans le fonctionne-
ment de tous ses services municipaux;
M. Chautard aujourd'hui député, et
M. André Lefèvre ont, en financiers
hardis, formulé d'intéressants ,projets
de remaniement de la dette, par l'uni-
fication de divers types qui la compo-
sent, ou en reculant les limites de l'a-
mortissement. Une meilleure utilisa-
tion du domaine communal est égale-
ment à souhaiter, enfin, la concession
du service des eaux dont le privilège
expire en 1910, pourrait faire entrer
dans les caisses de la Ville une plus-
value importante, si l'on procède à
une adudication restreinte entre les
divers demandeurs.
Enfin, n'est-on pas frappé par le
nombre d'établissements anciens qui
occuipent les plus beaux emplacements
de Paris et dont le transfert ne pour-
rait offrir que des avantages de toute
nature ? Ainsi, dans le faubourg Pois-
sonnière, il existe une caserne qui n'a
aucune raison d'être maintenue dans!
cet endroit de Paris ou le terrain est
d'un prix élevé. Et il y en a d'autres
dans le même cas. Or. j'ai demandé
à plusieurs reprises le transfert hors
Paris de la 'remeA, installée dans le
14e arrondissement. Il y a là 55.000
mètres carrés qui pourraient devenir
libres et qui conviendraient parfaite-
ment à l'installation d'un édifice mili-
taire.
En outre, on pourrait réserver, en
bordure de l'avenue Reille et de la
rue de la Tombe-Issoire, certains es-
paces pour y édifier des habitations a
bon marché.
Et, puisque je suis amené à parler du
quatorzième arrondissement qu'il me
soit permis de dire qu'il est encombré
comme aucun autre dans la capitale,
d'établissements qui devraient être si-
tués en dehors de' la ville.
La prison de la Santé, l'asile clini-
que St-Anne en occupent une grande
partie; or, l'asile Ste-Anne, à lui seul,
couvre 13 hectares. Si on mettait ce
terrain en vente, il n'est pas témérai-
re d'affirmer que l'on en retirerait au
moins 7 millions, qui seraient large-
ment suffisants pour reconstruire un
asile en banlieue. Et sur cet emplace-
ment, un nouveau quartier serait édi"
fié avec des maisons dont les loyers
ne dépasseraient pas 600 francs. II y
aurait pour la Ville lin revenu tout
trouvé par le produit des matériaux de
construction et ensuite par les contri-
butions et les rendements d'impôts que
toute agglomération amène dans un
quartier neuf. Sans doute, on objec-
tera qu'il est indispensable d'avoir à
Paris, le service d'admission et la cli-
nique des aliénés. Mais ces deux ser-
vices pourraient être reportés sans in-
convénient à la Salpêtrière, ainsi que
l'idée en a été déjà lancée si je ne me
trompe, par le docteur Bourneville.
On conçoit que toutes ces imposi-
tions, jetées au courant de la plume,
demandent une étude approfondie
avant de venir en discussion à la tri-
bune du Conseil municipal.
; Certes, les besoins - du jour sont à:
peu près satisfaits, mais il est néces-
saire d'assurer la sécurité du lende-
main, par une politique financière net-
tement républicaine, où seront garan-
tis les intérêts vitaux j~u JrayaU ~t p
la population et conformément aux
aspirations de la Démocratie.
- J. HENAFFE,
Vice-président du Conseil général
de la beine.
LA POLITIQUE
BARRE A CAUCHE
Les - radicaux le plus épnis
de clémencisrne, se rendent —
enfin! — à l'évidence.
Il serait impossible, en ef-
fet, sous peine de jouer les au-
truches, de ne point voir les
résultats de la politique de M. le prési-
dent du conseil.
Politique qui semblerait brillante, si
l'ion avait égard à quelques jeux de cape
[ dans l'arène par lemeniaire, et qui met-'
tait en joie toutes les feuilles progres-
sistes, Carmens pâmées et énamourées.
Politique qui sembla drôle à une ga-
lerie amusée par des saillies de gavro-
ches et de désarticulations de clowns.
Politique, en réalité, miteuse, piteuse,
et calamiteuse et qui se résume en deux
mots : divisions entre républicains, zi-
zanies entre démocrates.
A la faveur de cette désagrégation du
Bloc — œuvre essentielle du président
du conseil — tous les fourriers de la
réaction, se sont mis en campagne.
Concentration d'évêques et de fidèles,
coalitions des blancs, des noirs et des
jaunes, offensives de presse, assaut des
écoles jpûbhtques, agressions contre 'Le
-chef de l'Etat, tout y est, et tout y vient
à son heure.
Les cavalcadours du Roy et lés mou-
tardiers du Pape défilent bravement à la
parade, et en attendant qu'ils nous exhi-
tient les têtes de colonne de l'armée en-
nemie. Car les troupes sont mobilisées
pour des manœuvres d'action directe --
comme au temps des inventaires - et
pour. les contre-manœuvres d'action élec-
torale.
Cependant de notre côté, les stratèges
de la place Beauvatt se sont efforcés de
rompre l'unité de l'armée répu blricai-ne,
désorganisant à leur tour -— hervéistes
de l'Intérieur — la discipline devant
L'ennemi -
Puisque les chefs responsables n'ont
eu ni prévoyance, ni claivoyance, c'est
au parti républicain de se reformer luii-
même.
Il a déjà donné une preuve de sagesse
en reconstituant la Délégation.
A la Délégation et au parti républi-
cain de reprendre l'ancienne politique ':
Contre les ennemis de droite, barre à
gauche.
<——————————— '-
- "LES CN-MT.
NOTRE AGENDA
'Auiourd'hui mardi
Lever du soleil à 7 h. 56 ; coucher à.
4 h. 9.
— Matinée : Théâtre des Arts : La Pas-
torale de Noël.
— Première : Gaî té-Ly rique i Cendrillon
(reprise)..
AUTREFOIS
Happel du 30 décembre 1872. - La pre-
mière entrevue de la sôus-commission dés
trente avec M. Thiers, a eu lieu à VElysée.
Les sept membres de la sous-commission
étùient présents. On a parlé de renouvelle-
ment partiel de VAssemblée ; M. Thiers
s'est déclaré partisan d'une seconde Cham-
bre ; il a soutenu que la "République était
le fait légal ; on s'est fait des politesses ;
mais on ne s'est fait, de part et d'autre, au-
cune concession.
M. de Gramont continà prétendre que
l'Autriche nous avait promis son aide con-
tre la Prusse. Il publie le passage officiel
'd'une dépêche remise le 23 juillet 1870, au
gouvernement français par M. de Metter-
nich : « Veuillez donc répéter à Sa Majesté
et à ses ministres que nous considérons la
cause de la France comme la nôtre et que
nous contribuerons au succès de ses armes
dans les limites du possible. » ,
IJ
Sur les degrés du Pouvoir
Tout récemment, M. le garde des
sceaux se rendait — une fois n'est pas
coutume — place Beau va u.
Tandis qu'il gravissait les marches]
de l'escalier, M. le sous-secrétaire d'E-
tat les descendait. Saluts. Poignée de j
main banale. Pas d'effusions.
Alors un des huissiers (un vieux rou- ;
tier) qui contempilait la scène :
- « Regardez-donc ? dit-il à ses col-
lègues, avec un clignement d'œil intTé-
finissabJe" M. Briand monte, et AdÛ'l- ;
phe. descend ! » '; , j
f.1::! "'{':..{: 'i ;.\: :"
Esprit.. 1 J:', .,,': .-Y i ->
On faisait devant une darne un élogj
très exagéré de l'esprit d'un homme,
qui était fort borné. 1
— « Oh ! oui, dit-elle. il doit .en avoir j
.beaucouip, car il n'en 'dépense guère. »$
—'— 1
TOUJOURS LA MARINE 1
------- 1
LES ACCIDENTS IGNORES
ka liste des catastrophes et 'des^acgideiite
.de la mâriiTe ~es't suffisaîï)R|sî^4^ngue, pour,
qulon ait pu la croire complète.
Malheureusement il n'en est rien.
rA C-Cllé des .s q1J.llçÏf
ces obligent de révéler au public, il y st.
paraît-il, la série de ceux que l'on cache..
Ainsi notre confrère le Journal vient de
découvrir que le nouveau cuirassé la
Gloire, de l'escadre du Nord, alors qu'il re-
venait de la baie de Quiberon, s'est échoué
en cours de route, sur un haut-fond près
de Hœdic.
La Gloire se remit à flot par ss propres
moyens, avant l'arrivée du Gueydon, ap-
pelé à son secours.
Le cuirassé n'a, paraît-il, pas subi d'ava-
ries.
Paraît-il 1 M. Picard « étudie ».
LIRE EN 2e PAGE
u «fir
La catastrophe de la Calabre
.». * of
Avertissement sans frais
Dans une récente réunion électorale, M.
Adolphe Maujan, sous-secrétaire d'Etat au
ministère de l'intérieur et candidat officiel
au Sénat, a cru devoir s en prendre au Rap-
■per^oi mettro- on «auoe FuN de a-cs adminis-
trateurs.
Le Rappel s'honore de mériter l'antipa-
thie de M. le sous-secrétaire d'Etat à l'inté-
rieur.
Dans son indépendance absolue, et sa
volonté irréductible de servir la cause de
l'action réformatrice et de la probité politi-
que, il est des animosités que le Rappel pré-
fère hautement aux protestations de sym-
pathie qu'on murmure entre deux portes,
ou dans les couloirs de la Chambre, dans
la pensée de le désarmer.
Quant -aux- collaborateurs du Rappel que
M. Maujan a cru devoir mettre en cause,
personne ne s'en étonnera. Car il n'en est
pas un dont M. le député Maujan n'ait été
ou ne soit moralement et pécuniairement
l'obligé : et l'on sait depuis longtemps com-
ment le soiis-secrétaire d'Etat s'acquitte en-
vers ses créanciers.
Bien que les paroles de'M. Maujan ne ti-
rent pas à grande conséquence, nous te-
nons néanmoins à l'avertir que nous ne
sommes pas d'humeur à tolérer de sa part
ces « airs de bravoure' ». qui détonnent avec
l'attitude qu'il sut prendre en diverses cir-
constances assez fâcheuses pour lui.
Jusqu'ici, nous avons témoigné à M. Mau-
jan plus de dédaigneuse pitié que d'hosti-
lité, et nous nous sommes bornés à criti-
quer ses actes politiques et ses manœuvres
de candidature officielle.
Nous l'invitons à ne pas nous obliger à
lui demander des précisions, notamment,
sur l'existence d'un président de Jeunesse
royaliste parmi ses commanditaires politi-
ques ; sur la façon dont il rétira, grâce à la
haute protection d'un juge d'instruction,
certain reçu qui figurait. dans les pièces
comptables de l'honorable M. Lepère, sur
la présence de certains actionnaires fictifs
dans certaine société de notre connaissan-
ce : sur les motifs de son intervention dans
certaine" réduction de passif de société ; sur
son rôle et ses fonctions dans l'affaire du
Canal des Deux-Mers, etc.
En un mot nous invitons M. Mafijan,
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'in-
térieur, et candidat sénatorial officiel. à se
tenir coi, et à ne pas lasser notre patience.
Nous ne tolérerons pas. nous le répétons,
qu'il tape sur une moitié de nos amis.
après avoir « tapé » l'autre moitié.
> ■ — ■
Escamotage parlementaire
Sous ce titre, le Temps s'exprime dans
leMermes suivants :
Il en est des scrutins du Paiais-Boubon com-
me de la muscade sousp^le gobelet de l'escamo-
teur : vous la croyez à droite, vous jureriez
qu'elle est à droite ; le gobelet se soulève et la
muscade se trouve à gauche.
L'autre jour, on votait à la Chambre .sur l'ur-
gence en faveur de la proposition de M. Arge-
liès demandant l'amnistie pour les événements
de Draveil.
Le ministère, conscient de son devoir, se pro-
nonçait contre la proposition de M. Argeliès et
le résultat proclamé fut : pour l'urgence, 234 ;
contre, 269, soit une majorité de 65 voix en fa-
veur de l'ordre contre l'anarchie : mais aussi-
tôt. diverses rectifications furent apportées par
des députés dont le vote avait été dénaturé ;
l'Officiel du 24 décembre publiait les chiffres,
suivants : pour l'urgence 237, contre 245 ; la
majorité fondait considérablement : de 35, elle
passait à 8.
Vous pensez que c'est fini et la chose, en.
effet, serait déjà assez scandaleuse ainsi. Mais
non : les rectifications ont continué ; dans VOf-
ficiel du lendemain on constate que décidément
la majorité n'est plus contre : elle est de 4 voix
pour. La muscade à changé de gobelet. Et ce
n est pas tout encore ; le Journal pfficiel revient
à la charge : on annonce ce matin que la ma-
jorité pour n'est pas de 4 voix, mais de 10. Ain-
si. sur un vole qui est — nous le répétons —
trois ou quatre jours, un revirement de 45 voix
et la majorité que l'on avait d'abord et injus-
tement proclamée s'est finalement trouvée être
une minorité.
Comment une Chambre où de telles mystifi-
cations sont possibles serait-elle prise au sé-
rieux par le pays ? Bien plus, comment se
prendrait-elle au sérieux elle-même ? Pour un cer-
tain nombre, pour un trop grand nombre de dé-
putés, l'acte le plus décisif, le le plus grave de-
voir de leur charge compte fi peu qu'ils s'en
remettent à autrui.du soin de l'accomplir. C'est
un autre qu'eux qui tranche et se prononce,
mène quand les plus grands intérêts du pays
sont en jeu. Les électeurs pensent avoir un re-
présentant au Palais-Bourbon, mais ils se 'trom-
pent. et on les trompe. Ce prétendu représentant,
au moment où sa présence serait le plus indis-
pensable, n'est pas là.
Et l'on assiste à des faits incroyables qui sont
la négation même du régime parlementaire.
Voilà qui est parfait. « En termes excel-
lents ces choses-là sont dites », et nous
voici — une fois n'est pas coutume — en-
ti'èrement d'accord avec le Temps pour dé-
florer un tel état de choses.
Mais la sanction ?
Que pense le Temps d'un gouvernement
qui conserve le pouvoir, bien qu'ayant été
en réalité mis en minorité-par la Chambre ?
Que deviennent les règles parlementai-
res ?
Où sont .les garanties oonstituttonnelles. ?
L'anarchie d'en ,ba,S!Il'sij. e pas Jà con-
séquence de l'anarchie d'en haut ?
That is the question, dirait N» prési.
jleBt du • r—-■
TRIBUNE CORPORATIVE
tUftt) t PnHPCn nC MMPTMMMMtDCP
DU concis DE FOBDIIOBIAIBES
Ii
- i- -. - Í!I< ,.t
Les républicains qui envisagent avec
sang-froid les événements politiques aux-
quels le pays assiste depuis quelques mois,
ont le devoir de se demander à quelles des-
tinées M. Clemenceau conduit l'œuvre dé-
mocratique entreprise par les ministères
d'action et de défense républicaine, et dont
il a reçu le dépôt.
A l'heure actuelle, c'est non seulement le
prolétariat ouvrier qui en est réduit à dé-
fendre les libertés dont il a si péniblement
fait la conquête, mais c'est encore le prolé-
tariat administratif qui, manquant de con-
fiance dans le pouvoir, éprouve le besoin
de grouper et de concentrer ses forces pour
se défendre contre les abus dont il souffre
et_ les coups qu'il redoute.
Les persécutions, les dénis de justice, 1-s
révocations arbitraires ont provoqué un re-
grettable mouvement de révolte des cons-
ciences.
Et ce n'est pas sans raison que YHuma-
nité peut'dire que « la majorité radicale qui
détient le pouvoir et qui s'est associée a
toutes les mesures de répression prises con-
tre les salariés de l'Etat ferait bien d3
prendre garde ».
- Le spectacle que viennent de donner les
fonctionnaires réunis dimanche en con-
grès, salle de la Prolétarienne, rue Trétai-
gne, est en effet un avertissement que les
républicains vraiment animés de senti-
ments démocratiques ont le devoir de tenir
ypour autre chose qu'une « quantité négli-
geable M.
Ainsi qu'on le verra par les résolutions
adoptées, ce congrès a été unanime à af-
firmer sa volonté très nette de faire res-
pecter'la loi de 1884, dont elle récïame l'ap-
plication, sans aucune restriction, à tou-
tes les catégories des salariés de l'Etat.
C'est le statut des fonctionnaires que pré-
parait le gouvernement, ouvertement battu
en brèche et mis en péril. ,
.b ::.r\'ifi; .:
LES DELEGATIONS
A ce congrès, étaient représentées les or-
ganigafjonR .-uivantes,, ainsi que nou& l'a-
vous déjà dit :
Union fédérative des travailleurs de l'Etat,
Fédération nationale du personnel civil des
établissements de la guerre, Fédération natio-
nale des ouvriers et ouvrières des magasins
administratifs de la guerre. Fédération natio-
nale dès-ouvriers et ouvrières des tabacs, Fédé-
ration des allumettiers Syndicat national des
ouvriers des postes, télégraphes et téléphones,
Syndicat des monnaies et médailles. Syndicat
de la manufacture de porcelaine de Sèvres,
Fédération nationale des syndicats d'institutri-
ces et d'instituteurs, Syndicat national des
sous-agents des postes, télégraphes et télépho-
nes, Union générale des contributions indirec-
tes, Syndicat général des travailleurs munici-
paux, Syndicat national des travailleurs des
chemins de fér, Union syndicale des employés
du gaz, Syndicat des travailleurs du gaz, Fédé-
ration des industries électriques. Syndicat de
l'Assistance publique, Syndicat de la régie des
eaux, Fédération des transports, Association gé-
nérale '--es P. T. T., Syndicat des allumeurs de
gaz, Union syndicale des employés d'octroi, etc.
LA LIBERTE SYNDICALE
Dans la séance du matin, sous ïa prési-
dence de Mme Jacoby, de la Fédération
des tabacs, assistée de MM. Gervaise, de
TUnion des fédérations des travailleurs de
l'Etat ; Poitevin, du Syndicat national des
chemins de fer ; Simonnet, du Syndicat
national des sous-agents des postes, télé-
graphes et téléphones, le congrès a émis le
vœu suivant :
Le Congres,
Considérant que toutes les catégories des
travailleurs cie l'Etat, des départements des
communes et des services publics ont des re-
vendications communes à défendre, notam-
ment la liberté syndicale, qui est la revendi-
cation essentielle de tout travailleur ;"
Que l'Etat patron est soumis envers ses sa-
lariés aux mêmes obligations que les autres
patrons ;
Que nos gouvernants ont émis la prétention
de priver de la liberté syndicale certaines caté-
gories de salariés de l'Etat ;
Que, d'autre part., devant le mouvement de
régression qui se produit dans les milieux par-
lementaires et gouvernementaux, devant les
(mesures de répression qui en sont les consé-
quences, des salariés de l'Etat se voient contes-
ter, avec la liberté d'associations, la liberté
même de penser :
Considérant que, seule, l'union de toutes les
forces du prolétariat administratif est de na-
ture à sauvegarder et à étendre nos libertés
corporatives ;
Que des ententes partielles ont déjà été réa-
lisées ;
Qu'il est nécessaire d'achever l'œuvre d'orga-
nisation commencée en opérant la concentration
complète des forces du prolétariat administra-
tif ;
Déclare que le but de cette entente n'est pas
d'isoler ce dernier des forces ouvrières, mais de
préparer au contraire la fusion dans l'unité ou-
vrière. *
LE DROIT SYNDICAL
Une nouvelle séance eut lieu, dans l'a-
près-midi, sous la présidence de M. Cotte,
de la Fédération syndicale des instituteurs,
assisté de MM. Grangier et Simonnet, du
Syndicat des sous-agents des postes, télé-
graphes-et téléphones ; Mathorel, du Syn-
dicat des manufactures de Sèvres.
L'extension du droit syndical aux fonc-
tionnaires, employés et ouvriers de l'Etat,
fit l'objet d'une chaude et passionnante
discussion. Chacun s'évertua à produire des
arguments en faveur de cette importante
réforme, et l'assemblée vota d'enthousias-
me la motion suivante :
Le Congrès,
Considérant que les salariés de l'Etat ont,
comme tous-les autres salariés, des revendica-
tions à présenter à leur employeur, l'Etat pa-
tron ;
Qu'aucune autre loi. mieux que celle de 1884,
ne permet aux salariés d'imposer le respect de
leur dignité et de revendiquer les améliorations
morales et matérielles auxquelles ils ont droit ;
Qu'il ne saurait admettre la thèse gouverne-
mentale qui dresse une barrière. entre le prolé-
tariat administratif et le salariat" de l'industrie
privée et qui a .la pr*' ofion d'empêcher, par
une interprétation arbri. j.re de la loi de 1884,
Ha âs îoscternaires ;
Déclare revendiquer peur les salaïj
tat le bénéfice intégra] de la loi-de 1884 et re-,
^pousser t £ uj de loi tendait à rçgjréindre
en quoi que ce soit le droit commun ouvrier.
dans ses avantages etJies conséquences •
Donne mandat au comité central aïe prendre
toute mesure propre à assurer aux salariés de
l'Etat l'application de la loi de 1884 et d'orga-
niser une campagne d'agitation pour éclairer
1 opinion publique et obliger les parlementaires
à tenir les engagements formels qu'ils ont pris
aux élections législatives de 1906 en faveur de
l'extension immédiate du droit syndical de tous
les salariés de l'Etat et des services publics.
LA REINTEGRATION DES EMPLOYES
La discussion fui des plus vives au sujet
des fonctionnaires révoqués., Des discours
nombreux furent prononcés à ce sujet, et
le congrès se rallia à l'unanimité au vœu
qui suit :
Le Congrès
Considérant qu'un certain nombre de îono
Uonnaires et salariés de l'Etat, Grangier, Simon-'
met tet trois agents des postes ont été révoqués'
pour avoir signé une lettre ouverte à M. Cle-
menceau, document qui, d'après l'arrêt du con-
seil départemental de la Seine, ne revêt en au-
cun de ses termes ue caractère outrageant ou
injurieux ;
Considérant que l'instituteur Nègre, qui avait
été acquitté par son conseil de discipline, a été
frappé arbitrairement et en violation des garan-
ties que la loi de 1888 accorde aux institu-
teurs ;
Considérant que les camarades Roche, des
travailleurs municipaux, et Nègre. des institu-
teurs, ont été révoqués en qualité de secrétaires
ûe leur organisation poûr un acte collectif de
cette dernière, ce qui constitue une violation du
droit d'association ;
Considérant que le camarade Guerrier, des
sous-agents des douaniers, a été mis en dispo-
nibilité avec d'autres camarades pour avoir as-
sisté à une réunion syndicale ;
Considérant que le gouvernement a réintégré
trois des fonctionnaires révoqués, choisis arbi-
trairement, qu'il refuse de réintégrer les autres,
ce qui constitue un déni de justice' caractérisé ;
Le congrès proteste contre les mesures de
répression prises par le gouvernement contre
les fonctionnaires coupables d'avoir voulu dé-
fendre leurs droits de travailleurs :
Réclame la réintégration de tous les fonction-
naires et salariés frappés pour fait de syndica-
lisme ;
Demande que la réintégration ait Heu par
voie législative et par le vote du projet de loi-
voté par la Chambre et actuellement soumis à
l'examen du Sénat ;
Il ne saurait admettre, en effet que M. Rei-
nach soit réintégré dans son grade, alors qu'il
ne s'agit pour lui que d'une question de glo-
riole et d'amour-propre, et que les petits fonc-
tionnaires restent révoqués alors qu'il ne s'a-
git pour eux que d'une question de dignité et
d une question de. pain ;
Prend l'engagement de poursuivre devant l'o-
pinion publique et devant les pouvoirs publics'
une vive campagne jusqu'à ce que justice soit
eniin rendue aux camarades.
LES INSTITUTEURS
DU MAINE-ET-LOIRE.
Le congrès s'est ensuite occupé du cas
des instituteurs du Maine-et-Loire, frappsÁ
par le gouvernement pour avoir participé
à un congrès mixte d ouvriers et a "institu-
teurs. La motion suivante a été adoptée :
Le Congrès,
'Q:msidémnt que le gouvernement a sommé
le syndicat du ivltiine-et-Lolre de quitter ta i-ioui--,
se du travail d'Angers et de s'abstenir de toute
participation au congrès mixte de délégués ou-
vriers et de délégués u instituteurs "en 'VUc u eiu-
dier l'organisation de l'enseignement adapte aux.
besoins de la classe ouvrière ;
Que le but de ces poursuites est d'empêcher
le rapprochement qui tend à s'opérer entre les
insiHute et la classe ouvrière organisée ;
Proteste contre les poursuites engagées par le
gouvernement contre le syndicat du Maine-et-
Loire ;
Engage oes camarades à persévérer dans l'at-
titude digne qu'ils ont observée jusque ce jour
et à refuser nettement de s'incliner devant l'ar-
bitraire gouvernemental.
LA QUESTION DE LA PROPAGANDE
A son issue, le congrès a invité le comi-
té central à organiser « de fécondes campa-
gnes et de nombreux meetings pour attirer^
l'attention de l'opinion publique sur la réin-
tégration des fonctionnaires révoqués et
l'obtention du droit syndical ».
De nombreux membres d'organisations
non encore adhérentes au Syndicat des sa. (
lariés de l'Etat, avalent été invités à assis-
ter aux travaux du congrès. Ils ont déclaré
qu'ils donnaient, au nom des organisations
qu'ils représentaient, leur adhésion au co-
mité central.
Un de nos confrères a demandé à MM.
Nègre, secrétaire du Syndicat des institu-,
teurs, et Simonnet, des sous-agents des
postes, télégraphes et téléphones, qui, tous
les deux, on le sait, ont été frappés de ré-
vocation, leur impression sur les débats de
l'assemblée. -
— Nous ne pouvons cacher notre satisfaction
sur les résultats obtenus par le congrès et sur
les décisions importantes qui viennent d'être
prises.
Les nombreuses adhésions de nos camarades
des services publics sont significatives. Ils ont
compris le danger qu'ils'couraient, ont redouté
d'être en butte à l'arbitraire gouvernemental ei
ont étroitament lié leurs intérêts aux nôtres.
Cette journée a été une belle manifestation
de solidarité, qui, nous en sommes convaincus,
portera ses fruits, nous conduira vers la réali-
sation prochaine de nos jusîes revendications.
Les résolutions qu'on vient de lire doi-
vent, nous le répétons, faire loBJet dei,
méditations des républicains qui ne se ren-
dent pas encore compte des dangers que
fait courir à la République la politique du
coup de barre à droite de M. Clemenceau.
qp -
LA JOURNÉE POLITIQUE
En Mauritanie
Contrairement aux nouvelles apportées
samedi à Bordeaux par le courrier Magel-
lan relativement à la situation du colonel
Gouraud en Mauritanie, et tCIL:>_,uites,
par plusieurs journaux, un télégramme du
gouverneur général de" l'Afrique occiden-
tale vient d'informer le ministre des colo-
nies que le colonel Gouraud a télégraphié:
d'Aïn-Kadra, à la date du 12 décembre que
la colonne était arrivée sans accident et
•sans malades et qu'il commençait la tra-
versée du Rhat
Il devait l'effectuer en vingt-quatre heu-
res pour arriver le, 13, vers une heure, à
Talaiza.
t -
Mercredi <30 Décembre 1908. — Ne 1417&
"i ANNONCES *
-J,' 'r- -
AUX BUREAUX DU JOURNAL
*'
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,. TRIBUNE LIBRE
'-F ..,. ,
Le BUDGET de PARIS
On ne s'attendra pas à
trouver ici un exposé com-
plet de la situation finan-
cière de la Ville de Paris.
On se doue un peu qu'une
étude aussi importante - dé-
passerait singulièrement le cadre d'un
irticle et aussi la patience du lecteur
qui serait vite rebuté par l'aridité des
chiffres innombrables extraits du pro-
jet de budget de 1909. volumineuse
publication, in-quarto, de 635 pages
:¡ui constitue le grand livre des Recet-
tes et des Dépenses de la cité pari-
sienne.
Il ne s'agit donc que de quelques
points qui m'ont paru intéressants à
signaler et sur lesquels je me borne-
rai à donner quelques réflexions ra-
pides.
Toutefois, il faut avouer que l'admi-
nistration ne facilite guère le travail de
l'assemblée municipale dans la pré-
sentation du budget, qui atteint le
chiffre de dépenses de 371.751.089
francs et 57 centimes. N'oublions pas
les 57 centimes qui sont la pierre de
touche de l'exactitude en matière bud-
gétaire ! Il est assez malaisé de suivre
exactement les dépenses de mêmes ca-
tégories enchevêtrées dans différents
chapitres et articles du budget et, je le
répète, l'administration, soucieuse de
complications, ne s'inspire pas préci-
sément de cette règle formulée par
Golbert : « Il faut rendre la matière
financière si simple qu'elle puisse être
facilement entendue par toutes sortes
de personnes ; il est clair que tant plus
elle sera entendue, tant plus cela ap-
prochera de la perfection. » -
Nous ne sommes évidemment pas
arrivés à un pareil état ; les initiés
seuls continuent à y voir clair, ce qui
contribue à leur assurer encore pour
longtemps, une réputation <- d'aigles
financiers.
Le budget de Paris, dans ces der-
nières trente années, a eu une période
de prospérité brillante ; d'abord jus-
qu'en 1882, puis une période assez
pénible de 1882 à 1888 ; une période
moins mauvaise de 1889 à 1899, mais
de 1899 jusqu'à 1909 les budgets se
font établis avec certaines difficultés.
Chaque fois, le préfet de la Seine 3Ï
proposé la création de nouveaux cen-
times additionnels pour parer aux dé-
ficits ; est-il nécessaire de dire que les
membres du Conseil municipal ont
toujours tenu à affirmer leur senti-
ment unanime à cet égard en repous-
sant ces impositions avec autant de
résolution que M. de Selves en avait
apportée à les présenter.
Toutefois, il faut bien se rendre
compte que la marche progressive des
besoins de notre capitale s'accentue de
plus en plus chaque année, et que le
budget en porte un témoignage irré-
futable. C'est que l'œuvre de la muni-
cipalité est orientée toujours vers plus
Se bien-être, de beauté et de justice.
Mais cette œuvre si multiple, si com-
plexe, rayonnant sur un tel ensemble
d'éléments divers, dont chaque rouage
toujours en harmonie avec les autres,
lend cependant à prendre, peu à peu,
ëne existence propre de plus en plus
développée, nécessite de lourdes dé-
penses, implique des ressources iné-
tpuisabîes, et, par là,doit reposer sur un
Sjstème financier d'une extraordinai-
re 'puissance, en même temps que
ft'uae remarquable docilité. ,
Songez à quelles dépenses entraî-
nent l'existence physique et matériel-
le d'une ville géante comme Paris !
'a Voie publique réclame 24.177.400
francs; les Promenades à éclairage
13.264.683 fr. 85; les Eaux et égouts
14.729. 015 francs ; l'Enseignement
B5.236.784 francs 59; l'Assistance pu-
blique 46.249.826 francs 96 et la Po-
tice 39.732.909 francs 40.
Voilà une partie des dépenses or-
dinaires pour une population de 2 mil-
lions 7|>3.393 personnes, 'd'après le re-
censement de 1906 ; on peut donc éta-
blir la dépense moyenne par tête d'ha-
bitant à 134 francs, dors qu'elle n'é-
tait que de 103 francs en 1886, de 108
francs en 1891, de 109 francs en 1890
de 117 francs en 1899. ,'
La progression n'est pas très forte,
comme on le voit; elle n'est pas plus
élevée à Paris que dans les autres
villes françaises, et elle correspond à
l'extension des services communaux
complètement négligés avant: ensei-
ent, assistance, protection de la
anlé publique etc.
Cependant, malgré les travaux con-
sidérables qui ont été exécutés, des
améliQfti sérieuses restent à réa-
Iiser, par exemple dans le service des
Eaux, qui devra être complété ; l'en-
tretien de la voie publique qui exige
déjà de lourds sacrifices et dont on a
pu se plaindre avec quelque raison .;
des hôpitaux nouveaux devront être
créés, des canalisations électriques
installées dans beaucoup de quartiers
qui en sont encore dépourvus ; sans
oublier cette réforme démocratique
par excellence, les logements à bon
marché et le développement des
moyens de transport. Enfin, pour as-
surer les services municipaux, des mil-
liers et des milliers d'employés et d'ou-
vriers font valoir leurs revendications
que l'assemblée communale doit à ses
traditions d'examiner avec équité. Les
conditions de la vie à Paris justifient
en effet, leurs prétentions; la cherté
de tous les -produits est un fait incon-
testable, et tous les prix concernant
l'ameublement, l'habillement et le lo-
gement se sont accrus considérable-
ment..
Or, à mon avis, on peut obtenir des
résultats appréciables, sans augmen-
ter le montant des charges que sup-
porte le contribuable et sans toucher,
comme certains le voudraient, aux œu-
vres essentielles de solidarité. A ce
point de vue, M. Deville (préconise un
emprunt de un milliard qui permet-
trait de doter Paris, comme aucune
ville au monde, dans le fonctionne-
ment de tous ses services municipaux;
M. Chautard aujourd'hui député, et
M. André Lefèvre ont, en financiers
hardis, formulé d'intéressants ,projets
de remaniement de la dette, par l'uni-
fication de divers types qui la compo-
sent, ou en reculant les limites de l'a-
mortissement. Une meilleure utilisa-
tion du domaine communal est égale-
ment à souhaiter, enfin, la concession
du service des eaux dont le privilège
expire en 1910, pourrait faire entrer
dans les caisses de la Ville une plus-
value importante, si l'on procède à
une adudication restreinte entre les
divers demandeurs.
Enfin, n'est-on pas frappé par le
nombre d'établissements anciens qui
occuipent les plus beaux emplacements
de Paris et dont le transfert ne pour-
rait offrir que des avantages de toute
nature ? Ainsi, dans le faubourg Pois-
sonnière, il existe une caserne qui n'a
aucune raison d'être maintenue dans!
cet endroit de Paris ou le terrain est
d'un prix élevé. Et il y en a d'autres
dans le même cas. Or. j'ai demandé
à plusieurs reprises le transfert hors
Paris de la 'remeA, installée dans le
14e arrondissement. Il y a là 55.000
mètres carrés qui pourraient devenir
libres et qui conviendraient parfaite-
ment à l'installation d'un édifice mili-
taire.
En outre, on pourrait réserver, en
bordure de l'avenue Reille et de la
rue de la Tombe-Issoire, certains es-
paces pour y édifier des habitations a
bon marché.
Et, puisque je suis amené à parler du
quatorzième arrondissement qu'il me
soit permis de dire qu'il est encombré
comme aucun autre dans la capitale,
d'établissements qui devraient être si-
tués en dehors de' la ville.
La prison de la Santé, l'asile clini-
que St-Anne en occupent une grande
partie; or, l'asile Ste-Anne, à lui seul,
couvre 13 hectares. Si on mettait ce
terrain en vente, il n'est pas témérai-
re d'affirmer que l'on en retirerait au
moins 7 millions, qui seraient large-
ment suffisants pour reconstruire un
asile en banlieue. Et sur cet emplace-
ment, un nouveau quartier serait édi"
fié avec des maisons dont les loyers
ne dépasseraient pas 600 francs. II y
aurait pour la Ville lin revenu tout
trouvé par le produit des matériaux de
construction et ensuite par les contri-
butions et les rendements d'impôts que
toute agglomération amène dans un
quartier neuf. Sans doute, on objec-
tera qu'il est indispensable d'avoir à
Paris, le service d'admission et la cli-
nique des aliénés. Mais ces deux ser-
vices pourraient être reportés sans in-
convénient à la Salpêtrière, ainsi que
l'idée en a été déjà lancée si je ne me
trompe, par le docteur Bourneville.
On conçoit que toutes ces imposi-
tions, jetées au courant de la plume,
demandent une étude approfondie
avant de venir en discussion à la tri-
bune du Conseil municipal.
; Certes, les besoins - du jour sont à:
peu près satisfaits, mais il est néces-
saire d'assurer la sécurité du lende-
main, par une politique financière net-
tement républicaine, où seront garan-
tis les intérêts vitaux j~u JrayaU ~t p
la population et conformément aux
aspirations de la Démocratie.
- J. HENAFFE,
Vice-président du Conseil général
de la beine.
LA POLITIQUE
BARRE A CAUCHE
Les - radicaux le plus épnis
de clémencisrne, se rendent —
enfin! — à l'évidence.
Il serait impossible, en ef-
fet, sous peine de jouer les au-
truches, de ne point voir les
résultats de la politique de M. le prési-
dent du conseil.
Politique qui semblerait brillante, si
l'ion avait égard à quelques jeux de cape
[ dans l'arène par lemeniaire, et qui met-'
tait en joie toutes les feuilles progres-
sistes, Carmens pâmées et énamourées.
Politique qui sembla drôle à une ga-
lerie amusée par des saillies de gavro-
ches et de désarticulations de clowns.
Politique, en réalité, miteuse, piteuse,
et calamiteuse et qui se résume en deux
mots : divisions entre républicains, zi-
zanies entre démocrates.
A la faveur de cette désagrégation du
Bloc — œuvre essentielle du président
du conseil — tous les fourriers de la
réaction, se sont mis en campagne.
Concentration d'évêques et de fidèles,
coalitions des blancs, des noirs et des
jaunes, offensives de presse, assaut des
écoles jpûbhtques, agressions contre 'Le
-chef de l'Etat, tout y est, et tout y vient
à son heure.
Les cavalcadours du Roy et lés mou-
tardiers du Pape défilent bravement à la
parade, et en attendant qu'ils nous exhi-
tient les têtes de colonne de l'armée en-
nemie. Car les troupes sont mobilisées
pour des manœuvres d'action directe --
comme au temps des inventaires - et
pour. les contre-manœuvres d'action élec-
torale.
Cependant de notre côté, les stratèges
de la place Beauvatt se sont efforcés de
rompre l'unité de l'armée répu blricai-ne,
désorganisant à leur tour -— hervéistes
de l'Intérieur — la discipline devant
L'ennemi -
Puisque les chefs responsables n'ont
eu ni prévoyance, ni claivoyance, c'est
au parti républicain de se reformer luii-
même.
Il a déjà donné une preuve de sagesse
en reconstituant la Délégation.
A la Délégation et au parti républi-
cain de reprendre l'ancienne politique ':
Contre les ennemis de droite, barre à
gauche.
<——————————— '-
- "LES CN-MT.
NOTRE AGENDA
'Auiourd'hui mardi
Lever du soleil à 7 h. 56 ; coucher à.
4 h. 9.
— Matinée : Théâtre des Arts : La Pas-
torale de Noël.
— Première : Gaî té-Ly rique i Cendrillon
(reprise)..
AUTREFOIS
Happel du 30 décembre 1872. - La pre-
mière entrevue de la sôus-commission dés
trente avec M. Thiers, a eu lieu à VElysée.
Les sept membres de la sous-commission
étùient présents. On a parlé de renouvelle-
ment partiel de VAssemblée ; M. Thiers
s'est déclaré partisan d'une seconde Cham-
bre ; il a soutenu que la "République était
le fait légal ; on s'est fait des politesses ;
mais on ne s'est fait, de part et d'autre, au-
cune concession.
M. de Gramont continà prétendre que
l'Autriche nous avait promis son aide con-
tre la Prusse. Il publie le passage officiel
'd'une dépêche remise le 23 juillet 1870, au
gouvernement français par M. de Metter-
nich : « Veuillez donc répéter à Sa Majesté
et à ses ministres que nous considérons la
cause de la France comme la nôtre et que
nous contribuerons au succès de ses armes
dans les limites du possible. » ,
IJ
Sur les degrés du Pouvoir
Tout récemment, M. le garde des
sceaux se rendait — une fois n'est pas
coutume — place Beau va u.
Tandis qu'il gravissait les marches]
de l'escalier, M. le sous-secrétaire d'E-
tat les descendait. Saluts. Poignée de j
main banale. Pas d'effusions.
Alors un des huissiers (un vieux rou- ;
tier) qui contempilait la scène :
- « Regardez-donc ? dit-il à ses col-
lègues, avec un clignement d'œil intTé-
finissabJe" M. Briand monte, et AdÛ'l- ;
phe. descend ! » '; , j
f.1::! "'{':..{: 'i ;.\: :"
Esprit.. 1 J:', .,,': .-Y i ->
On faisait devant une darne un élogj
très exagéré de l'esprit d'un homme,
qui était fort borné. 1
— « Oh ! oui, dit-elle. il doit .en avoir j
.beaucouip, car il n'en 'dépense guère. »$
—'— 1
TOUJOURS LA MARINE 1
------- 1
LES ACCIDENTS IGNORES
ka liste des catastrophes et 'des^acgideiite
.de la mâriiTe ~es't suffisaîï)R|sî^4^ngue, pour,
qulon ait pu la croire complète.
Malheureusement il n'en est rien.
rA C-Cllé des .s q1J.llçÏf
ces obligent de révéler au public, il y st.
paraît-il, la série de ceux que l'on cache..
Ainsi notre confrère le Journal vient de
découvrir que le nouveau cuirassé la
Gloire, de l'escadre du Nord, alors qu'il re-
venait de la baie de Quiberon, s'est échoué
en cours de route, sur un haut-fond près
de Hœdic.
La Gloire se remit à flot par ss propres
moyens, avant l'arrivée du Gueydon, ap-
pelé à son secours.
Le cuirassé n'a, paraît-il, pas subi d'ava-
ries.
Paraît-il 1 M. Picard « étudie ».
LIRE EN 2e PAGE
u «fir
La catastrophe de la Calabre
.». * of
Avertissement sans frais
Dans une récente réunion électorale, M.
Adolphe Maujan, sous-secrétaire d'Etat au
ministère de l'intérieur et candidat officiel
au Sénat, a cru devoir s en prendre au Rap-
■per^oi mettro- on «auoe FuN de a-cs adminis-
trateurs.
Le Rappel s'honore de mériter l'antipa-
thie de M. le sous-secrétaire d'Etat à l'inté-
rieur.
Dans son indépendance absolue, et sa
volonté irréductible de servir la cause de
l'action réformatrice et de la probité politi-
que, il est des animosités que le Rappel pré-
fère hautement aux protestations de sym-
pathie qu'on murmure entre deux portes,
ou dans les couloirs de la Chambre, dans
la pensée de le désarmer.
Quant -aux- collaborateurs du Rappel que
M. Maujan a cru devoir mettre en cause,
personne ne s'en étonnera. Car il n'en est
pas un dont M. le député Maujan n'ait été
ou ne soit moralement et pécuniairement
l'obligé : et l'on sait depuis longtemps com-
ment le soiis-secrétaire d'Etat s'acquitte en-
vers ses créanciers.
Bien que les paroles de'M. Maujan ne ti-
rent pas à grande conséquence, nous te-
nons néanmoins à l'avertir que nous ne
sommes pas d'humeur à tolérer de sa part
ces « airs de bravoure' ». qui détonnent avec
l'attitude qu'il sut prendre en diverses cir-
constances assez fâcheuses pour lui.
Jusqu'ici, nous avons témoigné à M. Mau-
jan plus de dédaigneuse pitié que d'hosti-
lité, et nous nous sommes bornés à criti-
quer ses actes politiques et ses manœuvres
de candidature officielle.
Nous l'invitons à ne pas nous obliger à
lui demander des précisions, notamment,
sur l'existence d'un président de Jeunesse
royaliste parmi ses commanditaires politi-
ques ; sur la façon dont il rétira, grâce à la
haute protection d'un juge d'instruction,
certain reçu qui figurait. dans les pièces
comptables de l'honorable M. Lepère, sur
la présence de certains actionnaires fictifs
dans certaine société de notre connaissan-
ce : sur les motifs de son intervention dans
certaine" réduction de passif de société ; sur
son rôle et ses fonctions dans l'affaire du
Canal des Deux-Mers, etc.
En un mot nous invitons M. Mafijan,
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'in-
térieur, et candidat sénatorial officiel. à se
tenir coi, et à ne pas lasser notre patience.
Nous ne tolérerons pas. nous le répétons,
qu'il tape sur une moitié de nos amis.
après avoir « tapé » l'autre moitié.
> ■ — ■
Escamotage parlementaire
Sous ce titre, le Temps s'exprime dans
leMermes suivants :
Il en est des scrutins du Paiais-Boubon com-
me de la muscade sousp^le gobelet de l'escamo-
teur : vous la croyez à droite, vous jureriez
qu'elle est à droite ; le gobelet se soulève et la
muscade se trouve à gauche.
L'autre jour, on votait à la Chambre .sur l'ur-
gence en faveur de la proposition de M. Arge-
liès demandant l'amnistie pour les événements
de Draveil.
Le ministère, conscient de son devoir, se pro-
nonçait contre la proposition de M. Argeliès et
le résultat proclamé fut : pour l'urgence, 234 ;
contre, 269, soit une majorité de 65 voix en fa-
veur de l'ordre contre l'anarchie : mais aussi-
tôt. diverses rectifications furent apportées par
des députés dont le vote avait été dénaturé ;
l'Officiel du 24 décembre publiait les chiffres,
suivants : pour l'urgence 237, contre 245 ; la
majorité fondait considérablement : de 35, elle
passait à 8.
Vous pensez que c'est fini et la chose, en.
effet, serait déjà assez scandaleuse ainsi. Mais
non : les rectifications ont continué ; dans VOf-
ficiel du lendemain on constate que décidément
la majorité n'est plus contre : elle est de 4 voix
pour. La muscade à changé de gobelet. Et ce
n est pas tout encore ; le Journal pfficiel revient
à la charge : on annonce ce matin que la ma-
jorité pour n'est pas de 4 voix, mais de 10. Ain-
si. sur un vole qui est — nous le répétons —
et la majorité que l'on avait d'abord et injus-
tement proclamée s'est finalement trouvée être
une minorité.
Comment une Chambre où de telles mystifi-
cations sont possibles serait-elle prise au sé-
rieux par le pays ? Bien plus, comment se
prendrait-elle au sérieux elle-même ? Pour un cer-
tain nombre, pour un trop grand nombre de dé-
putés, l'acte le plus décisif, le le plus grave de-
voir de leur charge compte fi peu qu'ils s'en
remettent à autrui.du soin de l'accomplir. C'est
un autre qu'eux qui tranche et se prononce,
mène quand les plus grands intérêts du pays
sont en jeu. Les électeurs pensent avoir un re-
présentant au Palais-Bourbon, mais ils se 'trom-
pent. et on les trompe. Ce prétendu représentant,
au moment où sa présence serait le plus indis-
pensable, n'est pas là.
Et l'on assiste à des faits incroyables qui sont
la négation même du régime parlementaire.
Voilà qui est parfait. « En termes excel-
lents ces choses-là sont dites », et nous
voici — une fois n'est pas coutume — en-
ti'èrement d'accord avec le Temps pour dé-
florer un tel état de choses.
Mais la sanction ?
Que pense le Temps d'un gouvernement
qui conserve le pouvoir, bien qu'ayant été
en réalité mis en minorité-par la Chambre ?
Que deviennent les règles parlementai-
res ?
Où sont .les garanties oonstituttonnelles. ?
L'anarchie d'en ,ba,S!Il'sij. e pas Jà con-
séquence de l'anarchie d'en haut ?
That is the question, dirait N» prési.
jleBt du • r—-■
TRIBUNE CORPORATIVE
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DU concis DE FOBDIIOBIAIBES
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- i- -. - Í!I< ,.t
Les républicains qui envisagent avec
sang-froid les événements politiques aux-
quels le pays assiste depuis quelques mois,
ont le devoir de se demander à quelles des-
tinées M. Clemenceau conduit l'œuvre dé-
mocratique entreprise par les ministères
d'action et de défense républicaine, et dont
il a reçu le dépôt.
A l'heure actuelle, c'est non seulement le
prolétariat ouvrier qui en est réduit à dé-
fendre les libertés dont il a si péniblement
fait la conquête, mais c'est encore le prolé-
tariat administratif qui, manquant de con-
fiance dans le pouvoir, éprouve le besoin
de grouper et de concentrer ses forces pour
se défendre contre les abus dont il souffre
et_ les coups qu'il redoute.
Les persécutions, les dénis de justice, 1-s
révocations arbitraires ont provoqué un re-
grettable mouvement de révolte des cons-
ciences.
Et ce n'est pas sans raison que YHuma-
nité peut'dire que « la majorité radicale qui
détient le pouvoir et qui s'est associée a
toutes les mesures de répression prises con-
tre les salariés de l'Etat ferait bien d3
prendre garde ».
- Le spectacle que viennent de donner les
fonctionnaires réunis dimanche en con-
grès, salle de la Prolétarienne, rue Trétai-
gne, est en effet un avertissement que les
républicains vraiment animés de senti-
ments démocratiques ont le devoir de tenir
ypour autre chose qu'une « quantité négli-
geable M.
Ainsi qu'on le verra par les résolutions
adoptées, ce congrès a été unanime à af-
firmer sa volonté très nette de faire res-
pecter'la loi de 1884, dont elle récïame l'ap-
plication, sans aucune restriction, à tou-
tes les catégories des salariés de l'Etat.
C'est le statut des fonctionnaires que pré-
parait le gouvernement, ouvertement battu
en brèche et mis en péril. ,
.b ::.r\'ifi; .:
LES DELEGATIONS
A ce congrès, étaient représentées les or-
ganigafjonR .-uivantes,, ainsi que nou& l'a-
vous déjà dit :
Union fédérative des travailleurs de l'Etat,
Fédération nationale du personnel civil des
établissements de la guerre, Fédération natio-
nale des ouvriers et ouvrières des magasins
administratifs de la guerre. Fédération natio-
nale dès-ouvriers et ouvrières des tabacs, Fédé-
ration des allumettiers Syndicat national des
ouvriers des postes, télégraphes et téléphones,
Syndicat des monnaies et médailles. Syndicat
de la manufacture de porcelaine de Sèvres,
Fédération nationale des syndicats d'institutri-
ces et d'instituteurs, Syndicat national des
sous-agents des postes, télégraphes et télépho-
nes, Union générale des contributions indirec-
tes, Syndicat général des travailleurs munici-
paux, Syndicat national des travailleurs des
chemins de fér, Union syndicale des employés
du gaz, Syndicat des travailleurs du gaz, Fédé-
ration des industries électriques. Syndicat de
l'Assistance publique, Syndicat de la régie des
eaux, Fédération des transports, Association gé-
nérale '--es P. T. T., Syndicat des allumeurs de
gaz, Union syndicale des employés d'octroi, etc.
LA LIBERTE SYNDICALE
Dans la séance du matin, sous ïa prési-
dence de Mme Jacoby, de la Fédération
des tabacs, assistée de MM. Gervaise, de
TUnion des fédérations des travailleurs de
l'Etat ; Poitevin, du Syndicat national des
chemins de fer ; Simonnet, du Syndicat
national des sous-agents des postes, télé-
graphes et téléphones, le congrès a émis le
vœu suivant :
Le Congres,
Considérant que toutes les catégories des
travailleurs cie l'Etat, des départements des
communes et des services publics ont des re-
vendications communes à défendre, notam-
ment la liberté syndicale, qui est la revendi-
cation essentielle de tout travailleur ;"
Que l'Etat patron est soumis envers ses sa-
lariés aux mêmes obligations que les autres
patrons ;
Que nos gouvernants ont émis la prétention
de priver de la liberté syndicale certaines caté-
gories de salariés de l'Etat ;
Que, d'autre part., devant le mouvement de
régression qui se produit dans les milieux par-
lementaires et gouvernementaux, devant les
(mesures de répression qui en sont les consé-
quences, des salariés de l'Etat se voient contes-
ter, avec la liberté d'associations, la liberté
même de penser :
Considérant que, seule, l'union de toutes les
forces du prolétariat administratif est de na-
ture à sauvegarder et à étendre nos libertés
corporatives ;
Que des ententes partielles ont déjà été réa-
lisées ;
Qu'il est nécessaire d'achever l'œuvre d'orga-
nisation commencée en opérant la concentration
complète des forces du prolétariat administra-
tif ;
Déclare que le but de cette entente n'est pas
d'isoler ce dernier des forces ouvrières, mais de
préparer au contraire la fusion dans l'unité ou-
vrière. *
LE DROIT SYNDICAL
Une nouvelle séance eut lieu, dans l'a-
près-midi, sous la présidence de M. Cotte,
de la Fédération syndicale des instituteurs,
assisté de MM. Grangier et Simonnet, du
Syndicat des sous-agents des postes, télé-
graphes-et téléphones ; Mathorel, du Syn-
dicat des manufactures de Sèvres.
L'extension du droit syndical aux fonc-
tionnaires, employés et ouvriers de l'Etat,
fit l'objet d'une chaude et passionnante
discussion. Chacun s'évertua à produire des
arguments en faveur de cette importante
réforme, et l'assemblée vota d'enthousias-
me la motion suivante :
Le Congrès,
Considérant que les salariés de l'Etat ont,
comme tous-les autres salariés, des revendica-
tions à présenter à leur employeur, l'Etat pa-
tron ;
Qu'aucune autre loi. mieux que celle de 1884,
ne permet aux salariés d'imposer le respect de
leur dignité et de revendiquer les améliorations
morales et matérielles auxquelles ils ont droit ;
Qu'il ne saurait admettre la thèse gouverne-
mentale qui dresse une barrière. entre le prolé-
tariat administratif et le salariat" de l'industrie
privée et qui a .la pr*' ofion d'empêcher, par
une interprétation arbri. j.re de la loi de 1884,
Ha âs îoscternaires ;
Déclare revendiquer peur les salaïj
tat le bénéfice intégra] de la loi-de 1884 et re-,
^pousser t £ uj de loi tendait à rçgjréindre
en quoi que ce soit le droit commun ouvrier.
dans ses avantages etJies conséquences •
Donne mandat au comité central aïe prendre
toute mesure propre à assurer aux salariés de
l'Etat l'application de la loi de 1884 et d'orga-
niser une campagne d'agitation pour éclairer
1 opinion publique et obliger les parlementaires
à tenir les engagements formels qu'ils ont pris
aux élections législatives de 1906 en faveur de
l'extension immédiate du droit syndical de tous
les salariés de l'Etat et des services publics.
LA REINTEGRATION DES EMPLOYES
La discussion fui des plus vives au sujet
des fonctionnaires révoqués., Des discours
nombreux furent prononcés à ce sujet, et
le congrès se rallia à l'unanimité au vœu
qui suit :
Le Congrès
Considérant qu'un certain nombre de îono
Uonnaires et salariés de l'Etat, Grangier, Simon-'
met tet trois agents des postes ont été révoqués'
pour avoir signé une lettre ouverte à M. Cle-
menceau, document qui, d'après l'arrêt du con-
seil départemental de la Seine, ne revêt en au-
cun de ses termes ue caractère outrageant ou
injurieux ;
Considérant que l'instituteur Nègre, qui avait
été acquitté par son conseil de discipline, a été
frappé arbitrairement et en violation des garan-
ties que la loi de 1888 accorde aux institu-
teurs ;
Considérant que les camarades Roche, des
travailleurs municipaux, et Nègre. des institu-
teurs, ont été révoqués en qualité de secrétaires
ûe leur organisation poûr un acte collectif de
cette dernière, ce qui constitue une violation du
droit d'association ;
Considérant que le camarade Guerrier, des
sous-agents des douaniers, a été mis en dispo-
nibilité avec d'autres camarades pour avoir as-
sisté à une réunion syndicale ;
Considérant que le gouvernement a réintégré
trois des fonctionnaires révoqués, choisis arbi-
trairement, qu'il refuse de réintégrer les autres,
ce qui constitue un déni de justice' caractérisé ;
Le congrès proteste contre les mesures de
répression prises par le gouvernement contre
les fonctionnaires coupables d'avoir voulu dé-
fendre leurs droits de travailleurs :
Réclame la réintégration de tous les fonction-
naires et salariés frappés pour fait de syndica-
lisme ;
Demande que la réintégration ait Heu par
voie législative et par le vote du projet de loi-
voté par la Chambre et actuellement soumis à
l'examen du Sénat ;
Il ne saurait admettre, en effet que M. Rei-
nach soit réintégré dans son grade, alors qu'il
ne s'agit pour lui que d'une question de glo-
riole et d'amour-propre, et que les petits fonc-
tionnaires restent révoqués alors qu'il ne s'a-
git pour eux que d'une question de dignité et
d une question de. pain ;
Prend l'engagement de poursuivre devant l'o-
pinion publique et devant les pouvoirs publics'
une vive campagne jusqu'à ce que justice soit
eniin rendue aux camarades.
LES INSTITUTEURS
DU MAINE-ET-LOIRE.
Le congrès s'est ensuite occupé du cas
des instituteurs du Maine-et-Loire, frappsÁ
par le gouvernement pour avoir participé
à un congrès mixte d ouvriers et a "institu-
teurs. La motion suivante a été adoptée :
Le Congrès,
'Q:msidémnt que le gouvernement a sommé
le syndicat du ivltiine-et-Lolre de quitter ta i-ioui--,
se du travail d'Angers et de s'abstenir de toute
participation au congrès mixte de délégués ou-
vriers et de délégués u instituteurs "en 'VUc u eiu-
dier l'organisation de l'enseignement adapte aux.
besoins de la classe ouvrière ;
Que le but de ces poursuites est d'empêcher
le rapprochement qui tend à s'opérer entre les
insiHute et la classe ouvrière organisée ;
Proteste contre les poursuites engagées par le
gouvernement contre le syndicat du Maine-et-
Loire ;
Engage oes camarades à persévérer dans l'at-
titude digne qu'ils ont observée jusque ce jour
et à refuser nettement de s'incliner devant l'ar-
bitraire gouvernemental.
LA QUESTION DE LA PROPAGANDE
A son issue, le congrès a invité le comi-
té central à organiser « de fécondes campa-
gnes et de nombreux meetings pour attirer^
l'attention de l'opinion publique sur la réin-
tégration des fonctionnaires révoqués et
l'obtention du droit syndical ».
De nombreux membres d'organisations
non encore adhérentes au Syndicat des sa. (
lariés de l'Etat, avalent été invités à assis-
ter aux travaux du congrès. Ils ont déclaré
qu'ils donnaient, au nom des organisations
qu'ils représentaient, leur adhésion au co-
mité central.
Un de nos confrères a demandé à MM.
Nègre, secrétaire du Syndicat des institu-,
teurs, et Simonnet, des sous-agents des
postes, télégraphes et téléphones, qui, tous
les deux, on le sait, ont été frappés de ré-
vocation, leur impression sur les débats de
l'assemblée. -
— Nous ne pouvons cacher notre satisfaction
sur les résultats obtenus par le congrès et sur
les décisions importantes qui viennent d'être
prises.
Les nombreuses adhésions de nos camarades
des services publics sont significatives. Ils ont
compris le danger qu'ils'couraient, ont redouté
d'être en butte à l'arbitraire gouvernemental ei
ont étroitament lié leurs intérêts aux nôtres.
Cette journée a été une belle manifestation
de solidarité, qui, nous en sommes convaincus,
portera ses fruits, nous conduira vers la réali-
sation prochaine de nos jusîes revendications.
Les résolutions qu'on vient de lire doi-
vent, nous le répétons, faire loBJet dei,
méditations des républicains qui ne se ren-
dent pas encore compte des dangers que
fait courir à la République la politique du
coup de barre à droite de M. Clemenceau.
qp -
LA JOURNÉE POLITIQUE
En Mauritanie
Contrairement aux nouvelles apportées
samedi à Bordeaux par le courrier Magel-
lan relativement à la situation du colonel
Gouraud en Mauritanie, et tCIL:>_,uites,
par plusieurs journaux, un télégramme du
gouverneur général de" l'Afrique occiden-
tale vient d'informer le ministre des colo-
nies que le colonel Gouraud a télégraphié:
d'Aïn-Kadra, à la date du 12 décembre que
la colonne était arrivée sans accident et
•sans malades et qu'il commençait la tra-
versée du Rhat
Il devait l'effectuer en vingt-quatre heu-
res pour arriver le, 13, vers une heure, à
Talaiza.
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