Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 décembre 1908 26 décembre 1908
Description : 1908/12/26 (N14169). 1908/12/26 (N14169).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7571055t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
541 14169,- 5 Nivôse An 117J
CINQ CJENTIMES LE BÏUMJËIl»
f -
Samedi 86 Décembre 1908. - tt* 14169
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TRIBUNE LIBRE -
J-, , , > ■>♦»> *
-
Désarroi
.u-
Le scrutin sur l'urgence
de la proposition d'amnistie
défendue avec une saisissan-
te clarté par notre ami Da-
limier, nous a montré un
nombre important de radi-
galm se détachant soudain de la majo-
rité ministérielle.
Le fait est significatif ; il apparaît
gomme une conséquence évidente des
élections récentes de la Saône-et-Loire
et de l'Avevron. Ces élections ont dé-
montré, aux regards de l'optimisme le
plus intrépide, la gravité d'une situa-
tion dont, ici même, nous avons, jour
nprès jour, montré l'origine, dénoncé
tes effets funestes.
Souvent, alors que nous exprimions
tjos appréhensions à certains amis inti-
cnes du gouvernement, « Vous ne nous
comprenez pas », nous répondait-on.
Qu'objecter à cela ? Il est dans la loi
tu génie d'être méconnu par les âmes
médiocres- Point de triomphateur qui
n'ait, à la suite de son char, quelques
joueurs de flûte à l'aigre et discordante
iiusique.
Pourtant, le fait est là. Il serait dif-
ficile de nous en attribuer la responsa-
bilité. Mais un malaise grandissant en-
vahit le monde politique. Des symptô-
mes de désagrégation s'accusent dans
les esprits, dans les partis. Et voici
qu'une peur naissante vient embrumer
lIes âmes que la protection gouverne-
mentale avait préservées jusqu'à ce jour
je ces oénibles émotions. Le Bloc une
fois dissous par le départ des sodalis-
tes, le parti radical demeure hésitant,
tâtonnant entre des tendances contrai-
res. D'où vient ce menaçant désarroi ?
M. Clemenceau a pris le pouvoir
..i'accalmie, succédant à une période
périlleuse et troublée. Il y apportait,
avec une certaine fougue (d'idéalisme
libertaire, une expérience nrofonde de
la vie parlementaire, en même temps
qu'une lucidité d'esprit que ni l'âge ni
d'injustes épreuves n'avaient eu le
pouvoir d'altérer.
Encore tout palpitant de- la bataille
livrée, le parti républicain, vainqueur
mais un peu las de sa victoire, atten-
dait du chef qu'il s'était donné l'impul-
sion originale et féconde qui, justifiant
le succès présent, assurerait les succès
futurs.
Hardiment, M. Clemenceau nous tra-
ça dès l'abord un programme d'action
séduisant et magnifique. Nous applau-
dîmes,pleins de confiance. D'autre part,
l'âpreté de la lutte, en obligeant le
gouvernement et les partis à tendre jus-
qu'à l'excès les ressorts de leurs éner-
gies, avait incontestablement jeté dans
les esprits, dans la vie politique, un
certain trouble où s'étaient obnubilés,
parfois, des principes de discipline né-
-,-- n; frmA* 1
cessaires, sur quui se «mue i uiuic
légal. Il fallait, après le tumulte de la
bataille, remettre toutes choses en pla-
ce. M. Clemenceau en annonça le des-
sein. Nous applaudîmes encore. Et l'on
pensa se mettre à l'œuvre.
L'œuvre, quelle est-elle ?
Du grand programme réformiste,
au'est-ce donc qu'on a réalisé ?
A nous, démocrates sociaux, qu'a-
- t-on - donné ? -
Je ne méconnais pas la valeur, sur-
tout doctrinale, du rachat de l'Ouest et
de l'impôt sur le revenu. Mais, à toute
la misère sociale, à l'angoisse de vivre,
'dont les lamentations Continues han-
tent nos oreilles, de telles réformes ap-
portent une maigre consolation.
Ce qui fait la force de la République,
£ 'est ce peuple d'humbles et de souf-
frants qui ont mis en elle leur espéran-
ce ; ce qui fait sa vitalité, ce sont ces
masses ouvrières et administratives,
iravailleurs de la ville et des champs,
artisans, petits fonctionnaires, institu-
as qui vivent sans fracas, loin de la
place publique, ou qui n'y descendent
--- -. 1" 4 /MIÏIO An vi Aviî 1 HTI inlûWArtA
':lue ltb JUUli:) uu pcill. mu iiii "iiuiug o
tes uns et les autres, ou qu'on dresse le
bilan et de ce qu'on a fait pour eux,
aiais aussi celui de ce que l'on a fait
Tontre eux !
Oui, pour ceux-là, au crédit, rien ;
îu débit, quelque chose : je ne sais
quelles naroles de hautain mépris et,
chose plus grave, d'implacables sévé-
rités. De leurs revendications un peu
confuses, on n'a retenu que ce qu'elles
comportaient de tumulte et d'agitation,
et l'on a durement frappé.
Par un revirement que - je veux croire
inespéré, on s'est alors aperçu que les
ennemis de la veille s'amollissaient sou-
dain, au spectacle de ces répressions-
Comment décourager des concours bé-
névoles qui venaient laider le gouverne-
ment dans une tâche ingrate et diffici-
le ? Comment ne point céder quelque
chose à des amis nouveaux venant col-
laborer à une œuvre de stabilité socia-
le dont ils n'auront ni le profit ni la
gloire ? Pourquoi contrister des bonnes
volontés précieuses, en s'obstinant à
réaliser un programme aux allures in-
quiétantes et subversives ? Différons,
différons, l'heure n'est pas venue de
faire à la démocratie des présents
qu'elle gaspillerait. À chaque jour suf-
fit sa peine. Serrer la vis, c'est assez
pour aujourd'hui.
Sans doute, les radicaux froncèrent
un peu le sourcil, se demandant avec
quelque anxiété si c'était uniquement
pour cette besogne que le suffrage uni-
versel les avait envoyés au Parlement.
Mais nous savons avec quel art on a
paralysé leurs révoltes, engourdi leurs
initiatives, éteint leurs protestations ;
dans quel réseau (J'intrigues, de petites
tracasseries électorales, de complaisan-
ces utiles, l'on a garroté leur libre ar-
bitre. L'épouvantail collectiviste, dres-
sé adroitement dans chaque circons-
cription, au carrefour de chaque villa-
ge, a, par la force des choses, étendu
son ombre horrifique sur leurs âmes
d'abord incrédules. Ils se prirent fina-
lement à cette tactique de conservation
sociale, dont la société, que rien ne
menaçait, se serait fort bien passée,
mais dont il - leur parut que dépendit
leur propre sécurité. L'apoui gouverne-
mental leur devint donc d'autant plus
indispensable, qu'ils n'avaient pluo
pour eux, selon le mot de M. Clemen-
ceau, la « force de l'Idée ». Ils ne son-
gèrent pas qu'en rompant nettement
toute collaboration parlementaire avec
les socialistes, ils enlevaient au parle-
mentarisme lui-même des défenseurs
qu'on vit, aux moments difficiles, si ef-
ficacement énergiques.
On a, dira-t-on, compensé la perte
d'un côté par les gains que l'on a faits
de l'autre. Si tel n'a pas été le plan, ce
fut du moins l'effet. Tandis que des
vieilles troupes aguerries sortaient par
la porte de gauche, les anciens occu-
pants, naguère délogés, rentraient, ban-
nière à peine ployée, par la porte de
droite. Et l'on voit M. Ribot, infatiga-
ble adversaire de Gambetta, de Ferry,
de Waldeck-Rousseau et de Combes,
sonner le ralliement, les jours de ba-
taille, autour du ministère, et couvrir
de sa belle autorité le gouvernement en
détresse de M. Clemenceau.
Les collaborateurs du président du
conseil voient le péril ; la réaction ré-
confortée en face. des républicains las,
diminués, humiliés quelquefois par qui
semblait devoir, au contraire, devenir
le héraut de ce qu'il y avait d'humain
dans leur doctrine, de noble dans leur
idéal.
Leur silence, sujet de raillerie, ne fut
sans doute que stupeur. Il est des deuils
qu'on n'a pas envie d'épancher en longs
discours. De J'amour ou ae ia naine,
mais de la passion ardente, joyeuse de
vitalité, voilà ce qu'ils attendirent d'un
homme où vivait le meilleur d'eux-
mêmes.
Et c'est d'eux-mêmes qu'ils se sont
mis à douter, sciemment ou non, quand
ils ont vu tout cet idéal joyeusement,
allègrement salué, se galvauder lamen-
tablement en répression policière, et en
i inféconde ironie.
T. STEEG,
Député de Paril.
LA POLITIQUE
COUP D'OUBLE
Les deux scrutins de la
Chambre émis dans la séance
de mardi correspondent aux
résultats des élections de di-
manche.
Ils marquent la défiance
croissante qu'inspire à l'opinion politi-
que et parlementaire le cabinet Clemen-
ceau.
Dimanche, les électeurs ont signifié
leur répulsion à l'égard d'une politique
d'incohérence et d'à..ccups ; ils ont mon-
tré le cas qu'ils faisaient de l'investi-
ture préfectorale et des préférences offi-
cielles.
Mardi, les députés, visiblement im-
pressionnés par les manifestations signi-
ficatives du pays, ont fait un faible
crédit au cabinet.
Dans la question du Maroc, M. Pi-
chon, l'ami d'Abd el Aziz, l'endosseur
responsable de la politique de Rabat el
a
tout juste obtenu trois douzaines de
voix de majorité en faveur de son atti-
tude indécise, imprécise et constamment
surprise par tes événements
Paiis la auestio& de, râppsjtie con-
cernant lés affaires de Draveil, le cabi-
net a éprouvé la répugnance de la Cham-
bre à suivre son administration de ré-
pression brutale à l'égard de la classe
ouvrière.
Les députés radicaux ont suivd, la
mort dans l'âme, le président du con-
seiL Rompant avec une tradition cons-
tante de bienveillance démocratique, ils
ont refusé l'amnistie à des malheureux
égarés qui pouvaient escompter une plus
grande indulgence de la part des meil-
leurs des républocains.
Tandis que M. Clemenceau exigeait
de sa majorité, aussi diminuée que sou-
mise, une abdication de sa constante po-
litique d'indulgence à l'égard des hum-
bles— même égarés — ses propres mi-
nistres se tenaient prudemment à l'é-
cart des scrutins.
Tandis que le chef envoyait à la four-
naise les bataillons les plus compacts
du radicalisme, il tenait à l'écart du
combat les députés-ministres.
Leur nom n'a pas figuré dans le scru-
tin hostile à la démocratie,
Et c'est là une sévère et singulière
leçon infligée à la majorité.
Alors que le président du conseil ex-
pose, dans leurs circonscriptions, les
plus fidèles députés de la majorité aux
rancunes des éléments populaires de
leur corps électoral, il met à l'abri de
ces pires aventures ses propres minis-
tres et ses secrétaires d'Etat.
Suprême avertissement donné à nos
amis radicaux, qui paient chaque jour
à leurs dépens les frais des fantaisies et
des fautes ministérielles !
Qu'ils y prennent bien garde. On
compromet à la fois leur prestige et leur
popularité. On les use dans un jeu dan-
gereux et perfide.
Demain, on les abandonnera 7 Le flé-
chissement de la politique du cabinet est
patent. Le ballon, qui planait si fière-
ment, se dégonfle.
Pendant ce t-emps-là, M. le président
du conseil alterne, avec son aisance cou-
tumière, l'allure hautaine, le verbe im-
pertinent et la souplesse d'attitude vis-
à-vis de scrutins d'aumône.
Il ramasse quand même et survit. De-
main, il abandonnera là sa majorité
vaincue ef-abattue par tria • vote antidé-
mocratique, tandis qu'une dernière ca-
briole a gauche sauvera son prestige de
clow virtuose.
Et ce sera la fin que nous avons pré-
dite.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil à 7 11, 55 ; coucher, à
4 h. 6.
— Matinées. — Dans tous les théâtres,
sauf il. rOpéra.
!— Courses à Vincennes (trot).
AUTREFOIS
Rappel du 26 décembre 1872. — La sainte
Vierge s'est, quatorze jours de suite, mon-
trée pendant la messe à la femme d'un em-
ployé de l'hospice de Berck-sur-Mcr ; le
quinzième jour, celte dame était entourée
d'une centaine d'habitants qui, eux aussi,
voulaient voir la Vierge. Cette troupe s'est
rendue à la chapelle. A un moment donné
la femme de l'employé a crié: « la voilà ! »
Tout le monde a regardé du côté indiqué ;
personne n'a rien vu. Chacun s'en est re-
tourné déçu.
L'ex-Père Hyacinlie (M. Loyson) songe à
établir à Genève, une chapelle néo-catholi-
que.
L'ancienne maison de Mme de Pontalba,
place V endôme,devenue t'hôtel de l'élatma..
jor de la darde nationale, puis l'hôtel provi-
soire de la Légion d'honneur, va être mise
en vente.
L'Odéon donnera dans les premiers jours
de janvier, un drame antique de M. Le-
conte de Lisle, intitulé : les Erinnys.
L'Opéra va jouer un opéra de M. E. Diaz :
la Coupe du roi de Thulé.
Flirt
Une jolie femme, fort spirituelle., po-
sait cette question à un de ses « flirts » :
— Quelle différence y a-t-il entre moi
et une pendule ?
— Madame, répondit-il, la pendule
rappelle les heures, et vous les faites
oublier.
La Mode
La vogue des gilets « Tattersal » et la
coutume des moustaches rasées appa-
rentent étroitement nos élégants à leurs
propres palefreniers. Dernièrement, le
comte de C., conduisant lui-même son
tonneau, arrive au Pavillon de Madrid
et hèle le chasseur. « Holà ! Chas-
s,eur ! — « Qu'est-ce que tu veux, ripos-
te l'homme galonné,. fait chaud.
mon vieux ».
« Wisku and Soda », répond notre
mondain. Dix minutes après, arriva la
mixture préparée avec un soin (particu-
lier. « En voilà pour tes six ronds »,
conclut, sympathique, le chasseur. Le
comte de C. a pavé, en souriant, la
consommation cataloguée trois francs,
estimant que toute méprise comporte sa
philosophie et son profit.
Normand et Marseillais.
- Que vendez-voué donc 'dans votre
boutique. I. demandait Jt un.changeur
marseillais un Normand récemment ar-
rivé à Marseille.
— Je vends des têtes dâne, mon bra-
ve homme, répondit le marchand d'or.
- Ma fine, vous en faites un bien
grand commerce, puisqu'il n'en reste
plus qu'une dans votre boutique.
—————————— $ ——————————
CONTRE LARÉPUBLIQUE
Depuis que le caprice de M. Clemenceau
s'est plu à décréter que nous « n'avions
plus d'ennemis à droite n, la réaction clé-
ricale et nationaliste redouble d'audace et
de violence.
Grâce à l'aveuglement ou à la complicité
du gouvernement, l'offensive réactionnaire
est générale, et la rue est livrée aux pires
manifestations, comme aux plus tristes
jours du ministère Dupuy.
Le président de la République, lui-même,
n'est pas épargné, et tandis que M. le pré-
sident du conseil flirte avec ces messieurs
de la droite, il découvre le chef de l'Etat,
offert comme une cible aux coups de la
réaction.
Un tel scandale ne saurait être toléré.
Tous les républicains connaissent, et ho-
rrch ent le long passé de dévouement et Ge
probité du président Fallières, et nul ne
saurait oublier les services éminents (pie
ce bon citoyen n'a cessé de rerftirc à la
République et à la France.
Les attaques dirigées contre le prés'dent
de la République visent non seulement -l'an-
cien président de la Haute Cour — cui eut
à juger et à disperser la faction nationa-
liste — mais la République elle-même.
Il a fallu toute l'incohérence du gouver-
nement de M. Clemenceau, et l'abandon de
toute politique d'action républicaine, pour
rendre courage à la réaction cléricale écra-
sée en 1906.
A la désagrégation du Bloc de gauche, a
correspondu nécessairement une recrudes-
cence des haines de droite. - --
Ce n'est pas seulement la majorité répu-
blicaine qui est disloquée, le parti radical
menacé, c'est la République elle-même
qui est. fiévreusement attaquée dans la per-
sonne du chef de l'Etat.
C'en est trop.
Et, puisque le gouvernement ne connaît
pas son devoir ou ne veut pas l'accomplir,
les républicains — sans distinctions le
groupes et de nuances — sauront faire le
le\1!'oomme à Longcliamp !
——————————— 4> -——————————.
CAUSE PERDUE _:,
Conune toutes les mauvaises causes, le
cas de M. Maujan a nécessité l'intervention
d'éminents avocats.
La Liberté, le Temps, les Débats se pré-
sentent à la barre et font aussaut d'éloquen-
ce. Mais tout le talent qu'ils déploient ne
parviendra pas à empêcher l'opinion publi-
que d'entendre les roulements du petit « ta-
pin » du Rappel.
Les chers confreres s'égosillent en pure
perte !
La Liberté, nous devons en convenir, ne
dissimule pas que le sous-secrétaire d'Etat
au ministère de l'intérieur s'est mis dans
une situation fâcheuse.
- - - -..
Aussi, plutôt que de s embarrasser de 1 in-
fortuné M. Maujan, elle préfère recourir à
une bonne grosse diversion utile.
Tout çà, ne cherchez pas davantage : c'est
la faute, non plus à Voltaire, mais au
« combisme ».
Et voilà ! C'est simple. C'est même un peu
trop simple, et l'ancienne n'a qu'un tort,
c'est d'avoir été psalmodiée par tous les
grands prêtres de la réaction.
Le Temps, lui, plaide avec une lourde
conviction, écrasante. pour son client.
Jamais pavé de l'ours ne fut manié avec
plus de solennité.
11 importe au bon fonctionnement du ré-
gime parlementaire, paraît-il, qu'un mem-
bre du gouvernement enrubanne tous ses
électeurs, et fasse intervenir en sa faveur
— aux salles de scrutin — tous les fonction-
naires de tous ordres dépendant des treize
ministères sans compter la préfecture et les
mairies !
Il faut, en vérité, se piquer de libéralisme,
et se croire le grand organe des libéraux
pour avoir une conception aussi heureuse
— et aussi originale — de la liberté.
Quant aux Débats, les déboires de leur
Mau'jan les fait se départir de leur ton cou-
tumier d'aimable courtoisie. A défaut d'ar-
guments, ils tentent d'avoir recours à quel-
ques impertinences et ils se compromettent
jusqu'à employer les locutions habituelles
de M Clemenceau.
Notre intervention n'a pour objet, paralt-
il, que de reconquérir pour notre « clan »,
le m monopole des fructueuses prébendes. »
Pauvres Débats ! 11 leur sied en vérilé de
parler de corde dans la maison d'un pendu
et. de « fructueuses prébendes » dans le
journal de M. Aynard.
Le « clan des fructueuses prébendes »
amis radicaux, c'est nous tous qui menons
le bon combat désintéressé pour la probité
politique,
Et les ascètes c'est le vice-roi d'Algérie et
tous ces messieurs de l'.Ouenza !
Proposition flatteuse
Depuis que le cynocéphale Castro est
resté en gage dans un bocal d'esprit de vin
d'une clinique allemande, les Vénézuéliens
sont cruellement perplexes.
Le général Gomez, qui vient d arrêter ae
ses « propres » mains ses adversaires po-
litiques, leur apparaît, certes, comme un
grand homme ; mais on affirme que nul
homme ne leur paraît plus grand, plus hé-
roïque, -plus « surhomme » que le « premier
des flics » de France, (ainsi que s'est p'u
fi. dp surnommer lui-même M. le président
du conseil).
Il paraît qu'un vaste petitionnement s'or-
ganise, à Caracas, pour offrir la prési-
dence de la République (du Venezuela) à M.
Clemenceau. - -
La proposition est flattejj^ } lieRt un bel
avancement 1 '--. - - h. - --
AU PARLEMENT -
-————— —————'
LA SEPARATION DES CHAMBRES
I
La session parlementaire est close après le vote du Budget.
On se met d'accord sur la réglementation de l'absinthe.
Les Chambres se sont séparées hier
après-midi. Elles s'étaient renvoyées encore
mutuellement le budget avant d'arriver à
se mettre d'accord sur la réglementation de
l'absinthe, seul point qui les divisât encore.
AU LUXEMBOURG
Au Sénat, M. Antoinin Dubost préside.
On adopte le projet sur les épizooties.
Il discute ensuite le budget.
Un débat s'engage sur l'article 17 de la
loi de finances relatif a la taxe sur l'absin-
the. Cet article a été rétabli par la Cham-
bre. MM. de Lamarzelle et Peytral en de-
mandent la disjonction. Malgré M. Cail-
laux, la disjonction est prononcée par 159
voix contre 104.
Sur les autres articles ou chapitres, les
propositions de la Chambre sont ratifiées.
Avant de lever sa séance, le Sénat vote un
crédit* supplémentaire de 600,000 francs
pour secours, chômages et calamités agri-
coles. M. Poincaré explique que les secours
seront distribués par une commission, ce
qui donne satisfaction à M. Delahaye qui se
refusait à voter des « secours électoraux ».
Le Sénat rentre en séance à cinq heures
et demie, sous la présidence de M. Antonin
Dubost.
M. CaiJlaux. ministre des finances, dé-
pose le budget renvoyé par la Chambre.
M. Poincaré, rapporteur général, lit im-
médiatement son rapport au nom de la
commision des finances qui s'était réunie
avant la séance pour délibérer.
M. Poincaré énumère dans son rapport
toutes les améliorations que le Sénat a pu
obtenir par son examen attentif dans le
budget de 1909-
- Il dit que la commission accepte ixur
l'article 17 sur les absinthes le texte pro-
posé par la Chambre.
Il conclut en exprimant l'espoir que dans
Favenir le Sénat soit mis à même d'étu-
dier plus longuement et d'une façon encore
plus approfondie la loi financière. « Il y va,
dit-il, non seulement de l'honneur du Sé-
nat républicain, mais encore de l'avenir de
la démocratië. » (Vifs applaudissements.)
La discussion générale est ordonnée.
M. de Lamarzelle maintient que la ques-
tion est grave et mérite l'examen de la
grande commission que le Sénat a nommée
pour tout ce qui touche à la vente de l'ab!'
simthe. 11 persiste à demander le rejet de
l'article 17. 1
M. Caillaux a la parole. --
Le ministre insiste pour que le Sénat ra-
tifie le vote émis par la Chambre pour l'ar-
ticlè 17. 4
M. Peytral espère que la grande commis-
sion sénatoriale sur la fabrication et la ven- (
te de l'absinthe hâtera ses travaux.
Le président met aux voix l'article 17.1
voté par la Chambre des députés. Il est
adopté à main levée. <
L'ensemble du budget est adopté à l'una-
nimité de 253 votants.
M. Briand lit le décret de clôture de la1
session.
AU PALAIS-BOURBON
M. Brisson préside. t
Après avoir adopté le crédit supplémen-
taire de 600,000 francs pour secours, étant
entendu que la distribution aura lieu d'ici
au 31 décembre, la Chambre revient au
budget -' ,
M. Doumer, rapporteur général, explique
que le Sénat s'est rallié à toutes les déci-
sions de la Chambre, sauf en ce qui con-
cerne la surtaxe sur les absinthes. Sur ce
point, la commission propose à la Cham-
bre une transaction qu'elle pense devoir
être ratifiée par le Sénat. Cette transaction
consisterait à fixer au 1" juillet 1909 le
point de départ de la loi, précédemment
fixé au 31 janvier, et à permettre^mais seu-
lement pour l'exportation, la détention;
d'absinthes d'un degré alcoolique inférieur.
à 65 degrés. f
M. Georges Berry répond que cette me-
sure favoriserait les grands fabricants atf
détriment des petits fabricants de Paris et
d'ailleurs, sans aucun profit pour l'hygiène
publique. Il demande que la Chambre se
rallie à la décision, beaucoup plus sage et
plus juste du Sénat, et prononce la disjonc-
tion de cet article.
A main levée, la disjonction est repous-1
sée, et le texte de la commission adopté.
Le budget ainsi modifié est adopté par
450 voix contre 49 et la Chambre s'ajourne
à six heures.
A six heures dix, le décret de clôture est
lu par M. Clemenceau, président du conseil.
Les désordres Un Quartier Latin
♦
Le quartier Latin est en pleine révolte. — De graves bagarre*
se sont produites. — La cavalerie a chargé. — Les étu-
diants ont manifesté devant le Sénat.
L'Association corporative des étudiants
en médecine avait organisé, à l'hôtel des
Sociétés .savantes, un meeting auquel assis-
taient des. médecins praticiens, desi inter-
nes, des étudiants.
Le bureau était ainsi constitué : prési-
dent, le docteur Caussade, médecin de l'hô-
pital Tenon ; assesseurs, les docteurs, Le-
redde, Tilloy et Griffon ; secrétaire, le doc-
teur Laiontaine.
Les divers orateurs, MM. Caussade, Le-
redde Noir, MeslieI". député ; Mouchotte,
Griffon, Tillov et Lévy-Bram ont prononcé
de violents réquisitoires contre le docteur
Boudhard,:contre M. Bayet,directeur de l'en-
seignement supérieur, qui sont considérés
comme seuls responsables des incidents
qui viennent de se produire, et contre le
doyen de la Faculté, M. Landouzy ; ils ont
protes.. en termes véhéments contre l'éta-
blissement du concours d'admissibilité à
l'agrégation et contre l'entrée de la police
dans l'Eoole de médecine ; ils ont engagé
tous les étudiants à faire grève, à déserter
les cours jusqu'à ce que complète satisfac-
tion soit accordée. Enfin, ils se sont indi-
gnés « contre les insinuations venues de
certains milieux officiels qui voudraient
faire croire que l'agitation actueuement
existante a été dirigée par l'Action libérale
ou le parti royaliste. » -
Finalement, l'assemblée a voté à 1 unani-
mité l'ordre du jour suivant :
Les médecins et étudiants, réunis sur l'invi-
tation de l'Association oorporative, protestent
avec énergie contre l'intrusion de la police a
l'intérieur de l'Ecole de médecine.
Ils se déclarent résolus à poursuivre t'agita-
tion tant qu'ils n'auront pas obtenu des pou-
voirs publics l'assurance absolue que les tradi-
tions républicaines seront (respeCtees c'esl:à.
dire que, la Faculté sera la maison des méde-
cins. zone neutre où la police n'aura pas le
droit de pénétrer.
Ils envoient à leurs camarades blessés dans
la journée du 21 décembre l'expression de leur
vive sympathie.
Et ils rappellent que l'agitation actuelle n'a
d'autre mobile au un mobile purement scienti-
liciue, en dehors de toute tendance politique et
que c'est le dernier moyen qu'i.1 leur reste et
qu'ils peuvent mettre en œuvre pour éveiller
l'opinion et se faire entendre des pouvoirs pu-
blics qui, n'entendant pas les avis des savants
tels que le docteur Roux ou du corps médical,
ont modifié les conditions du concours.
L'ARRIVEE DES CANDIDATS
Il faisait à peine jour, hier matin, lors-
aue les manifestations ont repris au Quar-
tier Latin Elles ont revêtu, comme on va
le voir un caractère d'une réelle gravité.
Des mesures d'ordre très importantes
avaient été prises dès six heures du matin
et des barrages avaient été établis. Les étu-
---- ---.1. - -. _A"
diants étaient à ce momem p«u «ummçuA,
mais leur nombre s'augmenta bientôt et ne
fit que grossir. -
A sept heures et demie, les candidats ar-
rivent En vertu des instructions données,
ils ne franchissent les barrages que sur
présentation de leur carte et de leur lettre
dé convocation.
Ils pénètrent dans la salle des Pàs-Per.
dus, où le rendez-vous a été fixé.
M, Bouchardl président d» Juryt Sriive
en auto-taxi et se rend immédiatement à là
bibliothèque, où doivent avoir lieu les
épreuves écrites de l'examen. M y est bien-
tôt rejoint par les autres membres du
jury dont nous avons donné les noms il y
a quelques jours.
Les candidats arrivent par groupes, a
partir"de sept heures et quart ; seuls, ils
sont admis à franchir les cordons de police.
Les autres étudiants, ,peu nombreux en rai-
son de l'heure matinale doivent rester bou;..
levard Saint-Germain ou rue Hautefeuille.
A huit heures moins un quart, les portes
de la Faculté sont fermées. Les candidats
en retard — s'il y en a — ne pourront plus
rentrer.
PREMIERES MANIFESTATIONS
En moins d'un quart d'heure, les étu-
diants se sont trouvés 250 ; ils se sont mas-
sés derrière le barrage au coin de la rue
Dupuytren, à côté de la librairie Maloine.
Cette maison ayant ouvert ses portes. —
elle en a plusieurs, une dans l'angle et deux
sur la rue de l'Ecole-de-Médecine, — les
manifestants y sont entrés. Pénétrant par
la porte d'angle c'est-à-dire en dehors du
barrage, ils pouvaient sortir par une des
deux autres portes, c'est-à-dire en dedane
du barrage.
M. Noriot fit aussitôt avancer ses agents
jusqu'à la rue Antoine-Dubois, de cette fa-
çon. la librairie était en dehors du cordon
de police.
Les étudiants conspuèrent le commissai-
re divisionnaire et se rendirent sur le bou-
levard Saint-Germain, sous les fenêtres de
là bibliothèque où avait lisu le concours. Ils
poussèrent les cris si souvent répétés de-
puis quatre jour*?; puis ils s'en allèrent vers
le quartier, du côté de la Faculté des scien-
ces et de la Faculté de droit.
VIOLENTES BOUSCULADES
A onze heures et quart, les manifestants
sont bien un millier ; à eux, se sont joints
des individus venus on ne sait d'où, et qui
ne sont certainement pas des étudiants.
Soudain, un signal est donné, et pour for-
cer le barrage d'agents, ceux qui sont en.
avant se précipitent, à côté de la porte du
numéro 25 de la rue de 1 Ecole-de-M'èdeci»
ne, et tentent une formidable poussée. -..
Les agents de la réserve et les garoew
arrivent à la rescousse.
Une violente bagarre se produit. L'agent
35 de la 2e réserve est renversé et blessé :
plusieurs de ses camarades reçoivent des
coups de poing, des coups de pied, des coupe
de canne.*
Enfin, le terrain est déblayé ; les mani-
festants sont repoussés jusque sur le ebQ.u--
levard Saint-Germain.
M. Thierry, of ficieer de paix, à plusieurs)
jeunes gens qui l'apostrophent grossière-
ment, le traitent d' « assassin » et lui di-,
sent : « Vous voulez du sang, vous en au-
rez îi, demande :
— Non, nous ne voulons pas de sang, am
contraire ; mais, vous, que réclamez-vous
r.- Nous voulons qu'on nous laisse ren.¡
trer dans la Facilité qui est notre propriété
crient les yn&> -- ,-
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Samedi 86 Décembre 1908. - tt* 14169
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TRIBUNE LIBRE -
J-, , , > ■>♦»> *
-
Désarroi
.u-
Le scrutin sur l'urgence
de la proposition d'amnistie
défendue avec une saisissan-
te clarté par notre ami Da-
limier, nous a montré un
nombre important de radi-
galm se détachant soudain de la majo-
rité ministérielle.
Le fait est significatif ; il apparaît
gomme une conséquence évidente des
élections récentes de la Saône-et-Loire
et de l'Avevron. Ces élections ont dé-
montré, aux regards de l'optimisme le
plus intrépide, la gravité d'une situa-
tion dont, ici même, nous avons, jour
nprès jour, montré l'origine, dénoncé
tes effets funestes.
Souvent, alors que nous exprimions
tjos appréhensions à certains amis inti-
cnes du gouvernement, « Vous ne nous
comprenez pas », nous répondait-on.
Qu'objecter à cela ? Il est dans la loi
tu génie d'être méconnu par les âmes
médiocres- Point de triomphateur qui
n'ait, à la suite de son char, quelques
joueurs de flûte à l'aigre et discordante
iiusique.
Pourtant, le fait est là. Il serait dif-
ficile de nous en attribuer la responsa-
bilité. Mais un malaise grandissant en-
vahit le monde politique. Des symptô-
mes de désagrégation s'accusent dans
les esprits, dans les partis. Et voici
qu'une peur naissante vient embrumer
lIes âmes que la protection gouverne-
mentale avait préservées jusqu'à ce jour
je ces oénibles émotions. Le Bloc une
fois dissous par le départ des sodalis-
tes, le parti radical demeure hésitant,
tâtonnant entre des tendances contrai-
res. D'où vient ce menaçant désarroi ?
M. Clemenceau a pris le pouvoir
..i'accalmie, succédant à une période
périlleuse et troublée. Il y apportait,
avec une certaine fougue (d'idéalisme
libertaire, une expérience nrofonde de
la vie parlementaire, en même temps
qu'une lucidité d'esprit que ni l'âge ni
d'injustes épreuves n'avaient eu le
pouvoir d'altérer.
Encore tout palpitant de- la bataille
livrée, le parti républicain, vainqueur
mais un peu las de sa victoire, atten-
dait du chef qu'il s'était donné l'impul-
sion originale et féconde qui, justifiant
le succès présent, assurerait les succès
futurs.
Hardiment, M. Clemenceau nous tra-
ça dès l'abord un programme d'action
séduisant et magnifique. Nous applau-
dîmes,pleins de confiance. D'autre part,
l'âpreté de la lutte, en obligeant le
gouvernement et les partis à tendre jus-
qu'à l'excès les ressorts de leurs éner-
gies, avait incontestablement jeté dans
les esprits, dans la vie politique, un
certain trouble où s'étaient obnubilés,
parfois, des principes de discipline né-
-,-- n; frmA* 1
cessaires, sur quui se «mue i uiuic
légal. Il fallait, après le tumulte de la
bataille, remettre toutes choses en pla-
ce. M. Clemenceau en annonça le des-
sein. Nous applaudîmes encore. Et l'on
pensa se mettre à l'œuvre.
L'œuvre, quelle est-elle ?
Du grand programme réformiste,
au'est-ce donc qu'on a réalisé ?
A nous, démocrates sociaux, qu'a-
- t-on - donné ? -
Je ne méconnais pas la valeur, sur-
tout doctrinale, du rachat de l'Ouest et
de l'impôt sur le revenu. Mais, à toute
la misère sociale, à l'angoisse de vivre,
'dont les lamentations Continues han-
tent nos oreilles, de telles réformes ap-
portent une maigre consolation.
Ce qui fait la force de la République,
£ 'est ce peuple d'humbles et de souf-
frants qui ont mis en elle leur espéran-
ce ; ce qui fait sa vitalité, ce sont ces
masses ouvrières et administratives,
iravailleurs de la ville et des champs,
artisans, petits fonctionnaires, institu-
as qui vivent sans fracas, loin de la
place publique, ou qui n'y descendent
--- -. 1" 4 /MIÏIO An vi Aviî 1 HTI inlûWArtA
':lue ltb JUUli:) uu pcill. mu iiii "iiuiug o
tes uns et les autres, ou qu'on dresse le
bilan et de ce qu'on a fait pour eux,
aiais aussi celui de ce que l'on a fait
Tontre eux !
Oui, pour ceux-là, au crédit, rien ;
îu débit, quelque chose : je ne sais
quelles naroles de hautain mépris et,
chose plus grave, d'implacables sévé-
rités. De leurs revendications un peu
confuses, on n'a retenu que ce qu'elles
comportaient de tumulte et d'agitation,
et l'on a durement frappé.
Par un revirement que - je veux croire
inespéré, on s'est alors aperçu que les
ennemis de la veille s'amollissaient sou-
dain, au spectacle de ces répressions-
Comment décourager des concours bé-
névoles qui venaient laider le gouverne-
ment dans une tâche ingrate et diffici-
le ? Comment ne point céder quelque
chose à des amis nouveaux venant col-
laborer à une œuvre de stabilité socia-
le dont ils n'auront ni le profit ni la
gloire ? Pourquoi contrister des bonnes
volontés précieuses, en s'obstinant à
réaliser un programme aux allures in-
quiétantes et subversives ? Différons,
différons, l'heure n'est pas venue de
faire à la démocratie des présents
qu'elle gaspillerait. À chaque jour suf-
fit sa peine. Serrer la vis, c'est assez
pour aujourd'hui.
Sans doute, les radicaux froncèrent
un peu le sourcil, se demandant avec
quelque anxiété si c'était uniquement
pour cette besogne que le suffrage uni-
versel les avait envoyés au Parlement.
Mais nous savons avec quel art on a
paralysé leurs révoltes, engourdi leurs
initiatives, éteint leurs protestations ;
dans quel réseau (J'intrigues, de petites
tracasseries électorales, de complaisan-
ces utiles, l'on a garroté leur libre ar-
bitre. L'épouvantail collectiviste, dres-
sé adroitement dans chaque circons-
cription, au carrefour de chaque villa-
ge, a, par la force des choses, étendu
son ombre horrifique sur leurs âmes
d'abord incrédules. Ils se prirent fina-
lement à cette tactique de conservation
sociale, dont la société, que rien ne
menaçait, se serait fort bien passée,
mais dont il - leur parut que dépendit
leur propre sécurité. L'apoui gouverne-
mental leur devint donc d'autant plus
indispensable, qu'ils n'avaient pluo
pour eux, selon le mot de M. Clemen-
ceau, la « force de l'Idée ». Ils ne son-
gèrent pas qu'en rompant nettement
toute collaboration parlementaire avec
les socialistes, ils enlevaient au parle-
mentarisme lui-même des défenseurs
qu'on vit, aux moments difficiles, si ef-
ficacement énergiques.
On a, dira-t-on, compensé la perte
d'un côté par les gains que l'on a faits
de l'autre. Si tel n'a pas été le plan, ce
fut du moins l'effet. Tandis que des
vieilles troupes aguerries sortaient par
la porte de gauche, les anciens occu-
pants, naguère délogés, rentraient, ban-
nière à peine ployée, par la porte de
droite. Et l'on voit M. Ribot, infatiga-
ble adversaire de Gambetta, de Ferry,
de Waldeck-Rousseau et de Combes,
sonner le ralliement, les jours de ba-
taille, autour du ministère, et couvrir
de sa belle autorité le gouvernement en
détresse de M. Clemenceau.
Les collaborateurs du président du
conseil voient le péril ; la réaction ré-
confortée en face. des républicains las,
diminués, humiliés quelquefois par qui
semblait devoir, au contraire, devenir
le héraut de ce qu'il y avait d'humain
dans leur doctrine, de noble dans leur
idéal.
Leur silence, sujet de raillerie, ne fut
sans doute que stupeur. Il est des deuils
qu'on n'a pas envie d'épancher en longs
discours. De J'amour ou ae ia naine,
mais de la passion ardente, joyeuse de
vitalité, voilà ce qu'ils attendirent d'un
homme où vivait le meilleur d'eux-
mêmes.
Et c'est d'eux-mêmes qu'ils se sont
mis à douter, sciemment ou non, quand
ils ont vu tout cet idéal joyeusement,
allègrement salué, se galvauder lamen-
tablement en répression policière, et en
i inféconde ironie.
T. STEEG,
Député de Paril.
LA POLITIQUE
COUP D'OUBLE
Les deux scrutins de la
Chambre émis dans la séance
de mardi correspondent aux
résultats des élections de di-
manche.
Ils marquent la défiance
croissante qu'inspire à l'opinion politi-
que et parlementaire le cabinet Clemen-
ceau.
Dimanche, les électeurs ont signifié
leur répulsion à l'égard d'une politique
d'incohérence et d'à..ccups ; ils ont mon-
tré le cas qu'ils faisaient de l'investi-
ture préfectorale et des préférences offi-
cielles.
Mardi, les députés, visiblement im-
pressionnés par les manifestations signi-
ficatives du pays, ont fait un faible
crédit au cabinet.
Dans la question du Maroc, M. Pi-
chon, l'ami d'Abd el Aziz, l'endosseur
responsable de la politique de Rabat el
a
tout juste obtenu trois douzaines de
voix de majorité en faveur de son atti-
tude indécise, imprécise et constamment
surprise par tes événements
Paiis la auestio& de, râppsjtie con-
cernant lés affaires de Draveil, le cabi-
net a éprouvé la répugnance de la Cham-
bre à suivre son administration de ré-
pression brutale à l'égard de la classe
ouvrière.
Les députés radicaux ont suivd, la
mort dans l'âme, le président du con-
seiL Rompant avec une tradition cons-
tante de bienveillance démocratique, ils
ont refusé l'amnistie à des malheureux
égarés qui pouvaient escompter une plus
grande indulgence de la part des meil-
leurs des républocains.
Tandis que M. Clemenceau exigeait
de sa majorité, aussi diminuée que sou-
mise, une abdication de sa constante po-
litique d'indulgence à l'égard des hum-
bles— même égarés — ses propres mi-
nistres se tenaient prudemment à l'é-
cart des scrutins.
Tandis que le chef envoyait à la four-
naise les bataillons les plus compacts
du radicalisme, il tenait à l'écart du
combat les députés-ministres.
Leur nom n'a pas figuré dans le scru-
tin hostile à la démocratie,
Et c'est là une sévère et singulière
leçon infligée à la majorité.
Alors que le président du conseil ex-
pose, dans leurs circonscriptions, les
plus fidèles députés de la majorité aux
rancunes des éléments populaires de
leur corps électoral, il met à l'abri de
ces pires aventures ses propres minis-
tres et ses secrétaires d'Etat.
Suprême avertissement donné à nos
amis radicaux, qui paient chaque jour
à leurs dépens les frais des fantaisies et
des fautes ministérielles !
Qu'ils y prennent bien garde. On
compromet à la fois leur prestige et leur
popularité. On les use dans un jeu dan-
gereux et perfide.
Demain, on les abandonnera 7 Le flé-
chissement de la politique du cabinet est
patent. Le ballon, qui planait si fière-
ment, se dégonfle.
Pendant ce t-emps-là, M. le président
du conseil alterne, avec son aisance cou-
tumière, l'allure hautaine, le verbe im-
pertinent et la souplesse d'attitude vis-
à-vis de scrutins d'aumône.
Il ramasse quand même et survit. De-
main, il abandonnera là sa majorité
vaincue ef-abattue par tria • vote antidé-
mocratique, tandis qu'une dernière ca-
briole a gauche sauvera son prestige de
clow virtuose.
Et ce sera la fin que nous avons pré-
dite.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil à 7 11, 55 ; coucher, à
4 h. 6.
— Matinées. — Dans tous les théâtres,
sauf il. rOpéra.
!— Courses à Vincennes (trot).
AUTREFOIS
Rappel du 26 décembre 1872. — La sainte
Vierge s'est, quatorze jours de suite, mon-
trée pendant la messe à la femme d'un em-
ployé de l'hospice de Berck-sur-Mcr ; le
quinzième jour, celte dame était entourée
d'une centaine d'habitants qui, eux aussi,
voulaient voir la Vierge. Cette troupe s'est
rendue à la chapelle. A un moment donné
la femme de l'employé a crié: « la voilà ! »
Tout le monde a regardé du côté indiqué ;
personne n'a rien vu. Chacun s'en est re-
tourné déçu.
L'ex-Père Hyacinlie (M. Loyson) songe à
établir à Genève, une chapelle néo-catholi-
que.
L'ancienne maison de Mme de Pontalba,
place V endôme,devenue t'hôtel de l'élatma..
jor de la darde nationale, puis l'hôtel provi-
soire de la Légion d'honneur, va être mise
en vente.
L'Odéon donnera dans les premiers jours
de janvier, un drame antique de M. Le-
conte de Lisle, intitulé : les Erinnys.
L'Opéra va jouer un opéra de M. E. Diaz :
la Coupe du roi de Thulé.
Flirt
Une jolie femme, fort spirituelle., po-
sait cette question à un de ses « flirts » :
— Quelle différence y a-t-il entre moi
et une pendule ?
— Madame, répondit-il, la pendule
rappelle les heures, et vous les faites
oublier.
La Mode
La vogue des gilets « Tattersal » et la
coutume des moustaches rasées appa-
rentent étroitement nos élégants à leurs
propres palefreniers. Dernièrement, le
comte de C., conduisant lui-même son
tonneau, arrive au Pavillon de Madrid
et hèle le chasseur. « Holà ! Chas-
s,eur ! — « Qu'est-ce que tu veux, ripos-
te l'homme galonné,. fait chaud.
mon vieux ».
« Wisku and Soda », répond notre
mondain. Dix minutes après, arriva la
mixture préparée avec un soin (particu-
lier. « En voilà pour tes six ronds »,
conclut, sympathique, le chasseur. Le
comte de C. a pavé, en souriant, la
consommation cataloguée trois francs,
estimant que toute méprise comporte sa
philosophie et son profit.
Normand et Marseillais.
- Que vendez-voué donc 'dans votre
boutique. I. demandait Jt un.changeur
marseillais un Normand récemment ar-
rivé à Marseille.
— Je vends des têtes dâne, mon bra-
ve homme, répondit le marchand d'or.
- Ma fine, vous en faites un bien
grand commerce, puisqu'il n'en reste
plus qu'une dans votre boutique.
—————————— $ ——————————
CONTRE LARÉPUBLIQUE
Depuis que le caprice de M. Clemenceau
s'est plu à décréter que nous « n'avions
plus d'ennemis à droite n, la réaction clé-
ricale et nationaliste redouble d'audace et
de violence.
Grâce à l'aveuglement ou à la complicité
du gouvernement, l'offensive réactionnaire
est générale, et la rue est livrée aux pires
manifestations, comme aux plus tristes
jours du ministère Dupuy.
Le président de la République, lui-même,
n'est pas épargné, et tandis que M. le pré-
sident du conseil flirte avec ces messieurs
de la droite, il découvre le chef de l'Etat,
offert comme une cible aux coups de la
réaction.
Un tel scandale ne saurait être toléré.
Tous les républicains connaissent, et ho-
rrch ent le long passé de dévouement et Ge
probité du président Fallières, et nul ne
saurait oublier les services éminents (pie
ce bon citoyen n'a cessé de rerftirc à la
République et à la France.
Les attaques dirigées contre le prés'dent
de la République visent non seulement -l'an-
cien président de la Haute Cour — cui eut
à juger et à disperser la faction nationa-
liste — mais la République elle-même.
Il a fallu toute l'incohérence du gouver-
nement de M. Clemenceau, et l'abandon de
toute politique d'action républicaine, pour
rendre courage à la réaction cléricale écra-
sée en 1906.
A la désagrégation du Bloc de gauche, a
correspondu nécessairement une recrudes-
cence des haines de droite. - --
Ce n'est pas seulement la majorité répu-
blicaine qui est disloquée, le parti radical
menacé, c'est la République elle-même
qui est. fiévreusement attaquée dans la per-
sonne du chef de l'Etat.
C'en est trop.
Et, puisque le gouvernement ne connaît
pas son devoir ou ne veut pas l'accomplir,
les républicains — sans distinctions le
groupes et de nuances — sauront faire le
le\1!'oomme à Longcliamp !
——————————— 4> -——————————.
CAUSE PERDUE _:,
Conune toutes les mauvaises causes, le
cas de M. Maujan a nécessité l'intervention
d'éminents avocats.
La Liberté, le Temps, les Débats se pré-
sentent à la barre et font aussaut d'éloquen-
ce. Mais tout le talent qu'ils déploient ne
parviendra pas à empêcher l'opinion publi-
que d'entendre les roulements du petit « ta-
pin » du Rappel.
Les chers confreres s'égosillent en pure
perte !
La Liberté, nous devons en convenir, ne
dissimule pas que le sous-secrétaire d'Etat
au ministère de l'intérieur s'est mis dans
une situation fâcheuse.
- - - -..
Aussi, plutôt que de s embarrasser de 1 in-
fortuné M. Maujan, elle préfère recourir à
une bonne grosse diversion utile.
Tout çà, ne cherchez pas davantage : c'est
la faute, non plus à Voltaire, mais au
« combisme ».
Et voilà ! C'est simple. C'est même un peu
trop simple, et l'ancienne n'a qu'un tort,
c'est d'avoir été psalmodiée par tous les
grands prêtres de la réaction.
Le Temps, lui, plaide avec une lourde
conviction, écrasante. pour son client.
Jamais pavé de l'ours ne fut manié avec
plus de solennité.
11 importe au bon fonctionnement du ré-
gime parlementaire, paraît-il, qu'un mem-
bre du gouvernement enrubanne tous ses
électeurs, et fasse intervenir en sa faveur
— aux salles de scrutin — tous les fonction-
naires de tous ordres dépendant des treize
ministères sans compter la préfecture et les
mairies !
Il faut, en vérité, se piquer de libéralisme,
et se croire le grand organe des libéraux
pour avoir une conception aussi heureuse
— et aussi originale — de la liberté.
Quant aux Débats, les déboires de leur
Mau'jan les fait se départir de leur ton cou-
tumier d'aimable courtoisie. A défaut d'ar-
guments, ils tentent d'avoir recours à quel-
ques impertinences et ils se compromettent
jusqu'à employer les locutions habituelles
de M Clemenceau.
Notre intervention n'a pour objet, paralt-
il, que de reconquérir pour notre « clan »,
le m monopole des fructueuses prébendes. »
Pauvres Débats ! 11 leur sied en vérilé de
parler de corde dans la maison d'un pendu
et. de « fructueuses prébendes » dans le
journal de M. Aynard.
Le « clan des fructueuses prébendes »
amis radicaux, c'est nous tous qui menons
le bon combat désintéressé pour la probité
politique,
Et les ascètes c'est le vice-roi d'Algérie et
tous ces messieurs de l'.Ouenza !
Proposition flatteuse
Depuis que le cynocéphale Castro est
resté en gage dans un bocal d'esprit de vin
d'une clinique allemande, les Vénézuéliens
sont cruellement perplexes.
Le général Gomez, qui vient d arrêter ae
ses « propres » mains ses adversaires po-
litiques, leur apparaît, certes, comme un
grand homme ; mais on affirme que nul
homme ne leur paraît plus grand, plus hé-
roïque, -plus « surhomme » que le « premier
des flics » de France, (ainsi que s'est p'u
fi. dp surnommer lui-même M. le président
du conseil).
Il paraît qu'un vaste petitionnement s'or-
ganise, à Caracas, pour offrir la prési-
dence de la République (du Venezuela) à M.
Clemenceau. - -
La proposition est flattejj^ } lieRt un bel
avancement 1 '--. - - h. - --
AU PARLEMENT -
-————— —————'
LA SEPARATION DES CHAMBRES
I
La session parlementaire est close après le vote du Budget.
On se met d'accord sur la réglementation de l'absinthe.
Les Chambres se sont séparées hier
après-midi. Elles s'étaient renvoyées encore
mutuellement le budget avant d'arriver à
se mettre d'accord sur la réglementation de
l'absinthe, seul point qui les divisât encore.
AU LUXEMBOURG
Au Sénat, M. Antoinin Dubost préside.
On adopte le projet sur les épizooties.
Il discute ensuite le budget.
Un débat s'engage sur l'article 17 de la
loi de finances relatif a la taxe sur l'absin-
the. Cet article a été rétabli par la Cham-
bre. MM. de Lamarzelle et Peytral en de-
mandent la disjonction. Malgré M. Cail-
laux, la disjonction est prononcée par 159
voix contre 104.
Sur les autres articles ou chapitres, les
propositions de la Chambre sont ratifiées.
Avant de lever sa séance, le Sénat vote un
crédit* supplémentaire de 600,000 francs
pour secours, chômages et calamités agri-
coles. M. Poincaré explique que les secours
seront distribués par une commission, ce
qui donne satisfaction à M. Delahaye qui se
refusait à voter des « secours électoraux ».
Le Sénat rentre en séance à cinq heures
et demie, sous la présidence de M. Antonin
Dubost.
M. CaiJlaux. ministre des finances, dé-
pose le budget renvoyé par la Chambre.
M. Poincaré, rapporteur général, lit im-
médiatement son rapport au nom de la
commision des finances qui s'était réunie
avant la séance pour délibérer.
M. Poincaré énumère dans son rapport
toutes les améliorations que le Sénat a pu
obtenir par son examen attentif dans le
budget de 1909-
- Il dit que la commission accepte ixur
l'article 17 sur les absinthes le texte pro-
posé par la Chambre.
Il conclut en exprimant l'espoir que dans
Favenir le Sénat soit mis à même d'étu-
dier plus longuement et d'une façon encore
plus approfondie la loi financière. « Il y va,
dit-il, non seulement de l'honneur du Sé-
nat républicain, mais encore de l'avenir de
la démocratië. » (Vifs applaudissements.)
La discussion générale est ordonnée.
M. de Lamarzelle maintient que la ques-
tion est grave et mérite l'examen de la
grande commission que le Sénat a nommée
pour tout ce qui touche à la vente de l'ab!'
simthe. 11 persiste à demander le rejet de
l'article 17. 1
M. Caillaux a la parole. --
Le ministre insiste pour que le Sénat ra-
tifie le vote émis par la Chambre pour l'ar-
ticlè 17. 4
M. Peytral espère que la grande commis-
sion sénatoriale sur la fabrication et la ven- (
te de l'absinthe hâtera ses travaux.
Le président met aux voix l'article 17.1
voté par la Chambre des députés. Il est
adopté à main levée. <
L'ensemble du budget est adopté à l'una-
nimité de 253 votants.
M. Briand lit le décret de clôture de la1
session.
AU PALAIS-BOURBON
M. Brisson préside. t
Après avoir adopté le crédit supplémen-
taire de 600,000 francs pour secours, étant
entendu que la distribution aura lieu d'ici
au 31 décembre, la Chambre revient au
budget -' ,
M. Doumer, rapporteur général, explique
que le Sénat s'est rallié à toutes les déci-
sions de la Chambre, sauf en ce qui con-
cerne la surtaxe sur les absinthes. Sur ce
point, la commission propose à la Cham-
bre une transaction qu'elle pense devoir
être ratifiée par le Sénat. Cette transaction
consisterait à fixer au 1" juillet 1909 le
point de départ de la loi, précédemment
fixé au 31 janvier, et à permettre^mais seu-
lement pour l'exportation, la détention;
d'absinthes d'un degré alcoolique inférieur.
à 65 degrés. f
M. Georges Berry répond que cette me-
sure favoriserait les grands fabricants atf
détriment des petits fabricants de Paris et
d'ailleurs, sans aucun profit pour l'hygiène
publique. Il demande que la Chambre se
rallie à la décision, beaucoup plus sage et
plus juste du Sénat, et prononce la disjonc-
tion de cet article.
A main levée, la disjonction est repous-1
sée, et le texte de la commission adopté.
Le budget ainsi modifié est adopté par
450 voix contre 49 et la Chambre s'ajourne
à six heures.
A six heures dix, le décret de clôture est
lu par M. Clemenceau, président du conseil.
Les désordres Un Quartier Latin
♦
Le quartier Latin est en pleine révolte. — De graves bagarre*
se sont produites. — La cavalerie a chargé. — Les étu-
diants ont manifesté devant le Sénat.
L'Association corporative des étudiants
en médecine avait organisé, à l'hôtel des
Sociétés .savantes, un meeting auquel assis-
taient des. médecins praticiens, desi inter-
nes, des étudiants.
Le bureau était ainsi constitué : prési-
dent, le docteur Caussade, médecin de l'hô-
pital Tenon ; assesseurs, les docteurs, Le-
redde, Tilloy et Griffon ; secrétaire, le doc-
teur Laiontaine.
Les divers orateurs, MM. Caussade, Le-
redde Noir, MeslieI". député ; Mouchotte,
Griffon, Tillov et Lévy-Bram ont prononcé
de violents réquisitoires contre le docteur
Boudhard,:contre M. Bayet,directeur de l'en-
seignement supérieur, qui sont considérés
comme seuls responsables des incidents
qui viennent de se produire, et contre le
doyen de la Faculté, M. Landouzy ; ils ont
protes.. en termes véhéments contre l'éta-
blissement du concours d'admissibilité à
l'agrégation et contre l'entrée de la police
dans l'Eoole de médecine ; ils ont engagé
tous les étudiants à faire grève, à déserter
les cours jusqu'à ce que complète satisfac-
tion soit accordée. Enfin, ils se sont indi-
gnés « contre les insinuations venues de
certains milieux officiels qui voudraient
faire croire que l'agitation actueuement
existante a été dirigée par l'Action libérale
ou le parti royaliste. » -
Finalement, l'assemblée a voté à 1 unani-
mité l'ordre du jour suivant :
Les médecins et étudiants, réunis sur l'invi-
tation de l'Association oorporative, protestent
avec énergie contre l'intrusion de la police a
l'intérieur de l'Ecole de médecine.
Ils se déclarent résolus à poursuivre t'agita-
tion tant qu'ils n'auront pas obtenu des pou-
voirs publics l'assurance absolue que les tradi-
tions républicaines seront (respeCtees c'esl:à.
dire que, la Faculté sera la maison des méde-
cins. zone neutre où la police n'aura pas le
droit de pénétrer.
Ils envoient à leurs camarades blessés dans
la journée du 21 décembre l'expression de leur
vive sympathie.
Et ils rappellent que l'agitation actuelle n'a
d'autre mobile au un mobile purement scienti-
liciue, en dehors de toute tendance politique et
que c'est le dernier moyen qu'i.1 leur reste et
qu'ils peuvent mettre en œuvre pour éveiller
l'opinion et se faire entendre des pouvoirs pu-
blics qui, n'entendant pas les avis des savants
tels que le docteur Roux ou du corps médical,
ont modifié les conditions du concours.
L'ARRIVEE DES CANDIDATS
Il faisait à peine jour, hier matin, lors-
aue les manifestations ont repris au Quar-
tier Latin Elles ont revêtu, comme on va
le voir un caractère d'une réelle gravité.
Des mesures d'ordre très importantes
avaient été prises dès six heures du matin
et des barrages avaient été établis. Les étu-
---- ---.1. - -. _A"
diants étaient à ce momem p«u «ummçuA,
mais leur nombre s'augmenta bientôt et ne
fit que grossir. -
A sept heures et demie, les candidats ar-
rivent En vertu des instructions données,
ils ne franchissent les barrages que sur
présentation de leur carte et de leur lettre
dé convocation.
Ils pénètrent dans la salle des Pàs-Per.
dus, où le rendez-vous a été fixé.
M, Bouchardl président d» Juryt Sriive
en auto-taxi et se rend immédiatement à là
bibliothèque, où doivent avoir lieu les
épreuves écrites de l'examen. M y est bien-
tôt rejoint par les autres membres du
jury dont nous avons donné les noms il y
a quelques jours.
Les candidats arrivent par groupes, a
partir"de sept heures et quart ; seuls, ils
sont admis à franchir les cordons de police.
Les autres étudiants, ,peu nombreux en rai-
son de l'heure matinale doivent rester bou;..
levard Saint-Germain ou rue Hautefeuille.
A huit heures moins un quart, les portes
de la Faculté sont fermées. Les candidats
en retard — s'il y en a — ne pourront plus
rentrer.
PREMIERES MANIFESTATIONS
En moins d'un quart d'heure, les étu-
diants se sont trouvés 250 ; ils se sont mas-
sés derrière le barrage au coin de la rue
Dupuytren, à côté de la librairie Maloine.
Cette maison ayant ouvert ses portes. —
elle en a plusieurs, une dans l'angle et deux
sur la rue de l'Ecole-de-Médecine, — les
manifestants y sont entrés. Pénétrant par
la porte d'angle c'est-à-dire en dehors du
barrage, ils pouvaient sortir par une des
deux autres portes, c'est-à-dire en dedane
du barrage.
M. Noriot fit aussitôt avancer ses agents
jusqu'à la rue Antoine-Dubois, de cette fa-
çon. la librairie était en dehors du cordon
de police.
Les étudiants conspuèrent le commissai-
re divisionnaire et se rendirent sur le bou-
levard Saint-Germain, sous les fenêtres de
là bibliothèque où avait lisu le concours. Ils
poussèrent les cris si souvent répétés de-
puis quatre jour*?; puis ils s'en allèrent vers
le quartier, du côté de la Faculté des scien-
ces et de la Faculté de droit.
VIOLENTES BOUSCULADES
A onze heures et quart, les manifestants
sont bien un millier ; à eux, se sont joints
des individus venus on ne sait d'où, et qui
ne sont certainement pas des étudiants.
Soudain, un signal est donné, et pour for-
cer le barrage d'agents, ceux qui sont en.
avant se précipitent, à côté de la porte du
numéro 25 de la rue de 1 Ecole-de-M'èdeci»
ne, et tentent une formidable poussée. -..
Les agents de la réserve et les garoew
arrivent à la rescousse.
Une violente bagarre se produit. L'agent
35 de la 2e réserve est renversé et blessé :
plusieurs de ses camarades reçoivent des
coups de poing, des coups de pied, des coupe
de canne.*
Enfin, le terrain est déblayé ; les mani-
festants sont repoussés jusque sur le ebQ.u--
levard Saint-Germain.
M. Thierry, of ficieer de paix, à plusieurs)
jeunes gens qui l'apostrophent grossière-
ment, le traitent d' « assassin » et lui di-,
sent : « Vous voulez du sang, vous en au-
rez îi, demande :
— Non, nous ne voulons pas de sang, am
contraire ; mais, vous, que réclamez-vous
r.- Nous voulons qu'on nous laisse ren.¡
trer dans la Facilité qui est notre propriété
crient les yn&> -- ,-
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